Régis Jeannisset, auteur de ce texte, a 41 ans. Il est animateur socio-culturel dans un foyer...

Post on 04-Apr-2015

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Régis Jeannisset, auteur de ce texte, a 41 ans. Il est animateur socio-culturel dans un foyer A.P.F. à Imphy (58). Dessinateur & musicien amateur. Il écrit de courts textes personnels souvent noirs, de la "poésie désabusée" et des textes de chansons (majoritairement en anglais, parfois en français). Adore les calembours & jeux de mots.

Si vous voulez le contacter chloi@hotmail.fr

Ambre est heureuse ce matin. Comme tous les matins depuis longtemps, depuis le Grand Changement.

L’humanité s’était enfin libérée, au sens propre et figuré du terme. Libération était le vrai concept-pensée qui apparaissait à Ambre.

Évidemment, cette pensée s’accompagnait comme toujours d’un flot de couleurs tourbillonnantes et éclatantes.

Ambre, comme tous ses semblables, n’avait plus de corps.

Terminée, cette époque de l’humanité où tous étaient prisonniers d’un carcan de chair pesant. Les corps avaient, certes, leurs bons côtés : on pouvait éprouver du plaisir grâce à lui, mais, en définitive, il comportait beaucoup plus de désagréements que d’avantages, surtout quand ce corps vieillissait.

Que dire aussi des différentes affections profondes dans la chair : accidents, traumatismes, maladies.

Depuis le Grand Changement, tout était terminé. Les êtres humains n’avaient désormais plus que le meilleur de l’humanité : l’imagination, la sensibilité, les émotions.

Plus de haine, de guerres, de machines ou de travail. Tout cela était révolu, de même que la technologie, devenue inutile.

De toute façon, le progrès technologique ne faisait qu’asservir le genre humain, au lieu de le rendre plus heureux.

Ambre ne regrettait pas tout cela, elle avait appris, au bout de quelques cen-taines d’années, à ne rien regretter et à accepter les choses telles qu’elles sont.

Le seul souvenir qui lui restait de son corps était ce prénom féminin, lié à cette sensibilité particulière.

Il y avait encore des esprits féminins, ainsi que des esprits masculins. Cepen-dant tout antagonisme entre les deux avait complètement disparu pour laisser place à cette complémentarité essentielle qui aurait dû toujours exister.

Ambre devait ce matin retrouver Yann, son âme-frère. Plus besoin de parler non plus : les émotions s’échangeaient directement entre deux âmes. Quel Bonheur !

Puis soudain Ambre s’est sentie aspirée vers le bas, vers un tourbillon de douleur, d’ombre et de tristesse, pour finalement se réveiller chevillée dans son fauteuil roulant. Des larmes coulaient lentement sur ses joues brûlantes…

Texte : Régis Jeannisset

Fractales trouvées sur le Net, reprises avec PhotoFiltre

Musique : Régis Jeannisset : Lament for the rain

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix jacky.questel@gmail.comhttp://jackydubearn.over-blog.com/