Revue DMA – PAROLES ET GESTES DE DON (Juillet – Aout 2014)

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Revue des Filles de Marie Auxilitrice (Filles de Marie Auxiliatrice)

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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 2

dma Revue des Filles

De Marie Auxiliatrice

Via Ateneo Salésiano 81

000139 Roma

Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06

e.mail : [email protected]

Directrice Responsable Mariagrazia Curti

Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano

Collaboratrices

Tonny Aldana Julia Arciniegas

Patrizia BertagniniMara Borsi

Carla CatellinoPiera Cavaglià .

Maria Antonia Chinello

Emilia Di Massimo Dora Eylenstei

Maria Pia Giudici

Gabriella ImperatorPalma Lionetti

Anna Mariani Adriana Nepi

Maria PerentalerLoli Ruiz Perez

Debbie PonsaraMaria Rossi

Bernadette Sangma

Martha Séide

4 Editorial Un petit brin d’histoire Giuseppina Teruggi

5 Dossier Paroles et gestes don

13 Premier Plan

14 Spiritualité missionnaire Angela, la «Bonne Mère»

16

L’Esprit et le Droit Le prix de la vie

18 Culture et écologie Conversion écologique

20 Fil d’Ariane La relation

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ANNEE LX ■ Juillet-Août 2014

Selon l

Traductrices

France : Anne-Marie Baud

Japon : Province japonaise

Grande Bretagne : Louise Passero

Pologne : Janina Stankiewicz

Portugal : Maria Aparecida Nunes

Espagne : Amparo Contreras Alvarez

Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande

EDITION EXTRACOMMERCIALE

Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice

Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma

C.C.P.47272000

Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970

Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c,

Legge 662/96 – Filiale di Roma

N° 7-8 Juillet-Août 2014

Tipographia Istituto Salésiano Pio XI

Via Umbertide 11,00181 Roma

27 En recherche

28

SGS Culture Heureux dans le temps et dans l’éternité

30 Pastoralement Jeunes et liturgie

32

Regard sur le monde Une cour en ville. Projet Patio 13

35 Communiquer

34 On “Fait” pour “Dire” Echanger

38

Femmes sur le terrain L’éthique dans le monde féminin du leadership

40 Vidéo Philomène

42

Livre La pyramide du Café

44 Musique L’enseignement social dans la musique

46 Camille La leçon de la fenêtre

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Un petit brin d’histoire

Giuseppina Teruggi

Si on demandait à don Bosco quel rêve il faisait pour ses jeunes, notre Saint répon-drait sans hésitation qu’ils soient “heureux dans ce monde et dans l’éternité”. Et il mettrait en relation le bonheur avec la bonté et la capacité de se donner pour construire un petit morceau d’histoire. Lui-même en est un exemple par ses actes et ses choix quotidiens. Les soeurs et les élèves du collège de Mornese et de Nice sentaient en Mère Mazzarello une vraie “mère”, prévenante, tendre et intuitive. Pour sa capacité à se donner, Mère Angela Vallese –dont nous célébrons en août le centenaire de la mort– a été définie comme la “bonne mère” au grand cœur, au regard attentif, aux mains toujours actives. Bonne, parce que fascinée par la bonté de Dieu, de se sentir aimée, ouverte à Lui dans un don de soi fait de tant de gestes souvent héroïques. Femme de l’Evangile, elle a privilégié les pauvres, les exclus, tous ceux qui étaient relégués aux périphéries, au “bout du monde” dans la Patagonie australe. Dans la spiritualité et dans la pédagogie salésienne, la bonté et la capacité de se donner sont des dimensions interchangea-bles, inséparables. Elles sont les conditions préalables pour faire grandir des attitudes relationnelles saines et heureuses, pour faire en sorte que la communauté soit un lieu de relations humanisantes. Les articles de ce numéro de la Revue DMA nous invitent à réfléchir sur ces aspects propres au charisme salésien, à partir de la

considération que la vie concrète est un espace incessant de don reçu et offert, dont la femme, en particulier sait être protagoniste. Jean Paul II a parlé du “génie féminin” juste-ment en référence à ce trait de son identité. Qu’est-ce qui a vraiment de la valeur et demeure dans la vie ? Qu’est-ce qui convint les jeunes et les gens? Surtout le témoignage de personnes au coeur empreint de bonté, prompt au don, jusqu’à s’oublier soi-même pour les autres. “La vie est un don lié à un souffle de vie ; on devrait remercier celui qui se sent vivant”, affirme Renato Zero dans une chanson dédié à Jean Paul II. Et il continuait : “le bien… est un don que l’on doit accepter, partager et puis donner en retour”, parce que tout dans la vie est un don qui demande à être rendu. C’est dans la nature du don, en fait, d’être orienté vers le partage, de s’ouvrir à l’Autre, aux autres. Les dons, les talents que nous avons reçus, nous devons savoir les faire fructifier et ne pas les garder pour soi. La vie est un laboratoire où l’on apprend chaque jour à aimer, à donner, à nouer des relations vitales, quelque fois joyeuses et tranquilles, quelque fois prenantes et difficiles. La vie consiste vraiment à aimer, à se donner, ce qui est tout un art qui s’apprend chaque jour. Et tout dans la vie est don : chaque rencontre, chaque sourire, chaque événement. Un nouveau jour est une occasion unique pour devenir ce que nous sommes : amour qui se donne, et en se donnant on expérimente le bonheur de transformer un petit brin d’histoire. [email protected]

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Des cadeaux en paroles et en actes

Mara Borsi

Quand on parle de “cadeau”, de nombreuses situations nous viennent à l’esprit. Cette parole nous suggère quelque chose de beau et de plaisant. Tout cadeau en fait présuppose un sentiment d’affection en vers quelqu’un et les objets qui sont donnés en sont les signes. Un "cadeau" est vraiment un cadeau, seule-ment s’il est spontané, libre et s’il laisse libre, s’il est fait gratuitement, avec désintérêt. Dans le commerce il y a un échange, un intérêt, un profit, des comptes. Dans le cadre d’un cadeau, les rapports entre les personnes se passent sur un autre plan, qui ne réduit pas la personne à de la “marchandise”. Le cadeau comporte un autre mode de penser la vie et le monde.

Sans rien attendre au retour Qui fait l’expérience de recevoir un "cadeau" devient encore plus une personne. Le cadeau fait grandir celui qui le fait mais aussi celui qui le reçoit : le cadeau permet à tous de se sentir mieux ou bien ! Donner et recevoir des cadeaux nous rappelle que, au fond, nous les personnes humaines, nous sommes pauvres parce que nous avons besoin des autres, mais nous sommes aussi fondamentalement riches parce que nous sommes capables de donner.

Qui est “pauvre” sait demander, prier et même supplier. Qui est pauvre sait remercier et être reconnaissant de différentes manières.

Qui est “riche”, pour être vraiment homme parmi les hommes, doit savoir devenir un frère, solidaire avec les autres, attentif à son prochain, capable même d’aller au-devant des besoins des autres.

Mais encore, le cadeau exprime la joie, le bonheur : “on est plus joyeux de donner que de recevoir” (Act 20,35). On le fait souvent pour marquer des moments importants, des festivités, des fêtes. Le cadeau engendre la fête! ..

La capacité de recevoir et de donner est présente en chaque personne, mais elle a besoin d’être éduquée, formée, entraînée, exercée. Ici la valeur c’est vraiment l’entraînement, l’exercice que l’on pratique soit seul, soit avec d’autres. Faire un cadeau, en fait requiert une imitation : dans un contexte où l’on donne gratuitement on apprend à donner et on crée une sorte de “circularité Le cadeau est l’expression de tout ce qu’il y a de plus profond et de précieux dans les person-nes : leur spiritualité.

En réfléchissant sur la notion de cadeau, il est possible de prêter attention à un autre aspect fondamental : la vie : la vie nous a été donnée, nous l’avons reçue gratuitement; “on devient adulte” et “on est adulte” si on fait fructifier un tel cadeau avec générosité. La spiritualité des êtres humains consiste justement en cela, et c’est cela qui nous rend vraiment femmes et hommes. Les “valeurs” présentes dans le cadeau sont extrêmement riches et amples. Le cadeau, fait ou reçu, exprime que tout être humain a besoin d’aimé et d’être aimé, il est capable d’accueillir et de donner; le cadeau nous dit que la personne ne se contente pas d’objets matériels ou de sentiments superficiels, mais qu’elle a besoin d’une attention plus profonde, “spirituelle” justement; il révèle que tout être humain est capable d’intériorité et de transcendance, d’“aller au-delà” de soi-même et au-delà des apparences, “à l’intérieur” de soi et “à l’intérieur” des choses, “au-delà ” de soi et “au-delà” des choses immédiates.

Une façon de vivre

Prendre au sérieux le cadeau, dans ses différents aspects, signifie écouter la demande forte de sens et de signification qui émergent des personnes, en essayant de répondre à leurs nombreux “pourquoi” qu’elles se posent depuis toujours.

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ANNEE LX ■ Juillet-Août 2014

Les protagonistes du don - cadeau Il y a des personnes qui ont fait de leur vie un don pour les autres, à l’exemple de Jésus. Leur choix de vie et leur vie même sont un message éloquent.

Raoul Follereau : le vagabond de la charité

Un des géants de la charité, du Vingtième siècle, injustement oublié, est Raoul Follereau (1903-1977). Il a fait 32 fois le tour de la terre non pas pour faire de la publicité à un quelconque produit, mais pour lutter contre une maladie infamante : la lèpre. Il a demandé en vain aux superpuissances l’équivalent en argent de deux avions bombar-diers pour guérir les lépreux. Mais surtout, dans ses lettres aux jeunes, écrites chaque année à partir de 1961 et qui est révolutionnaire et très actuel : «Personne n’a le droit d’être heureux tout seul».

En 1955 une personne qui a écouté son fameux Discours sur la charité (1955) raconte cet épisode : «Il est vingt-deux heures. Je suis fatigué. J’ai besoin de solitude et de silence. On sonne encore à la porte ! Beaucoup de personnes ont sonné aujourd’hui ! Impatienté, je vais ouvrir. Il y a un petit garçon, tout pâle… il me tend une lettre sans rien dire et part prestement […]. J’ouvre la lettre. Dedans il y a 25 francs avec quelques lignes écrites sur un billet: “Monsieur, acceptez d’un ouvrier malade depuis six années, cette modeste somme, afin

d’avoir la joie de venir en aide à des plus malheureux”». Et Follereau conclut son discours ainsi : «Depuis trop longtemps les hommes vivent les uns à côté des autres. Aujourd’hui ils comprennent qu’ils doivent vivre tous ensemble… les uns pour les autres. La seul vérité est de s’aimer».

En 1962, il écrit aux jeunes : «Je me tourne vers vous, jeunes de toutes les nations. Parce que vous possédez le pouvoir le plus grand du monde : l’avenir… Les hommes ont seulement cette alternative : s’aimer ou disparaître. Il faut choisir. Tout de suite. Et pour toujours.… Pour cela une seule consigne : soyez intransi-geants sur le devoir de l’amour. Ne cédez pas, n’en venez pas à des compromis, ne reculez pas. Moquez-vous de ceux qui vous parleront de prudence, de convenances, qui vous conseilleront de maintenir un juste équilibre… La plus grande disgrâce qui peut vous arriver est de ne pas être utiles aux autres, est que votre vie ne serve à rien… Soyez fiers et exigeants. Conscients de la responsabilité que vous avez, d’apporter votre pierre à l’édification du bonheur de tous les hommes, vos frères». En 1974, à bout de forces, il répète encore aux membres de son association : «Plus ma vie avance vers sa fin et plus je sens le besoin –et le devoir – de le répéter sans cesse : c’est en aimant que nous sauverons le monde».

