LE MONITEUR UNIVERSEL - Académie de Versailles

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Journal officiel du bicentenaire de la filière Betterave-Sucre française

2 JANVIER 1812 2 JANVIER 2012

« Il faut aller voir cela. Partons ! »C’est sur cette exclamation quel’Empereur, répondant à l’invita-tion du comte Chaptal s’est rendu,ce matin du 2 janvier 1812, au village de Passy afin d’y visiter la fa-brique de sucre de betterave établiepar Monsieur Benjamin Delessert.Il y a découvert avec grand intérêtles cylindres à râper les betteraves,les chaudières en cuivre dédiées àla cuisson et à la concentration dusucre ainsi que les moules coniquesoù, pointe en bas, les pains de sucres’égouttent lentement.

Benjamin Delessert a présenté à saMajesté ces pains de sucre produitssur place, fruit de plusieurs annéesde recherches acharnées, menéesavec son ingénieur en chef, Jean-Baptiste Quéruel. En effet, depuis1801, Benjamin Delessert avaittransformé une ancienne filaturede coton en raffinerie de sucre decanne. Or, sous l’effet conjugué duBlocus continental et de la procla-mation d’indépendance de la colo-nie française de Saint Domingue,les approvisionnements en sucre decanne brut se sont taris. La France,et plus généralement l’Europe, vivaient désormais sous la menacede pénurie d’une des ressources debase de l’alimentation.

Afin d’offrir un nouveau débouchéà ces installations industrielles et decontribuer aux nécessaires effortsd’indépendance sucrière de la Nation, Delessert et Quéruel se sontbasés sur les travaux de pionniers,notamment sur ceux de Franz CarlAchard (1753-1821) qui créa la première fabrique de sucre de betterave, en Silésie en 1801. Ils arrivent à mettre au point un process adapté à l’échelle indus-trielle et assorti d’une avancée technique déterminante : faire

cristalliser le sucre pour obtenirune matière sèche et aisément dé-bitable en morceaux, plutôt que deproduire une masse cuite tantôtmalléable, car imbibée de sirop,tantôt extrêmement dure et diffici-lement utilisable. Témoignant del’importance de cette innovation,un Bulletin des Arts et Métiersde 1812 confirme que l’équipe Quéruel-Delessert est la première àavoir su « grener le sucre ».

L’Empereur a vu juste !

Chimiste de formation, ancien mi-nistre de l’Intérieur devenu prési-dent de la Société d’encouragementpour l’industrie nationale, Chaptalexerce une grande influence surNapoléon 1er pour ce qui concernele monde scientifique et industriel.Il est ainsi à l’origine du premier

décret betteravier par lequel l’Empereur ordonne, le 21 mars1811, la mise en culture de 32 000 hectares de betteraves sucrières.

Lorsque son conseiller l’emmène àla sucrerie de Passy, Napoléoncomprend immédiatement que cequ’il voit lui offre un atout straté-gique, tant dans sa lutte écono-mique contre l’Angleterre qu’entermes de ressources alimentaires.Dès le 15 janvier, il décide la miseen culture de 100 000 hectares.Décision qu’il assortit de boursespour les étudiants se destinant auxmétiers de la production sucrière,de 500 licences accordées pour laconstruction de nouvelles fabriqueset de mesures fiscales incitatives.

Même si de nombreuses initiativesavaient été déployées auparavant,en France et en Europe, pour déve-lopper la technique d’extraction dusucre de betterave, ce train de me-sures marque l’entrée du pays dansson ère de production industrielle.De même, la visite de l’Empereur àBenjamin Delessert reste une datesymbolique, gravée dans l’histoirede la France sucrière.

Dans les faits, il faudra attendre lesannées 1830 pour que la filière betterave-sucre française prennevéritablement son essor. Mais il estincontestable que, ce 2 janvier1812, l’Empereur avait vu juste.Conscient que la science venait decréer une nouvelle richesse pour laFrance, il ouvrait la voie à une ressource locale, associant étroite-ment agriculteurs et industriels. Aufil des décennies, la France est devenue le premier producteurmondial de sucre de betterave et len°1 européen du sucre. Des posi-tions que la filière sucrière française, deux cents ans après son«baptême impérial », maintient toujours solidement.

2 JANVIER 1812Le jour où Napoléon fit du sucre de

betterave «une nouvelle richesse pour la France»

En visite à la sucrerie de Passy, l’empereur Napoléon 1er distingue le botaniste Benjamin Delessert etsigne l’acte de naissance symbolique d’une filière agro-industrielle stratégique pour le pays.

200 ans plus tard, la France bénéficie d’une solide position de premier producteur mondial de sucre de betterave.

Dans un élan d’enthousiasme et de reconnaissance, l’Empereur détache sa propre Croix de la Légion

d’Honneur, qu’il épingle sur la poitrine de Benjamin Delessert, et fait donner une prime de gratification aux ouvriers de la sucrerie. Cet épisode, attesté dans les

colonnes du Moniteur Universel du 3 janvier 1812, a étéimmortalisé par l’imagerie d’Épinal.

Héritier du Siècle des Lumières,Benjamin Delessert (1773-1847)est à la fois botaniste, homme po-litique, philanthrope et entrepre-neur. C’est au cœur du village dePassy, à l’ouest de Paris, qu’en1801 il transforme une anciennefilature en sucrerie, dont les ins-tallations sont bien visibles surcette gravure du 19e siècle.

LE MONITEUR UNIVERSEL

La France sucrière à

l’heure de sonbicentenaire

1er producteur mondial desucre de betterave

1er producteur européen desucre (betterave + canne)

37 millions de tonnes debetterave à sucre

5 milions de tonnes desucre de betterave

3,2 Md€ de chiffre d’affaires générés par l’en-semble de la filière sucre

25 sucreries en métropole(betterave) et

5 sucreries dans les DOM(canne)

44 500 emplois directs(agriculture, sucreries, sucreries-distilleries…)

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Le Centre d’Études et de Documentation du Sucre est un organisme interprofessionnel, créé en 1932, qui à pour mission d'assurer l'information et la documentation d'un produit essentiel du secteur agroalimentaire français : le Sucre.www.lesucre.com

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