L’Homme et le Silence

16
Octobre 2009 - N° 10 ASSOCIATION RIVAGE Groupe Interdisciplinaire de Recherche et d’Action en Bénévolat d’Accompagnement - 1 - VALÉRIE WINCKLER page 4 Photographe Créatrice d’art Bénévole de Rivage Sommaire L’Homme et le Silence LE SILENCE Un formateur p. 6 Un musicien p. 7 Les bénévoles p. 8 et 12 La parole « signée » p. 9 Un moine p. 10 Les poètes p. 11 et 13 Dossier Rencontre Editorial p. 2 La vie de Rivage p. 3 Les soins palliatifs p. 3 Bibliographie p. 14 Actualités

Transcript of L’Homme et le Silence

Page 1: L’Homme et le Silence

Octobre 2009 - N° 10

ASSOCIATION RIVAGE Groupe Interdisciplinaire de Recherche et d’Action en Bénévolat d’Accompagnement

- 1 -

VALÉRIE WINCKLER

page 4

Photographe

Créatrice d’art

Bénévole de Rivage

Sommaire

L’Homme et le Silence

LE SILENCE

Un formateur p. 6

Un musicien p. 7

Les bénévoles p. 8 et 12

La parole « signée » p. 9

Un moine p. 10

Les poètes p. 11 et 13

Dossier

Rencontre

Editorial p. 2

La vie de Rivage p. 3

Les soins palliatifs p. 3

Bibliographie p. 14

Actualités

Page 2: L’Homme et le Silence

UN COURRIER DES LECTEURS

Le comité de rédaction vous garde un espace dans notre journal « Rivage ». Vous pouvez nous écrire à l’adresse mail suivante :

[email protected]

ou par lettre à l’adresse de Rivage, avec l’en-tête : Journal Rivage.

Pour réagir à certains articles, à l’actualité, à ses débats éthiques.

Pour partager un questionnement qui vous habite ou vous dérange.

Pour nous faire bénéficier d’un élan de joie afin de nous réjouir ensemble.

- 2 -

Le silence exprime en couleurs les événements de nos vies, il en teinte les mille nuances, il sera : léger,

épais, gris, joyeux, vieux, aérien, triste, désespéré, heureux, d'une blancheur neigeuse, infini tel un désert…

L'index sur la bouche, le silence nous parle en secret des lieux, des personnes, de nous-mêmes.

J'ai envie de l'entendre, je m'abstiens de parler, je me promène dans le silence.

Si je rencontre la concentration, le zèle, la prudence, la patience, je suis dans le travail.

Si j'ai à écrire, il est des événements que je n'aimerai pas passer sous silence.

Pour me défendre, je craindrai le revolver et son silencieux. Le silence de la Loi m'aidera si mon cas est non

prévu. Et la loi du silence gardera-t-elle mon secret jusqu'à l'oubli ?

Je bute sur une absence totale de mots ; je suis sans voix devant l'indicible, la peur, la souffrance. Ici on

souffre et parfois sans bruit. C'est le silence de la maladie, de la mort, de la solitude après un départ, un deuil.

Et là, tout près, j'ai croisé les silences de la misère.

J'ai respecté le souvenir d'un absent en une minute de silence.

J'ai reçu des ordres : "silence, on tourne", "silence dans les rangs", "Hôpital, Silence".

Je me suis tue au théâtre après les trois coups, au musée, en bibliothèque ; j'ai reçu le silence drapé de

qualités dans les Hôtels relais du silence, et tombé du ciel avec la musique.

J'ai croisé des chasseurs à l'affût, des pêcheurs attentifs, des enfants boudeurs, des amoureux timides, j'ai vu

des muets parler à des sourds, j'ai rêvé avec le poète :

"Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence… " [1]

Je l'ai trouvé inscrit au plus profond de notre humanité. Depuis l'aube des temps, les Hommes ont goûté le

silence, ils sont des chercheurs de sens, des priants. Depuis l'aube des temps, les Hommes savent aimer en

silence, contempler la vie et porter l'espérance.

Alors, j'ai fait miens ces mots :

"Mais écoute le souffle de l'espace, le message incessant qui est fait de silence. " [2]

Gwénaëlle d'Anterroches

Editorial

[1] Lamartine (1790-1869) "Le Lac"

[2] Rilke (1875-1926) "Elégies de Duino"

LES MOTS DU SILENCE

Page 3: L’Homme et le Silence

- 3 -

La SFAP de1989 à 2009

La Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs a organisé un 15e Congrès au cours

duquel furent célébrés officiellement les 20 ans d’existence des Soins Palliatifs. Ce fut un grand

rassemblement au CNIT à La Défense, sous la présidence de Monsieur Sarkozy et que Madame

Bachelot est venue inaugurer.

Ce Congrès fut un succès scientifique. Il a permis également à la « famille palliative » de se retrouver

avec 20 ans de plus, de nombreux descendants et de grands disparus. Emotion et combativité

militantes furent au rendez-vous !

Dans l’atelier « bénévolat d’accompagnement », nous avons entendu les résultats d’une enquête

nationale initiée par le CABA ( Collège d’Associations de Bénévoles d’Accompagnement, dont Marie

Quinquis est l’un des membres actifs depuis sa création).

Les bénévoles de Rivage ont répondu en grand nombre à cette enquête. Merci à eux tous.

Les analyses nationales et locales de cette enquête nous seront transmises ; nous en reparlerons dans

la prochaine parution de ce journal.

D’ores et déjà, je vous laisse méditer. A la question,

- Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’association d’accompagnement à laquelle vous êtes

rattaché(e)s actuellement ?

une grande majorité de bénévoles a répondu :

- Participer à la sensibilisation du grand public vis-à-vis des soins palliatifs.

L’information éclairée et précise est le meilleur vecteur de la conscientisation des hommes et des

femmes qui nous sont proches pour que les soins palliatifs se développent avec des moyens suffisants.