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Don Padre Pino Puglisi «Le disciple du Christ est un témoin. Le témoignage chrétien va au-devant de nombreuses difficultés, cela peut aller jusqu’au martyr. La distance entre les deux est courte et c’est le martyr qui donne sa vraie valeur au témoignage». Ces paroles du Père Pino Puglisi, proclamé Bienheureux, le 25 mai 2013, résonnent comme une prophétie. 3P, comme aimaient l’appeler les jeunes, assassiné par la mafia, il y a vingt ans, a été témoin au sens littéral du terme (du grec μάρτυς = martyr), exemple de sainteté faite pas seulement de vertus privées, mais aussi de vertus publiques : d’engagement civil, de grande passion pour la justice, de courage prophétique, de dénonciation, de liberté personnelle face aux emprises des puissants de ce monde. Sa bataille est par dessus tout culturelle : faire émerger la culture mafieuse qui est en nous. Son don de lui-même au fil des jours a traversé les vies des jeunes du quartier de Brancaccio, à Palerme, et beaucoup de ces jeunes, aujourd’hui continuent sa bataille culturelle et civile. «Ne parlons pas de la mafia comme si c’était quelque chose hors de nous; parlons de la «mafiosité», du mal infime qui est en nous. Qui n’a pas un jour allumé seulement un petit lumignon aux trois idoles dominantes : l’argent, le succès, le pouvoir? Faisons alors un acte de courage et examinons notre vie. Disons : je commence ici et maintenant. Quelque chose changera certainement, au moins dans ce petit coin du monde qui nous est confié». Se confronter avec la manière de faire de don Pino nous offre l’occasion de prendre conscience de la “mafiosité” présente en nous : attitude de résignation passive face au mal, silence, loi du silence. Don Puglisi disait : «je n’ai pas peur des paroles des violents, mais du silence des gens honnêtes». La lutte contre la criminalité organisée, réalité globalisée présente sur tous les continents avec ses tentacules de mort, restera ineffi-cace tant que nous continuerons à ne pas la considérer comme un mal à arracher, avant tout de notre cœur, tant que nous continue-rons à ne pas reconnaître la ‘pensée mafieuse’ qui loge dans nos petits actes de pouvoir et

de compromis quotidiens. Le premier pas à faire, pour devenir témoin authentique de la culture du don est de créer une mentalité nouvelle pour faire émerger un homme nouveau et une femme nouvelle : c’est un travail personnel exigeant qui permettra de repérer la racine de la “pensée mafieuse” présente en nous. La mafia, en fait, est avant tout une manière de penser le monde et les relations, une culture fondamentaliste qui conçoit l’autre, seulement comme une partie de soi, une projection de soi ou un instrument à notre service même, dépourvu de son propre espace mental et de comportements autonomes. Voici certains comportements typiques de mafieux : se sentir ‘supérieurs à’, ne pas respecter les règles, se faire ses propres règles, considérer et utiliser l’autre comme un instrument, s’approprier l’assentiment de l’au-tre, et c’est l’autre qui doit se plier/s’adapter, chercher protection, accepter, renoncer à penser de manière autonome, se soumettre au plus fort. Face à cette énumération, nous pouvons nous interroger : combien de fois dans le quotidien, n’avons-nous pas des com-portements qui ressemblent un peu à ce mode de pensée et d’agir? Quand nous nous garons en double file ou dépassons la queue à un guichet, quand nous ne payons pas le billet d’autobus, quand nous gaspillons les sacs de plastique ou ne respectons pas le tri sélectif, quand nous cherchons des recommandations ou usons de « piston » pour nous faciliter la vie, quand nous transgressons les signalisations ou ne respectons pas le tri sélectif, quand nous cherchons des recommandations ou usons de «piston» pour nous faciliter la vie, quand nous transgressons les signalisations routières, quand nous déléguons aux autres les diffi-cultés de penser, de réfléchir ou nous nous taisons par crainte respectueuse, quand…, quand…, quand… La liste peut continuer, devenir encore plus longue. Par ces compor-tements nous alimentons peut-être la culture mafieuse du non respect, du mépris des règles de la vie en commun, de la subor-dination/soumission à une pseudo autorité qui étouffe notre subjectivité personnelle?

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Par le don de sa vie, son martyr, don Puglisi nous aide à réfléchir et nous invite à construire des communautés adultes dans la foi, capables de courage prophétique, capa-bles d’assumer des responsabilités. Le témoignage de don Puglisi doit être pour nous un stimulant pour créer des parcours de formation à l’engagement civil et politique dont le point de départ serait toujours notre vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus concret.

Témoignage de Romina : les cadeaux de Benguela Au mois d’août de cette année, à la fin du cours de formation, je suis partie pour une expérience de volontariat, grâce au VIDES international. J’ai été accueillie dans une communauté FMA de Benguela, sur la côte méridionale de l’Angola. J’ai vécu un mois très actif et vivant au centre “Laura Vicuña”. Me réveiller avec les voix joyeuses des enfants venant le matin à l’école, les avoir autour de moi toute la journée

et encore jusqu’au soir, pour le troisième et dernier groupe qui venait étudier, a fait que vraiment chaque journée était amplifiée, devant des journées bien plus longues que vingt-quatre heures. “La Laura”, ainsi connue dans le quartier, est bien plus qu’une école, ou qu’une œuvre sociale. C’est une maison, et je m’en suis rendue compte tout de suite.

Le don le plus grand que j’ai reçu a vraiment été la qualité de l’accueil. Mille huit cents enfants que je ne connaissais pas m’ont ouvert les bras, sans hésiter. Parfois avec le sourire, ou avec un regard long et plein de questions, ils m’ont offert leur compagnie. Et puis leur curiosité, leur envie de connaître une personne aussi différente, l’enthousiasme pour me montrer leurs jeux : fabriquer des poupées avec des moyens rudi-mentaires, faire des acrobaties dynamiques de “macaca” et “garrafinha”. Impossible d’avoir leur souplesse et leur, rapidité ! Je me suis bien amusée même seulement en tant que spec-tatrice. Les après-midi étaient vraiment beaux parce qu’ils étaient des moments sans activités programmées, vécus dans la seule joie du partage. Je leur ai appris à faire quelques petites activités avec du papier et des bracelets de

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fil aux couleurs angolaises; certaines fois, sur demande, je leur racontais simplement des histoires de mon pays. Je me sentais bien accueillie et aussi reconnue : pour ce que j’étais, pour ce que j’étais en train de découvrir sur moi à ce moment. Me sentir appeler par mon nom dans la rue chaque fois que je rentrais de la plage était une sensation forte. Me reconnaître dans l’autre et être reconnue par lui, a été l’autre grande richesse dont on m’a fait cadeau. Je ne pouvais par me rappeler de tous les noms, mais aucun de ces visages ne m’a été indifférent ; dans chacun j’ai eu la possibilité de me retrouver un peu moi-même, d’une manière nouvelle.

De mon côté, chaque poignée de main, chaque parole échangée étaient pleines d’affection; et je sentais que tout arrivait à destination, sans trop d’explication, selon une dynamique simple et immédiate. Ainsi, comme par un fait extraordinaire, mes “Bom Dia” ou “Boa Tarde” que je prononçais à chaque rencontre, quand je traversais la cour, étaient bien accueillis : en réponse il y avait toujours de grands sourires, des regards attentifs et reconnaissants. Tout était accueilli avec une approbation joyeuse et donc se transformait en “don”. Je sens que je

me suis donnée aussi grâce à ma passion de l’enseignement des langues, avec l’envie de jouer en classe, de dialoguer. Et par mon écoute ; et c’est cela qui a été peut-être, mon don le plus authentique. Autour d’un feu, au cours du repas, dans la maison d’une jeune maîtresse du centre ; à la messe animée par un chœur festif, je me suis remplie les oreilles et le cœur des mélodies des chants umbundu, des “hymnes” de foi, écrits par des jeunes de mon âge qui ont la musique dans le sang, et entonnés à plein voix, rythmés et dansés avec les pieds et les mains. Une célébration extraordinaire de la vie, à laquelle je ne pouvais pas partici- per concrètement, mais que j’écoutais et accueillais, avec gratitude.

De ce mois où j’ai donné et tant reçu, je garde en moi, la richesse de tant de regards échangés, toujours plus consciente que ce sont l’intention et l’amour que nous mettons dans chaque geste qui change la réalité. “Je ne veux pas passer avec indifférence devant personne” disait Laura Vicuña, et c’est en fonction de cette volonté que notre mission peut repartir, ou simplement continuer, à tout moment et en tout lieu. (Romina Lucchetti, VIDES International 2013) .

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Le don d’être femme Le témoignage de Romina permet d’être un peu plus conscient de ce que représente la pré-sence des femmes qui est un don pour l’huma-nité, par tout ce qu’elles peuvent apporter dans la vie des personnes et dans la société. Jean-Paul II parle du génie féminin : expression utilisée abusivement, qui caresse seulement l’oreille, et dont on n’a pas approfondi suffisam-ment le contenu. Pour donner consistance à cette expression, il est nécessaire de regarder la réalité : la vie concrète de tant de femmes raconte et renferme une extraordinaire richesse, qui ne se retrouve pas dans les pages des journaux, mais qui construit solidement le tissu de l’histoire quotidienne des familles, de la société. Devant mes yeux défilent des images, comme la caresse d’une jeunes femmes sur le visage fatigué et souffrant d’un vieil homme ; la proximité de quelques femmes auprès de personnes qui souffrent, avec la discrétion et le naturel de celles qui ont fait un choix particulier et clair; la profondeur de la foi de tant de femmes qui savent faire confiance à Jésus-Christ et croient en son amour ; le dévouement de tant de mamans, qui avec sérénité affrontent la vie quotidienne : les enfants à conduire à l’école, le travail, la maison, un coup de téléphone à la grand-mère, les courses. Femmes fidèles à leurs choix, soutenues par la décision prises un jour de vivre à fond, sans vivre pour elles-mêmes.

Journées bien remplies, qui tiennent la route dans le mystère du comment. Peut-être qu’ainsi, jour après jour, se manifestent la fécondité et la force du "génie féminin". C’est le génie d’un dévouement quotidien vécu avec naturel, sans regret, sans écrire sur le livre de leur réputation tout ce qu’elles font pour faire grandir la famille, la communauté, le lieu de travail, le quartier, le village, la ville.

Le monde d’aujourd’hui a bien besoin de femmes disposées à partager leur génie de manière radicale parce qu’il court le risque de se dessécher dans la culture du profit, de l'individualisme et de l’intérêt égoïste. Nous avons besoin de personnes qui seront

capables de gratuité, d’attention aux person-nes ; capables de tisser la trame forte de relations faites de solidarité et de dévouement. Il faut que les femmes sachent résister à la tentation de vouloir s’adapter à un monde qui ne porte pas leur empreinte et qui risque de les marginaliser de la vie publique, des lieux de responsabilité, des décisions et de la culture. Vraiment ce monde qui risque de se dessécher a besoin de femmes, et de femmes qui sachent et puissent s’exprimer avec ce qu’elles sont, avec toute leur originalité.

Le don, le cadeau le plus grand L’Eucharistie est le don que Jésus nous a fait avant de nous donner rendez-vous à la maison du Père. Riccardo Tonelli, salésien, expert en Pastorale des jeunes, décédé en octobre 2013, avait une très grande foi en la résurrection de Jésus, il a écrit dans son dernier livre “Vivre de la foi dans à une époque comme la nôtre” : «L’Eucharistie est un don tellement grand qu’elle ne pourra jamais être comprise seulement par la méditation et l’étude, mais que l’on doit en faire l’expérience pour pouvoir la découvrir et en vivre. Chacun en fait l’expé-rience personnellement au sein de la commu-nauté ecclésiale à laquelle le don de l’Eucha-ristie a été confié». Tonelli nous invite à penser à la célébration eucharistique comme à un fragment d’avenir, de notre avenir, avec toute la joie de pouvoir faire une pause, pour retrouver des forces et reprendre notre chemin de vie.

«L’Eucharistie est la fête chrétienne au présent, entre passé et futur, entre mémoire et prophétie. Mémoire solennelle et efficace, elle écrit pour aujourd’hui les grands événements du salut. Elle redonne toute sa vérité au présent par la force des événements. Elle immerge dans le futur notre pleine participation, à ce moment de notre vie qui est du côté du don inspiré et inattendu».

Dans la Didachè on lit que le tyran de la ville d’Abilene avait interdit aux chrétiens de participer à l’Eucharistie, sous peine de con-damnation à mort. Ils vont répondre par une affirmation éloquente : «Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre». Pour eux, l’Eucharistie célébrée le dimanche représente vraiment ce petit coin de futur qui donne la possibilité

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de vivre dans un climat de fête même durant les moments difficiles du présent, surtout quand il est marqué par la souffrance, par la lutte, par la croix. Au niveau personnel et communautaire, nous avons continuellement besoin de faire attention ou mieux, de redécouvrir l’Eucharistie : le don le plus grand que Jésus nous ait laissé. Nous avons toujours besoin de combattre la tentation de la réduire à un rite vide et formel. L’Eucharistie est la mémoire, actualisée et engagée, de la Pâque du Crucifié Ressuscité. Elle est notre pâque quotidienne parce qu’elle remet notre histoire de sens, de vie, de bonheur entre les mains de Jésus mort sur la croix et cette mort est accueillie comme un geste suprême d’amour, comme la condition fondamen-

L’alphabet du don .

tale qui donne la vie. «Faites ceci en mémoire de moi» c’est avant tout une invitation à faire totalement confiance au mystère de Dieu jusqu’à donner sa vie pour que tous aient la vie en abondance. La mémoire est la célébration d’événements qui nous regardent directement et nous impli-quent. Par la puissance de Dieu, contre toute logique, le crucifié est ressuscité et la vie, en Lui et pour nous, triomphe sur la mort. Faisons mémoire pour construire l’espérance sur le fondement sûr de la Pâque de Jésus et pour retrouver le courage de donner chaque jour notre vie à la suite de la longue liste des martyrs, comme Jésus “uniquement serviteurs” pour la vie de tous.

Gestes

Lampedusa a été le premier voyage du Pape François. Un voyage non programmé mais voulu instantanément par lui. Il est allé là-bas comme le bon samaritain. Il a pleuré sur les plus de 20.000 morts, enterré en mer

Casal del Marmo, jeudi saint. Le Pape lave les pieds de 12 jeunes détenus et explique ainsi son geste : «Laver les pieds cela veut dire : “Je suis à ton service”… que signifie cela? Que nous devons nous aider les uns les autres. Ce signe est une caresse de Jésus».

Audience générale : 5 juin 2013. Comme authentique “père des pauvres”, qui est l’antique titre de l’évêque, le Pape François critique la culture du gaspillage. La nourriture qu’on jette est comme si elle était volée au repas des pauvres, de tous ceux qui ont faim!

La voiture papale. Au Brésil il a même renoncé à la traditionnelle limousine et a affirmé : «Mes choix, même ceux liés à la vie courante, comme l’utilisation d’une voiture modeste, sont liés à un discernement spirituel qui répond à une exigence qui naît des choses, des gens, de la lecture des signes des

temps».

Sainte Marthe. «Une chose qui est pour moi fondamentale, c’est la communauté. J’ai toujours cherché une communauté. Je ne me voyais pas vivre comme prêtre, tout seul : j’ai besoin d’une communauté. Et cela se comprend bien puisque je suis ici à Sainte Marthe».

Paroles

Pleurer…..

ré-apprendre à prendre soin l es uns des autres

Caresser : Aider….

