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Octobre 2009 - N° 10
ASSOCIATION RIVAGE Groupe Interdisciplinaire de Recherche et d’Action en Bénévolat d’Accompagnement
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VALÉRIE WINCKLER
page 4
Photographe
Créatrice d’art
Bénévole de Rivage
Sommaire
L’Homme et le Silence
LE SILENCE
Un formateur p. 6
Un musicien p. 7
Les bénévoles p. 8 et 12
La parole « signée » p. 9
Un moine p. 10
Les poètes p. 11 et 13
Dossier
Rencontre
Editorial p. 2
La vie de Rivage p. 3
Les soins palliatifs p. 3
Bibliographie p. 14
Actualités
UN COURRIER DES LECTEURS
Le comité de rédaction vous garde un espace dans notre journal « Rivage ». Vous pouvez nous écrire à l’adresse mail suivante :
gw.danterroches@free.fr
ou par lettre à l’adresse de Rivage, avec l’en-tête : Journal Rivage.
Pour réagir à certains articles, à l’actualité, à ses débats éthiques.
Pour partager un questionnement qui vous habite ou vous dérange.
Pour nous faire bénéficier d’un élan de joie afin de nous réjouir ensemble.
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Le silence exprime en couleurs les événements de nos vies, il en teinte les mille nuances, il sera : léger,
épais, gris, joyeux, vieux, aérien, triste, désespéré, heureux, d'une blancheur neigeuse, infini tel un désert…
L'index sur la bouche, le silence nous parle en secret des lieux, des personnes, de nous-mêmes.
J'ai envie de l'entendre, je m'abstiens de parler, je me promène dans le silence.
Si je rencontre la concentration, le zèle, la prudence, la patience, je suis dans le travail.
Si j'ai à écrire, il est des événements que je n'aimerai pas passer sous silence.
Pour me défendre, je craindrai le revolver et son silencieux. Le silence de la Loi m'aidera si mon cas est non
prévu. Et la loi du silence gardera-t-elle mon secret jusqu'à l'oubli ?
Je bute sur une absence totale de mots ; je suis sans voix devant l'indicible, la peur, la souffrance. Ici on
souffre et parfois sans bruit. C'est le silence de la maladie, de la mort, de la solitude après un départ, un deuil.
Et là, tout près, j'ai croisé les silences de la misère.
J'ai respecté le souvenir d'un absent en une minute de silence.
J'ai reçu des ordres : "silence, on tourne", "silence dans les rangs", "Hôpital, Silence".
Je me suis tue au théâtre après les trois coups, au musée, en bibliothèque ; j'ai reçu le silence drapé de
qualités dans les Hôtels relais du silence, et tombé du ciel avec la musique.
J'ai croisé des chasseurs à l'affût, des pêcheurs attentifs, des enfants boudeurs, des amoureux timides, j'ai vu
des muets parler à des sourds, j'ai rêvé avec le poète :
"Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence… " [1]
Je l'ai trouvé inscrit au plus profond de notre humanité. Depuis l'aube des temps, les Hommes ont goûté le
silence, ils sont des chercheurs de sens, des priants. Depuis l'aube des temps, les Hommes savent aimer en
silence, contempler la vie et porter l'espérance.
Alors, j'ai fait miens ces mots :
"Mais écoute le souffle de l'espace, le message incessant qui est fait de silence. " [2]
Gwénaëlle d'Anterroches
Editorial
[1] Lamartine (1790-1869) "Le Lac"
[2] Rilke (1875-1926) "Elégies de Duino"
LES MOTS DU SILENCE
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La SFAP de1989 à 2009
La Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs a organisé un 15e Congrès au cours
duquel furent célébrés officiellement les 20 ans d’existence des Soins Palliatifs. Ce fut un grand
rassemblement au CNIT à La Défense, sous la présidence de Monsieur Sarkozy et que Madame
Bachelot est venue inaugurer.
Ce Congrès fut un succès scientifique. Il a permis également à la « famille palliative » de se retrouver
avec 20 ans de plus, de nombreux descendants et de grands disparus. Emotion et combativité
militantes furent au rendez-vous !
Dans l’atelier « bénévolat d’accompagnement », nous avons entendu les résultats d’une enquête
nationale initiée par le CABA ( Collège d’Associations de Bénévoles d’Accompagnement, dont Marie
Quinquis est l’un des membres actifs depuis sa création).
Les bénévoles de Rivage ont répondu en grand nombre à cette enquête. Merci à eux tous.
Les analyses nationales et locales de cette enquête nous seront transmises ; nous en reparlerons dans
la prochaine parution de ce journal.
D’ores et déjà, je vous laisse méditer. A la question,
- Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’association d’accompagnement à laquelle vous êtes
rattaché(e)s actuellement ?
une grande majorité de bénévoles a répondu :
- Participer à la sensibilisation du grand public vis-à-vis des soins palliatifs.
L’information éclairée et précise est le meilleur vecteur de la conscientisation des hommes et des
femmes qui nous sont proches pour que les soins palliatifs se développent avec des moyens suffisants.
Faire partie d’une association est la condition sine qua non de cette information.
Parlons autour de nous de ces associations de bénévolat d’accompagnement en général, de la nôtre en
particulier !
Soeur Nathanaëlle
En cette rentrée de septembre 2009,
les activités de Rivage reprennent avec dynamisme.
