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QUELQUES PHENOMENES KARSTIQUES SPECTACULAIRES
DE LA CRAIE NORMANDE
Jean Claude STAIGRE
Centre Normand d’Etudes du Karst
Autrefois considéré comme peu karstique, excepté par des précurseurs comme l’illustre Edouard Alfred
MARTEL ou le normand Auguste MONTON, le bassin parisien avec ses dépôts de craie mondialement
connus s’est révélé grâce aux travaux des spéléologues locaux de ces 50 dernières années, et surtout grâce
aux études spécialisées notamment de l’éminent karstologue Joël RODET comme étant une région
finalement extrêmement riche en cavités naturelles et autres phénomènes karstiques. Plus de 2100
phénomènes, totalisant environ 20 kilomètres, sont par leur étagement et souvent leurs remplissages, les
précieux témoins des évolutions climatiques du quaternaire (Fig.1).
Fig.1 Couche « nescafé » dans les lœss de la Grotte des Petites Dales (cliché J.C.Staigre)
Nous proposons donc de vous faire découvrir ou de revoir, à partir de clichés choisis, quelques aspects
remarquables de notre karst de la craie.
Les falaises crayeuses turonien-coniacien des vallées de la Seine et de l’Eure, de même que le littoral
cauchois sont les secteurs les plus riches en cavités naturelles, en émergences voire en
Résurgences, mais qui n’a jamais entendu parler des pertes et résurgences de l’Iton, ou de celles de la Risle ?
Cette dernière a beaucoup fait parle d’elle durant l’été 2012, puisque cette rivière a disparu totalement le 28
Juillet sur 12 kilomètres suite à l’ouverture brutale d’une perte.
Caumont, en aval de Rouen, est connu pour ses galeries recoupées par l’exploitation de la grande carrière, et
pour sa rivière souterraine reconnue sur prés de 2000 ms dont plus de la moitié en plongée (fig.2). Les
conduits naturels de la carrière du pylône sont sans doute un peu moins réputés, pourtant c’est ici que nous
avons une des plus grandes salles, la salle du bateau (fig.3)
Fig.2 : La chatière Eric, à Caumont (cliché J.C.Staigre) fig.3 : Caumont, la salle du bateau (cliché J.C.Staigre)
Toujours dans l’Eure, d’importantes cavités, pénétrées la plupart du temps après désobstruction, se
développent au dessus de l’hôpital Saint Jacques, aux Andelys et sur la commune de Thuit ou se trouve la
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grotte de la Roche Percée, révélée par Auguste MONTON offre 552 m de galeries, avec des conduits
fortement anastomosés.
En Seine maritime, les falaises d’Orival (fig.4) ne sont pas en reste avec la grotte ornée du Catelier et les
grottes de la Roche Foulon avec un développement supérieur à 200 m.
Fig.4 : les falaises d’Orival (cliché J.C.Staigre et J.Girard)
Plus en aval, à Mesnil sous Jumièges, la grotte du Funiculaire offre prés de 370 m de galeries souvent
anastomosées avec en prime la présence d’une couche de « nescafé », un remplissage ferro-manganique
atteignant de 30 centimètres d’épaisseur et qui n’est pas sans rappeler celui beaucoup plus spectaculaire de
la grotte des Petites Dales, à Saint Martin aux Buneaux (fig.5) .Cette dernière grotte est d’ailleurs un
monument à elle toute seule puisque qu’elle atteint déjà 780 m de développement après vidage partiel de ses
remplissages de lœss.
Fig.5 : la grotte des Petites Dales (cliché J.C.Staigre) Fig.6 : Le trou à l’homme, à Etretat (Clichés J.C.Staigre)
Le secteur de Villequier et d’Yvetot est lui aussi très concerné, avec en particulier les sources de la Rançon,
la grotte des taupes, et le système pertes de Bebec – résurgence du Hannetot, témoins de percées
hydrologiques très importantes.
