Post on 02-Jun-2020
Le Rococo
Le courant rococo de diffuse à travers l’Europe entre 1725 environ et la révolution française. Langage d’une époque consciente de sa gloire à jamais passée et de son déclin, l’image rococo
refoule les angoisses d’une société sous des apparences de légèreté, de gaieté, de lumière et de transparence. L’attention est à la fuite loin du réel devenu dérangeant, faute d’avenir certain.
L’illusion est le maître mot du courant.
Style Régence = style rocaille = rococo
Philippe II, duc d'Orléans, régent de France, dans son cabinet de travail, et le futur Louis XV (à droite). Peinture à l'huile de l'école française du XVIIIe siècle, 156x103cm, Musée national du château de Versailles.
Louis XV
Philippe II, duc d'Orléans, régent
Le style Rocaille naît en France au début du XVIIIe siècle, à la fin du règne de
Louis XIV.
Portrait de la marquise de Pompadour, par François Boucher. Peinture à l'huile (1756). [Alte Pinakothek, Munich.]
Il prend son essor sous celui de Louis XV vers 1720, et sera très apprécié de la Marquise de Pompadour
mécène des arts et lettres.
Le rococo se caractérise par la fantaisie des lignes contournées rappelant les volutes des coquillages avec leurs enroulements, et
qui trouvera aussi son expression dans le mobilier.
Il n’y a pas, à proprement parler, d’architecture rococo en France : si la décoration intérieure fait la part belle au rococo ou « style rocaille », l’enveloppe des bâtiments reste d’essence classique
Menuisier considéré comme l'un des plus grands maître du siège, il entra à l'Académie de Saint-Luc en 1742 et débuta sa carrière en tant que sculpteur pour quelques-uns des plus importants artisans en sièges de la capitale. Reçu maître en 1753, il exerça indifféremment en tant que menuisier et sculpteur; cette particularité lui permettant de fabriquer l'intégralité de ses fauteuils. Dans les année 1760, le goût évolue et le style rocaille n'est plus à la mode, il réalisa alors des fauteuil dans le style Transition et puis à la fin de sa carrière, des fauteuil Louis XVI.
Nicolas Heurtaut, virtuose du fauteuil de style Rocaille
Fauteuil louis XV, de Nicolas Heurtaut
Juste-Aurèle Meissonnier
(1695-1750) est le
premier à employer le
terme rocaille pour définir
des motifs inspirés de
coquilles de forme
irrégulière ou
asymétrique. Une fois
introduite dans la
décoration intérieure la
coquille va connaître un
développement
exceptionnel.
Pendule en bronze doré de style rocaille Dim: L:28cm, P:17cm, H:41cm.
Des exemples de décoration rococo dans des églises : la Basilica at Ottobeuren (Bavaria) (1737-66) ou l'église WIES en BAVIERE Allemagne
Bavière – Allemagne Église de pèlerinage de Wies
C’est une des plus belles églises de style rococo dans le monde. Le maître-autel, en profondeur, a été dessiné par Zimmermann et en grande partie conçu par Sturm. Dans l'église, formée d'un grand ovale largement ouvert, Zimmermann fait de partout jaillir la lumière et exorcise sans cesse l'ombre. C'est l'anti-baroque par excellence. Le baroque crée l'ombre pour mieux mettre en évidence le message de Dieu figuré par la lumière. Le rococo exorcise l'ombre de façon à mieux faire jaillir, comme en stéréophonie, le message de Dieu.
La peinture rococo Elle naît en France et se diffusera par la suite, en Italie et dans le reste de l'Europe (ensuite dans le Saint-Empire romain germanique, et en Europe du Sud : Savoie, Italie, Espagne, Portugal, à la suite du mouvement baroque). Les artistes sont appelés dans les grandes cours européennes et exportent cette nouvelle peinture. François Boucher, par exemple, travaille en Suède, au Danemark et en Pologne.
Mars et Vénus surpris par Vulcain, 1754, Boucher François (1703-1770)
Les motifs décoratifs sont : les jeux de fond : quadrillés, losanges ; les motifs humains : espagnolette (à l'origine du sculpteur bronzier Cressent), masques féminins ; les motifs animaux : singes, coquilles, ailes de chauve-souris ; les motifs végétaux : palmette, tournesol, feuilles godronnées, feuilles d'acanthe ; les motifs géométriques de marqueterie Boulle ; les motifs exotiques : plume de paon, pagodes.
Le style Rocaille est un décor particulièrement chargé aux lignes dissymétriques et courbes
Charles Cressent est l'ébéniste par excellence du style Régence qu'il contribua à faire émerger. Il fut l'ébéniste du Régent (duc d'Orleans). Cressent exerce aussi en tant que sculpteur dont les bronzes de bustes féminins, appelés têtes d'espagnolettes, font sa renommée.
Le rococo supplante le classicisme considéré comme trop formel et trop lourd. Le terme « rococo » garda longtemps son aspect péjoratif avant d’être accepté par les historiens de l’art vers le milieu du XIXe siècle et d’être considéré comme un mouvement artistique européen à part entière.
