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Etude sur les causes de
l’insécurité alimentaire
Enquête menée à Petites Desdunes et Fossé
Naboth (Bas-Artibonite) en Avril 2012
Coordination Nationale de
la Sécurité Alimentaire (CNSA)
Route des frères, Puits
Blain 4, Impasse Pétion, #93, Port-au-Prince, Haït
http://www.cnsahaiti.org/
ACTED Haïti 9, rue Mont Joli
Turgeau, Port-au-Prince, Haïti
www.acted.org
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REMERCIEMENTS
Cette publication a été préparée par Mathilde Guého, Chargée de développement de projet d’ACTED
Haïti, en coordination et avec le soutien de la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire.
Nos remerciements s’adressent à tous ceux qui directement et indirectement ont contribué à la
réalisation de cette étude :
A la CNSA et particulièrement à M. Gary Mathieu, M. Pierre Garraud pour son soutien dans l’élaboration
des outils d’évaluation et dans le traitement des données et enfin M. Abnel Pierre Desamours pour son
appui au stade de l’analyse des données.
A toute l’équipe AME (Appraisal Monitoring and Evaluation) d’ACTED Haïti sous la conduite de Nicolas
Ferminet ; aux enquêteurs supervisés par Chenet Bourgeot et Jocelito Cherubin ainsi qu’aux
gestionnaires de base de données et analystes.
Aux ménages de Petites Desdunes et Fossé Naboth qui ont accepté de donner de leur temps pour
participer à l’enquête.
Au Service d’Aide Humanitaire et de Protection Civile de la Commission Européenne pour le soutien
financier dans la réalisation de cette étude dans le cadre du projet « Réduction de la malnutrition et de la
morbidité dans l'Artibonite à travers le renforcement de l’accès aux soins et l’amélioration de la
prévention multisectorielle » mis en œuvre par ACTED et Zanmi Lasanté.
Le Service d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission Européenne finance des opérations pour les victimes de catastrophes naturelles et de conflits en dehors de l’Union Européenne. L’aide est fournie de manière impartiale, directement aux populations dans le besoin et sans discrimination en termes de race, d’appartenance ethnique, de religion, de genre, d’âge, de nationalité ou d’affiliation politique.
« Ce document a été réalisée avec l’appui financier de la Commission Européenne. Les opinions exprimées ne doivent pas être
considérées, en aucune façon, comme reflétant l’opinion officielle de la Commission Européenne. »
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PREFACE
A la veille de l’année 2013 qui sera capitale pour la sécurité alimentaire en Haïti, la Coordination
Nationale pour la Sécurité Alimentaire reste fidèle à l’une de ses missions principale qui consiste à
informer les décideurs en temps de crise et à mener le plaidoyer pour une action globale et concertée
dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Le rôle de veille et d’informateur de la CNSA sur l’évolution des conditions de sécurité alimentaire est
d’autant plus important aujourd’hui pour la République d’Haïti, qui a été frappée consécutivement par
deux catastrophes naturelles qui ont profondément impacté la situation alimentaire des ménages
haïtiens. Les effets conjugués de la sécheresse, de la tempête tropicale Isaac et de l’ouragan Sandy ont
laissé 1,5 millions d’haïtiens en situation d’insécurité alimentaire.
Parallèlement aux enquêtes nationales menées par la CNSA et ses partenaires, la présente enquête,
réalisée conjointement avec ACTED, se veut une étude ciblée ayant pour objectif l’identification de causes
et de déterminants de l’insécurité alimentaire.
Cette enquête a été menée à un niveau micro dans des zones spécifiques soit deux sections communales
du Bas-Artibonite, respectivement la 2ème section Petites Desdunes située dans la Commune de L’Estère
et la 2ème section Fossé Naboth dans la Commune de Marchand Dessalines. Cependant, les nombreuses
données collectées ainsi que les conclusions et les recommandations de l’étude constituent des outils
précieux pour la compréhension de la problématique de la vulnérabilité a l’insécurité alimentaire et la
définition de programmes de sécurité alimentaire dans les localités qui partagent les mêmes profils de
modes de vie que les localités enquêtées.
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ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ACTED : Agence d’aide à la Coopération Technique et au Développement
BAC : Bureau Agricole Communal
CNSA : Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire
ENSA : Enquête Nationale Sécurité Alimentaire
FAO : Food and Agriculture Organisation
FCS : Score de Consommation Alimentaire (Food Consumption Score)
ISSA : Indice Synthétique de Sécurité Alimentaire
MAG : Malnutrition Aigüe Globale
MAM : Malnutrition Aigüe Modérée
MAS : Malnutrition Aigüe Sévère
MASCM : Malnutrition Aigüe Sévère avec Complication Médicale
PAM : Programme Alimentaire Mondial
SDAM : Score de Diversité Alimentaire des Ménages
ZL : Zanmi Lasanté
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RESUME ANALYTIQUE
Cette enquête ciblée avait deux objectifs spécifiques primordiaux. Le premier était d’évaluer précisément la situation alimentaire et nutritionnelle mais également socio-économique des ménages dans ces deux sections communales. Partant de cette évaluation l’étude s’est attachée à déterminer les différents liens de causalité agissant sur le niveau de sécurité alimentaire et à mesurer leur impact sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Les principales observations sont les suivantes : 1. Plus de la moitié des ménages des zones enquêtées sont considérés comme en situation d’insécurité
alimentaire. Avec une prévalence de l’insécurité alimentaire de 54% contre 38% au niveau national,
Petites Desdunes et Fossé Naboth apparaissent bien comme des zones particulièrement vulnérables
en termes de sécurité alimentaire, d’autant plus que 14,1% des ménages sont considérés comme en
situation d’insécurité alimentaire élevée contre 8,1% au niveau national.
2. Sur l’ensemble de la population cible, 22% des ménages sont considérés comme en situation de
consommation alimentaire pauvre/limite acceptable (contre 20% au niveau national). Et la faim
sévère connait une prévalence de plus de 40% en période « normale » et de plus de 67% en période
de soudure1.
3. La disponibilité en denrées alimentaires est bonne, voire très bonne, sur les marchés de la zone
enquêtée. La forte prévalence de l’insécurité alimentaire ne provient donc pas d’un manque
d’approvisionnement des marchés locaux.
4. 63,2% des ménages déclarent l’agriculture comme source de revenus principale et 86% d’entre eux
déclarent exploiter une parcelle à leur compte propre. Les exploitations agricoles sont composées de
1,74 parcelle en moyenne. Les superficies sont très variables selon les ménages. En effet, si la
moyenne de 2,78 carreaux2 est largement supérieure à la moyenne nationale ; au regard du mode, de
la médiane et de l’écart-type, la superficie des parcelles est plus communément comprise entre 0,3 et
0,6 carreaux. Les parcelles sont donc de taille assez réduite. La majorité des parcelles sont exploitées
par les ménages propriétaires.
5. La moyenne du nombre de parcelles par ménage et leur superficie est légèrement inférieure chez les
ménages en insécurité alimentaire. S’il n’existe pas de liens étroits entre la superficie moyenne, le
nombre de parcelles et les niveaux de sécurité alimentaire, il faut noter que les ménages moins dotés
en terres sont plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. Les plus fortes proportions de métayage et
de location dans les modes de tenure au sein des ménages en insécurité alimentaire démontrent que
l’accès à la terre reste un déterminant de l’insécurité alimentaire.
6. L’agriculture est très peu diversifiée avec 89,4% des ménages agricoles qui cultivent le riz. Seuls, 28%
pratiquent le maraîchage, 16,1% cultivent des tubercules et bananes et 9,3% des légumineuses.
1 Période précédent les récoltes et où les stocks de la récolte précédente peuvent être épuisés. En Haïti, la période de soudure qui commence au 2 Mesure de superficie correspondant à 1,29 hectare
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7. La diversification agricole est encore moindre chez les ménages en insécurité alimentaire : moins de
20% d’entre eux pratiquent le maraîchage (16,67% pour les ménages en insécurité alimentaire
élevée) et moins de 12% d’entre eux cultivent les tubercules et bananes.
8. Les principales contraintes pour les ménages pratiquant l’agriculture sont le manque d’irrigation et le
manque d’accès aux services agricoles. Les ménages s’endettent lourdement pour procéder aux semis
et utilisent une partie non négligeable de leurs récoltes ou des revenus qu’elles génèrent pour le
remboursement de ces dettes.
9. L’élevage est très peu répandu dans la zone enquêtée. Seuls 6,6% des ménages le considère comme
une source de revenus. La taille du cheptel reste légèrement plus faible chez les ménages en
insécurité alimentaire. Cependant, on observe une plus forte proportion d’élevage de porc chez les
ménages en insécurité alimentaire, alors que ce type d’animaux est le plus exposé et le plus touché
par les maladies.
10. Indépendamment du niveau de sécurité alimentaire, le marché est la principale source
d’approvisionnement des ménages (entre 85% et 90%). La production propre des ménages ne couvre
donc pas du tout les besoins alimentaires des individus et rend les ménages particulièrement
vulnérables aux fluctuations des prix sur les marchés.
11. Par ailleurs, 69% des ménages éprouvent des difficultés d’approvisionnement sur les marchés, les
deux principales contraintes étant les prix trop élevés des denrées alimentaires et le manque
d’argent.
12. La principale cause de l’insécurité alimentaire dans la zone enquêtée est donc le manque de moyens
financiers pour couvrir les dépenses alimentaires, l’étude ayant fait apparaître un lien direct entre le
niveau de sécurité alimentaire et le niveau de revenus des ménages.
13. Les dépenses alimentaires représentent plus de 40% des dépenses des ménages. Les dépenses des
ménages sont à plus de 40% constituées par les revenus des exploitations agricoles, de l’élevage ou
de la pêche.
14. Les dépenses liées à l’alimentation augmentent lors de la période de soudure ainsi que celles liées
aux transports. L’importance du poste de dépenses dévolu aux transports démontre la mauvaise
accessibilité des ménages vivant dans des zones reculées aux marchés principaux.
15. Si beaucoup de ménages de la zone possèdent deux voire trois sources de revenus, la diversification
des sources de revenus est beaucoup moins répandues chez les ménages en situation d’insécurité
alimentaire. Seuls 22% des ménages en insécurité alimentaire élevée possèdent une source
secondaire de revenus (contre 44% sur la totalité des ménages enquêtés) et seuls 3% d’entre eux
déclarent avoir une troisième source potentielle de revenus.
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16. Les revenus de l’agriculture représentent 85% des revenus des ménages. Ce pourcentage atteint 87%
parmi les ménages en insécurité alimentaire élevée et descend à 83% parmi les ménages en situation
de sécurité alimentaire élevée. Les ménages dépendant uniquement de l’agriculture sont donc plus
vulnérables face à l’insécurité alimentaire.
17. Fort logiquement, le régime alimentaire s’améliore et devient plus équilibré avec l’augmentation du
niveau de sécurité alimentaire. La fréquence de consommation de la viande, des fruits, des légumes
et des produits laitiers est plus élevée chez les ménages en sécurité alimentaire. Chez les ménages en
insécurité alimentaire élevée, le seul aliment consommé en moyenne plus de trois fois par semaine
est le riz.
18. Tous les ménages de la zone sont vulnérables aux chocs, notamment aux inondations, très
nombreuses dans la zone. Les stratégies de réponse les plus adoptées par les ménages relèvent de
l’ajustement par le bas. Ainsi, face au manque de nourriture, la stratégie la plus adoptée est la
réduction de la quantité de nourriture et la réduction de la consommation des adultes au profit des
enfants. Quelles que soient les stratégies adoptées, leur fréquence d’utilisation augment
systématiquement pendant la période de soudure.
19. Seuls 31% des ménages déclarent avoir une épargne, alors que plus de 90% d’entre eux ont eu
recours au crédit. L’endettement constitue ainsi un poids spécifique sur l’économie des ménages et le
faible taux d’épargne rend problématique l’absorption des chocs.
20. Les chocs les plus fréquents cités par les ménages sont les sécheresses et les décès dans la famille. En
cas de chocs, 32% des ménages empruntent auprès de proches et près de 20% contractent des
emprunts auprès de prêteurs. La vente d’animaux représente aussi une solution de secours en cas de
chocs. L’élevage est avant tout considéré comme une épargne par les ménages.
21. Dans un premier temps, les ménages qui sont confronté à un choc n’entament pas directement leur
capital productif et développent des stratégies de réponse. En cas d’aggravation de la situation, la
première solution exposée est le travail pour les ONG/travail temporaire, qui n’est toutefois plus très
courant dans la zone. Dès lors, les ménages recourent à la vente d’actifs : soit la vente de biens
servant à la génération de revenus soit la cession de parcelles, ce qui entame directement leur capital
productif agricole et donc leur niveau de sécurité alimentaire puisqu’elle réduit leur production
propre et leur niveau de revenus.
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TABLES DES MATIERES REMERCIEMENTS ................................................................................................................................... 2
PREFACE ................................................................................................................................................ 3
ABREVIATIONS ET ACRONYMES .............................................................................................................. 4
RESUME ANALYTIQUE ............................................................................................................................ 5
TABLES DES MATIERES ........................................................................................................................... 8
TABLE DES ILLUSTRATIONS ................................................................................................................... 10
1. CONTEXTE ........................................................................................................................................ 13
1.1 Contexte haïtien .................................................................................................................................. 13
1.2 Contexte de la zone d’enquête ........................................................................................................... 15
2. OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE ................................................................................................................. 18
2.1 Présupposés ........................................................................................................................................ 19
2.2 Objectifs spécifiques ........................................................................................................................... 19
3. METHODOLOGIE .............................................................................................................................. 20
3.1 Données quantitatives ........................................................................................................................ 20
3.2 Données qualitatives ........................................................................................................................... 22
3.3 Limites de l’enquête ............................................................................................................................ 24
RESULTATS .......................................................................................................................................... 25
4. Profil démographique ....................................................................................................................... 25
4.1 Profil du chef de ménage .................................................................................................................... 25
4.2 Typologie familiale : ............................................................................................................................ 26
5. Analyse des indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire ............................................................ 28
5.1 Score de consommation alimentaire .................................................................................................. 28
5.2 L’échelle de la faim ............................................................................................................................. 29
5.3 Score de diversité alimentaire ............................................................................................................ 31
5.4 Niveau de sécurité alimentaire des ménages ..................................................................................... 32
6. Disponibilité alimentaire .................................................................................................................. 33
6.1 Sources d’approvisionnement ............................................................................................................ 33
6.2 Disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés ..................................................................... 35
6.3 Agriculture, élevage et pêche ............................................................................................................. 36
Accès à la terre .............................................................................................................................. 37
Les espèces cultivées .................................................................................................................... 39
Niveau de production ....................................................................................................................... 41
Utilisation des récoltes.................................................................................................................. 42
Intrants, infrastructures et contraintes ........................................................................................ 45
Elevage .......................................................................................................................................... 51
Pêche ............................................................................................................................................. 53
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Accès aux services de base ........................................................................................................... 55
Conclusions sur la disponibilité alimentaire ................................................................................. 56
7. Accessibilité aux denrées .................................................................................................................. 57
7.1 Dépenses des ménages ....................................................................................................................... 57
Structure des dépenses ................................................................................................................. 57
Sources des dépenses ................................................................................................................... 60
7.2 Revenus des ménages ......................................................................................................................... 62
Sources de revenus ....................................................................................................................... 62
Type, lieu et saisonnalité des emplois .......................................................................................... 64
Montant des revenus .................................................................................................................... 65
7.3 Crédit et épargne ................................................................................................................................ 68
Crédit ............................................................................................................................................. 68
Epargne ......................................................................................................................................... 69
Conclusions sur l’accessibilité alimentaire .................................................................................... 70
8. Utilisation ........................................................................................................................................ 71
8.1 Préparation et conservation de la nourriture ..................................................................................... 71
Combustibles................................................................................................................................. 71
Sources et traitement de l’eau ..................................................................................................... 72
Conservation des denrées périssables .......................................................................................... 73
8.2 Stratégies d’adaptation alimentaire ................................................................................................... 73
8.3 Malnutrition ........................................................................................................................................ 77
Conclusions sur l’utilisation des aliments ..................................................................................... 80
9. Stabilité ........................................................................................................................................... 80
9.1 Les chocs ............................................................................................................................................. 81
9.2 Stratégies de réponse ......................................................................................................................... 82
9.3 Aide humanitaire ................................................................................................................................ 84
Conclusions sur la stabilité ............................................................................................................ 85
10. CONCLUSION .................................................................................................................................. 86
11. RECOMMANDATIONS ..................................................................................................................... 89
ANNEXES ............................................................................................................................................. 90
Annexe 1: Plan d’échantillonnage......................................................................................................... 90
Annexe 2 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire ..... 90
Annexe 3 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire ............................................................................................................................................ 91
Annexe 4 : Liste des principales variables croisées avec l’ISSA............................................................. 91
Annexe 5 : Matrice de corrélation entre scores et indicateurs ............................................................ 92
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TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1: Niveaux de sécurité alimentaire selon leurs caractéristiques ........................................................................ 21
Figure 2 : Sexe des chefs de ménage ............................................................................................................................. 25
Figure 3 : Age des chefs de ménage .............................................................................................................................. 25
Figure 4 : Education classique du chef de ménage ........................................................................................................ 26
Figure 5 : Autre niveau d’éducation des chefs de ménage ........................................................................................... 26
Figure 6 : Situation matrimoniale du chef de ménage .................................................................................................. 26
Figure 7 : Nombre de personnes par ménage ............................................................................................................... 27
Figure 8 : Genre des membres du ménage ................................................................................................................... 27
Figure 9 : Population active ........................................................................................................................................... 27
Figure 10 : Typologie des personnes non actives .......................................................................................................... 27
Figure 11 : Répartition des ménages selon le score de consommation alimentaire (FCS) ............................................ 28
Figure 12 : Répartition des femmes enceintes selon le FCS .......................................................................................... 28
Figure 13 : Répartition des ménages selon l’échelle de la faim .................................................................................... 30
Figure 14: Répartition des ménages selon le score de diversité alimentaire ................................................................ 31
Figure 15 : Indice de prévalence de la sécurité alimentaire .......................................................................................... 32
Figure 16 : Prévalence de l'insécurité alimentaire par commune ................................................................................. 32
Figure 17 : Source principale des aliments consommés ................................................................................................ 33
Figure 18 : Contraintes d’achat sur les marchés ............................................................................................................ 35
Figure 19 : Fréquence des contraintes d'achat sur les marchés .................................................................................... 35
Figure 20 : Fréquence globale de disponibilité des denrées sur les marchés ............................................................... 35
Figure 21 : Disponibilité des différents types d’aliments sur les marchés .................................................................... 36
Figure 22 : Mode d'exploitation des parcelles ............................................................................................................... 38
Figure 23 : Mode de tenure de la terre pour les ménages en insécurité alimentaire ................................................... 38
Figure 24 : Temps de trajet jusqu'aux parcelles ............................................................................................................ 39
Figure 25 : Usage des parcelles, Campagne 2011 .......................................................................................................... 39
Figure 26 : Usage des parcelles, Campagne 2012 .......................................................................................................... 39
Figure 27 : Type de céréales cultivé ............................................................................................................................... 40
Figure 28 : Type de légumineuse (sur la totalité des ménages) ……………………………………………….……………………………… 40
Figure 29 : Culture des tubercules et bananes (sur la totalité des actifs dans l'agriculture) ……………………………………. 40
Figure 30 : Type de légumes cultivé (pour les ménages pratiquant le maraichage) ..................................................... 41
Figure 31 : Niveau de production des céréales et légumineuse .................................................................................... 42
Figure 32 : Utilisation des céréales et légumineuses ..................................................................................................... 42
Figure 33 : Ménages ayant des stocks de céréales de la campagne 2011 ..................................................................... 43
Figure 34 : Utilisation des bananes et tubercules (sur les 12 derniers mois) ................................................................ 43
Figure 35 : Ménages ayant des stocks de tubercules et bananes de 2011 .................................................................... 44
Figure 36 : Utilisation des légumes (sur les 12 derniers mois) ...................................................................................... 44
Figure 37: Proportion de ménages ayant des stocks de légumes de 2011 ................................................................... 44
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Figure 38 : Types de semences pour la culture de céréales .......................................................................................... 45
Figure 39 : Source des semence pour la culture des céréales ....................................................................................... 45
Figure 40 : Source principale des semences pour le maraichage .................................................................................. 46
Figure 41 : Type d'engrais utilisé pour la culture des céréales ...................................................................................... 46
Figure 42 : Type d'irrigation utilisée pour la culture des céréales ................................................................................. 47
Figure 43 : Type d'irrigation pour le maraichage ........................................................................................................... 47
Figure 44 : Capacité de stockage au domicile ................................................................................................................ 47
Figure 45 : Lieu de stockage .......................................................................................................................................... 47
Figure 46 : Capacité de stockage au niveau communautaire ........................................................................................ 47
Figure 47 : Contraintes rencontrées par les ménages dans l’agriculture ...................................................................... 48
Figure 48 : Causes de non exploitation pour la campagne 2011 ................................................................................... 49
Figure 49 : Estimation qualité de la terre par les ménages ........................................................................................... 49
Figure 50 : Agriculture, élevage et pêche en termes de sources de revenus ................................................................ 51
Figure 51 : Cheptel moyen par ménage......................................................................................................................... 51
Figure 52 : Mortalité des têtes de bétails (sur les 12 derniers mois)) ........................................................................... 52
Figure 53 : Contraintes rencontrées dans l’élevage ...................................................................................................... 53
Figure 54 : Animaux les plus affectés par les contraintes dans l’élevage ...................................................................... 53
Figure 55 : Proportion de ménages pratiquant la pêche ............................................................................................... 53
Figure 56 : Part de la consommation dans l'utilisation des produits de la pêche ......................................................... 54
Figure 57 : Part de la vente dans l'utilisation des produits de la pêche ........................................................................ 54
Figure 58 : Type de contrainte rencontrée par les ménages pratiquant la pêche ........................................................ 54
Figure 59 : Niveau d'accès aux services agricoles .......................................................................................................... 55
Figure 60 : Structures des dépenses par ménage (pour le dernier mois ....................................................................... 57
Figure 61 : Principaux postes de dépenses des ménages .............................................................................................. 57
Figure 62 : Structure des dépenses des ménages en période de soudure .................................................................... 58
Figure 63 : Distance séparant les ménages du marché le plus proche .......................................................................... 59
Figure 64 : Moyen de locomotion utilisé par les ménages pour se rendre au marché ................................................. 59
Figure 65 : Sources des dépenses des ménages ............................................................................................................ 60
Figure 66 : Sources des dépenses des ménages en période de soudure ...................................................................... 61
Figure 67 : Source principale de revenus ....................................................................................................................... 62
Figure 68 : Source secondaire de revenus ..................................................................................................................... 62
Figure 69 : Troisième source de revenus ....................................................................................................................... 62
Figure 70 : Type d’emploi .............................................................................................................................................. 64
Figure 71 : Lieu d'emploi ............................................................................................................................................... 64
Figure 72 : Temporalité des activités ............................................................................................................................. 65
Figure 73 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par ménage ........................................................................................ 65
Figure 74 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par type d’activité .............................................................................. 67
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Figure 75 : Périodicité des transferts monétaires ......................................................................................................... 67
Figure 76 : Demande et accès au crédit ........................................................................................................................ 68
Figure 77 : Type de crédit contracté par les ménages ................................................................................................... 68
Figure 78 : Proportion de ménages ayant une épargne ................................................................................................ 69
Figure 79 : Type d’épargne ............................................................................................................................................ 69
Figure 80 : Raisons de non-épargne au sein des ménages ............................................................................................ 69
Figure 81 : Combustibles utilisés pour la cuisson des aliments ..................................................................................... 71
Figure 82 : Sources d’approvisionnement en eau pour les ménages ............................................................................ 72
Figure 83 : Traitement de l’eau par les ménages .......................................................................................................... 72
Figure 84 : Habitudes de conservation des aliments ..................................................................................................... 73
Figure 85 : Estimation par les ménages de pertes suite à une mauvaise conservation ................................................ 73
Figure 86 : Répartition de la nourriture au sein des ménages ...................................................................................... 74
Figure 87 : Répartition des ménages selon l'ISA et l'indice de stratégie de réponse .................................................... 74
Figure 88 : Proportion de ménages recourant à la consommation d’aliments moins chers/moins apprécié en cas de
manque .......................................................................................................................................................................... 75
Figure 89 : Proportion de ménages recourant à l’emprunt de nourriture (voisins/parents/commerçants) an cas de
manque .......................................................................................................................................................................... 75
Figure 90 : Proportion de ménages limitant la quantité en cas de manque ................................................................. 75
Figure 91 : Proportion de ménages réduisant la consommation des adultes au profit des enfants en cas de manque
....................................................................................................................................................................................... 75
Figure 92 : Nombre de membres d’un ménage ayant été traité dans un centre de nutrition ...................................... 77
Figure 93 : Répartition des patients des centres de nutrition selon le sexe ................................................................. 77
Figure 94 : Age des patients traités dans les centres de nutrition ................................................................................ 77
Figure 95 : Durée du séjour dans les centres de nutrition ............................................................................................ 77
Figure 96 : Maladie chronique chez les patients ........................................................................................................... 78
Figure 97 : Niveau de malnutrition ................................................................................................................................ 78
Figure 98 : Typologie des changements d'habitudes alimentaires ................................................................................ 78
Figure 99 : Contraintes affectant les ressources du ménage ........................................................................................ 81
Figure 100 : Stratégies de réponse en cas de choc ........................................................................................................ 82
Figure 101 : Stratégie de réponse en cas d'aggravation des conditions de vie ............................................................. 83
Figure 102 : Proportion de ménage ayant bénéficié d'une aide/assistance humanitaire ............................................. 84
Figure 103 : Type d'aide reçue par les ménages durant le dernier mois ....................................................................... 84
Figure 104 : Plan d'échantillonnage............................................................................................................................... 90
Figure 105 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire ............................ 90
Figure 106 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire .... 91
Figure 107 : Principales variables croisées avec l'indice de sécurité alimentaire .......................................................... 91
Figure 108 : Matrice de corrélation entre les principaux indicateurs ........................................................................... 92
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1. CONTEXTE
1.1 Contexte haïtien
Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et est classé parmi les pays à faible revenu et à
déficit vivrier. En référence au classement de l’IDH, Haïti est situé à la 158ème position sur les 187 pays
recensés avec un indice de 0.4543. Si l’on considère le PIB par habitant, Haïti se trouve parmi les 20 pays
les plus pauvres du monde avec un PIB de 1300$/hab. La pauvreté extrême est surtout un phénomène
rural avec un taux de pauvreté de 88% contre 45% à Port-au-Prince et 76% dans les autres centres
urbains4.
