Post on 03-Apr-2015
L’ANALYSE MICROECONOMIQUE DE LA REPARTITION
Double perspective dans les analyses économiques de la répartition
Schéma classique réfléchit sur les différents de types de revenu et propose des modalités de formation différente selon les revenus (Smith, Ricardo, Marx)
Voie néo-classique ouverte par Say autour de la notion de services productifs
Ch. 7 - Répartition 1
Ch. 7 - Répartition 2
Les raisons qui déterminent la valeur des choses, et qui agissent de la manière indiquée dans les chapitres précédents, s'appliquent indifféremment à toutes les choses qui ont une valeur, même aux plus fugitives ; elles s'appliquent par conséquent aux services productifs que rendent l'industrie, les capitaux et les terres dans l'acte de la production.
Ceux qui disposent de l'une de ces trois sources de la production sont marchands de cette denrée que nous appelons ici services productifs ; les consommateurs des produits en sont les acheteurs. Les entrepreneurs d'industrie ne sont, pour ainsi dire, que des intermédiaires qui réclament les services productifs nécessaires pour tel produit en proportion de la demande qu'on fait de ce produit. Le cultivateur, le manufacturier et le négociant comparent perpétuellement le prix que le consommateur veut et peut mettre à telle ou telle marchandise, avec les frais qui seront nécessaires pour qu'elle soit produite ; s'ils en décident la production, ils établissent une demande de tous les services productifs qui devront y concourir, et fournissent ainsi une des bases de la valeur de ces services.D'un autre côté, les agents de la production, hommes et choses, terres, capitaux, ou gens industrieux, s'offrent plus ou moins, suivant divers motifs auxquels nous remonterons dans les chapitres qui suivent, et forment ainsi l'autre base de la valeur qui s'établit pour ces mêmes services.Jean Baptiste Say – Traité d’Economie Politique - 1803
Ch. 7 - Répartition 3
Analyse néo-classique de la répartition est une analyse de la formation d’un prix sur un marché
Prise en compte de deux grands facteurs de production : travail et capital pour lesquels se confrontent une offre et une demande
Formalisation par John Bates Clark à la fin du 19ème siècle (« The distribution of wealth » - 1899
Ch. 7 - Répartition 4
1- Les principes essentiels de l’analyse néo-classique de la répartition : la formation d’un prix sur un marché
Facteurs de production correspondent à des « biens de rang supérieur » (K. Menger) car ils ne satisfont pas immédiatement les besoins des individus
Pour Menger, valeur des facteurs de production est dérivée puisqu’elle dépend des anticipations de valeur attribuée aux biens de premier rang (ceux qui satisfont directement les besoins humains)
Ch. 7 - Répartition 5
1.1 La demande d’un facteur de production1.1 La demande d’un facteur de production
Demande d’un facteur de production est dérivée : fondée sur la comparaison entre le coût d’un facteur et la contrepartie en termes de production qu’il permet
Idée clé : lien entre demande d’un facteur de production et productivité marginale anticipée de ce facteur
Mise en œuvre des hypothèses habituelles de l’analyse néo-classique (CPP, absence de rationnement, substituabilité des facteurs, productivité marginale des facteurs décroissante)
Ch. 7 - Répartition 6
Conclusion 1:Demande pour un facteur de production s’établira au niveau pour lequel la productivité marginale du facteur est égale à son prix
Conclusion 2:Demande pour un facteur de production est décroissante en fonction du prix
Ch. 7 - Répartition 7
1.2 L’offre d’un facteur de production1.2 L’offre d’un facteur de production
Offre d’un facteur de production est liée au coût que représente sa cession pour l’acteur qui le détient (renoncement à la satisfaction procurée par une utilisation directe du facteur : loisir ou consommation)
Offre d’un facteur de production est liée à l’utilité que procure ce facteur : application du principe d’utilité marginale décroissante
Conclusion 1:Offre pour un facteur de production s’établira au niveau pour lequel l’utilité marginale du facteur est égale à son prix
Conclusion 2:Offre d’un facteur de production est croissante en fonction du prix
Ch. 7 - Répartition 8
1.3 La détermination du prix des facteurs de production1.3 La détermination du prix des facteurs de production
Construction d’une courbe d’offre et d’une courbe de demande pour un facteur avec détermination d’un point d’équilibre correspondant au point d’intersection des deux courbes
Equilibre permet de déterminer le prix du facteur et les quantités échangées
Prix (rémunération du facteur) est lié à la rareté relative du facteur qui détermine sa productivité marginale
Ch. 7 - Répartition 9
Remarque 1 :
Détermination des quantités échangées sur le marché d’un facteur de production déterminera les quantités produites (application de la fonction de production)
Remarque 2 :
Utilisation de la fonction de Cobb-Douglas permet de montrer que, si les facteurs sont rémunérés à leur productivité marginale, la totalité de la production est répartie entre les facteurs en fonction de leur apport à la production
Absence d’un résidu pouvant bénéficier à certains acteurs de la société
Ch. 7 - Répartition 10
1.4 Les perturbations de l’équilibre sur le marché des facteurs de production1.4 Les perturbations de l’équilibre sur le marché des facteurs de production
Perturbations de l’équilibre sont liées à la remise en cause des conditions de la CPP