Être disponible pour servir

Partager….

pour exprimer le désir que l ’autre puisse vivre

Discerner

Pour faire des choix solidaires, sobres et justes

Vivre la vie ensemble, avec les autres….

sans visage et rencontre la vie n’a pas de saveur

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Angela, la «Bonne Mère»

Make Loes

En quittant définitivement l’île de Dawson, les missionnaires et un groupe d’indigènes arrivent à Punta Arenas pour repartir ensuite vers la mission de Candelaria. Sœur Angela Vallese les attend sur le port. Au moment du débarquement les indigènes, timides, embar-rassés, dépaysés ne peuvent que répéter avec déférence : «Bonne Mère…Bonne Mère !...». Sœur Angela les salue en les appelant un à un par leur nom, et à chacun elle adresse une parole maternelle.

L’évangéliste Marc raconte que tandis que «Jésus se mettait en route, un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : «Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » (Mc 10, 17).

La demande adressée à Jésus est faite par une personne qui le reconnaît, non seulement comme Maître, mais comme un Bon Maître.

En cherchant dans le dictionnaire la signification de la parole bon, nous y trouvons des expressions très intéressantes, par exemple : « qui tend vers le bien, conforme au bien ; qui a du cœur, qui a un bon caractère ; qui est doux, débonnaire : un homme bon, qui donne son temps au prochain ; bon comme le pain, très bon, bienveillant, affectueux ; gentil, courtois, généreux ».

Dans le Système préventif, la bonté, être bon, est un élément essentiel ; c’est une façon d’être qui distingue un éducateur salésien parmi tous les autres éducateurs. C’est la bonté qui fascine et transforme, se fait proche et comprend, aime et éduque. Avec la bonté, avec l’être bon, on retrouve le bien, le vrai, le beau !

La «Bonne Mère» était le nom que les gens donnaient à Sœur Angela, spécialement les femmes et les enfants avec qui elle était le plus en contact. Les gens la reconnaissaient

.

non seulement comme une «Mère» mais bien comme une «Bonne Mère».

Dans cette missionnaire de la première heure on rencontre le bien, le vrai, le beau selon l’Evangile. On retrouve une Mère au grand cœur, au regard attentif, les mains toujours à l’œuvre.

Dans cette partie du monde, il ne se passe pas un seul jour sans que l’on ne parle de cette « Bonne Mère ».

La bonté unie à la maternité est le portrait de la FMA qui reflète le mieux la fidélité à Don Bosco et à Marie Dominique, et ce en tout temps et en tout lieu.

En lisant la biographie de Sœur Angela Vallese nous découvrons une missionnaire «exigeante avec elle-même, pour être au service des autres, douce et compréhensive avec tous pour les comprendre et même aller au-devant de leurs besoins, pour leur donner affection et espérance».

Au début de la mission, lorsqu’il n’y avait pas encore moyen de s’exprimer par la parole, Sœur Angela parlait par la douceur de son sourire, la tendresse de ses soins aux enfants et inspirait ainsi confiance aux mamans.

Le lundi, elle était toujours la première à la lessive, et dans les maisons où il n’y avait pas encore de buanderie… elle était la première à la rivière, où durant les mois d’hiver toujours très longs, il fallait casser la glace et retrousser les manches avec beaucoup de courage. Ses mains se paralysaient et son visage devenait blême dans ce froid terrible ! Chanter devenait difficile !

A sœur Josefa Picardo arrivée en Patagonie à l’âge de seize ans et qui n’était pas encore habituée à un climat aussi froid, sœur Angela demande un jour : «Tu as froid n’est-ce-pas ?» et prenant ses mains dans les siennes pour les réchauffer, elle cherche par son regard à lui réchauffer en même temps le cœur.

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Pendant la nuit, lorsque tout se tait sauf le vent, elle ajoute une couverture sur le lit de Sœur Josefa, celle qu’elle a enlevée de son propre lit.

Ce n’est pas seulement avec les sœurs, mais c’est aussi avec les indigènes que ses mains expriment sa bonté maternelle. Elle choisit les travaux les plus lourds et les plus difficiles : elle prépare les repas, elle confectionne des vêtements pour les enfants et pour les femmes, elle leur apprend avec beaucoup de patience à employer l’eau et le savon et «pendant des heures elle s’occupe de l’hygiène des jeunes indigènes, les aidant à se laver et à éliminer les parasites dans leurs cheveux. Son amour de mère va au-delà d’un certain dégoût instinctif face à de semblables opérations».

Elle accueille tout le monde avec affection, malgré leurs odeurs désagréables et leur saleté car ils se couvrent la peau de graisse de baleine pour se défendre de la rigueur du vent polaire. Elle visite leurs cabanes, où les enfants ne jouent pas seulement avec les chiens, mais partagent aussi avec eux leur nourriture et leur couchette.

Elle va à la rencontre des familles indigènes, «se fait proche de leur souffrance, affectueuse et maternelle, répétant à voix basse : ‘’pobrecitos, pobrecitos’’ oh ! les pauvres ! Elle apporte de petits cadeaux pour tous : des couvertures, des vêtements, de la nourri-ture, des petites surprises, une marque d’affection. Elle les appelle chacun par leur nom, et à chacun elle offre une caresse, une parole amicale, un signe dont on se souvient».

Lorsqu’elle va visiter les sœurs, spécialement celles de l’île de Dawson, elle arrive les mains pleines de provisions de tout genre, car elle connaît la pauvreté du lieu et leurs grandes difficultés : un fer à repasser, de l’amidon pour les ‘ guimpes’, une casserole, du savon, des aiguilles, des dés, de l’étoffe, des peignes… Tout cela pour la grande joie de ses filles si éloignées et isolées dans ces terres tellement rêvées et aimées, mais quand même toujours «au bout du monde». La «Bonne Mère » est une mère qui sait veiller… soit devant le tabernacle pour reprendre des forces et alimenter la sainteté du quotidien, soit derrière une fenêtre –à Punta Arenas- où une petite bougie illumine l’obscurité du détroit de Magellan, comme le signe d’une présence pour qui doit affronter, durant la nuit, l’incerti-tude de la mer. Ainsi est Sœur Angela Vallese, toujours pleine de tendresse, comme une maman !

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En communauté, elle comprend de suite les petites ou les grandes nécessités. Combien de fois n’a-t-elle pas elle-même, en cachette, raccommoder le linge des sœurs ! Et si elle s’aperçoit que l’une ou l’autre doit recoudre son habit – car personne n’en possède un second – elle attend que la sœur soit au lit, puis « silencieuse et prudente, elle le lui enlève ». Elle y travaille toute la nuit et la sœur, le matin, retrouve son habit bien réparé. Lorsque l’une d’entre elles est malade, c’est Sœur Angela qui la soigne jour et nuit. « Elle est très intuitive et s’aperçoit vite si quelqu’un souffre d’un léger malaise ou d’un moment de mélancolie ; rien qu’à la façon de parler, de regarder, de rire elle comprend que l’une de ses filles est dans la peine. Elle s’approche d’elle avec bonté et demande humblement : ‘Qu’as-tu ? Est-ce-que je peux t’aider ? Je suis ici pour toi…’. «Et quelle sollicitude pour conserver l’harmonie dans la maison, pour que toutes ses filles vivent dans la joie, malgré les sacrifices et l’éloignement, pour leur préparer une surprise agréable ou rappeler un heureux anniversaire ou leur procurer une détente par une belle promenade».

Peu importe !?

« Pour Sœur Angela Vallese les sacrifices n’ont plus aucune importance lorsqu’il s’agit du salut des âmes !». Quelle importance si l’on manque du néces-saire à la maison ? Quelle importance si on doit s’abimer les mains en lavant ou en préparant le pain ? Quelle importance si le bois vient à manquer et qu’il faille parcourir six ou sept kilomètres pour en trouver ? Quelle importance si les mains sont gonflées par le froid et les engelures, égratignées par les ronces, endurcies en bêchant dans une terre aride…? «Tout cela n’est rien, pourvu que le Seigneur règne ! Voilà le style de vie de Sœur Angela Vallese». «Bonne Mère». «Madre de los indios». «Mère toute blanche». Peu importe comment ils l’appellent ! Pour ses enfants de la terre de feu, Sœur Angela Vallese fut vraiment une Mère. En elle, ils ont rencontré le bien, le vrai, le beau, selon les Evangiles. [email protected] .

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Le prix de la vie

Rosaria Elefante

Tuer pour vivre, mais aussi pour gagner de l’argent. D’un côté des acheteurs, impossibles à définir : personnes/individus, souvent malades chroniques dans l’attente angoissante d’une transplantation. Des gens convaincus que leur vie a plus de prix que celle des autres au point de commander un homicide pou tenter de vivre un peu plus longtemps. De l’autre côté des donneurs. Des enfants, des jeunes, des hommes de tout âge, pleins de vie et en parfaire santé, avec le gros défaut sou-vent d’avoir grandi dans la pauvreté la plus noire. Au centre, entre ces deux désespoirs, le groupe des chirurgiens sans pitié ni déontologie per-sonnelle, de sinistres personnages politiques prompts à fournir d’opportunes couvertures bureaucratiques.

Les organisations internationales de trafic d’organes prolifèrent toujours plus, alimentant le marché illégal qui garantit des organes à ceux qui en ont besoin et des sous à celui à qui on fait le prélèvement, mais pas seulement à lui.

Aucune nation n’est à l’abri ! A cause de la crise économique n’existe même plus ce que l’on pourrait définir comme un “tarif pour organes”. L’augmentation du marché noir des organes est surprenante. Pas besoin de fouiner, de se débattre dans des sites spécialisés, cryptés d’internet où des personnes désespérées mettent en vente une partie de leur corps, faisant ainsi prospérer ce commerce macabre basé sur le désespoir aussi bien de celui qui achète que de celui qui vend. Cent mille euros, voilà des sommes avec lesquelles on peut acheter n’importe quelle partie du corps humain. L’organe le plus cher est le poumon pour lequel on peut dépasser les 350 000 Euros. Les reins sont au contraire les organes pour lesquels l’offre est la plus forte (77 % des organes).

Mais le prélèvement n’est pas toujours réalisé sur quelqu’un qui le veut, ne serait-ce que par désespoir. Il existe un rapport indéniable et terrifiant entre ce marché noir et la disparition de personnes, spécialement des enfants. En parler devient toujours plus tabou, mais éviter de le faire, ou ignorer le fait, ne sauvera pas hélas des innocents. Au contraire. A part le milliers de déclarations, dans le monde, d’enfants littéralement évanouis dans le néant, il existe une catégorie que l’on pourrait définir comme “des mineurs invisibles”. Invisibles parce que leur existence n’est même pas déclarée par un acte de naissance. Les raisons sont nombreuses et ne se bornent pas au trafic d’organes, il y a aussi les adoptions où justement on achète des enfants pour la joie discutable de se sentir parents…

D’autres fois, au contraire, des centaines de milliers d’enfants sont capturés et plongés dans le circuit de la prostitution des mineurs, grâce à des agences de voyages complaisantes, prêtes à offrir des forfaits touristiques “tout compris”.

Ces dernières années se sont multipliées d’obscures disparitions de jeunes et d’horribles découvertes de cadavres sans reins, foie, pancréas, cœur, yeux, organes sexuels. Inutile, ici, de faire la liste des pays où l’on fait ces découvertes, et dans lesquels les autorités locales, dans les meilleurs des cas, ont ouvert une enquête. Il suffit d’interroger le monde informatisé du web pour avoir une idée juste de ce qui se passe, en passant d’un véritable état d’effroi, de rage et de honte. Oui de honte… Est-il possible que personne ne puisse faire quelque chose ? Après l’embarras et l’inquiétude du début, reste silencieux le hurlement surement terrifiant de ces martyres de notre temps, innocents et non protégés !

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LVII MENSUEL / M

AI-JUIN 2011

Alors, que faire ? Sûrement ne pas détour-ner son regard. Se préoccuper des enfants et des personnes faibles est un devoir, une obligation reconnue au niveau international. Informer l’opinion publique, secouer toutes les consciences, même celles de politiques afin qu’ils interviennent pour arrêter l’hor-reur. C’est le premier pas.

Déclarer que le trafic d’organes, voulu ou subi, quelque soit l’âge de qui est prélevé, est inadmissible, inconcevable, irrationnel. Une vie ne peut, ne doit pas valoir plus qu’une autre. L’horreur de ce qui arrive souligne la métamorphose macabre des relations socia-les et culturelles entre soi et l’autre :

d’un côté, le corps considéré au plan “scientifique”, comme lieu sémantique de la vie biologique, privé, émasculé de toute valeur éthique. C’est là le résultat d’une philosophie capitaliste, stérile et corrompue, reliée à une dimension médicale qui considère le corps simplement comme un réservoir de “morceaux démontables”, susceptibles de faire durer notre vie. Par ailleurs, un corps dans son intégralité, dans lequel chaque élément est précieux et unique morceau de vie irremplaçable et inaliénable.

Alors, bas les masques ! Chacun a son rôle, son devoir dans dette mission, le silence est synonyme de complicité.

[email protected]

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Conversion écologique

Julia Arciniegas

Dans les numéros précédents de notre rubrique “Culture écologique” nous nous sommes placées dans la perspective de la terre, vue comme notre “maison commune”, la maison de la vie, confiée à nos soins, mais désormais appauvrie par sa propre avidité et celle des autres. La terre a été dévastée au point de devenir aujourd’hui “une planète aux ressources limi-tées”. L’interdépendance et la réciprocité entre l’écologie humaine et celle du milieu nous questionne sur notre responsabilité pour assurer un avenir supportable aux nouvelles générations.

