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Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Histoire du Moyen-âge I Aspects politiques et institutionnels
Cours d’histoire de la civilisation du moyen-âge, dans une perspective globale, qui met en
rapport les différents aspects.
Plan du cours :
I. Le Moyen-âge en questions ;
II. La genèse politique du Moyen-âge ;
III. Le monde carolingien, ses marges et ses voisins ;
IV. L’essor des monarchies (10e-13e);
V. Le développement politique des villes, 11e-15e siècles ;
VI. Les monarchies de la fin du Moyen-âge ;
VII. Conclusions.
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Premier chapitre : Le Moyen-âge en questions
Délimiter, fixer le cadre interprétatif que l’on va aborder, déterminer un point de vue.
Dans quelle mesure est-il légitime de parler d’une civilisation médiévale ? Qu’entend-t-on,
que sous-entend-t-on par là ? Quelles connotations ? Quels malentendus éviter quand on
parle du moyen-âge ?
Fixer les intentions historiennes du cours
I. La période comme catégorie d’analyse
Toutes les périodes (nom, durée) sont choisies de façon arbitraire par les historiens. Ce
sont des catégories d’analyse, nécessaires pour mener à bien l’analyse.
Qu’est-ce qu’implique le choix d’une catégorie d’analyse plutôt que d’une autre ?
Question importante en ce qui concerne le moyen-âge, il n’existe pas en réalité.
À quelles conditions peut-on en parler ? Les gens d’époque ne se sont jamais
considérés comme médiévaux !
Quand on parle de moyen-âge, c’est bien un découpage arbitraire dans le temps et
dans l’espace ; ça constitue notre catégorie d’analyse, qui en exclut d’autre ! Ça porte
l’attention sur certaines évolutions, certains faits, au détriment d’autres faits ! C’est
l’interprétation qu’on va en faire qui dépend du choix de la catégorie d’analyse.
Certains historiens ont proposé d’autres catégories d’analyse en ce qui concerne les
périodes, allant même jusqu'à rejeter radicalement les catégories existantes (cfr citation de
1995). D’autres alternatives moins radicales pour intégrer l’idée traditionnelle du moyen-âge :
Notion proposée par Jacques Le Goff, le Long Moyen-âge. Ça va de la fin de
l’Antiquité jusqu’à la Révolution française et industrielle, beaucoup plus large ! Selon
lui, il ya pendant toute cette période il y a une continuité du mode de production et
aussi des structures sociopolitiques. La rupture ne se fait qu’avec la Révolution
industrielle et la Révolution française.
Certains historiens allemands vont utiliser une autre expression : Die vormoderne
(pré-moderne). Période qui englobe le moyen-âge et les 3 siècles avant le 19e siècle,
pour des raisons analogues à celles avancées par Le Goff.
Ces catégories alternatives tout à fait fondées ne s’imposeront jamais. Ne subsiste que la
division officielle, canonique, en 4 périodes. Elle continue de marquer l’enseignement de
l’histoire dans son organisation, et aussi l’organisation de la recherche en histoire, il y a une
sorte de pesanteur, peu satisfaisante mais toujours de mise, y compris pour les historiens dont
le métier est entre autre de revoir cette catégorie d’analyse (historiens). La périodisation
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classique est toujours présente, surtout pour des questions pratiques de transposabilité des
cours.
Pourquoi cette période porte le nom de moyen-âge ? L’appellation est donnée à posteriori,
par des gens qui n’y vivaient plus, et qui en ont fait (dans une perspective pas neutre) une
appellation assez dénigrante.
Désigner par cette appellation la période qui va de la fin de l’antiquité au 15e (un tout
spécifique, une période dans son ensemble) c’est le fait des Humanistes de la Renaissances,
savants et écrivains, dont le fondement de l’activité intellectuelle était de se reporter vers
l’Antiquité en négligeant tout ce qui s’était passé par après. Ils sont en rupture avec ce qui les
précède directement, selon eux cette période a salit les beaux modèles de l’antiquité. C’est
donc un âge moyen entre le monde idéal de l’antiquité, et le monde dans lequel ils vivent avec
l’espoir de faire renaitre cette belle utopie de l’antiquité.
- La première apparition de cette idée d’âge intermédiaire vient en Italie, en latin (//
Humanisme), vers 1469 : media tempestas.
- 1494 : media antiquitas
- 1518 : media aetas
- 1531 : medium tempus
- 1598 : saeculum medium
- 1604 : medium aevum
Depuis la seconde moitié du XVe, l’idée de cet âge entre 2 est présente. Au départ, cette
périodisation vaut surtout pour l’usage des lettres et de la langue latine. C’est de ça qu’ils
parlent quand ils utilisent cette expression.
Il faut attendre un peu plus longtemps pour que cette périodisation soit étendue et
généralisée à tous les aspects de l’histoire. On retrouve cette tripartition chez un humaniste et
historien allemand, Keller (Cellarius), auteur d’une suite de 3 ouvrages sur l’histoire du
monde :
1685, Historia antiqua.
1688, Historia medii aevi. Pour la première fois, l’histoire de toute cette période est
racontée.
1696 : Historia nova.
Aujourd’hui, nous sommes tributaires de la persistance de ces termes et aussi de
l’invention de nouvelles divisions au sein de la période, des sortes de sous-périodes. Nouvelle
subdivision en 3 : Haut Moyen-âge, Moyen-âge central et Bas Moyen-âge (les 2 derniers
siècles). Cette nouvelle division n’est pas tout à fait innocente non plus.
Équivalences et chevauchement chronologiques : Haut Moyen-âge, en anglais : Old
Midleages. Moyen-âge central = High Midleages. Bas Moyen-âge = Late Midleages => faux
amis !!!!!
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Vision implicite du sens de l’histoire du Moyen-âge : les caractéristiques d’une sous-
période vont être représentées en ce sens qu’elles rappellent ou préparent une autre période.
Le Moyen-âge central a le plus retenu l’attention des historiens au cours du XIXe
siècle : mise en place d’une civilisation perçue comme originale, différente de ce sui précède
et de ce qui suit. On peut l’admirer au souvenir des monuments et œuvres qui nous en restent,
qui constituaient un monde en soi aux yeux de ceux qui l’observaient, perçu comme une
source d’inspiration.
Perçu aussi comme un âge de foi intense, ou la foi régit tout la vie en société, et qu’on
va tenter d’imiter au XIXe siècle (néo-gothisme, renouveau du chant grégorien,
philosophes catholiques avec le néo-thomisme).
Côté libéral, ce moyen-âge central attire l’attention, mais pas pour les mêmes raisons :
âge de lutte pour les libertés (libertés urbaines, des villes, communes vues comme
entités démocratiques, annonce les avancées démocratiques de la bourgeoisie libérale
du XIXe).
Du point de vue nationaliste, on s’y intéresse aussi parce que c’est pendant ce moyen-
âge central que se mettent en place les grands espaces nationaux.
Pour la sensibilité romantique, il est vu comme une époque exotique, attirante et
différente, qui laisse de belles ruines, ça fait rêver en enflamme l’imagination
romantique.
Pour toutes ces raisons, ce moyen-âge central exerce rejet et fascination au XIXe.
Le Haut-Moyen-âge suscite moins d’intérêt car on a moins de sources pour celui-ci, sauf
des sources archéologiques, et qui sont encore peu nombreuses au XIXe. Les historiens ont
principalement une éducation classique au XIXe, et adoptent des préjugés à propos des
barbares qui ont mis à bout l’Empire romain. Âges sombres pour ce haut moyen-âge, qui est
donc soit vu comme une période de dépression, soit comme une période de préparation.
Dépression, régression, recul : de la culture écrite, de la notion d’&ta, du droit et de
l’administration, violence accrue des souverains germaniques… on va dès lors
interpréter comme signes des régressions tout des faits observés => cercle vicieux
Préparation, creuset au Moyen-âge central, on s’y intéresse, mais par rapport à ce
Moyen-âge central, qui a plus d’intérêt.
C’est cette 2e perspective qui a tendance à dominer. Elle est positive, mais seulement en
fonction d’une autre période. On veut montrer comment se rassemblent des matériaux divers
(latins, chrétiens, païens, germaniques…) pour former une civilisation, celle du Moyen-âge
central, ainsi que les étapes de la formation de cette civilisation. Le monde carolingien est
alors présenté comme le moment d’une première synthèse de ces éléments, une sorte d’essai,
mais pas une synthèse définitive (celle-ci se trouve au Moyen-âge central).
On resitue donc positivement le Haut Moyen-âge, mais il reste vu et perçu en fonction
du Moyen-âge central (perspective TELEOLOGIQUE). Le Moyen-âge central reste la
référence et tout est interprété en fonction de ce que l’on attend. Il faut se méfier de
cette perspective même si elle reste présente dans le cours.
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L’attention accordée au Bas moyen-âge l’a aussi été en fonction de ce que lui a apporté le
Moyen-âge central. On voit les caractères du Moyen-âge central se dégrader. Présence de
crises démographique, intellectuelle, économique, religieuse et spirituelle (fin des croisades
classiques, dégradation du sentiment religieux, schisme d’occident), crise artistique… les
jugements de ces crises donnent l’image d’un déclin de vivacité de la civilisation du moyen-
âge central, décrépitude.
Le référent est un Moyen-âge central idéalisé, stéréotypé, idéal que l’on ne retrouve
pas tout à la période suivante, d’où ce déclin.
Analyse (au XIXe) aussi du phénomène concurrent de la renaissance, qui est connotée
positivement car annonce la période moderne. Tri entre ce qui annonce la modernité et
ce qui sont les derniers signes d’une civilisation sur son lit de mort.
Cette période commence à être étudiée pour elle-même, ce n’est plus une simple période
de transition. Renaissance est un terme neutralisé, il n’y a plus de jugement de valeur au point
de vue historique. Dans la pratique de la recherche, on remarque depuis peu (25 ans) une
tendance des spécialistes du bas moyen-âge à annexer le 16e des colloques, projets de
recherches ou publications, surtout en ce qui concerne nos régions. On l’étudie de plus en plus
pour elle-même !
II. Le problème du moyen-âge dans son rapport au présent
En quoi ce que nous croyons savoir du moyen-âge peur avoir une influence sur la façon
dont on conçoit le monde actuel. Question de la formation, des cultures européennes, des
relations entre culture et état… question de la formation des cultures européennes et de la
construction européenne, sous l’angle du phénomène politique de la construction européenne,
phénomène récent (CECA, Traités de Rome…), que l’on tente de légitimer avec le passé, par
exemple avec la figure de charlemagne comme fondateur de l’Europe. Mais a-t-il vraiment
fondé quelque chose qui annonce l’union européenne d’ajd ? Dans l’hypothèse om ça serait le
cas, est-ce bien de tout l’union européenne dont il s’agit, ou de façon plus restreinte, d’un
espace plutôt correspondant à celui de l’Europe des 6 ? Est-ce que cette construction
médiévale a un sens pour l’espace actuel de l’union ou du continent européen ?
On distingue deux notions : l’histoire l’Europe comme continent, et comme civilisation.
Distinction importante pour clarifier le débat.
3 grandes traditions culturelles différentes qui ont marqué et marquent l’histoire du continent
européen.
Europe de tradition latine, marquée par l’église catholique romaine et les églises
marquées par la réforme, nées de la chrétienté latine du moyen-âge, zone politique et
géographique.
Zone de tradition grecque et orthodoxe, influence de l’empire byzantin et des
influences orthodoxe, russe, Ukraine…
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Zone de tradition musulmane (pas récente), tradition lointaine, présence en Espagne, à
Malte, en Italie du Sud, Sicile, Sardaigne, Balkans (toujours marquées par ces
traditions).
Quand on parle de civilisation européenne, o ne vise pas les 3, mais une seule, parfois de
manière inconsciente : clichés, Europe des cathédrales, des universités médiévales, des
humanistes et des artistes de la renaissance, de la république des lettres, des lumières…
héritage dont on peut se revendiquer, mis dans un contexte déterminé, tradition issue de la
chrétienté latine médiévale. Mais ça en veut pas dire que ce n’est pas partagé par les autres
civilisations, pas de fatalisme ou de déterminisme historique ! Par contre, sur le plan des
enjeux entre histoire et mémoire (représentation spontanée, voir instrumentalisée du passé, en
tout cas pas critique), question très importante : ça crée une sorte de mise à l’écart d’une
partie des traditions européennes ! Surgissement de nationalismes, des rancœurs…
III. Optique du cours et thématiques transversales
Plan du cours : critiquable !
Cours d’histoire politique, d’histoire des rapports de force entre différents groupes et
au sein de ceux-ci, groupes humains, tribus, royaumes, différence de régimes…
Histoire évènementielle aussi.
Étude du positionnement géographique des différents groupements humains, les
uns par rapport aux autres, aux frontières actuelles, aux éléments naturels, …
C’est aussi une histoire de la culture politique, des conceptions du pouvoir, de la
façon dont on se présente l’origine et la source de légitimité du pouvoir, les
comportements et habitudes, les façons de le contrôler, de l’acquérir, de l’exercer…
détection des influences, continuités et ruptures dans ce pouvoir.
C’est aussi une histoire des institutions et du droit, par pour elle-même mais pour
comprendre des configurations politiques successives et des mécanismes de
construction de ces politiques, souvent dans le long terme, de manière séculaire.
Montrer leurs origines, leur développement, les changements de sens avec le maintient
apparent d’une institution (nom qui reste mais fonction qui change), à son personnel et
le statut social de celui-ci, les réseaux…
Le droit en vigueur, au travers des sources formelles du droit : législation, coutume
(normes issus d’une formation spontanées au sein d’une population, souvent par
l’oralité), jurisprudence (droit issu d’un jugement), doctrine.
Le droit vu au travers du système judiciaire, compétences et personnel de ces
juridictions.
L’ambition du cours est de mettre en évidence un certain nombre de phénomènes qui ont
façonné ce qu’est devenu l’occident et l’Europe. Économie, culture, histoire religieuse…
partie II du cours.
Éléments récurrents : 8 thématiques
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Contacts, frictions, syncrétisme entre systèmes politiques différentes ;
Situations de droit et situations de fait, divergences, voir ce qui a primé, pragmatisme ;
Tension entre autocratisme et principe représentatif ;
Conception descendante ou ascendante du pouvoir (octroyé ou non par une base, qui
confie le pouvoir à quelqu’un) ;
Tension entre deux principes : hérédité ou principe électif ;
Tension entre sédentarité ou itinérance des institutions et du centre de gravité de la vie
politique ;
Tension entre tolérance religieuse ou imposition d’une religion officielle (peut aller de
paire avec des persécutions pour ceux qui refusent de s’y soumettre) ;
Séparation de l’Eglise et de l’Etat, configurations possibles (théocratie,
césaropapisme) ;
Lignes de force du cours, fils rouges de la matière, savoir recontextualiser.
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Second chapitre : La genèse politique du Moyen-âge
I. Le monde romain en mutation et les Barbares
Rencontre entre les 2, rencontre violente mais qui mène à une fusion, une acculturation
par la rencontre de différentes populations, amène aussi une dislocation de l’empire. Citation
de Sidoine Apollinaire, aristo gallo-romain, genre d’une empereur romain. Préfet des Gaules
et par la suite, il est devenu évêque de Clermont. Témoin de la rencontre entre le monde
romain finissante et le monde barbare, écrit des lettres et des poèmes. Il écrit à un de ses
correspondants la rencontre avec les Burgondes. Il se plaint de ces hommes, chevelus,
puants… moine Salvien, se plaint de leur odeur.
A. Le monde romain et les barbares (monde romain de la fin du bas empire,
en mutation, il a déjà évolué par rapport au monde classique)
Les Romains et Germains sont des voisins de longue date. Il ne faut pas croire que Rome
est d’un coup assiégée par des inconnus venus de nulle part. Leur voisinage alterne des phases
de conflits et de coexistence, d’échange, ce compris des relations commerciales. Après la
conquête de la Gaule, les romains mènent des incursions parfois très loin en Germanie,
conquêtes très temporaires, ils se retranchent derrière une frontière naturelle, le Rhin. Ils vont
constituer une ligne défensive, changement de stratégie de la part des romains (plus de
conquête) : le Limes. Très vaste, elle part du Rhin et suit le Danube. Entre les 2 fleuves, au
nord de la suisse actuelle, il y a un espace vide, une zone que les romains vont combler en
établissant une ligne de fortification pour réunir ces deux fleuves : les Champs décumates.
On en trouve l’équivalent en Bretagne pour protéger l’empire contre les pictes de l’écosse
actuelle, et les Scotts (Irlandais).
Que peut-on dire de la géopolitique des barbares au-delà du limes ? Ils sont connus des
romains, Tacite en parle. Ils ne s’appellent pas entre eux germains, c’est une exo-désignation
qui vient des gaulois, qui l’ont transmise aux romains.
Leur système sociopolitique est basé sur une assemblée des guerriers libres, d’où
émergent des figures : chefs de clans et rois. Le roi, dans ces peuples, est une figure qui a
deux aspects : politique et militaire, ou religieuse. Ce qui caractérise ces germains, c’est un
très fort particularisme ethnique, chaque groupe a ses chefs et ses coutumes et se distingue
donc des autres peuples. Il y a une très forte solidarité familiale dans ces groupes,
conséquences au point de vue militaire ou juridique.
Politiquement, ils ne sont pas unis, beaucoup d’ethnies, mais on a aussi des
regroupements, des confédérations et ligues de peuplades. Certains peuples que l’on connait
sont parfois des ligues de peuples, comme les francs.
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Sur le plan religieux, c’est aussi très diversifié. D’un côté, certains de ces peuples
germains sont marqués par le polythéisme (saxons, francs…) certains autres vont être
convertis au christianisme (Burgondes, Goths, Vandales…) mais ce n’est pas n’importe quelle
forme de christianisme : christianisme arien (nie la divinité du christ), doctrine condamnée
au IVe par le christianisme romain. C’est un christianisme hérétique. Cette conversion avant
l’entrée dans l’empire montre aussi qu’il n’y a pas de frontière étanche entre le monde romain
et le monde au-delà du limes.
L’historiographie a traité de manière différente le mouvement de ces peuples vers
l’empire : invasions, migrations, et (en langue allemande) völker wanderungen (randonnée
des peuples dans l’empire).
a) Nature de ces migrations :
- Mouvement lent, pluriséculaire
- Mouvements de peuples entiers, pas une armée seulement ! il y a aussi des familles
- Mouvement pas toujours spontané, parfois c’est parce qu’ils sont poussés par d’autres
peuples
b) Importance de ces migrations :
- Sur le long terme, elles déterminent une nouvelle carte géopolitique de ce qu’était
l’empire romain
- Entraine une redistribution sur le plan institutionnel et culturel ; nouvelles aires
culturelles, mouvements d’acculturation, moments de rencontre et d’adaptation
c) Causes de ces migrations
- Changements climatiques qui entrainent un lent déplacement depuis la Scandinavie,
déplacement vers le sud, mouvement de chassement. Vers la fin du II, le monde au-
delà du limes est bien agité de confusions ethno-politiques
- Séduction du monde romain, riche, opulent, tranquille, culture matérielle… les
germains connaissent ce monde parce que certains y ont été travaillés, par des produits
importés (courants commerciaux nombreux au-delà du limes)
d) Conséquences sur les frontières de l’empire (deux phénomènes)
- Des Germains mènent des raids à l’intérieur de l’empire, ce ne sont pas des invasions
militaires, on cherche à prélever des richesses puis revenir. Il y en a dès le III. Des
francs vont aller jusqu’en Espagne et en Afrique. Ça se pratiquait déjà entre peuples
germaniques. Incursions relativement temporaires.
- Apparition d’une motivation plus profonde : souhait des germains de s’installer dans
les structures du monde romain. On va aussi essayer de trouver des moyens pour
s’installer durablement dans le confort de l’empire, de se faire entretenir par les
romains. Le but n’est pas de détruire ou de conquérir, mais de s’installer dans ce qui
existe. Ce n’est pas un phénomène d’annexion. But = sorte de déménagement. Ça
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s’exprime parfois de manière violente mais permet aussi l’établissement de tout un
nombre de compromis entre les romains et les chefs de ces tribus germaniques.
B. Destinées du monde romain à la fin de l’antiquité
C’est un monde menacé, dualisé, autocratique et christianisé.
Il y a une dualité de plus en plus grande entre les deux parties de l’empire (est et ouest).
Cette dualité se marque à plusieurs niveaux :
- culturel, le grec domine de plus en plus à l’est, à l’ouest c’est le latin.
- économique, l’est est plus prospère que l’ouest. Le centre de gravité politique se
déplace donc vers les régions les plus prospères.
Rome se voit délaissée au profit d’autres centres politiques et de décision.
Autre évolution : changement de régime graduel qui évolue vers un régime
autocratique, d’abord sur un mode païen puis chrétien. Ça se traduit aussi dans l’économie ;
dans le bas empire, c’est un dirigisme très fort. Figure de l’empereur, c’est un maitre-dieu
(Dominus et Deus). Deux figures d’empereurs marquantes :
Dioclétien (284-305) : empereur-dieu, païen qui se présente comme empereur et comme
dieu, pouvoir autocratique, grand apparat de la cours autour de lui. C’est la fin des institutions
du haut empire, le pouvoir se fait au sein d’un conseil impérial (consistoire sacré), les
conseillers sont appelés Comes. Jusque là, l’empire avait maintenu une sorte de fiction
républicaine, régime du principat, l’empereur tenant théoriquement sa légitimité du sénat.
Ça prend fin avec Dioclétien, on impose la figure de l’empereur autocrate qui
gouverne à l’aide de son conseil impérial. Affirmation d’une forme plus autoritaire et
démocratique de domination.
Mais il est aussi un des premiers à beaucoup réformer l’organisation territoriale de
l’empire.
Il pratique une sorte de décentralisation. Il ne supprime pas les provinces mais les
regroupes en diocèses, groupements plus importants.
Il va aussi s’adjoindre un second empereur, chacun d’un sera épaulé par une sorte de
successeur désigné (le césar, l’empereur c’est l’auguste) : tétrarchie, pour pouvoir
mieux assurer la défense et la direction de l’empire.
Les pouvoirs vont être répartis sur une base territoriale. Dioclétien et son césar s’occupent
de la partie orientale de l’empire. De l’autre côté, on a le co-empereur de Dioclétien.
Capitales : Milan en Trèves, Rome perd sa fonction. Pourquoi ? Parce qu’on éprouve le
besoin de se rapprocher des frontières, s’il y a une incursion, pour mieux les contrôler.
Ce système, en réalité, ne va pas bien fonctionner. Quand Dioclétien et l’autre co-
empereur meurent, les césars sont empereurs et choisissent de nouveaux césars. Ce n’est plus
autoritaire, les fils ne sont pas contents ! La tétrarchie finit de fonctionner parce qu’il n’y a
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pas de consensus au sujet de l’élection. Guerre civile, Constantin le Grand en ressort, mate
une révolte à l’ouest vainc ses rivaux et se retrouve seul empereur.
Il maintient l’absolutisme de l’empire, l’aura divine de l’empereur, le cérémonial
autour de la personne.
Il garde aussi les institutions (conseil impérial).
Il réforme à nouveau les circonscriptions territoriales, divise l’empire en 4 préfectures,
chacune confiée à un préfet. Elles rappellent les 4 zones de la tétrarchie, les 4 quarts
de l’empire. Chacune de ces préfectures et divisée en diocèses, eux-mêmes divisés en
provinces. Le centre de gravité est à l’est. Les 2 préfectures occidentales sont Milan et
Trèves, à l’ouest on a Constantinople et Sirnium (Serbie).
Constantin induit aussi une rupture, premier empereur romain à être baptisé : empereur
chrétien. L’empire alors se transforme, devient romano-chrétien. On vient d’une situation ou
le christianisme n’était pas très bien vu mais aussi persécuté, y compris sous le règne de
Dioclétien. Le passage à un empire romano-chrétien est graduel, plusieurs étapes
Liberté religieuse, édit de Milan (313) => tolérance du christianisme
Apparition d’empereurs chrétiens, à partir de Constantin (sauf pour Julien), mais ce
n’est pas pour ça qu’ils vivent une vie de pauvreté et tout, leur conception politique est
toujours autocratique ! ils ne sont juste plus considérés comme des dieux mais
gouvernent au nom de celui-ci
Proclamation du catholicisme comme religion d’état (Théodose Ie le grand, règne
jusqu’en 395). Théodose s’immisce de plus en plus dans les affaires doctrinales de
l’église, il prend part aux discutions, impose ses vues et ses solutions. En 380, il
interdit l’arianisme dans la partie orientale de l’empire => religion interdite ! En 391 :
instaure le christianisme comme religion d’état, implique l’interdiction de tous les
cultes païens.
On a donc un passage progressif à un état romano-chrétien. Au terme de ce processus
plus politique que religieux, le caractère absolu de l’empereur a été maintenu et même
renforcé. C’est le chef politique qui domine le clergé, convoque les réunions d’évêque
(conciles).
Régime ou l’état a une religion officielle mais c’est le chef politique qui dicte sa loi au
chef religieux : césaropapisme.
À la mort de Théodose, l’empire est à nouveau partagé en deux parties : orient et occident.
Ce n’est pas si brutal, c’est déjà annoncé depuis Dioclétien ! Ce qui est nouveau, c’est que le
partage se fait entre les deux fils de Théodose et non entre deux empereurs « adoptés ». Il y a
bien hérédité. Honorius (cadet) reçoit l’occident, Arcadius reçoit l’orient. On évoque parfois
une coupure entre les deux parties de l’empire, nette et irrémédiable, mais c’est une vision
erronée ! La conscience d’une unité va demeurer et l’interaction entre les deux parties
subsiste, tout le monde reste romain ! Il faut plus parler la partie orientale de l’empire et de la
partie occidentale de l’empire. Il n’y a pas deux empires distincts ! Trèves et Milan à l’ouest,
Sirnium et Constantinople à l’est.
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Depuis le IIIe, l’empire de l’est est confronté à une triple pression extérieure. Au nord,
incursions des Goths, dans le Caucase, les Alains, à l’est, les Perses. En 332, des Goths vont
s’installer au sud du Danube, sont acceptés par l’empire pour garder les frontières. Côté
occidental, dès le IIIe, combats le long du limes.
L’armée romaine à l’époque a connu une évolution sur les plans tactiques et stratégique.
Sur le plan tactique :
- Au bas empire, c’est la cavalerie qui prédomine, armée d’arcs et de lances.
- L’infanterie n’est plus équipée du bouclier mais d’un bouclier rond, on abandonne
aussi le pilum classique, pour se mettre à la hauteur des nouveaux adversaires, les
germains, qui ont une cavalerie très développée.
- Souligner aussi l’importance des auxiliaires (barbares recrutés).
- Les généraux portent des titres nouveaux : Maitres (magister militum, équitum,
peditum).
Sur le plan stratégique : conséquence des incursions du IIIe.
- Les forces principales sont reculées à l’intérieur, pour pouvoir réagir et être déplacées
en fonctions de la menace. Elles sont commandées par un Dux ou un Comes.
- Aux frontières, on a des troupes de fortins, soldats de seconde catégorie.
- On a aussi des paysans soldats, germains installés à l’intérieur des frontières, qui
cultivent une zone de campagne et doivent prendre les armes pour défendre les
incursions.
- Enfin, les villes se dotent de remparts (Mayence, le duc a 11 préfets militaires sous ses
ordres, et en arrière, à Trèves, se trouve basée les troupes du magiter militum pour la
gaule).
C. Les germains de Rome
Avant de parler de la grande vague d’installation, on a une politique romaine d’installation
des germains :
- Incorporation de germains dans les armées, comme auxiliaires
- Installation d’une population ne groupe restreint dans les frontières, progressivement
ils sont romanisés. Ce sont des fédérés, ils sont alliés aux romains par un Foedus
(traité) mais peuvent conserver leur organisation interne, ils servent en bloc avec leur
chef. On a donc dans l’empire romain des armées de germains romanisés. Ils sont de
plus en plus nombreux et proviennent de différents peuples germains.
Silvanus, franc qui porte le titre de magister peditum ! Un des généraux au sommet de la
hiérarchie, défendra la gaule romaine contre les germains. Au milieu du IVe, il va mal tourner
et se proclamer empereur, mais sera assassiné quelques jours plus tard.
Bauton : franc, païen, porte le titre de magister militum, au somment de l’armée ! Lutte
contre les barbares dans la partie ouest de l’empire, en 395 il marie sa fille au nouvel
empereur d’orient Arcadius.
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Stilichon : vandale romanisé, général de Théodose, épouse une des nièces de Théodose. Il
va aussi accompagner le 2e fils de Théodose en occident quand il succède à son père. Il sera,
dans les faits, le véritable maitre de l’occident.
C’est toujours un régime monarchique de caractère divin et absolu qui se maintient
avec la conversion au christianisme.
Les comes, au bas empire, ce sont des dignitaires civils mais aussi militaires. Comes
domesticorum : chef de la garde impériale. Dux : chef militaire souvent à qui est confiée la
défense d’une province frontalière. Importance de la classe sénatoriale (nobilitas), elle existe
toujours même si le rôle du sénat s’est amoindri. Les membres de cette classe prêtent le
serment de servir l’état.
Sur le plan socio-économique : grand dirigisme. Renforcement des liens de clientélisme.
Phénomène aussi de cloisonnement social. Tout ça est mis en place par voie législative. Dès
dioclétien, les gens sont attachés à leur condition. C’est ce monde romain qui entre dans le
Moyen-âge avec les barbares.
Sur le plan culturel, ce n’est pas la décadence, on parle d’une renaissance constantino-
théodosienne ! Époque intéressante sur le plan culturel. Point de vue littéraire, auteurs latins
mais aussi païens (Macrobe, Ammien Marcelin), chrétien aussi (Saint-Augustin).