Faire partie d’une association est la condition sine qua non de cette information.

Parlons autour de nous de ces associations de bénévolat d’accompagnement en général, de la nôtre en

particulier !

Soeur Nathanaëlle

En cette rentrée de septembre 2009,

les activités de Rivage reprennent avec dynamisme.

ACTUALITES DES SOINS PALLIATIFS

La promotion 2009 arrive en fin de formation, et 18 personnes intégreront normalement les équipes à

partir du 30 novembre 2009. La promotion 2009/2010 va débuter le 16 octobre prochain avec une

légère baisse du nombre des participants. Néanmoins, la journée des associations de Versailles a été

féconde et les graines que nous avons semées lèveront bientôt.

Je remercie tous les bénévoles de Rivage qui ont participé activement à l’accueil et l’organisation lors

du Congrès de la SFAP (Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs) au CNIT à La

Défense. Par votre présence, Rivage a ainsi pu montrer son dynamisme en Ile de France.

Je remercie également très chaleureusement Pia Neyret qui nous quitte pour vivre d’autres aventures

professionnelles. Son implication dans élaboration de la formation initiale a contribué à faire du Pôle

Formation un phare au sein de notre association. Je lui souhaite une bonne route !

Les challenges ne manqueront pas pour nous dans les mois à venir du fait des difficultés que rencontre

notre système de santé.

Continuons donc à être des veilleurs pour le bien des personnes les plus vulnérables.

Marie Quinquis, vice-Présidente

Responsable du Bénévolat et de la Formation

La vie des bénévoles

Page 4: L’Homme et le Silence

Photo Valérie Winckler

Avec son appareil photo et un magnétophone, Valérie Winckler a passé plusieurs mois dans des hôpitaux de la Région

parisienne, dont Claire Demeure à Versailles, pour réaliser ce beau livre « La mort si proche ». C’était en 1988. Depuis

cette date, elle garde du temps bénévole pour notre association Rivage ; elle a été coordinatrice de l’équipe

d’accompagnants de l’unité de soins palliatifs en 2000 et 2001. Nous sommes heureux de l’interroger aujourd’hui sur l’art

de l’image qu’elle creuse davantage chaque jour.

Valérie, pouvez-vous nous dire comment l’image est devenue votre travail ?

Un jour, j’ai pris un appareil de photo pour aller dans l’école maternelle de mon fils Grégoire, j’avais le désir de saisir ce

qui était si mobile, de traduire l’émerveillement que je ressentais. Ce fut une révélation et je décidai de devenir

photographe. Mes thèmes ont beaucoup de liens avec ma vie. La naissance, après la naissance de ma fille Constance, la

fin de la vie après la mort de ma mère, le passage de l’enfance à l’adolescence avec ma fille. Mais je ne réfléchis pas

uniquement en images, la parole m’intéresse tout autant. Il y a des phrases merveilleuses de densité et de poésie et la

musique de la voix m’intéresse beaucoup. Ainsi, la découverte et la rencontre de l’autre est encore plus riche. Je crée

avec ce que la vie me donne. Cela demande une grande attention à la vie et aux autres. En fin de compte, ce qui m’est

donné est bien supérieur à ce que je peux imaginer.

Les images de votre avant-dernière exposition donnent l’impression d’ une recherche entre la lumière et le

sombre, quelle fut votre démarche ?

Les œuvres de cette exposition sont réalisées avec deux techniques différentes, mais proviennent d’une même démarche.

J’ai rarement une idée préconçue : je ne pars pas « faire » une photo, je suis avec mon objectif, je découvre quelque

chose qui me plaît, je pousse dans cette direction : ce sont des travaux différents.

Les images couleurs : pour le film sur Darwin, je voulais entrer dans son regard de naturaliste, regarder au plus près les

choses. J’ai fait des photos macros d’un peu de tout dans la nature : fleurs, écorces, coquillages. J’ai trouvé certaines

images intéressantes et j’ai poursuivi dans cette voie.

Les images en noir et blanc : je suis allée à l’Ile d’Yeu avec une petite boite de papiers photos et l’idée que cela pouvait

être intéressant de travailler la nuit sur la plage. J’ai travaillé sans appareil, directement sur le papier photographique avec

les matières : du sable, des brins d’herbe, les vagues ou des algues sur le papier avec, ces soirs là, la pleine lune. Puis,

j’ai révélé. Le résultat n’avait rien de sublime, mais ouvrait une voie. D’où m’est venue l’inspiration ? Est-ce du grain de la

photo et des grains de sable ? J’aime le grain de la photo, c’est une matière intéressante.

- 4 -

De formation historienne de l’art, Valérie

Winckler est photographe à l’agence Rapho et

réalisatrice de documentaires pour Arte et

Canal+ : L’heure de la piscine (1995), Darwin et

la Science de l’évolution (2002), Entre les deux

la vie (2003), Plus loin que le bleu du ciel

(2005).

Valérie Winckler a également publié « Actes de

naissance » (Centurion 1985 - épuisé), « La mort

si proche » (Centurion 1988 - épuisé), « Visages

de l’aube » avec Nancy Huston (Actes Sud 2001).

Depuis plusieurs années, elle expose le fruit de

sa recherche picturale à Paris et en province. La

Galerie Thierry Marchand accueille du 8

septembre au 14 novembre 2009 ses dernières

créations sous le titre « Les Origines ».

RENCONTRE AVEC … VALERIE WINCKLER

.../...

Page 5: L’Homme et le Silence

- 5 -

Ces images en noir et blanc et en couleur, pensez-vous qu’elles nous révèlent quelque chose de nous-mêmes,

comme la pleine lune a révélé une image sur le papier ?