Un signe des temps Les faits montrent que la crise de la création, dont l’homme est responsable est bien plus qu’une simple crise de l’environnement : elle représente un signe des temps, un appel qui attend une réponse. C’est surtout une crise de sens et d’identité qui plonge ses racines dans l’attitude intérieure de l’homme face à la création et au Créateur. Le Dictionnaire théologique de spiritualité de la création (M. Rosemberg, EDB 2006) l’affirme : face à cette réalité, le diagnostic n’est pas difficile : l’homme, le maître de la maison, doit se convertir. Le grec métanoien/métanoia recouvre l’idée d’un renouvellement de l’esprit et du cœur, d’un repentir de tout l’être. La conversion est un acte conscient de la part d’un sujet qui regrette sa façon d’agir ou même se réveille de son inertie, de son inconscience et évolue, change de comportement selon les valeurs qu’il prend pour soutenir son style de vie.

La conversion concerne toute la personne, mais elle demande à être reliée à la société parce que les comportements individuels influent

sur l’ensemble des êtres créés. La conversion n’est pas seulement une question privée, mais l’expression de la responsabilité envers la société dans sa totalité. L’appel à la conversion met en évidence la profondeur de la crise actuelle. Ainsi pour progresser, il ne suffit pas de quelques initiati-ves écologiques. Le processus de conversion, absolument nécessaire, doit être beaucoup plus profond. Il concerne toute la personne et même l’humanité entière.

“C’est un bien de tous” La conversion écologique implique que l’on reconnaisse la création comme un don et que ce don est un bien commun à partager avec tous les habitants de la planète, avec justice et charité. En fait, le monde se présente à notre égard comme la trace de Dieu, lieu dans lequel se déploie sa puissance créatrice prévoyante et rédemptrice’(cf DSI, 487) qui n’exclut personne mais qui fait briller le soleil sur tous (cf. Mt 5,45). Deux petites histoires significatives ont été rapportées lors dans la présentation d’un Congrès récent des religieux Savériens sur le thème de “L’éducation au bien commun”. Le premier récit parle d’un enfant qui marche sur un sentier de montagne. Il admire la beauté du bois et demande à son papa : “A qui est cette vallée ?” Et le papa, un instant déconcerté répond : “Eh bien… à personne en particulier…c'est-à-dire qu’elle est à tous !” La seconde histoire, vraie elle aussi, parle d’un parc, le parc de la cascade de Molina (Vérone) riche de souvenirs archéologiques. A son entrée, un panneau dit “Propriété de la Communauté”. Et ainsi, la communauté a décidé de prendre soin d’un bien qui appartient à tous. Les deux anecdotes concernent le concept de possession, mais elles le dépassent en un certain sens.

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Les choses, en fait, on ne les possède pas uniquement. Eduquer au bien commun signifie former aussi à une juste relation avec les choses, la nature, avec la réalité qui nous entoure pour que tous puissent en jouir de façon juste “Cem Mondialità” 10.12.2013, 3-4). Le bien commun, comme la subsidiarité et la solidarité, est un des principes permanents de la Doctrine Sociale de l’Eglise. En garantissant la dignité, l’unité, l’égalité de toutes les personnes, base à laquelle tous les aspects de la vie sociale doivent se référer pour trouver leur plénitude de sens (cf. nn. 160-170). La conversion écologique plonge ses racines dans la destination universelle des biens, l’une des implications les plus fécondes du principe du bien commun. La foi chrétienne affirme que Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle subvienne aux besoins de tous ses membres sans exclure, ni privilégier personne.

La mise en œuvre concrète de ce principe demande toutefois des interventions réglemen-taires… fruits d’accords nationaux et interna-tionaux et un règlement juridique qui détermine et spécifie un exercice équitable, ordonné du droit de se servir de ces biens (cf. ivi nn.171-184).

Justice et paix pour la Création

Même s’il n’est pas possible de changer le monde non seulement par des choix individuels, il est possible de leur accorder un certain poids. Si tous, nous nous engagions à nous convertir vraiment à l’écologie dans un but d’éducation et d’anthropologie, nos attitudes auraient une influence pour la conservation des ressources de la planète, en faveur de toutes les populations. La paix juste dépend, en fait, de chacun de nous. L’éducation est la première stratégie par rapport au milieu affirmait le Cardinal Rodriguez Maradiaga à l’occasion de l’ouverture du Séminaire sur le thème : “Humanité à soutenir. Nature à soutenir. C’est notre responsabilité”. Le séminaire, s’est tenu à Rome au début de Mai 2014 à l’initiative de “l’Académie Pontificale des Sciences Sociales”. Une saine écologie humaine au plan des vertus éthiques aide à atteindre un développement durable et un milieu équilibré. Sur ces thèmes, toutes les religions et tous les hommes de bonne volonté peuvent être d’accord. Notre message est fait aussi d’espérance et de joie. Un monde plus sain, plus sûr, plus juste, plus prospère et supportable est à notre portée. (cf. :http://www.pass.va/content/scienzesociali/it/ events/2014-18/sustainable/statement.html).

[email protected]

Devenir témoins de conversion écologique

Respect : Etonnement Chaque créature a une valeur intrinsèque Discrétion : décentralisation Equilibre entre proximité et distance des choses Responsabilité : attention et disponibilité Service de la vie Prudence : Modération Sobriété solidaire et sens critique

Tendresse : Souci de la Création Ecoute, relation dans la vie en commun

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La Relation

Giuseppina Teruggi

“Etre humain c’est être en relation. Notre “personnalité” se structure, émerge de complexes interactions humaines, en particulier au cours des premières années de vie et de socialisation, mais cela se poursuit toute notre vie. C’est par nos relations que nous nous différencions”.

Karl Rogers

Dans la vie quotidienne La vie de chaque jour, on le sait bien, permet des rencontres, des accrochages, des joies, des déconvenues, mais c’est aussi le lien où s’entremêlent les relations qui donnent du sens à la vie. Anna et Thérèse ont commencé à la même époque leur cheminement dans la vie salésienne. Les premières années de formation jusqu’à la profession, on les a vues enthousiastes, heureuses, unies dans l’idéal du charisme. Epoque d’engagement, de rêves, d’amitié, d’espérance communau-taire intense. Leurs familles respectives avaient tissé entre elles des liens solides, surtout les mamans qui se rencontraient souvent et confrontaient leurs points de vue, idées, soucis. Après plusieurs années Sr Anna et Thérèse se sont retrouvées et vivent dans la même maison. Cette décision accueillie avec joie va leur donner la possi-bilité de poursuivre ce parcours d’amitié commencé depuis plusieurs années. La vie communautaire, les exigences particulières de la tâche confiée à chacune révèlent cependant peu à peu des différences entre elles et leur difficulté à s’accueillir, leurs relations deviennent difficiles jusqu’à se transformer en un conflit.

Dans la communauté “Marie Auxiliatrice” les 14 sœurs animent des œuvres variées : du centre de jeunes à l’écoles, le service paroissial de la catéchèse… L’atmosphère communautaire est bonne mais quelquefois on se fatigue pour des divergences à propos du style de la vie communautaire que les unes souhaiteraient plus accommodant, les autres plus rigoureux ; également à cause des écarts d’âge et de caractère : des sœurs calmes, d’autres susceptibles, d’autres aux réactions vives et immédiates. L’animatrice tente plusieurs fois d’organiser des échanges pour y voir clair et permettre à chacune d’exprimer son point de vue : mais peu prennent la parole. La situation pourrait s’aplanir ou dégénérer. Cependant, depuis quelque temps, des sœurs d’âges différents sans beaucoup de paroles, semblent faire front ensemble par une série de gestes qui modifient l’atmosphère. On organise des récréations animées, la liturgie est soignée, avec des signes ad hoc ; on organise une sortie communautaire, on décide d’assouplir davantage certains horaires. Et surtout, chez elles, on n’entend plus de plaintes, on ne montre plus du doigt, il n’y a plus d’attitudes sérieuses ou renfrognées. Toute la communauté en est entraînée.

Sr Rita et Sr Julia partagent l’engagement éducatif de l’école. Insérées dans un grand établissement scolaire, elles se passionnent pour la vie des jeunes et leur consacrent leurs meilleures énergies en cherchant à incarner la spiritualité salésienne, également dans leur quartier. De grandes disparités sociales marquent les familles, toutes ne soutiennent pas les propositions de l’école. Les même points du projet éducatif ne sont pas pris en compte par toute la communauté éducative et les deux .

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sœurs s’alignent qui d’un côté, qui de l’autre. Il en résulte des affrontements, des discussions. On a beaucoup de mal à s’entendre et on risque d’avancer sur des voies parallèles

Une relation plus profonde Parler des relations journalières, c’est plonger dans ce grand chantier où chacun se retrouve chaque jour. Souvent, nous pensons à la relation en référence aux rapports entre les personnes. Mais nous ne nous souvenons pas toujours qu’il en existe une autre qui est fondamentale pour notre vie : la relation avec soi-même. “Il m’arrive des pensées avec lesquelles je ne suis pas d’accord” affirmait Woody Allen, soulignant exactement ce type de relation. Celle que chacun établit avec son monde intérieur, fait de sentiments, d’idées, d’émotions, de peurs, de rêveries, de souvenirs et de désirs. Un monde riche, complexe, quelquefois bien peu clair, auquel nous ne sommes habitués à prêter attention. Mais lui, il conditionne vrai-ment nos actes, notre comportement car il résulte de nos expériences, celles de l’enfance surtout, de tout ce que nous avons vécu, de ce que cela a signifié pour nous, des peurs éprouvées et de la façon dont nous avons réagi ; un monde pas totalement inconnu et incompréhensible car des indices peuvent le révéler comme les songes nocturnes, les lapsus. Chaque adulte garde en lui le bébé, l’enfant, l’adolescent qu’il a été. Dans le vécu de chaque jour existe cet arrière-plan qui a tendance à influencer nos actions sans que nous le voulions. Une progression à réaliser, c’est de se connaître de façon réaliste, sans interdit, et de déchiffrer ce qui nous fait agir en vérité, même si cela n’est pas toujours agréable et demande parfois une aide de l’extérieur. La normalité, vue comme une absence de problème, est un mythe. Au cours de l’évolution chez chaque personne, se trouve une blessure, une peur, une défense. De nos relations primaires, des expériences vécues, de la façon dont nous les avons interprétées, élaborées, au fil du temps, de la manière avec laquelle nous avons cherché à les corriger ou à nous adapter

découle notre style affirmatif ou défensif. Notre style de relation qui nous sert pour comprendre et vivre dans le monde.

Etre conscient de ce style personnel, unique qui tend à se répéter, à conditionner toutes nos relations, c’est important surtout quand ces mêmes relations nous rendent insatisfaits, tristes.

Pour une bonne communication Le thème de la relation intéresse beaucoup les étudiants en sciences humaines. Une théorie intéressante du philosophe Emmanuel Levinas, par exemple, s’appuie sur la façon de considérer l’autre à partir de son visage et par l’expérience que chaque être humain fait du visage de l’autre. “Dans la simple rencontre avec un autre se joue l’essentiel, l’absolu, par la manifestation, par l’épiphanie du visage de l’autre, je découvre que le monde est à moi dans la mesure où je peux le partager avec l’autre. Et l’absolu se joue dans la proximité, à portée du regard, à portée du geste de complicité ou d’agressivité, d’accueil ou de refus”.

Nous devons à Karl Rogers un apport significatif sur la psychologie de la relation. Il a tenté de définir – et a réalisé efficacement- les règles d’une “thérapie” centrée sur la personne et sur la relation. Ce sont des pistes qui vont plus loin que les situations thérapeutiques et qui touchent les parcours de toute vie. Un chemin fécond pour chacun de nous.

Dans le rapport interpersonnel, un critère fonda-mental est l’acceptation positive, inconditionnée de l’autre, de cette façon la personne est accueillie avec tout ce qu’elle est ; on ne fait de distinction entre les expériences dignes de considération et d’autres qui seraient moins valables. La personne est accueillie avec estime, aussi bien quand elle a vécu des choses qui lui ont fait peur ou honte que lorsqu’elle évoque ce dont elle est fière ou qui fait du bien. La façon d’accueillir sans condition permet de faire grandir ou de rétablir l’estime de soi, fondement de la confiance en soi et dans les autres et aussi l’assurance réconfortante d’être toujours en face d’une “valeur”.

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Une attitude qui accompagne et renforce l’acception inconditionnelle c’est l’empathie : savoir se mettre à la place d’autrui, tout en maintenant la distinction en soi et l’autre. L’empathie c’est, en fait, la capacité de se mettre à la place d’une autre personne, en cherchant à comprendre ses émotions, ses états d’âme, de sentir comment cette personne voit et vit une situation et le monde qui l’entoure.

Une relation se renforce grâce à la capacité d’écoute active, une compétence fonda-mentale pour la communication, nécessaire avant les autres. L’écoute active, c’est savoir écouter avec vraiment beaucoup d’attention, puis c’est participer à la communication en exprimant l’écho qu’elle éveille en nous et ce qu’il signifie. Elle est différente de l’écoute passive, comprise comme le simple fait de recevoir des informations.

L’élément indispensale pour une bonne ralation, selon la pensée de Rogers, c’est la congruence, la pleine conscience de ses propres ractions, de ses émotions, de ses sentiments. Etre en état de congruence signifie être en accord avec soi-même, savoir exprimer ses propres besoins, ses désirs, faire en sorte que ce que nous disons soit l’expression de notre pensée de nos émotions. Une personne ainsi “adaptée” est comme un vase transparent, sans filtre. La congru-ence crée un style de relation qui se caractérise par la conscience de soi, la sincérité avec soi-même et avec les autres, la clarté.

