T Le H maître E Z conférences E. · Passionnée par l’univers. Célibataire. Disponible à la...

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Le maître de conférences... T H E Z E.

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Lemaître de conférences...

THEZE.

Pour mon Gandalf...Pour mon Bien Aimé...

La faculté du Mirail. Toulouse...

Le lieu.

S’habille de noir.Style romantique.Piercing. Tatouage.Cheveux longs tressés.Lunettes rondes.Trait noir sur les paupières. Silencieuse et attentive.Fantasque ascendant fantasque.Atypique, sensible, vivante. Passionnée par l’univers. Célibataire.Disponible à la rencontre. Bienveillante le plus souvent.Amoureuse de la connaissance.

Son proverbe :

Moïse est arrivé et a dit : tout est loi.Jésus est venu et a dit : tout est amour. Marx est venu et a dit : tout est argent.Freud est arrivé et a dit : tout est sexe.

Einstein est venu et a dit : tout est relatif.

Janvier 2012.

Alice entre à l’université. Elle apprend les sciences humaines et sociales.Formatrice dans ce secteur, c’est ce qu’elle veut.Les cours ont commencé depuis un mois.L’homme responsable de cette formation s’appelle Patrice Boussane et il lui plait.

Grand. Cheveux noirs, cheveux blancs.Lunettes rectangulaires. Myope depuis toujours.S’habille en noir.Elégant. Charmant. Bon vivant.

Passionné par son métier.Théâtral dans ses discours. Un soupçon de narcissisme.Bienveillant le plus souvent.

Pas disponible ascendant marié.Concret opposé à virtuel. Fidèle. Répétitif. Attentif.Sensible et généreux.Très classique.Maître de conférences.

Amoureux de la connaissance.

Grand. Cheveux noirs, cheveux blancs.Lunettes rectangulaires. Myope depuis toujours.S’habille en noir.Elégant. Charmant. Bon vivant.

Passionné par son métier.Théâtral dans ses discours. Un soupçon de narcissisme.Bienveillant le plus souvent.

Pas disponible ascendant marié.Concret opposé à virtuel. Fidèle. Répétitif. Attentif.Sensible et généreux.Très classique.Maître de conférences.

Amoureux de la connaissance.

Son proverbe :

Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours.

Lao steu.

Elle est dans le métro et dans ses rêves. Arrêt.Station : Mirail Université.

Elle sort du métro d’un pas rapide en se déhanchant dis-crètement sur une musique enivrante qu’elle écoute sur son ipod. Elle rencontre un chat noir, Symbole d’espoir. Elle suit la grande route d’où elle voit l’Arche.

Elle passe dessous, arrive dans l’allée principale, marche devant la Fabrique (lieu de spectacle, d’expo-sition).

Le chat vit là.

puis prend légèrement à gauche, traverse l’espace vert. En décembre il est gris.

Ensuite à droite, dans le long couloir moche, vieux et sombre.Le chat la suit. Elle lui sourit.

puis au fond à gauche vers le bâtiment B14.

Elle entre. Long couloir encore. Tourne très vite à gauche, fait quelques pas.

20 marches : 1er étage. Tout de suite à gauche : salle 1763.

Elle pénètre dans la pièce.

Patrice Boussane est là.

Le voir est plaisir.

Des regards qui s’échangent,des sensations qui se mélangent, et avec tout cela elle crée une histoire… Elle invente, elle a cette option.C’est ainsi qu’elle entre dans la fiction.

Toute cette attention, à toutes ces émotions tissent des liens.Toutes ces interactions définissent un chemin. Sous influence hormonal,elle devient subliminale.

Le cours commence...

Il parle des comportements de la nature humaine.

«Nous appartenons à un grand mouvement qui s’appelle l’Evolution. Nous ne sommes qu’une extension du vivant. Nous sommes la matière pensante de l’univers.Ce qui nous distingue des animaux c’est le langage, la civilisation, cette possibilité d’apprendre, de savoir et toute cette mémoire qui fixe notre identité.

Le cerveau : l’outil qui nous permet de nous souvenir de nous-mêmes. Il est ce que l’univers dans son mystère et ses émergences successives a fait de plus complexe».

Il parle de connaissance. Ce mot elle aime, il élargit la conscience. Transformant notre vision du monde.D’une manière trés profonde.

«L’humain, un être de relations, de passions et de raison.Il se construit grâce à une multitudes d’informations.

Il réajuste sa vie s’il en comprend les leçons».

Assise dans la salle avec les autres, elle savoure ses impressions.Dans le silence oeuvre son imagination.Son esprit propose des scénarii conforment à la loi d’attraction.

Ils renforcent l’illusion par l’accumulation d’indices fait d’artifices. Jusqu’à trouver du sens à cette rencontre. Et déjà elle a tort.Il n’y a pas de rencontre, seulement des cours auxquels elle assiste. Voilà la réalité.Tout le reste n’est qu’interprétation et représentation. Le cerveau est formaté ainsi.Alice de nature romantique vit dans un corps organique, hormonal, ce qui déforme grandement sa vision. Elle espère dans la sensation.

Elle ne possède aucun choix. Elle perçoit, elle conçoit, ne fait que ça.Elle ne peut agir que sur l’apparence.

