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Rapport No 38856 - TN REPUBLIQUE TUNISIENNE EVALUATION DU COUT DE LA DEGRADATION DE L’EAU 28 Juin 2007 Bureau Régional Moyen-Orient & Afrique du Nord Département Développement Durable Document de la Banque mondiale

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Rapport No 38856 - TN REPUBLIQUE TUNISIENNE EVALUATION DU COUT DE LA DEGRADATION DE L’EAU 28 Juin 2007 Bureau Régional Moyen-Orient & Afrique du Nord Département Développement Durable

Document de la Banque mondiale

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Equivalence des Monnaies

(référence février 2007)

Unité monétaire = Dinar Tunisien EU$1.00 = 1.31 DT

Année Fiscale 1er juillet – 30 Juin

Vice-président: Daniela Gressani Directeur Maghreb: Theodore O.Ahlers Directeur Secteur: Inger Andersen Responsable Secteur : Luis Constantino Chef de Projet: Maria Sarraf

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Remerciements Ce rapport a été préparé par une équipe composée de Maria Sarraf (Economiste de l’environnement senior et chef de projet), Lelia Croitoru (Consultante en économie de l’environnement et auteur principal), Fadhel Ghariani (Spécialiste en environnement, IDEA Tunis), Mohammed Matoussi (Professeur en économie de l’eau, Université de Tunis) et Hamed Daly-Hassen (Economiste forestier, INRGREF Tunis). L’équipe aimerait remercier pour leur appui S.E. Nadhir Hamada (Ministre de l’Environnement et du Développement Durable), M. Najeh Dali (Directeur Général, Ministère de l’Environnement et du Développement Durable), M. Mohammed Ennabli (Président de l’Institut Méditerranéen de l’Eau), M. Nouri Soussi (Directeur de l’Observatoire Tunisien de l’Environnement et du Développement), M. Hedi Louati (Directeur des études de mobilisation des eaux, Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques), M. Rachid Khanfir (Direction Générale des Ressources en Eaux, Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques) et M. Mabrouk Nadhif (Directeur de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement, Ministère de la Santé Publique). Des contributions et observations précieuses ont été fournies par Sherif Arif (Conseiller de l’environnement), Aziz Bouzaher (Economiste principal de l’environnement et collègue examinateur), Kirk Hamilton (Economiste principal de l’environnement et collègue examinateur), Jaafar Friaa (Spécialiste senior en environnement), Inès Fraile-Ordonez (Knowledge and Learning Coordinator), Stefano Pagiola (Economiste de l’environnement senior), et Giovanni Ruta (Economiste de l’environnement). L’équipe aimerait aussi remercier Jocelyne Simmonds (Assistante) pour avoir éditer le rapport. Ce rapport a été préparé avec la contribution financière de l’Agence Suisse pour le Développement et la Coopération à travers un don au programme METAP (Programme d’Assistance Technique pour la Protection de l’Environnement Méditerranéen). Déni de responsabilité Le présent volume est un produit du personnel de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale. Les observations, interprétations, et conclusions exprimées ici sont celles des auteurs et ne sauraient être attribuées, de quelque manière que ce soit, à la Banque mondiale, aux organismes qui en dépendent, aux membres du Conseil d'administration ni aux pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l'exactitude des données citées et n'accepte aucune responsabilité quant aux conséquences de leur utilisation. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n'impliquent de la part du Groupe de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d'un territoire quelconque et ne signifient nullement que le Groupe reconnaît ou accepte ces frontières.

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Table des matières

Acronymes Executive Summary (en anglais) Résumé Analytique Chapitre 1. Introduction

1.1. Les ressources en eaux: une vue d’ensemble 1.2. Les principales problématiques 1.3. Objectif de l’étude 1.4. Préparation de l’étude

Chapitre 2. Le cadre méthodologique

2.1. Le contexte d’évaluation 2.2. Qu’est-ce que nous évaluons ? 2.3. L’approche 2.4. Les méthodes 2.5. Considérations générales

Chapitre 3. L’agriculture irriguée

3.1. Impacts de la salinité et de l’hydromorphie sur l’agriculture irriguée 3.2. Impacts de l’eau usée insuffisamment traitée sur l’agriculture irriguée 3.3. Impacts de l’envasement de barrages sur l’agriculture irriguée 3.4. Impacts de la pollution industrielle sur l’agriculture irriguée

Chapitre 4. La pêche Chapitre 5. La santé Chapitre 6. Le tourisme

6.1. Impact de la dégradation de l’eau sur le tourisme national 6.2. Impact de la dégradation de l’eau sur le tourisme international

Chapitre 7. La biodiversité

7.1. Dégradation des zones humides 7.2. Dégradation des zones marines 7.3. Coûts de la dégradation des zones humides 7.4. Coûts de la disparition des zones humides

Chapitre 8. La surexploitation des eaux souterraines

8.1. Analyse de la surexploitation 8.2. Le rabattement des nappes souterraines 8.3. Le coût de surexploitation

Chapitre 9. Conclusions Bibliographie

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Acronymes

APAL Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral CAP Consentement à Payer DALY Disability Adjusted Life Years (Année de vie corrigée du facteur invalidité) DAP Disposition à Payer DBO5 Demande Biochimique en Oxygène (après 5 jours) DCO Demande Chimique en Oxygène DG/ACTA Direction Générale des Aménagements et de la Conservation des Terres Agricoles DG/ETH Direction Générale des Etudes et Travaux Hydrauliques DGF Direction Générale des Forêts DGGR Direction Générale du Génie Rural DGRE Direction Générale des Ressources en Eau DT Dinar Tunisien FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FEM Fonds pour l’Environnement Mondial IDEA Ingénierie Développement Eau Assainissement INRGREF Institut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts INS Institut National de la Statistique m3 Mètres cubes MARH Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques MAERH Ministère de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources Hydrauliques METAP Programme d’Assistance Technique pour l’Environnement pour la Région Méditerranéenne MENA Région Moyen-Orient et Afrique du Nord MVC Méthode de la Valeur Contingente OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economique OMS Organisation Mondiale de la Santé ONAS Office National d’Assainissement ONTT Office National du Tourisme Tunisien OTED Observatoire Tunisien de l’Environnement et du Développement PNAD Programme Nationale Anti-Diarrhéique PIB Produit Intérieur Brut PISEAU Projet d’Investissement dans le Secteur de l’Eau PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement ql Quintal qx Quintaux RDP Reste du Pays SOGREAH Société Grenobloise d'Etudes et d'Applications Hydrauliques VET Valeur Economique Totale VNU Valeur de Non-Usage VVS Valeur d’une Vie Statistique ZPP Zones les Plus Polluées $EU Dollars des Etats-Unis

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EXECUTIVE SUMMARY With a water availability of 470 m3/capita or less than 50% of MENA’s average, Tunisia is already a water-stressed country. The limited water supply is unevenly distributed across the country and intensively used. This has resulted in serious challenges such as increasing degradation and risk of depletion. This report provides an order of magnitude estimate of the cost of water degradation in Tunisia. Chapter 1 introduces the main issues linked to water degradation in Tunisia and the study’s objectives. Chapter 2 provides an overview of the methods and techniques used for estimating the cost of water degradation. Chapters 3 to 8 value the impacts of water degradation on the main economic sectors. Chapter 9 provides a concluding discussion. SCOPE AND OBJECTIVE This report is a follow-up to an earlier study (Sarraf et al., 2004) that estimated the annual cost of environmental degradation of water, air, land, coastal zone and waste at 2.1% of GDP in 1999. In that study, water degradation accounted for the largest share of the overall cost, about 0.6% of GDP. The present report aims to provide a more extensive analysis of the cost of water degradation in Tunisia. In particular, it looks at the impacts of water salinity1, contamination, water-logging, dam sedimentation and overexploitation of groundwater on the major economic sectors. In carrying out any analysis of water degradation in a water-stressed country like Tunisia, it is important to distinguish between the costs due to the inherent scarcity of the resource, and the

1 Water in Tunisia is naturally saline. It is important to distinguish between natural water salinity and the increased salinity level due to inappropriate irrigation practice (for more explanation see Chapter 3). This report only focuses on the latter.

increased costs due to non-optimal use2 of the resource. This report focuses solely on the latter. Of course, these problems can often interact, with declining water quality placing additional pressure on the remaining sources of clean water. It is sometimes difficult, if not impossible, to separate the problems according to the cause, however. The accuracy of the estimates is often constrained by several limitations. In some cases, data constraints imposed the use of assumptions and simplifications; conservative assumptions are made in such cases. In other cases, data constraints were so severe that no estimates could be provided. Consequently, all valuations should be viewed as orders of magnitude rather than precise values of damage. To reflect this uncertainty, many estimates are presented as ranges of values instead of specific numbers. The report is mainly targeted to policy makers such as ministries (Ministère de l’Environnement et de Développement Durable, Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques et l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral) as well as national utilities (SONEDE, ONAS) and the public at large. By assigning monetary values to environmental degradation the study: (i) provides a useful mechanism to rank the relative social costs of various forms of degradation; (ii) offers policymakers an instrument to integrate environment into economics development decisions; (iii) allows comparison of damages due to water degradation with other economic indicators; (iv) gives the environment ministry a tool for discussing the importance of environmental protection in economic terms, in the same “language” as is used by ministries of finance or economy. THE METHODOLOGY A wide array of valuation methods was used, as summarized in Table 1, building on the experience that has been accumulated on

2 In this report, non-optimal use of the resource is related to the over extraction of groundwater, and not linked to water allocation problems which are issues of water resource management (for more details see Chapter 1, Section 1.2).

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performing such valuations in recent years. The report estimates the present value of current and future losses associated to the impact occurring in 2004 and expresses them as a percentage of GDP. Table 1. Valuation methods used

Type of method

Name of method Impacts measured

Revealed preference

Change in productivity

- Impact of salinity and water-logging on irrigated agriculture - Impact of water pollution on fishing

Stated preference

Contingent valuation

- Impact of water pollution on health* - Impact of water pollution on international tourism

Cost-based Cost of replacement, illness, travel, opportunity costs

- Impact of dam sedimentation on agriculture - Impact of water pollution on national tourism and biodiversity

* measured by the Value of a Statistical Life (VSL) THE RESULTS The overall cost of water degradation is estimated between 0.5 and 0.7% of GDP, averaging about 0.6% of GDP or 207.4 million TD in 2004. Figure 1 and Table 2 illustrate the breakdown of the overall cost of damage according to the major sectors. Figure 1. Annual cost of water degradation in Tunisia (mean value)

Table 2. Annual cost of water degradation in Tunisia (mean values)

Sectors/Uses US$

million TD

million %

GDP

1. Agriculture 54.3 67.9 0.2 2. Fishing 13.4 16.7 0.1

3. Health 26.8 33.5 0.1 4. Tourism 30.0 37.6 0.1 5. Biodiversity 5.8 7.3 0.0 6. Overexploitation of underground water 35.5 44.4 0.1 Total cost of water degradation 165.8 207.4 0.6

Agriculture Agriculture is the largest water user in Tunisia, accounting for about 83% of annual consumption. Salinity, water-logging and contamination of water often reduce agricultural productivity in certain areas. Reservoir sedimentation leads to additional costs of replacing dams or building new storage capacity. Impact of salinity and water-logging. Salinity and water-logging are estimated to result in the loss of the equivalent of about 1% of irrigated agricultural production annually. About 80% of this loss is short-term (one year impact) and 20% is permanent (irreversible). Using a value added in irrigated agriculture of US$2,160/ha, these short-term losses are estimated at about US$6.5 million, and the present value (PV) of permanent losses of irrigated lands at about US$25.3 million. This gives a total impact of losses due to salinity and water-logging of about US$31.8 million (TD39.7 million). Impact of insufficiently treated wastewater on irrigated areas. Tunisia has made impressive progress in the reuse of treated wastewater for irrigating agriculture. It is currently using treated wastewater to irrigate about 7,440 ha as well as natural parks, gulf courses and public gardens. However, about one third of treated wastewater is of substandard quality. This affects negatively agricultural productivity, especially in Borj Touil and Mornag areas. The overall impact is relatively minor and is estimated at about US$1.4 million.

0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7

Impact of water degradation

% of GDP

A

Agriculture

AFishing Health

Tourism Biodiversity

Overexploitation groundwater

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Impact of dam sedimentation. Tunisia looses about 19 million m3 of dam storage capacity annually, reducing its ability to supply water to agriculture and other users. The cost of building new storage capacity is estimated at about US$13 million, based on the least expensive alternative of restoration, such as reservoir enlarging and building new reservoirs. Alternatively, the loss of agricultural production due to limited water availability caused by dam sedimentation would be estimated at US$29.3 million. The impact of dam sedimentation falls within US$13-29.3 million. Overall, the damage costs associated to irrigated agriculture varies within US$46 - 62 million (TD58-78 million or 0.17-0.2% of GDP). Figure 2. Impacts on agriculture (%)

Fishing Marine water pollution is particularly severe in the Gulf of Gabès and Sfax, where fish catch decreased by 12% during 1999-2004. A trend analysis during this period shows that fish catch increased from 7.5 to 12 t/boat in the rest of the country, while it remained about 8t/boat in Gabès and Sfax. If catch in Gabès and Sfax had followed the same trend as the rest of the country, it would have been 13.6t/boat. Considering 3,900 boats and US$2,500/t of fish, the forgone income in Gabès and Sfax is estimated at about US$53.6 million. Only 20-30% of this damage can be attributed to water pollution, i.e., US$11 - 16 million (TD13.3-20.2 million or 0.04-0.06% of GDP), the remaining being due to overfishing and unsustainable fishing practices.

Health Access to potable water supply and sanitation services in Tunisia is relatively high compared to other MENA countries. Access to drinking water is 88% in rural areas and 100% in urban areas. Access to sanitation services is well developed in urban areas (82% of wastewater is collected, of which 92% is treated). By contrast rural areas are not yet properly endowed with sanitation services. Inadequate water supply, sanitation and hygiene have an impact on health through water-borne diseases. This section estimates the cost of diarrhea, hepatitis A and typhoid fever. Once an important cause of death for children under 5 years old, diarrhea has been successfully controlled in the past decade. Under-five mortality rate diminished from 52 per thousand live birth in 1990 to 25 in 2004. Child mortality due to diarrhea declined from as much as 7% of child deaths in 2000 to as little as 1.5% in 2004 Inadequate water supply, sanitation and hygiene are responsible for about 85% of child deaths, resulting in only 53 cases of under-five deaths in 20043. In addition, there were an estimated 235,200 morbidity cases among children under five years old and 394,000 among individuals over five. Estimated in terms of Disability Adjusted Life Years (or DALY) this is equivalent to about 2,200 DAYL. The loss of a DALY was estimated using the human capital approach as a lower bound and the contingent valuation method as an upper bound. Hence the total cost of damage was estimated to range between US$9-45 million (TD11-56 million, or 0.03-0.2% of GDP). Only a few cases of hepatitis A and typhoid fever were found, with no incidence on the total cost of damage.

3 This is about 10 times lower than the 521 child deaths estimated in the previous report, which uses a mortality rate caused by diarrhea of 10% (Sarraf et al., 2004, p.95).

Salinity and water-logging

58%Insufficiently treated

wastewater 3%

Dam sedimentation

39%

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Tourism Tourism is a growing sector in Tunisia (5.5% of GDP in 2004), especially on the coast which receives more than 5 million tourists annually. However, urbanization, uncontrolled development of resorts and the pollution of marine water are causing a decline of recreational value, especially on the eastern shore. National tourism. The most affected beaches by water pollution are Sfax, Gabès, Grand Tunis, Khnis-Sayada and Soliman. The impacts of water pollution are estimated based on the additional expenses made by national tourists to travel and stay in cleaner resorts. The incremental travel cost is estimated at US$14-22 million. International tourism. International tourists spent about 30.6 million bed-nights on the coast, especially in Jerba-Zaezis, Sousse-Kairouan, Nabeul-Hammamet and Monastir. Total willingness to pay of international tourists to improve the quality of marine water is about US$12 million, based on a Contingent Valuation survey. In summary, the impact of marine water pollution on national and international tourism is estimated at US$26-34 million (TD32.5-42.7 million, or 0.09-0.12% of GDP). Figure 3. Impacts on tourism (%)

National tourism

60%

International tourism

40%

Biodiversity Tunisia has more than 250 wetlands, many of which provide rich habitats for biodiversity. For example, Ichkeul Lake is unique in North Africa, hosting about 124,400 migratory bird species during the 2005/2006 winter. However, many wetlands are being degraded by industrial and agricultural pollution. Other wetlands are simply

drying out as a result of drought and water overuse. The costs associated with wetland degradation are estimated to be about US$5.8 million (TD7.3 million, or 0.02% of GDP), based on the funds allocated annually for biodiversity restoration in the affected areas. Because of data and methodological weaknesses, this particular estimate should be regarded with extreme caution. Overexploitation of underground water In Tunisia, water scarcity and the degradation of some water sources is leading to the overexploitation of underground water. This overexploitation is resulting in an annual lowering of underground water of 0.38 meters and of deep underground water of 0.74 meters. The additional pumping cost necessary to extract water from a deeper level is US$23 million. In addition, the cost of digging new wells to replace those abandoned because of pollution is estimated at US$12.5 million. Overall, the cost of declining water table is US$35.5 million (TD44.4 million or 0.13% of GDP). DISCUSSION AND CONCLUSION The overall cost of water degradation estimated by this report (0.6% of GDP in 2004) is of the same order of magnitude as that estimated by the previous study (Sarraf et al., 2004) which refers to the year 1999. A note comparing the results of the two studies is provided in the Box below.

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Box. The cost of water degradation in 2004 and 1999 Although it is difficult to directly compare the results of the two studies, it is interesting to analyze them. The previous study refers to the year 1999; concerning water degradation, it is limited to estimating the impact of dam sedimentation and that of water degradation on health, quality of life and recreational value of the coast. These costs were estimated at about 0.65% of GDP in 1999. The present study values a wider variety of impacts of water degradation. For comparative reasons, if we consider only the impacts measured in the previous study, the cost of water degradation would be about 0.28% of GDP in 2004. The reduction of the cost of water degradation can be largely explained by the decreasing impacts on health. This is mostly a result of: (i) the success of the National Anti-Diarrhea Program which reduced the child mortality due to diarrhea by about eight times in only five years; (ii) the considerable investments undertaken by the Tunisian Government in the wastewater sector which exceeded TD700 million between 1999 and 2004; (iii) the environmental control undertaken by the Ministry of Environment and Sustainable Development and by the Ministry of Public Health. Figure 4 illustrates the lower and upper bounds of the estimated costs of water degradation in 2004. The largest impact is on irrigated agriculture, followed by the impact of overexploitation of groundwater on declining water table. The impact on tourism is either the third in importance or fourth, depending on whether the upper-bound or lower-bound estimate is used. The losses of biodiversity and fishing are only partially measured, suggesting that real losses may in fact be higher.

Figure 4. Annual cost of water degradation

0.00

0.06

0.12

0.18

0.24

Agricu

lture

Fish

ing

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lth

Tourism

Bio

div

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ty

Ove

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loitat

ion

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gro

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wate

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% o

f G

DP

Lower bound Upper bound

These results indicate the importance of better understanding the magnitude and causes of environmental degradation in Tunisia. It can be noted that agriculture, the major water user with 83% of total water consumption, registers the highest level of degradation. Underground water is also subject to damage of about the same order of magnitude. Thus, much attention should be paid to these two sectors, in order to avoid irreversible impacts. This report shows that the priority interventions are: (a) to improve agricultural practices in order to reduce the impact of salinity, and (b) to diminish the overexploitation of underground water. These two problems have already been identified and analyzed qualitatively by several World Bank reports. The present report uniquely provides quantitative and monetary estimations of these impacts. One key issue is to find the most appropriate means to limit the negative effects of salinity and to devise instruments able to reduce the overexploitation of underground water. The latter is especially important in sensitive regions, such as the South, Centre and Cap Bon, where ground water represents a key resource. Among available options, one can think at ways for the artificial recharge of underground water by conventional water and treated wastewater, taking the necessary measures - in terms of treatment and selection of recharge areas - to avoid contamination. The results of this report are timely, in light of the importance given by the Tunisian Government to the reuse of treated wastewater for agriculture and for the recharge of underground water. Although this policy is commendable, the report brings to the attention of the Tunisian Government the importance of

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improving the quality of treated wastewater before its reuse. Solutions and measures to remediate to different forms of water degradation are numerous and cover a wide variety of options. In addition to investments in infrastructure, one can mention indicatively: (i) strengthening the control of pollution sources ; (ii) valuing and reinforcing incentives and aids for pollution clean-up (FODEP); (iii) providing tariff incentives to support water savings; (iv) expanding the re-use of treated wastewater, especially in Grand Tunis4 ; (v) improving the coordination among various institutions (eg., ONAS, ANPE, the Ministry of Agriculture) for a better management of the underground water; (vi) investing in water sector projects (such as PISEAU) and in projects that will improve the efficient management of water resources in Tunisia. It is also important to undertake cost-benefit analyses of various options in order to prioritize the areas of intervention, to find the least expensive combination of investments and to incorporate the decisions within an integrated water management policy. To make a better use of the results of this analysis, it would be wise to undertake the same valuation effort every five years, for example, in order to detect the trends and to justify investment decisions at the time of preparing the five-year development plans. Improvements could be brought especially in terms of data collection. A multitude of sectors and institutional actors are concerned with the value of the cost of water degradation. A broad dissemination of the results of this study to this audience will allow to popularize the concepts and the methods used and will facilitate the clarification of the roles of each actor for the future developments of this exercise.

4 The Ministry of Environment and Sustainable Development is undertaking a study concerning the transfer of treated wastewater from Grand Tunis to irrigate the industrial biodiesel crop production.

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RESUME ANALYTIQUE Avec une disponibilité de l’eau de 470 m³/capita soit moins de 50% de la moyenne de la région MENA, la Tunisie est déjà un pays soumis à un stress hydrique. Les quantités d’eau limitées sont inégalement réparties à travers le pays et intensément utilisées. Cette situation a posé de sérieux défis tels qu’une dégradation accrue et un risque d’épuisement. Ce rapport fournit un ordre de grandeur du coût de dégradation de l’eau en Tunisie. Le premier chapitre introduit les principales problématiques de l’eau en Tunisie et les objectifs de l’étude. Le Chapitre 2 présente un aperçu des techniques et méthodes utilisées pour l’évaluation économique. Les Chapitres 3 à 8 évaluent les impacts de la dégradation de l’eau sur les principaux secteurs économiques. Le Chapitre 9 discute l’importance des coûts estimés et présente quelques recommandations. ETENDUE ET OBJET DE L’ETUDE Ce rapport fait suite à une étude précédente (Sarraf & al., 2004) qui a estimé le coût annuel de dégradation environnementale de l’eau, de l’air, du sol, de la zone côtière et des déchets à 2,1% du PIB en 1999. Dans cette étude, la dégradation de l’eau a compté pour la plus grande part du coût global, soit 0,6% du PIB. Ce rapport vise à fournir une analyse plus étendue du coût de dégradation de l’eau en Tunisie. En particulier, il examine les impacts de la salinité5 de l’eau, de la contamination, de l’hydromorphie, de l’envasement des barrages et de la surexploitation des nappes sur les principaux secteurs économiques. En analysant la dégradation de l’eau dans un pays connaissant un stress hydrique comme la Tunisie, il est important de distinguer entre les

5 L’eau en Tunisie est naturellement chargée en sel. Il est important de distinguer entre la salinité naturelle et la salinité additionnelle induite par des pratiques d’irrigation inappropriées (pour plus de détails, voir le chapitre 3). Ce rapport focalise sur cette dernière.

coûts liés à la rareté de la ressource, et le coût additionnel dû à l’utilisation6 non optimale de la ressource. Ce rapport focalise seulement sur cette dernière. Bien sûr, ces problèmes sont généralement liés car la dégradation de la qualité exerce une pression additionnelle sur les ressources non dégradées restantes. Il est parfois difficile, sinon impossible, de séparer les problèmes selon la cause. La précision des estimations est souvent conditionnée par plusieurs limitations. Dans certains cas, des contraintes de données ont imposé l’utilisation d’hypothèses et de simplifications ; des hypothèses conservatrices ont été faites dans de tels cas. Dans d’autres cas, des contraintes de données ont été si fortes qu’il n’a pas été possible de faire d’estimation. Par conséquent, toutes les évaluations devraient être considérées comme des ordres de grandeur plutôt que des valeurs précises des dommages. Pour refléter cette incertitude, plusieurs estimations sont présentées comme un intervalle de valeurs plutôt que des chiffres précis. Le rapport s’adresse principalement aux responsables politiques tels que les ministères (Ministère de l’Environnement et de Développement Durable, Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques et l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral) ainsi qu’aux agences nationales de services publics (SONEDE, ONAS) et au public en général. En assignant des valeurs monétaires à la dégradation environnementale, l’étude : (i) fournit un mécanisme utile de classer les coûts sociaux relatifs des différentes formes de dégradation ; (ii) offre aux responsables politiques un instrument permettant d’intégrer l’environnement dans les décisions de développement économique ; (iii) permet de comparer les dommages dus à la dégradation de l’eau aux autres indicateurs économiques ; (iv) donne au Ministère de l’Environnement un instrument pour discuter l’importance de la protection de l’environnement en termes

6 Dans ce rapport, l’utilisation non optimale de la ressource est liée à la surexploitation de la nappe, et non liée à des problèmes d’allocation qui relèvent de la gestion de la ressource (pour plus de détails, voir le chapitre 1, section 1.2)

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économiques, dans le même langage utilisé par les Ministères des Finances et de l’Economie. LA METHODOLOGIE Une large gamme de méthodes d’évaluation, résumées dans le Tableau 1, a été utilisée en s’appuyant sur l’expérience accumulée ces dernières années dans l’utilisation de ces méthodes. Le rapport estime la valeur présente des pertes actuelles et futures associées à l’impact durant l’année 2004 et les exprime en pourcentage du PIB. Tableau 1. Méthodes d’évaluation utilisées

Type de méthode

Nom de la méthode Impacts mesurés

Basée sur les préférences révélées

Changement de productivité

- Impact de la salinité et l’hydromorphie sur l’agriculture irriguée - Impact de la pollution de l’eau sur la pêche

Basée sur les préférences exprimées

Evaluation contingente

- Impact de la pollution de l’eau sur la santé* - Impact de la pollution de l’eau sur le tourisme international

Basée sur les coûts

Coût de remplacement, maladie, voyage, d’opportunité

- Impact de l’envasement des barrages sur l’agriculture - Impact de la pollution de l’eau sur le tourisme national et sur la biodiversité

* measuré a travers la Valeur de Vie Statistique (VVS) LES RESULTATS Le coût global de la dégradation de l’eau est estimé entre 0,5 et 0,7% du PIB, soit une moyenne de 0.6% du PIB ou 207,4 millions DT en 2004. La Figure 1 et le Tableau 2 illustrent la composition du coût global des dommages selon les principaux secteurs.