C’est plutôt donner un chemin à notre imaginaire. Pour moi, c’est un voyage qui m’est donné, je décolle ! J’ai l’impression

de découvrir. Je préfère ni donner la clef ni l’origine de l’image, afin que chacun puisse voyager à sa guise. Certains

aiment, ils ont très envie de connaître l’objet du départ. Chacun y voit des choses différentes, identifie un fœtus, une fleur

ou un corps, des seins. Moi, je vois ici un paysage, ailleurs, je sens pratiquement une main sur une cuisse. On me dit

souvent que ces photos sont très sensuelles. C’est là, dans cette identification personnelle, que nous est révélé quelque

chose de nous- mêmes.

Les photos en noir et blanc semblent plus difficiles, elles inquiètent parfois. Elles m’ont parlé du début du monde et j’ai

alors pris le livre de la Genèse dans la bible comme fil conducteur. C’est la lutte de l’ombre et de la lumière, ou la

naissance de la lumière.

Actuellement, à la Galerie de Thierry Marchand, au 7 de la rue de Bourgogne à Paris, j’expose un travail en noir et blanc

sous le titre « Les origines ». Six oeuvres associent à ces images des portraits de nouveaux-nés, tirés de « Visages de

l’aube », comme si les nouveaux-nés, à leur première heure, avaient une réminiscence des origines. On les lave, on les

baigne, ils s’endorment et lorsqu’ils se réveillent à nouveau, ils ont perdu cette connaissance : ils se réveillent innocents.

Le thème de notre journal est « le silence ». Que voudriez-vous en dire ?

C’est très important le silence. C’est difficile de créer sans un certain silence. Le silence est un espace vital pour moi. Il

est difficile d’écouter dans le bruit, pour créer je dois écouter, pas seulement regarder. Ecouter les autres, ce qui vous

entoure et aussi se retrouver soi-même. Il y a tellement de silences différents : ils sont souvent habités, ils ont des

densités et des couleurs différentes… Faire silence, c’est laisser venir à soi.

Dans la bible, il est dit que Dieu se présente dans une brise légère ; pour rejoindre l’autre, pour écouter, une qualité de

silence est aussi importante que la parole. Et, j’ai aussi besoin de parler… Je mesure les bienfaits de la parole. Enfant, on

vous apprend à être bien élevé, à taire un certain nombre de choses, mais quel bienfait de pouvoir « dire » ; cela libère et

permet d’aborder le silence. Cependant, il y a un silence que je trouve assez redoutable, quand la parole ne peut plus

s’échanger, quand un dialogue n’est plus possible, quand on choisit le silence parce qu’ on ne peut plus atteindre l’autre. Il

y a des silences qui ont des poids terribles.

Comment conclure sur le silence ?

J’aimerais dire que pour moi, le silence est un espace qui ne peut être rétréci. C'est un espace qui permet de se retrouver.

Mes images rejoignent le silence, elles proposent un espace qui permet à la fois de se "dilater" et de se retrouver soi-

même.

Interview du 18 mai 2009

Gwénaëlle d’Anterroches

Photo Valérie Winckler

RENCONTRE AVEC … VALERIE WINCKLER

Page 6: L’Homme et le Silence

- 6 -

Que dois-je lui dire ? ». « Qu’est-ce que je peux lui répondre ? ». « Que faire quand il n’y a plus de

communication possible ? Dois-je parler, dois-je me taire ? ».

Entreprendre la formation de bénévole d’accompagnement amène à beaucoup de questionnements et

d’interrogations. Un des aspects les plus délicats à concevoir est la relation en tête à tête avec un patient. Que

dire, que faire ?

Lors de la formation, nous abordons cet aspect de la relation dans un module intitulé « Paroles et Silences ».

Le bénévole est avant tout un témoin de la société. Il représente le passant qui passe, le voisin, il rappelle au

malade et au milieu hospitalier qu’il y a une vie en dehors des murs de l’hôpital. Simple sentinelle gardienne

de la lumière de la vie, son unique rôle est de vivre et d’être. Cela signifie qu’outre le fait d’être là, il n’a rien

d’autre à « faire ». Il n’est pas dans l’action mais uniquement dans le vécu. Il est présence proposée : libre au

patient de déceler ce qu’il veut, de percevoir s’il a besoin de cette présence. Le bénévole se doit d’être le plus

neutre possible, vierge de tout projet ou d’envie pour l’autre. Il s’agit pour lui d’être tout simplement.

La présence du bénévole auprès du patient va se dérouler, dans la majorité des cas, en tête à tête. Pourtant, il

serait naïf de croire que seule la relation patient-bénévole va se créer lors d’un accompagnement. Il est donc

important de prendre en compte les différentes autres relations qui interviennent dans l’accompagnement :

avec la famille, les soignants, les autres intervenants, l’association, etc.… Ces différentes relations vont se

réaliser selon différents moyens de communication : par oral, par écrit, en tête à tête, en équipe, dans la

confidentialité, ouvertement, …

Nous découvrons ainsi, qu’au fond, la parole, les mots n’ont

qu’un rôle minime dans ce que nous communiquons à l’autre.

Ce que nous pensons, ce que nous voulons dire à l’autre est

dit avant même que la première parole soit prononcée. André

Comte-Sponville écrivait : « La sagesse a pour chemin la vérité

et pour but le bonheur ». [1] Et c’est là que l’accompagnement

rejoint la pensée du philosophe. Pour arriver à l’idée de commu-

nication, à un bonheur dans le partage, le bénévole se doit

d’être vrai. A lui de créer l’ouverture de vérité avec lui-même,

ainsi qu’avec le patient. Ce sera un acte d’exigence intérieure.

Si le bénévole ne se cache rien à lui-même, alors il pourra peut-

être approcher respectueusement la vérité de l’autre. Ainsi chacune

de ses paroles sera sincère. Il ne s’engagera pas dans des propos

tels que : « Tout va s’arranger ». Il ne noiera pas l’échange dans

un flot de paroles, au risque de masquer l’essentiel de la commu-

nication témoignant de l’intérêt du bénévole, de sa tendresse, de sa patience….