Quelle que soit la zone de résidence, les situations de pauvreté généralisée se traduisent avant tout par
une faible capacité de résilience des populations face aux chocs exogènes. Chocs qui, depuis le séisme du
12 janvier 2010, se sont accumulés. De l’ouragan Thomas (fin 2010) qui a causé d’importants dégâts sur
les cultures, notamment dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, à l'épidémie de choléra qui
s’est déclarée dans ce dernier département en octobre 2010, le pays a été confronté à de nombreuses
crises qui ont gravement impacté les conditions de vie des populations et entravé leur relèvement socio-
économique. Ainsi, durant les 5 dernières années, Haïti a connu une série de catastrophes naturelles sans
précédent qui a touché plus de 3.6 millions de personnes Si l'aide d’urgence a permis d’éviter une
dégradation flagrante de la sécurité alimentaire de la population haïtienne dans les zones affectées par le
séisme – la prévalence de l'insécurité alimentaire étant même passée de 52% à 39% entre février 2010 et
juin 20105 - la prévalence de l'insécurité alimentaire reste à des niveaux supérieurs à ceux d’avant le
séisme. Publiée en 2011, l'Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire (ENSA) révélait qu’un an et demi
après le séisme, les zones non directement affectées par le tremblement de terre présentaient une
prévalence de l’insécurité alimentaire supérieure à celle des zones directement affectées par ce dernier.
Ceci s’explique par la concentration de l'aide humanitaire sur les zones affectées et invite dès lors à se
pencher sur les conditions des populations des zones non couvertes par les programmes d’assistance
humanitaire post-séisme.
Les résultats de l’ENSA indiquaient également que la prévalence de l’insécurité alimentaire restait très élevée touchant 45% de la population haïtienne, soit environ 4,7 millions d’individus. Dans ce groupe, on retrouve environ 850 000 personnes, soit 8% de la population qui sont en situation d‘insécurité alimentaire élevée6. Cette catégorie de la population réside majoritairement en milieu rural et dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Elle est aussi extrêmement vulnérable aux chocs économiques et aux aléas naturels. Les 37% des ménages restants (soit environ 3,85 millions de personnes) se trouvent en situation d’insécurité alimentaire modérée7. Les chocs exogènes qui touchent directement les cultures, réduisant les rendements agricoles ou affectant négativement les revenus, menacent chaque année de
3PNUD, Indicateurs internationaux de développement humain, “Haïti”http://hdrstats.undp.org/fr/pays/profils/HTI.html 4Post Disaster Needs Assessment Haïti, 2010 5 CNSA, “Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire – ENSA”, 2011 6 Idem 7 ENQUÊTE D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE DE LA CAMPAGNE DE PRINTEMPS 2011 ET ANALYSE DES MARCHES ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, CNSA, Sept 2011
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faire plonger plusieurs centaines de milliers de ménages haïtiens dans l’insécurité alimentaire élevée. Les départements de l'Artibonite (qui concentre 60,6% de ménages en insécurité alimentaire), du Nord‐Ouest (57,7%), du Sud‐Est (51,4%), du Sud (45,8%) et du Centre (43,9%) sont les plus vulnérables à ces chocs.
Si l’on considère les trois composantes de l’insécurité alimentaire que sont (i) la disponibilité des aliments, (ii) leur accessibilité et (iii) leur utilisation, certains facteurs structurels sont connus comme contribuant largement à la dégradation du niveau de sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population haïtienne. En termes de disponibilité, l’agriculture (qui demeure le premier secteur productif et représente 25% du PIB) connaît un déclin inexorable du fait de la diminution de la taille des exploitations agricoles, de l’érosion des sols et d’un investissement insuffisant en matière d’irrigation, de stockage et de transport. En effet, la part du secteur agricole dans le Produit Intérieur Brut Haïtien a régressé de 4% entre 2000 et 20108. Au cours des dernières années, les cultures de rente traditionnelles telles que le café, le sisal, la canne à sucre et le cacao ont été progressivement remplacées par des cultures vivrières de subsistances telles que le riz, le maïs, le sorgho et les légumineuses. Les besoins en importations de céréales, légumineuses et bananes plantain pour la campagne de commercialisation 2011/12 (juillet/juin) étaient estimés à 910 000 tonnes. Parmi ces 910.000 tonnes, 740 000 tonnes sont importées par voie commerciale. Le déficit non couvert était estimé à 170 000 tonnes9. Les importations représentent 53% de la consommation alimentaire du pays. Le riz représente à lui seul 60% de ces importations. Ainsi, bien que la production locale soit déclinante, elle est largement compensée par les importations. Par ailleurs, les marchés du pays sont généralement bien achalandés, les pénuries restant un phénomène rarement observé. Par conséquent, Haïti est un pays à déficit vivrier largement tributaire des importations et du marché mondial. Le prix d’importation de ces denrées constitue donc un facteur clé dans la compréhension des capacités d’accès à la nourriture de la majorité des Haïtiens. Or, en raison du faible pouvoir d’achat des ménages, l’accessibilité de ces denrées alimentaires est problématique pour une large part de la population haïtienne. Si l’inflation s’est stabilisée ces dernières années, la dépendance aux importations internationales a accentué la vulnérabilité des marchés locaux à la fluctuation des prix mondiaux. La hausse des prix des céréales observée en 2012 a provoqué une hausse générale des prix et provoqué des révoltes populaires dans les grandes villes du pays, contribuant à augmenter l’instabilité politique et sociale. Le mauvais état des routes qui rend difficile l’acheminement des denrées et la hausse du prix du carburant impactent également lourdement les prix sur les marchés locaux. L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a ainsi révélé un glissement annuel positif de 4,9% pour la production locale et 4,7% pour les importations. La problématique de l’accessibilité est donc particulièrement préoccupante et impacte fortement la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages haïtiens. En matière d’utilisation, des régimes alimentaires non adaptés et trop peu diversifiés mais aussi de mauvaises pratiques alimentaires et en matière de santé infantile impactent fortement la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages haïtiens qui ont souvent une connaissance limitée ou une vision erronée des bonnes pratiques nutritionnelles10. Par ailleurs, le manque d’eau potable et les mauvaises conditions d’hygiène (seulement 32% des ménages ont accès à des infrastructures sanitaires
8 ENQUÊTE D’ÉVALUATION DE LA PERFORMANCE DE LA CAMPAGNE DE PRINTEMPS 2011 ET ANALYSE DES MARCHES ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, CNSA, Sept 2011 9 Idem
10 Famine Early Warning Systems Network : http://www.fews.net
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améliorées ou partagées11) contribuent à augmenter les problèmes nutritionnels, notamment chez les enfants.
1.2 Contexte de la zone d’enquête
L’Artibonite est le département le plus vaste du pays et comprend la zone agricole la plus densément peuplée avec une densité démographique qui dépasse les 500 habitants/km et une population totale atteignant en 2011, d’après les projections du MSPP, 1,65 millions d’habitants. Bien que le département soit connu principalement pour son important périmètre irrigué et sa production rizicole, il compte de grands territoires de montagnes et mornes sèches. Malgré l’importance de l’agriculture dans le département et la part que représente la production locale dans la production nationale (60% du riz cultivé en Haïti l’est dans l’Artibonite), les différentes enquêtes de la CNSA ont établies que l’Artibonite connaissait la plus forte prévalence de l’insécurité alimentaire avec un taux de 60.6% des ménages en insécurité alimentaire. Le département de l'Artibonite a été touché en 2010 par plusieurs phénomènes déstabilisants de nature
différente : l'accueil de 162 000 personnes issues des zones affectées par le séisme du 12 janvier 2010 a
bouleversé une situation socio-économique déjà fragile ; les inondations d'octobre 2010 ont fait des
dégâts agricoles importants (pertes de récolte, notamment légumineuses, et de bétail, dégradation des
infrastructures agricoles) ; enfin, l’Artibonite a été le département le plus fortement touché par
l'épidémie de choléra (annoncée officiellement le 21 octobre 2010) avec un taux d'attaque de 38,2 % ; les
pertes de rendement du secteur agricole imputés indirectement au choléra ont d’ailleurs été estimées à
10 à 15% de la première récolte de riz de l'année 2011 par le CNSA. Ces évènements ont aggravé la
situation sanitaire et alimentaire de l'Artibonite, département déjà fortement touché par la saison
cyclonique de 2008. En 2011, le taux de malnutrition chronique y atteint 24% et celui de malnutrition
aigüe globale est de 5%. Plus spécifiquement, les berges du Fleuve Artibonite, touchées chaque année par
des inondations et en particulier en 2010 par l'épidémie de choléra, comportent plusieurs poches de
malnutrition.
Les communes de l'Estère, Dessalines et Petite Rivière de l'Artibonite en particulier connaissent une vulnérabilité nutritionnelle particulièrement élevée avec 85% d'enfants de 6 à 59 mois en situation de malnutrition aigüe sévère (MAS). Au sein de ces communes, les localités de Petite Desdunes et Fossé Naboth sont les plus touchées avec des taux atteignant respectivement 3,46% et 3,73% de MAS pour les enfants de 6 à 59 mois. Les taux de malnutrition aigüe grave (MAG) s'élèvent quant à lui à 13,19% à Petite Desdunes et à 15,47% à Fossé Naboth pour les enfants de 6 à 59 mois. Le seuil d'alerte et le seuil d'urgence étant fixés respectivement à 10% et 15% de MAG par le Protocole National, la situation nutritionnelle de ces zones est donc particulièrement inquiétante. Par ailleurs, les localités de Petite Desdunes et Fossé Naboth sont les plus touchées, à cause d’un environnement favorisant l'incidence des maladies hydriques, féco-orales et vectorielles contribuant à l'affaiblissement des populations : les enquêtes Connaissances, Aptitudes et Pratiques (CAP) réalisées par ACTED entre 2008 et 2011 révèlent que seulement 15% des foyers utilisent des méthodes de traitement de l'eau à domicile adéquates et que le taux de couverture en latrines n'atteint que 20% des besoins. Le taux d'attaque du choléra dans cette région corrobore cette très forte vulnérabilité. Les communes de Dessalines et de L’Estère ne partagent pas tout à fait la même configuration géographique : alors que Dessalines est caractérisé par de vastes plaines et quelques mornes, la commune de L’Estère se trouve dans une vallée entourée de mornes. Cependant, ce qui caractérise les
11 Joint Monitoring Programme pour l’Eau et l’Assainissement ; OMS, UNICEF ; 2010
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deux sections communales ciblées par l’enquête, l’élément principal qui se retrouve est la présence de plaines dédiées notamment à la culture du riz. Ainsi, l’une des caractéristiques de cette zone est la prévalence de la monoculture du riz dans le schéma cultural. Selon la dernière enquête ACTED portant sur la sécurité alimentaire et les pratiques agricoles dans la zone12 (Section communale Petites Desdunes et Villars, section voisine de Fossé Naboth), environ 80% des familles de la zone sont des ménages agricoles, qui pratiquent avant tout la riziculture. Seulement 25% des ménages pratiquent la polyculture. Les études précédentes d’ACTED ont fait ressortir l’impact de la monoculture du riz sur le niveau de diversité alimentaire des ménages, particulièrement faible dans la zone. Les agriculteurs tirent ainsi la majorité de leurs revenus de la vente de leurs produits sur les marchés locaux. Or les difficultés d’accès aux circuits de distribution, le faible niveau de production et l’augmentation des prix sur les marchés rendent les ménages de la zone particulièrement vulnérables parce que rarement en capacité de répondre aux besoins alimentaires et financiers de tous les membres du ménage. Le manque et/ou le mauvais état des infrastructures, la difficulté d’accès aux services agricoles et financiers impactent fortement le niveau de production agricole et donc le niveau de revenus des ménages. Toutes ces observations datant du début de l’année 2011 demandent aujourd’hui à être réactualisée et approfondie afin de mesurer précisément le niveau de sécurité alimentaire des ménages des deux sections communales et d’analyser les caractéristiques de chaque déterminants de sécurité alimentaire. En l’absence d’études de contexte antérieures approfondies, la présente étude est à prendre comme un instantané de la situation dans ces deux sections communales et permettra d’alimenter la documentation disponible. Ainsi, au vu des données sur la situation alimentaire de la zone, qui ont été établies lors du précédent
12Diagnostic ACTED, Sécurité alimentaire Villars et Petites Desdunes, Février 2011
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projet d’ACTED financé par ECHO et les différents rapports et observations de terrain, il a été décidé de concentrer l’enquête sur ces deux localités qui continuent à être considérées comme particulièrement exposée à l’insécurité alimentaire.
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2. OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE
L’étude qui suit fait partie intégrante d’un projet financé par le Service d’aide humanitaire et de
protection civile de la Commission européenne (ECHO) et mis en œuvre par ACTED et son partenaire local
Zanmi Lasante du 20 août 2011 au 30 septembre 2012.
Ce projet de « Réduction de la malnutrition et de la morbidité dans l'Artibonite à travers le renforcement
de l’accès aux soins et l’amélioration de la prévention multisectorielle » a pour objectif principal de
fournir une réponse multisectorielle à la malnutrition aigüe et ses déterminants tout en contribuant à
l'amélioration de la collecte des données pour appuyer le développement de stratégies à long terme par
les autorités sanitaires et leurs partenaires. Plus spécifiquement l’attention est portée sur le
renforcement des mécanismes de veille et de prise en charge de la malnutrition maternelle et infantile
aigüe, mais aussi la mise en œuvre d’une réponse intégrée ciblant les causes profondes de la
malnutrition dans les zones de forte prévalence.
La poursuite de cet objectif passe tout d’abord par le renforcement du dispositif de prise en charge
communautaire et institutionnel de la malnutrition aigüe sévère et modérée. Cet appui se fait via la
réactivation et l’extension des réseaux d’identification, de référencement, de suivi et de sensibilisation ;
l’amélioration du dispositif de prise en charge ambulatoire et institutionnelle et la prise en charge de la
malnutrition aigüe sévère et modérée des enfants de 6 à 59 mois et de 5 à 15 ans. Toutes ces activités
s’inscrivent dans le cadre du Protocole National établi par les autorités sanitaires du pays.
L’autre composante du projet se concentre sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et la mise en
place d’un système fonctionnel de veille et d’alerte précoce alimentaire et nutritionnelle dans les zones
de plus forte prévalence de la malnutrition aigüe.
Dans le but de renforcer la sécurité alimentaire, l’accent a également été mis sur l’amélioration de la
production agricole. Ainsi, l’extension du périmètre irrigué, la diversification de la production agricole
non seulement par le biais de la promotion du maraichage et de la plantation d’arbres fruitiers mais aussi
par l’appui à la transformation et à la conservation des aliments visaient à influencer durablement les
pratiques agricoles et ainsi réduire la vulnérabilité des populations face aux chocs exogènes de nature à
impacter négativement les cultures traditionnelles.
Le manque d’infrastructures d’hygiène et d’assainissement est un autre facteur majeur contribuant à un
taux élevé de malnutrition et d’insécurité alimentaire dans une zone où l’environnement favorise
particulièrement l'incidence des maladies hydriques, féco-orales et vectorielles. Le soutien à
l’approvisionnement en eau potable des communautés établies dans les localités qui connaissent la plus
forte prévalence de malnutrition aigüe, l’appui à la maintenance des infrastructures en eau potable dans
une approche durable, l’assainissement de 12 000 mètres linéaires de la localité de Petites Desdunes
selon la méthode HIMO (Haut Intensité de Main d’œuvre) et l’organisation de campagnes de
sensibilisation sont autant d’activités qui visaient à améliorer durablement les conditions d’hygiène et
ainsi réduire le taux d’attaque de maladies hydriques féco-orales et vectorielles.
Enfin, le projet entendait faciliter l’accès de la population cible aux soins de santé primaire améliorés
par la mise en place d’une clinique mobile dans la localité de Petite Desdunes et l’amélioration des
conditions d’hygiène dans deux centres de santé de la zone d’intervention (Sosaka et Haute Feuille).
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2.1 Présupposés
Certains facteurs structurels sont reconnus pour influencer le niveau de sécurité alimentaire et nutritionnel au niveau national. Selon les observations des équipes d’ACTED sur le terrain et les résultats de l’étude d’impact et du recensement effectués auprès des populations les plus vulnérables, les causes suivantes peuvent déjà être avancées pour tenter d’expliquer en partie ces carences nutritionnelles:
1) une alimentation insuffisante et de faible qualité : 50% des agriculteurs indiquent que le revenu du foyer est insuffisant pour subvenir à leur alimentation. Enfin, la prédominance de la riziculture dans cette région et l'absence d'éducation nutritionnelle sur la nécessité de varier le régime alimentaire au sein des ménages les plus pauvres favorisent l'apparition de la malnutrition par manque de diversification de l’alimentation.
2) un environnement favorisant l'incidence des maladies hydriques, féco-orales et vectorielles contribuant à l'affaiblissement des populations : les enquêtes Connaissances, Aptitudes et Pratiques (CAP) réalisées par ACTED entre 2008 et 2011 ont révélé que seuls 15% des foyers utilisaient des méthodes de traitement de l'eau à domicile adéquates et que le taux de couverture en latrines ne couvraient que 20% de la population du Bas-Artibonite. Le taux d'attaque du choléra dans cette région corrobore cette très forte vulnérabilité.
3) l'exposition aux risques et désastres des berges du Fleuve Artibonite et de toute la plaine rizicole accroît la gravité des deux facteurs précédents.
La malnutrition peut être liée à deux causes principales13, à savoir un régime alimentaire inadéquat (en termes de quantité ou de qualité), et/ou à la présence de maladies chroniques (ex : VIH/SIDA, tuberculose) pouvant accroître les besoins nutritionnels d’une personne. Par ailleurs, comme mentionné précédemment, l’insécurité alimentaire, cause partielle de la malnutrition, peut résulter de trois facteurs : i) la disponibilité limitée de denrées alimentaires, ii) leur accessibilité limitée, iii) une utilisation inadéquate de celles-ci. Ces trois causes principales peuvent être à leur tour le résultat de situations particulières, à la fois sur le plan local, national, voire même international. L’objectif de cette étude était donc de déterminer les causes profondes, sous-jacentes, tant au niveau familial que communautaire, de l’insécurité nutritionnelle et alimentaire dans les deux sections communales les plus touchées par ce phénomène (Petite Desdunes et Fossé Naboth) afin d’orienter l’action des institutions nationales et de toutes les parties prenantes.
2.2 Objectifs spécifiques
Dans cette optique, l’étude sur les causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition à Petite Desdunes et Fossé Naboth s’est fixée trois objectifs spécifiques.
Evaluer précisément la situation alimentaire et nutritionnelle mais également socio-économique des ménages dans ces deux sections communales.
Déterminer différents liens de causalité agissant sur le niveau de sécurité alimentaire et à mesurer leur degré d’impact sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition.
Formuler, à partir du diagnostic réalisé, une série de recommandations permettant de définir une réponse efficace et durable aux problèmes identifiés au niveau communautaire.
13 ACF-International, Evaluation de la Sécurité Alimentaire et des Moyens d’Existence, Guide Pratique pour le Terrain, Décembre 2009 ; Fédération International des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, Comment évaluer la sécurité alimentaire ?, 2005 ; PAM, Analyse compréhensive de l’insécurité alimentaire, 2007 ; IFPRI, Choosing Outcome Indicators of Household Food Security, 1999
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Au-delà d’une simple enquête, cette étude a donc pour ambition de mettre au jour les déterminants de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition dans une zone particulièrement vulnérable afin d’orienter l’action des institutions nationales et des différentes parties prenantes dont ACTED, ses partenaires et ses bailleurs de fonds. Le présent rapport d'enquête sera ainsi diffusé largement tant auprès des acteurs locaux travaillant dans le Bas Artibonite qu’au niveau national et pourra être utilisé comme outil de plaidoyer.
3. METHODOLOGIE
3.1 Données quantitatives
L’outil quantitatif utilisé pour recueillir les données auprès de l’échantillon cible est le questionnaire
ménage. L’objectif de l’étude étant d’identifier les déterminants de l’insécurité alimentaire et de la
malnutrition au niveau communautaire et familial, l’unité ménage a été privilégiée par rapport à
l’individu. Le questionnaire a été élaboré par l’équipe AME14 d’ACTED en partenariat avec les acteurs du
projet sur le terrain et la CNSA. Il prend en considération les différents aspects de la sécurité alimentaire
et de la nutrition et couvre donc les sujets suivants :
Démographie et statut du ménage
Consommation alimentaire (et source des aliments)
Combustible, eau et partage de la nourriture
Stratégies d’adaptation alimentaire
Dépenses
Revenus, transferts, épargne, crédits, biens durables
Disponibilité des denrées sur les marches
Agriculture, élevage et pêche
Vulnérabilité du ménage
Malnutrition
Dons/Aide /Assistance humanitaire.
Concernant l’évaluation de la situation de sécurité alimentaire des ménages, la méthodologie développée
par le CNSA dans le cadre de sa dernière enquête15, a été utilisée. Il est important de retenir que les
indicateurs de la sécurité alimentaires utilisés dans les enquêtes sont des indicateurs de référence (proxy
indicators), c'est-à-dire que les résultats sont approximatifs. En d’autres termes, le recours à un indicateur
unique ne permet pas de capturer les trois composantes de la sécurité alimentaire, à savoir la
disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation des aliments. Trois indicateurs ont donc été utilisé dans cette
étude (i) le score de consommation alimentaire, (ii) l’échelle de la faim et (iii) le score de diversité
alimentaire
L’indicateur clé de consommation est le score de consommation alimentaire (ou Food Consumption Score). Il s’agit d’un indicateur composite fondé sur la diversité alimentaire, la fréquence de consommation des aliments et l’apport nutritionnel relatif des différents groupes d’aliments. Cet
14 Appraisal Monitoring and Evaluation Unit (cf Glossaire pour une définition précise) 15 CNSA ; “Enquete Nationale de la Securite Alimentaire” – ENSA, 2011
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indicateur est calculé en prenant en compte la fréquence de consommation des différents groupes d’aliments consommés par un ménage pendant les 7 jours précédant l’enquête. Dans le cadre de cette enquête, les ménages ont été interrogés sur la consommation de 24 types d’aliments, classés en 7 groupes, à partir de la question suivante : « Au cours des sept jours précédents, pendant combien de jours les membres du ménage ont-ils mangé de … ? ». La diversité alimentaire est calculée selon une méthodologie proche de celle du FCS mais en calculant la fréquence de consommation des 24 aliments regroupés en 12 groupes d’aliments et sur la base de la consommation de la veille. L’objectif du SDAM est de refléter, sous forme d’instantané, l’aptitude économique d’un ménage à consommer une variété d’aliments. L’échelle de la faim est un indicateur développé par FANTA16 en collaboration avec la FAO. Il a été mis au
point spécifiquement pour être utilisable dans des contextes culturels différents. Cet indicateur, mesuré à
partir de trois questions très simples, peut renseigner sur une dimension importante de la sécurité
alimentaire, à savoir l’accès aux aliments en quantité suffisante. Les trois situations suivantes peuvent
être interprétées comme une sensation de faim dans le ménage, donc comme un problème d’accès
physique aux aliments :
le fait de se retrouver sans nourriture du tout dans le ménage
le fait qu’un membre du ménage se soit couché en ayant faim
le fait de passer toute une journée sans manger.
Il a donc été demandé aux ménages s’ils s’étaient retrouvés dans cette situation, et si oui à quelle
fréquence, au cours du dernier mois.
Après le calcul de ces trois indicateurs, l’indice synthétique de sécurité alimentaire (ISSA) est déterminé
par la combinaison des scores obtenus pour les trois indicateurs17. Et de cette triangulation, quatre
niveaux de sécurité alimentaire sont déduits, ils sont décrits dans le tableau ci-dessous :
Figure 1: Niveaux de sécurité alimentaire selon leurs caractéristiques
Sécurité alimentaire élevée Accès aux aliments élevé et stable, diversité et combinaison de groupes d’aliments acceptable
Sécurité alimentaire modérée Accès moyen aux aliments, diversité moyenne et combinaison de groupes d’aliments acceptable
Insécurité alimentaire modérée Accès aux aliments faible, diversité insuffisante et combinaison de groupes d’aliments en dessous de la limite de l’acceptable
Insécurité alimentaire élevée Accès aux aliments très faible, très faible diversité et combinaison de groupes d’aliments pauvres.
Enfin, la prise en compte du volet nutritionnel, bien que minimale, permet d’apporter un éclairage
supplémentaire à l’analyse de la sécurité alimentaire.
16 Food And Nutrition Technical Assistance 17 Cf : Annexe 2, p89 : Triangulation des indicateurs pour la détermination de l’indice synthétique de la sécurité alimentaire
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→ Plan d’échantillonnage
La méthode de l’échantillonnage non probabiliste et systématique a été utilisée pour établir l’échantillon.
Tous les ménages des zones cibles avaient donc une chance d’être sélectionnés, l’enquête n’a pas ciblé
des bénéficiaires du projet ACTED ou d’une quelconque assistance particulière.
Pour sélectionner les ménages de l’échantillon, un plan de sondage à deux degrés (avec deux tirages
aléatoires) a été utilisé :
(i) Sélection des SDE : suite au dernier recensement de population effectué en Haïti, chaque
section communale a été divisée en sections d’énumération (SDE). Les SDE sont des unités
géographiques composées d’un nombre limité d’habitations. Au préalable, un nombre fixe de
ménages à enquêter par SDE a été déterminé par ACTED et la CNSA. Ensuite, les SDE à enquêter
ont été tirées aléatoirement, et le nombre total de SDE enquêtées déterminé selon la formule:
nombre total de SDE à enquêter X nombre de ménages à enquêter par SDE = échantillon total de
ménages. Les SDE ont été tirées au hasard, avec une probabilité de tirage proportionnelle à la
taille de leur population. Le nombre de SDE par section communale était donc proportionnel à la
population totale de chaque section communale (27 943 individus à Fossé Naboth et 20 389 à
Petites Dedunes18) soit 6 SDE à Petites Desdunes et 17 SDE à Fossé Naboth, à raison de 24
ménages par SDE.
(ii) Sélection des ménages : la sélection des ménages pour chaque SDE à enquêter a été faite à
partir d’outils cartographiques fournis par la CNSA. Une carte avec les données GPS de l’ensemble
des bâtiments/ménages présents sur la zone a été préparée pour chaque SDE à enquêter. Les
équipes d’ACTED ont numéroté les ménages sur la carte, et ensuite procédé à une sélection
aléatoire sur la base du « pas » (le pas étant égal au rapport entre le nombre de ménages dans la
SDE et le nombre de ménages à enquêter). Le premier ménage enquêté a été tiré au hasard, et
les ménages suivants sélectionnés à partir du numéro du premier ménage et le « pas » prédéfini
(ex : si le premier ménage sélectionné est le 6, et le pas est de 12, les enquêteurs enquêteront les
ménages 6, 18, 30, 42 etc.).
L’échantillon final se compose de 552 ménages repartis sur les deux localités en fonction de leur
population. Soit 3175 individus considérées dans l’analyse de l’enquête tous âges et sexes confondus.
3.2 Données qualitatives
Pour obtenir des informations qualitatives supplémentaires aux données recueillies avec l’enquête
ménage, des groupes de discussion ou « focus groups » ont été organisés. La méthode des « focus
groups » vise à rassembler un groupe de personnes afin de discuter de leurs perceptions, opinions,
croyances sur un sujet prédéfini par des meneurs. Ces meneurs mènent le débat et pose les questions, il
18 Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique ; Population total, population de 18 ans et plus, ménages et densité estimés en 2009 ; 2009
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s’agit de deux moniteurs ACTED. Cette forme interactive de collecte des données permet à tous les
participants de prendre librement la parole et d’échanger des idées.
