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REVUE DE PRESSE - Critiques Une Opérette à Ravensbrück Le Verfügbar aux Enfers De Germaine TILLION Mise en scène: Danielle STÉFAN Dramaturgie: Dominique CHEVÉ Arrangements musicaux: Alain AUBIN Assistante à ia mise en scène: Hélène ARNAUD Scénographie: Christian GESCHVINDERMANN Costumes: Virginie BRÉGER Création Lumière: Jean-Luc MARTINEZ Chorégraphie: Anne-Marie CHOVELON Avec Comédiennes-Chanteuses-Musiciennes : Magali BRACONNOT Amandine BUIXEDA Marie-Ange JANNUCCILLO Aurélie LOMBARD Alice MORA Elisabeth MOREAU Henriette Nhung PERTUS Frédérique SOULOUMIAC Murielle TOMAO Production « Femmes et Résistances » Sté en participation réunissant les Cies : Trafic d'Arts II (gestionnaire), Nuits Blanches en Compagnie, Léda Atomica Musique. Coproduction: Théâtre Gyptis, Marseille - 3bisF, Aix-en-Provence (résidences de création) Le projet reçoit l'aide à la création de la Vitte d'Aix en Provence, de la Ville de Marseille, du Conseil Général 13, du Conseil Régional PACA, de la DRAC PACA, de l'ADAMI, de la SPEDIDAM. Il est également soutenu par l'Association Germaine Tillion. Création le 8 février 2011 au Théâtre Gyptis à Marseille

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REVUE DE PRESSE - Critiques

Une Opérette à RavensbrückLe Verfügbar aux Enfers

De Germaine TILLION

Mise en scène: Danielle STÉFANDramaturgie: Dominique CHEVÉArrangements musicaux: Alain AUBINAssistante à ia mise en scène: Hélène ARNAUDScénographie: Christian GESCHVINDERMANNCostumes: Virginie BRÉGERCréation Lumière: Jean-Luc MARTINEZChorégraphie: Anne-Marie CHOVELON

AvecComédiennes-Chanteuses-Musiciennes :Magali BRACONNOTAmandine BUIXEDAMarie-Ange JANNUCCILLOAurélie LOMBARDAlice MORAElisabeth MOREAUHenriette Nhung PERTUSFrédérique SOULOUMIACMurielle TOMAO

Production « Femmes et Résistances » Sté en participation réunissant les Cies : Traficd'Arts II (gestionnaire), Nuits Blanches en Compagnie, Léda Atomica Musique.

Coproduction: Théâtre Gyptis, Marseille - 3bisF, Aix-en-Provence (résidences decréation)

Le projet reçoit l'aide à la création de la Vitte d'Aix en Provence, de la Ville de Marseille,du Conseil Général 13, du Conseil Régional PACA, de la DRAC PACA, de l'ADAMI, de laSPEDIDAM.Il est également soutenu par l'Association Germaine Tillion.

Création le 8 février 2011 au Théâtre Gyptis à Marseille

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a comédie contre lesbo rreaux de ani Ile stéfan

d'une uprêm ré oltUn op irette Ra n brü k comm

rent-elle .. lai-, dan l' êpui e-ment. rien n'est plu po iblequ'un er at z de !1f'11 c.d Iaus-

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Cc 1 1. que le pari de Daniel-le '(Han ITOII\ sa pierred'arhopp 'ment dans l'impe ihilitt de ur eorr à l'horreur

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Jusqu il sam~1 12 lé ner, rhéatre duGyptis. 04 91 1\ 00 91. A vOir au mêmemoment. une e~po51t10n·temolgnage àl'Espace Culture .

.theatre pUS.com

Théâtre musical. Au Gyptis, Danielle Stefan porte la paroledes « Verfügbar» de Germaine Tillon.

L'enfer est pavéde bonnes intentions

uné"~~,~!é';PJéiJi;,~·~œ.rgj,;:Ci,,' sènSlbillté et detak.nts: dansune • som~', où·1e trop est l'ennemi du bien. .