Pourtant en elle s’abrite sa présence.

Alice possède cette particularité sous l’effet d’une forte émotion, de générer de l’évène-ment avec ce qui ne sont que des instants.

Il finit son cours.

Faits d’hiver...

Début janvier 2012.Quatre semaines qu’elle suit les cours. Un jour, un matin. Vue du jardin.Il vient vers elle et lui serre la main. Il garde celle-ci dans la sienne. Longtemps, trop longtemps. Couché sur le banc, le chat en est témoin. Il pose l’autre main sur son épaule et ainsi il déploit son émoi. Elle pense qu’il veut la rassurer, mais de quoi ?Elle fixe sur lui un regard tout surpris qu’il n’a pas saisi.

Il lui parle de tout et de rien comme il sait faire.Elle ne peut que se taire.

Depuis, elle lui écrit. Elle lui envoie par courrier électronique des citations électriques. Il ne répond pas, ce qui ne l’étonne pas. Le chercheur scientifique.

N’est plus un romantique.

Début février.Après-midi.

Chacun rédige. Les apprenants sont tous répartis entre salle informatique, biblio-thèque et salle 1763.

Vers 16 heures, elle voit Sylvie, un autre élément de ce groupe avec lequel elle a noué des liens.Elle emprunte les grands couloirs, passe devant le bureau de Patrice. Il lève les yeux à ce moment-là. Il l’interpelle.

- Où étiez-vous ? dit-il en s’approchant.Elle ignore pourquoi mais alors qu’il lui parle, elle accélère le pas, direction salle 1763.Il la suit. Il la rattrape et lui dit : « je vais lire votre rapport ».Elle est sans voix.

Arrivée dans la salle où se trouvent les autres participants, elle se dirige vers sa place. Elle s’assoit devant l’ordinateur, elle clique pour trouver son écrit.Il s’approche d’elle, se penche et lit. Elle entend sa respiration.

S’accélère-t-elle aussi ?

Un léger mouvement vers la souris de l’ordinateur et sa main touche la sienne.Il l’effleure.Le temps s’ accumule en mémoire érotique.Eveillant tout son corps au besoin physique.

Elle ne pense qu’à s’échapper.

Elle lui dit : - j’ai mon train à prendre. Alice ment. Elle range vite ses affaires.Il se laisse faire.

Elle est sous hormonesAlice fixe les hommes.Dans une totale discrétion. En harmonie avec sa pulsion.

Pas même un sourcil se lèvePourtant elle déborde de sève.

Et lui il parait devant elle.

Instincts actifs et réceptifs de nature animale.Tout son système s’emballe.Elle se sent primale.En quête du mâle.

Mais...

Elle vient là pour apprendre,

sûrement pas pour s’étendre…

Aujourd’hui il donne des cours du matin jusqu’au soir.Etre dans le même espace que lui. Quel plaisir, quelle joie.

Elle veille et surveille.Le corps sexuel d’où nait le vouloir.

La sensualité toute contenue s’exprime dans le huit clos de sa peau.Celle-ci projette sur son écran noir des propositions érotiques...Elle s’approche de lui, oui c’est bien là ce qu’elle vit. Elle s’affole quand elle s’imagine assise sur lui.Position Brahman Shakti.

Il dit son prénom. Elle répond : - désolé, je rêvais...

Elle lutte pour ne pas faire de cette montée hormonale une révélation émotionnelle.Alice veut, tel est son souhait ne plus confondre la cause avec l’effet.

Vendredi 25 mars à 21 heures.Alice envoie un mail à Patrice...

Patrice Boussane marche dans la longue allée qui mène vers l’arche. Le ciel est grand, le soleil brillant. Il rentre chez lui, nonchalamment.Sa mémoire un instant lui rappelle ce courriel reçu, dans l’heure précédente.

Alice ………Un élément du groupe.

Dans ce mail.Elle nomme, exprime son attirance. Aucune demande. Juste un état des lieux de la situa-tion.Il a lu.

Aucune émotion, juste un sourire. Ce mail, une information complètement extérieure à son monde.

Il ne cherche ni raison, ni explication. Il n’accumule aucune mémoire d’elle, ni sélective, ni affective. Il demeure neutre. Tellement facile, il ne ressent rien dans sa chair. Rien.

Il n’est pas attiré et ça change le monde entier.

Marié depuis trente-cinq ans.Il a fait vœu de fidélité. Patrice a donné son corps et son cœur.

Il connaît bien les mots et leur portée. C’est lâ son point fort.

Les femmes lui ont toujours fait un peu peur, il s’étonne de leurs comportements, de leurs mouvements.Il se sent plus à l’aise avec les idées.Il éprouve parfois pour certaine un léger trouble.

Facile à gérer.

Il s’engouffre dans le métro, l’oublie aussitôt, repris par ses autres pensées.

L’UNIVERS dit : NONLes probabilités disent : NONIl dit : NON

Le NON : adverbe de négation.Nom masculin. Expression signifiant le refus.

Le non c’est une fermeture, une rupture, une déception. Le non apporte la frustration.Un mot très court qui en dit très long.

Le non contredit notre choix.