Les « focus groups » peuvent être réalisés en amont d’une enquête afin d’aider à la préparation de
questionnaires par exemple ou de définir plus précisément les problématiques d’une étude. Dans le cas
présent, les « focus groups » se sont tenus après l’enquête et sont à envisager comme un outil
d’approfondissement et de vérification d’éléments précis, que la technique du questionnaire ne
permettait pas d’appréhender dans leur ensemble.
Trois « focus groups » ont été menés dans le cadre de cette enquête. Le premier à Hautefeuille (10
femmes) et les deux autres à Petite Desdunes (un avec 10 femmes et un avec 10 hommes). L’organisation
de « focus groups » composés uniquement de femmes a été un choix délibéré afin d’aborder certains
sujets sans la présence des hommes, notamment tout ce qui avait attrait à la répartition de la nourriture
dans le ménage. Les femmes étant généralement en charge de la nourriture et de la santé, notamment
des enfants, au sein du ménage il était intéressant de recueillir leur avis en dehors de toute influence
exercée par les hommes de la communauté.
Les questions suivantes ont été abordées lors des « focus groups » :
Types de culture pratiqués
Nombre de récoltes par an
Usage des récoltes
Principaux problèmes liés à l’exploitation de la terre
Couverture des besoins du ménage par les revenus agricoles
Durée des stocks
Autres activités génératrices de revenus pratiquées et difficultés rencontrées dans leur pratique
Difficultés, fonctionnement et rentabilité de l’élevage
Lieux d’approvisionnement (marches locaux et principaux)
Difficultés face à l’achat des aliments
Moyens de transport (pour le marché)
Habitude de préparation alimentaire et de gestion des stocks
Principes de partage de nourriture
Degré de connaissance du principe de diversité alimentaire et réalisation concrète
Vision de la situation alimentaire et nutritionnelle de la zone
Des rencontres ont également été organisées avec les autorités locales afin de noter les opinions de ces
dernières sur les causes de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Les CASECs de Petite Desdunes
et Fosse Naboth ont été questionné sur les mêmes points, permettant ainsi de faire émerger les actions à
mener permettant, selon eux, de réduire l’insécurité alimentaire et la malnutrition.
Enfin, une rencontre avec le représentant du Bureau Agricole Communautaire de la commune de
Dessaline a permis d’obtenir des données plus précises sur les méthodes de culture, les risques selon les
périodes et les aides auxquelles peuvent prétendre les ménages de la zone via le BAC.
Ch
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3. M
ETH
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24
3.3 Limites de l’enquête
Une attention particulière a été apportée à l’élaboration du questionnaire qui avait pour objectif de
collecter toutes les informations de nature à influer sur la sécurité alimentaire et la nutrition des
ménages. L’échantillon de l’enquête avait une marge d’erreur de 5%, un taux considéré comme
acceptable dans le cas d’une enquête sur un échantillon de cette taille.
Les limites principales de l’enquête sont dès lors inhérentes à la méthodologie adoptée qui est celle de
l’enquête par questionnaire ménage. En effet, les équipes AME d’ACTED qui ont réalisé l’enquête sur le
terrain se sont rendus au domicile des ménages sélectionnés afin d’y remplir les questionnaires mais
n’ont pas systématiquement vérifié les informations fournies par les ménages en se rendant sur les
parcelles agricoles ou en explorant toute la zone. Dès lors, certaines données collectées lors de l’enquête
sont à prendre avec précaution car elles n’ont pas toutes été confirmées par des observations. Par
conséquent elles traduisent avant tout la perception générale des ménages interrogés.
Trois types d’information sont particulièrement concernés par ce phénomène :
(i) L’estimation de la taille des parcelles exploitées à compte propre par les ménages :
Les ménages ont été interrogés sur la superficie des parcelles en carreau (un carreau = 1.29 ha), or si
certains ménages connaissent précisément la taille d’un carreau, d’autres la considèrent comme une
division de parcelles quelle qu’en soit la taille. Ainsi, un ménage qui possède une parcelle d’un carreau ou
moins peut avoir divisé son exploitation par type de cultures et considère alors qu’il exploite autant de
carreaux que de parcelles ainsi découpées au sein de son exploitation.
(ii) L’estimation du rendement des cultures :
Dans le questionnaire, le rendement des parcelles pour la culture des céréales était exprimé en sac de 20
livres. Or, les ménages n’utilisent pas forcément cette unité de mesure et certains ménages ont une idée
très imprécise des quantités récoltées. Dans ce cas, comme pour la taille des parcelles, il convient de
considérer ces données avec précaution.
(iii) L’estimation des revenus générés par secteur d’activité :
L’enquête a confirmé la difficulté pour un grand nombre de ménages d’évaluer avec précision les revenus
générés par ses activités économiques. En particulier, certains ménages n’ont pas été en mesure
d’évaluer en gourdes les revenus liés notamment aux activités agricoles, à la pêche ou à l’élevage dans la
mesure où ceux-ci recouraient le plus à l’autoconsommation. De plus, la partie de l’enquête consacrée à
l’analyse des revenus se base sur ceux du dernier mois précédant l’enquête et n’a pas fait l’objet d’un
recensement des revenus sur toute l’année pour ensuite être ramenés à une moyenne mensuelle. Les
données recueillies ne prennent donc pas en compte les variations de revenus sur l’année.
Toutes ces limites ont été relevées aussi bien par les enquêteurs sur le terrain que lors de l’analyse et
doivent donc être prises en compte par le lecteur.
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RES
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2%
10%
13,50%
11,10%
19,70%
15,30%
13,10%
17%
0% 10% 20% 30%
<= 18
18-26
26-32
33-39
40-46
47-53
54-60
60 et plus
RESULTATS
4. Profil démographique
4.1 Profil du chef de ménage
Bien que les hommes soient légèrement majoritaires parmi les chefs
de ménage, il est intéressant de noter que la répartition entre les sexes
est assez équitable.
Le graphe vient confirmer la tendance qui veut qu’en milieu urbain les
femmes sont majoritaires et que les hommes le sont en milieu rural19.
L’âge moyen des chefs de ménage se situe au-dessus de 45
ans (45,82), 35% d’entre eux ayant entre 40 et 53 ans et le
chiffre le plus récurrent (mode) étant 50. Si des valeurs
centrales se dessinent, avec un écart-type supérieur à 15, il
en ressort une grande diversité dans l’âge des chefs de
ménages et donc dans la configuration des familles.
- Niveau d’éducation des chefs de ménage
Près de 40% des chefs de famille des zones enquêtées n’ont aucun niveau d’éducation classique. Et
seulement 10,70% ont une formation professionnelle (artisans, maçons, charpentier etc.) quand 2,6% ont
suivi une formation technique équivalente au niveau universitaire. Plus de 85% des chefs de ménage
n’ont ainsi reçu aucune formation professionnelle tournée vers la génération de revenus.
19 CNSA, “Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire – ENSA”, 2011
51% 49%
Homme Femme Figure 2 : Sexe des chefs de ménage
Figure 3 : Age des chefs de ménage
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Concernant plus précisément les ménages en insécurité alimentaire (élevée et modérée), les chiffres
relatifs au niveau d’éducation des chefs de ménage sont largement similaires à la moyenne de la zone.
Ainsi, 42,1% n’ont aucun niveau d’éducation et 85,4% ont un niveau de formation inférieur ou égal au
primaire. 86,5% des chefs de ménage n’ont de plus aucune formation complémentaire et seuls 10.4%
déclarent avoir une formation professionnelle et 3% une formation technique de niveau universitaire.
Au vu de ces résultats, on ne peut pas considérer que le niveau d’étude ait une influence directe sur la
situation de sécurité alimentaire des ménages dans la zone. Cependant, il faut noter que le niveau
d’éducation général étant très bas, cela ne reflète pas forcément l’impact que peut avoir le niveau
d’étude sur la sécurité alimentaire.
4.2 Typologie familiale :
Concernant la typologie familiale, le concubinage arrive
largement en tête des autres modes de
« cohabitation ».
Le veuvage étant généralement considéré comme un
critère de vulnérabilité, il est important d’en noter le
taux relativement élevé.
0,00% 20,00% 40,00% 60,00%
Celibataire
Veuf/ve
Séparé/divorcé
concubinage
marié
7,30%
16,20%
4,00%
54,50%
18%
Assimilé niv. universitaire/é
cole technique(co…
Professionnel (Charpentier,
artisan, boss...)
Aucun
2,60%
10,70%
86,70%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00% 2
7,5
0%
13
,50
%
18
,60
%
0,7
0%
0,5
0%
0,4
0%
38
,80
%
Figure 5 : Autre niveau d’éducation des chefs de ménage Figure 4 : Education classique du chef de ménage
Figure 6 : Situation matrimoniale du chef de ménage
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27
Les ménages de Petites Desdunes et Fossé Naboth sont en moyenne composés de 5 à 6 personnes
(moyenne de 5,75).
Si une majorité de foyers compte entre 3 et 5 personnes, la zone compte également de multiples familles
nombreuses, qui peuvent être des familles élargies ou complexes avec un seul chef de ménage mais
plusieurs hommes et femmes actifs. Si les chefs de ménage sont en majorité des hommes, les femmes
sont légèrement majoritaires dans la composition démographique globale de la zone enquêtée.
Une fois la typologie des familles établie, il convient de déterminer la proportion des habitants de la zone
qui sont actifs, c'est-à-dire en mesure de travailler et donc de participer aux revenus du ménage. 89% des
plus de 18 ans étant en mesure de travailler, il existe une population potentiellement active relativement
nombreuse qui peut donc contribuer aux revenus du ménage. De plus, 20,4% des garçons et 17,6% des
filles participent à au moins une activité génératrice de revenus selon les périodes de l’année, soit près de
40% des enfants à ajouter à la proportion de population ayant plus de 18 ans. Par ailleurs, parmi les 7%
de la population adulte qui n’est pas considérée comme « en état de travailler régulièrement », la raison
principale de cette incapacité est l’âge pour plus de 67% d’entre eux.
49% 47%
5%
Homme Femme Femme enceinte/allaitante
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00%
0 à 2
3 à 5
6 à 10
11 à 15
7,60%
45,70%
41,10%
5,60%
89%
7% 4%
Si plus de 18 ans, capable de travailler régulièrement ?
Oui Non Ne sais pas
15,90%
1,50% 11,40%
67,40%
3,80%
Figure 7 : Nombre de personnes par ménage Figure 8 : Genre des membres du ménage
Figure 10 : Typologie des personnes non actives Figure 9 : Population active
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Les cas de handicaps physiques et/ou mentaux et de maladie chroniques constituent les deux autres
facteurs majeurs de non-participation des individus aux revenus du ménage. L’impact du tremblement de
terre sur la population des zones enquêtées est assez faible puisque seuls 1,5% des personnes déclarent
une corrélation entre le tremblement de terre et l’inaptitude au travail.
La démographie des zones enquêtées est également marquée par une forte proportion d’enfants de
moins 2 ans au sein des ménages. En effet, 74% des ménages déclarent avoir un ou plusieurs enfants de
moins de 2 ans. Cette catégorie de la population est particulièrement vulnérable en termes de
malnutrition et d’exposition aux maladies. Plus de 70% des enfants de cette tranche d’âge ont moins de
12 mois. Les enfants de moins de 5 ans étant considérés comme plus vulnérables face à la malnutrition, il
conviendra de porter une attention particulière à cette catégorie de bénéficiaires tant dans l’analyse de la
situation alimentaire des ménages que dans la formulation de recommandations.
5. Analyse des indicateurs de mesure de la sécurité alimentaire
5.1 Score de consommation alimentaire
Le score de consommation alimentaire a été calculé en utilisant la fréquence de consommation des
différents groupes d’aliments consommés par un ménage durant les 7 jours précédant l’enquête. Cette
donnée calculée selon la méthode du PAM est donc un indicateur basé sur la diversité alimentaire, la
fréquence de consommation et l’apport nutritionnel relatif des différents groupes d’aliments. Cet
indicateur permet d’estimer la prévalence de l’insécurité alimentaire à partir de l’application de seuil
standards, définis par la CNSA, qui permettent de déterminer trois groupes de consommation
alimentaire : 1) consommation alimentaire pauvre, 2) consommation alimentaire à la limite de
l’acceptable et 3) consommation acceptable, les deux premiers groupes de consommation étant
considérés comme faisant partie des groupes en insécurité alimentaire.
Les résultats obtenus lors de l’enquête menée à Petites Desdunes et Fossé Naboth sont les suivants :
77%
15%
8%
Acceptable Limite acceptable Pauvre
9%
13%
78%
Pauvre Limite de l'acceptable Acceptable
Figure 11 : Répartition des ménages selon le score de consommation alimentaire (FCS)
Figure 12 : Répartition des femmes enceintes selon le FCS
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Sur l’ensemble de la population cible, 22% des ménages sont donc considérés comme en situation de
consommation alimentaire pauvre/limite acceptable. Dans son enquête de 2011, le CNSA observait au
niveau national un taux de prévalence de la consommation pauvre/limite acceptable de 20% en milieu
rural et de 17% milieu rural et urbain confondus. Le taux de prévalence dans les zones enquêtées est
donc légèrement supérieur à la moyenne nationale et confirme la tendance qui place le département de
l’Artibonite dans les zones du pays les plus marquées par l’insécurité alimentaire20. Le score de
consommation alimentaire est le principal indicateur permettant d’établir une mesure de la prévalence
de l’insécurité alimentaire. Les résultats ci-dessus montre bien la vulnérabilité de la zone et y justifie des
interventions multisectorielles.
La raison principale évoquée pour la non-consommation d’un aliment, tout aliment confondu, est son
prix trop élevé sur le marché (80% des ménages interrogés). 10% des ménages invoquent également
l’indisponibilité d’un produit sur le marché local. La mauvaise qualité des aliments et leur non adéquation
avec les goûts du ménage sont également des raisons invoquées par 4% des ménages. Les considérations
relatives à des tabous religieux ou à l’absence de stock ne sont cités respectivement que par 1% des
enquêtés.
S’il reflète la situation alimentaire des ménages, le score de consommation alimentaire ne permet pas en
revanche d’obtenir des informations suffisantes concernant l’accès à la nourriture et la diversité de
l’alimentation des ménages. La suite de l’étude se concentrera donc plus en détails sur les problèmes de
disponibilité et de sources de revenus.
5.2 L’échelle de la faim
Les trois questions type pour mesurer l’échelle de la faim ont été posées aux enquêtés pendant deux
périodes différentes. Ainsi ils ont été interrogés sur leur expérience de la faim au cours des quatre
dernières semaines mais également lors de la dernière période de soudure. Les réponses obtenues
permettent de les classer selon trois catégories :
- Faim inexistante ou légère
- Faim modérée
- Faim sévère
Le premier niveau de l’échelle correspond à une situation acceptable ou normale du point de vue de
l’accès aux aliments alors que les deux autres attestent d’un manque au niveau de la satisfaction des
besoins et donc de l’accès aux aliments nécessaire à un individu. Les résultats pour les zones enquêtés
sont les suivants :
20 CNSA, “Enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire – ENSA”, 2011
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Premier constat, la faim sévère a la prévalence la
plus élevée dans la zone quelle que soit la période
de l’année. Les données relevées lors de l’enquête
montrent bien qu’au-delà de la sécurité alimentaire
liée uniquement à la consommation, la question de
la satisfaction des besoins ressentis et donc de
l’accès aux denrées est particulièrement
problématique. En effet, tout au long de l’année, la
grande majorité des ménages déclarent un manque
en termes de satisfaction des besoins. Plus de 85%
des ménages en période normale sont concernés, et
plus de 90% en période de soudure. En période de
soudure plus de 67% des ménages connaissent une
situation de faim sévère et ne jouissent que d’un
accès très restreint aux produits alimentaires.
Les données CNSA de 2011 font état d’une prévalence de la faim sévère de 21,7% en Haïti et de 49,8%
pour la faim modérée. Le problème de la faim concerne donc environ 71,5% de la population (selon
l’échantillon CNSA). Dans cette enquête, l’Artibonite apparaît comme le département le plus touché par
la faim avec plus de 43% de prévalence de la faim sévère et plus de 53% pour la faim modérée. La
situation des zones enquêtées dans le cadre de cette étude est donc globalement représentative de celle
du département en général mais il faut noter que si la prévalence de la faim modérée est un peu moins
élevée, celle de la faim sévère en revanche est légèrement supérieure.
L’enquête faite toutefois apparaître des chiffres de faim sévère particulièrement inquiétants pendant la
période de soudure. La période de soudure qui commence au mois d’avril se termine aux alentours du
mois de juin avec les premières récoltes de la campagne de printemps. Cependant, lors des focus groupes
il est ressorti que d’autres périodes de l’année sont extrêmement difficiles pour les ménages déjà
vulnérables. En effet, dans les zones enquêtées, très peu de récoltes se font pendant la saison sèche, dès
lors les mois de février à avril sont également considérés comme difficile par les ménages et les stocks des
récoltes de printemps sont très vite épuisés, ne permettant aux ménages de tenir sans privation jusqu’à
la campagne d’hiver. La situation est donc particulièrement préoccupante pendant la période de soudure
« officielle », mais le problème de l’accès aux denrées n’est pas uniquement lié à la saisonnalité des
cultures, la prévalence de la faim étant particulièrement élevée toute l’année (avec de légères
fluctuations de d’intensité selon la période de l’année concernée).
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Période normale Période de soudure
14
,67
%
5,2
5%
40
,58
%
27
,72
%
44
,75
%
67
,03
%
Faim inexistante ou légère Faim modérée Faim sévère
Figure 13 : Répartition des ménages selon l’échelle de la faim
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5.3 Score de diversité alimentaire
Le score de diversité alimentaire est utilisé comme mesure supplétive du niveau socio-économique du
ménage, donc de l’accès de ce dernier à la nourriture. En ce sens, il y a un lien entre l’échelle de la faim et
le score de diversité alimentaire. Une augmentation du revenu du ménage peut se traduire par une
amélioration quantitative de l’accès aux aliments, donc la réduction ou la suppression de la faim dans ce
ménage. Ainsi, en l’absence de seuil standard, la CNSA recommande de considérer comme niveau de
diversité alimentaire cible, le niveau de diversité élevé, qui est le niveau atteint par une catégorie de
ménage qui jouit d’un meilleur accès quantitatif aux aliments.
Pour mesurer cet indicateur, les ménages ont été interrogés sur leur consommation de 23 aliments
durant le jour précédent l’enquête. Sur la base des scores obtenus, les ménages sont classés en trois
groupes de diversité alimentaire : la consommation de 1 à 7 groupes d’aliments est associée à un niveau
de diversité alimentaire pauvre, de 8 à 10 groupes à un niveau moyen et de 11 à 12 groupes à un niveau
élevé.
Avant d’analyser les résultats obtenus lors du calcul du SDAM, il convient de mettre en avant une
irrégularité dans le processus d’élaboration de cet indice. En effet, comme expliqué précédemment, le
calcul du SDAM doit se baser sur une question spécifique portant sur l’alimentation dans les dernières
24h, or cette question n’était pas présente dans le questionnaire. Ainsi, le SDAM a été déduit à partir de
la consommation sur la semaine qui sert de base au calcul du score de consommation alimentaire. Dès
lors, il faut considérer les données obtenues avec précaution.
Ainsi, les résultats révèlent que les ménages de la zone
présentent à 62% un régime alimentaire avec une
diversité élevée alors que selon l’ENSA 2011, au
niveau national, seuls 22,91% des ménages haïtiens
atteignaient le niveau de diversité alimentaire élevé.
Le SDAM apparaît donc comme particulièrement
élevé au regard du faible niveau du score de
consommation alimentaire et de la prévalence de la
faim dans la zone. Le SDAM obtenu lors de cette
enquête laisse apparaitre une consommation
régulière d’aliments à forte valeur nutritive
notamment les légumes, la viande, le poisson, les
œufs et produits laitiers qui sont spécifiques aux
groupes de diversité alimentaire supérieurs. De plus,
les focus groupes ont largement fait ressortir le fait
que les ménages ont conscience de l’importance de respecter le principe de diversité alimentaire. En
revanche, selon les informations recueillies lors des focus groupes, les ménages de la zone sont en
grande majorité en incapacité de respecter les principes de diversité alimentaire. La principale
contrainte évoquée est l’accessibilité financière et physique (marchés trop éloignés).
62%
23%
15%
Diversité élevée Diversité moyenne Diversité Faible
Figure 14: Répartition des ménages selon le score de diversité alimentaire
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5.4 Niveau de sécurité alimentaire des ménages
Comme décrit dans la section consacrée à la méthodologie, quatre niveaux de sécurité alimentaire ont
été définis. Suite à la triangulation des trois indicateurs analysés ci-dessus, les résultats sont les suivants :
Figure 15 : Indice de prévalence de la sécurité alimentaire
Plus de la moitié des ménages des zones enquêtées sont considérés comme en situation d’insécurité alimentaire. Avec une prévalence de l’insécurité alimentaire de 54% contre 38% au niveau national, Petites Desdunes et Fossé Naboth apparaissent bien comme des zones particulièrement vulnérables en termes de sécurité alimentaire, d’autant plus que 14,10% des ménages sont considérés comme en situation d’insécurité alimentaire élevée contre 8,1% au niveau national. La prévalence de l’insécurité alimentaire modérée est elle-aussi largement supérieure aux chiffres à l’échelle nationale puisque qu’elle est de 10% supérieure au niveau relevé dans l’ENSA 2011.
Figure 16 : Prévalence de l'insécurité alimentaire par commune
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
Insécurité Alimentaire élevée
Insécurité Alimentaire modérée
Sécurité Alimentaire modérée
Sécurité Alimentaire élevée
14,10%
39,90%
32,60%
13,40%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
Insécurité Alimentaire élevée
Insécurité Alimentaire modérée
Sécurité Alimentaire modérée
Sécurité Alimentaire élevée
5,10% 9,60% 8,30%
3,10%
9,10%
30,30% 24,30%
10,30%
Petite Desdunes Fossé Naboth
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6. Disponibilité alimentaire
Dans l’analyse de la sécurité alimentaire, l’étude de la disponibilité physique des denrées alimentaires est
primordiale et se concentre sur la « question de l’offre ». La disponibilité alimentaire est donc déterminée
par le niveau de production alimentaire, le niveau de provision et le commerce net soit le niveau
d’approvisionnement des marchés locaux.
6.1 Sources d’approvisionnement
Hors période de soudure, 86,90% des ménages s’approvisionnent dans les marchés communaux. Près de
50% des ménages sortent de la section communale pour s’approvisionner sur les marchés. Lors des focus
groups, les femmes interrogées ont fait ressortir le fait que dans de nombreuses localités, il n’existe pas
de marché, comme dans celle de Hautefeuille par exemple : l’accès aux produits alimentaires se fait via
de petits rassemblements de résidents d’une zone de voisinage et via de petites boutiques utilisées pour
l’achat des marchandises au détail. Les boutiques sont en général l’activité des revendeurs de la zone qui
achètent les marchandises en gros à Lestère pour les revendre au détail dans la zone. Les marchés
principaux sont plus éloignés, situés principalement à Lestère et Pont-Sonde pour les résidents
d’Hautefeuille.
Pendant la période de soudure, 90,30% des ménages doivent se rendre au marché pour s’approvisionner.
Seuls 9,80% des ménages consomment leur propre production hors période de soudure et 7,10% en
période de soudure. Cette baisse illustre la diminution des stocks qui intervient pendant la période de
soudure mais la différence reste minime en raison de la dépendance des ménages aux
approvisionnements externes : le marché reste – tout au long de l’année – la principale source
d’approvisionnement en denrées alimentaires pour la grande majorité des ménages. Le graphe 16
illustre bien le fait que la production propre des ménages est largement insuffisante pour subvenir aux
besoins alimentaires de ces derniers et que d’autres sources de revenus sont indispensables. Bien que
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
Production propre/jardin
Achat au marché (section
communale)
Achat au marché (hors
section communale)
Aliments contre travail
Troc contre d'autres biens
Dons d'aliments de la famille/voisins,
mendicité
Aide alimentaire
9,8
0%
38
,40
%
48
,40
%
0,1
0%
0%
2,9
0%
0,4
0%
7,1
0%
37
,10
%
53
,20
%
0,1
0%
0%
2,1
0%
0,3
0%
Au moment de l'enquête Soudure
Figure 17 : Source principale des aliments consommés
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34
les ménages commercialisent également une partie de leur production, les revenus qu’ils en tirent sont
trop faibles pour couvrir leur besoins en denrées diversifiées. En conclusion, la dépendance des ménages
aux marchés (et par conséquent leur vulnérabilité face aux fluctuations de prix et aux pénuries) est
particulièrement flagrante dans la zone mettant ainsi en danger la stabilité de leur situation
alimentaire.
Pour les ménages en insécurité alimentaire (élevée et modérée), le ratio dans les sources
d’approvisionnement des ménages est quasiment similaire bien que l’on observe une légère diminution
de la production propre comme source d’approvisionnement (de 1% lors de la période normale et de 2%
lors de la période de soudure). Les ménages en insécurité alimentaire ont donc une moindre quantité de
denrées disponibles provenant de leur production et sont donc encore plus dépendants des marchés
(même si cette différence reste assez faible). Il faut également noter que l’approvisionnement dans les
marchés hors sections communales est moins répandu dans les ménages en insécurité alimentaire, le prix
du transport et la difficulté d’accès en étant probablement les principales causes. Ces causes relèvent de
la problématique de l’accessibilité qui sera étudiée plus loin.
Les mêmes tendances se retrouvent également chez les ménages en insécurité alimentaire élevée, avec
un recours à la production propre encore réduit par rapport à la totalité des ménages en insécurité
alimentaire et un taux plus faible d’approvisionnement dans les marchés hors sections communales. Il est
important de noter que les ménages en insécurité alimentaire élevée ont davantage recours aux dons de
nourriture ou à la mendicité, cette variable passant à près de 7% (6,9%). Cette dernière donnée
démontre, si ce n’est une moins bonne disponibilité, à tout le moins un accès financier fortement réduit
des ménages. Là encore, les variables agissantes sont particulièrement liées à l’accessibilité.
Les sources d’approvisionnement les plus utilisées ayant été identifiées, il convient dès lors de
s’intéresser au niveau de disponibilité pour chacune de ces sources.
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6.2 Disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés
Il ressort de l’enquête que 69% des ménages enquêtés déclarent subir de fortes contraintes lors de
l’achat de produits alimentaires sur les marchés.