Possibilité d’apparition de rentes économiquesFacteur de production est rémunéré à un niveau différent de sa productivitéApparition de transferts de surplus entre acteurs
Facteurs de production ne sont alors plus rémunérés en fonction de leur productivité marginale
Ch. 7 - Répartition 11
Rente n’est pas liée au fonctionnement du système (différence avec schéma ricardien ou marxiste) mais à l’imperfection des marchés
Rente est réversible : acheteurs et vendeurs peuvent en bénéficier selon la structure des marchés
Trois grandes sources de rente :
- Inélasticité de l’offre d’un facteur par rapport à son prix (caractère non ou peu reproductible du facteur, inadaptations de courte période)
- Existence d’oligopsone ou de monopsone- Impact de la réglementation (peut générer une rareté ou
empêcher des fluctuations des prix
Ch. 7 - Répartition 12
2- Marché du travail et salaire
2.1 Offre et demande de travail2.1 Offre et demande de travail
2.1.1 La demande de travail2.1.1 La demande de travail
Demande de travail de la part de l’employeur dépend du niveau de productivité marginale du travail
Salaire du dernier travailleur embauché déterminera le salaire de l’ensemble des travailleur (substituabilité des actifs)
Interrogation critique : est-il possible de mesurer une productivité marginale individuelle du travail ?
Ch. 7 - Répartition 13
2.1.2 L’offre de travail2.1.2 L’offre de travail
Offre de travail est déterminée par l’acteur individuel : détermination de l’offre de travail est dérivée de la théorie du consommateur
Détermination de l’offre de travail correspond au résultat de la maximisation d’un panier (loisir, travail)
Contrainte de budget : revenu lié au travail doit permettre de financer la consommation de l’individu
Avec w salaire nominal, T temps de travail, C quantité de biens consommés, p niveau des prix
1- Le cadre général
Ch. 7 - Répartition 14
Condition de maximisation est liée à l’égalisation du rapport des utilités marginales du loisir et de la consommation avec le salaire réel (qui correspond au rapport des prix des biens concernés)
Question : quel est l’impact d’une hausse du salaire réel sur l’offre de travail ?
Premier effet est un effet de substitution : hausse du salaire accroît le coût d’opportunité du loisir donc entraîne une hausse du temps de travail
Deuxième effet est un effet de revenu : hausse du salaire permet d’augmenter les quantités consommées en réduisant le temps de travail
existence d’une indétermination sur la forme de la courbe d’offre de travail
Ch. 7 - Répartition 15
Salaire réel
Quantité de travail
Hausse du salaire réel entraîne une hausse de la quantité de travail
Effet revenu l’emporte sur l’effet substitution : hausse du salaire entraîne une baisse de la quantité de travail
Croissance de l’offre de travail en fonction du salaire oblige à considérer le loisir comme un bien « inférieur » dont l’élasticité-revenu est négative
Ch. 7 - Répartition 16
2- Les développements de l’analyse
Réponses à certain nombre d’interrogations critiques sur le raisonnement néo-classique
- Question du choix du travailleur est traitée à l’échelle du ménage (G. Becker) avec la distinction entre des actifs « primaires et « secondaires »
- Prise en compte du paradoxe du travail féminin : hausse du taux de salaire entraîne une hausse de l’activité féminine mais une baisse du temps de travail chez les femmes avec un emploi qualifié et bien payé
Ch. 7 - Répartition 17
- Question des différences de salaires
Principe du capital humain (G. Becker)
Théories de la discrimination : acteurs acceptent une certaine baisse de salaires pour ne pas travailler avec certaines catégories, employeurs préfèrent surpayer certains salariés ou disposent d’une mauvaise information
Théories de la segmentation du marché du travail (sens néoclassique) : faible mobilité intersectorielle entraîne des écarts de salaires liés aux différences de productivité entre secteurs
Ch. 7 - Répartition 18
2.2 L’équilibre sur le marché du travail2.2 L’équilibre sur le marché du travail
2.2.1 La détermination de l’équilibre2.2.1 La détermination de l’équilibre
Equilibre se détermine par confrontation de l’offre et de la demande
Détermination simultanée du salaire et de la quantité d’emploi
Equilibre est un équilibre de plein emploi : tous les actifs souhaitant travailler au taux de salaire en vigueur peuvent le faire (chômage ne peut être que volontaire)
Ch. 7 - Répartition 19
2.2.2 Les perturbations de l’équilibre2.2.2 Les perturbations de l’équilibre
Rôle négatif de l’intervention publique : fixation d’un salaire minimum doit dans le cadre néo-classique entraîner un déséquilibre sur le marché (voir chapitre 6)
On est, par là, fondé à penser que la cause immédiate du chômage généralisé – non la cause profonde dont nous parlerons tout à l'heure – consiste dans le défaut d'adaptation des salaires au niveau général des prix. S'il a sévi en Angleterre une crise sans précédent dans l'histoire, c'est que la baisse des prix n'y a été suivie que tardivement par la baisse des salaires – et qu'après stabilisation, à la fin de 1921, le pourcentage d'augmentation des salaires par rapport à l'avant-guerre, est resté trop élevé relativement au pourcentage d'augmentation des prix.Aussi nous bornons-nous à affirmer ici que, le chômage diminuant quand diminue le rapport moyen salaires/prix, l'existence en Angleterre de plus d'un million de chômeurs indique que ce rapport n'a pas assez diminué pour que l'indice du chômage revienne aux environs de sa valeur d'avant-guerre.