Le non est juste une information.

Vendredi 25 mars à 21 heures.Alice envoie un mail à Patrice...

Le ciel est grand, le soleil brillant.Patrice Boussane lit ses derniers mails avant de quitter son travail. Son visage tout à coup se fige entre ravissement et stupéfaction. Il éteint son ordinateur, saisit sa mallette, ferme son bureau et sort d’un pas rapide.Il prend le grand couloir, traverse l’espace vert, passe devant la librairie, s’engage dans le passage qui mène vers l’arche puis à l’entrée du métro. Station Mirail Université. Il composte son billet, descend les quelques marches et entre dans le wagon.

Mille pensées l’assaillent. Alice. Atypique et silencieuse. Un soupçon de rébellion active. Tout de suite il a su.

Le plus déstabilisant demeure ce désir sexuel, perpétuel.Il doit chaque fois contrôler ses pensées, les recadrer, engager un dialogue intérieur. Quand aux émotions elles le dominent, comme tout le monde.Il les accepte pour ne pas les subir.Mais lutte à chaque fois contre l’envie de la séduire.

Déjà deux mois d’agitation et de tension.

A son grand soulagement. Elle part en stage lundi pour trois semainesEnfin il retrouvera son calme.Enfin une vie sans la voir, sans la croiser dans les couloirs. Pas d’Alice en vu, plus besoin de retenue. Depuis toutes ses années qu’il étudie la construction de la personnalité, les émotions, les options, les opinions, l’interaction entre les êtres, malgré toute cette immense connaissance, il ressent le besoin grandissant de s’approcher d’elle. Irrésistiblement.Naturellement.

Ces mots l’envahissent, ses mots l’éblouissent.

Au moment de la lecture de ce courriel, toutes les barrières se sont pulvérisées en un instant.

Elle lui déclare son attirance, elle lui parle de son désir et...Le plaisir de lire est si grand, l’écho si violent, que son cœur d’habitude si tranquille résonne à le rendre sourd.

Par ce mail, elle ouvre tous les possibles.

Mais sa position d’homme marié, son rang de maître de conférences ne lui permettent aucun écart.

Il reste professionnel, ne mélangeant jamais les impressions avec les émotions. Il ne construit pas de lien au quotidien. Voici que par ce mail elle offre à la tentation une solution.

Plusieurs fois leurs mains se sont frolées, chargeant l’air d’intensité.

Il lui faut alors reprendre le contrôle de ses pensées. Il s’épuise dans leurs méandres.

Souvent quand il la rencontre dans les allées, il prétexte une réunion et très vite s’échappe. Seul avec elle, son esprit se trouble, son coeur dérape. Il doit fuir.

Ses mots dans cette lettre électronique l’ont bouleversé. Cette déclaration permet milles faiblesses, milles caresses.

L’imaginer nue le rend fiévreux.

Le métro s’arrête : Station Jean Jaurès. Il en sort comme un automate, affecté, agité. Marcher dans la rue l’étourdit. L’heure de pointe, la foule dense le bouscule, il est bien. Attentif à ses pensées, elles proposent un autre destin.Désactivant l’interdit.

Cette confirmation l’envoûte et l’inquiète tout en même temps.

Il respire profondément, se sent tellement vivant.

Alors qu’il avance dans les rues, s’approchant de sa demeure, alors qu’il agite les clefs vers la serrure, alors même qu’il fait le geste d’ouvrir,deux pensées le soude sur place.

Loi numéro un : Tu n’auras aucune relation sexuelle avec les apprenantes, aucune ouver-ture, aucune caresse.

Loi numéro deux : Tu ne tromperas pas ta femme. Tu en as fait la promesse. Tu n’auras pas d’aventure ni de maîtresse.Caresse, maîtresse ces mots résonnent étrangement à ses oreilles…

La porte s’ouvre, sa femme est devant lui. Elle lui sourit, pose un baiser sur ses lèvres et c’est tout.

A peine entré, sa femme oubliée, il se précipite à l’étage, s’installe à son bureau, allume son ordinateur, s’impatiente de sa lenteur, se roule une cigarette, ouvre la fenêtre. Il ne peut résister à ce besoin irrépressible de lire et relire ce courriel encore et encore. Il s’en délecte comme un nectar de jouvence. Son flux sanguin augmente. Tout son corps exprime un seul mouvement : s’approcher pour la toucher, pour la péné-trer.

Il ferme les yeux.Des flashs, il se voit l’embrasser, soulever sa jupe, caresser ses seins… Il en éprouve la réaction. Il glisse la main dans son pantalon….Quand quelqu’un frappe à sa porte.Patrice sursaute et ôte sa main très vite : - Oui.Une voix. Son fils.- Tu fais quoi ? demande Alex.- Je travaille. Tu as besoin de quelque chose ? - Oui.- dix minutes et j’arrive.

Il se lève, va dans la salle de bains se rafraîchir. Il est bouillant, son sexe vaillant.Lui qui n’a jamais dépasser les limites, lui qui préfère apprendre, savoir, comprendre, connaître afin d’être libre. Le voici enchainé.L’envie, la pulsion, l’émotion, sont les barrreaux de sa prison.Voici qu’il éprouve à présent des bouleversements contradictoires et sans espoirs. Toutes ces sensations provoquent un chaos intérieur, un trou noir qui aspire son équilibre.De retour dans son bureau. Assis devant son ordinateur. Revenu dans sa réalité.Il supprime le mail.

