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INFLUENCE DU STATUT DE CONSOMMATION SUR
L'UTILISATION DE LA CIGARETTE ELECTRONIQUE
COMME MOYEN D'ARRETER DE FUMER EN PROVINCE
DE LIEGE
Mémoire présenté par Audrey GOOSSE
en vue de l’obtention du grade de
Master en Sciences de la Santé publique
Finalité spécialisée en épidémiologie et économie de la santé
Année académique 2018 -2019
INFLUENCE DU STATUT DE CONSOMMATION SUR
L'UTILISATION DE LA CIGARETTE ELECTRONIQUE
COMME MOYEN D'ARRETER DE FUMER EN PROVINCE
DE LIEGE
Promoteur : Dr Pierre Bartsch
Co-promotrice : Mme Muriel Delvaux
Mémoire présenté par Audrey GOOSSE
en vue de l’obtention du grade de
Master en Sciences de la Santé publique
Finalité spécialisée en épidémiologie et économie de la santé
Année académique 2018 -2019
Remerciements Pour commencer, je tiens à remercier, mes promoteurs, Monsieur Bartsch et Madame
Delvaux, qui m’ont accordé leur confiance et accompagnée durant toute la réalisation de ce
mémoire. C’est grâce à leur expertise qu’il a pu être mené à bien.
Je remercie Madame Dardenne pour le temps qu’elle m’a consacré dans la réalisation des
analyses statistiques.
Je remercie Mademoiselle Charlotte Zintz pour ses précieuses traductions.
Je remercie TabacStop, le FARES ainsi que toutes les autres organisations et personnes qui
m’ont aidé à diffuser le questionnaire. Je remercie aussi bien entendu toutes les personnes
qui ont pris le temps d’y répondre.
Je remercie mes amis pour leurs encouragements.
Pour terminer, je tiens aussi à remercier mes parents ainsi que mon frère et ma petite sœur
qui m’ont manifesté un soutien sans faille tout au long de la réalisation de ce mémoire.
Abréviations et acronymes :
EC : e-cigarette
CT : cigarette de tabac
CSS : Conseil Supérieur de la Santé
FARES : Fond des Affections Respiratoires
AIDUCE : Association Independante Des Utilisateurs de Cigarettes Électroniques
Table des matières 1. Préambule………………………………………………………………………………………………………... 1
2. Introduction ……………………………………………………………………………………………………... 1
2.1 L’e-cigarette……………………………………………………………..………………………………………. 2
2.1.1 Toxicité de l’e-cigarette……………………………………………....…………………….. 2
2.1.2 Efficacité de l’e-cigarette pour arrêter de fumer……………………………….. 3
2.1.3 Problématiques soulevées par l’e-cigarette……………………………………… 4
2.1.4 Législation concernant l’e-cigarette……………………………………………….... 4
2.1.5 Facteurs influençant l’utilisation de l’e-cigarette……………………………... 5
2.1.6 Définition du vapoteur…………………………………………………………………….. 9
2.2 Modèle théorique………………………………….……………………………………………………….. 9
2.3 Question de recherche/objectif/hypothèse……………...……………………………………. 9
3. Matériel et méthode ……………………………………………………………………………………….. 9
3.1 Type d’étude ………….…...………………………………………………………………...........……. 9
3.2 Population étudiée …….………………………………………......………………………………… 10
3.3 Méthodes d’échantillonnage…………………………………………………………………...... 10
3.4 Paramètres étudiés ………………………..……………………………………………………...…. 10
3.5 Outil de collecte des données .………..………………………………………………………... 11
3.6 Organisation et planification de la collecte des données …………………………. 13
3.7 Traitements des données et méthodes d’analyse…………………………………….. 13
4. Résultats ………………………………………………………………………………………………………….. 14
4.1 Caractéristiques sociodémographiques………………………………..…………………… 15
4.2 Propension à utiliser l’EC comme moyen d’arrêter de fumer ………………...….. 15
4.3 Raisons d’utilisation/utilisation possible de l’EC………………………………………… 15
4.4 Raisons de non-utilisation/d’arrêt de l’EC pour arrêter de fumer ……………… 17
4.5 Défauts de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer…………………………………….. 18
4.6 Avantages de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer ……………………………….. 19
4.7 Autres facteurs pouvant influencer l’utilisation de l’EC ………………………….. 21
4.8 « Comparing E-Cigarettes and Cigarettes questionnaire »……………………….. 22
4.9 Analyses multivariées ……………………………………………………………………………… 23
5. Discussion………………………………………………………………………………………………………… 25
5.1 Caractéristiques sociodémographiques………………………………………………………… 25
5.2 Propension à utiliser l’EC pour arrêter de fumer…………………………………………….. 26
5.3 Raisons d’utilisation/utilisation possible………………………………………………………… 26
5.4 Raisons de non-utilisation/d’arrêt d’utilisation………………………………………………. 27
5.5 Défauts…………………………………………………………………………………………………………… 30
5.6 Qualités………………………………………………………………………………………………………….. 30
5.7 Autres facteurs d’influence…………………………………………………………………………….. 31
5.8 Limites et forces………………………………………………………………………………………………. 33
6. Conclusion……………………………………………………………………………………………………….. 35
7. Bibliographie……………………………………………………………………………………………………. 36
Résumé Introduction : Le tabagisme est un réel problème de santé publique. La cigarette électronique
(EC) est un moyen de réduction des risques destiné à arrêter de fumer. Elle est au centre de
nombreux débats tant au niveau de sa nocivité que de son efficacité dans le sevrage
tabagique. Pourtant des études récentes sont plutôt favorables à son sujet : vapoter est moins
nocif que fumer. Les fumeurs ont donc tout intérêt à passer de la cigarette de tabac à l’EC. De
nombreux facteurs influencent cette transition. Certains de manière favorable et d’autres
non. Le but de cette étude est d’évaluer l’association entre ces facteurs influençant
l’utilisation de l’EC dans le sevrage tabagique et cinq statuts de consommation : fumeurs
n’ayant jamais vapoté, fumeurs ex-vapoteurs, vapofumeurs, ex-fumeurs vapoteurs et ex-
fumeurs ex-vapoteurs. L’hypothèse étant que les fumeurs n’ayant jamais vapoté ont plus
tendance à surestimer la dangerosité de l’EC.
Méthodologie : La population cible comprend l’ensemble des fumeurs ou anciens fumeurs de
la province de Liège, qui ont ou non déjà utilisé l’EC. Les données ont été récoltées via un
questionnaire autoadministré créé pour cette étude transversale. Des mesures d’association
univariées puis multivariées entre les statuts de consommation et les facteurs d’influence ont
été réalisées.
Résultats : L’échantillon est composé de 496 sujets répartis dans les cinq statuts de
consommation. Après les analyses multivariées, 15 facteurs d’influences sont associés au
statut de consommation. Ce sont les ex-fumeurs qui vapotent ou ont vapoté par le passé qui
ont tendance à percevoir plus d’adjuvants à l’utilisation de l’EC. Les fumeurs n’ayant jamais
vapoté et fumeurs ex-vapoteurs ont tendance à voir plus de freins à son utilisation.
Conclusion : L’hypothèse est confirmée. Il existe aussi d’autres facteurs d’influence qui sont
associés au statut de consommation. Il en existe sans doute de nombreux autres qui n’ont pas
pu être mis en évidence ici. La vision plus négative de l’EC des fumeurs est principalement liée
à des croyances erronées des individus qui peuvent être amplifiées par l’environnement. Il est
nécessaire d’informer les différents statuts de consommation de manière adaptée à leurs
besoins et de promouvoir une vision positive de l’EC dans l’arrêt du tabac pour les fumeurs.
Mots-clés : cigarette électronique, adjuvants, freins, sevrage tabagique.
Abstract
Introduction: Smoking is a real public health problem. The electronic cigarette (EC) is a way to
reduce risks supposed to stop smoking. It’s at the centre of many debates, as much regarding
its noxiousness as its efficiency in giving up smoking. Nevertheless, recent studies are quite in
favour of it: vaping is less harmful than smoking. Smokers are thus wise to go from tobacco
cigarettes to EC. Many factors influence this change. Some favourably and others not. The goal
of this study is to estimate the association between these factors influencing the use of EC in
giving up smoking and five consumption statuses: smokers who never vaped, smokers who
vaped in the past, vaper-smokers, vapers who don’t smoke anymore and vapers who don’t
vape and smoke anymore. The hypothesis being that smokers who have never been vaping
are more likely to overestimate the dangerousness of EC.
Methodology: The target population includes the group of smokers or ancient smokers in the
province of Liège, who already or not yet used EC. The data were collected by way of a self-
administered survey made for this transversal study. Measures of univariate then multivariate
association between the consumption statuses and the influencing factors were made.
Results: The sample is composed of 496 subjects, divided in the five consumption statuses.
After the multivariate analyses, 15 influencing factors are associated to the consumption
status. It’s the ancient smokers who vape or who vaped in the past who tend to detect more
additives in the use of EC. The smokers who never vaped and the smokers who don’t vape
anymore tend to detect more obstacles for its use.
Conclusion: The hypothesis is confirmed. There are also other influencing factors associated
to the consumption status. There are probably several others that couldn’t have been made
evident here. The more negative vision of EC of smokers is mainly connected to unfounded
beliefs of the people who can be amplified by the environment. It’s necessary to inform the
different consumption statuses in a way appropriate to their needs and to promote a positive
vision of EC in giving up smoking for smokers.
Keywords: electronic cigarette, adjuvants, obstacles, giving up smoking.
https://www.linguee.fr/anglais-francais/traduction/self-administered+survey.htmlhttps://www.linguee.fr/anglais-francais/traduction/self-administered+survey.html
1
1. Préambule Selon l’Organisation mondiale de la Santé (2018), le tabac tue plus de sept millions de
personnes par an, dont 890 000 à cause du tabagisme passif. Cela représente environ une
personne toutes les six secondes à travers le monde.