ACTUALITES DES SOINS PALLIATIFS
La promotion 2009 arrive en fin de formation, et 18 personnes intégreront normalement les équipes à
partir du 30 novembre 2009. La promotion 2009/2010 va débuter le 16 octobre prochain avec une
légère baisse du nombre des participants. Néanmoins, la journée des associations de Versailles a été
féconde et les graines que nous avons semées lèveront bientôt.
Je remercie tous les bénévoles de Rivage qui ont participé activement à l’accueil et l’organisation lors
du Congrès de la SFAP (Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs) au CNIT à La
Défense. Par votre présence, Rivage a ainsi pu montrer son dynamisme en Ile de France.
Je remercie également très chaleureusement Pia Neyret qui nous quitte pour vivre d’autres aventures
professionnelles. Son implication dans élaboration de la formation initiale a contribué à faire du Pôle
Formation un phare au sein de notre association. Je lui souhaite une bonne route !
Les challenges ne manqueront pas pour nous dans les mois à venir du fait des difficultés que rencontre
notre système de santé.
Continuons donc à être des veilleurs pour le bien des personnes les plus vulnérables.
Marie Quinquis, vice-Présidente
Responsable du Bénévolat et de la Formation
La vie des bénévoles
Photo Valérie Winckler
Avec son appareil photo et un magnétophone, Valérie Winckler a passé plusieurs mois dans des hôpitaux de la Région
parisienne, dont Claire Demeure à Versailles, pour réaliser ce beau livre « La mort si proche ». C’était en 1988. Depuis
cette date, elle garde du temps bénévole pour notre association Rivage ; elle a été coordinatrice de l’équipe
d’accompagnants de l’unité de soins palliatifs en 2000 et 2001. Nous sommes heureux de l’interroger aujourd’hui sur l’art
de l’image qu’elle creuse davantage chaque jour.
Valérie, pouvez-vous nous dire comment l’image est devenue votre travail ?
Un jour, j’ai pris un appareil de photo pour aller dans l’école maternelle de mon fils Grégoire, j’avais le désir de saisir ce
qui était si mobile, de traduire l’émerveillement que je ressentais. Ce fut une révélation et je décidai de devenir
photographe. Mes thèmes ont beaucoup de liens avec ma vie. La naissance, après la naissance de ma fille Constance, la
fin de la vie après la mort de ma mère, le passage de l’enfance à l’adolescence avec ma fille. Mais je ne réfléchis pas
uniquement en images, la parole m’intéresse tout autant. Il y a des phrases merveilleuses de densité et de poésie et la
musique de la voix m’intéresse beaucoup. Ainsi, la découverte et la rencontre de l’autre est encore plus riche. Je crée
avec ce que la vie me donne. Cela demande une grande attention à la vie et aux autres. En fin de compte, ce qui m’est
donné est bien supérieur à ce que je peux imaginer.
Les images de votre avant-dernière exposition donnent l’impression d’ une recherche entre la lumière et le
sombre, quelle fut votre démarche ?
Les œuvres de cette exposition sont réalisées avec deux techniques différentes, mais proviennent d’une même démarche.
J’ai rarement une idée préconçue : je ne pars pas « faire » une photo, je suis avec mon objectif, je découvre quelque
chose qui me plaît, je pousse dans cette direction : ce sont des travaux différents.
Les images couleurs : pour le film sur Darwin, je voulais entrer dans son regard de naturaliste, regarder au plus près les
choses. J’ai fait des photos macros d’un peu de tout dans la nature : fleurs, écorces, coquillages. J’ai trouvé certaines
images intéressantes et j’ai poursuivi dans cette voie.
Les images en noir et blanc : je suis allée à l’Ile d’Yeu avec une petite boite de papiers photos et l’idée que cela pouvait
être intéressant de travailler la nuit sur la plage. J’ai travaillé sans appareil, directement sur le papier photographique avec
les matières : du sable, des brins d’herbe, les vagues ou des algues sur le papier avec, ces soirs là, la pleine lune. Puis,
j’ai révélé. Le résultat n’avait rien de sublime, mais ouvrait une voie. D’où m’est venue l’inspiration ? Est-ce du grain de la
photo et des grains de sable ? J’aime le grain de la photo, c’est une matière intéressante.
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De formation historienne de l’art, Valérie
Winckler est photographe à l’agence Rapho et
réalisatrice de documentaires pour Arte et
Canal+ : L’heure de la piscine (1995), Darwin et
la Science de l’évolution (2002), Entre les deux
la vie (2003), Plus loin que le bleu du ciel
(2005).
Valérie Winckler a également publié « Actes de
naissance » (Centurion 1985 - épuisé), « La mort
si proche » (Centurion 1988 - épuisé), « Visages
de l’aube » avec Nancy Huston (Actes Sud 2001).
Depuis plusieurs années, elle expose le fruit de
sa recherche picturale à Paris et en province. La
Galerie Thierry Marchand accueille du 8
septembre au 14 novembre 2009 ses dernières
créations sous le titre « Les Origines ».
RENCONTRE AVEC … VALERIE WINCKLER
.../...
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Ces images en noir et blanc et en couleur, pensez-vous qu’elles nous révèlent quelque chose de nous-mêmes,
comme la pleine lune a révélé une image sur le papier ?