La principale contrainte concerne le manque d’argent
et les prix trop élevés, qui soulignent tous deux la
faiblesse des revenus des ménages. Cependant, il faut
noter que la mention de prix trop élevés peut
également traduire - chez ces ménages - une prise de
conscience d’une augmentation des prix sur les
marchés, à un rythme plus élevé que l’augmentation
des revenus des ménages. L’indisponibilité des produits
n’est mentionnée que par 3,1% des ménages comme la
contrainte principale rencontrée et par 1,3% comme
une contrainte secondaire. Pour les ménages qui ont
cité cette contrainte, seulement 12,5% la considèrent
comme une contrainte récurrente, 33,3% comme une
contrainte spécifiquement liée à la période de soudure
et 54,2% des ménages uniquement comme une
contrainte occasionnelle.
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
120,00%
60
,10
%
83
,30
%
12,50%
57
,10
%
46
,30
%
20,20%
33
,30
%
14,30%
34
%
19,80% 16,70%
54
,20
% 28,60%
19,80%
Tout le temps Pendant la soudure Occasionnellement
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
50,00%
32
,60
%
3,10%
31
,90
%
12
,50
%
1,30%
16
,80
%
Contrainte principale Contrainte secondaire
0,10% 3,10%
11%
85,90%
Jamais
Occasionnellement (une semaine/mois)
Régulièrement (2/3 semaines/mois)
Tout le temps
Figure 19 : Fréquence des contraintes d'achat sur les marchés Figure 18 : Contraintes d’achat sur les marchés
Figure 20 : Fréquence globale de disponibilité des denrées sur les marchés
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36
Près de 95% des ménages déclarent que la disponibilité des produits alimentaires est bonne, voire très
bonne et seuls 0,1% des ménages déclarent que la disponibilité est nulle. C’est donc avant tout le
problème de l’accessibilité, exprimé en termes financiers, qui impacte la situation nutritionnelle des
ménages dans la zone. Cette problématique sera abordée dans une des sections prochaine de l’étude.
Le graphique ci-dessous illustre bien la bonne disponibilité de tous les types d’aliments sur les marchés de
la zone. Ainsi, plus de 80% des ménages ont déclaré que toutes les denrées alimentaires recensées par
l’enquête étaient disponibles en permanence sur les marchés. Seule une minorité des ménages interrogés
déclare que le blé et les légumes ne sont jamais disponibles dans les marchés qu’ils fréquentent.
La disponibilité des denrées alimentaires n’est donc pas un problème majeur dans la zone et
l’indisponibilité n’est dès lors pas à considérer comme un facteur de référence impactant négativement
la situation alimentaire des ménages des zones enquêtées.
6.3 Agriculture, élevage et pêche
Bien que les marchés soient la principale source d’approvisionnement des ménages et que les produits
importés soient très répandus dans le pays, le niveau de disponibilité physique des denrées alimentaires
dépend également de la production des ménages et exploitations agricoles de la zone. En effet, si les
importations représentent une part importante des produits vendus sur les marchés, la production locale
reste la principale source de denrées alimentaires pour les marchés locaux.
8,90%
14,70%
13,20%
12,50%
16,50%
14,30%
16,30%
15%
4,70%
4,30%
15,90%
15,80%
15,40%
14,30%
10,00%
4,30%
2,20%
4,20%
78,30%
83%
99,80%
82,60%
83,70%
84,80%
83,70%
81%
84,10%
83,70%
83,20%
84%
88,40%
94,70%
96,60%
82,20%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Blé (farine, bulgur)
Maïs (grain, farine)
Riz
Banane
Spaguetti/macaroni
Pain, beignets, biscuits
Pois, haricot, lentille
Fruits
Viande rouge, abats
Poulet/volaille
Œufs
Poisson
Lait/fromage/yahourts
Sucre
Huile
Légumes
Jamais Occasionnellement (1semaine/mois) Régulièrement (2/3semaines/mois Tout le temps
Figure 21 : Disponibilité des différents types d’aliments sur les marchés
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37
Accès à la terre
Si 86% des ménages enquêtés déclarent exploiter une ou plusieurs parcelles à leur propre compte, une
analyse plus précise de ce facteur suppose l’exploitation des données relatives aux superficies disponibles
et aux modes de tenure de la terre.
Au total, 961 parcelles exploitées à compte propre par les ménages enquêtés ont été identifiées. Le
nombre moyen de parcelles par ménage est de 1,74. Avec un mode et une médiane de 1 ainsi qu’un
écart-type de 1,4 parcelle, il y a une certaine homogénéité dans le nombre de parcelles par ménage. La
superficie moyenne des parcelles par ménage est de 2,78 carreaux, soit 3.60 hectares. Cependant,
contrairement au nombre de parcelles, la taille des parcelles par ménage n’est pas du tout homogène.
En effet, avec un mode de 0,25 carreaux, une médiane de 0,5 et un écart type de plus de 15,1, la
moyenne ne fait pas ressortir la diversité qui existe entre les exploitations possédées. La moyenne n’est
pas vraiment représentative, la plus petite parcelle étant de 0,01 carreaux et la plus grande de 250. Si l’on
considère le mode et la médiane, la superficie des parcelles est plus communément comprise entre 0,3
et 0,6 hectares. Les parcelles sont donc de taille plutôt réduite. Dans l’enquête ENSA de 2011, la CNSA
retenait une moyenne nationale pour les parcelles agricoles de 0,62 hectares. Les zones enquêtées
ressortent donc du même schéma d’exploitation agricole bien que quelques ménages possèdent des
parcelles d’une superficie largement supérieure à celles de la majorité de la population.
La moyenne du nombre de parcelles par ménage pour les ménages en insécurité alimentaire est
légèrement inférieure à celle de la totalité des ménages enquêtés : elle est de 1,68 parcelle pour les
ménages en insécurité alimentaire modérée et de 1,19 pour les ménages en insécurité alimentaire
élevée. Si la différence n’est pas significative, elle mérite tout de même d’être mentionnée, la possession
de terres influant directement sur la capacité de production et donc sur les quantités disponibles pour la
consommation ou la vente. La superficie moyenne des parcelles permet d’obtenir une meilleure idée de
l’accès à la terre pour les ménages en insécurité alimentaire et donc de leur potentiel niveau de
production. La superficie moyenne des parcelles est ainsi de 2,3 carreaux pour les ménages en insécurité
alimentaire (élevée et modéré) et descend à 0,75 pour les ménages en insécurité alimentaire élevée. Avec
un écart-type de 3,06 carreaux et une médiane de 0,25 carreaux pour la superficie des parcelles des
ménages en insécurité alimentaire élevée, on peut considérer la moyenne comme assez représentative.
La surface de terre disponible pour l’exploitation peut dès lors être considérée comme une variable
agissant directement sur le niveau de sécurité alimentaire.
Cependant, si toute enquête auprès des ménages ne peut prétendre à une précision absolue, la question
relative à la superficie des parcelles en carreaux est à considérer avec une circonspection particulière. En
effet, aux dires des enquêteurs, les personnes interrogées ne sont pas toujours au courant de la valeur
d’un carreau et considèrent parfois que la division d’une parcelle entre différentes cultures équivaut à la
création de carreaux.
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L’analyse des modes de tenure de la terre est importante pour évaluer la sécurité foncière des ménages,
qui a généralement un impact sur la sécurité alimentaire :
Le graphique ci-contre (Figure 22) permet
d’observer une grande diversité dans les
modes d’exploitation. Cependant, une
catégorisation peut être faite entre les modes
qui relèvent du faire-valoir direct, c'est-à-dire
où le ménage exploite sa propre parcelle (achat
ou héritage), le métayage et les autres modes
de faire-valoir indirect (location, potek21,
affermage, emprunt, usage libre et autres). La
propriété reste le mode de tenure dominant
puisque 50,3% des parcelles relèvent de ce
mode d’exploitation, mais le métayage est
particulièrement courant dans la zone avec
21,4% des parcelles exploitée via ce mode. Or,
le mode d’exploitation de la terre - parce qu’il
détermine le niveau de sécurité de l’exploitant
- influence grandement les résultats d’une exploitation agricole. Quand la sécurité du foncier est faible,
comme c’est le cas pour le métayage ou les autres formes de faire-valoir indirect, l’exploitant n’a pas
intérêt à y investir du capital ou du travail. L’accès à la terre reste donc une un enjeu important pour
presque 50% des ménages de la zone qui font face à des situations de pressions sur la terre et à une
insécurité foncière et partant alimentaire liée au mode de tenure de la terre.
Le graphique ci-contre (Figure 23) expose la répartition
des modes de tenure de la terre au sein des ménages
en insécurité alimentaire. Basé sur le pourcentage de
cas (et non le pourcentage de réponse), il permet
d’observer que le métayage est largement répandu
dans la catégorie des ménages en insécurité
alimentaire avec 42,60% des ménages qui déclarent
exploiter une ou plusieurs parcelles selon ce mode. La
location est également très courante. L’utilisation du
comptage selon le nombre de cas permet de mettre
en avant le fait que certains ménages exploitent
plusieurs parcelles. Ainsi, si la majorité des ménages
exploitent une ou plusieurs parcelles à compte propre, on peut déduire que, au vu des faibles surfaces
disponibles pour les ménages en insécurité alimentaire, le recours à une autre forme d’exploitation de la
terre apporte un complément de revenus et/ou de récoltes.
21 Potek : Cession d’une parcelle agricole, à long terme, par le propriétaire contre un paiement immédiat de la rente pour toutes les années de
fermage.
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
14
,10
%
36
,20
%
12
,60
%
6,5
0%
21
,40
%
7,6
0%
0,3
0%
0,6
0%
0,6
0%
Achetée
Héritée/Cadeau
Louée
Potek
Métayage
Affermage
Empruntée
Terre privé/publique en …
Autres
26,80%
65,50%
29,40%
13,20%
42,60%
15,70%
0,40%
0,90%
1,30%
Figure 22 : Mode d'exploitation des parcelles
Figure 23 : Mode de tenure de la terre pour les ménages en insécurité alimentaire
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Plus de 80% des parcelles sont à moins d’une heure de
marche du domicile des ménages et 56,5% à moins d’une
demi-heure. L’accessibilité des parcelles est donc assez
bonne pour la majeure partie d’entre elles. Rappelons
qu’un ménage possède souvent plusieurs parcelles, le
type de culture pouvant être adapté selon la position des
parcelles.
Les espèces cultivées
La culture des céréales est largement majoritaire sur les zones enquêtées. Les légumes, les
légumineuses, les tubercules et bananes, bien qu’elles constituent des cultures importantes au niveau
national, sont largement sous-représentées au niveau des deux localités ciblées par cette enquête.
Pour la campagne 2012, la culture de céréales reste largement majoritaire bien que l’on observe, au
moment de l’enquête, une mise en culture largement inférieure à l’année 2011 avec plus de 30% des
parcelles non cultivées et une mise en jachère de près de 15%. Cette situation semble due au fait que la
mise en culture pour l’année 2012 n’était pas terminée au moment de l’enquête. La référence dans
l’analyse des données agricoles sera donc l’année 2011.
Le niveau de diversification de la production agricole est très peu élevé dans la région avec une très
forte prévalence de la culture de céréales et notamment du riz.
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
90,00%
8,2
0%
1,3
0%
80
,60
%
1,5
0%
1,2
0%
0,1
0%
7,1
0%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
50,00%
30
,70
%
14
,10
%
45
,40
%
0,5
0%
1,9
0%
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0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00% M
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5 m
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15
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0 m
n
30
à 6
0 m
n
1 à
2h
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s d
e 2
h
34,40%
22,10% 24,10%
16,10%
3,20%
Figure 24 : Temps de trajet jusqu'aux parcelles
Figure 26 : Usage des parcelles, Campagne 2012 Figure 25 : Usage des parcelles, Campagne 2011
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o Céréales et légumineuses
Le riz est la principale culture céréalière de la zone
puisqu’elle occupe près de 90% des parcelles dédiées
à la culture de céréales. Viennent dans des
proportions drastiquement réduites le maïs et le petit-
mil. La forte prévalence du riz est une singularité de
l’Artibonite, département grand producteur de riz,
alors que, dans la majeure partie du pays, la culture du
maïs domine. On retrouve les mêmes proportions au
sein des ménages en insécurité alimentaire.
Face à la proportion écrasante que représentent les
céréales, et principalement le riz, dans la zone, les
autres types de culture sont largement sous-
représentés. Ainsi, seulement 9,3% des ménages
cultivent des légumineuses, le pois et le haricot étant
les légumineuses les plus fréquemment plantées, avec
respectivement 5% et 2,9% des ménages qui les
cultivent. En revanche, 16,6% des ménages en
insécurité alimentaire élevée cultivent des
légumineuses.
o Tubercules et bananes
16,1% des ménages déclarent cultiver différents types
de tubercules ou des bananes. Si l’on considère
uniquement les ménages qui pratiquent ces cultures,
la grande majorité cultive des patates douces (88,8%),
vient ensuite la culture de bananes (25,8%).
La faible proportion de ménages cultivant les
tubercules et la banane illustre une nouvelle fois la
spécificité de la zone d’enquête, dont le schéma
agricole est avant tout basé sur la culture du riz. En
effet, au niveau national (ENSA 2011), les tubercules et
la banane sont les cultures les plus répandues avec
respectivement 75% et 67,88% de ménages qui les
cultivent. Les ménages en insécurité alimentaire ne
cultivent qu’à 11,74% les tubercules et bananes.
0,00% 0,50% 1,00% 1,50% 2,00% 2,50% 3,00% 3,50% 4,00% 4,50% 5,00%
Haricots Pois Arachides Autre légumes
2,90%
5%
1,10%
0,30%
0,00%
2,00%
4,00%
6,00%
8,00%
10,00%
12,00%
14,00%
16,00%
0,40%
14,30%
0,40%
3,80%
1,10% 0,50%
4,20%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
90,00%
Riz Maïs Petit-mil Autres céréales
89,40%
6,50% 3,80% 0,20%
Figure 28 : Type de légumineuse (sur la totalité des ménages)
Figure 29 : Culture des tubercules et bananes (sur la totalité des actifs dans l'agriculture)
Figure 27 : Type de céréales cultivé
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Pour les ménages en insécurité alimentaire élevée, cette proportion tombe même à 6,4%. L’apport
nutritionnel et/ou financier que peut représenter ces cultures est donc proportionnellement réduit au sein
des ménages en insécurité alimentaire qui pratiquent la culture du riz et des légumineuses sur des surfaces
peu étendues.
o Maraîchage
Si quelques cultures dominent, il existe une grande
diversité dans les types de légumes cultivés par les
ménages.
28% des ménages déclarent cultiver des légumes.
Ainsi, si cette proportion est moins élevée qu’au
niveau national – où 44,21% des ménages déclarent
cette activité – le maraîchage représente tout de
même une activité agricole non négligeable dans la
zone.
Comme pour les tubercules et bananes, la
proportion de ménages pratiquant le maraichage
au sein des ménages en insécurité alimentaire est moindre : 20,47% des ménages en insécurité
alimentaire et 16,67% des ménages en insécurité alimentaire élevée pratiquent le maraichage. Encore
une fois, bien que ces différences ne soient pas totalement significatives, il faut noter que l’apport
nutritionnel et financier que peut représenter l’activité maraichère est ainsi réduit au sein des ménages
en insécurité alimentaire.
Niveau de production
La superficie moyenne emblavée pour la campagne 2011 est de 2,08 carreaux soit 2,69 hectares.
Cependant, le mode et la médiane sont de 0,5 carreau, avec un écart-type de 13,13 carreaux, il convient
donc, comme pour l’analyse des superficies en générale, de rester prudent car la moyenne ne reflète pas
les disparités qui existent dans la taille des domaines agricoles de la zone.
o Production des céréales et légumineuses (campagne 2011)
Pour la campagne 2011, si certaines parcelles ont donné jusqu’à trois récoltes dans l’année, dans la
majorité des cas les trois types de céréales donnent lieu à une récolte par an. La récolte du riz avec 1,23
récolte en moyenne est légèrement supérieure à celle des autres céréales mais la médiane et le mode
restent de 1 pour tous les types de céréales.
Avec la superficie totale plantée en 2011 en céréales, la quantité moyenne de récolte est de 16,42 sacs de 20 livres pour le riz, 3,76 pour le maïs et 4,84 pour le petit-mil. Cependant ces données sont à mettre en relation avec les différences de superficies plantées selon les ménages. En effet, pour le riz, l’écart-type
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
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5%
5%
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%
1,3
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0%
12
,90
%
3,8
0%
25
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%
8,6
0%
Figure 30 : Type de légumes cultivé (pour les ménages pratiquant le maraichage)
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est de 44,9 sacs et la médiane de 8 sacs quand le mode est de 0 sac. Il existe une majorité de ménages qui ne récolte pas même 20 livres de riz alors que certains en récolte un maximum de 800 sacs. Pour les autres céréales, la différence est moindre en fonction des parcelles. Ainsi, pour le maïs avec un écart-type de 3,5, une médiane de 3 sacs et un mode de 2 sacs, les quantités récoltées sont mieux réparties entre les ménages. Pour le petit-mil, avec un écart-type de 6,3 sacs, une médiane de 2,5 sacs et un mode de 0 sac, les écarts sont plus importants que pour le maïs mais bien moindre par rapport à ceux rencontrés dans la production de riz. Le riz représente donc la culture la plus productive de la zone et probablement une culture de rente pour les ménages qui en produise de grandes quantités.
Figure 31 : Niveau de production des céréales et légumineuse
Par ménage Par parcelle
Moyenne (en sac de 20 livres)
11,43 7,30
Max 800 266,67
Min 0 0
Mode 0 0
Médiane 4 3.88
Ecart-type 37,60 16.49
L’observation principale qui se dégage de l’analyse du rendement des exploitations céréalières est qu’il
est très faible comme l’illustre le mode de 0 sac et la médiane qui tourne autour de 4 sacs, que cela soit
par ménage ou par parcelle. Ainsi, si l’agriculture, sous toutes ses formes, est pratiquée par la quasi-
totalité des ménages, la production reste faible et ne compense dès lors que faiblement la hausse des
prix sur les marchés. Les focus groupes ont largement fait ressortir le fait que la production agricole des
ménages ne permettait pas de couvrir les besoins alimentaires des ménages, ni de créer suffisamment de
revenus pour acheter les denrées manquantes ou faire face aux dettes contractées pour la mise en
culture.
Utilisation des récoltes
Figure 32 : Utilisation des céréales et légumineuses
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Consommation Vente Dons/cadeau Remboursement dettes Conservation des semences
12,40%
13,80% 23,10%
11% 20,50%
16,90% 13,30%
13,20%
41
,50
%
16,10%
15,40% 13,40%
25,40%
83
,60
%
65
,60
%
84
,50
%
Tout Presque tout (+ de75%) Moitié ou un peu plus (50-75%) Moins de la moitié Pas beaucoup (- de 25%) Rien
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L’autoconsommation de la totalité de la récolte en céréales et légumineuses s’observe chez 12,40% des
ménages. Au total, 37,20% des ménages consacrent entre 50% et 100% de leurs récoltes à la
consommation. Chez 45,70% des ménages, moins de 25% de la récolte est utilisée pour la consommation
par les membres du ménage.
Pour 45,30% des ménages, plus de la moitié de la production est destinée à la vente. En revanche 25,40%
des ménages déclarent ne vendre aucune part de leur récolte. Les autres modes d’utilisation sont
beaucoup moins répandus. Ainsi le don et la conservation des semences n’ont été observés que de
manière très marginale. Concernant le remboursement des dettes, si 65,60% des ménages déclarent ne
pas avoir recours à la production agricole de céréales et de légumineuses, 13,40% des ménages utilisent
plus de la moitié de leur récolte pour rembourser leurs dettes.
Les quantités de stock sont particulièrement
représentatives de la disproportion qui existe entre les
ménages récoltants. Bien que l’écart-type ne soit que
2,26 mois, la moyenne de 2,94 mois, le mode de 1 mois
et la médiane de 2 mois, le nombre de mois couverts par
les stocks des ménages varie entre 0 et 12.
Ainsi, si la grande majorité des ménages ont une
disponibilité de stock qui oscille entre 1 et 3 mois,
quelques ménages possèdent des stocks suffisant pour
une année, ce qui illustre une nouvelle fois la présence
de quelques grandes exploitations dans la zone.
Concernant l’utilisation des tubercules et des bananes par
les ménages, il faut noter qu’une part non négligeable des
récoltes est destinée à la vente.
Ce type de culture ne relève donc pas exclusivement de
l’agriculture de subsistance mais, pour les quelques
ménages qui la pratiquent, peut représenter une activité
génératrice de revenus.
Non 95%
Oui 5%
Consommation
55%
vente 45%
Figure 33 : Ménages ayant des stocks de céréales de la
campagne 2011
Figure 34 : Utilisation des bananes et tubercules (sur les 12 derniers mois)
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La vente représentant une large part dans l’utilisation des
récoltes de bananes et de tubercules, les stocks sont peu
importants dans les ménages. Ainsi, si 16% déclarent encore
avoir des stocks de 2011, le nombre de mois en moyenne
pour le stock de ce type de culture est de 0,91 mois pour les
tubercules et 1,67 mois pour les bananes.
Pour les tubercules, le mode et la médiane sont de 1 mois et
l’écart-type de 0,7 mois, ce qui illustre des pratiques
similaires au sein des ménages quant aux quantités et au
mode de gestion des stocks. Pour les bananes, le mode et la
médiane sont de 0 mois alors que l’écart type est de 3,5
mois. Ces chiffres laissent entrevoir le fait que certains ménages pratiquent la culture de bananes de
manière beaucoup plus « intensive » ou « extensive » que d’autres qui ne la pratique que dans une très
faible proportion.
Concernant l’utilisation des légumes, il faut noter qu’il s’agit de la seule culture dont la majorité de la
production est destinée à la vente. Ainsi, plus de 60% des légumes produits sont vendus par les ménages
producteurs. La production de légumes est donc avant tout considérée comme une activité génératrice
de revenus plus que comme une activité de subsistance bien qu’une partie non négligeable soit réservée
à la consommation des ménages.
La place importante que tient la vente dans l’utilisation de la production maraîchère explique que seuls
8% des ménages possèdent encore des stocks de l’année 2011. La difficulté de conservation des produits
maraîchers explique également le recours massif à la vente. La durée de stockage oscille entre 0 et 12
mois : certains ménages sont donc en capacité de stocker sur le long terme des produits comme les
légumes (même si la moyenne observée est de 1,4 mois et l’écart-type de 1,8 mois reste très faible). La
diversité des espèces cultivées fait que l’activité de maraîchage et la vente des produits se pratiquent
toute l’année.
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
33,30%
60,80%
2,60% 3,30%
Oui 8%
Non 92%
Oui 16%
Non 84%
Figure 35 : Ménages ayant des stocks de tubercules et bananes de 2011
Figure 36: Utilisation des légumes (sur les 12 derniers mois) Figure 37 : Proportion de ménages ayant des stocks de légumes
de 2011
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Intrants, infrastructures et contraintes
La productivité agricole, qui conditionne en partie la disponibilité en denrées alimentaires, est
étroitement liée à l’accessibilité en intrants agricoles et au bon fonctionnement des infrastructures
notamment d’irrigation et de stockage.
o Semences
61,70% des ménages déclarent utiliser des semences améliorées pour la culture des céréales, soit un
pourcentage bien au-dessus de la moyenne nationale (15% des ménages déclarent utiliser des semences
améliorées dans l’ENSA 2011). Il faut noter la forte proportion (près de 45%) des semences « agents
extension du gouvernement » fournies par des programmes gouvernementaux par le biais des BAC et
autres structures locales. Cette proportion démontre une bonne implantation de ce système et une
bonne connaissance des ménages alentours des possibilités d’approvisionnement en semences
améliorées par ce biais.
Les récoltes constituent la seconde source d’approvisionnement en semences, alors qu’elles sont la
principale source au niveau national. Avec seulement 19% des ménages qui s’approvisionnent auprès des
commerçants et sur les marchés locaux, la dépendance est assez réduite ainsi que la vulnérabilité à la
fluctuation saisonnière des prix.
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
21,80%
44,10%
9,30% 5,50%
19%
0,30%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Améliorées Normales Ne sait pas
61,70%
37,80%
0,50%
Figure 39 : Source des semences pour la culture des céréales Figure 38 : Types de semences pour la culture de céréales
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En matière de maraichage, 44,40% des ménages
utilisent des semences « agents extension du
gouvernement ». Seuls 21,6% des ménages
pratiquant le maraîchage dépendent des marchés
pour leur approvisionnement, ce qui réduit la
vulnérabilité générale des ménages maraîchers de la
zone face à la volatilité des prix sur les marchés.
Enfin, pour un peu plus du tiers des ménages, la
source des semences est la récolte antérieure ou
l’approvisionnement auprès d’autres agriculteurs. Le
faible taux d’approvisionnement auprès de
groupements d’agriculteurs peut être interprété
comme la conséquence de la faible présence de ce
type d’organisations et de la structuration limitée
des maraîchers. Enfin, bien qu’en proportion très
réduite, la présence d’ONG dans la distribution des
semences est représentative de l’importance conférée par de nombreuses ONG actives dans la zone au
maraîchage en tant qu’activité génératrice de revenus et pourvoyeuse de diversité alimentaire.
o Engrais
Alors que l’utilisation d’engrais chimiques est, selon le
CNSA, assez peu répandu au niveau national, les
données relevées dans la zone d’enquête montrent
que plus de 90% des ménages ont recours à des engrais
chimiques industriels pour la culture des céréales.
L’Artibonite est le département où l’utilisation
d’engrais chimiques est le plus répandu avec une
couverture d’environ 40% toutes cultures confondues.
Les chiffres relatifs aux deux localités enquêtées sont
donc particulièrement élevés. Les exploitations
agricoles céréalières dans la zone ne se réduisent donc
pas à une agriculture de subsistance.
L’utilisation d’engrais organiques, en revanche, est assez peu répandue. Ceci peut être principalement dû
à un manque de connaissance des modes de production et d’utilisation de ce type d’engrais, pourtant
facilement accessibles même pour les ménages les plus vulnérables.
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
90,00%
100,00%
Chimique industriel
Organique Aucun ne sait pas
90,70%
0,80% 7,80%
0,80%
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45% 1
9%
44
,40
%
0,7
0%
8,5
0%
5,2
0%
21
,60
%
0,7
0%
Figure 41 : Type d'engrais utilisé pour la culture des céréales
Figure 40 : Source principale des semences pour le maraichage
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o Irrigation
Concernant l’irrigation des parcelles céréalières, la couverture en infrastructures est presque totale avec
seulement 1% des ménages dépendant d’une irrigation manuelle ou uniquement des précipitations. Les
infrastructures d’irrigation sont largement développées pour le maraîchage, activité qui requiert d’ailleurs
une bonne irrigation. Ainsi 71,20% des ménages cultivant des légumes recourent aux canaux pour
l’irrigation de leurs cultures quand 9,2% ont accès à un système mécanique et 15% à une pompe
manuelle, tandis que seuls un peu plus de 4,5% des ménages dépendent d’une irrigation manuelle ou
uniquement de la pluviométrie.
o Capacités de stockage
La problématique du stockage est fondamentale dans l’analyse de la sécurité alimentaire des ménages.
En effet, si aucune possibilité de stockage n’est disponible, la conservation des récoltes peut s’en trouver
grandement affectée et, partant, le rendement des exploitations et la capacité des ménages à gérer leur
consommation.