Figure 1. Coût annuel de la dégradation de l’eau en Tunisie (valeur moyenne)

Tableau 2. Coût annuel de la dégradation de l’eau en Tunisie (valeurs moyennes)

Secteurs/Usages $EU

millions DT

millions %

PIB

1. Agriculture 54,3 67,9 0,2 2. Pêche 13,4 16,7 0,1

3. Santé 26,8 33,5 0,1 4. Tourisme 30,0 37,6 0,1 5. Biodiversité 5,8 7,3 0,0 6. Surexploitation des eaux souterraines 35,5 44,4 0,1 Coût total de la dégradation de l’eau 165,8 207,4 0,6

Agriculture L’agriculture est le plus important utilisateur de l’eau en Tunisie avec environ 83% de la consommation totale annuelle. La salinité, l’hydromorphie et la contamination de l’eau réduisent souvent la production agricole dans certaines régions. La sédimentation des réservoirs peut conduire à un coût additionnel de remplacement des barrages ou à la construction de nouvelles capacités de stockage. Impact de la salinité et de l’hydromorphie. L’impact de ces deux facteurs est estimé à une perte annuelle de production équivalente à environ 1% de la contribution du secteur irrigué. Environ 80% de cette perte est de court terme (l’impact d’une année) et 20% est permanente (irréversible). En utilisant une valeur ajoutée dans le secteur irrigué de 2.160 $EU/ha, ces pertes de court terme sont estimées à environ 6,5 millions $EU, et une valeur présente (VP) de perte permanente de terres irriguées d’environ

0.0

0.1

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Impact de la dégradation de l'eau

% PIB

A

Agriculture

A Pêche

Santé

Tourisme Biodiversitéˇ

Surexploitation Eaux souterraines

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25,3 millions $EU. Ceci donne un impact total de pertes dues à la salinité et à l’hydromorphie d’environ 31,8 millions $EU. Impact de l’eau usée insuffisamment traitée. La Tunisie a accompli un progrès impressionnant dans la réutilisation de l'eau usée traitée dans l'agriculture irriguée. L’eau usée traitée est actuellement employée pour irriguer environ 7.440 ha aussi bien que des parcs naturels, des terrains de golf et des jardins publics. Cependant, environ un tiers de la quantité de l'eau usée traitée est de qualité non conforme à la norme. Ceci affecte négativement la productivité agricole, particulièrement dans les périmètres de Borj Touil et de Mornag. L'impact global est relativement mineur et s’élève à environ 1,4 million $EU. Impact de l’envasement des barrages. La Tunisie perd annuellement environ 19 millions de m3 de capacité de stockage, ce qui réduit la possibilité de fournir de l'eau à l'agriculture et à d'autres usages. Le coût de réalisation de nouvelles capacités de stockage est d’environ 13 millions $EU, sur la base de l’alternative la moins chère de restauration, telle que la surélévation des barrages et la construction de barrages de remplacement. Par ailleurs, la perte de production agricole due à la disponibilité limitée de l'eau provoquée par l’envasement des barrages est estimée à 29,3 millions $EU. Par conséquent, le coût de l’envasement des barrages varie entre 13 et 29.3 millions $EU. Globalement, les coûts de dommages associés à l'agriculture irriguée varient entre 46 et 62 millions $EU (58-78 millions TD ou 0.17-0.2% du PIB). Figure 2. Impacts sur l’agriculture

Pêche La pollution des eaux marines est particulièrement forte dans les régions de Gabès et de Sfax, où la production des poissons a diminué de 12% pendant les années 1999-2004. Une analyse de tendance pendant cette période montre que la production par bateau de pêche a augmenté de 7,5 à 12 t dans le reste du pays, alors qu'elle a stagné à 8t/bateau environ à Gabès et Sfax. Si la pêche à Gabès et Sfax avait suivi la même tendance que le reste du pays, la production aurait été de 13,6t/bateau. Etant donné qu’il y avait 3.900 bateaux de pêche et que la valeur du poisson était de 3.100 DT/t en 2004, le manque à gagner à Gabès et Sfax est estimé à 53,6 millions $EU environ. Seulement 20-30% de ces dommages peuvent être attribués à la pollution de l’eau, c’est-à-dire 13,3-20,2 millions DT ou 0,04-0,06% du PIB (11 - 16 millions $EU), le reste est dû notamment à la surexploitation des poissons et aux pratiques de pêche non durables. Santé L'accès aux services d'approvisionnement en eau potable et en assainissement est relativement élevé en Tunisie comparé à d'autres pays de la région MENA. L'accès à l'eau potable est de 88% en milieu rural et de 100% en milieu urbain. L'accès aux services d’assainissement est bien développé en milieu urbain (82% du volume d’eau consommé est collecté, dont 92% est traité). Par contre, le milieu rural n’est pas encore convenablement desservi en systèmes d’assainissement. L'approvisionnement en eau potable et l’assainissement inadéquats, ainsi que le manque d’hygiène, ont des impacts sur la santé à travers les maladies hydriques. Cette section estime les coûts engendrés par la diarrhée, l’hépatite A et la fièvre typhoïde. Une fois une cause importante des décès des enfants de moins de cinq ans, la diarrhée a été contrôlée avec succès durant la décennie passée. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a diminué de 52 par mille naissances en 1990 à 25 en 2004. La part de la mortalité infantile due à la diarrhée a diminué de 7% en 2000 à 1,5% en 2004. L’alimentation en eau potable et l’assainissement inadéquats, ainsi que le manque d’hygiène, sont responsables de 85%

Salinité et hydro-

morphie58%Eau usée

insuffisamment traitée

3%

Envasement des barrages

39%

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environ des décès d'enfants, ayant pour résultat seulement 53 cas des décès des enfants de moins de cinq ans en 20047. En outre. il y avait environ 235.200 cas de morbidité parmi les enfants de moins de cinq ans et 394.000 cas parmi des individus de plus de cinq ans. Estimé en termes d’années de vie corrigée du facteur invalidité (DALY). Ceci est équivalent à environ 2.200 DALY. La perte d'un DALY a été estimée en utilisant l'approche de capital humain comme limite inférieure et la méthode d'évaluation contingente comme limite supérieure. Par conséquent, le coût total des dommages a été estimé dans une fourchette entre 11-56 millions DT. ou 0,03-0,2% du PIB (9-45 millions $EU). Seulement quelques cas d'hépatite A et de fièvre typhoïde ont été repérés. sans incidence sur le coût total de dommages. Tourisme Le tourisme est un secteur croissant en Tunisie (ce secteur représentait 5,5% du PIB en 2004), particulièrement dans le littoral qui reçoit plus de 5 millions de touristes annuellement. Cependant, l'urbanisation, le développement non contrôlé des ressources et la pollution des eaux de mer causent un déclin de la valeur récréative, particulièrement sur la côte orientale. Tourisme national. Les plages les plus affectées par la pollution de l'eau sont Sfax, Gabès, le Grand Tunis, Khnis-Sayada et Soliman. Les impacts de la pollution de l'eau sont estimés à travers le coût supplémentaire payé par les touristes nationaux (habitants des zones polluées) pour se déplacer vers des zones plus propres. Le coût additionnel de voyage est estimé entre 17,8 et 28 millions DT ($EU14-22 millions). Tourisme international. Les touristes étrangers ont passé environ 30,6 millions de nuitées en Tunisie 2004, particulièrement sur le littoral à Jerba-Zarzis, Sousse-Kairouan, Nabeul-Hammamet et Monastir. La Disposition à Payer (DAP) totale des touristes étrangers pour 7 Ceci est environ 10 fois plus faible que les 521 décès d’enfants estimés dans le rapport précédent, qui utilise le taux de mortalité causée par la diarrhée de 10% (Sarraf et al., 2004, p.95).

améliorer la qualité des eaux de mer s’élève à 14,7 millions de DT (12 millions $EU), basé sur une enquête d'évaluation contingente. En résumé, l'impact de la pollution de l'eau de mer sur le tourisme national et international est estimé à 32.5-42.7 millions DT, ou à 0.09-0.12% du PIB (26-34 millions $EU). Figure 3. Impacts sur le tourisme (%)

Tourisme national

60%

Tourisme internationa

l

Biodiversité La Tunisie a plus de 250 zones humides, plusieurs d’entre elles fournissent des habitats riches en biodiversité. Par exemple, le lac Ichkeul est unique en Afrique du Nord, accueillant environ 124.400 espèces diverses d'oiseaux migrateurs pendant l’hiver 2005/2006. Cependant, beaucoup de zones humides sont dégradées par la pollution industrielle et agricole. D'autres zones humides sont confrontées à des déficits hydriques simplement en raison de la sécheresse et de la diminution de l’alimentation en eau douce. On estime que les coûts liés à la dégradation des zones humides sont de 7,3 millions DT environ, ou 0,02% du PIB (5,8 millions $EU), basé sur les budgets assignés annuellement pour la restauration de la biodiversité dans les secteurs affectés. En raison du manque des données et des faiblesses méthodologiques, cette évaluation particulière devrait être considérée avec une extrême attention. Surexploitation des eaux souterraines

La rareté et la dégradation de certaines ressources en eau en Tunisie conduisent à la surexploitation des nappes souterraines. Cette surexploitation est en train d’induire un rabattement annuel des nappes phréatiques de 0,38 m et des nappes profondes de 0,74 m. Le coût additionnel de pompage nécessaire à

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l’extraction de l’eau de profondeur croissante est de 23 millions $EU. En outre, le coût de remplacement des puits abandonnés suite à la pollution est estimé à 12,5 millions $EU. Le coût global de la baisse du niveau de l’aquifère est de 35,5 millions $EU (44,4 millions DT soit 0,13 % du PIB). Discussion et conclusion Le coût global de la dégradation de l’eau estimé dans ce rapport (0,6% du PIB en 2004) est du même ordre de grandeur que celui estimé par l’étude précédente (Sarraf et al. 2004) qui se réfère à l’année 1999. Une note qui compare les résultats des deux études se trouve dans l’encart ci-dessous. Encart. Le coût de la dégradation de l’eau en 2004 et 1999 Bien qu’il soit difficile de comparer directement les résultats des deux études, il est intéressant de faire quelques précisions. L’étude précédente se réfère à l’année 1999 et en ce qui concerne la dégradation de l’eau, elle se limite à estimer l’impact de l’envasement des barrages et celui de la dégradation de l’eau sur la santé, la qualité de la vie, et sur la valeur récréative du littoral. Ces coûts étaient estimés à environ 0,65% du PIB en 1999.

L’étude présente évalue un éventail beaucoup plus riche d’impacts de la dégradation de l’eau. À titre comparatif, si l’on considère uniquement les impacts mesurés dans l’étude précédente, le coût de la dégradation de l’eau serait d’environ 0,28% du PIB en 2004. La diminution du coût de la dégradation de l’eau serait en grande partie expliquée par la réduction des impacts sur la santé, et ceci grâce au (i) succès du Programme National Anti-Diarrhée qui a diminué la mortalité infantile due aux maladies diarrhéiques par huit entre 1999 et 2004 ; aux (ii) investissements considérables entrepris par le Gouvernement Tunisien dans le secteur de l’assainissement, qui s’élèvent à plus de 700 millions de DT entre 1999 et 2004 (ONAS, 2005) et au (iii) contrôle environnemental très poussé entrepris par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et par le Ministère de la Santé Publique.

La Figure 4 présente les bornes inférieures et supérieures des estimations de chaque impact en 2004. La perte de la productivité agricole irriguée est la plus significative, suivie par celle due à la surexploitation des eaux souterraines. L’impact sur le tourisme vient à la troisième ou à la quatrième place, selon que l’on considère la borne supérieure ou inférieure de l’estimation. Les pertes de la biodiversité et de la pêche sont partiellement mesurées, ce qui suggère que les dommages réels dans ces secteurs peuvent en fait être plus grands. Figure 4. Le coût annuel de la dégradation de l’eau

Ces résultats indiquent qu’il est important de mieux comprendre l’ampleur et les causes de la dégradation environnementale en Tunisie. Nous constatons que le secteur agricole, qui est le plus large utilisateur de la ressource avec 83% du total de la consommation, enregistre la dégradation la plus large. Les nappes souterraines, suite à leur surexploitation, endurent aussi un dommage presque de la même importance. Ces deux secteurs méritent d’être suivis de plus près afin d’éviter des impacts irréversibles. Ce rapport montre que les interventions prioritaires sont (a) d’améliorer les pratiques agricoles pour réduire l’effet de la salinité et (b) de réduire la surexploitation des nappes souterraines. Ces deux problèmes ont déjà été identifiés d’une manière qualitative dans plusieurs rapports de la Banque mondiale. Ce présent rapport a le mérite de présenter des estimations quantitatives et monétaires liées à ces impacts. Il est temps d’imaginer les moyens les plus appropriés pour limiter les effets négatifs de la

0.0

0.1

0.1

0.2

0.2

0.3

Agricultureirriguée

Pêche Santé Tourisme Biodiversité Surexploitationdes eauxsouterraines

% du PIB

Borne inférieure Borne supérieure

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salinité et concevoir les instruments capables de réduire la surexploitation qui constitue une menace sérieuse sur la durabilité du développement des régions sensibles, à savoir le Sud, le Centre et le Cap Bon, pour lesquelles les eaux souterraines constituent une ressource vitale. Parmi ces options, on peut envisager le développement de la recharge artificielle des nappes par les eaux conventionnelles et les eaux usées traitées, en prenant les précautions nécessaires en matière de traitement et de sélection des zones de recharge pour éviter la contamination. Cette voie est déjà en cours d’exploration au moyen de projets pilotes. Les résultats de ce rapport sont opportuns vu l’importance accordée par le Gouvernement à la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et la recharge des nappes souterraines. Bien que cette politique soit louable, ce rapport montre l’importance de l’amélioration de la qualité de l’eau traitée avant sa réutilisation. Les solutions et les mesures de remédiation et d’adaptation aux différentes formes de dégradation de l’eau sont nombreuses et couvrent un large spectre d’options. Outre les programmes d’investissement en infrastructures, on pourrait citer à titre indicatif: (i) le renforcement du contrôle des sources de pollution, (ii) l’évaluation et le renforcement éventuel des incitations et aides à la dépollution (FODEP), (iii) les mesures tarifaires incitant à l’économie d’eau, (iv) le développement de la réutilisation des eaux usées traitées notamment dans le Grand Tunis8, (v) l’amélioration de la coordination entre les différentes institutions (telles que l’ONAS, l’ANPE, le Ministère de l’Agriculture) afin de mieux gérer l’utilisation des nappes souterraines, (vi) le Projet d’Investissement dans le Secteur de l’Eau (PISEAU 2001-2007) et le projet d’aménagement efficient des ressources en eau en Tunisie (2007-2010). Il est donc important de faire des analyses coût-bénéfice pour les différentes options afin de

8 Le MEDD entreprend une étude de transfert des eaux usées traitées du Grand Tunis en vue d’irriguer des cultures industrielles avec production de biodiesel.

hiérarchiser les domaines d’intervention, de trouver la combinaison à moindre coût entre investissements lourds et autres mesures non capitalistiques et d’intégrer les décisions dans une politique de gestion intégrée de l’eau. Pour bien exploiter les résultats de ces analyses, il serait judicieux de refaire l’évaluation par exemple tous les cinq ans en vue de déceler les tendances et aussi de justifier les décisions d’investissements à l’occasion des préparations des plans quinquennaux de développement. Des améliorations pourront être apportées notamment en termes d’acquisition de données. Une multitude de secteurs et d’acteurs institutionnels est concernée par l’évaluation du coût de dégradation de l’eau. Une large dissémination des résultats de cette étude auprès de cet auditoire permettra de vulgariser les concepts et les méthodes utilisés et facilitera la clarification des rôles de chaque partenaire pour les développements futurs de cet exercice.

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1. INTRODUCTION La Tunisie couvre une superficie de 163.610 km² et compte 10 millions d’habitants. Elle partage sa frontière sud avec la Libye et sa frontière ouest avec l’Algérie. Son climat est de type méditerranéen au nord et le long des côtes qui s’étendent sur près de 1.300 km, et aride au sud. Notons que le Sahara couvre au moins 40% du territoire. Durant la période 1995-2005, la Tunisie a enregistré une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 6% et figure depuis 2001 parmi les pays dits ‘émergents’. En 2004, le Produit Intérieur Brut (PIB) a atteint $EU 2.800 par habitant. L’agriculture, dont la contribution au PIB est de l’ordre de 14%, emploie environ 25% de la population active. Le tourisme, quant à lui, contribue à raison de 5,7% au PIB (BCT, 2005)9. Il est principalement à vocation balnéaire donc reposant sur le littoral et ses plages qui abritent plus de 95% de la capacité d’hébergement. 1.1. Les ressources en eaux: une vue d’ensemble La Tunisie est peu nantie en ressources naturelles et notamment en ressources en eaux. Les ressources en eaux conventionnelles potentielles sont de 4.640 millions de m³/an dont 2.500 millions de m³ en eaux de surface et 2.140 millions10 de m³ en eaux souterraines. Le volume des ressources de surface annuellement mobilisées est de 1.785 millions de m³, alors que celui des eaux souterraines s’élève à 1.930 millions de m³. En 2004, la dotation par habitant et par an a été de 470 m³ environ (OTED, 2004; MARH, 2005). Les ressources en eau sont sujettes à une forte variabilité temporelle à la fois saisonnière et inter annuelle qui est nettement plus marquée au sud. Elles sont aussi inégalement réparties géographiquement et surtout sans correspondance avec la localisation de la

9 Toutes les données ci-dessous se réfèrent à 2004. 10 Dans cette évaluation, nous avons tenu compte pour les nappes phréatiques des estimations de 2000 alors que les chiffres du Tableau 8.1 sont ceux de 2005.

demande. L'essentiel des ressources hydrauliques de la Tunisie est fourni par les régions intérieures (nord-ouest et centre-ouest) alors que la demande est plutôt concentrée sur le littoral est. Ce déséquilibre a nécessité la réalisation d’ouvrages de transfert coûteux. Outre la salinité qui affecte près de la moitié des ressources en eaux, les eaux de surface se caractérisent par un transport solide assez élevé en raison de la conjonction de plusieurs facteurs comme l’érosion hydrique, la topographie, la nature géologique des sols, le climat, les activités anthropiques, etc. Le résultat de cette turbidité est l'envasement des ouvrages de stockage d’eau, ce qui réduit leur durée de vie utile. L’agriculture est de loin le plus important consommateur d’eau; 2.132 millions de m³ lui ont été alloués en 2004, soit environ 83% du total de la demande en eau qui était de 2.572 millions de m³ (Lebdi, 2005). L’alimentation en eau potable domestique et le tourisme ont consommé 318 millions de m³ durant la même année, tandis que le secteur industriel a consommé 122 millions de m³ (MARH, 2005). Les ressources en eaux ont fait l’objet d’une planification détaillée depuis plus de trois décennies (Plan Directeur des Eaux du Nord, Plan Directeur des Eaux du Centre, Plan Directeur des Eaux du Sud) et de nombreuses études stratégiques qui ont traité les principales problématiques du secteur, soit: (i) la gestion intégrée et la conservation des ressources en eaux ; (ii) l’efficacité économique de l’utilisation de l’eau d’irrigation, (iii) la réforme institutionnelle et le renforcement des capacités dans le secteur de l’eau. A l’étape actuelle, l’action des pouvoirs publics vise à évoluer de la politique de mobilisation des ressources en eaux vers une politique de gestion de la demande à travers différents instruments de nature technique, juridique, économique et institutionnelle. 1.2. Les principales problématiques Les principaux problèmes liés à l’eau en Tunisie sont :

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- la rareté: la rareté de la ressource va aller en s’accentuant à cause d’une demande fortement croissante (Banque Mondiale, 2004a). Cela va dicter un recours accru aux ressources non conventionnelles, telles que les eaux usées traitées et dessalées. La dégradation de la qualité de l’eau va contribuer à aggraver la rareté et inversement, la rareté peut être la cause d’une dégradation suite à une surexploitation.

- la salinité11: on constate que 53% des

ressources mobilisées ont un taux de salinité supérieur à 1,5 g/l (Institut Tunisien des Etudes Stratégiques, 2002). En zones côtières, la salinité peut aggraver la rareté et inversement, la rareté peut être à l’origine d’une dégradation.

- la contamination chimique et

bactériologique: cette dégradation affecte aussi bien les ressources en eaux continentales que les eaux marines côtières. La contamination bactériologique touche les réseaux d’alimentation en eau potable dans les zones rurales en raison d’un manque de chloration (Banque Mondiale, 2004a). A l’échelle nationale, il y a environ 756 sources de pollution hydrique qui déversent annuellement 155 millions de m3 de rejet constituant une source de contamination possible pour les eaux souterraines et de surface (Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, 2007).

- l’envasement des barrages: l’envasement

des barrages a atteint 17% de la capacité initiale des barrages en 2002 et atteindra l’équivalent de la capacité du plus grand

11 Les eaux de surface peuvent être classifiées selon le taux de salinité : (a) inférieur à 1,5g/l : eaux de bonne qualité, qui peuvent satisfaire tous les usages ; (b) entre 1,5 g/l et 3 g/l : eaux de qualité moyenne, qui sont utilisables surtout en agriculture et pour l’industrie et parfois pour l’alimentation en eau potable si nécessaire; (c) supérieur à 3 g/l : eaux de qualité médiocre, qui peuvent satisfaire les besoins de l’agriculture et l’industrie, mais ne peuvent pas être utilisées pour l’alimentation en eau potable, sauf après dessalement (Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, 2005).

barrage du pays (Sidi Salem) en 2020 (MAERH, 2003).

Ces problèmes contribuent à la dégradation de la ressource en eau de deux manières :

- La détérioration de la qualité de l’eau disponible. Cette dégradation peut être causée par une contamination chimique ou bactériologique, par une salinité accrue à cause de l’intrusion des eaux côtières marines et des eaux des chotts, etc. La dégradation de la qualité de l’eau peut avoir des effets sur tous les usages. Par exemple, une mauvaise qualité de l’eau d’irrigation peut provoquer une réduction de la productivité agricole dans les périmètres irrigués.

