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Colloque SHF : «Ruissellement , Lyon 30 nov-2 déc 2020 » G. Pla, L. Marragou, J.-L. Nuel – La gestion intégrée du risque de ruissellement urbain torrentiel à Nîmes au travers du retex du 10 octobre 2014
Docs/RUISS :ns/1
La gestion intégrée du risque de ruissellement urbain torrentiel à
Nîmes au travers du retour d’expérience du 10 octobre 2014
Guillaume PLA1, Luc MARRAGOU1, Jean-Luc NUEL2 1 Ville de Nîmes, 152 avenue Robert Bompard, 30033 NÎMES – guillaume.pla@ville-nimes.fr et luc.marragou@ville-nimes.fr
2 Nîmes Métropole, 3 rue du Colisée, 30900 NÎMES – jean-luc.nuel@nimes-metropole.fr
De par sa configuration, le territoire nîmois est fortement exposé au risque inondation par ruissellement urbain torrentiel,
associé à une problématique de cours d’eau temporaires appelés « cadereaux ». Le 10 octobre 2014, il a été touché par
un épisode pluvio-orageux dont les caractéristiques sont localement comparables à celles de l’événement historique du
3 octobre 1988 (cumul de l’ordre de 400mm, intensité supérieure à 100mm/h).
Le retour d’expérience de la gestion de cet épisode torrentiel, présenté de manière chronologique, permet d’illustrer les
actions opérationnelles mises en œuvre avant, pendant et après l’événement. Celui-ci représente une illustration du
processus de gestion intégrée du risque d’inondation torrentielle de type crue-éclair au niveau d’un territoire engagé
dans une démarche PAPI (Programme d’Actions de Prévention des Inondations).
Si les impacts associés à cet évènement ont été finalement limités grâce notamment aux réalisations menées dans le cadre
du PAPI, le retour d’expérience qui en a découlé et la capitalisation associée ont été valorisés pour renforcer les actions
de prévention du risque inondation sur le territoire nîmois. Celles-ci se poursuivent aujourd’hui sur le plan technique et
financier grâce la continuité d’engagement politique sur la thématique de la prévention des inondations depuis 1988 et
à la convergence des interventions des acteurs publics dans le cadre des PAPI.
Mots-clefs : Placer 3 à 4 mots clé. Crues-éclairs urbaines – retour d’expérience – ouvrages
hydrauliques – PAPI
The global managing of torrential urban runoff in Nîmes through the
return on experience of the 10th October 2014 flood event
The city of Nîmes is a Mediterranean territory seriously exposed to flash floods. This phenome is linked to “cadereaux”,
which are ditches that collect runoff. Nîmes was impacted by a major storm on 10th October 2014, locally similar to the
historic one that happened on 3rd October 1988: cumulative rainfall closed to 400mm and rain intensity higher to 100mm
per hour.
The chronological return on experience of the crisis management of this torrential event explains the concrete actions
that are deployed before, during and after the flood. This is a concrete case of associated local authorities that are
involved in a common project (Programme d’Actions de Prévention des Inondations, or Program of Actions for Flood
Prevention) to assume flash flood prevention globally on an urban area exposed to urban runoff risks.
The 10th October 2014 flood was not as impactful as its rain characteristics could let imagine, thanks to projects that
have been led during the Program of Actions for Flood Prevention, especially concerning hydraulic structures.
Nevertheless, the return on experience of this event has been precious to mature the flood prevention strategy and
reinforce the concrete projects on the area of Nîmes. Thanks to a permanent political and financial support concerning
flood prevention since 1988 and the collaboration between local partners involved in the program, these actions are still
lead in Nîmes to reinforce flood protection strategy.
Key words : Urban flash floods – return on experience – hydraulic structures - Program of Actions for Flood Prevention
Colloque SHF : «Ruissellement , Lyon 30 nov-2 déc 2020 » G. Pla, L. Marragou, J.-L. Nuel – La gestion intégrée du risque de ruissellement urbain torrentiel à Nîmes au travers du retex du 10 octobre 2014
Docs/RUISS :ns/2
I NIMES, UN TERRITOIRE FORTEMENT EXPOSE AUX INONDATIONS
Nîmes est une ville du sud de la France, localisée dans le département du Gard. Ce dernier possède une
configuration marquée, avec au sud un pourtour méditerranéen et sur sa partie nord un relief cévenol marqué.