Considéré vulgaire et frivole
par certains, le style Rocaille
ne serait-il pas le raffinement
de l’abus ?
Jean Honoré FRAGONARD - La Gimblette - Munich Alte Pinakothek
Rococo = association du mot français « rocaille », qui désigne l'ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et la forme incurvée de certains coquillages, et du mot portugais baroco, « baroque ».
Tête de lit de style régence ou rocaille reproduisant la forme d’un coquillage
Il s'agit d'un nouveau répertoire iconographique qui s'inspire de la nature. Bien qu’il emprunte ses modèles à la géologie, il n’est ni anguleux ni sec, mais arrondi et contourné, enrichi de volutes et de coquillages, de fleurs et de fruits. Ici une serrure de porte de style rocaille.
Né de la fusion du style rocaille français et du baroco tardif italien
Pierre de Cortone (Pietro da Cortona, 1596-1669), L'Enlèvement des Sabines, 1627, Rome
Selon le peintre et critique d’art Delécluze (XIXème), le terme « rococo » est inventé en dérision par Pierre-Maurice Quays, élève de Jacques-Louis David, chantre d’un classicisme poussé à l’extrême.
Pierre-Maurice Quays (1779-1803), est un peintre français, lié au mouvement néoclassique, à qui l'on attribue la création du terme « Rococo », vers 1797 lors de son apprentissage dans l'atelier de David. S'agissant à l’origine d'un terme destiné à tourner en dérision un style radicalement opposé à ses goûts, il est ironique que cela soit la principale contribution de Quays au monde des arts, puisqu’à l'exception d'une Tête d'étude, il ne subsiste aucune autre toile connue de lui
Pierre-Maurice Quays, Portrait par Henri-François Riesener, 1779
Chardin préfère mettre une émotion intime dans des scènes de genre et des natures mortes, domaine dans lequel il atteint l’excellence.
Autoportrait aux besicles (1771), pastel, 46 × 38 cm, Paris , musée du Louvre.
La Raie (1728), Paris, musée du Louvre.
CHARDIN, La Fille de cuisine, Washington, National Gallery of Art
Jean-Baptiste Chardin: conseiller et trésorier de l'Académie royale de peinture et de sculpture
L'auteur anonyme d'un article du Magasin Pittoresque écrit en 1848 : « À Watteau les déjeuners sur l'herbe, les promenades au clair de lune, la capricieuse beauté du jour avec l'élégant cavalier de son choix, les danses sous la feuillée des bergères et des bergers titrés ; mais à Chardin l'honnête et paisible intérieur, la mère qui brosse l'habit de son fils avant de l'envoyer à l'école, la mère apprenant à bégayer le nom de Dieu à sa petite couvée. Il imite le calme avec calme, la joie avec joie, la dignité avec dignité.
Maurice Quentin de la Tour se spécialise dans le pastel, technique particulièrement
appréciée par le public de l’époque en raison de son rendu d’une grande douceur et de son aspect vaporeux ainsi que de sa rapidité d’exécution qui permet au trait de suggérer certaines expressions volées lors d'un instant au modèle. Le pastel devient rapidement la marque de fabrique de nombreux artistes qui ne s’expriment quasiment plus que par cette technique : Liotard, Perronneau, Rosalba Carriera...
Maurice Quentin de la Tour, Portrait de Louis XV en buste (exposé au Salon de 1748), Paris, Musée du Louvre.
Portrait de La marquise de Pompadour 1748-55), Paris, musée du Louvre.
Artiste de 1ier plan de l'art européen sous Louis XV
La toilette, F. Boucher, 1742
La peinture rococo décore les intérieurs des demeures. Essentiellement décorative, elle propose des petits formats et des décors de dessus de porte. Les sujets représentés puisent dans le registre de la peinture de genre (peinture représentant des scènes de la vie quotidienne et intime), avec une préférence pour les sujets légers.
La Toilette intime,
1741, 52,5 × 66,5
cm, musée
Thyssen-
Bornemisza, Madrid
La Toilette intime (Une femme qui pisse), F. BOUCHER, v. 1760
La vulgarité élégante, voilà la signature de Boucher selon les frères Goncourt!
Jean-Antoine WATTEAU (1684-1721), Portrait par Rosalba Carriera 1721.
Fêtes vénitiennes, 1717. Watteau s’est lui-même représenté, assis, jouant de la musette de cour, à droite du tableau.
Antoine Watteau, Pierrot ou Le Gilles, 1717, 184*149, Le Louvre
Pierrot est un tableau attribué à Antoine Watteau, qui aurait été peint en 1718-1719 et est exposé aujourd'hui au Louvre. Il a longtemps été appelé Gilles. Œuvre majeure du peintre, on ignore tout des circonstances et des conditions de la réalisation de ce tableau au format monumental (184 cm de haut et 149 cm de large
Décentrement du sujet : innovation ou redécoupage du tableau a posteriori ? Grand format : une enseigne publicitaire ? Le blanc utilisé aurait-il contribué à empoisonner le peintre?
