Montréal sessions

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sessions Montreal 2006 - 2010 : récits musicaux à la première personne Julia Bource

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Interviews d'artistes montréalais réalisées à Rennes, Paris, Montréal et Québec

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2006 - 2010 : récits musicaux à la première personne

Julia Bource

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Sommaire

1. From France, with love

4. Retour à Montréal

DJ Champion p.6 Playlist p.17

Pause café p.26 Madcaps p.28 Chocolat p.30

Montréal kitsch p.46 Clues p.50

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2. Québec, -40°C

3.Paris

5. Dernier round

We Are Wolves p.20 Malajube p.22

Pawa Up First p.34Handsome Furs

p.37

We Are Wolves p.56

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1. From France,with love

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M o n p r e m i e r c o n t a c t a v e c M o n t r é a l a l i e u l o r s d ’ i n t e r v i e w s a v e c D J C h a m p i o n p o u r l e w e b z i n e D i s c o r d a n c e . A v e c s e s G - S t r i n g s e t s a c h a n t e u s e B e t t y, i l s e f a i t r e m a r q u e r a u x Tr a n s M u s i c a l e s d e R e n n e s e t a t t e i n t l e s t a t u t d e s t a r a u Q u é b e c . R o c k e t é l e c t r o , r é j o u i s s a n t e t d a n s a n t , l e s o n d e C h a m p i o n e t c e s G - S t r i n g s f a i t i n f u s e r u n e b o n n e d o s e d e d y n a m i s m e d a n s c e s t r o i s i n t e r v i e w s .

P h o t o : J B

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DJ Champion Octobre 2006 - Rennes, l’Ubu.

Tu aimes mélanger les styles musicaux en restant dans un registre électro et surtout très dansant… Ce qui t’éclates c’est de faire danser les gens ?Oui, c’est toujours le but premier. Peu importe le genre musical, l’important c’est surtout de créer une interac�on. En fait il y a un Africain qui dort en moi! Quand tu regardes les origines de la musique, c’était des percussions, il n’y avait pas les musiciens d’un côté et les danseurs de l’autre. Il faut faire en sorte qu’il y ait cet échange là pour qu’à la fin du concert ça devienne un tout. Et du fait que les morceaux soient basés sur l’improvisa�on de structure,

l’imput, l’apport du public, cela a une influence sur le déroulement du spectacle pour à la fin ne faire plus qu’un. Et quand ça arrive c’est bon !

Et ça arrive souvent ?Oui ! Le plus souvent possible…

Peux tu nous présenter les G-Strings ? Ont-ils déjà travaillé sur des projets avec toi ?Il y a Be�y la chanteuse, avec qui j’ai travaillé dans le passé. J’avais un studio de composi�on de musiques de films et de pub avec son ex-conjoint. Les guitaristes, je ne les connaissais pas du tout à part un. De la première forma�on des G-Strings je n’ai gardé

L a p r e m i è r e d e t r o i s i n t e r v i e w s a v e c M a x i m e M o r i n , a l i a s D J C h a m p i o n , e s t a u s s i l ’ u n e d e s p r e m i è r e s q u e j ’a i r é a l i s é e d a n s m a j e u n e c a r r i è r e d e j o u r n a l i s t e . H e u r e u s e m e n t , j ’a i t o u t d e s u i t e é t é à l ’a i s e : f r a n c e t c h a l e u r e u x , M a x i m e e s t é g a l e m e n t u n s a c r é s h o w m a n .

Photo : Maya

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«Un concert sans erreur est un concert sans saveur»

que Jean-Luc et Fets . J’ai remplacé les deux autres guitaristes par Barry et Sebas�en qui avaient fait le son sur nos premiers concerts. Blanche, la bassiste, est par�e au milieu de l’été. J’avais composé l’album seul et je n’avais pas envisagé de jouer ces morceaux avec un band. Ce n’était donc pas dans mes plans de savoir qui serait là…

Comment t’es venue ce�e idée alors ?Un soir je suis allée voir un groupe de heavy métal à Montréal. Le groupe s’appelait Ghouluna�cs, des types à cheveux longs qui faisaient du head banging, et je me suis dit que ce serait génial de jouer mes morceaux avec des guitaristes comme ça !Plus tard, comme j’ai des amis qui tenaient la SAR (Société des Arts Technologiques) à Montréal et qu’ils déménageaient, ils ont fait une fête. La fille de la directrice de ce lieu c’est Blanche, l’ancienne bassiste, et elle m’a suggéré de faire des concerts avec des guitaristes, des filles ! D’où l’idée des G-Strings. J’ai chargé Blanche de former le groupe, sauf qu’on a manqué de temps et qu’elle n’a trouvé que quatre mecs…

On peut lire dans la poche�e du cd «Un concert sans erreur est un concert sans saveur». L’improvisa�on �ent-elle une place si importante dans le show ?En fait les guitaristes savent ce qu’ils vont jouer, mais ils ne savent pas quand ni comment. On a une trentaine de signes, je leur dit de jouer telle

par��on, fort ou pas et je leur dit quand commencer. Dans le concert, il y a deux morceaux qu’on fait sans improviser, le reste est totalement inconnu. Mais c’est toujours de l’impro de structure. On peut jouer un morceau très heavy ou très light, en deux minutes ou en dix, et ça donne une approche extrêmement différente.On a joué en Normandie dans un fes�val assez hard, donc on a joué très court et hard ! Devant un public un peu plus vieux, on peut faire plus d’expérimenta�on par exemple.

Et le fait de jouer dans une pe�te salle ce soir, ça change ton approche par rapport à un gros fes�val ?Là comme on fait salle est comble, c’est différent. C’est très important d’établir un contact avec les gens. Quand tu joues devant 50 000 personnes, ce contact ne se fait pas. Tu fais de grands gestes, tu joues fort, tu parles fort tandis que dans une pe�te salle, il s’agit d’établir un contact. Ça peut être verbal mais pas nécessairement, ça peut être le body language, le regard. Après, le reste suit. C’est un peu la même formule d’échange avec le public, mais c’est sûr que c’est plus facile à établir avec un pe�t public…

Tu as un souvenir par�culier d’un des fes�vals de cet été, quelque chose qui t’as marqué ?Ce�e ques�on c’est le classique mais c’est difficile de répondre !

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DJ Champion

Suivant la sor�e du premier album de Champion, Chill’Em All en France, le Remix Album alterne des mixes de différents �tres et des remixes à proprement parler. Ainsi, les morceaux dévoilent des face�es différentes selon les chefs d’orchestres, amis de la galaxie du DJ. Guillaume & The Coutu Dumonts nous invite à la samba sur Tawounga alors que Fred Everything y suit un chemin plus dub.

Tracklis�ng1. Guy Doune [ Patrick Watson’s Missing You Remake ]2. Two Hoboes [ Mocky Remix ]3. No Heaven [ Ghislain Poirier Remix ]4. Two Hoboes [ DeTroit Grand Pubah’s Gu�er Mind Mix ]5. Keep On [ Champion’s Alternate Take ]6. Tawoumga [ Guillaume & The Coutu Dumonts Remix ]7. Chill’em All [ Champion’s Melange ]8. Tawoumga [ Fred Everything’s Pe�t Dub ]9. No 7/11’s [ Akufen’s Chill’em All Mix ]

Hier un journaliste m’a posé ce�e ques�on et je lui ai demandé : « Et toi, de toutes les filles à qui tu as fait l’amour, laquelle était la meilleure ? »C’est bon pour des raisons différentes à chaque fois. Quand on a fait les Trans ici, c’était absolument survolté, quand on a fait le Scopitone, il faisait chaud, c’était un défi… A Alençon, le premier concert de notre tournée en juillet, c’était relax. D’ailleurs hier on a retrouvé à Alençon les gens du fes�val des 3 Eléphants (à Lassay-les-Châteaux) et on s’est fait des amis…

Chaque concert à une saveur par�culière et chacun a son lot d’émo�ons. Cet été il n’y a qu’un concert que j’ai moins apprécié parce que c’était un public trop défoncé. C’est mon mé�er d’écrire ces moments magiques là, je ne veux pas réciter des pièces musicales. Si un jour ça le devient , je veux changer de mé�er !

Le remix album

2004 - Chill ‘Em All (Saboteur Musique)2006 - The Remix Album (Saboteur Musique)2007 - Champion et ses G-Strings live (CD/DVD - Maple Music Recordings)2009 - Resistance (Saboteur Musique)

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Juillet 2007 - Paris,Par téléphone.

Peux tu nous expliquer comment t’est venue l’idée du Remix Album ?C’est une ini�a�ve commune de Saboteur Musique (le label canadien) et de moi-même. L’idée était d’offrir quelque chose aux fans en a�endant le prochain album, car Chill’Em All est sor� depuis trois ans déjà. Au niveau de la direc�on musicale, Champion est devenu pop au Québec, même si ça ne se voulait pas pop à la base. Ça m’enchante mais sor�r le Remix Album est une façon de réaffirmer le côté électronique

du projet. On y est allés sans aucune concession sur l’électronique et le son des ar�stes. Quand est venu le temps de choisir les ar�stes, on a privilégié les montréalais et québécois, nos amis, au lieu de vouloir faire du tape à l’oeil avec de gros ar�stes interna�onaux et se la jouer. Notre leitmo�v: « keep your feet on the ground but keep reaching for the stars ».Il faut garder les pieds sur terre mais con�nuer à chercher les étoiles. L’idée était de faire un album honnête pour

Photo : Maya

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les fans. Lors du contact des musiciens, une chose importante a été qu’ils restent fidèles à eux-mêmes. Je ne leur ai pas donné de ligne directrice.Je ne voulais pas qu’ils fassent du Dj Champion.

