NOTICE SUR LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES FAITES A CHAMPLIEU, CANTON DE CRÉPY (OISE)

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NOTICE SUR LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES FAITES A CHAMPLIEU, CANTON DE CRÉPY(OISE)Author(s): L. R.Source: Revue Archéologique, 7e Année, No. 1 (15 AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1850), pp. 241-244Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41745918 .

Accessed: 22/05/2014 04:37

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NOTICE

SUE LES

DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES FAITES A CHAMPLIEU ,

CANTON DE CRÊPY (OÏSB).

Le plateau de Champlieu, situé sur la lisière de la forêt de Com-

piègne, à l'endroit où la voie romaine, connue dans le pays sous le nom de chaussée de Brunehaut, pénètre dans cette forêt, est depuis longtemps connu comme ayant été le siège d'un établissement romain d'une certaine importance. Suivant l'auteur de l'Histoire du duché de Vabis, l'abbé Carlier, cet établissement était un camp permanent (i castra stativa), construit par l'empereur Valentinien III, pour maintenir la tranquillité dans le pays des Lètes Sylvanectes ; l'empla- cement de ce camp formait un parallélogramme de six cents toises de longueur sur cent quatre-vingt-dix de largeur, et, de son temps, on y voyait encore un vaste fer à cheval, espèce de demi-lune de

vingt-deux pieds d'élévation, formée de terres rapportées, soutenues intérieurement et extérieurement par deux murs parallèles. Cet ou-

vrage avait seize toises de profondeur et vingt-quatre d'ouverture. La terrasse pouvait avoir de dix à douze pieds d'épaisseur, et elle se terminait en talus. Du côté de la campagne, elle présentait deux issues, en forme d'escaliers de pierre, parallèles et voûtées en par- paings de quatre pouces d'épaisseur. En dessous, se trouvait un sou- terrain, qui s'étendait d'une extrémité à l'autre.

A trente-six toises vers le nord-ouest, en face de l'ouverture du fer à cheval, on voyait un amas de débris, seuls vestiges, dit l'histo- rien que nous venons de citer, de cinq tournelles qui s'y élevaient au- trefois, et qui avaient fait donner à cet amas le nom de Butte des Tournelles. C'est dans la Butte des Tournelles qu'ont été faites les découvertes dont nous allons entretenir nos lecteurs.

Au mois d'avril dernier, M. Edmond de Séroux, maire de la com- vn. 16

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242 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. mune de Béthisy-Saint-Martin , propriétaire du terrain sur lequel cette butte est située , voulut la faire déblayer pour combler une excavation qui existe dans sa propriété; mais, au lieu de la terre qu'il croyait y trouver, il rencontra des pierres, des pierres de taille, dont quelques-unes, de grande dimension, étaient ornées de sculp- tures. Sur le bord de la route qui passe entre le fer à cheval et la butte (l), les ouvriers découvrirent une lame d'épée, cinq fers de lance, et, près de ces armes, qui étaient très-oxydée», un squelette d'homme.

Un ami de M. de Séroux, M. Raymond de Breda, membre de la Société française pour la conservation des monuments, fit connaître au public ces découvertes, par la voie du Journal de l'Oise, et, en même temps, il écrivit à M. de Gaumont, pour l'engager à venir visiter les lieux. M. de Gaumont, ne pouvant se rendre à cette invi -

tation, en chargea un de ses confrères, M. Thiollet, dessinateur au dépôt central de l'artillerie, auquel il fit allouer quelques fonds pour continuer les fouilles. M. Thiollet fit aussitôt le voyage de Champlieu; pendant plus d'un mois, il s'y rendit régulièrement toutes les se- maines, pour faire faire et surveiller les fouilles, et c'est à la direc- tion intelligente qu'il a su leur donner, c'est à son zèle aussi infati- gable que désintéressé, que l'on doit les résultats importants qu'elles ont produits.

L'un des angles de la butte a été entièrement déblayé, et l'un de ses côtés a été fouillé dans la plus grande partie de son étendue. Cette opération a eu pour premier effet de faire reconnaître la com-

position générale de la masse. Au-dessous du gazon qui la recouvre, on remarque une épaisse couche de pierres, évidemment rapportées des champs voisins, et dont l'accumulation, plus grande mais tout à fait fortuite, sur les quatre angles, avait fait croire à l'existence de tourelles dont on n'a retrouvé aucune trace, et qui, c'est un fait aujourd'hui démontré, n'ont jamais existé. Au-dessous règne, dans tonte l'étendue de la butte, une seconde couche, d'un mètre d'épais- seur, formée de débris de taille de pierres; enfin, sous cette couche, et sur le sol antique, une masse composée de fragments et de débris de toute espèce, de pierres, de tuiles à rebord, de tuiles faîtières, etc., le tout entremêlé de cendres et de charbons , traces évidentes de l'incendie qui a dû détruire l'édifice. C'est au milieu de cette masse

(i) Cette route n'est pas, comme on l'a prétendu , la voie romaine ; M. Thiollet a découvert celle-ci au sud-est do fór á cheval.