Entre ces deux zones clairement identifiées, le territoire nîmois s’étend sur une zone de plaine. Cette situation
mêlant climat méditerranéen et relief cévenol est favorable à la structuration de phénomènes pluvieux violents
ayant engendré des crues majeures sur la région, notamment en 2002.
Le territoire nîmois est pour
sa très grande partie inclus
dans le bassin versant du
Vistre, fleuve côtier qui
rejoint la mer Méditerranée.
Le risque inondation de
plaine y est ainsi bien présent
et concerne la partie sud de la
commune. Les phénomènes
les plus impactants pour le
territoire sont de type crues
éclairs par ruissellement
associés aux cadereaux. Ce
terme nîmo-nîmois renvoie
aux fossés qui drainent les
collines karstiques sur la
partie nord de la commune,
traversent la zone urbaine à
forts enjeux (tronçons où le
cours d’eau est recouvert)
pour finalement rejoindre au
sud le Vistre. On dénombre
six cadereaux sur le
territoire, présentant des
caractéristiques générales de
même type : bassin versant de petite taille (le plus grand est de l’ordre de 30km²), configuration en piémont
avec des pentes relativement prononcées sur les zones karstiques amont avant de rejoindre la plaine du Vistre,
traversée de zones urbaines plus ou moins denses, temps de concentration très faibles (moins d’une heure).
Ces caractéristiques sont à prendre en considération au regard de la typologie des évènements pluvieux qui
impactent le territoire. Ce sont, in fine, quelques 60 000 des 150 000 résidents nîmois, 16 000 logements et
6 000 entreprises qui sont situés en zone inondable.
Dans son histoire, la ville a été frappée par plusieurs évènements majeurs d’inondation, les plus impactants
étant associés aux cadereaux. Dans un passé récent, la catastrophe du 3 octobre 1988 a profondément marqué
le territoire de par sa violence. Un phénomène pluvieux intense (supérieur à 420mm en 8h) s’abat sur la région
nîmoise, engendrant un ruissellement conséquent et des crues majeures des cadereaux : un débit de près de
500 m3/s est atteint à l’entonnement du principal cadereau de la Ville - dit cadereau d’Alès - soit 25m3/s/km².
Les pertes sont lourdes pour le territoire : 9 décès, 45 000 sinistrés, 4 milliards de francs de dégâts (valeur
monétaire de l’époque) (Hémain et Dourlens, 1989 ; Fabre et al., 1994).
Face à ce risque particulièrement présent, le territoire s’est lancé dans une politique globale de prévention
des inondations associées aux cadereaux, dite programme CADEREAU. Cette démarche s’est dans un premier
temps concrétisée par un Programme de Protection Contre les Inondations (PPCI), puis deux Programmes
d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) successifs. Chacun des programmes correspond à un montant
en investissements supérieur à cent millions d’euros, et ne concerne que les cadereaux du territoire communal
nîmois.
L’objet du présent document est de présenter les actions concrètes menées sur le territoire nîmois dans cette
thématique en s’appuyant, étape par étape, sur un retour d’expérience sur l’évènement significatif du 10
octobre 2014 ayant généré de forts ruissellements, en se focalisant sur le cadereau d’Alès.
Figure 1 : Bassins versants des cadereaux nîmois
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Docs/RUISS :ns/3
II EN AMONT DE L’EVENEMENT, UN SUIVI PERMANENT DE LA SITUATION
L’automne 2014 a vu de nombreux phénomènes d’inondations impacter le Sud-Est de la France et en
particulier le littoral méditerranéen (Paquier, 2015). A l’échelle du seul territoire nîmois, le mois de septembre
a vu deux épisodes orageux toucher de façon modérée le territoire avec l’inondation de quelques points bas,
respectivement le 18 (désordres constatés associés à la concomitance avec la féria des vendanges) et le 29
septembre (correspondant à l’évènement ayant préalablement plus sérieusement frappé la région
montpelliéraine).
Dans le cadre de sa politique de prévention des inondations, la ville de Nîmes s’est dotée de son propre
dispositif appelé ESPADA (Evaluation et Suivi des Précipitations en Agglomération pour Devancer l’Alerte)
dont l’objectif est de prévoir les débits des cadereaux et le risque associé à échéance 1h30 (Pla et al., 2018).