Pas de grosse surprise en écoutant les remix ?Il y a un remix que j’ai refusé parce que je n’aimais pas la version. Je n’ai pas voulu qu’il le refasse car je ne voulais pas le contraindre à quelque chose qui soit en accord avec moi. Je ne veux pas changer les gens, je prends ou je ne prends pas !

Le choix des morceaux, ce sont les ar�stes eux-mêmes qui l’ont fait ?Exactement.

Sur cet album, on sent un son plus aérien que les originaux, il n’y pas de remix techno par exemple .Non ! Keep On Riding est une version de 3’30 et donc un format plus radio, ce n’est pas vraiment un remix.Pour le reste, c’était important que les musiciens fassent ce qu’ils aiment faire et qu’ils ne pensent ni au dancefloor, ni à la radio. C’est ce que j’ai fait avec Chill’Em All.

Il y a un morceau qui est un mix de plusieurs morceaux de l’album, c’est un best of ?C’est un autre remix sor� sur un vinyle avec le remix d’ Akufen . Ce n’est pas un recap’, au contraire. J’ai développé un ou�l avec un so�ware qui me permet de mélanger tout,

d’organiser le chaos. Ce remix est un chaos organisé, sur le mode du choix aléatoire.

Y a-t-il des ar�stes que tu aimerais remixer ?Ce que j’aime remixer, ce sont les morceaux que je n’aime pas.C’est plus facile de trouver ce que tu aimes dans un morceau que tu n’aimes pas !Il y a toujours un pe�t élément agréable, une fin de phrase, un rythme. J’aime me�re l’accent là-dessus. Si c’est un morceau que j’aime, je n’ai pas envie de le changer.Il y a Tinariwen que j’aime beaucoup, ou Tom Waits . Je ne sais pas comment on peut remixer Tom Waits .

D’autres collabora�ons sont-elles prévues avec les ar�stes ayant par�cipés au Remix Album?La majorité des ar�stes sont des amis, donc on va sûrement collaborer.En fait, on collabore tout le temps, même si c’est juste aller boire une bière ! Il n’y a rien de prévu pour l’instant, mais il y a toujours quelque chose de possible.

Des ar�stes montréalais comme Patrick Watson commencent à être bien connus en France...On a joué la semaine dernière dans un fes�val à O�awa et Patrick Watson était là avec le groupe. Ce sont vraiment des amis, comme une famille. On était sur scène et Patrick, juste avant de par�r pour Montréal, est

DJ Champion

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« keep your feet on the ground but keep reaching for the stars »

passé chanter sur scène, à l’improviste!C’est toujours à la bonne franque�e, spontané, et j’adore.

Le groupe Galaxie nous disait ce week-end aux Vieilles Charrues que la scène montréalaise était coupée en deux, entre ar�stes anglophones et francophones. Qu’en penses tu ?

Certains ar�stes croient ça et d’autres non. Il y a deux extrêmes, Arcade Fire et de l’autre coté une scène plus francophone. Mais Patrick Watson et moi, on est vraiment entre les deux. A Montréal, il y a le boulevard St Laurent qui coupe la ville en deux : à l’ouest les anglophones et à l’est les francophones. Patrick et moi nous habitons sur ce boulevard.C’est vraiment ce que j’apprécie, c’est d’être en contact avec les deux

cultures, de façon mixte, de parler le français, l’anglais, whatever. On finit toujours par parler ce�e espèce de langue entre l’anglais et le français. C’est drôle que Galaxie 500 dise ça, cela fait longtemps que je n’ai pas entendu parler de ce clivage parce que depuis bon nombre d’années j’évolue entre les deux.De mon point de vue, il y a de moins en moins de sépara�on entre ar�stes anglophones et francophones car j’évolue au sein des deux.

Photo : Maya

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DJ Champion Juillet 2008 - Montréal, Par téléphone.

Salut Champion ! Comment a démarré ta journée ?Elle a démarré tard. Je me lève vers 10h30, pe�t café frais moulu toujours, puis je commence à faire ma musique. Ces jours-ci, je suis en train de faire des aménagements dans mon lo� et je me concentre davantage sur des aspects techniques de la composi�on. Je fais de la programma�on avec un so�ware qui s’appelle Reaktor, je pioche des trucs là-dedans pour triturer le son.

As-tu déjà beaucoup de �tres ou en es-tu au commencement de la composi�on ?J’ai établi le son, ce seront des guitares beaucoup plus acérées, beaucoup plus froides, davantage de distorsions aussi. Au niveau de la rythmique, c’est toujours à 120 BPM, que ce soit en live ou sur l’album. Pour les percussions, j’u�lise davantage de vrais « drum kits » et de vraies cymbales au lieu de « drums » électroniques. J’aime les machines, mais je cherche un côté un peu plus « rock garage », même si ce n’est pas le cas puisque ça reste techno.Compara�vement à Chill’Em All, ce que je suis en train de préparer ce sont des guitares qui vont davantage sonner comme des synthé�seurs et des percussions qui vont davantage sonner comme des vrais « drums ». C’est un

peu un revirement de situa�on ! Mais ça reste dans l’esprit de musique pour danser quand même.Établir le son est selon moi une grosse étape, parce que souvent on ne s’a�arde pas assez à ça pour refaire la même chose que dans le passé, ce dont je n’avais pas envie du tout. J’ai envie d’évoluer ! C’était bien important d’avoir une homogénéité dans le son et d’avoir quelque chose d’un peu différent de ce que j’ai fait. Maintenant que c’est établi, il faut faire les tounes. J’en déjà quelques-unes et je m’a�aque bientôt aux paroles.

Les G Strings sont invités à par�ciper à sa créa�on, comment travaillez vous ?On a fait des sessions d’enregistrement, environ 15 heures d’improvisa�on. On a tout enregistré séparément, j’ai donc deux sources par guitare, une source avec distorsions et une source « clean ». On a isolé deux ou trois trucs qui pourraient se retrouver sur l’album. Mais encore là, je me réserve le choix de ce qui va entrer sur l’album, pour être sûr d’avoir une homogénéité et de ne pas me�re une pièce avec les G-Strings parce que je dois me�re une pièce avec les G-Strings. La qualité de l’album passe avant tout et les guitaristes sont tout à fait d’accord avec ce concept.

N o u v e l l e i n t e r v i e w t é l é p h o n i q u e , e t l i a i s o n t r a n s a t l a n t i q u e c e t t e f o i s , a l o r s q u e M a x i m e M o r i n e s t e n s t u d i o a v e c l e s G - S t r i n g s p o u r l ’e n r e g i s t r e m e n t d ’ u n n o u v e l a l b u m , i n t i t u l é p l u s t a r d R e s i s t a n c e .

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«J’ai envie d’évoluer ! »

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J’ai l’impression que ce seront deux ou trois �tres qui se retrouveront sur l’album et qui auront été composés par tout le monde.

On l’a vu sur le DVD live, la scène est très importante pour le projet Champion, comment allez vous transformer votre expérience dans ce nouvel album ? Quand vous composez, et est ce que vous an�cipez le live ?C’est déjà fait, on a compris que sur scène, les guitares sont beaucoup plus présentes, plus fortes. La majorité des gens, en France comme ailleurs, nous ont découverts par la scène. Je trouvais naturel de donner suite à ça pour le prochain album, pour que les gens puissent se reconnaître dans le projet. Ça me semble normal de me�re les guitares plus en avant, et une rythmique un peu plus hard . C’est vraiment à ce niveau-là que la scène va inspirer l’album.Au niveau des composi�ons, je ne veux pas me casser la tête avec ça parce que je me dis que tant qu’il y a de la place à l’improvisa�on sur scène, ça va. C’est une des choses qui fait que le concert a autant d’énergie, c’est parce qu’on improvise. Il s’agit de garder ça en tête. Sinon, c’est se me�re des limites avant même de commencer à explorer, se censurer.

Le Remix Album nous a donné une idée de la scène montréalais que tu côtoyais, le futur album comptera-t-il

des invités?Peut-être Ghislain Poirier, qui avait fait le remix de No Heaven . Mais on est déjà un groupe, c’est pas tellement mon truc, les collabora�ons, même si c’est « common knowledge » d’en faire en techno. Parfois je trouve ça un peu racoleur de dire « collabora�on avec tel ar�ste, qui est connu sur tel territoire ». Je crois aux réelles collabora�ons et dans ce cas-ci la réelle collabora�on est avec les G-Strings .

On s’interroge beaucoup en ce moment sur l’avenir du support CD, et de nouvelles ini�a�ves naissent à l’image du label L-Abe au Québec qui vend seulement une poche�e et un livret chez le disquaire et les MP3 sur Internet. Est ce que tu t’es posé la ques�on de la forme sous laquelle distribuer l’album ou tu as voulu garder un format tradi�onnel ?J’aime le CD et le fait de me le procurer, d’avoir les photos. Depuis que la musique est enregistrée, elle se distribue avec un support et je me dis que, même si il y a énormément de téléchargement et une nouvelle façon de distribuer la musique, le fait de posséder l’objet est un plaisir en soi.Par contre ce serait une erreur et ce serait jouer à l’autruche que de dire « je fais abstrac�on du téléchargement, de ITunes, des téléphones, etc. ». Je crois qu’il faut a�aquer sur tous les fronts. On fait des disques pour que

DJ Champion

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les gens écoutent la musique, peu importe le support et le moyen de distribu�on. Je préfère bien sûr que les gens achètent la musique plutôt qu’ils la volent. Mais encore, c’est discutable. À propos du téléchargement illégal de musique, je mets beaucoup la faute sur les fournisseurs d’accès à Internet. Une radio paie les ar�stes qui jouent sur ses ondes, donc un fournisseur Internet devrait payer les ar�stes qui jouent sur ses bandes passantes !