Deux jours plus tard,Il le récupère dans la poubelle, le lit dès l’aube.Une fois relu. Il est pris par un tourbillon de fantasmes. Un frisson sur son corps entier. Cette envie de l’attendre pour l’étreindre. Et toutes les images qui défilent sans fin de sa faim.Eprouvé le réel. C’est fait.Le puissant désir le tourmente.Le manque jour après jour augmente.

Il est attiré et ça change le monde entier...

Il essaie de toutes ses forces.De toute sa volonté, il tente.Ce qui renforce son vouloir, son attente.

Toutes les parties de son corps l’invitent à jouir au plus vite.Jusqu’au soir son sexe palpite.

Il supprime le message, vide la corbeille.

Mais les mots lus sont gravés dans sa chair. Et tout ce qu’elle a nommé vient le distraire. Parfois il erre dans les grands couloirs de l’université. Personne ne le remarque.

Le soir, il reste dans son bureau déprimé, paniqué devant l’ampleur du désir humain.

Il décide de lui répondre par un mail très compréhensif et très professionnel.

Il écrit qu’effectivement il est marié et heureux. Il termine en lui assurant que cela ne changera rien à leur relation professionnelle.Il rajoute être présent si elle a besoin de lui.Il savoure cette phrase un instant. Il est tout content.Une onde le parcourt.

Première semaine.

Occupé par de nombreuses activités et d’écrits, il constate que son envie d’elle diminue, son manque s’estompe.Il respire mieux, se sent plus léger, retrouve le sommeil, sa paix et sa vie.Sa pensée souvent le ramène vers Alice. Ne rien fixer, faire que tout glisse.

Deuxième semaine.

Chaque jour, il consulte sa messagerie, elle n’envoie aucun mail. Silence.Il en est très satisfait, mais...

Dernière semaine. Détendu, il se croit prêt.

Tout ce vertige lui parait loin et comme vécu par quelqu’un d’autre.

23 heures trente.Dimanche soir.

Allongé sur son lit, seul, un long soupir sort de lui.Un souvenir vient dans son esprit.

C’était le jour de leur départ en stage. Ils mangeaient tous ensemble dans la salle 1763. Plusieurs formateurs avec lui. Tous échangeaient. Patrice buvait un verre de vin. Alice de l’autre côté dans un petit groupe était rieuse. Ne pouvant plus faire autrement il posa son regard sur elle.Alors qu’il l’a fixait intensément.Elle tourna la tête vers lui, soutint son regard de feu, puis quitta la salle toute bouleversée … Tellement ému ce jour là, si touché qu’il lutta pour ne pas la suivre dans le couloir, à vouloir la prendre debout contre le mur comme il ne l’avait jamais fait.

Les yeux grands ouverts, les sens en éveil, sa femme au loin, il n’arrive pas à dormir.Demain elle serait là devant lui.

Il ne peut pas s’en empêcher, il ne peut que constater.OUI il a hâte, OUI elle lui manque.Agité et rompu, il s’endort avec elle.

L’UNIVERS dit : OUILes probabilités disent : OUIIl dit : OUI

Le OUI : adverbe d’affirmation.Nom masculin. Marque l'acquiescement, l'approbation, l'affirmation.

Le oui suppose l’aboutissement, le contentement.Le oui apporte, joie, harmonie, confiance en soi.

Le oui nous fait croire à l’élection.

Le oui nous remplit, jamais il nourrit.

Le oui est juste une information.

Le premier jour...

Il marche dans les longs couloirs de la fac.Toujours le même chemin ou presque.Il débute une nouvelle session de formation. IL enseigne les sciences sociales et plus précisément les sciences de l’éducation.Il sait depuis longtemps que la solution pour mieux vivre vient de l’éducation et de l’apprentissage.Depuis 25 ans, sa mission, son but, sont d’améliorer la façon d’apprendre, de déployer l’autonomie.Il aime le concept d’accomplissement. Au fil du temps il développe toute une méthode, fruit de ses lectures sur le comporte-ment humain et son environnement.

Premier jour.Tour de table. Alice se présente et dit.- je suis une chercheuse de sens et de savoir.

Les deux pôles de sa vie de chercheur sont justement le sens et le savoir.

Les sciences sociales offrent une vue complète de l’être humain, une vision plurielle prenant sa source dans les sciences, (la sociologie, la biologie, la psychologie, l’histoire, l’ethnologie….).

La connaissance advient de cette combinaison. Elle apporte compréhension, liberté et une conscience de plus en plus vaste.L’apprentissage, l’enseignement, le comportement, le groupe, la systémie, voilà ce qui bouillonnent dans le cerveau de Patrice Boussane.

Pourtant...Cette femme retient dès le début son attention. Souvent il la dévisage.Plus fort que lui. De temps en temps, l’une d’elle « dérape ». Il refuse très poliment en rappelant sa position d’accompagnateur, de responsable et

d’homme marié.

