La Maison - Fauvette 72

Post on 11-Mar-2016

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La Maison - Fauvette 72 est un livre que j'ai d'abord réalisé pour un cours d'édition à l'ECAL. Ceci est une ré-édition que je fais pour la famille Meyer.

Transcript of La Maison - Fauvette 72

1La Maison

Récit de ma visite à La Fauvette 72, où j’y ai rencontré Maggie, une femme extraordinaire.

David Perez

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Photographie et graphisme :David Perez / Ecal 2012

Professeur :Jonas Voegeli

Fonts :Helvetica Neue, DTL Documenta

Remerciements :Maggie, Margaux

La Maison

Impressum

Récit de ma visite à La Fauvette 72, où j’y ai rencontré Maggie, une femme extraordinaire.

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La VisiteJe sonne, elle m’ouvre. Je me présente, elle aussi. Un sourire accueillant, une dame polie, un endroit que je découvre. Seulement sur le pas de la porte mais déjà fasciné. Elle, c’est Maggie, la grand-maman de mon amie Margaux, partie à Londres pour trop longtemps. J’entre et je pose mes affaires par terre dans l’entrée. Je regarde en haut, en bas, à droite puis à gauche, bouche ouverte, puis je croise son regard et je souris. Elle m’emmène à la salle à manger, grande table en bois massif, lampe Arco. Celle que nous montrait le professeur en cours d’histoire du design. Je ne pensais jamais en voir une vraie, c’est fait, et c’est bien,… Très bien. Elle me propose de l’eau. J’accepte.

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On s’assied au salon, elle me dit que pour le salon, c’est plutôt Richter qui a décidé, ils se sont laissés guider. Elle ajoute que son salon à lui est presque pareil. La seule différence, c’est que les petits escaliers, il les a remplacés par des gros blocs en bétons placés les uns sur les autres. Mais elle trouve ça un peu…, elle me dit.

Ce salon, c’est le salon principal, celui où ils reçoivent les invités, leurs amis, les gens, la famille, Gladys, Margaux. Elle me dit alors que dans une autre vie elle ira comme Margaux, en Angleterre, pour apprendre l’anglais. Elle le sait, l’anglais, mais elle voudrait le perfectionner. Je lui dit qu’il n’est pas trop tard et que pourquoi pas aller rendre visite à sa petite fille là-bas. Elle me répond qu’elle ne veut pas la déranger. Nous rions, même si je suis sûr que Margaux serait aux anges d’avoir sa Maggie pas loin.

Elle se rappelle alors d’un détail du salon qui va me plaire, et il me plaît. C’est dans un placard. Dans le placard il n’y a pas une télévision. Ni des livres. Ni des couverts. Il y a un mini-bar. Enfin, je pense qu’il manque juste un serveur caché sous l’évier pour que ça soit un véritable bar. Évier, bouteilles, verres, frigorifique, tout. Elle m’explique alors qu’un des seuls regrets qu’elle a dans la maison, c’est que le salon et la terrasse ne soient pas au niveau de la cuisine. Elle me dit que l’été sur la terrasse, c’est pas pratique de devoir traverser la maison et monter quelques marches pour atteindre la table. Pareil pour le salon, ces cinq ou six marches ne sont guères idéales lorsque l’on veut servir quelques apéritifs aux invités. D’où le mini-bar dans le placard. Une idée d’Eichenberg ajoute-t-elle. J’immortalise le moment, elle est sobre, classe, et très photogénique. Je

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parle de Maggie. Et la maison aussi. On se lève et se dirige dans l’autre partie. Surprise,

un sublime fauteuil Charles Eames. Encore un objet qu’on voyait en histoire du design et que je ne pensais jamais voir en vrai. Elle aime s’asseoir ici et lire, et passer le temps, je m’assieds et comprends qu’on veuille passer du temps ici. Puis je me retourne et encore un salon, tout aussi, voir plus grand. Elle veut ranger les caissettes sur la table. Elles ne me dérangent pas, elle insiste, je souris. Il y a une cheminée, un grand canapé qui à l’air d’être idéal pour un dimanche à rien faire. Un lundi aussi d’ailleurs.