.I!I.Combattre la déshumanisation.. parl'art.Ie rire et la chanson: telle:>; futlarblle aventure de Germain Til'· li?n e~'de ses compagnes d'Infortu-~ue.rêststantes parquées comme elle· dans Iecamp.de concentration tle

'. .Ravensbrück. Nénette, Titine,:Lnlu'de Colmar; Lise, Marmotte ... : pour Q~and le trop nuit

· Se,,,,,u")inir,ponr se soutenir, et sur-' Senlement voilà: outre les mo- •• Il Urieopérette à Raoensbrûck; le·tout pour ne pas céder à la folie,. ments où le' texte se perd dans. une Verfijgbar aux enfers Ii, m.e.s.·celles qui.Olit'Î"'l'!lu.ailjeu au ((pas vocalise ou u.n trop-pleiu logor- Danielle Stêfan; aoec Amanâine"vuPas'jir;is j" ces Ndcht~d nebel, rhéique,la pièçe parait.itrop sou- Buixeda, Mriri2-AngeJannucrillo,

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des naturalistes .. :" ces femmes qui, dans la .rêalrtê.. '" Le spectacle sera ensuite présenté..':'Porter 'cette œuvre unique à la étaient 'contraintes à rester debout le 12mars au théâtre le Comédia àscène'est, on 1'iJ:i:Jaiilne,un véritable durant de longues heures, le specta- Aubagne et le 16mars (lU théâtre.déff (cf ..La.Marseiilaise de mardi) : teur a Parfois honte de s'impatien- Antoine VztezàAix-en-Proœnœ.en rêunissant des femmes de carac- ter; on comprend au.ssi les remords .JI Expo «campstère, bien connues des scènes 'de de·la metteure 'en scène et dë ses Co-' concentrationnaires / œuvres

·Marsèille et de la région, dans une êquipières, leur triStesse à taisser artistiques "par ln Fondation. pourscénographie sobre (un. immense ici ou là un de ces tahlea:ilx qni;crui.- la mémoire de la déportatinn,tableau •.des craies, des portants à cun, représente et porte un tel té- jusqu'à samedi à l'Espaœ' culture,vétements) qui cède la place à une moignage. On comprend les bonnes .42. la .Omebière, Marseilk 1". Infosimpressionnante tombée des cintres intentions qui président à cette û-. 04.96.11.04.86 espaceculture.net

. ,de centaines d'habits, et en Confiantles arrangements musicaux: à AlainAubin, Danielle Stefan estparve- .

.nue à former Une troupe unie, ·plei-ne d'énergie, de sensibilité et de ta-lents. . . .'

délité-là, cette volonté de u préser-ver" cet enfer dans son intégralité,Et pourtant, on imagine ta puissan-ce démnltipliée qu'aurait là pièce,une fois dêbar rassêe de ses Ion-gueurs,