Il a depuis longtemps résolu cet appel du nouveau, il a analysé et évacué cette soif d’inconnu, lui semble-t-il.Il sait que sa position de maître de conférences attire le regard des femmes.

Jusqu’à cet âge avancé, il n’a jamais trompé sa femme, certes quelques nuits agitées de rêves érotiques, les femmes sont si belles, mais il n’a jamais franchi le pas.

Il aime sa femme d’un amour complet.

Mais la libido est surprenante, le corps hormonal, animal réclame sa part de change-ment.Trente ans qu’il fait l’amour à la même femme.

Il est le maître de lui-même.Il est cette force sans faille.Mais là au fond des ses entraillesle désir le tenaille.

Tous les soirs…Avant de s’endormir…Il pense à ELLE.

Retour de stage... 1

Alice sort du métro, marche dans la grande allée, tourmentée et grandement confuse. Elle croit que son cœur, sous l’afflux du sang va exploser. Elle repense à toute l’ambiguïté de la situation.

Elle a révélé à son professeur son attirance pour lui. Choc réciproque.Elle n’arrive pas à trouver le calme. Sa peau, son corps, ses pensées, tout est cris et in-tempéries.

Elle retrouve le groupe, ils échangent leur point de vue sur leur stage. Apparaît Michel. Il dit : - Patrice ne peut pas venir aujourd’hui, il a un empêchement.Je vais vous aider pour votre rapport de stage.Elle sent tout son corps se détendre.

15 heures 20. Ils sont en pause dans le petit jardin. Cigarette, thé et café. Elle est assise seule sur le banc en bois. Elle allume une cigarette, aspire une bouffée, lève la tête et souffle la fu-mée dans le vide quantique, la fumée bouscule les atomes constituant l’air.Alice observe les volutes quelle dessine.

Soudain dans son champ de vision, elle aperçoit un homme grand, cheveux noirs,

cheveux blancs.

Sa démarche...Il vient. Le plaisir vient avec lui. Un frisson court déjà sur sa peau.

Il arrive rapidement et va directement vers elle.Elle n’a plus d’air dans ses poumons, de la sueur sur son front, un vaisseau bat sur sa tempe. Elle se lève, un réflexe. Il s’approche et lui sert la main fermement. Il la regarde amicalement.Elle soutient son regard. Il s’éloigne vite pour saluer les autres stagiaires. Elle survit à tout ce chamboulement, soupire de soulagement. Elle ignore d’où lui vient ce contrôle.En face d’elle, Patrice fume une cigarette et parle avec quelques personnes. Cinq pas les séparent.Elle l’observe de loin, c’est tout ce qu’elle peut faire.

Alice va chercher un café.De retour elle marche vers lui, lui offre le café. Il le prend, tout content, dit merci.Elle voit en lui un trouble,

Il n’en est rien.

Cela suffit pour que son imaginaire suscite une apogée.De nouveau sous emprise, elle interprète les faits et les gestes. Patrice présent pour elle, elle le sait.

Mille adjectifs ne suffisent pas à définir sa pleine montée dans le sensationnel.

La pause se termine. Elle devenue lunaire revient sur terre.

Elle marche dans le couloir.Il est derrière elle. Une chaleur émane de son bas ventre.

Elle entre dans la salle des cours. Immergée tout à coup dans le réel.Elle s’assoit.Le regarder est impossible.Elle craint de faillir.Le désir rend tout visible.

Le groupe se divise en deux. Létice se retrouve avec lui.

Retour de stage... 2

Pierre Boussanne longe les trottoirs dans les rues de Toulouse.Des rendez-vous pour toute la journée.

Il pense au groupe de retour à la Faculté. Il ressent une joie particulière comme à chaque fois.

Annulation de son dernier rendez-vous.

Il se dirige vers le métro. Direction l’université. Il lui tarde.

15 heures 20.

Il passe devant l’arche. Il avance d’un pas tranquille, jusqu’ au Bâtiment B14. Il a très chaud, il enlève son manteau.

Il arrive et de loin, voit le petit groupe dans le jardin, il est content, son sourire est grand.

Il va directement vers Alice, se met devant elle et lui tend la main. Il la salue vite pour ne pas la gêner. Elle lui sourit à peine.

Il serre la mains des autres stagiaires.Il s’assoit sur un banc, quelques personnes autour de lui. Il demande comment leur stage s’est déroulé. Et là il écoute.Il remarque Alice sur l’autre banc, seule. Il n’en déduit rien.

Cinq pas les séparent.

Il se roule une cigarette et observe la fumée blanche danser dans le vide quantique.Tout à coup elle est là, devant lui avec un café. Il la remercie avec un immense sourire. Finit la pause. Le groupe se divise en deux, elle est avec lui. Ils avancent sur leur compte rendu.

Assis au bureau. Il observe les apprenants un par un.

Il se sent parfaitement bien.

Retour de stage... 3

Patrice Boussanes est exténué. Il dort mal.Il se sent fièvreux.Il porte la main sur son front.Aujourd’hui il a des rendez-vous en ville.Il ressent de suite son estomac se contracter.Il sort de chez lui, hésite sur le pas de la porte : quelle direction prendre ?Son corps : à droite direction le métro, la faculté. Il soupire, la revoir enfin…Sa raison : à gauche direction son premier rendez-vous super important, qu’il ne peut pas annuler.Il prend à gauche.

