Rein et HIV

Post on 16-Feb-2017

1.174 views 3 download

Transcript of Rein et HIV

REIN ET VIHMohamed Amine KHALFAOUI

medaminekhalfaoui@gmail.com

Service de Néphrologie-Hémodialyse et Transplantation rénaleCHU Ibn Rochd Casablanca

Un peu d’épidémiologie…• Prévalence de la MRC difficile à évaluer (définitions ≠:

évaluation combinée protéinurie/eDFG vs eDFG seul, IRA vs IRC, CG vs MDRD ou CKD-EPI…)

• USA (New York): - 1239 patients VIH +- origine afro hispanique 90% - prévalence MRC = 15,5% (DFG<60ml/min et/ou

protéinurie>1g/l)- facteurs de risque: âge, ethnie, coinfection VHC, CD4 bas

Chronic kidney disease in HIV infection: an urban epidemic. Wyatt CM, AIDS 2007

• USA 1988-2004:- 4509 VIH + et 1746 VIH-, afro-américains- Incidence IRCT chez VIH+: 9.7/1000 PA (ère HAART)- >> incidence IRCT dans la population VIH- (6X)

End-stage renal disease and chronic kidney disease in a cohort of African-American HIV-infected and at-risk HIV-seronegative participants followed

between 1988 and 2004.Lucas GM, AIDS. 2007

•  2000-2007, USA: 4208 cas incidents d’IRCT chez VIH+, 88% afro-américains

Annual Data Report. United State Renal Data System (USRDS) 2009

• EUROSIDA, 6848 VIH+:- I: 1,05/100PA- Facteurs de risque de MRC (après ajustement sur les FDR

traditionnels): exposition au ténofovir, indinavir, atazanavir, +/- lopinavir

Estimated glomerular filtration rate, chronic kidney disease and antiretroviral

drug use in HIV-positive patients. EuroSIDA Study Group, AIDS 2010

• EUROSIDA 2008: - Prévalence IRCT (transplantés rénaux ou dialysés): 0,5%

- Age médian 47 ans, hommes 73%, sujets noirs 43%

Dialysis and renal transplantation in HIV-infected patients: a European survey. EuroSIDA Investigators. J Acquir Immune Defic Syndr. 2010

• COHORTE AQUITAINE ANRS CO3:

Prevalence and factors associated with renal impairment in HIV-infected patients, ANRS C03 Aquitaine Cohort, France.Groupe d'Epidémiologie Clinique du SIDA en Aquitaine. HIV Med. 2010

• 2588 patients entre janvier 2004 et août 2006:- Age médian 41,9 ans; H 74,3%; MSM 42%;

- CD4 430/mm^3, 60% CV indétectable;- exposition aux ARV 92%; - ethnie?...

.

• Prévalence globale IR (CC selon Cockcroft et Gault <90ml/min): 39%

- 60ml/min < CC < 90ml/min: 34,2%- 30ml/min < CC < 60ml/min: 4,4%- 15ml/min < CC < 30ml/min: 0,3% 4,9%- < 15ml/min: 0,2%

• Facteurs associés à l’’insuffisance rénale:- Sexe féminin, âge > 40ans, BMI < 22- HTA- Exposition au TDF ou IDV > 1 an.

Role of traditional risk factors and antiretroviral drugs in the incidence of chronic kidney disease, ANRS CO3Aquitaine cohort, France, 2004-2012. Morlat P, Groupe D’epidémiologie Clinique du Sida en Aquitaine (Gecsa), PloS One. 2013

- 4350 patients entre 2004 et 2012, eDFG à l’inclusion >60ml/min/1,73m^3 (MDRD)

- Incidence MRC 0,95/100PA; - Diminution eDFG : médiane = 9ml/min/1,73m^/an- Facteurs associés à une incidence accrue de MRC (analyse

multivariée):- Non spécifiques: âge> 45 ans, sexe féminin, diabète, dyslipidémie, HTA,

clairance initiale < 80ml/min/1,73m^3 (77%)- Spécifiques: CD4<200/mm^3, stade SIDA, exposition au TDF

- En cas d’exposition au TDF: incidence MRC plus importante si prise concomittante d’IP pendant > 12 mois (IRR=3 vs 1,3 sans IP associés)

- Chez tous les patients développant une MRC: préexistence d’au moins 1 facteur de risque non spécifiquement lié au VIH.