DENIS BONNEVIUE

,~~-----------------

VENTILLO

Bi-mensuel Culturel- Citoyen - GratuitLe 09 02 dans Sur les planchesOrfèvres aux enfersSur la scène du Gyptis, de drôles d'oiseaux vivent, cbantent, dansent et souffrent. Un niveau de créationqui construit autant une œuvre qu'une carrière.C'est une déclamation en vers qui ouvre la pièce, décrivant sommairement et nommant ce curieux animal qu'estle verfùgbar (« disponible» en allemand). Par ces mots, et par le cancan exécuté dans un a capella polyphonique,c'est la musique et l'humour qui prennent le pouvoir, et avec eux la distanciation qui va rendre l'horreursupportable et en diffuser l'indicible. Ainsi, ce cancan aura-t-il la double vocation d'installer la dérision et dedistiller une anxiété nerveuse. A cet instant, les neuf comédiennes chanteuses ne sont encore que sur l'escalierqui va de la salle à la scène: avant Ravensbrück, les verfügbar étaient des gens comme vous et moi, ou presque,que le destin et un système ont arrachés sans ménagement à la vie. Et ce soir, quittant la salle pour monter surscène, comme on monte au front ou à l'échafaud, l'un de ces endroits d'où l'on revient rarement, c'est cettesortie des rangs qu'elles rejouent. En choisissant de faire de leur enfer une opérette-revue, elles se rattachent àcette vie. Tous les aspects techniques du théâtre vont s'appliquer à traduire ces deux dimensions: les décorsreprennent des éléments objectifs pour créer un espace délimité (un long mur de fond, des porte-guenilles sur lecôté, le fronton à slogan d'Auschwitz ... ), mais les détournent en y intégrant des marques de l'expression desdétenues. De même, l'éclairage est pensé pour représenter tour à tour une vision saisissante de réalité (la nuit, lalumière blafarde et grise des moments de désespoir) et une vision de spectacle, de cabaret. Enfin, et ce n'est pasla moindre des contributions à la qualité de cette création, les arrangements, les polyphonies, les compositionsqu'Alain Aubin a imaginées sont tout à la fois d'une grande beauté, d'une finesse et d'une précision qui leurcontèrent une grande justesse émotionnelle. Aussi fait-il souvent passer plusieurs états dans un même air, mêlantau sentiment dominant - celui voulu par les prisonnières -les germes des sentiments qu'elles cherchent à fuir.Ces orchestrations, (violon, accordéon et voix, instruments du voyage) sont des passerelles sur lesquelles il nouspromène de façon saisissante par la grâce d'interprètes magistrales qui servent admirablement textes etpartitions. C'est aussi lui qui, jouant de dissonances et bourdonnements, va signifier l'état d'épuisement et laperte de lucidité dans la perception qui en découle. A ce moment-là, la fatigue est telle que les distancesparaissent plus longues (le mur de fond recule pour signifier cela). Dans ces heures d'hébètement, c'est le groupequi les sauve. Le temps subit une distorsion: une saison passe en une seconde, une seconde dure mille ans. Lanotion de longueur de temps apparaît dans le texte et s'installe dans la salle, forçant le public à rester encommunion avec les déportées, qui attendent une libération à laquelle elles ne croient plus. n était de toute façoninconcevable de réaliser en toute honnêteté ce spectacle sans faire partager, aussi bref soit-il, un momentd'inconfort parmi tous ces rires, sourires, dans une performance qui fait passer avec autant d'émotions que devirtuosité la formidable pensée et l'esprit savoureux de Germaine Tillion.Frédéric Martyhttp://www.journalventilo.fr/2011/02/09/I%E2%80%99interview-danielle-stefan-2/

Une opérette à Ravensbrück, le Verfügbar aux enfers: jusqu'au 12/02 au Théâtre Gyptis (136 rue Loubon, 3e).Rens. 0491 Il 0091/ www.theatregyptis.com

Article Théâtrorama, lepanorama du spectacle bien vivanthttp://www.theatrorama.com

Une opérette à Ravensbrück, le Verrtigbar aux enfersPublié par Capucine Vignaux dans Opérette le 13 fév 2011 1 Pas de commentaire