Né en 2005 dans un objectif d’innovation, il a depuis évolué régulièrement au gré des améliorations
technologiques.
Le 9 octobre à 16h, Météo France place
une nouvelle fois les départements du Gard
et de l’Hérault en vigilance orange pour de
fortes précipitations et des orages. Des
cumuls de l’ordre de 150mm voire
localement plus de 200mm sont annoncés,
y compris en plaine.
Sur le territoire nîmois, les épisodes
pluvieux enregistrés plus tôt dans
l’automne ont contribué à saturer
partiellement les sols sur les zones rurales
des bassins versants des cadereaux. Les
nouvelles précipitations attendues sur le
territoire pourraient engendrer un
ruissellement significatif et rapide.
Sur la base de ces informations, les prévisionnistes de crue de la Ville proposent une activation du niveau 1
du dispositif ESPADA : il s’agit d’un niveau de veille visant à pré-mobiliser les moyens internes de la
collectivité en vue de potentielles interventions.
Dès les premières heures de la nuit, une structure orageuse s’organise sur le département de l’Hérault, selon
un front d’axe Nord-Sud et de déplacement relativement rapide d’Ouest en Est. L’astreinte ESPADA supervise
l’évènement, à ce stade avec ses dispositifs de métrologie :
• La première source d’information concerne le réseau de mesures hydrométéorologiques de la Ville.
Lancé dès les années 1990, ce parc n’a depuis cessé de se densifier dans le cadre des programmes
d’actions sur ce territoire d’une centaine de km² : 27 stations en 2014, 36 en 2020 (incluant 9 capteurs
pluviographiques et 34 limnigraphiques). Au-delà de l’implantation de nouveaux points de mesures et
dans une logique de fiabilisation de la donnée, les actions menées dans le cadre du PAPI ont conduit
en 2013-2014 à la mise en service d’un réseau radio dédié à la collecte de ces mesures
hydrométéorologiques, acquises et transmises au pas de temps 5 minutes. A noter que ce réseau assure
également la collecte de quelques 20 capteurs pluviographiques du Service de Prévision des Crues du
Grand Delta (SPC-GD) dans le cadre de la collaboration entre les deux structures (Pla et al., 2015). Ce
réseau a démontré toute sa pertinence au cours de l’évènement avec un taux de collecte proche des
100% (investissement pour la mise en place du réseau radio de l’ordre de 300k€)
Figure 2 : Vigilance météorologique du 9 octobre 2014 à 16h
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Docs/RUISS :ns/4
• La seconde donnée d’entrée du système concerne un outil radar d’observation et prévision de pluie.
La Ville a en effet souhaité développer sa propre lame d’eau spatialisée en travaillant d’une part à
l’échelle d’un pixel élémentaire de seulement 500m de côté (donnée brute issue du réseau ARAMIS)
afin de s’adapter à la taille des bassins versants supervisés et aux phénomènes orageux localisés
caractéristiques du climat méditerranéen, et en valorisant d’autre part la densité des mesures
pluviographiques dont elle dispose pour réajuster les estimations produites par l’outil à chacun des pas
de temps de 5 minutes (coût du développement de l’outil radar de l’ordre 300k€)
III UN EVENEMENT ORAGEUX NOCTURNE VIRULENT ET LOCALISE
Entre 1h et 2h, le front orageux se rapproche
rapidement du bassin nîmois. Les intensités
évaluées sont conséquentes (supérieure à 50mm/h
dans les teintes violettes sur les images de la figure
4), ce qui est confirmé par les mesures effectuées
par les postes pluviographiques collectés.
Atteignant Nîmes aux alentours de 2h, le front
mobile jusque là stoppe son déplacement et
demeure statique selon un axe SO-NE.
L’évènement ne touche alors que l’extrême Nord-
Ouest de la commune (bassins versants ces
cadereaux de la Pondre, Valdegour, et Alès) mais
ce de façon violente.
Au regard de la structure en approche et sur
proposition de la cellule de veille
hydrométéorologique, les autorités communales
décident d’activer le niveau 2 du dispositif
ESPADA en anticipation, afin d’anticiper le
phénomène et mobiliser les moyens ad hoc. Ce
niveau renvoie à des inondations localisées
associées à un ruissellement urbain important.