On a affaire à un état monarchique, romano-chrétien, régime césaropapiste, nobilitas
au service de l’état, paysannerie fixée au sol et clientélisme important, état en partie
germanisé, grande hétérogénéité est-ouest.
D. Les randonnées des germains
1e séquence : arrivée des Goths dans l’empire d’orient. Il y a un groupe de Goths
(originaires de la Scandinavie). En 332, ils mènent un raid vers la Danube mais sont défaits et
une partie d’entre eux passent au service de l’empire. Ce sont les Wisigoths (« Goths
sages »), qui se sont soumis à l’empire. Ces Goths, durant le moment où ils sont là, sont
évangélisés vers 340. Mais ça va se faire par un arien, ils vont donc être convertis à l’hérésie
arienne, ça va marquer leur destin et conditionner leurs relations avec les romains.
Une autre branche des goths va rester au nord de la mer noir, les Ostrogoths (« Goths
brillants). Ils ont une sorte de territoire d’empire assez vaste, qui correspond plus ou moins à
l’Ukraine actuelle. Comme voisins, ils ont les Alains. Cet empire va s’écrouler en 375, à
cause de l’arrivée d’Asie centrale, les Huns (font partie de la grande famille des peuples
turcs). Ils s’écroulent d’un coup car ces empires sont des structures assez solides, des
guerriers qui dirigent des populations indigènes, un peu indifférentes à ceux qui les dominent.
Qu’advient-il de ses ostrogoths ?
- Certains vont se soumettre aux Huns et vont les suivre dans la suite de leur histoire.
- Une autre partie va prendre la suite et tenter de se réfugier auprès de l’autre branche
des Goths, les Wisigoths. Ceux-ci avaient été chassés en dehors de l’empire (367),
dans l’ouest de la Roumanie actuelle.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Quand les Huns arrivent, les Wisigoths se déplacent vers le sud et demandent à se
réfugier à l’intérieur des frontières romaines. Ils obtiennent donc un statut de fédérés. Ils sont
suivis par les Ostrogoths, là les Romains leur refusent le passage mais ils vont quand même
franchir le Danube. Ça pose problème car ils sont très nombreux, surtout au niveau
approvisionnement. Ça cause une révolte de ces Wisigoths et ces Ostrogoths. Ils vont aller de
plus en plus loin et franchir les Balkans, se retrouvent en Thrace, en Grèce. Ils battent là les
Romains. L’empereur (en train de combattre les Perses) revient dare-dare, le co-empereur le
rejoint en descendant la frontière le long du Danube. Malgré les conseils qu’on lui donne,
l’empereur ne veut rien entendre ni attendre les renforts, il ouvre la bataille contre les
Wisigoths, perd cette bataille et la vie aussi (Andrinople, 378). Ça va faire un tournant.
Le co-empereur survivant d’occident va se choisir un autre co-empereur, Théodose
(l’autre est mort à la bataille d’Andrinople). Les Wisigoths restants s’installent comme
fédérés avec des négociations. À terme, il y a un problème, car ils sont entrés en masse, ils
forment un corps derrière leur chef, ils gardent leurs coutumes et le souvenir d’une victoire
éclatante contre les romains ! Ici, ils sont difficilement assimilables, ils restent néanmoins
dociles sous Théodose mais le problème revient à la fin de son règne.
En occident, le rôle prépondérant est tenu par un général en chef, qui est un Franc
romanisé : Arbogast. Il défend les frontières contre les raids, y compris contre les Francs. Il a
même mené une incursion à l’extérieur. Le pouvoir génère envie et rumeurs, et quand le co-
empereur d’occident meurt (390), Arbogast est soupçonné d’avoir entrainé la fin subite de cet
empereur ! Il va lui-même, sans attendre l’avis de Théodose, proclamer un nouvel empereur,
un fantoche, parce que c’est Arbogast qui tire les ficelles.
Problème de matière religieuse : ce sont des païens. De l’autre côté on a Théodose,
instaurateur du christianisme comme religion d’état. Il attend un peu avant d’attaquer
ses deux ennemis. L’empereur est exécuté et Arbogast se suicide.
On est en 394. Ce qui est remarquable, c’est que l’armée romaine d’Arbogast est
composée de Francs et d’Alamans, et de l’autre côté l’armée de Théodose, on a des Alains,
des Goths… le général est Stilichon. Il a aussi deux autres généraux, Gainas et Alaric.
En 395, Théodose meurt, l’empire est partagé entre ses deux fils, Honorius et Arcadius
(rupture pas nette), encore jeunes, donc le pouvoir de fait appartient à d’autres :
- À l’est c’est Stilichon qui gère,
- À l’ouest c’est un des préfets du prétoire, Ruffin.
Alaric est désappointé car des promesses lui avaient été faites par Théodose. Il prend donc
la tête des Wisigoths et prend le titre de Rex (titre à connotation ethnique, pas territoriale,
porté par les chefs des peuplades fédérées) et ravage la Macédoine et la thrace, menace même
Constantinople mais se retire contre payement. Il va se retrouver face à Stilichon (qui accoure
de l’Occident avec l’armée entière de Théodose et les soldats des troupes d’Arbogast, ça
montre bien que la rupture n’est pas totale). Gainas reçoit alors l’ordre de Ruffin de revenir en
orient avec les troupes de Théodose, Gainas préfèrera ménager Alaric et les Goths afin que
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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celui-ci affaiblisse l’armée de Stilichon, qui retourne alors en occident. Gainas pourra donc
assassiner Ruffin, pour ensuite prendre sa place.
Alaric va prendre un titre important dans la hiérarchie militaire, il est nommé Magister
militum par la partie orientale (autorité sur l’ensemble de l’armée). Il est toujours en
même temps chef des Wisigoths et s’installer en Grèce.
Gainas, autre général Goth, est aussi Magister militum et on lui confie la mission de
mater la révolte des Ostrogoths qui ne reconnaissent plus l’autorité romaine. Plutôt
que ça, il va s’allier aux révoltés, se retourner sur le pouvoir de Constantinople où on
avait alors un autre préfet du prétoire.
Il entre dans Constantinople avec ses troupes en 399. Il quitte la ville en 400, certains
Goths restés en ville se font massacrer par la population et Gainas et déclaré ennemi public,
puis vaincu par un chef Goth resté loyal à l’empire. Il n’est pas capturé et se réfugie chez les
Huns. Ceux-ci entretiennent de bons rapport avec la partie orientale de l’empire, donc le chef
des Huns renvoie la tête de Gainas à Constantinople.
Ce sont bien des épisodes de guerres civiles, avec des héros qui se révoltent avec des
troupes germaniques, opposés à des troupes qui sont aussi composées d’éléments
germaniques. Contexte plus de guerre civile dans l’empire et de germanisation
progressive de cet empire, que dans un contexte d’invasion au sens classique du terme.
2e séquence : passage des Goths à l’Ouest : dans la partie occidentale, les Wisigoths vont
aller s’installer en Italie. Alaric passe à l’ouest avec les Wisigoths, commencent 10 ans de
péripéties.
En 401, il prend la ville d’Aquilée (pointe de l’Adriatique). La partie occidentale est
alors toujours dirigée par Stilichon mais il n’est pas disponible au moment où Alaric
arrive. Il est au nord des Alpes, en train de se battre pour contenir deux peuples
barbares : Alains et Vandales.
Il repasse alors les Alpes en ayant appelé des renforts de Gaule et de Bretagne en
Italie. Il est donc en train de dégarnir la gaule et la Bretagne. Grâce à ces troupes, il
peut vaincre Alaric en 402. Au terme de négociation, Alaric quitte l’Italie.
Il revient en 403, défaite à nouveau et négociation avec Stilichon qui ne souhaite pas
l’écraser mais le maintenir à distance respectable. Il doit à nouveau quitter l’Italie et
s’installe entre la Dalmatie et la Pannonie (Hongrie) => reste dans la partie occidentale
mais se retire par rapport au centre vital. Ça permet aussi au pouvoir occidental de
garder un pied dans la zone d’influence, partie intermédiaire de l’empire. Comme on a
des traités avec ces Wisigoths, on a un, peu la main sur cette région, enjeux politiques
très présents en termes de tentatives d’hégémonie.
Le siège du pouvoir, à cette époque, est déplacé à Ravenne, devient le siège des
institutions impériales, parce que c’est une ville plus protégée que Rome, par des marais et
des lagunes, et elle donne sur la mer donc on peut facilement atteindre la partie occidentale.
C’est toujours Stilichon qui a le pouvoir de fait même s’il y a un empereur.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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À ce moment se déroule un raid d’Ostrogoths, dirigés par un païen, qui ravagent l’Italie
du nord. Dans l’armée de Stilichon, on a des Alains, des Huns donnés par le Kahn des Huns.
Il y a un chef, c’est Sarus (Goth rival d’Alaric). Avec cette armée très cosmopolite, Stilichon
remporte la victoire et on va lui élever un arc de triomphe à Rome, pour célébrer la victoire au
nom des deux empereurs (Honorius et Arcadius, fils de Théodose, on a bien un seul empire
avec des co-empereurs).
En 406, le Rhin était gelé, ça permet à trois peuples barbares de franchir le Rhin :
Vandales, Suèves et Alains. Stilichon ne bouge pas, il reste dans la zone méditerranéenne
parce qu’il cherche toujours à s’étendre vers l’est dans la partie intermédiaire de l’empire
(entre ouest et est).
En 408, Alaric se rapproche à nouveau de l’Italie mais s’installe au nord des alpes
(Bavière actuelle). Il ne reste pas inactif et demande un tribut à l’empire pour services
rendus, et Stilichon accepte cette transaction, il persuade le sénat romain d’accepter de
verser ce tribut.
Malheureusement pour Stilichon, il se produit à ce moment une révolte des troupes
romaines. Durant cette révolte, plusieurs hauts dignitaires sont massacrés par les troupes,
l’empereur s’en sort mais doit permettre aux insurgés de leur remettre Stilichon. Il n’est pas
là, il se réfugie à Ravenne dans une église mais il se laisse duper et sort sur de fausses
promesses, arrêté et décapité. L’homme fort de l’ouest vient de perdre la vie. Dans cette
révolte, un certain nombre d’auxiliaires germaniques et de leurs familles ont été massacrés,
certains se sont enfuis et ont rejoint Alaric qui est toujours chef des Wisigoths.
Celui-ci va tirer parti de la situation, il va franchir les alpes en entrer en Italie pour la
3e fois, assiège Rome en 440 !
Il obtient des promesses de payement pour qu’il se retire, et on lui promet d’arranger les
choses avec l’empereur de Ravenne (Honorius). En effet, il souhaite pouvoir s’établir comme
fédéré sur un territoire, dans des conditions que lui juge satisfaisante. Honorius va faire trainer
les négociations, Alaric s’énerve, fait pression par une marche sur Rome et impose au Sénat
de nommer un nouvel empereur. Ça doit se faire avec une apparence de légalité d’où le fait
qu’il s’adresse au sénat. On choisit un préfet païen qui est nommé empereur, il se fait baptiser
parce que ça fait mieux (religion officielle = christianisme) et pour asseoir la légitimité, son
autorité. Mais il choisit mal, il n’a pas pris un catholique mais un arien pour se faire baptiser,
ça pose problème face aux catholiques et aux orthodoxes.
Alaric est nommé général en chef des deux milices (Magister Utriusque Militiae,
fonctions des Magister militum et peditum)
Son beau-frère Athaulf est nommé Comes domesticorum, commandant de la garde
impériale.
Le rêve d’Alaric est-il accompli ? Sont-ils vraiment bien installés dans l’empire avec des
titres ? Non ! Les choses auraient pu s’apaiser mais quelqu’un va jouer un autre jeu politique
en restant fidèle à l’empereur de Ravenne :
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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le gouverneur de l’Afrique, va couper les approvisionnements qui proviennent de sa
province (primordial parce que l’Italie et Rome sont très dépendants de ça) : blocs
économique sur l’Italie pour contrecarrer l’entreprise d’Alaric. Il va alors déposer son
empereur et repartir dans des négociations avec l’empereur de Ravenne.
Mais pendant ce temps, le camp d’Alaric va être attaqué par le chef Goth Sarus, rival
d’Alaric. On peut penser qu’il a été envoyé par Honorius, mais ce n’est pas sur, ça
peut être aussi une action personnelle de Sarus, chef indiscipliné qui aurait agi pour
son propre compte pour assouvir sa rancœur contre Alaric.
Cette action contre le camp d’Alaric va faire stopper les négociations, il va marcher sur
Rome, ne veut plus négocier et va prendre la ville, la piller, sac de Rome en 410.
Il ne s’agit donc pas d’un choc de civilisation entre barbarie et romains, c’est
beaucoup plus complexe que ça. Les « barbares » qui s’opposent aux romains sont
issus de leurs rangs, ils ont servi pour eux.
Athaulf va succéder à Alaric (son beau-frère) à la tête des Wisigoths après la mort
d’Alaric en 410. En 412 il va les emmener en Gaule.
3e séquence : passage du Rhin et conséquences immédiates
Autour de 400, la frontière du Rhin semble assez tranquille grâce à Arbogast (Franc
romanisé dans l’armée romaine). Deux peuples germaniques trainent autour de la frontière :
Francs et Alamans. Ils se tiennent en bon voisinage grâce aux traités et à l’action de
pacification de la frontière. La situation semble tellement tranquille qu’en 401 Stilichon s’est
permis de rappeler les troupes de campagne (sont à l’arrière, masse de l’ensemble combattant,
les plus efficaces, nécessaires au bon fonctionnement du dispositif) en Italie lorsque Alaric se
pointe dans cette région. Le siège de la préfecture des gaules va être déplacé, non plus à
Trèves mais à Arles.
Stilichon ne pense pas prendre de risque en ramenant ces troupes, mais quelque chose va
modifier la situation. Les Huns, restés en bons termes avec l’Empire, peuple nomade, se
déplacent et en se déplaçant ils avancent vers la Hongrie actuelle (Pannonie) et entrainent
d’autres déplacements (dominos).
Devant eux, il y a les Vandales, qui vont bouger, ne passent pas par le nord de l’Italie
mais avancent le long du Limès vers l’ouest et se retrouvent à la frontière du Rhin.
Ils entrainent avec eux des Suèves et es Alains (viennent de loin, ont été intégrés dans
l’empire politique des Huns, certains vont suivre Vandales et Suèdes).
Ils se retrouvent sur la frontière du Rhin, près de Francs fédérés. Une partie des Alains se
rallie aux Romains, certains sont avec les Huns, d’autres avec les Vandales et Suèves (3
parties). Il y a des combats, les fédérés auraient pu repousser mais avec le Rhin gelé, c’est
difficile de stopper l’invasion. Les nouveaux venus se déplacent en Gaule, en saccageant,
brulant les villes qu’ils rencontrent, jusque dans le sud-ouest (province d’aquitaine).
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Derrière eux, d’autres peuples vont profiter de la brèche pour s’engouffrer dans l’empire :
Alamans (ne respectent plus leur traité) et Burgondes. Les Francs fédérés vont aussi
chercher à étendre le territoire qu’ils dominent. En Italie, l’empereur ne bouge pas, occupé
avec Alaric et les Wisigoths, Stilichon occupé avec ses invasions vers l’est.
Quelqu’un va s’opposer à ça, un usurpateur, Claudius Constantin, en Bretagne. Il se
fait proclamer empereur et va traquer les peuples barbares dans l’empire Il ne sait pas
repousser les raids, ces peules restent en Gaule.
En 409, les Vandales, Suèves et Alains vont passer les Pyrénées et arrivent dans la
péninsule ibérique.
Peu après, sur le Rhin à Mayence, un nouvel usurpateur est nommé empereur,
favorisé par les Burgondes.
En même temps, 412, les Wisigoths d’Athaulf passent en Gaule aussi, arrivent par le sud
car viennent d’Italie. Or le siège du préfet du prétoire est à Arles. Le Préfet va convaincre
Athaulf de s’allier à l’empereur de Ravenne contre l’usurpateur nommé par les Burgondes.
Athaulf accepte et vainc l’usurpateur. Armée d’usurpateur = germains et armée de l’empereur
de Ravenne = germains aussi : pas d’unité dans le monde germanique entre les tribus ! Forte
solidarité dans une ethnie mais pas entre ces ethnies. Qu’est-ce qui a décidé Athaulf à prendre
le parti d’Honorius ? Parce qu’il a appris que Sarus avait pris le parti de l’usurpateur
Une relative stabilisation se dessine :
- Les Wisigoths vont être établis comme fédérés dans le sud ouest de la Gaule.
- Les Vandales, Suèves et Alains vont eux-aussi avoir des traités et s’établir dans une
zone de la péninsule ibérique.
Le problème, c’est que les obligations, quand on fait un traité, sont dans les deux sens.
Rome est dans une situation difficile point de vue économique et financier. La partie
occidentale a du mal à remplir ces obligations. Certains des fédérés vont tenter d’agrandir la
zone qu’ils dominent.
Athaulf étend donc son territoire et se donne un objectif politique : régénérer Rome
avec la force des Wisigoths, leur donner une certaine vigueur, va mettre son
programme à la lettre car va épouser la sœur de l’empereur Honorius, Calla Placidia.
Ils ont un enfant : Théodose, comme son grand-père. Nom romain, il est appelé à
devenir le nouvel empereur romain mais il a du sang germanique.
Le problème c’est quel l’enfant meurt et Athaulf va être assassiné. Circonstance de ce
meurtre, ce n’est pas un complot politique, c’est une affaire d’ordre privé. 415, Sarus a été
capturé et exécuté donc un de ses fidèles va le venger en assassinant Athaulf (deux structures
de base de la société germanique : devoir de vengeance et vassalité, fait qu’un fidèle doit se
dévouer pour le chef qu’il s’est engagé à suivre et à servir).
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Suite à ça, chez les Wisigoths, on a une réaction anti-romaine. 2 rois vont se succéder
vite, le second va se remettre au service de Rome contre rémunération et accepte une
mission : se rend en Espagne pour combattre les 3 tribus qui y vivent et qui ne respectent plus
les clauses du traité. Honorius utilise donc les wisigoths contre les 3 peuples fédérés en
Espagne. Il les rappelle peu après et les replace dans le sud-ouest de la Gaule. Les 3 tribus
d’Espagne sont affaiblies :
- les Alains ont d’ailleurs fusionné avec les Vandales ;
- les Suèves ont été relégués au nord-ouest de la péninsule, ils ne sont plus vraiment
dangereux donc on refait le traité.
Les Wisigoths en Gaule sont chargés de protéger le littoral atlantique qui est en prise avec
les raids des Saxons, leur point de départ est en Allemagne, et pour lutter contre les autres
peuples germaniques installés dans la partie nord-est de la Gaule. Dans les régions où on a
des fédérés, les tribunaux, l’administration, l’organisation romaine subsiste, sauf qu’à la
place de l’armée romaine régulière, on a les armées des fédérées. Les Gallo-romains,
Hispano-romains sont toujours administrés à la romaine.
Honorius tente aussi de stabilisé les choses sur le plan politique. Comme empereur de la
partie occidentale, il va se choisir un associé, Flavius Constentius, il l’associe à sa famille en
le faisant épouser Calla Placidia. Un enfant nait mais est encore jeune quand Honorius et son
associé meurent (421-423). Situation difficile alors sur le plan militaire, le petit héritier va être
sauvé par les troupes qui viennent de l’Orient. De ce fait, la partie orientale va s’assurer une
suprématie sur la partie occidentale, l’ouest a besoin de l’est ! Le pouvoir à l’ouest est sous la
coupe du pouvoir de l’est.
Le pouvoir, à l’ouest va être exercé par deux personnes : Calla Placidia et un général,
Aetius. Aetius est un vrai romain, issu de la partie orientale de l’empire, famille illustre et
militaire. Son père est un comes. C’est pour cette raison que, enfant et adolescent, Aetius va
être confié comme otage à des peuples avec qui l’empire a scellé un accord, comme garantie.
Otage chez Alaric et ses Wisigoths, puis chez les Huns, où il va fréquenter le neveu du chef,
Attila. Il va ensuite prendre part aux séditions, prendre part pour un usurpateur avec une
armée de mercenaires Huns. Il revient ensuite au service du pouvoir légitime avec des
péripéties, doit à un moment se réfugier chez les Huns, revient avec une armée et se fait
donner de force le titre de Magister utriusque militiae et aussi le titre de patrice (père adoptif
de l’empereur).
On voit à quel point sont entremêlés deux types d’éléments : institutions romaines et
germaniques. Situation géopolitique, mélange de zones sous autorités directes des
romains et zones concédées où le pouvoir militaire est exercé par les fédérés.
Aetius va se concentrer sur la défense de la Gaule, où sont encore en mouvement toute
une série de peuples : Burgondes (de part et d’autre du Rhin) et Alamans (Alsace actuelle).
Les Francs eux-mêmes ont commencé à étendre leur zone d’influence malgré les traités.
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Aetius va stopper les Francs dans leur expansion pour en faire des alliés de Rome
(pour les Francs Saliens, dont est issu Clovis et la dynastie mérovingienne, les autres
Francs sont rejetés sur la rive droite du Rhin).
Les Burgondes vont aussi êtres repoussés, leur roi Gunther va connaitre une défaite
face aux mercenaires Huns d’Aetius (// Chant des Niebelungen, raconte la défaite des
Burgondes face aux armées d’Attila, c’est une erreur parce que ces Huns étaient dans
l’armée d’Aetius).
Aetius ne va pas supprimer ces burgondes mais les installer dans une région au nord du
Lac Léman. Les Alamans vont alors profiter de la place libre pour s’étendre. Les Wisigoths
tentent aussi de s’étendre mais Aetius va les maintenir. Il y a encore en Gaule des zones sous
administration romaine directe mais il y a là un mécontentement social (économie qui zone un
peu…) que Aetius va stopper.
5e séquence : passage des Vandales en Afrique du Nord
Les Romains vont tenter une reconquête militaire de leurs provinces d’Espagne mais vont
échouer dans les années qui suivent, pourtant le roi des Vandales, Geiserich (Genséric) va
partir après avoir infligé une défaite aux Suèves. Il passe en Afrique, prend la ville d’Hippone
(évêque = Saint-Augustin, décède pendant le siège de la ville en 430). L’empire va céder les
provinces gagnées par Geiserich, en échange il envoie un de ses fils comme otage chez les
romains.
On assiste à des persécutions des catholiques par les Vandales (qui sont Ariens). Ils vont
aussi tenter d’étendre leurs territoires, prennent Carthage en 439 et coupent les
approvisionnements économiques de Rome. C’est un chef Vandale qui coupe els
approvisionnements (>< avec le gouverneur d’Afrique). Sur le conseil d’Aetius, la fille de
l’empereur va épouser le fils de Geiserich, déjà otage à Rome.
En conséquence, les Vandales s’établissent et fondent un royaume à la fois africain et
maritime avec une forte zone d’influence. C’est un royaume caractérisé par une forte
ségrégation des populations. Pas de mélange, pas d’alliance entre les familles (mis à
part cette opération au sommet), donc les cadres politiques et administratifs de ce
royaume sont faibles parce que ça ne colle pas vraiment entre vandales et romains
d’Afrique. Ça va durer un siècle, après il s’écroule face à une tentative de reconquête
venant de Constantinople par les troupes de Justinien.
En Espagne, il reste les Suèves, affaiblis, qui dominent plusieurs provinces romaines,
les tentatives militaires romaines contre eux échouent mais les Wisigoths vont en
profiter, prennent des territoires et sont donc des deux côtés des Pyrénées. Les Suèves
restent au nord-ouest.
En 451 : les Huns d’Attila font irruption (Attila a fait l’unité politique des Huns). Il mène
plusieurs opérations dans les frontières de l’empire d’orient, contre argent, puis se concentre
sur l’ouest avec un prétexte suite à une dispute au sein de la famille de l’empereur. La sœur de
l’empereur, exilée par son frère, avait envoyé son anneau à Attila, qui croit qu’elle le veut
comme époux, donc il vient réclamer sa femme et une partie de l’empire.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Il franchit alors les frontières en passant le Rhin et se trouve confronté à Aetius qui
vient à sa rencontre avec ses propres forces et des fédérés comme les Francs, les
Burgondes, les Wisigoths, pour l’affronter. Les Huns doivent battre en retraite, passent
le Rhin et passent l’hiver en Hongrie, le roi des Wisigoths meurt.
Les Huns reviennent au printemps, prennent Aquilée, Milan, pavie, on fait alors des
négociations et les Huns se retirent en Pannonie où meurt Attila.
L’Etat Hun = état hunnique, multiethnique et multilingue, avec des Huns, des Germains
(ostrogoths), Alains (peuples iraniens), Romains qui viennent de Pannonie, tous intégrés dans
la structure politique des Huns : multiculturalité dans la structure politique.
- Dirigé par un Khan (Attila) et un second, qui est un germain ;
- Secrétaire, Oreste (romain) ;
- Autre personnage d’origine grecque ;
- Premier ministre, romain de l’orient et de culture grecque ;
- Deux rois germains (roi des Ostrogoths et roi des Gépides).
Cet état est aussi non-sédentaire, l’économie des huns est d’abord une économie pastorale,
on suit les troupeaux en se déplaçant. C’est un état qui reste fragile, tient en grande partie de
la personne qui le dirige, avant il y avait 3 clans, qu’Attila a rassemblés, après ça c’est la fin.
Les Gépides et Ostrogoths se soulèvent, écrasent les Huns et Alains qui vont devoir prendre
la fuite vers l’est, sur les frontières de l’empire d’orient.
Pendant ce temps en Italie, en 454, on complote contre Aetius (qui a le pouvoir de fait),
qui va être assassiné de la main même de l’empereur (qui a le pouvoir de droit). Situation où
l’empereur s’est révolté contre sa sujétion à son, premier ministre. En 455, Aetius est vengé,
l’empereur est assassiné, par deux officiers de l’armée d’Aetius, des goths, vont venger leur
chef à la germanique (coutume d’application des liens de vassalité, accomplissent leur devoir
de vengeance : 2e épisode de ce type (//Athaulf)).
Désordre en Italie. Le roi des vandales, Genséric, fait un raid en traversant la
méditerranée jusque Rome en 455, sac de Rome à nouveau (//Alaric). Expédition sans
suite, on revient après, on ne cherche pas à s’établir.
456 : arrivée d’un barbare, Ricimer (porte des titres romains : Patris et Magister utriusque
militum). Il exercer donc un pouvoir en tant que représentant de l’autorité romaine, il détient
le réel pouvoir et les empereurs sont de véritables marionnettes, il en a destitué 3.
Pendant ce temps, les Ostrogoths qui ont provoqué la fuite des Huns vont se disperser :
- Une partie va passer en Italie et sera détournée vers la gaule et vont se mélanger à
leurs cousins wisigoths.
- Une autre partie va s’établir à la limite des parties orientales et occidentales de
l’empire.
En 473, Ricimer a fini de dominer le jeu politique en Italie et s’empereur d’orient va en
profiter pour imposer son candidat en Italie. Il ne s’agit donc pas de deux états différents mais
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de deux parties d’une même entité. Ce candidat est Julius Nepos, il ne va pas rester longtemps
au pouvoir car va être victime d’une sédition militaire, les troupes se révoltent, menées par
Oreste (ancien secrétaire d’Attila, tout le monde s’est dispersé).
Il est un peu trop compromis pour pouvoir lui-même briguer le trône impérial, il ne se fait
pas proclamer empereur mais il fait proclamer son fils encore jeune, Romulus Augustule,
empereur de droit, son père sera empereur de fait. Proclamé empereur à Ravenne en 475, il ne
le sera pas longtemps. Les troupes sont de moins en moins romaines, ce sont des mercenaires
germains non-romanisés. On y trouve une partie des débris de l’armée des Huns (avec
Oreste). Elles vont se montrer exigeantes, exiger de bénéficier des règles de l’hospitalité,
comme un peuple fédéré. C’est une conséquence du traité, on leur cède des terres. Ça
fonctionne avec un peuple en tant que tel, mais pas avec une armée, ça leur est refusé, en plus
on est au cœur de l’Italie.
Elles se révoltent donc, menées par Odoacre, qui commandait la garde impériale, fils
d’un des favoris d’Attila. Oreste est décapité, son fils est destitué en 476. Odoacre va
renvoyer les insignes impériaux à Constantinople, signifie donc qu’un seul empereur
suffit pour tout l’empire !
Il faut un temps pour que les choses se tassent. Du point de vue de Zénon (empereur
d’orient), ça pose problème parce que Julius Nepos est toujours là. Il est assassiné en 481, et
Odoacre peut donc gouverner l’Italie au nom de l’empereur Zénon. Double titre, chef de
peuple fédéré (Rex) et aussi titre romain (Patris). Il est à la fois dignitaire romain et chef de
son peuple. C’est un peu fictif, parce que son peuple ce n’est que son armée.
Des royaumes barbares s’installent, (Afrique, Gaule, péninsule ibérique). En Gaule
subsistent des régions sous administration romaine directe et d’autres sous peuples fédérés.
Tous ces chefs germains continuent de porter des titres de dignitaires romains, ça montre la
place dans les structures en place.
II. Les premiers royaumes barbares et Justinien
Ce ne sont pas des royaumes extérieurs qui se sont étendus dans l’empire : ils sont venus
s’y installer et là ont créé des royaumes en utilisant les ressources de l’empire.
À l’est subsiste la partie orientale de l’empire avec deux attitudes :
- attentisme, on attend de voir comment ça va se passer
- réaction, ça va aller jusqu’à une reconquête militaire d’une partie des territoires pris
par les Germains.
A. Royaumes anglo-saxons
Ils prennent place dans l’ancienne Bretagne romaine. Plusieurs éléments s’y retrouvent :
- Élément romain (latin) ;
- Élément celte (substrat) ;
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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- Élément germanique (nouveaux envahisseurs).