L'irrésistible rire de la RésistanceAristote a écrit « l'homme ( ... ) est le seul animal qui rit», Rabelais l'a suivi avec « le rire est le propre del'homme» et Germaine Tillion l'a prouvé jusque dans les camps de concentration. Résistante au sein du premierréseau de la Zone Nord, celui du Musée de l'homme, elle est arrêtée sur dénonciation et envoyée à Ravensbrück.C'est là, cachée dans une caisse d'emballage, qu'elle écrira Le Verfügbar aux enfers, une pétilJante opérette surl'horreur des camps. Face à la déshumanisation, rire est un acte de résistance.Dénonciation et illustration de la vie du Verfügbar, voilà ce que nous propose cette opérette-cabaret toute enleçons, chants, sketches, sautillements et borborygmes .... Le meneur de revue? Un naturaliste. SémilJant sansjamais perdre de sa rigueur scientifique, il nous dispense un cours magistral sur « cette nouvelle espècezoologique» qu'est le Verfügbar, «Produit de la conjugaison d'un gestapiste mâle avec une résistancefemelle », « il est apparenté aux gastéropodes ». Pourquoi? Parce que « Gastéropode » est formé de Gaster(ventre, estomac) et de pode (pied) et que le Verfügbar a constamment « l'estomac dans les talons » ... Maistrêve d'étymologie et de burlesque, que signifie réellementn« Verfügbar » ? « Disponible». Que désigne-t-il ?Une détenue qui refuse de travailler pour les Allemands et n'est inscrite par conséquent dans aucune colonne detravail. Elle est alors corvéable à merci, à la « disposition» des SS. Neuf interprètes nous livrent ici tout enallégresse un redoutable témoignage sur le quotidien de ces femmes qui jamais ne cessèrent de résister.

Vivement la récré !La mise en scène emprunte au théâtre antique. On a un coryphée qui officie, Le Naturaliste, et on a un chœur,celui des détenues. Bien plus qu'un parti pris dramatique, ce choix de rassembler les prisonnières en un groupecompact illustre merveilleusement la solidarité, celle qui lie ces femmes, toutes résistantes et toutes Verfügbar.Les physiques et les âges très différents des comédiennes ajoutent à la dimension collective. La trapue aux petitspas, Henriette Nhung Pertus et la gracieuse aux grande sauts, Élisabeth Moreau, interprètent leur rôle avec brio.Le répertoire musical ne manque pas non plus de diversité. Forcément, puisque Germaine Tillion écrivait sur lesairs dont se souvenaient les prisonnières. C'est ainsi qu'Édith Piaf et Tino Rossi se retrouvent à côtoyer Gluck,Saint-Saëns et ... « Au clair de la lune ».Le ton et le propos sont magistralement servis par la scénographie. Un sombre et haut panneau en fond de scènefigure un mur d'enceinte. Comptant leurs jours de détention, les femmes y alignent des bâtons. Cette sinistreconstruction est aussi un espace ludique. Le Naturaliste s'en sert comme d'un tableau noir. Dans une joyeuseanarchie, on y gribouille des schémas pour illustrer la très docte leçon. Le plateau est donc à la fois cour deprison et cour de récré. Et c'est bien tout l'esprit comme toute l'histoire de ce texte: Germaine Tillion l'écrivitpour offrir à ses camarades Verfügbar une petite récréation.Elle raconta plus tard que sa survie, elle la devait en partie à « une coalition de l'amitié ». Cette curieuseexpression, le spectacle réussit à nous en donner une vision. On en ressort plein d'admiration pour cette femme,morte à 101 ans, qui disait: « on peut rire jusqu'à la dernière minute ».

Radio DialogueSorties Vieux Port N° 355Diffusé les 18 et 19 FévrierJ'ai vu ensuite au « Gyptis» Une opérette à Ravensbrück, le Verfügbar aux enfers, adaptéepar Danielle Stéfan et Hélène Arnaud, de la revue écrite pendant son internement en 1944-45par Germaine Tillion et montée (sur des airs du répertoire lyrique et chansonnier de l'époque)avec ses compagnes de détention pour exorciser par le rire et la dérision leurs conditions devie au camp. Une réalisation absolument magistrale à mes yeux. L'extraordinaire leçon devie qu'est à lui seul le texte de Germaine Tillion a trouvé dans le travail de l'équipe orchestréepar Danielle Stéfan une forme d'une constante beauté. "Beauté", c'est le mot qui résume lemieux mon sentiment à la vue des "tableaux" successifs qui constituent le spectacle. Quellecohérence et quelle harmonie entre mise en scène, scénographie, décors, costumes, lumières !Et chapeau aux neuf comédiennes-chanteuses, si différentes et si semblables, ici dirigées avecmaestria. Et qui traduisent avec enthousiasme et ferveur l'esprit de résistance, joyeuse etimpertinente envers et contre tout, qu'il fallait restituer et faire passer. Je n'oublie évidemmentpas leurs interventions chantées, subtilement arrangées par Alain Aubin, ni leurschorégraphies signées Anne-Marie Chovelon.A entendre l'autre soir vibrer la salle du « Gyptis » peuplée de tant de lycéens silencieux,puis ses applaudissements nourris et chaleureux, j'ai eu confirmation que l'équipe du« Verfugbar aux enfers» a touché juste. C'était une gageure que de monter une telle œuvre;elle y a pleinement réussi !