15 heures n’ont pas sonné quand déjà il ne peut plus freiner cette envie si envahissante de la revoir.Annulation de son rendez-vous.Il se dirige vers le métro.Debout dans le wagon, il inspire. Son front à la naissance des cheveux tout perlé.Il a du mal à suivre tout le flot de pensées qui s’activent dans sa tête. Il subit tout ce phénomène d’attraction et en même temps il l’explore.Il va pouvoir poser son regard sur elle.Contenté.

Il arrive sous l’arche, il court presque, 15 heures 20.Il va directement vers le bâtiment B14. Alors qu’il s’approche...

Il s’arrête, respire profondément ce qui le fait tousser. Il a tellement chaud qu’il enlève son manteau.Il ralentit consciemment son pas et marche vers le petit jardin où le groupe se trouve. L’heure de la pause. 15 heures 10 à 15 h 30.

Il les reconnaît de loin. Il est joyeux de retrouver tous ses stagiaires.Il s’avance vers eux et la cherche elle.Patrice se dirige vers elle en premier, il tend sa main qu’elle prend. A ce contact une explosion de feu dans son bas ventre.

Il se détourne vite d’elle et salue les autres personnes qui l’entourent.

Assis sur un banc.Il l’aimerait proche pour la frôler… Il se sent déjà comme un amant. Très déconcertant.

Cinq pas les séparent.

Il s’allume une autre cigarette, il observe les volutes de la fumée quand il remarque son absence. Un pincement au cœur. Infiniment surprenant.

Il se redresse et devant lui comme apparue : Alice.Elle lui tend un café qu’il prend avec un immense sourire.Il la remercie.Il repense à sa chaude nuit.Dans sa tête les mots éclatent. Dans son corps, un concerto de sensations délicieuses.Il se sent élu.

Elle s’éloigne.Elle s’éloigne, heureusement il perdait pied. Là, au croisement de tous les possibles.

La pause est finie. Ils remontent, salle 1763. Elle marche devant lui, ça l’enchante, de dos il la contemple, un sourire léger se dessine sur ses lèvres. Arrivé dans la salle.Il redevient le Maître de conférences.

Il dit son prénom. Elle vient avec lui, douce sensation. Le groupe se sépare en deux.

Assis à son bureau. Elle s’ installe à une table près de lui. Combien intense tout ce qu’il vit.

Il se sent tellement bien.

Du temps passe...

Vendredi 12 juin...

Journée de travail individuel.Tous les apprenants sont à la fac, dispersés : bibliothèque, salle informatique, salle 1763. Ils préparent leur mémoire pour obtenir le diplôme.

Elle écrit dans la salle 1763. 14 heures.Son regard fixe le ciel qui ne cesse de s’assombrir. Tous ses muscles se tendent. Elle utilise toute son énergie pour se rassurer, pour canaliser sa phobie.

Bientôt l’intensité émotionnelle sera telle que toutes ses cellules seront infectées par la peur et que là, dans cette situation, elle ne pourra que fuir. Il lui faut trouver un endroit rassurant et surtout sans fenêtres. Voir l’éclair la paralyse.Elle se lève et se dirige vers la porte, le visage baissé.Alice marche vite dans le couloir. Elle connaît une pièce dans le bâtiment voisin, un lieu sans fenêtre. Elle entend un coup de tonnerre.Elle court, affolée, comme une bête qui cherche refuge.Elle arrive enfin, ouvre la porte, la salle est vide, elle s’y enferme. Alice s’assoit et ferme les yeux pour retrouver un peu de paix : ralentir son cœur, se

concentrer sur sa respiration, attendre que l’orage se termine.

Trente minutes plus tard, elle se risque hors de la pièce. Il pleut. Tout est gris. Il pleut. Elle se dirige vers la salle 1763 pour récupérer son classeur et rentrer chez elle. Elle s’ar-rête pour se payer un chocolat à la machine automatique. Quand elle se retourne, Patrice est là.

Elle ne peut pas parler. Il ne peux plus s’empêcher. Patrice dit : -venez.Elle le suit sans hésiter. Elle n’a plus de force. Ils sont dans le bureau, trop proche.Elle ferme les yeux et pose sa tête sur son torse. Ce geste le renverse. Son cœur bat à tout rompre. Face à face. Il la regarde, ému devant tant de fragilité et poussé par l’envie qui le hante, il l’attire contre lui et referme ses bras Violence de l’envahissement. Qui pourrait tempérer ?Il la tient enfin contre lui. Il la sent abandonnée, totalement. Là où il y a du sang il y a du désir.Son sexe durcit. Non vraiment personne n’aurait pu résister.

La pluie frappe les carreaux.