Installer une licence globale serait une solu�on pour toi ?Je ne suis pas d’accord parce que la taxe à payer revient encore au consommateur, et le consommateur c’est moi aussi, c’est tout le monde. Les fournisseurs Internet jouent le status quo, ça ne leur coûte pra�quement rien et ils font des milliards de dollars. Ça entre en conflit avec le droit à la vie privée, mais il pourrait y avoir un système très facilement réalisable pour dire « tel ar�ste a été downloadé tant de fois, voici les sous ».Il y a aussi quelque chose à ne pas oublier, c’est l’éduca�on. La majorité des gens croient qu’on est millionnaires et qu’on fait plein d’argent, c’est faux. S’ils aiment la musique et qu’ils en

veulent davantage, ils n’ont pas le choix de l’acheter parce que s’ils ne le font pas, on ne peut plus en faire.

Tu crois à une prise de conscience au travers par exemple de labels équitables et une meilleure responsabilisa�on du consommateur?Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Éduquer les gens c’est aimer les gens, il n’y a pas de mal à ça. Quand tu reçois ton kit d’abonnement à Internet, nulle part ils ne te parlent du téléchargement. Il pourrait y voir davantage d’informa�on, au fait que quand on télécharge de la musique illégalement, on ne par�cipe pas à l’émancipa�on de cet ar�ste qu’on aime.Je ne crois pas à la condamna�on, à la voix répressive. De toute façon, il y aura toujours quelqu’un pour contourner la loi.

Avec Chill Em All, toi et les G-Strings avez gagné presque tous les prix au Québec. Avez-vous l’ambi�on de tout de suite sor�r le prochain album à l’étranger, en France notamment ?On n’a pas encore établi la stratégie de marke�ng ! Les albums doivent être finis trois mois avant la sor�e, justement pour établir la stratégie. Ça dépend aussi du type de musique qu’on a au final, quel type de radio on va viser, quel type de pays. J’aimerais bien le sor�r en France et au Canada en même temps car ce sont les territoires qu’on a travaillés. Ça me semblerait normal de faire deux

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Oh Lord, there ain’t no heaventhere ain’t no heaven

On the country road- No Heaven

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lancements, à Montréal et à Paris.Parfois les stratégies françaises différent beaucoup de celles du reste du monde, le marché est différent. Il faut se fier aux gens qui sont sur le territoire, dans les départements français, qui en comprennent le marché. Ce que nos partenaires français nous disaient, c’est que comme les fournisseurs Internet étaient plus cher que ça il n’y a pas si longtemps, ça a retardé le téléchargement illégal. En France, comme le marché du single était très fort, c’est le premier marché qui a été éliminé. De toute façon, tout le monde y passe.On est allés en Chine il n’y a pas longtemps. C’était génial. Là bas les gens nous disaient que la vente de CD est pra�quement inexistante parce qu’il n’y a que du « bootleg » dans les magasins, au vu et au su de tous. La Chine ne légifère pas là-dessus. Le droit d’auteur n’y est pas totalement reconnu et pour une pièce qui joue à la radio, les redevances sont minimes. Le seul marché qui reste, c’est celui du téléchargement, c’est ce qu’on nous a dit en tout cas. La stratégie change complètement. Et la Grande Muraille, c’est un « must» ! On a été là trois heures et juste de voir ça, ça valait le voyage.

Auras-tu le temps de profiter des fes�vals de Montréal cet été ?Hmm.oui un pe�t peu. J’essaie de voir des concerts, mais je suis assez

misanthrope. Au Québec, je suis davantage connu qu’en France et beaucoup de gens me reconnaissent. Parfois je préfère m’isoler en composi�on. J’aime les fans, mais les gens ont faim, ils veulent savoir ce qu’il s’en vient. Or il faut laisser la place aux choses ambiguës, chao�ques.

Tu n’as pas pensé à qui�er Montréal pour composer ?J’ai essayé, mais je n’ai pas encore assez de sous pour le faire.Ça viendra au prochain album.

Une playlist de Champion pour l’été

M.I.A 20 Dollar sur l’album Kala

AC/DC Let Me Put My Love Into You sur l’album Back In Black

RatatatLoud Pipes sur l’album Classics

MetallicaLeper Messiah sur l’album Master Of Puppets

J.J. CaleNaturally sur l’album Call the Doctor

DJ Champion

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Playlist

Malajube, Montréal, 40°C 1

Karkwa, Le Volume du vent 3

Numero# feat. Omnikrom, Chewing-gum fraise 5

Chroméo, Fancy Footwork 7

Clues, Crows 9

2 Champion, No Heaven

4 Handsome Furs, Handsome Furs Hate This City

6 Sunset Rubdown, The Mending Of The Gown

8 We Are Wolves, Fight & Kiss

10 The Unicorns, I Was Born A Uni-corn

Tubes montréalais personnels

Photo : JB

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2. Québec, -40°CA l ’o c c a s i o n d ’ u n e a n n é e u n i v e r s i t a i r e à l ’ U n i v e r s i t é L a v a l d e Q u é b e c , j ’e x p é r i m e n t e l e « v r a i » h i v e r, l a p o u t i n e , m a i s a u s s i l ’é c r i t u r e d a n s l e j o u r n a l d e l ’ U n i v e r s i t é , I m p a c t C a m p u s .

Photo : JB

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We Are Wolves

Danse avec les loups

L e f e s t i v a l A n t e n n e - A s e t i e n t t o u s l e s a n s à Q u é b e c , p r i n c i p a l e m e n t d a n s l ’a n c i e n q u a r t i e r p o p u l a i r e m a i s d é s o r m a i s p r e s q u e h y p e d u N o u v e a u S a i n t -R o c h . R e n c o n t r e s , p e r f o r m a n c e s e t c o n c e r t s s o n t a u p r o g r a m m e . L e t r i o We A r e Wo l v e s é t a i t d a n s l a p l a c e . B a s é à M o n t r é a l , l e p r o j e t e x p l o r e d e p u i s s i x a n s u n s a v a n t m é l a n g e d ’é l e c t r o e t d e p u n k r o c k a v e c u n e é n e r g i e q u i t r a n s p a r a i t e n c o r e p l u s n e t t e m e n t s u r l e s e c o n d a l b u m « To t a l M a g i q u e » .

Photo : Mathias Lamamy

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Septembre 2007 - Québec,Par téléphone.

Danse avec les loups

L e f e s t i v a l A n t e n n e - A s e t i e n t t o u s l e s a n s à Q u é b e c , p r i n c i p a l e m e n t d a n s l ’a n c i e n q u a r t i e r p o p u l a i r e m a i s d é s o r m a i s p r e s q u e h y p e d u N o u v e a u S a i n t -R o c h . R e n c o n t r e s , p e r f o r m a n c e s e t c o n c e r t s s o n t a u p r o g r a m m e . L e t r i o We A r e Wo l v e s é t a i t d a n s l a p l a c e . B a s é à M o n t r é a l , l e p r o j e t e x p l o r e d e p u i s s i x a n s u n s a v a n t m é l a n g e d ’é l e c t r o e t d e p u n k r o c k a v e c u n e é n e r g i e q u i t r a n s p a r a i t e n c o r e p l u s n e t t e m e n t s u r l e s e c o n d a l b u m « To t a l M a g i q u e » .

« J’ai souvent entendu parler de la pression du second album mais je ne l’ai pas ressen�e. On a eu au contraire plus de temps, plus d’idées » explique Vincent (synthé�-seurs, boite à rythme). « Le premier album [Non-stop je te plie en deux ], c’était comme une démo, sans l’inten-�on d’aller plus loin. Du coup, on considère plus ce se-cond album comme le premier ! » .

L’opus marque également le passage du label Fat Possum à Dare To Care (Malajube, Les George Leningrad…). Des pièces comme Fight And Kiss ou la seule composi�on en français de l’album, Magique, combinent synthé�seurs, chœurs punk et ba�erie énergique. Vincent et Antonin (ba�erie, voix, percussions) ayant travaillé dans les arts visuels, le côté mys�que de leur musique se ressent autant dans les vidéos, peuplées de néons et de mystérieux triangles, qu’au travers de rythmes hypno�ques : « Que ce soit l’art visuel ou la musique, c’est la même démarche, seulement ce sont deux mé-dium différents et je pense que ça peut transparaitre sur scène, sans avoir besoin de grandes installa�ons scéni-ques ».

Après une soirée de lancement de l’album à Montréal qui a fait salle comble, les trois loups s’apprêtent à faire dan-ser le fes�val Antenne-A, axé sur les musiques actuelles et les nouvelles technologies. La composi�on sur ordi-nateur n’est pourtant pas un domaine qui semble a�rer le trio, au vu notamment de l’aspect vintage de la vidéo du morceau Il Roméo. Selon Vincent, « c’est super pour conceptualiser des rythmes et le travail de studio mais ce n’est pas dans l’esprit esthé�que du groupe, on ne se voit pas avec des ordinateurs sur scène. Le problème pour certains groupes c’est qu’ils en dépendent et que ce n’est pas infaillible ! ».