Et les conflits Lors d’une rencontre avec les fidèles, , en mai dernier, Place St Pierre, pour le Regina Celile Pape François a fait remarquer que «dans la vie, il y a des conflits : le problème c’est de savoir les affronter»

Faisant référence à la première Communauté chrétienne ouverte depuis peu au milieu culturel grec, lequel expérimentait les premières diffi-cultés de relation, le Pape a relevé : «Alors, devant ce conflit, les Apôtres prennent en main la situation : ils convoquent une réunion élargie aussi aux disciples. Ils discutqent ensemble de la question. Tous les problèmes, en fait ne peuvent pas être résolus, en faisant semblant qu’ils n’existent pas ! Quelle est belle cette confron-tation franche entre les pasteurs et les autres fidèles».On décide de répartir les tâches et la proposition est accueillie par tous.

« Et c’est ainsi qu’à partir de ce mécontentement, des ces récriminations, de ces bruits de favori-tisme et de disparité de traitement, qu’on arrive à une solution. En se rencontrant, en discutant, en priant, nous résoudrons les conflits dans l’Eglise. En nous rencontrant, en discutant et en priant : soyons assurés que les rumeurs, les envies, les jalou-sies, ne nous amèneront jamais à la concorde, à l’harmonie ou à la paix.

Le Saint Esprit, lui-même, a couronné cet accord et ainsi nous comprenons que, si nous nous laisons mener par l’Esprit Saint, cela nou conduit à l’harmonie, à l’unité et au respect des dons et des talents variés. Vous avez bien compris ? Pas de bavardages, pas de jalousies ni d’renvies. C’est compris ?». [email protected]

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Heureux dans le temps

et dans l’éternité

Mara Borsi

La spiritualité salésienne est caractérisée par la joie et l’optimisme et vise à expérimenter la vie comme une fête, la foi comme un chemin de bonheur. La Famille salésienne continue à dire aux jeunes : Ici nous faisons consister la sainteté à être toujours joyeux. La prise de conscience que le Seigneur est avec nous, nous remplit de joie : nous ne sommes pas seuls.

«Dieu est le Dieu de la joie» disait Saint François de Sales ou mieux encore, «en Dieu lui-même tout est joie parce que tout est don». Don Bosco, en éducateur chrétien avisé, a fait de la joie un élément constitutif de sa méthode éducative et il ne la sépare jamais de l’étude, du travail et de la prière.

Pour don Bosco, la joie est la résultante d’une évaluation chrétienne de la vie. De la religion de l’amour il ne peut surgir que de la joie et un optimisme confiant et positif. C’est pour cela que dans les maisons de Don Bosco «la joie coïncide avec la sainteté», comme on le voit dans la vie de Dominique Savio et dans les autres biographies écrites par Don Bosco.. Un an après avoir trouvé une résidence stable dans la maison Pinardi, à la périphérie de Turin (12 avril 1846), Don Bosco publie la jeunesse instruite, où apparaissent déjà quelques-unes de ses idées et options éducatives fondamen-tales. Bien que ce livret ait l’apparence «d’un livre de prières adaptées» pour aider les jeunes à nourrir leur foi et leur vertu, Don Bosco le présente comme une façon de vivre la vie chrétienne. .

Le bonheur J’ai ressenti d’une manière particulière le bonheur dans mon groupe de jeunes. Avant de devenir FMA j’allais avec des amis dans un village pour y animer des activités de type social, en faveur d’enfants et de jeunes défavorisés. La gratuité du don pas toujours facile, fait grandir. Devenue FMA la joie s’est multipliée. J’ai continué à être éducatrice, mais j’ai assimilé une méthode et un nouveau style éducatif : le Système préventif. En synthé-tisant mon expérience, je peux affirmer qu’être chrétien cela veut dire être heureux…, naturellement on ne peut l’être seul. Le bonheur demande à être partagé.

Anita Dushing, Mumbai, India

La vie religieuse que je vis est pour moi bonheur et joie. Vivre, passer du temps ensemble au nom du Seigneur est joie. J’ai expérimenté le bonheur lorsque, en commu-nauté, nous avons pu aller au-delà de nos limites pour construire la communion, lorsque, ensemble, nous avons vécu les exigences du Système préventif dans le quotidien de la mission éducative. C’est ce qui m’a donné joie et bonheur.

Anita Wilson, Chennai, India

Durant ces dernières années il me semble avoir compris que le bonheur est toujours un choix, il ne dépend pas des circonstances, des choses, des personnes. Le bonheur est en nous une partie constitutive de notre être. Quand, dans mon travail éducatif, j’ai pu constater la capacité qu’ont les jeunes de toutes religions à travailler ensemble pour la

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Dans son esprit la jeunesse instruite est une véritable proposition faite pour montrer la conformité existante entre la vie spirituelle et la joie, entre la vie de foi et le vrai bonheur.

Un «aujourd’hui» difficile.

La société contemporaine offre aux jeunes beaucoup d’occasions de plaisirs et de diver-tissements, mais peu de joie. L’éducateur peut considérer avoir fait un grand pas en avant dans sa pratique éducative, lorsqu’il (elle) aide le jeune à comprendre, ou mieux encore à expérimenter la différence existante entre le plaisir et la joie.

Une question difficile mais terriblement urgente. Celui qui vit la spiritualité salésienne est appelé à reconnaître, avec les jeunes, les joies de la vie quotidienne. Cela demande énormément de patience, en éducation, pour apprendre ou réap-prendre aux jeunes à goûter avec simplicité les nombreuses joies humaines que le Seigneur met chaque jour sur notre route.

Jeunes et adultes ensemble pour savourer les petites choses : observer un petit espace de ciel bleu entre les toits de la ville, ou un quartier silencieux de la lune, le visage d’un enfant ou la douceur des rides sur le front d’une personne âgée, la splendeur d’une fleur, les mains entre-lacées de jeunes amoureux…Et tant d’autres choses. Parmi les obstacles à la nouvelle évangélisation il y a justement celui du manque de joie et d’espérance. Bien souvent ce manque de joie et d’espérance peut aussi toucher nos communautés chré-tiennes. Il y a aussi le manque de lieux où l’on puisse expérimenter la joie qui fait que beau-coup de jeunes sont des «analphabètes» en ce qui concerne le bonheur. La spiritualité salésienne interpelle surtout les éducateurs à recevoir et à expérimenter en eux-mêmes la joie du Christ et à remettre en cause leur vie, afin que le Royaume soit annoncé et que l’Evangile s’enracine dans le cœur des jeunes

[email protected]

village il m’est arrivé de vivre ceci : un ado-lescent non catholique, dérangeait continuel-lement ma leçon. J’ai attendu un peu de temps me disant que sans doute, il allait changer… mais rien ! Un jour je l’ai pris à part et avec beaucoup de respect, de patience et de liberté, je lui ai demandé de ne plus déranger la leçon en lui en donnant les simples motivations. Le jour suivant il fut très attentif. A la fin de la leçon je le remerciai. Lui aussi me remercia de ne pas lui avoir fait cette remarque devant les autres, il m’a dit merci pour la patience et pour les paroles d’encouragement reçues. Je peux dire qu’à ce moment là je me suis beaucoup réjouie. Les jeunes ont besoin d’être écoutés avec patience et d’être accompagnés avec amour. Si nous faisons ainsi, la joie est assurée

Aprilda Pasi. Shillong, India.

justice et la paix, j’ai ressenti beaucoup de joie. Ce fut pour moi, une grande joie de voir grandir ensemble les jeunes de mon cours, dans leur évolution culturelle, humaine et spirituelle. Quand je me suis rendue compte que ma présence était devenue un canal pour l’évan-gélisation, j’ai éprouvé une profonde joie intérieure. J’ai été très heureuse lorsque j’ai pu donner de mon temps et partager mes talents avec les pauvres, les jeunes et lorsque j’ai pu vivre à fond la mission qui m’a été confiée.

Karackatt Chackomariamma Shiny.

Bangalore, India. Je suis heureuse. La vie religieuse est pleine de joie, même si la vie avec les jeunes exige esprit de sacrifice et patience. Lorsque j’ai enseigné dans une école de

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 30

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Jeunes et liturgie Interview à sœur Elena Massima

Gabriella Impératore, Anna Mariani

Les jeunes apprécient une foi annoncée sans emballage, sans interminables préambules et “trucs” de pré-évangélisation. Ils sont ouverts à qui leur témoigne la foi chrétienne dans la liberté, sans chercher à les convaincre en faisant pression sur leur liberté.

La liturgie est le «lieu éducatif et révélateur» où la foi prend forme et est transmise (Orientations pastorales 2010-2020 de l’Eglise italienne). C’est l’expérience fondamentale qui ponctue le quoti-dien et les moments importants de la vie (Lignes d’orientation de la Mission Educative), c’est le «paradigme» de toute communication authen-tique avec Dieu, avec les frères et avec la réalité concrète. Dans le rapport entre éducation, liturgie et monde des jeunes nous nous demandons dans quelle mesure cette fonction ecclésiale est capable de “capter” les exigences des jeunes d’aujourd’hui et de proposer des réponses/ propositions adéquates, et à quelles conditions elle peut réaliser son devoir d’éducation inté-grale de la personne. Nous avons interviewé soeur Elena Massimi, fma, professeur de Liturgie Sacré à la Faculté Pontificale des Sciences de l’Education Auxilium.

Quelle est la relation entre les jeunes et la liturgie? Quel sens du rite et quels rituels expérimentent les jeunes? La relation entre la liturgie et les jeunes est plutôt complexe. Si d’un côté il semble que la société contemporaine est en train de “perdre le sens du rituel”, de l’autre il est évident que les jeunes ne sont pas privés de rites. Ils ont seulement déplacé les “lieux” où est vécu le rituel, qui est passé du domaine religieux au domaine séculier. Leur relation avec la liturgie et c’est une évidence,

est plutôt difficile; ceux qui se déclarent croyants préfèrent de beaucoup la prière personnelle à liturgie.

Les jeunes prient-ils ? Est-ce qu’on peut parler aujourd’hui d’“analphabétisme liturgique”? La participation “peu active” des jeunes à la liturgie naît certainement du peu de connaissance qu’ils ont de la signification des gestes et des signes liturgiques; ils ne savent pas ce qui se célèbre et surtout ils ne connaissent pas “la symbolique” du rite ce qui amène à ne pas comprendre le langage liturgique. Ils passent de célébrations bureaucratiques et impersonnelles à des célébrations dominées par une subjectivité émotive qui ne fait pas approcher du mystère.

Cependant la soif d’infini ne s’est pas amoindrie, la foi n’est pas éteinte, mais elle est seulement en recherche de nouveaux modes d’expression.

Comment aider les jeunes à saisir la signification des signes et des gestes?

Romano Guardini parle de la nécessité d’“éducation et d’exercice pour apprendre l’acte liturgique”. Et ceci ne peut se réaliser à travers une connaissance cognitive, mais au moyen de l’action liturgique même. Les jeunes, et pas seulement eux, doivent être “initiés” à la liturgie, ils doivent apprendre à agir de manière rituelle. "Quand on apprend à jouer d’un instrument de musique, con-naître comment on joue est important, mais pas suffisant. On apprend à jouer seulement par la pratique, en jouant, et ceci demande du temps et de la persévérance par des exercices constants". Il en est ainsi pour la liturgie qui est un ensemble de langages, verbale et non (musique, geste, icône…).

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ANNEE LX ■ Juillet-Août 2014

En tant qu’éducatrices nous devons mettre toutes nos énergies dans une formation liturgique solide, ainsi nous pourrons aider les jeunes à découvrir la vraie beauté de la liturgie, qui est par excellence le lieu de la rencontre profonde avec Dieu.

Dans quelle mesure la participation et la relation entrent dans la liturgie?

Il n’existe pas de liturgie sans participation communautaire. La liturgie est un agir au niveau symbolico - rituel et dans la Sacrosanctum Concilium il est mis en évidence comment les célébrations liturgiques ne sont pas des actions privées, mais de l’Eglise. Quand on prend part à une célébration liturgique on ne peut pas s’isoler mais on est appelé à louer Dieu ensemble, en communauté. La liturgie est la prière de l’Eglise, et le terme ekklesia signifie assemblée convoquée par Dieu. A l'intérieur d’une célébration liturgique il y a des moments de prière personnelle, qui cependant sont vécus “ensemble” par ceux qui participent à la célébration.

Comment rendre concrète la dimension éducative de la liturgie?

La liturgie représente une “ressource éducative" précieuse. Elle aide à redécouvrir la vie comme

un don gratuit à accueillir et à redonner. Elle apprend à donner de la place à l’autre, à aller à sa rencontre (par exemple: le geste de paix), à prier au même rythme que la personne qui est à côté de moi, à agir avec toute l’assemblée, à prendre sur soi les souffrances de tous ceux qui sont dans la difficulté. Dans le labyrinthe de

la complexité sociale et de la virtualité relationnelle, la liturgie contribue à la construction de personnalité harmonieuse, aide les jeunes à redécouvrir la beauté de la relation avec les autres et à les éduquer dans et à habiter le monde en donnant sens au quotidien.

La liturgie éduque à l’écoute en profondeur, à la gratuité, à l’accueil, au partage, pour cela elle propose des expériences généra-trices de sens et présentant une alternative par rapport à la culture dominante.

La pastorale des jeunes a le devoir d’initier les jeunes à la liturgie, c’est à dire favoriser la rencontre personnelle des jeunes et des enfants ave le mystère de Dieu par la participation à des liturgies solennelles. Une participation active veut dire faire son entrée personnelle dans le rite, dans l’action de grâce, dans le silence, dans l’écoute, dans la prière, et tout ce qui concerne réellement la liturgie. Dans l’Eglise, l’éducation à la foi est une instance où l’on fait l’expérience et où l’on vérifie sa rencontre avec le Christ, vivant aujourd’hui et toujours.

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 32

Une cour dans la ville.