Elle et lui dans son bureau, pour la première fois dans les bras l’un de l’autre.Amarrés comme ça.Il l’embrasse fougueusement à perdre haleine. Elle se laisse faire, toute résistance est vaine.Il s’assoit sur son fauteuil, l’attire sur ses cuisses.Son mouvement est rempli d’ardeur.Elle le chevauche. Il caresse sa bouche, son visage. L’embrasse encore…Leurs lèvres sont avides. Souffles coupés. Respiration saccadée.Il glisse une main sous sa longue jupe et touche sa cuisse.Ce qu’il ressent vibre si fort, qu’il soulève son pull, emprisonne ses seins blancs.Sa bouche est gourmande et son sexe tout tendu.Enfermés dans leur étreinte, ils ont perdu conscience. Ils frémissent. Alors il défait sa ceinture, ouvre son pantalon, sort son dard…

A cet instant la secrétaire frappe discrètement et entre.

Choquée de voir un tel spectacle, elle ne peut articuler un seul mot, referme la porte et les papiers posés sur la table s’envolent. C’est le mouvement des feuilles qui sépare les amants soudés comme des aimants.Moment d’égarement.

Leurs yeux voilés se regardent. Leurs joues sont rouges, leurs lèvres gonflées.Ils ressentent la blesure des corps arrachés.La peau qui les brûle du besoin inachevé.

Elle se réajuste. Il ferme son pantalon, le sexe toujours en érection.De la sueur sur le haut de sa lèvre supérieure. Elle le remarque et ça l’étourdit.

Mais lui… Le maître de conférence.Une fois rhabillé, sa présence d’esprit presque retrouvée, suit les pas de la secrétaire sans se retourner.

Alice réalise enfin la situation.Une grande confusion dans ses pensées.Dans sa cage thoracique tout tremble. Les phrases tourbillonnent dans sa tête jusqu’à la nausée.Elle sort du bureau, court dans le couloir, arrive dans la salle 1763. Personne. Elle récupère son ordinateur et fuit l’université.

Dehors, il pleut très fort...

Jeanne la secrétaire est étourdie.Debout à la fenêtre de son bureau, elle observe, absente, une pie posée sur une branche. Patrice pousse la porte sans frapper, les cheveux défaits, se place à côté d’elle. Jeanne ne bouge pas. Elle tourne la tête vers lui. Elle remarque la sueur en haut de sa lèvre supérieure, son coeur se brise.

Il a fallu qu’il console, qu’il explique, qu’il s’emporte. Dans son état il ne peut pas réfléchir.OUI il a glissé.OUI ce n’est pas professionnel.OUI.

La secrétaire éprouve paradoxalement une grande gêne et une grande empathie à l’égard de Patrice avec lequel elle travaille depuis six ans.Elle ressent pour lui de l’estime. Elle le trouve grand.

Ce que personne ne sait c’est que cet homme, elle l’aime.

Touchée par sa gentillesse, son intelligence ... Jeanne ne dira rien. Elle gardera leur secret.

Patrice sort épuisé par cette confrontation, grandement désorienté.Il retourne d’un pas rapide à son bureau. Il a pris une décision. En lui plus aucune sérénité. Son corps ensorcelé réclame la félicité. Accepter cette frustration il ne peut pas, il ne veut pas.

Il se dépêche, il veut lui dire, lui montrer son désir.

Il entre dans son bureau, elle n’est plus là. Quel désarroi.

Il hâte le pas jusqu’à la salle 1763. Personne. Il est déçu, abattu.

Il ne sait plus que faire de cette terrible envie qu’il a d’elle.

Au bord même des portes du délice. Il s’est maîtrisé.Vit comme un supplicele fait de l’avoir repoussée.

Une semaine plus tard...

Alice : salle 1763. Elle n’a pas revu Patrice Boussane depuis l’orage.C’est prévu dans leur emploi du temps.Les deux dernières semaines ils écrivent leur mémoire.

Elle n’envoie plus de courriels électroniques, ne cherche pas à le voir dans les couloirs.

Alice s’éloigne de cette histoire.

Le temps ne peut rien contre ce qui est gravé dans les cellules. Le souvenir semble inscrit dans toutes les particules.Elle se sent incomplète.

Alice doit rendre et présenter son mémoire devant Patrice et sa stagiaire.Le rendez-vous fixé au lundi 25 juin à 13 heures 30.

Quand elle y pense, elle panique.Il ne reste plus que huit jours.

Avant de se perdre dans son regard.

Une semaine plus tard...

Patrice travaille beaucoup à la faculté. Il est pris par ses nouvelles fonctions de vice président. Tellement occupé.

Il n’a pas revu Alice depuis l’orage. Bientôt un rendez-vous avec elle.Il s’y prépare.Présentation de son mémoire.

Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits il est rempli d’elle et du désir ardent. Sa bouche, ses baisers, ses cuisses, leur étreinte, l’essoufflement.

A chaque fois qu’il s’assoit sur le fauteuil, il ressent des montées de chaleur. Il se rappelle, toute sa passion se réveille.

Tout en lui aimerait se fondre en elle.

Avec le recul, il prend de plus en plus conscience qu’il ne peut rien faire pour l’oublier.

Il se sent désemparé dans un corps hautement frustré.

Lundi 25 juin 201213 heures 30...

Alice marche dans l’immensité de la faculté. Pour s’épuiser. Elle a très peu dormi.

Quand elle ferme les yeux, elle revoit la scène du bureau. Chaleur, moiteur, sueur, peur ne sont pas que des mots.