En Belgique, le tabagisme est un réel problème de santé publique. Actuellement, 20 % de la
population fume et 70 % des fumeurs envisagent d’arrêter. Sans aide, seule une minorité y
parvient. Chaque année, plus de 14 000 personnes décèdent à cause du tabac, ce qui en fait
la première cause de décès prématuré évitable (Bartsch et al. 2017; Fondation contre le cancer
2017b). Le tabagisme est un facteur de risque important de nombreuses pathologies telles
que des maladies pulmonaires et des cancers (Carter et al. 2015). Une étude transversale
belge (Freya et al. 2016) met en évidence les coûts importants liés au tabagisme en 2012 :
• 727 millions d’euros de coûts directs tels que les soins de santé, les traitements
• 746 millions d’euros de coûts indirects liés à la mortalité prématurée, la morbidité,
l’invalidité
• plus de 11 milliards d’euros de coûts intangibles liés entre autres au bien-être et à la
douleur avec 293 550 années de vies ajustées sur l’incapacité (DALYs)
Présente sur le marché européen depuis 2006, la cigarette électronique ou e-cigarette (EC)
est une nouvelle méthode de réduction des risques destinée à arrêter de fumer. Elle est
composée d’une batterie, un inhalateur et un réservoir. L’e-liquide, à ajouter dans le réservoir,
est chauffé afin de devenir de la vapeur et être inhalé. Il est composé de glycol, de glycérol,
de propylène, d’eau, d’arômes et parfois de nicotine. La personne qui utilise une EC est
appelée « vapoteur » et le fait d’inhaler la fumée « vapoter » (Bartsch et al. 2017; Organisation
Mondiale de la Santé 2014).
2. Introduction Dans ce mémoire, le terme « statut de consommation » se réfère aux statuts des individus qui
sont soit « fumeur n’ayant jamais vapoté», « fumeur ayant vapoté par le passé »,
« vapoteur ex-fumeur», « ex-fumeur et ex-vapoteur » ou « fumeur et vapoteur ». Le terme
« fumer» se rapporte uniquement à la consommation de cigarettes de tabac (CT).
2
2.1 L’e-cigarette Il existe de nombreuses controverses sur sa toxicité, ses capacités cancérigènes et son
efficacité comme moyen d’arrêter de fumer. Hartmann-Boyce et al. (2016) ont mis en
évidence, dans une revue systématique de la littérature que les études sont globalement
optimistes à son sujet. Le niveau de preuve reste malgré tout faible vu le peu d’études
réalisées et le faible recul (Hartmann-Boyce, Begh & Aveyard 2018).
2.1.1 Toxicité de l’e-cigarette
Au niveau de sa toxicité, l’EC n’est pas sans risque, mais les études montrent que sa nocivité,
lorsqu’elle contient de la nicotine, serait équivalente à 4 % de la nocivité de la CT. Ce, grâce à
l’absence de combustion, de CO, de goudron et autres composants toxiques (Nutt et al. 2014;
Rodgman, Smith & Perfetti 2000). Pourtant, 53 % des Belges pensent, à tort, qu’elle est aussi
néfaste ou plus néfaste que la CT (Fondation contre le cancer 2017a). Dans une revue
systématique de la littérature, Hartmann- Boyce et al. (2016) ont mis en évidence que les seuls
évènements indésirables rapportés par l’utilisation de l’EC sont transitoires et bénins (les plus
longs suivis duraient 2 ans). Les effets du vapotage sur le long terme sont encore incertains,
mais les données actuelles laissent penser que vapoter est nettement moins nocif que fumer
(Hartmann-Boyce, Begh & Aveyard 2018). Un essai contrôlé randomisé a mis en évidence,
après un an de suivi, qu’aucun évènement indésirable majeur n’était attribuable à l’utilisation
de l’EC. Seules des irritations de la gorge et de la bouche ainsi que des nausées ont été
rapportées. Les nausées étaient encore plus présentes dans le groupe contrôle utilisant des
substituts nicotiniques (Hajek et al. 2019). Au niveau du vapotage passif, l’utilisation d’une EC,
avec nicotine, dans un endroit fermé entrainerait une exposition presque 200 fois moins
importante que la CT sur l’entourage (Bush & Goniewicz 2015).
La nicotine, substance addictive de la CT, est consommée par 67 % des utilisateurs d’EC
(Fondation contre le cancer 2017a). Il existe peu d’études concernant les effets de la
consommation seule de nicotine sur le long terme. Les données actuelles démontrent que,
contrairement à ce que pense la majorité de la population, ce n’est pas le principal agent
toxique de la CT (England et al. 2015). Cette fausse croyance semble être un frein à l’utilisation
d’EC avec nicotine qui favorise pourtant l’arrêt du tabagisme sur le long terme,
comparativement à l’utilisation d’une EC sans nicotine (Conseil Supérieur De La Santé 2015;
Hartmann-Boyce et al. 2016). Il est préférable, dans une optique de réduction des risques, de
3
consommer de la nicotine dans une EC, avec une nocivité 20 fois moins importante que dans
une CT (Nutt et al. 2014). Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) donne la priorité à la
diminution du tabagisme par rapport à la réduction de la consommation de nicotine. Cette
réduction de consommation de nicotine est préférable, mais reste un objectif secondaire dans
une politique de lutte contre le tabagisme (Conseil Supérieur De La Santé 2015; Public Health
England 2018).
2.1.2 Efficacité de l’e-cigarette pour arrêter de fumer
Selon les données actuelles, l’EC jouerait un rôle dans la réduction et l’arrêt du tabac, mais il
existe encore peu d’études sur le sujet. L’EC apporte les aspects comportementaux et
sensoriels de la CT. Elle permet de diminuer progressivement la dose de nicotine et ainsi
réduire les symptômes du sevrage (Hartmann-Boyce et al., 2016). En Angleterre, le Public
Health England encourage l’utilisation d’EC comme moyen d’arrêter de fumer, car selon eux,
elle a fait ses preuves comme moyen de sevrage tabagique. L’EC permettrait actuellement
d’aider au minimum 22 000 Anglais par an à sortir du tabagisme (Mcneill et al. 2015; Public
Health England 2016, 2018). Vu sa moindre toxicité à la fois pour le consommateur et
l’entourage ainsi que son rôle dans l’arrêt du tabac, l’EC peut être un réel atout dans la lutte
contre le tabagisme dans une optique de réduction des risques. La politique de réduction des
risques consiste à diminuer les effets néfastes d’un comportement sans pour autant l’éliminer
(Franck et al. 2016). L’EC permet non seulement cette réduction des risques via son utilisation,
mais peut également permettre d’arrêter de fumer et de vapoter définitivement (Hartmann-
Boyce et al. 2016). Un essai contrôlé randomisé a comparé l’efficacité de l’EC et des substituts
nicotiniques dans l’arrêt du tabac quand ils sont accompagnés d’un soutien comportemental.
L’étude a mis en évidence un taux d’arrêt du tabagisme après un an de 18% dans le groupe de
l’EC contre 9.9% dans l’autre groupe (RR :1.83, IC : 1.30 – 2.58). L’EC est donc une meilleure
aide dans l’arrêt du tabac que les substituts nicotiniques lorsqu’elle est accompagnée d’un
soutien comportemental. En soulignant que le groupe contrôle bénéficiait de conseils
d’experts dans le choix de leurs substituts nicotiniques et que la plupart les ont utilisés en
combinaison, ce qui est considéré comme le plus efficace pour arrêter de fumer au niveau des
substituts nicotiniques. L’EC procure une meilleure satisfaction et diminue de manière plus
importante les envies de fumer. Une utilisation continue de l’EC permet de diminuer les
symptômes de sevrage, certaines conséquences de l’arrêt du tabagisme comme la
4
constipation ou la prise de poids et permet de conserver certains comportements du
tabagisme (Hajek et al. 2019).
2.1.3 Problématiques soulevées par l’e-cigarette
Dans 58 % des cas, l’EC est utilisée de manière combinée à la CT malgré le fait qu’il n’existe
aucune preuve que diminuer sa consommation de tabac sans l’arrêter améliore la santé
(Fondation contre le cancer 2018; Hartmann-Boyce, Begh & Aveyard 2018). Le fait de diminuer
sa consommation est un facteur favorisant un arrêt complet ultérieur du tabagisme (Royal
College of Physicians 2016). Un problème soulevé par une utilisation combinée du vapotage
et de la CT est qu’il existe un risque d’avoir le sentiment de faire un choix suffisamment bon
pour sa santé et de s’y limiter. Les risques du tabagisme lors d’une utilisation combinée sont
toujours bien présents. (Conseil Supérieur de la Santé 2015; Pasquereau et al., 2017;
Hartmann-Boyce, Begh and Aveyard 2018 ). Il existe également des craintes que l’EC soit un
tremplin vers le tabagisme et la dépendance à la nicotine, particulièrement chez les jeunes.
Actuellement, environ 1 % de la population belge utiliserait l’EC sans avoir fumé auparavant
(European Commission 2017; Franck et al. 2016). Une autre problématique est le risque de
renormalisation du tabagisme via l’EC (Conseil Supérieur De La Santé 2015; Franck et al. 2016).
Ces craintes sont fondées, car les effets positifs apportés par l’EC à la santé publique peuvent
être réduits à néant si son utilisation entraine seulement un arrêt partiel et décourage l’arrêt
total du tabagisme ou encourage des non-fumeurs à vapoter (Royal College of Physicians
2016). L’EC pose également question au niveau de son utilisation sur le long terme étant
donné le manque de connaissances. Dans un essai contrôlé randomisé, 80% des individus
abstinents de CT depuis un an continuent de vapoter, contre 9% dans le groupe des substituts
nicotiniques. Une utilisation continue de l’EC sur le long terme pose question au niveau des
effets incertains sur la santé, mais peut diminuer le risque de rechute des sujets à risque (Hajek
et al. 2019).