- La diminution de la quantité d’eau

disponible. Cette diminution est généralement causée par l’extraction d’une quantité d’eau supérieure au niveau soutenable d’exploitation12. Cette surexploitation des eaux souterraines provoque un déclin du niveau des nappes, ce qui augmente la profondeur du pompage et contribue généralement à la salinisation des eaux souterraines.

1.3. Objectif de l’étude Cette étude a été entamée à la demande du Gouvernement Tunisien. Elle fait suite à une étude précédente (Sarraf et al., 2004) qui a estimé les coûts de la dégradation des catégories environnementales les plus importantes en Tunisie: eau, air, sol, littoral et déchets. L’étude précédente a démontré que: (i) les principaux coûts des dommages environnementaux sont attribués à l’eau (0.6 % du PIB en 1999) et que (ii) malgré le rôle primordial que joue l’eau dans l’économie tunisienne, elle se trouve confrontée à plusieurs défis. Toutefois, l’étude précédente a été réalisée en un temps limité, donnant lieu à des approximations de premier ordre fondées sur

12 L’usage soutenable de l’eau peut être défini de plusieurs façons. Dans ce rapport, on considère que le seuil de soutenabilité est réalisé quand l’usage actuel ne menace pas la disponibilité de l’eau pour le futur, ou, en d’autres termes, quand la disponibilité de l’eau ne risque pas de diminuer à l’avenir.

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les données existantes et sur des calculs sommaires. Pour améliorer ces résultats, la présente étude se propose de fournir une analyse plus approfondie des coûts de la dégradation de l’eau en Tunisie. Elle se réfère à toutes les eaux conventionnelles - de surface et souterraines - du pays, et aussi aux impacts de la dégradation sur les eaux côtières marines. L’étude considère en outre les eaux non conventionnelles, surtout les eaux usées traitées qui sont réutilisées pour l’irrigation des terres agricoles. En particulier, l’étude essaye d’évaluer les impacts de la salinisation, de la contamination de l’eau, et de la sédimentation des réservoirs sur tous les usages de l’eau dans la limite des données disponibles. Cependant, comme déjà noté, la dégradation de l'eau en Tunisie est largement liée à la rareté de la ressource. Il est donc souvent difficile de séparer nettement les coûts liés à la dégradation de la qualité de l’eau du fait de la surexploitation de ceux liés à la rareté de l’offre par rapport à la demande. De la même façon, certaines eaux sont de qualité médiocre pour des raisons naturelles; par exemple, les eaux dans le sud de la Tunisie sont plutôt saumâtres. Par contre, certaines eaux de surface ont des qualités dégradées à cause des rejets industriels. La contamination chimique et bactériologique de l’eau est le plus souvent due aux activités humaines. Ce rapport examine uniquement les coûts de la dégradation due aux causes anthropiques, dans la limite des données disponibles. L'évaluation emploiera les données disponibles les plus récentes et se réfèrera à 2004 comme année de base. Les calculs de chaque coût de dommage sont exprimés aussi bien en Dinars Tunisiens (DT) qu’en pourcentage du PIB. 1.4. Préparation de l’étude L’étude a démarré en septembre 2005 suite aux discussions et consultations avec les autorités tunisiennes. Une équipe d'experts nationaux a entrepris la collecte des données et une partie importante de l'analyse économique.

La collecte des données a commencé par un examen exhaustif de la littérature disponible et d’autres documents pertinents sur la dégradation de l'eau. Les évaluations se basent sur les données locales existantes. Dans certains cas, où les informations ne sont pas disponibles, une extrapolation de données d’études régionales (benefits transfer) ou un jugement d’experts (expert opinion) est appliqué. Le reste de ce rapport présente une analyse détaillée du processus d'évaluation et les résultats obtenus. Le Chapitre 2 fournit une vue d'ensemble sur les méthodes et techniques utilisées pour l'évaluation des impacts. Les Chapitres 3-7 estiment les impacts de la dégradation de l’eau sur l'agriculture, la pêche, l'utilisation domestique, l’hygiène et la santé, le tourisme et la biodiversité. Le Chapitre 8 estime les coûts associés à la surexploitation des eaux souterraines. Le Chapitre 9 conclut sur l'importance et l’ordre de grandeur des divers coûts de dégradation estimés. Les résultats devraient permettre d’attirer l’attention des décideurs et des autorités gouvernementales sur les coûts sociaux et l’impact budgétaire résultant de la dégradation de l’eau.

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2. LE CADRE METHODOLOGIQUE Le large éventail de coûts de dégradation liés à l'eau représente un défi pour l'analyse. Un cadre méthodologique exhaustif est nécessaire pour s'assurer que ces coûts soient considérés d’une façon systématique et cohérente. Puisque le processus d’évaluation est souvent problématique, on doit souligner tout d’abord que les résultats finaux expriment des ordres de grandeur plutôt que des estimations précises. Ce chapitre décrit le cadre méthodologique utilisé pour l'évaluation, en particulier le contexte, l’approche et les méthodes appliquées pour estimer les coûts de dégradation de l’eau. 2.1. Le contexte d’évaluation La dégradation environnementale est souvent un résultat de la mise en œuvre des politiques et de la gestion actuelle dans un pays. Par exemple, l’application d’une politique de développement industriel peut avoir l’avantage économique de la création de nouvelles usines, mais peut aussi augmenter la pollution de l’eau par un déversement accru d’eaux usées industrielles. Par ailleurs, la dégradation de l’eau durant une année se traduit par une réduction des flux de services produits par la ressource dégradée, disponibilité réduite de l’eau potable ou diminution de la valeur récréative des zones côtières, par exemple. L’objectif de cette étude est l’estimation des changements annuels des flux de services de l’eau causés par l’application des politiques actuelles au niveau national. La figure 2.1 représente ce résultat par la différence entre les deux premières colonnes. Il est important de noter que les coûts de dégradation indiquent seulement l’importance des dégâts et donc la nécessité éventuelle d’engager des actions d’amélioration de la qualité de l’environnement. Ils ne fournissent aucune information sur le choix des interventions, ou sur leur rentabilité au niveau social. En effet, la rentabilité des interventions doit être mesurée en comparant leurs bénéfices à leurs coûts et non par rapport aux coûts de la dégradation.

Cette différence est illustrée par la troisième colonne de la Figure 2.1. Les bénéfices et les coûts liés aux interventions ne font pas l’objet de cette étude. Figure 2.1. Les coûts de dégradation et les bénéfices nets d’intervention

Source: Pagiola et al. (2004) 2.2. Qu’est-ce que nous évaluons? Ce rapport évalue la dégradation des eaux de surface, souterraines et côtières à l’échelle nationale en Tunisie. Les problèmes liés à la qualité de l’eau (salinité, contamination) ont des impacts négatifs non seulement sur l’activité économique, mais également sur la santé et la qualité de vie de la population. On peut donc affirmer que le coût de la dégradation de l'eau est une mesure de la perte de bien-être d'une nation. Cela inclut des pertes à trois niveaux:

- social, par exemple, la mort prématurée, la maladie et la souffrance dues aux maladies hydriques

- économique, par exemple, la réduction de la productivité agricole due à l'irrigation avec des eaux salines et la diminution de la production énergétique due à l’envasement des barrages;

- environnemental, par exemple, la réduction de la valeur récréative des lacs et des plages due à la contamination de l'eau.

Estimer le coût de la dégradation environnementale signifie attribuer une valeur monétaire aux conséquences de la dégradation. Cela implique souvent un processus en trois étapes:

2004 À l'avenir sansintervention

À l ' avenir avec intervention

Valeur d'Usage Direct Valeur d ' Usage IndirectValeur de Non-Usage Coût d ' intervention

Coût de dégradation Bénéfice de

l'intervention

Coût de l'intervention

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- l’identification, l’inventaire et la quantification de la dégradation de l'eau (par exemple, le suivi de la qualité de l'eau);

- la quantification des impacts de la dégradation sur les différents usages de l'eau (par exemple, la réduction de la production agricole due à la salinité de l’eau et à l’hydromorphie);

- l’estimation des impacts en termes monétaires (par exemple, en estimant la valeur de la perte de production agricole).

Les évaluations sont exprimées en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Cela permet de comparer ces dernières à d’autres indicateurs économiques nationaux, comme le budget de l’Etat ou la dépense publique en matière d’environnement. Cela permet aussi de comparer leur évolution à long terme. Un coût de la dégradation (en pourcentage du PIB) qui augmente d’année en année indiquerait que la perte de bien-être national croît plus rapidement que le PIB. C’est-à-dire que l’impact négatif de l’activité économique et sociale sur l’environnement croît plus rapidement que la croissance économique. Par contre, un coût de la dégradation dont l’importance en pourcentage du PIB diminue indiquerait que les impacts environnementaux sont en train de diminuer relativement à l’activité économique. 2.3. L'approche L’eau en tant que ressource ou écosystème fournit plusieurs biens et services, comme l’eau d’irrigation, l’eau potable, le maintien de l'habitat aquatique et de la biodiversité. La somme de tous ces types de valeurs s’appelle la Valeur Economique Totale (VET). Le concept de VET a été beaucoup analysé pendant les dernières années (Pearce and Moran, 1994 ; Goulder and Kennedy, 1997 ; Farber et al., 2002, etc.) et utilisé pour estimer la valeur des écosystèmes divers, tels que les zones humides (Turner et al., 2000) et les forêts (Merlo and Croitoru, 2005). La VET comprend trois composantes principales:

- la valeur d’usage direct, qui découle de l’utilisation directe de la ressource, par exemple l’utilisation de l’eau potable ou de l’eau d’irrigation;

- la valeur d’usage indirect, liée aux services fournis par la ressource;

- la valeur de non usage, qui est attribuée aux autres espèces ou habitats indépendamment de la possibilité de les utiliser, telle que la conservation de la biodiversité.

L’évaluation de la dégradation de l’eau concerne tant les valeurs d’usage direct et indirect que du non usage de l’eau. En particulier, la dégradation de l’eau engendre des impacts sur :

- les valeurs d’usage direct: pertes dans l’agriculture irriguée, la pêche, la santé et le tourisme ;

- les valeurs d’usage indirect: déclin du prix des terrains urbains avoisinant le littoral pollué;

- les valeurs de non usage: perte de la biodiversité aquatique.

Tableau 2.1. Impacts de la dégradation de l’eau et méthodes d’évaluation

Types de valeur

affectée

Les impacts principaux

La méthode employée

Impacts sur l’agriculture irriguée

- De la salinité et de l’hydromorphie

Changement de la productivité

- De la pollution de l’eau usée insuffisamment traitée

Changement de la productivité

- De l’envasement des barrages

Coût de remplacement

Changement de la productivité

Impacts sur la pêche Changement de la productivité

Impacts sur la santé - Diarrhée DALY (mortalité,

morbidité) Coût de traitement Coût d’opportunité

- Fièvre typhoïde DALY (morbidité) Coût de traitement

- Hépatite DALY (morbidité)

Valeur d’usage directe

Impacts sur la valeur touristique

Coût additionnel du déplacement

Valeur de non usage

Impacts sur la biodiversité - Dégradation des zones humides

Coût de remplacement

Toutes les compo-

santes de la VET

Surexploitation des eaux souterraines

Coût de remplacement

Outre la dégradation, la rareté de l’eau représente la cause principale de la surexploitation et conséquemment, du rabattement des nappes

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souterraines. Cela affecte toutes les composantes de la VET. Etant donné que la plupart des eaux souterraines sont destinées à l’agriculture irriguée, on peut affirmer que la surexploitation des eaux souterraines affecte surtout la valeur d’usage direct. Le Tableau 2.1 présente synthétiquement certains des impacts et les méthodes employées dans cette étude pour les évaluer. 2.4. Les méthodes La littérature économique environnementale fournit une riche sélection de méthodes et techniques pour estimer les composantes de la VET d’un écosystème, par exemple Braden et Kolstad, 1991; Winpenny, 1991; Dixon et al., 1994 et OCDE, 1995. Tandis que ces publications offrent une description détaillée de chaque méthode d’évaluation, la Banque Mondiale (2005a) présente une méthodologie exhaustive pour estimer les coûts de la dégradation environnementale. Les méthodes d’évaluation varient des approches basées sur le prix de marché à celles basées sur la courbe de la demande et à d'autres encore. Malgré la gamme riche de méthodes disponibles, leur application est souvent problématique. Tout d’abord, la précision du résultat final diminue quand l’ampleur de l’analyse augmente. Les évaluations à l’échelle nationale sont donc habituellement plus grossières que celles qui pourraient être obtenues à un niveau local ou à celui d’un projet. Par ailleurs, dans certains cas, le manque de données nécessaires à l’estimation impose l’utilisation de proxies, qui rendent les évaluations bien plus approximatives ou partielles. Dans d'autres cas, il n’y a même pas de proxies disponibles, ce qui empêche complètement l’évaluation de certains impacts. Par conséquent, il est important de souligner que les résultats finaux expriment des ‘ordres de grandeur’, qui sont souvent sujets à des sous-estimations. Les impacts sur l'agriculture irriguée. Nous estimons les impacts sur l'agriculture irriguée de la salinité, de l'hydromorphie, de la réutilisation de l'eau usée insuffisamment traitée en employant la méthode du changement de productivité. Cette approche estime la conséquence d'une pression (pollution de l'eau) à

travers la réduction de la productivité (de l'agriculture irriguée). Par ailleurs, nous évaluons l'impact de l'envasement des barrages à travers le calcul du coût de remplacement. Cette approche considère les coûts additionnels liés au besoin de construire de nouveaux barrages et/ou de surélever des barrages existants pour remplacer la capacité perdue par l’envasement. Les impacts sur la pêche. D’une manière similaire, nous estimons les impacts sur la pêche à travers la méthode du changement de productivité. Dans ce cas, nous comparons la production halieutique dans les zones côtières les plus polluées avec celle réalisée dans des zones non polluées. Nous attribuons une partie de la différence (le manque à gagner) à la pollution de l’eau. Les impacts sur la santé. L’évaluation concerne les maladies d’origine hydrique: la diarrhée, l’hépatite et la fièvre typhoïde qui sont causées par la dégradation bactériologique de l’eau. Dans les trois cas, nous estimons les coûts sociaux dus à la mortalité et à la morbidité en utilisant la méthode des Disability Adjustment Life Years (DALY) (Mathers et al., 2004; WHO, 2006). Cette méthode essaye de donner une valeur commune aux maladies et aux morts prématurées causées par la dégradation environnementale en termes d’années de vie corrigée du facteur invalidité13 (DALY). Il y a deux approches pour l’évaluation du DALY :

- l’Approche du Capital Humain (Human Capital Approach) considère que la valeur économique d’une année perdue à cause d’une maladie ou d’une mort prématurée est équivalente à la valeur productive de cette année, ou PIB/capita. Cette méthode fournit une limite inférieure à la valeur du DALY;

- la Valeur d'une Vie Statistique (Value of a Statistical Life) mesure la Disposition à Payer pour éviter la mort – ou la Disposition à Accepter une compensation pour un risque supérieur relatif à la santé, en observant le

13 Une maladie légère représente une petite fraction d’un DALY, alors qu’une maladie plus sévère représente une fraction importante d’un DALY. Une année perdue à cause d’une mort prématurée représente un DALY, les années futures perdues sont actualisées à un taux d’escompte fixe. La mort de chaque enfant représente environ 35 DALY.

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comportement individuel. Cette méthode fournit la limite supérieure de la valeur monétaire des dommages ayant trait à la santé (Encart 1).

La société supporte également des coûts directs liés à la maladie. L'approche utilisée estime les coûts de traitement et de soin, en considérant les coûts effectivement payés (médicaments, consultations médicales, hospitalisation) imputables aux cas de morbidité aussi bien que les coûts d’opportunité du temps passé par la famille auprès des enfants malades. Les impacts sur la valeur touristique. Nous estimons la perte de la valeur touristique d’une zone côtière polluée sur la base des coûts additionnels payés pour le déplacement vers d’autres zones côtières plus propres. En d’autres termes, nous considérons que les frais de transport et de séjour effectivement payés par les visiteurs sont une mesure de la Disposition à Payer pour une amélioration de la valeur touristique des zones côtières polluées. Les impacts sur la biodiversité. Nous n’avons pas trouvé d’études utilisant des méthodes de préférences exprimées (par exemple, la Méthode d’Evaluation Contingente) pour estimer les valeurs de non usage des écosystèmes aquatiques en Tunisie. A défaut, nous estimons la perte de la biodiversité due à la pollution de l’eau à travers les coûts annuels de remplacement (restauration) de l’environnement des zones humides et marines dégradées. La surexploitation des eaux souterraines. La surexploitation des eaux souterraines provoque un rabattement significatif des nappes. Nous estimons le coût de la surexploitation à travers le coût de pompage supplémentaire correspondant au rabattement et le coût d’approfondissement ou de remplacement des puits concernés. Encart 1. La Valeur d’une Vie Statistique Les actions et les décisions journalières impliquent souvent l’évaluation des risques pour la santé. Par exemple, en acceptant une offre de travail, nous évaluons implicitement toutes ses caractéristiques comme le salaire, les opportunités du développement professionnel, l’ambiance de travail, et le risque pour la santé que le travail pourrait comporter. Il est beaucoup plus risqué de travailler comme chauffeur de camion pour une compagnie produisant des

explosifs que comme fleuriste. Les emplois qui comportent des risques pour la santé offrent souvent des compensations, par exemple un salaire plus haut. En examinant ces évaluations implicites, nous pouvons déduire la valeur que donnent les gens à un risque pour la santé et calculer la Valeur d’une Vie Statistique (VVS). L’estimation de la VVS a été l’objet de nombreuses études dans le monde entier. La plupart de ces études se concentrent dans les pays développés tels que les USA (ex. : Lott and Manning, 2000; Leigh, 1995; Moore and Viscusi, 1990), le Royaume Uni (Sandy et al., 2001; Arabsheibani and Marin, 2000; Sandy and Elliot, 1996), le Canada (Meng and Smith, 1999), l’Espagne (Riera et al., 2006). Plusieurs études ont été récemment publiées aussi dans les pays en voie de développement, par exemple au Liban (El-Fadhel et al., 2003), en Inde (Shanmugam, 2001), et en Corée du Sud (Kim and Fishback, 1993). Viscusi et Aldy (2003) présentent une évaluation exhaustive de plus de 60 études qui évaluent le risque de mort dans dix pays. La plupart d’entre eux emploie la méthode des prix hédoniques (hedonic prices), avec des données puisées dans les marchés du travail, des produits, ou de l’immobilier. Certains résultats sont particulièrement intéressants: - Environ 30 études utilisent les différences de salaires aux USA. Dans la plupart des cas, la VVS retombe entre 3,8 et 9,0 millions $EU (prix de l’année 2000), avec une valeur moyenne d’environ 7 millions $EU. - Environ 11 études utilisent des données de prix de produits ou de prix immobiliers aux USA (utilisation des ceintures de sécurité, cigarettes, prix des maisons, détecteurs de fumée domestiques, etc.). La VVS implicite est du même ordre de grandeur que dans les études de salaires, mais un peu plus basse; - Environ 23 études utilisent des données de différences de salaires dans d’autres pays14. Bien que la VVS varie beaucoup d’un pays à l’autre – et parfois d’une étude à l’autre dans le même pays – elle est généralement du même ordre de grandeur qu’aux USA. Aucune évaluation de la VVS n’a été conduite en Tunisie, à notre connaissance. Cependant, la meta-analyse de Viscusi et Aldy (2003) suggère une VVS comprise entre 5,5 et 7,6 millions $EU (en prix de l’an 2000). Transférée à la Tunisie et corrigée pour tenir compte de la différence du niveau de vie et de l’inflation, cette valeur devient d’environ 460.000 $EU (~ 575.000 DT). Appliquée sur un horizon de 25 ans15, cette VVS nous donne une valeur du DALY d’environ 19.100 $EU (~ 24.000 DT). 14 Australie, Autriche, Canada, Japon, Royaume-Uni, Hong Kong, Inde, Corée du Sud et Taiwan. 15 Voir plus bas.

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2.5. Considérations générales La dégradation de l’eau produit des impacts durant l’année en cours et durant les années à venir. Par exemple, l’envasement d’un barrage qui a lieu pendant 2004 réduit la disponibilité de l’eau d’irrigation non seulement en 2004, mais aussi durant les années suivantes. L’étude se propose de calculer la Valeur Actualisée Présente de tous les impacts présents et futurs causés par la dégradation qui se manifeste au cours de 2004. Nous calculons cette valeur en considérant un horizon temporel de 25 ans et un taux d’escompte de 4%. L'horizon de temps choisi représente la durée moyenne d’une génération, en supposant qu’une personne d’âge moyen pourra bénéficier des valeurs environnementales pour encore 25 années, jusqu'à sa mort. Le taux d'escompte devrait refléter le Taux de Rendement Social (Social Rate of Return) sur les investissements. Les évaluations des pays industriels généralement varient entre 2 et 4%. En Tunisie, ce taux est vraisemblablement plus haut et le rapport utilise une valeur conservatrice de 4%. Les évaluations se basent sur les données disponibles en Tunisie. On considère que les données publiées par les sources locales sont généralement plus précises que celles publiées par d'autres sources. Quand aucune donnée locale n’est disponible, nous utilisons parfois le jugement d’experts (expert opinion), à la suite de consultations avec des acteurs environnementaux. Dans d’autres cas, l'étude utilise des informations publiées par des sources internationales, telles que la Banque Mondiale ou la FAO. Dans certains cas, faute d’information, les impacts n’ont donc pas pu être évalués. Ainsi, globalement, les résultats obtenus tendent à sous-estimer les coûts réels de la dégradation.

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3. L’AGRICULTURE IRRIGUEE Le secteur irrigué16 est le plus important consommateur d’eau en Tunisie, avec 83% du volume total mobilisé. La superficie allouée à l’irrigation est passée de 50.000 ha en 1960 à 375.000 ha en 2004, une augmentation moyenne de 7.400 ha/an. Bien que l’agriculture irriguée représente seulement 7% de la surface agricole utile (en 2004), elle contribue à hauteur de 31% de la production agricole nationale. En 2010, le secteur irrigué pourrait produire 50% de la valeur de la production agricole. Le Tableau 3.1 montre les indicateurs principaux relatifs à l’agriculture irriguée. On peut noter que les maraîchages et l’arboriculture constituent les cultures les plus importantes en couvrant 67% de la superficie totale et plus de 80% de la valeur totale de la production. La superficie englobe les grands périmètres irrigués à partir des grands barrages ainsi que les petits périmètres à partir des puits et forages, de l'épandage des eaux de crues et des stations d'épuration. La répartition des superficies irriguées par source d’alimentation est la suivante:

- 38% par les puits de surface; - 34% par les barrages; - 22% par les forages; - 4% par les oueds; - 2% par les eaux usées traitées.

Nous tenons à distinguer entre la salinité naturelle due à l’interférence entre l’eau et le milieu dans lequel elle circule de la salinisation qui est le résultat d’une utilisation inappropriée de l’eau. En effet, l’irrigation avec une eau chargée en sel devrait être pratiquée avec beaucoup de précaution. Toute utilisation de ce type de ressource, qui ne conçoit pas un réseau de drainage adéquat et surtout ne prévoit pas un lessivage fréquent des sols irrigués, conduirait à une salinisation progressive et provoquerait une baisse sensible de la productivité agricole et même une perte irréversible de sols fertiles.

16 Les premiers deux paragraphes de cette section se basent sur des informations publiées par Lebdi (2005).

De même, il faudrait distinguer entre l’envasement normal, prévu par le planificateur, et pris en considération dans la gestion du barrage, et l’envasement résultant du déboisement du bassin versant ou de l’absence de mise en œuvre des mesures d’accompagnement prévues pour la protection de la retenue. Dans cette étude, nous évaluerons les dommages provoqués par une pratique inappropriée de l’irrigation avec une eau naturellement chargée en sel, la réutilisation de l’eau usée insuffisamment traitée et l’envasement résultant d’un mauvais entretien des bassins versants17. 3.1. Impacts de la salinité et de l’hydromorphie sur l’agriculture irriguée Nous tenons d’emblée à noter que l’objectif de cette étude n’est pas de faire le tour de la question de la salinité, qui constitue par ailleurs un des problèmes majeurs de la Tunisie dont les ressources en eaux, aussi bien de surface que souterraines, se caractérisent par des teneurs en sel souvent élevées. L’étude que vient de mener le Ministère de l’Agriculture (DGACTA, 2005b) fait le point d’une manière exhaustive sur cette question importante. Les statistiques nationales ne fournissent pas de données suffisantes pour établir un rapport direct entre la salinité de l’eau d’irrigation, l’hydromorphie, et l’agriculture irriguée au niveau national. La seule étude qui, à notre connaissance, analyse les impacts de ces facteurs

17 Nous ne tenons pas compte dans cette évaluation des eaux d’irrigation gaspillées dans l'agriculture, et qui sont de l'ordre de 30 % (chiffre fourni par plusieurs études du Ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques) soit par manque d'entretien des installations, soit à cause des systèmes d'irrigation traditionnels. La non-conservation de la ressource, due au manque d’entretien des installations et le recours aux systèmes d’irrigation traditionnels, n’est pas un gaspillage lorsque la ressource était relativement abondante. En effet, le gaspillage n’apparaît qu’une fois que le coût de mobilisation d’une nouvelle offre pour faire face à une demande croissante dépasse celui de promouvoir une politique de conservation par la lutte contre les fuites et le recours aux techniques d’irrigation modernes.