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
2,50% 0,50%
96%
0,50% 0,50% 0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
9,20% 15%
71,20%
2,60% 2%
Non 19%
Oui 81%
Non 35%
Oui 65% 0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00% 45,80%
2,60%
32,20%
1,90% 1%
16,50%
Figure 42 : Type d'irrigation utilisée pour la culture des céréales
Figure 43 : Type d'irrigation pour le maraichage
Figure 44 : Capacité de stockage au domicile
Figure 45 : Lieu de stockage Figure 46 : Capacité de stockage au niveau communautaire
domicile
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Entre les possibilités de stockage à domicile et les équipements communautaires, la grande majorité des
agriculteurs ont les moyens de stocker tout ou partie de leur production. 91,60% des ménages stockant
leurs récoltes à l’extérieur déclarent avoir une capacité de stockage suffisante. Selon les déclarations des
enquêtés, les pertes dues à de mauvaises conditions de stockage sont limitées : pour 77,7% des ménages
elles sont nulles et seulement 1,60% des ménages mentionnent une perte totale des stocks suite à un
stockage inadéquat. Cependant, il convient de noter que 45,80% des ménages stockent leurs produits à
l’intérieur des maisons, ce qui ne représente pas la meilleure option pour la conservation et l’hygiène
collective. Dès lors les conditions de stockage ne sont vraisemblablement pas aussi optimales que
peuvent le laisser penser les premières observations.
o Contraintes
75% des ménages pratiquant l’agriculture déclarent avoir rencontré des difficultés liées à la production,
tous types de contraintes confondus.
Trois contraintes principales se dégagent à l’observation du graphique ci-dessous (figure 44) : le manque
d’irrigation disponible, le manque d’argent pour l’achat d’intrants/semences/irrigation et le manque
d’engrais.
Lors de l’enquête ENSA de 2011, 46% des ménages au niveau national citaient le déficit de pluie comme
la principale contrainte. La mention du manque d’irrigation comme contrainte principale (alors que
l’irrégularité des pluies était également proposée dans le questionnaire) démontre une prise de
conscience par les ménages de l’importance de l’irrigation pour faire face aux épisodes de déficit
hydrique.
0,00% 5,00% 10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00%
Manque d'irrigation disponible
Manque d'argent pour intrants/semences/irrigation
Manque d'engrais disponibles
Irrégularité des pluies
Main d'œuvre inadéquate
Manque de services de soutien (ex: extension)
Inondations
Parasites/maladies
Manque semences/plants dispo
Disputes foncières
Mauvaises semences/plans
Sols pauvres
Erosion du sol
Insécurité
Chocs climatiques
29,60%
29,40%
18,50%
6,50%
3,30%
4,10%
2,70%
2,40%
1,50%
0,70%
0,50%
0,30%
0,10%
0,10%
0,10%
Figure 47 : Contraintes rencontrées par les ménages dans l’agriculture
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Cependant, la mention du manque d’irrigation disponible
comme principale contrainte doit être analysée en
prenant compte des données sur la production agricole
dans la mesure où 96% des ménages cultivent le riz et
71,2% de ceux cultivant les légumes déclarent avoir accès
à l’irrigation via des canaux et rigoles. Cette apparente
contradiction entre la disponibilité de l’irrigation et les
contraintes liées à l’agriculture s’explique par le fait que,
bien qu’un grand canal d’irrigation traverse les zones
enquêtées, dans les faits, de nombreux ménages ne
peuvent profiter d’un accès à l’eau via ce canal et les rigoles qui lui sont reliées. En effet, si le canal existe,
l’eau ne parvient pas jusqu’à certaines exploitations à certaines périodes de l’année et notamment durant
celles de déficit hydrique. De plus, les canaux sont souvent bouchés ou dégradés, ce qui entrave la
circulation de l’eau dans toutes les exploitations. Dès lors, le système d’irrigation, bien qu’existant, n’est
que partiellement fonctionnel, de nombreux ménages souffrant d’infrastructures agricoles insuffisantes
ou en mauvais état22.
Les deux autres principales contraintes ont trait avant tout aux problèmes d’accès aux services agricoles
de base que représentent les intrants, les infrastructures d’irrigation et les engrais. Ces contraintes
relèvent de l’accès et de la disponibilité. Les problématiques de
l’érosion, de la pauvreté des sols ou des chocs climatiques sont très
peu citées. Les contraintes que rencontrent les agriculteurs sont
donc exogènes et non pas inhérentes à la zone ou aux cultures développées.
L’évaluation de la qualité des parcelles par les ménages illustrent bien cette donnée :
Seuls 3,5% des exploitants considèrent que la qualité de la terre est
mauvaise. Les contraintes rencontrées sont donc, comme explicité
ci-dessus, très majoritairement liées à un manque de moyens ou à
l’indisponibilité ou la difficulté d’accès à des services de base.
Le riz étant la culture largement majoritaire, elle est naturellement
la plus touchée par toutes les contraintes citées par les
agriculteurs. Les céréales (riz, maïs et petit-mil), qui représentaient
en 2011 plus de 80% des cultures et près de 50% en 2012, sont les
espèces les plus touchées. En croisant les données collectées sur
les contraintes et sur les cultures les plus touchées, il apparaît
qu’aucune contrainte n’est citée spécifiquement en rapport avec une culture. Il s’agit de contraintes
globales qui s’appliquent à toutes les cultures et qui ont donc un impact d’autant plus sévère sur les
cultures les plus représentées.
Les trois raisons principales évoquées par les ménages pour l’absence de non mise en culture des
parcelles reflètent les contraintes généralement mentionnées.
22 A Fossé Naboth notamment, les focus groupes ont fait ressortir le fait que les récoltes sont souvent perdues par manque d’eau aussi bien pour les cultures vivrières que pour le maraichage qui demande une pompe
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
Bonne Passable Pauvre Très pauvre
73,70%
22,80%
3,40% 0,10%
0% 5%
10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
40
%
15
,80
%
14
,70
%
8,4
0%
7,4
0%
5,3
0%
5,3
0%
2,1
0%
1,1
0%
Figure 49 : Estimation qualité de la terre par les ménages
Figure 48 : Causes de non exploitation pour la campagne 2011
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Il est à noter que 8,4% des ménages mentionnent la présence d’habitations temporaires sur leurs
parcelles. Mais le manque d’eau (irrigation et pluies) et le manque d’intrants (qui considère la
disponibilité et la capacité financière d’achat) restent les contraintes les plus citées.
Pour les ménages en insécurité alimentaire, les mêmes contraintes se retrouvent, bien que le manque
d’engrais et la main d’œuvre inadéquate soient des contraintes largement plus citées que pour la totalité
des ménages. La prévalence de ces deux contraintes chez les ménages en insécurité alimentaire illustre
le fait que ces derniers font avant tout face à des contraintes financières pour mettre en œuvre leurs
activités agricoles puisqu’ils ne peuvent accéder aux intrants ni se fournir en main d’œuvre en cas de
besoin. Les rendements sont naturellement affectés par ce type de contrainte. Concernant l’accès à
l’irrigation et aux intrants, les ménages en insécurité alimentaire ne mentionnent pas un accès plus faible
à celui des autres ménages. L’accès réduit à ces deux services est une contrainte partagée par tous les
ménages de la zone.
L’approvisionnement en intrants endette lourdement les ménages lors de la mise en culture23. Une
partie des récoltes est dès lors utilisée pour le remboursement. Parfois le produit des récoltes ne suffit
même pas au remboursement des dettes et donc ne permet aucunement de couvrir les besoins du
ménage en termes d’autoconsommation ou de génération de revenus.
23 Observation ressortant des Focus Groupes. A Fossé Naboth, un sac d’engrais coût 1750 HTG
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Elevage
o Répartition des ménages et cheptel
L’élevage est pratiqué en tant qu’activité principale uniquement par 0,2% des ménages. Il est avant tout
considéré comme une activité secondaire (par 3,4%) voire comme une troisième source de revenus (par
3%). Au niveau des exploitations agricoles, l’élevage joue généralement une fonction d’épargne
permettant aux ménages de faire face à des dépenses imprévues et aux évènements nécessitant de
grosses sorties d’argent comme la rentrée scolaire ou les achats d’intrants en début de campagne
agricole24.
Considéré par 6,6% des ménages comme une source de
revenu, l’élevage reste donc une activité peu répandue
dans la zone. Si au niveau national, 55% des ménages
pratiquent l’élevage, les deux localités enquêtées sont
bien loin de la moyenne nationale, d’autant plus que seuls
4% des ménages ont été en mesure de répondre aux
questions plus précises sur les caractéristiques de l’activité
d’élevage. Cette faible proportion laisse à penser que plus
de 2% des ménages pratiquant l’élevage le font à titre très
réduit et le considère comme une source de revenus très
occasionnelle ou comme une épargne.
La proportion de ménages pratiquant l’élevage est donc particulièrement faible dans la zone, le nombre
moyen d’animaux possédés par les ménages sur les 12 derniers mois permet d’obtenir un meilleur aperçu
de l’état de cette activité :
Figure 51 : Cheptel moyen par ménage
Bœuf Ane et Mulet
Cheval Cabri Mouton Porcin Volaille
Ménages de la zone 3.27 0.53 1.58 4.48 0.65 3.58 12.4 Ménages en insécurité alimentaire modérée
3.15 0.25 1.44 4.18 0.92 3.16 12.51
Ménages en insécurité alimentaire élevée
2.36 0 1.25 3.30 0 5.19 5.85
Si la prévalence de l’élevage est plus faible dans la zone enquêtée que dans de nombreuses zones du
pays, le nombre moyen d’animaux possédé par les ménages y est en revanche légèrement supérieur.
24 ENSA, 2011
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
Agriculture Elevage Pêche/chasse
63
,20
%
0,2
0%
2,9
0%
15
,50
%
3,4
0%
1,2
0%
4,8
0%
3%
0,6
0%
Principale Secondaire Tertiaire
Figure 50 : Agriculture, élevage et pêche en termes de sources de revenus
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Certains types d’animaux dominent l’activité d’élevage. Avec des cheptels pouvant aller jusqu’à une
trentaine pour les bovins, les porcins et les cabris et une centaine pour les volailles, on observe que ces
types de bétails sont sensiblement mieux représentés dans les cheptels. Un écart-type de 14,7 pour la
volaille illustre le fait que certains exploitants possèdent ce type d’animaux en quantité alors que d’autres
ménages n’en possèdent que quelques têtes, probablement en qualité de revenus additionnels et
d’épargne (médiane de 8 et mode de 2). L’élevage de volaille est de fait le plus répandu. Concernant les
trois autres types d’élevage les plus répandus, les écarts-types sont moindres car ces activités sont moins
pratiquées.
Pour les ménages en insécurité alimentaire, on remarque que le nombre moyen de têtes est assez
similaire à la moyenne générale de la zone bien que l’on observe pour presque tous les types d’animaux
une légère baisse du nombre de têtes proportionnelle à l’augmentation du niveau d’insécurité
alimentaire. L’élevage du cochon en revanche est plus répandu chez les ménages en insécurité
alimentaire élevée. Avec 29,20% des ménages en insécurité alimentaire qui pratiquent l’élevage, il faut
noter que la proportion de ménages pratiquant l’élevage est plus importante chez les ménages en
insécurité alimentaire que dans les ménages de la zone en général. Pratiqué de manière non extensive,
l’élevage ne semble pas avoir un impact positif net sur la sécurité alimentaire des ménages qui
n’utilisent pas cette activité pour pallier leurs carences nutritionnelles ou augmenter de manière
significative leurs revenus.
o Contraintes dans l’élevage
Près de 80% (77%) des ménages pratiquant l’élevage déclarent avoir rencontré d’importantes difficultés
dans la production au cours des 12 derniers mois qu’atteste un taux de mortalité élevé : 60,24% pour la
volaille, 66,2% pour les porcins, 30,77% pour les moutons, 35,71% pour les cabris, 34,18% pour les
chevaux, 25% pour les bovins.
Hormis pour les bovins, la capacité de
renouvellement des cheptels (l’augmentation d’une
année sur l’autre) semble réduite au regard des
chiffres de cette année.
0
2
4
6
8
10
12
14
3,2
7
0,5
3
1,5
8
4,4
8
0,6
5
3,5
8
12
,4
0,8
2
0,8
8
0,5
4
1,6
0,2
2,3
7
7,4
7
Nombre de tête sur les 12 derniers mois Nombre de morts sur les 12 derniers mois
Figure 52 : Mortalité des têtes de bétails (sur les 12 derniers mois)
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Concernant la typologie des contraintes rencontrées par les ménages dans la pratique de l’élevage, un
problème apparait largement : celui des parasites et des maladies. Viennent ensuite le manque de
nourriture, le vol et le manque de services de développement agricole. Cette dernière contrainte est
directement liée à la première. En effet, le manque de service de développement agricole et de services
de production et de santé animale est flagrant dans la zone. Il y a ainsi très peu de solutions pour les
ménages pour faire face efficacement aux diverses maladies, épidémies ou parasites qui affectent les
cheptels et sont principalement responsables du taux élevé de mortalité relevé plus haut.
Les porcs et la volaille sont particulièrement touchés par les maladies et parasites, avec respectivement
50,9% et 54,6% des ménages qui considèrent ces deux espèces comme les plus touchés par ce problème.
L’élevage porcin est le plus répandu parmi les ménages en insécurité alimentaire élevée. Il est aussi le
plus sensible aux contraintes extérieures, n’apportant pas au final d’amélioration substantielle en
termes alimentaires et économiques. La valeur ajoutée de l’élevage porcin est faible.
Le manque de nourriture est considéré par une majorité de ménages comme ayant un impact sévère
(31,9%) voire très sévère (13,7%). Les problèmes liés aux maladies et aux parasites sont eux considérés
par 52,2% comme sévère et 59,6% comme très sévère. L’impact du vol est également important, 21,9% le
considèrent très sévère et 11,9% sévère.
Pêche
La pratique de la pêche est très peu répandue dans les deux
localités enquêtées. Seuls 8% des ménages la pratiquent, dont
1% le font en communauté ou en association.
0,00% 5,00%
10,00% 15,00% 20,00% 25,00% 30,00% 35,00% 40,00% 45,00% 50,00%
0,2
0%
0,2
0%
0,7
0%
17
,80
%
3,7
0%
5,4
0%
0,2
0%
12
,40
%
50
%
2,9
0%
6,3
0%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
14,40%
22,50%
28,10%
7,40%
27,70%
92%
7%
1% Non
Oui avec les membres du ménage
Oui en communauté/association
Figure 54 : Animaux les plus affectés par les contraintes dans l’élevage Figure 53 : Contraintes rencontrées dans l’élevage
Figure 55 : Proportion de ménages pratiquant la pêche
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Les graphiques ci-dessus rendant compte de l’utilisation faite par les ménages des produits de la pêche
montrent que la majeure partie de ces derniers est destiné à la vente. Ainsi plus de 78% des ménages
destinent à la vente plus de la moitié de leur pêche. Il s’agit donc pour la majeure partie des ménages
d’un revenu additionnel qui fait l’objet d’une commercialisation, principalement par les femmes.
Plus de 20% des ménages font tout de même entrer le produit de leur pêche dans la consommation du
ménage, mais le poisson reste un aliment assez peu consommé dans les zones et relève principalement
d’une activité commerciale.
Les ménages qui pratiquent la pêche sont également
confrontés à un certain nombre de difficultés, mais
contrairement aux autres secteurs tels que l’agriculture ou
l’élevage, la proportion de ménages déclarant faire face à
des contraintes dans la pratique de la pêche est
relativement réduit (27% seulement):
Les contraintes les plus courantes concernent la
diminution du nombre de poisson/crustacés, les aléas
climatiques et un matériel inadéquat. La première
contrainte citée étant la diminution des espèces. Il faut
noter qu’une intensification de la pratique de la pêche
aurait probablement un impact sévère sur
l’environnement et représenterait une augmentation
importante du nombre de ménages déclarant faire face à ce type de contraintes. L’utilisation de matériel
inadapté doit avoir également un impact important sur le rendement.
Concernant le degré d’impact des différentes contraintes citées, les personnes enquêtées mentionnent
un impact sévère pour toutes les contraintes. Le qualificatif « très sévère » est assez peu répandu.
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%
Diminution nombre poisson/crustacés
Aléas climatiques
Sécheresse (pour pêche en rivière)
Matériel inadéquat
Moyen de transport inadéquat
Baisse des prix des marchés
Main d'œuvre insuffisante
28%
24%
8%
20%
10%
6%
4%
Figure 58 : Type de contrainte rencontrée par les ménages pratiquant la pêche
9,50%
16,70%
61,90%
11,90%
Tout Plus de moitié Moins de la moitié Rien
9,80%
68,30%
17,10%
4,90%
Tout Plus de la moitié Moins de la moitié Rien
Figure 56 : Part de la consommation dans l'utilisation des produits de la pêche
Figure 57 : Part de la vente dans l'utilisation des produits de la pêche
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55
Accès aux services de base
Si les sections précédentes ont permis de mettre au jour les contraintes principales agissant
négativement sur les activités d’agriculture, d’élevage et de pêche, il convient de revenir rapidement sur
l’accès global aux services de base. Les services considérés sont l’épargne et le crédit, l’irrigation, les
services de vulgarisation agricole, de production et de santé animale et les intrants agricoles.
La première observation devant le graphique ci-dessus est la pauvreté de la zone en termes d’accès à
tous les services considérés et principalement pour l’épargne et le crédit et la vulgarisation agricole
(culture, élevage, pêche).
Il existe très peu de structures adéquates pour l’obtention de crédit ou la constitution d’épargne, cette
caractéristique de la zone impacte ainsi nettement les activités agricoles, d’élevage et de pêche pour
lesquelles la présence de telles opportunités permettrait d’augmenter les revenus pour les ménages.
La présence de services de production et de santé animale est également très réduite, plus de 65% des
personnes interrogées déclarent que le service n’est pas disponible alors que 27,20% affirment que
l’accès y est très faible. Ces données expliquent largement les contraintes rencontrées par les ménages
pratiquant l’élevage et la forte mortalité au sein des cheptels, quel que soit le type d’élevage pratiqué.
L’accès aux intrants agricoles et au système d’irrigation est moins problématique pour les ménages.
Néanmoins, comme les analyses dans les sections précédentes l’ont montré, la problématique de
l’entretien et de l’amélioration des systèmes d’irrigation est à considérer comme un point essentiel de
toute activité agricole. Enfin, si l’accès aux intrants est moins problématique, la question de l’accessibilité
financière est en revanche importante, les ménages s’endettant lourdement pendant les périodes de
mise en culture ; entravant ainsi leur capacité de réponse et de résilience face à une éventuelle situation
de crise.
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
90,00%
Epargne et credit Système d'irrigation
Services de vulgarisation
agricole
Services de production et de
santé animale
Intrants agricoles
82
,40
%
27
%
86
,40
%
66
,70
%
44
,70
%
14
,30
%
37
,90
%
9,6
0%
27
,20
%
46
,40
%
2,5
0%
26
,80
%
2,7
0%
4,3
0%
6,3
0%
0,7
0%
8,3
0%
1,3
0%
1,8
0%
2,5
0%
Service n'existe pas
Accès faible
Accès passable
Accès bon
Figure 59 : Niveau d'accès aux services agricoles
Ch
apit
re :
6. D
isp
on
ibili
té a
limen
tair
e
56
Les ménages ont été également interrogés sur leur conception de l’importance des services. Il convient
de noter que l’épargne/crédit, l’irrigation et les intrants agricoles apparaissent comme les services
considérés comme les plus importants par la majorité des ménages. Moins de 4% des ménages
considèrent chacun de ces services comme non prioritaires. En revanche, les services de vulgarisation
agricole et de santé animale ne sont pas considérés comme une priorité par 15% des ménages interrogés,
alors que près de 30% des ménages considèrent qu’il s’agit de la première priorité et plus de 30% de la
seconde priorité. Il y a donc une grande disparité dans la prise en compte de l’importance de ces deux
services. Si des disparités apparaissent dans la classification des services en termes de priorités, il est à
observer que pour chaque service, environ 30% des ménages le considèrent comme leur première
priorité. Il y a donc une prise de conscience de l’importance de tous ces services sans privilégier
spécifiquement l’un d’entre eux.
Tous les ménages de la zone rencontrent les mêmes difficultés d’accès aux services de base, quel que
soit leur situation en termes d’insécurité alimentaire.
Conclusions sur la disponibilité alimentaire
La disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés des zones enquêtées est bonne voire très bonne. L’indisponibilité des denrées n’est donc pas un facteur déterminant de l’insécurité alimentaire. La principale contrainte exprimée étant le manque de moyens financiers ou le prix trop élevé des denrées, les difficultés d’approvisionnement ressortent principalement d’un problème d’accessibilité financière. En revanche, il faut noter que la disponibilité alimentaire dépend également du niveau de production des ménages, dont la majorité a l’agriculture comme source de revenus principale. A ce niveau, la faiblesse de la production et surtout le manque de diversité impacte fortement la sécurité alimentaire des ménages. Le manque de services agricoles de base et de services financiers est particulièrement prégnant dans la zone. L’endettement des ménages à chaque saison de semis et donc la part de production réservée au remboursement des dettes représente un facteur important affectant le statut alimentaire des ménages. Concernant les facteurs identifiés impactant directement la situation de sécurité alimentaire, il faut noter que l’accès à la terre reste déterminant. L’enquête a ainsi révélé des superficies moindres et une sécurité foncière plus faible chez les ménages en situation d’insécurité alimentaire. Le manque de diversification de la production a également des conséquences sur la nutrition. En effet, bien que toute la zone soit marquée par une forte prévalence du riz, les ménages en insécurité alimentaire cultivent moins de légumes, tubercules et bananes que les autres ménages. La faible mise en valeur de l’élevage est également à noter dans les zones d’enquête. Contrairement à d’autres zones du pays, la pratique et l’apport financier de l’élevage est particulièrement faible pour une activité pourtant à forte valeur ajoutée potentielle.
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7. Accessibilité aux denrées
Le chapitre précédent a mis en lumière le fait que si des actions doivent être conduites pour améliorer la
productivité agricole de la zone, c’est bel et bien la problématique de l’accessibilité financière qui semble
impacter le plus lourdement la situation alimentaire des ménages de la zone. L’accès aux aliments
découle de facteurs liés au marché et aux prix des aliments, de même que par le pouvoir d’achat des
ménages qui est lui-même lié à l’emploi et aux opportunités des moyens d’existence. Le chapitre qui suit
s’attachera donc à analyser ces différentes variables et leur impact respectif sur la situation des ménages
de la zone d’enquête.
7.1 Dépenses des ménages
Structure des dépenses
Il a été demandé aux ménages d’estimer les dépenses en gourdes (HTG) affectées durant le dernier mois
à des postes de dépenses spécifiques. Ces informations ont permis de calculer d’une part le coefficient
budgétaire associé à l’alimentation et d’autre part les structures de dépenses des ménages.
L’alimentation représente, de loin, le premier poste de dépenses pour les ménages de la zone avec en
moyenne 41,95% des dépenses du dernier mois consacrés à l’alimentation du ménage. Ce chiffre reste
cependant inférieur à la moyenne nationale selon la dernière enquête CNSA (en moyenne 64% des
dépenses des ménages sont consacrés à l’alimentation avec une variation entre 53% et 73% selon le
niveau de richesse du ménage). La part moyenne des dépenses alimentaires pour l’Artibonite était
estimée à près de 70% lors de la dernière enquête CNSA. Ces données laissent donc entrevoir une forte
part d’autoconsommation des ménages, ce qui réduit l’importance du poste de dépense alimentaire dans
les dépenses globales. Seuls 0,5% des ménages ne déclarent aucune dépense pour l’alimentation et
dépendrait donc uniquement du rendement de leurs exploitations agricoles.
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00%
95
,50
%
72
,50
%
50
,20
%
42
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%
75
,30
%
11
,60
%
70
,50
%
8,7
0%
79
,30
%
39
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%
27
%
26
,80
%
22
,80
%
0%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
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45,00%
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9,8
2%
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7%
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7%
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0%
0,6
9%
3,8
4%
0,3
5%
5,7
2%
6,1
8%
4,3
7%
4,6
0%
4,5
3%
0,0
1%
Figure 61 : Principaux postes de dépenses des ménages Figure 60 : Structures des dépenses par ménage (pour le dernier mois
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L’éducation et la santé représentent les deux autres postes de dépenses les plus importants avec
respectivement 9,82% et 9,77%. Avec 72,50% des ménages qui déclarent des dépenses allouées à
l’éducation, on peut en déduire un taux assez élevé de scolarisation. L’énergie, l’habillement et les
transports ont également une part importante dans la structure des dépenses. La part allouée au
remboursement des dettes (4,53%), classé seulement en 8ème position, représente un élément important
qui accentue la vulnérabilité des ménages et entame leur capital économique. Près de 23% des ménages
(22,80%) doivent effectuer des remboursements suite à des dettes contractées antérieurement. Enfin, il
faut noter le fait que les impôts et les taxes représentent seulement 0,01% des dépenses des ménages.
Un seul ménage sur les 552 enquêtés a déclaré payé des impôts et des taxes. La faible mobilisation fiscale
qui caractérise la société haïtienne est ici largement illustrée et permet d’avancer une des explications
importantes au manque d’investissement en termes de services publics notamment au niveau
décentralisé.
Concernant la moyenne des dépenses totales sur le dernier mois, elle se situe bien au-dessus de la
moyenne nationale (moyenne mensuelle basée sur les dépenses annuelles) qui est de 2396 HTG selon la
CNSA alors que la moyenne des dépenses totales des ménages pour les zones enquêtées est de 15938
HTG. La médiane et le mode concernant les montants alloués à la nourriture sont de 5000 HTG, ce qui
montre une certaine homogénéité dans les sommes dépensées. Mais l’écart-type étant de 9521 HTG, on
comprend qu’il existe de grandes disparités dans les possibilités de dépenses pour les ménages. Avec un
écart type de près de 27000 HTG, les dépenses de santé représentent le poste le plus irrégulier selon les
ménages. Comme explicité ci-dessus, les données recueillies et traitées dans cette étude sont basées sur
les dépenses du dernier mois et ne correspondent pas à une moyenne établie sur les dépenses
mensuelles sur douze mois, contrairement à ce qui a été mis en place pour le calcul des moyennes
nationales par la CNSA. Dès lors, les données utilisées dans cette étude ne prétendent pas être
représentatives des allocations budgétaires des ménages sur l’année mais donnent un instantané basé
sur les dépenses du mois précédent l’enquête.
La diminution des stocks des ménages et la hausse des prix qui accompagnent la période de soudure
provoque naturellement une augmentation des dépenses liées à l’alimentation pour 48,10% des
ménages.