2.1.4 Législation concernant l’e-cigarette
Au niveau de la législation belge, depuis 2009, il est interdit de vapoter dans les lieux où fumer
n’est pas autorisé. En 2013, suite à l’avis du CSS, la vente d’EC avec nicotine a été assimilée à
un médicament et était donc vendue uniquement en pharmacie (Conseil Supérieur De La
Santé 2013). Les e-liquides et EC contenant de la nicotine devaient respecter la procédure
d’autorisation de mise sur le marché qui peut prendre plusieurs années et nécessite des
investissements importants. Ce qui fait qu’en réalité, aucun produit contenant de la nicotine
5
n’était vendu en pharmacie (Bartsch 2015; Sénat de Belgique 2013). Les e-liquides et EC sans
nicotine étaient, quant à eux, en vente libre (Conseil Supérieur De La Santé 2013). En 2015, le
CSS a déposé un nouvel avis où il a adopté une position plus favorable envers l’EC. Il considère
depuis qu’elle fait partie de la lutte contre le tabagisme et reconnait son rôle dans l’arrêt du
tabac. Il la recommande lorsque d’autres moyens validés d’arrêter de fumer n’ont pas
fonctionné ou ne sont pas désirés par l’individu. Il met aussi en avant le fait qu’elle n’est pas
sans danger, mais nettement moins nocive que la CT. Même s’il considère que son utilisation
ne doit pas durer dans le temps, vu l’incertitude à long terme. Il admet aussi qu’il est
préférable de vapoter sur le long terme plutôt que de recommencer à fumer (Bartsch 2015;
Conseil Supérieur De La Santé 2015). En 2016, une nouvelle directive européenne sur les
produits du tabac règlemente l’EC tout en laissant une certaine liberté aux pays (Commission
européenne 2014). En réponse à cette directive européenne, un arrêté royal qui codifie la
vente, l’achat, la consommation et la composition d’EC en Belgique est réalisé. Ce, dans le but
d’offrir une sécurité optimale aux consommateurs en maximisant ses bénéfices et en
minimisant ses risques. Il définit l’EC comme un produit du tabac qui n’est plus vendu
uniquement en pharmacie et qui doit se plier à certaines règles telles que l’interdiction de
publicité, de vente aux mineurs ou via internet ainsi que sa concentration maximale de
nicotine lorsqu’elle est vendue hors pharmacie (Moniteur belge 2016; SPF Santé Publique
2017). Au niveau législatif, la Belgique a donc d’abord adopté une des positions les plus strictes
de l’Union européenne, qui fait que les ventes d’EC avec nicotine ont démarré tardivement
(Bartsch 2015).
2.1.5 Facteurs influençant l’utilisation de l’e-cigarette
Le taux d’utilisation de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer varie de façon significative entre
pays. Selon la Commision européenne (2017), parmi les personnes qui ont tenté d’arrêter ou
arrêté de fumer, 12 % des Belges ont utilisé l’EC contre 17 % des Français et 22 % des
Britanniques (moyenne européenne de 10 %). Elle est donc moins utilisée par la population
belge que par les Français ou les Britanniques alors que les autres moyens d’arrêter de fumer
sont utilisés de façon similaire. Selon le CSS, le rôle important que peut jouer l’EC dans la
diminution du tabagisme dépend de l’efficacité du produit, mais aussi de l’adhésion de la
population. Cette adhésion est beaucoup plus importante au Royaume-Uni et en France qu’en
Belgique (Conseil Supérieur De La Santé 2015). Cela amène à se demander s’il existe plus de
barrières en Belgique quant à l’utilisation d’EC comme moyen d’arrêter de fumer.
6
Le fait d’avoir des attentes positives quant à l’EC favorise son utilisation et le fait d’en avoir
des négatives la contrecarre (Hendricks et al. 2015). Les raisons d’utilisation ont été mises en
évidence dans plusieurs études transversales. Parmi ces raisons, les plus évoquées sont pour
arrêter de fumer, pour fumer moins, parce que c’est moins nocif, parce que c’est moins cher,
pour pouvoir l’utiliser où il n’est pas autorisé de fumer, juste pour essayer, parce qu’elles sont
socialement plus acceptées par les non-fumeurs, parce que l’entourage l’utilise, parce que ça
ressemble à fumer une CT, pour éviter à l’entourage les risques du tabagisme passif, pour ne
pas recommencer à fumer (Action on Smoking and Health 2016; Berg 2016; European
Commission 2017; Fondation contre le cancer 2017a). Une étude a découvert que la raison
d’utilisation principale peut varier selon le statut de consommation. La raison principale
d’utilisation de l’EC pour les vapoteurs est d’arrêter de fumer alors que la majorité des
vapofumeurs l’utilisent, car ils pensent que c’est meilleur pour leur santé. L’étude a aussi mis
en évidence que les personnes qui perçoivent plus d’avantages, moins d’inconvénients sont
plus susceptibles d’être vapoteurs que fumeurs. D’après cette même étude, les individus plus
âgés et ceux ayant un faible niveau d’étude sont plus susceptibles d’utiliser l’EC que la CT.
Cependant, vu le design d’étude transversale, ces résultats sont à prendre avec précaution. Il
ne peut être conclu que le fait d’avoir une vision plus positive induit son utilisation ou si au
contraire le fait d’être vapoteur entraine une vision positive (Schoren, Hummel & Vries 2017).
Une autre étude a découvert que plus le fumeur consomme des CT, plus il est susceptible
d’utiliser l’EC. (English et al. 2018).
Peu d’études ont mis en évidence les freins à son utilisation, aucune en Belgique. Deux études
transversales ont cerné les raisons les plus évoquées pour ne pas l‘expérimenter et/ou arrêter
de l’utiliser. Les principales sont : la difficulté de se procurer le matériel, le fait que ça
ressemble trop ou pas assez à fumer une CT, l’embarras ressenti lors de son utilisation, la
difficulté à l’utiliser, son prix, avoir l’impression de vapoter plus par rapport au tabagisme
antérieur, qu’elle n’aide pas à faire face à l’envie de fumer, l’incertitude quant à son efficacité
et ses effets sur la santé, le manque d’acceptation sociale, la peur de la dépendance, l’idée de
continuer à consommer de la nicotine, pour choisir un autre moyen d’arrêter de fumer ou une
fois que l’arrêt du tabac est terminé (Action on Smoking and Health 2016; Berg 2016).
Une de ces études a aussi mis en évidence une différence de perception des risques
concernant l’EC selon le statut de consommation. En effet, les fumeurs n’ayant jamais utilisé
7
l’EC ou l’ayant utilisée par le passé ont plus tendance à déclarer ne pas connaitre les risques
liés à son utilisation par rapport aux fumeurs qui l’utilisent actuellement. Ils ont également
plus tendance à avoir une perception erronée de sa dangerosité comparativement à la CT en
déclarant qu’elle est autant, voire plus nocive. Cette différence est encore plus marquée pour
ceux qui n’ont jamais utilisé l’EC par rapport à ceux qui l’ont utilisée dans le passé : 25 % des
fumeurs qui ne l’ont jamais utilisée et 22 % de ceux qui l’ont utilisée par le passé pensent
qu’elle est autant voire plus néfaste que la CT, contre 7 % de ceux qui l’utilisent actuellement.
Cependant, c’est une étude de prévalence, aucune mesure d’association n’a donc été réalisée
(Action on Smoking and Health 2016). D’après deux études canadiennes, le fait de penser
qu’un moyen de réduction des risques est aussi ou plus dangereux que la CT est une barrière
non négligeable à son adoption comme moyen d’arrêter de fumer. Ces études portent sur la
perception et les obstacles liés à l’utilisation de deux moyens de réduction des risques : le
tabac sans fumée et les substituts nicotiniques. Elles sont donc intéressantes pour l’EC qui est
aussi un moyen de réduction des risques et la cible de fausses croyances (Geertsema, Phillips
& Heavner 2009; Heavner, Rosenberg & Phillips 2009). D’autres freins seraient liés à une vision
inefficace de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer ou encore une mauvaise information des
fumeurs sur le principe de réduction des risques. Le fait d’avoir un manque de connaissances
constitue un obstacle à l’utilisation. Plus le sujet est informé sur un moyen de réduction des
risques, plus il semble être susceptible de l’utiliser pour arrêter de fumer. Le fait d’avoir de
fausses perceptions des avantages du passage à des sources de nicotine autres que le
tabagisme influence également l’utilisation ou non de moyens de réduction des risques
(Fondation contre le cancer 2017a; Geertsema, Phillips & Heavner 2009; Heavner, Rosenberg
& Phillips 2009). Ce dernier point est corroboré par une étude plus récente portant sur l’EC.
Le questionnaire « Comparing E-cigarette and Cigarette » (CEAC) a été conçu afin d’évaluer la
propension du fumeur à passer du tabagisme au vapotage. Il interroge leurs représentations
sur ce passage de la CT à l’EC via 17 questions pour lesquelles les sujets doivent se positionner
à l’aide d’une échelle de Likert à cinq modalités de réponse allant de « totalement pas
d’accord » (valant 5 points) à « totalement d’accord » (valant 1 point). Ce questionnaire est
validé en anglais. Il est divisé en 3 sous-parties : bénéfices généraux du passage de la CT à l’EC,
les bénéfices d’addiction par rapport aux bénéfices d’arrêt et amélioration de la santé. Trois
sous-scores ainsi qu’un score total entre 0 et 5 permettent de mesurer la propension à passer
de l’un à l’autre. Plus leur score est élevé, plus les individus ont une opinion positive du
8
passage de la CT à l’EC et sont donc plus susceptibles d’utiliser l’EC. Au contraire, ceux qui ont
un score plus faible ont une opinion plus négative et tendance à ne pas voir les avantages du
passage de la CT à l’EC et à être fumeurs plutôt que vapoteurs (Hershberger et al. 2017). Une
mauvaise perception des risques liés à la nicotine représente aussi un frein. Le fait d’attribuer
la nocivité d’une CT à la nicotine empêche le passage à une source plus sûre d’administration,
telle que l’EC (Action on Smoking and Health 2016; Geertsema, Phillips & Heavner 2009).