Il est essentiel pour le bénévole de prendre conscience que cet espace de liberté qu’offre la vérité crée

l’obligation de la confidentialité. Légalement, le bénévole est déjà contraint, au même titre que les soignants,

au secret médical. Mais à l’intérieur de celui-ci, il se devra de respecter la parole du patient. Le bénévole fera

un apprentissage de la subtilité, de la bienveillance, de la discrétion dans ses échanges avec les autres

bénévoles et les soignants. Il sera garant de la confiance du patient. Il ne transmettra aux équipes que ce qui

est essentiel : l’état d’être du patient, ses demandes exprimées; mais à aucun moment ne devra-t-il faire part

des aspects personnels dont il aurait connaissance.

Le poids de cette confidentialité est la raison d’être des groupes de paroles auxquels participe le bénévole. Il

pourra, dans ce lieu, exprimer la difficulté, la lourdeur parfois, la joie d’autres fois, d’être ainsi le témoin discret

de la souffrance des autres.

Finalement, la parole peut être d’or quand elle est sincère. Le silence, lui, sera toujours d’or, car il ne peut

mentir.

Pia Neyret

Formatrice, Responsable de la Formation initiale des Bénévoles

Bénévole d’accompagnement

[1] « Le bonheur, désespérément » Ed. Librio

Entre les mots, le silence

DOSSIER le silence Parole de formateur

Page 7: L’Homme et le Silence

- 7 -

Le silence en musique peut être perçu comme un temps entre deux sons ou groupes de sons, utilisé à

des fins expressives ou pour souligner l’architecture d’une oeuvre.

En solfège, le silence représente une valeur temporelle rythmique qui est notée par des signes précis

inscrits sur la portée, (exemple : la pause, la demi-pause, le soupir, le demi-soupir, le quart, le huitième, le

seizième de soupir). Pause ou ponctuation, le silence est utilisé comme un des moyens expressifs dont

dispose le compositeur.

Cependant, le côté expressif du silence est parfois difficile, voire impossible à noter sur papier : comment

écrire le silence qui se créé parfois au début ou à la fin d’une oeuvre, ou l'attente silencieuse qui s’installe

entre deux mouvements ; par exemple, entre un allegro et un adagio ? Avec un silence, l’interprète peut

donner vie à l’atmosphère, aux émotions musicales ; il se prépare et prépare les auditeurs à l'affect du

mouvement. Il pourra jouer avec le temps pour créer des mouvements de tension ou de détente, mettre

en valeur l’harmonie et la mélodie en laissant en suspens, par exemple par un point d’orgue, ou en

retardant légèrement une attaque.

On trouve une utilisation très particulière du silence à l'époque baroque dans ce qu’on appelle le "silence

d'articulation" : c’est-à-dire l’introduction de minuscules espaces entre les notes, à l’inverse du

Romantisme où chaque note devait être liée à l’autre de manière très forte, le musicien du XVIIIe préférait

donner forme et élégance à chacune en leur donnant une forme et un poids particulier, délimités par ces

petits silences d’articulation.

Au XXe siècle, le silence devient un paramètre à part entière de la composition musicale, avec la

conscience que, paradoxalement, le silence est composé de bruits et de sons. John Cage [2] utilise cette

conception du silence de manière accrue dans sa pièce « 4'33'' » de 1952, où le pianiste reste assis face

à son instrument sans jouer une seule note, montrant ainsi que le silence est habité par des bruits

ambiants imprévisibles, dénués de toute intention musicale. De manière paradoxale et presque

provocante, le silence renvoie au bruit: "Grâce au silence, nous dit Cage, les bruits entrent définitivement

dans ma musique et non pas une sélection de certains bruits, mais la multiplicité de tous les bruits

existants ou qui adviennent"

Sacha Guitry [3] écrivit : « Ce qu'il y a de merveilleux dans la musique de Mozart, c'est que le silence qui la

suit, c’est encore du Mozart. »

Pour percevoir les finesses et les forces du silence dans la musique, il est important que chacun ait

préparé un calme intérieur et une écoute de bonne qualité.

Faire le silence en soi, faire taire les bruits de notre intérieur ou en prendre conscience pour les faire

participer à l’oeuvre, s’ouvrir à l’œuvre, aux sons, c’est, en quelque sorte, la première note écrite sur la

partition par le compositeur, afin que l’œuvre soit interprétée et écoutée.

Anne d’Anterroches

[1] Miles Davis (1926-1991) Trompettiste et compositeur de jazz. Professeur et Concertiste [2] John Cage (1912-1992) Compositeur [3] Sacha Guitry (1885-1957) Acteur et dramaturge

DOSSIER le silence Un musicien

« La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence. »

Miles Davis [1]

La musique et les silences

Page 8: L’Homme et le Silence

- 8 -

Murés dans le silence

D'abord, je m'aperçois qu'il me reste un moyen toujours disponible pour communiquer, sans prendre la place de

la personne en silence : je peux lui dire ce que je ressens, ce que je reçois, ce que j'en pense, sans omettre mes

doutes ou mes questions, voire mes embarras ! Oui, je me permets de dire ce que j'apprécie ou regrette, comme

cette douloureuse incompréhension de ce que ses lèvres semblent parfois vouloir susurrer. Au fond, dans cette

relation unilatéralement parlée, j'exprime où j'en suis, d'où je parle. Si ce malade me comprend, il connaît peut-

être, alors mieux que moi, la nature ou la qualité du lien qui nous (ré)unit.

Je suis surpris par plus d'une réponse qui jaillit, complètement inattendue : un sourire, un éclat de rire (oui !), un

« merci » venant d'une bouche qui ne parle plus depuis longtemps, un « pourquoi vous partez déjà » ?

Cette « parole-résonance » me semble constituer une ressource d'accompagnant à explorer davantage. C’est

une relation qui différencie l'autre de moi, et empêche ainsi la confusion des personnes. Oui, la relation avec

quelqu'un de silencieux peut encore être « parlée » et cet autre garde son mystère de quelqu'un de tout à fait

autre. Impossible de marcher sur ses plates-bandes !