Figure 3 : Postes pluviographiques collectés
par la Ville toutes les 5 minutes sur son
propre réseau et auprès de ses partenaires
Services de Prévision des Crues du Grand
Delta et Méditerranée Ouest
Figure 4 : Lames d’eau radar observées par l’outil
de la Ville en amont de l’évènement
Figure 5 : Cumul radar 1h observé sur Nîmes
par l’outil de la Ville en début d’évènement
Cumul 1h > 100mm
NÎMES
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L’activation de ce niveau entraine de facto le déclenchement
des premières actions communales, référencées dans le Plan
Communal de Sauvegarde (PCS) de la collectivité qui est en
lien étroit avec le dispositif ESPADA concernant la
thématique inondation (niveau 2 également à ce stade). Le
maire, de par ses pouvoirs de police, est Directeur des
Opérations de Secours. Par déclenchement d’un automate
d’appels interne à la structure, les services concernés – y
compris police municipale - sont mobilisés pour les premières
interventions de terrain. Au regard des temps de concentration
très courts des bassins versants des cadereaux et plus
globalement de la rapidité des ruissellements, cette
mobilisation est effectuée avant constatation des désordres
afin de permettre aux équipes de se rendre sur site en toute
sécurité. A ce stade, il s’agit principalement de barriérage sur
quelques points bas ou secteurs fréquemment inondés
(d’ailleurs dotés de barrières à demeure) et de l’activation de
panneaux lumineux indiquant une voirie inondée, sur
indication du prévisionniste ESPADA. La supervision de ces actions de terrain est grandement facilitée par un
accès permanent aux quelques 300 caméras de vidéoprotection dont dispose la collectivité, dont certaines
spécifiquement implantées pour le suivi des secteurs inondables.
Suite à cette première heure de précipitations, le phénomène pluvieux intense se poursuit avec la même
structure orageuse stationnaire. Le ruissellement est considérable en particulier sur la zone urbaine dense qui
n’est toutefois pas la plus arrosée par l’épisode, de nombreux débordements du réseau pluvial sont signalés.
Le bassin versant nîmois le plus arrosé est celui du cadereau d’Alès, sur sa partie amont. Pourtant, malgré
les quantités de pluie précipitées et un ruissellement fort, les débits enregistrés sur le cadereau lui-même
demeurent à ce stade contenus. En effet, dans le cadre des différents programmes de prévention des inondations
menés sur le territoire, des actions lourdes
ont été mises en œuvre pour réaménager le
principal cadereau nîmois, constitués de
deux branches dites Alès et Camplanier.
Dans un premier temps, les efforts ont porté
sur la création de bassins de rétention sur
les tronçons amont (plus de 330 000 m3 de
capacité de rétention sur près d’un million
pour l’ensemble du territoire, 70 000 pour
le seul bassin de Roquemaillère sur ce
cadereau), en vue d’augmenter le temps de
réponse hydrologique à l’entrée de la zone
urbaine dense et de ménager un délai
supplémentaire d’action en cas de
phénomène. Ce sont ainsi 17 barrages de
catégorie C qui sont implantés sur la
commune (déversoir de sécurité pour 2 fois
la crue de 1988). D’autre part, des travaux
conséquents ont été menés en zone urbaine
dense afin d’augmenter significativement
la capacité des ouvrages : sur l’ensemble de
sa partie enterrée, la capacité du cadereau
d’Alès a été portée de 25 à 120m3/s
(investissement de l’ordre de 40M€).
L’ensemble des aménagements réalisés
dans le cadre du programme CADEREAU
sont amenés à préserver la Ville d’une
inondation d’un débit de l’ordre d’une
période de retour de 40 ans.
Figure 6 : Image illustrative d’un
barriérage de point bas nîmois (source
Midi Libre - 16 septembre 2016)
Figure 7 : Synoptique du cadereau d’Alès et
représentation des ouvrages hydrauliques
branche Alès
branche Camplanier
Entonnement du cadereau d’Alès
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Les ouvrages écrêteurs remplissent ainsi parfaitement leur rôle sur les premières heures de l’évènement. Les
pluies diluviennes se poursuivent, leur stockage effectif augmente significativement sur les secteurs les plus
arrosés, et ce tout particulièrement sur la branche Camplanier où le bassin du Pont de la République – situé
immédiatement en amont de la zone urbaine dense – est en limite de déversement. Celui-ci se produit
finalement aux environs de 4h et dure près de 2 heures, avec une pointe vers 5h où l’écoulement associé à ce
déversement entraine des désordres importants sur la voirie qui sert de cadereau à l’aval.