En Bretagne, les romains ont été présents. Mais le territoire fut peu romanisé. On conserve
donc des traits préromains, celtiques. Le territoire avait déjà abandonné par l’armée romaine
car en 400 elle redescend en Italie. La structure romaine est donc très faible en Bretagne. Cela
entraine un sursaut celte : les coutumes reprennent le dessus. Quand les envahisseurs
germaniques se retrouvent face à des Bretons qui ont retrouvé leurs habitudes celtes => lutte
longue et acharnée. Pas d’arrangements.
Cette lutte va inspirer la Légende du roi Arthur, thème majeur de la littérature et de la
culture médiévale, le personnage est un Breton luttant contre l’envahisseur saxon. On ne sait
pas exactement comment ça s’est passé au Ve siècle mais on voit que durant le VIe et le VIIe
siècle, ce combat se poursuit, les germains repoussent les bretons vers l’ouest. Deux points de
base :
- East Anglia (chez les Angles) ;
- Wessex et Sussex (Saxons).
Les vaincus se soumettent, il n’y a pas d’osmose entre les Germains et les Bretons celtes.
Les substrats latins et celtes disparaissent, la langue et la culture anglo-saxonnes dominent,
première évolution linguistique de l’anglais. Deux points de résistance à la culture bretonne
celte : les Cornouailles et le Pays de Galle. D’autre part, on a aussi un important mouvement
d’émigration des bretons. Certains sont soumis et assimilés, d’autres ont été repoussés, d’autre
vont traverser la manche et se rendre en Armorique, la petite Bretagne (Bretagne actuelle),
vers le milieu du Ve siècle. Origine de la culture celte dans l’ouest de la Bretagne.
Les anglo-saxon dominent progressivement l’île mais il y a absence d’unité politique, ces
Germains se retournent les uns contre les autres, se divisent, il y a jusqu’à 16 ou 18 royaumes
différents dont vont émerger quelques royaumes principaux qui vont tour à tour tenter
d’éliminer les autres. Un de ceux qui va l’emporter, c’est le roi de Wessex, Alfred le Grand.
Ça implique qu’il y a aussi des institutions politiques différentes. Mais ils fonctionnent tous
sur le modèle germanique avec :
- un roi qui dirige ;
- des guerriers nobles qui forment l’entourage du roi, le protègent : les thanes ;
- des jeunes nobles placés près du roi pour le servir et être éduqués ;
- des sages, plus vieux, qui forment le conseil ;
- des esclaves et des affranchis.
B. Sur le continent…
On a des phénomènes de syncrétisme et d’osmose, reprennent des éléments romains et
germaniques.
On conserve le latin vulgaire, qui va être enrichi d’emprunts germaniques, sur le plan
du vocabulaire : creuset des langues romanes.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Une exception, le nord de la gaule, occupée par les Alamans, on trouve là l’origine de
la frontière linguistique actuelle entre les régions de langue romane et les régions de
langues germaniques, elle se fixe.
Existence du système de l’hospitalitas : les grands propriétaires terriens, nobles, doivent
céder une partie de leurs biens aux peuples fédérés en échange du service militaire rendu à
Rome. Mais ce n’est pas Rome qui rétribue les fédérés, mais les particuliers. Pas négligeable,
la portion cédée aux autres varie, pour les Ostrogoths c’est 1/3 de ses biens, pour les
Vandales, les Francs et les Burgondes, c’est ½ des biens, pour les Wisigoths, les 2/3.
Les structures administratives romaines sont récupérées, toujours présentes chez les
Wisigoths, Ostrogoths, Francs, pour administrer, percevoir els impôts, juger… sur le plan
judiciaire, phénomène de la personnalité du droit : le droit applicable ne dépend plus du
territoire mais en fonction de l’appartenance des personnes à tel ou tel peuple. Par contre, les
peuples fédérés qui se sont installés avec leurs coutumes, leurs chefs, conservent leurs
coutumes. Ça donne lieu à des codifications successives en latin de ces différentes lois
barbares. Chaque peuple a sa propre codification. Les structures romaines sont aussi présentes
en Italie, phénomène d’indépendance de fait sous l’autorité nominale de l’empereur, dans les
faits le pouvoir n’est plus détenu par le sommet de l’administration romaine.
À côté des cadres civiles, maintient des structures ecclésiastiques. L’état est
officiellement un état chrétien. Subdivision du territoire sous la responsabilité des évêques.
Dans chaque cité romaine, on a des civitas (cités) avec un évêque. Tous les évêques ne sont
pas sur le même pied : ceux qui ont leur siège dans une capitale de province romaine sont des
évêques métropolitains (// Reims, Tours…).
a) Royaume des Burgondes
Comprend la Suisse, la Bourgogne, la vallée du Rhône, mais pas de contact avec la
Méditerranée. Ils sont au départ fédérés par Aetius en 443 dans un territoire incertain (nord du
lac Léman), se sont étendus par la suite. Deux villes principales : Genève et Lyon. Ils sont de
conception arienne. Rapports avec les voisins : avec les Francs, histoire très mouvementée,
entre alliances et lutte, jusque sous Clovis et ses fils. En 534, le royaume est annexé par les
Francs.
b) Royaume des Alamans
Coincés entre les Burgondes et les Francs installés sur le Rhin, s’étendent entre Bâle et
Mayence. Ils vont ensuite être intégrés dans le royaume franc.
c) Royaume des Wisigoths
Il est d’abord à cheval sur la gaule et la péninsule ibérique. Capitale : Toulouse. Deux
grandes phases :
(1) D’abord, années de lutte contre les Romains alliés aux Francs, sur la Loire en Gaule,
ça ne les empêchera pas de conquérir l’Auvergne et la Gaule provençale. Lorsque la zone
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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romaine disparait, ils vont se battre contre les Francs, et face à Clovis en 507 : subissent la
défaite de Vouillé, contre les Francs alliés aux Burgondes.
(2) Conséquence : replis des Wisigoths sur l’Espagne, à l’exception d’une portion de la
côte (Languedoc). Là ils continuent de lutte contre les Suèves, annexent leur royaume, se
battent ensuite contre les romains de la partie orientale sur les côtes et contre des révoltes
internent, y compris une révolte entrainant la mort d’un roi qui sera assassiné. Capitale dans
cette 2e période = Tolède, fondée par un roi, Reccared, en 586, qui se convertit au
catholicisme (assez tardif).
La conversion du roi n’entraine pas la conversion de l’ensemble de son peuple, parce
qu’une partie du peuple va rester arien, conflits dans la société. Le poids de l’église catholique
va continuer de s’affirmer néanmoins. L’évêque métropolitain de Tolède prend une place
importante et va sacrer le roi en 672. C’est la première fois que ça apparait dans l’histoire
occidentale. Ils vont prendre des initiatives communes et ensemble présider le concile de
Tolède.
Perpétuation de traditions romaines : césaropapisme. Le roi préside au concile, il
précise ce qu’on va y faire. Un certains nombre de ces conciles prennent des décisions
non pas religieuses mais politiques et judicaires.
Période de renaissance des arts et des lettres autour d’Isidore de Séville.
L’administration écrite utilise les formules de chancellerie de type byzantin, comme en
orient (on fait comme les romains). Régime mixte, reconnait la personnalité du roi, qui prend
des initiatives. Alaric II va faire rédiger un condensé de droit romain pour le faire appliquer
aux populations ibériques, pour servir de base pour l’appliquer aux populations romaines de la
péninsule. Un code unique apparaitra pour l’ensemble des sujets au VIIe.
Rapprochement des populations par les mariages, l’armée, et la lutte commune contre
Suèves et byzantins. Cause de faiblesse, la noblesse n’est pas très fiable, s’est soulevée à
plusieurs reprises, le roi est soutenu par ses fidèles et l’église. Cette faiblesse sera fatale
lorsqu’au VIIIe la péninsule est attaquée par des Arabo-berbères. La victoire de ces
conquérants a été rendue possible par la trahison de nobles wisigothiques et d’un prétendant
un trône, contre le roi Rodrigue : écroulement du royaume Wisigoths, subsistent de petits
royaumes dans les montagnes au nord, pendant plusieurs siècles.
C. En Italie…
476 : Odoacre continue de gouverner l’Italie avec une souveraineté impériale nominale.
Moins de 15 ans plus tard, 489, arrivée de Théodoric (chef ostrogoth) en Italie. Il avait servi
d’otage à Constantinople, il connait bien le monde romain et va se trouver à la tête d’une
partie des Ostrogoths (qui avaient battus les huns puis s’étaient dispersés, une partie était
partie en Italie et s’était mélangée aux wisigoths, d’autres sous la conduite de Théodoric se
trouvent fédérés dans un moreau de l’empire d’orient).
Pourquoi se retrouvent-ils en Italie ? Il est envoyé par Zénon qui décide de changer de
direction en Italie, il ne veut plus soutenir Odoacre et le remplacer par quelqu’un d’autre :
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Théodoric peut s’installer comme fédéré en Italie mais s’il chasse Odoacre. Après quelques
années de péripéties, Odoacre est défait et l’Italie est alors commandée par Théodoric, on
maintient les traditions romaines :
- don du titre de Magister utriusque militum, le titre de Consul, de Patris… à
Théodoric) ;
- conservation de la prédominance nominale de l’empereur ;
- maintient des magistrats ;
- monnaie à l’effigie de l’empereur ;
- classe sénatoriale ;
Comme un vrai romain, Théodoric distrait le peuple et préside les jeux du cirque, il répare
es édifices publics, ce n’est pas un régime d’anarchie ! En même temps, ces traditions
romaines sont combinées aux traditions germaniques : Théodoric est bien Rex pour son
peuple. Il est arien, pas catholique.
C’est un chef germain qui gouverne à la romaine, et qui s’intéresse à ce qui se passe
autour de lui, noue des alliances autour de lui avec d’autres fédérés : alliances
matrimoniales…
- avec les Francs, il épouse une des sœurs de Clovis ;
- avec les Vandales (marie sa sœur avec leur roi) ;
- avec les Wisigoths (marie sa fille avec leur roi) ;
- avec les Burgondes (marie une autre de ses filles avec leur roi).
Tous les royaumes germaniques encore indépendants ont une alliance familiale avec
Théodoric, se pose comme le principal des chefs germains, il va même diriger de faits le
royaume des Wisigoths, pendant une période de faiblesse, donne un protectorat sur le
royaume. Tout ça ne sera pas durable, sur ses vieux jours il devient parano par rapport aux
catholiques et les persécute, il craint aussi un complot byzantin :
Il reconnait l’autorité de l’empereur de Constantinople, mais s’en méfie, il a peur qu’il
veuille récupérer son pouvoir de fait : il va même emprisonner un de ses conseillers,
Boèce, ainsi que le pape, qui vont mourir en prison tous les deux.
Obstacle qui va empêcher l’osmose : opposition entre catholicisme et arianisme.
Théodoric meurt en 526, difficultés de succession, l’empereur Justinien tente de récupérer
l’est avec son armée, sous prétexte de mettre de l’ordre.
20 ans de conflits entre Byzantins et Ostrogoths, les byzantins gagnent, ostrogoths se
dispersent et disparaissent comme ethnie constitué.
D. Justinien et Byzance
Les Byzantins sont donc en Italie, Justinien et ses successeurs vont être confrontés à une
nouvelle difficulté : arrivée des Lombards, fédérés en Pannonie mais menacés par les Avars
(qui s’installent en Pannonie), qui les forcent à descendre en Italie. Ils font irruption en 568
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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dans la plaine du Pô : début de 2 siècles de lutte acharnée avec les Byzantins. Mouvement
long et lent de conflit entre deux zones.
Dans les zones prises par les Lombards, c’est un régime de conquête, confiscation de
terres, pas d’osmose, fin de l’organisation romaine. Mais en même temps, les Lombards ont
une faiblesse : ce n’est pas une ethnie mais plutôt un agrégat de populations. On a un
éclatement politique, des blocs lombards dirigés par différents chefs. C’est très tardivement
que les lombards vont être unis par le roi Liutrand. Le royaume, au début du VIIIe, entre dans
une phase d’unification et d’expansion définitive. Ils détiennent toute l’Italie du nord. En 751,
prise de Ravenne en 751.
Seule la ville de Venise va rester byzantine et va connaitre un destin particulier. On a aussi
un certain nombre de duchés lombards qui vont rester pour le pape. En effet, celui-ci fait
appel aux Francs pour reprendre les territoires lombards, ce que va faire Pépin le bref, qui va
ensuite les rendre au pape. Charlemagne va aussi épouser la fille du roi des Lombards. lorsque
celui-ci menacera les terres pontificales, le pape va appeler Charlemagne pour les reprendre.
Le souverain carolingien devra donc répudier sa femme pour annexer l’ensemble de
possessions lombardes, devient roi des Francs et des Lombards.
Dans la partie orientale, c’est la naissance de Byzance, mais c’est encore de l’histoire
romaine. On a un monde divisé et menacé.
Divisé par la diversité de ses provinces. On a un fort particularisme ethnique, aggravé par
des divergences religieuses très marquées. Ces divergences doctrinales vont engendrer des
divergences politiques. Perse, Syrie, on trouve des chrétiens influents. On a aussi des
chrétiens monotypiques. Menacé par la pression de l’empire perse. Et des Huns
Théodose II le jeune va opérer une première codification du droit romain en 438
(Code théodosien).
De 474 à 591, Zénon, reconnait Odoacre comme Patris en Italie, puis Anastase, donne
un diplôme de consul à Clovis.
Après on a Justin Ie, volonté de conquérir les provinces d’occident ;
Justinien (527-565).
Tentative politique de mainmise sur l’occident mais œuvre juridique aussi : œuvre de
codification en plusieurs étapes :
- 529, le Code de Justinien, reprend toutes les lois romaines depuis l’empereur
Hadrien (ce que les empereurs appelaient constitutions = lois provenant des
empereurs)
- 533 Digeste ou pandectes, reprend tout le droit ancien, antérieur à Hadrien (ius vetus)
- 533 : Institutes, pas un ensemble de textes mais manuel présentant les principes du
droit romain destiné à l’enseignement du droit romain.
(Textes en latin)
- Novelles, reprend les derniers textes rédigés plus récemment en langue grec.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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C’est une œuvre importante de remise en ordre du droit romain, qui prend en compte le
substrat ancien du droit romain, sa base. Elle n’aura qu’un impact limité à l’ouest de l’empire,
il ne va pas imposer la codification dans les royaumes barbares. Mais ça va servir 6 siècles
plus tard pour la renaissance du droit romain en occident.
À côté de ça, on a les modifications politico-sociales de l’empire romain. Les biens de
l’état sont accaparés par les propriétaires privés, ils ont leurs propres fonctionnaires, des
villages sont pris sous la coupe de propriétaires terriens. Justinien va lutter contre ça mais peu
d’effet, c’est un mouvement de fond.
Intransigeance religieuse contre les chrétiens d’Egypte et de Syrie (qui sont des
hérétiques) et contre les philosophes qui sont encore païens. On fait fermer l’école d’Athènes
en 529. L’orthodoxie est renforcée comme religion d’état, à la demande du pape.
Ça sera une des justifications de sa volonté de reprendre l’occident. L’Italie,
l’Espagne, l’Afrique vont être reconquises. On souhaite reprendre le contrôle direct
sur les territoires mais aussi motif religieux contre Goths et Vandales, qui sont ariens.
Il y a aussi une opportunité, la paix qui vient d’être conçue avec la Perse, on peut donc
se préoccuper pour la reconquête de l’occident.
Blocus maritime contre ces royaumes attaqués puis offensive terrestre. Justinien entame
20 ans de guerre avec victoires, défaites, reculs et avancées. Contre les Ostrogoths d’abord,
puis remonte jusque Ravenne, puis reprend l’Italie. Pendant deux siècles, elle sera occupée
par les byzantins qui vont introduire une politique culturelle d’hellénisation.
- En Afrique, reprise longue et difficile ;
- En Espagne, contre les Wisigoths, le sud, l’est de l’Espagne seront finalement repris à
la peine d’un roi Wisigoth qui faisait sécession au roi.
- En même temps à l’est des Slaves menacent ;
- Des Huns font des raids en Crimée et menacent Constantinople ;
- Des Perses reprennent leurs offensives (Justinien devra signer un traiter pour payer la
paix avec eux).
L’époque de Justinien est aussi un moment important pour la culture, notamment à la
cour de Constantinople : premier âge d’or byzantin. Leur zone d’influence est la
Méditerranée, mais plus réduite que dans l’antiquité classique. C’est un univers politique qui
touche une série de régions qui vont être attachées à la civilisation occidentale. La papauté
elle-même est sous influence byzantine.
Conséquences des 20 ans de guerre, retour de la pais romaine pendant 50 ans, on est reliés
entre les parties de l’empire, nombreux échanges religieux, artistiques… on trouve des clercs
italiens, des savants à Constantinople ou a Antioche. Ça n’est qu’éphémère mais en Afrique
ça va durer plus longtemps. En Italie, jusqu’au VIIIe siècle on va connaitre une présence
byzantine, et surtout Venise et l’Italie du sud.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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E. L’Italie byzantine
Les Romains reprennent le pouvoir direct, c’est après Théodoric, au nom de l’empereur
d’Orient, suite à des désordres qui vont fournir un prétexte à Justinien pour intervenir : l’Italie
devient romano-byzantine. Quelques années plus tard arrivent les Lombards. Lutte qui va
durer avec les Romains. Ça va durer longtemps avec des phases alternées de succès et de
reculs pour les uns et les autres. À Ravenne, on a un exarque qui siège (régime d’exarchat) :
territoire qui est gouverné par l’exarque au nom de l’empereur de Byzance.
C’est le retour de Rome, mais en même temps la partie orientale de l’empire influence
beaucoup : période d’hellénisation, parfois mal supportée par les anciens romains d’Italie.
Ravenne Elle-même va se révolter 3x. Les officiers et administrateurs sont grecs, les couvents
sont grecs, l’église de Ravenne suit le rituel grec, messe et prière en grec. Perturbant, ils sont
sous autorité de l’empereur de Rome, mais un empereur qui parle grec. Ça ne satisfait pas. La
ville de Rome joue aussi un rôle périphérique, le pouvoir est à Ravenne, le sénat de Rome est
un simple organisme municipal. Un moine grec est choisi pour être l’évêque de Rome, le
pape. C’est parfois le fils de dignitaires de la cour. L’évêque de Ravenne n’est pas n’importe
qui, il a le droit de siéger à la droite de l’empereur.
Période de résistance aussi face aux Lombards, ça va prendre du temps et se manifeste
de façon différente selon les lieux.
- L’intérieur des terres va être vite abandonné aux Lombards ;
- Le pouvoir de l’exarchat va se maintenir sur d’autres régions, villes, lagunes proches
comme celles de Venise, ville qui va naitre à ce moment car les circuits commerciaux
vont être redirigés vers cette lagune, on est plus en sécurité que sur les terres, comme à
Ravenne, aussi dans une lagune.
- Rome et le Latium restent aussi aux mains de l’exarchat ;
- Idem pour la région de Gênes, et le sud, région de Naples, Calabre et Sicile.
Dans l’exarchat, il y a des tensions à cause de l’hellénisation et ça mène à plusieurs
soulèvements de la population, dans certains cas l’exarque lui-même fera sécession. Il décide
de ne plus obéir à l’empereur et certains vont même parfois se déclarer empereur.
Fin de l’histoire de cet exarchat : en cédant petit à petit des territoires aux Lombards,
Ravenne est prise en 751 par les Lombards.
Byzance ne perd pas toute l’Italie mais recul de puissance. Il lui reste Venise dans le nord-
est (Lagune), elle a un Dux particulier depuis quelques années. Il est le dernier à résister aux
Lombards dans cette région, et quand les Francs arrivent pour battre les Lombards, Venise
va encore une fois rester byzantine, ne se fait pas avoir par les Francs. Charlemagne va
reconnaitre cet état de fait, Venise est bien une possession byzantine dirigée par son Dux. Par
la suite, ce lien politique avec l’empire va s’estomper, Venise devient autonome, un état qui
se forme avec un chef, le Doge.
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L’Italie du sud est toujours aux byzantins : Calabre, Pouilles, où l’influence grecque sera
encore renforcée quand des moines vont y arriver, suite à des persécutions dans l’empire
d’orient liées à des divergences religieuses graves autour du culte des images :
Crise iconoclaste : certains rendent un culte aux icônes du christ, des saints, mais ça va
au-delà de la simple méditation, il reconnait aussi une sorte de pouvoir sacré à l’image
elle-même, culte promu par les monastères pour attirer les pèlerins. D’autres refusent
ce culte, ils trouvent que c’est de l’idolâtrie.
Querelle religieuse avec influence politique parce que tout le monde prend partit, même à
la cour. Parti iconoclaste qui domine, persécute alors les monastères (anti-monachique), à
cause des images et aussi à cause de l’emprise et du pouvoir que ces monastères avaient pris.
Moines qui se réfugient en Italie méridionale, influence byzantine.
III. La Gaule mérovingienne jusqu’en 751
Observer croissance et durée de structures politiques qui vont perdurer malgré des
partages, des divisions, des recompositions. Les structures se maintiennent, un royaume avec
plusieurs rois parfois mais toujours avec la possibilité que ce royaume se refasse. Ces
structures mérovingiennes vont rendre possible « l’Europe carolingienne ».
A. Francs
Au départ, la place des Francs dans la Gaule est très limitée. On va s’intéresser aux francs
saliens, territoires autour de la ville de Tournai. Plusieurs chefs vont se succéder : Mérovée,
Childéric et Clovis.
La Gaule est alors partagée en plusieurs zones. Egidius, suivit du comte Paul (chefs
romains issus de la classe sénatoriale romaine) vont s’allier aux Francs contre les Wisigoths.
Syagrius, administre la région de Soisson. Il a un grand prestige chez les Francs, un siècle
plus tard la mémoire collective le qualifie de Rex. Pourtant il n’est pas le chef d’un peuple
fédéré au sein de l’empire, il est chef des romains ! Titre qui a dû lui être donné de façon
anachronique et postérieurement. Confusion, certains parlent parfois du royaume de Syagrius.
a) Accroissement territorial
Les Francs vont petit à petit avoir toute la Gaule, ça accroit leur prestige et aussi celui de
leurs chefs. Clovis va réellement s’imposer à la fin de cette phase d’accroissement.
Au départ, la zone dirigée n’est pas très étendue, alentours de Tournai. Clovis et ses
parents sont encore païens (système polythéiste). Il prend le pouvoir vers 481-82. À ce
moment, l’évêque de Reims s’adresse à lui, saint Rémy, et félicite Clovis de son avènement,
ce qui lui dit renvoie au cadre administratif du système romain et dans le rôle des évêques en
Gaule. Reconnaissance de la filiation de l’autorité de Clovis sur ce territoire. Rappelle qu’il
doit s’incliner devant les conseils des évêques.
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Clovis commence par agrandir son territoire dans deux directions, contre la partie de la
Gaule restée dans l’influence romaine : défaite, Clovis prend cette zone en 486. Il va aussi
unifier l’ensemble des petits royaumes francs, au départ il n’a que les Francs saliens. Il y a
encore à l’ouest du Rhin les Francs ripuaires, et on a aussi des zones qui sont des colonies
plus ou moins importante de francs dans la Gaule, Clovis va tout unifier.
Il va aussi prendre le royaume des Alamans, on ne sait pas exactement quand (496 ou
497). Il vainc les Alamans et leur impose une sorte de protectorat, ils sont autonomes mais
doivent reconnaitre l’autorité du royaume des francs.
Batille de Tolbiac : il se trouvera en difficulté. Impact important. Il avait épousé une
princesse burgonde, Clotilde, catholique. Pendant la bataille, il aurait invoqué le dieu
de Clotilde, et la remportera finalement. Ça l’aurait fait réfléchir sur le plan des
conceptions religieuses et annonce sa conversion au catholicisme.
Lutte contre les Wisigoths (ariens) : quand Clovis sera converti, ça va lui attirer le
soutient des populations et des élites gallo-romaines, dont l’épiscopat : ça l’aide dans sa lutte
contre les Wisigoths. Victoire de Vouillé en 507, les repousse au-delà des Pyrénées (sauf
Languedoc).
Les fils de Clovis continuent cette entreprise, notamment contre les Burgondes. En 534,
le royaume est annexé par le royaume franc. Royaume des Thuringe, perd son indépendance
et doit obéir aux Francs, puis idem pour la Bavière, soumis mais autonomie.
Ils étendent donc leur influence au-delà de l’ancienne zone romaine !
Échec face aux Saxons, plus au nord et à l’est. Expéditions lancées dans cette zone, raids
saxons en réplique, mais jamais les Francs ne soumettent cette zone même si à un certain
moment ils vont imposer un tribut aux Saxons, mais ce n’est pas une soumission durable.
C’est avec Charlemagne qu’ils seront finalement vaincus et intégrés au royaume Franc.
Les Francs se sont aussi unifiés, Clovis acquiert un monopole du pouvoir sur ce territoire :
- il n’hésite pas à éliminer les membres de sa famille qui seraient des concurrents
potentiels ;
- il se convertit au catholicisme, ça lui assure une position dominante. Il est baptisé par
l’évêque métropolitain de Reims, Rémy, à Noël, mais on ne sait pas en quelle année.
Effet important : suite à ça, toute l’Eglise gallo-romaine va se mettre pleinement au
service de la royauté, on le sert parce qu’il est le bras civil de la mission de l’église. On
retrouve les schémas anciens de l’état romano-chrétien ou l’état comme son peuple est
catholique. Les Gallo-romains s’allient donc avec les francs, comme ils sont tous catholiques
ils peuvent s’entendre. Vrai collaboration, construction d’un état romano-germanique.
b) Culture politique de ce royaume
(1) Premier rouage : le roi, qui a une légitimité double : germanique et romaine.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Il bénéficie d’une aura sacrée, d’un charisme, il est le Rex Crinitus, roi chevelu (la
chevelure longue est le signe tangible de son appartenance à une famille particulière
en relation avec le sacré, dimensions sacrée). Dimension du pouvoir encrée dans le
paganisme germanique. Légende qui raconte comment est né le grand-père de Clovis,
Mérovée. Sa mère aurait conçu son fils alors qu’elle allait se baigner, où elle a
rencontré un dieu. (culture germanique)
Il est d’abord un chef de guerre qui n’est pas seul, il est ce chef en tant qu’il est suivi
par ses guerriers, ce sont eux qui l’ont choisi, dimension élective, serment de fidélité
qui implique de suivre le chef au combat, serment personnel. (culture germanique)
Titres portés par Clovis et ses successeurs : gouverneur de province, consul (accordé
par Anastase, empereur d’orient, après la victoire sur les Alamans) (culture romaine)
Il est celui qui protège l’Eglise catholique et les évêques, rôle de protection qui se
renforce après la conversion au catholicisme, ils peuvent prendre la tête de cette église
à l’image de ce qu’on fait et font toujours les empereurs romains. Ils vont convoquer
un concile (réunion d’évêques pour prendre des décisions dans le domaine religieux,
ici le chef civil prendre le pas sur les chefs religieux) : césaropapisme, le pouvoir civil
l’emporte sur le religieux.
Tension entre une conception abstraite du pouvoir et une conception personnelle du pouvoir.
Conception abstraite = héritage romain, notion de Res publica, quelque chose d’abstrait
qui est propre à tous, implique la distinction entre fonction publique et personne qui l’exerce,
exercée pour le bien de la chose publique, fonction qui perdure de manière indépendante à
celui qui l’occupe.
Conception personnelle du pouvoir : guerriers liés à titre personnel au chef, ils prêtent
serment au chef et non à un Etat. Le charisme du chef est aussi un charisme personnel, il
l’incarne avec ses qualités, liées à sa personne. Question de la succession, typique du
royaume mérovingien : partagé entre ses fils. L’état normalement n’est pas divisible. Le terme
de Res Publica va disparaitre du vocabulaire politique dans les années 600.
Tensions entre ces deux conceptions du pouvoir. Un pan va l’emporter sur l’autre, la
conception personnelle du pouvoir. Mais c’est quand même un mélange, une sorte de
syncrétisme, les éléments se rejoignent pour former quelque chose de nouveau, ce
n’est pas un remplacement d’une conception par une autre, c’est une question de
dosage, l’une devient plus influente que l’autre.
La dimension élective qui ne disparait pas tout à fait, revient quand il y a des tensions, des
conflits, le choix d’un nouveau roi va pouvoir revigorer le principe électif.
C’est l’autorité du roi en tant que personne qui va prédominer, différent de l’autorité de
l’Etat. Elle se manifeste de 2 façons :
Ban du roi : droit de commandement ;
Mundium : protection personnelle accordée par le roi aux guerriers qui le suivent, de
la même façon qu’un maitre accorde sa protection à leurs dépendants. Serment de
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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fidélité prêté par les aristocrates, les Leudes (grands du royaume, à la fois des nobles
d’origine germanique et les nobles gallo-romains). Engagement unilatéral envers le
roi.
Le roi distribue aussi certaines charges publiques (élément qui relève de la conception
abstraite du pouvoir) : honores. Certaines mères ou épouses de roi ont pu jouer un rôle
politique à l’époque mérovingienne, comme régente, ou comme personne d’influence pendant
un règne. Mais le chef est exclusivement masculin.
(2) Second rouage : le palais, c’est plus une institution qu’un lieu. Ensemble des services qui
entourent le roi, il n’y a pas de capitale parce qu’il se déplace. Itinérance du gouvernement, ce
n’est pas neuf, il y avait déjà ça au bas-empire.
Éléments d’origine germanique : les personnages sont issus de la suite des guerriers
entourant le roi.
Comte du palais : rend la justice pour le roi.
Antrustions : relation personnelle particulière envers le roi. Serment de fidélité envers
le roi renforcé. Ils forment la garde personnelle du roi.