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Aliment
Education
Eau
Energie
Téléphone
Equipement …
Transports
Transferts
Remboursemen…
34,00%
91,70%
73,30%
59,20%
52,20%
87,50%
66,40%
58,50%
67,50%
48,10%
2,8
0%
11,60%
26,80%
8%
13,90%
10,20%
7,90%
17,90%
5,5
0%
12,10%
14%
39,80%
12,50%
19,60%
31,30%
24,60%
Egales à celle du dernier mois Supérieure à celle du dernier mois Inférieure à celle du dernier mois
Figure 62 : Structure des dépenses des ménages en période de soudure
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59
Pour le reste, la structure des dépenses change peu entre la période normale et la période de soudure
mais des baisses s’observent dans les postes de dépenses que l’on pourrait appeler secondaire tels que la
téléphonie, les équipements d’information, les transports.
Une augmentation des dépenses s’observe tout de même dans le domaine des transports chez 13,90%
des ménages, ce qui s’explique principalement par l’épuisement des stocks de ces ménages qui doivent
dès lors se déplacer au marché mais aussi probablement un approvisionnement plus réduit des
commerces de proximité pendant cette période, ce qui oblige les ménages à se rendre aux marchés des
plus grandes localités ou des communes. En période de soudure comme en période normale, la forte part
de dépenses consacrées au transport est à mettre en perspective avec la dépendance des ménages au
marché comme source d’approvisionnement principale. La longue distance qui sépare les ménages
ruraux des grands marchés, rares dans la zone enquêtée, grève lourdement le budget des ménages et
est à considérer comme un facteur majeur impactant négativement l’accessibilité des ménages aux
denrées alimentaires.
Comme mentionné précédemment, les localités enquêtées ne possèdent pas de marché. Les marchés
principaux sont plus éloignés, situés principalement à l’Esther et Pont-Sonde pour les résidents
d’Hautefeuille. Par conséquent, les ménages utilisent majoritairement les taxis-moto pour s’y rendre, ce
qui entraine un cout important et grève le budget du ménage, expliquant la part importante des
dépenses consacrées aux transports. De plus, une majorité des habitants de la zone ont rapporté une
augmentation constante des prix sur les marchés.
Concernant l’énergie, 26,8% des ménages déclarent une augmentation de la part des dépenses allouées à
ce poste, l’approvisionnement en bois de chauffage et de cuisson semble donc plus difficile ou du moins
plus coûteux en période de soudure. La baisse des dépenses en termes de transferts et de
remboursement des dettes peuvent avoir des conséquences sur les ménages dépendants des transferts
et pour la gestion des dettes. La période de soudure peut alors se traduire par une plus grande
vulnérabilité pour le ménage et une augmentation de la durée de remboursement et donc de la somme
finale.
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
Moins de 10min
Entre 10 et 20min
Entre 21 et 30min
Entre 31min et
1h
Plus d'1h
10
,90
%
21
,70
%
21
,70
%
18
,30
%
27
,40
%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
A pieds Moto Voiture privée
dos d'animal
Transport en
commun
20,30%
56,80%
1,30% 0,20%
21,40%
Figure 64 : Moyen de locomotion utilisé par les ménages pour se rendre au marché
Figure 63 : Distance séparant les ménages du marché le plus proche
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Avant de passer au point suivant, il convient d’insister sur le fait que, en tant que données relatives à des
montants financiers, les chiffres mentionnés ci-dessus sont à prendre avec précaution. En effet, si les
tendances qui ont été analysées sont représentatives des habitudes de dépenses des ménages, il est
toujours difficile d’obtenir des données totalement fiables en matière de montant exacts des dépenses.
En effet, les ménages ont tendance à surestimer les dépenses qu’ils effectuent. Selon les enquêteurs,
même s’il existe une propension des ménages à surestimer les dépenses, le fait qu’elles soient largement
supérieures aux revenus peut également traduire une situation d’endettement chronique.
Sources des dépenses
Les revenus liés à l’agriculture, l’élevage et la pêche permettent de couvrir entre 43% et 63% des
besoins pour tous les postes de dépense. Les revenus liés à toute autre activité suivent presque tous la
même proportion alors qu’elles occupent seulement 35,87% des actifs contre 64,13% pour l’agriculture. Il
faut cependant mentionner le fait que les revenus de toutes les autres activités sont agglomérés.
Pour tous les postes de dépenses, les ressources financières proviennent à plus de 90% des revenus du
ménage. Le crédit et l’épargne sont des options très peu utilisées par les ménages.
Le recours au crédit est assez peu répandu mais on le retrouve le plus dans les dépenses de santé
(12,30%) qui demandent généralement de grosses sorties d’argent imprévues. L’alimentation représente
un poste de dépense où le crédit tient aussi une place non négligeable (9,3%) et les ménages font
0%
10%
20%
30%
40%
50%
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48
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%
44
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%
43
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%
53
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%
63
,50
%
47
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%
47
,90
%
51
,60
%
56
,40
%
54
,70
%
61
,90
%
50
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%
30
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%
44
%
42
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%
52
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%
41
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%
34
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%
49
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%
45
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%
45
,40
%
40
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%
40
,50
%
34
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%
47
,60
%
Revenus des ventes de produits agricoles/élevage/pêche Autres revenus Crédit Epargne
Figure 65 : Sources des dépenses des ménages
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également appel au crédit dans les dépenses liées à l’éducation (9,3%) qui requiert une importante sortie
d’argent à des dates fixes et non modifiables.
Le recours à l’épargne est fort peu courant et concerne une infime partie en termes d’alimentation, santé
et éducation. Le poste de dépense où il est le plus usité est celui des équipements d’information
(télévision etc.), ce qui illustre un recours à l’épargne presque uniquement pour des achats secondaires.
En période de soudure, la structure des sources de dépenses varie assez peu. On observe cependant une
augmentation de la part des « autres revenus » pour tous les postes de dépenses, augmentation
inférieure à la marge d’erreur.
Ainsi la part des revenus agricoles dans les sources de dépense en période de soudure est comprise entre
42% et 57%. Les ménages recourent rarement à des solutions de type crédit ou épargne pour faire face
aux épisodes de manque en termes de nourriture. La proportion du crédit dans les dépenses alimentaire
augmente seulement de 0,2% lors de la période de soudure.
Si les dépenses augmentent largement pour l’alimentation pendant la soudure (cf. point précédent), les
sources de dépenses restent quant à elles les mêmes.
Ces observations seront à mettre en relation avec celles concernant les stratégies d’adaptation
alimentaire qui seront analysées dans le prochain chapitre, les ménages privilégiant l’ajustement par le
bas plutôt que le recours à des solutions/services extérieurs pourtant moins dommageable à la sécurité
alimentaire des individus du ménage. La structure des dépenses étant quasi-identique quelle que soit la
période de l’année, il n’existe pas vraiment de stratégie d’adaptation des dépenses chez les ménages.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
46
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%
45
,70
%
45
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42
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49
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57
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%
43
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%
45
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%
48
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%
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%
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%
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%
40
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%
40
,50
%
40
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%
48
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%
Revenus des ventes de produits agricoles/élevage/pêche Autres revenus Crédit Epargne
Figure 66 : Sources des dépenses des ménages en période de soudure
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7.2 Revenus des ménages
Sources de revenus
L’étude des revenus et des moyens de subsistance des ménages constitue un indicateur fondamental
pour l’accessibilité et la sécurité alimentaire des ménages étant donné que toutes les dépenses
(alimentaires et non alimentaires) en sont tributaires.
Etabli selon la méthodologie de la CNSA, le module sur les revenus visait à capturer les trois sources des
revenus les plus importantes en termes de montants dans quatre niveaux de détails : i) le domaine de
travail (ou transfert, rente foncière), ii) le type d’emploi, iii) le lieu d’emploi et le montant de revenu
généré mensuellement.
Considérant les domaines de travail, l’agriculture
représente pour 63,20% des ménages la principale
source de revenus, vient ensuite le commerce pour
15,80% des ménages et les services pour 9,80%.
Les autres domaines d’activité sont vraiment
marginaux en tant que source principale de revenus
et 0.5% des ménages déclarent n’avoir aucune
source de revenus.
Agriculture
Elevage
Pêche/chasse
Construction
Artisanat et production …
Production de sel marin
Commerce
Mendicité
Services
Vente de bois/charbon …
Transfert (nationaux)
Transfert (internationaux)
rentes
Pas d'autres sources de …
63,20%
0,20%
2,90%
1,50%
1,10%
0,20%
15,80%
0,20%
9,80%
1,50%
1,80%
0,90%
0,50%
0,50%
Agriculture
Elevage
Pêche/chasse
Construction
Artisanat
Commerce
Services
Vente de bois/charbon
Transferts (nationaux)
Transfert (internationaux)
Rentes
Pas d'autres sources de …
15,50%
3,40%
1,20%
1,20%
0,60%
12,20%
6,40%
1,40%
0,60%
0,80%
0,80% 56%
Agriculture
Elevage
Pêche/chasse
Construction
Commerce
Services
Vente de bois/cahrbon
Transfert (nationaux)
Transfert (internationaux)
Pas d'autres sources de …
4,80%
3%
0,60%
0,60%
2,40%
1,80%
0,60%
0,60%
1,80% 83,90%
Figure 68 : Source secondaire de revenus
Figure 69 : Troisième source de revenus
Figure 67 : Source principale de revenus
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63
Malgré la domination de l’agriculture et la forte place du commerce dans les sources de revenus
principales, on peut observer une certaine diversification dans les sources de revenus. 44% des ménages
possèdent une source secondaire de revenus, ce qui représente un pourcentage assez élevé de ménages
non totalement dépendant d’une seule source de revenus et pouvant dès lors compenser une perte dans
leur activité principale par des revenus alternatifs. De plus, 16,1% des ménages disposent d’une troisième
source de revenus. Concernant les sources secondaires et tertiaires de revenus, l’agriculture continue à
tenir une place prépondérante et le commerce et les services font toujours partie des activités
principales. L’élevage prend également de l’importance en tant que revenu secondaire et tertiaire.
Pour les ménages en insécurité alimentaire on retrouve la même répartition concernant la source de
revenu principale dans des proportions quasiment similaire. Il faut noter cependant un pourcentage
légèrement plus élevé (5,2%) de ménages considérant la pêche comme source de revenu principale. Les
ménages dépendant des revenus de la pêche sont ainsi particulièrement vulnérables face à l’insécurité
alimentaire parce que ne possédant ni terre, ni bétail.
La diversification des sources de revenus est cependant beaucoup moins courante chez les ménages en
insécurité alimentaire : seulement 30,54% des ménages en insécurité alimentaire déclarent avoir une
source secondaire de revenus (contre 44% pour la totalité des ménages), cette proportion descend à 22%
pour les ménages en insécurité alimentaire élevée. De plus, à peine plus de 3% des ménages en insécurité
alimentaire peuvent compter sur une troisième source de revenus.
On remarque ainsi que la dépendance à une seule source de revenus impacte clairement la situation
alimentaire des ménages. L’agriculture et le petit commerce, qui sont les principales sources de
revenus des ménages, ne permettent pas de couvrir les besoins alimentaires et nutritionnels des
ménages sans un apport de revenus complémentaire.
Comme il a été vu dans le chapitre précédent, la production agricole des ménages ne permet pas non plus
de couvrir les besoins en consommation alimentaire des ménages. Et les revenus tirés de la vente des
produits agricoles permettent à peine de rembourser les dettes contractées au moment du semis et
d’acheter les denrées alimentaires non produites au sein du ménage.
Pour ce qui est du commerce, il s’agit principalement de petit commerce, c'est-à-dire que les ménages qui
pratiquent cette activité (il s’agit principalement des femmes) se rendent dans les marchés principaux
pour acquérir des marchandises en gros et revendre ensuite au détail. Cependant, selon les focus groupes
qui ont réuni des femmes, cette activité est de plus en plus difficile à réaliser, les sommes disponibles
pour l’achat des marchandises diminuant proportionnellement en fonction de l’augmentation des prix sur
les marchés. La rentabilité de cette activité est donc largement entamée par la hausse des prix. Ainsi, sur
le marché de L’Estère, une marmite de pois s’achète au prix de 5 marmites de riz produits dans les
exploitations agricoles de la zone. En ajoutant le prix du transport qui augmente également
régulièrement, le commerce devient une activité de moins en moins lucrative, ne permettant pas aux
ménages qui le pratique de couvrir à lui seul et même en complément de l’agriculture, leurs besoins.
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64
Type, lieu et saisonnalité des emplois
Concernant le type d’emploi, l’activité réalisée à compte propre domine largement. En effet, 94,1% des
travailleurs agricoles le sont à compte propre, seuls 4% des individus le font en tant que journalier ou
travailleur occasionnel. De plus, des agriculteurs à compte propre peuvent également compléter leur
activité par des pratiques de travail journalier ou de travail temporaire. La pratique du commerce se fait
également largement à compte propre, et principalement par les femmes. Pour la pêche, la vente de bois
et l’artisanat, le travail à compte propre domine également bien que dans des proportions moindres. Les
secteurs de la construction, de l’artisanat et surtout des services observent une augmentation du
pourcentage de salariat. Le secteur de l’élevage est particulier dans la mesure où il est réalisé par des
journaliers/travailleurs temporaires dans sa quasi-totalité, ce qui met encore une fois en avant le
caractère spécifique de l’élevage dans la constitution des revenus et des dépenses des ménages. Les
mêmes proportions se retrouvent chez les ménages en insécurité alimentaire.
Concernant le lieu où les ménages exercent leurs activités génératrices de revenus, la majorité d’entre
elles se déroulent dans la localité. L’exploitation de parcelles agricoles à compte propre étant par nature
une activité sédentaire, cette observation n’est pas surprenante. Toutes les activités relevant du secteur
primaire se déroulent dans la localité habitée. Les ménages ayant des activités relevant des domaines
secondaires et tertiaires se déplacent un peu plus dans les localités voisines.
Comme expliqué ci-dessus, le commerce étant principalement basé sur un approvisionnement en gros
dans les plus grandes localités, les travailleurs se déplacent. La construction et l’artisanat requièrent
également une certaine mobilité des travailleurs. La mobilité reste cependant très limitée, la majeure
partie des activités se déroulant dans les localités avoisinantes. Il n’y a ainsi pas de mouvements de
migration saisonniers ou d’habitudes de mobilité selon des catégories de population. La main d’œuvre
journalière pour les travaux agricoles étant principalement recrutée dans la zone.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
95,5
0%
18,20% 30,8
0%
20% 42,9
0%
29,8
0%
4,50% 20%
28,6
0%
31%
94
,10
%
96
,60
%
77
,30
%
69
,20
%
60
% 28
,60%
36,9
0%
Journalier/travailleur occasionnel Salarié A compte propre N/A
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90%
100%
92
,30
%
71
,80
%
95
,50
%
95
,50
%
84
,60
%
70
%
64
,30
%
81
%
7,30%
28,2
0%
30
%
35,7
0%
17,90%
Dans sa localité Dans une autre localité du pays
A l'étranger N/A
Figure 70 : Type d’emploi Figure 71 : Lieu d'emploi
Ch
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65
A l’observation du calendrier des activités économiques, on remarque que 50% des emplois se déroulent
sur toute l’année. L’agriculture notamment est considérée par 52,5% des ménages comme se pratiquant
toute l’année, démontrant ainsi que la majorité des ménages exploitants agricoles procèdent à toutes les
campagnes agricoles et notamment à deux récoltes de riz par an (bien que cela ne soit pas le cas tous les
ans car soumis aux aléas climatiques). De plus, en dehors des périodes de récolte, celles de semis
occupent une grande partie du calendrier agricole. Dès lors, l’agriculture occupe les ménages à près de
90% plus de 6 mois de l’année. Pour les autres activités, il n’existe pas vraiment de saisonnalité, sauf pour
les activités de construction et de service qui peuvent apparaître comme une activité complémentaire sur
quelques mois de l’année.
Montant des revenus
Comme dans la section consacrée aux dépenses des ménages, les données financières relatives aux
revenus des ménages sont à considérer avec précaution car souvent difficilement évaluée par les
ménages. Il s’agit de plus d’une information difficile à obtenir pour les enquêteurs.
Les ménages ont été interrogés sur le montant de revenus générés mensuellement :
Figure 73 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par ménage
Médiane Moyenne Ecart-type
Insécurité alimentaire élevée
1600
3611
6373
Insécurité alimentaire modérée
2750
5022
7173
Sécurité alimentaire modérée
2700
5221
6379
Sécurité alimentaire élevée
3250
5366
5636
Total 2500
4907
6649
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Agriculture Commerce Elevage Pêche/chasse Vente de bois/charbon
de bois
Artisanat et production
manuelle de biens
Construction Services
52
,50
%
84
,60
%
77
,30
%
81
,80
%
76
,90
%
90
%
57
,10
%
60
,20
%
36,80%
8,70% 13,60% 9,10% 15,40%
14,30% 20,50%
8,40% 10% 9,10% 4,50% 7,70%
28,60% 14,50%
Toute l'année Entre 6 et 12 mois Entre 3 et 6 mois Moins de 3 mois Uniquement en période de sourdure
Figure 72 : Temporalité des activités
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Le premier constat concerne le fait que l’insécurité alimentaire est bien directement liée au niveau de
revenus des ménages.
Ainsi, les ménages en insécurité alimentaire élevée déclarent des revenus moyens inférieurs de 32,7% à
ceux des ménages en situation de sécurité alimentaire élevée. En revanche, les ménages en insécurité
alimentaire modérée ne présentent un différentiel que de 6,4% avec les ménages en situation de sécurité
alimentaire élevée. Si le niveau de sécurité alimentaire augmente avec le niveau de revenu, il faut ainsi
noter qu’il existe un écart important entre les ménages en situation d’insécurité alimentaire élevée et
ceux en situation d’insécurité alimentaire modérée dont le niveau de revenus se rapproche plus de celui
des ménages en situation de sécurité alimentaire. Bien qu’il faille prendre en compte le fait que ces
observations sont basées sur les moyennes et que les écarts-types sont relativement élevés pour chaque
catégorie de ménages ; deux analyses peuvent être faites ici.
Tout d’abord, les ménages en insécurité alimentaire élevée avec un niveau de revenus bien inférieur à
celui des autres tranches de la population représentent une frange particulièrement vulnérable sur le
long terme puisqu’elle est dans l’incapacité de faire face en cas de chocs et de faire des investissements
ou d’assurer une épargne.
Ensuite, il est important de noter que les trois autres catégories de ménages (selon la situation de
sécurité alimentaire) ont finalement des niveaux de revenus très proches. Les ménages en insécurité
alimentaire modérée ont un niveau de revenu légèrement inférieur à celui des ménages en situation de
sécurité alimentaire, avec un différentiel de 200 HTG par mois, il semble que la frontière soit assez
poreuse entre l’insécurité alimentaire modérée et la sécurité alimentaire modérée. Cependant, les
revenus moyens des ménages en insécurité alimentaire modérée ont l’écart-type le plus important, ce qui
illustre une certaine disparité au sein de cette catégorie. Mais ce qui mérite d’être souligné ici c’est le fait
que les ménages en situation de sécurité alimentaire modérée et élevée peuvent rapidement, en cas de
chocs (économiques ou climatiques), basculer dans la frange de la population en situation d’insécurité
alimentaire, au regard des faibles écarts de revenus.
Ainsi, l’étude des niveaux de revenus moyens a permis de vérifier l’hypothèse selon laquelle l’insécurité
alimentaire est principalement liée à la faiblesse des revenus mais également de mettre en avant la
vulnérabilité globale de la zone enquêtée.
Pour tous les ménages, quelle que soit leur situation en termes de sécurité alimentaire, les revenus du
ménage sont constitués en majorité par ceux générés par les activités agricoles. En moyenne, le produit
de l’agriculture représente 85% des revenus totaux. Ce pourcentage atteint 87% pour les ménages en
insécurité alimentaire (élevée et modérée) et 83% pour les ménages en situation de sécurité alimentaire.
Les difficultés rencontrées par les ménages dans la bonne conduite des travaux agricoles influent donc
directement le niveau de revenus global et la situation de sécurité alimentaire.
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Concernant les revenus moyens par type d’activité et par ménage, les données collectées sont les
suivantes :
Figure 74 : Revenus mensuels moyen (en HTG) par type d’activité
Concernant les activités agricoles, près de 40% des ménages ne sont pas en mesure d’évaluer les revenus
générés par l’exploitation agricole. Ce qui démontre une activité agricole principalement axée sur un
objectif de survie, une agriculture vivrière dans laquelle la question du rendement et de la génération de
revenus fixes et suffisant n’est pas systématiquement prise en compte. Les revenus liés à l’élevage
semblent également difficiles à évaluer pour de nombreux ménages. Les activités de chasse et pêche, en
revanche, semblent être plus largement évalués par ceux qui les exercent et représenter une forte valeur
ajoutée pour certains ménages.
Les activités de vente de bois, d’artisanat et de construction représentent un revenu additionnel dont
l’apport est précisément évalué par ceux qui exercent ces activités fixes, non dépendantes des aléas
climatiques mais qui requièrent, dans le cas de la construction et l’artisanat, une formation
professionnelle ou du moins un savoir-faire qui, comme nous l’avons vu précédemment, ne sont pas très
répandus au sein des ménages enquêtés.
Les ménages ont également été interrogés sur
l’importance des transferts d’argent (venant de ménage
en Haïti ou à l’étranger) dans la constitution de leurs
revenus. La principale observation est qu’une proportion
assez faible de ménages reçoit des transferts réguliers.
Seuls 15% des ménages déclarent avoir reçu des
transferts d’argent durant les 12 derniers mois. Les
transferts représentent majoritairement un complément
de revenus et peuvent-être considérés comme limités
dans la zone d’enquête contrairement à la situation qui
prévaut dans d’autres zones du pays.
Revenu mensuel moyen en HTG
Médiane Ecart-type
Agriculture 3854.31 2500 4217.46
Commerce 3518.19 1800 5456.03
Elevage 4281.25 3000 4887
Pêche/Chasse 6728.57 5000 10263.68
Vente de bois 4126.92 2000 6523.57
Artisanat 4086.11 1000 6722.97
Construction 2589.29 2720.02
Services 4366.67 2225 7983.78
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
11,50%
42,60%
3,30%
37,70%
4,90%
Figure 75 : Périodicité des transferts monétaires
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7.3 Crédit et épargne
Crédit
La quasi-totalité des ménages (91,1%) a sollicité des crédits durant les 12 derniers mois et 76,5%
d’entre eux l’ont fait durant la période de soudure, ce qui illustre l’état de vulnérabilité des ménages en
termes financiers et en termes de stocks durant la période de soudure. 87,6% des ménages qui ont
sollicité un crédit l’ont obtenu au cours de l’année et parmi les 76,5% qui en ont sollicité un pendant la
soudure, 64,9% l’ont obtenu. Il ne semble donc pas y avoir de plus grande difficulté à obtenir un crédit
durant la période de soudure.
Le type de crédit le plus fréquent est l’emprunt auprès de la famille ou d’amis (49,6%), le recours le moins
risqué pour les ménages. Viennent ensuite les crédits auprès des commerçants locaux (27,8%) et auprès
d’usuriers (20,6%). Les crédits auprès de coopératives, de caisses populaires ou de banques sont très peu
répandus, ce qui atteste de la faible présence de ces institutions et de leur faible taux de couverture.
En ce qui concerne les banques, la difficulté pour les ménages de fournir les garanties demandées par les
banques traditionnelles entre très certainement en compte dans le faible taux de recours à ce type de
crédit qui offrent pourtant généralement les taux d’intérêt les plus faibles. D’autre part, il faut mettre en
parallèle le taux élevé du recours au crédit avec le faible pourcentage que représente l’utilisation du
crédit dans les dépenses et ainsi souligner le fait que les crédits se font généralement pour de petites
sommes et particulièrement pour couvrir des dépenses imprévues.
Concernant les montants des crédits, si la valeur la plus courante (5000 HTG) est la même pour les deux
périodes, il existe de grandes disparités entre elles. Ainsi, la moyenne des crédits contractés pendant la
période « normale » est de 13 418 HTG alors qu’elle est de 5 819 HTG pendant la soudure et les écarts-
types sont respectivement de 17 920 HTG et 8 740 HTG. La demande et l’accès plus élevé en termes de
crédit sur l’année entière et les données concernant les montants montrent que la période de soudure se
traduit par une contraction des sommes allouées aux ménages et soulignent le fait que les crédits sont
plus facilement débloqués en dehors de cette période et pour des sommes plus importantes.
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00% 90,00%
100,00%
Pendant les 12 derniers mois
Pendant la dernière période
de soudure
91
,10
%
76
,50
%
87
,60
%
64
,90
%
Sollicitation de crédits Obtention du crédit
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
50,00%
49
,60
%
27
,80
%
20
,60
%
0,3
0%
0,5
0%
0,3
0%
0,6
0%
0,2
0%
0,2
0%
Figure 77 : Type de crédit contracté par les ménages Figure 76 : Demande et accès au crédit
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Les crédits contactés pendant la période de soudure le sont sûrement davantage pour faire face à des
difficultés et les ménages tentent donc d’en limiter les montants. En période « normale » en revanche les
crédits peuvent être liés à des investissements et donc représenter des sommes plus importantes.
Epargne
Le faible taux d’épargne est également à mettre en regard avec le recours au crédit :
Le manque d’argent est donc à la base du faible pourcentage
d’épargne au sein des ménages enquêtés et il faut noter l’absence
totale de banques, coopératives ou caisses communautaires dans le
traitement de l’épargne dans la zone. La tontine est pour 99% des
épargnants la solution adoptée pour la constitution d’une épargne. Il
n’y a donc pas d’épargne individuelle.
Seuls 0,8% des ménages déclarent l’absence de structures comme
l’obstacle principal. Ainsi ce n’est pas tant l’absence des structures
qui est à mettre en avant mais la difficulté d’accès à ces structures.
Non 69%
Oui 31%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Tontine (Sol, sangl, sabotay)
Espèces conservées à la maison
Autres types
99%
0,50% 0,50%
Manque d'argent
Désintérêt Absence de
structures
Peur du vol
97
,90
%
1%
0,8
0%
0,3
0%
Figure 78 : Proportion de ménages ayant une épargne Figure 79 : Type d’épargne
Figure 80 : Raisons de non-épargne au sein des ménages
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Conclusions sur l’accessibilité alimentaire
Avec plus de 80% des ménages déclarant exploiter la terre et 63,2% des ménages dépendant de l’agriculture comme source de revenus principale, les contraintes qui pèsent sur la production agricole sont directement liées au manque de ressource qui empêche les ménages de couvrir leurs besoins alimentaires. Les Focus Groups ont largement fait ressortir le poids que représente l’endettement dans la structure des dépenses des ménages. Principalement pratiqué par les femmes, le petit commerce reste peu rémunérateur. Avec l’augmentation du prix des denrées sur les marchés principaux ainsi que la part importante que représentent les dépenses de transport dans la conduite de cette activité, le petit commerce tend à perdre de plus en plus sa valeur ajoutée (alors qu’il constitue une source de revenus complémentaire). Le coût des transports a également des conséquences directes sur les dépenses de tous les ménages. En effet, pour de nombreux ménages qui vivent dans des zones isolées, les marchés principaux sont éloignés de leurs lieux de vie. Or, les ménages s’approvisionnent à près de 80% dans les marchés. L’importance des dépenses de transport illustre ainsi les faiblesses des circuits de distribution et de transformation. Le niveau de sécurité alimentaire des ménages est directement lié au niveau de revenus. Le manque de diversification des revenus est également à mettre en avant. En effet, les ménages en insécurité alimentaire sont souvent dépendants d’une seule source de revenus, ce qui explique les faibles niveaux de revenus et rend dès lors ces ménages particulièrement vulnérables aux chocs. Enfin, le manque de services financiers tel que le crédit ou l’épargne ne permet pas aux ménages de répondre à des épisodes de manque, des chocs ou tout simplement à la période de soudure par des stratégies n’impactant pas négativement leur niveau de sécurité alimentaire. Les ménages adoptent des stratégies de réponse par le bas en terme de gestion du capital économique. Malgré une certaine disparité dans les niveaux de revenus des ménages de la zone, la section consacrée aux sources de revenus a mis en avant la faiblesse générale du niveau de revenus et donc la vulnérabilité des ménages dans leur globalité. Les faibles écarts de revenus entre les différents niveaux de sécurité alimentaire illustrent la facilité avec laquelle des ménages considérés comme en situation de sécurité alimentaire peuvent basculer dans l’insécurité alimentaire suite à un choc, même mineur.