C’est plutôt donner un chemin à notre imaginaire. Pour moi, c’est un voyage qui m’est donné, je décolle ! J’ai l’impression
de découvrir. Je préfère ni donner la clef ni l’origine de l’image, afin que chacun puisse voyager à sa guise. Certains
aiment, ils ont très envie de connaître l’objet du départ. Chacun y voit des choses différentes, identifie un fœtus, une fleur
ou un corps, des seins. Moi, je vois ici un paysage, ailleurs, je sens pratiquement une main sur une cuisse. On me dit
souvent que ces photos sont très sensuelles. C’est là, dans cette identification personnelle, que nous est révélé quelque
chose de nous- mêmes.
Les photos en noir et blanc semblent plus difficiles, elles inquiètent parfois. Elles m’ont parlé du début du monde et j’ai
alors pris le livre de la Genèse dans la bible comme fil conducteur. C’est la lutte de l’ombre et de la lumière, ou la
naissance de la lumière.
Actuellement, à la Galerie de Thierry Marchand, au 7 de la rue de Bourgogne à Paris, j’expose un travail en noir et blanc
sous le titre « Les origines ». Six oeuvres associent à ces images des portraits de nouveaux-nés, tirés de « Visages de
l’aube », comme si les nouveaux-nés, à leur première heure, avaient une réminiscence des origines. On les lave, on les
baigne, ils s’endorment et lorsqu’ils se réveillent à nouveau, ils ont perdu cette connaissance : ils se réveillent innocents.
Le thème de notre journal est « le silence ». Que voudriez-vous en dire ?
C’est très important le silence. C’est difficile de créer sans un certain silence. Le silence est un espace vital pour moi. Il
est difficile d’écouter dans le bruit, pour créer je dois écouter, pas seulement regarder. Ecouter les autres, ce qui vous
entoure et aussi se retrouver soi-même. Il y a tellement de silences différents : ils sont souvent habités, ils ont des
densités et des couleurs différentes… Faire silence, c’est laisser venir à soi.
Dans la bible, il est dit que Dieu se présente dans une brise légère ; pour rejoindre l’autre, pour écouter, une qualité de
silence est aussi importante que la parole. Et, j’ai aussi besoin de parler… Je mesure les bienfaits de la parole. Enfant, on
vous apprend à être bien élevé, à taire un certain nombre de choses, mais quel bienfait de pouvoir « dire » ; cela libère et
permet d’aborder le silence. Cependant, il y a un silence que je trouve assez redoutable, quand la parole ne peut plus
s’échanger, quand un dialogue n’est plus possible, quand on choisit le silence parce qu’ on ne peut plus atteindre l’autre. Il
y a des silences qui ont des poids terribles.
Comment conclure sur le silence ?
J’aimerais dire que pour moi, le silence est un espace qui ne peut être rétréci. C'est un espace qui permet de se retrouver.
Mes images rejoignent le silence, elles proposent un espace qui permet à la fois de se "dilater" et de se retrouver soi-
même.
Interview du 18 mai 2009
Gwénaëlle d’Anterroches
Photo Valérie Winckler
RENCONTRE AVEC … VALERIE WINCKLER
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Que dois-je lui dire ? ». « Qu’est-ce que je peux lui répondre ? ». « Que faire quand il n’y a plus de
communication possible ? Dois-je parler, dois-je me taire ? ».
Entreprendre la formation de bénévole d’accompagnement amène à beaucoup de questionnements et
d’interrogations. Un des aspects les plus délicats à concevoir est la relation en tête à tête avec un patient. Que
dire, que faire ?
Lors de la formation, nous abordons cet aspect de la relation dans un module intitulé « Paroles et Silences ».
Le bénévole est avant tout un témoin de la société. Il représente le passant qui passe, le voisin, il rappelle au
malade et au milieu hospitalier qu’il y a une vie en dehors des murs de l’hôpital. Simple sentinelle gardienne
de la lumière de la vie, son unique rôle est de vivre et d’être. Cela signifie qu’outre le fait d’être là, il n’a rien
d’autre à « faire ». Il n’est pas dans l’action mais uniquement dans le vécu. Il est présence proposée : libre au
patient de déceler ce qu’il veut, de percevoir s’il a besoin de cette présence. Le bénévole se doit d’être le plus
neutre possible, vierge de tout projet ou d’envie pour l’autre. Il s’agit pour lui d’être tout simplement.
La présence du bénévole auprès du patient va se dérouler, dans la majorité des cas, en tête à tête. Pourtant, il
serait naïf de croire que seule la relation patient-bénévole va se créer lors d’un accompagnement. Il est donc
important de prendre en compte les différentes autres relations qui interviennent dans l’accompagnement :
avec la famille, les soignants, les autres intervenants, l’association, etc.… Ces différentes relations vont se
réaliser selon différents moyens de communication : par oral, par écrit, en tête à tête, en équipe, dans la
confidentialité, ouvertement, …
Nous découvrons ainsi, qu’au fond, la parole, les mots n’ont
qu’un rôle minime dans ce que nous communiquons à l’autre.
Ce que nous pensons, ce que nous voulons dire à l’autre est
dit avant même que la première parole soit prononcée. André
Comte-Sponville écrivait : « La sagesse a pour chemin la vérité
et pour but le bonheur ». [1] Et c’est là que l’accompagnement
rejoint la pensée du philosophe. Pour arriver à l’idée de commu-
nication, à un bonheur dans le partage, le bénévole se doit
d’être vrai. A lui de créer l’ouverture de vérité avec lui-même,
ainsi qu’avec le patient. Ce sera un acte d’exigence intérieure.