(au théâtre Gyptis)

Une opérette à Ravensbrückle Verfügbar aux enfers

Une grande claque que cette opérette écrite par larésistante Germaine Tillion, Dénoncée par l'ab-

bé Robert Alesch, cette ethnologue déportée en 1943à Ravensbrück happe.le spectateur dans le monde del'indicible cruauté avec son Opérette à Ravensbrück,le Verfiigbar aux Enfers (les "verfügbar" - disponible-étaient les déportées soumises aux corvées et brima-des pour refus de travail). Pour dire l'effroi tout ens'en moquant pour dire Ja souffrance de la conditionde détention tout en riant, Germaine Tillion inventeune "nouvelle espèce zoologique' que décrit un sa-vant naturaliste un peu fou. Alors on rit volontiers à ladescription de ce drôle d'animal qui se transforme aufil des saisons. J?-ill on s'arrête net, frappés par la puis-sance du texte. Ramenés à la réalité. Une telle distan-ciation sème le malaise. Mais après tout, ces chan-sons drôles, cerre coalliion de l'amitié, la colère, la vo-lonté de déulilg:: ces crimes ne lui a-t-elle pas permisde suroivre ? Alors oui. rions aux côtés de ces femmesImpertinentes. acceptons cette arrogance commepour narguer les bourreaux. Et l'incroyable énergiedes chanteuses-cemëdïennes choisies par le metteuren scène Danielle Stéfan sert d'armes massivescontre la déshnmarssarioü,

Alexandra Cefai

L'abondance nuit

. ~ Agnès Mellon

Çomme on aimerait que les intentions louables fassent les bons spectacles !Germaine Tillion a écrit une opérette à Ravensbrück pour survivre. Si l'œuvrea valeur de témoignage, c'est aussi urie mosaïque mal écrite dans un contexteplus que particulier par une ethnologue qui s'improvise auteur dramatique, etlyrique. Le texte n'est pas bon, trop long, démonstratif, décousu, répétitif, à l'ironielourde -on le serait à moins. Le monter sans distance, intégralement, n'a pas desens. Heureusement l'écriture musicale subtile el'Alain Aubin vient donner un peud'épaisseur à ce qui s'apparente. à des sangs, mais ils sont trop semblables,redondants ... Quant aux comédiennes on ne sait pas très bien ce qu'elles jouent:les prisonnières du camp ou les personnages d'une fiction interne? Les rôles sontmal distribués, la meneuse de jeu ralentit le rythme en campant une sorte declown triste décharné, rien' n'est vraiment drôle ou vraiment tragique et labourgeoise soignée, personnage essentiel, est tenue par une comédienne quin'a rien du rôle. Les chanteuses et musiciennes parlent un peu faux, ce qui estpardonnable, celles qui ne chantent pas aussi, hélas." et la mise' en scènemanque d'idées simples, de décisions, de parti pris, Vraiment dommage pourcette production régionale, féminine, ambitieuse ... qu'il faudrait resserrer de touteurgence!AGNES FRESCHEL

Le Verfügbar aux Enfers a été créé au Gyptis, Marseille, du 8 au 12 février,puis joué le 12 mars au Comoedia, à Aubagne, et le 16 au Vitez, à Aix

La Revue Marseillaise du Théâtrehttp://www.larevuemarseillaisedutheatre.com/popup critiquesoperette.html? critiqueid=603Les camps de concentration sous des airs d'opérette

« Une opérette à Ravensbrück: le verfugbar aux Enfers»Les femmes sont à l'honneur dans l'opérette créée par Germaine Tillion. La résistante mêle des texteshumoristiques à des airs populaires pour conter l'histoire des déportées soumises aux corvées (« verfügbar »signifiant « disponible », « corvéable à merci ») ...

