Post on 20-Jun-2015
Erwann CharlesHervé Thouément
Université de Brest – France
L’identité, frein ou moteur de développement territorial ?
Une méthodologie d’analyse
Exemples de la Région Capitale de Bruxelles et de Québec
Conférence en Intelligence Territoriale 12-14.10. 2011
Les objectifs de l’article
•Définir l’identité d’un territoire• Isoler les liens entre identité et développement
•Présenter une méthode pour étudier ces liens
•Proposer deux exemples :1- Bruxelles où l’identité = frein2- Québec où l’identité = levier
•Comprendre le territoire en dynamique
◦
Plan :• I- Territoire et identité
▫Qu’est ce qu’un territoire vs un espace ?▫L’identité territoriale
• II- Une méthode pour appréhender l’identité territoriale▫Une première approche « ex-situ»…▫Recherches et confrontations « in-situ »▫Rectification et approfondissement de la perception du
territoire.• III- Le territoire en dynamique
▫Le jeu des acteurs et les futuribles ?
I- Territoire & identité1.1- Qu’est ce qu’un territoire vs un espace ?
• Un territoire n’est pas un morceau de nation ou de région « administrative », mais une forme d’organisation et de coordination inscrite géographiquement et construite socialement.
• Territoire pertinent : qui fait sens à ses habitants, qui mobilise ses acteurs, un territoire adéquat pour créer des projets de développement.
• Une clé essentielle du développement: l’identité territoriale(cela est d’autant plus vrai que le territoire en question n’est pas favorisé en dotations
«naturelles», ressources, capitaux, facteurs de production, emplacement géographique… )
1.2 Qu’est-ce que l’identité territoriale
• Une notion complexe, car l’identité est composée:
d’éléments objectifs et subjectifs (cognitifs/ affectifs selon Keating)
d’appréhensions collective et individuelle
• Et l’identité territoriale est également à la fois cause et conséquence de mobilisations sur le territoire
(élément instrumental selon Keating)
reflet d’une vision interne et aussi externe au territoire
IDENTITÉ TERRITORIALE
SENTIMENT D’APPARTENANC
E
CULTURE (Malinowski)
Histoire, géographie, coutumes, savoir-faire, patrimoine, etc.
Subjective & individuelle Objective & collective
MOBILISATION COLLECTIVE
Vu de l’extérieur du territoirePréjugés + appréhensions à distance + réelles connaissances
Territoire
II- Une méthodologie ad hoc :• Une vue d’ensemble de la méthode :
Diagnostic IntuitifExterne
Diagnostic NormatifCognitif
Diagnostic Identitaire
Démarche prospective
Scénarios exploratoires Scénarios normatifs
Vers une perception dynamique du territoire
In S
itu
Ex-
situ
La méthode appliquée au cas de Bruxelles1- Diagnostic intuitif :
Une vitrine de la culture belgeUne zone tampon entre Flamands et Wallons
Une ville de contrasteUn lieu "directif", loin des réalitésUn centre névralgique
2- Diagnostic normatif / cognitif
3- Le diagnostic identitaire
4- Les scénarios exploratoires
S1 : « BRUXELLES, DU SYNDROME BELGE AU DISTRICT EUROPÉEN » S2 : « BRUXELLES, UNE CAPITALE TOUJOURS EN “SENNE” MAIS SOUS PRESSION » S3 : « BRUXELLES, LE LEADER BELGE “FEDER” LES ENERGIES ET SE DÉVELOPPE»
L’identité du territoire de Bruxelles
• Le symbole de l’unité Belge…• Une place tampon entre Flamands et Wallons, et aux
multiples communautés• Le territoire, par excellence, de la lasagne belge • Un lieu de compromis… aux multiples para-institutions
source de la réelle gouvernance• Mais au centre un acteur majeur Off Shore qui suit sa
propre trajectoire…
=> Un territoire où l’identité gèle la gouvernance mais dont le développement est sans projet territorial car lié à la dynamique de croissance de l’acteur Off Shore .