Il existe donc des facteurs d’aggression multiples…

Infection VIH, ses causes dysimmunitaires, ses IO (HIVAN, GN à immuns complexes, MAT, SRIS, DILS, BK…)

Néphrotoxiques (ATB, PDC iodés, ARV…)

Facteurs de risque CV (troubles lipidiques, glycémiques, surpoids, tabac…)

Co-infection VHC

Susceptibilité génétique (risque X4 si origine subsaharienne pour IRCT sur HTA, diabète, glomérulopathies)

Types d’atteinte rénale (1)

GLOMERULAIRES TUBULO-INTERSITIELLES VASCULAIRES

-HIVAN (sujets noirs++)

-GN à immuns complexes (sujets caucasiens ++) - « lupus-like » - GN IgA - GNMP - GEM - GN post-infectieuse

-HSF « classique »

- Autres

1) HIVAN: 1ère cause d’IRCT (cohortes nord-américaines et européennes); sujets d’origine subsaharienne +++

2) GN à immuns complexes (« lupus-like », GN IgA, GNMP, GEM, GN post-

infectieuses): - pas de caractéristiques histopathologiques particulières par

rapport aux formes primitives; - rôle pathogénique direct du virus? (données de ME + IgA

dirigés contre Ag viraux de surface)- sujets caucasiens +++- efficacité des ARV moins évidente que pour l’HIVAN

3) HSF classique

4) Autres atteintes glomérulaires: néphropathie diabétique, LGM…

ATTEINTES GLOMERULAIRES

HIV-associated kidney glomerular diseases: changes with time and HAART. Francois-Xavier Lescure, E. Plaisier, Nephrol Dial Transplant 2012.

ATTEINTES GLOMERULAIRES

HSF classique vs HIVAN :

- Sujets noirs 60,9 vs 96,2%- Infection plus ancienne et

mieux contrôlée- Moins d’IRC sévère- Taux d’exposition aux ARV

plus élevé- Plus de co-infection VHC- Plus d’HTA et de

dyslipidémie - Pas de différence dans le

niveau de protéinurie

Types d’atteinte rénale (2)

GLOMERULAIRES TUBULO-INTERSITIELLES VASCULAIRES

-HIVAN (sujets noirs++)

-GN à immuns complexes (sujets caucasiens ++) - « lupus-like » - GN IgA - GNMP - GEM - GN post-infectieuse

-HSF « classique »

- Autres

- Médicamenteuses - Toxicité cellulaire

tubulaire directe - Immuno-allergique - Cristallisation intratubulaire

- Infectieuses (IO)

- Immunologiques: - IRIS - DILS

Characteristics of Patients with HIV and Biopsy-ProvenAcute Interstitial Nephritis.

Shyam M. Parkhie, Clin J Am Soc Nephrol , 2010.

• NIA = 11% des 262 biopsies analysées

• Cause médicamenteuse = 72%

• AINS+++, SMZ/TMP

ATTEINTES TUBULO-INTERSTITIELLES

ATTEINTES TUBULO-INTERSTITIELLES

• IRIS et DILS

- Association à une atteinte systémique- IRA, protéinurie tubulaire, leucocyturie- Imagerie: néphromégalie- DILS: acidose tubulaire sévère, diabète insipide néphrogénique- Histologie: infiltration cellulaire massive:

- IRIS: polymorphe (lymphocytes B et T, macrophages), parfois granulomateuse

- DILS: T CD8 +- Traitement: corticothérapie

- IRIS: excellente corticosensibilité, rémission durable- DILS: évolution par poussées corticosensibles

Types d’atteinte rénale (3)

GLOMERULAIRES TUBULO-INTERSITIELLES VASCULAIRES

-HIVAN (sujets noirs++)

-GN à immuns complexes (sujets caucasiens ++) - « lupus-like » - GN IgA - GNMP - GEM - GN post-infectieuse

-HSF « classique »

- Autres

- Médicamenteuses - Toxicité cellulaire

tubulaire directe - Immuno-allergique - Cristallisation intratubulaire

- Infectieuses (IO)

- Immunologiques: - IRIS - DILS

- Néphro-angiosclérose

- MAT…

Evolution du profil des maladies rénales depuis l’avènement des ARV

É. DAUGAS et B. DEROUREFLAMMARION MÉDECINE-SCIENCES — ACTUALITÉS NÉPHROLOGIQUES 2008

Difficile de s’en sortir sans…

… la PBR!