La table que Maggie voulait ranger est belle, basse, carrée. Elle me dit qu’elle est à la base prévue pour y poser des revues. J’approuve. Ce salon là ils l’utilisent moins. Elle me dit qu’en hiver, pour faire des broches c’est bien, mais qu’avec l’age elle n’a plus tant envie de faire les aller-retour jusqu’à la cuisine. Je la comprends et souris encore. Je ne peux pas m’empêcher de sourire puisqu’elle me passionne. Elle me dit tout ce que j’ai besoin de savoir, sans que j’aie besoin de demander. Maggie est pratique et organisée, et très bien. Elle rajoute que des fois, pour changer, à Noël ou à certains événements, ils viennent ici. Mais il faut pas être beau-coup. Cinq maximum. Elle se rappelle que le canapé est fait sur-mesure. Il a sa place juste entre les deux parois. C’est beau.

Avant d’aller plus loin elle me montre le bureau qu’elle utilise. Il est en désordre, me dit-elle. Vous n’avez pas vu ma chambre, pensé-je. Moi aussi je l’utiliserai ce bureau. C’est lumineux, spacieux, et quand on regarde à droite, la vue est belle.

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On parle des matières de la maison, le sol en parti-culier. Ce sol est tellement original, qu’il est omnipré-sent dans la tête de celui qui visite la maison. Moi. Elle m’explique que leur ami Hans Eichenberg y est pour quelque chose. Il leur a conseillé ce sol, ils l’ont adoré, le sol. Et Hans aussi, je pense. Ce sol est comme le sol de ma terrasse, (oui celui en béton avec les petits cailloux) mais en plus raffiné. Il est propre. Semble insalissable. Très pratique ce sol. Maggie rajoute qu’après ce choix, Richter lui même fut séduit et le posa chez lui. Le style des murs varie. Parfois ils sont blancs. Parfois ils sont en bois foncé. Elle rajoute que l’architecte a posé ces boiseries également au plafond. C’est trop lourd à son goût. Au mien également. On sourit.

On se trouve à la salle à manger maintenant. Lampe Arco. Beau. Elle me dit qu’elle et Bruno aiment le design. On remarque ça dès le premier pas dans la maison. La salle à manger elle l’utilise pour le repas de midi. Le matin et le soir, elle mange à la cuisine.

On y arrive d’ailleurs, à la cuisine. Elle me dit qu’elle n’aime pas forcément cuisiner. Elle aime se donner de la peine et elle s’appliquer. Mais elle n’aime pas forcé-ment. Elle aime quand ça sent bon, les repas en sauce, les ragoûts, les émincés, les bons plats. Aussi, alors que je lui dit que je préfère les nouilles, elle m’avoue préférer le riz. Là au mur, c’est des souvenirs de voyages. Elle aime acheter des objets typiques dans des maga-sins typiques à des gens typiques. Pas dans des petit magasins touristiques. Jamais. Il y a des passoires, des ustensiles pour le thé, des ustensiles de mesure japonais. Il y a cet objet pour faire des spaghettis. Celui là pour faire des sandwichs avec du riz. Parce que les

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japonais, ils utilisent pas trop de pain eux. Cette planche à découper de Jean Crotti, et cette serviette de Jean Luc Manz. Elle me propose un café. Non. Un thé. Non. Une tequila. On se regarde et rit. Elle ne boit pas trop de café. Elle a arrêté. C’est pas qu’elle aime pas, c’est qu’elle préfère d’autres choses comme le thé. Noir.

Derrière la cuisine il y a un magnifique escalier en colimaçon. En montant, elle m’explique que c’est elle qui a demandé à le faire construire. Elle me donne la raison. Lorsqu’ils reçoivent des gens à la maison et qu’elle prépare à manger, elle veut pouvoir monter dans sa chambre se changer sans passer par le salon. Elle me fascine. Du coup Max Richter il les a aussi construits dans sa maison pour se changer sans passer devant les invités.