Watteau et la fête galante : Jean-Antoine Watteau (1684-1721) peint des scènes élégantes et sentimentales dans des paysages verdoyants. Les scènes sont heureuses et plaisent beaucoup. On invente le terme de fête galante pour qualifier cette peinture.
Dans l’écrin de verdure d’un jardin, l’Arlequin de la commedia dell’arte, Mezzetin, assis sur un banc de pierre, les jambes croisées, joue de la guitare et chante en levant les yeux peut-être vers un balcon invisible sur le bâtiment à sa gauche. Derrière lui, une statue de marbre de Vénus lui tourne le dos.
Le Pèlerinage à l'île de Cythère, 1717, Louvre, Antoine Watteau : Des jeunes couples amoureux s'amusent sur l’île, symbole de l'amour dans la mythologie grecque. Présenté par le peintre à l'Académie royale de peinture : on crée spécialement pour lui le genre de la fête galante.
Les peintres l’exprimeront par des scènes champêtres, des
pastorales et des fêtes galantes. En France, François Boucher est
l’exemple type du style Rocaille.
Auteur : Boucher, François (1703-1770) Datation : 1755. Sujet de l'image : Pastorale
Les quatre saisons, l'automne, huile sur toile, 1755 François Boucher
Les Hasards heureux de l'escarpolette est une scène galante peinte par Jean Honoré Fragonard
1767, huile sur toile, 81×60,20 cm, Londres Wallace Gallery
François Boucher, né le 29 septembre 1703 à Paris où il est mort le 30 mai 1770, est un peintre français, représentatif du style rocaille français sous Louis XV influencé par Watteau, qui venait de mourir quand il commença son apprentissage
Portrait de François Boucher par Lundberg, 1741, pastel, Paris, musée du Louvre.
Un peintre de l’Académie reconnu! Fils unique de Nicolas Boucher, maître peintre et dessinateur de l’Académie de Saint-Luc, il reçoit les 1ères leçons de son père. En 1723, il concourut au prix de l’Académie de peinture = Prix de Rome, dont le sujet était « Evilmérodach, fils et successeur de Nabuchodonosor, délivré des chaines dans lesquelles son père le retenait depuis longtemps » et remporta le 1er prix. Agréé de suite à l’Académie royale de peinture et de sculpture, en 1731, il devint immédiatement le peintre mondain, le portraitiste semi-officiel des femmes à la mode, épouses ou maîtresses des financiers, gagnant une fortune rapide et un renom considérable
BOUCHER, Madame de Pompadour, vers 1750-1758, Scottish National Gallery.
François Boucher (1703-1770) Les Présents du berger ou le Nid Huile sur toile. 0,98*1,46 m Paris, musée du Louvre Il représente des couples de bergers amoureux, richement vêtus dans un paysage bucolique
Boucher et la pastorale François Boucher (1703-1770) crée lui aussi un nouveau genre, la pastorale. Les compositions mouvementées, les couleurs vives sont héritées de l'art baroque.
BOUCHER, La Jardinière endormie, 1762, toile de 229 × 89 cm, Grande-Bretagne, collection privée.
Un automne pastoral, 1749, Wallace Collection, Londres.
BOUCHER, Hercule et Omphale, musée des Beaux-Arts Pouchkine, Russie.
Le goût de l'époque est pour l'ailleurs, l'exotique. On collectionne les objets venus d'Asie. Boucher représente cette mode dans ses œuvres. Certains collectionneurs se faisaient construire des jardins, des pavillons chinois et aimaient s'habiller à leur mode.
François Boucher (1703-1770) Le Jardin chinois Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie © RMN / Gérard Blot
Renaud et Armide, 1732. Morceau de réception de Boucher à l’Académie royale en 1734, musée du Louvre.
L'architecture
Elle est dans la continuité de l'architecture baroque. Elle se libère
des formes classiques, ose les volutes.
À l'époque, on construit beaucoup de fontaines, avec un décor
rocaille (rochers, coquillages...), comme la célèbre fontaine de
Trévi, à Rome.
Niccolo Salvi (1697-
1751) Fontaine de
Trevi, 1732-1762
Italie, Rome ©
Archives Alinari,
Florence, Dist. RMN
/ Mauro Magliani
Francesco Borromini né Francesco Castelli (Bissone, 27 septembre 1599 - Rome, 3 août 1667), est un architecte italien considéré comme une figure majeure de l'architecture baroque. Il fut le contemporain de Gian Lorenzo Bernini dont il devint le rival, et de Pierre de Cortone.
L'église Sant'Agnese in Agone fut achevée de 1653 à 1657 par Francesco Borromini. Il dessina notamment la façade concave de l'église et la surmonta d'une coupole adjointe de deux campaniles.
Le ferronnier Jean Lamour
exécutera les magnifiques
grilles de la Place Stanislas à
Nancy dans le plus pur style
Rocaille.
Conclusion: A la fin du siècle le rococo, né dans les années 1725, s’effacera pour laisser place au néoclassicisme d’une part et au romantisme de l’autre. Ce style très prolifique passe de mode avec l'arrivée du néoclassicisme vers 1760 en France et disparait avec la Révolution française.
Le Verrou est une scène galante peinte par Jean-Honoré Fragonard en 1777