Les We Are Wolves peuvent toujours compter sur leur énergie rock débridée alors n’ayez pas peur d’entrer dans la danse…

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Malajube

Le public était au rendez-vous pour fêter l’avant-dernière date de la tournée Trompe l’oeil de Malajube. Une soirée qui n’a

laissé personne sur sa faim !

Glucose musical

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Décembre 2007 - Québec,Concert au Grand Salon de l’Université Laval

Peux-tu revenir sur les débuts du groupe, dans quel état d’esprit é�ez-vous ?Mathieu Cournoyer (bassiste) : On a commencé à jouer de la musique comme tout le monde, dans notre sous-sol à faire des chansons de Nirvana . Ensuite, on a eu un groupe métal pendant 3-4 ans, on a fait des pe�tes tournées aux Etats-Unis. Puis moi, le ba�eur [ Francis Mineau ] et Julien le chanteur, on a essayé de faire par�r Malajube comme un projet plus simple, punk rock. Mais en fait on n’a pas réussi à le faire, ce qui fait que ça a donné ça !

Et qu’est ce que c’est , «ça» ?Je pense que c’est un mélange de plein de choses, j’ai du mal à me�re un mot dessus ! C’est un gros mix de tout ce qu’on aime, sans le savoir.

Dans les clips du Métronome ou Jus de Citron, vous donnez l’image d’un groupe qui ne se prend pas au sérieux, vous u�lisez des masques, des instruments en plas�que.Quand on l’a fait, c’était vraiment pour s’amuser et je me rends compte que ça a vraiment changé depuis. C’était il n’y a pas si longtemps Le Métronome, en 2004, mais je l’ai revu récemment et je trouve qu’on a l’air de jeunes enfants. Ce qui est drôle c’est qu’on était vraiment collés sur le mur. Il y a des gens qui pensent qu’on était par terre, mais en fait j’ai été collé pendant cinq heures. Je ne pensais pas qu’on pouvait vraiment coller quelqu’un sur le mur

avec du scotch, mais ça a fonc�onné !

Comment s’est passé le travail sur les clips avec l’équipe de Nu Films et notamment Louis-Philippe Eno qui en a réalisé plusieurs ?À chaque fois on faisait un mee�ng et il apportait une idée, on parlait pendant deux trois heures. C’est un gars qui est super ouvert, tout ce qui le re�ent c’est le budget. Nous on avait plein d’idées et il disait «Oui je suis sûr que c’est super mais ça va coûter genre 500 000 dollars !». Il y en avait beaucoup qui étaient impossibles à faire, les siennes étaient de bonnes idées réalisables. Les deux derniers clips qu’on a faits, c’est avec une autre compagnie de Toronto qui nous a offert une vidéo pour Le Crabe en nous proposant de la prendre si on l’aimait. On a tellement aimé qu’on les a engagés pour faire une autre vidéo, de l’anima�on. Moi j’aime mieux ça que de jouer dans le clip.Pour E�enne d’Août, ça a été différent. On était en tournée et on a eu une subven�on pour une vidéo. On devait rencontrer Louis-Philippe, mais on n’a pas eu le temps, donc il l’a faite et on a su ce que c’était en la voyant. On s’est rendu compte que ça n’avait aucun rapport avec la chanson, mais c’n’est pas grave, on l’aime pareil !

C’est la fin de la tournée Trompe l’oeil, est ce que vous sentez que vous avez besoin d’une pause ou déjà plein d’idées pour la suite ?On a des idées pour des nouvelles

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chansons, mais on a besoin d’une pause du point de vue des tournées. Je pense qu’on en a fait un peu trop en deux ans. Ca aurait du être moins long, mais l’album est sor� ici, un an après en Europe puis aux Etats-unis, donc on n’a pas eu le choix d’enchainer. La prochaine fois, on fera différemment, une seule tournée. C’n’est pas évident d’être toujours par�, je ne sais même pas ce que font tous mes amis maintenant, ça va aussi être bon pour la santé de prendre un pe�t repos.

Quelle évolu�on ressens-tu entre vos deux albums ?C’est surtout le fait que pour le deuxième album Trompe-l’oeil, on était plus contents du résultat parce qu’on a pris notre temps, tandis que, pour le premier, on a eu que cinq jours en studio. On apprenait aussi comment faire. Quand on venait de terminer l’album, on trouvait que c’était de la merde.

Est-ce que tu as l’impression qu’il se passe vraiment quelque chose sur la scène de Montréal, sachant qu’on en parle beaucoup et que de nombreux groupes tournent en dehors du Canada ?Je ne sais pas sil y a quelque chose de spécial qui se passe mais je pense que c’est le fait de l’a�en�on média�que. Je suis certain que par exemple à Chicago il y a aussi beaucoup de bons groupes. Mais en même temps il y a beaucoup de groupes que j’aime qui viennent de Montréal, je ne sais pas si c’est parce que je viens d’ici.

En tant que groupe francophone, que pensez vous des groupes français qui choisissent de composer en anglais ?C’est une décision qu’on a prise de chanter en français, ce qui n’est pas évident quand tu as passé toute ta jeunesse à écouter des groupes qui chantent en anglais. Tu n’as pas de base, d’inspira�on, je n’en connais pas

Malajube

Tant qu’on pourra rêverTant qu’on pourra crierTant qu’on pourra nuire aux sangliers

- Le Métronome

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des centaines des groupes en français que j’aime beaucoup. Je trouve ça dommage qu’en France, il y ait tant de groupes qui essaient de la faire en anglais, avec un accent. Pourquoi se forcer à faire un truc que tout le monde fait ? En même temps il ya des groupes comme The Hives qui sont suédois, qui le font en anglais et c’est super bon ; s’ils le faisaient en suédois, on en n’aurait sûrement jamais entendu parler. On a été chanceux de pouvoir sor�r du Québec en chantant en français, sachant qu’il y a beaucoup de bons groupes ici qui chantent en français mais qui ne sor�ront jamais d’ici pour X raisons.

On entend souvent dire qu’aujourd’hui la scène fait découvrir les albums plus que l’inverse, vous avez ressen� ça aussi ?Oui, tout le monde sait que les albums se vendent de moins en moins. Ce qui était bien pour nous c’est que lors de nos tournées en Angleterre ou aux Etats Unis, les gens ont été surpris: «Comment ça un groupe qui chante en français vient jusqu’ici ?». Souvent ils n’ont jamais écouté, mais viennent voir par curiosité tandis qu’avant ils achetaient l’album et s’ils aimaient, ils allaient voir le concert. Je pense que c’est un gros plus, puisque les albums ne se vendent plus de toute façon, il faut bien que quelque chose fasse vivre les musiciens. J’imagine que ça va être l’avenir de la musique, dans quelques années, il n’y aura même

plus d’albums à vendre, ce sera tout sur Internet.

Vous comptez miser encore plus sur la poche�e pour le prochain album ?Je pense que c’est d’autant plus important, que tu aies le goût d’acheter l’album et de ne pas juste le télécharger. Je trouve que c’est l’fun qu’il y ait un plus à avoir l’album, j’aime avoir la poche�e, lire les paroles. Je pense qu’on va en me�re encore plus, peut être ne pas me�re des froufrous et des cadeaux à l’intérieur mais faire un truc qui soit beau.

Vous avez déjà une idée de la période à laquelle sor�ra le prochain album ?Idéalement à l’automne prochain mais je ne pense pas que ce soit réaliste. Il n’y a personne qui nous met la pression et on veut prendre notre temps donc je dirais plutôt février 2009. Peut-être que ça va sor�r vite, je ne sais pas, on verra !

2004 - Le Compte complet (Dare To Care)2006 - Trompe-l’oeil (Dare To Care)2009 - Labyrinthes (Dare To Care)2011 - La Caverne (Dare To Care)

«On a été chanceux de pouvoir sortir du Québec en chantant en français »

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Pause cafe

Cupcake Be�erave - chocolat blancItsi-Bitsi, 2621 Notre-Dame ouest

M o n t r é a l n e s e r a i t p a s M o n t r é a l s a n s s e s p e t i t s c a f é s , s a l o n s d e t h é e t a u t r e s l i e u x d e p e r d i t i o n p o u r g o u r m a n d s . Q u e vo u s s o y e z p l u t ô t f a n d e c h e e s e c a ke , d e c u p c a ke o u d e c h o c o l a t , s o y e z s û r s d e t ro u ve r u n d e s s e r t « c o c h o n » à vot re g o û t .Vo i c i m o n t o p 3 p o u r d é m a r r e r e n b e a u t é .

| Julie�e & Chocolat |Forte de plusieurs succursales, ce�e enseigne a su décliner le chocolat avec brio, en cocktails, fondues et gâteaux. Vous pourrez bien sûr y déguster un bon cho-colat chaud à l’ancienne, ou bien tester toutes sortes de brownies. Il est égale-ment possible de se restaurer : gale�es, soupes et salades vous ouvriront l’ap-pé�t pour le dessert.1615 St-Denis, 377 Laurier Ouest (coin Parc) et 3600 St-Laurent (coin Prince-Ar-thur).