Sur le littoral de Seine-Maritime, les phénomènes sont là aussi omniprésents : Grottes, émergences, portes et
aiguilles relictuelles non seulement à Etretat mais aussi à Fécamp, méga-lapiaz de Fécamp le Vieux en sont
les témoins les plus spectaculaires (fig.7 et fig.8), sans oublier les racines du manteau d’altération (fig.9).
Une mention particulière doit être donnée pour la rivière souterraine du Heurt, puisque sa cascade Marignan
haute de 8 m est la seule de cette importance dans le sous-sol de la Normandie (Fig.10). Cette grotte est
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aussi un très bel exemple d’un ancien conduit paragénétique devenu syngénétique par capture d’un drain en
amont (fig.11).
Fig.7 : Méga-carniaux, porte au Roi, Fécamp (Cliché J.C.Staigre) Fig.8 : Grotte aux Pigeons, la Poterie Cap d’Antifer
(Cliché J.C.Staigre)
Pour la craie tuffeau du cénomanien, la source de l’Orbiquet à la Folletière-Abenon plongée sur 800 m est
sans doute l’émergence la plus connue dans le Calvados.
Le département de l’Orne, dans la carrière souterraine de la Mansonnière, à Bellou sur Huisne, offre quand
à lui plus de 1000 m de conduits résultants de l’altération de l’encaissant au contact de la fracturation.
Cette énumération est bien sûr très incomplète, mais ces quelques exemples montrent que nous avons en
Normandie un véritable Patrimoine souterrain, souvent méconnu du grand public comme de nos élus et qu’il
convient de mettre en lumière, si je puis dire, car que nous avons là quelques uns des plus beaux
phénomènes karstiques de la craie au niveau mondial.
Fig.9 : Racines du manteau d’altération, trépanées par une exploitation de craie, à Saint Vigor (Clichés J.C.Staigre)
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Enfin, le concrétionnement de certains conduits, sans être aussi spectaculaire que les célèbres grottes du Sud
de la France, et malheureusement souvent détériorés par les collectionneurs, est lui aussi
présent. Stalactites, stalagmites, planchers de calcite, calcite flottante, perles des cavernes,
silex vernissés: tout y est, y compris les sapins d’argile (fig.12).
Fig.10 : La base de la cascade Marignan (Cliché J.C.Staigre) Fig.11 : Rivière souterraine du Heurt,
galerie des Moranes (Cliché J.C.Staigre)
Quelques chiffres
- Système karstique en delta de Caumont: près de 8 km de conduits reconnus. Dont :
- Rivière souterraine des Robots ou Rivière Blanche : 1670m dont 970m de conduits
noyés ;
- Ensemble Grotte de la Jacqueline-Château de la Ronce : + 1200m de conduits dont
1050m pour la Grotte de la Jacqueline
- Grotte du système Consul-Pylône : environ 1300 m
- Grotte des Petites Dales, à Saint Martin aux Buneaux : plus de 780 m
- Grotte des Taupes à Villequier : 478 m
- Rivière souterraine du Heurt, à Senneville sur Fécamp : 320 m. débit 15 à 20 l/s
- Systéme karstique perché du Mont Pivin- La Hogue, aux Andelys : plus de 500 m
Grotte de la Roche percée, le Thuit : 552 m
- Rivière souterraine de l’Orbiquet : explorée en plongée sur 815 m, débit 400 à 450 l/s
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- Traçage de la bétoire Ste Marie des Champs aux Sources de la Rançon- Val Grenier :
8650 m ; 216m/heure
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- Traçage de la bétoire du Val Callouel aux Sources de la Ville de Rouen à
Moulineaux : 6800 m ; 70m/heure
- Traçage du forage du Bois de la Vierge aux Fontaines d’Yport 1700 m ; jusqu’à 290
m/heure
- Traçage du forage des Ecameaux à la Source du Mont Duve, à Elbeuf : 540 m
parcourus en 1 heure
Fig.12 : Sapins d’argile à Caumont (cliché J.C.Staigre)
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
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