Comme dit précédemment, le fait de percevoir les avantages de l’EC peut favoriser son
utilisation. Plusieurs études ont mis en évidence les avantages perçus de l’EC. Les principaux
cités sont :son prix, son efficacité pour arrêter de fumer, ses effets sur la santé (absence de
risque), le fait qu’elle puisse être utilisée partout (NB : en Belgique seulement là où il est
autorisé de fumer, voir partie législation), la possibilité de l’utiliser avec ou sans nicotine, la
durée de sa batterie, sa taille, qu’elle permette de garder les mêmes gestes que ceux du
tabagisme, son efficace à éviter le syndrome de sevrage, l’absence d’inhalation de goudron et
de monoxyde de carbone. Percevoir les défauts de l’EC est au contraire un frein à son
utilisation. Les principaux défauts rapportés sont : son prix, son inefficacité pour arrêter de
fumer, ses effets sur la santé (effets secondaires), la diversité des produits disponibles, la
fragilité du produit, la durée de sa batterie, sa taille, la fait que son utilisation doit être pensée
à l’avance, qu’elle permette de garder les mêmes gestes que ceux du tabagisme, son
inefficacité à éviter le syndrome de sevrage, l’apprentissage nécessaire avant son utilisation
et le fait qu’elle puisse contenir de la nicotine (Pokhrel et al. 2015b; Schoren, Hummel & Vries
2017).
Ces études ne portent pas sur le territoire belge. Les freins mis en évidence peuvent donc ne
pas correspondre à la réalité en Belgique, vu les législations et les politiques de lutte contre le
tabac différentes. Par exemple, au Royaume-Uni, l’EC a le statut de produit de consommation,
donc sa publicité y est autorisée alors qu’en Belgique, c’est un produit du tabac. Le prix d’une
CT y est aussi bien plus élevé (Royal College of Physicians 2016).
Il existe donc des croyances différentes selon le statut de consommation. Il serait intéressant
de voir quels autres facteurs influençant l’utilisation d’EC diffèrent entre les statuts de
consommation. Les études réalisées auparavant ont évalué les facteurs influençant
l’utilisation de l’EC, le plus souvent, dans un contexte général et non dans le but d’arrêter de
fumer qui est pourtant son objectif premier. Aucune étude n’a rassemblé et comparé les
9
facteurs d’influence de l’ensemble des vapoteurs, ex-vapoteurs et vapoteurs potentiels en
utilisant les cinq statuts de consommations choisis ici.
2.1.6 Définition du vapoteur
Il est difficile de déterminer à partir de quand un vapoteur en devient un. Certaines études
considèrent le vapoteur comme ayant utilisé au moins une fois l’EC, d’autres comme l’ayant
utilisée 50 fois ou plus. D’autres encore à partir d’une ou deux utilisations. (Biener & Hargraves
2015; Giovenco, Lewis & Delnevo 2014). Afin de différencier les individus l’ayant utilisée une
ou deux fois à titre d’expérience, de ceux qui l’ont utilisée plus intensément, c’est cette
dernière classification qui a été utilisée dans la présente étude.
2.2 Modèle théorique Le modèle multifactoriel d’Olievenstein, créé à la base pour les addictions, fournit un cadre de
référence à la consommation de drogues, mais peut être étendu à la consommation des
produits en général. Dans ce modèle, disponible en annexe 1, trois éléments sont en
interaction : le produit et ses caractéristiques, le contexte environnemental et l’individu. Ce
sont ces facteurs qui sont possiblement impliqués dans l’apparition de la consommation d’un
produit, ici l’utilisation de l’EC dans le sevrage tabagique (De Cock n.d.).
2.3 Question de recherche/objectif/hypothèse Question de recherche : Quelle est l’influence du statut de consommation sur les facteurs
d’utilisation de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer en province de Liège ?
Objectif : Mesurer l’association entre les facteurs influençant l’utilisation de l’EC comme
moyen d’arrêter de fumer et le statut de consommation en province de Liège.
Hypothèse : vu le nombre important de Belges qui pensent que l’EC est aussi néfaste ou plus
néfaste que la CT (53 %), ces croyances quant à l’EC est un facteur d’influence important, ce
dans chaque statut de consommation, mais de manière plus marquée dans la population de
fumeurs n’ayant jamais utilisé l’EC qui a tendance à plus surestimer le danger de l’EC (Action
on Smoking and Health 2016; Fondation contre le cancer 2017a).
3. Matériel et méthode
3.1 Type d’étude Cette étude est une étude observationnelle transversale analytique quantitative. Elle mesure
l’association entre des facteurs influençant l’utilisation de l’EC comme moyen d’arrêter de
fumer et le statut de consommation.
10
3.2 Population étudiée La population cible comprend l’ensemble des fumeurs et vapoteurs de la province de Liège
correspondant aux critères d’inclusion suivants :
• Avoir 18 ans ou plus
• Correspondre à un des statuts de consommation suivants :
o Être fumeur et n’avoir jamais utilisé l’EC ou pas plus d’une ou deux fois (dans la suite
de ce mémoire, ce groupe sera appelé « fumeurs n’ayant jamais vapoté »)
o Être fumeur et avoir déjà utilisé l’EC dans le passé
o Être à la fois fumeur et vapoteur
o Être vapoteur et ancien fumeur
o Être ancien fumeur et ancien vapoteur
• Être domicilié en province de Liège
• Maîtriser le français
• Accepter que les données fournies soient utilisées aux fins de l’étude
Le seul critère d’exclusion est d’être vapoteur et de n’avoir jamais fumé.
3.3 Méthodes d’échantillonnage Il n’existe pas de liste exhaustive de la population étudiée, la méthode d’échantillonnage
utilisée est donc non-probabiliste. Deux techniques d’échantillonnage ont été utilisées.
Premièrement un échantillonnage au volontariat. Le questionnaire a été diffusé sur internet
via les réseaux sociaux. Ce mode de passation du questionnaire a été choisi, car il offre une
possibilité de large diffusion relativement facilement et a un faible coût. Cependant, il ne
permet pas d’atteindre toutes les tranches de population. C’est pourquoi une deuxième
technique d’échantillonnage a aussi été choisie : un échantillonnage de commodité. Le
questionnaire a été diffusé par l’investigatrice principale dans des endroits stratégiques. Vu
que c’est une étude de faisabilité, aucun calcul d’échantillon n‘a été réalisé. L’objectif étant
d’inclure un maximum de répondants.
3.4 Paramètres étudiés La variable dépendante est le statut de consommation (voir point 3.2 : population étudiée).
Les variables indépendantes sont :
➢ La propension à utiliser l’EC pour les fumeurs n’ayant jamais vapoté ou à la réutiliser
pour les vapoteurs et ex-vapoteurs comme moyen d’arrêter de fumer.
➢ Le nombre de CT/jour (avant de commencer l’EC pour les anciens fumeurs)
11
➢ Le nombre d’années de tabagisme
➢ Niveau de dangerosité perçu de l’EC
➢ Niveau d’efficacité perçu de l’EC pour arrêter de fumer
➢ Pourcentage de nocivité attribué à la nicotine dans une CT
➢ Niveau d’information du l’EC comme moyen d’arrêter de fumer
➢ Le score au CEAC (décrit dans le point 2.1.5)
➢ Les raisons d’utilisation/utilisation possible
➢ Les raisons d’arrêt/arrêt possible/non-utilisation
➢ Les qualités de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer
➢ Les défauts de l’EC comme moyen d’arrêter de fumer
Les questions et modalités de réponses proposées sont regroupables en 3 domaines
correspondant au modèle d’Olivenstein :
➢ Les caractéristiques propres à l’EC : facilité d’utilisation et d’achat, capacité à
remplacer la CT, prix, diversité des produits, contraintes d’utilisation…
➢ Le contexte environnemental : législation, état des connaissances, acceptation
sociale, autres moyens d’arrêter de fumer disponibles…
➢ Les caractéristiques propres à l’individu : croyances et représentations de l’individu
(niveau de dangerosité et d’efficacité perçus, nocivité de la nicotine perçue), niveau
d’information sur l’EC, nombre de CT fumées/jour, le nombre d’années de tabagisme…
Comme dit dans l’introduction, l’âge et le niveau d’étude peuvent influencer les facteurs
d’utilisation. Ils ont donc été pris en compte en tant que variables confondantes. Le sexe et
l’emploi ont également été pris en compte. L’emploi a été catégorisé en « avec emploi » qui
comprend les indépendants, les cadres, les employés, les ouvriers et « sans-emploi » qui
comprend les étudiants, les retraités, les chômeurs.
3.5 Outil de collecte des données Il existe des enquêtes sur les facteurs d’influence de l’utilisation de l'EC. Cependant, aucun
questionnaire qui reprend l’ensemble des variables étudiées ici n’a été trouvé. Un
questionnaire se basant sur des enquêtes existantes a été créé (Action on Smoking and Health
2016; Berg 2016; English et al. 2018; European Commission 2017; Fondation contre le cancer
2017a; Geertsema, Phillips & Heavner 2009; Heavner, Rosenberg & Phillips 2009; Hershberger
et al. 2017; Pokhrel & Herzog 2015; Schoren, Hummel & Vries 2017). Ce questionnaire n’a pas
été validé, mais a été réalisé avec les promoteurs de l’étude qui sont deux experts du domaine.
12
Un prétest a été réalisé auprès d’une dizaine de personnes du public cible pour s’assurer qu’il
évalue bien les variables étudiées et vérifier sa bonne compréhension.
Le questionnaire est composé de questions fermées, dichotomiques, d’échelles de Likert et
de listes d’items à cocher. Des questions fermées ont été privilégiées afin de permettre
l’analyse statistique et servir de filtre. Pour certaines questions, il y existe une modalité
d’abstention ou une modalité « autre », où ils pouvaient préciser leur réponse. Ce, afin
d’éviter le choix forcé des personnes interrogées. Deux questions étaient à réponse
obligatoire sur internet: celles déterminant leur statut de consommation et s’ils habitent bien
en province de Liège. Pour les questions avec liste d’items, les répondants pouvaient cocher
autant de réponses qu’ils le désirent. Le questionnaire est divisé en deux parties dont la
première est légèrement différente pour chaque statut de consommation afin d’être adaptée
à leur réalité. La deuxième partie est la même pour tous les répondants. Le questionnaire
complet est disponible en annexe 2.