Germaine Tillion, ethnologue et résistante française décédée en 2008, écrivit « Une opérette à Ravensbrück: leverfugbar aux enfers» pendant son internement, au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück. Mis enscène pour la première fois au Théâtre du Châtelet à Paris, le spectacle se joue maintenant dans les Bouches duRhône. L'opérette se divise en trois actes: le Printemps, l'Eté, l'Automne l'Hiver. Un lexique attend le publicavant le spectacle afin de comprendre certains termes allemands employés pendant la pièce, inclus lesnéologismes inventés par les prisonnières.

Neuf comédiennes se trouvent sur une scène relativement vide et très bien éclairée par plusieurs projecteurs: untableau noir au fond, un bureau juste devant et différents costumes coté cours et coté jardin. « Le verfugbar auxenfers» est écrit en lettres lumineuses sur un écriteau qui surplombe le tout. Cette scène représente en début despectacle une salle de conférence: une détenue - qui semble être la première à avoir été amenée au camp -donne un « cours» en compagnie des autres prisonnières à la dernière venue, une riche bourgeoise. Cette leçon apour but d'étudier les « verfugbar », considérés comme une nouvelle espèce zoologique. Seront ainsi énuméréesavec esprit et auto dérision les caractéristiques de ces déportées soumises aux corvées: intelligence « atrophiée »,physique « squelettique », sexe «parfois féminin, la plupart du temps neutre », origine « d'un père officiant à laGestapo et d'une mère résistante », etc ... Le public se délecte de l'humour noir parfaitement dosé dans cettemise en scène précise évoquant l'horreur des camps de concentration sans pour autant tomber dans le tragique.Les comédiennes se fondent totalement dans leurs rôles: les personnages de ces verfugbar, toutes résistantessous des faux noms (Bébé, Nénette, Marmotte, etc ... ), prennent vie devant les spectateurs. Elles alternentdialogues et chants, avec aisance et ce, sans fausses notes aucunes. Une soprano et une alto, en particulier, sedistinguent du lot avec plusieurs solos à leur actif - où elles semblent se surpasser à chaque fois. Les chansonssont toujours en rapport avec les évènements du moment et ne cassent donc jamais le rythme de l'opérette - parexemple, lorsqu'elles travaillent au « rouleau », la chanson traite de la pénibilité de cette besogne. Les actes II etm sont plus sombres et vous emmèneront dans le quotidien de ces pauvres ères. Les costumes se font plus légersafin d'exprimer le dépouillement: « Ici, nous n'avons plus rien, nous ne sommes plus rien ». La scénographie estmodulable: le tableau recule jusqu'au fond de la scène afin de laisser davantage de place aux comédiennes.L'humour se fait plus discret et le spectateur assiste, impuissant, à la descente aux enfers des détenues. Unescène est particulièrement pathétique au sens propre du terme: les neufverfugbar s'imaginent déjeuner dans unrestaurant, avec spécialités locales et bon vin.

Cette opérette, adaptée du livre de Germaine Tillion, est un vrai bonheur. Les comédiennes remplissentparfaitement leur rôle de devoir de mémoire et de transmission. Les deux heures du spectacle passent beaucouptrop vite - malgré quelques petites longueurs qui ne sont pas réellement gênantes. Les chants et les dialoguess'accordent merveilleusement bien et s'enchaînent de manière fluide sans jamais lasser le spectateur. Unemanière bien agréable d'apprendre l'histoire pour tous les élèves qui iront voir la pièce. Charlène Tavares