Photo : JB / Illustra�on : Cook he’s

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| Itsi-Bitsi |Manger un cupcake diff érent chaque jour, c’est un peu ma défi ni� on du bonheur. Chez Itsi-Bitsi, à deux pas de la sta� on du métro Lionel-Groulx, les goûts proposés sont originaux : entre des reproduc� ons de cocktails (Mojito, Cosmopolitain), des mélanges inat-tendus (chocolat blanc/be� erave, earl grey/miel) et des classiques savoureux (framboise, citron), diffi cile d’y résister. Si vous souhaitez faire plaisir, il est éga-lement possible de les faire livrer.

| Rockaberry |Prendre un cheesecake chez Rockaberry, c’est un défi . D’abord, pour faire son choix entre une pléthore de parfum qui relèvent souvent de l’indécence. Jugez un peu : Toblerone, Double Chocolat, myr� lles, framboise, Banana Split...J’ai eu du mal à fi nir le mien, alors que je n’avais pas pris de pe� t-déjeuner. Je vous conseille donc de jeûner la veille pour apprécier au mieux. 4275 Rue Saint-Denis, 5390 Chemin Queen Mary, 7210 Boulevard Langelier, 5557 Monkland.

Photo : Thomas Cruse

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Madcaps

F o r t s d ’ i n f l u e n c e a l l a n t d e s W h i t e S t r i p e s à A C /D C e n p a s s a n t p a r J a m e s B r o w n , T h e M a d c a p s f r a n c h i s s a i e n t u n e n o u v e l l e é t a p e a v e c l e u r a l b u m K i s s T h e L i o n s o r t i d é b u t 2 0 0 8 . D e s s i n g l e s r a d i o r o c k t e l s S u r r e n d e r a l t e r n e n t a v e c d e s t i t r e s g r o o v y, v o i r e f u n k y ( S h a p e I ’m I n , C h u n k y B u t F u n k y ) . E n i n t e r v i e w p o u r I m p a c t C a m p u s , F r e d P e l l e r i n e t M a r i e - A n n e A r s e n a u l t s e m o n t r e n t d o u x c o m m e d e s c h a t o n s .

Lâchez les fauves

Février 2008 - Québec,Locaux d’Impact Campus.

Photo : DR

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Après Whole World (2003) et High (2006), qui ont donné naissance à des singles efficaces tels No Way Out et What Goes On, les Madcaps reviennent aujourd’hui avec Kiss The Lion, une nouvelle étape dans le son de la forma�on montréalaise.

En effet, on sent, dès la première écou-te, une urgence et une volonté d’aller droit au but, ce que nous confirment Fréderic Pellerin (chanteur, composi-teur et guitariste) et Marie-Anne Ar-senault (bassiste), lors d’une entrevue dans les locaux d’Impact Campus. «Le son est plus mordant, plus rock, on est allés plus loin dans ce qu’on voulait faire. On a lâché la bride pour cet al-bum-là !» reconnaît Fréderic, d’un ton pourtant très posé et serein.

La tournée canadienne commençant ce mois-ci et ayant été prévue de longue date, le groupe a dû composer et enre-gistrer l’album en seulement cinq mois, dans les Studios Vox de Fréderic Pelle-rin situés à Montréal.

Autre innova�on : Glen Robinson (Xa-vier Caféine, Grimskunk) a collaboré à la produc�on: «Il nous a amenés vers de nouvelles sonorités, vers quelque chose de plus lourd.» Toutefois, la pré-sence de claviers et d’un saxophoniste dans la forma�on permet de varier les sonorités et les rythmes et parfois, de les laisser dériver vers un style funky. Les textes aussi sont en évolu�on chez

«On a lâché la bride pour cet album-là !»

The Madcaps, et bien que Fréderic ne se considère pas comme quelqu’un de sombre dans la vie de tous les jours, les thèmes abordés sur Kiss The Lion évoquent quelques-uns de nos démons personnels : «La chanson �tre parle de la libéra�on de ses peurs, du fait de se fier à son ins�nct, de se lancer dans la vie. J’évoque aussi le salut, le désir de se sauver de sa condi�on.»

«On veut t’y voir !»

Côté live, ces nouveaux �tres promet-tent, pour ce�e tournée qui débute, de belles déflagra�ons sonores et quel-ques bousculades aux pieds de la scè-ne. Si pour l’instant aucune date n’est prévue aux États-Unis et en Europe, ce n’est peut-être plus qu’une ques�on de mois. La priorité du groupe est de re-muer le Québec et le reste du Canada, alors ne ratez pas un show qui s’annon-ce sauvage! Le mot de la fin revient à Marie-Anne : «On veux t’y voir!».

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Chocolat

A v e c u n p r e m i e r a l b u m a u t o n m i - f i g u e m i - r a i s i n d u n o m d e P i a n o É l é g a n t , C h o c o l a t n o u s e m m è n e d a n s s o n u n i v e r s r o c k ’ n ’ r o l l e t d é j a n t é . M e n é e p a r J i m -m y H u n t , l a f o r m a t i o n a s o r t i s o n p r e m i e r E P D r y & D e a d s e u l e m e n t q u a t r e m o i s a p r è s l e s p r e m i è r e s r é -p é t i t i o n s . D ’ i n s p i r a t i o n p s y c h é d é l i q u e , i l a r e ç u u n b o n a c c u e i l d a n s m é d i a s .

Doux-amer

Mars 2008 - Québec,Locaux d’Impact Campus.

Photo : Mia Donovan

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La forma�on Chocolat est rela�-vement récente et réunit des mem-bres des Demon’s Claws (Ysaël Pépin à la basse) et des Cockroaches (Dale MacDonald à la guitare) ainsi que Mar�n Chouinard aux claviers, Guillau-me Ethier à la ba�erie et Jimi Hunt au chant et à la guitare. Pour son premier album sor� le 18 mars sous le label Grosse Boîte, le quinte�e a conservé des mélodies énergiques aux influences rock des années 1950 et 1960, mais a su aussi se diversifier: «La principale différence avec l’EP, c’est qu’on a pu pra�quer davantage et qu’on savait mieux où on allait. On n’a pas eu peur de faire des chansons plus «mollo», on a assumé d’aimer ce style», nous a expliqué Ysaël lorsqu’Impact Campus l’a rejoint par téléphone. Il faisait référence à des pièces comme Pe�ts Seins ou Salive. Il a également un faible pour la chanson francophone, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, Charles Aznavour et Claude Du-bois en tête. Sensible à ce�e tradi�on, Jimmy n’a composé que des textes en français pour Piano Élégant et s’y construit un personnage un peu fou et roman�que, pour qui la vie est un savant mélange de tragique et de comique. Il est beaucoup ques�on de filles et d’histoires qui tournent mal, dans des textes un peu cyniques et plutôt en

«Pas peur de faire des chansons plus mollo»

accord avec la réputa�on sulfureuse de Jimmy sur la scène underground mon-tréalaise. Alors que la folie qui l’entoure s’est am-plifiée avec la sor�e de l’album, Cho-colat est régulièrement sollicité par la presse et les membres sont plutôt con-fiants pour la suite des évènements. Le magazine Vice les a choisi comme égérie d’une tournée québécoise com-posée de plusieurs soirées trash.

Chronique : Piano élégant

Après un EP rock’n’roll bien reçu par la cri�que, le combo de Montréal sort enfin son premier album, pile-poil pour Pâques. Sur les mélodies de ce Piano Elégant, il est effec�vement ques�on de piano, mais aussi d’harmonica, de claviers et de guitare, qui nous entraî-nent sur des airs un peu désuets. On s’imagine très bien écouter Sois belle au comptoir d’un bar américain et décider de rejoindre l’avant de la scène pour un boogie-woogie. C’est pourtant bien du rock en français que nous pro-pose Chocolat, et la façon de chanter de Jimmy Hunt rappelle parfois celle e Jacques Dutronc s’asseyant sur un cac-tus. Les paroles sont plutôt cocasses : «Si tu me mens encore une fois je te saigne comme un caribou» sur Moi�é homme moi�é loup, un côté trash qui tranche parfois avec les mélodies su-crées. Un album à l’esprit pop qui vous promet de belles histoires.

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3. ParisD e r n i è r e a n n é e u n i v e r s i t a i r e e t e s c a l e à P a r i s p o u r u n a n . I n t e r v i e w s p o u r D i s c o r d a n c e e t Vo x P o p s ’e n c h a î n e n t e t j ’a i l ’o c c a s i o n d e r e n c o n t r e r u n m é c o n n u m a i s t a l e n t u e u x g r o u p e m o n t r é a l a i s , l e s P a w a U p F i r s t . Q u e l q u e s m o i s p l u s t a r d , c e s o n t l e s d é l i c i e u x H a n d s o m e F u r s q u i m e f o n t l ’ h o n n e u r d ’ u n e i n t e r v i e w e t d ’ u n e s é a n c e p h o t o .

P h o t o : J B

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Pawa Up First Octobre 2008 - Paris,Nouveau Casino.

E n c e s t e m p s d i f f i c i l e s p o u r l a m u s i q u e , i l e s t n é c e s -s a i r e d ’ u n i r s e s f o r c e s e t p o u r q u o i p a s d e d é v e l o p p e r d e s s y n e r g i e s . C ’e s t c e q u ’o n t f a i t u n g r o u p e f r a n ç a i s e t u n g r o u p e q u é b é c o i s a u x u n i v e r s m u s i c a u x p r o -c h e s , I d e m e t P a w a U p F i r s t , l e t e m p s d e r é s i d e n c e s a u F e s t i v a l d e s M u s i q u e s E m e r g e n t e s d e R o u y n - N o -r a n d a ( Q u é b e c ) e t a u 6 P a r 4 ( L a v a l ) p u i s d ’ u n e t o u r -n é e c o m m u n e .

