Post on 03-Apr-2015
Notions fondamentales d’éthique
PHI1968O
3e cours
Plan de la séance
La pensée chrétienne
Conceptions modernes I L’humanisme Le déontologisme kantien Autonomie et politique
Le christianisme
Le christianisme (1)
Système de pensée dominant durant le Moyen-âge en Europe
Deux acquis :
1. Le concept de « personne »
2. L’idée d’égalité
Deux traits saillants de la modernité philosophique et politique
Traits présents dans d’autres traditions religieuses
Le christianisme (2)
La personne
o Chaque homme est créature de Dieu faite à son image
o Chaque homme est aimé de Dieu
o Chaque homme est singulier
o Chaque homme est libre de faire le bien ou le mal
Le christianisme (3)
Les Confessions; La Cité de Dieu
Mal volontaire et responsabilité humaine
Constitution du moi comme unité de conscience dans le temps : notion d’identité personnelle
Saint Augustin (354-430)
De nouveaux questionnements : liberté, responsabilité, temps, Histoire, finitude
Le christianisme (4)
“ (…) c’est la pensée chrétienne (…) qui introduit, en Occident, l’idée d’homme au sens contemporain d’un sujet unique, singularisé, libre et conscient. (…) dans la pensée occidentale une nouvelle notion (apparaît) : celle d’une identité singulière, constitutive d’une unité de conscience dans la connaissance et d’une unité de volonté dans l’action, c’est-à-dire l’idée de personne. Dieu est personnel, et l’homme, créé à l’image de Dieu, est lui aussi une personne.”
(S. Rameix, pp.27-28)
Le christianisme (5)
Dans quelles situations médicales la notion de personne peut-elle être engagée ?
Deux cas concrets
L’embryon humain Le patient en état végétatif chronique
Quelle position la tradition chrétienne pourrait adopter sur ces sujets ?
Le christianisme (6)
Spécificités de la démarche chrétienne
Maintien de l’hétéronomie1
L’existence humaine ne conserve un sens qu’une fois rapportée au divin
2 Amorce d’une approche déontologique
Déontos, ce qui « doit être » par opposition à ce qui est (ontos)
Le christianisme (7)
La méthodologie chrétienne
La casuistique
“Étude des cas de conscience, c’est-à-dire des problèmes de détail qui résultent de l’application des règles éthiques à chaque circonstance particulière (stoïciens, moralistes chrétiens, Kant).”(A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 5e édition 1999, pp.123-124)
Réintroduction d’une dimension téléologique
Le christianisme (8)
La réanimation
Déclaration pontificale de Pie XII aux réanimateurs (1957)
Problème : sortir du dilemme euthanasie / acharnement thérapeutique
Le christianisme (9)
Argumentation
1. Distinction « moyens ordinaires » et « moyens extraordinaires »
« Le devoir (de l’homme) qu’il a envers lui-même, envers Dieu, envers la communauté humaine (…) n’oblige habituellement qu’à l’emploi de moyens ordinaires (…)» ( cité par S. Rameix, p.31)
2. Doctrine du double effet Effet néfaste doit être non voulu et indirect
3. Analyse de l’intention L’intention doit être guidée par une fin bonne
Le christianisme (10)
Héritage de la pensée chrétienne Concept de personne Début de l’idée d’égalité Formulations modernes de la personne
chrétienne : personnalisme
Limites de la pensée chrétienne Appréhension hétéronomique du monde Obscurantisme
Tableau récapitulatif
Auteurs
Courants
Idées, principes essentiels
Formes modernes
Platon Philosophe-roiPaternalisme
Élitisme
Aristote Nature téléologie
ChristianismePersonne déontologie
Casuistique téléologie
Conceptions modernes I
Conceptions modernes I
Modernité = idée d’émancipation de l’individu à l’égard de la tradition
Ordre politique spécifiquement humain à bâtir
Fondement de l’autonomie = la raison
Conceptions modernes I
“Le terme de « modernité » est utilisé lorsqu’il s’agit de penser, au sein d’une société donnée, une rupture dans l’histoire, les arts, la politique, les mœurs etc. Cette coupure ne prend tout son sens que dans son opposition à la période qui précédait, qualifiée alors de « traditionnelle ». Dans le contexte de ce cours – et dans celui de la philosophie en général – la « modernité » désigne le changement social provoqué par l’apparition des idées d’autonomie personnelle et politique.”