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sur la productivité agricole est celle de Mhiri et Bousnina (1999), sur laquelle nous nous sommes basés pour notre évaluation. Ces deux auteurs distinguent sept grandes régions du pays : Kroumirie-Mogods, Tell Central, Tell Inférieur, la Dorsale, la Dorsale Occidentale, le Centre et le Sud et quantifie la perte de la productivité agricole en tenant compte des caractéristiques du sol, des précipitations et des systèmes de production appliqués dans chacune de ces régions. L’analyse distingue les impacts à court terme (généralement, les effets qui se limitent à l’année d’irrigation) et ceux à long terme (ou irréversibles). Selon cette étude, les impacts des pratiques actuelles18 d’irrigation provoquent la perte d’une superficie équivalente à plus de 1% de la superficie agricole irriguée, dont 20% représenteraient une perte irréversible. Il ne s’agit pas ici de perte réelle de surface irriguée que nous pouvons identifier dans l’espace. La perte est en termes de production, c’est-à-dire que lorsque la salinisation du sol augmente, suite à une irrigation inappropriée avec des eaux chargées, sa productivité baisse. L’évaluation de cette baisse se calcule en perte en ‘équivalent hectare’, c’est-à-dire qu’une superficie irriguée est présumée perdue. D’une manière explicite, il ne s’agit pas de perte de sol ; nous avons plutôt affaire à une baisse de productivité des sols qui se traduit par une perte de rendement par hectare irrigué. Le Tableau 3.2 montre les résultats de cette analyse, actualisés selon le taux d’extension de la superficie irriguée pendant la période 1999-2004. Globalement, la salinité et l’hydromorphie induisent des pertes annuelles de 3.750 équivalents ha, dont 750 ha sont irrémédiablement perdus. En utilisant comme valeur ajoutée de la production agricole irriguée 2.700 DT/ha en 2004 (Ministère de l’Agriculture, 2005a et b), les pertes agricoles à court terme s’élèvent à 8,1 millions DT. De plus, la Valeur Actualisée Présente des coûts relatifs aux terres irrémédiablement perdues s’élève à 31,6 millions DT (r = 4%, t = 25 ans). Globalement, le dommage annuel dû à la salinité et à l’hydromorphie s’élèverait donc à environ 40 millions DT en 2004. 18 Le manque de drainage et de lessivage appropriés contribue à l’augmentation de la salinisation des sols.

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Tableau 3.1. Indicateurs spécifiques pour l’agriculture irriguéeCultures

principales Superficie

(ha) % de la superficie

irriguée % de la valeur totale de la production agricole dans

les périmètres irrigués

% de la production nationale de chaque culture

Maraîchages 124.000 33 35 82

Arboriculture 127.000 34 47 47

Céréales 49.000 13 7 14

Fourrages 37.500 10 10 8

Autres 37.500 10 1 5

Total 375.000 100 100 -

Source : d’après Lebdi, 2005, p. 10. Tableau 3.2. Superficie irriguée perdue annuellement à cause de la salinité et de l’hydromorphie

Zones Superficie irriguée

(ha)

Superficie irriguée perdue par salinisation

et hydromorphie (équivalent ha/an)

Superficie perdue définitivement par

salinisation et hydromorphie

(équivalent ha/an)

Système de production

Kroumirie-Mogods 3.530 35 7 Grandes exploitations Le Tell Central 65.484 655 131 Grandes exploitations Tell inferieur 97.374 974 195 Grandes et moyennes

exploitations La Dorsale 42.114 421 84 Exploitations La Dorsale Occidentale

16.797 168 34 Grandes exploitations

Le Centre 112.917 1.129 226 Arboriculture, maraîchage et élevage bovin,

système intensif Le Sud 36.783 368 74 Oasis continentales et

littorales Total superficie 375.000 3.750 750 Source: Mhiri et Bousnina, 1999; les données originales concernant la superficie irriguée (qui se référent à 1999) ont été actualisées selon le taux d’extension des terres irriguées pendant la période 1999-2004. Tableau 3.3. Envasement des barrages par unités hydrologiques Capacité

initiale (millions m3)

Envasement (millions m3)

Envasement annuel

(millions m3)

Taux de comblement/

capacité (%)

Taux de comblement

annuel/ capacité (%)

Bassin de Medjerda

1.424 280 10 19,7 0,7

Bassin Ichkeul 142 6 0,4 4,5 0,3 Centre 443 99 5,4 22,3 1,2 Cap Bon 51 3 0,2 5,5 0,3 Total/Moyenne pondérée

2.060 389 16 18,9 0,8

Source: DGACTA, 2005a. p.6. Données publiées par DG/ETH en 2001 Les données ont été arrondies

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3.2. Impacts de l’eau usée insuffisamment traitée sur l’agriculture irriguée La valorisation des eaux usées traitées est la principale forme de mobilisation des ressources en eau non conventionnelles en Tunisie. Elle contribue en outre à l’amélioration de la qualité des plages et des autres milieux récepteurs. L’expérience acquise par la Tunisie dans la réutilisation des eaux usées traitées remonte aux années 60. Plusieurs atouts expliquent les résultats impressionnants obtenus dans ce domaine : l’importante infrastructure de traitement des eaux usées, le ratio d’eaux traitées qui représente 97% des volumes d’eaux usées collectés, les cadres réglementaire, normatif et institutionnel qui ont été mis en place mais aussi la volonté de limiter les impacts environnementaux des effluents épurés. Cependant, de nombreuses contraintes entravent le développement de la valorisation dont le taux est encore largement tributaire des aléas climatiques. En outre, plus de 60% des quantités d’eaux traitées sont produites dans le nord du pays là où les ressources en eaux conventionnelles sont le plus disponibles et là où la pluviométrie est la plus favorable. Cette répartition géographique n’a certainement pas favorisé le développement de la réutilisation des eaux usées traitées. Le traitement des eaux usées est réalisé au niveau secondaire, si bien que la réutilisation reste limitée à l’irrigation d’une liste restrictive de cultures définie par la réglementation. Il s’agit principalement de cultures industrielles, céréalières et fourragères ainsi que d’arbres fruitiers et forestiers. Cette restriction est un autre facteur limitant la valorisation. Avec un volume de 35 millions de m3 (65% du total) en 2004 (MARH, 2004), la réutilisation agricole est incontestablement la forme dominante de valorisation des eaux usées traitées. En 2004, elle a concerné l’irrigation de 7.440 ha de terres agricoles, l’arrosage de 959 ha de parcs naturels, de 760 ha de terrains de golf, et de 82 ha de jardins d’hôtels. Il est prévu que la superficie irriguée avec des eaux traitées s’élèvera à plus de 9.000 ha en 2011.

L’ONAS a cumulé une longue expérience en matière d’exploitation de stations d’épuration. Ainsi, pour l’année 2004, les 71 stations d’épuration ont eu un rendement épuratoire global de 88%19. Cependant, selon l’ONAS (2004), la qualité moyenne des eaux épurées n’a pas respecté la norme dans 25 stations d'épuration20 sur les 78 en service. Il en résulte une mauvaise qualité des eaux usées traitées qui peut compromettre leur réutilisation dans l’agriculture et affecter les milieux récepteurs ainsi que les ressources en eaux souterraines et de surface. Par exemple, il a été signalé que suite à la mauvaise qualité de l’eau, l’irrigation à partir des eaux usées traitées a été suspendue dans le périmètre de Moknine (104 ha). Cette section estime la perte de la productivité agricole causée par l’irrigation avec des eaux usées traitées de mauvaise qualité21. Parmi les 7.440 ha (19 périmètres) qui utilisent les eaux traitées, 6.066 ha utilisent de l’eau insuffisamment traitée (ONAS, 2004; Ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, 2004). Les périmètres de Borj Touil (3,800 ha) et de Mornag (1,000 ha) représentent 80% de la superficie irriguée par l’eau insuffisamment traitée. Une étude effectuée par le Ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques (MARH, 2005a) montre que la perte de la production agricole due à la qualité de l’eau traitée à Borj Touil s’élève à 3,2 millions DT22, ce qui donne une perte moyenne de 850 DT/ha. Une étude similaire (MARH, 2005b) quantifie la perte dans le périmètre de Mornag à 1,4 million DT, ou 1.300DT/ha.

19 Le rendement épuratoire représente le pourcentage de DBO5 éliminé. 20 La DBO5 à la sortie est supérieure à la norme NT 106.002 21 Les eaux usées traitées non réutilisées et rejetées dans le milieu naturel pourraient provoquer une dégradation du milieu récepteur surtout dans les zones côtières, et plus particulièrement dans le Golf de Tunis. L’impact de ces rejets sur le tourisme a été intégré dans le Chapitre 6. 22 En d’autres termes, si le périmètre avait été irrigué par de l’eau usée convenablement traitée, la production agricole aurait augmentée de 3,2 millions DT.

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Les valeurs unitaires (DT/ha) pour les deux périmètres conduisent à une évaluation moyenne de 950 DT/ha. Nous utilisons cette valeur pour estimer la perte de la productivité dans les autres périmètres irrigués avec des eaux usées traitées qui ne sont pas abandonnés (1050 ha, si le périmètre de Moknine n’est pas considéré). Il en résulte un dommage de 1 million DT dans ces périmètres. Si on ajoute les résultats obtenus pour Borj Touil, Mornag et les autres périmètres irrigués avec des eaux usées traitées, on obtient un dommage total de 5,7 million DT. Cette perte n’est pas due seulement à la mauvaise qualité des eaux épurées, mais notamment à un manque de drainage et aux pratiques culturales (monoculture, absence d’assolements, etc.). Pour estimer la contribution de la pollution de l’eau à la perte totale, il faudrait s’appuyer sur une étude de diagnostic qui analyse l’impact de chaque facteur sur la production agricole de chaque périmètre irrigué avec des eaux usées traitées. À notre connaissance, aucune étude de ce type n’a été effectuée. Faute d’informations plus détaillées, nous pouvons considérer que la surpollution de l’eau contribue seulement à hauteur de 30% de la perte totale. Par conséquent, la perte totale de la productivité agricole due à la mauvaise qualité de l’eau usée traitée atteindrait environ 1,7 million DT par an. On doit noter que cette valeur est sous-estimée, car elle ne tient pas compte de la perte sur le périmètre irrigué de Moknine qui a été abandonné à cause de la mauvaise qualité de l’eau usée traitée. De même que cette étude ne tient pas compte de l’impact sanitaire des eaux usées insuffisamment traitées sur la santé, notamment de la population dans les périmètres irrigués et dans les zones avoisinantes, qui est la plus exposée. 3.3. Impacts de l’envasement des barrages sur l’agriculture irriguée Une étude de suivi de l’envasement des 17 principaux barrages répartis du nord au sud (DG/ETH, 2003) indique que l’envasement constitue une perte annuelle de 16 millions de m3 en 2001, ce qui représente 0,8% de la capacité initiale (Tableau 3.3). Il convient de noter que les pertes annuelles dans le bassin Ichkeul et le

Cap Bon sont faibles, grâce à l’importance de la couverture végétale, au relief assez régulier et à la nature du terrain qui réduisent le risque d’érosion. Une seconde étude sur les prévisions de l’envasement pour l’ensemble des 26 barrages en exploitation en 2002 (Ministère de l’Agriculture, 2003) montre que leur capacité de stockage accusera une diminution progressive (en raison de l’augmentation de la quantité de sédiments qui passera de 450 millions m3 en 2002 à 800 millions de m3 en 2020), soit une perte moyenne annuelle de 19,4 millions de m3/an. L’envasement des barrages peut avoir des impacts en termes de:

a. coûts additionnels pour remplacer la capacité de stockage perdue par l’envasement, ou:

b. diminution de la production agricole causée par une quantité réduite d'eau disponible pour l’irrigation.

a. Coût de remplacement Différents procédés ont été adoptés ou prévus pour prévenir ou réduire l’envasement dans les retenues :

- Le traitement anti-érosif est considéré comme le meilleur moyen de limiter l’arrivée des sédiments jusqu’aux retenues. Afin de réduire la sédimentation des barrages, un projet de protection des barrages a été programmé par la DG/ACTA durant la période 2002-2011, avec un budget total de 300 millions DT, soit 30 millions DT/an. Il comporte des actions d’aménagement de bassins versants (350.000 ha), la protection des terres à céréales (100.000 ha), l’installation de lacs collinaires et l’équipement des oueds.

- La vidange de fond. Il s’agit du soutirage des vases par l’utilisation des ouvrages de dévasement et de vidange équipés de vannes de chasse et de vidange (Abdelhedi, 2001). Le rôle de la gestion des stocks d’eau dans l’accélération de l’envasement a été souligné car l’évacuation d’eau limitée lors des petites à moyennes crues accroît le dépôt des sédiments.

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- La surélévation des barrages; ce procédé a été appliqué au barrage de Sidi Salem. Il a entraîné une augmentation de la capacité de 264 millions de m3 pour un coût de 1,4 millions DT en 1999, soit un coût moyen très faible de 0,005 DT/m3. Le coût de remplacement de la capacité perdue du fait de la quantité annuelle d’envasement (6,34 millions m3) est ainsi de 32.000DT/an. Cependant, cette solution n’est pas toujours possible et entraîne l’accélération de l’alluvionnement.

- Le dragage des dépôts de la retenue. C’est une solution envisageable, mais jugée onéreuse, et pose le problème du choix de la zone de décharge.

- La construction de barrage de remplacement. Cette solution est envisagée pour le barrage Mellègue. L’étude du projet de construction est en cours.

En l’absence d’informations sur le coût de construction de barrage de remplacement, le coût de construction de nouveaux barrages en 2005-2006 peut nous donner une estimation des coûts (Tableau 3.4). Ce coût varie de 0,566 DT/m3 à 1,884 DT/m3, avec une moyenne de 1,24 DT/m3. Tableau 3.4. Coût de construction de nouveaux barrages

Nom du barrage

Capacité (millions

m3)

Coût (millions

DT)

Coût unitaire (DT/m3)

Harka 30 17 0,566

Serrat 21 31 1,476 Moula 26 49 1,884 Sficifa 7 10,5 1,500 Gamgoum 18 19 1,050 Source: DGETH, communication personnelle, 2006 En utilisant les coûts correspondant à la surélévation du barrage de Sidi-Salem d’une part et à la construction de nouveaux barrages d’autre part, le coût de remplacement a été estimé à 16,3 millions DT (a) en 2004 (Tableau 3.5).

Tableau 3.5. Coût de remplacement lié à l’envasement des barrages

Capacité (millions

m3/an)

Coût (DT/ m3)

Coût total (millions DT/an)

Surélévation du barrage de Sidi-Salem

6,34 0,005 0,032

Construction de nouveaux barrages

13,1 1,24 16,24

Dragage non préconisé

très élevé

Coût total de remplacement

19,44 0,84 16,28

Coût consenti pour la protection des barrages contre l'envasement

30

Sources : DGETH, 2003; MARH, 2003 b. Diminution de la production agricole Le non remplacement de la perte de capacité des barrages due à l’envasement peut conduire à une réduction de la disponibilité en eau pour les usagers. Puisque l’agriculture est un important consommateur d’eau de barrages en Tunisie, cette section estime l’impact de leur envasement sur l’agriculture irriguée. En 2004, 409 millions de m3 d’eau de barrages furent alloués pour l’irrigation intensive d’environ 85.500 ha (Ministère de l’Agriculture, 2005a), soit un volume unitaire de 4.800 m3/ha. Nous supposons que la réduction de la disponibilité en eau entraîne une diminution de la superficie irriguée. Dans ce cas, l’envasement annuel des barrages (19 millions m3) correspondrait à une réduction de la superficie irriguée d’environ 4.000 ha. Tous les autres facteurs restant constants (types de cultures, climat, etc.), la perte agricole sur cette superficie peut être chiffrée en utilisant la différence de la valeur ajoutée entre l’agriculture irriguée et celle non irriguée, à savoir 1.900 DT/ha (selon le Ministère de l’Agriculture, 2005a et b). Il en résulte un dommage total de 7,6 millions DT par an. On doit aussi considérer que, en l’absence d’investissements pour remplacer la capacité perdue des barrages, l’envasement en 2004 limiterait aussi la disponibilité en eau pour l’irrigation pendant les années de sècheresse

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27

durant la période de 25 ans à venir. En considérant des cycles similaires à ceux de la période 1980-2004 durant laquelle huit années de sècheresse ont été observées23, la Valeur Actualisée de la perte agricole due à l’envasement en 2004 s’élève à 36,6 millions DT (b). Il est important de noter que l’envasement des barrages n’affecte pas la productivité des terres agricoles durant les années pluvieuses et que certains barrages ne sont pas remplaçables. Pour cette raison, on considère que le coût de dégradation varie entre les valeurs (a) et (b), à savoir entre 16,3 et 36,6 millions DT en 2004. Il est important de noter que cette estimation représente une borne minimale des coûts totaux résultant de l’envasement. Outre la capacité de stockage perdue, il y a lieu d’évoquer la diminution importante d’apport sédimentaire à la mer et comme conséquence l’aggravation de l’érosion côtière et la dégradation de la qualité initiale de certaines plages qui perdent de leur attractivité touristique. L’estimation de ces dégâts nécessiterait des données fines qui ne sont actuellement pas disponibles. Par ailleurs, l’envasement pourrait avoir d’autres conséquences environnementales telles que l’engravement des oueds en aval, l’eutrophisation et l’augmentation de la turbidité de l’eau. Toutefois, il convient de noter qu’il n’y a pas eu d’augmentation du coût de production unitaire de l’eau potable entre 2003 et 2004 (SONEDE, communication personnelle, 2007). 3.4. Impacts de la pollution industrielle sur l’agriculture irriguée Selon l’étude PISEAU (Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, 2006), il y a actuellement des rejets industriels divers de l’ordre24 de 426.511 m3 par jour dans les différents milieux récepteurs (oueds et nappes). Il est fort probable que si ces rejets continuent à ce rythme, et surtout s’ils

23 Les années de sècheresse observées sont les suivantes : 1987-1988-1989-1993-1994-1995-2000-2001 (M. Louati, MARH, communication personnelle). 24 La quantité de DCO contenue dans les différents rejets s’élève à environ 80.725 tonnes /année.

progressent, une contamination provoquerait la perte de rendement dans le secteur agricole et occasionnerait des coûts supplémentaires aux autres usages. Cependant, selon la DGRE, la pollution industrielle ne provoque à ce jour aucune dégradation susceptible d’infliger des coûts additionnels aussi bien à l’agriculture pluviale qu’irriguée. Ceci s’explique par le fait que les zones industrielles se trouvent sur le littoral en aval des nappes les plus salées ; et généralement non utilisables pour l’agriculture. Il n’en reste pas moins que la dépollution des sols contaminés par les effluents industriels a un coût très important (décontamination des berges du lac sud de Tunis ou du littoral de Sfax) lorsque la nature de l’occupation du sol est appelée à changer. Globalement, la valeur totale des impacts de la pollution de l’eau et de l’envasement sur l’agriculture irriguée s’élève à 57,7-78,1 millions DT. Le Tableau 3.6 montre que l’impact de la salinité et de l’hydromorphie sur l’agriculture irriguée est le plus important, représentant environ 60% du coût moyen estimé. Tableau 3.6. Impacts de la qualité de l’eau sur l’agriculture irriguée

Type d’impacts Coût total moyen

(millions DT)

Coût total moyen

(%) Salinité et

hydromorphie 39,7 58%

Eau usée insuffisamment traitée

1,7 3%

Envasement des barrages

26,5 39%

Contamination de l’eau (de surface et souterraine)

négligeable Négligeable

Coût total 67,9 100%

Page 33: Tunisie eau 07

28

4. LA PECHE La production halieutique nationale a augmenté de 31% pendant la période 1995-2004, passant de 83.600 t à 109.600 t, grâce à la modernisation et à l’accroissement de la flotte (Commissariat Général de la Pêche, 2005). Cependant, cette tendance n'est pas observée dans tous les gouvernorats du pays. Par exemple, dans les régions de Gabès et de Sfax, la production de pêche a diminué de 35.300 t en 2001 à 31.100 t en 2005, réduisant l’apport à la production nationale de ces régions de 36% à 28% en cinq ans (MARH, 2005c). En Tunisie, il n’y a pas de données qui établissent la relation de cause à effet entre la pollution de l'eau et la diminution de la pêche. La pollution a surtout un impact indirect en détruisant les habitats. Cependant, plusieurs publications considèrent que les zones les plus affectées par la pollution de l’eau sont les deux gouvernorats cités ci-dessus, Gabès et Sfax (SOGREAH, 2002; SCET, 2002; INSTM, 2006). Nous nous concentrons donc sur l’évaluation des pertes annuelles de production de poissons dans ces deux régions. Cette analyse sous-estime l’impact total de la pollution sur la pêche dans la mesure où elle ne tient pas compte des impacts éventuels dans d'autres régions. Pour obtenir une estimation grossière de l'impact de la pollution de l'eau sur la production halieutique, nous comparons la production de pêche dans les zones les plus polluées (ZPP) à celle du ‘reste du pays’ (RDP) (Figure 4.1). On peut noter alors que la production de poissons dans le RDP a augmenté de façon régulière pendant la dernière décennie, alors que la production dans les ZPP a plafonné. La Figure 4.2 montre la production par bateau de pêche pendant la période 1999-2004 (voir l’Annexe III). La production est passée de 7,5 à 12 t/bateau dans le RDP et est restée à environ 8 t/bateau dans les ZPP. Une régression simple indique que si l'évolution de la production dans les ZPP avait suivi la même tendance que pour le RDP, la production dans les ZPP aurait été de 13,6 t/bateau au lieu de 8 t/bateau. Etant donné qu’il y avait 3.900 bateaux de pêche dans les

ZPP en 2004 (MARH, 2005a) et que la valeur du poisson était de 3.100 DT/t (MARH, 2005d), cette différence de production conduit à un manque à gagner annuel de 67 millions DT. Il est cependant important de souligner que la différence de production, et donc le manque à gagner, n’ont pas été causés uniquement par la pollution de l’eau dans les ZPP. D’autres facteurs, tels que les techniques appliquées, le manque d’investissements, etc., peuvent aussi avoir influencé la production. On ne connaît pas la contribution de chaque cause à la différence de production; mais la Banque Mondiale (2005b) montre par exemple que la surexploitation des poissons et l’utilisation d’équipements de pêche inappropriés sont parmi les facteurs les plus importants qui ont causé le déclin de la production de poissons dans le Golfe de Gabès. Si l’on considère que 20 à 30% de la différence de production peuvent être attribués à la pollution (M.S. Romdhane25, Président de la Commission Nationale de Programmation et d’Evaluation des Résultats de Recherche : Pêche & Aquaculture, communication personnelle) le manque à gagner annuel dû à la pollution serait de 13,3 à 20,2 millions DT en 2004. Cette estimation souffre de plusieurs faiblesses. Pour obtenir des résultats plus précis, le dommage à la pêche aurait du être évalué en utilisant des données sur la perte du rendement soutenable maximum selon l’espèce de poisson sur une période de quelques décennies. Malheureusement, ces données ne sont pas disponibles – surtout sur une période si longue - ce qui a contribué à un résultat très faible. Il serait opportun d'engager des projets de recherche pour établir dans le contexte tunisien l'impact des différentes sources de pollution sur la production piscicole.

25 Professeur d’Enseignement Supérieur INAT, coordinateur du Mastère ‘Productions et Ecosystème Aquatiques’, Directeur de l’Unité de recherche ‘Ecosystèmes et Ressources Aquatiques’.