Photo : DR

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«Pawa Up First fait défiler décors urbains et figures énigmatiques»

Un évènement qui vient souligner l’ac-tualité de ces groupes, soit la sor�e du quatrième album d’ Idem et la sor�e française des deux premiers albums dePawa Up First .Le projet Pawa Up First démarre en 2001 à Montréal à l’ini�a�ve de Serge Nakauchi Pelle�er, guitariste et com-positeur, bientôt rejoint par Mathieu Pontbriand . Après l’enregistrement d’un premier album en studio, d’autres musiciens (un ba�eur et un claviériste notamment) complètent la forma�on sur scène, et c’est sur le label Dare To Care que paraitra The Scenario en 2005 au Canada. Un �tre révélateur du style cinéma�que choisi par Serge et Mathieu pour cet album construit sur un schéma narra�f et dans lequel on sent l’influence de compositeurs de bandes originales de plus en plus cités aujourd’hui, Ennio Morricone en tête ; on verrait volon�ers les morceaux We Swear It Was Self-Defense et Honnor illustrer un western moderne.

Sur Introducing New Details, dont la sor�e canadienne date de 2006, les ambiances sont plus variées et on passe d’un Detour oscillant entre notes de piano jazzy et envolées de guitares noise à Big Freeze ou Mixed Blessings carrément plus hiphop et comptant des collabora�ons intéressantes avec le montréalais D-Shade et la londo-nienne Belle Humble . Sur J’garde ça Réal, Seba (du groupe Ga�neau ) évo-

que avec humour la recherche de légi-�mité du rap montréalais francophone ( «Ça a d’l’air que pour certains, je suis pas un vrai rappeur, (.) j’fais pas assez peur»).

The Hippocampus s’aventure quant à lui sur des terres du rock progressif, défrichées par les montréalais Gos-peed You ! Black Emperor . Ces deux albums seront disponibles en France le 13 octobre prochain grâce à une sor�e simultanée sur le label Bassofone .Qui dit cinéma�que dit images, soit la projec�on de courts métrages sur scè-ne que l’on a pu découvrir à l’occasion d’un concert au Nouveau Casino le 8 octobre dernier. Le mixage des images étant d’habitude assuré par un V-Jay (le frère de Serge, qui a les a également animées) absent sur ce�e tournée française, Pawa Up First doit se con-tenter de faire défiler décors urbains et figures énigma�ques. Le groupe sem-ble hésiter entre la créa�on d’une bulle reposant sur le style atmosphérique de morceaux gagnant en puissance sur scène (Détour), et de l’interac�vité apportée par l’appari�on sur scène de D-Shade . Celui-ci essaie de bouger un public dispersé et peut être déjà trop disposé à se laisser porter par les mor-ceaux instrumentaux.

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Pawa Up FirstL’associa�on du son et des images est également au coeur du projet scénique d’ Idem, qui a tout récemment par�ci-pé à une résidence avec Pawa Up Firs-tau fes�val des musiques émergentes de Rouyn-Noranda au Québec et fait quelques dates à Montréal, Québec, Toronto et New York. Une expérience dont nous parle Mathieu de PUF dans les loges étroites du Nouveau Casino :

«La rencontre ini�ale s’est faite à l’ini-�a�ve de Christophe Minier, notre « homme de confiance» en France (du label Bassofone ndlr) qui a proposé Idem, et Sandy Bou�n, le fondateur du FME qui a proposé Pawa Up First . Les premiers contacts se sont faits par mail puisqu’on n’avait jamais vu Idem avant qu’ils n’arrivent à l’aéroport de Mon-tréal.

L’idée de la résidence est un celle d’un échange culturel. Idem est venu au Québec pour faire de la créa�on. La contrainte de temps a été importante, on n’a eu qu’une journée et demie pour monter un spectacle en résidence au FME. Sur scène, les deux groupes ont fait des morceaux l’un de l’autre avec notamment deux ba�eries et deux guitares. Sur les autres dates on a fait chacun notre set . On a réussi à avoir deux dates au Québec à Idem, mais la réalité est assez difficile surtout en ces temps de crise, au Québec comme en France. C’était la première fois qu’ils

venaient en Amérique du Nord. Il y a eu une autre résidence au 6 par 4 à Laval, des concerts à Rezé, Paris puis pour la suite ce sera à Blois au Chato’do et à Cholet au Bar’ouf(.). Finalement c’est un bel échange, on s’entend super bien. »

Un échange qui demande du temps et de l’argent, mais qui devrait perme�re à ces deux groupes d’aller à a rencon-tre d’un nouveau public et dont les bénéfices se feront sûrement sen�r à long terme.

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Handsome Furs Février 2009 - Paris,Locaux de PIAS.

D é l a i s s a n t Wo l f P a r a d e l e t e m p s d ’ u n e e s c a p a d e e n E u r o p e , D a n B o e c k n e r s o r t P l a g u e P a r k e n 2 0 0 7 a v e c s a f i a n c é e A l e x e i P e r r y, s o u s l e n o m d ’ H a n d s o m e F u r s . E n 2 0 0 9 , s u r l e u r s e c o n d a l b u m , Fa c e C o n t r o l , l e r y t h m e s e f a i t p l u s p r e s s a n t e t l e s o n e s t p l u s é l e c t r o n i q u e , t o u t e n g a r d a n t u n e é n e r g i e e t u n g o û t d e l a p r o v o c a t i o n q u i f o n t l a m a r q u e d e f a b r i q u e d u d u o . I l y e s t q u e s t i o n d e l a R u s s i e , l e p a y s o ù e n -t r e r d a n s u n c l u b r e l è v e d u d é f i , e t d e s d é s o r d r e s d e n o s s o c i é t é s m o d e r n e s . C e u x q u i a t t e n d a i e n t d e j o l i e s b a l l a d e s r o m a n t i q u e s r i s q u e n t d ’ê t r e d é ç u s .A v e c D a n à l a g u i t a r e e t A l e x e i a u x m a c h i n e s , l e g r o u p e s ’e s t a r r ê t é à P a r i s a u c o u r s d ’ u n e t o u r n é e e u r o p é e n n e e t a j o u é l e j e u d e s q u e s t i o n s / r é p o n s e s a v e c l e s o u r i r e .P h o t o s : L i a m M a l o n e y ( c i - d e s s u s ) / M a t h i a s L a m a m y

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Handsome FursComment sont venues les premières chansons pour ce projet en 2006 ?Dan : Le projet a commencé quand Alexei et moi avons emménagé ensemble à Vancouver. Notre appartement faisait la taille de ce�e pièce, il était très pe�t. Je travaillais sur ma musique, Alexei écrivait. Nous voulions faire quelque chose, et c’est arrivé très naturellement.Alexei : Il n’y avait pas assez de place, donc nous devions chacun travailler sur les trucs de l’autre ! (rires)Dan : Nous ne pouvions pas travailler à l’écart, donc c’est devenu un groupe. On s’est dit, « allons-y », et nous voici ! Nous n’avions pas de plan, mais c’était si drôle et si gra�fiant que nous avons con�nué.

Alexei, tu écris des nouvelles et de la poésie, à quel point est-ce différent d’écrire des paroles de chansons ?Alexei : Extrêmement ! (rires)Oui, c’est très différent pour moi. Je me sens une drôle de personne, car avant, je passais des heures et des heures seule, juste dans ma tête, essayant de travailler des idées. Et maintenant, je suis sur scène, je dois collaborer à des choses…. C’est un super challenge, mais ça a été difficile.

Votre musique est associée à certains lieux, principalement la Scandinavie sur Plague Park. Où cet album a-t-il été composé ?Alexei : Nous avons écrit beaucoup de Face Control durant notre tournée

dans les pays baltes, la Russie, principalement l’Europe de l’Est. Nous tournions dans d’autres pays également, mais beaucoup d’idées sont venues de ces lieux. C’était comme si nous u�lisions la toile de fond de l’Europe de l’Est pour parler des idéaux américains.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé dans ces pays ?Dan : Je sais que c’est différent en Europe, parce que vous avez une vue plus large du monde dans la presse, mais au Canada, surtout ces huit dernières années sous l’administra�on Bush, beaucoup de nouvelles que nous recevions des États-Unis étaient très étroites d’esprit. Si vous demandez à la personne moyenne, même quelqu’un qui s’intéresse à la poli�que, elle ne sait pas du tout ce qui se passe en Serbie, ou pourquoi la Roumanie peut être importante dans la poli�que européenne.Ça m’a vraiment frappé de me rendre là-bas et d’être le témoin de l’adop�on par ces pays du capitalisme, d’une façon totalement folle et sans limites. Surtout en Russie. En Amérique du Nord, nous avons ce�e idée qu’en 1991 c’était bon, la démocra�e l’emportait, le communisme était défait. La vérité est que le capitalisme qui y existe n’a rien à voir avec la démocra�e, il y a toujours un système aristocra�que de contrôle. Seulement maintenant, les Russes peuvent acheter tout ce

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Handsome Furs

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qu’ils veulent, s’ils ont l’argent. C’est la forme la plus pure de capitalisme que j’ai vu, au mauvais sens du terme. Je ne cri�que pas la culture des gens qui vivent là, c’était juste intéressant de voir ça.