Conformément aux procédures, une équipe est mobilisée pour surveillance visuelle des barrages écrêteurs.
Les consignes associées à ces ouvrages ont depuis été mises en adéquation avec les évolutions successives de
la réglementation (articles R214 du Code de l’Environnement, le récent décret n° 2019-985, etc.) sur la
thématique avec notamment prise de la compétence associée par l’Etablissement Public de Coopération
Intercommunale dans le cadre de la GEMAPI, Nîmes Métropole.
IV UNE COURTE ACCALMIE ET UNE MONTEE EN PUISSANCE DANS LA GESTION DE CRISE
Le déversement du bassin du Pont de la République et les débordements associés sur plusieurs tronçons de
cadereaux justifient le déclenchement du niveau 3 du dispositif ESPADA (niveau 3 PCS), d’autant que la
structure ne se délite pas malgré la relative accalmie sur le territoire nîmois à partir de 5-6h selon les secteurs
et que de nouvelles précipitations sont attendues. La situation ne peut désormais plus être uniquement gérée
par le seul personnel d’astreinte ni qualifiée de courante. La Ville décide de mobiliser massivement ses
services, une nouvelle fois via automate d’appels qui cette fois-ci contacte davantage d’entités extérieures à la
collectivité : concessionnaires de réseaux, délégataires, Etablissements Recevant du Public (ERP) sensibles,
gestionnaires de parkings souterrains pour mise en place de batardeaux, écoles, etc. Le Poste de
Commandement Communal (PCC) est constitué, regroupant les différentes composantes de la collectivité et
en lien étroit avec les structures extérieures, notamment la Préfecture qui décide également d’ouvrir son Centre
Opérationnel Départemental (COD). Le maire conserve toutefois son rôle de DOS. L’information à la
population est faite via le site internet de la collectivité et via les antennes radio locales. Un centre de réception
des appels est également constitué au sein du PCC.
Cette accalmie relative va permettre à la collectivité
de s’organiser et d’utiliser cet apport substantiel de
compétences pour d’une part intervenir sur les
désordres liés au ruissellement conséquent de la nuit
et d’autre part prépositionner les moyens en vue de la
suite attendue de l’évènement. Il s’agit dès lors
d’enlever les embâcles qui se sont amassés du fait des
forts ruissellements et qui pourraient perturber les
futurs écoulements attendus, en particulier sur la
branche Camplanier où une grosse mobilisation
permettra de retirer les plus gros en 2 heures.
Figure 9 : déversement du bassin du Pont de la
République sur le cadereau de Camplanier
(5h24 – source réseau de vidéoprotection)
Figure 8 : Cumul radar 3h observés sur Nîmes
par l’outil de la Ville (2h-5h)
Les valeurs atteignent localement les 200mm
Figure 10 : Entonnement du cadereau d’Alès à 7h
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Si la première partie de l’évènement s’est déroulée en pleine nuit, l’accalmie enregistrée correspond à la
période où une grande partie de la population est en transit notamment pour se rendre au travail ou à l’école.
Les structures qui en possèdent ont été invitées dans le message reçu par automate d’appels à activer leur Plan
Particulier de Mise en Sûreté (PPMS), les écoles notamment accueillent les enfants et sont en mesure d’assurer
leur sécurité.
V UNE DEUXIEME VAGUE BIEN PLUS VIOLENTE
Les précipitations sur le territoire nîmois sont bien moins importantes depuis 5h, mais la structure orageuse
reste aux portes de la Ville et s’abat sur les communes voisines. Dès 8h, les précipitations intenses reprennent,
de nouveau sur l’extrême amont des bassins versants des cadereaux les plus à l’Ouest. Les barrages écrêteurs
avaient atteint un niveau de remplissage élevé, voire avaient déversé : cette accalmie a permis d’évacuer une
partie des eaux stockées (vidange par pertuis simple) mais leurs niveaux de remplissage demeurent élevés. Par
ailleurs, la première partie de l’évènement a complètement saturé les sols sur les secteurs les plus touchés, leur
production serait très importante en cas de nouvelles précipitations.