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29

Figure 4.1. Production de pêche dans les ZPP et le RDP

0100002000030000400005000060000700008000090000

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

annees

tonn

es

Gabès + Sfax Reste du pays

Figure 4.2. Production unitaire de pêche dans les ZPP et le RDP en Tunisie

y = -0.2196x + 9.0693

y = 0.7614x + 6.0757

0.0

2.0

4.0

6.0

8.0

10.0

12.0

14.0

1999 2000 2001 2002 2003 2004

tonn

es/b

atea

u

Sfax + Gabès Reste du paysLinear (Sfax + Gabès ) Linear ( Reste du pays)

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30

5. LA SANTE Le manque d’approvisionnement adéquat en eau potable et un assainissement déficient, une mauvaise qualité de l’eau et un manque d’hygiène sont responsables des maladies hydriques qui peuvent être fatales chez les enfants en bas âge (Esrey et al., 1991), surtout dans les pays en voie de développement. En Tunisie, le taux de desserte en eau potable est de 95,6% dans l’ensemble du pays, mais ce niveau cache des inégalités entre le milieu urbain, où il atteint 100% et le milieu rural, où il arrive seulement à 87,5% (SONEDE, 2005)26. Le Ministère de la Santé Publique assure un suivi de la qualité de l’eau distribuée par la SONEDE et la Direction Générale du Génie Rural (DGGR) au niveau des réseaux et des réservoirs (MSP - DHMPE, 2005)27. La qualité de l’eau potable est généralement bonne en milieu urbain, avec un taux de non-conformité aux normes sanitaires de 1,7% pour les réservoirs et de 2,4% pour les réseaux. Cependant, en milieu rural, elle est plutôt moyenne, avec respectivement 10,6% et 17,2%. Les services d’assainissement sont très bien développés dans les zones urbaines, où 82% du volume d’eau consommé est collecté, dont 92% est traité dans les stations d’épuration (ONAS, 2005). Le milieu rural, par contre, n’est pas encore convenablement desservi en systèmes d’assainissement malgré les progrès réalisés en matière de desserte en eau potable, le cadre institutionnel et de recouvrement des coûts n’étant pas encore défini. Cette section estime les impacts des services d’alimentation en eau potable et d’assainissement inadéquats, ainsi que ceux du manque d’hygiène sur la santé, en termes de maladies d’origine hydrique. Selon le Ministère de la Santé Publique, les principales maladies hydriques qui peuvent être liées à ces impacts

26 Toutes les données se réfèrent à l’année 2004. 27 Ce suivi porte sur le chlore résiduel et l’analyse bactériologique et physico-chimique. Il concerne aussi le contrôle des stations de traitement de l’eau potable et des produits chimiques utilisés.

sont les maladies d’origine microbiologique (la diarrhée, l’hépatite A, la fièvre typhoïde), les maladies parasitaires (qui peuvent survenir dans les périmètres irrigués par des eaux usées traitées) ainsi que les maladies cutanées, des yeux et neurologiques (liées à l’excès d’éléments traces dans l’eau). Les données disponibles permettent d’évaluer seulement les impacts de la dégradation de l’eau sur les cas de la diarrhée, l’hépatite A et la fièvre typhoïde. Pour chaque maladie, on cherche à estimer:

- les coûts sociaux dus à la mortalité et à la morbidité, en utilisant la méthode basée sur les Disability Adjustment Life Years (DALY) ; ce concept est expliqué en détail dans le chapitre 2;

- les coûts de traitement et de soin, en considérant les coûts effectivement payés (médicaments, consultations médicales, hospitalisation) imputables aux cas de morbidité aussi bien que les coûts d’opportunité du temps passé par la famille pour traiter les enfants malades.

L’Annexe IV présente en détail les calculs effectués pour chaque maladie. Tandis que les coûts liés à la fièvre typhoïde et à l'hépatite sont négligeables, ceux relatifs à la diarrhée sont importants. Nous décrivons ci-dessous les coûts liés aux maladies diarrhéiques: a. La mortalité chez les enfants de moins de 5 ans Plusieurs publications soutiennent que la diarrhée est l'une des causes principales de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans dans les pays en voie de développement (voir Prűss et al., 2002). Cependant, il est important de noter qu’en Tunisie le taux de mortalité des moins de 5 ans due à la diarrhée a diminué drastiquement pendant les dernières années. Le taux de mortalité de 25 pour mille chez les enfants en 2004 représente moins de la moitié de celui de 1990 et correspond à 4.150 décès (UNICEF, 2004). De plus, le pourcentage des cas dus à la diarrhée a baissé sensiblement de 10-15% au démarrage du Programme National Anti- Diarrhéique (PNAD) au début des années 70 à 7% en 2000 (WHO, 2006) et à seulement 1,5% en 2004 (Dr. Maktouf, PNLAD, communication

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31

personnelle). Cela donne 62 décès infantiles dus à la diarrhée en Tunisie. Toutes les maladies diarrhéiques ne sont pas imputables au manque d’approvisionnement adéquat en eau potable, d’assainissement et d’hygiène. En Tunisie, il n’y a pas d’informations suffisantes pour établir une relation de cause à effet entre ces facteurs et le nombre de cas de diarrhée. Cependant, Huttons et Haller (2004) soutiennent que l’approvisionnement en eau propre et l’amélioration de l’assainissement et de l’hygiène réduiraient la fréquence des cas de diarrhée d’environ 85%; on peut donc supposer qu’en Tunisie 85% des cas de diarrhée sont imputables à l’alimentation en eau potable et à l’assainissement inadéquats ainsi qu’au manque d’hygiène. Puisque la mort d'un enfant de moins de 5 ans représente une perte de 33 DALY (WHO, 2006), ces décès représentent une perte annuelle d'environ 1.750 DALYs. b. La morbidité chez les enfants de moins de 5 ans La DSSB (2004) indique 65.855 cas de maladies diarrhéiques recensés dans les Centres de Soins Publics en 2004, Selon une enquête UNICEF (2000), ce nombre représente à peu près 28% du total de cas de diarrhée en Tunisie28. En appliquant ce pourcentage, il en résulte un total de 235.200 cas de maladies diarrhéiques chez les enfants. Si on considère que seulement 85% sont dus au manque d’approvisionnement adéquat en eau potable, d’assainissement et d’hygiène, une durée moyenne de 3 jours/cas et un facteur de pondération de 0,12 DALY/épisode29 (WHO, 2006), on obtient une perte annuelle de 200 DALY. Puisque la diarrhée n'est pas une maladie à déclaration obligatoire (tous les cas ne sont

28 Le reste est composé par les cas recensés au CNSS (2%), dans le secteur privé (20%) et ceux qui ne font pas recours au médecin (50%) (UNICEF, 2000). Le dernier groupe inclut les cas qui font recours au conseil de pharmacien, au conseil d’entourage, à l’automédication et les cas non traités. 29 WHO (2006) estime le facteur de pondération lié à la diarrhée infantile à 0,12 pour les épisodes traités et non traités.

donc pas recensés), ce résultat représente une valeur minimale. c. La mortalité chez les sujets de plus de 5 ans Il n’y a aucune donnée sur la mortalité liée à la diarrhée des sujets de plus de 5 ans. Si on émet l’hypothèse que tous les sujets de plus de 5 ans sont traités et survivent (l’hypothèse la plus conservatrice), on obtient une perte égale à zéro (valeur minimale). d. La morbidité chez les sujets de plus de 5 ans La DSSB (2004) fournit des données seulement pour les cas d’invalidité recensés dans le secteur public (118.300). L’enquête UNICEF (2000) montre que ce nombre représente 30% des cas totaux de diarrhée. Sur la base de cette information, il en résulte environ 394.000 cas de diarrhée chez les sujets de plus de 5 ans en 2004. Si on considère que 85% sont dus au manque d’approvisionnement adéquat en eau potable, d’assainissement et d’hygiène et le facteur de pondération est de 0,09 DALY/épisode30 (WHO website), la perte annuelle due à la morbidité chez les sujets de plus de 5 ans est de 250 DALY. Globalement, les pertes annuelles totales dues à la morbidité et à la mortalité (points a-d) atteignent donc environ 2.200 DALYs. L’évaluation monétaire du DALY se base sur deux méthodes, à savoir l’approche du capital humain (Human Capital Approach) et l’approche de la Valeur d’une Vie Statistique (Value of a Statistical Life). L’approche du capital humain estime la valeur du DALY à travers le revenu annuel perdu à cause de la maladie, à savoir le PIB/habitant. Il en résulte des dommages annuels estimés à 7,7 millions DT. L’approche de la Valeur d’une Vie Statistique mesure la valeur d’un DALY à travers la Disposition à Payer pour éviter une mort, ou la

30 WHO (2006) montre des facteurs de pondération très similaires pour les groupes d’âge 5-14 ans (0,094), 15-44 ans (0,086), 45 – 59 ans (0,086) et plus de 60 ans (0,088). Nous utilisons la valeur moyenne de 0,09.

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32

Disposition à Accepter une compensation pour un risque supérieur pour la santé. Aucune étude qui estime ces valeurs en Tunisie n’est disponible. Cependant, Viscusi et Aldy (2005) ont fait une analyse exhaustive des évaluations disponibles de la VVS dans le monde entier et obtiennent une VVS variant de $EU 5,5 à 7,6 millions aux Etats Unis, avec une moyenne de $EU 6,6 millions31. En ajustant à l'inflation et au PIB/habitant, la VVS en Tunisie atteindrait $380.000 - $530.000, avec une moyenne de $460.000 (prix 2004). Par conséquent, la valeur d’un DALY est environ32 de 24.000 DT. Cela conduit à un dommage annuel de 52,6 millions DT. Les résultats de l’application des deux méthodes conduisent à une valeur qui varie entre 7,7 et 52,6 millions DT (1). e. Coûts de traitement et de soin Les coûts de traitement et de soin varient largement selon la gravité de la maladie. Pour les enfants de moins de 5 ans, les données disponibles distinguent les coûts unitaires selon les cas d’hospitalisation, de déshydratation, de diarrhée sanglante et sans complications. Par exemple, les coûts des cas d’hospitalisation s’élèvent à environ 150-210 DT/cas; et ceux des cas de diarrhée sanglante à environ 500-700 DT/cas (Dr. Jabnoun, médecin, communication personnelle). Globalement, les coûts de traitement pour les enfants de moins de 5 ans atteignent en moyenne 2,2 millions DT. Pour les sujets de plus de 5 ans, les données disponibles ne distinguent pas les coûts de traitement pour chaque situation. On a donc considéré les coûts de traitement des cas sans complications, qui s’élèvent à 1 million DT. Les coûts d’opportunité du temps passé à s’occuper des enfants se référent aux cas les plus graves, à savoir ceux de déshydratation et de diarrhée sanglante. En utilisant la valeur d’une journée de travail perdue (10 DT/jour), le coût total du temps passé à s’occuper des enfants est de 133.000 DT. Globalement, les coûts de traitement et soin de maladies diarrhéiques s’élèvent à environ 3,3 millions DT (2).

31 Voir Box 1 du chapitre 1 pour plusieurs détails. 32 Voir le chapitre 2 pour des explications plus détaillées.

Les coûts totaux dus à la diarrhée (1+2) s’élèvent à 11 - 56 millions DT en 2004. L’Annexe IV montre que la fièvre typhoïde et l’hépatite n'ont aucune incidence sur les coûts totaux de la santé. Il est intéressant de comparer les estimations des cas de mortalité infantile due à la diarrhée en 2004 et en 1999. L’estimation de l’étude précédente ne peut être comparée directement à celle de cette étude à cause de différences méthodologiques33. Pour arriver à des estimations comparables, nous avons recalculé l’estimation pour 1999 d’une façon similaire à celle de 2004 (Annexe IV, dernier tableau). Il en résulte que grâce au Programme National Anti-Diarrhéique, le coût moyen de mortalité infantile due à la diarrhée a diminué de 10% à 1,5%. Par conséquent, le coût dû à la mortalité infantile a été divisé par huit, passant de 200 millions DT en 1999 à environ 25 millions DT en 2004.

33 Par exemple, l’étude précédente a utilisé seulement l’approche du capital humain et n’a pas utilisé l’approche de la Valeur d’une Vie Statistique.

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33

6. LE TOURISME Le tourisme est un secteur en croissance en Tunisie et particulièrement sur le littoral, qui reçoit plus de 5 millions de touristes chaque année (MAERH, 2003). Sur la période 1994 -200434, tant le nombre de touristes que la capacité des hôtels ont augmenté de 50%. Par conséquent, en 2004, 6 millions de touristes ont passé environ 33 millions de nuitées sur le littoral tunisien. Dans la même année, le revenu touristique s’est élevé à 2,3 milliards DT, soit 6% du PIB (INS, 2004). Le tourisme est cependant à la fois un agent et une victime de la dégradation environnementale. L'urbanisation, le développement insuffisamment contrôlé des hôtels et la contamination des eaux marines contribuent au déclin de la valeur récréative en termes de qualité des plages, des eaux de baignade et du paysage, particulièrement sur la côte orientale. La Direction de l’Hygiène du Milieu et de la Protection de l’Environnement du Ministère de la Santé Publique a mis en place un réseau de suivi de la qualité des eaux de baignade sur l’ensemble du littoral35. Les paragraphes suivants essayent d’évaluer les coûts de la dégradation de l’eau marine à travers l’impact sur le tourisme national et international. 6.1. Impact de la dégradation de l’eau sur le tourisme national D’après plusieurs études (SOGREAH, 2002; SCET, 2002) et entretiens avec l’APAL, les 34 Ce développement a été interrompu par une chute du nombre des touristes de 21% en 2002 et 2003 (INS, 2004) en raison des événements de septembre 2001 aux Etats-Unis et d’avril 2002 à Djerba (OECD, 2004). 35 Ce contrôle comporte notamment un contrôle bactériologique conformément aux normes tunisiennes et européennes (directive européenne 76/160 CEE). Les plages sont réparties selon les résultats des analyses effectuées en quatre (4) classes : (A) eaux de bonne qualité, (B) eaux de qualité moyenne, (C) eaux pouvant être momentanément polluées et (D) eaux de mauvaise qualité.

zones les plus polluées du littoral sont le Golfe de Gabès (en particulier, le littoral de Sfax et Gabès), le Golfe de Tunis (Grand Tunis) et d’autres zones telles que la baie de Khnis-Sayada et celle de Soliman. Nous estimons le coût de la dégradation de ces zones à travers la Disposition à Payer (DAP) des touristes nationaux pour le déplacement vers d’autres zones plus propres. D’une manière plus explicite, le coût supplémentaire (en termes de temps et d’argent) effectivement payé pour se déplacer vers des zones plus éloignées non polluées représente une approximation du coût de la dégradation des endroits pollués. Il n’y a pas de données sur le taux de déplacement à cause de la pollution de la mer. Cependant, l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT, 2005) a réalisé une enquête au niveau national sur le déplacement en vacances des touristes tunisiens. Elle révèle que les taux de déplacement36 à partir de zones non polluées sont respectivement de 42% pour Bizerte, 45% pour Nabeul et 49% pour Sousse. Nous pouvons donc considérer que si la pollution n’existait pas dans les zones sélectionnées par l’étude - Grand Tunis, Sfax, Gabès, Khnis-Sayada et Soliman - le taux de déplacement de ces zones serait du même ordre de grandeur que celui observé pour les zones non polluées citées précédemment, soit environ 40 – 50%. En se basant sur cette hypothèse et sur les données disponibles relatives au taux de déplacement effectif selon l’enquête, le Tableau 6.1 montre une estimation grossière du taux de déplacement qu’on pourrait imputer à la pollution pour chaque région intéressée. Il est important de noter qu’en réalité le taux de déplacement en vacances dépend de plusieurs facteurs outre la pollution de l’eau, tels que la distance vers l’endroit de destination, la beauté du paysage, le niveau de revenus des vacanciers, etc. Pour cette raison, l’application d’un modèle économétrique capable de séparer l’influence de

36 Ce taux détermine le rapport entre le nombre d’enquêtés ayant affirmé avoir passé au moins une nuitée en dehors de leur environnement habituel à des fins non liées à l’exercice d’une activité rémunérée (loisirs, visites à des parents et amis, santé) et le nombre total d’enquêtés.

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chaque facteur serait appropriée. Malheureusement, dans le cadre de cette étude, ce type d’analyse n’a pas pu être réalisé à cause du manque de données. Ainsi, les résultats obtenus sont d’une part sommaires et d’autre part reflètent des bornes supérieures de l’estimation. Tableau 6.1 Estimation du taux de départ en vacances à cause de la pollution de l’eau côtière marine

Taux de départ si la pollution n’existait pas

Taux du départ effectif

Taux du départ dû à la pollution

Grand Tunis

40 - 50% 62% 12 – 22%

Sfax 40 - 50% 72% 22 – 32% Gabès 40 -50% 52% 2 – 12% Khnis – Sayada

40 - 50% 70% 20 – 30%

Soliman 40 - 50% 70% 20 – 30% Source: La première colonne suppose que le taux de départ - si la pollution n’existait pas - est similaire à celui des zones non polluées (Bizerte, Nabeul et Sousse) (ONTT, 2005) ; la seconde colonne se base sur les données fournies par ONTT (2005) ; la troisième colonne représente la différence entre la première et la deuxième colonne. L’enquête de l’ONTT (2005) montre aussi la distribution du nombre de touristes internes annuels selon l’origine et la destination de déplacement. On peut donc établir une relation entre les vacanciers qui quittent les endroits pollués pour arriver aux destinations non polluées du pays. Par exemple, sur les 393.000 vacanciers qui quittent Sfax annuellement, 4% vont à la plage Echaffar (Sfax), 17% à Mahdia, 19% à Sousse, 14% à Hammamet et 7% à Djerba. En considérant seulement la proportion de ceux qui partent à cause de la pollution (22-32%) et le nombre de voyages par vacancier (2), il en résulte un coût total de transport37 et de séjour38 de 14,6 – 21,2 millions DT. Une

37 Le calcul des coûts de transport vers d’autres zones non polluées considère l’alternative la plus économique, à savoir 4 personnes/auto, et un coût de l’essence d’environ 0,5 DT/km. 38 Le calcul des coûts de séjour considère que :

- si les villes de destination (non polluées) sont situées à moins de 200 km des villes d’origine (polluées), nous considérons que les touristes restent seulement une nuitée dont le tarif est celui de basse saison, à savoir 15 DT/nuit/personne;

présentation détaillée des calculs pour chaque région intéressée se trouve dans l’Annexe V. Ainsi, pour l’ensemble des zones polluées considérées, les coûts additionnels de transport et de séjour dus à la pollution de l’eau s’élèvent à 17,8 – 28 millions DT (1). Il est important de souligner encore une fois que cette estimation est plutôt grossière, à cause des hypothèses considérées du fait du manque de données précises. Malgré cela, l’évaluation tend à être très conservatrice, puisqu’elle: (a) ne considère pas la DAP des résidents des zones polluées qui ne peuvent pas voyager vers d’autres zones; (b) n’inclut pas d’autres sites assez pollués (par exemple les environs de l’Oued Hamdoun) dans l’analyse ; (c) ne considère pas les visiteurs de la journée, c’est-à-dire ceux qui quittent leur environnement habituel pendant une partie de la journée – à cause du manque de données relatives à l’estimation monétaire. Tableau 6.2. Estimation des coûts additionnels de transport et de séjour

Borne inférieure (000 DT)

Borne supérieure (000 DT)

Grand Tunis 2.600 4.800 Sfax 14.600 21.200 Gabes 246 1.476 Khnis-Sayada 219 329 Soliman 116 174 Coût total 17.800 28.000

6.2. Impact de la dégradation de l’eau sur le tourisme international Les touristes étrangers ont passé environ 30,6 millions de nuitées en 2004, par rapport à seulement 2.8 millions de nuitées passées par les touristes locaux. La majorité des touristes étrangers viennent de l’Europe Occidentale et des Etats-Unis et passent en moyenne 23 millions de nuitées par an sur le littoral tunisien. Les destinations principales sont, entre autres, Djerba-Zarzis, Sousse-Kairouan, Nabeul-Hammamet et Monastir (INS, 2004).

- si les villes de destination (non polluées) sont

situées à plus de 200 km des villes d’origine (polluées), nous considérons que les touristes passent en moyenne 2,3 nuitées/séjour à un tarif de 50 DT/nuit/personne (voir ONTT, 2005).

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Une enquête effectuée en 2003 à Hammamet, Sousse et Mahdia a identifié la DAP des touristes étrangers pour améliorer la qualité de l’eau, la propreté des plages et diminuer l’encombrement des plages. L’enquête révèle que 35% des touristes interrogés considèrent la qualité de l’eau marine moyenne et seulement 3% la considèrent mauvaise. Par ailleurs, seulement 4% du total interrogé jugeant négativement ou moyennement la qualité de l’eau de la mer déclarent être disposés à contribuer environ39 16 DT/personne pour améliorer la qualité de l’eau côtière marine. En considérant la même DAP pour 4% des touristes européens et américains qui séjournent sur le littoral tunisien, la DAP totale pour améliorer la qualité de la mer s’élève à 14,7 millions DT40 (2). Globalement, l’étude a démontré que les touristes étrangers sont plutôt satisfaits des côtes tunisiennes en matière de propreté de l’eau de mer. On doit souligner aussi qu’en général, ils vont dans les endroits peu pollués comme Hammamet, Sousse et Mahdia plutôt que dans les endroits très pollués (tels que Sfax et Gabès). Cela explique pourquoi ils ne sont disposés à payer qu’une faible somme pour améliorer la qualité de l’eau de la mer. En outre, l’enquête note que les touristes internationaux refusent souvent de contribuer à des fonds spéciaux ou de subir une quelconque majoration de leurs coûts de séjour parce qu’ils considèrent que l’Etat et les citoyens tunisiens devraient assurer ce type de financement. Cela signifie que la DAP exprimée ne reflète pas le coût réel de la dégradation de l’eau marine, mais seulement une petite fraction. La question a aussi des implications politiques importantes, puisque la plupart des bénéfices récréatifs vont aux touristes étrangers, alors que les coûts de dégradation sont actuellement payés par les autorités et les citoyens tunisiens. Globalement,

39 approx. 10 euros/personne, voir Banque Mondiale (2004b), p. 5. 40 Il est intéressant d’observer que le résultat obtenu par le rapport précédent (Sarraf et al., 2004) de 44,6 millions DT est quatre fois plus grand. Ceci est dû au fait qu’il inclut non seulement la DAP pour améliorer la qualité de l’eau marine, mais aussi la propreté des plages ainsi que la diminution de leur encombrement.

une évaluation conservatrice de l’impact de la dégradation de l’eau sur le tourisme national et international (1+2) s’élève à 32,5 – 42,7 millions DT en 2004. Il convient de signaler que le MEDD compte lancer, en 2007, une étude sur le transfert des eaux usées traitées vers l’intérieur du pays en vue de leur valorisation. Si un tel projet se concrétise, il contribuera à la protection du littoral et à la maîtrise des coûts liés aux rejets des eaux insuffisamment épurées. La dégradation de l'eau provoque une baisse non seulement de la valeur récréative du littoral tunisien, mais aussi de la valeur du marché des terres urbaines contiguës. En particulier, les rejets produits par les stations d’épuration des eaux usées dans certaines zones contribuent en raison des nuisances et de la dégradation conséquente des eaux côtières, au déclin de la valeur du marché des zones urbaines avoisinantes. Par exemple, il est important de souligner la dépréciation du foncier à Raoued (due aux rejets de la station d’épuration de Choutrana) et à Radès (due aux rejets de la station Sud Miliane). Il n’y a pas de données suffisantes pour estimer l’impact de la pollution de l’eau usée traitée dans ces zones. Toutefois, il est intéressant de faire une analyse comparative des prix moyens unitaires des terrains (DT/m2). Nous comparons le prix du terrain dans chaque zone polluée (Raoued et Radès) à celui d’une zone ayant un contexte similaire (La Marsa et Ezzhara) mais sans rejets de station d’épuration (« hedonic prices »). Les informations sur les prix sont obtenues à travers des enquêtes effectuées auprès d’agences immobilières dans les zones intéressées. Le prix actuel à Raoued est d’environ 150 DT/m2 ; le prix des terrains à La Marsa varie entre 400 et 450DT/m2 dans les quartiers de moyen standing et entre 600 et 1.200DT/m2 dans la zone résidentielle. Une estimation conservatrice de la différence entre les deux prix est d’environ 250 à 300 DT/m2. D’une façon similaire, une comparaison entre les prix de

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terrains à Radès (environ41 170DT/m2) et Ezzhara (entre 220 et 300 DT/m2) montre une différence de 50 à 120 DT/m2. Nous ne pouvons pas attribuer toute la différence de prix à la pollution de l’eau; une partie de la différence peut être due aux meilleurs services fournis dans les zones non polluées, comme par exemple l’infrastructure, les hôpitaux, les écoles. Toutefois, l’impact de la pollution de l’eau usée traitée peut être significatif dans ces zones; une enquête sur les « hedonic prices » serait utile pour quantifier l’ampleur réelle de cet impact.