Predictors of complication after percutaneous ultrasound-guided kidney biopsy in HIV-infected individuals: possible role of hepatitis C and HIV co-infection.

Tabatabai S, Clin J Am Soc Nephrol 2009

= PBR per-cutanée: pas de sur-risque dans la population VIH+

HIVAN

Epidémiologie• 1ers cas rapportés en 1984, chez des patients afro-américains/

haïtiens

• 1ère cause d’IRCT chez patients VIH+ aux USA et en France

• 3ème cause d’IRCT dans la population Afro-Américaine âgée de 20 à 64 ans

Winston JA, Burns GC, Klotman PE: The human immunodeficiency virus (HIV) epidemic and HIV-associated nephropathy. Semin Nephrol 18, 1998

• Cohorte DIVA: HIVAN = 39% des patients VIH+ hémodialysésOutcome and prognosis factors in HIV-infected hemodialysis patients. Tourret J

Clin J Am Soc Nephrol 2006The clinical characteristics of HIV-infected patients receiving dialysis in France between

1997 and 2002. Vigneau C, Kidney Int 2005

Une présentation clinique classique

• Sujets masculins, issus de populations noires• Taux de CD4 bas, réplication virale +++• Le plus souvent non traités• Syndrome néphrotique impur• OMI inconstants• Insuffisance rénale rapidement progressive• Hématurie microscopique inconstante• HTA inhabituelle• Echographie: reins augmentés de taille, hyperéchogènes

…mais pas toujours:

Presentation of HIV-associated nephropathy and outcome inHAART-treated patients. Naïke Bigé, Nephrol Dial Transplant (2012)

Histologie caractéristique1- Lésions d’HSF sévère, avec collapsus du floculus2- Dilatations tubulaires pseudo-kystiques3- Infiltrat interstitiel inflammatoire

Presentation of HIV-associated nephropathy and outcome inHAART-treated patients. Naïke Bigé, Nephrol Dial Transplant (2012)

Glomérule normal HSF collapsante

HIV-associated kidney glomerular diseases: changes with time and HAART. Francois-Xavier Lescure, E. Plaisier, Nephrol Dial Transplant 2012.

Physiopathologie: rôles indissociables de l’infection virale et de la prédisposition génétique

1) Restriction ethnique aux sujets originaires d’Afrique sub-saharienne: le rôle des variants APOL1

Association of Trypanolytic ApoL1 Variants with Kidney Disease in African-Americans, Genovese, Science. 2010

Plus de HSF et d’IRCT sur HTA chez les patients Afro-Américains= susceptibilité génétique conférée par un polymorphisme du gène APOL1,

localisé sur le chromosome 22, plutôt que du gène MYH9 tel qu’évoqué initialement.

- 205 sujets afro-américains avec HSF prouvée par PBR vs 180 sujets afro-américains contrôles

- Région du dernier exon d’APOL1 = association génétique forte avec HSF

- Signal maximal pour 2

variants correspondant à l’haplotype « G1 »

- Fréquence de G1 = HSF 52%, contrôles 18%

- Après régression logistique, identification d’un second signal: allèle « G2 »

- HSF 23%, cas contrôles 15%

- Disparition de l’association HSF-variants MYH9 après contrôle pour G1 et G2

• 1000 Genomes Project:

Þ fréquence allélique G1: 40% des chromosomes Yoruba (Nigéria), 0% des chromosomes Européens, Japonais, Chinois.

Þ G2: 3 génomes Yoruba, 0 pour les autres groupes.

• Sélection naturelle des haplotypes G1 et G2…

Þ statistique iHS: augmentation de la fréquence allélique de G1, en faveur d’une sélection naturelle de cet allèle dans les populations africaines; moins évident pour G2.