Si le bénévole ne se cache rien à lui-même, alors il pourra peut-
être approcher respectueusement la vérité de l’autre. Ainsi chacune
de ses paroles sera sincère. Il ne s’engagera pas dans des propos
tels que : « Tout va s’arranger ». Il ne noiera pas l’échange dans
un flot de paroles, au risque de masquer l’essentiel de la commu-
nication témoignant de l’intérêt du bénévole, de sa tendresse, de sa patience….
Il est essentiel pour le bénévole de prendre conscience que cet espace de liberté qu’offre la vérité crée
l’obligation de la confidentialité. Légalement, le bénévole est déjà contraint, au même titre que les soignants,
au secret médical. Mais à l’intérieur de celui-ci, il se devra de respecter la parole du patient. Le bénévole fera
un apprentissage de la subtilité, de la bienveillance, de la discrétion dans ses échanges avec les autres
bénévoles et les soignants. Il sera garant de la confiance du patient. Il ne transmettra aux équipes que ce qui
est essentiel : l’état d’être du patient, ses demandes exprimées; mais à aucun moment ne devra-t-il faire part
des aspects personnels dont il aurait connaissance.
Le poids de cette confidentialité est la raison d’être des groupes de paroles auxquels participe le bénévole. Il
pourra, dans ce lieu, exprimer la difficulté, la lourdeur parfois, la joie d’autres fois, d’être ainsi le témoin discret
de la souffrance des autres.
Finalement, la parole peut être d’or quand elle est sincère. Le silence, lui, sera toujours d’or, car il ne peut
mentir.
Pia Neyret
Formatrice, Responsable de la Formation initiale des Bénévoles
Bénévole d’accompagnement
[1] « Le bonheur, désespérément » Ed. Librio
Entre les mots, le silence
DOSSIER le silence Parole de formateur
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Le silence en musique peut être perçu comme un temps entre deux sons ou groupes de sons, utilisé à
des fins expressives ou pour souligner l’architecture d’une oeuvre.
En solfège, le silence représente une valeur temporelle rythmique qui est notée par des signes précis
inscrits sur la portée, (exemple : la pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, le quart, le huitième, le
seizième de soupir). Pause ou ponctuation, le silence est utilisé comme un des moyens expressifs dont
dispose le compositeur.
Cependant, le côté expressif du silence est parfois difficile, voire impossible à noter sur papier : comment
écrire le silence qui se créé parfois au début ou à la fin d’une oeuvre, ou l'attente silencieuse qui s’installe
entre deux mouvements ; par exemple, entre un allegro et un adagio ? Avec un silence, l’interprète peut
donner vie à l’atmosphère, aux émotions musicales ; il se prépare et prépare les auditeurs à l'affect du
mouvement. Il pourra jouer avec le temps pour créer des mouvements de tension ou de détente, mettre
en valeur l’harmonie et la mélodie en laissant en suspens, par exemple par un point d’orgue, ou en
retardant légèrement une attaque.
On trouve une utilisation très particulière du silence à l'époque baroque dans ce qu’on appelle le "silence
d'articulation" : c’est-à-dire l’introduction de minuscules espaces entre les notes, à l’inverse du
Romantisme où chaque note devait être liée à l’autre de manière très forte, le musicien du XVIIIe préférait
donner forme et élégance à chacune en leur donnant une forme et un poids particulier, délimités par ces
petits silences d’articulation.
Au XXe siècle, le silence devient un paramètre à part entière de la composition musicale, avec la
conscience que, paradoxalement, le silence est composé de bruits et de sons. John Cage [2] utilise cette
conception du silence de manière accrue dans sa pièce « 4'33'' » de 1952, où le pianiste reste assis face
à son instrument sans jouer une seule note, montrant ainsi que le silence est habité par des bruits
ambiants imprévisibles, dénués de toute intention musicale. De manière paradoxale et presque
provocante, le silence renvoie au bruit: "Grâce au silence, nous dit Cage, les bruits entrent définitivement
dans ma musique et non pas une sélection de certains bruits, mais la multiplicité de tous les bruits
existants ou qui adviennent"
Sacha Guitry [3] écrivit : « Ce qu'il y a de merveilleux dans la musique de Mozart, c'est que le silence qui la
suit, c’est encore du Mozart. »
Pour percevoir les finesses et les forces du silence dans la musique, il est important que chacun ait
préparé un calme intérieur et une écoute de bonne qualité.
Faire le silence en soi, faire taire les bruits de notre intérieur ou en prendre conscience pour les faire
participer à l’oeuvre, s’ouvrir à l’œuvre, aux sons, c’est, en quelque sorte, la première note écrite sur la
partition par le compositeur, afin que l’œuvre soit interprétée et écoutée.
Anne d’Anterroches
[1] Miles Davis (1926-1991) Trompettiste et compositeur de jazz. Professeur et Concertiste [2] John Cage (1912-1992) Compositeur [3] Sacha Guitry (1885-1957) Acteur et dramaturge
DOSSIER le silence Un musicien
« La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence. »
Miles Davis [1]
La musique et les silences
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Murés dans le silence
D'abord, je m'aperçois qu'il me reste un moyen toujours disponible pour communiquer, sans prendre la place de
la personne en silence : je peux lui dire ce que je ressens, ce que je reçois, ce que j'en pense, sans omettre mes
doutes ou mes questions, voire mes embarras ! Oui, je me permets de dire ce que j'apprécie ou regrette, comme
cette douloureuse incompréhension de ce que ses lèvres semblent parfois vouloir susurrer. Au fond, dans cette
relation unilatéralement parlée, j'exprime où j'en suis, d'où je parle. Si ce malade me comprend, il connaît peut-
être, alors mieux que moi, la nature ou la qualité du lien qui nous (ré)unit.