On a aussi d’autres grands nobles présents au palais : fils de Leudes qui son là pour
apprendre leur métier de guerrier, de futur détenteur d’un honneur confié par le roi.
Éléments issus de la tradition germanique, tous les gens sont plus liés à la personne du roi
par des relations personnelles. On a aussi des éléments d’origine plus romaine : secrétaires et
chanceliers, rédigent les actes émanant du palais, écrite en latin sur papyrus et selon des
formules préétablies.
L’ensemble des services du palais est dirigé par le maior domus : maire du palais,
majordome, plus grand de la maison. Progressivement, dans l’histoire mérovingienne,
il va prendre une place plus importante et avoir un réel pouvoir politique et va jusqu’à
menacer l’autorité du roi.
Dans les régions, ce sont les comtes, aristocrates soit francs soit gallo-romains, tirés de la
domesticité du toi (>< serviteurs). Il leur confie une charge, un honneur : exercer la fonction
comtale, représentant du roi dans une circonscription, un pagus. Les limites de ces pagi sont
calquées sur les limites de circonscriptions romaines (élément de continuité). Ce sont des
agents révocables et c’est une fonction pas héréditaire. Ils sont contrôlés :
- par un envoyé du roi (missus) ;
- sur le plan local aussi, par l’évêque, incrusté dans la structure de l’état (//
césaropapisme).
Le comte a des adjoints locaux, qui gouvernent des portions du pagus. La mission du
comte s’exerce par délégation du ban royal. Ça relève de la conception abstraite du pouvoir. 3
éléments de cette délégation : judiciaire, militaire et fiscale (//Recueil de Marculf, modèles,
formulaires avec des actes types).
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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L’armée, changement : ce n’est plus une affaire de mercenaires, plus de soldats payés. Elle se
compose des tous les hommes libres de chaque pagus.
c) La justice
On a deux types de tribunaux :
- un central (tribunal du palais) ;
- des tribunaux locaux (mallus), un dans chaque pagus.
Le tribunal du palais où le roi préside certains procès, ceux qui concernent les grands, les
agents royaux, les personnages qui bénéficient d’une immunité (immunistes) : fait d’échapper
à la juridiction normale du comte, d’être dispensé du pouvoir judicaire et fiscal du comte, on
dépend directement du roi. Ça concerne les évêques, les abbayes.
Le comte préside dans les mallus et est accompagné des hommes de biens, les boni viri
ou futurs échevins. Comment fonctionne le système ? on en revient à l’examen des traditions
germanique : obligation de vengeance privée (faide), les choses peuvent alors se régler en
échappant au tribunal, si personne ne vient porter plainte devant le tribunal (procédure
judicaire de type accusatoire (>< procédure inquisitoire, quand l’autorité publique fait une
enquête)). On a le choix entre lancer une vengeance, ou venir devant le tribunal accuser celui
qui nous a fait tort.
Cette procédure se renforce du fait que c’est le défendeur qui doit prouver son
innocence. La charge d’apporter la preuve incombe à l’accusé : pas de présomption
d’innocence !
Preuves rationnelles : aveu et témoignage. À défaut de preuve rationnelle, on recourt aux
peines irrationnelles.
- Serment purgatoire : jurer que l’on n’a pas fait ça, mais dans un monde très marqué
par la crainte de l’au-delà, ça impressionne ! il faut le prêter devant un public, sur des
reliques, avec des co-jureurs, liés à lui par solidarité familiale. Mais ces cojureurs
s’exposent aussi, s’ils font un faux serment, ils peuvent être damnés ! il peut aussi y
avoir de faux serments.
- Ordalies : on confie à dieu le soin de prouver l’innocence de l’accusé. Unilatérale (une
seule personne concernée : l’accusé. Ordalie du feu, de l’eau chaude…) ou bilatérale
(duel entre accusateur et accusé, l’issue du duel apporte la réponse)
Absence d’appel dans le système judicaire, contrairement au monde romain. Les tribunaux
jugent sans appel.
d) L’Eglise
Rôle des évêques : conseillent le roi et légitiment son pouvoir, déjà le cas avant la
conversion de Clovis, mais encore plus après. Important :
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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- Incarnation de la continuité de traditions romaines, inscrits dans la hiérarchie du
système de l’Etat.
- Recrutement social de ces évêques, issus de la population gallo-romaine, vieille
noblesse romaine, classe sénatoriale. Tradition dans la parenté, il y des gens qui ont
exercé/exercent des fonctions publiques.
De 475 à 576, 536 évêques ont été répertoriés dans les royaumes mérovingiens, la plupart
sont d’origine romaine ou gallo-romaine, presque pas de germaniques ! Sorte d’alliance
entre les deux.
Privilèges juridiques et fiscaux dont l’église va bénéficier : système des immunités,
accordées par le roi aux évêques et aux abbés des grands monastères. Ce sont des exemptions
de l’action des comtes en matière fiscale et judiciaire. Le comte ne peut pas exercer la justice
ou prendre des impôts vis-à-vis de l’évêque ou des grands monastères, qui relèvent
directement du comte du palais (autre niveau de pouvoir). Sur le plan fiscal, ils versent eux-
mêmes au trésor royal le montant demandé.
Faveur pour les évêques et les grands monastères mais ça se traduit du fait que le
clergé est chargé de lutter contre les abus des comtes.
Les circonscriptions dirigées par le comte correspondent à celles dirigées par l’évêque,
l’un sur le plan temporel et l’autre sur le plan spirituel, avec un droit de regard quand
même sur le politique.
Prétention du roi à régenter l’église, rien de barbare, assez romaine ! Il convoque les
conciles, les assemblées d’évêques. On retrouve là la tendance CÉSAROPAPISTE. Le
pouvoir religieux est subordonné au pouvoir public.
Ça montre l’imbrication d’un pouvoir de l’Eglise et du pouvoir royal. (question des
rapports église-royaume).
B. Particularismes ethniques au sein de la Gaule mérovingienne, du
royaume mérovingien.
Population composite, anciens Gallo-romains, Francs, autres germains vu que le
royaume s’étend chez les Burgondes, les Alamans, les Wisigoths, en Thuringe… les Francs
occupent vite une position prédominante, c’est chez eux que les rois choisissent les grands du
royaume, les comtes…
a) Ethnie
Développement d’un mythe relatif aux origines des Francs, dans le cadre de la
cohabitation avec les romains : mythe des origines troyennes des Francs. Après Troie, Enée
quitte la ville et s’établit dans le Latium, il est l’ancêtre de Romulus et Remus. On a un autre
personnage, Francion, fils d’Hector, qui quitte Troie aussi, s’installe sur les rives du Danube,
dont sont issus les Francs qui s’installent dans l’Empire. Donc les Francs et les Gallo-
Romains sont donc cousins, issus de la ville de Troie, prestigieux ! Mythe que l’on croit
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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jusqu’à la Renaissance. Il faudra attendre la Germanie de tacite pour comprendre que les
Francs sont bien des germains, pas issus de Troie.
Souci de l’aristocratie franque de se placer au même niveau que les Romains ! pas
d’inégalité foncière entre anciens romains et francs, ils sont à placer sur le même pied.
Origines aussi illustre que les romains. Mythe politique.
En même temps, à côté de ce conte qui renforce la légitimité des francs, on a aussi des
facteurs centrifuges, non négligeables, de longue durée.
- Région du sud-ouest qui ne sera jamais vraiment prise : Aquitaine, sous la
souveraineté des Francs mais garde une autonomie et se révoltera souvent.
- Burgondie et Alémanie (ancien royaume des Alamans) : annexées, perd indépendance
politique, mais il y a toujours des tendances particularistes, surtout pendant les
périodes de faiblesse royale.
Difficultés tenaces qui trouvent leur source dans la constitution du royaume,
particularismes qui vont ressurgir pendant plusieurs siècles.
b) Droit
On retrouve aussi des particularismes : phénomène de la personnalité du droit, situation
selon laquelle on est tributaire de règles juridiques différentes en fonction de particularismes
ethniques. On a des Romains, des Francs mais aussi Burgondes et Alamans, on a plusieurs
systèmes juridiques en application qui relèvent de sources différentes.
Coutume : droit transmis par tradition orale et qui va souvent être mis par écrit (pour
préserver des spécificités juridiques quand on est minoritaire, on la met par écrit) :
- Loi salique, ensemble des coutumes des Francs saliens, dès le début du VIe.
Problèmes critiques, on en connait plusieurs versions successives. Essence
coutumière ;
- Loi des Francs ripuaires, texte d’origine coutumière et mis par écrit au milieu du
VIIIe.
- Loi des Burgondes, sous le roi Gondebaud : loi Gombette. Ça n’est pas directement la
mise par écrit d’un fond coutumier, ici ce sont des normes édictées par le roi,
provenant de volonté royale. C’est plus de la législation que de la coutume ;
- Loi des Wisigoths, d’essence législative ;
- Loi des Alamans.
Droit romain sous une forme simplifiée. Ça avait été mis au point par Alaric II (506) :
Bréviaire d’Alaric. Texte bien fait, répond aux besoins de l’époque, inspiré du Code
théodosien. Conçu pour être appliqué aux romains d’origines Wisigothe, et quand la zone est
reconquise par les Francs, il est conservé puis étendu à l’ensemble des populations romaines
de Gaule mérovingienne, sauf pour les Burgondes à qui s’applique la loi romaine des
Burgondes.
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Truste royale : fait partie des entrustillon, membre de la garde royale
Hiérarchie très forte, en fonction du statut social et aussi en fonction de l’ethnie.
L’essentiel du droit nous vient de ces codes. On a aussi quelques édits et canons
(décisions prises par les conciles).
c) Faiblesses majeures de cette monarchie
- Partages successoraux
- Essor du rôle de maire du palais
Partages successoraux : dès Clovis, la question du partage équitable entre ses fils est à
l’ordre du jour. Dès ce moment, la dimension élective a cédé le pas à la dimension dynastique
du pouvoir. Le royaume doit rester dans les mains d’une lignée. Ce sont les grands qui
choisissaient avant leur chef, maintenant c’est le roi qui répartit entre ses fils. Ces fils,
devenus rois, vont parfois collaborer entre eu eux et parfois lutter les uns contre les autres,
assassinats, ça va entrainer un phénomène de réunification aussi, un des rois qui élimine ses
concurrents… mais ces réunifications seront toujours temporaires, suivies de nouveaux
partages.
- Clotaire Ie : de 558 à 561 : il réussit à réunifier le royaume de Clovis ;
- idem par Clotaire II de 613 à 639, par le fait du hasard : Clotaire II avait deux fils,
Dagobert et Caribert, Caribert va mourir jeune donc Dagobert conserve le royaume
réuni par son père pendant un certain temps, il sera le dernier roi mérovingien a avoir
un pouvoir effectif. À son tour, il va partager son royaume entre ses deux fils (nés de
mères différentes).
Phénomène de recomposition constante. Au travers de cette instabilité, il y a une
constante, un royaume même s’il est parfois partagé. Cette idée d’unité est présente dans la
théorie politique mais aussi dans les faits. Si un roi meurt, on peut chercher dans une autre
partie un roi pour reprendre le pouvoir. Situation assez particulière pendant plusieurs siècles.
De grands ensembles vont petit à petit émerger :
- Austrasie, située à l’est du royaume des francs, vers le Rhin et au-delà (Thuringe et
Alamanie), apparait comme nom au milieu du VIe, capitale = Metz.
- Neustrie, ouest de la Gaule
- Burgondie, ancien royaume des burgondes, capitale = Châlons-sur-Saône.
(Aquitaine, partagée entre Burgondie et Neustrie).
3 ensembles qui vont acquérir petit à petit une personnalité même si parfois ils seront sous
la domination d’un seul roi. MAIS On conserve par contre, même en unité, 3 palais différents.
On aura donc des moments ou on a un roi et 3 maires du palais !
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Deux lectures de cette situation :
Pouvoir royal considéré par ses détenteurs comme un attribut personnel, lié au choix
par les guerriers. Le royaume, dans cette configuration, est considéré comme un bien
patrimonial, qu’on peut partager, comme un bien privé. Pas de droit d’ainesse, donc on
doit partager, équitablement
Il existerait un principe de droit public qui imposerait de partager le territoire et la
fonction du roi (de nature coutumière).
Considérer qu’il y a un royaume qui peut se partager entre plusieurs personnes // partage
de l’empire romain.
Le Maire du palais, prend de plus en plus d’importance. Au départ il s’occupe des services
du palais, puis son rôle va être de plus en plus chargé politiquement.
Tendance à comprendre en fonction de l’importance des grands, des membres de
l’aristocratie gallo-romaine, qui font contrepoids au pouvoir du roi, et leur porte-parole
c’est le maire du palais, un grand parmi les autres que ses fonctions mettent en avant,
parfois même il va être dans des complots !
Au fil des décennies ce pouvoir se renforce, surtout après Dagobert. La réalité de
l’exercice du pouvoir est de plus en plus dans les mains du maire du palais // fin de l’empire
romain avec empereur et second. Ça va parfois jusqu’à gouverne en l’absence de roi, après la
mort de celui-ci par exemple.
Dans cette augmentation du rôle de maire du palais, une famille va s’illustrer, maire du
palais d’Austrasie, les Pippinides, avec Pépin de Herstal, va réunir les 3 partie du royaume, lui
succède son fils Charles Martel, puis Pépin le Bref, qui va franchir le pas et déposer le dernier
roi mérovingien, en 751, Childéric III, qui va être privé de ses longs cheveux et envoyé dans
un monastère : plus de signes du statut guerrier du roi, tonsuré comme un moine. Meurt en
755.
IV. La conquête arabe face à l’Empire romain et à la Perse (632-
750)
A. Le monde préislamique au VIe
Il se situe en dehors des grands empires (romain et perse), dans la péninsule arabique,
mais l’influence se fait sentir. Sur le plan politique, mode d’organisation tribale avec un
Cheik, pas d’unité politique, diversité politique aussi. Tribus regroupées en groupe avec leurs
propres traditions, avec des rivalités longues.
3 grandes zones :
- Sud : habitat sédentaire au Yémen : Hadramaout
- Hedjaz au nord
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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- Au centre et nord, populations nomades, bédouins.
Activité d’élevage de chameaux et production et pillage et caravanes. Cultures guerrière,
figure du chef en avant, honneur et hospitalité, notion de vendetta et de razzia.
Sur le plan religieux, polythéisme (djinns), animal totémique, incarné dans la pierre sacré
que l’on trimballe pour les nomades, temples cubiques pour les sédentaires. Diversité
religieuse quand même, présence dans les villes de judaïsme et de christianisme.
Absence d’unité politique ce n’est pas absence e tentative de créer une unité politique.
Tentative de créer des royaumes aux zones de frontière, de contact avec les grands empires,
tentatives qui n’ont jamais très bien réussi. Royaumes qui se mettent en place mais dans la
sphère d’influence de Byzance ou des perses, et s’ils tentent de s’en détacher, riposta des
perses ou de Byzance.
Début du VIIe à La Mecque et Médine : la Mecque, grand centre commercial de type
caravanière, centre financier, elle est en lien avec les grands marchés de l’Asie et de
l’Afrique, lieu de pèlerinage à la pierre noire, Kaaba. Elle est dirigée par les notables d’une
même tribu mais divisés en plusieurs clans.
B. Mohammed (570-632)
Orphelin qui fait partie de la famille dominante mais pas du bon clan, clan rival de celui
qui est à la tête de la tribu. Devient marchand itinérant au service de son oncle puis d’une
dame riche.
Vers 610, révélation monothéiste, se met à prêcher, ça lui amène l’hostilité des
notables de la ville, renforcée du fait qu’ils ne sont pas du même clan. Son cousin Ali
lui reste fidèle.
Conséquence d’ l’hostilité, il quitte La Mecque en 622, moment du départ : moment de
l’hégire. Il va à Yathrib, ville rivale avec une tribu ennemie. La ville prend le nom de Médine
(ville du prophète). Il reçoit là la suite de ses révélations et organise une série de fidèles selon
le principe de la soumission à la loi divine, induit une rupture avec le cadre rival traditionnel !
Il intègre ses anciens ennemis dans une même communauté vu que la loi divine est plus
importante que les clivages tribaux.
- Prières ensemble devant un mur tourné dans la direction de Jérusalem.
- Opérations de pillage vers La Mecque puis négociation : on demande la possibilité de
venir en pèlerinage à la pierre noire en 629.
- L’année suivante Mohammed brise les idoles païennes.
- En 632, les rites musulmans vont remplacer les rites païens.
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C. Première phase de l’Islam (632-660)
Deux groupes qui s’opposent : partisans de Aicha, épouse préférée de Mohammed et fille
d’un marchand qui sera le premier calife, et les partisans de Ali, qui sera le 4e calife (épouse la
fille de Mohammed).
On se lance ensuite dans une stratégie de conquête dans la continuité des volontés de
construire des royaumes au nord de la péninsule pour s’étendre, ici il y a un facteur d’unité
politique :
- 636, Syrie Palestine prise à Byzance ;
- 642 Egypte prise à Byzance.
Dans le monde byzantin, on les accueille joyeusement, y compris pour les chrétiens
dissidents qui sont contents d’êtres débarrassés du pouvoir de Constantinople.
Progression arrêtée sur le Taurus (frontière de la Turquie), les Byzantins les arrêtent. S’il
y a expansion, il y a aussi un conflit bien présent, à la fois conflit de famille et conflit de
religion.
- D’un côté, on a ceux qui vont devenir les Chiites: partisans d’Ali, partisans de l’option
mystique. Question de comment gérer l’acquis de la révélation, comment gouverner la
communauté après la mort du prophète. On se base sur les seuls enseignements du
prophète et la légitimité politique est conférée à Ali lui-même et à ses descendants.
- Les Kharidjites : s’écart des plans des chiites parce que le califat pour eux doit être
dans une dimension élective ;
- Partisans de l’option politique : partisans d’un état et d’une dynastie : il faut créer une
structure durable dans le cadre d’un califat héréditaire donc il faut une interprétation
des directives du prophète.
L’option politique va prendre le dessus avec les Omeyades
D. Les Omeyyades
Victoire d’une des 3 options. Ça ne signifie pas que les autres vont disparaitre. Elle prend
le dessus, le chef de ce groupe est le gouverneur de la Syrie, fonde en 660 le califat des
Omeyyades.
Ce qui est en jeu, c’est la fondation d’un état musulman issu des pratiques byzantines,
conquise mais qui a gardé une emprunte romano-byzantine très forte. État implanté
dans l’ancien monde romain, byzantin. On choisit le fils qui doit succéder.
État qui se dote d’une vie de cour fastueuse, à l’image de ce qu’est un état sur le bord de
la méditerranée. Il s’inscrit dans une continuité, par le personnel politique, on récupère
l’ancien personnel politique du monde byzantin.
Impact culturel de cet état qui sera très grand aussi. L’architecture de la grande mosquée
de Damas de 705 va s’imposer comme modèle dans le monde musulman. Continuité par
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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rapport à ces structures, mais rupture aussi sur le plan linguistique : arabisation, on remplace
le grec par l’arabe. Ce n’est que vers 700 que le grec sera interdit dans les actes publics.
Situation de tolérance religieuse de la part des élites musulmane, mais limitée. Les
habitants des autres religions se voient reconnaitre une autonomie de culte et de régime
juridique (sorte de personnalité du droit), en échange d’un impôt payé par tête. Mais il y a des
limites aussi à cette autonomie : ils ne peuvent pas posséder d’armes, ni témoigner en justice,
signes vestimentaires distinctifs, ne peuvent pas prêcher ou exercer leur culte en public.
Toute une série de traités scientifiques vont être diffusés dans ce monde musulman. Sur
le long terme, on trouve l’origine des communautés chrétiennes du Moyen-Orient.
État musulman qui tire pari des racines byzantines avec une population hétérogène sur
les plans politiques et religieux
Expansion des Omeyades : rythme différent, pas très fulgurant. Seconde phase plus dure
avec une plus forte résistance de la part des adversaires.
Résistance des tribus berbères qui vont parfois l’emporter, ce n’est que vers 710 que
l’Afrique du nord sera conquise. L’armée arabe se trouvera alors renforcée grâce à ces
tribus.
Une fois l’Afrique du nord conquise, les armées arabo-berbères passent à l’invasion du
royaume wisigothique, en pleine crise successorale, division politique, certaines
parties vont s’allier aux arabo-berbères, victoire facilitée. Grande victoire en 711.
Invasion qui se poursuit et raids au nord des Pyrénées.
732, bataille de Poitiers, Charles Martel repousse les arabo-berbères, met fin à un raid,
qui n’est ni le premier ni le dernier. Pas d’occupation du territoire, juste une razzia.
Essor de la conversion des populations chrétiennes : attrait religieux pour la religion mais
aussi envie de sortir du statut juridique inférieur des populations musulmanes. Possibilité de
participer aux bénéfices de l’expansion du califat. Le calife lui-même a tenté de freiner les
conversions. Oppositions internes qui n’ont pas disparu du fait que s’est mis en place l’état
omeyade.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Troisième chapitre : Le monde carolingien, ses marges et ses
voisins
I. Naissance du monde carolingien
A. Coup d’état
Important : il émane de l’entourage royal, important ! 751. Comment expliquer ça ?
Revenir à la fonction de maire du palais, maior domus, exercé par la famille des pipinides,
donne 3 personnages importants : Pépin de Herstal (2e Pépin), son bâtard Charles Martel, son
fils, Pépin le Bref (3e Pépin).
Pépin de Herstal est un maire du palais important, tellement important qu’il rassemble les
3 mairies du palais, au départ de l’Austrasie. Mais à son décès, la Neustrie reprend son
indépendance et on peut avoir l’impression que les différentes parties vont s’affronter,
anarchie durable. Ce n’est pas le cas parce que Charles Martel va s’emparer du pouvoir (les
enfants légitimes étaient trop jeunes pour prendre le pouvoir), réunir les 3 mairies et s’imposer
comme personnage dominant, il va être qualifié de Dux francorum. À la tête de l’armée, il va
aussi mettre fin, à un raid musulman venu d’Espagne (Bataille de Poitiers en 732).
Ça renforce son prestige ce qui explique qu’en 737, il continue de gouverner sans roi.
Quand il meurt, ce sont ses fils qui reprennent le flambeau. Deux fils, Pépin le Bref et
Carloman. Les mairies du palais sont donc partagées :
- Pépin reçoit Neustrie et Burgondie ;
- Carloman l’Austrasie.
Mais il n’y a pas de roi => mécontentement, révolte. Les maires du palais vont donc
s’entendre pour nommer un roi afin d’asseoir leur légitimité. Ils nomment un roi en 743. Le
pouvoir de la fonction de maire du palais est tellement accru que le pouvoir royal n’est plus
que symbolique ! Le pouvoir réel est entièrement aux mains du maire du palais. Au départ
c’est l’assemblée des guerriers qui choisit son chef, ici c’est peut-être aussi un principe électif
mais c’est le maire du palais, un seul individu qui choisit. Roi fantoche qui n’est qu’un faire-
valoir au maire du palais // bas-empire.
Pendant 6 ans la situation dure et après, Carloman se retire de la vie politique et c’est son
frère qui cumule à nouveau les trois mairies du palais. Ça renforce d’autant plus son pouvoir .
À quoi sert encore ce roi ? Celui qui remporte les victoires, c’est le maire du palais, il
gouverne même sans roi, il choisit le roi à son gout !
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Ça agite pas mal de membres de l’aristocratie, de l’Eglise. On envoie des diplomates chez
le pape, pour lui demander son avis sur la situation. La réponse du pape a été rapportée par les
chroniqueurs de l’époque : il vaut mieux appeler roi celui qui possède le pouvoir plutôt que
celui qui ne l’a pas, à afin que l’ordre du monde ne soit pas bouleversé. L’ordre du monde est
pour le pape un ordre voulu par dieu.
Ça va donner naissance à la notion de roi fainéant, se trouve déjà dans la propagande
carolingienne du moyen-âge, vu que les rois ne faisaient rien, il a bien fallu les
remplacer.
Coup d’état en 751 quand on apprend que le pape cautionne un changement de pouvoir.
Pépin le Bref dépose Childéric III, on ne le tue pas mais on le tonsure, on lui coupe les longs
chevaux qui sont signes de la royauté, on l’envoie dans un monastère, il est privé de son aura
charismatique, il devient un simple moine, il meurt 4 ans plus tard dans son monastère. Pépin
le Bref devient roi par l’élection et par l’onction :
- Élection parce que ça repose sur l’assentiment des grands ;
- Onction parce que la légitimité vient aussi des évêques.
B. Affermissement et expansions territoriales
Ce coup d’état est suivi par des opérations d’accroissement du territoire et
d’affermissement du pouvoir sur ceux-ci.
751, prise de Ravenne par les Lombards, fin de la présence byzantine en Italie du
Nord. En même temps, les Lombards menacent le duché de Rome.
Le pape fait appel à des secours contre les Lombards : les Francs. Pépin le Bref va
intervenir moyennant échange de services avec le pape : il profite qu’il a besoin de lui pour lui
demander de légitimer, de confirmer le pouvoir qu’il vient d’acquérir.
- Il avait reçu l’onction par l’évêque. Un simple évêque, c’est bien, mais le pape, c’est
encore mieux !
- Il s’agit aussi d’associer les deux fils de Pépin à la Royauté, ils sont aussi sacrés, ils
reçoivent l’onction.
- Dans le même temps, il donne un titre important auquel ses fils seront associés : titre
de Patris des Romains.
Lien juridique entre le roi des Francs et le pape, ça légitime aussi l’appel à l’aide du
pape envers Pépin.
Il mène deux campagnes contre les Lombards, leur reprend une série de terres qu’ils
avaient conquises sur le duché de Rome. Il restitue ces terres au pape lui-même, pas à
Byzance ! Le pape prétend avoir une légitimité sur ces territoires, selon un texte censé émaner
de Constantin le Grand, la Donation de Constantin autour de 300, qui aurait donné la
souveraineté sur ces territoires au pape.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Point de départ d’un état qui va durer jusqu’en 1870 : l’Etat pontifical, état temporel
sous la souveraineté du pape, évêque de Rome. À ce moment, l’état n’est pas si
autonome que le pape l’espérait, il se trouve d’abord sous l’autorité franque, c’est une
sorte de protectorat. Il ne reste aux mains du pape que parce que le roi Franc le veut
bien !
L’affermissement et expansion territoriale est commencée par Pépin le Bref et continue
sous ses fils. En 768, Carloman et Charles. Ces fils vont être deux rois pour gouverner le
royaume mais ça ne dure pas longtemps parce que Carloman meurt en 771. Charlemagne
gouverne donc seul et va pouvoir affermir le royaume. On était dans une logique de partage
du pouvoir et à deux reprises, les circonstances font que ce partage ne va pas perdurer et faire
en sorte que le royaume soit réuni. Circonstances qui tiennent du hasard !
Charlemagne va donc s’étendre en Italie et aussi au-delà du Rhin. Il épouse la fille du roi
des Lombards, Didier. Quand le pape le rappelle pour l’aider, Charlemagne accepte (pouvoir
légitimé par la religion aussi) mais sera obligé de répudier sa femme pour pouvoir intervenir
contre les Lombards. Il annexe alors le royaume Lombard ainsi qu’une des autres entités
assez autonomes : duché de Bénévent. Cette fois, il les garde pour lui et prend le titre de roi
des Francs et des Lombards. Il implante une noblesse franque pour gouverner le royaume
intégré, y place son fils.
Influence durable. L’Italie du nord et du centre échappe définitivement au monde
byzantin, sur le plan politique, religieux et culturel.
Une exception, Venise, résiste aux Francs. Charlemagne concède cet état de fait et
reconnait Venise comme appartenant au monde byzantin. Venise ne va pas rester
longtemps byzantine, elle devient vite une république autonome, mais toujours
autonome par rapport à ce qui l’entoure.
Vers les autres frontières : mouvement d’accroissement territorial important :
Incorporation de la Frise, qui était toujours un peu autonome et revêche. Elle est
définitivement agrégée au royaume franc.
Bavière, duché qui était entré dans la sphère d’influence avec certains rois
mérovingiens, mais sans qu’il soit pleinement intégré dans le royaume. Gouvernement
autonome même s’ils servent dans l’armée mérovingienne et leurs payent des impôts.
Particularisme ethnique et politique très forte.
Tendance centrifuge très claire : à un moment, elle n’est plus vassale que du bout des
lèvres et il a fallu la mettre au pas parce que la situation était ambigüe. 3 expéditions
militaires pour s’en emparer. Tassilon, duc de Bavière : on parvient à s’en débarrasser au
terme de ces 3 campagnes, il est dépossédé de son pouvoir, on l’envoie dans un monastère
ainsi que son fils (on n’est jamais trop prudent). Comme il y a encore des mécontentements,
Charlemagne force Tassilon à apparaitre en public pour reconnaitre qu’il renonce à son
pouvoir de roi, ça frappe les esprits, il est habillé en moine. À la place, institutions franques
avec le beau-frère de Charlemagne à la tête du territoire.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
45
Territoire des Avars : ce ne sont pas des germains, ils viennent d’Asie, semi-nomades.
Leur base est la plaine de Pannonie, sur la rive droite du Danube, là où étaient avant
eux installés les Huns (c’est à cause de l’arrivée des avars que les Lombards étaient
descendus en Italie).
Expéditions de pillages jusque dans les territoires francs. Victoire de Charlemagne contre
le Khan des Avars. Deux effets :
- conversion progressive des Avars à partir de l’évêché de Salzburg ;
- pacification progressive de ces territoires.
On revoit aussi l’organisation militaire des frontières face à ces zones qui rentrent petit à
petit dans l’hégémonie franque, et qui restent fluctuantes quant à leur fidélité au monde
carolingien. On organise des Marches, zones de frontière gouvernées par un comte qui prend
le nom de Comte de La Marche (Markgraf ou Marquis en français). Exemple : marche de
l’est, face aux Avars, pour sécuriser les frontières et pacifier les Avars (frontières Autriche
actuelle).