Si le dispositif ESPADA s’appuie sur les données d’entrée
évoquées précédemment (observations), sa vocation est avant
tout de prévoir les débits des cadereaux et d’évaluer in fine
un niveau d’impact à venir. Pour ce faire, il utilise un modèle
hydrologique semi-distribué s’appuyant sur le schéma
RERAM en zone urbaine, et surtout sur une structure type
GR4H en zone rurale où un réservoir supplémentaire a été
intégré pour représenter l’impact très spécifique et
hétérogène du karst (Doerfliger et al., 2006 – Fleury et al.,
2011). Ce dernier aspect a été défini au terme de sept années
d’études avec le BRGM et les Mines d’Alès. Près de 300
bassins versants élémentaires composent ce modèle, dont 178
pour la composante rurale. Une importante phase de
modernisation a été menée ces dernières années (budget de
l’ordre de 400k€) afin d’améliorer ce modèle : recalage au
regard des dernières données d’entrée et évènements vécus,
pas de temps de 15 à 5 minutes, fonction assimilation sur les
débits, intégration d’un modèle hydraulique pour la
propagation, développement d’une interface en ligne type
SIG, etc. (Pla et al., 2018)
A l’échelle du cadereau d’Alès, les prévisionnistes identifient des déversements conséquents à venir sur
l’ensemble des bassins écrêteurs, occasionnant des débordements significatifs et ce sur les deux branches du
cadereau, ce qui se produit dès 9h avec une réaction très violente (Fourchier et al., 2016). La collectivité
déclenche le niveau 4 du PCS et d’ESPADA, soit le niveau le plus haut.
Figure 11 : Représentation d’un
indicateur de saturation des réservoirs
sol/karst à 8h (source modèle ESPADA)
Figure 12 : Déversement du barrage
écrêteur de Roquemaillère (débit de pointe
de l’ordre de 70m3/s soit environ 7m3/s/km²)
Figure 13 : Photo post-crue d’une habitation
sinistrée au cours de l’évènement
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Sur les tronçons amont, les opérations de secours sont nombreuses : près de 200 habitations seront sinistrées.
Dans le cadre des mesures de réduction de la vulnérabilité et avec l’appui de l’Etat, la Ville avait pu réaliser
l’acquisition à l’amiable de plusieurs habitations implantés dans des secteurs qui ont effectivement été
fortement impactés au cours de cet évènement.
Les branches Camplanier et Alès voient donc des débordements sur leurs tracés, et se rejoignent près du
centre-ville au niveau de l’entonnement du cadereau d’Alès.
La réaction est violente et la capacité de l’ouvrage
hydraulique – inauguré un an plus tôt – est
mobilisée à pleins bords. Fort heureusement, les
pointes de crue des deux branches ne sont pas
concomitantes. La pointe de crue à l’entonnement
est atteinte à 10h, avec une valeur estimée à 110m3/s
pour un ouvrage dont la capacité est de 120m3/s.
Ainsi, le centre-ville a été complètement protégé
d’une quelconque inondation par débordement du
cadereau, et des problématiques de ruissellement
qui se sont produites plus en amont.
Après 10h, la prévision est clairement à la baisse, les précipitations sont désormais moins importantes. A
11h05, le Gard est placé en vigilance rouge hydro-orages : si la partie la plus impactante de l’évènement est
désormais achevée sur Nîmes, territoire réduit à l’échelle du département, ce n’est pas le cas pour certaines
communes plus au Nord, d’où le besoin souvent émis d’une vigilance infra-départementale (Belin et al., 2015).
Les précipitations s’estompent finalement aux alentours de
12h, la décrue est sérieusement amorcée sur l’ensemble des
cadereaux. Des échanges téléphoniques ont eu lieu avec le
SPC Grand Delta afin d’évaluer au mieux les apports des
cadereaux au Vistre, intégré à la vigilance Vigicrues.
L’analyse des cumuls permet de faire plusieurs constats :
- seule une fraction du territoire a été véritablement arrosée,
avec des caractéristiques semblables à celles de l’évènement
du 3 octobre 1988. Un recentrage de l’épicentre de l’épisode
pluvieux aurait eu un impact bien supérieur ;
- le gradient de pluie enregistré à l’échelle du territoire est
très conséquent et valide l’intérêt de disposer d’une lame
d’eau radar à résolution spatiale affinée.