Deux autres pistes peuvent se réfléchir :

• « Son » silence est un événement qui provoque quelque chose.

La personne en silence favorise tout d'abord une attitude : elle nous fait taire et, par là même, entrer, peut-être,

dans une communication plus vraie, plus vraie parce que plus pauvre ! Elle nous fait sortir des distractions dont

nous inondons tellement notre quotidien, sortir de ces paroles qui parlent si souvent pour dire si peu de choses,

voire rien du tout, sortir du verbiage, forme paradoxale du silence. Là, le verbiage ne passe plus ! Me voilà dans

une solitude désarmante et dans la présence impressionnante de quelqu'un que je ne peux ignorer ni

contourner. Il y a de quoi être mal à l'aise, ou très bien ! A moi, accompagnant, d'explorer mes dispositions

personnelles si variables, si peu maîtrisables et de m'aventurer dans l'inconnu de mes réactions et de mes

découvertes. Voilà qui me fait réfléchir et chercher. Mais c'est aussi chercher ensemble, être "vraiment" en

mouvement ensemble, avec celui qui est en silence. Je ne suis pas au-dessus de lui, mais logé à la même

enseigne et cheminant à côté de lui. Partageant la même dignité de marcheur de la vie.

• « Son » silence est un signe qui signifie généralement quelque chose.

Il me paraît évident que son silence signifie quelque chose que j'ignore le plus souvent. Il y a bien sûr les

multiples facteurs biologiques et médicaux qui nous échappent à nous accompagnants. Mais ils se doublent

souvent de facteurs psychologiques ou relationnels qui nous échappent au moins autant et peuvent « faire

boucle» avec les premiers. Il y a là de multiples sens possibles au silence de ces personnes que j'ai rencontrées.

Par exemple le malade :

- n'a plus rien à dire, tout est dit, « tout est accompli »,

- n'attend plus que la visite de quelqu'un de très important pour lui, avant d’accepter de se laisser partir,

- vit un état de sidération dans ce moment de nouveauté radicale qui transforme tout. Les mots ne viennent pas.

Le malade est comme « inter-dit » .

DOSSIER le silence Parole de bénévole

C'est pour moi l'accompagnement le plus difficile

d'autant qu'il devient de plus en plus fréquent à

Claire Demeure. C’est difficile de se retrouver seul

aux côtés d’une personne dont les réactions, les

gestes, les attitudes ou les mimiques, la voix

même... ne sont plus éclairés par ses paroles. Plus

de véritable dialogue ! C’est difficile de sortir de la

chambre livré à mes émotions, variant de la joie à

l'angoisse, et souvent convaincu que, ce que

j’éprouve, cet autre l'éprouve aussi. Cela reste à

voir ! Alors, me voilà provoqué à puiser plus

profond dans mes ressources personnelles. Il faut

aller y voir pour les développer. Plusieurs pistes

s'ouvrent.

Photo Rivage

.../...

Page 9: L’Homme et le Silence

- 9 -

- le patient peut être « muré » par le silence des siens, ou par leur refus de le voir partir. Ce silence est alors

une réponse au silence, au refus des siens. « Mais non, tu vas te rétablir et revivre avec nous ! ». Terrible

dialogue muet. Comme il est important de parler avec et surtout d'écouter les proches si souvent rongés par

la culpabilité : celle de laisser partir celui que l'on aime tant, ou que l'on n'a pas assez aimé, ou qui vit

précisément ce moment crucial, pour nous insupportable, signe de notre propre finitude etc... Effet

douloureux du désarroi de ceux qui vivent la fin de leur proche.

A nous d'être là, attentifs à ce qui se cherche.

Enfin, une piste se révèle avoir sa grande puissance dans l'accompagnement des personnes silencieuses,

c'est l'impact du chant et notamment des chansons traditionnelles que connaissent nombre d'entre elles. Les

chansons connues réveillent bien des ardeurs heureuses et des mémoires englouties : nous le voyons tous

les mois dans les séances collectives réservées aux anniversaires fêtés en chansons. Je le vois aussi dans

certaines visites personnelles où telle chanson connue se transforme parfois en duo , même quand la

musicalité semble en souffrir. On est « bien » ensemble et les paroles sont toujours là, avec leur charge

d'émotion, étayées par la musique. J'avoue éprouver là un étonnement toujours neuf devant les réactions

des personnes les plus murées dans leur silence.

Comme disait un malade, Mr G. : « L'oreille écoute, le coeur entend ». C'est bien dans le silence que se fait

le travail de transformation. Serions-nous plutôt mûris par nos silences ?

Dominique Lehman

Bénévole en Unité de Soins de Longue Durée

DOSSIER le silence Parole « signée »

La parole « signée »

L’abbé Charles Michel de l’Epée fut, en 1760, le premier entendant connu à s’intéresser aux modes de

communication des « sourds-muets » en observant un couple de jumelles sourdes communiquer entre elles

par gestes ; il découvre l’existence d’une langue des signes. Il décide alors de regrouper les enfants sourds

pour les instruire. Il apprend lui-même la langue des signes grâce à ses élèves et démontre les progrès

obtenus jusque devant la Cour de France. C’est ainsi qu’il peut ouvrir une véritable école pour sourds qui

deviendra l’Institut national des jeunes sourds. À la mort de l’abbé de l’Épée, son successeur tente d’imposer

un langage gestuel conventionné et agrémenté d’une grammaire de « signes méthodiques » qui sera

abandonné par la suite.

Cependant, les oralistes considèrent que les sourds doivent apprendre à parler pour s’intégrer dans la

société. Le Congrès de Milan en 1880 — où l’immense majorité des participants est entendante — décrète

l’abandon de la langue des signes dans l’enseignement. Trois raisons sont invoquées : la LSF n’est pas une

vraie langue, elle ne permet pas de parler de Dieu, et les signes empêchent les sourds de bien respirer, ce

qui favorise la tuberculose. Cette interdiction dure près de cent ans, pendant lesquels les professeurs sont

entendants et utilisent exclusivement la méthode oraliste. Cependant, malgré l’interdiction de signer en

classe, la LSF ne disparaît pas, les sourds se la transmettant de génération en génération, la plupart du

temps pendant la récréation.