La Saxe. Ils sont païens. Charlemagne va mener des campagnes contre eux, une guerre
de conquête en plusieurs étapes pour contrôler le territoire. Ça n’est pas continu parce
que les opérations d’expansion sont parallèles, les armées ne peuvent pas être partout à
la fois. Dans ces campagnes, adversaire de taille, Widukind, chef des Saxons.
Suite à sa première victoire, Charlemagne va décréter la conversion des Saxons : passe
d’abord par le baptême forcé. Mauvaise méthode sur le plan spirituel, ils reviennent vite sur
leurs anciennes croyances. Il faut adopter une méthode plus progressive, moins radicale.
Au terme de 30 ans d’opération, la Saxe va être assimilée au monde de la chrétienté
latine. Agrandissement considérable à l’est, et aussi expansion du territoire sur lequel
se développe le christianisme latin.
Sud-ouest, Aquitaine. Elle fait partie de la gaule mérovingienne depuis la bataille de
Vouillé, mais il y a toujours eu un certain particularisme, et dès qu’il a été possible,
l’aquitaine a été marquée par des tendances autonomistes, assez marquées. Le duc
d’Aquitaine qui est un chef de file assez tenace, donc le roi des francs doit réduire cet
autonomisme en menant des campagnes en Aquitaine, pour arrimer ce territoire au
royaume.
Charlemagne va faire de l’Aquitaine un royaume au sein du royaume franc, le laisse à son
fils (symbolique à cours terme). Mise en place d’une royauté nominale en réduisant
l’autonomie réelle de l’Aquitaine.
Au delà de cette reprise en main de l’Aquitaine se dessine la frontière es Pyrénées, on
n’a plus de Wisigoths (royaume effondré au VIIIe), quelques petits royaumes
résiduels dans les montagnes.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Charlemagne va tenter de s’installer au sud des montagnes mais ça ne réussira pas,
épisode tragique de la Chanson de Roland, col de Roncevaux, des personnages importants
sont tués dans le col par des basques, dont Roland, comte de la marche de Bretagne.
Installation d’une tête de pont carolingienne en catalogne : territoire tampon pour
sécuriser la frontière, définir clairement les limites du royaume face à l’extérieur.
Importante aussi pour les contacts politiques et culturels entre le monde franc et les
autres petits royaumes des montagnes.
Permet un mouvement vers le sud (entreprise de Reconquista, accompagnée d’une
pénétration de l’Eglise catholique dans cette région).
II. Caractères du monde carolingien
A. Onction royale (751)
Origine dans les textes religieux et sacrés : pour le roi d’Israël, montre que le roi est
choisi par dieu, par l’intermédiaire du grand prêtre. Par l’huile, c’est comme si l’onction
imprégnait le roi. Ça signifie que le roi va gouverner au nom de Dieu. Il est imprégné de force
et de sagesse, légitimité de type sacrée, pas humaine.
Ce n’est pas gratuit, si Dieu fait ça, c’est pour donner une mission au roi : guider le
peuple élu par Dieu. Mission à la fois politique et religieuse.
Les rois francs n’ont jamais reçus l’onction avant mais il y avait un précédent : les rois
Wisigoths, à partir de 672, en reçoivent une. En 751, c’est l’onction des évêques. Comment
comprendre ce geste ? Les rois mérovingiens faisaient partie d’une famille particulière, aura
sacré dans la religion païenne germanique, origines divines à Clovis. Ils conservent donc un
peu de ce charisme, visible de par leur longue chevelure. Les usurpateurs (carolingiens) ne
peuvent pas s’en prévaloir !
On va donc remplacer ce charisme d’origine païenne par une nouvelle aura sacrée :
comme els rois d’Israël dans la bible, le roi franc reçoit l’onction de la part de
l’évêque.
Version chrétienne qui remplace l’ancien aura charismatique que l’on trouvait dans la
dynastie renversée. Création d’un lien entre dieu et le roi qui reçoit cette onction.
Ici, les fils aussi sont concernés, donc ça appuie le caractère dynastique ! Les fils sont
aussi associés au pouvoir, on bascule d’un système purement électif à un système qui
redevient dynastique.
La monarchie carolingienne dépend donc du pape, c’est aussi pour ça que
Charlemagne va intervenir en Italie contre les Lombards et permettre la création de
l’état pontifical.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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B. Restauration de l’Empire romain
En 800, 49 ans après l’onction royale. Comment interpréter ce phénomène ? Pourquoi le
pape décide de créer un empereur ?
- Volonté de s’émanciper par rapport à Byzance, qui n’avait pas apporté son aide
contre les Lombards. en plus, le pape est de moins en moins ok avec l’évolution
théologique et doctrinale à Constantinople. Et avec le roi des Francs, on a quelqu’un
qui gouverne tout le monde chrétien d’occident (il a même été dans des territoires qui
n’ont jamais été romains) : appui politique beaucoup plus intéressant.
- Rapports juridiques peu clairs entre le pape et Pépin puis Charlemagne. Titre de
Patris des romains, sur la base de la fausse donation de Constantin ? pas très clair ! ici,
on clarifie.
Relancement de l’empire à l’ouest mais avec deux têtes : empereur et pape. Dans l’esprit
de Charlemagne, c’est moins clair, moins évident quand même. on pense que l’idée vient plus
des milieux pontificaux que du palais franc.
- Manifeste unité des Francs entre eux et aussi avec les peuples conquis.
- Moment favorable, apogée des rois francs, et pouvoir faible à Constantinople (Pouvoir
exercé par la mère de l’empereur, Irène, mais elle n’est pas reconnue.
Charlemagne accepte la couronne car considère qu’il n’y a plus d’empereur, et il faut que
ça change, et il décide de s’en charger. Se considère comme choisi par dieu pour assurer le
salut du peuple, pour que tout ne parte pas en couille. À Constantinople, voilà comment çaa se
faisait selon le rituel byzantin :
- Acclamation par le peuple et l’armée ;
- Couronnement : diadème posé par le patriarche ;
- Adoration : le patriarche er Constantinople s’incline jusqu’à terre devant l’empereur
qu’il vient de couronner.
Ici, on change l’ordre :
- Couronnement ;
- Acclamation ;
- Agenouillement.
Ici, c’est d’abord le pape qui décide, pas le peuple. Charlemagne ne s’arrête pas en
chemin, pour son couronnement qui n’est pas une onction, il va associer son héritier lors d’un
nouveau couronnement à Aix-la-Chapelle (acclamation puis couronnement)
C. Évolution dans la conception du pouvoir
Cette institution de l’empire va de paire avec une conception du pouvoir qui évolue. À
l’poque mérovingienne, on avait une tension entre :
- conception abstraite du pouvoir ;
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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- conception personnelle du pouvoir.
On a toujours ça, mais une nouveauté dans l’entourage des Carolingiens qui va renforcer
la fonction remplie par la personne et non la personne : conception ministérielle du pouvoir :
ministerium regis, fonction remplie par le roi. À partir de Louis le Pieux, on conçoit le
pouvoir royal comme une fonction, un ministère, comme celui du pape ou de l’évêque, un
service de roi rempli pour le peuple par celui qui exerce ce ministère. Distinction entre la
mission et celui qui la rempli.
Eglise et royaume devienne une seule et même chose, équivalence puisque tout est
réglé de la même manière.
Prise de position des évêques francs réunis au Concile de Paris, parlent de ce que c’est
que le ministère royal : gouverner et régir le peuple de dieu. Conçu comme un pouvoir au
service des plus faibles. Au service aussi de l’église. Le roi ne peut devenir un oppresseur du
peuple ou de l’église, mais pour les protéger. Leitmotiv qui revient à l’époque carolingienne
et aussi par après. Importance à long terme parce que ça va rester par la suite, même si le
régime politique va se désagréger, fond idéologique qui reste.
Jonas d’Orléans : gouverner et régir le peuple de Dieu // évêques. Équité et justice.
Mission de type religieux, cadrée, définie par les évêques. Mettre la force militaire au service
de l’église et au service d’idéaux de justice et de paix. CFR. Documents.
Dimension religieuse et eschatologique du pouvoir royal, lié au jugement dernier, à la
préparation du salut. Idée : Dieu = fondement du pouvoir, le pouvoir est délégué par Dieu au
roi du peuple franc, qui est élu. Le peuple et le roi sont donc choisis par Dieu. Le roi est là
pour guider ce peuple élu. Cette délégation est marquée par l’onction qui fait du roi le
représentant de dieu sur terre.
Après 800, le royaume de Charlemagne est considéré comme le dernier des royaumes
prophétisés par Daniel dans l’Ancien Testament, annoncés donc avant la naissance du Christ !
Quel est le but de ce roi ? Réaliser l’unité du peuple chrétien dans l’attente de la fin du
monde. C’est un peu le cas vu que à côté de ce royaume, on a des païens, des musulmans, des
anglo-saxons, des byzantins avec qui on se dispute… le monde se réduit à l’univers rassemblé
sous l’unité politique carolingienne.
Est-ce qu’on est dans une considération politico-religieuse ou le roi reçoit ses ordres des
clercs ? Non, le roi reçoit juste d’eux la légitimité, le conseillent aussi mais les évêques ne
vont jamais prendre le dessus. On est dans une logique césaropapiste. Pas de séparation entre
sphère religieuse et civile puisque le pouvoir du roi est d’essence religieuse. Mais la roi dirige
et prend les décisions.
Est-ce que le fait de rénover l’empire change quelque chose dans ces conceptions du
pouvoir ? Réponse à nuancer, s’observe sur une certaine durée :
Après Charlemagne, Louis le Pieux, la conception abstraite du pouvoir revient quelque
peu : es actes royaux utilisent à nouveau le mot res publica, la littérature et les traités
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
49
aussi, on est conscient de la réalité qu’il y a derrière (séparation fonction/personne).
Idée = empire = chose publique régie par l’empereur.
Mais la conception personnelle ou patrimoniale du pouvoir persiste. D’abord, le roi ne
peut pas gouverner seul, il a besoin de l’appui de la famille royale et aussi de la noblesse. Il
accorde des honores à la noblesse en échange d’un serment de fidélité. Pas neuf :
Charles Martel déjà s’était lié les grands du royaume en leur octroyant des bénéfices et
charges en échange d’un serment vassalique.
Avec Charlemagne, ça va se multiplier ;
Sous Charles le Chauve, il l’exige de tous les hommes libres, auprès des grands qui
sont liés au roi.
Quand on parle de serment de fidélité, ce n’est pas une conception abstraite du pouvoir, on
ne jure pas sur un texte, mais c’est un serment de fidélité personnel, envers une personne bien
précise ! Lien personnel. Si le roi meurt, on reprête serment devant le suivant. Soutient des
grands : le roi doit se faire acclamer par eux. On revient en même temps vers une logique
élective.
D. Institutions
On prolonge ce qui existe depuis les Mérovingiens. Ce qui disparait, c’est la fonction de
maire du palais mais le palais existe toujours et se développe de plus en plus, on a toujours le
comte du palais. Légifère avec les capitulaires (actes législatifs qui émanent du roi). Ce sont
toujours les comtes qui gouvernent avec un évêque.
Généralisation aussi de missions d’inspection auprès de ces responsables locaux parce
que ce royaume s’est élargi. Ce sont les envoyés du maitre : missi dominici, en duo (laïc et
ecclésiastique), inspectent les comtés.
Cette couche dirigeante, les comtes, sont issus d’un même milieu, ils ont reçu leur
formation dans l’entourage royal. Certains comtés sont particuliers quand ils sont dans une
zone de frontière, près d’un ennemi. Ça forme des marches, dirigées par des comtes de la
marque. Ça forme un tissus homogène sur l’ensemble du royaume, mais il y a des tendances
quand même assez centrifuges. Pas neuves :
- Aquitaine, conserve un particularisme.
- Ancien royaume des Burgondes
Empire qui est peut-être trop grand. Pour garantir la cohésion, multiplier les liens de
fidélité, à côté des structures politico-administrative des comtes. Pouvoir royal qui s’affaiblit.
E. Question successorale
Rien n’a changé, on divise entre les fils // fils de Pépin le Bref. Louis le Pieux, 3e dans les
fils de Charlemagne, seul survivant, déjà sacré, déjà associé au pouvoir devient empereur en
814, et règne seul.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Malgré le caractère impressionnant de cet empire, de cette unité, Louis le Pieux prépare
le partage de son royaume. En 817, il réalise un document, sorte de compromis. Il prévoit que
deux de ses fils seront rois d’une partie du royaume et que le dernier serait empereur, et les
autres lui devront allégeance. Situation où deux des héritiers sont un peu lésés ! Les frères
cadets doivent rendre visite à leur ainé, reconnaitre sa supériorité. Lothaire, dès le début,
associé au pouvoir. Déjà du vivant de Louis le Pieux, ses fils vont se disputer. Règne pas très
heureux.
En 817, 3 fils sont désignés pour la succession : Lothaire, Pépin, Louis le Germanique,
mais pas Charles le Chauve (demi-frère, pas la même mère).
Pépin meurt en 838, donc Charles va faire valoir ses droits.
Lutte de succession qui se poursuit après la mort de Louis, en 840.
Louis le Germanique et Charles le Chauve vont s’allier contre Lothaire, signer un
traité d’alliance à Strasbourg en 842 : secours mutuel. Premier texte en langue
vernaculaire, dans la langue de ses troupes : Serments de Strasbourg. Preuve qu’il y a
une disparité culturelle et linguistique au sein de l’empire.
843 : Traité de Verdun : prévoit le partage de l’empire en 3.
Francie médiance pour Lothaire (reconnu aussi comme empereur) ;
Francie orientale pour Louis le Germanique ;
Francie occidentale pour Charles le Chauve.
Cette division en 3 va rester durable dans ses effets mais elle ne va pas rester comme ça.
La Francie médiane va être aussi partagée parce que Lothaire a deux fils :
Lothaire II obtient la Lotharingie (partie du nord, entre la Mer du Nord et le Jura) ;
Louis II obtient le sud (Burgondie et Italie).
Au décès de Lothaire Ier, ses frères vont lui survivre et se liguer pour prendre à Louis II
(mort sans descendance) la Burgondie. En 869, la Lotharingie, à la mort de Lothaire II, va se
trouver disputée entre la Francie orientale et occidentale. Au Xe, la Lotharingie va être
divisée :
Haute-Lotharingie (Lorraine) ;
Basse-Lotharingie (est de l’Escaut = nos régions).
875, Charles le Chauve récupère la couronne impériale. Il reprend aussi l’Italie. Il a alors
reconstitué à peu près l’ensemble du royaume Franc (sauf l’est évidemment). Mais ça reste
temporaire parce que son fils est un incapable, meurt après 2 ans et ne sait pas gérer la
succession politique. Mais le neveu de Charles, fils de Louis le Germanique, Charles le Gros,
roi de Francie orientale, réussit au bout d’un certain temps à reprendre en 881 le titre impérial.
Eclatement de l’unité politique, territoriale carolingienne, ça ne s’est pas fait en un
coup, on partage et on recompose. Couronne impériale qui voyage.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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La culture politique reste cependant la même, on a toujours des comtes, une même
conception de la fonction du roi… après Charles le Gros, le titre impérial n’aura plus de réelle
signification. Titre qui s’éteint en occident mais revient en saxe après.
III. Le califat abbasside (Bagdad) et ses concurrents (750-1258)
750, chute du califat omeyyade qui avait sa capitale à Damas, face à une double
opposition (ethnique et religieuse) :
- Ethnique parce qu’un groupe important de population se trouvait à l’écart (les Perses
>< Syrie) ;
- Religieuse : chiites. La famille des Abbassides, descendants d’Abbas, famille du
prophète.
Ce califat est marqué par une forte influence perse. C’est compréhensible parce que c’est
l’opposition iranienne qui a mené à la chute des omeyyades. Déplacement de la capitale en
Mésopotamie, Bagdad, entre le monde syrien et le monde iranien. Elle est fondée par le 2e
calife. Sur le plan politique, le calife abbasside dépend très fort de ses alliés Perses et de leurs
troupes, des lettrés et des fonctionnaires Iraniens. Langues différentes.
Transformation des conceptions du pouvoir : le calife devient quelqu’un de plus en plus
inaccessible dont les apparitions publiques sont limitées, et dans un cadre très pompeux. La
légitimité du calife abbasside est double :
- D’une part, il est un descendant du prophète (légitimité religieuse et familiale). Ils
ont dans leurs veines le sang du prophète et détiennent le manteau du prophète. Les
Omeyyades sont réputés avoir été des usurpateur, donc le coup d’état des abbassides a
servi à remettre les choses en place.
- De plus, le calife se prétend chef spirituel de tous les croyants : arabes, iraniens, …
de par la volonté divine ! composante perse ou iranienne dans cette conception du
pouvoir. Dans l’ancien empire de Perse, le pouvoir royal est à caractère divin et
absolu. Version monothéiste ici de cette vieille conception du pouvoir dans l’empire
perse. Pour manifester ça, il prend le titre d’Imam et va diriger la prière publique du
vendredi.
Nouveau personnage : le Vizir, dirige les bureaux du gouvernement (le diwan). Il impose
l’hérédité de la fonction (// maire du palais). Mais il ne vient pas du même monde, il est issu
d’une famille iranienne, persane ! Le calife a le commandement militaire et le vizir a le
gouvernement civil (sous autorité du calife) : il y a une spécialisation des rôles.
A. Division
Le califat abbasside ne va pas rester un monde uni. Le calife de Bagdad a des
concurrents : des parties de l’empire vont faire sécession.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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a) Émirat de Cordoue (755)
L’Espagne a été conquise par les anciens califes omeyyades. La situation est tendue entre
tribus arabes et berbères qui occupent l’Espagne. Ils ne s’entendent pas, il y a un jeu
d’opposition tribale, clanique. Dans ce contexte arrive un Omeyyade qui a réussit à
s’échapper de Damas lors du coup d’Etat : Abd-Er-Ramman, se proclame émir de Cordoue. Il
lutte contre les attaques abbassides, contre les raids des petits royaumes chrétiens des
Asturies, contre l’anarchisme, contre les raids vikings. La situation va petit à petit se pacifier.
Au Xe, Abd-Er-Ramman III va se proclamer calife. Il prétend donc que le calife
abbasside n’est qu’un usurpateur !
Califat qui se développe dans le courant du Xe, devient brillant au point de vue
économique, culturel, artistique… exportation vers le nord, commerce avec les chrétiens. État
qui reste multiethnique et multi-religieux. Musulmans, juifs, chrétiens (mozarabes). Autour de
l’an 1000, à la mort du calife Al-Mansour, anarchie domine et royaume qui va se diviser
politiquement, jusqu’à 20 !
L’autorité nominale du calife de Cordoue reste mais ça n’a plus de sens
b) Nord de l’Afrique
Afrique du nord, Tunisie actuelle, les gouvernants vont fonder un nouvel état : Kairouan.
Plusieurs populations : arabes, grecs, latins d’Afrique, restent autonomes. Berbères qui
prennent le dessus dans des états, pas spécialement des arabes. Royaume berbère dans
l’actuel Maroc, ville de Fez fondée en 790.
Chiite de la famille d’Ali, au IXe, quitte le califat abbasside et se réfugie à Kairouan, se
présente comme l’imam masqué, attendu par les populations chiites. Forme un groupe rebelle
qui renverse l’émirat de Kairouan en 908. Il prend se pouvoir sur d’autres états d’Afrique du
nord. Nouveau califat de Kairouan : fatimide. Il s’empare aussi de l’Egypte et a donc une
grande partie de l’Afrique du nord. Califat fatimide du Caire. Très fort sur le plan politique,
maritime, mais anarchies et tensions dans les différentes composantes de l’armée.
Nouveau morcellement et prise d’autonomie de certains princes berbères.
3 Califes en tout, 2 sunnites (Cordoue et Bagdad) et un chiite (Le Caire).
B. Sécession et sédition religieuse
Schismes incessants, complots, guerres de rue et émeutes. Le pouvoir politique du calife
de Bagdad va s’affaiblir, face à l’arrivée de nouveaux barbares. Il cède son autorité à son chef
militaire, l’émir des émirs (il avait cessé de diriger lui-même les troupes) : charge militaire et
aussi politique ! D’abord Persan puis turc. Les premiers Turcs convertis à l’islam fournissent
des mercenaires et le corps d’élite des troupes. Le chef des mercenaires prend un pouvoir
effectif !
Dans les provinces restées fidèles, la situation n’est pas plus brillante. L’autorité des
chefs militaires prend le pas sur celle des autorités civiles. On fait aussi des concessions des
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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richesses fiscales ou douanières, ils peuvent prélever des impôts eux-mêmes pour payer des
troupes : système de l’iglâ. Problème dans le système administratif et fiscal. Morcellement de
l’autorité centrale, désorganisation de l’état, sorte de privatisation de l’armée dans les
provinces.
On constate qu’au terme de deux siècles et demi, le califat a perdu de nombreuses
provinces, des califats concurrents. Ce qui reste de l’empire abbasside proprement dit se
trouve morcelé en principautés autonomes. Le calife abbasside est aussi dirigé par son émir
(chef des mercenaires turcs). 3 dirigeants :
- Calife (pouvoir de plus en plus symbolique) ;
- Vizir (administration) ;
- Emir (politique et militaire).
Structure tricéphale. 3 ethnies différentes. // Installation des germains dans l’ancien
empire romain en installation des turcs dans l’empire abbasside.
Époque du philosophe Avicenne
IV. Le moyen-âge grec
L’ancien monde de Justinien qui évolue très profondément. Nouvelle culture politique
dans ce monde plus restreint géographiquement. Les fractures religieuses prennent une
importance croissante dans la politique intérieure. Conséquence sur les relations de Byzance
avec l’occident
A. Un monde très rétréci et menacé
Le monde est rétréci, épuisé financièrement (grandes expéditions, corruption, exemptions
fiscales donc moins de revenus, utilisation de mercenaires slaves) et divisé (particularisme
ethnique et religieux très fort).
Certaines régions n’opposent pas de résistance aux envahisseurs pour rompre avec
Constantinople. Palestine, Egypte sont prises par les Perses, puis reprises, puis
perdues face au premier calife.
Situation qui se stabilise par la suite, on voit naitre un régime de trêve, entrecoupée par
des raids, mais plus de mouvements de conquête, sauf sur les marges, les iles.
On a une sécession de Thomas le Slave, usurpateur soutenu par le calife, mais ça rate.
Envahisseurs lombards aussi dans ce monde byzantin, slaves dans les Balkans et en Grèce,
contre le royaume bulgare aussi qui installe en bordure du monde byzantin.
Face à ça, le monde byzantin est très rétréci. On se recentre sur les cultures des ces
régions, on instaure le système des thèmes et non plus des provinces romaines.
Certains de ces thèmes ont des titres particuliers : exarchats.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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B. Naissance d’un moyen-âge grec (600-867)
Querelle des images et impact politique : épisode des iconoclastes >< iconodoules.
Problème religieux qui devient un problème politique et dégénère en conflit civil, opposition
très forte entre monde byzantin et monde occidental.
Autour de l’an 800, le trône de Byzance est vacant, occupé par Irène qui gouverne pour
son fils qu’elle a rendu aveugle. Elle est pour le culte des images et le fait rétablir par un
concile. On pense que ça va rétablir les relations entre Rome et Constantinople. Mais ça ne
suffit pas. La situation est renversée en 802 lors d’un coup d’état par Nicéphore Phocas,
général qui prend le pouvoir et reprend la persécution iconoclaste contre les moines. Un de
ces successeurs nomme un patriarche iconoclaste.
Conflit religieux qui est toujours politique aussi.
Le culte des images sera définitivement restauré en 843.
Remarques
Sur le plan intérieur c’est marquant pour le christianisme orthodoxe où les icones sont très
répandues. Ça marque culturellement une différence d’approche du culte dans les églises
d’orient et dans celles d’occident. Dans la doctrine iconodoule, il y a un élément de présence
réelle dans ces icones.
Sur extérieur, relations avec l’église latine qui se range derrière le pape de Rome, le
rétablissement du culte des images vient trop tard, le fossé s’est creusé très fort entre les deux
mondes. Ce fossé va s’accroitre, jusqu’en 1054 (église de Constantinople qui se sépare de
celle de Rome).
C. Second âge d’or byzantin (après celui de Justinien) 867-1111
Il n’y a plus d’unité méditerranéenne. On a l’ensemble des états musulmans, on a les états
issus des mouvements de peuples germaniques dont le royaume franc, et le monde grec est
donc à part.
867, début d’une nouvelle dynastie. Basile Ier, fils adoptif de l’empereur Michel III, et
pour être sur d’accéder au pouvoir il fait assassiner son père et monte sur le trône. Début de la
dynastie macédonienne. Très forte. Il installe comme patriarche de Constantinople son fils.
On truste donc à la fois le pouvoir politique et religieux.
De leur vivant, les empereurs vont s’associer un successeur. On met en place une
idéologie qui va exalter les princes nés de la famille royale. Idéologie qui devient
officiellement dynastique. Princes porphyrogénètes (né dans la chambre tendue de
pourpre). On place donc à part ceux qui sont nés dans la chambre impériale par
rapport aux autres.
Le pouvoir impérial reste fort, l’empereur devient un despote, il est chef de l’église,
vénéré par la foule (rite d’adoration de l’empereur inspiré par la liturgie religieuse, copie de
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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traditions orientales revues à la sauce chrétienne). Bureaucratisation et hiérarchisation de la
cour (jusqu’à 19 échelons). Il y a des rivalités entre les grandes familles de la cour.
D. Byzance et les bulgares
Ils sont tantôt rivaux, tantôt sous influence de Byzance. Ce sont un des peuples qui
arrivent de l’est, originaires des steppes du sud de la Russie. Ils vont s’allier aux byzantins
contre les Goths, ils vont aussi parfois suivre les Avars et faire un raid sur Constantinople. Au
VIIe, un premier royaume bulgare va éclater. Ils se séparent en plusieurs groupes :
- L’un deux va installer un royaume bulgare dans les Balkans ;
- D’autres sont installés dans les plaines du Danube par les Romains.
Seulement, ils continuent de progresser à partir de là, se développent aussi politiquement
avec une stratégie souvent agressive. La montée en puissance de ces bulgares peut se marquer
par différents indices. En 705, leur khan va prendre un titre d’inspiration romaine : il se fait
appeler César ou Tsar. Modèle de mimétisme par rapport à la structure étatique proche qui les
tient en respect et sur laquelle ils font pression. Ils sont tributaires de cette influence
byzantine. En 864, leur tsar se fait baptiser, naissance d’une église autonome avec un
patriarche.
Ils sont une menace constante pour Byzance, leurs incursions sont parfois très fortes,
notamment sous Siméon qui va fort étendre cet empire, jusqu’en Macédoine ou en Albanie,
même si ça va se rétracter par la suite. En 864, Siméon s’allie aux Musulmans d’Egypte pour
imposer un tribut à Basile. Les Byzantins vont parfois réussir à imposer la paix après des
défaites des Bulgares. Influence de plus en plus grande.
Vers 1000, le Tsar va vouloir mettre fin à cette hégémonie et se bat contre donc Basile II
Bulgarothon (tueur de bulgare). C’est après 1014 que se termine celle révolte et pendant deux
siècles, le monde bulgare reste dans la sphère byzantine.
Protectorat byzantin sur le monde bulgare. Politiquement, le tsar dépend donc de
Constantinople.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
56
Quatrième chapitre L’essor des monarchies
Voir comment, à partir de la désagrégation et sur les bases du monde carolingien, se sont
développées des nouvelles structures politiques qui deviennent de nouveaux états qui vont
perdurer. On peut suivre leur évolution depuis avant l’an 1000 jusqu’à la Période moderne.
I. Contexte général
3 mondes bien différenciés existent :
- Moyen-âge occidental ;
- Moyen-âge grec ;
- Moyen-âge arabo-musulman.
Voir comment le monde occidental évolue. Deux angles de vue doivent être pris en
compte : interne et externe.
A. Point de vue interne…
La carte de l’Europe est redessinée. Les 3 Francie (et les royaumes anglo-saxons) sont
les bases sur lesquelles vont se développer les nouvelles entités politiques. Ils vont se
développer à long terme, sur les plans politiques et culturels. Ces sous-ensembles viennent
d’un monde commun : le monde carolingien (sauf les îles britanniques). Les dernières
invasions vont intégrer de nouveaux peuples dans le monde occidental, dernière fois où on
doit absorber de nouvelles populations : vikings, slaves.
Après ça, ça devient un mouvement d’expansion, de dilatation, au point de vue
économique, culturel, politique et militaire. Exemple : croisades ; Espagne, reconquête
depuis les petits royaumes du nord ; vers l’est aussi, monde slave, monde orthodoxe.
Développement progressif de la féodalité. Dès le monde franc, il y a des relations fortes
de fidélité entre les hommes libres, entre chefs et guerriers, entre roi et grands. Elles ont été
généralisées à l’époque carolingienne, pour contrer les nombreux particularismes régionaux.
Dès Charlemagne, en échange de la fidélité, de l’hommage, on obtient un fief, qui peut
être accompagné de l’honneur. Au début, cette concession est révocable.
Mais en fonction du contexte politique et local, les choses vont évoluer, à des rythmes
différents. Prise d’autonomie de plus en plus grande de ceux qui reçoivent le fief, qui
devient héréditaire donc plus révocable, donc le vassal a pris une position plus
importante que celui dont il dépend ! Plus de moyen d’influence pour le suzerain. La
possession du fief commence à primer sur la relation de fidélité.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Morcellement des ensembles. Cette conséquence se fait sentir dès le Xe siècle en Francie
occidentale, et plus tardivement en Lotharingie ou dans l’Empire. On voit apparaitre de
nouvelles entités politiques, des grands duchés, des comtés, autonomes par rapport au pouvoir
royal. Comme chaque détenteur a lui-même créé des liens de vassalité, ces principautés se
fragmentent aussi.