Le questionnaire débute par une question déterminant s’ils habitent ou non en province de
Liège et une déterminant leur statut de consommation. La deuxième partie porte sur la/les
raison(s) d’utilisation pour les groupes de vapoteurs et ex-vapoteurs et sur la/les raison(s)
d’utilisation possible dans le futur pour les fumeurs n’ayant jamais vapoté. Une deuxième
question interroge sur la/les raison(s) d’arrêt pour les ex-vapoteurs, la/les raison(s) de non-
utilisation pour les fumeurs n’ayant jamais vapoté et sur la/les raison(s) d’un arrêt possible
pour les vapoteurs. Les items de réponses proposés pour chaque question sont décrits dans
la partie « 2.1.5 Facteurs influençant l’utilisation de l’EC ». D’autres items de réponse ont été
ajoutés après discussion avec les promoteurs de l’étude. La troisième partie interroge d’abord
les sujets sur leur consommation de CT/jour et le nombre d’années de tabagisme, le niveau
de dangerosité perçu de l’EC par rapport à la CT ou son efficacité comme moyen d’arrêter de
fumer. La suite du questionnaire interroge sur les avantages et inconvénients de l’EC comme
moyen d’arrêter de fumer en proposant des listes d’items (décrits dans le point 2.1.5).
Certaines propositions de réponse ont été ajoutées après discussion avec les promoteurs de
l’étude. Dans la suite, il y a le questionnaire CEAC (décrit dans le point 2.1.5). Il a été traduit
de l’anglais indépendamment par une traductrice professionnelle et l’investigatrice principale.
Elles se sont rencontrées afin de comparer leurs traductions respectives et en faire une
13
commune. La quatrième partie est composée de questions sur les caractéristiques
sociodémographiques.
Les questionnaires sont anonymes, aucun moyen ne peut permettre d’identifier un
répondant. La demande d’avis au Collège des enseignants ainsi que leur réponse sont
disponibles en annexes 3 et 4. L’accord du Comité d’éthique n’a pas été nécessaire.
3.6 Organisation et planification de la collecte des données Le questionnaire autoadministré a été posté en ligne sur le réseau social Facebook. Il a été
partagé sur des pages comme TabacStop, le Fond des Affections Respiratoires (FARES),
l’Association Independante Des Utilisateurs de Cigarettes Électroniques (AIDUCE). Il a été
relayé par plusieurs vapesshops de la province de Liège à Aywaille, Liège centre, Saint-Vith,
Verviers… Le FARES l’a envoyé par mail aux tabacologues de la province de Liège et l’a partagé
via le réseau LinkedIn. Il a aussi été diffusé sur un forum de discussion de la vape par l’AIDUCE.
Il a été distribué par l’investigatrice dans des lieux stratégiques tels que devant des
vapesshops, des librairies, des zones fumeurs et des lieux à forte affluence. Il a aussi été mis à
disposition dans deux cabinets de kinésithérapie. La collecte des données a duré du 15 janvier
au 15 mars 2019.
3.7 Traitement des données et méthodes d’analyse Une fois collectées, les données ont été encodées sur Excel et un code-book a été réalisé.
Plusieurs techniques destinées au contrôle de la qualité des données ont été réalisées :
vérification des maximums, minimums, moyennes et nuages de points pour les variables
quantitatives ; distributions de fréquences pour les variables qualitatives. Ensuite, une analyse
descriptive de la base de données a été réalisée. Au préalable, la normalité a été vérifiée pour
chaque variable quantitative à l’aide d’un histogramme, un QQ-Plot, la comparaison
moyenne-médiane et le test de normalité de Shapiro-Wilk. Les variables quantitatives suivant
une distribution normale sont exprimées avec la moyenne ± l’écart-type ; les variables
quantitatives non paramétriques via la médiane et les percentiles 25 et 75 ; les variables
qualitatives via le nombre d’effectifs et leur pourcentage par groupe.
Concernant l’analyse statistique, plusieurs tests ont été utilisés. Tout d’abord, pour l’analyse
univariée mesurant l’association entre le statut de consommation et les variables
quantitatives normales, un test ANOVA a été choisi. L’homogénéité des variances a été
14
étudiée préalablement avec le test de Bartlett. Lorsqu’il n’y avait pas homoscédasticité, le test
ANOVA Welsch était choisi. Les variables quantitatives non paramétriques ont été analysées
via le test statistique de Kruskal-Wallis. Un test d’homogénéité a été fait pour les variables
qualitatives. Les conditions d’application (critères de Corchran) ont été vérifiées auparavant
et un test de Fisher était réalisé lorsqu’elles n’étaient pas respectées. Ensuite, une analyse
multivariée a été réalisée. À cause de la présence de séparations complètes et quasi-
complètes de données, l’aide d’une statisticienne a été nécessaire. Certaines variables ont été
supprimées pour l’analyse multivariée à cause de l’existence de problèmes de convergence
du modèle dû au manque de variabilité de ces variables. Les catégories de certaines variables
ont été regroupées. À cause du très grand nombre de variables à inclure dans le modèle
multivarié, l’analyse statistique multivariée a été divisée en deux étapes. En premier lieu, avec
les variables statistiquement significatives dans les analyses univariées, plusieurs modèles
multivariés ont été réalisés par groupes de variables. Les variables statistiquement
significatives au sein de ces modèles multivariés par groupes ont ensuite été incluses dans un
modèle multivarié global. Pour les analyses multivariées, ce sont des régressions logistiques
multinomiales automatiques de type Stepwise qui ont été choisies afin de diminuer le risque
de séparations complètes et quasi-complètes des données. Ces analyses multivariées ont pour
but de déterminer où se situent les différences intergroupes. Les analyses statistiques ont été
faites avec le logiciel SAS9.4. Un test ayant une p-valeur
15
4.1 Caractéristiques sociodémographiques
L’analyse descriptive présente dans le Tableau 1 met en évidence que la moyenne d’âge est
de 38,51 ans ± 13,49. Plus de la moitié de l’échantillon a un niveau d’étude supérieure
(60,74%) et 30,74% un diplôme secondaire. Au niveau de l’emploi, 66,65% de l’échantillon a
un travail.
Tableau 1: Analyse statistique descriptive et univariée des caractéristiques sociodémographiques selon les statuts de consommation
Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais
vapoté
Total P-valeur
Variable Moyenne ± écart-type / Médiane (P25-P75)/Effectif (fréquence)
Âge en années N=66 N=78 N=37 N=205 N=95 N=481
16
contre plus de 60% dans chacun des autres groupes et jusqu’à 81,58% pour les ex-fumeurs ex-
vapoteurs.
Tableau 3: Analyse statistique descriptive et univariée des raisons d’utilisation/d’utilisation possible de l’EC selon le statut de consommation
Variable Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
N=66 N=79 N=38 N=217 N=96 N=496
Effectifs (pourcentage)
Pour arrêter de fumer
17
4.4 Raisons de non-utilisation/d’arrêt de l’EC pour arrêter de fumer
Les variables statistiquement associées au statut de consommation sont illustrées dans le
tableau 4. La raison d’arrêt d’utilisation la plus évoquée par les ex-fumeurs ex-vapoteurs est
parce qu’ils n’en avaient plus besoin (78.95%). La même raison d’arrêt possible a été citée par
37,56% des ex-fumeurs vapoteurs et 29,73% des vapofumeurs. Parmi les fumeurs ex-
vapoteurs, 41,54 % ont arrêté ça ne les aidait pas à faire face à leur envie de fumer. Ce qui en
fait la première raison d’arrêt pour ce groupe. Pour les fumeurs n’ayant jamais vapoté, c’est
l’incertitude de ses effets sur la santé qui revient le plus souvent (45.83%). La deuxième raison
la plus évoquée par les fumeurs vapoteurs et ex-fumeurs vapoteurs (respectivement 28.38%
et 37.56%) est qu’aucune raison ne pourrait les faire arrêter de vapoter.
La catégorie "divers" reprend les raisons suivantes : plus envie d’arrêter de fumer, influence
de l’entourage, raison d’utilisation plus présente (grossesse, cancer), aucun plaisir, désir
d’arrêter sans aide.
Tableau 4: Analyse descriptive et univariée des raisons de non-utilisation/d'arrêt/d’arrêt possible de l'EC selon les statuts de consommation
Variable Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
N=65 N=74 N=38 N=213 N=96 N=486
Effectifs (pourcentage)
Matériel pas facilement disponible 0.024 Oui 8 (12.31) 8 (10.81) 0 (0) 14 (6.57) 15 (15.63) 45 (9.26)
Non 57 (87.69) 66 (89.19) 38 (100) 199 (93.43) 81 (84.38) 441 (90.74)
Ressemble pas assez à fumer une CT
18
Variable Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
Cause des cancers de la bouche et des pneumonies 0.001 Oui 1 (1.54) 3 (4.05) 0 (0) 6 (2.82) 13 (13.54) 23 (4.73)
Non 64 (98.46) 71 (95.95) 38 (100) 207 (97.18) 83 (86.46) 463 (95.27)
Pour choisir un autre moyen d’arrêter de fumer
19
Variable Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
Fragilité du produit 0.0004 Oui 35 (53.03) 29 (37.66) 12 (31.58) 52 (24.41) 28 (29.79) 156 (31.97)
Non 31 (46.97) 48 (62.34) 26 (68.42) 161 (75.59) 66 (70.21) 332 (68.03)
Elle ne peut être utilisée que là où il est autorisé de fumer 0.002 Oui 10 (15.15) 9 (11.69) 8 (21.05) 53 (24.88) 7 (7.45) 87 (17.83)
Non 56 (84.85) 68 (88.31) 30 (78.95) 160 (75.12) 87 (92.55) 401 (82.17)
Sa taille
20
74.88%. Les fumeurs n’ayant jamais vapoté ont plus tendance à déclarer comme qualité
qu’elle peut être utilisée avec ou sans nicotine (42.55%).