Projet Patio 13

Anna Rita Cristiano

Le voyage à Medellin nous fait découvrir une ville accueillante, d’origine très ancienne, elle est devenue aujourd'hui une métropole comme toutes les grandes villes, elle connaît l’entrelacement de problèmes complexes et le désir de revenir vers un avenir de justice et d'équité sociale. La ville s'est développée rapidement, et suite à un certain nombre de questions sociales et politiques. Aujourd'hui, elle se retrouve face à plusieurs problèmes : manque de travail, 'insécurité, violence, drogue, questions qui ont fait augmenter le nombre des enfants qui vivent dans les rues. En 2001, pour faire face à cette situation d'urgence, les Filles de Marie Auxiliatrice de l’école normale supérieure de Copacabana, ont initié le projet Patio 13 en collaboration avec le ministère de l'Éducation de l'Univer-sité d’Heidelberg pour offrir une formation scolastique adéquate ainsi qu’aux enfants qui vivent dans la rue. L'intervention éducative se développe à partir de l'idée que le manque d'éducation serait un élément ultérieur d'exclusion et de violation des droits de ces enfants et des jeunes; lesquels ne peuvent pas suivre un enseigne-ment selon le schéma traditionnel. Naît alors un projet éducatif pour lesquels les maîtres, sur la base de leur expérience éducative vécue avec les garçons, relisent leur histoire et apprennent un savoir pédagogique spéci-fique. C’est avec conviction que Sœur Sara Sierra, créatrice du projet soutient : «Le projet Patio 13 n'est pas une institution, pas plus un lieu dans lequel se réalise une proposition édu-cative. Patio 13 est une conception de l’édu-

cation qui vise à accompagner le maître -qui se forme pour cette profession- à un travail avec une population vulnérable et à tra-vailler avec les enfants en situation de risque, pour ré-entrer dans l'école régulière en exerçant leur droit à l'éducation ». Les rues de Medellin sont riches de couleurs, de musique et de gens. Elles traversent la ville presque comme une blessure. Le "mètro câble ", le téléphérique qui survole la ville, semble être là pour réparer la violation d'une ville divisée entre les nantis et les démunis. Entre celui qui a une vie digne, affection, travail, un lieu où habiter, loisirs et culture. Et qui n'a rien sinon la vie même et au milieu de ses blessures malheureusement il y a des enfants.

Il est possible de voir cette façon de

réaliser le projet Patio 13 sur un DVD

produit par les Missions de Don

Bosco en collaboration avec le

Dicastère pour la Communication

Sociale dont le titre est Patio 13,

Maestri di strada. Dans la Vidéo, les

enfants de la rue et les jeunes qui

participent au projet, racontent leur

expérience et montrent comment,

avec l’engagement et la profession-

nalité, on peut rejoindre de grands

objectifs

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ANNEE LX ■ Juillet-Août 2014

.

Katherine Norena, une des animatrices du projet nous dit: «Quand on commence à travailler avec les enfants de la rue ou dans des situations d’inconfort, on commence à apprécier ce que l’on a. Vous vous deman-dez quoi faire pour commencer à travailler avec eux, mais eux commencent à se valo-riser, à sentir qu'ils ont quelqu'un qui les soutient et des personnes qui se soucient d'eux. J'ai reçu d’eux des leçons et j'ai appris à faire la leçon mais, pour ces jeunes, est nécessaire une formation différente. Pour moi, il était important de comprendre quelles étaient leurs peurs, et aussi les miennes en me trouvant face à eux. Heureusement, petit à petit nous avons expérimenté des métho-des efficaces et appropriées». Les animatrices et les enseignants du projet Patio 13 sont préparés non seulement du point de vue des compétences scolaires à donner, mais ils reçoivent une formation spécifique pour savoir approcher les enfants des rues les jeunes marginaux. Travailler avec ces garçons ne signifie pas seulement transmettre des concepts, mais de renforcer la confiance, l'acceptation de soi et des adultes; le désir d'apprendre et même le désir de vivre.

Une part du projet Patio 13 est le service éducatif offert aux étudiants de l’Ecole Normale à l’œuvre des salésiens Patio Don Bosco où les enfants et les jeunes deviennent des acolytes pour le jeu, l’étude est aussi la permanence au collège. Il s’agit de jeunes de 7 à 17 ans et tous peuvent compter sur l’aide des éducateurs experts et du support des élèves volontaires pour faire leurs devoirs, jouer et accomplir des activités diverses de détente et de formation. Surtout chacun reçoit cette attention que peu sont disposés à leur donner. Ce Patio 13 est une expérience formative pour les jeunes de l’école qui y adhèrent ainsi, comme le rapporte Melisssa Giraldo : «Quand je fréquentais la huitième classe, j’entendais toujours des filles parler du fait d’aller dans la rue pour aider quelques jeunes, elles allaient toujours dans un endroit où au début elles avaient un peu peur. J’en ai parlé avec mes parents leur disant que je voulais participer à un projet et que ce serait allé dans les rues de Medellin pour aider les enfants qui vivent sans famille. Cela les préoccupait et ils ont tenté de me décourager, mais je voulais faire l’expé- rience. J’en ai parlé à Sœur Sara en lui demandant des informations plus détaillées et

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 34

elle m’a invitée à aller avec elles le vendredi suivant. La première fois que je suis allée, je suis resté frappée par l’odeur de marijuana et des cigarettes. Les garçons que nous rencon-

trions avaient un aspect très débraillé. Ils vivaient à côté d’un petit caisson d’où l’odeur était très désagréable, mais ensuite en

commençant à parler avec eux, je me suis rendu compte qu’étudiants et enseignants allaient là pour découvrir le sens de l’homme ; là, ils pouvaient découvrir qu’une autre personne, même si elle était sale, mouillée, ne savait pas lire, ni écrire, était une personne humaine et avait beaucoup à nous enseigner. Alors, déjà après cette première fois j’ai dit : je veux m’engager en ce projet et je veux continuer à aller tous les huit jours parler avec les garçons, et ainsi j’ai continué. Quand un garçon arrive sur la rue il commence à consommer de la drogue, c’est une façon pour survivre et supporter la douleur physique et la souffrance intérieure. Habituellement ; ils commencent avec la colle qui génère une détérioration plutôt lente ; puis ensemble, ils assument le crack, qu’ils pré-parent avec des résidus de cocaïne, et ceci est dévastateur. Le bazuco, comme on l’appelle, accélère la détérioration physique et, parmi les garçons, est diffus le pressentiment que celui qui le consume meurt rapidement. L’Ecole Normale Supérieure des Filles de Marie Auxiliatrice de Copacabana a été fondée en 1958 à peine hors de Medellin et est désormais un modèle en Colombie. De l’Ecole Normale proviennent les volontaires et les maîtres de l’école primaire du projet Patio 13. Aux plus grands élèves est proposé de faire une expérience de volontariat avec les enfants de la rue ; quelques-uns décident de

se former professionnellement pour devenir enseignants à l’intérieur du projet. Ils sont maîtres spécialisés, parce qu’ils doivent être très attentifs à leurs destinataires.

Gloria Herrera, Professeur à l’Ecole Normale des FMA soutient : «Qui commence à travailler avec les garçons des rues, doit être sensible à ce qu’il expérimente. Il doit être un maître qui respecte la dignité humaine de l’enfant quelque soit sa situation sociale ou économique, un maître qui ose déstructurer l’espace didactique et l’enseignement, et planifie des formes différentes de didactique et pédagogie…»

Les Sœurs et Responsables du Projet se sont laissé interpeller par le territoire. Outre les rues de la cité de Medellin, ce sont les quartiers des campagnes alentour de Copacabana. Chaque semaine les étudiantes de la Normale rejoignent les enfants et les jeunes dans les faubourgs dans lesquels ils se trouvent. Elles les rassemblent dans la cour de quelque maison, sur les places, sur les marchés, usant l’asphalte comme l’ardoise et l’imagination pour attirer leur attention. Puis on joue, se tiennent des leçons, on aide qui va à l’école et on encourage beaucoup à retourner étudier dans les écoles régulières.

Plus que tout les «étudiants volontaires donnent aux enfants et jeunes cette attention, affection et respect que souvent ils ne reçoivent nullement en famille. On cherche la façon de pourvoir transmettre les valeurs de l’honnêteté, du partage et de la responsabilité, pour éviter que les jeunes prennent de fausses routes ou fassent des rencontres périlleuses.

[email protected]

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ANNEE LX ■ Mars-Avril 2014

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 36

Echanger

Maria Anronia Chinello

C'est l'action qui définit le Réseau et l'évangélisation. Tissu de partage d'idées, de connaissances, de gestes de réciprocité, liens et non obstacles au témoignage et au don.

Au point de départ, le réseau

L'échange est au début du Réseau. L'histoire de l'Internet d’abord et du World Wide Web ensuite, expose à partir de conditions et d’événements, l'idée d'un réseau décentralisé, composé de nombreux liens, dont chacun est relié à son voisin. Le concept est que la communication est le processus qui se réalise en parcourant non une unique ligne de conne-xion, mais des lignes nombreuses et flexibles, de sorte que la baisse d'un lien ne met pas l'intégralité du système en danger. Le débit d'une communication peut continuer par l'intermédiaire d’itinéraires de rechange, car il existe un lien central, mais tous les points du système sont placés sur le même niveau. Un réseau qui, en s’entrelaçant, tisse la rencontre et le partage, est un lieu d'interaction sociale, l'ambiance d’un travail collaboratif, l'espace où se "parle", se construit la pensée, la discussion, la participation, la décision. L'objectif est de promouvoir le libre échange des idées et des connaissances afin de faire valoir le droit à la communication et ainsi de coopérer au renou-vellement de la société.

Au commencement, la communication Le mot communication a ses racines dans l'Antiquité classique, dans des expressions communis ("commune à beaucoup ou à tous")

et communiquer («rendre commune, faire prendre part à un certain rapport à quelque chose», «être d'accord avec quelqu'un"). À son tour, communis est relié à munus qui est la base de l'échange C’est le fondement de la «communauté» depuis que communis signifie littéralement «qui prend part aux munia ou munera." Delà, la conscience que chacun est tenu à rendre la mesure dans laquelle il la reçoit. Un «échange» constitué de «dons», acceptés et rendus, tout à fait différent du commerce dont le but est le profit. Le don doit être généreux parce que quand vous faites un don, vous devez donner ce qui est le plus précieux. La valeur fondamentale est alors celle de la «réciprocité» de la «diffusion croisée», de «participation à l’accueil et au retour." Si vous voulez retrouver le sens véritable de communi-quer il faut retourner à l’osmose bidirection-nelle : ne communique que ceux qui reçoivent et participent, ceux qui sont en mesure d'échanger le don reçu avec le sens sacré de la gratitude. Le Pape François écrit que «Le bien tend toujours à se communiquer. Chaque expé-rience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion [...]. Lorsqu’on le communique, le bien s’enracine et se développe» (EG 9). La vie grandit et mûrit dans la mesure où nous la donnons pour la vie des autres, la mission c‘est cela. «Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source et à retrouver la fraîcheur originale de l’Evangile, surgissent de nouvelles voies, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui. En réalité, toute action évangélisatrice authentique est toujours «nouvelle». (EG 11). .

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ANNEE LX ■ Juillet- Août 2014

ANNEE LX ■ Mars-Avril 2014

ANNEE LVII MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011

risque. Vous ne pouvez pas seulement éduquer dans le domaine de la sécurité : non. Ceci empêche les personnalités de croître. Mais personne ne peut éduquer seulement dans la zone de risque : c'est trop dangereux ".

Notre mission éducative évangélisatrice requiert,

aujourd'hui comme hier, le dynamisme mission-

naire qui apportent le sel et la lumière au

monde, pour ne pas se paralyser, ni renvoyer

de nouveau la réponse à l'amour de Dieu qui

Au commencement, la route L'idée de la rue sociale est née à Bologne, en Septembre 2013, à partir d’un groupe de résidents de la rue Fondazza. L'objectif était de créer des liens avec les voisins de leur rue de résidence, afin de vivre des échanges professionnels, de partager des connaissances, de réaliser des projets collectifs d’intérêts communs et tirer ainsi les bénéfices d’une meilleure interaction sociale. Pour cela, nous avons utilisé le site de Face book.

.

La vitrine de Face book devint une place

virtuelle où l’on demande de l’aide, où l’on

offre des services, où s’organisent des réu-

nions, événements, expositions photogra-

phiques et des activités de bienfaisance

Nous nous connaissons de vive voix et

réellement. Qui adhère à la rue sociale le

fait par exigence personnelle, pour

connaître les habitants de son quartier.

Les rues sociales en Italie sont main-

tenant plus de 200, et elles impliquent

environ 3.500 personnes, et elles semblent

être une réponse intelligente à la crise, des

modèles quotidiens de collaboration entre habi-

tants de la même rue. Une façon simple qui

change la perspective de vivre et de créer de

nouvelles relations sociales. Parce que, dans

un monde de plus en plus connecté, les

personnes doivent être mis au centre.

[email protected]

Pinterest site d’échanges de photos, d’images, de vidéos Pinterest est un réseau social fondé en 2010 par Evan Sharp, Ben Silbermann et Paul Sciarra dédié au partage de photos, vidéos et images. Il permet aux utilisateurs de donner des conseils pour gérer la collecte d'images en fonction de thèmes prédéfinis ou générés par eux. Le nom est une contraction des mots anglais pin (accrocher) et interest (intérêt).

Ces derniers mois, les photos téléchargées sont en hausse de 50% et désormais dépassent les trente milliards de dollars.

Le réseau social est particulièrement fréquenté par les femmes, qui représentent 85% des utilisateurs aux États-Unis. Selon la société ce sont bien 100 mille commerçants qui utilisent la plate-forme pour partager leurs images, tandis que des géants comme Kraft, Nestlé ou Gap ont été parmi les premiers groupes d'entrepreneurs à utiliser les "pins" (photos, images, vidéo) à des fins promotionnelles.