En 1991, la loi Fabius favorise le choix d’une éducation bilingue pour les sourds : la LSF et le français écrit et

oral. En février 2005, une loi institue la LSF comme langue officielle en France.

Pour plus de renseignements sur la Langue des Signes et sur l’histoire des sourds, contactez

L’Académie de la Langue des Signes Française

3 rue Léon Giraud - 75019 Paris Tel : 01 40 51 10 80

[email protected]

d’après Wikipédia

Page 10: L’Homme et le Silence

- 10 -

Silence et manque

Des bonheurs, vraiment ? Paradoxe, puisque – nous ne le savons que trop ! – pour beaucoup de nos

contemporains silence et solitude évoquent des situations pénibles, un manque douloureux.

Ce manque néfaste n’est pas toujours radical. Il échappe parfois à la conscience claire et engendre alors des

comportements à risque. J’étends encore cette étudiante qui, dans un groupe de réflexion, déclarait avec une

satisfaction affichée : « Moi, le silence je n’en veux pas, je le fuis, à la maison j’ai toujours de la musique dans les

oreilles, même quand je lis. J’en ai besoin, comme des copains ». Il y eut des « Moi, c’est pareil ! », mais aussi

des « Que fuis-tu ? Ou qui ? Toi-même ? »

La difficulté, voire l’impossibilité pour beaucoup de nos contemporains, voire la nôtre, de rester seul et en silence

est une caractéristique inquiétante de nos sociétés modernes. Il n’est pas rare que des hôtes venus au monastère

pour la première fois déclarent que, ce qui leur a le plus manqué au début, c’était leur environnement bruyant, les

autres toujours là, leur téléphone portable qui ne recevait pas (notre monastère est encore hors de leur portée ) :

impossible de dormir ou d’échapper à une certaine angoisse. Seul avec soi-même et rien d’autre. Rude !

Silence et bonheur

Dans ce contexte, a-t-on le droit d’affirmer, comme je l’ai fait, que silence et solitude peuvent être source

d’inestimables bonheurs, des plus grands biens ?

Ici un préalable s’impose. Nous sommes tous différents ; différents par le tempérament, les expériences de la vie,

les idéaux de tout ordre, naturels ou spirituels. Cependant, sous cette diversité, se cache ce que nous avons de

commun, ce qui fait de nous des êtres humains : le trésor intime de notre moi profond.

Ce trésor, on ne peut y accéder qu’en cherchant la double profondeur des choses, des événements, de nos vécus,

en osant quitter le superficiel pour s’enfoncer dans le silence et la solitude de l’intériorité. A chacun ses moyens,

ses expériences.

On peut fermer les yeux, se concentrer, se laisser envahir par une paix qui vient de plus loin que de notre monde

quotidien. On peut au contraire ouvrir des yeux avides de contempler « le réel sous-jacent », « la deuxième

profondeur du réel » telle qu’elle se laisse deviner dans un paysage – l’eau y est particulièrement propice – ou

encore dans une oeuvre d’art, un objet, un visage entrevu puis disparu, mais dont on garde en soi la trace

fascinante. Un amour.

On peut tendre l’oreille à ce qui chante l’ailleurs et l’au-delà par la musique ou la poésie, aussi modestes soient-

elles. Mais rien ne se passe sans l’écrin d’un vrai silence et d’une solitude qui ouvre le vide à remplir.

[1] (1909 -1943) Philosophe et mystique

DOSSIER le silence Un moine

Le vrai silence n’est pas la panne, le temps mort, au

contraire, il est plénitude, fraternel. De la même famille

que solitude. Tous deux sont à cheval sur une sorte de

vide apparent, sur le meilleur et sur le pire, l’un et l’autre

aussi redoutables que désirables. Tous deux peuvent se

révéler grands amis avec la gratuité, avec l’attention,

chère à Simone Weil [1], celle qui débouche sur

l’unification intérieure et la contemplation.

Silence et solitude confinent aux plus hautes valeurs,

tant dans l’ordre de la vie naturelle que de la vie

surnaturelle. Tous deux peuvent être sources

d’inestimables bonheurs.

Ce silence qui t’appelle...

Photo Rivage

.../...

Page 11: L’Homme et le Silence

L’appel de l’infini

Depuis l’Antiquité, le silence fut toujours pensé et expérimenté par les sages comme une dimension de

l’au-delà, voire comme le sas qui y introduit. De nos jours encore, nul croyant ne peut se dispenser de

cette écoute mystique silencieuse qui fait entendre au coeur de l’homme la voix même de « l’au-delà de

l’au-delà » qu’est Dieu. Le vrai silence est enseigné par les dieux, notait Plutarque.

Terminons, s’il est permis par une question.

Silence et solitude, quel rôle jouent-ils concrètement dans nos vies ? Désirés, redoutés ? Heureux certes,

mille fois heureux, celui qui peut y chercher et trouver les plus grands des bonheurs !

Quant à celui ou celle qui y peine, serait-il possible qu’il n’y ait pas là pour eux aussi une Présence amie

qui les cherche un par un ? Nous sommes tous pareillement désirés, au plus intime.

Frère Sébastien

Abbaye de La Pierre-qui-Vire

DOSSIER le silence Un moine

J’ai vu les oiseaux partir

à grandes rames

vers ta présence,

j’ai vu les derniers s’enfuir

à leur poursuite et

disparaître

plein ciel

disparus

comme flottille

emportée à pleines voiles

par grand vent

derrière le ciel.

Plus rien là-haut.

Que le silence envahissant

De ta présence.

Ah ! Qui me donnera

Des ailes de colombe !