Tableau 6: Analyse descriptive et univariée des avantages de l'EC
Nom variable
Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
N=66 N=76 N=37 N=211 N=94 N=484
Effectifs (pourcentage)
Prix 0.0002 Oui 17 (25.76) 17 (22.37) 15 (40.54) 71 (33.65) 10 (10.64) 130 (26.86)
Non 49 (74.24) 59 (77.63) 22 (59.46) 140 (66.35) 84 (89.36) 354 (73.14)
Efficacité pour arrêter de fumer
21
Nom variable
Fumeur ancien
vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur
vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
Pas de monoxyde de carbone
22
4.8 « Comparing E-Cigarettes and Cigarettes questionnaire »
Dans le tableau 8, le score total du questionnaire est repris pour chaque statut de
consommation. Il montre que le score atteint dans ce questionnaire est associés au statut de
consommation. Les analyses statistiques descriptives et univariées les trois sous-parties du
questionnaire sont détaillées dans le tableau 10 en annexe 6.
Tableau 8: Analyse descriptive et univariée des scores au questionnaire CEAC
Variable Fumeur ancien vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien vapoteur
Ancien fumeur vapoteur
Fumeur n’ayant jamais vapoté
Total P-valeur
N=65 N=76 N=36 N=205 N=89 N=471
Moyenne ±écart-type
Avantages du passage de la CT à l’EC : score total moyen 3.28 ± 0.78 3.91 ± 0.68 3.78 ± 0.83 4.19 ± 0.55 3.01 ± 0.59 3.76 ± 0.79
23
4.9 Analyses multivariées Seules les variables statistiquement significatives en univarié ont été incluses dans le modèle
multivarié par groupe dont les résultats se trouvent dans le tableau 11 en annexe 7. Les
variables statistiquement significatives dans ces modèles multivariés par groupes ont été
incluses dans le modèle multivarié global. Ces analyses multivariées portent sur les 405
individus ayant répondu à l’ensemble du questionnaire. Les résultats significatifs des analyses
multivariées globales sont présents dans le tableau 9. On peut constater que 15 variables sont
distribuées de manière hétérogène entre les groupes. Le groupe des fumeurs n’ayant jamais
vapoté est la catégorie de référence.
Chaque statut de consommation est plus susceptible d’avoir un emploi que les fumeurs
n’ayant jamais vapoté. Les vapoteurs actuels, c'est-à-dire les ex-fumeurs vapoteurs et
vapofumeurs sont plus susceptibles de déclarer qu’ils seraient prêts à réutiliser l’EC pour
arrêter de fumer si la situation se présentait à nouveau.
En ce qui concerne les raisons d’utilisation, la seule qui est hétérogène entre les groupes est
« parce que tous les autres moyens d’arrêter de fumer ont déjà été utilisés ». Cette raison est
plus évoquée par les ex-fumeurs ex-vapoteurs et les fumeurs ex-vapoteurs comparativement
aux fumeurs n’ayant jamais vapoté.
On voit dans le tableau 9 qu’au niveau des raisons de non-utilisation/d’arrêt d’utilisation, cinq
sont associées aux statuts de consommation. Les fumeurs ex-vapoteurs déclarent plus que ça
ne ressemble pas assez à fumer une CT et « à cause des problèmes liés au produit » par
rapport aux fumeurs n’ayant jamais vapoté. Par contre, ces fumeurs ex-vapoteurs ont moins
tendance à dire qu’ils ne l’utilisent plus à cause de l’incertitude au niveau de ses effets sur la
santé ou parce qu’ils ont choisi un autre moyen d’arrêter de fumer. Les ex-fumeurs vapoteurs
sont quant à eux moins susceptibles d’évoquer, comme raison d’arrêt possible, le fait qu’elle
n’aide pas à faire face à leur envie de fumer par rapport aux fumeurs n’ayant jamais vapoté.
Au niveau des défauts de l’EC, seule l’absence de confirmation sur son efficacité est distribuée
de manière hétérogène entre les statuts de consommation. Les deux groupes de vapoteurs
actuels sont moins susceptibles d’évoquer ce défaut que les fumeurs n’ayant jamais vapoté.
Trois qualités sont distribuées de manière hétérogène entre les groupes. Les anciens fumeurs,
c'est-à-dire les groupes d’ex-fumeurs ex-vapoteurs et ex-fumeurs vapoteurs ont plus tendance
à évoquer comme qualité son efficacité pour arrêter de fumer par rapport aux fumeurs
24
n’ayant jamais vapoté. Les ex-fumeurs vapoteurs ont aussi plus tendance à considérer la
diversité des produits disponible comme une qualité. La dernière qualité associée au statut de
consommation est le fait qu’elle puisse être utilisée partout où il est autorisé de fumer.
Cependant, l’analyse statistique multivariée ne permet pas de déterminer les groupes qui
diffèrent.
Tableau 9: Analyses multivariées globales
Fumeur ancien vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur vapoteur
N=60 N=65 N=32 N=165
Variable OR (IC95%) P-valeur globale
Caractéristiques sociodémographiques
Emploi (ref=sans emploi) 0.0006 Avec emploi 3.59 (1.34-9.61) 6.19 (1.24-
17.90) 7.14 (1.88-
27.15) 3.70 (1.30-10.54)
Propension à utiliser l’EC comme moyen d’arrêter de fumer (ref=non)
25
Fumeur ancien vapoteur
Fumeur vapoteur
Ancien fumeur ancien
vapoteur
Ancien fumeur vapoteur
Dangerosité de l’EC par rapport à la CT (ref= « moins/pas du tout dangereuse ») 0.002 Plus/aussi
dangereuse 0.12 (0.04-0.39) 0.24 (0.07-0.84) 0.15 (0.03-0.88) 0.07 (0.02-0.36)
Ne sait pas 0.52 (0.16-1.69) 0.26 (0.06-1.04) 1.17 (0.25-5.39) 0.25 (0.07-0.93)
Niveau d’information sur l’EC (ref= « pas du tout/un peu informé ») 0.027 Assez/très
bien informé 4.44 (1.44-
13.67) 4.27 (1.31-
13.91) 8.60 (2.17-
34.03) 5.32 (1.64-17.24)
Parmi les autres facteurs d’influence, le nombre de CT consommées par jour est distribué de
manière hétérogène. Les ex-fumeurs vapoteurs avaient une consommation plus élevée de CT
avant de commencer à vapoter comparativement à la consommation actuelle des fumeurs
n’ayant jamais vapoté. Au niveau de la dangerosité perçue de l’EC comparativement à la CT,
chaque statut de consommation est de 76% à 93% moins susceptible de la considérer
« plus/autant dangereuse qu’une CT » par rapport aux fumeurs n’ayant jamais vapoté. Ces
derniers sont plus susceptibles de déclarer ne pas connaitre son niveau de dangerosité
comparativement aux ex-fumeurs vapoteurs. Pour terminer, chaque groupe est plus
susceptible d’être assez/très bien informé sur l’EC comparativement aux fumeurs n’ayant
jamais vapoté.
Le score obtenu au questionnaire CEAC n’est plus statistiquement associé au statut de
consommation dans les analyses multivariées.
5. Discussion Cette étude a évalué les facteurs influençant l’utilisation de l’EC à travers les statuts de
consommation. La comparaison des résultats avec la littérature est rendue difficile à cause de
l’utilisation de statuts de consommation différents. Aucune étude évaluant les facteurs
d’utilisation de l’EC n’a rassemblé les cinq mêmes statuts de consommation. De plus, ce sont
principalement des études de prévalence, il n’y a donc pas de mesure statistique entre
facteurs d’utilisation et statuts de consommation.
5.1 Caractéristiques sociodémographiques
À l’exception de l’emploi, aucun facteur sociodémographique n’est associé au statut de
consommation. Les fumeurs n’ayant jamais vapoté sont moins susceptibles d’avoir un emploi
que l’ensemble des autres statuts de consommation. Ces résultats ne concordent pas avec la
littérature, d’après une autre étude, l’emploi n’est pas associé au statut de consommation
contrairement à l’âge et au niveau d’étude (Schoren, Hummel & Vries 2017). Dans une autre
26
étude, l’âge est associé au statut de consommation. Les fumeurs ayant essayé l’EC une ou
deux fois par le passé sont plus jeunes que les fumeurs ex-vapoteurs, les vapoteurs et les
vapofumeurs (Simonavicius et al. 2017). Dans aucune de ces études, comme dans ce mémoire,
le sexe n’est pas associé au statut de consommation.
5.2 Propension à utiliser l’EC pour arrêter de fumer
Après les analyses multivariées, seuls les deux groupes de vapoteurs actuels seraient plus
enclins à l’utiliser comme moyen d’arrêter de fumer si la situation se représentait. Ces
résultats sont à prendre avec précaution vu la taille importante des intervalles de confiance.
Une étude rejoint ces résultats en démontrant que les vapoteurs sont plus susceptibles d’être
plus motivés à arrêter de fumer et à avoir une opinion plus positive de l’EC que les autres
statuts de consommation. Ces deux facteurs les rendent plus susceptibles d’être prêts à la
réutiliser dans le sevrage tabagique (Simonavicius et al. 2017).
5.3 Raisons d’utilisation/utilisation possible La seule raison d’utilisation distribuée de manière hétérogène entre les groupes est « parce
que tous les autres moyens d’arrêter de fumer ont déjà été essayés ». Les ex-fumeurs, ex-
vapoteurs ont plus tendance à évoquer cette raison que les fumeurs n’ayant jamais vapoté.
Ces résultats sont à interpréter avec prudence vu la taille importante des intervalles de
confiance. Il y a très peu d’information sur cette raison d’utilisation dans la littérature. Ces
résultats sont cohérents avec le fait que ceux qui tentent d’arrêter de fumer avec l’EC on fait
plus de tentatives d’arrêt du tabac que ceux qui tentent d’arrêter sans aide (Pokhrel & Herzog
2015). Cette raison d’utilisation sous-entend le désir de l’utiliser dans le but d’arrêter de fumer
après avoir essayé tous les autres moyens possibles. Cela correspond aux recommandations
d’utilisation en Belgique (Conseil Supérieur De La Santé 2015).