41 C’est la valeur moyenne entre le prix à Radès Miliane (140 DT/m2) et celui à Radès Cité (200 DT/m2) -- enquête sur place.

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37

7. LA BIODIVERSITE 7.1. Dégradation des zones humides En Tunisie, 254 zones sont recensées dans l’inventaire des zones humides (Karem et al., 1999). Les rivières représentent 25% de la superficie totale, les sebkhas 24%, les garaet 15% et les retenues 11%. Le reste (25%) est constitué notamment par les chotts, les oasis, les marais côtiers, les sources d’eau, les tourbières, les marais et les lagunes. Ces zones humides accueillent et nourrissent de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs (DGF, 1997). Par exemple, la garaet Ichkeul a accueilli à elle seule environ 124.400 espèces diverses pendant l’hiver 2005/2006 et représente le refuge le plus important d’Afrique du Nord, grâce à ses herbiers à Potamogeton. La Sebkha Kelbia, les marais des Iles Kneiss, la Sebkha Sejoumi sont d’autres zones riches en espèces d’oiseaux migrateurs. Cependant, la plupart de ces milieux sont fragiles et peu résilients. L’étude nationale sur la diversité biologique réalisée en 1998 (une actualisation est en cours) a recensé 22 espèces floristiques (sur un total de 649) et 14 espèces faunistiques (sur un total de 1.486) menacées de disparition (CAR/RAP). Durant ces dernières années, la richesse en biodiversité s’est nettement améliorée notamment au lac Ichkeul grâce à une amélioration de la pluviométrie et à l’effort consenti par l’Etat par le suivi scientifique et la gestion des ressources en eaux. En effet, l’effectif des espèces d’oiseaux du lac Ichkeul qui était de 11.200 individus pendant l’hiver 2003/2004 est passé à 35.900 pendant l’hiver 2004/2005, à cause de la salinité de l’eau. Cette augmentation est probablement due à la régénération marquée des herbiers de potamots (ANPE, 2007). Par ailleurs, les effectifs de certaines espèces telles que les anatidés et foulques ont observé une augmentation de 10% dans les barrages du Cap Bon et une baisse de 27% dans les barrages du Nord Ouest durant la même période (ANPE, 2007). Dans les lacs côtiers du Cap Bon, les effectifs de certaines espèces clés comme le flamant rose, la sarcelle marbrée, le tadorne de belon, l’échasse blanche

ont baissé à cause de la pollution agricole, industrielle et domestique (APAL, 2005a). La dégradation des zones humides se manifeste aussi à travers une diminution de leur surface de 15% entre 1881 et 1987 (Tableau 7.1). La perte en superficie est variable selon la variation annuelle de la pluviométrie et la saison. Cependant, la construction de barrages a accru la superficie de zones humides de 22.400 ha depuis 1945. Aussi, les stations d’épuration des eaux usées traitées par le moyen des lacs constituent des zones humides artificielles. Toutefois, ces nouvelles superficies ne peuvent remplacer les zones humides naturelles qui fournissent des habitats et des écosystèmes plus favorables à la survie de nombreuses espèces animales et végétales. Tableau 7.1 Pertes et gains en superficie des zones humides entre 1881 et 1987 par région hydrographique (ha)

Région 1881 1987 Perte (%)

Retenue créée

Extrême Nord

30.965 27.073 13 1.110

Medjerda 11.440 1.870 84 8.239 Nord Est 20.116 15.544 23 2.419 Centre Sahel

67.698 66.718 2 10.632

Total 130.219 111.185 15 22.400 Source : Hugues et al., 1992. Les principales causes de disparition des zones humides sont le drainage (dans le bassin versant de la Medjerda), l’urbanisation (dans le Cap-Bon), l’expansion agricole (surtout au Nord-Ichkeul), et la création de barrages en amont (Nord-Ichkeul et Medjerda) (Tableau 7.2). Par ailleurs, la pollution affecte 21% de la superficie totale des rivières et des oueds, 25% des sebkhas et chotts, 27% des lacs, marais et lagunes et 34% des oasis (Karem et al., 1999). En général, les principales causes de la pollution et de la réduction du milieu aquatique des zones humides sont:

- la diminution de l’alimentation en eau douce (barrages, surexploitation de la nappe);

- la dégradation et le relèvement des bas fonds des sebkhas (apports artificiels);

- la pollution par les eaux usées non traitées; - la pollution par les déchets solides; - la pratique d’une agriculture polluante

(engrais et produits de traitement).

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Tableau 7.2 Causes de pertes des zones humides et superficie correspondante par région (ha)

Causes Extrême Nord

Medjerda Nord Est

Centre Sahel

Total

Drainage 1.985 9.350 3.000 0 14.335Urbanisation 637 600 1.474 630 3.341Expansion

agricole 675 250 98 330 1.353

Réservoir en amont

385 40 0 900 1.325

Non connues

200 200 100 500

Total 3.882 10.440 4.572 1.960 20.854Source: Karem et al., 1999. 7.2. Dégradation des zones marines La plupart des communautés benthiques présentent une valeur patrimoniale exceptionnelle, à l’échelle de la Tunisie ou de l’ensemble de la Méditerranée. La préservation des herbiers à posidonie revêt une importance globale pour la conservation de la biodiversité méditerranéenne (MAERH/FEM, 2002). Les campagnes marines au cours des dix dernières années ont montré que les herbiers de posidonie et de coralligène sont bien préservés le long des côtes tunisiennes, à l’exception du Golfe de Gabès où des changements structurels ont été observés (Ben Mustapha et al., 2002). Les causes principales de la perte de biodiversité marine et côtière dans le Golfe de Gabès sont le développement urbain et touristique, la pollution industrielle et la pêche42. Ces causes peuvent être généralisées à l’ensemble du pays :

a. Le développement urbain et touristique. Il est concentré dans les zones côtières et induit une forte pression sur la biodiversité du milieu.

b. La pollution industrielle. L’industrie de traitement des phosphates à Sfax et à Gabès a entraîné une forte pollution de la mer (600 à 650 t/heure de phosphogypse déversées en mer) qui a engendré une forte

42 L’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral a conduit une étude qui a inventorié les quantités des rejets liquides qui se déversent sur le littoral, avec un suivi régulier depuis 2002 (APAL, 2005b).

régression des herbiers de posidonie. En outre, les ports et les navires déchargent environ 100.800 tonnes de déchets/an dans le Golfe de Gabès (MAERH/FEM, 2002);

c. La pêche côtière. Certaines pratiques de pêche telles que l’utilisation des engins de pêche non sélectifs ou prohibés (tartaronne) et des chaluts benthiques dégradent les habitats et toute la biodiversité qui s’y rattache.

Par ailleurs, la pollution du lac de Bizerte par les déchets des usines, et notamment par des substances toxiques, a augmenté la mortalité au sein des populations d’organismes marins, une baisse de la fécondité des poissons et une réduction de la production conchylicole (MEAT, 1998, p.275). 7.3. Coûts de la dégradation des zones humides Il y a peu de données sur la valeur économique des zones humides et marines et sur l’impact de la pollution de l’eau sur la valeur économique de ces zones en Tunisie. La plupart des publications décrivent seulement en termes qualitatifs le rôle des zones humides comme valeurs d’usage (par exemple dans l’agriculture, la pêche, l’atténuation des inondations, la recharge de la nappe) et de non-usage (en tant qu’habitats pour des espèces de faune aquatique) (voir Karem et al., 1999). Une seule étude (DGPDIA, 1997) a essayé de projeter l’évolution possible d’un indice de biodiversité des zones humides selon différents scénarios de gestion des ressources naturelles. Elle estime que si les tendances actuelles d’exploitation des ressources naturelles se poursuivent, l’indice baisserait d’une base de 100 en 1994 jusqu’à 89 en 2010. Avec un scénario productiviste, l’indice baisserait à 75 en 2010. Par contre, l’indice pourrait grimper jusqu’à 104 en 2010 avec un scénario de conservation ou un scénario amélioré. Ainsi, cette étude suggère que l’évolution de la biodiversité des zones humides pourrait être positive si des efforts appropriés étaient menés pour la conservation et la gestion des zones humides. Cependant, l’étude ne donne aucune indication sur la valeur monétaire d’une perte éventuelle de biodiversité due à la dégradation de l'eau.

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39

En l’absence d’autres données, nous utilisons la méthode du coût de remplacement pour évaluer la perte de biodiversité due à la dégradation de l’eau. Tout d’abord, il est important de signaler que cette approche est affectée par des limitations significatives. D'une part, l'utilisation des dépenses effectives peut sous-estimer les dommages, car ces dépenses arrivent rarement à compenser tous les services fournis auparavant par l'écosystème originel; elles peuvent également les surestimer si le remplacement est entrepris d’une manière inefficace (Heal, 1999). D’autre part, l'utilisation des dépenses potentielles peut facilement surestimer la perte d'un service écologique, car le remplacement pourrait être trop cher pour être justifié (Bishop, 1999). Par conséquent, les évaluations suivantes représentent seulement des approximations très grossières de la valeur de la perte de biodiversité. Les zones humides intérieures. Le budget des actions proposées pour l’ensemble des zones humides intérieures recensées43 a été estimé grossièrement à 812.000 DT/an (DGF, 1997). Cette valeur donne un ordre de grandeur des investissements proposés. Toutefois, ce budget ne prend pas en compte les actions prévues dans les régions côtières et insulaires du Cap Bon, riches et écologiquement très importantes, mais fragiles et menacées par l’urbanisation et la pollution; cela est dû au fait que la gestion des zones humides intérieures incombe à la Direction Générale des Forêts (DGF) et l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE), alors que les zones humides côtières ainsi que les zones marines sont gérées par l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL). Les actions effectuées dans la zone humide de l’Ichkeul en 2004 par l’ANPE sont le suivi scientifique, et la construction et la gestion de l’écluse pour contrôler la salinité de l’eau. Le budget alloué pour le suivi scientifique est de 70.000 DT/an, auquel s’ajoute le coût du personnel (5 personnes) estimé à 50.000 DT/an, en donnant un total de 120.000 DT/an. Le coût de construction de l’écluse est de 250.000 DT (2002-2004), pour laquelle on suppose une durée

43 Dans le cadre de la stratégie de conservation et de développement de la flore et de la faune sauvages et des aires protégées pour la période (2002-2011).

d’amortissement de 15 ans, soit 17.000 DT/an. En plus, le coût annuel de maintenance est de 10.000 DT. Donc, le coût total annuel du suivi scientifique, de la construction et de la gestion de l’écluse est estimé à 147.000 DT/an (Tableau 7.3)44.

Tableau 7.3 Budget alloué à la conservation et à la gestion des zones humides intérieures

Activité Moyenne par an (000 DT)

Lac Ichkeul : - Suivi scientifique - Construction et gestion de l’écluse

120 27

Sous-total 147 Source: ANPE, 2007 Les zones marines et humides côtières. Le budget programmé pour la protection des zones marines et des zones humides côtières est de 25,9 millions DT/an durant le Xème plan (2002-2006). En particulier, les coûts annuels liés aux activités relatives à la réhabilitation des lacs côtiers et des sebkhas sont de 7,9 millions DT. On ne peut affirmer que tous ces coûts de réhabilitation visent à éliminer ou à réduire les impacts de dégradation de l’eau. A titre d’exemple, le projet GEF de protection des zones humides dans les zones côtières du Cap Bon vise l’amélioration et la gestion durable de la biodiversité par le développement d’activités de démonstration, de sensibilisation, de formation ainsi que l’établissement de groupements locaux, sans qu’il y ait d’activité spécifique pour lutter contre la dégradation des eaux. Pour les autres projets qui coûtent 7,1 millions DT/an, il n’y a pas d’informations plus désagrégées (Tableau 7.4).

44 En plus, un projet de gestion de la zone humide de l’Ichkeul est en cours d’exécution (projet GAP). Il comprend des actions de dragage et de réhabilitation des marais, entre autres, pour la décontamination des effluents des eaux usées évacuées dans le bassin du lac, mais ces actions sont programmées pour l’année 2007. Par ailleurs, on peut considérer qu’il n’y a pas de manque à gagner lié à l’approvisionnement en eau du lac car ceci est effectué dans le cadre de la gestion des ressources en eaux des barrages et n’a pas d’incidence sur l’utilisation des eaux pour l’usage domestique, industriel ou agricole.

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Tableau 7.4. Budget alloué à la protection des zones marines et humides côtières

Projets de protection marine et côtière

Budget 2002-2006

(000 DT)

Moyenne par an

(000 DT) Réhabilitation des sebkhats de :

Ariana Mahdia Kelibia Slimane

5.000

20.000 1.500 1.500

1.0004.000

300300

Protection des zones sensibles du littoral 7.500 1.500

Sous-Total 39.336 7.100Source : MEAT, 2002 Les projets décrits ci-dessus donnent un coût de remplacement annuel total de 7,3 millions DT, si le projet du Cap Bon n’est pas considéré puisqu’il contient des activités qui ne sont pas liées au remplacement effectif de la biodiversité. Ce résultat souffre de nombreuses faiblesses. D'une part, les données disponibles n'indiquent pas clairement si tous les projets pour la restauration de la biodiversité ont été pris en considération; ce qui contribuerait à une sous-estimation du coût de remplacement. D’autre part, les données disponibles sont agrégées d'une manière qui ne permet pas de séparer les coûts d’investissement (stock) des coûts opérationnels (flows); ni de distinguer les coûts directement liés à la restauration d’un site (par exemple dragage de sédiments) de ceux liés aux autres activités de protection (par exemple éducation des visiteurs). Un cas concret de résolution des problèmes de déficit hydrique des zones humides causés par les phénomènes de sècheresse ou de construction de barrages peut être observé dans la lagune de Korba. En effet, suite à l’arrêt des rejets bruts de la ville de Korba, un transfert des eaux usées traitées (5000 m3 d’eau par jour) est programmé. Le coût des travaux de réinjection des eaux usées (y compris infrastructures) a été estimé à 291.000 DT en 2004. Ce coût faible est expliqué par le fait que les zones humides sont souvent situées non loin des stations d’épuration des eaux usées de l’ONAS qui peuvent constituer une source d’eau non négligeable pour les zones humides affectées par le déficit hydrique. 7.4. Coûts de la disparition des zones humides

Tandis que certaines zones humides sont dégradées, d’autres disparaissent complètement chaque année pour diverses causes, comme le drainage, l’urbanisation, l’expansion agricole ou la création de barrages en amont. On n’a trouvé aucune donnée sur la perte de zones humides dans le passé. La seule information disponible indique qu’environ 20.854 ha de zones humides ont disparu pendant 106 ans, soi une perte d’environ 200 ha par an (Hugues et al., 1992). Cette moyenne, calculée sur une période si longue, n’est probablement pas représentative de l’évolution actuelle des zones humides en Tunisie; nous l’utilisons seulement à titre purement indicatif. En dépit du manque d’évaluation des zones humides en Tunisie, des développements substantiels ont été enregistrés dans le monde45 (Barbier, 2000; Acharya, 2000; Schuyt, 2005, etc). Le nombre croissant des études a permis la réalisation de meta-analyses qui cherchent à résumer les estimations obtenues dans des régions différentes (Brower et al., 1997 ; Heimlich et al., 1998). Woodward et Wui (2001) ont récemment entrepris une méta-analyse de 39 études qui estiment les services générés par les zones humides. Ils estiment que la valeur annuelle des zones humides varie entre 0 et 30.000 DT/ha (~ 0-10.000$EU/acre) avec une moyenne d’environ 2.800 DT/ha en se basant sur les études qu’ils considèrent les plus crédibles. Cependant, puisque la valeur moyenne se base sur un intervalle de valeurs très large, elle n’est pas représentative pour les conditions spécifiques des zones humides en Tunisie. En fait, les auteurs indiquent le manque d’uniformité entre les études (et donc la nécessité de conduire d’autres études au niveau local) qui induit une énorme incertitude dans l’usage du benefits transfer des estimations relatives aux zones humides. En raison des limitations mentionnées ci-dessus, ce chiffre ne peut être considéré comme une évaluation appropriée de la perte de biodiversité relative à la disparition des zones humides en Tunisie, mais seulement comme une approximation, à titre purement indicatif.

45 Voir Birol et al. (2006) pour un examen intéressant des techniques économiques d'évaluation des zones humides et quelques applications.

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8. LA SUREXPLOITATION DES EAUX SOUTERRAINES Les eaux souterraines constituent une ressource vitale pour un pays aussi démuni en eaux de surface que la Tunisie. Notons que dans un pays à climat aride et semi aride, les eaux de surface se distinguent non seulement par leur rareté mais aussi et surtout par leur variabilité dans le temps et leur inégale répartition dans l’espace. Les eaux souterraines forment donc un gisement précieux surtout durant les années sèches où elles constituent une source d’appoint indispensable. Il est important de souligner qu’elles sont la seule ressource de tout le sud tunisien et quelles fournissent l’essentiel des demandes en eau du centre. Etant donné l’importance capitale de cette ressource pour le pays, il est absolument indispensable de la gérer de la manière la plus appropriée et surtout de préserver sa durabilité. Nous assistons aujourd’hui à une pression croissante sur la plupart des nappes du pays, et les signes de surexploitation deviennent de plus en en plus inquiétants. Cette surexploitation se traduit pour les nappes très peu renouvelables par une perte de pression plutôt que de volume. Notons en outre que pour les nappes renouvelables une surexploitation conjoncturelle liée à la pluviométrie, suite à la succession de plusieurs années sèches, ne pose en principe pas de problèmes puisque ces nappes seront rechargées naturellement durant les années humides. 8.1. Analyse de la surexploitation Une analyse sommaire du Tableau 8.1 montre que les nappes phréatiques sont légèrement surexploitées avec un taux d’utilisation de l’ordre de 104 % en 2005, alors que les nappes profondes sont loin de l’être avec un taux d’exploitation en 2004 qui ne dépasse pas les 80%. Cependant, ce résultat optimiste est malheureusement la conséquence fâcheuse du niveau d’agrégation. En effet, si nous passons à une analyse plus fine au niveau régional et surtout au niveau des nappes, nous allons réaliser que la surexploitation atteint parfois des seuils alarmants.

Les informations disponibles fournissent des données désagrégées par nappes pour les eaux profondes et par gouvernorats pour les nappes phréatiques. En se basant sur ces données, les Tableaux 8.2 et 8.3 illustrent l’ampleur de la surexploitation réelle des eaux souterraines. On peut constater que la surexploitation des nappes profondes touche toutes les régions et atteint même 117% dans la zone la plus affectée, à savoir le Sud Ouest (Djérid). S’agissant des nappes phréatiques, le taux de surexploitation est assez élevé au Nord Est, au Centre Ouest et grimpe à un seuil alarmant au Centre Est avec un taux de 150%. Tableau 8.1. Ressources souterraines globales et leur exploitation

Ressources disponibles

(millions m3)

Ressources exploitées

(millions m3)

Taux d’exploitation

(%) Nappes phréatiquesa (2005)

772 803 104

Nappes profondes (2004)

1.411 1.127 80

Source: DGRE (2005a); a l’évaluation des eaux phréatiques se fait tous les cinq ans. La dernière évaluation remonte à l’année 2000. 8.2. Le rabattement des nappes souterraines En utilisant les données par nappes sur les variations piézométriques des nappes phréatiques, le Tableau 8.4 fournit le rabattement moyen des nappes par grande région. La seconde colonne illustre le volume exploité des nappes qui connaissent actuellement un rabattement significatif. La troisième colonne donne le rabattement moyen des nappes phréatiques. Ce rabattement est une moyenne, pondérée par le volume de chaque nappe, des baisses de niveau de tout aquifère subissant une surexploitation significative. D’une manière plus explicite, pour chaque nappe surexploitée nous avons pondéré son rabattement par son volume afin d’obtenir une moyenne pondérée de la baisse par région et au niveau national. Nous constatons donc qu’à l’échelle de la Tunisie les nappes qui connaissent actuellement un rabattement significatif fournissent un volume global de 430,2 millions de m3, soit 56% du total de toutes les ressources phréatiques, et subissent une variation

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piézométrique moyenne de l’ordre de – 0,38 m par année. Les quatrième et cinquième colonnes fournissent les mêmes informations pour les nappes profondes. Le volume des ressources profondes affectées par un rabattement significatif s’élève donc à 924 millions de m3 par an, soit 65% des ressources globales des aquifères profonds alors que la baisse moyenne du niveau de ces nappes est de l’ordre de – 0,74 m par année. 8.3. Le coût de la surexploitation Le coût de la surexploitation comporte trois composantes: (a) le coût de pompage supplémentaire suite à un rabattement significatif, (b) le coût de remplacement des puits et des forages abandonnés46 à cause de la surexploitation de l’eau et (c) les coûts infligés à l’agriculture par la salinité croissante des eaux des nappes surutilisées47. Nous n’avons pas tenu compte de la pollution bactériologique, des éléments de trace, des hydrocarbures, et de la nitrification pour la simple raison que ce type de dégradation n’induit pour le moment aucun coût significatif ; cependant à long terme la menace est réelle. En outre, le transfert interrégional pour faire face au déficit des eaux souterraines n’est pas envisagé surtout dans le Sud. (a) Le coût de pompage L’évaluation du coût de pompage supplémentaire est présentée dans le Tableau 8.5. Nous estimons le coût additionnel de pompage nécessaire à l’extraction d’un volume d’eau à partir d’une profondeur accrue. Le coût

46 Nous n’avons pas tenu compte dans cette évaluation des approfondissements et de la réhabilitation des puits existants par manque de données fiables. 47 Théoriquement, l’impact cumulatif de la surexploitation annuelle des eaux souterraines pourrait contribuer à réduire la disponibilité de la ressource pour les générations futures (soit une perte du capital en eau). Ce chapitre a pour objectif d’estimer uniquement les impacts de la surexploitation ayant eu lieu en 2004. L’estimation de cette surexploitation est effectuée à travers les coûts additionnels de pompage, de remplacement et de dégradation de la qualité (pour plusieurs détails, voir Neher, 1990).

principal additionnel est vraisemblablement la consommation d’énergie supplémentaire (coût variable). La consommation moyenne de fuel requise pour pomper un m3 d’eau souterraine est d’environ 0,004 litre/m de profondeur (benefits transfer d’après l’étude entreprise en Iran par la Banque Mondiale, 2005c). Par ailleurs, le coût du pompage électrique est estimé à 70% de celui du diesel dans les mêmes conditions de profondeur et de débit, selon la DGRE. Il en résulte un coût annuel moyen de 1,8 millions DT. Si nous considérons un horizon temporel de 25 années et un taux d’actualisation de 4%, la valeur actualisée des coûts de rabattement des nappes profondes et phréatiques est d’environ 28,8 millions DT. Ce coût est imputé au pompage de l’eau souterraine pour tous les usages. L’évaluation du coût de pompage par région est présentée en détail dans l’Annexe VI. Le Tableau 8.6 résume les résultats en termes de valeurs annuelles et actualisés par région. Il est important de noter que presque 55% du coût national est concentré seulement dans la zone de Sud Ouest, où le rabattement des nappes profondes dépasse la moyenne nationale (0,8 m contre. 0,74 m). (b) Le coût de remplacement des puits abandonnés D’après l’état des forages de reconnaissance réalisés en 2004, le coût total des 48 forages de reconnaissance ayant une profondeur totale de 14.591 m s’est élevé à 5,9 millions DT. Cela donne une valeur moyenne de 407 DT/m. Ce coût sera appliqué pour les forages publics. Cependant, les coûts des forages privés sont largement inférieurs, par le recours à des matériaux moins performants. Selon le Ministère de l’Agriculture, il représente environ 50% du coût d’un forage public, soit 204 DT/m. Le Tableau 8.7 illustre les coûts de remplacement des forages au niveau national et leur distribution par région. On peut constater que le coût des forages privés s’élève à 9,2 millions DT et celui des forages publics est de 11,6 millions DT. Cela donne un coût total des forages de 20,9 millions DT. Selon les

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43

informations recueillies auprès du Ministère de l’Agriculture, environ 75% de ces forages sont destinés à remplacer ceux qui sont abandonnés à cause du rabattement de la nappe. Ce coût de remplacement est donc de l’ordre de 15,6 millions DT.