Elle doit présenter son mémoire. Stress total. Sous émotion fatale.

Corps énervé de tabac et de café.

Elle marche. Vite pour affaiblir le corps qui espère très fort.Atténuer la charge émotionnelle qui la tort.

13 heures 30. Elle monte les escaliers. Elle se redresse. Elle se dirige vers la salle 1763 pour la dernière fois.Tristesse et soulagement, ces deux états dans le même espace/temps.

Porte grande ouverte, Patrice et Karine sont là, elle entre. Ils se saluent. Tous les deux sont assis au bureau, tranquilles.

Elle s’avance, s’assoit à son tour. Elle sourit. Elle y arrive. Alice tout à coup se sent détachée. Elle leur donne son écrit.Ils regardent son mémoire, le lisent, prennent des notes.

Sa voix douce est lointaine quand il précise que c’est sa stagiaire qui évaluera son rapport. Futur maître de conférence en sciences sociales.

Patrice la regarde dans les yeux. Il parait comme d’habitude dans l’attitude. Tant mieux.La stagiaire pose ses questions. Elle répond d’une façon automatique. Le temps s’écoule très vite. Patrice lui dit : - vous avez votre diplôme.Elle n’est pas spécialement heureuse. La joie glisse.

Elle leur sert la main. Soudainement il se lève, va vers la fenêtre et l’ouvre.Elle s’en va sans se retourner.Atomisée.

Lundi 25 juin 201213 heures 30...

Patrice a très peu dormi.Agité dans son lit, il se lève.6 heures du matin. Il prend un café, se douche.L’eau sur sa peau est un vrai délice.Tout comme les mains sur lui d’Alice.Il prépare son cartable, sort vite de l’appartement et part vers la faculté.

Il arrive à son bureau 7 heures 30. Dans les allées, personne.Il aime ce moment de la journée.

Patrice a le sourcil froncé. Dans quelques heures elle sera là devant lui.C’est une épreuve qu’il doit dépasser.

Mais il a prévu. Il a demandé à sa stagiaire d’être présente avec lui et de corriger certains écrits.Quel soulagement qu’elle soit là.

Son corps est énervé par le tabac et le café.Il soupire.13 heures 20.

Il se sent étrange. Mélange d’excitation et de crainte.

13 heures 30. Elle entre.La chaleur du mois de juin l’étouffe.Sa bouche est sèche. Elle s’assoit en face de lui. Il la regarde droit dans les yeux, il contrôle son destin.Il construit instantanément un mur entre lui et son besoin.

Ils lisent son rapport en silence, lui annonce qu’elle sera évaluée par la stagiaire.Il boit son café froid. Grimace.Son cœur bat fort. Emu, il lui dit qu’elle est reçue.Il lui donne sa main qu’elle sert.Dans la seconde, son désir monte, l’irradiant en milles ondes. Son mur n’a pas tenu.Ses yeux se voilent, il se lève, lui tourne le dos, s’approche de la fenêtre, l’ouvre.Il manque d’air. Elle s’en va, il avale.Alors qu’elle s’éloigne, il a mal.

La main sur son torse, il est triste à hurler.

Jeanne...

Jeanne la secrétaire est en mal d’amour.Tout court.Depuis qu’elle a vu Patrice avec cette femme, elle souffre.Au souvenir de la sueur au dessus de sa lèvre, elle souffre.

Voir dans ses yeux cette lueur.Une déchirure fend son cœur.

Un rapace dans son ventre la broie.Des pleurs dans sa gorge la noient.

Plus elle y pense et plus sa colère semble profonde.Sans cesse elle revoit la scène et ça la ronge.Une injustice en elle gronde.

Elle reste enfermée, ne veux plus sortir de chez elle.

Le portable sonne, elle ne répond pas.C’est lui. Il laisse un message. C’est lui. Entendre sa voix, elle ne peut pas.

Le trop plein de douleur devient une menace.

Jeanne revient à son bureau de secrétaire.Elle voit Patrice tous les jours.

Sous le poids de sa mémoire cruelle, elle cède.Elle n’arrive plus à garder le secret devenu trop lourd.Sa bannière : désormais ne plus se taire.

Sous l’emprise de la frustration, elle dit. Sans aucune honte, elle raconte tout ce qu’ elle a vu.Ses larmes ne coulent plus.

Elle est satisfaite et dans son être se joue une fête.

Demain n’existe pas. Elle vit l’instant présent,et savoure sa vengeance en toute imprudence.

Scandale à l’université...

Epilogue : Le chat...

A propos du CHAT qui vit dansl’université...

Il porte tous les noms, c’est selon. Il est noir et âgé.

Marchant par ci, par là. Il est très surpris par toute cette agitation.

Ce jour là comme habituellement il s’approche de l’homme, grand, toujours habillé de noir. Il le caresse souvent, il le reconnaît par son odeur, par sa chaleur. Mais aujourd’hui tout est différent, il ne le voit pas, son regard est absent.Il semble absorbé par une foule de pensée, il remarque ses sourcils froncés.

Il s’éloigne de lui et ses poils sont tous stressés.

C’est donc ça la cause et son effet...