Mécanisme que l’on retrouve à l’échelle de l’ensemble des entités issues du monde
carolingien, avec des rythmes différents.
B. Point de vue externe
Éléments spécifiques liés à la dilatation du monde occidental. 3 nouveaux intervenants :
Vikings, Slaves, Hongrois.
a) Vikings / Normands
Les Vikings ou Normands (hommes du nord), populations germaniques, se répartissent en
trois groupes (Danois, Norvégiens et Suédois). Chacun va connaitre une expansion importante
à partir de 800. Des expéditions sont lancées à partir des régions d’origine de ces populations.
Les Suédois (Varègues) vont connaitre un mouvement d’expansion dans la mer baltique
et par les grands fleuves, pénétrer vers la Russie et l’Ukraine. Impact important par leur
activité commerciale et militaire sur le développement des principautés russes. Leur
commerce va les amener à rencontrer le monde byzantin.
Les Norvégiens, dès 800, lancent des raids vers l’ouest, en Angleterre, et aussi plus loin,
vers l’Irlande, l’Islande, le Groenland et des terres canadiennes.
Les Danois vont mener des incursions dans le monde carolingien. Là aussi, ils
commencent vers 800.
- Ils vont même jusqu’à toucher les terres de l’émirat de Cordoue.
- Ils sont aussi en lutte avec les Carolingiens aux frontières de la Saxe et du Danemark.
Ces incursions sont multiples, leur impact varie, ils ont pour but de piller, de menacer
pour avoir une rançon, un tribut. Ces incursions sont parfois violentes mais on a un mirage de
sources. Beaucoup des textes que l’on a sur ces Normands sont écrits par des moines, qui sont
directement visés par ces invasions, parce que les abbayes regorgent de richesses, non-
combattants, en plus ils ne savent pas se défendre. Dans bien des cas, les textes donnent dont
une image exagérée des dégâts infligés, de leur danger. Mais ça donne une image exacte de la
peur qu’ils ont inspirée. Il ne faut pas non plus minimiser les dégâts. En 881, Liège et Stavelot
sont détruites.
Progressivement, ils ne vont plus s’en tenir à de simples incursions. Ils remontent les
fleuves et vont s’implanter, mener des campagnes plus longues, installer des camps.
Rencontre plus durable entre ces deux mondes. Tentatives politiques, rapprochements entre
responsables locaux et chefs normands, entre princes et chefs normands. La plupart des
alliances n’ont pas duré, certaines ont été plus durables.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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911, installation de Normands en Francie Occidentale. Charles le Simple donne à
Rollon un territoire qui devient le duché de Normandie. Rollon devient alors vassal du
roi et accepte de se convertir.
Certains vont aller plus loin. Au XIe, ils fondent des états durables en Italie ou en
Sicile.
Rapport entre le monde des normands et l’Angleterre : dès 800, il y a des incursions sur
le littoral anglais. Dans la 2e moitié du IXe, ça devient des entreprises de conquête, on
remonte la Tamise à partir de Londres, on commence à s’emparer de l’Angleterre. L’est de
l’Angleterre sera dominé par les Danois : le Danelaw (paye un tribut). Le roi du Wessex,
Alfred le Grand va leur résister. La partie sud et ouest reste sous sa domination.
En 1016, Cnut le Grand est chef des Normands et succède au roi d’Angleterre, se trouve à
la tête d’un grand empire qui regroupe l’Angleterre et la Scandinavie, se fait baptiser, épouse
la veuve du roi anglais et est élu roi par l’aristocratie anglo-saxonne. Il est donc roi
légitimement. Ça dure jusqu’en 1035. Moment de pacification aussi. Moment qui marque
l’agrégation de nouveaux groupes de populations au moyen-âge occidental.
Lui succède Edouard le Confesseur, fils du dernier roi anglo-saxon auquel Cnut avait
succédé. Après, 1066, arrivée des Normands, bataille de Hastings.
b) Slaves
Slaves, viennent de l’Ukraine actuelle, vont vers l’est et vers l’ouest. Raids sur
Constantinople.
- À l’est, ils vont être tributaires de l’influence byzantine. Tout un monde va naitre
autour de la principauté de Kiev.
- Vers l’ouest, ils suivent les derniers germains qui ont avancé. On les trouve sous la
domination de l’empire bulgare, d’autres vont former, sur les frontières de l’empire
carolingien, le royaume de Grande Moravie, ou plus au nord, la Bohème ou la
Pologne.
La Grande Moravie émerge autour de 900. Culture politique basée sur l’implantation de
sites fortifiés. Ils se trouvent à la confluence de deux zones d’influence : byzantine et
germanique. Certains missionnaires viennent de la marche d’Autriche, les Slaves vont s’en
méfier et demandent des missionnaires à Byzance : on leur envoie Cyril et Méthode. Ils
bénéficient de l’appui du pape face au clergé germanique (les ponts ne sont pas encore coupés
entre les 2). Il est impossible d’helléniser l’Etat mais on fonde alors une Eglise nationale avec
une propre langue liturgique que l’on développe : le slavon.
Bon départ mais ça ne donnera rien à cause de l’invasion des Hongrois, qui s’installent
dans une région entre la Grande-Moravie et le monde byzantin. Ça coupe les ponts
avec Constantinople et la Grande-Moravie va être christianisée par les germains.
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La Bohème se trouve beaucoup facilement sous l’hégémonie de la Francie orientale, elle
reste en même temps autonome, elle ne sera jamais germanisée, garde sa langue et son
autonomie politique. Elle constituera le royaume de Bohème.
La Pologne. Plus large, au départ d’un petit noyau, d’autres parties vont être agrégée. 966,
baptême du duc polonais, qui entraine à sa suite l’aristocratie et l’ensemble de la population
dans le giron polonais. Elle connait un morcellement féodal très important au XIIe-XIIIe. Fin
XIIIe, début XIVe : tentative de reconstitution d’un grand royaume de Pologne.
Comme il n’y a plus un monde romain, mais deux mondes différents, les slaves sont
donc scindés entre deux zones : ceux intégrés dans le monde catholique, ceux intégrés
dans le monde byzantin.
c) Hongrois / Magyars
Ce sont les derniers venus, arrivent vers le IXe-Xe, se sédentarisent dans la Pannonie.
C’est une zone de départ aussi, lancent des raids et expéditions vers d’autres endroits. Ils sont
repoussés en 955 par un roi allemand : bataille du Lechveld, ça met fin aux incursions des
Hongrois, les force à une pacification. Le vainqueur en tire un prestige considérable : roi de
Francie orientale, porte à nouveau le titre d’empereur peu après. Ils sont aussi repoussés au
sud et à l’est par les Byzantins.
Une dynastie qui s’installe en Hongrie : les Arpad, prennent le contrôle du royaume de
Hongrie. Le roi Etienne se convertit en 1000 au catholicisme latin : encrage d’un nouveau
groupe de population dans le monde occidental. Des moines viennent pour assurer
l’organisation de ce nouveau royaume et vont jouer un rôle dans le développement de
l’administration et de l’économie de ce nouveau pays. Nouvelle phase d’expansion, vers la
Croatie, qui devient une dépendance de la Hongrie. Elle va marquer de manière durable la
frontière à l’ouest du monde occidental.
II. De la Francie de l’Ouest au royaume capétien
Côté occidental, après 843, Charles le Chauve règne sur un vaste territoire composite,
avec des particularismes : ancienne Neustrie, ancienne Burgondie, territoire des Aquitains,
Bretons qui n’ont jamais été très bien intégrés.
Territoire qui ne correspond pas à la France actuelle.
Culture politique qui est toujours franque, elle n’est pas liée à un territoire particulier mais
à l’ensemble du monde franc. Preuve que la France n’est pas encore fondée : les 3 frères
continuent de se réunir pour discuter entre eux malgré les luttes. Idée qu’il n’y a qu’un seul
royaume = pas perdue ! Charles le Chauve va restaurer à son profit l’empire, réunit
l’ensemble du monde franc, sauf l’est.
Il est un dernier souverain carolingien à l’ouest, après c’est une alternance entre
carolingiens et Robertiens, membres de la famille de Robert de Fort, un des comtes
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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carolingiens, comte de Paris, qui s’est illustré dans la lutte contre les Normands et qui tire de
là son prestige politique. Deux de ses fils vont être rois. La monarchie redevient une
monarchie élective, même si ça concerne seulement ces deux familles. Pourquoi ce retour à
une électivité ?
Ça montre la montée en puissance des grands du royaume, ce sont eux qui détiennent
la majeure part du pouvoir, et non plus le souverain. si le souverain en fonction est peu
efficace et qu’il y a des incursions + tendance à hérédité des fiefs et des charges : ce
sont les détenteurs d’un pouvoir régional qui vont s’emparer d’un pouvoir effectif. Ils
sont donc en mesure de se coaliser pour choisir eux-mêmes le roi.
A. Pouvoir domainial
987 : Election d’Hugues Capet, comte de Paris. Moment de fondation de la France ?
Non ! Ce n’est pas une nouvelle dynastie qui accède au pouvoir : Hugues Capet fait partie de
la famille des Robertiens et ça fait un siècle que sa famille est sur le trône en alternance avec
les Carolingiens. Le fait qu’il soit choisi montre que les grands dominent le roi, et de très
loin ! Il est juste un grand choisi par les autres pour occuper la fonction royale mais il n’a pas
plus de pouvoir qu’un autre grand. Et en plus, on est toujours dans la tradition carolingienne
pour la culture politique.
Le roi ne gouverne plus vraiment me royaume mais reste un personnage important.
Sur le plan du pouvoir effectif, il ne représente plus grand-chose.
Hugues Capet règne sur un petit territoire avec autorité directe. Le reste du royaume est
aux mains d’autres rois. 987 n’est donc pas un changement radical, on est encore dans une
continuité : effacement du pouvoir monarchique au profit des grands.
En même temps, c’est le début d’autre chose. Hugues a quand même quelques atouts :
Le domaine sur lequel il a un pouvoir effectif est très riche : Île-de-France, cœur du
royaume de Francie occidentale. Sur le plan géographique et agricole elle est très riche
et se trouve au cœur d’un nouvel essor économique.
Un autre facteur va asseoir le pouvoir de sa famille : continuité étonnante. Pendant
plusieurs siècles, il y aura une continuité : toujours un fils, toujours quelqu’un de
capable.
Quid du principe électif ? Il revient à une tradition déjà utilisée : association du successeur
au pouvoir. Il va faire sacrer son fils de son vivant.
- Le successeur devient alors le rex designatus, celui qui est appelé à succéder.
- Il a déjà reçu l’onction et le sacre, et est associé au rex coronatus.
À partir de ce moment, les grands n’ont plus d’autre choix que d’élire celui qui a été sacré.
Ça ne pose pas trop de problème parce que le pouvoir de ce roi n’est pas très étendu, l’enjeu
n’apparait pas capital et on ne veut pas contrarier le plan divin, il faut quelqu’un de sacré et ne
pas élire celui qui est déjà sacré, ce serait commettre une usurpation, se mettre en travers de la
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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volonté divine ! Pendant tout le Xe et XIe, les rois issus de la dynastie de Capet vont de leur
vivant faire sacrer leurs successeur.
Régime d’une électivité de droit mais d’une hérédité de fait. Légalement, sur le plan
théorique, ce sont bien les grands qui continuent d’élire le roi mais dans la pratique
une hérédité de fait est réinstaurée. Le système fonctionne parce qu’il y a toujours
quelqu’un de valable pour continuer le schmilblick. Entreprise de très longue haleine.
De ce point de vue là, 987 est un changement, mais un changement à terme. Dans le
courant du XIe, la monarchie s’est transformée en une espèce de principauté territoriale. Il se
comporte non plus en monarque mais en prince territorial. Nouvelle culture politique qui se
met en place et qui implique un resserrement géographique. Dans la pratique, le conseil du roi
ne sont plus les évêques et les comtes, ce sont les châtelains des différents châteaux d’Île-de-
France, ce sont eux qui sont présents lors de la rédaction de chartes. On aura aussi de simples
maires de villages.
Mais en même temps, dans ce territoire, le roi renforce progressivement son autorité.
Dans la première croisade, les chefs, ce sont les grands, pas le roi !
Vers 1100, le roi capétien a suffisamment renforcé son assise dans le domaine royal et sur
cette base il va s’imposer réellement comme étant à la tête véritable de la pyramide
vassalique. Il va utiliser ces relations, qui étaient jusque là un frein à l’expansion du pouvoir
royal, il va arriver à inverser ce mécanismes en jouant de ces relations et se présentant comme
le sommet de cette pyramide.
Louis VI le Gros avec Suger, abbé de Saint-Denis, conseiller du roi. Sous le règne de
Louis VII, il sera régent du royaume pendant que le roi part en Croisade ;
Extrait : description qu’un chroniqueur donne d’un des grands, le duc d’Aquitaine :
éléments qui font partie de la mission royale. Donne l’impression d’être un roi plutôt qu’un
duc. « Nul n’osait lever la main contre lui ». On n’a plus simplement un simple fonctionnaire,
il n’est plus révocable ! Personnage qui est devenu un prince quasi-indépendant. Contact avec
les souverains étrangers. Agit comme un roi vis-à-vis de l’Eglise. Considère qu’il n’est pas en
France ! Autorité de duc césaropapiste par rapport à l’Eglise, comparé aux empereurs d’un
passé récent (quand les Carolingiens occupaient encore le pouvoir) puis à Charlemagne.
On a donc en Francie occidentale un territoire très cloisonné, ça a des conséquences sur le
plan culture, il n’y a pas d’unité culturelle et politique en Francie occidentale au Xe-XIe, pas
d’unité linguistique non plus. Lyrique courtoise qui se développe dans des centres politiques
mais pas royaux !
Il faut attendre le XIIe Pour qu’il y ait une certaine unité politique en Francie
occidentale.
Le processus de morcellement qui est lié à la féodalisation des fonctions et à l’hérédité
des fiefs marque tous les grands du royaume, elles sont elles-mêmes morcelées en
seigneuries où des nobles prennent le pouvoir et s’établissent de façon autonome.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Extrait : érection de mottes castrales, décrit une situation semblable, vaut pour le Comté
de Flandre (morceau de la Francie occidentale). Marquée par un morcellement. Établissement
d’une seigneurie = opprimer les faibles.
Ce mouvement va être contrecarré, les ecclésiastiques vont tenter de le faire. Vers 1000,
on voit les évêques tacher d’établir la Paix de Dieu ou trêve de Dieu, qui tente de limiter les
violences entre les féodaux :
On tente de les calmer en agitant le risque de l’enfer, et de leur imposer des trêves
sous forme d’interdiction de se battre certains jours de la semaine ou périodes de
l’année.
Vendredi : jour de la crucifixion, jeudi, jours de l’eucharistie, mercredi, c’est la veille, samedi
on ne peut pas et dimanche jour de la résurrection donc on ne peut se battre que du lundi au
mercredi soir, et pas non plus pendant l’avent et le carême.
On tente aussi de christianiser la chevalerie : élaboration d’une idéologie chrétienne
pour la chevalerie, refreiner sa violence pour l’utiliser à des fins nobles. Le chevalier
met son épée au service de la justice, de l’église.
Origine d’un discours idéologique, petit à petit ça va marquer les comportements.
Ce mouvement de paix n’est pas le fait seulement des évêques, d’autres vont enchainer :
les princes territoriaux qui ont compris que les évêques étaient leurs alliés pour calmer leurs
féodaux qui font que de la merde. Le prince profite de ce mouvement de paix de dieu pour
rétablir l’ordre dans sa principauté. On est toujours dans cette logique de cloisonnement de la
principauté. Exemple : duché de Normandie : Guillaume, rétablit l’ordre, impose la trêve de
dieu, développe une administration. C’est lui qui va conquérir l’Angleterre quelques années
plus tard. Duc qui va disputer la couronne au roi d’Angleterre, le tuer à la bataille et le
remplacer sur le trône.
B. Pouvoir féodal
Tendance qui s’inverse : le roi va petit à petit prendre l’ascendant sur les princes
territoriaux, à partir de Louis VI le Gros (1108-1137) en affirmant d’abord son propre pouvoir
sur la zone qui lui appartient. À partir de là, ils vont affermir leur autorité en tant que prince
territorial dans le domaine royal, en s’aidant des villes qui se développent depuis 1000, elles
atteignent un poids suffisant pour peser dans la balance. Moment où l’économie redémarre.
Renforcement de leurs propres assises, ils sont encore des princes au même titre que
leurs voisins mais deviennent plus puissants parce que leur autorité, leur principauté
est renforcée ;
Seconde logique, ils tâchent de tirer parti de la logique des liens vassaliques. Les
grands étaient leurs vassaux, reconnaissaient l’autorité du roi mais plus d’assistance au
conseil royal ! il revendique d’être le seigneur féodal contre qui on ne peut pas se
retourner : le Lige.
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Les rois capétiens mettent en avant le fait qu’ils ne sont pas des seigneurs comme les
autres, qu’ils ont reçu l’onction et le sacre ! Idée que si on est vassal du roi et France et aussi
d’un autre, c’est d’abord le roi de France qu’on va servir : idée de ligesse. Ils vont petit à petit
se retrouver au sommet d’une pyramide féodale bien organisée.
On va aussi tirer parti d’autres principes du système féodal en intervenant dans des
situations concrètes. Exemple, l’héritier d’un fief est mineur, le roi va prendre alors le fief
sous sa garde, exercer une sorte de tutelle sur le fief. Il va aussi marier les filles de ces
princes.
Philippe Auguste (1180-1223) : tributaire du mouvement opéré par Louis VI le Gros. Il va
se permettre de confisquer des fiefs, détenus par le roi d’Angleterre qui dans le courant du
XIIe s’est retrouvé être le détenteur de fiefs importants en France. Il juge Jean sans Terres et
prétend lui confisquer les terres en France pour l’enlèvement de la fiancée d’un de ses
vassaux. Le roi, en tant que seigneur féodal, prétend juger la cause. Ça mène à une guerre
mais on réussi à forcer le roi d’Angleterre à signer une paix et à céder une bonne moitié de ses
fiefs (// son nom).
A. Pouvoir royal
Dans le courant du XIIIe, le pouvoir du roi continue de se renforcer aussi, vis-à-vis surtout
des provinces du sud, autre monde linguistique, culturel et politique. Il aura fallu un élément
perturbateur important pour que les rois de France mettent le pied au sud : opérations
militaires contre l’hérésie cathare. Ils vainquent l’hérésie et annexent la principauté où ces
hérétiques vivaient : le comté de Toulouse. À partir de ce moment, ils ont un pouvoir effectif
aussi sur le sud de la France.
Le pouvoir des rois de France est donc vraiment établit. C’est Louis IX (saint Louis 1226-
1270) qui symbolise ce grand moment de la monarchie, le royaume est bien développé. On a
une monarchie capétienne qui a un pouvoir effectif sur un territoire largement unifié.
L’histoire de ce pouvoir royal peut se scander en 3 étapes :
- Pouvoir domanial, on ne règne que sur le domaine royal, prince territorial comme un
autre (Xe-XIe)
- Pouvoir féodal, renforce son autorité en mettant à profit les règles vassaliques, il
commence à émerger au sommet de la pyramide féodale (XIIe).
- Pouvoir royal ou monarchique (XIIIe). Il n’est plus seulement un prince qui domine
un domaine, ni seulement un sommet de la pyramide féodale, il est de nouveau
souverain, il va effectivement, sur l’ensemble du royaume, prétendre à exercer un
pouvoir politique, rendre la justice sur l’ensemble du royaume, prendre des mesures
législatives valables dans l’ensemble du royaume.
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III. De la Francie orientale au Saint-Empire
A. Destinées de la Francie médiane
La Francie médiane va être morcelée. C’est la Francie orientale tire le gros lot en mettant
la main sur les débris de cette entité.
a) Italie
L’ancien royaume d’Italie va être récupéré par Otton Ie. Il s’arrête au centre de l’Italie
avec les Etats du pape. Au sud, résidus du pouvoir byzantin et musulman.
b) Bourgogne
À l’ouest, au-delà des Alpes, on trouve le royaume de Bourgogne, ancienne Burgondie,
ou royaume d’Arles (capitale). Plus large que la Bourgogne actuelle. Elle garde une existence
autonome mais liée au pouvoir des rois de Francie orientale. C’est un territoire sous
protectorat des rois de Germanie. Situation qui sera réglé en 1033 : le royaume d’Arles est
annexé au Saint-Empire.
c) Lotharingie
Royaume de Lothaire II, petit-fils de Louis le Pieux. Il règne sur ce royaume pendant peu
de temps (865-869). Ça a donné son nom à une entité géographique et politique, le nom va
rester pendant plusieurs siècles.
Il va se trouver en butte aux entreprises de Charles le Chauve, son oncle. Avec l’appui de
l’épiscopat, il va faire annuler le divorce de Lothaire II, qui avait répudié sa première épouse
et en avait épousé une autre pour avoir des enfants. Si ce divorce n’est pas reconnu, le
mariage qui suit n’est pas valide et les enfants qui en naissent non plus !
Charles va recevoir l’appui du pape dans cette entreprise, ça aboutit à faire reconnaitre
ce divorce comme non-légitime. Lothaire II n’a donc pas de descendant légitime. À sa
mort, Charles en profite et se fait couronner roi de Lotharingie.
Louis, son frère, ne veut pas que tout aille à son frère. Compromis entre les deux :
Traité de Meersen partage le royaume de Lothaire en 2, une partie pour Charles et une
pour Louis.
Ce n’est pas la solution dominante car en 880, on signe le traité de Ribemont qui
accorde toute la Lotharingie à la Francie de l’est.
Mais la noblesse de la Lotharingie va tenter de tirer ses avantages : on va voir la
Lotharingie indépendante avec un roi, Zwentibold, descendant des Carolingiens. Mais ça ne
va pas durer longtemps et elle se retrouve sous influence de la Francie orientale.
En 925, les choses sont jouées : le duc de Lotharingie entraine les nobles sous
influence orientale et la Lotharingie fait donc définitivement partie de la Francie
orientale, sous Henri l’Oiseleur, duc de Saxe.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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B. Francie orientale
Montée en puissance de forces régionales. Arrive aussi le moment où la dynastie
carolingienne ne suffit plus à sa tache. Extinction des carolingiens directs. À l’ouest, c’est
l’alternance, ici il n’y en a plus du tout. On change de dynastie : élection et en 911, après la
mort du dernier carolingien direct, c’est Conrad Ie de Franconie qui est élu roi. Naissance de 4
grands duchés nationaux qui se partagent le territoire
- Duché de Saxe au nord (ancien territoire des saxons)
- Duché de Franconie (au-delà du Rhin, où se trouvaient les Francs)
- Souabe (Allemagne et Suisse alémanique, ancien territoire des Alamans)
- Duché de Bavière.
Ce ne sont pas 4 duchés ethniques, au fil des siècles les populations se sont mélangées, ce
qui est en jeu ce sont les maisons ducales qui vont se revendiquer d’une origine particulière.
Ces 4 duchés émergent autour de 900, quand le dernier carolingien est remplacé. En 925
s’ajoute un 5e, le duché de Lotharingie, qui sera divisé en Haute Lotharingie (Lorraine) et
Basse Lotharingie (nos régions).
La monarchie demeure élective mais va évoluer. Dès le 2e roi, c’est un Saxon, Henri Ie
l’Oiseleur, qui va réussir à assurer la succession à ses descendants, il va fonder une dynastie ;
le pouvoir est électif mais de son vivant on va associer son successeur au pouvoir royal. Otton
Ie est associé au pouvoir du vivant de son père (// Capétiens).
Otton Ie jouit d’un prestige très important. Roi avec qui le royaume va s’affermir et
s’agrandir. Son père déjà avait assuré la Lotharingie, lui va assurer l’Italie et imposer un
protectorat au royaume d’Arles. Il bénéficie aussi du prestige de ses victoires militaires. 955,
bataille du Lechveld contre les Hongrois. Prestige d’un roi à la tête d’un régime agrandit, et
victorieux, et il a réunit à la Germanie toutes les parties de l’ancienne Francie médiane, donc
pourquoi pas restaurer la dignité impériale tombée dans l’oubli ?
En 962, il restaure l’empire, et ça va durer jusqu’au début du XIXe, on va le connaitre
sous le nom de Saint-Empire romain de la Nation germanique. Idée de l’empire de
Charlemagne restauré. Le territoire est d’ampleur différente, le centre c’est la
Germanie.
La dynastie saxonne va régner pendant un siècle en Germanie et dans les zones voisines.
Elle ne va pas échapper au phénomène du morcellement, mais pour éviter que ça n’aille trop
loin, on met en place le système de l’Eglise impériale : confier les fiefs à ceux qui ne peuvent
pas avoir de descendance légitime, impossibilité d’hérédité des fiefs !
On est toujours dans une logique césaropapiste. L’évêque est choisi par l’empereur, ils
ne vont pas tacher de monopoliser le pouvoir vu qu’ils n’ont pas de famille à laquelle
le transmettre !
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De plus, ils proviennent souvent de l’entourage royal, ont été formés au palais et
participent à cette idéologie césaropapiste. L’empereur exerce son pouvoir parce que
Dieu l’a voulu, le devoir de l’évêque est donc d’aider le roi à accomplir sa mission.
On va confier des principautés entières à ces évêques : principauté de Liège, de Cambrai,
d’Utrecht, de Cologne, de Trèves, de Mayence…
Exemple : Notger, évêque de Liège. Il vient de Souabe, allemand, formé au palais et envoyé
au siège de l’évêché de Liège. En 980, il reçoit un privilège d’immunité générale, ça veut dire
qu’aucun duc ne peut intervenir dans les terres de l’évêque, en matière de justice ou d’égalité,
il ne répond qu’à l’empereur lui-même. En 985, le territoire s’élargit quand on lui confie le
comté de Huy. On lui adjoint encore par la suite de nombreux comtés, devient une grande
puissance.
Ils restent très fidèles au roi et ça va permettre de conserver une autorité réelle au roi de
Germanie, alors qu’elle a disparu en Francie de l’ouest. Ici, ça reste des charges révocables, il
peut démettre le duc, il le choisit.
Le système va bion fonctionner jusque dans le dernier ¼ du XIe siècle. On a alors une
autre dynastie, les empereurs Saliens dont le duché d’origine est la Franconie. Ils continuent
la politique ottonienne mais Henri IV est confronté à un problème : la Querelle des
Investitures. De 1074 à 1122, au départ c’est un problème religieux, mais qui va rejaillir sur
le plan politique.
Point de départ : prétention des papes à imposer l’autorité du pape sur tout, même sur
les rois, au niveau politique. Inverse du césaropapisme traditionnel. Effet particulier
dans cette querelle : prétention des papes à voir échapper le choix des évêques à
l’ingérence des laïcs, donc de l’empereur !
Tout le système de l’église impériale qui risque de s’effondrer, donc risque de
morcellement si les fiefs reviennent à des laïcs. L’empereur refuse donc et ses évêques aussi.
C’est surtout une querelle entre les tenants de deux conceptions différentes, politiques et
religieuses. Les évêques impérieux restent fidèles à l’empereur. En 1122, compris entre les
partisans de la papauté et les fidèles de l’empereur (Henri V) :
Concordat de Worms (accord entre autorité religieuse et laïque) prévoit que les
évêques seront élus librement par le corps électoral naturel, chapitres de chanoines des
cathédrales. Ensuite, lorsqu’il aura été élu et sacré évêque et investit des insignes de
son pouvoir religieux, par son archevêque métropolitain (supérieur ecclésiastiques), il
pourra enfin être investit du pouvoir temporel par l’empereur, les fiefs qui lui sont
destinés.
Les conséquences de ce compromis sont catastrophiques. Le pouvoir échappe à
l’empereur et les princes laïcs vont prendre de plus en plus de pouvoir. Les derniers
empereurs saliens sont confrontés à un rapide morcellement de leur empire. On est au XIIe, à
ce moment l’autorité royale en France se raffermit !
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
67
Dans l’Empire, l’autorité impériale doit faire des concessions aux nobles, en leur
accordant des privilèges. Les comtes ne demandaient que d’accroitre leur autonomie.
Ils ont monnayé leur soutient à l’empereur contre des privilèges, des concessions, qui
ne sont pas révocables.
L’effet d’affaiblissement est tel qu’a la mort du dernier salien, en 1125, on ne sait pas
assurer leu succession et le principe électif revient. Divers prétendants, Lothaire de
Supplimbourg est élu, en 1137 c’est Conrad III de Hohenstaufen. On choisit toujours parmi
les prétendants le plus faible, celui qui est le moins susceptible d’imposer son autorité.
Ce n’est que progressivement que Conrad III va prendre le dessus et son fils Frédéric Ie
Barberousse va tenter de restaurer l’autorité impériale. Il ne peut pas revenir sur les
concessions qui ont été faites. Il essaye de se concilier les petits seigneurs, il va aussi jouer sur
les Ministériels : individu qui n’est pas de condition libre, mais de condition servile : serf des
domaines de l’empereur à qui on va confier des missions (activités politiques, militaires…)
mais il est dans la dépendance politique de l’empereur. Tentative d’utiliser un nouveau type
de fonctionnaires politiques. Réactions violentes des nobles.
Frédéric Ie Barberousse va s’affaiblir lui-même, les affaires d’Italie lui coutent beaucoup.
Il lègue à son fils Henri une situation plus ou moins restaurée. Au décès d’Henri IV, Frédéric
II n’a que 3 ans.
Différents prétendants vont se disputer le trône impérial, se disent élus par un corps
représentatif.