Je suis surpris par plus d'une réponse qui jaillit, complètement inattendue : un sourire, un éclat de rire (oui !), un
« merci » venant d'une bouche qui ne parle plus depuis longtemps, un « pourquoi vous partez déjà » ?
Cette « parole-résonance » me semble constituer une ressource d'accompagnant à explorer davantage. C’est
une relation qui différencie l'autre de moi, et empêche ainsi la confusion des personnes. Oui, la relation avec
quelqu'un de silencieux peut encore être « parlée » et cet autre garde son mystère de quelqu'un de tout à fait
autre. Impossible de marcher sur ses plates-bandes !
Deux autres pistes peuvent se réfléchir :
• « Son » silence est un événement qui provoque quelque chose.
La personne en silence favorise tout d'abord une attitude : elle nous fait taire et, par là même, entrer, peut-être,
dans une communication plus vraie, plus vraie parce que plus pauvre ! Elle nous fait sortir des distractions dont
nous inondons tellement notre quotidien, sortir de ces paroles qui parlent si souvent pour dire si peu de choses,
voire rien du tout, sortir du verbiage, forme paradoxale du silence. Là, le verbiage ne passe plus ! Me voilà dans
une solitude désarmante et dans la présence impressionnante de quelqu'un que je ne peux ignorer ni
contourner. Il y a de quoi être mal à l'aise, ou très bien ! A moi, accompagnant, d'explorer mes dispositions
personnelles si variables, si peu maîtrisables et de m'aventurer dans l'inconnu de mes réactions et de mes
découvertes. Voilà qui me fait réfléchir et chercher. Mais c'est aussi chercher ensemble, être "vraiment" en
mouvement ensemble, avec celui qui est en silence. Je ne suis pas au-dessus de lui, mais logé à la même
enseigne et cheminant à côté de lui. Partageant la même dignité de marcheur de la vie.
• « Son » silence est un signe qui signifie généralement quelque chose.
Il me paraît évident que son silence signifie quelque chose que j'ignore le plus souvent. Il y a bien sûr les
multiples facteurs biologiques et médicaux qui nous échappent à nous accompagnants. Mais ils se doublent
souvent de facteurs psychologiques ou relationnels qui nous échappent au moins autant et peuvent « faire
boucle» avec les premiers. Il y a là de multiples sens possibles au silence de ces personnes que j'ai rencontrées.
Par exemple le malade :
- n'a plus rien à dire, tout est dit, « tout est accompli »,
- n'attend plus que la visite de quelqu'un de très important pour lui, avant d’accepter de se laisser partir,
- vit un état de sidération dans ce moment de nouveauté radicale qui transforme tout. Les mots ne viennent pas.
Le malade est comme « inter-dit » .
DOSSIER le silence Parole de bénévole
C'est pour moi l'accompagnement le plus difficile
d'autant qu'il devient de plus en plus fréquent à
Claire Demeure. C’est difficile de se retrouver seul
aux côtés d’une personne dont les réactions, les
gestes, les attitudes ou les mimiques, la voix
même... ne sont plus éclairés par ses paroles. Plus
de véritable dialogue ! C’est difficile de sortir de la
chambre livré à mes émotions, variant de la joie à
l'angoisse, et souvent convaincu que, ce que
j’éprouve, cet autre l'éprouve aussi. Cela reste à
voir ! Alors, me voilà provoqué à puiser plus
profond dans mes ressources personnelles. Il faut
aller y voir pour les développer. Plusieurs pistes
s'ouvrent.
Photo Rivage
.../...
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- le patient peut être « muré » par le silence des siens, ou par leur refus de le voir partir. Ce silence est alors
une réponse au silence, au refus des siens. « Mais non, tu vas te rétablir et revivre avec nous ! ». Terrible
dialogue muet. Comme il est important de parler avec et surtout d'écouter les proches si souvent rongés par
la culpabilité : celle de laisser partir celui que l'on aime tant, ou que l'on n'a pas assez aimé, ou qui vit
précisément ce moment crucial, pour nous insupportable, signe de notre propre finitude etc... Effet
douloureux du désarroi de ceux qui vivent la fin de leur proche.
A nous d'être là, attentifs à ce qui se cherche.
Enfin, une piste se révèle avoir sa grande puissance dans l'accompagnement des personnes silencieuses,
c'est l'impact du chant et notamment des chansons traditionnelles que connaissent nombre d'entre elles. Les
chansons connues réveillent bien des ardeurs heureuses et des mémoires englouties : nous le voyons tous
les mois dans les séances collectives réservées aux anniversaires fêtés en chansons. Je le vois aussi dans
certaines visites personnelles où telle chanson connue se transforme parfois en duo , même quand la
musicalité semble en souffrir. On est « bien » ensemble et les paroles sont toujours là, avec leur charge
d'émotion, étayées par la musique. J'avoue éprouver là un étonnement toujours neuf devant les réactions
des personnes les plus murées dans leur silence.
Comme disait un malade, Mr G. : « L'oreille écoute, le coeur entend ». C'est bien dans le silence que se fait
le travail de transformation. Serions-nous plutôt mûris par nos silences ?