Ch. 7 - Répartition 20
Elle nous montre, en effet, que pendant les années 1923,1924 et 1925 l'indice des salaires et l'indices des prix ont été sensiblement stabilisés dans une période où le nombre des chômeurs restait élevé en Angleterre, variant entre les limites extrêmes de 1 002 000 en mars 1924 et 1 354 000 en août 1925. Il est très curieux, et en apparence contraire à toutes les lois économiques, que le niveau des salaires ait pu rester stable, alors que l'offre de travail dépassait aussi sensiblement la demande de main d'œuvre. L'anomalie, toutefois, n'est là qu'apparente, et l'explication s'en trouve immédiatement dans les conditions mêmes dans lesquelles elle a pris naissance.La discipline des trade-unions en premier lieu est, en Angleterre, exceptionnellement puissante et le régime du contrat de travail collectif plus généralise que partout ailleurs. La tradition, toutefois, eût été insuffisante à maintenir la résistance des ouvriers sans travail aux inévitables mouvements de salaires si une politique de subsides aux chômeurs, aussi généreuse que coûteuse pour le pays, n'avait permis à ceux-ci de rester indéfiniment inoccupés plutôt que de transgresser les instructions syndicales.On est ainsi conduit à cette conclusion, qu'à partir du moment où les prix ont été stabilisés en Angleterre, c'est d'une part la puissance traditionnelle des syndicats anglais, obstacle à l'adaptation des salaires aux conditions nouvelles nés de l'appréciation monétaire, d'autre part la politique de secours aux chômeurs, condition nécessaire du maintien de la discipline syndicale, qui ont été la cause profonde de la subsistance en Angleterre d'une crise qui ne paraît pas en voie d'atténuation.
Jacques Rueff – Les variations du chômage en Angleterre – Revue Politique et Parlementaire – décembre 1925
Ch. 7 - Répartition 21
Question des syndicats
Analyse du système du « closed shop » : marché du travail devient alors un monopole bilatéral
Syndicat peut imposer un niveau de salaire minimum à l’employeur : conséquences négatives sur l’emploi
Possibilités de négociation entre les deux acteurs avec prise en compte d’une fonction d’utilité syndicale combinant niveau de salaire et quantité d’emplois : négociation peut prendre une forme plus ou moins conflictuelle
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3- La détermination du taux d’intérêt
Prise en compte d’une dimension intertemporelle dans le choix du détenteur de capital : maximisation de l’utilité sur deux périodes de temps
Choix de l’épargne (donc de l’offre de capital) suppose une compensation à la perte d’utilité immédiate (préférence pour le présent) : taux d’intérêt
Offre d’épargne apparaît alors comme une fonction croissante du taux d’intérêt
Demande de capitaux par le producteur est lié à la productivité marginale du capital ; demande de capital est décroissante par rapport au taux d’intérêt sous l’hypothèse de productivité marginale décroissante du capital
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Confrontation de l’offre et de la demande de capitaux permet de déterminer simultanément :
Le taux d’intérêt (revenu du capital)Le montant de l’épargne et de l’investissement
N. B. : la détermination du montant de l’épargne permet au niveau macroéconomique de connaître les ressources consacrées à la consommation
Le taux d’intérêt ressort de l’économie réelle et n’est en aucun cas un phénomène monétaire (hypothèse de dichotomie entre secteur réel et secteur monétaire)