Alexei : C’était une chose importante à laquelle assister. Le rêve américain n’est pas si brillant.Dan : Et d’un sens, c’est devenu un miroir de ce qui se passait aux États-Unis à ce moment-là. Ils ont ce�e énorme division entre riches et pauvres et pourtant ils con�nuent de faire croire qu’on peut y devenir ce que l’on veut, même le président, ce sont des conneries ! C’est ce qui a contribué à ce désastre financier. En Russie, tu peux devenir ce que tu veux. si tu as l’argent ! Ça m’a semblé plus extrême, mais aussi plus honnête.

Pouvez-vous expliquer l’histoire autour du �tre Face Control ?Alexei : « Face control » est une poli�que russe : tous les gens qui vont dans les clubs y sont soumis. Que tu entres ou non dépend de si tu présentes bien ou si tu portes les bons vêtements. Les gens peuvent dépenser jusqu’à 15 000 dollars pour entrer dans ces clubs chics. C’est très, très sévère. En Europe ou en Amérique, tout le monde appelle cela le « dress code », et c’est exactement le même chose, mais en pire. Nous n’avons même pas pu entrer dans le club auquel on jouait Moscou, nous sommes sor�s déjeuner et nous avons eu à subir le « face

control ». Nous sommes entrés grâce à une fille Russe qui a dû dire « les gens en Amérique s’habillent mal, comme ça, mais ce sont des rock stars très célèbres !».

Le passage à un son plus électronique et plus rapide est-elle liée à l’évolu�on dans les thèmes des chansons ?Dan : Je pense, oui. Nous voulions que la musique colle aux paroles. Avec le premier album, nous avons beaucoup joué live et plus on faisait de concerts, plus on réalisait de quelle façon nous voulions présenter notre musique. Nous sonnions de plus en plus fort. Je voulais également des chansons au tempo plus rapide, en réac�on à ce qui se passe en Irak et en Amérique du Nord en ce moment. Je ne voulais pas de chansons précieuses, intellectuelles, de grandes métaphores sur les rois, les reines et les licornes. Ce sont juste des gars qui parlent de leurs copines, avec cinquante métaphores par-dessus !Ce genre de musique m’a frustré après avoir voyagé entre l’Europe de l’Est, l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord, tout en poli�que me paraissait foutu et au bord de ce qui deviendrait la crise financière. Pendant ce temps, le groupe indie rock qui a le plus marché en 2008 était Fleet Foxes, qui a vendu autant que les Eagles ! Les gens qui achètent ce�e musique sont surtout des gamins blancs des classes moyennes ou aisées, qui vont à Columbia, expérimenteront le sexe, la drogue et auront un super job. Je

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pense que cela résume bien ce�e a�tude « je m’en fou�ste » qui m’a vraiment dérangée.Alexei : Aucun intérêt pour le reste du monde.Dan : Je voulais faire quelque chose de laid, de désordonné. C’était le genre de musique que j’aimais quand j’étais gamin, qui me parlait.La new wave est vraiment à la mode en ce moment : deux films sur Joy Division sont sor�s récemment, un best of du groupe. Que pensez-vous de ce revival ?Dan : Les gens qui découvrent un groupe comme Joy Division dans le format documentaire voient les gens jouer de la musique ou dans un film comme Control, ont une version fic�onnelle des concerts, et je pense que c’est mieux que d’écouter sur internet 20 secondes de chaque morceau. C’est une expérience plus significa�ve. Si ça amène quelques gamins à écouter de la bonne musique, c’est une bonne chose.

Dan, il y a beaucoup de side-projects qui gravitent autour de Wolf parade, comment les membres du groupe partagent-ils leur temps, et comment vos expériences en solo sont enrichissantes pour le son du groupe ?Dan : Nous travaillons ensemble de façon très proche, Alexei et moi avons un studio avec le reste des gens de Wolf Parade . Mais quand il s’agit de travailler sur la musique et de jouer avec le groupe, les projets

sont complètement séparés. Nous pouvons nous fixer un programme : ce mois sera pour Handsome Furs, celui-là pour Wolf Parade . L’écriture n’est jamais mêlée parce que ce sont des projets très différents. Que nous soyons amis aide à se réserver cet espace.Alexei : Il n’y a jamais eu de conflit. les ar�stes en général ont plein de choses différentes à dire, de différentes façons, et c’est drôle qu’en musique ça doive être un « side project » par exemple. Si un ar�ste fait de la peinture et de la sculpture, il est simplement ar�ste et aucun n’a de poids plus important. C’est drôle qu’en musique ce soit comme ça, parce que le succès vient d’un groupe « en premier ». C’est une drôle de façon de penser.Dan : Je pense que c’est une nouvelle façon d’avoir une carrière en musique également. Les majors me�aient beaucoup d’argent dans un ar�ste, dans la tournée, la promo, la presse. Aujourd’hui ils n’ont pas autant d’argent, on peut sor�r son CD seul, l’enregistrer à la maison et le distribuer en ligne. Si tu veux rester vivant, gagner ta croûte, ne pas devoir faire un job pourri la journée, avoir deux groupes représente la liberté ar�s�que, mais aussi un moyen de survie.Alexei : Et plus de poten�el de tournées ! (rires)

Vous êtes signés sur Subpop, avez

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vous des connexions par�culières avec d’autres groupes du label ?Alexei : J’en aime certains !Dan : J’aime No Age, Kelley Stoltz, Comets On Fire, qui malheureusement ne font plus d’albums, CSS.

On vous a proposé de signer sur le label ?Dan : Non, je les ai appelés et je leur ai dit, « J’ai cet autre groupe, on va peut être sor�r un disque chez Jagjaguwar...Alexei : Et ils ont dit « On veut voir ça en premier ! »Dan : Exactement, donc ils ont écouté en premier et on aimé et on a sor� l’album. C’était facile pour moi, je travaille avec les mêmes gens pour les deux groupes [ndlr : Wolf Parade est également signé chez Subpop ]Alexei : Ce sont des gens supers, et de bons amis.

Vous allez beaucoup tourner en Europe ce�e année, êtes-vous excités ?Alexei : Oui. j’adore être en tournée.Dan : Nous adorons découvrir de nouveaux endroits. Nous allons jouer à Dijon dans quelques jours, je n’y suis jamais allé. Je me sens chanceux parce que j’ai été dans des villes où je ne pensais jamais aller, comme Los Angeles ou New York.Alexei : Chaque soir me surprend, même les lieux ennuyeux...Dan : On joue bientôt à Saint-Malo

aussi. J’ai lu l’histoire de la ville sur internet, c’est de là que vient Jacques Car�er . Il a découvert Montréal. Je sais que ça fait très nerd, mais je trouve qu’il y a une connexion historique cool entre Saint-Malo et la ville où on vit actuellement. J’aime vraiment aller n’importe où, sauf quelques villes aux États-Unis.Alexei : Moi je suis quand même excitée de jouer dans le Middlewest. même si c’est excitant seulement parce qu’on est malades ! (rires)

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«Je ne voulais pas de chansons précieuses, intellectuelles, de grandes métaphores sur les rois, les reines et les licornes.»

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4. Retour à Montréal

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4. Retour à Montréal

En plein hiver québécois, je retourne en vacances pour quinze jours à Montréal et Québec. J’en profite pour faire un circuit du Montréal Kitsch, visiter le Mile End et interviewer Brendan Reed, le ba�eur de Clues, un groupe que j’avais découvert sur scène au mois d’octobre précédent et qui m’avait bluffée.

Illustra�on : JB

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M o n t r é a l , c a p i t a l e d u k i t s c h ? C ’e s t q u e s e m b l e v o u -l o i r n o u s d é m o n t r e r S é b a s t i e n D i a z d a n s s o n g u i d e M o n t r é a l K i t s c h . J e s u i s a l l é e t e s t e r q u a t r e d e s 9 8 l i e u x p r o p o s é s p a r l ’o u v r a g e , u n e e x p l o r a t i o n c h a -m a r r é e e t o r i g i n a l e q u i v a u t l a r g e m e n t l e d é t o u r …

le Green SpotLe lieu : Un vrai dinner à l’Américaine avec ses affi ches d’origine, ses banque� es en cuir, son comptoir à l’ancienne et le must, ses pe� ts jukebox disposés sur les tables, où l’on peut choisir son tube favori des Doors, des Beatles ou de Roy Orbison.

Le service : Derrière leur comptoir, les employés aux casque� es vertes ne sont pas nés de la dernière pluie et ce n’est pas vous qui allez leur apprendre à servir les hot dogs (les meilleurs du monde selon une affi che de la vitrine) ! L’ambiance est plutôt familiale et on reconnaît les habitués qui plaisantent avec la serveuse.

Les plats : Menu à l’américaine composé de hamburgers, hot dogs et salades caesar. Pour l’exo� sme, opter pour un souvlaki ou un plat de spaghet’.

Le détail kitsch qui tue : des bacs de fl eurs en plas� que complètent parfaitement la décora� on.

3041 Rue Notre-Dame Ouest(514) 931-6473

Montreal Kitsch

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Le lieu : Un fl orilège, que dis-je, une explosion de kitsch vous a� end dans l’antre du Jardin Tiki. Imaginez-vous : un mobilier de chaises en ro� n, un bassin de tortues, des lampions asia� ques, des lampes en coquillages et de la musique hawaïenne, tout ça dans un même restaurant. Vous en rêviez ? Jardin Tiki l’a fait !