Modernité
Conceptions modernes I1. L’humanisme
La Renaissance René Descartes et la raison Une sensibilité plus qu’une théorie unifiée
2. Le déontologisme kantien Autonomie du sujet Le concept de personne
3. Autonomie et politique Les Révolutions américaine et française
L’humanisme (1)
Caractéristiques de la Renaissance1. Sortie du Moyen-âge (arts, philosophie…) Sciences : Galilée Arts : peintres, sculpteurs Philosophie : Marsile Ficin, Pic de la Mirandole
Lutte contre l’obscurantisme religieuxAffirmation de l’individualité et de la dignité de la personne
humaine
2. Redécouverte de l’Antiquité3. Influence de la Réforme4. Période des grandes découvertes Début de l’occidentalisation du monde
Contradiction entre la foi dans l’éminente dignité de l’homme et la colonisation naissante
L’humanisme (2)
René Descartes (1596-1650)
Discours de la méthode; Méditations métaphysiques
« Je pense donc je suis » ??
Fondement de l’existence ?
Fondement de la vérité ?
La raison humaine
Implications éthiques = > Kant
L’humanisme (3)
La raison comme unique mode d’accès à la vérité
La vérité comme idéal
Existe-t-il un droit à la recherche scientifique ?
Mort cérébrale comme critère de la mort dans de nombreux pays
Dualisme et mécanisme cartésien
La mort du cerveau signifie-t-elle la mort de la personne ?
Deux exemples
La recherche scientifique Les critères de la mort
L’humanisme (4)
Humanisme = socle de la modernité
Humanisme = plus une sensibilité qu’une doctrine ou une théorie
Humanisme ou humanismes ?
Dignité de l’homme fondée sur la raison
Base de la morale ?
Conceptions modernes I1. L’humanisme
La Renaissance René Descartes et la raison Une sensibilité plus qu’une théorie unifiée
2. Le déontologisme kantien Autonomie du sujet Le concept de personne
3. Autonomie et politique Les Révolutions américaine et française
Le déontologisme kantien (1)
Emmanuel Kant (1724-1804)
Les 3 Critiques; Métaphysique des mœurs
Lumières allemandes
Philosophie du sujet
Fondation des approches de type déontologique i.e. en termes de « devoir être » (libéralisme, libertarisme, divers courants humanistes contemporains)
Le déontologisme kantien (2)
Autonomie du sujet
Sujet de la connaissance et de l’action
Le sujet se fixe ses propres lois
Quels sont les critères de l’agir moral ?
Le sujet pose ses propres lois
Le sujet y obéit par devoir
1
2
Le déontologisme kantien (3)
Exemple de la noyade
Opposition morales déontologiques / morales conséqentialistes
Un enfant se noie, un homme passant par là le sauve. S’agit-il d’un acte bon ? D’un acte moral ?
Qu’en penserait Kant ? Nouvelle formulation
Le déontologisme kantien (4)
Action motivée par la loi morale Action accomplie par devoir à l’égard de
l’impératif catégorique
Qu’est-ce qu’une action morale ?
1ère formulation
« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle »
2ème
formulation
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen »
Le déontologisme kantien (5)
Autonomie
Soumission à la loi morale
Liberté
Distinction entre les choses et les personnes
Distinction entre le prix et la dignité
Distinction entre les moyens et les fins
Le déontologisme kantien (6)
Le corps
Pour Kant quel est le statut du corps ? Quelles implications cette conception peut-elle avoir ?
Corps fait partie de la personne
Refus moral de la commercialisation ou de la brevétisation du corps humain
Le déontologisme kantien (7)
L’embryon
La personne humaine doit être considérée comme une fin et jamais seulement comme un moyen
Cas des embryons surnuméraires
Statut moral de l’embryon
Autre exemple médical ?
Le déontologisme kantien (8)
La personne Triple dimension
“Être individuel en tant qu’il possède les caractères qui lui permettent de participer à la société intellectuelle et morale des esprits.” (André Lalande, Ibid., 759)
“(…) corps d’un homme en tant que ce corps est considéré comme manifestation, comme « phénomène » de sa personne morale, en tant qu’il exprime le caractère et qu’il doit être traité en conséquence.” (Ibid.)
“Être qui possède des droits ou des devoirs déterminés par la loi.” (Ibid.)
Conceptions modernes I1. L’humanisme
La Renaissance René Descartes et la raison Une sensibilité plus qu’une théorie unifiée
2. Le déontologisme kantien Autonomie du sujet Personne kantienne
3. Autonomie et politique Les Révolutions américaine et française
Autonomie et politique
Autonomie et politique (1)
Acquis de cette période
1. L’autonomie de la personne
2. Le principe d’égalité
3. Morale déontologique
N’avons-nous pas déjà rencontré certaines de ces idées ?
Autonomie et politique (2)
Révolutions américaine et française
Conséquences politiques du principe d’autonomie Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Déclarations de « droits-libertés » liés aux individus
compris comme des personnes autonomes Expression politique du libéralisme Émergence de sociétés fondées sur le principe
d’égalité Rupture avec les sociétés traditionnelles Questions brûlantes : colonisation, esclavage