La raison d’utilisation la plus fréquente dans chaque groupe est pour arrêter de fumer. Il
n’existe pas d’hétérogénéité entre les groupes pour cette raison d’utilisation bien qu’elle soit
évoquée par plus de 80 % des ex-fumeurs et ex-vapoteurs contre seulement 37,5 % des
fumeurs n’ayant jamais vapoté. Dans une étude réalisée en Belgique, l’arrêt du tabac est la
raison principale d’utilisation pour l’ensemble des vapoteurs, sans distinction du statut
tabagique (Fondation contre le cancer 2017a). Une revue systématique de la littérature a
déterminé que c’était la raison la plus évoquée à travers chaque statut de consommation :
vapoteurs, vapofumeurs, fumeurs et non-fumeurs non-vapoteurs (Romijnders et al. 2018).
27
Une étude de Berg (2016) a déterminé que les ex-fumeurs vapoteurs sont plus susceptibles
de l’utiliser pour arrêter de fumer par rapport aux vapofumeurs. Cette raison a été évoquée
par 59 % des vapofumeurs et 85,3% des ex-fumeurs vapoteurs. Comparativement, les fumeurs
n’ayant jamais vapoté sont 37,5 % à avoir évoqué cette raison. On pourrait donc imaginer
qu’ils sont moins susceptibles de l’évoquer que les ex-fumeurs vapoteurs mais il n’y a pas eu
de comparaison statistique entre ces deux groupes pour confirmer cela.
Dans la littérature, des études montrent que d’autres raisons d’utilisation/utilisation possible
sont associées aux statuts de consommation. Le fait de l’utiliser quand il est impossible de
fumer est plus évoqué par les vapofumeurs que les ex-fumeurs vapoteurs. À l’inverse, pour
ces deux mêmes groupes, l’utiliser parce que ça ressemble à fumer une CT ou pour économiser
de l’argent est plus cité par le groupe des ex-fumeurs vapoteurs (Berg 2016). Une autre étude
a mis en évidence des raisons d’utilisation différentes parmi des sujets ayant déjà utilisé l’EC
qui sont soit fumeurs ou ex-fumeurs. Pour arrêter de fumer ou éviter de rechuter, pour éviter
le syndrome de sevrage et l’économie d’argent réalisée, étaient les raisons plus rapportées
par les ex-fumeurs que les fumeurs. Par contre pour l’utiliser dans des situations où il est
impossible de fumer et pour diminuer sa consommation sont plus évoquées par les fumeurs
(Etter & Bullen 2011).
5.4 Raisons de non-utilisation/d’arrêt d’utilisation Les fumeurs ex-vapoteurs sont plus susceptibles d’avoir stoppé son utilisation parce que ça ne
ressemble pas assez à fumer une CT. Il faut tenir compte ici du fait qu’on compare une réalité
vécue par les ex-vapoteurs à des croyances des fumeurs n’ayant jamais vapoté. Ces résultats
sont cohérents avec ceux d’une autre étude où cette raison a été la plus évoquée par ce même
statut de consommation. Cependant, c’est une étude de prévalence et cette raison
d’utilisation n’a pas été proposée à d’autres statuts de consommation, il n’y a donc pas de
comparaison possible (Action on Smoking and Health 2016). Une autre étude a montré que
cette raison était rapportée par 29,1 % des fumeurs ex-vapoteurs, ce qui est proche des
32,31% de la présente étude. Ils n’ont cependant pas mis en évidence de différence
statistiquement significative avec les fumeurs ayant essayé une ou deux fois l’EC par le passé.
Cette différence entre les résultats obtenus ici et cette étude peut s’expliquer par l’utilisation
de statuts de consommation différents. Ils n’ont pris en compte que des fumeurs qui avaient
déjà essayé l’EC une ou deux fois. Donc ils avaient tous une expérience minimale de l’EC, ce
28
qui n’est pas le cas dans ce mémoire. Effectivement, le groupe reprenant ceux qui l’ont utilisée
une ou deux fois reprend aussi ceux qui ne l’ont jamais utilisée (Simonavicius et al. 2017). Les
EC actuelles permettent d’atteindre des sensations proches de celles fournies pas une CT. Les
EC de deuxième et troisième génération permettent d’obtenir un apport en nicotine
comparable à celui d’une CT et certains modèles de troisième génération reproduisent les
mêmes mécanismes pharmacocinétiques (Wagener et al. 2017). Ces performances de l’EC
pourront encore être améliorées à l’avenir si l’environnement soutient ces innovations (Biener
& Hargraves 2015). Une étude d’English (2018) pourrait expliquer pourquoi certains sujets
considèrent que vapoter ne ressemble pas assez à fumer. L’étude a déterminé que la majorité
des vapoteurs ont besoin d’une semaine ou plus pour trouver le dosage de nicotine et les
réglages de l’EC qui leur conviennent. Le fait que l’EC devienne aussi efficace qu’une CT
nécessite de la part des vapoteurs une certaine connaissance du produit et peut prendre du
temps.
Une autre raison d’arrêt plus évoquée par les fumeurs ex-vapoteurs comparativement aux
fumeurs n’ayant jamais vapoté concerne les problèmes liés au produit (surchauffe de batterie,
fuites…). Dans la littérature, deux autres études ne concordent pas avec ces résultats. Cela
peut être lié au fait qu’ils ont évoqué cette raison de non-utilisation en parlant de « fuites d’e-
liquide » uniquement, et non de problèmes du produit dans un sens plus large comme ici. La
première est une étude de prévalence qui a trouvé un nombre plus faible de fumeurs ex-
vapoteurs évoquant cette raison : 4 % contre 33,85 % ici. La deuxième a comparé les fumeurs
ex-vapoteurs aux fumeurs ayant vapoté une ou deux fois, sans trouver de différence
statistiquement significative entre les deux groupes (Action on Smoking and Health 2016;
Simonavicius et al. 2017). Le grand nombre de personnes qui arrêtent de l’utiliser à cause de
problèmes liés au produit dans la présente étude pourrait être en lien avec une mauvaise
utilisation comme le fait de ne pas changer de résistance assez régulièrement ou encore
remplir trop le réservoir. Les médias peuvent également jouer un rôle en surmédiatisant les
cas d’explosion d’EC. Ces évènements sont rarissimes et souvent liés à une utilisation non
adaptée, une modification de l’EC ou à l’utilisation de contrefaçons qui ne respectent pas les
normes de sécurité. L’AIDUCE a déterminé des bonnes pratiques d’utilisation destinées à
informer les vapoteurs pour leur permettre d’éviter ce risque (AIDUCE 2015, 2016).
29
Les fumeurs n’ayant jamais vapoté sont plus susceptibles de ne pas utiliser l’EC à cause de
l’incertitude de ses effets sur la santé comparativement aux fumeurs ex-vapoteurs. C’est
d’ailleurs la raison la plus répandue pour ne pas commencer à l’utiliser dans ce groupe. Cela
est consistant avec les résultats d’une étude qui a aussi rapporté que c’est la raison la plus
évoquée par ces derniers pour ne pas l’utiliser. Selon cette étude, elle est évoquée par 4 %
des fumeurs ex-vapoteurs contre 27 % des fumeurs n’ayant jamais vapoté. Mais de nouveau,
c’est une étude de prévalence, sans association statistique (Action on Smoking and Health
2016). Une autre étude met en évidence que les fumeurs ont tendance à surestimer la
dangerosité de l‘EC par rapport à la CT et donc sont plus inquiets du fait de passer de l’un à
l’autre comparativement aux vapoteurs et vapofumeurs. Ils n’ont pas pris en compte les ex-
vapoteurs (Huang et al. 2019). Près d’un quart des fumeurs de la présente étude n’utilisent
pas l’EC à cause de l’incertitude de ses effets sur la santé. Il est pourtant prouvé dans la
littérature que l’EC est nettement moins nocive à court terme que la CT et de plus en plus de
preuves montrent des résultats similaires sur son utilisation à long terme (Hartmann-Boyce,
Begh & Aveyard 2018; Nutt et al. 2014). Il existe un manque de compréhension des concepts
de dangerosité relative et absolue de l’EC de la part du grand public. Cela est lié, comme le
précise une étude de Huang (2019) à un manque de communication claire et cohérente de la
part des services de santé publique sur ces risques. Selon eux, cette confusion entre risque
absolu et relatif peut aussi, fausser l’estimation des risques par les médias et ainsi donner des
informations erronées au grand public.
Les fumeurs n’ayant jamais vapoté sont plus susceptibles de ne pas utiliser l’EC parce que ça
ne les aiderait pas à faire face à leur envie de fumer comparativement aux ex-fumeurs
vapoteurs. De nouveau, on compare ici des faits concrets pour les ex-fumeurs vapoteurs à des
croyances pour ceux n’ayant jamais vapoté. D’après une étude de prévalence, c’est la
troisième raison la plus courante pour les fumeurs n’ayant jamais vapoté, évoquée par 22 %
d’entre eux et la deuxième raison pour les fumeurs ex-vapoteurs, citée par 20 % d’entre eux
(Action on Smoking and Health 2016). Pourtant d’après un essai contrôlé randomisé, elle
procure, certes moins de satisfaction qu’une CT, mais plus que des substituts nicotiniques et
est considérée comme plus efficace pour s’abstenir de fumer (Hajek et al. 2019).
Bien que, comme dit précédemment, l’EC soit un moyen efficace d’arrêter de fumer, les
fumeurs n’ayant jamais vapoté sont plus susceptibles de préférer utiliser un autre moyen de
30
sevrage tabagique que l’EC, comparativement aux fumeurs ex-vapoteurs. Aucune
comparaison concernant cette raison de non-utilisation entre ces deux sous-groupes n’a été
trouvée dans la littérature. Cependant, d’après une étude de Berg (2016), ces fumeurs ex-
vapoteurs sont plus susceptibles de déclarer qu’ils ont arrêté de l’utiliser pour choisir un autre
moyen d’arrêter de fumer que les ex-vapoteurs ex-fumeurs. Selon plusieurs études, l’EC est
plus efficace que les substituts nicotines avec ou sans accompagnement de professionnels et
plus efficace qu’aucune aide (Biener & Hargraves 2015; Brown et al. 2014; Hajek et al. 2019).