• … pour contrer les adaptations de Trypanosoma brucei rhodiense?

- apoL-1= protéine humaine conférant une résistance naturelle aux trypanosomes africains (T. b. gambiense et rhodesiense) par son activité trypanolytique = formation de pores dans la membrane parasitaire;

- Acquisition au cours du temps de mécanismes de résistance à l’apoL-1 : pour T. b. rhodesiense = protéine SRA (Serum Resistance-associated protein), qui interagit avec l’hélice C-terminale d’apoL-1, bloquant sa capacité à détruire les trypanosomes.

- G1 et G2: localisés sur ce domaine C-terminal…- Analyse in vitro de l’activité trypanolytique de 75 échantillons de plasma

avec différentes combinaisons de G2 et G1: lyse de tous les trypanosomes T. b. rhodesiense, SRA- et SRA+…

= restauration de l’activité trypanolytique par blocage de la liaison à SRA

• Avantage hétérozygote:

- Hétérozygote G1 et hétérozygote G2 : protection contre l’infection à T.b. rhodesiense

- Homozygote G1/G1, homozygote G2/G2, hétérozygote composite G1/G2 : surrisque de MRC

Distribution des variants APOL1 G1 et G2

APOL1 genetic variants in focal segmental glomerulosclerosis and HIV-associated nephropathy. Kopp JB, J Am Soc Nephrol. 2011

- Association forte entre G1/G1, G2/G2, G1/G2 et HIVAN: OR 29%!=> comparable au rôle joué par le tabac dans le cancer bronchopulmonaire NPC!

- Allèle G1 384M probablement non pathogène

- Risque estimé de développer une HIVAN chez un patient afro-américain VIH+ non traité:- 0 allèle APOL1 à risque: 2,5%- 1 allèle APOL1 à risque: 4%- 2 allèles APOL1 à risque : 50%!

• Rôle physiopathologique de l’apolipoprotéine L1??

=> Protéine détectée dans les podocytes glomérulaires (E), les cellules tubulaires proximales (C), et les cellules endothéliales des artérioles intra-rénales (G)

APOL1 localization in normal kidney and nondiabetic kidney disease.

Madhavan SM, J Am Soc Nephrol. 2011

• Modification de la distribution de l’ApoL1 dans l’HIVAN? (majoration du signal au niveau des parois des artérioles, au détriment du signal dans les glomérules)

• Sous-groupe de cellules musculaires lisses (α-SMA) de la média des artérioles rénales + pour ApoL1…

=> vers la découverte d’un mécanisme vasculaire intervenant dans la genèse de la maladie chez les patients originaires d’Afrique subsaharienne?

• Autres facteurs génétiques de l’hôte: HIVAN 1 et HIVAN 2

• Gharavi et al: locus sur le chromosome 3 (modèle murin) fortement associé à l’HIVAN => « HIVAN 1 »

• Papeta et al: expression d’un gène podocytaire, (Nphs2, codant pour la podocine) régulée par HIVAN 1 et un autre locus sur le chromosome 13, « HIVAN 2 » (modèle murin)

=> Altération de la régulation des gènes podocytaires par l’infection à VIH1 en présence d’allèles de susceptibilité

2) L’expression intrarénale du génome viral est indispensable au développement des lésions d’HIVAN

• L’épithélium rénal constitue un compartiment viral distinctRenal Epithelium Is a Previously Unrecognized Site ofHIV-1 Infection, BRUGGEMAN, JASN 2000

DNA in situ PCRIn situ hybridization for HIV-1 mRNA

Replication and compartmentalization of HIV-1 in kidney epithelium of patients with HIV-associated nephropathy. Marras D, Nat Med. 2002

= Analyse phylogénétique comparative de séquences virales obtenues de cellules épithéliales rénales et de cellules mononuclées du sang périphérique: évolution spécifique du virus infectant les cellules rénales.

=> REIN = RESERVOIR VIRAL

• Mécanisme de l’infection des cellules de l’épithélium rénal: l’énigme reste entière

• pas d’expression des récepteurs de surface (CD4) ni des corécepteurs (CXCR4, CCR5)

• Ping and al.:

• Transfert direct de l’ARN viral des lymphocytes T CD4+ infectés vers les cellules de l’épithélium rénal;

• nécessite une adhésion cellule-cellule stable, des protéinoglycanes de surface, mais est indépendant de l’expression de Env.