Dominique Lehman
Bénévole en Unité de Soins de Longue Durée
DOSSIER le silence Parole « signée »
La parole « signée »
L’abbé Charles Michel de l’Epée fut, en 1760, le premier entendant connu à s’intéresser aux modes de
communication des « sourds-muets » en observant un couple de jumelles sourdes communiquer entre elles
par gestes ; il découvre l’existence d’une langue des signes. Il décide alors de regrouper les enfants sourds
pour les instruire. Il apprend lui-même la langue des signes grâce à ses élèves et démontre les progrès
obtenus jusque devant la Cour de France. C’est ainsi qu’il peut ouvrir une véritable école pour sourds qui
deviendra l’Institut national des jeunes sourds. À la mort de l’abbé de l’Épée, son successeur tente d’imposer
un langage gestuel conventionné et agrémenté d’une grammaire de « signes méthodiques » qui sera
abandonné par la suite.
Cependant, les oralistes considèrent que les sourds doivent apprendre à parler pour s’intégrer dans la
société. Le Congrès de Milan en 1880 — où l’immense majorité des participants est entendante — décrète
l’abandon de la langue des signes dans l’enseignement. Trois raisons sont invoquées : la LSF n’est pas une
vraie langue, elle ne permet pas de parler de Dieu, et les signes empêchent les sourds de bien respirer, ce
qui favorise la tuberculose. Cette interdiction dure près de cent ans, pendant lesquels les professeurs sont
entendants et utilisent exclusivement la méthode oraliste. Cependant, malgré l’interdiction de signer en
classe, la LSF ne disparaît pas, les sourds se la transmettant de génération en génération, la plupart du
temps pendant la récréation.
En 1991, la loi Fabius favorise le choix d’une éducation bilingue pour les sourds : la LSF et le français écrit et
oral. En février 2005, une loi institue la LSF comme langue officielle en France.
Pour plus de renseignements sur la Langue des Signes et sur l’histoire des sourds, contactez
L’Académie de la Langue des Signes Française
3 rue Léon Giraud - 75019 Paris Tel : 01 40 51 10 80
informations@languedessignes.fr
d’après Wikipédia
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Silence et manque
Des bonheurs, vraiment ? Paradoxe, puisque – nous ne le savons que trop ! – pour beaucoup de nos
contemporains silence et solitude évoquent des situations pénibles, un manque douloureux.
Ce manque néfaste n’est pas toujours radical. Il échappe parfois à la conscience claire et engendre alors des
comportements à risque. J’étends encore cette étudiante qui, dans un groupe de réflexion, déclarait avec une
satisfaction affichée : « Moi, le silence je n’en veux pas, je le fuis, à la maison j’ai toujours de la musique dans les
oreilles, même quand je lis. J’en ai besoin, comme des copains ». Il y eut des « Moi, c’est pareil ! », mais aussi
des « Que fuis-tu ? Ou qui ? Toi-même ? »
La difficulté, voire l’impossibilité pour beaucoup de nos contemporains, voire la nôtre, de rester seul et en silence
est une caractéristique inquiétante de nos sociétés modernes. Il n’est pas rare que des hôtes venus au monastère
pour la première fois déclarent que, ce qui leur a le plus manqué au début, c’était leur environnement bruyant, les
autres toujours là, leur téléphone portable qui ne recevait pas (notre monastère est encore hors de leur portée ) :
impossible de dormir ou d’échapper à une certaine angoisse. Seul avec soi-même et rien d’autre. Rude !
Silence et bonheur
Dans ce contexte, a-t-on le droit d’affirmer, comme je l’ai fait, que silence et solitude peuvent être source
d’inestimables bonheurs, des plus grands biens ?
Ici un préalable s’impose. Nous sommes tous différents ; différents par le tempérament, les expériences de la vie,
les idéaux de tout ordre, naturels ou spirituels. Cependant, sous cette diversité, se cache ce que nous avons de
commun, ce qui fait de nous des êtres humains : le trésor intime de notre moi profond.
Ce trésor, on ne peut y accéder qu’en cherchant la double profondeur des choses, des événements, de nos vécus,
en osant quitter le superficiel pour s’enfoncer dans le silence et la solitude de l’intériorité. A chacun ses moyens,
ses expériences.
On peut fermer les yeux, se concentrer, se laisser envahir par une paix qui vient de plus loin que de notre monde
quotidien. On peut au contraire ouvrir des yeux avides de contempler « le réel sous-jacent », « la deuxième
profondeur du réel » telle qu’elle se laisse deviner dans un paysage – l’eau y est particulièrement propice – ou
encore dans une oeuvre d’art, un objet, un visage entrevu puis disparu, mais dont on garde en soi la trace
fascinante. Un amour.
On peut tendre l’oreille à ce qui chante l’ailleurs et l’au-delà par la musique ou la poésie, aussi modestes soient-
elles. Mais rien ne se passe sans l’écrin d’un vrai silence et d’une solitude qui ouvre le vide à remplir.
[1] (1909 -1943) Philosophe et mystique
DOSSIER le silence Un moine
Le vrai silence n’est pas la panne, le temps mort, au
contraire, il est plénitude, fraternel. De la même famille
que solitude. Tous deux sont à cheval sur une sorte de
vide apparent, sur le meilleur et sur le pire, l’un et l’autre
aussi redoutables que désirables. Tous deux peuvent se
révéler grands amis avec la gratuité, avec l’attention,
chère à Simone Weil [1], celle qui débouche sur
l’unification intérieure et la contemplation.