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8. Utilisation
L’étude de l’utilisation porte sur la façon dont le corps optimise les différents aliments. Cette dimension
de la sécurité alimentaire est déterminée surtout par l’état de santé des populations. Les principes
d’hygiène, les stratégies de partage de la nourriture et d’adaptation ainsi que la nutrition sont des
variables agissant sur la bonne utilisation des aliments.
8.1 Préparation et conservation de la nourriture
Combustibles
La quasi-totalité des ménages a recours à la cuisson au
feu de bois de manière quotidienne, que ce soit par le
biais de charbon ou de bois brut. Aucune source d’énergie
alternative à cette dernière n’est présente dans la zone.
L’utilisation de ce type de combustible pour la cuisson est
traditionnelle dans les ménages ruraux mais s’il n’a pas
d’impact négatif direct sur la qualité de l’alimentation,
l’impact environnemental du déboisement en Haïti ne
devrait pas être négligé même dans le cadre de
l’alimentation familiale. Avec seulement 2% de couverture
boisée et 63% de la superficie du pays constitué par des pentes supérieures à 20%25, Haïti est
particulièrement confronté à la menace de la déforestation et donc de la dégradation des sols par
l’érosion. La vulnérabilité des bassins versants face aux inondations et aux glissements de terrain est
notamment un enjeu important dans l’Artibonite, deuxième plus grand bassin versant du pays. Le
déboisement, l’érosion, la dégradation des sols sont autant de facteurs qui agissent négativement sur la
qualité des sols et donc impactent la productivité des terres agricoles avec des conséquences importantes
à long terme sur la sécurité alimentaire des ménages.
L’étude plus approfondie des pratiques des populations sur la coupe du bois de chauffe serait
intéressante pour analyser le type d’arbres et d’arbustes ainsi que le type de coupe qu’opèrent les
populations. En effet, la coupe peut s’effectuer sur des arbustes à la repousse rapide et ne pas
compromettre le développement futur de la végétation; il serait cependant utile d’analyser plus en
détails les pratiques pour déterminer si elles relèvent d’une utilisation raisonnée et durable du potentiel
énergétique ou si elles participent directement au processus de déboisement à long terme.
25 MARNDR/CESVI/ECHO ; Guide de référence sur les pratiques de prévention et de lutte contre l’érosion dans le département Sud Haiti ; 2012
0,00%
20,00%
40,00%
60,00% 49,80% 49,80%
0,20% 0,20%
Figure 81 : Combustibles utilisés pour la cuisson des aliments
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Sources et traitement de l’eau
Concernant l’alimentation en eau, on observe une certaine diversité dans les options
d’approvisionnement mais le mode le plus répandu est celui de l’approvisionnement direct auprès des
cours et points d’eau naturels. L’achat d’eau représente la seconde option la plus répandue avec 23.7%,
approvisionnement particulièrement sûr en termes de qualité de l’eau et donc de prévention des
maladies hydriques. L’accès à des puits protégés ou non protégés sont les deux dernières options les plus
répandues, les puits non protégés étant cependant vulnérables à la contamination par les sols
notamment lors des épisodes d’inondations relativement fréquents dans la zone.
Ainsi, plus de 50% des ménages s’approvisionnent avec de l’eau potentiellement impropre à la
consommation. Dès lors, l’observation des méthodes traitement de l’eau utilisées par les ménages est
primordiale pour obtenir un aperçu plus précis de la consommation d’eau potable dans la zone et donc
de l’impact que peut avoir la consommation de l’eau sur les ménages en termes de sécurité alimentaire.
49,5% des ménages traitent l’eau avec des aquatabs. Ce pourcentage recouvre presque en totalité la
proportion de ménages s’approvisionnant auprès de sources dangereuses en termes de qualité de l’eau
(50,9%) ; à ceux-là s’ajoutent les ménages qui traitent au moyen de filtres ou de chlorox. Le croisement
des deux variables (sources dangereuses et traitement de l’eau) démontre que plus de 80% des ménages
qui s’approvisionnent auprès de points d’eau non sécurisés traitent leur eau. On observe dès lors une
assez bonne proportion de traitement de l’eau de la part des ménages ce qui démontre d’une certaine
conscience de l’importance de la qualité de l’eau pour l’hygiène et la santé des ménages.
En revanche, 15,4% des ménages continuent à n’utiliser aucune méthode de traitement de l’eau, ce qui
les rend particulièrement vulnérables aux maladies hydriques et augmente ainsi leur vulnérabilité à la
malnutrition.
Robinet privé dans la …
Robinet …
Bouteilles/ sachets/ …
Puit protégé
Puit non protégé
Source aménagée
Source non aménagée
Eau de pluies, autre
Ruisseau, rivière, mare, …
0,20%
5,30%
23,70%
19%
11,80%
0,40%
0,20%
0,40%
39,10%
Aquatab
Chlorox/jif
Filtre avec linge
Filtre céramique, sable, autre
Autre
Pas de traitement
49,50%
11,80%
2,60%
19,20%
1,40%
15,40%
Figure 83 : Traitement de l’eau par les ménages Figure 82 : Sources d’approvisionnement en eau pour les ménages
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73
Conservation des denrées périssables
Si la grande majorité des ménages ont conscience du besoin de conserver la nourriture dans un endroit
fermé, le mode de conservation principal reste le récipient fermé ou les sacs.
Méthodes de conservation qui ne sont pas totalement à
l’abri du contact avec l’air ou de la contamination par des
agents extérieurs. De plus, le second mode de
conservation le plus fréquemment cité, bien que minime
par rapport au premier est celui de la conservation en
plein air, particulièrement inadapté à des denrées
périssables.
Moins de 1% des ménages possèdent un réfrigérateur.
Enfin, la transformation des produits est très peu
répandue, alors qu’il s’agit d’un moyen abordable et sûr
pour tous les ménages. La communication sur des
pratiques de transformation et leur généralisation
seraient un moyen efficace pour lutter contre la
mauvaise conservation des aliments.
Peu de ménages déclarent une perte importante de
nourriture qui serait due à une mauvaise conservation.
Ainsi, plus de la moitié des ménages estiment leur perte
minime mais près de 6% mentionnent la perte de la
quasi-totalité des denrées disponibles.
8.2 Stratégies d’adaptation alimentaire
Comme l’analyse des données présentée en amont l’a démontré, la prévalence d’une trop faible
consommation alimentaire et d’un accès réduit aux denrées est forte dans les deux localités enquêtées.
Dès lors il est important de se pencher sur la manière dont les ménages adaptent leur consommation à
cette situation en période normale comme lors d’épisodes de manque.
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
90,00%
0,2
0%
8,3
0%
1,1
0%
0,2
0%
0,7
0%
0,2
0%
89,30%
5,80% 0,50%
3,30%
55,10%
Presque tout (plus de 75%)
Moitié ou un peu plus (50-75%)
Moins de la moitié (50-25%)
Pas beaucoup (- de 25%)
Figure 84 : Habitudes de conservation des aliments
Figure 85 : Estimation par les ménages de pertes suite à une mauvaise conservation
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En règle générale, le partage équitable entre les
membres du ménage selon leurs besoins est le mode
de répartition le plus répandu. Il n’y a donc pas de
manière systématique une priorité donnée à un
membre du ménage lors du partage de la nourriture.
Cependant, il convient de noter que donner la priorité
aux enfants est une pratique très répandue qui illustre
la conscience d’un besoin d’apports nutritionnels plus
importants chez les enfants en période de croissance.
Dans l’optique d’analyser les stratégies de réponse mises en œuvre par les ménages pour faire face au
manque de nourriture, il leur a été demandé de mentionner combien de fois sur la dernière semaine puis
en période de soudure ils ont été obligés d’adopter une des cinq modifications de comportement
alimentaire proposées :
- Réduire le nombre de repas (pondération = 1) ; - Réduire les quantités de nourriture (pondération = 1) ; - Emprunter de la nourriture (pondération = 2) ; - Consommer des aliments moins cher/moins apprécié (pondération = 1) ; - Réduire la consommation des adultes en faveur des enfants (pondération = 3).
Un indice de stratégie de réponse dit réduit a été calculé sur la base de leurs réponses. Au final cet indice
est un score pondéré (somme des fréquences déclarées sur 0 à 7 jours). Plus l’indice est élevé, plus les
ménages recourent fréquemment aux stratégies de réponse ci-dessus pour faire face à une dégradation
de leur sécurité alimentaire. Ainsi, un indice élevé est associé à un ménage en insécurité alimentaire alors
qu’un indice faible indique un ménage en situation de sécurité alimentaire. La moyenne nationale établit
dans l’ENSA pour l’indice de stratégie de réponse est de 15,86.
Pour les ménages en situation d’insécurité alimentaire, la moyenne relevée dans la zone est de 21,25 et
de 15,76 pour les ménages en situation de sécurité alimentaire, tous les ménages sont donc au-dessus
de la moyenne nationale. Ainsi, si l’on considère les moyennes, la zone apparaît comme touchée par une
dégradation générale des conditions de sécurité alimentaire de tous les ménages, et pas seulement ceux
considérés comme en situation d’insécurité alimentaire. Ces données permettent encore une fois de
mettre en avant la vulnérabilité de tous les ménages de la zone. Seuls les ménages appartenant au
groupe en situation de sécurité alimentaire élevée ont un indice de stratégie de réponse supérieur à la
moyenne nationale alors que pour certains ménages en insécurité alimentaire élevée il atteint 50.
Figure 87 : Répartition des ménages selon l'ISA et l'indice de stratégie de réponse
Indice de sécurité alimentaire Indice de stratégie de réponse moyen
Ménages en insécurité alimentaire élevée 23,24
Ménages en insécurité alimentaire modérée 20,55
Ménage en sécurité alimentaire modérée 17,39
Ménage en sécurité alimentaire élevée 11,78
Partage équitable
Enfants
Adultes
Personnes agées
Enceintes/allaitantes
Père
37,50%
33,70%
11,40%
5,40%
0,90%
5,10%
Figure 86 : Répartition de la nourriture au sein des ménages
Ch
apit
re :
8. U
tilis
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n
75
La détérioration des conditions de sécurité alimentaire peut-être mise en évidence par l’analyse des
proportions des ménages ayant recours à l’une ou l’autre des stratégies de réponses citées ci-dessus.
Quel que soit le type de stratégie de survie observé, sa fréquence d’utilisation augmente
considérablement lors de la période de soudure. Durant cette période, le recours régulier (soit 5 à 6
jours/semaine) voire quotidien à i) la limitation des quantités, ii) l’emprunt de nourriture, iii) la réduction
de la part des adultes au profit des enfants ou iv) la consommation d’aliments moins cher, est
sensiblement plus fréquent.
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
36
,10
%
31
,50
%
25
%
4,7
0%
3,3
0%
19
,90
%
24
,60
%
28
,40
%
21
,90
%
5,1
0%
Durant les 7 derniers jours Soudure
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
50
,20
%
24
,10
%
20
,80
%
4,5
0%
0,4
0%
33
,50
%
22
,60
%
24
,80
%
15
%
4%
Durant les 7 derniers jours Soudure
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
12,1
0% 1
8,30
%
40
,90%
21,6
0%
7,10
%
8,30
% 1
3,80
%
26
%
35%
16,9
0%
Durant les 7 derniers jours Soudure
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
28
,80
%
21
%
32
,40
%
13
%
4,7
0%
23
,40
%
18
,70
% 2
4,1
0%
21
,70
%
12
,10
%
Durant les 7 derniers jours Soudure
Figure 88 : Proportion de ménages recourant à la consommation d’aliments moins chers/moins apprécié en cas de manque
Figure 91 : Proportion de ménages réduisant la consommation des adultes au profit des enfants en cas de manque
Figure 89 : Proportion de ménages recourant à l’emprunt de nourriture (voisins/parents/commerçants) an cas de manque
Figure 90 : Proportion de ménages limitant la quantité en cas de manque
Ch
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re :
8. U
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atio
n
76
Ainsi, 21,9% des ménages déclarent consommer souvent des aliments moins chers ou de moindre qualité
durant la période de soudure contre 4,7% durant les 7 jours précédents l’enquête. 35% des ménages
limitent souvent les quantités absorbées en période de soudure contre 21,6% en période dite normale.
Bien que l’on remarque une augmentation du recours à cette solution pendant la période de soudure, il
faut noter le taux relativement élevé de ménages qui limitent les quantités de nourriture absorbées tout
au long de l’année. 21,7% des ménages déclarent réduire souvent la quantité de nourriture des adultes
au profit des enfants en période de soudure contre 13% durant les 7 jours précédents l’enquête. Ces trois
stratégies d’adaptation alimentaires relèvent d’un ajustement par le bas. Concernant l’emprunt de
nourriture, si la proportion de ménages y recourant régulièrement augmente pendant la période de
soudure, elle reste néanmoins la stratégie la moins utilisée (15%). Ces observations illustrent bien la
vulnérabilité chronique des ménages. La préparation des ménages face à une période de soudure
récurrente n’est pas suffisante que cela soit en termes de stocks de nourriture ou de capacités
financières.
La limitation de la quantité de nourriture absorbée reste donc la stratégie la plus courante. L’adoption
de cette réponse impacte directement le niveau de sécurité alimentaire des ménages en faisant baisser
le score de consommation alimentaire, en accentuant la faim dans les ménages et aussi en diminuant
généralement la diversité de l’alimentation. En période de soudure, la limitation des dépenses et
l’emprunt de nourriture s’ajoutent de manière importante à la limitation de la quantité.
Les ménages utilisent donc plus fréquemment des stratégies alimentaires relevant d’un ajustement par le
bas. En effet, si l’emprunt de nourriture représente une réponse à court terme visant à augmenter la
disponibilité alimentaire du ménage sur une période déterminée (contrairement aux trois autres
stratégies qui relèvent d’un ajustement par le bas), elle demeure la stratégie de réponse la moins utilisée
par les ménages, même en période de soudure.
Il s’avère cependant nécessaire de préciser que ces stratégie de réponse portant sur la consommation
sont réversibles et ne sont pas de nature à compromettre les moyens d’existence futurs des ménages
bien que leur adoption atteste d’une dégradation de la situation alimentaire et d’une mise en péril de la
sécurité alimentaire sur la durée pendant laquelle ces stratégies sont adoptées.
Ch
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re :
8. U
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n
77
8.3 Malnutrition
La situation nutritionnelle des ménages dans les zones enquêtées avait déjà été identifiée comme la plus
inquiétante dans la zone d’intervention d’ACTED et toutes les sections ci-dessus ont permis de faire de
précieuses observations sur tous les secteurs directement liés à la sécurité alimentaire. Dès lors, une
section dédiée à la situation nutritionnelle des ménages, à la prise en charge des cas de malnutrition et
aux stratégies de réponses face aux cas de malnutrition identifiés au sein des ménages s’impose.
La première observation à faire face à ces données est le faible taux de ménages ayant des membres qui
ont été traités dans un centre nutritionnel (8,40%) mais ces chiffres ne sont pas nécessairement
représentatifs de l’état nutritionnel des ménages de la zone, ces derniers ne conduisant pas
systématiquement les individus aux centres de nutrition. La proportion d’homme est légèrement plus
élevée que celles de femmes parmi les patients des centres nutritionnels. Concernant l’âge des individus
traités, il faut noter la forte proportion d’enfants de moins de 10 ans qui représentent 64,5% des
patients. Ceci tend à confirmer la vulnérabilité plus forte des enfants face à la malnutrition et aussi
probablement une plus grande attention portée à la situation nutritionnelle des enfants au sein des
ménages plutôt qu’à celle des adultes. Enfin, concernant la durée de prise en charge, plus de 50% des
individus traités ne restent qu’une journée dans les centres de nutrition et 77,7% des séjours ne
dépassent pas 3 jours, 84,2% sont inférieurs à une semaine, ce qui illustre le fait que plus de 70% des cas
de malnutrition ne requièrent pas de séjour de longue durée. En revanche, 22,6% des patients sont
traités durant plus d’une semaine et 12,9% restent plus de 15 jours ce qui démontre chez certains
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
100,00% 91,70%
6,50% 1,30% 0,40% 0,20%
Féminin 44%
Masculin 56%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
0-1 jours
1-3 jours
4-7 jours
8-15 jours
Plus de 15 jours
51,60%
26,10%
6,50% 9,70%
12,90%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
0-2 ans
2-5 ans
6-10 ans
11-15 ans
16-20 ans
21-30 ans
31-99 ans
24,20%
16,10%
24,20%
4,80% 3,20%
4,80%
22,60%
Figure 93 : Répartition des patients des centres de nutrition selon le sexe
Figure 92 : Nombre de membres d’un ménage ayant été traité dans un centre de nutrition
Figure 95 : Durée du séjour dans les centres de nutrition Figure 94 : Age des patients traités dans les centres de nutrition
Ch
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8. U
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78
ménages, si ce n’est des cas de malnutrition aigüe, du moins d’une attente d’aggravation des cas avant la
première consultation.
L’état de santé général des individus est important pour évaluer la
prévalence de l’insécurité alimentaire indépendamment de la
présence de maladies autres chez les individus.
En effet, un individu atteint d’une maladie chronique est
particulièrement vulnérable à la malnutrition.
Seuls 27% des individus traités dans les centres de santé sont
atteints d’une maladie chronique type VIH/tuberculose, ce qui
démontre que pour 73% des patients, l’état de malnutrition
identifié est essentiellement lié à l’alimentation du ménage et donc
aux manques en termes de quantité, de qualité et de diversité.
L’analyse des degrés de sévérité de malnutrition relevés chez les
patients démontre une prévalence forte chez ces derniers d’une
malnutrition sévère à très sévère. En effet, moins de la moitié
(47%) des cas ressortent de la malnutrition modérée alors que
37% des cas sont considérés comme des cas de malnutrition
sévère et 16% comme très sévère.
En tant qu’information complémentaire, il faut mentionner que le réseau communautaire de dépistage
de la malnutrition qui est opérationnel dans les localités de Petites Desdunes et Fossé Naboth a relevé
entre les mois de juin et de septembre 2012 les cas suivants :
Fossé Naboth : 150 cas de malnutrition aigüe sévère et 200 cas de malnutrition aigüe modérée
chez les enfants de 6 mois à 15 ans.
Petites Desdunes : 58 cas de malnutrition aigüe sévère et 133 cas de malnutrition aigüe modérée.
Une fois la malnutrition d’un individu diagnostiquée au sein d’un ménage, il est ensuite important de se
pencher sur les changements dans les comportements alimentaires qui sont mis en place pour faire face à
la situation de l’individu atteint et prévenir la malnutrition chez les autres membres du ménage. Seuls
42% des ménages déclarent
avoir changé leurs habitudes
alimentaires à la suite du
traitement d’un individu
membre du ménage, soit moins
de la moitié. Pour les 58% qui
n’ont pas opéré de
changement, l’unique raison
évoquée est le manque
d’argent, il n’y a donc pas de
Non 73%
Oui 27%
Modéré 47%
Sévère 37%
Très sévère
16%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
25,00%
30,00%
35,00%
Augmentation des quantités pour toute la
famille
Augmentation des quantités
pour les personnes
atteintes de malnutrition
Privilégier la consommation d'aliments de qualité sur le
marché
Augmenter la production maraîchère
Améliorer les systèmes de conservation des aliments
16,70%
33,30% 33,30%
13,90%
2,80%
Figure 96 : Maladie chronique chez les patients
Figure 97 : Niveau de malnutrition
Figure 98 : Typologie des changements d'habitudes alimentaires
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8. U
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79
remise en cause des diagnostics mais tout simplement une impossibilité pour les ménages de consacrer
plus d’argent à l’alimentation ou d’augmenter leurs revenus pour mettre en œuvre un changement
efficace et durable dans l’alimentation.
Parmi les ménages déclarant une adaptation des habitudes alimentaires suite au traitement d’un des
membres dans un centre de nutrition, 33,3% décident de privilégier les aliments de qualité lors de
l’approvisionnement sur les marchés et une proportion similaire d’individus choisit une augmentation des
quantités pour les personnes atteintes de malnutrition. Deux stratégies se détachent ici : quantitative et
qualitative. 16,7%, conscients de la vulnérabilité des autres membres du ménage optent pour une
augmentation des quantités pour toute la famille, mettant ainsi en œuvre une stratégie préventive.
13,9% choisissent l’augmentation de la production maraîchère pour faire face au manque de quantité et
ainsi réduire la dépendance face au marché et à la volatilité des prix.
Un des déterminants majeurs de la situation nutritionnelle des ménages est la diversité alimentaire.
Comme il a été vu dans la section 5 de cette étude, le score de diversité alimentaire est, à première vue,
assez élevé, cependant les données sur la malnutrition et les conclusions des focus groupes laissent à
penser que les ménages ont de grandes difficultés quand il s’agit de s’alimenter de manière diversifiée. En
effet, si la grande majorité des ménages de la zone a connaissance du principe de diversité alimentaire et
de son importance pour la santé des membres du ménage, toutes les personnes interrogées ont fait part
de difficultés pour respecter ce principe. Ces difficultés sont principalement liées à leur capacité
économique comme il a été vu précédemment.
En effet, chez les ménages en insécurité alimentaire élevée, seul le riz est consommé plus de trois fois
par semaine en moyenne (3,54 jours). Les seuls autres aliments qui sont consommés plus d’une fois par
semaine sont : le maïs (1,12 jours), le pain (1,08 jours), les pois et haricots (1,14 jours), les fruits (1,4
jours), huile et graisse (4,86 jours) et les légumes (1,26 jours). Si la consommation de fruits et de légumes
est considérée comme relevant du groupe de consommation de diversité moyenne, elle reste très faible
chez les ménages en insécurité alimentaire élevée. De plus, des aliments comme la viande, le poisson, les
produits laitiers et les œufs qui sont des aliments à forte valeur nutritive sont pratiquement absents du
régime alimentaire des ménages en insécurité alimentaire élevée. Ainsi ces aliments ne sont consommés
qu’entre 0,05 et 0,46 jours par semaine en moyenne.
Pour les ménages en insécurité alimentaire modérée, la typologie du régime alimentaire est sensiblement
similaire bien que l’on observe une consommation plus régulière de pois/haricots (3,03 jours/semaine) et
surtout un apport nutritif plus important par la consommation de viande (2,54 jours/semaine), de poisson
et de produits laitiers, ce qui les fait entrer dans la catégorie des ménages ayant une diversité moyenne
voire élevée, et non plus faible.
Le fait que même les ménages en insécurité alimentaire accordent une importance particulière à la
consommation d’aliments à forte valeur nutritionnelle illustre l’intérêt que ces derniers portent au
respect des principes de diversité alimentaire ainsi que l’impact des programmes de sensibilisation
nutritionnelle. Encore une fois, c’est avant tout l’accessibilité financière qui est le principal frein au suivi
des principes de diversité alimentaire.
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9. S
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80
9. Stabilité
La stabilité est un élément transversal dans l’étude de l’insécurité alimentaire. En effet, si les trois
dimensions étudiées dans les sections précédentes prennent en compte toutes les composantes de la
sécurité alimentaire, la stabilité de ces trois dimensions dans le temps est un facteur primordial
permettant d’expliquer la stabilité ou non, dans le temps long, de la situation de la sécurité alimentaire.
Dans un pays dit fragile comme Haïti, la stabilité revêt une importance capitale. Particulièrement
vulnérables face aux catastrophes naturelles et aux difficultés politiques et économiques, les ménages du
pays sont régulièrement frappés par des chocs exogènes qui impactent leurs conditions de vie, leurs
sources de revenus et donc leur situation alimentaire.
Conclusions sur l’utilisation des aliments
Avec 50% des ménages qui utilisent une eau potentiellement impropre à la consommation et malgré une proportion élevée de ménages qui déclarent traiter l’eau, la problématique de l’accès à l’eau potable reste importante. La période de soudure et les épisodes de catastrophes naturelles, qui voient une baisse des stocks et des revenus, sont particulièrement difficiles pour les ménages, qui ont dès lors recours à des stratégies de réponse vers le bas : diminution des quantités de nourriture, moindre attention à la qualité, emprunts auprès d’usuriers, vente d’actifs etc. Le recours à ces stratégies est en partie lié à l’absence de services financiers, tels que l’épargne et le crédit, qui permettraient aux ménages de mitiger l’impact des périodes de manque sans entamer directement le capital du ménage. Les ménages adoptent fréquemment des stratégies de crise et de détresse. Bien que les ménages soient conscients de l’importance du respect des principes nutritionnels et de la diversité alimentaire; les difficultés que rencontre les ménages pour les respecter est flagrante, notamment les ménages en insécurité alimentaire qui sont plus largement confrontés à la malnutrition et qui ne sont pas en mesure de consommer des aliments à forte valeur nutritive de manière régulière. Là encore, cette incapacité des ménages à respecter les principes de diversité alimentaire est étroitement liée aux restrictions des ménages en termes de capital économique.
Ch
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9. S
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ilité
81
9.1 Les chocs
Comme l’ont démontré les sections ci-dessus, la pauvreté et l’insécurité alimentaire chronique qui
caractérisent Haïti – tout particulièrement les zones rurales – résultent souvent de chocs qui frappent des
ménages qui n’ont pas d’épargne monétaire disponible et des sources de revenus leur permettant à
peine de couvrir les besoins en période normale.
Le graphique ci-contre illustre les différents
chocs rencontrés par les ménages durant les
12 derniers mois, qui ont affecté dans les
ménages, les moyens de gagner leur vie, la
capacité de produire ou ont épuisé l’épargne
ou les biens ; laissant ainsi les ménages dans
des situations particulièrement précaires.
Dans cette zone où la majorité des ménages
tire leurs revenus de l’agriculture, la
sécheresse et l’irrégularité des pluies
représentent pour 39,1% des ménages les
principales contraintes affectant leur
niveau de vie. Les décès et maladies
d’individus porteurs de revenus sont
également largement cités, mettant en
avant les conditions de santé précaires des
habitants de la zone, qui impactent
largement les revenus des ménages. Les
aléas climatiques, tels que les cyclones et les
inondations, au même titre que la
sécheresse, représentent des chocs
exogènes particulièrement graves pour les
ménages en raison des destructions de
cultures et de pâturages qui en résultent.