Je volerais,

Je volerais

Je volerais,

Vers où je sais.

Frère Sébastien

- 11 -

CERCLE DE SILENCE DE VERSAILLES

Avec ou sans papiers, l’étranger est une « personne ».

La dignité de chaque personne ne se discute pas, elle se respecte. Notre silence le crie.

Le cercle de Silence se tient chaque deuxième jeudi de chaque mois entre 18h et 19 h

Avenue de Saint-Cloud – angle avenue de l’Europe à Versailles (marché aux fleurs)

Contact : [email protected]

Page 12: L’Homme et le Silence

Le silence de l’absence

A notre époque, le silence est rare, nous sommes entourés d’un fond sonore

permanent. Le silence est pourtant bon, quand il est choisi, car il nous permet de nous retrouver.

A l’inverse, l’absence à la suite d’un deuil, n’est pas un choix et le silence devient souffrance. Cette absence

est inconcevable et non maîtrisable, nous nous retrouvons totalement impuissants devant cet événement,

jusqu’à craindre d’en perdre la raison. Selon la ‘‘structure’’ de chacun, le lien affectif avec la personne

disparue et les circonstances du décès, la rupture va provoquer déni, colère, révolte, culpabilité, ou

quelquefois soulagement.

Pendant longtemps, les souvenirs, les émotions, peuvent nous meurtrir ou nous paralyser. Ce n’est qu’au

bout d’un certain temps que la charge émotionnelle va s’atténuer et que viendra l’acceptation de l’absence et

qu’alors il sera possible de lui donner un sens.

L’écoute du silence

Au cours d’un entretien avec un endeuillé, les bénévoles de l’équipe de soutien au deuil sont souvent

confrontés au silence, parfois avec des pleurs, des sanglots.

Ce sont le corps et le cœur qui parlent et non la bouche.

Ces moments sont délicats et l’écoutant hésite à briser le silence.

Il faut respecter ce temps de récupération où l’endeuillé peut reprendre des forces peu à peu.

Le bon choix est difficile entre une intervention du bénévole : « si j’ai bien compris, vous vouliez dire que… »

et l’écoute muette : laisser à l’autre le temps de pacifier ses émotions et rompre lui-même le silence.

L’important, c’est que l’endeuillé soit conscient d’une présence bienveillante près de lui, qui ne trouble pas

la maturation en cours mais qui le respecte sans le juger.

La communication non verbale peut aider à comprendre ce que cache le silence.

Il y a des silences douloureux, abattus, hostiles, désespérés ou paisibles.

Le regard, les gestes, la posture sont alors précieux pour interpréter et trouver les mots ou les gestes pour

manifester notre empathie.

L’Ecclésiaste nous le dit fort bien : « Il est un moment pour tout…un temps pour se taire et un temps pour

parler. » (Qo 3-1 et 3-7.)

Puissions-nous, humbles soutiens des endeuillés, trouver la bonne attitude dans notre écoute,

successivement, miroir fraternel et communication non verbale.

Chantal, Françoise, Marie-Noëlle et Michel

Equipe de Soutien au Deuil de l’Association RIVAGE

- 12 -

DOSSIER le silence Parole de bénévole

Photo Rivage

Il n’y a pas un silence mais des silences

Page 13: L’Homme et le Silence

-13 -

La minute de silence

Un soir, tu trouveras des brouillons dans

leur cachette

Pour voir, tu sortiras les disques de leur

pochette

Notre histoire, tu la verras défiler dans ta

tête

Alors chut, pose doucement un doigt

devant ta bouche

Et lutte, efface de ta mémoire ces mots

qui nous touchent

Brûle, ces images qui nous plongent dans

la solitude

Ecoute, ce qu'il reste de nous

Immobile et debout

Une minute de silence

Ce qu'il reste, c'est tout

De ces deux cœurs immenses

Et de cet amour fou

Et fais quand tu y penses

En souvenir de nous

Une minute de silence

Ecoute passer mes nuits blanches

Dans tes volutes de fumée bleue

Cette minute de silence

Est pour nous deux

Ecoute, ce qu'il reste de nous

Immobile et debout

Une minute de silence

Ce qu'il reste, c'est tout

De ces deux cœurs immenses

Et de cet amour fou

Et fais quand tu y penses

En souvenir de nous

Une minute de silence

Une minute de silence Michel Berger (1947-1992) Auteur et compositeur

Commence le silence

Commence le silence

en ta manière neuve

de guetter comme chat

les petits bruits amis

que tu n’entendais pas,

clapotis d’océan

dont ils sont le rivage.

Ecoute le silence

quand monte le soleil

sur la mer qui s’avance

à la marée montante.

quand tu t’avances

en des pas d’araignée

sur la toile du temps.

Il vient te mettre au monde

quand il instille en toi

la douce nostalgie

de ce qu’on n’entend pas

et n’entendra jamais,

l’au-delà de l’absence,

en cette ivre présence

qui tout fait taire,

hormis l’amour.

Frère Sébastien Abbaye de La Pierre-qui-Vire

DOSSIER le silence Poèmes

Photo Rivage

Page 14: L’Homme et le Silence

- 14 -

Le terreau humain, c’est notre quotidien d’accompagnant, c’est aussi notre émerveillement. Rivage

nous propose de nous mettre à l’écoute de la voix des écrivains d’hier et d’aujourd’hui afin d’élargir encore et toujours notre perception des personnes.

Ciel bleu ; une enfance dans le Haut Altaï

Galsan Tschinag (éd. Anne-Marie Métailié 2004)

Galsan Tschinag raconte son enfance dans la steppe

aux confins du désert de Gobi, dans les terres du

Haut-Altaï.

Il nous décrit le destin d'un peuple pris entre ciel et

terre, entre nature et dieux : deux univers mystérieux,

muets, injustes, puissants. Ciel bleu est comme un

chant d'amour, un guide spirituel, un secret à partager

avec ceux qu'émerveille l'aube des peuples.