Silence et solitude confinent aux plus hautes valeurs,
tant dans l’ordre de la vie naturelle que de la vie
surnaturelle. Tous deux peuvent être sources
d’inestimables bonheurs.
Ce silence qui t’appelle...
Photo Rivage
.../...
L’appel de l’infini
Depuis l’Antiquité, le silence fut toujours pensé et expérimenté par les sages comme une dimension de
l’au-delà, voire comme le sas qui y introduit. De nos jours encore, nul croyant ne peut se dispenser de
cette écoute mystique silencieuse qui fait entendre au coeur de l’homme la voix même de « l’au-delà de
l’au-delà » qu’est Dieu. Le vrai silence est enseigné par les dieux, notait Plutarque.
Terminons, s’il est permis par une question.
Silence et solitude, quel rôle jouent-ils concrètement dans nos vies ? Désirés, redoutés ? Heureux certes,
mille fois heureux, celui qui peut y chercher et trouver les plus grands des bonheurs !
Quant à celui ou celle qui y peine, serait-il possible qu’il n’y ait pas là pour eux aussi une Présence amie
qui les cherche un par un ? Nous sommes tous pareillement désirés, au plus intime.
Frère Sébastien
Abbaye de La Pierre-qui-Vire
DOSSIER le silence Un moine
J’ai vu les oiseaux partir
à grandes rames
vers ta présence,
j’ai vu les derniers s’enfuir
à leur poursuite et
disparaître
plein ciel
disparus
comme flottille
emportée à pleines voiles
par grand vent
derrière le ciel.
Plus rien là-haut.
Que le silence envahissant
De ta présence.
Ah ! Qui me donnera
Des ailes de colombe !
Je volerais,
Je volerais
Je volerais,
Vers où je sais.
Frère Sébastien
- 11 -
CERCLE DE SILENCE DE VERSAILLES
Avec ou sans papiers, l’étranger est une « personne ».
La dignité de chaque personne ne se discute pas, elle se respecte. Notre silence le crie.
Le cercle de Silence se tient chaque deuxième jeudi de chaque mois entre 18h et 19 h
Avenue de Saint-Cloud – angle avenue de l’Europe à Versailles (marché aux fleurs)
Contact : cercledesilenceversailles@numericable.com
Le silence de l’absence
A notre époque, le silence est rare, nous sommes entourés d’un fond sonore
permanent. Le silence est pourtant bon, quand il est choisi, car il nous permet de nous retrouver.
A l’inverse, l’absence à la suite d’un deuil, n’est pas un choix et le silence devient souffrance. Cette absence
est inconcevable et non maîtrisable, nous nous retrouvons totalement impuissants devant cet événement,
jusqu’à craindre d’en perdre la raison. Selon la ‘‘structure’’ de chacun, le lien affectif avec la personne
disparue et les circonstances du décès, la rupture va provoquer déni, colère, révolte, culpabilité, ou
quelquefois soulagement.
Pendant longtemps, les souvenirs, les émotions, peuvent nous meurtrir ou nous paralyser. Ce n’est qu’au
bout d’un certain temps que la charge émotionnelle va s’atténuer et que viendra l’acceptation de l’absence et
qu’alors il sera possible de lui donner un sens.
L’écoute du silence
Au cours d’un entretien avec un endeuillé, les bénévoles de l’équipe de soutien au deuil sont souvent
confrontés au silence, parfois avec des pleurs, des sanglots.
Ce sont le corps et le cœur qui parlent et non la bouche.
Ces moments sont délicats et l’écoutant hésite à briser le silence.
Il faut respecter ce temps de récupération où l’endeuillé peut reprendre des forces peu à peu.
Le bon choix est difficile entre une intervention du bénévole : « si j’ai bien compris, vous vouliez dire que… »
et l’écoute muette : laisser à l’autre le temps de pacifier ses émotions et rompre lui-même le silence.
L’important, c’est que l’endeuillé soit conscient d’une présence bienveillante près de lui, qui ne trouble pas
la maturation en cours mais qui le respecte sans le juger.
La communication non verbale peut aider à comprendre ce que cache le silence.
Il y a des silences douloureux, abattus, hostiles, désespérés ou paisibles.
Le regard, les gestes, la posture sont alors précieux pour interpréter et trouver les mots ou les gestes pour
manifester notre empathie.
L’Ecclésiaste nous le dit fort bien : « Il est un moment pour tout…un temps pour se taire et un temps pour
parler. » (Qo 3-1 et 3-7.)
Puissions-nous, humbles soutiens des endeuillés, trouver la bonne attitude dans notre écoute,
successivement, miroir fraternel et communication non verbale.
Chantal, Françoise, Marie-Noëlle et Michel
Equipe de Soutien au Deuil de l’Association RIVAGE
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DOSSIER le silence Parole de bénévole
Photo Rivage
Il n’y a pas un silence mais des silences
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La minute de silence
Un soir, tu trouveras des brouillons dans
leur cachette
Pour voir, tu sortiras les disques de leur
pochette
Notre histoire, tu la verras défiler dans ta
tête
Alors chut, pose doucement un doigt
devant ta bouche
Et lutte, efface de ta mémoire ces mots
qui nous touchent
Brûle, ces images qui nous plongent dans
la solitude
Ecoute, ce qu'il reste de nous
Immobile et debout
Une minute de silence
Ce qu'il reste, c'est tout
De ces deux cœurs immenses
Et de cet amour fou
Et fais quand tu y penses
En souvenir de nous
Une minute de silence
Ecoute passer mes nuits blanches
Dans tes volutes de fumée bleue
Cette minute de silence
Est pour nous deux
Ecoute, ce qu'il reste de nous
Immobile et debout
Une minute de silence
Ce qu'il reste, c'est tout
De ces deux cœurs immenses
Et de cet amour fou
Et fais quand tu y penses
En souvenir de nous
Une minute de silence
Une minute de silence Michel Berger (1947-1992) Auteur et compositeur
Commence le silence
Commence le silence
en ta manière neuve
de guetter comme chat
les petits bruits amis
que tu n’entendais pas,
clapotis d’océan
dont ils sont le rivage.