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44

Tableau 8.2. Ressources souterraines phréatiques par région et leur exploitation (millions m3) Ressources phréatiques totales Nappes phréatiques surexploitées

Ress. (2)

Expl. (3)

Taux Expl. (3)/(2)

Ress. (4)

Expl. (5)

Taux Expl. (5)/(4)

Grand Tunis Nord Est Nord Ouest Centre Est Centre Ouest Sud Est Sud Ouest

30

246 77 80

169 52

118

18

309 33

119 208 49 68

59

125 42

150 123 95 57

-

233 -

70 119 47 33

-

297 -

112 167 49 35

-

128 -

160 141 103 106

TUNISIE 772 803 104 502 6602 131 Source: données compilées à partir des informations recueillies auprès de la DGRE (2005a).

Tableau 8.3. Ressources souterraines profondes par région et leur exploitation (millions m3)

Nappes Profondes Nappes profondes surexploitées Ress. (2)

Expl. (3)

Taux Expl. (3)/(2)

Ress. (4)

Expl. (5)

Taux Expl. (5)/(4)

Grand Tunis Nord Est Nord Ouest Centre Est Centre Ouest Sud Est Sud Ouest

52

106 148 62

262 291 495

31 65 42 37

200 174 577

61 62 29 60 76 60

117

8

19 4 4

58 47

174

16 32 9 6

76 50

341

191 166 212 135 132 105 196

TUNISIE 1.415* 1.127 80 315 530 168

Source: Données compilées à partir des informations recueillies auprès de la DGRE (2005b). * La somme des ressources par région (1.415) dépasse légèrement celle de toute la Tunisie (1.410,6). C’est une erreur d’approximation qui figure sur les données brutes fournies par la DGRE. Tableau 8.4. Rabattement moyen des eaux souterraines (millions m3)

Ressources phréatiques annuelles Ressources profondes annuelles Région

Nappes concernées par le rabattement

(millions m3)

Rabattement annuel moyen

(m)

Nappes concernées par le rabattement

(millions m3)

Rabattement annuel moyen

(m) Grand Tunis Nord Est Nord Ouest Centre Est Centre Ouest Sud Est Sud Ouest

22

252 9

23 124

- -

- 0,17 - 0,36 -0,27 -0,28 -0,48

- -

25 27 11 5

105 174 577

- 0,17 - 0,40 -0,92 -0,57 -0,51 -0,80 -0,80

TUNISIE 430 -0,38 924 -0,74

Source: Données compilées à partir des informations recueillies auprès de la DGRE (2004). Les données ont été arrondies.

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45

(c) Les coûts de dégradation de la qualité Les eaux souterraines, aussi bien phréatiques que profondes, connaissent une dégradation progressive de la qualité sous l’effet d’une surexploitation soutenue48. Cet épuisement par l’abaissement du niveau piézométrique provoque une augmentation du taux de salinité dont les impacts négatifs sont multiples et menacent même la durabilité de tout le système49. Parmi ces impacts négatifs, nous tenons à mentionner explicitement ici :

- l’abandon de parcelles suite à la salinisation ou à cause de manque d’eau,

- les eaux supplémentaires que les agriculteurs utilisent pour lessiver les sols salés, et

- la disparition des deux étages de cultures (arbres et cultures maraîchères) dans la plupart des oasis.

Ce coût de la salinisation a été déjà évalué pour l’ensemble de la Tunisie dans la Section 3.1 (consacrée aux impacts de la salinité et de l’hydromorphie sur l’agriculture irriguée). L’introduire dans cette section nous conduirait à un double comptage. Nous tenons à mentionner que ce coût50 est effectivement largement sous-estimé dans ce contexte. En effet, le dommage dû à la salinisation est calculé dans la Section 3.1 sur la base d’un taux de salinité constant, alors que pour les nappes souterraines surexploitées cette salinisation est progressive au fur et à mesure que l’épuisement s’aggrave. L’idéal serait de trouver une méthode qui nous permette de calculer les impacts de cette salinisation croissante de la ressource en eau et son effet sur 48 Notons que la salinisation des aquifères suite à un rabattement de la nappe ou à une intrusion d’eau salée est différente de la salinisation des sols par une irrigation non appropriée par une eau chargée. 49 Par exemple, la salinité élevée des eaux de boisson (plus de 2.5g/l) dans certaines régions dans le sud ouest du pays a conduit à la surexploitation et à l’accentuation de la salinisation de l’eau de forage dans d’autres gouvernorats. 50 L’irrigation à partir des eaux souterraines couvre 60% des surfaces irriguées ; le dommage annuel dû à la salinisation des terres irriguées à partir des nappes s’élève donc à 23,82 millions DT (39.7 x O.6).

les populations concernées51. Prenons le cas des oasis comme exemple illustratif: une oasis classique est formée de trois étages de cultures, le premier est consacré aux cultures maraîchères, le second est destiné à l’arboriculture et le dernier aux palmiers dattiers. Avec une salinisation croissante, nous assistons à la disparition des cultures maraîchères dans la première étape, puis c’est au tour de l’arboriculture et, lorsque le taux de salinité atteint et surtout dépasse les 7g/l, même les palmiers deviennent improductifs ; l’exemple type de cette évolution est l’oasis d’El-Hsay (gouvernorat de Kebili) qui vit actuellement cette situation dramatique menaçant son existence suite à cette augmentation du taux de salinité. Globalement, en ajoutant les résultats finaux des sections (a) et (b), le coût total de la surexploitation des nappes souterraines est de 44,4 millions DT. Le Tableau 8.8 illustre le coût total décomposé par grande région du pays. Nous constatons que le Sud Ouest constitue la région la plus touchée avec 43% du coût national total de dégradation. Le Sud Est, le Centre Ouest et le Nord Ouest sont aussi relativement concernés par ce type de dégradation.

51 Une approche de calcul des impacts négatifs serait l’évaluation de la valeur de préservation de la qualité des eaux des nappes menacées. Concernant cette approche, voir le travail de Belloumi – Matoussi (2002).

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46

Tableau 8.5. Coût du pompage supplémentaire au niveau national Ressources phréatiques Ressources profondes Ressources concernées par le rabattement (millions m3) 430 924 Type de pompage Diesel Electrique Diesel Electrique Ressources concernées a (millions m3) Consommation moyenne de diesel (litre/m de profondeur/m3)Rabattement annuel moyen du niveau des nappes (m) Prix du marché (DT/litre de diesel) Coût annuel du pompage (DT)

215 0,004

0,38 0,640

209.150

215 …

… …

146.405b

462 0,004

0,74 0,640

875.213

462 … … …

612.649b Coût annuel total du pompage (DT) 1.843.000 Valeur Actualisée (t = 25 années, r = 4%) (DT) 28.800.000 a selon la DGRE, le taux d’électrification du pompage est de l’ordre de 50%. b 70% du coût de diesel Tableau 8.6. Coût du pompage supplémentaire par région (000 DT)

Ressources phréatiques Ressources profondes Type de pompage Diesel Electrique Diesel Electrique

Coût total annuel

Valeur Actualisée (25 ans, 4%)

Grand Tunis Nord Est Nord Ouest Centre Est Centre Ouest Sud Est Sud Ouest

5 116

3 8

76 - -

3 81 2 6

53 - -

5 14 12 3

68 179 591

4 10 9 2

48 125 414

17 221 27 19

246 304

1.005

265 3.452

422 296

3.843 4.749

15.700 TUNISIE 208 146 873 611 1.839 28.729

Tableau 8.7. Coût de remplacement par région (000 DT)

Forages Privés Forages Publics

Nombre de forages

Profondeur (m)

Coût de forage

(000 DT)

Nombre de

forages

Profondeur (m)

Coût de forage

(000 DT)

Coût total (000 DT)

Coût de remplacer les forages abandonnés

(000 DT) G. Tunis N. Est N. Ouest C. Est C. Ouest S. Est S. Ouest

45 174 33 33 95 30 10

4.405 17.453 3.022 3.475

12.645 2.811 1.326

899 3.560

616 709

2.580 573 271

4 13 14 8

17 29 40

460 2.058 2.028 2.192 4.302 7.926 9.606

187 839 827 893

1.753 3.230 3.915

1.086 4.399 1.443 1.602 4.333 3.804 4.186

815 3.300 1.082 1.202 3.250 2.853 3.139

TUNISIE 420 45.137 9.208 125 28.572 11.646 20.854 15.640 Source: DGRE (2005) pour le nombre et la profondeur des forages publics et privés Tableau 8.8. Coût total de la surexploitation par région et au niveau national (000 DT)

Région

Valeur Actualisée (25 ans, 4%)

Coût de remplacement des puits abandonnés

Coût total de surexploitation

Grand Tunis Nord Est Nord Ouest Centre Est Centre Ouest Sud Est Sud Ouest

265 3.452

422 296

3.843 4.749

15.700

815 3.300 1.082 1.202 3.250 2.853 3.139

1.080 6.752 1.504 1.498 7.093 7.093

18.839

2% 15% 3% 3%

16% 17%

43 % TUNISIE 28.729 15.640 44.368 100% Note : les totaux ont été arrondis.

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47

9. CONCLUSION Le coût global de la dégradation de l’eau est estimé à environ 0,5-0,7% du PIB, avec une moyenne de 0,6% du PIB ou 207,5 millions DT en 2004. Cette évaluation est du même ordre de grandeur que celle estimée par l’étude précédente (Sarraf et al. 2004) qui se réfère à l’année 1999. Une note qui compare les résultats des deux études se trouve dans l’encart 2. Encart 2. Le coût de la dégradation de l’eau en 2004 et 1999

Bien qu’il soit difficile de comparer directement les résultats des deux études, il est intéressant de faire quelques précisions. L’étude précédente se réfère à l’année 1999 et en ce qui concerne la dégradation de l’eau, elle se limite à estimer l’impact de l’envasement des barrages et celui de la dégradation de l’eau sur la santé, la qualité de la vie, et sur la valeur récréative du littoral. Ces coûts étaient estimés à environ 0,65% du PIB en 1999. L’étude présente évalue un éventail beaucoup plus riche d’impacts de la dégradation de l’eau. A titre comparatif, si l’on considère uniquement les impacts mesurés dans l’étude précédente, le coût de la dégradation de l’eau serait d’environ 0,28% du PIB en 2004. La diminution du coût de la dégradation de l’eau serait en grande partie expliquée par la réduction des impacts sur la santé, et ceci grâce au (i) succès du Programme National Anti-Diarrhée qui a divisé par huit le taux de la mortalité infantile due aux maladies diarrhéiques entre 1999 et 2004 ; aux (ii) investissements considérables entrepris par le Gouvernement Tunisien dans le secteur de l’assainissement qui s’élèvent à plus de 700 millions DT entre 1999 et 2004 (ONAS, 2005) et au (iii) contrôle environnemental très poussé entrepris par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et par le Ministère de la Santé Publique. La Figure 9.1 présente les bornes inférieures et supérieures des estimations de chaque impact en 2004. La perte de la productivité agricole irriguée est la plus significative, suivie par celle

due à la surexploitation des eaux souterraines. L’impact sur le tourisme vient à la troisième ou à la quatrième place, selon que l’on considère la borne supérieure ou inférieure de l’estimation. Les pertes de la biodiversité et de la pêche sont partiellement mesurées, ce qui suggère que les dommages réels dans ces secteurs peuvent en fait être plus grands. Figure 9.1. Le coût annuel de la dégradation de l’eau

Ces résultats indiquent qu’il est important de mieux comprendre l’ampleur et les causes de la dégradation environnementale en Tunisie. Nous constatons que le secteur agricole, qui est le gros utilisateur de la ressource avec 83 % du total de la consommation, enregistre la dégradation la plus large. Les nappes souterraines, suite à leur surexploitation, endurent aussi un dommage presque de la même importance. Ces deux secteurs méritent d’être suivis de plus près afin d’éviter des impacts irréversibles. Ce rapport montre que les interventions prioritaires sont (a) d’améliorer les pratiques agricoles pour réduire l’effet de la salinité et (b) de mieux réduire la surexploitation des nappes souterraines. Ces deux problèmes ont déjà été identifiés d’une manière qualitative dans plusieurs rapports de la Banque mondiale. Ce présent rapport, a le mérite de présenter des estimations quantitatives et monétaires liées à ces impacts. Il est temps d’imaginer les moyens les plus appropriés pour limiter les effets négatifs de la salinité et de concevoir les instruments capables de réduire la surexploitation qui constitue une menace sérieuse sur la durabilité du développement des régions sensibles, à savoir le Sud, le Centre et le Cap Bon pour lesquelles les eaux souterraines constituent une ressource

0.0

0.1

0.1

0.2

0.2

0.3

Agricultureirriguée

Pêche Santé Tourisme BiodiversitéSurexploitationeaux souterraines

Borne inférieure Borne supérieure% du PIB

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48

vitale. Parmi ces options, on peut envisager le développement de la recharge artificielle des nappes par les eaux conventionnelles et les eaux usées traitées, en prenant les précautions nécessaires en matière de traitement et de sélection des zones de recharge pour éviter la contamination. Cette voie est déjà en cours d’exploration au moyen de projets pilotes. Les résultats de ce rapport sont opportuns vu l’importance accordée par le Gouvernement à la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et la recharge des nappes souterraines. Bien que cette politique soit louable, ce rapport montre l’importance de l’amélioration de la qualité de l’eau traitée avant sa réutilisation. Les solutions et les mesures de remédiation / adaptation aux différentes formes de dégradations de l’eau sont nombreuses et couvrent un large spectre d’options. Outre les programmes d’investissement en infrastructures, on pourrait citer à titre indicatif : (i) le renforcement du contrôle des sources de pollution, (ii) l’évaluation et le renforcement éventuel des incitations et aides à la dépollution (FODEP), (iii) les mesures tarifaires incitant à l’économie d’eau, (iv) le développement de la réutilisation des eaux usées traitées notamment dans le Grand Tunis52, (v) l’amélioration de la coordination entre les différentes institutions (telles que l’ONAS, l’ANPE, le Ministère de l’Agriculture) afin de mieux gérer l’utilisation des nappes souterraines, (vi) le Projet d’Investissement dans le Secteur de l’Eau (PISEAU 2001-2007) et le projet d’aménagement efficient des ressources en eau en Tunisie (2007-2010). Il est donc important de faire des analyses coût/ bénéfice pour les différentes options afin de hiérarchiser les domaines d’intervention, de trouver la combinaison à moindre coût entre investissements lourds et autres mesures non capitalistiques et d’intégrer les décisions dans une politique de gestion intégrée de l’eau.

52 Le MEDD entreprend une étude de transfert des eaux usées traitées du Grand Tunis en vue d’irriguer des cultures industrielles avec production de biodiesel.

Pour bien exploiter les résultats de ces analyses, il serait judicieux de refaire l’évaluation par exemple tous les cinq ans en vue de déceler les tendances et aussi de justifier les décisions d’investissements à l’occasion des préparations des plans quinquennaux de développement. Des améliorations pourront être apportées notamment en termes d’acquisition de données. Une multitude de secteurs et d’acteurs institutionnels est concernée par l’évaluation du coût de la dégradation de l’eau. Une large dissémination des résultats de cette étude auprès de cet auditoire permettra de vulgariser les concepts et les méthodes utilisés et facilitera la clarification des rôles de chaque partenaire pour les développements futurs de cet exercice.

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Page 58: Tunisie eau 07

Annexe I

Population (millions) 9.9Population urbaine (% du total) 65Nombre de personnes par ménage 4.6PIB (millions DT) 35,000PIB/habitant (DT) 3,525Parité DT/US$ 1.25Taux d'escompte (%) 4Horizon temporel (ans) 25Valeur de Vie Statistique (VVS) (US$) 460,000Borne Supérieure de DALY (VVS, DT) 24,000Borne Inférieure de DALY (PIB/hab., DT) 3,525

Méthode Unité Unité

Borne inf. Borne sup. Borne inf. Borne sup. Borne inf. Borne sup. Borne inf. Borne sup. Borne inf. Borne sup.Agriculture irriguée1. Impacts de la salinité et hydromorphie

- Réduction de la productivité agricole à court terme Changement productivité ha DT/ha

- Réduction de la productivité agricole à long terme Changement productivité ha DT/ha

Sous-Total2. Impacts de l'eau usée insuffisamment traitée

- le périmètre de Borj Tuil Changement productivité ha DT/ha

- le périmètre de Mornag Changement productivité ha DT/ha

- autres périmètres irrigués avec l'eau usée Changement productivité ha DT/ha

Sous-Total3. Impacts de l'envasement des barrages

- Coût de remplacement lié à l'envasement Coût de remplacement m3 DT/m3 16,271,000 0.05%

Changement productivité 125 DT/ha 36,600,000 0.10%

Sous-Total 16,271,000 36,600,000 0.05% 0.10%Total agriculture irriguée 57,741,000 78,070,000 0.16% 0.22%

Pêche - Perte de la production halieutique Changement

productivité 4,300 6,500 t DT/t 13,330,000 20,150,000 13,330,000 20,150,000 0.04% 0.06%

Total pêche 13,330,000 20,150,000 0.04% 0.06%Santé1. Diarrhée - Mortalité (enfants < 5 ans) DALYs DALYs 3,525 24,000 DT/DALY 6,155,000 41,907,000 6,155,000 41,907,000 0.02% 0.12% - Morbidité (tous les sujets) DALYs DALYs 3,525 24,000 DT/DALY 1,569,000 10,683,000 1,569,000 10,683,000 0.00% 0.03%

- Coûts de traitement et de soins (enfants < 5 ans) Coût de maladie nb. de cas DT/cas

- Coûts de traitement et de soins (sujets > 5 ans) Coût de maladie nb. de cas DT/cas

- Coût d'opportunité du temps mis à s'occuper des enfants

Coût d'opportunité nb. de cas DT/cas

Sous-Total 11,085,000 55,951,000 0.03% 0.16%2. Fièvre typhoïde - Morbidité (tous les sujets) DALYs DALYs 3,525 24,000 DT/DALY 0 1,000 0 1,000 0.00% 0.00%

- Coûts de traitement et de soins (tous les sujets) Coût de maladie nb. de cas DT/cas

Sous-Total 4,320 5,320 0.00% 0.00%3. Hépatite A - Morbidité (tous les sujets) DALYs DALYs 3,525 24,000 DT/DALY 12,000 85,000 12,000 85,000 0.00% 0.00%

Sous-Total 12,000 12,000 0.00% 0.00%

Total santé 11,101,000 55,968,000 0.03% 0.16%

mén. = ménage

DT = Dinar TunisienABREVIATIONS

q = quintalt = tonne

7,600,000

2,000 67 133,000 133,000

1,746445

84,000

3,100

19,440,000 0.8

4,000 1,900

16,271,000

39,735,000 0.11%

1,735,000 0.00%

0.00%

0.00%

969,000

376,000 0.00%

1,000 390 390,000 390,000

1,166 323 376,000

3,000 2,700 8,100,000

3,800 255 969,000

31,635,000

0.02%

0.09%

8,100,000

750 2,700

0.03

4

Valeur Annuelle (DT/an) Valeur Actualisée Nette (DT)

2,222,000 2,222,000

2,025,000

1,006,000

Données économiques 2004

Coûts des dommagesPrix Nombre % du PIB

Banque Mondiale, 2005

Références

D'après Viscusi et Aldy, 2003

Banque Mondiale, 2006Banque Mondiale, 2006

0.00%

0.00%

0.01%

27 160 4,320 4,320 0.00%

22

12 1,006,000

102,000

JBIC, 2001Banque Mondiale, 2006Banque Mondiale, 2006Banque Mondiale, 2006Banque Mondiale, 2005

ha = hectaren.d. = non disponibleDALY = Disability Adjusted Life Yearhab. = par habitant

Page 59: Tunisie eau 07

Annexe I

Tourisme

- Perte de valeur récréative au Grand Tunis Coût de déplacement

touristes nationaux 8 15

coût additionnel du transport et

séjour/personne2,600,000 4,800,000 2,600,000 4,800,000 0.01% 0.01%

- Perte de valeur récréative à Sfax Coût de déplacement

touristes nationaux 60 88

coût additionnel du transport et

séjour/personne14,600,000 21,200,000 14,600,000 21,200,000 0.04% 0.06%

- Perte de valeur récréative à Gabès Coût de déplacement

touristes nationaux 6 37

coût additionnel du transport et

séjour/personne246,000 1,476,000 246,000 1,476,000 0.00% 0.00%

- Perte de valeur récréative à Khnis-Sayada Coût de déplacement

touristes nationaux 6 9

coût additionnel du transport et

séjour/personne219,000 329,000 219,000 329,000 0.00% 0.00%

- Perte de valeur récréative à Soliman Coût de déplacement

touristes nationaux 6 9

coût additionnel du transport et

séjour/personne116,000 174,000 116,000 174,000 0.00% 0.00%

2. Tourisme international Disposition à Payer

touristes internationaux

disposés à payer

DAP/touriste

Total tourisme 32,500,000 42,700,000 0.09% 0.12%Biodiversité1. Dégradation des zones humides

- Dégradation des zones humides intérieures Coût de remplacement n.d. n.d.

- Dégradation des zones marines et humides côtières Coût de remplacement n.d. n.d.