L'année dernière, les utilisateurs mensuels aux États-Unis étaient au moins 35 millions. Des États-Unis, il a pris de plus en plus pied à l'étranger, de sorte que la part des utilisateurs externes aux États-Unis atteint 30% du total et Pinterest a ouvert des bureaux en France, au Royaume-Uni et au Japon.

Pinterest est intégré et peut être intégrable avec Face book et Twitter, Flickr. Et avec les sites web ; il suffit d’intégrer les soi-disant "pins boutons" dans un site Web ou blog, et vous pouvez "pinner" les images ci-dessous les catégorisant selon votre propre intérêt.

Page 38: Revue DMA – PAROLES ET GESTES DE DON (Juillet – Aout 2014)

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 38

L’éthique dans le modèle féminin de leadership

Debbie Ponsaran

La femme est intrinsèquement douée du don de relation. Elle sent en elle l'interconnexion de toute vie. Elle sait qu’on ne peut pas faire des plans linéaires quand il y a tant de variables, mais que l’on peut répondre avec la sagesse qui intègre l'ensemble et toutes ses connexions. Parce qu'elle embrasse tout, elle embrasse à la fois la faiblesse et la puissance. Elle reconnaît sa vulnérabilité, elle pleure et ressent de la douleur. Il y a un potentiel caché dans la vulnérabilité. Dans toute la création, nous percevons l'inter-action des contraires : la vulnérabilité et la puissance, la lumière et l'ombre, la maladie et la santé. Cette interaction des contraires crée une réciprocité qui est intuitivement comprise par la femme. La réciprocité des contraires trouve en elle une terre sainte.

La réciprocité: ressource innée chez les femmes Aujourd’hui la réalité complexe fait naître la nécessité d'un nouveau modèle de leadership, qui substitue le “commandement-et-contrôle” par “la participation et l'inclusion au maximum". Ce style de leadership est de mettre de plus en plus de lumière sur la valeur d'une approche plus féminine. Cela valorise de plus en plus l'éthique de réciprocité. Toute personne peut le faire, mais les femmes leadership peuvent le faire de manière plus naturelle. Dans le passé, et encore aujourd'hui, les exigences et les circonstances particulières conduisent les femmes à se conformer à un style masculin de leadership. La plupart des femmes choisissent de s'adapter pour être acceptées. Il leur est vraiment difficile d’être elles-mêmes et d’assu-mer leurs caractéristiques féminines..

Mais la situation du monde les pousse aujourd'hui à retrouver leur génie féminin. Et ce

sont justement ces ressources féminines qui sont un don pour le monde. Les femmes ont une compréhension intuitive du rôle que joue la réciprocité en matière de leadership. Elles femmes utilisent un style plus participatif, elles sont plus sus-ceptibles de partager informations et pouvoir, de réduire les hiérarchies, et avoir de solides compétences relationnelles. Par exemple, quand on pense au leadership dans une équipe de travail, s’il est un responsable qui se comporte comme un chef, qui a toutes les réponses, il ne sera pas en mesure de solliciter de nouvelles idées et contributions. Le rôle du leadership féminin apporte avec lui la valeur de la réciprocité et de l'interdé-pendance. Dans ce nouvel ordre de leadership collaboratif, la diversité est valorisée parce qu'elle enrichit les idées mises ensemble dans une organisation

En faisant naître la plénitude

Le leadership féminin introduit et intègre. «Ce n'est pas une question de femmes ou d’hommes, mais plutôt le manque de diversité dans ce domaine, qui a conduit à une mauvaise décision... l’équilibre masculin-féminin compte, parce que les femmes apportent des valeurs différentes dans les discussion», dit Halla Tómasdóttir expli-quant la nécessité de la présence de femmes dans la gestion de l'économie, dans le contexte d'une réponse féminine à la crise financière en Islande. Halla Tómasdóttir, co-fondatrice des services financiers Audur Capital, a été d'une grande aide dans la reconstruction de l'économie de l'Islande depuis son effon-drement en 2008.

Page 39: Revue DMA – PAROLES ET GESTES DE DON (Juillet – Aout 2014)

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ANNEE LX ■ JANVIER FEVRIER 2013

...

Corazon Aquino (1933-2009) Présidente des Philippines, première femme asiatique, dont le style de leadership était une démocratie plus participative, dans un de ses discours, a déclaré: «La politique est de ne pas rester un bastion de la domination masculine, car beaucoup de femmes peuvent apporter à la politique, cela aiderait notre monde à être meilleur, bienveillant, et permettrait à l'humanité de prospérer davantage.

Les femmes sont des candidates naturelles à des postes de direction dans les entreprises, les universités, la société civile et politique. Nous, qui sommes les gardiens des valeurs de la famille et de la société, nous ne devrions pas laisser aux hommes la tâche importante de leadership dans la sphère politique. C'est un travail que les hommes et les femmes peuvent et doivent faire ensemble, en complémentarité, et de même aussi dans le cadre familiale ". «Je m’appelle Rigoberta Menchú Tum. J’ai 23 ans. Voici mon témoignage. Je n'ai pas appris à partir d'un livre et je n’ai appris toute seule. Mon expérience personnelle est la réalité de tout un peuple». Rigoberta, une leader autochtone du Guatemala, a remporté le Prix Nobel de la Paix en 1992 pour son travail sur les droits des peuples autochtones et la réconciliation entre les groupes ethniques. Elle soutient l'unification les droits des peuples autochtones et la réconciliation entre les groupes ethniques. Elle soutient

l'unification comme la seule façon de mettre fin à la répression. Elle croit au travail d'une entité collective, à un être

Les femmes qui nous ont précédées Miriam, la sœur de Moïse, nous apprend que le leadership est de servir plutôt que d'exercer le pouvoir. Deborah la juge, nous apprend à guider en inspirant confiance aux personnes. Jeanne, disciple de Jésus, nous enseigne la fidélité et l'engagement dans le service. Priscilla, à qui Paul a confié l'Eglise naissante, nous enseigne la sagesse de la collaboration. Dorcas, femme fidèle dans la communauté chrétienne, nous apprend à être guide à travers sa façon de vivre les valeurs chré-tiennes. Marie, Mère de Jésus et notre Mère, nous apprend à être des femmes authen-tiques. Les femmes fidèles qui nous ont précédées, nous inspirent à retrouver et vivre de notre génie féminin et à l'intégrer dans la conscience des hommes, de sorte qu'une nouvelle compréhension de la plénitude de la vie puisse être mise en pratique pour aider à guérir notre monde.

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Page 40: Revue DMA – PAROLES ET GESTES DE DON (Juillet – Aout 2014)

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 40

Pholomène De Stephen Frears GB/USA/FR 2013

Mariolina Perentaler

Que d’applaudissements ! Alors qu’au festival du film de Turin de 2013, il remporte le prix du public comme meilleur film, les institutions s’empressent de publier : “nous recomman-dons la diffusion urgente de ce film magnifique dans les écoles, pour sa grande valeur édu-cative et sociale”, encourageant dans le même temps l’éclosion de projets que sponsorise la location du film dans certaines communes, avec la promotion de sa projection et les dé-bats qui l’accompagnent. Ce sont les débuts surprenants dans la mise en scène de Pif (Pierfrancesco Diliberto, très populaire animateur-auteur de télévision). “La mafia tue seulement l’été” était le chaînon manquant du cinéma civil, observe M. Porro, dans le ‘Corriere della Sera’. Information alternée, formation et satire d’un nouveau type, divertissant et captivant, ce sont les carnages maffieux des années 70 vus à travers le regard d’un enfant”. Pif est né à Palerme dans une région, la Sicile, portée au fatalisme, mais il prend l’initiative de décrire la parabole descendante de Cosa Nostra. Il choisit comme héros un jeune garçon qui grandit, cultive le rêve, les espoirs et les illusions. Il apprendra à se soustraire aux règles du jeu, se sentant et se voulant “différent” face à une culture diffuse dont la criminalité est l’expression. Un récit de formation qui trouve sa raison d’être dans ce qu’il raconte et sa force dans la manière dont il le raconte. A découvrir et à recommander.

Un film profond, qui fait rire et réfléchir.

Le metteur en scène tient à préciser que ce n’est pas autobiographique, même si, ayant grandi à Palerme, les souvenirs personnels ne manquent pas. Il s’appuie sur sa biographie mais il cherche à mettre en scène d’une manière générale les expériences vécues par un grand nombre de Palermitains au cours des années 80, confrontés à l’expansion de la “Mafia” à tous les niveaux, au long de leur vie quotidienne.

Tous les person-nages vivent une

double vie, d’une part celle de tous les jours, y compris le fait de tomber amoureux et d’aller à l’école, pour le délicieux Arturo, l’un d’entre eux. De l’autre, les abus, la corruption et les meurtres du monde mafieux. Chacun des personnages doit trouver son équilibre, soit pour permettre une coexistence entre ces composantes si variées, soit pour se “déployer”, telle est la clé de la construction de l’œuvre. C’est une entreprise colossale surtout pour ce qui concerne le choix du style et du scénario : : parler de la mafia avec humour. Pif le fait et réussit à être en même temps réjouissant et comique sans renoncer à la force de la réflexion et au drame. Il sait raconter avec les yeux d’un enfant les atrocités de la mafia et réfléchir sur la nécessité de “prendre conscience” en parallèle avec son parcours de croissance personnelle parallèlement avec celui social et culturel de la cité. A la fin du film, perce comme un hommage poétique et émouvant à ceux qui ont réellement perdu la vie en combattant la mafia. Arturo est un enfant de Palerme conçu précisément le jour du massacre de Viale Lazio. Pendant l’école élé-mentaire, il tombe amoureux de Flora, une camarade de classe. C’est un amour qui demeu-rera intact toute la vie, malgré les divergences sociales qui les séparent et la distance qui va les éloigner, quand le père de la jeune fille emmè-nera sa famille en Suisse. A Palerme se succè-dent les coups de main de la Mafia et l’auteur le souligne par ce qui arrive au garçon. Il semble le seul à s’intéresser aux aspects du monde du crime. Tous les autres feignent de ne rien voir, au point que lorsqu’Arthur demande à son père si la mafia est dangereuse, celui-ci répond : “C’est comme les chiens, si on ne les dérange pas, ils ne mordent pas”, et il ajoute : “tu peux être tranquille, parce que “la mafia tue seulement en été, et nous sommes maintenant en hiver.

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ANNEE LX ■ Juillet-Août 2014

Arturo prend vraiment et profondément conscience

lors de l’assassinat des juges Falcone et Borsellino,

quand, une fois grand, son amour pour Flora

revenue à Palerme, l’accompagne au cœur de sa

profession de journaliste. D’abord il pratique cette

profession au cas par cas ; ensuite, cela deviendra

un choix plus personnel, caractérisé par une

curiosité grandissante et par son engagement à

comprendre de manière plus critique ce qui se

passe. Le récit se confluera par un “happy end”.

Cela concerne non seulement Arturo et Flora et les

conséquences personnelles qui en résultent pour

eux – qui finalement se marieront et deviendront

parents – mais aussi, la nécessité émouvante

d’entretenir chez leurs propres enfants un regard

lucide, germe d’une conscience de citoyen qui ne

peut faire moins que de participer à la mémoire

sociale, historique, collective. C’est un cinéma

engagé en première ligne, qui nous dit : si

l’ironie fait partie de l’adn de Pif, sa maîtrise de

soi vigilante et sa connaissance en la matière lui

permettent de ne pas dépasser les limites. Il en

arrive à une conclusion qui nous bouleverse :

père d’un enfant, Arturo s’emploiera fermement à

lui apprendre ce qu’il a connu. Il pose et il fait

poser le regard sur les tablettes de marbre qui

pansent les blessures de Palerme. Plaques

fixées sur ses murs et dans sa mémoire. Sur

lesquelles il lit et fait lire les noms de ceux qui

sont tombés, leur engagement, leurs entreprises

en vue de la vérité. Car d’où qu’elle vienne, celle-

ci est toujours bienvenue.

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LE REVE DU FILM

“Le groupe fait la force. Je sais que le problème existe, mais “ensemble”, on peut vaincre parce que la mafia n’a pas un seul leader à abattre, elle a des difficultés à surmonter

Volontairement caractérisé par l’intention de consi-dérer les générations plus jeunes comme ses inter-locuteurs privilégiés, le film décrit un parcours de formation jalonné par les réactions personnelles d’Arturo face aux évènements de la Chronique, qui deviendra Histoire. “Pas seulement comme un tribut à la mémoire de ceux, si nombreux, qui sont tombés à l’époque, - insiste Pif. J’espère que tu penses que ça ne doit plus jamais arriver. Nous sommes tous appelés à faire en sorte que cela n’arrive plus ! J’ai envie de dire que nous, aujourd’hui, nous pouvons plaisanter sans risquer notre vie. La mafia est moins puissante que dans ces années, mais il faut qu’elle baisse sa garde (...) Falcone et Borsellino étaient deux géants, mais leur grandeur a été encore grandie par la solitude où l’Etat les avait relégués. Il faut que les jeunes le sachent. Que leur croissance sur le plan de l’état civil coïncide avec leur maturité intérieure, pour qu’ils puissent devenir des géants eux aussi, avec les géants qui sont encore là aujourd’hui. A l’exemple de “Adio pizzo” : 800 commerçants qui ne paient pas le pot-de-vin, et exposent, pleins de fierté, leur panneau. Même nous, nous avons tourné sans payer le pot-de-vin...”