Innocent III s’en mêle, il a de grandes idées sur la suprématie de l’autorité pontificale
sur celle des laïcs. Il choisit un empereur, Otton IV, puis le révoque, et choisit Frédéric
II de Hohenstaufen.
Frédéric II restaure la fonction mais ses projets sont ailleurs, en Italie, et plus précisément
dans le sud, le royaume de Sicile. C’est parce qu’il s’intéresse d’abord à ça qu’il se
désintéresse de la situation en Allemagne. Il va devoir faire des concessions et l’Allemagne se
transforme en une sorte de confédération de princes laïcs, de comtes ecclésiastiques, de villes
libres, ça n’augure rien de bon.
À la mort de Frédéric II s’ouvre le Grand Interrègne, qui dure de 1250 à 1273, anarchie
dans laquelle s’opposent à plusieurs reprises plusieurs prétendants : fils et petit-fils de
Frédéric II et autres personnes soutenues par des principautés et des villes. Ils n’exercent
aucune autorité effective.
En 1273, un semblant d’ordre revient avec l’élection de quelqu’un jugé inoffensif :
Rodolphe de Habsbourg. Petit prince, quelques possessions, n’est pas de taille à se
mesurer à d’autres. Il ne va pas tenter de restaurer l’autorité impériale, ne cherche pas
à réduire l’autonomie des princes, mais va profiter de la couronne pour accroitre le
patrimoine de sa famille, en lui adjuvant des comtés en Autriche.
Au fil des élections qui vont suivre, les Habsbourg vont revenir à plusieurs reprises sur le
devant de la scène et à la fin du Moyen-âge, ils sont la grande famille qui conserve la
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
68
couronne après chaque élection. Ils auront un pouvoir de nature différente de celle d’Otton Ie,
c’est une fonction essentiellement protocolaire, honorifique au sein d’un ensemble d’états.
Son pouvoir tient avant tout de l’autorité qu’il a sur ses principautés personnelles.
C. Remarques
Poussée vers l’est (drang nach osten). La frontière orientale de l’empire est confrontée à
la présence de Slaves, qui créent des états en bordure de cet empire. Les Allemands vont
continuer le mouvement de pénétration culturelle, économique et politique dans les pays
slave. Mouvement de longue haleine, qui va connaitre un certain ralentissement à cause de la
Querelle des Investitures, en tout cas pour les empereurs. Mais certains vont continuer le
mouvement :
- Grand féodaux comme Albert l’Ours, margrave de Brandebourg ;
- Des ordres militaires comme celui des chevaliers teutoniques (moines guerriers) qui
vont conquérir la Prusse en construisant des forteresses. Ils vont aussi repousser de
plus en plus loin la frontière de la chrétienté latine, jusqu’aux pays baltes. Là
commence le monde orthodoxe ;
- Des ordres commerciaux comme celui de la Hanse.
Morcellement féodal progressif de ce Saint-Empire. En Germanie et en Lotharingie,
c’est seulement au XIe que les grands vont s’approprier les charges comtales en les
considérant comme héréditaires, et exercer leur autorité en leur nom propre, ils ne se
considèrent plus comme délégués du roi, comme révocables. En Francie occidentale, c’est le
cas dès le début du Xe. Dans l’empire ce n’est pas le cas à cause de l’autorité politique des
empereurs saxons et de l’église impériale. Au XIe ça va se développer :
- comme conséquence de la querelle des investitures ;
- parce que c’est une lame de fond qui devait revenir !
Comment ça se produit ?
Changement des relations de ceux qui ont une fonction comtale par rapport à leur
fonction ;
Politique d’expansion de son autorité, accumulation de comtés ;
Aux charges comtales vont s’ajouter des fonctions non-négligeables : avoueries sur une
abbaye. Charge d’un avoué (advocatus) : institution carolingienne qui change de sens et
d’importance. Chez les Carolingiens, c’est un personnage choisit pour exercer les différentes
prérogatives de l’état sur les terres des évêques et des abbés (immunités mais il fallait quand
même rendre la justice donc on nomme un avoué). Petit à petit, cette charge va devenir
héréditaire et ils vont prendre de l’importance à mesure que le pouvoir central du roi diminue.
C’est l’avoué qui devient le protecteur de l’abbaye. Problème, ils vont parfois outrepasser
leurs droits et s’en servir. En rassemblait des avoueries, ils vont former des principautés
territoriales ;
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Ils s’emparent de droits régaliens : mettre la main sur des domaines royaux (fiscs) qui
sont intégrés au domaine princier. Ils vont s’emparer aussi des tonlieux (taxes perçues
sur la mise en vente et la circulation des abbayes), ils vont battre eux-mêmes monnaie.
Au sein de ces principautés vont parfois aussi se former des seigneuries, avec un sous
avoué ou un représentant du comte, usurper ainsi des droits, s’emparer de taxes… ils tiennent
souvent ce fief en échange de prestations. Diminution donc des possibilités directes d’action
du comte, notamment en matière de justice. Lorsqu’un vassal va cumuler plusieurs fiefs, se
repose comme ailleurs le problème de fidélités multiples. Quel seigneur servir s’ils sont en
guerre ?
Exemples
Comté de Hainaut : pagus franc, sur la Haine. On y trouve un lignage, celui des Regnier,
qui ont une résidence fortifiée à Mons. Au Xe, le comte est en conflit avec le roi de Germanie.
Le comte usurpe un certain nombre de droits mais le roi reste plus fort, donc il est démis et
exilé. Un de ses fils reprendra plus tard le comté et sera pour ça aidé par le roi de la Francie de
l’ouest. 998, on est proche du moment de basculement où des principautés vont s’émanciper
de l’autorité royale.
Dans la première moitié du XIe, le comté va véritablement se développer pour devenir
une principauté territoriale, en accroissant notamment ses territoires vers Chimay, vers
Couvin, vers Valenciennes, … le comte de Hainaut possédait le titre d’abbé laïc du monastère
de Sainte Waudru (remonte au monde carolingien ou on a confié des charges ecclésiastiques à
des non-clercs, qui protégeait l’établissement et profitaient de ses revenus). Cette charge a été
rendue héréditaire par les comtes de Hainaut donc ils pouvaient accaparer les terres de
l’abbaye, qui viennent grossir le territoire.
Comté de Louvain. Lambert Ie dirige le comté de Louvain (pagus de Brabant auquel il
ajoute le pagus de Hesbaye, le comté de Bruxelles et l’avouerie sur deux grandes abbayes :
Gembloux et Nivelles). En 1106, le comte Godefroy Ie est tellement puissant que le roi de
Germanie lui donne le titre de duc de Basse-Lotharingie. Charge comtale qui est devenue
héréditaire, l’empereur n’a plus aucune prise sur ce titre ! Le titre de duc voyage d’une famille
à l’autre, ici il est octroyé à la famille des comtes de Louvain. De plus, on lui donne aussi la
marche d’Anvers, implique un important agrandissement territorial vers le nord.
À partir de là, les comtes vont porter le titre de duc. Mais c’est une coquille vide, les
autres comtes ne leur obéissent pas ! Ils règnent effectivement sur les comtés qu’ils ont
rassemblés eux-mêmes. Dans la 2e moitié du XIIe, ils vont eux-mêmes changer leur titre et se
nommer ducs de Brabant, qui n’était qu’un petit morceau de leur territoire. Ils vont continuer
l’expansion de leur principauté sans se soucier de l’empereur. Les principautés
lotharingiennes vont, plus vite que les autres principautés de l’empire, prendre leur
autonomie.
Ce duché continue de s’étendre. 1288 : moment où le duc va annexer le duché de
Limbourg au terme d’une guerre de succession. Une fois que la principauté est constituée,
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
70
question des rapports avec les autres principautés. On tente d’en rassembler, par le biais de
mariage, de succession, etc.
Réunion définitive des principautés sous les ducs de Bourgogne.
IV. Angleterre
Empire fondé par Cnut : important par les contacts qu’il a permis de nouer avec les
autres composantes même si il disparait assez vite.
Après la mort de Cnut, le monde anglais va vite retrouver son autonomie par rapport au
monde scandinave. Edouard le Confesseur est sur le trône, il va gouverner avec l’aide des
normands du duché de Normandie. Certains s’installent déjà en Angleterre (clercs et
chevaliers). À la mort d’Edouard, problème. Le roi de Norvège en profite pour attaquer la
cote est, et on a deux prétendants :
- Harold, qui prend parti pour les danois (successeurs de Cnut) alors que lui est anglo-
saxon ;
- Guillaume de Normandie, qui prétend avoir eu des promesses de la part d’Edouard.
Guillaume traverse la manche, bat Harold et le tue à la bataille de Hastings en 1066.
L’armée de Guillaume n’est pas homogène, il y a des contingents avec des flamands, des
picards, des poitevins, des normands… ce n’est pas une invasion pure et simple, elle s’intègre
dans un processus de relation qui existait déjà, il y avait déjà des contacts, une présence
normande ! Guillaume veut juste rester dans la lignée d’Edouard.
Il est couronné roi d’Angleterre mais il y a des rebelles donc l’affrontement continue. Il y
a encore des incursions scandinaves, de danois, d’irlandais aussi. Pendant plusieurs années,
Guillaume reste sur le pied de guerre, ses chevaliers vont poursuivre la conquête et restés
groupés avant de recevoir des fiefs et de s’installer.
Suite à cette conquête, Guillaume va pouvoir vite construire un royaume bien
organisé, bien administré et assez centralisé. Ça tient au fait que la Normandie est déjà
administrée sur ce modèle-là, au caractère militaire de la conquête et à la continuité de
certaines institutions anglo-saxonnes.
Institutions anglo-saxonnes
Assemblée locale qui ne va pas disparaitre : la Hundred.
Au-dessus, on a le comté : shire, dirigé par le shérif, représentant du roi dans son
comté, officier du roi qui rend la justice et qui va surveiller les Hundred. Une de ses
fonctions est de faire une tournée d’inspection de ces Centaines.
Fidèles du roi : Earls, qu’il faut surveiller. Ce sont de grands nobles, mal fixés à la
terre. Ils ont des biens mais assez dispersés. Le shérif doit vérifier qu’ils ne
commettent pas d’usurpation.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
71
Service militaire dans l’armée royale par tous les libres, pas que les nobles : le fyrd.
Les paysans de chaque comté forment un contingent qui est commandé par le shérif.
Il y a aussi un impôt généralisé du au roi : le Danegeld, tribu perçu par le roi et versé
au danois.
Tout ça va être maintenu sous les Normands.
Institutions normandes
En plus des earls, on va aussi avoir le système vassalique, le système féodal, les nobles
anglo-saxons vont entrer dans ce système. On reçoit un fief en échange de la fidélité.
Ils n’ont pas pu créer de grands fiefs, assez grands pour avoir des revenus mais
dispersés pour ne pas créer une base territoriale d’un pouvoir autonome.
On va aussi constituer de grandes marches mais uniquement sur les zones de frontière.
Quelque chose qui témoigne de la volonté de centraliser et d’administrer de façon précise
est le recensement que Guillaume organise en 1086 : Domesday book : inventaire des
composantes, des droits et devoirs de chaque domaine. Cas très précoce. Très vite aussi, la
cour du roi (curia regis) va se développer et se spécialiser, en plusieurs services.
Succède à Guillaume, en Angleterre, son second fils, Guillaume le Roux. Son fils ainé a
repris le duché de Normandie. Division ! Entretemps, la royauté est devenue indivisible en
Francie orientale et occidentale. Mais ici, on ne divise pas le royaume, mais on en sépare juste
le duché, ce n’est pas la même chose.
À la mort de Guillaume II le Roux, ses deux frères se disputent. Henri I Beauclerc devient
roi d’Angleterre en combattant son frère et réunit la Normandie au royaume. On a de nouveau
une union. Il a une fille, Mathilde, qu’il va faire reconnaitre comme héritière, veuve de
l’empereur et femme de Geoffroy d’Anjou, un Plantagenêt. Un usurpateur, Etienne de Blois,
va monter sur le trône.
Guerre civile entre les partisans d’Etienne et de Mathilde. Alternance de phases
d’essor et d’affaiblissement de la royauté.
Etienne de Blois, à la fin de sa vie, reconnait le fils de Mathilde, Henri II Plantagenêt, duc
d’Anjou, monte sur le trône en 1045. C’est un roi important, il y a aussi le Maine, le comté
d’Anjou, la Touraine. Il a épousé Aliénor d’Aquitaine, fille du duc d’Aquitaine, qui avait été
répudiée par le roi de France. Toute l’Aquitaine va entrer donc dans le giron des rois
d’Angleterre.
Situation inédite, les rois d’Angleterre ont l’Angleterre mais aussi la partie occidentale
de la France. Accroissement territorial très important. Royaume très fort et étendu.
Renforcement et développement des institutions anglaises, opposition à l’Eglise et à
son chancelier, Thomas Becket (Canterburry).
À la mort d’Henri II, ce sont ses fils, d’abord Richard puis Jean, qui lui succèdent. Jean va
devoir faire face à un triple mécontentement : église, ville de Londres et barons, parce que
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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l’autorité royale s’est renforcée très fortement, et à leurs dépends ! Comme le pouvoir royal
s’affaiblit sous Jean sans Terre (échecs divers dont à la bataille de Bouvines en 1214, ça a
couté très cher, contre France, Irlande, Ecosse) :
il se voit obligé de concéder une charte, Magna Carta, qui a pour but de limiter le
pouvoir royal face aux grands, à l’église, aux villes.
Ce texte va être renforcé en 1258 par les Provisions d’Oxford, impose au roi de
consulter les sujets sur les questions importantes dont la réclamation d’aides et de
moyens financiers.
V. La péninsule ibérique : Des Asturies à la Reconquista
On a, dans le nord de la péninsule, de petits états marginaux dans les montages près de la
marche d’Espagne. C’est de là que démarre le mouvement de la Reconquista : mouvement
d’offensive de ces royaumes pour reconquérir le sud, en profitant notamment au début du XIe
de la situation de guerre civile dans le califat de Cordoue. Quels sont ces états marginaux ?
Ancien royaume des Asturies (León), royaume de Navarre, royaume de Castille, royaume
d’Aragon, Catalogne (comté de Barcelone, ancienne marche carolingienne).
Au départ, royaume de Navarre qui va se diviser en 1029 en 3 entités : Castille,
Navarre et Aragon.
En 1037, le roi de Castille unit son royaume à celui du León, puis poursuit le
mouvement de conquête.
Date-clef : 1085, prise de Tolède, ville symbolique, assez ancienne. Épisode du Cid.
Au même moment, un comté se détache de royaume de León : comté de Porto, qui va
se comporter indépendamment dès 1094 et continuer la reconquête pour son compte.
En 1139, le comte prend le titre royal : fondation du Portugal.
L’Aragón va prendre Valence et les Baléares. La Navarre, elle, ne va pas participer à
ce mouvement d’expansion.
1212 : bataille de Las Navas De Tolosa, concrétisée en 1236 par la prise de Cordoue.
L’essentiel de la péninsule est donc aux mains des royaumes du nord. Il reste au sud le
royaume de Grenade qui va exister jusqu’en 1492.
Quel résultat à ce mouvement de reconquête ?
Laisse une péninsule divisée entre les différents reconquérants :
- Portugal ;
- León ;
- Couronne d’Aragon (catalogne, royaume de valence, Baléares, Aragon, chaque
ensemble garde ses propres institutions politiques mais un seul roi !) qui mène aussi
une politique d’expansion en méditerranée, vers l’Italie).
Sur le plan culturel et linguistique : différences linguistiques avec les Catalans, les
portugais, qui se ramifie entre le galicien et le portugais. Le léonais est parlé aussi dans la
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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frange conquise entre la zone portugaise et le reste, et aussi le castillan, très parlé parce que
grand territoire !
Culture politique très marquée par cette entreprise de Reconquista : monarchies à
caractère militaire très fort.
Ensemble composite sur les plans culturels et religieux. Communautés juives,
musulmanes qui restent sur place. Mudéjares. Coexistence de cultures et de religions
différentes.
Mouvement qui ne s’arrête pas tout à fait. C’est dans cette lignée qu’on enchaine sur
un mouvement de grandes découvertes extra-européennes
IV. De l’Italie byzantine et musulmane au royaume de Sicile
La Sicile ne reste pas longtemps byzantine car est intégrée dans les états musulmans. Elle
reste une zone de contact entre monde oriental et occidental. Ce sont les Normands du duché
de Normandie qui sont à l’origine de l’intégration de ces territoires au monde latin. Début
XIe, on voit des gens de cette région passer par l’Italie du sud pour aller à Jérusalem par
exemple. Ils sont armés, en groupe, et peuvent donc louer leurs services au retour, comme
mercenaires, aux ducs de la région. Ils sont de plus en plus nombreux à le faire, se rendent
nécessaires. Petit à petit, des chefs Normands vont prendre eux-mêmes le pouvoir, comme
Robert Guiscard et ses frères, qui vont prendre des territoires en 25 ans.
- Campagne contre les byzantins pour dominer le sud de l’Italie (Calabre et Pouilles) ;
- Contre les Arabes (Sicile) ;
- Contre les Lombards (Bénévent, Capoue, Salerne…).
- Il va même aller en Illyrie ou et Irpie, il revient en Italie aider le pape contre
l’empereur d’Allemagne.
- Révoltes de ses vassaux mais il reste le plus fort.
C’est une entreprise très longue, mais le résultat est un changement, ces régions échappent
aux musulmans et aux byzantins et se retrouve aux mains de nobles qui sont issus de la
chrétienté latine, et qui ont un lien avec le duché de Normandie. Mouvement d’expansion qui
ne s’arrête pas tout à fait. Ils vont participer dans un contingent de Normands à la 1e croisade.
Création aussi d’un espace politique original. Il y a une féodalité d’importation (inconnue
chez les Byzantins), mais les populations autochtones vivent toujours sous les institutions et
les droits byzantins. On conserve, dans les chancelleries, le formulaire byzantin. Église et
abbayes grecques qui persistent. Royaume de Sicile qui se développe d’une manière originale.
Constance, héritière de ce royaume, va épouser le fils de Frédéric Ie Barberousse.
Après la régence, Frédéric II va s’intéresser à la Sicile et monter sur le trône à Palerme
avec une importante cour. Il sera même couronné roi de Jérusalem. En 1231, avec les
constitutions de Melfi, il dote le royaume de Sicile d’une administration très forte. À la mort
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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de Frédéric II, son fils bâtard lui succède mais il va y avoir des luttes qui vont sceller le futur
de la Sicile. Le pape qui donne la Sicile aux angevins.
V. La papauté
On va assister à l’édification d’une monarchie. En quoi elle peut apparaitre comme une
monarchie ? On est à un tournant où l’église latine va se transformer sous l’impulsion de
l’Eglise latine et de la papauté.
- Au début, le pape est juste un évêque plus important, c’est le seul patriarche de
l’Eglise latine.
- Mais ça va se transformer, il va être à la tête d’une pyramide d’archevêques et
d’évêques.
En outre, cette position monarchique, le pape va tenter de l’exercer vis-à-vis des autres
monarques. Non seulement il va tâcher d’autre sur le même pied mais il va aussi prétendre à
une suprématie sur ces souverains. Assez inouï dans l’histoire, on était toujours dans une
logique césaropapiste. Les choses changent : mais c’est un mouvement qui dure au minimum
deux siècles. Mouvement progressif, changement incomplet aussi. La papauté va réussir à
atteindre un certain nombre de ses objectifs mais pas tous.
A. Autour de l’an 1000…
Point de départ : autour de l’an 1000, rapports césaropapiste et autorité politique morcelé. 3
acteurs : papauté, évêques, moines.
La papauté, est dans une position assez difficile. Pendant tout le Xe, le pape est une
créature des grandes familles romaines : les élites de Rome choisissent l’évêque de Rome et il
reste sous leur coupe. On n’a plus un protectorat de l’autorité impériale sur la papauté.
L’empire est plus loin des terres italiennes, et le pape, qui a aussi un petit état.
Les autres évêques sont aussi sur le plan politique dans une situation de dépendance.
Ceux qui se trouvent dans les terres impériales : leur évêché est un fief qu’ils tiennent du roi
(// Eglise impériale), et c’est l’empereur qui leur remet l’investiture de ce fief (dans les rituels
aussi). Certains de ces évêques ont acheté leur charge : évêques simoniaques. On a pu se
poser des questions sur la qualité de ces évêques qui sont souvent les cadets de familles
aristocratiques. Dans l’empire, en Lotharingie, on a des évêques de grande qualité au Xe-XIe :
parce qu’ils font partie d’un système dirigé par les empereurs, ils ont été formés à la cour
donc sont bien formés. Quelle que soit la qualité de leur action, ils sont dépendants du choix
d’une autorité politique ou vont utiliser des moyens financiers pour acquérir leur charge.
Le monde monastique, autour de 1000, a été profondément bouleversé par plusieurs
facteurs.
- Processus de sécularisation des biens monastiques : dans la mesure où elles ont été
fondées par des Grands et des membres de la famille royale, ceux-ci considèrent les
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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abbayes comme faisant partie de leur patrimoine, donc on n’est pas contre l’idée de
soustraire des biens à ces abbayes pour les confier à quelqu’un d’autre. L’ingérence
des laïcs dans la gestion de ces abbayes est nuisible à celles-ci !
- Parfois ça va plus loin, le roi va nommer un abbé laïc de l’abbaye.
De cette situation difficile dans le monde monastique va naitre un mouvement de réforme,
multiforme. Réformateurs divers, qui échangent leurs expériences. La Lotharingie est un
terrain fertile pour les expériences de réformes religieuses, parce qu’elle est riche et prospère,
aussi au niveau intellectuel, et parce qu’elle est un carrefour d’idées. Mais là, les mouvements
de réforme restent isolés. On a un autre mouvement plus large, dans le sud, en Francie
occidentale, en Bourgogne, on fonde Cluny en 910 : volonté d’une abbaye indépendante des
ingérences des laïcs.
Le fondateur a confié la sauvegarde de l’abbaye au pouvoir pontifical. Encore assez
symbolique parce que la papauté est assez faible. Mais c’est quelque chose qui a pour
but de mettre l’abbaye à l’abri.
Cluny va prospérer, se trouver à la tête d’un réseau important d’autres abbayes, premier
ordre religieux indépendant. Mouvement important, monté en puissance d’abbayes réformées,
où on a pu restaurer l’austérité de la vie religieuse. Dans le contexte de l’époque, l’austérité
est quelque chose de très important, s’éloigner du monde et de ses tentations pour se purifier
et se rapprocher du salut. Ces moines montrent l’exemple, source d’inspiration.
B. Monarchisation de l’Eglise
Au XIe, tendance à monarchiser l’Eglise toute entière, à transposer le comportement des
moines à l’ensemble des ecclésiastiques. Il faut commencer par être libre et indépendant pour
pouvoir imposer ce mode de vie. Il faut donc d’abord que la papauté soit libre.
Mouvement qui part de ma Curie romaine : composée de cardinaux, parmi eux, Imbert
de Moyenmoutier, lotharingien, il a baigné dans ce milieu de réformes monastiques. Il
va tout faire pour renforcer l’autorité du pape.
1054, il parvient à l’excommunication du patriarche de Constantinople qui voulait s’ériger
en docteur universel de l’église, il voulait mettre en place des doctrines valables pour tous, ce
qu’on ne pouvait pas accepter parce qu’en occident, l’évêque de Rome supplante tous les
évêques !
Dans les années qui suivent, deux élections pontificales. En 1057, le pape meurt, on en élit
un autre. Selon quelles modalités ?
Première élection : l’empereur n’est encore qu’un enfant (Henri IV), trop jeune pour
réagir et la cour ne propose personne, on laisse s’échapper l’emprise césaropapiste,
idem côté familles romaines, et c’est la curie romaine qui choisit le pape : Etienne X,
meurt peu après.
Seconde élection : les grandes familles romaines se sont ressaisies, choisissent un
concurrent (antipape) à celui choisi par la curie (légitime). Imbert aurait pu faire appel
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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à la cour impériale pour lutter contre cet antipape mais il refuse de le faire, sinon ça
aurait introduit à nouveau une ingérence laïque ! Nicolas II reste sur le trône
pontifical.
En 1059, Nicolas II va formaliser cette élection révolutionnaire en énonçant toute une
série de principes :
- le pape est élu par les cardinaux ;
- Interdiction à tout clerc de recevoir une charge des mains d’un laïc. Principe qu’il
essaie de généraliser. Idée = purifier l’église des interventions des laïcs, parce que le
modèle c’est l’austérité monastique.
C’est difficile à mettre en œuvre mais la curie va réfléchir, exhumer des textes pour bâtir
une théorie en allant reprendre des arguments chez différents auteurs :
- Chez saint Augustin ;
- Chez le pape Gélase Ie : en 494, il écrit à l’empereur de Constantinople pour lui dire
que l’autorité du pape (auctoritas) est supérieure au pouvoir détenu par l’empereur
(potestas) : il avait déjà essayé de démonter que ce n’est pas normal que les évêques
soient dans une position inférieure à celle de l’empereur !
Ça va servir d’arguments parce que ces vieilles conceptions sont utilisées par la curie
pontificale, qui va se lancer dans la 2e étape : obtenir la liberté des élections épiscopales. En
même temps, on vise aussi à affirmer, faire reconnaitre la primauté du pape sur les autres
clercs (centralisation du fonctionnement de l’Eglise) et aussi sur les laïcs. Universalité du
pape.
1075 : liste de revendications affirmées par Grégoire VII : Dictatus papae : c’est une
systématisation de ce qui avait déjà été affirmé en 1059, on les reformule : autonomie, plus
d’ingérence, primauté du spirituel sur le temporel, même sur le plan politique !
Renversement de perspective. L’autorité pontificale peut donc refuser de sacrer les
princes, le condamner s’il a commis une faute morale.
Début de la Querelle des Investitures (1075-1122). L’empereur n’a pas d’intérêt à
changer sa conception césaropapiste donc ne va pas accepter ce que le pape veut faire ! Le
pape va donc excommunier l’empereur, c’est un obstacle à prétendre qu’il continue d’exercer
son pouvoir par délégation divine ! Il va faire pénitence et rencontrer le pape en 1077 à
Canossa. Mais le combat ne fait que commencer entre plusieurs papes et plusieurs empereurs.
On aboutit finalement à un compromis : Concordat de Worms en 1122. Ça se base sur la
distinction entre la charge spirituelle de l’évêque et sa charge temporelle (charge politique sur
les principautés ecclésiastiques) :
- Dans un premier temps l’évêque est élu librement par le clergé de son diocèse, les
chanoines de sa cathédrale.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
77
- Ensuite, celui qui est élu va être ordonné par son supérieur, l’archevêque
métropolitain, qui lui remet les insignes religieux de sa fonction (crosse et anneau).
- Enfin l’autorité laïque va pouvoir investir l’évêque des biens temporels liés à sa
fonction et recevoir, si nécessaire, le serment de fidélité de l’évêque. Il y a toujours un
lien politique entre les deux. Mais est-ce que c’es suffisant pour l’autorité impériale ?
Non parce que ce qui importait c’était de choisir qui on voulait pour remplir la
fonction !
Compromis qui laisse la porte ouverte à une série d’influences. Les élections sont le fait
du chapitre des chanoines et dans la pratique, l’empereur peut assister à l’élection ! Le prince
territorial aussi, par la suite, pourra intervenir sur les chanoines et ne s’en priveront pas.
L’indépendance religieuse n’est donc pas acquise mais ce qui a changé c’est qu’on
n’est plus dans un système césaropapiste, même si le prince joue encore un rôle. On
est dans une pré-séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Autre élément (après la liberté des élections épiscopale, acquise dans les droits mais pas
dans les faits) : question de la primauté romaine et de la transformation de l’église en une
monarchie. Centraliser l’Eglise réduit le rôle des évêques. On va prétendre que le pape est un
évêque universel=
Il peut prendre des décrets pour l’ensemble de la chrétienté.
Universalité aussi par l’envoi de légats pour contrôler, surveiller, imposer ses
décisions.
Dans certains cas, il va prendre sur lui de déposer certains prélats, certains évêques.
Une fois le mouvement lancé, il va continuer de façon croissante.
Sur le plan judiciaire : le pape va ouvrir la possibilité de faire appel d’un certain
nombre de décisions des tribunaux épiscopaux devant son propre tribunal. Il permet un
appel devant sa propre juridiction, en créant un échelon supérieur. Il y a aussi des cas
réservés : instances qui ne peuvent être jugées que devant le pape. On réserve donc
certaines prérogatives à la papauté. Exemple : procès de canonisation.
Sur le terrain des nominations aussi, surtout vers le XIIIe, le pape intervient dans des
nominations d’évêques, d’abbés, de curés.
Au niveau de la fiscalité : en se centralisant, besoin de beaucoup plus de moyens
qu’on va faire venir des diocèses. Sommes très importantes !
L’église se transforme donc en une pyramide hiérarchisée. Mais ça va aller encore plus
loin quand le pape va prétendre dicter sa volonté non plus à l’église mais aux princes laïcs. On
veut leur dire comment gouverner dans le royaume, on est en train de s’ingérer dans les
affaires politiques des laïcs : renversement fondamental de la tendance, vers une tendance
théocratique. Système où les différents princes laïcs sont subordonnés à l’autorité du pape.
Innocent III (1198-1216) prétend pouvoir intervenir dans le champ politique mais de
façon limitée : pour éviter une faute, en cas de péché du pouvoir civil : ratione pecati. Il va
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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exercer son auctoritas sur les princes laïcs mais de façon ponctuelle : choisir un roi, démettre
un empereur, exiger de certains rois de devenir des vassaux de la papauté, intervenir dans les
luttes pour le pouvoir impérial aussi.
Innocent IV va être confronté à Frédéric II une fois que celui-ci est empereur. Il ne veut
plus se contenter de l’auctoritas mais revendique la plénitude du pouvoir : plenitudo
potestatis. Il détient potestas et aussi sa plénitude, à un titre meilleur que les princes laïcs.