Ecoute le silence
quand monte le soleil
sur la mer qui s’avance
à la marée montante.
quand tu t’avances
en des pas d’araignée
sur la toile du temps.
Il vient te mettre au monde
quand il instille en toi
la douce nostalgie
de ce qu’on n’entend pas
et n’entendra jamais,
l’au-delà de l’absence,
en cette ivre présence
qui tout fait taire,
hormis l’amour.
Frère Sébastien Abbaye de La Pierre-qui-Vire
DOSSIER le silence Poèmes
Photo Rivage
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Le terreau humain, c’est notre quotidien d’accompagnant, c’est aussi notre émerveillement. Rivage
nous propose de nous mettre à l’écoute de la voix des écrivains d’hier et d’aujourd’hui afin d’élargir encore et toujours notre perception des personnes.
Ciel bleu ; une enfance dans le Haut Altaï
Galsan Tschinag (éd. Anne-Marie Métailié 2004)
Galsan Tschinag raconte son enfance dans la steppe
aux confins du désert de Gobi, dans les terres du
Haut-Altaï.
Il nous décrit le destin d'un peuple pris entre ciel et
terre, entre nature et dieux : deux univers mystérieux,
muets, injustes, puissants. Ciel bleu est comme un
chant d'amour, un guide spirituel, un secret à partager
avec ceux qu'émerveille l'aube des peuples.
Dans le vent des grands espaces.
Le silence de la mer : et autres récits
André Vercors (éd. Livre de Poche)
Poussant la sobriété aussi loin que possible, André
Vercors met en scène la résistance passive et muette
qu'un homme et sa nièce opposent à l'envahisseur,
représenté ici sous les traits d'un officier allemand
ayant réquisitionné une chambre chez eux. Cet homme
est un musicien cultivé, élégant et extrêmement
civilisé qui croit en la fraternité des peuples et pense
qu'au sortir de cette guerre, la France se relèvera plus
grande que jamais. Il tâchera de se faire accepter par
ces deux personnages qui, malgré eux, ressentent
toute la noblesse d'âme de leur ennemi. Jusqu'au jour
où le silence change de nature et devient un silence de
désespoir et de mort.
A relire encore.
Terre et cendres
Atiq Rahimi (éd. POL 2005)
Un pont, une rivière asséchée dans un paysage
désolé, la guérite d'un gardien, une route qui se perd à
l'horizon, un marchand qui pense le monde, un
vieillard, un petit enfant, et puis l'attente. Rien ne
bouge ou presque. Nous sommes en Afghanistan,
pendant la guerre contre l'Union soviétique. Le vieil
homme va annoncer à son fils qui travaille à la mine,
qu'au village tous sont morts sous un bombardement.
Il parle, il pense : enfer des souvenirs, des attentes,
des remords, des conjectures, des soupçons... C'est
une parole nue qui dit la souffrance, la solitude, la peur
de n'être pas entendu.
Très beau. A lire tout doucement.
La pêche au saumon
Jeannette Haien (éd. Arcanes)
Au dernier jour de la saison de pêche, le père Declan
s'acharne à ramener un saumon. Tandis qu'il déploie
toute sa science pour en venir à bout, lui revient en
mémoire le récit d'Enda...
A soixante-trois ans, Jeannette Haien a fait, avec cet
ouvrage, une éclatante entrée sur la scène littéraire,
que la critique a salué aux Etats-Unis et en Grande-
Bretagne lors de sa parution en 1986.
Lisez ce petit ouvrage qui surprend et émerveille.
Mon voisin
Milena Agus (éd. Liana Levi)
Mais le jour où le voisin entre dans sa vie, son regard
sur le monde change... Dans un Cagliari écrasé de
soleil, Milena Agus met en scène des personnages
hors normes, enfants en mal d'amour, adultes en
quête d'un peu de douceur.
Un trésor de 60 pages.
Abel dans la forêt profonde
Aaron Tamasi (éd. Heros-Limite)
A consommer sans modération ! Ce Candide du
XXème nous fait goûter à travers son chemin
initiatique, la saveur de la langue d'une contrée mal
connue. C'est aussi une invitation à découvrir ce pays
lové dans les sylves : La Transylvanie. Beaucoup
d’humour et de poésie de la part d’un grand auteur
Hongrois.
Gwénaëlle d’Anterroches
Internet
Retrouvez notre bibliographie complète sur
notre site internet :
www.association-rivage.com
N’hésitez pas à poser vos questions par
l’intermédiaire de la page de contact du site.
Nous y répondrons avec plaisir.
BIBLIOGRAPHIE
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Rivage infos n°10 – octobre 2009 – Tiré à 500 exemplaires
Journal d’informations réalisé et publié par les bénévoles de l’association Rivage
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