5.5 Défauts Après les analyses multivariées, seul un défaut est associé au statut de consommation. Il s’agit
de l’absence de confirmation sur son efficacité dans le sevrage tabagique. Ce défaut est plus
perçu par le groupe des fumeurs n’ayant jamais vapoté que les vapofumeurs ou les ex-fumeurs
vapoteurs. Cela est consistant l’étude de Schoren (2017) qui montre que ce défaut est plus
rapporté par les fumeurs que les vapofumeurs ou les vapoteurs. L’efficacité de l’EC dans l’arrêt
du tabac a été démontrée dans plusieurs études, dont un essai contrôlé randomisé récent
avec un haut niveau de preuve (Biener & Hargraves 2015; Brown et al. 2014; Hajek et al. 2019).
Schoren (2017) met en évidence qu’il y a beaucoup d’autres défauts qui sont associés aux
statuts de consommation comme la difficulté d’utilisation et le fait que ça soit néfaste pour la
santé qui sont plus perçus par les fumeurs que les vapofumeurs et par les vapofumeurs que
les vapoteurs. Cette dernière étude et celle de Hershberger (2017) montrent que ceux qui
perçoivent plus d’inconvénients, ont une opinion plus négative de l’EC sont plus susceptibles
d’être fumeurs que vapoteurs. Cela est cohérent avec les résultats trouvés ici, car les
vapoteurs actuels perçoivent moins de défauts l’EC que les fumeurs n’ayant jamais vapoté.
5.6 Qualités Les qualités sont plus perçues par les deux groupes d’ex-fumeurs utilisant ou ayant utilisé l’EC.
Ce qui est en partie cohérent avec deux autres études qui montrent que ceux qui perçoivent
moins d’avantages sont plus susceptibles d’être fumeurs ou vapofumeurs. Parmi les fumeurs,
ce sont les vapofumeurs qui d’après ces études perçoivent le plus d’avantages (Hershberger
et al. 2017; Schoren, Hummel & Vries 2017). Ce n’est pas le cas ici. Il n’y a pas de différence
significative entre les fumeurs n’ayant jamais vapoté et les vapofumeurs. Une autre étude a
déterminé que les vapoteurs exclusifs ont une approche plus positive de l’EC que les fumeurs,
ce qui rejoint les résultats de la présente étude (Rüther et al. 2016).
31
Les ex-fumeurs vapoteurs et ex-fumeurs ex-vapoteurs sont plus de cinq fois plus susceptibles
de déclarer que c’est un moyen efficace d’arrêter de fumer que ceux qui ne l’ont jamais
utilisée. Cela rejoint partiellement les résultats d’une étude où cette qualité est plus évoquée
par les vapoteurs exclusifs que par les fumeurs. Les ex-fumeurs ex-vapoteurs n’y sont pas pris
en compte (Schoren, Hummel & Vries 2017).
Une autre qualité est plus perçue par les ex-fumeurs vapoteurs que les fumeurs n’ayant jamais
vapoté : la diversité des produits disponibles. Dans une autre étude, c’est plutôt perçu comme
un frein pour les fumeurs n’ayant jamais vapoté, car ça rend le choix difficile entre les produits
(Action on Smoking and Health 2016). Certains commentaires laissés à la fin du questionnaire
mettaient en avant que cette diversité leur donnait envie de tester continuellement de
nouveaux goûts et augmentait l’attractivité du produit.
Une dernière qualité qui diffère entre les groupes est le fait qu’elle puisse être utilisée partout
où il est autorisé de fumer. Vu les résultats en univarié, on pourrait penser que les anciens
fumeurs vapoteurs sont plus susceptibles d’avancer cette qualité que les fumeurs n’ayant
jamais vapoté (64,45 % VS 42,55 %). Le test statistique ne permet pourtant pas de déterminer
les groupes qui diffèrent. Selon l’étude de Schoren (2017), cette qualité n’est pas associée au
statut de consommation.
D’autres qualités sont, selon la littérature, associées au statut de consommation. Par exemple,
les fumeurs voient plus le prix comme un avantage que les vapofumeurs et ils ont moins
tendance à penser que l’EC permet d’éviter le syndrome de sevrage comparativement aux
vapofumeurs et vapoteurs (Schoren, Hummel & Vries 2017).
Les qualités de l’EC à travers les statuts de consommation ont été peu évaluées dans la
littérature, il est donc difficile de comparer les résultats à différentes études.
5.7 Autres facteurs d’influence Les ex-fumeurs vapoteurs consommaient 13 % plus de CT avant de commencer à vapoter que
ce que consomment les fumeurs actuellement. Cela peut être expliqué par le fait que les
faibles fumeurs ont moins tendance à percevoir leur tabagisme comme dangereux
comparativement aux plus grands fumeurs et tentent moins de le supprimer. Ils seraient donc
moins susceptibles de tenter d’arrêter de fumer (Amrock & Weitzman 2015). Dans la présente
étude, ce lien entre utilisation d’EC et quantité de CT consommées est statistiquement
32
significatif uniquement pour le groupe des vapoteurs ex-fumeurs. Or suivant ce raisonnement,
les ex-fumeurs vapoteurs devraient aussi avoir été de plus grands consommateurs de CT, mais
ce n’est pas le cas. Cela peut être lié au fait qu’il existe un risque de biais de rappel pour ces
ex-fumeurs qui doivent se souvenir de leur consommation de CT avant de commencer à
vapoter, avec un risque de sous-estimation. Le groupe des ex-fumeurs ex-vapoteurs est peut-
être aussi trop petit que pour permettre un effet statistiquement significatif. L’intervalle de
confiance est borderline (IC95% : 1-1,14).
Les fumeurs n’ayant jamais vapoté sont plus susceptibles de surévaluer la dangerosité de l’EC
par rapport à chaque autre groupe. Ces résultats sont en accord avec l’hypothèse de départ
qui est que ce groupe a plus tendance à la déclarer plus ou aussi dangereuse que la CT. Ces
fumeurs n’ayant jamais vapoté sont aussi plus susceptibles de ne pas connaitre le niveau de
dangerosité de l’EC comparativement aux ex-fumeurs vapoteurs. Ces résultats sont cohérents
avec ceux d’autres études et une revue systématique qui affirment que les fumeurs n’ayant
jamais vapoté sont plus susceptibles de ne pas considérer l’EC à son juste niveau de
dangerosité, c’est-à-dire moins dangereuse que la CT comparativement à des sujets qui
l’utilisent ou l’ont utilisée (Action on Smoking and Health 2016; Pepper & Brewer 2014;
Wackowski & Delnevo 2016). D’après une autre étude, le fait de la considérer comme
« aussi/plus dangereuse » qu’une CT peut décourager des fumeurs à l’utiliser, encourager des
vapoteurs à arrêter son utilisation et décourager des vapofumeurs à s’y substituer totalement
(Pokhrel et al. 2015a). Une dernière étude montre qu’une perception positive du risque relatif
de l’EC par rapport à la CT, est associée à une utilisation exclusive de l’EC, ce qui rejoint les
présents résultats. Cette utilisation exclusive correspond aux recommandations en Belgique
(Conseil Supérieur De La Santé 2015; Huang et al. 2019). Les sujets qui déclarent aujourd’hui
ne pas connaitre le niveau de nocivité de l’EC auront tendance plus tard à surévaluer sa
dangerosité. Or ce sont les fumeurs n’ayant jamais vapoté qui ont le plus tendance à ne pas
savoir (Huang et al. 2019). Dans chacune des études présentées ici, il n’y a soit pas de
différenciation entre les statuts de consommation, soit l’utilisation d’un maximum de trois
statuts différents. Il semble ici essentiel de modifier les perceptions erronées des fumeurs sur
la dangerosité de l’EC comparativement à la CT. La différenciation de la dangerosité absolue
de l’EC par rapport à sa dangerosité relative, prend ici toute son importance. Il n’y a aucune
33
communication des scientifiques vers le public à ce niveau, ce qui peut entrainer une
confusion concernant les risques de l’EC pour la santé (Huang et al. 2019).
Le niveau d’information sur l’EC varie entre les groupes. Chaque statut de consommation est
plus susceptible d’être mieux informé sur l’EC que les fumeurs n’ayant jamais vapoté. Les
fumeurs utilisant ou ayant utilisé l’EC sont les mieux informés. Ils ont chacun plus de quatre
fois plus de chance d’être mieux informés, les ex-fumeurs vapoteurs, plus de cinq fois plus de
chance et les ex-fumeurs ex-vapoteurs, plus de huit fois plus de chance que le groupe n’ayant
jamais vapoté. Une étude de Barbeau (2013) a mis en évidence qu’il pourrait exister une
courbe d’apprentissage liée à son utilisation, ce qui pourrait expliquer en partie ces
différences entre groupes. D’après une étude de Geerstema (2009), près de 43 % des fumeurs
désirant arrêter utiliseraient un moyen de réduction des risques s’ils étaient mieux informés.
Ils admettent que ces résultats sont sans doute un peu trop optimistes mais mettent en
évidence l’importance de l’information dans l’utilisation de moyens de réduction des risques
comme l’EC.
5.8 Limites et forces Les résultats sont globalement en accord avec la littérature, même s’il n’y a pas de consensus
avec la littérature pour chaque facteur d’influence. Cela peut être en partie dû aux différentes
limites de cette étude et à l’utilisation de statuts de consommation différents. Les études
futures devraient utiliser des statuts de consommations reprenant l’ensemble des vapoteurs
et ex-vapoteurs, en considérant également les ex-vapoteurs qui ont réussi à sortir du
tabagisme grâce à l’EC. Ce mémoire montre qu’ils ne sont pas identi