Développement de cette position sur base d’arguments juridiques.
Celui qui va pousser ça plus loin : Boniface VIII. Il ne se contente pas d’arguments
juridiques mais va formuler un discours théologique. Il plaide pour l’autorité illimitée du
Saint-Siège mais c’est trop, il rencontre des opposants de plusieurs types :
Opposants du côté des monarchies elles-mêmes, qui se sont renforcées depuis (XIIIe),
comme les Capétiens. Résistance théorique vis-à-vis du pape avec des traités réalisés
dans les universités par les théologiens. On base leur travail sur la redécouverte d’un
auteur de l’antiquité : Aristote. Théories sur l’état, intervention entre humains et
nature. On commence à réfléchir sur l’Etat comme une société naturelle, sur l’Etat
comme corps naturel, et sur ce qui devient le droit naturel. Corpus théorique très
puissant pour s’opposer à la théologie pontificale.
Ecclésiastiques : canonistes, spécialistes du droit canon, théologiens comme saint
Thomas d’Aquin.
Ce sont les excès de la prétention théocratique des papes, l’importance des résistances et
la faiblesse de la papauté qui s’ensuit au XIVe qui entraient l’échec de la théocratie
pontificale.
Pendant ce temps, dans l’Eglise d’orient, on est toujours dans une tendance césaropapiste
qui va être là aussi dans la Russie des Tsars. Le césaropapisme en occident à disparu et les
positions de l’église et du pouvoir laïc se sont rééquilibrées. Il y a un jeu d’influence. L’Etat
garde une sphère d’autonomie, les évêques agissent toujours dedans, mais aussi avec plus
d’autonomie. Ils ne sont plus directement sous autorité des princes laïcs.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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Cinquième chapitre : Le développement politique des villes,
11e-15e siècles
Essor politique des villes. Après l’an 1000, le phénomène urbain va prendre une
importance croissante. Elles deviennent des acteurs plus riches, leur poids change par rapport
à l’autorité d’un seigneur. Elles se développent avec de plus en plus d’autonomie sur le plan
politique, parfois ça ira jusqu’à l’indépendance selon les époques et les lieux.
Typologie des villes en distinguant 3 types de villes. Critère politique, lié au degré
d’autonomie des communautés urbaines
Villes d’échevinage ou de consulat : se gère de façon autonome mais sous autorité
d’un seigneur (petit seigneur local ou prince territorial). Il intervient dans le
fonctionnement des autorités urbaines. Ils bénéficient quand même d’une autonomie
sur un certain nombre de questions. Dirigée par l’assemblée des échevins (pour
l’empire et le nord de la France), ou de consuls (sud de la France).
Villes de communes : indépendance plus importances. Le pouvoir ne détient que la
souveraineté sur la ville mais n’intervient pas dans ses affaires (ex : Tournai, sous la
souveraineté du roi de France).
Villes libres : presque souveraine. Dans l’empire :
o villes de la Hanse (grande association de marchands et de villes marchandes
dans le nord de l’Allemagne. Du fait de leur association, de leur
développement économique important, elles ont acquis le statut de villes libres,
ne dépendent plus de l’empereur. À mesure que le pouvoir de l’empereur
devient symbolique, le pouvoir de ces villes devient petit à petit un pouvoir
tout à fait indépendant) ;
o en Rhénanie ;
o en Italie du nord aussi (relèvent d’une part de l’autorité de l’empereur), et qui
vont même parfois imposer leur autorité sur d’autres villes.
I. Lotharingie
Point de départ du processus d’émancipation politique des villes : le seigneur, laïc ou
ecclésiastique va accorder des privilèges, des libertés aux bourgeois de la ville. Ces libertés
sont consignées dans des chartes.
- La plus ancienne vient de Huy, accordée par le prince évêque, en 1066.
- À Tournai, elle reçoit les privilèges du roi de France en 1188.
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Comment se voit-on accorder une autonomie de fonctionnement ? Les voies d’accès sont
diverses : négociation, paiement pour l’octroi de libertés (quand le seigneur a besoin d’argent
par exemple, il va encourager les négociations).
Organisation de cette autonomie locale ? Le pouvoir est souvent monopolisé par les élites
urbaines (élite marchande). À la tête :
- Le conseil des échevins (héritiers des scabini du Malus).
- Maire ou mayeur : délégués, nommés par le seigneur, d’abord à vie, ce sont les
officiers du seigneur (avec les échevins, ils sont 7 ou 14)
autonomie et dépendance en même temps !
- À côté de ça, on a d’autres responsables vers 1200 : des jurés et des bourgmestres,
représentent la population urbaine et vont prendre en charge les fonctions politiques et
administrative, donc les échevins sont relégués à des tâches judicaires surtout.
Quand les couches moins aisées de la population vont revendiquer de participer à
l’exercice du pouvoir. Après un certain temps, elles accèdent au gouvernement de la ville, ça
se fera au travers d’une certaine violente, un choc. C’est le cas à Liège en 1312 avec le Mal
Saint-Martin : révolte des artisans de la ville (se réfugient dans l’église Saint-Martin qui va
être brûlée). Résultat, on voit accéder les gens de métier accéder aux charges urbaines.
En même temps, ce n’est pas toujours liées mais on voit les charges devenir des
charges à terme. On a un processus régulier d’élection ou de cooptation. Corps
électoral assez limité.
En même temps, 3e phénomène : poids politique croissant des villes dans les principautés
desquelles elles font partie, le prince devra traiter de plus en plus avec elles. Ce sont des
sources de revenu pour le prince mais en contrepartie elles demandent des choses : que leurs
privilèges soient étendus, et aussi contrôler l’usage des deniers qu’elles vont donner aux
princes. Ils n’ont que les revenus de leur principauté. Les besoins financiers croissent aussi,
les ressources propres ne suffisent plus donc on demande des aides aux sujets. Les villes se
regroupent, les plus importantes prennent la parole contre ces princes, pour exiger de
participer au contrôle de l’utilisation de l’argent qui avait été donné.
Cette participation des villes au pouvoir politique c’est le départ des assemblées
représentatives.
Mouvement que se développe dans un royaume (états généraux en France), on en
Lotharingie avec la participation des villes aux décisions du duché (dirigé par le duc et les
villes, qui restent toutes des villes d’échevinage, avec le duc ou un vassal du duc comme
seigneur).
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II. Italie
A. Italie du Nord
Contraste important, plusieurs de ces villes vont se retrouver sans seigneur ! Au point de
départ aussi, contraste. Ces villes sont dans une forte continuité avec le monde romain, il n’y a
pas d’évolution des distances non plus. La noblesse est aussi beaucoup plus présente qu’en
Lotharingie : officier princiers, vicomtes, qui ont leur propre maison forte dans la ville, avec
leur clientèle, ça forme des sortes de clans.
Quand ces villes vont se développer, les nobles vont participer au développement
économique et commercial de la ville. Les élites urbaines sont des élites qui proviennent de la
noblesse. Les villes se développent comme pouvoir communal avec des consuls, ça va
s’étendre au comté qui l’entoure, elle va s’imposer aux communautés et aux petits nobles de
ce Contado, qui va s’étendre. Ils deviennent les vassaux de la commune.
Elles vont aussi se montrer hostiles aux ingérences de l’empereur dans le fonctionnement
communal. Dès 1167, les communes du nord de l’Italie vont se regrouper pour former la
Ligue lombarde, qui va battre Frédéric Ie Barberousse en 1176, et avec qui elles vont signer
la Paix de Venise en 1177, il est obligé de reconnaitre cette ligue et donne à ces villes une
quasi-indépendance.
Point de vue interne, la ville est dirigée par les aristocrates, divisée en faction avec des
vendettas. On est donc obligé de recourir à un tiers, une sorte de personnalité neutre : le
podestat, à la fois un juge et un capitaine (judiciaire et chef militaire). Il va arbitrer els conflits
entre les factions. Pour éviter le favoritisme, on le choisit par principe en dehors de la ville, il
n’est pas lié au réseau des clans. On ne le nomme pas pour très longtemps, pour éviter qu’il ne
tente de prendre le pouvoir. Il est donc au service de la commune. Vie politique aussi entre
elles.
Vie politique en Italie du nord, du XIe au XIIIe : suite de conflits, alliances entre les
villes, le pape ou l’empereur.
- Gibelins : partisans de l’empereur.
- Guelfes : partisans du pape, reconnaissant l’empereur mais de très loin, on est contre
les excès de l’empereur, donc prennent le parti de lu pape. Mais quand le pape veut
profiter de la situation pour étendre le territoire pontifical au détriment des communes,
ils changent de camp. Pas de logiques très fortes, ce sont des logiques d’oppositions
locales, qui marquent la vie politique locale. Exemple : Dante, un guelfe blanc, doit
quitter Florence parce qu’il fait partie du mauvais parti. Guelfes blancs et noirs. Pas de
répartition, c’est plutôt une logique de Vendetta.
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Sixième chapitre : Regards comparés sur le
développement des institutions
I. Les différentes sources formelles du droit
Coexistence de choses anciennes et de renouvellements considérables.
A. La coutume
Autour de 1000, ce sont les coutumes qui dominent : règles transmises par tradition orale,
liées au fonctionnement d’un groupe social donné et les autorités qui peuvent veiller au
fonctionnement et à l’application de ces coutumes.
On assiste à un morcellement du droit coutumier lié au morcellement politique en
principautés et en seigneuries. Impact sur le droit coutumier : rendu dès qu’une sentence est
prononcée.
Les tribunaux traditionnels ont disparu, on rend maintenant justice au nom du comte
ou du seigneur, usurpations ! C’est au niveau local que se développe le droit
coutumier.
On est plus largement dans un monde ou le recours à l’écrit à très fort diminué,
l’oralité domine, la preuve écrite est très peu présente voire inexistante.
Modes de preuve en matière pénale qui sont irrationnels. En matière civile aussi, on
recourt à des témoins. La preuve que c’est l’oralité qui domine c’est que même dans les cas
ou on garde un acte écrit, un des éléments importants de cette charte, ce sont les témoins, qui
sont presque plus importants au niveau juridique que le parchemin qui est réalisé ! Témoins
toujours choisis très nombreux et très jeunes (pour qu’ils vivent et puissent donc témoigner
longtemps)
société qui ne se fie pas à la documentation écrite pour les actes judiciaire et
juridiques.
Importance aussi de la place des gestes pour rendre symboliquement visibles ces actes
juridiques (cérémonies d’hommage vassalique).
B. Droit romain et droit canonique
Pendant les 3 siècles à venir, les choses vont changer progressivement, mais très
fortement. Quels facteurs vont jouer un rôle ?
développement des villes et de l’activité commerciale
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
83
renaissance du recours à l’écrit à des fins pratiques et administratives (parce que dans
les églises, les monastères, ça ne s’était pas perdu).
Ces deux facteurs sont liés : c’est parce que les activités commerciales se développent
qu’on a besoin de l’écrit, actions commerciales plus nombreuses, plus compliquées, donc on
se forme de plus en plus à l’écrit. On va voir renaitre, sur le plan juridique, un droit savant,
dans le courant du XIe. Très différent du droit coutumier. C’est d’une part le droit romain, et
d’autre le droit canonique (droit de l’église).
a) Droit romain
L’étude du droit romain va se développer dans le contexte de la Querelle des investitures.
Les juristes, au service de l’empereur, vont se mettre à la recherche d’arguments juridiques
pour soutenir l’autorité de l’empereur, face au pape. On recherche et on étudie les textes de
l’antiquité romaine. De vieilles copies de textes de droit romain sont recopiées, comme le
Digeste de Justinien. Ils sont commentés dans les écoles où on enseigne ce droit romain,
comme à Pavie ou à Bologne, où on a un spécialiste du droit romain : Irnérius, vers 1100. Il a
des disciples, il fait école, cet enseignement se répand et ça va donner des facultés de droit //
développement des universités. Changement fondamental, on commence à réfléchir à la
question du droit sur base de textes complexes, d’arguments savants.
Plusieurs écoles vont se succéder :
XII-XIIIe : école des Glossateurs, vont commenter (gloser) les textes de droit romain.
Commentaire parfois très simple, philologique. Fixé au milieu du XIIIe avec Accurse
qui rédige la Glose ordinaire (rassemble les commentaires) ;
Milieu du XIIIe : école des Postglossateurs. Va plus loin. Point de vue de la procédure
et du mode de preuve, on fait renaitre l’idée de la preuve rationnelle avec le droit
romain.
b) Droit canonique
En parallèle se développe un autre droit savant : le droit canonique. Champ d’application
très vaste, très large. Distinguer deux niveaux. Le droit canonique s’applique…
- En fonction des personnes : ratione personae (seulement chez les clercs)
- En vertu de certaines matières : ratione materiae (toute la population pour certains
domaines)
Ce qui est nouveau, au XIe, dans la 2e moitié, on va tâcher de rassembler l’ensemble des
matériaux du droit canonique pour en faire des collections, des décisions, de façon
systématique, en résolvant des contradictions entre textes et décisions, en ordonnant la
matière. Nouveau mouvement de rédaction qui se développe dans les milieux grégorien (curie
romaine). Ils cherchent aussi des arguments dans les textes pour renforcer le pouvoir de
l’Eglise et de l’autorité pontificale. Constitution d’un nouveau corpus de règles.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
84
Va tirer parti de ce mouvement : Gratien, vers 1140, à Bologne // étude du droit romain.
Les mêmes recettes sont appliquées à l’étude des décisions ecclésiastiques. Il rédige le Décret
de Gratien (collection réalisée et ordonnée par Gratien). Travail de doctrine. Décret qui va
être commenté et enseigné, parce que ce n’est pas un droit mort ! >< droit romain. Il y a
toujours des décisions qui sont prises par des papes, des évêques.
- 1234 : nouvelle collection : Decretae de Grégoire IX. Mesure de type législative prise
par un pape.
- 1298 : Liber sextus.
- 1317 : Clémentines.
- Au XIVe, des collections pour reprendre celles qui ne font pas partie des Decretae :
Extravagantes de Jean XXII et Extravagantes communes.
Entretemps, durant le XIIIe, le droit canon est devenu une science autonome par rapport à
la morale, à la théologie. Elle a ses propres règles, ses propres spécialistes formés, les deux
disciplines s’étudient séparément !
c) Application
Possibilité de combiner les deux formations de droit (romain et canon).
- Droit canonique : vivant, fonctionnement de l’église, matières concernées.
- Droit romain, pourquoi ? Moins évident ! Ce qui s’applique, dans le siècle, c’est la
coutume.
Le droit romain a en fait un impact indirect :
Formation d’un nouveau type de personnel politique, apprennent à raisonner, à
répartir les choses en catégories, à citer les textes…Les monarchies vont de plus en
plus utiliser ces personnes formées dans les facultés de droit, ils savent argumenter, ce
sont de bons conseillers.
Influence aussi sur le droit canon en matière de preuves et de procédures, plus
rationnelles. Remise à l’honneur de la preuve écrite notamment. C’est l’Eglise elle-
même qui va juger inopportune l’application des ordalies, des preuves irrationnelles.
On estime même que le recours au jugement de dieu n’est pas une bonne chose sur le
plan des procédures judiciaires ! Concile de Latran IV : les Ordalies sont proscrites par
l’Eglise. Va se développer une procédure romano-canonique. Renversement de
tendance.
Le droit romain va aussi être important car va permettre le développement d’une
approche rationnelle, doctrinale, du droit coutumier, qui était aux mains de non-
spécialistes, ou alors de spécialistes du droit coutumier seulement. On a maintenant
des personnes en mesure de développer des raisonnements de type juridique.
Entreprise de mise par écrit du droit coutumier : travail qui se fait avec des références au
droit savant. Quand se développeront à nouveau de grands tribunaux dépendant de l’autorité
centrale, on va voir des juristes utiliser des éléments de droit romain quand ils ne trouvent pas
la réponse dans le droit coutumier au litige en question.
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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C. Législation
Autre source formelle du droit : la législation. Elle est très peu présente dans le monde
coutumier. C’est une norme de type édictale, repose sur une autorité qui a la capacité
d’imposer cette norme >< droit coutumier ou c’est la volonté du monde !
Après 1000, lente et progressive reprise de la législation. C’est une dérivée de la fonction
législative du prince. Argument : coutumes qui sont des mauvaises coutumes donc on doit les
réformer. Renaissance de la législation qui se fait en s’appuyant sur les autres lois en vigeur.
Angleterre, assez précoce sur ce plan, on voit des actes de législation dès Henri II
Plantagenêt au XIIe. Lié au fonctionnement des procédures, aux tribunaux. Législation
produite aussi entre le roi et les représentants de ses sujets, qui siègent au parlement.
Seconde moitié du XIIIe : on parle de statut pour parler d’une décision du roi prise
avec l’assentiment des représentants de ces sujets. Multiplication des interactions entre
le souverain et ses sujets.
France, au XIIe (début de la réimposition de l’autorité royale) : quelques normes
royales établies, mais c’est surtout le cas au XIIIe. Mais bien souvent, ces ordonnances
ne s’appliquent qu’au domaine royal, pas sur les territoires de ses vassaux ! il légifère
seulement come un prince. Il faut attendre le XIVe pour voir des mesures législatives
qui s’appliquent à tout le royaume.
Lotharingie, il y a assez vite des mesures législatives prises par les princes. Comté de
Flandre : fin XIIe. Elles se développent petit à petit par la suite. Ça se renforce lorsque
les principautés lotharingiennes échappent à l’autorité impériale, vers le XIIe.
On trouve des formes de législation aussi au niveau urbain. Les villes se sont
développées et le magistrat urbain va prendre des mesures réglementaires pour administrer la
ville. C’est un terrain très fertile au développement des actes législatifs car ce sont des milieux
ou les choses changent très vite ! >< À la campagne, on peut plus facilement rester fidèles à la
tradition. Mouvement qui s’accroit. Mouvements aussi de chassés croisés entre les différentes
autorités : un comte qui peut s’inspirer de ce qui se fait dans une ville pour l’appliquer à toute
la principauté.
II. Les institutions ecclésiastiques
Elles sont de divers types. Certaines s’appliquent à des communautés assez étroites :
règles des différents ordres religieux, qui se multiplient à cette époque (// Cluny). Ce qui
change, avec les mouvements de réforme, c’est qu’on va voir se multiplier des ordres
religieux nouveaux, avec de nouveaux objectifs, de nouvelles règles.
Ce qui est prédominant pour l’ensemble de la population :
- Structures paroissiales, qui structurent le territoire. Il peut y en avoir plusieurs par
ville ;
- Elles sont regroupées en doyennés de chrétienté, dirigés par un doyen de chrétienté ;
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- Il dépend de l’évêque et de son diocèse ;
- Le diocèse est tributaire d’une province ecclésiastique et d’un archevêque ;
- Au sommet, on a la curie romaine avec le pape, sorte de gouvernement central de
l’Eglise.
Sur le plan judiciaire, l’Eglise est organisée aussi :
Chaque évêque dispose d’un tribunal, dirigé par un officier de l’entourage de l’évêque
(chanoine de sa cathédrale), l’official. Tribunal de l’officialité.
Possibilité de l’appel devant une juridiction supérieure introduite par le droit romano-
canonique.
On peut même aller en appel devant la cour romaine, la rote.
Réapparition de l’appel, c’est intéressant, crée une nouvelle dynamique judiciaire, c’est
possible à cause d’un changement au niveau des modes de preuves. Tant qu’on n’avait pas
remis à l’honneur les preuves rationnelles, il était difficile d’organiser des procédures d’appel
(aller en appel sur la volonté de dieu ?). il faut admettre la possibilité d’une erreur dans le
jugement.
Institutions aussi extraordinaires : tribunaux d’inquisition. Dans la période médiévale, on
les voit apparaitre quand se développent des grandes opérations de répression contre les
hérésies (cathares, XIIIe). Inquisition épiscopale : menée dans un diocèse, avec l’évêque qui
agit avec un inquisiteur, un dominicain.
III. Les institutions temporelles ou séculières
A. Francie occidentale
Curia regis : elle a fort changé depuis les temps carolingiens. Elle se réduit à quelques
officiers qui entourent le roi :
- Chancelier (gardent le sceau)
- Chambellans (gèrent l’hôtel)
- Vassaux (conseil pour le roi, rendre justice…)
En Francie occidentale il n’y a pas d’autre institutions centrales mais cette curia regis va
se développer, comporter plus de membres qui se spécialisent dans certaines tâches. On va
même recruter des gens pour accomplir certaines tâches (// canonistes formés dans les facultés
de droit).
De plus, un certain nombre de ces nouveaux services spécialisés vont devenir permanents.
Au XIIe, l’hôtel devient un ensemble hiérarchisé. Au XIIIe, la cour se spécialise :
- Cour des pairs (instance judiciaire)
- Conseil
Histoire du Moyen-âge 1 (2012) Alix Sacré BAC2 Histoire
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- Parlement (organe de justice : conseillers royaux spécialisés). Il se spécialise aussi au
XIV :
o Grande chambre
o Chambre des enquêtes (organisation de la procédure, recueil de preuves)
o Chambre des requêtes (but : filtrer l’accès au tribunal)
o Tournelle
Ce parlement est une nouveauté au XIIIe. Il rend la justice au nom du roi (délégué à ses
conseillers du parlement). Comment intervient-il ?
En tant que juridiction d’appel de juridictions inférieures (tribunaux seigneuriaux). Un
seul parlement, qui se trouve à Paris. Institution détachée de la curia regis mais qui
rend justice au nom du roi, spécialisée et sédentarisée. Appel repris aux juridictions
ecclésiastiques ! ça sert aussi, pour le roi, à renforcer la centralisation de son royaume,
au point de vue judiciaire. Chaque fois que le royaume s’agrandit, le ressort du
parlement de Paris est augmenté de façon à intégrer ces nouvelles entités.
L’appel fonctionne au civil, mais pas au pénal (la juridiction de premier degré,
normalement, légifère sans appel).
Mais pour certaines affaires, certains personnages, la cour royale sert de juridiction de
première instance. Certaines matières, les cas réservés, sont l’apanage de la justice
royale, comme la trahison à l’égard du roi ou la fausse monnaie. Pour gérer de plus en
plus, le roi va augmenter ces cas réservés.
Même type de développement dans les juridictions inférieures. Exemple : au sein du
comté de Flandre, et dans le duché de Brabant, spécialisation dans la cour du duc, spécialistes
nommés à titre définitif. Mouvement de démembrement de l’ancienne curia regis. À la fin du
Moyen-âge, institutions qui sont devenues autonomes par rapport au point de départ.
B. Angleterre
Démembrement de la curia regis, qui se manifeste différemment, notamment au point de
vue de la justice. Petit à petit, une justice royale va se mettre en place et s’imposer aux
juridictions locales : envoi de juges itinérants, juges royaux, qui se déplacent pour venir à la
rencontre du sujet. Dès lors, on peut directement faire appel aux juges royaux. On a aussi des
tribunaux spécialisés et centralisés :
- King’s Bengh (banc du roi) : juge de matières pénales, mettent en cause la paix du
royaume (crimes) ;
- Court of common pleas (cour des plaids communs): porte sur des matières de droit
civil, litiges opposants des sujets entre eux, sur des questions de droit foncier. Juges
professionnels, permanents. Fixée à Westminster dès 1215.
- Echiquier : institution de contrôle administratif et tribunal, pour contrôler les comptes
rendus par les différents shérifs. C’est aussi une juridiction administrative qui juge des
malversations des shérifs. Fixé aussi au XIIe à Westminster.
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À côté, on a aussi des juges itinérants qui incitent les sujets à recourir aux tribunaux
royaux >< France : on peut y aller directement aux tribunaux du roi, sans passer par la justice
locale. Seule condition : respecter une procédure formulaire. C’est un ordre, un bref, donné
par la chancellerie royale et qui a pour but de mettre en forme la procédure. 1e ¼ du XIIIe : 56
types de Brefs. Vers 1320 : 890 types différents !
Les juridictions inférieures vont perdre en importance. Ce qui gagne en importance,
c’est un droit commun (common law), applicable à l’ensemble du royaume, issu des
décisions des juges. Au fur et à mesure que ces juges rendent justice, on en garde la
trace et on s’en inspire pour les affaires suivantes : source = jurisprudence des
nouveaux tribunaux royaux. Droit de type jurisprudentiel.
Ce n’est pas un droit qu’on enseigne à l’université, qui s’apprend par la pratique, par des
études de cas, dans les Inns of Court, à Londres, où se réunissent les spécialistes qui forment
les plus jeunes. Formation qui va prendre un tour assez conservateur, on va répéter des
solutions judiciaires. Ça se marque aussi sur le plan linguistique. On est dans un bilinguisme
social (anglo-saxon pour le peuple, français pour l’aristocratie). On utilise le français dans les
cours, l’anglais reprend le dessus au XIVe. Mais dans les Inns of Court, on continue d’utiliser
le Français, le Law French, utilisé jusqu’au XIXe.
Développements importants qui modifient les institutions juridiques.
IV. Les conceptions du pouvoir (culture politique)
Miroir du prince : dit comment il doit se comporter. Un des premiers textes, écrit par un
évêque, Jean de Salisbury. Il connait très bien le fonctionnement de la monarchie capétienne
et Plantagenêt. Représente l’état comme un corps ; la tête c’est le roi, le cœur c’est les
conseillers, les bras ce sont les guerriers, l’âme c’est le clergé. Le roi doit être instruit pour
être sage, pas seulement guerrier. Différence entre prince et tyran : le prince obéit à la loi
quand il dirige le peuple. Le roi règne en délégation de ses sujets, pour le bien commun, en
respectant loi et raison.
Ce miroir est un des premiers de la tradition, beaucoup vont suivre. Ça met l’accent sur
quelque chose de nouveau : le roi a une mission, il est au service du bien commun donc il y a
un principe au-dessus du roi, ce bien commun, qui est quelque chose de naturel, au vue duquel
on peut juger l’action du roi, elle doit baliser le pouvoir du roi, si elle est bien utilisée, elle
peut accroitre le pouvoir du roi, et si elle est bien utilisée par les sujets, elle peut
contrebalancer le pouvoir du roi !
V. Les institutions représentatives
Lieux où les sujets vont pouvoir s’adresser à celui qui déteint le pouvoir. Idée de bien
commun mise en avant par tous. Idée de chose publique, de res publica, qui renait ici. Ce sont
aussi une forme de dénombrement de la curia regis. Sujets dont le roi veut prendre l’avis et
solliciter les moyens financiers. Quelles sont-elles ?
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A. Angleterre
Parlement anglais : il est composé de barons (grand seigneurs : Lords), et de deux
chevaliers par comtés et deux bourgeois par villes). S’organise progressivement, au XIV c’est
un système bicaméral :
- chambre des lords ;
- chambre des communes.
La chambre des communes a un porte-parole, le speaker, qui parle au nom des délégués
des sujets, qui peut interpeller le roi. Ce parlement a un droit l’initiative, peut proposer par des
pétitions des décisions. Ça va déjà très loin ! Il va même, en 1399, prendre la décision de
déposer un roi qui ne convient plus, et remplacé par un autre. Contrôle de l’autorité royale qui
va très loin, dès la fin du Moyen-âge.
Mais le développement n’est pas linéaire, il y a des creux et des retours en arrière,
certains rois vont adopter des politiques plus autoritaires face au parlement. Véritable
régime parlementaire stable fin XVIIIe.
B. France
Etats généraux, qui n’auront jamais le même pouvoir. Ils ne se réunissent que quand le
roi le demande, ils son beaucoup plus hétéroclites, pas structurés, sollicités pour des aides ou
des subsides financiers, mais ils n’auront pas participé de façon quasi-permanente à l’exercice
du pouvoir.
C. Chez nous
Niveau inférieur : duché de brabant : montée en puissance des villes. Charte de
Kortenberg en 1312 : le duc de Brabant permet à des représentants de ses sujets (nobles et
villes) de prendre part à l’exercice du pouvoir, de donner leur avis, de donner des accusations
contre certains officiers qui seraient coupables de malversations.
VI. Conclusion
Villes-état italiennes : on a des gouvernements de type républicains, qu’ils gardent
jusqu’à la fin de l’époque médiévale (Venise, Gênes…). À Florence aussi. Début XVe,
développement et inspiration de l’humanisme, nourris d’une expérience politique proche de la
république. Humanistes civiques qui connaissant une situation analogue à celle de la
république romaine. Mais à Florence, émergence d’une figure princière : Les Médicis. À
Milan, anciens officiers princiers qui vont se faire octroyer le titre de duc de Milan fin XIVe,
par l’empereur, qui n’a plus qu’un pouvoir symbolique en Italie.
Papauté, s’affaiblit quand elle part à Avignon. 1378, élection qui se passe mal, 2 papes
(grand schisme d’occident), les états se partagent entre ces deux papes. 1417, concile qui
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dépose les différents papes pour en choisir un nouveau. On a tenté de plaider la primauté du
concile sur le pape. Théorie qui n’a pas pu prendre le dessus, le pape va affirmer son autorité.
Le pouvoir effectif de l’empereur sur l’Italie est perdu, on a deux choses différentes :
empereur et empire. Cantons suisses qui quittent l’empire.
France et Angleterre : guerre de 100 ans, mais malgré tout, le développement d’une
culture politique autour de la monarchie, de la couronne, continue. À la fin du Moyen-âge,
pouvoir royaux forts au service d’un bien commun. Le roi est souverain, et c’est en tant que
souverain qu’il dirige le royaume.
Certains états échappent à ces monarchies : Bourgogne, duché de Savoie (dure jusqu’au
XIXe, devient un royaume avec une partie en Savoie et en Piémont). Péninsule ibérique :
s’unit fin moyen-âge par le mariage des souverains mais conservent une tendance autonome et
particulariste, persiste à l’époque moderne.