• Le virus transféré conduit à la synthèse de novo des protéines virales dans les cellules rénales

Virological Synapses Allow HIV-1 Uptake and Gene Expression in Renal Tubular Epithelial Cells. Ping Chen, J Am Soc Nephrol. 2011

3) Dédifférenciation et prolifération podocytaire:

Rôle de Nef et Vpr, qui interfèrent avec certaines voies de signalisation cellulaire:

- Nef => dysfonction podocytaire- Vpr => apoptose des cellules tubulaires

4) Inflammation tubulo-interstitielle

- Up régulation des médiateurs pro-inflammatoire

Evolution et pronosticHIV-associated nephropathy: outcome and prognosis factors. Groupe d' Etudes Néphrologiques d'Ile de France. Laradi A, J Am Soc Nephrol. 1998

• Facteurs de mauvais pronostic:• Degré d’insuffisance rénale au diagnostic• Intensité et degré de la protéinurie• Degré d’anémie• Taux de CD4

• Survie médiane:• À 6 mois: 73%• À 12 mois: 55%• À 36 mois: 38%

• Survie rénale médiane: 16,6 mois

Presentation of HIV-associated nephropathy and outcome in HAART-treated patients. Naïke Bigé, Nephrol Dial Transplant (2012)

• Evolution vers l’IRCT dans plus de la moitié des cas

• Survie rénale médiane: 40 mois

• Donc amélioration du pronostic mais le pronostic reste mauvais, malgré la mise sous ttt de tous les patients et la négativation de la charge virale chez la moitié d’entre eux:

• HAART débuté trop tard?• Compartiment rénal difficilement accessible aux ARV?• Mauvaise adaptation posologique des ARV à la fonction rénale?

!! Fréquence des erreurs de dosage chez les patients dialysés en France!! (Tourret, 2007)

Traitement

• Agents pharmacologiques utilisés:• Corticoïdes• Bloqueurs du SRA• ARV

• Essais randomisés contrôlés = 0

Interventions for HIV-associated nephropathy. Ismail Yahaya, Editorial Group: Cochrane Renal Group. 2013

• Bénéfice rénal de l’HAART : OUI

- données individuelles:

Wali 1998: amélioration spectaculaire des caractéristiques cliniques et histologiques d’un patient atteint d’HIVAN et traité par HAART :

* au diagnostic: DFG 7 ml/min (=> HD) et protéinurie ~ 10 g/j * après introduction HAART: sevrage de la dialyse après treize

semaines, créatinine plasmatique 132 μmol/l, protéinurie <1g/j; biopsie rénale de contrôle: disparition des lésions d’HIVAN et en particulier de podocytose!

Baltimore, 11 732 PA, 1989 à 2001:Þ diminution de l’incidence

de l’HIVAN chez les patients traités par HAART: réduction du risque estimée à 60 % après analyse multivariée

Þ surtout lorsque l’HAART est introduite précocement

- données collectives:

Highly active antiretroviral therapy and the incidence of HIV-1-associated nephropathy: a 12-year cohort study. Gregory M. Lucas, AIDS 2004

• Bénéfices des bloqueurs du SRA : sans doute

• Bénéfice de la corticothérapie: controversé

• Bases physiopathologiques: inflammation tubulo-interstitielle

• Attention rapport bénéfice-risque (infectieux+++)• A réserver aux formes aggressives et/ou en cas

d’infiltrat inflammatoire majeur à la PBR

• 1 essai randomisé en cours: effet du saquinavir? (INVIRASE®)

A study of Saquinavir soft gel capsules (SGC) used in combination with two other anti-HIV drugs in patients with HIV-associated kidney diseaseMethods Open-label, non-comparative, randomisedParticipants 18 years and older of both sexInterventions Nelfinavir mesylate, saquinavir, lamivudine and stavudineOutcomes Progression of kidney disease, level of HIV, drug level in the body