Total biodiversité (évaluation tentative)Surexploitation des eaux souterraines1. Coût de pompage supplémentaire

- des nappes phréatiques (diesel) Coût de remplacement

millions m3 concernés

par rabattement

DT/m3

- des nappes phréatiques (électrique) Coût de remplacement

millions m3 concernés

par rabattement

DT/m3

- des nappes profondes (diesel) Coût de remplacement

millions m3 concernés

par rabattement

DT/m3

- des nappes profondes (électrique) Coût de remplacement

millions m3 concernés

par rabattement

DT/m3

Sous Total2. Remplacement des puits abandonnés

- forages privés Coût de remplacement

m de profondeur

DT/m de profondeur

- forages publiques Coût de remplacement

m de profondeur

DT/m de profondeur

Sous TotalTotal surexploitation

COÛTS DE LA DÉGRADATION DE L'EAU 166,317,000 248,533,000 0.48% 0.71%

COÛTS DE LA DÉGRADATION DE L'EAU (MOYENNE)

0.00%

0.02%

n.d. n.d. 147,000 147,000

n.d. n.d. 7,100,000 7,100,000

323,000

242,000

44,398,000

0.01%

0.01%

0.04%

0.03%

14,720,000

207,425,000

215 0.001 209,152 3,267,000

215 0.001 146,406 2,287,000

6,889,035 6,900,000

462 0.002 875,213 13,673,000

462 0.001

45137 153

28472 305 8,734,500 8,700,000

40,000

38,500

14,720,000 0.04%

20,300

16920,000

7,247,000 0.02%7,247,000

0.13%

0.08%

612,649 9,571,000

0.04%

0.02%

28,798,000

0.59%

0.02%

15,600,000

Page 60: Tunisie eau 07

Annexe IIAGRICULTURE IRRIGUEE

1. SALINITÉ ET HYDROMORPHIEQuantité Source

Superficie irriguée (ha) 375,000 Lebdi, 2005Perte annuelle de la productivité agricole due à la salinité et l'hydromorphie (équivalent ha) 3,750 Mhiri et Bousnina, 1999 - perte à court terme (ha) 3,000 - perte irréversible (ha) 750Valeur ajoutée totale de l'agriculture irriguée (DT/ha) 2,700 Ministère de l'Agriculture, 2005a - perte à court terme (valeur annuelle, DT) 8,100,000 - perte irréversible (valeur actualisée pour 25 ans, DT) 31,600,000Perte totale due à la salinité et hydromorphie (DT) 39,700,000

2. EAUX USEES INSUFFISAMMENT TRAITEESQuantité Source

Surface irriguée avec des eaux traitées (ha) 7,440 ONAS, 2004Surface irriguée avec des eaux insuffisamment traitées (ha) 6,066a. Périmètre Borj Touil : perte de la production agricole annuelle (TD) 3,262,000 MARH, 2005a - superficie irriguée (ha) 3,824 MARH, 2005a - perte (TD/ha) 853b. Périmètre Mornag : perte de la production agricole annuelle (TD) 1,391,000 MARH, 2005b - superficie irriguée (ha) 1,087 MARH, 2005b - perte (TD/ha) 1,280c. Autres périmètres: perte de la production agricole (TD) 1,130,000 - superficie irriguée (ha) 1,055 - perte (TD/ha) 1,066Perte totale sur les périmètres irriguées avec des eaux usées insuffisamment traitées (DT) 5,780,000Perte totale due à la mauvaise qualité de l'eau usée traitée (DT) 1,730,000

3. ENVASEMENT DES BARRAGES

3.1. Coût de remplacementQuantité Source

a. Surélévation du barrage Sidi-Salem - capacité (m3/an) 6,340,000 DGETH, 2003; MARH, 2003 - coût de surélévation (DT/m3) 0.005 DGETH, 2003; MARH, 2003 - coût total de surélévation (DT) 31,700b. Construction de nouveaux barrages - capacité (m3/an) 13,100,000 DGETH, 2003; MARH, 2003 - coût de construction (DT/m3) 1.24 DGETH, 2003; MARH, 2003 - coût total de construction (DT) 16,244,000c. Dragage (DT) 0Coût total de remplacement (DT) (a+b+c) 16,280,000

3.2. Diminution de la productivité agricoleQuantité Source

Sédimentation annuelle (million m3) 19Volume d'eau de barrages alloué pour l'irrigation intensive (million m3) 409 Ministère de l'Agriculture, 2005aSurface agricole irriguée intensive par les eaux de barrages (ha) 85,490Volume d'eau allouée pour irriguer 1 ha (m3/ha) 4,780Surface agricole équivalante perdue par la sédimentation (ha) 4,000Valeur ajoutée de la production dans les terres irriguées (TND/ha) 2,700 Ministère de l'Agriculture, 2005a et Valeur ajoutée de la production dans les terres non irriguées 800 Ministère de l'Agriculture, 2005a et j ( g g )(TND/ha) 1,900Perte de la valeur agricole due à la sédimentation (TD/an) 7,600,000Perte totale de la valeur agricole due à la sédimentation (valeur actualisée pour les années sècheresse, TD) 36,600,000

Perte due à l'envasement des barrages (min, TD) 16,280,000Perte due à l'envasement des barrages (max, TD) 36,600,000

Page 61: Tunisie eau 07

Annexe III

PÊCHEGouvernorat

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004Beja Jendouba 1,400 1,600 1,600 1,600 1,900 1,900 2,000 2,000 2,000 2,500Bizerte 5,800 4,800 5,300 5,400 5,300 5,500 5,900 6,000 6,100 6,400Grand Tunis 1,700 1,900 1,900 2,800 2,900 3,400 3,300 3,300 2,800 3,300Nabeul 11,400 10,400 11,800 12,900 13,300 13,000 13,000 13,000 13,300 18,100Sousse 4,500 4,700 4,500 4,500 3,800 3,000 3,800 4,100 4,200 4,600Monastir 7,100 8,400 9,000 9,400 9,900 9,400 8,400 8,000 10,400 11,900Mahdia 13,600 12,100 14,000 14,800 12,500 12,000 13,200 13,600 13,900 16,200Sfax 21,200 21,900 22,400 21,800 22,700 24,700 25,600 23,300 21,000 22,200Gabès 5,000 6,700 5,900 4,700 8,500 9,200 9,700 9,400 7,300 9,000Médenine 11,800 11,500 12,300 12,000 12,000 12,800 13,100 13,500 13,500 15,800Autres 200 200 400 300 300 300 300 300 300 200Production totale 83,700 84,200 89,100 90,200 93,100 95,200 98,300 96,500 94,800 110,200Sfax + Gabès 26,200 28,600 28,300 26,500 31,200 33,900 35,300 32,700 28,300 31,200Reste du pays 57,500 55,600 60,800 63,700 61,900 61,300 63,000 63,800 66,500 79,000Sfax + Gabès (% du total) 31% 34% 32% 29% 34% 36% 36% 34% 30% 28%Reste du pays (% du total) 69% 66% 68% 71% 66% 64% 64% 66% 70% 72%Source : Commissariat Général de la Pêche (CGP)

1999 2000 2001 2002 2003 2004Équipée de moteurSfax 1,200 1,100 1,100 1,100 1,200 1,200Gabès 100 200 200 200 200 100Non équipée de moteurSfax 2,100 2,000 1,800 2,200 2,200 2,100Gabès 139 134 144 144 134 134A la traîneSfax 244 259 267 260 255 263Gabès 0 0 0 0 0 0SardinesSfax 35 35 31 31 30 0Gabès 70 70 63 66 65 39ThonSfax 27 25 32 32 38 33Gabès 16 14 10 8 8 8AutresSfax et Gabès 0 0 0 0 0 0Total Sfax + Gabès 3,900 3,800 3,600 4,000 4,100 3,900Reste du pays 8,200 8,000 7,900 7,800 7,300 6,600Tunisie 12,100 11,800 11,500 11,800 11,400 10,500

1999 2000 2001 2002 2003 2004Sfax + Gabès 8.0 8.9 9.8 8.2 6.9 8.0 Reste du pays 7.5 7.7 8.0 8.2 9.1 12.0Tendance à Sfax + GabèsTendance dans le Reste du pays

Production unitaire à Sfax + Gabès s'il y avait la même tendance du Reste du pays

9.8 10.5 11.3 12.0 12.8 13.6

Manque à gagner à Sfax + Gabès 1.8 1.6 1.5 3.9 5.9 5.6

Valeur monétaire du poisson (DT/t) 3,10067

20%30%13.4

20.2

Évolution de la production de la pêche et de l'aquaculture par gouvernorat 1995-2004 (tonnes)

La flotte de pêche (nombres bateaux de pêche)

Production unitaire de pêche (t/bateau)

% de la perte due à la pollution de l'eau (%)Perte de la production de pêche due à la pollution de l'eau (MIN, millions DT)

Perte de la production de pêche due à la pollution de l'eau (MAX, millions DT)

Évaluation monétaire de la perte (2004)

y = - 0.22 * x + 9y = 0.76 * x + 6

Manque à gagner à Sfax + Gabès (millions DT)% de la perte due à la pollution de l'eau (%)

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Annexe IV

SANTÉ

1. DIARHEE Quantité Unité Source

A. Mortalité infantile (< 5 ans)Décès annuels chez sujets < 5 ans (toutes causes) 4,150 nombre cas UNICEF, 2004Taux de mortalité due à la diarrhée 1.5 % Communication PNLADDécès annuels chez sujets < 5 ans (dûs à la diarrhée) 62 nombre cas% de décès annuels dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, de l'assainissement et d'hygiène 85 % Hutton and Haller (2004)

Décès annuels dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, de l'assainissement et d'hygiène 53 nombre cas Communication PNLAD

DALYs par décès d'enfant 33 DALY WHO, 2006DALYs totaux - mortalité infantile 1,746 DALYs/an

B. Morbidité infantile (< 5 ans)Nombre de cas chez les sujets < 5 ans (secteur publique, CSP) 65,855 nombre cas DSSB, 2004

Nombre total de cas chez les sujets < 5 ans 235,196 nombre cas% de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 85 % Hutton and Haller (2004)

Nombre de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 199,917 nombre cas

Durée de la maladie (jours/cas) 3 jours MédecinDurée totale par an (jours) 599,751 joursDurée totale par an (années) 1,643 annéesDALYs par an d'épisode diarrhéique chez sujets <5ans 0.12 DALY/épisode WHO, 2006DALYs totaux - morbidité infantile 197 DALYs/an

C. Mortalité chez sujets > 5 ans Nombre de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et de l'hygiène 0 nombre cas Estimation personnelle

DALYs totaux - mortalité chez sujets > 5 ans 0 DALYs/an

D. Morbidité chez sujets > 5 ans Nombre cas chez sujets > 5 ans (secteur publique) 118,300Nombre total cas chez sujets > 5 ans 394,333 nombre cas% de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 85 % Hutton and Haller (2004)

Nombre de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 335,200 nombre cas Communication PNLAD

Durée de la maladie (jours/cas) 3 jours/cas MédecinDurée totale par an (jours) 1,005,600 joursDurée totale par an (années) 2,755 annéesDALYs par an d'épisode diarrhéique chez sujets >5 ans 0.09 DALY/épisode WHO, 2006DALYs totaux - morbidité chez sujets > 5 ans 248 DALYs/an

DALYs TOTAUX - mortalité et morbidité 2,191 DALYs/an

E. Coûts de traitement des enfants ( <5 ans) - Cas d'hospitalisationNombre total de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 199,917 nombre cas

% de cas qui nécessitent hospitalisation 0.35 % DSSB, 2004Nombre de cas qui nécessitent hospitalisation 700 nombre casDurée d'hospitalisation par cas 3 jours/cas MédecinDurée totale d'hospitalisation 2,099 joursCoûts d'hospitalisation par jour (entre 40 et 65 DT/cas/jour) 53 DT/jour MédecinCoût des médicaments par jour 1 DT MédecinCoût du médecin par jour 10 DT MédecinCoût total des cas d'hospitalisation 133,000 DT

- Cas de déshydratation% de cas avec déshydratation 1.35 % DSSB, 2004Nombre de cas de déshydratation 2,699 nombre casCoûts de traitement (entre 150 et 200 DT/cas et incluant aussi l'examen biologique) 175 DT/cas Médecin

Coût total des cas de déshydratation 472,000 DT

- Cas de diarrhée sanglante% de cas de diarrhée sanglante 0.86 % DSSB, 2004Nombre de cas de diarrhée sanglante 1,719 nombre casCoûts de traitement (entre 500 et 700 DT/cas et incluant l'analyse bactériologique, endoscopie, antibiotiques) 600 DT Médecin

Coût total des cas de diarrhée sanglante 1,032,000 DT

- Cas sans complications% de cas sans complications 97.4 % DSSB, 2004Nombre de cas sans complications 195,000 nombre cas

Page 63: Tunisie eau 07

Annexe IV

Coût de traitement (3 jours/cas, sans hospitalisation) 3 DT MédecinCoût total des cas sans complications 585,000 DT

F. Coûts de temps mis à s'occuper des enfants ayant des problèmes de déshydratation et diarrhée sanglanteNombre de cas de déshydratation et diarrhée sanglante 4,418 nombre casValeur d'une journée de travail perdue 10 TD/jourDurée de traitement 3 jours/cas MédecinCoût du temps mis à s'occuper des enfants 133,000 DT/an

G. Coûts de traitement pour les sujets > 5 ansNombre de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, de l'assainissement et d'hygiène 335,200 nombre cas Communication PNLAD

Durée de traitement 3 jours/cas MédecinCoût des médicaments (pour 3 jours) 3 DT MédecinCoût de traitement minimal chez sujets > 5 ans 1,006,000 DT/an

Coût total de traitement et de soins (E+F+G) 3,361,000 DT/an

2. FIÈVRE TYPHOÏDE Quantité Unité Source A. MorbiditéNombre total de cas 170 nombre cas DSSB, 2004Nombre total de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène (ils n'incluant pas 143 cas à Gabès)

27 nombre cas DSSB, 2004

Durée de la maladie (jours/cas) 3 jours/cas MédecinDurée totale par an (jours) 81 joursNombre d'année 0.2 ans

DALYs/épisode de fièvre typhoïde 0.12 DALY/épisodeWHO, 2006; coefficient pour la diarrhée, comme approx

DALYs totaux 0.03 DALYs/an

B. Coût de traitementJours d'hospitalisation 3 joursCoûts de traitement en hôpital (20% des cas) 2,160 DT MédecinCoûts de traitement en ambulatoire (80% des cas) 2,160 DT MédecinCoût total de traitement 4,320 DT/an

3. HÉPATITE A Quantité Unité Source A. MorbiditéNombre total de cas 945 nombre cas DSSB, 2004% de cas d'hépatite dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 80 % Estimation selon avis

médicalNombre total de cas dûs au manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 756 nombre cas

Durée de la maladie (jours/cas) 10 jours/casDurée totale par an (jours) 7,560 joursNombre d'année 21 ans

DALYs/épisode de hépatite 0.17 DALY/épisodeWHO, 2006; coefficient pour hépatite B et C comme approx.

DALYs totaux 4 DALYs/an

B. Coût de traitement (pas de traitement, seulement repos au lit) 0 DT

COMPARAISON DES COÛTS DE MORTALITÉ 1999-2004

Mortalité infantile (< 5 ans) 1999 2004Décès annuels chez les enfants < 5 ans (toutes causes) 5,392 4,150Taux de mortalité dû à la diarrhée 10% 1.5%Décès dû à la diarrhée causée par le manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène (1) 85% 85%Décès annuels dus à la diarrhée causée par le manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène 458 53DALY par décès d'enfant (<5 ans) (2) 33 33DALYs totaux 15,125 1,746PIB/habitant (DT/habitant) (3) 2,634 3,525DAP/habitant (DT/habitant) (4) 23,400 24,000Coût de mortalité infantile (inférieur, millions DT) 40 6Coût de mortalité infantile (supérieur, millions DT) 354 42Coût de mortalité infantile (inférieur, % du PIB) 0.16% 0.02%Coût de mortalité infantile (supérieur, % du PIB) 1.42% 0.12%Coût de mortalité infantile (moyenne, % du PIB) 0.79% 0.07%

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Annexe IV

Note: Les données qui se réfèrent à l'année 1999 sont basées sur Sarraf et al. (2004). Pour comparer les estimations des deux années, on considère qu'en 1999: (1) environ 85% de cas de diarrhée sont causés par le manque de l'approvisionnement adéquat d'eau, d'assainissement et d'hygiène (Hutton and Haller, 2004); (2) la mort d'enfant est équivalente a 33 DALYs (WHO, 2006) au lieu de 35 DALYs du rapport précédant; (3) la borne inférieure de l'estimation monétaire est PIB/habitant plutôt que 50% du PIB/habitant; (4) la borne supérieure de l'estimation monétaire se base sur la VVS qui était calculée selon Viscusi et Aldy (2003).

Page 65: Tunisie eau 07

Annexe V

TOURISME NATIONAL

1. ORIGINE: GRAND TUNIS Quantité SourceTotal population (15-69 ans) (habitants) 1,453,000 ACC, 2005Taux de départ en vacances (%) 62 ACC, 2005, p. 103Nombre de vacanciers de Grand Tunis (1) 901,000 Taux de départ en vacances s'il n'y avait pas de pollution (basé sur les taux de départ vers d'autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (min, %) 40 ACC, 2005Taux de départ en vacances s'il n'y avait pas de pollution (basé sur les taux de départ vers des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (max, %) 50 ACC, 2005Taux de départ de Grand Tunis dû à la pollution de l'eau (min, %) 12 Taux de départ de Grand Tunis dû à la pollution de l'eau (max, %) 22

DEPARTS DE GRAND TUNIS: NABEUL HAMMAMET BIZERTE(2) 10% 18% 8%Total vacanciers de Grand Tunis qui voyagent vers des destinations non polluées 90,000 158,000 75,000Nombre moyen de voyages par vacancier par an 2 2 2Distance aller-retour (km) 150 200 100 Coût de transport (DT/an) (3) 3,206,250 7,505,000 1,781,250 Frais de séjour (DT/an) (4) 2,565,000 4,503,000 2,137,500 Coût de transport et de séjour (DT/an) 5,771,250 12,008,000 3,918,750 Coût de transport et de séjour dû à la pollution en Grand Tunis (min, DT/an) 692,550 1,440,960 470,250Coût de transport et de séjour dû à la pollution en Grand Tunis (max, DT/an) 1,269,675 2,641,760 862,125Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MIN)Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MAX)Remarque/hypothèse:

2. ORIGINE: SFAX Quantité SourceTotal population (15-69 ans) (habitants) 546,000 ACC, 2005Nombre vacanciers de Sfax (1) 393,000 Taux de départ en vacances (%) 72 ACC, 2005Taux de départ en vacances s'il n'y avait pas de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (min, %) 40 ACC, 2005Taux de départ en vacances s'il n'y avait de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (max, %) 50 ACC, 2006Taux de départ de Sfax dû à la pollution de l'eau (min, %) 22Taux de départ de Sfax dû à la pollution de l'eau (max, %) 32

DEPARTS DE SFAX:SFAX (plage

Echaffar) MAHDIA SOUSSE HAMMAMET DJERBA

% de vacanciers de Sfax qui voyagent vers des destinations non polluées (2) 4% 17% 19% 14% 7%

Total vacanciers de Sfax qui voyagent vers des destinations non polluées 17,000 66,000 74,000 56,564 28,282 Nombre moyen de voyages par vacancier par an 2 2 2 2 2 Distance aller-retour (km) 50 208 254 420 472Coût de transport (DT/an) (3) 202,000 3,260,000 4,464,000 5,642,000 3,170,000 Frais de séjour (DT/an) (4) 484,500 14,421,000 16,169,000 ######### 6,179,620 Coût de transport et de séjour (DT/an) 686,500 17,681,000 20,633,000 ######### 9,349,620 Coût de transport et de séjour dû à la pollution en Sfax (min, DT/an) 151,000 3,890,000 4,539,000 3,960,000 2,057,000Coût de transport et de séjour dû à la pollution en Sfax (max, DT/an) 220,000 5,658,000 6,603,000 5,760,000 2,992,000Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MIN)Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MAX)Remarque/Hypothèse:

ESTINATION DES VACANCIERS DE GRAND TUNI

21,200,000

(2) Selon l'enquête sur un échantillon de 278 vacanciers de Sfax, 12 partent pour la plage Echaffar (Sfax), 47 pour Mahdia, 52 pour Sousse et 40 pour Hammamet et 20 pour Djerba (ACC, 2005, p. 107). (3) Pour la plage Echaffar de Sfax, nous considérons qu'un touriste passe 1 jour de vacances et paye un tarif minimum de 15DT/jour; pour Mahdia, Sousse, Hammamet et Djerba, les touristes internes passent en moyen 2.3 nuitées/séjour à un tarif de 50DT/nuitée, c'est à dire 115 DT/séjour (ACC, 2005, p. 44).

(1) Il s'agit des 'touristes internes', c'est à dire ceux qui ont passé au moins une nuitée au dehors de leur lieu de résidence (ACC, 2005, p. 12).

14,600,000

2,600,0004,800,000

DESTINATIONS DES VACANCIERS DE SFAX:

(1)Il s'agit des 'touristes internes', c'est à dire ceux qui ont passé au moins une nuitée en dehors de leur lieu de résidence (ACC, 2005, (2) Selon l'enquête sur un échantillon de 677 vacanciers de Grand Tunis, 10% partent pour Nabeul, 18% pour Hammamet et 8% pour Bizerte. (ACC, 2005, p. 107). (3) Nous considérons que le déplacement a lieu en auto, 4 personnes/auto et le coût de déplacement (essence, etc.) est environ 0,5 (4) les touristes internes restent au moins une nuitée dont le tarif varie entre 50 DT/nuit/personne en demi-pension pendant la saison estivale et environ 15-20DT/nuit/personne en basse saison (ACC, 2005, p. 44). Nous considérons l'hypothèse la plus conservatrice d'une nuitée par touriste/an pendent la basse saison.

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Annexe V

3. ORIGINE: GABÈS Quantité SourceTotal population (15-69 ans) (habitants) 212,500 ACC, 2005Nombre vacanciers de Gabès (1) 110,500Taux du départ en vacances (%) 52 ACC, 2005Taux du départ en vacances s'il n'y avait pas de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (min, %) 40 ACC, 2005Taux du départ en vacances s'il n'y avait pas de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (max, %) 50 ACC, 2005Taux du départ de Gabès dû à la pollution de l'eau (min, %) 2Taux du départ de Gabès dû à la pollution de l'eau (max, %) 12

DEPARTS DE GABÈS: DJERBA MAHDIA SOUSSE ZARZIS% de vacanciers de Gabès qui voyagent vers des destinations non polluées (2) 13% 5% 15% 5%Total vacanciers de Gabès qui voyagent vers des destinations non polluées 14,000 5,000 16,000 5,000Nombre moyen de voyages par vacancier par an 2 2 2 2Distance aller-retour (km) 200 480 526 276Coût de transport (DT/an) (3) 665,000 570,000 1,998,800 327,750Frais de séjour (DT/an) (4) 3,059,000 1,092,500 3,496,000 1,092,500Coût de transport et de séjour (DT/an) 3,724,000 1,662,500 5,494,800 1,420,250Coût de transport et de séjour dû à la pollution à Gabès (min, DT/an) 74,480 33,250 109,896 28,405Coût de transport et séjour dû à la pollution à Gabès (max, DT/an) 446,880 199,500 659,376 170,430Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MIN)Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MAX)

4. ORIGINE: KHNIS-SAYADA Quantité SourceTotal population (15-69 ans) (habitants) 55,000 ACC, 2005Taux de départ en vacances (%) 70 ACC, 2005Taux de départ en vacances s'il n'y avait de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (min, %) 40 ACC, 2005Taux de départ en vacances s'il n'y avait de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (max, %) 50 ACC, 2005Taux de départ de Khnis-Sayada dû à la pollution de l'eau (min, %) 20 Taux de départ de Khnis-Sayada dû à la pollution de l'eau (max, %) 30 Nombre vacanciers de Khnis - Sayada 38,500 ACC, 2005Nombre moyen de voyages par vacancier par an 2Distance aller-retour (km) 40Coût de transport vers des destinations non polluées (DT/an) 365,750Frais de séjour (10DT/jour/touriste) (DT/an) 731,500Coût de transport et de séjour (DT/an) 1,097,250Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MIN) 219,000Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MAX) 329,000

5. ORIGINE: SOLIMAN SourceTotal population (15-69 ans) (habitants) 29,000 ACC, 2005Taux de départ en vacances (%) 70 ACC, 2005Taux du départ en vacances s'il n'y avait pas de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (min, %) 40 ACC, 2005Taux du départ en vacances s'il n'y avait de pollution (basé sur les taux du départ dans des autres régions non polluées: Bizerte, Nabeul, Sousse) (max, %) 50 ACC, 2005Taux de départ de Soliman dû à la pollution de l'eau (min, %) 20Taux de départ de Soliman dû à la pollution de l'eau (max, %) 30Nombre de vacanciers de Soliman 20,300 ACC, 2005Nombre moyen de voyages par vacancier par an 2Distance aller-retour (km) 40Coût de transport vers des destinations non polluées (DT/an) 192,850Frais de séjour (10DT/jour/touriste) (DT/an) 385,700Coût de transport et de séjour (DT/an) 578,550Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MIN) 116,000 Coût total de transport et de séjour dû à la pollution (MAX) 174,000

Pertes totales du tourisme national dues à la pollution (MIN) 17,800,000

Remarque/hypothèse:(1) Il s'agit des 'touristes internes', c'est à dire ceux qui ont passé au moins une nuitée au dehors de leur lieu de résidence (ACC, 2005, p. 12).

(2) Selon l'enquête sur un échantillon de 80 vacanciers de Gabès, 10 partent pour Djerba, 4 pour Mahdia et 12 pour Sousse et 4 pour Zarzis (ACC, 2005, p. 107). (3) Nous considérons que le déplacement a lieu en auto, 4 personnes/auto et le coût de déplacement (essence, etc.) est environ 0,5 DT/km.

1,476,000

(4) Les touristes internes passent en moyen 2.3 nuitées/séjour en Djerba, Mahdia, Sousse, et Zarzis et payent un tarif de 50DT/nuitée, c'est à dire 115 DT/séjour (ACC, 2005, p. 44).

246,000

DESTINATIONS DES VACANCIERS DE GABÈS:

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Annexe V

Pertes totales du tourisme national dues à la pollution (MAX) 28,000,000

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Annexe VI

SUREXPLOITATION DES RESSOURCES SOUTERRAINES

Coût de pompage par régionGrand Tunis Nord Est Nord Ouest Centre Est Centre Ouest Sud Est Sud Ouest Total

RESSOURCES PHREATIQUESRessources concernées par le rabattement (millions m3) 22 252 10 23 124 0 0 430Consommation moyenne diesel (litre/m de profondeur/m3) 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004Rabattement annuel moyen du niveau de nappe (m) 0.17 0.4 0.3 0.3 0.5 0.0 0.0 0.4Prix du marché (DT/litre diesel) 0.64 0.64 0.64 0.64 0.64 0.64 0.64 0.6Coût annuel du pompage diesel (DT/an) (1) 4,787 116,122 3,300 8,100 76,186 0 0 210,000Coût annuel du pompage électrique (DT/an) (2) 3,351 81,285 2,310 5,670 53,330 0 0 146,000RESSOURCES PROFONDESRessources concernées par le rabattement (millions m3) 25 28 5 5 105 174 577 918Consommation moyenne de diesel (litre/m de profondeur/m 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004 0.004Rabattement annuel moyen du niveau de nappe (m) 0.17 0.4 0.92 0.57 0.51 0.8 0.8 0.7Prix du marché (DT/litre diesel) 0.64 0.64 0.64 0.64 0.64 0.64 0.64 0.6Coût annuel du pompage diesel (DT/an) (3) 5,462 14,080 6,182 3,283 68,283 178,176 591,258 867,000Coût annuel du pompage électrique (DT/an) (4) 3,823 9,856 4,328 2,298 47,798 124,723 413,880 607,000Coûts totaux du pompage par région (DT/an) (1+2+3+4) 17,423 221,343 16,121 19,351 245,596 302,899 1,005,138 1,830,000