III- Une vision du territoire en dynamiquepar le jeu de la prospective
31- Définitions :
▫La prospective est un regard sur l’avenir destiné à éclairer l’action présente.
▫Panorama des futurs possibles d’un système donné, destiné à éclairer les conséquences des stratégies d’action envisageables (M. Godet)
CÔNE DES POSSIBLES = Futuribles
CÔNES DES SOUHAITABLES
CÔNE DES RÉALISABLES
LES FUTURIBLES :
Situation de départ
=> Scénarios exploratoires : du présent vers le futur (de t0 à tn)
=> Scénarios normatifs : du futur vers le présent (de tn à t0)
32- Démarche de prospective croisée
1ère vague de scénarios par la méthode morphologique :
o 1-Raisonnement sur les grandes dimensions du territoire (une dizaine : gouvernance, capital humain et recherche,…)
o 2-Construction d’un arbre de pertinence (ossature du scénario) à partir d’un tableau à double entrée :
en ligne les dimensions, en colonne les « états » des dimensions ; soit, par exemple, 40 cases pour un tableau avec 4
états par dimension.
2ème vague de scénarios par la méthode Godet :
o 1-Raisonnement sur une soixantaine de « variables clés » du territoire, analysé comme un système.
o 2-Construction d’une matrice d’analyse structurelle : en fait élaboration d’un tableau à double entrée mesurant l’influence et la dépendance des variables entre elles.
o 3-Détermination d’une typologie des variables à partir de ces critères d’influence et de dépendance.
o 4- Construction d’un arbre de pertinence pour établir un scénario.
• Intérêt : vérifier qu’une trajectoire souhaitée est réalisable et pérenne.
• Algorithme :
o1- Cartographier les acteurs liés aux variables clés : => objectifs / contraintes / influence-dépendance
o2-Repérer les conflits, donc les enjeux et les objectifs associés.
o3-Construire une première matrice de positionnement des acteurs vis-à-vis des objectifs : en déduire les degrés d’implication des acteurs et les caractères conflictuels des objectifs.
33- Analyse du jeu des acteurs (modèle Mactor)
o 4-Description du jeu sous la forme de graphes de convergence et de divergence
o 5-Etude dynamique du jeu :
Introduction d’un système de valorisation pour le positionnement acteurs/objectifs ; d’où une seconde représentation du jeu
Introduction des rapports de forces entre acteurs par le biais d’un indicateur :
- calcul d’une matrice de positionnement synthétique (objectifs/rapports de forces) ; - - représentation ultime du jeu.
34- La méthode appliquée au cas de la ville de Québec
• La démarche du maire Lallier ou l’art de dévider une pelote de laine en partant de l’identité :
▫1- Rendre aux habitants leur fierté : le jardin des « pelleteux de nuages »
▫2- Créer de l’activité et du mouvement? Rien de tel qu’une université
▫3- Générer une effervescence artistique : Méduse, l’Ecole des arts visuels
▫4- Mettre en valeur le patrimoine industriel : l’exemple de la mairie
5- Savoir saisir les opportunités de l’histoire : l’implantation du Centre National des Entreprises de Hautes technologies
6- Mettre en place un cadre de vie attractif et soucieux de mixité sociale :
=> Incitations financières en direction des classes moyennes pour l’habitat=> Relance du commerce :
Enlèvement du toit du mail en deux temps Implication d’un promoteur respectueux de l’esprit du projet ;
soutien de la Caisse Desjardin Trouver des locomotives : implantation de magasins de
destination Déclenchement de l’effet multiplicateur : bars, restaurants, etc.
Le jeu des acteurs dans le quartier Saint Roch
Jeu des acteurs dans le quartier Saint Roch (suite)
En conclusion :• L’identité permet de fixer le curseur entre un territoire et un
espace…• Mais ce curseur peut évoluer avec le temps…• Ne pas appréhender l’identité d’un territoire tout en voulant
en construire le projet de développement, c’est soit :=> Le mener à des impasses ou du moins à des conflits, des blocages
=> Le mener vers une trajectoire « d’espace »… et lui faire perdre une grande partie de sa « richesse ».