NEPHROTOXICITE DES ANTIRETROVIRAUX

Adaptation posologique des ARV• Un certain nombre d’ARV nécessite une adaptation

posologique dès que eDFG<50 mL/min/1,73 m2

MORLAT 2013

• Néphrotoxicité des ARV: 3 mécanismes :

- Toxicité tubulaire directe, - Réaction immunoallergique interstitielle - Précipitation intratubulaire (avec ou sans

formations de lithiases)

• 3 coupables principaux:

- indinavir- ténofovir- atazanavir

Rein et infection par le virus de l’immunodéficience humaine Emmanuelle Plaisier, François-Xavier Lescure, Pierre Ronco, Presse Med. 2012

Néphrotoxicité de l’indinavir• 1ère antiprotéase à l’origine de complications uro-

néphrologiques symptomatiques chez presque 10 % des patients

• Coliques néphrétiques et/ou IRA secondaire:• à la cristallisation intratubulaire de la molécule,• à une atteinte interstitielle aiguë,• et/ou à la formation de macrolithiases avec obstruction urologique.

• Prescription devenue marginale

• Lésions séquellaires interstitielles chroniques

Néphrotoxicité du ténofovir• TDF = fumarate de ténofovir disoproxil ; analogue

nucléotidique acyclique de la transcriptase inverse

• Élimination rénale par filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire active (via des transporteurs au pôle basal :OAT1 et OAT3, et apical :MRP4 MRP2, des cellules tubulaires proximales)

• Apparition d’une toxicité tubulaire les 12 à 18 mois suivant son initiation = sd de FANCONI.

• Tableau biologique est parfois incomplet, mais hypophosphorémie quasi-constante

FANCONI = trouble de la fonction tubulaire proximale:

• Hypophosphatémie• Hypouricémie• Hypokaliémie• Glycosurie normoglycémique• Amino-acidurie • Acidose tubulaire proximale• Protéinurie de bas poids moléculaire

http://www.pbfluids.com

=> ostéomalacie, insuffisance rénale progressive

• Tubulopathie au ténofovir : épithélium tubulaire irrégulier, vacuolisation cytoplasmique, noyaux dysmorphiques

• Facteurs de risque de développer une tubulotoxicité sous TDF:

• maladie rénale pré-existante ++ • Diabète,• VHC, • Faible poids corporel• âge avancé• utilisation concomitante d’IP/r• taux de CD4 bas.

• Examen microscopique et ultrastructural : hypothèse mitochondriale de la toxicité du ténofovir

• Influence de variants génétiques dans les gènes ABCC2 et ABCC4, codant respectivement pour les transporteurs tubulaires apicaux MRP2 et MRP4: controversée

Rodriguez-Nóvoa S, Renal toxicity associated withtenofovir use. Expert Opin Drug Saf 2010

• CAT:• Arrêt de la molécule• Supplémentation en phosphore, potassium et bicarbonates,

recharge en vitamine D

• Evolution:• Régression des signes de tubulopathie proximale 2 à 4 mois après

l’arrêt• Régression de l’insuffisance rénale: inconstante• Impact du TDF sur la fonction rénale à moyen et long terme: débattu

Þ Toute prescription de TDF doit être précédée d’une évaluation du DFG et de la phosphorémie à jeun.

Þ Surveillance sous traitement: mensuelle durant la première année, puis trimestrielle.

Néphrotoxicité de l’atazanavir• Antiprotéase métabolisé par le foie mais ayant une faible

excrétion tubulaire

• Complication uro-néphrologique = lithiase rénale (~1 %) ; 30 cas déclarés entre 2002 et 2006 aux États-Unis (Food and Drug Administration)

• Délai moyen entre l’initiation du traitement et l’événement lithiasique : 19 mois.

• Facteur de risque: maladie lithiasique préexistante (17 à 42 % des patients.)

• Manifestations cliniques = colique néphrétique, parfois compliquée d’une IRA d’origine obstructive (rare)

• Composition des calculs : atazanavir seul (radio-transparents) ou mélange d’atazanavir et d’oxalate de calcium.

• CAT: hyperhydratation, arrêt de l’atazanavir, acidifiants urinaires, bilan métabolique de maladie lithiasique.