Les pertes de récoltes généralement liées aux conditions climatiques, mais également au manque de
main d’œuvre ou aux mauvaises conditions de stockage sont également citées par 7.6% des ménages. Il
faut noter également le fait que 5.6% des ménages citent l’augmentation des frais d’éducation comme
une contrainte particulière.
0,00% 5,00% 10,00% 15,00% 20,00% 25,00%
Maladie/accident grave
Décès d'un membre apporteur de …
Prise en charge nouveau membre
Epidémie
Augmentation prix biens alimentaires
Maladies animaux
Maladies cultures
Augmentation prix semences
Augmentation prix engrais
Equipement/outils en panne
Perte emploi/faillite
Diminution salaire/revenu membres …
Diminution demande
Cyclones, inondations
Sécheresse
Pluies irrégulières
Arrêt de l'aide (transfert) des parents
Insécurité
Augmentation coût éducation
Pas de récolte
Perte de récolte
Voyage d'un membre de la famille
9,70%
10,20%
1,40%
2,60%
0,30%
0,20%
0,50%
0,90%
0,80%
0,30%
2,30%
8,50%
0,20%
7,60%
24%
15,10%
0,60%
0,60%
5,60%
0,90%
7,60%
0,20%
Figure 99 : Contraintes affectant les ressources du ménage
Ch
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9. S
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ilité
82
9.2 Stratégies de réponse
Pour faire face à ces difficultés, les ménages mettent en place des stratégies diverses. Comme pour les
stratégies d’adaptation alimentaires, les attitudes adoptées par les ménages impactent souvent
directement le capital du ménage, ajustant ainsi par le bas les conditions de vie des ménages et
diminuant les ressources, réserves et autres stratégie de long terme qui auraient pu être adoptées par les
ménages.
En cas de dégradation de leurs conditions de vie, 32% des ménages procèdent à des emprunts auprès
des proches. Cette stratégie apparaît comme la moins dangereuse pour l’équilibre financier du ménage,
tandis que les 20,6% qui contractent des emprunts auprès de prêteurs ou de commerçants s’exposent à
des remboursements qui vont largement impacter leurs conditions de vie futures.
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
Vente du stock produits agricoles/semences
Réduction quantité d'alimentation/nbre repas
Réduction qualité alimentation
Nourriture achetée à crédit
Prélever sur épargne monétaire disponible
Transfert d'aliments nationaux
Transferst d'aliments internationaux
Transferts monétaire nationaux
Transferts monétaires internationaux
Plane (bric-à-brac) des objets du ménage
Vente d'animaux
Vente de biens (hors outils/équipement)
Vente de parcelles
Potek
Plane d'équipement/outils pouvant générer des revenus
Vente d'équipement/outils pouvant générer des revenus
Emprunts contractées auprès parents/amis
Empruts auprès de prêteurs/commerçants
Réduction des dépenses
Retrait des enfants de l'école
Coupe arbre/fabrication charbon
Cueillette et vente accrue de ressources naturelles
Travail temporaire
Emigration (vers autre pays)
Migration interne
Travail pour programme de secours du Gvt, ONG, UN
Mendicité
Rien
Autre
Pêche
2%
0,30%
0,50%
0,60%
0,30%
0,10%
0,10%
1,90%
2,40%
1%
10,60%
1,20%
4,20%
1,90%
1,50%
0,80%
32%
20,60%
5,10%
0,40%
0,80%
0,10%
6,80%
0,30%
5%
0,10%
1,20%
1,80%
0,60%
0,30%
Figure 100 : Stratégies de réponse en cas de choc
Ch
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re :
9. S
tab
ilité
83
La vente d’animaux représente la troisième stratégie la plus adoptée par les ménages pour faire face à
des chocs, ce qui confirme la conception de l’élevage en qualité d’épargne en cas de dépenses
imprévues. La vente de la force de travail par le biais du travail temporaire est également un recours
fréquent, avec 6,8% des ménages qui le citent, le plaçant ainsi en quatrième position des stratégies
d’adaptation mais elle apparaît après la vente d’animaux. Le produit de l’élevage n’est donc pas considéré
comme un capital central pour les ménages ou une source de revenu fiable mais comme une épargne
disponible. En effet, si la vente d’animaux est rapidement utilisée pour pallier le manque soudain de
ressources financières, la vente de parcelles, de biens, d’équipements agricoles ou de semences est en
revanche beaucoup moins fréquente car elle affecte directement les sources de revenus principales et le
capital de base du ménage.
Cependant, en cas d’aggravation de leur situation, les ménages ont recours à des stratégies qui affectent
directement leur capacité de production et donc leurs sources de revenus ou leur capital.
0,00% 2,00% 4,00% 6,00% 8,00% 10,00% 12,00% 14,00% 16,00% 18,00%
Vente du stock
réduction quantité
Réduction qualité alimentation
Nourriture achetée à crédit
Travail pour nourriture
Consommer récoltes précoces
Consommer semences
Prélever sur épargne monétaire disponible
Transferts alimentaires nationaux
Transferts alimentaires internationaux
Transferts nationaux
Transferts internationaux
Plane (bric-à-brac) des objets du ménage
Vente d'animaux
Vente de biens (hors outils/équipement)
Vente de parcelles
Potek
Plane d'équipement/outils pouvant générer des revenus
Vente d'équipement/outils pouvant générer des revenus
Emprunts contractées auprès parents/amis
Empruts auprès de prêteurs/commerçants
Réduction des dépenses
Retrait des enfants de l'école
Coupe arbre/fabrication charbon
Cueillette et vente accrue de ressources naturelles
Travail temporaire
Emigration (vers autre pays)
Migration interne
Travail pour programme de secours du Gvt, ONG, UN
Mendicité
Rien
Autre
Pêche
Abandon investissement dans travail de la terre
Aide
12,80%
6,70%
1,80%
0,50%
0,20%
0,60%
0,30%
1,70%
1%
1,50%
4,30%
2,30%
6,30%
1,50%
1,20%
0,50%
14,90%
13,20%
1,60%
0,40%
0,50%
0,20%
2,50%
0,60%
0,90%
0,10%
1,10%
0,50%
18%
0,20%
0,10%
0,10%
0,20%
0,10%
0,10%
Figure 101 : Stratégie de réponse en cas d'aggravation des conditions de vie
Ch
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re :
9. S
tab
ilité
84
En cas d’aggravation dans la dégradation de leurs conditions de vie, le premier recours permettant de ne
pas altérer les sources de revenus et de production des ménages, est le travail pour des programmes
d’aide du gouvernement, d’ONG ou des Nations Unies. 18% des ménages citent ce recours, cependant
l’implantation de ce genre de programme dépend souvent de chocs spécifiques comme des catastrophes
naturelles de grande ampleur. Dans le cas de chocs propres à un ménage, le travail pour des programmes
humanitaires peut s’avérer plus difficile dans une zone où il y en a peu. L’arrêt des activités de travail
contre paiement (cash for work) qui a été opéré par la plupart des ONG et des agences des Nations Unies
rend difficile pour une personne sans qualification l’embauche au sein de programmes d’urgence.
Si dans une première phase, les ménages mettent en œuvre des stratégies qui n’entament pas
directement leur capital productif ou leurs outils producteurs de revenus, dans un second temps les
stratégies adoptées sont plus nocives pour le capital humain et financier des ménages. En effet, la vente
de stocks, qui sont déjà assez réduit, entame directement la sécurité alimentaire des ménages qui se
retrouvent d’autant plus démunis à l’approche ou lors de la période de soudure. La vente d’outils ou
d’équipements permettant de générer des revenus entrave les capacités de production des ménages
quand la cession de parcelles en potek, solution la plus largement citée (14,9%) diminue concrètement les
parcelles disponibles et donc la quantité de nourriture produite par un ménage tout en représentant un
apport financier massif et immédiat.
9.3 Aide humanitaire
Face aux difficultés des ménages pour pourvoir aux besoins de leurs membres en termes d’alimentation,
il est intéressant de se demander si la zone a bénéficié d’aide humanitaire qui aurait permis d’inverser
cette tendance.
Dans une zone où l’insécurité alimentaire est avant tout liée au manque de ressources et de revenus et
non à des chocs spécifiques forts et reconnus comme catastrophe naturelle, l’aide alimentaire ne compte
que pour 18,3% de l’assistance humanitaire reçue dans la zone, bien qu’elle soit citée comme le
deuxième principal type d’aide. En revanche, il faut noter l’importance des distributions de kits d’hygiène
Non 85%
Oui 15%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
18
,30
%
6,5
0%
55
,90
%
1,1
0%
2,2
0%
3,2
0%
2,2
0%
9,7
0%
1,1
0%
Figure 102 : Proportion de ménage ayant bénéficié
d'une aide/assistance humanitaire Figure 103 : Type d'aide reçue par les ménages durant le dernier mois
Ch
apit
re :
9. S
tab
ilité
85
(55,9%). Ce type d’aide humanitaire s’explique par le fort taux d’attaque du choléra dans cette zone et
plus généralement dans l’Artibonite où a débuté l’épidémie. Les distributions d’eau sont également
largement liées à la présence du choléra. Si ce type de distribution ne se fait généralement pas dans un
objectif spécifique de lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, l’amélioration des conditions
d’hygiène et donc de santé des ménages permet tout de même d’entraver la malnutrition qui touche
particulièrement les individus aux défenses immunitaires réduites ou malades. Dès lors, l’amélioration
des conditions d’hygiène et d’accès à l’eau sont à considérer comme relevant d’une réponse intégrée à
l’insécurité alimentaire et à la malnutrition.
Conclusions sur la stabilité
Deux niveaux de réponse en cas de chocs se dessinent au sein des ménages :
- Dans un premier temps, les stratégies adoptées n’entament pas directement le capital financier ou productif des ménages : emprunt, vente de bétail gardé pour l’épargne et travail temporaire notamment sont les stratégies de réponse les plus couramment adoptées.
- En revanche, en cas d’aggravation des conditions de vie dues à un choc spécifique ;une fois les premières possibilités de réponse épuisées, les ménages recourent à des stratégies qui impactent directement leur capacité productive ou leur capital financier et/ou alimentaire: vente stock et d’outils servant à la production, ou encore cession de parcelles en potek sont des pratiques particulièrement nocives pour la sécurité alimentaire des ménages et la stabilité des revenus et de la production agricole.
Si, le travail pour des ONG ou des programmes du gouvernement apparaît comme la solution privilégiée par tous les ménages en cas d’aggravation des conditions de vie, la réduction des programmes de Cash for Work et le départ de nombreuses ONG réduisent drastiquement les potentialités de bénéficié de ce type de programme. Si la distribution de kits d’hygiène et d’eau en cas d’urgence restent des activités courantes, les possibilités de Cash for Work sont très rares et ne permettent pas aux ménages de recourir facilement à cette solution pour pallier les chocs.
Ch
apit
re :
10. C
ON
CLU
SIO
N
86
10. CONCLUSION
Avec un taux de prévalence de l’insécurité alimentaire de 54%, la zone d’enquête présente une situation
particulièrement préoccupante. Mais avant de formuler des recommandations, il convient de revenir
rapidement sur les analyses qui ont été faites sur les déterminants de la situation alimentaire des
ménages de Petites Desdunes et Fossé Naboth.
La disponibilité globale de toutes les denrées alimentaires est bonne voire très bonne dans la zone
enquêtée. Il n’y a donc pas de situation de pénurie pouvant expliquer la situation alimentaire dégradée
des ménages. L’expression des contraintes que rencontrent les ménages dans l’accès aux denrées est
principalement axée sur le manque de moyens financiers pour se fournir en denrées disponibles.
Cependant, il faut rappeler que la disponibilité est étroitement liée au niveau de production local, ce
dernier influençant également le montant de revenu des ménages. En effet, l’agriculture est la première
activité économique de la zone enquêtée, pratiquée par la quasi-totalité des ménages et les récoltes se
font de manière assez régulière bien qu’elles soient fortement dépendantes des conditions climatiques
lors des différentes campagnes agricoles.
Les contraintes que rencontrent les ménages dans la mise en œuvre des activités agricoles entravent la
production de denrées qui pourraient satisfaire les besoins alimentaires et nutritionnels des ménages.
L’accessibilité financière aux intrants agricoles est une des principales contraintes qui obligent les
ménages à contracter des dettes dont le remboursement entame directement le capital alimentaire et
financier des ménages. Le mauvais état des réseaux d’irrigation est particulièrement préoccupant,
entravant ainsi les possibilités d’augmenter le rendement des récoltes. De plus, la prévalence de la
monoculture du riz oblige les ménages à s’approvisionner sur les marchés pour tout autre type d’aliment.
Le manque de diversité dans la production renforce ainsi la dépendance des ménages face aux marchés.
L’apport que peut représenter l’élevage est également sous-évalué par les ménages qui ne le pratiquent
que de manière occasionnelle. Cependant, le renforcement de cette activité demanderait une
amélioration des services vétérinaires de base.
Concernant les facteurs identifiés impactant directement la situation de sécurité alimentaire, il faut noter
que l’accès à la terre reste déterminant. L’enquête a ainsi révélé des superficies moindres et une sécurité
foncière plus faible chez les ménages en situation d’insécurité alimentaire. Le manque de diversification
de la production a également des conséquences sur la nutrition. En effet, bien que la zone soit marquée
par une forte prévalence du riz, les ménages en insécurité alimentaire cultivent moins de légumes,
tubercules et bananes.
Si la faible intensification des activités agricoles et pastorales, liée à de faibles capacités de production,
impacte la situation alimentaire des ménages dans la mesure où elle contribue à diminuer la disponibilité
en termes de production propre, cette étude a néanmoins démontré que le déterminant principal de
l’insécurité alimentaire dans la zone enquêtée est la faiblesse des niveaux de revenus. C’est surtout cette
dernière qui impacte directement la capacité des ménages à accéder à une nourriture de qualité en
quantité suffisante tout au long de l’année.
Ch
apit
re :
10. C
ON
CLU
SIO
N
87
Ainsi, avec plus de 80% des ménages déclarant exploiter la terre et 63,2% des ménages dépendant de
l’agriculture comme source de revenus principale, les contraintes qui pèsent sur la production agricole
sont directement liées au manque de ressource qui empêche les ménages de couvrir leurs besoins
alimentaires. Les Focus Groups ont largement fait ressortir le poids que représente l’endettement dans la
structure des dépenses des ménages.
Si l’agriculture représente de loin l’activité économique principale de la zone enquêtée, le commerce est
également important. Principalement pratiqué par les femmes, il est cependant peu rémunérateur. Avec
l’augmentation du prix des denrées sur les marchés principaux ainsi que la part importante que
représentent les dépenses de transport dans la conduite de cette activité, le petit commerce tend à
perdre de plus en plus sa valeur ajoutée (alors qu’il constitue une source de revenus complémentaire).
Le coût des transports a également des conséquences directes sur les dépenses de tous les ménages. En
effet, pour de nombreux ménages qui vivent dans des zones isolées, les marchés principaux sont éloignés
de leurs lieux de vie. Or, les ménages s’approvisionnant à près de 80% dans les marchés, ce poste de
dépense est particulièrement important, réduisant ainsi grandement l’accessibilité aux denrées pour les
ménages les plus pauvres et donc les plus vulnérables. L’importance des dépenses de transport illustre
ainsi les faiblesses des circuits de distribution et de transformation.
Concernant les facteurs de l’insécurité alimentaire identifiés dans la deuxième partie de cette étude
consacrée à l’accessibilité, la faible diversification des sources de revenus doit être soulignée. En effet, les
ménages en insécurité alimentaire sont souvent dépendants d’une seule source de revenus, ce qui
explique les faibles niveaux de revenus et rend dès lors ces ménages particulièrement vulnérables aux
chocs.
La période de soudure et les épisodes de catastrophes naturelles, qui voient une baisse des stocks et des
revenus, sont particulièrement difficiles pour les ménages, qui ont dès lors recours à des stratégies de
réponse vers le bas : diminution des quantités de nourriture, moindre attention à la qualité, emprunts
auprès d’usuriers, vente d’actifs etc. Le recours à ces stratégies est en partie lié à l’absence de services
financiers, tels que l’épargne et le crédit, qui permettraient aux ménages de mitiger l’impact des périodes
de manque sans entamer directement le capital du ménage.
La gestion par les ménages du manque de nourriture est directement liée à la problématique de
l’utilisation des aliments. Les ménages adoptent fréquemment des stratégies de crise et de détresse. Bien
que les ménages soient conscients de l’importance du respect des principes nutritionnels et de la
diversité alimentaire (comme l’ont démontré les Focus Groups ainsi que diverses enquêtes ACTED) ; la
difficulté que rencontre les ménages pour les respecter est flagrante, notamment les ménages en
insécurité alimentaire qui sont plus largement confrontés à la malnutrition et qui ne sont pas en mesure
de consommer des aliments à forte valeur nutritive de manière régulière.
Là encore, cette incapacité des ménages à respecter les principes de diversité alimentaire est étroitement
liée aux restrictions des ménages en termes de capital économique.
Ch
apit
re :
10. C
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N
88
En conclusion, les déterminants principaux de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition qui ont été
identifiés dans cette étude sont au nombre de sept:
l’accès réduit à la terre,
les contraintes liées à l’agriculture (manque de services, d’intrants et aléas climatiques)
la faible diversification agricole ;
la faiblesse des revenus et leur faible diversification
le manque de circuits de distribution
l’augmentation des prix et enfin
la vulnérabilité du pays en général aux catastrophes naturelles.
Avant de formuler toute recommandation, il convient de noter que ces facteurs prévalent chez tous les
ménages, bien que dans des proportions moindres chez les ménages en situation de sécurité alimentaire.
Cette observation illustre le fait que la zone se trouve dans une situation d’insécurité alimentaire
chronique où tous les ménages peuvent être considérés comme étant menacés d’insécurité alimentaire.
Les montants des revenus montrent bien cette vulnérabilité globale des ménages.
Peu de facteurs spécifiques ont pu être identifiés comme causes principales de l’insécurité alimentaire. Il
s’agit d’une problématique dont les déterminants sont multiples et qui se trouvent de manière sous-
jacente dans la structure sociale et économique de la zone en général. Ainsi, si des actions ciblées sur les
ménages les plus vulnérables peuvent être envisagées pour améliorer la situation de ces ménages dans
des périodes de crise et/ou dans le court terme, seules des actions intégrées et globales peuvent avoir un
effet durable sur l’amélioration du statut alimentaire et nutritionnel des ménages.
Ch
apit
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89
11. RECOMMANDATIONS
Agriculture, élevage
Augmentation de la capacité productive des
agriculteurs
Amélioration de l’accès aux services de soutien et aux intrants (crédit, encadrement technique, information sur les prix)
Appui aux coopératives et associations de producteurs
Réhabilitation, nettoyage, entretien des canaux d’irrigation
Appui au renforcement de l’élevage
Augmentation de la taille des cheptels pour les ménages les plus vulnérables pour assurer l’autoconsommation et la génération de nouveaux revenus
Amélioration de l’accès et augmentation de l’offre en services vétérinaires
Système de veille
Renforcement du système de suivi de la sécurité alimentaire
Mise en place d’un système de collecte de données régulièrement mis à jour et transmis aux autorités compétentes (MSPP, MARNDR, UN, partenaires humanitaires)
Soutien aux réseaux communautaires de suivi et de prise en charge de la malnutrition
Création d’une base de données et d’une cartographie interactive et publique sur l’état de la situation alimentaire et nutritionnelle
Renforcement des moyens d’existence et de l’accès à la nourriture
Appui aux filières agro-alimentaires porteuses
par le développement de chaines de valeur
Réhabilitation, entretien, construction d’infrastructures de conservation
Appui aux circuits de commercialisation, notamment au niveau des localités
Développement des marchés locaux Appui à la création de marchés au niveau des localités
Appui à la génération de revenus
Création d’activités génératrices de revenus au profit des travailleurs indépendants, des petits commerçants et des travailleurs journaliers
Appui au développement des petits commerces auprès des femmes
Ch
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re :
AN
NEX
ES
90
ANNEXES
Annexe 1: Plan d’échantillonnage
Figure 104 : Plan d'échantillonnage
Section communale Nombre de ménage enquêtés
Informateurs clés Focus Groupes
Petites Desdunes 144 CASEC Petite Desdunes : 10 femmes et 10 hommes
Fossé Naboth 408 CASEC
Responsable du BAC de Dessalines
Haute Feuille : 10 femmes et 10 hommes
Total 552 ménages 3 personnes 40 personnes
Annexe 2 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire
Figure 105 : Triangulation d'indicateurs pour la détermination de l'indice de sécurité alimentaire
Echelle de la faim
Score de consommation alimentaire pauvre
Score de consommation alimentaire à la limite de
l’acceptable
Score de consommation alimentaire acceptable
Score de diversité alimentaire
Faible diversité
Diversité moyenne
Diversité élevée
Faible diversité
Diversité moyenne
Diversité élevée
Faible diversité
Diversité moyenne
Diversité élevée
Faim légère/inexistante
Faim modérée
Faim sévère
Insécurité alimentaire élevée Insécurité alimentaire modérée
Sécurité alimentaire élevée Sécurité alimentaire modérée
Ch
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Annexe 3 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire
Figure 106 : Répartition des ménages selon l’indice de stratégie de réponse et le niveau de sécurité alimentaire
Indice de sécurité alimentaire Total
Insécurité
alimentaire
élevée
Insécurité
alimentaire
modérée
Sécurité
alimentaire
modérée
Sécurité
alimentaire
élevée
Indice des
stratégies
de
réponses
(CSI)
< 10.0 Count 10 30 45 36 121
% of Total 1.8% 5.4% 8.2% 6.5% 21.9%
10.0 - 19.9 Count 22 80 61 29 192
% of Total 4.0% 14.5% 11.1% 5.3% 34.8%
20.0 - 29.9 Count 25 62 58 8 153
% of Total 4.5% 11.2% 10.5% 1.4% 27.7%
30.0 - 39.9 Count 13 40 12 1 66
% of Total 2.4% 7.2% 2.2% .2% 12.0%
40.0 - 49.9 Count 7 8 4 0 19
% of Total 1.3% 1.4% .7% .0% 3.4%
50.0 - 59.9 Count 1 0 0 0 1
% of Total .2% .0% .0% .0% .2%
Total Count 78 220 180 74 552
% of Total 14.1% 39.9% 32.6% 13.4% 100.0%
Annexe 4 : Liste des principales variables croisées avec l’ISSA
Figure 107 : Principales variables croisées avec l'indice de sécurité alimentaire
Disponibilité des denrées alimentaires
1. Source d’approvisionnement des ménages en denrées alimentaires
2. Nombre moyen de parcelles par ménage
3. Superficie moyenne des parcelles par ménage
4. Mode de tenure de la terre
5. Type de cultures pratiqué (céréales/légumineuse, tubercules et légumes)
6. Ménages pratiquant l’élevage
7. Nombre moyen de têtes de bétail par cheptel
Accessibilité
1. Sources de revenus principales
2. Nombres de sources de revenus
3. Type d’emploi
4. Revenus mensuels
5. Part des dépenses consacrée à l’alimentation
Utilisation
1. Nombre moyen de jours de consommation selon les groupes d’aliments
Ch
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re :
AN
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92
Annexe 5 : Matrice de corrélation entre scores et indicateurs
Figure 108 : Matrice de corrélation entre les principaux indicateurs
Indice des
stratégies de
réponses(CSI)
Score de
consommation
alimentaire
Score de
Diversité
Alimentaire
Echelle de la
faim des
ménages
Indice de
sécurité
alimentaire
(ISSA)
Superficie
moyenne
parcelle
Indice des stratégies de
réponses(CSI)
Pearson
Corrélation
1 -.148** -.168
** .338
** -.310
** -.076
Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .074
N 552 552 552 552 552 552
Score de consommation
alimentaire
Pearson
Corrélation
-.148** 1 .660
** -.219
** .657
** .196
**
Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .000
N 552 552 552 552 552 552
Score de Diversité
Alimentaire
Pearson
Corrélation
-.168** .660
** 1 -.231
** .574
** .199
**
Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .000
N 552 552 552 552 552 552
Echelle de la faim des
ménages
Pearson
Corrélation
.338** -.219
** -.231
** 1 -.829
** -.126
**
Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .003
N 552 552 552 552 552 552
Indice de sécurité
alimentaire (ISSA)
Pearson
Corrélation
-.310** .657
** .574
** -.829
** 1 .182
**
Sig. (2-tailed) .000 .000 .000 .000 .000
N 552 552 552 552 552 552
Superficie moyenne des
parcelle
Pearson
Corrélation
-.076 .196** .199
** -.126
** .182
** 1
Sig. (2-tailed) .074 .000 .000 .003 .000
N 552 552 552 552 552 552
**. Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed).
Ch
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93
Il faut noter que l’indicateur le mieux corrélé avec l’ISSA est l’échelle de la faim. Cet indicateur est corrélé
négativement à l’ISSA, étant donné que les échelles de classement (score attribué aux ménages) pour ces
indicateurs vont en sens inverse. Ainsi, un ménage classé dans le groupe de « faim sévère » tend à entrer
dans la catégorie des ménages en insécurité alimentaire (élevée ou modérée). En revanche, concernant les
scores de diversité et de consommation, il existe une corrélation positive entre ces indicateurs et l’ISSA. Les
ménages augmentant l’un de ces deux scores, ou les deux, tendent ainsi à se déplacer du niveau
d’insécurité alimentaire élevée à modérée ou encore des niveaux d’insécurité alimentaire à la catégorie des
ménages en situation de sécurité alimentaire.
L’indice de stratégie de réponse est corrélé négativement avec l’ISSA ainsi que les scores de consommation
et de diversité alimentaire, ce qui illustre le fait que les ménages améliorant leur situation alimentaire
recourent moins fréquemment à des stratégies de réponse par le bas. En revanche, il faut noter une
corrélation positive entre l’indice de stratégie de réponse et l’échelle de la faim, la faim tendant à
augmenter avec l’adoption de stratégies de réponse par les ménages face à une dégradation de leur
situation alimentaire ; et inversement, lorsque la faim augmente au sein d’un ménage, conséquence d’un
manque de nourriture, ces derniers sont amenés à adopter des stratégies de réponse..
Enfin, si le coefficient de corrélation reste moindre que pour d’autres variables, cette matrice de corrélation
permet de mettre en avant la corrélation négative entre la superficie moyenne des parcelles par ménage et
l’échelle de la faim. Ainsi, les ménages souffrant de faim sévère ou modérée possèdent généralement une
superficie moindre de parcelles exploitables. Les corrélations positives entre la superficie moyenne des
parcelles et tous les autres indicateurs, illustrent le fait que l’accès à la terre reste déterminant pour le
niveau de sécurité alimentaire des ménages.
Dans l’ensemble, ces résultats démontrent la pertinence de l’Indice Synthétique de Sécurité Alimentaire
comme indicateur proxy dans l’étude de la sécurité alimentaire.