L’IDEE DU FILM Il faut un effort pour sortir de la gangue. La raison principale s’appelle mafia. Parce qu’en ce cas on ne le raconte pas avec deux yeux bleus dont il est impossible de se détacher et un sourire de gavroche sicilien qui en sait long, mais qui t’en dit un peu parfois ? “Face à la mafia, même si j’ai de l’amertume, affirme Pif au cours de l’interview, sur le moment, on vit mieux en baissant la tête, et après on verra. Alors, parfois, être un enfant, c’est bien. Parce que tu imites tes modèles, c’est à dire les adultes. Et si pour eux, il n’y a pas de problème, il n’y en a pas non plus pour toi. Les problèmes surviennent quand un jour le garçon comprend que “la mafia ne tue pas seulement en été”(...) Voici pourquoi j’ai voulu que le héros soit Arturo. Quand j’étais gamin, en Sicile, on ne voulait pas admettre le problème. Cette attitude qui consiste à ignorer, a isolé les magistrats et les journalistes : eux, par contre, voyaient encore bien les choses à l’époque. C’est pour cela que j’ai fait le film. A Palerme, il faut être ou blanc ou noir, parce que la mafia est grise, elle te traîne vers elle et elle est partout.” Arturo, comme tous les gamins, accepte passivement le raisonnement des adultes, qui, face à son problème, préfèrent tourner la tête ailleurs. Peu à peu, mûrit lentement la conscience de l’importance qu’il y a à assumer une prise de position claire dans ses affrontements

POUR FAIRE PENSER

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La pyramide du café

Nicola Lecca

C’est ainsi que Manfredi, second des trois enfants, fait une sorte de préface écrite comme une dédicace à leur mère, à cette femme exceptionnelle que fut l’épouse de Paolo Borsellino. A son tour, le journaliste connu, en quelque sorte le co-auteur de ce livre, nous informe des circonstances dans lesquelles le livre a été conçu :

“Par une journée d’avril 2013, Agnese Piraino Borsellino a décidé de sortir de chez elle, alors qu’elle était condamnée au fauteuil roulant et que les médecins l’obligeaient à prendre des précautions à cause du mal terrible dont elle souffrait. Elle est sortie pour rencontrer les jeunes qui, venus en cortège du Palais de justice, étaient arrivés devant chez elle pour manifester leur solidarité au substitut du procureur Nino Di Matteo et aux magistrats de

Palerme et de Caltanissetta menacés de mort à cause de l’enquête menée autour des massacres de 1992. Ils ne s’arrêteront pas, a-t-elle dit, nous voulons savoir toute la vérité sur la mort de Paolo, de Giovanni et de tous les autres martyrs de Palerme. Et elle a décidé que le moment était venu de raconter son combat, avant et après le 19 juin 1992, jour de la tragédie de Via d’Amelio.

La décision qu’elle a prise de raconter, se comprend dans la mesure où il ne s’agit pas seulement d’un cri de révolte, mais de la dénonciation passionnée d’une vérité que l’on a voulu occulter, et surtout, le besoin de retrouver les étapes de son aventure propre : le temps de sa jeunesse ignorante et un peu frivole, les temps heureux de son amour pour Paolo, qui inconsciemment est devenu pour elle un maître à penser, le temps du supplice, d’une blessure inguérissable, qui ne l’enferme pas toutefois dans une solitude pleine d’amertume, mais l’ouvre à des relations plus tendres avec les autres, pour faire à chacun le don d’elle-même :

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se le rappelle dans les moments inoubliables, si chers, de sa vie quotidienne, quand il lui arrivait de sourire en remarquant une nouvelle pousse dans les plantes disposées sur le balcon. Je lui demandais : “Paolo, à qui souris-tu ? “ Il me répondait : “je souris à frère soleil qui va nous donner aujourd’hui une nouvelle belle journée. Tu sais, Agnese, chuchotait-t-il, je suis un homme heureux parce qu’à mon âge, je cours encore le risque de me laisser émouvoir !”

Pendant ce temps, les enfants se réveillaient, l’un après l’autre. Manfredi et Fiametta étaient de gros dormeurs, ils se retournaient sous leurs couvertures alors que Lucia était déjà habillée.

à chauffer une nouvelle cafetière. Ces agents étaient comme des fils pour lui, il leur accordait beaucoup d’attention. Il était cordial et respectueux avec tous. Paolo Borsellino pouvait dire à ses inculpés, y compris aux mafieux : “vous êtes comme moi, vous avez une âme comme moi. Et en plus de l’âme, qu’est-ce que vous avez d’autre ? Vous avez les sentiments ! ” Eux répondaient : “Monsieur le juge, vous vous trompez, nous sommes des bêtes”, et lui insistait : “Non, vous aussi vous en avez, mais il est venu un moment où vous avez oublié les sentiments, mais c’est seule-ment parce que vous ne savez pas que vous en avez”.

Agnese se souvient de l’avoir entendu dire : “Palerme ne me plaisait pas, c’est pour cela que j’ai appris à l’aimer. Parce que le véritable amour consiste à aimer quelque chose qui ne nous plaît pas, pour pouvoir le changer”. Des paroles qui sonnent comme celles d’un saint....ou peut-être le sont-t-elles vraiment ?

Et c’est, après tout, une enquête sur les lieux, les objets qui furent en contact avec la personne aimée, une fouille de chaque coin de la mémoire pour retrouver une présence, une parole qui ne doit pas rester dans l’oubli..

La dernière page nous emmène à Villagrazia, une villa au bord de la mer, qui appartenait au père d’Agnès, où elle-même et Paolo aimaient souvent se réfugier, à l’écart de l’escorte. “Mon amour, tout est resté tel quel.... Il me semblait presqu’entendre tes éclats de rire, ce matin. Puis également le tic-tac de ta machine à écrire dans le bureau de mon père : tu y restais des heures et des heures, te souviens-tu ? Tu avais fini par avoir un durillon et tu partais faire un tour. Je continue à te chercher dans la maison, mais tu n’y es pas. Alors, j’ouvre une fenêtre. Et j’attends. J’attends de te voir. J’attends de te voir te pointer d’un moment à l’autre avec ta bicyclette, le pain dans le porte panier et tu lèves le bras droit et tu agites la main en signe de victoire...”

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L’engagement social de la musique

Mariano Diotto

La musique nous entoure de toute part, nous fascine et nous pénètre sans grand effort de notre part.

Parce que la musique réussit à nous toucher au plus profond de nous et suscite des sentiments.

Qui n’a pas une chanson préférée? Qui, après un certain nombre d’années, en ré-écoutant une chanson significative pour sa vie, ne retourne pas avec sa mémoire et avec son coeur à la première fosi où il l’a entendue?

Tout cela arrive parce que la musique est empreinte de passion et d’émotion. Une musique peut nous faire danser, pleurer, peut nous divertir ou nous faire réfléchir.

La musique a toujours été un instrument de dénonciation sociale et bien souvent les chansons se sont transformées en une hymne pour des générations entières.

Des champs de coton… Encore bien avant le blues et le gospel, la musique d’origine africaine était née pour accompagner le travail des agriculteurs sur leur terre quand ils étaient des personnes libres. Avec la déportation sur le Nouveau Continent, ces chansons sont devenues des chants de lamentations : surnommés chants du travail. Ceux-ci sont devenus pour les esclaves un nouveau langage pour exprimer leurs sentiments, leurs situations difficiles, leur manque de liberté. Ce sont les premières chansons d’engagement social qui revendi-quent des valeurs que tout le monde devrait comprendre et vivre : paix, amour et liberté.

…à la musique comme engagement social Le vingtième siècle avec les deux Guerres Mondiales et l’industrialisation galopante des années 60 apportèrent une autre vague de musique qui était centrée sur la liberté de pensée, la possibilité d’une libération sociale et la demande de travail. Tous les Pays ont des chansons de ce genre qui sont devenues désormais des chants traditionnels comme Bella ciao en Italie, Le déserteur écrit par Boris Vian en 1956 pour la France, Masters of war de Bob Dylan pour les Etats Unis, El pueblo unido jamás será vencido pour le Chili.

Dans la période qui a suivi la guerre a vu se développer dans tous les Pays un style de chansons en faveur des “petites gens et des pauvres”. Nous en avons un exemple avec les très belles chansons de Fabrizio De André, de Francesco Guccini, de l’inoubliable John Lennon, des Depeche Mode, de l’introverti Jacques Brel.

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Le bien-être des années ‘80 et ‘90 a amené même les chanteurs de renommée inter-nationale à se concentrer sur les inégalités sociales et les discriminations raciales. Comment ne pas se souvenir de de Sunday bloody sunday des U2 où Bono chante la “dimanche sanglant” qui s’est vérifié le 30 janvier 1972 dans la ville d’Irlande du Nord de Derry où l’armée du Royaume Uni a tiré sur les participants d’une manifestation tuant quatorze personnes désarmées et en blessant autant d’autres.

Ou Zombie dei Cranberries qui est une dénonciation claire des violences causées par le conflit en Irlande du Nord au lende-main de l’attentat terroriste perpétré par l’Ira à Warrington, en Grande Bretagne, où un enfant de 12 ans, Timothy Perry, a perdu la vie. En fait les zombies auxquelles on se réfère c’est nous tous parce que désormais habitués à la violence; Clandestino de Manu Chao qui est devenu l’hymne de tous ceux qui se sentent déshérités dans leur propre terre et leur propre pays; Do they know it’s Christmas? Ecrite par Bob Geldof e Midge Ure en 1984 et We are the world écrite en 1985 par Michael Jackson

et Lionel Richie et chantée par plus de 50 artistes, dont les bénéfices ont été donnés à la population de l’Ethiopie, affligée d’une désastreuse famine; Ou la plus récente Living in Darfur des Mattafix pour soutenir les droits humains au Darfour et en faveur de la cessation des hostilités.

…au marketing social Les chansons engagées socialement sont aussi la “panacée” pour les chanteurs qui sont en difficulté dans les ventes. Les maisons de disques appellent cette phase de leur carrière : rédemption. Si un chanteur veut se relancer, il lui suffit qu’il compose une chanson sur un thème social et qu’il entreprenne une bataille en faveur d’une intervention sociale : protec-tion de la nature, inégalité sociale, racisme Mais en ce qui nous concerne, nous voulons accueillir les chansons de tout notre cœur, et nous chercherons toujours à boycotter les stratégies de vente parce qu’elles affectent sérieusement ce qui est unique dans la musique :

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La leçon de la fenêtre

Finalement mes amies, on peut dire que l’hiver est fini ! Le beau temps revient et avec lui le soleil, et avec lui la chaleur, et avec lui, toujours sans solutions, le dilemme de la fenêtre ! Car il faut savoir que, dans ma communauté il y a une vraie concentration d’expertes en science de la fenêtre ; tout ce qui peut être ouvert ou fermé tombe sous le regard vigilant d’une armée de consœurs qui, en ce qui concerne portes, fenêtres et choses du même genre, pourraient écrire de véritables traités…! Elles ne le font pas –probablement- par humilité, mais si la fenêtre qui éclaire le couloir des chambres de notre maison pouvait parler, elle aurait certainement bien des choses à raconter sur sa vie plutôt mouvementée, due au zèle de plusieurs d’entre nous… Il est 5 h 30. Sr. Giovanna : De l’air, de l’air !!! Ici il faut de l’air frais ! ». Et elle ouvre. Il est 7 h 30. Sr. Anna : « Voilà, il est encore si tôt et nous avons déjà chaud ! C’est une idée fixe…». Et elle ferme. Il est 9 h 30. Sr. Rosa : «Mais enfin !!! Tout ce beau soleil gaspillé !!!». Et elle ouvre. Il est 11 h 30. Sr. Paola : «Est-ce- possible que toutes les odeurs de la cuisine doivent finir dans ma chambre ?». Et elle ferme. Il est 13 h 30. Sr. Enrica : «Oh sainte pauvreté ! Nous sommes en plein jour et les lampes restent allumées…Bon ?!». Et elle ouvre. Il est 15 h 30. Sr. Maria : «Vous sentez ces courants d’air! Et puis nous nous retrou-verons avec toutes les portes disloquées ! ». Et elle ferme.

Il est 17 h 30. Sr. Carmen : «Mais comment est-ce possible ? ! Il fait plus chaud dehors que dedans !». Et elle ouvre. Il est 19 h 30. Sr Rita : «Mon Dieu quel temps humide ! On a vraiment plus de respect pour mes rhumatismes….» Et elle ferme. Il est 21 h 30. Sr. Giulia : «Quel magnifique coucher de soleil ! Impossible de ne pas admirer ce beau spectacle !». Et elle ouvre. Il est 23 h 30. Sr. Dolorès : «Voyez-moi çà ! Mais si les chauves-souris rentrent, c’est bien moi qui devrait les chasser…». Et elle ferme. Il est 1 h 30. Comme je ne dors pas, je m’approche de la fenêtre et en caressant la vitre, je me demande ce que doit penser cette pauvre fenêtre, face à tout ce qu’on lui fait vivre, en fonction des besoins de chacune d’entre-nous ; la vie est une bien drôle plaisan-terie, n’est-ce pas ? Quelqu’un passe près de toi et décide que tu dois te comporter de cette façon plutôt que d’une autre, et peut-être seulement parce qu’il ne sait pas faire attention aux besoins des autres… «Eh oui Camille, je suis parfois en colère à cause de vos nombreuses prétentions…» …et pas de plaisanterie, les fenêtres ne parlent pas !... «…et je me mets aussi à penser aux paroles qui accompagnent les gestes de m’ouvrir ou de me fermer…» …mais si ! Elles parlent les fenêtres !…et leurs paroles sont sensées et motivées ! «Alors je comprends que c’est pour cela que je suis née… je dois seulement veiller à ce que mes charnières soient bien huilées et à grincer le moins possible ! »…Vous voyez…elles pensent et elles parlent les fenêtres ! Certainement plus que moi ! Parole de C.

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