Figure 14 : entonnement du cadereau d’Alès à 9h20 (à gauche, débit de l’ordre de 20m3/s) et à 9h40
(à droite, débit de l’ordre de 100m3/s)
Figure 15 : Hydrogramme à l’entonnement
Figure 16 : Cumul radar observé sur Nîmes par l’outil
de la Ville entre 2h et 12h
350-400mm
<20mm
5km
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Docs/RUISS :ns/9
VI VIGILANCE, INTERVENTIONS LOCALISEES ET SUITES A DONNER
Dans l’après-midi du 10 octobre, les actions de nettoyage et déblaiement reprennent sur le territoire
communal. Au-delà d’un pur objectif de remise en état, il s’agit de se préparer au nouvel épisode pluvieux
annoncé pour la soirée et la nuit à venir. Par ailleurs, une tournée d’inspection est menée sur l’ensemble des
barrages écrêteurs qui ont été sollicités au cours de l’évènement du matin : il en ressort que le déversoir de
sécurité d’un des ouvrages ayant déversé est endommagé. Dans le cadre du PCS, une procédure spécifique
d’alerte à la population est élaborée, dans le cas où ce barrage serait de nouveau sollicité. Le PCS reste activé
à son niveau maximal, le centre d’appels est énormément sollicité par la population.
Dans la nuit du 10 au 11 octobre, la collectivité assure la supervision de l’évènement annoncé qui s’avère
finalement moins impactant que craint. Malgré tout, la quasi-totalité du territoire communal sera balayée par
un passage orageux momentanément intense avec un cumul de l’ordre de 50mm en 1 heure. Sur des sols déjà
saturés, cet épisode engendra ainsi de nouvelles problématiques de points bas et même un débordement de
cadereau à l’Est de la Ville cette fois, nécessitant de nouvelles opérations de barriérage, avec quelques
incivilités dont des conducteurs contournant le barriérage (figure 17). Le Gard est replacé en vigilance orange
pour de fortes précipitations et des orages le 11 octobre à 6h. Le PCS et ESPADA sont repositionnés à un
niveau 2.
La vigilance attentive de la situation est maintenue jusqu’au lundi 13 octobre, où le département est replacé
en vigilance jaune et les prévisions météorologiques sont bien plus favorables. Les actions auprès de la
population se multiplient, notamment via le centre d’action sociale pour aider les sinistrés les plus impactés
dans l’attente de pouvoir se reloger ; le centre d’appels restera ouvert plusieurs jours. Une équipe est mobilisée
pour relever une opération de marquage de laisses de crue, qui pour certaines s’approchent de celles de 1988
sur la partie amont des bassins versants. Un bureau d’étude agréé est missionné pour expertiser les barrages
écrêteurs dont le déversoir de sécurité a été mis à contribution.
Les dégradations relevées sur les barrages écrêteurs sont corrigées dans le cadre de travaux réalisés dans un
délai de 6 mois à compter de la tenue l’évènement.
Dans une vision à plus long terme, cet évènement du 10 octobre 2014 a eu un apport significatif dans la
stratégie de prévention du risque inondation torrentiel sur le territoire, validant ses points forts et mettant en
exergue les axes de progrès à l’orée du PAPI II (période 2015-2021). On pourra notamment relever :
- Les outils de métrologie associés au dispositif ESPADA et modernisés juste avant l’événement
ont démontré leur efficacité et leur apport, avec d’une part un taux de collecte proche de 100%
Figure 17 : Quand un non-respect
manifeste du barriérage mène à noyer son
véhicule…
Figure 18 : … et devient une source d’inspiration pour
des films d’animation sur les bons comportements
Colloque SHF : «Ruissellement , Lyon 30 nov-2 déc 2020 » G. Pla, L. Marragou, J.-L. Nuel – La gestion intégrée du risque de ruissellement urbain torrentiel à Nîmes au travers du retex du 10 octobre 2014
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pour les différents capteurs hydrométéorologiques implantés sur le territoire et d’autre part une
lame d’eau radar à haute résolution spatiale justifiée par le caractère très localisé de l’épisode
pluvieux. La réflexion de modernisation du modèle de prévision était déjà amorcée et programmée,
et l’évènement n’a fait que confirmer les optimisations déjà envisagées : modélisation au pas de
temps 5 minutes plutôt que 15 minutes, mise en place d’une fonction assimilation pour réajuster
le modèle en temps réel sur la base des mesures limnigraphiques et notamment concernant le
déversement des bassins écrêteurs, etc. Cet épisode richement documenté (mesures capteurs,
lames d’eau radar, relevés de laisses de crue, observations, etc) sert de base de référence pour le
calage du modèle ESPADA modernisé.
