Évangéline L’histoire d’un cœur fidèle À l’automne 1755, Évangéline Bellefontaine...

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Évangéline

L’histoire d’un cœur

fidèle

À l’automne 1755, Évangéline Bellefontaine venait d'atteindre ses dix

sept ans ;

les yeux noirs,les cheveux bruns, c'était le plus belle fille de la paroisse.

Sa mère était morte et Évangéline tenait la maison de son père, un riche

cultivateur.

Toutefois, la jeune fille rêvait à sa

future maison, car elle était fiancée à Gabriel

Lajeunesse, le fils de Basile, le forgeron

Gabriel et Évangéline formaient le plus heureux couple de l'Acadie jusqu'au jour où les Acadiens furent chassés

de chez eux.

Sous l'escorte des soldats anglais, les hommes furent

emmenés de l'église à la

plage.

La terrible nouvelle se répandit rapidement dans le village ; les

femmes et les enfants quittèrent leurs foyers pour se joindre aux hommes.

Évangéline attendait pour voir arriver Gabriel. Aussitôt qu'elle le vit, elle se précipita

vers lui et lui dit :

" Gabriel, aie confiance ! Si nous continuons à nous aimer, rien de mal

ne peut nous arriver ".

Subitement elle reçoit un choc. Elle aperçoit son père qui s'approche. Comme il a

changé en vingt-quatre heures !

Sa figure a perdu sa couleur, ses yeux sont sans vie, sa démarche est

lasse.

Le désordre est à son comble dans les familles. Personne ne sait où on

l'envoie.

Le cœur brisé, épouvantée, Évangéline se tenait auprès de son

père, tous deux regardant leurs amis partir l'un après l'autre.

Un navire emmena Gabriel et Basile. Et tandis

qu'Évangéline demeurait près de la mer, son père

soudain s'affaissa et tomba mort, tué par l'émotion.

Ses amis l'enterrèrent à l'endroit même. Et Évangéline dut monter à

bord du prochain navire qui prenait la mer.

Petit à petit le chagrin causé par la mort de son père

s'atténua, et son seul désir était de retrouver Gabriel.

C'était un rêve qu'elle poursuivait toujours sans se décourager, mais qui

s'évanouissait pour renaître et s'évanouir encore une fois.

Les navires qui avaient emporté les Acadiens

déposaient les exilés dans des ports différents d'où après avoir débarqué,

ils étaient dispersés encore plus

loin les uns des autres.

Certains tentèrent de rejoindre leur pays à pied.

Quelques jeunes gens devinrent voyageurs et

coureurs des bois.

D'autres encore trouvèrent asile dans les établissements français de la

Louisiane.

Évangéline erra d'un endroit à l'autre,

cherchant à obtenir des nouvelles de son fiancé. "

Gabriel Lajeunesse ? " répondaient les hommes. "

Il est parti avec les voyageurs " ou bien" il est parti avec les coureurs des

bois ", ou encore " Il est en Louisiane "

Partout où Évangéline arrivait, Gabriel venait de partir, parfois seulement

quelques jours auparavant, une fois

même il était parti la veille

Lui, avec l'image de sa fiancée sans cesse dans sa pensée, le souvenir de

sa dernière soirée heureuse à Grand Pré,

quand assis avec Évangéline près de la fenêtre, ils avaient vu les

étoiles s'allumer une à une dans le ciel.

Et ainsi les longues années de vie errante

s'écoulèrent. La beauté d'Évangéline se fâna. Elle devint une vieille femme

au cœur brisé.

A Philadelphie, elle se fit sœur de Charité, se dévouant aux

pauvres et aux malades.

Une épidémie s'étant répandue dans la ville,

Évangéline allait tous les jours à l'hospice soigner

les malades.

Un dimanche , alors qu'elle traversait une salle, elle aperçut étendu dans un lit un homme âgé, décharné et

grisonnant, qui se mourait de fièvre.

A la lumière du jour, le visage du malade, pour un moment sembla retrouver les traits de la jeunesse.

La fièvre continuait à le brûler ; sans mouvement, privé de connaissance, la

vie semblait se retirer et lentement, l'homme sombrait dans la mort.

C'est à ce moment, lorsque l'ombre de la mort ouvrait ses ailes, que le malade

entendit un cri déchirant et dans le silence qui suivit, il

perçut une voix douce murmurer

" Gabriel, mon amour ! "

Dans un rêve, le malade entrevit une fois encore son pays d’enfance, les

vertes prairies de l'Acadie traversées de cours

d'eau. Il revit son village, les montagnes, les fôrets et, abritée sous les ombrages des arbres, Évangéline telle qu'elle

était dans sa jeunesse.

Des larmes mouillèrent ses paupières et quand il les

entrouvit lentement,

la vision avait disparu, mais Évangéline était agenouillée à ses

côtés.

En vain, il essaya de murmurer son nom, les sons mouraient sur ses

lèvres ;

cependant leur mouvement faisait voir les paroles qu'il aurait

voulu prononcer.

Il essaya en vain de se soulever mais Évangéline, toujours agenouillée, posa un baiser sur ses lèvres et

appuya sa tête sur son sein.

Une tendre lueur brilla dans ses yeux, tout à coup, elle s'éteignit

comme la flamme d'une chandelle sous le vent.

Et ainsi les fiancés étaient à nouveau réunis. La Mort

attendait pour leur accorder un dernier moment de

bonheur.

Et tout en pressant encore une fois le cher visage contre elle,

Évangéline humblement baissa la tête et murmura:

" Seigneur, je te remercie ".

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