Dans le vent des grands espaces.

Le silence de la mer : et autres récits

André Vercors (éd. Livre de Poche)

Poussant la sobriété aussi loin que possible, André

Vercors met en scène la résistance passive et muette

qu'un homme et sa nièce opposent à l'envahisseur,

représenté ici sous les traits d'un officier allemand

ayant réquisitionné une chambre chez eux. Cet homme

est un musicien cultivé, élégant et extrêmement

civilisé qui croit en la fraternité des peuples et pense

qu'au sortir de cette guerre, la France se relèvera plus

grande que jamais. Il tâchera de se faire accepter par

ces deux personnages qui, malgré eux, ressentent

toute la noblesse d'âme de leur ennemi. Jusqu'au jour

où le silence change de nature et devient un silence de

désespoir et de mort.

A relire encore.

Terre et cendres

Atiq Rahimi (éd. POL 2005)

Un pont, une rivière asséchée dans un paysage

désolé, la guérite d'un gardien, une route qui se perd à

l'horizon, un marchand qui pense le monde, un

vieillard, un petit enfant, et puis l'attente. Rien ne

bouge ou presque. Nous sommes en Afghanistan,

pendant la guerre contre l'Union soviétique. Le vieil

homme va annoncer à son fils qui travaille à la mine,

qu'au village tous sont morts sous un bombardement.

Il parle, il pense : enfer des souvenirs, des attentes,

des remords, des conjectures, des soupçons... C'est

une parole nue qui dit la souffrance, la solitude, la peur

de n'être pas entendu.

Très beau. A lire tout doucement.

La pêche au saumon

Jeannette Haien (éd. Arcanes)

Au dernier jour de la saison de pêche, le père Declan

s'acharne à ramener un saumon. Tandis qu'il déploie

toute sa science pour en venir à bout, lui revient en

mémoire le récit d'Enda...

A soixante-trois ans, Jeannette Haien a fait, avec cet

ouvrage, une éclatante entrée sur la scène littéraire,

que la critique a salué aux Etats-Unis et en Grande-

Bretagne lors de sa parution en 1986.

Lisez ce petit ouvrage qui surprend et émerveille.

Mon voisin

Milena Agus (éd. Liana Levi)

Mais le jour où le voisin entre dans sa vie, son regard

sur le monde change... Dans un Cagliari écrasé de

soleil, Milena Agus met en scène des personnages

hors normes, enfants en mal d'amour, adultes en

quête d'un peu de douceur.

Un trésor de 60 pages.

Abel dans la forêt profonde

Aaron Tamasi (éd. Heros-Limite)

A consommer sans modération ! Ce Candide du

XXème nous fait goûter à travers son chemin

initiatique, la saveur de la langue d'une contrée mal

connue. C'est aussi une invitation à découvrir ce pays

lové dans les sylves : La Transylvanie. Beaucoup

d’humour et de poésie de la part d’un grand auteur

Hongrois.

Gwénaëlle d’Anterroches

Internet

Retrouvez notre bibliographie complète sur

notre site internet :

www.association-rivage.com

N’hésitez pas à poser vos questions par

l’intermédiaire de la page de contact du site.

Nous y répondrons avec plaisir.

BIBLIOGRAPHIE

Page 15: L’Homme et le Silence

- 15 -

12, rue Porte de Buc - 78000 VERSAILLES Permanence téléphonique : 01 39 07 30 58 (Mardi et jeudi de 14h à 16h ou répondeur) Fax : 01.30.21.39.31 - Courriel : [email protected] www.association-rivage.com

Présidence - Administration - Communication

Sylvie Wolff (06 08 47 78 31) Recrutement et Formation Marie Quinquis (06 09 11 18 35) Soutien au Deuil en région parisienne Coordinateur : Michel Ribault-Menetière Écoute téléphonique et accueil à notre siège : Le lundi de 14 à 17 heures : 01 39 07 30 10 Entretiens individuels : sur rendez-vous Groupe de partage et d’écoute : chaque premier mardi du mois de 19 à 20 heures 30. Lieux de présence de l’Association Rivage Maison de santé Claire-Demeure 12, rue Porte de Buc - 78000 VERSAILLES La Cité des Fleurs - Soins de Suite et de

Réadaptation Hôpital privé de gériatrie 1 rue de Dieppe - 92400 COURBEVOIE Clinique du plateau - Soins de Suite et de

Cancérologie 5 rue Carnets 92140 CLAMART

___________ Association RIVAGE ATLANTIQUE 13 avenue Darcy Brun - 17750 ETAULES Tél. 05 46 36 42 63 Président : André Tiercet Secrétaire : Bernadette Dussauld,

[email protected] Partenaire des Oeuvres et Institutions des

Diaconesses de Reuilly 14 rue de la Porte de Buc - 78000 VERSAILLES

Rivage infos n°10 – octobre 2009 – Tiré à 500 exemplaires

Journal d’informations réalisé et publié par les bénévoles de l’association Rivage

Comité de Rédaction : G. d’Anterroches, Sœur Nathanaëlle et signataires

Photo Rivage

Association RIVAGE

Contacts

Page 16: L’Homme et le Silence

« Donner du sens à la fin de vie »

AVEC L’ASSOCIATION RIVAGE

DEVENEZ BENEVOLE D’ACCOMPAGNEMENT

auprès des personnes en fin de vie

et des personnes âgées

(en institution)

Nouvelle session de formation en avril 2010

inscrivez-vous dès maintenant au

Tel : 06 09 11 18 35 (Marie Quinquis)

RIVAGE, association de loi 1901, membre de la Société Française d’Accompagnement et de Soins palliatifs.

Bénévolat d’accompagnement à domicile et en institutions (Maison de Santé Claire Demeure à Versailles,

Clinique de Meudon et Hôpital de La Cité des Fleurs à Courbevoie).

Œuvres et Institutions de Diaconesses de Reuilly.

Contact : [email protected]

- 16 -