Dans toute la maison il y a encore un élément qui reste en tête de celui qui visite, c’est ces lampes en forme d’ampoule. Dans une ampoule. Elles sont curieuses. Elles sont partout. Elle me dit que Eichenberg leur a montré ces lampes d’Ingo Maurer. Ils ont aimé et décidé de les mettre dans toute la maison. Ils ont eu raison. C’est efficace.

Elle me montre la salle de bain. La douche. Magni-fique. Il y a ce cadre, comme un gros hublot, à la place du rideau de douche ou d’une porte. Et ça donne envie de se doucher là, tout de suite. Elle me dit que je ne suis pas le seul. Que chaque personne qui voit ça est étonné de ce détail architectural.

On se dirige vers une chambre. Son ancienne chambre. Ancienne car cette paroi était mal isolée et les voisins bruyants. Elle m’explique qu’elle s’est du coup installée de l’autre côté de la maison. Cette pièce

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c’est un bureau, il y a une bibliothèque, beaucoup de livres. Et là, posés, toute une série de tableaux. Ils ne sont pas fixés, ils sont posés. Elle dit que c’est bien qu’il ne soient pas fixés, parce que comme ça on peut les changer de place et ça évite qu’on s’habitue trop. J’aime ces tableaux. Des visages, des portraits, des formes. Crotti, etc. Il y en a un peu partout me dit-elle. J’acquiesce. Je souris. Elle aussi.

Une pièce plus petite que la précédente. Plus blanche, lumineuse. J’ai l’impression qu’on y respire quelque chose de frais. C’est ma chambre me dit Maggie. Elle n’aime pas les fioritures. Les chichis. Les couvre-lits colorés. C’est très spartiate elle ajoute. Et moi j’aime.

On redescend par les escaliers principaux. Oui ceux qu’elle voulait éviter de prendre en tablier devant les invités. Elle me parle des poignées en bois dans l’es-calier. Le même bois que les parois de la maison. Elle me raconte que leur ami Eichenberg les a fait changer car après les avoir reçu il s’est aperçu qu’elles étaient beaucoup trop grosses pour la main. Là c’est le diamètre parfait pour la tenir avec la main. Eichenberg aime le détail. Maggie aime ça.

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La Chambre

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La MatièreEn suivant Maggie, j’ai pu constater l’importance de certains détails. Matériaux, tapis, parois. Certains de ces détails deviennent même importants pour l’identité visuelle de la maison tellement ils sont présent. Comme le sol en pierre par exemple. Ce sol en pierre si particulier qui est à mes yeux ce qu’on voit le plus dans la maison. Mais aussi ce qu’on ressent le plus puisqu’il est directement le point de contact entre moi, Maggie, n’importe qui, et la maison. Et ce contact avec le sol est particulier, qu’on soit à pied nus ou en chaussures, ce contact avec la maison est plus fort qu’ailleurs. Vraiment. Les boiseries ont une importance forte aussi puisqu’elles se retrouvent également dans toute la maison, mais pas autant que le sol. Sinon il y a des tapis, des motifs, mais toujours très sobre.

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La Collection

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Bruno et Maggie onttoujours collectionné de l’art.

Des beaux tableaux.

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Lorsque je parcoure la maison avec elle mes yeux se baladent de gauche à droite, le long des parois.

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J’ai rarement vu autant d’art,… ou plutôt j’ai jamais vu autant d’art

dans une maison !

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J’essaie de lire des noms sur les toiles, j’en devine certains,

d’autres me sont encore inconnus. Elle me parle alors d’artistes

amis de la famille : Crotti, Manz, et d’autres que je peine à noter.

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Ce que je remarque c’est que cette famille a du goût ; bon,… très bon même. Et j’apprécie écouter

Maggie ; elle me parle d’anecdotes concernant les œuvres, elle me

dit qu’il faudrait pouvoir changer souvent les tableaux d’endroit car

sinon on s’habitue et on les oublies.

98Elle précise qu’ils deviennent un peu comme des miroirs ou autres objets de décoration et que c’est pas bien.

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David PerezGraphic Design & Visual Identity

+41 79 424 29 89david@davidavid.ch

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