• A noter: exceptionnels cas de néphrite interstitielle aiguë granulomateuse (précipitation intratubulaire et intraparenchymateuse de cristaux d’atazanavir)

• !! Les études de cohorte sur l’insuffisance rénale ont toutes évoqué un signal concernant l’exposition prolongée à l’atazanavir

L’avenir proche…

1) Arrivée sur le marché européen d’une nouvelle trithérapie en une prise unique quotidienne associant elvitégravir/cobicistat/emtricitabine/ténofovir TDF (Stribild®, laboratoire GILEAD)

- Cobicistat = nouvel agent d’optimisation des IP

- Produit commercialisé aux USA depuis 2012

Résultats à 48 semaines de l’étude de phase 3 comparant elvitégravir/cobicistat/emtricitabine/ténofovirDF (=“Quad”) à

atazanavir/ritonavir+ emtricitabine/ténofovirDF chez des sujets infectés par le VIH-1 naïfs de traitement

G. Pialoux1, E. DeJesus2, J K Rockstroh3, K. Henry4, J. Gathe5, B. Kearney6, et l’équipe de l’étude 103

13e Journées Nationales d’Infectiologie13-15 Juin 2012

- Pas d’infériorité de Quad sur ATV/r + FTC/TDF en terme de réponse virologique

- Majoration significative de la créatininémie à 48 semaines dans le groupe Quad (+11 µmol/l vs + 7 µmo/l, p<0.0.01)

- …impact? En fait l’élévation de la créatininémie serait due à une diminution de la sécrétion tubulaire de la créatinine par inhibition du transporteur MATE1 (Effect on cobicistat on renal function, German, Clinical Sciance 2012)

=> principe de précaution: pas de prescription de « Quad » si eDFG<70ml/min

2) Bientôt une nouvelle prodrogue du TENOFOVIR: le ténofovir alafénamide (TAF)

- Taux plasmatiques 90% moindres que TDF, mais concentrations intracellulaires 5 fois plus élevées

- A 24 semaines, élévation de la créatininémie significativement plus basse dans le groupe TAF vs TDF (0.07 vs 0.12mg/dl, p=0.02)

- Moins d’effets osseux

Comparative Study of Tenofovir Alafenamide vs Tenofovir Disoproxil Fumarate, Each with Elvitegravir, Cobicistat, and Emtricitabine, for HIV

Treatment , A Zolopa, 20th Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections

March 5, 2013

RECOMMANDATIONS FRANCAISES = RAPPORT MORLAT 2013

• L’évaluation des paramètres rénaux doit faire partie du bilan préthérapeutique initial de tout patient VIH+…

• … et de son suivi:

• au moins annuellement

• voire tous les 6 mois en cas d’association à 2 facteurs de risque néphrologique ou plus :

-âge > 50 ans, -sexe féminin, - origine africaine ou antillaise, - co-infections virales VHC ou VHB, - HTA, - diabète, - dyslipidémie, - CD4 < 200/mm3, - ou exposition à l’indinavir, à l’atazanavir ou au ténofovir)

• Cas particulier du ténofovir:

- Chez les patients présentant un DFG < 80 ml/mn, le ténofovir devra être utilisé selon la balance bénéfice/risques tenant compte notamment de la présence d’autres facteurs de risque d’insuffisance rénale.

- À partir d’un DFG ≤ 60 ml/mn confirmé, si le ténofovir ne peut être évité, il est recommandé d’effectuer un dosage plasmatique du médicament afin d’en réduire la posologie en cas de concentration élevée

• Transplantation et VIH

« Take home message » (enfin!...)• Le spectre des atteintes rénales liées au VIH change, mais la

prévalence de l’IRCT ne diminue pas.• Augmentation de l’incidence des néphropathies non

spécifiquement liées au VIH => contrôle des FDR CV +++++• Avoir la PBR facile…• HIVAN = vers un nouveau problème de santé publique dans

les pays d’Afrique Sub-saharienne? (rôle des variants APOL1)• HIVAN = indication à l’introduction d’une trithérapie ARV quel

que soit le taux de CD4• Penser à l’adaptation posologique des anti-rétroviraux!!• Vigilance accrue en cas de prescription de TDF dès le seuil de

80ml/min/1,73m^3• Attention au cobicistat…