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DÉCOUVERTES FAITES A CHAMPLIEU. 543

Î n'ont Evidemment

été trouvées le monument

les sculptures de Champlieu

dont nous a servi

parlerons de carrière

tont à l'heure. pour la Evidemment le monument de Champlieu a servi de carrière pour la

construction d'un autre édifice, probablement pour celle de l'église qui se voit à sept ou huit cents mètres de là, et c'est à l'épaisse couche de débris, résultant de la taille des pierres qui eQ ont été tirées , qu'est due la conservation de ces sculptures.

Ce monument devait être de forme carrée ou rectangulaire; un mur, qu'à son peu d'épaisseur on peut prendre pour un mur d'appui ou un mur de clôture, l'entourait en laissant entre lui et la mu- raille de l'édifice un espace d'environ deux mètres. Cet espace est

rempli par une couche de soixante à quatre-vingts centimètres d'argile bien damée, mais dans laquelle on rencontre des débris de matériaux, ce qui prouve qu'elle a été rapportée. Ce rapport, joint à l'épaisseur du pavé ou dallage , élevait de près d'un mètre ati- dessus du sol extérieur celui de l'édifice. Les murailles n'avaient

point de fondations; leur base reposait immédiatement sur le sol

vierge, composé de terre rougeâtre, sablonneuse, mais bien com-

pacte. A huit mètres d'un côté, à sept mètres de l'autre, du mur inté-

rieur, on remarque un caniveau de grande dimension : les pierres, dont il est formé ont quatre-vingt-dix centimètres de largeur sur soixante*dix de hauteur; le diamètre de la rigole est de soixante centimètres. Ce caniveau formait, dans l'édifice, un carré intérieur dont un des côtés, entièrement déblayé, a trente-six mètres cinquante centimètres de longueur. On n'a déblayé que quinze mètres d'un second côté, et deux mètres seulement d'un troisième. L'aire de ce carré intérieur est recouverte d'une maçonnerie solide, qui a dû

supporter un dallage ou un pavage, dont on rencontre, parmi les décombres qui la couvrent, de nombreux débris.

Ces décombres, nous l'avons déjà dit, contiennent des pierres de

taille ornées de sculptures ; parmi ces pierres on remarque des bases, des tambours et des chapiteaux de colonnes, des fragments de cor- niches et d'architraves richement ornées; mais surtout de nom- breuses assises de piliers présentant d'un côté une surface plane décorée de bas-reliefs, de l'autre une colonne engagée. Ces assises ont toutes soixante centimètres de hauteur; plusieurs ont pu être

réunies, de manière à compléter les sujets représentés sur la face

principale des piliers qu'elles composaient. Parmi ces sujets , on

remarquei Thétis trempant Achille enfant dans les eaux du Styx ,

Jupiter et Lèda, Apollon, Mercure et , sur la même pierre, un

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244 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. fragment de figure ayant les bras 'attachés derrière le dos, un fragment de femme, qui a dû faire partie d'un sacrifice, un autre fragment de femme qui a fait partie d'un enlèvement, un jeune homme tenant un arc , un autre jeune homme coiffé d'un casque, une bacchante vue par derrière, deux figures d'hommes supportant des corniches en saillie, etc. , etc. ; enfin de très-nombreux fragments de frise, représentant des dieux marins, des néréides, des dauphins, des monstres à queue de poisson et à tête d'homme, de bélier , de chien , d'aigle, etc.

Ces sculptures sont en général bien conservées; l'exécution en est soignée, et leur style annonce une époque que l'on ne peut faire descendre au-dessous de celle des Antonins.

Une particularité qu'on ne doit pas oublier de noter, c'est que tous les ornements d'architecture sont peints d'un encaustique, qui résiste au frottement et au layage ; les fonds sont d'un jaune plus ou moins foncé ; les surfaces saillantes sont blanches ; les arêtes et les contours des ornements sont relevés par un filet rouge. Il y a aussi des ornements sur des fonds rouges, avec filets blancs. Une figure de chimère a les ailes lisses; les plumes sont figurées par un trait jaune.-

On n'a découvert jusqu'ici aucun fragment d'inscription. Faisons des vœux pour que les fouilles, aujourd'hui suspendues

faute de fonds, soient continuées et achèvent de nous faire connaître ce curieux monument; faisons-en surtout pour que ces sculptures, dont nous n'avons pu donner ici qu'une bien faible idée, ne restent pas trop longtemps exposées aux injures de l'air et des passants, et que des mesures soient prises pour assurer leur conservation.

L. R.

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