- Plus globalement, cet épisode est intégré à la base d’évènements de calage des différents projets
hydrauliques de la collectivité, notamment dans le cadre du réaménagement de la branche amont
du cadereau d’Alès ou la création d’un nouveau barrage écrêteur de crue sur la branche
Camplanier. Vu les faibles dégradations des ouvrages de rétention fortement sollicités lors de
l’événement (cinq ouvrages avec déclenchement du déversoir de sécurité), le parti-pris de
conception est consolidé et peut donc servir de référence aux nouveaux projets de gestion du
ruissellement torrentiel.
- Par ailleurs, la non mise en charge du tronçon souterrain du cadereau d’Alès récemment réaménagé
(réception des travaux tout juste 1 an avant la crue !) pour un débit estimé proche de celui cible
valide les choix et hypothèses retenus dans le dimensionnement, avec des contraintes constructives
pourtant complexes (vitesses très importantes et emprise des ouvrages restreinte) au point d’avoir
nécessité le développement d’un modèle physique. Il confirme donc la nécessité de poursuivre la
restructuration des écoulements torrentiels pour les autres cadereaux.
- Un programme de mesures de réduction de la vulnérabilité, inscrit au PAPI, est lancé en 2015. Il
inclut des délocalisations à l’amiable de biens sinistrés au cours de cet évènement, notamment sur
la partie amont de la branche Alès où les laisses de crue sont proches de celles de la crue du 3
octobre 1988. Au-delà de cette procédure lourde, la collectivité s’est engagée dans une assistance
individuelle personnalisée à grande échelle pour aider chaque propriétaire volontaire à prendre
conscience du niveau d’inondable de son bien et à mettre en œuvre des mesures de mitigation
adaptées.
- Une modernisation du PCS est engagée dès début 2015, s’appuyant notamment sur le retour
d’expérience de cet évènement et l’identification des améliorations organisationnelles et
structurelles qui en découle. Elle inclut la création d’un Poste de Commandement Communal dédié
à la gestion de crise, mais également l’ajout d’une fonctionnalité d’alerte spatialisée à la population
au niveau de l’automate d’appels. L’utilisation des réseaux sociaux devient un vecteur important
d’information à la population.
- Les actions d’information préventive se poursuivent, notamment via la création et la diffusion de
petits films d’animation sur les bons comportements à adopter en cas de gestion de crise (figure
18) et la poursuite des interventions de sensibilisation en milieu scolaire (environ 70 classes de
primaires par an). Un livret pédagogique à l’attention des classes primaires est également créé,
s’appuyant notamment sur les nombreux supports visuels issus de cet évènement du 10 octobre
2014, qui correspondent à l’environnement nîmois actuel dans lequel vivent les enfants.
CONCLUSIONS
A travers le retour d’expérience de cet évènement, l’objectif était de présenter une approche locale de gestion
globale du risque inondation. L’impact de cet évènement a finalement été contenu au regard du phénomène
pluvieux (période de retour estimée à 25 ans pour le débit à l’entonnement du cadereau d’Alès), mais la
capitalisation associée à son retour d’expérience constitue une base d’éléments et de réflexions riche dans le
cadre des nouveaux projets menés sur le territoire. Ces derniers, intégrés dans un ensemble cohérent au sein
du programme CADEREAU, ne sont rendus possibles que par la conjonction d’un engagement politique fort
sur cette thématique depuis plus de 30 ans et le soutien technique et économique des acteurs publics dans le
cadre de la démarche PAPI.
Colloque SHF : «Ruissellement , Lyon 30 nov-2 déc 2020 » G. Pla, L. Marragou, J.-L. Nuel – La gestion intégrée du risque de ruissellement urbain torrentiel à Nîmes au travers du retex du 10 octobre 2014
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