Le service et les plats : Ne vous a� endez tout de même pas à ce qu’une authen� que hawaïenne vous serve en pagne, ici on accède à un buff et chinois à volonté tous les midis et le soir à par� r de 17h. Nous vous recommandons chaudement de goûter à l’un des cocktails exo� ques de la carte : le Bolo aux fruits et au rhum vous est servi dans un vrai ananas, et le Aku Aku Coconut dans une noix de coco !

Le Jardin Tiki5300 Rue Sherbrooke Est(514) 254-4173

Le détail kitsch qui tue : le dragon géant qui accueille les clients à l’entrée.

Si, après ce� e virée dans les restau-rants kitsch, il vous prend l’envie de redécorer votre intérieur ou de refaire votre garde robe, ce magasin est fait pour vous. D’inspira� on large (des années 40 aux années 80), la bou� -que off re un choix unique de vestes en jean, de bo� nes en cuir, une lampe «roulo� e du far west» et des dizaines de paires de lune� es de soleil vintage.Finalement, c’est peut être ça l’esprit du kitsch : la profusion de ce que la so-ciété de consomma� on nous a donné de meilleur, mais que nous avons injus-tement mis de côté.

Kitsch’n’Swell3968 St Laurent(514) 845-6789

Le détail kitsch qui tue :

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A u c œ u r d u q u a r t i e r d u M i l e E n d , W i l e n s k y ’s L i g h t L u n c h c ’e s t u n e r e c e t t e s i m p l e d e p u i s 1 9 3 2 : l e S p é c i a l W i l e n s k y ® . D e u x t r a n c h e s d e p a i n , d e s t r a n c h e s d e s a l a m i e t d e b a l o n e y ( s p é c i a l i t é d e s a u c i s s o n a u b œ u f ) , d e l a m o u t a r d e e t d u f r o m a g e K r a f t . S i m p l i c i t é , j e v o u s d i s . L e l i e u e s t m o i n s h y p e q u e S c h w a r t z ’s , u n d e l i d e v i a n d e f u m é e s i t u é s u r S a i n t - L a u r e n t p o u r l e q u e l i l f a u t e n d u r e r u n e q u e u e m o n s t r u e u s e , m a i s i l a s e s h a b i t u é s . U n p a n n e a u r e m p l i d e p h o t o s l e s m e t à l ’ h o n n e u r.

WilenskyPhotos : JB / Illustra�on : Cook he’s

34 avenue Fairmount Ouest(514) 271-0247

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Une fois les deux seuls clients a�ablés au comptoir par�s (il est déjà 15h), et après avoir testé le Special Wilensky ® (pas mal mais un peu sec), je tente une interview avec l’une des serveuses…

Moe Wilensky, nous regardant avec inquiétude : Quel est le problème ?

Sa fille : Rien, c’est juste une journaliste de France…

Racontez-moi l’histoire de Wilensky ...

Wilensky a été créé en 1932 pendant la crise, mon grand-père était barbier et a décidé d’ouvrir un lieu plus grand pour donner de l’emploi à ses fils. C’est mon père, Moe Wilensky, et son frère, Archie, qui ont repris le lieu. Au début c’était un restaurant, un barbier, un magasin de cigares, et c’est finalement devenu seulement un restaurant.

D’où vient le Spécial Wilensky ® ?

Les clients réguliers réclamaient quelque chose de spécial. En faisant les sandwiches, il essayait toutes sortes de combinaisons de viandes, notre spécial Wilensky est né. Il y avait d’autres sortes mais ils ont été éliminés parce que le sandwich spécial était très populaire.

Il y a beaucoup de célébrités qui viennent ici ?

Ce sont surtout des gens de la télévision et de la radio. Le mari de Céline Dion, René Angeli, était un client régulier depuis très longtemps. Je l’ai vu ici la dernière fois il y a cinq ans car il n’habite plus à Montréal. Il y a aussi des joueurs de hockey. C’est un quar�er très éclec�que, il y a des immigrés, des gens de la nouvelle bourgeoisie, mais aussi des ar�stes. Je crois que Leonard Cohen habite le quar�er.

Le détail kitsch qui tue : le panneau qui précise « le Spécial n’est jamais sans moutarde, ni jamais coupé. Ne posez pas de ques�ons. C’est vraiment pour le mieux. »

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Clues

R e n d e z - v o u s e s t p r i s u n a p r è s - m i d i d e j a n v i e r a v e c B r e n d a n R e e d , a u c o i n d u B o u l e v a r d S a i n t -L a u r e n t e t d e F a i r m o u n t . N o u s s o m m e s e n p l e i n M i l e -E n d , l e q u a r t i e r q u i a m i s M o n t r é a l s u r l a « m a p » d u r o c k i n d é p e n d a n t d e p u i s l ’e n v o l é e d ’ A r c a d e F i r e e t G o d s p e e d Yo u ! B l a c k E m p e r o r . D a n s l e s r u e s q u i t r a v e r s e n t c e s q u e l q u e s b l o c s s i t u é s a u n o r d d u P l a t e a u M o n t- R o y a l , j e p a s s e d e v a n t d e s b â t i m e n t s d e b r i q u e r o u g e , d e s g a l e r i e s d ’a r t , d e s b a g e l s f a c t o r y e t t o u t s e m b l e a u s s i c a l m e q u e d a n s u n e p a i s i b l e b o u r g a d e d e c a m p a g n e . I c i , p o i n t d e n é o n s p o u r v o u s i n d i q u e r l ’e n t r é e d u f a m e u x l a b e l C o n s t e l l a t i o n o u d u s t u d i o d ’e n r e g i s t r e m e n t H o t e l 2 Ta n g o ( c r é é s p a r u n m e m b r e d e s G o d s p e e d Yo u ! B l a c k E m p e r o r ) , o ù l e g r o u p e C l u e s a e n r e g i s t r é s o n p r e m i e r a l b u m é p o n y m e s o r t i e n 2 0 0 9 .

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Janvier 2010 - Montréal,Un café dans le Mile-End.

Brendan Reed : J’ai rencontré Alden [Alden Penner, chanteur de Clues, NDLR] en faisant des concerts avec lui, il y a de ça quelques années, l’un des autres membres était mon colocataire. Nous avons tous démarré avec ce studio de répé��on qui est devenu un studio d’enregistrement et que nous avons appelé Villa Villa Nola. Nous travaillions sur différents projets là bas, nous faisions enregistrer des groupes. Nous n’avions pas de groupe ensemble avant ça, Nick et moi é�ons dans une fanfare, mais rien qui ressemble à un groupe de rock tradi�onnel !

Peux-tu nous en dire plus sur Villa Villa Nola ?Ça a commencé comme un studio d’enregistrement, puis nous avons créé le site web. Maintenant ça sert surtout à sor�r des disques.

Nous sommes dans le Mile-End, est-ce un quar�er important pour la musique de Clues ?Je ne pense pas que ce soit réellement important pour notre musique, ça a tellement changé depuis que j’ai emménagé, il y a dix ans. Peut-être qu’au début, ça pouvait être inspirant, mais ça a perdu de son « vide », c’est devenu plus cher, plus hype, comme à l’intersec�on de St Viateur et Clark. Il y a une énergie, il y a toujours plein de gens, ce n’était pas comme ça quand je suis arrivé. C’est toujours sympa, mais c’est un quar�er beaucoup plus confortable qu’avant.

Votre album est sor� chez Constella�on, tout s’y fait dans un esprit très ar�sanal ?Nick travaille là bas, il plie les boites de CD, les met dans des sacs. c’est assez impressionnant. Ils ne sont que deux ou trois et ils font tous les albums, et cela depuis quinze ans.

Cet esprit est important dans Clues, comme pour Constella�on ?Nous pourrions faire des albums d’une autre façon, mais ça a vraiment bien marché avec Constella�on . Je pense que c’est important, ça a mis en forme l’approche du groupe que nous avions, d’une façon posi�ve. Nous n’avions pas prévu que nos albums seraient faits de façon ar�sanale, le genre de promo�on que nous ferions. nous sommes juste entrés là et avons découvert leur approche. Ça a été très amusant aussi.

Sur le morceau Haarp, il y a ces paroles : « Searchin for what the eyes cannot see (chercher ce que les yeux ne peuvent voir) » . Est-ce votre façon de concevoir la musique ?Je pense que ces paroles ont été écrites pour parler de quelque chose de différent, mais j’aime vraiment ce�e idée pour décrire ce que nous faisons.

C’est la première phrase du premier morceau de l’album, ça marque.Oui c’est vrai, je n’y avais jamais vraiment pensé.Je pense que nous avons joué un peu avec ces thèmes, mais ce cerf volant évolue dans les pires condi�ons, le

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mauvais temps.

C’est l’innocence qui se heurte à la dure réalité du monde ?Oui, c’est un peu ça. Nous avions fini l’album, et nous avions ce�e idée d’avoir un cerf volant et de le faire voler. Nous aurions pu le faire voler à la Barbade, mais c’était plus pra�que de simplement le sor�r dans le quar�er, même s’il neigeait et que c’était difficile ! Nous devions avoir quelque chose qui aurait été un cerf volant en �ssu, et ressemblerait plus à un ballon. Mais j’aime ce cerf volant, nous l’avons toujours, il vole très bien pour un objet fait à la main.

Tu composes la musique, est-ce que tu écris des textes aussi ?Oui, un peu.

As-tu besoin d’être dans un état d’esprit par�culier ?C’était davantage le cas par le passé, c’était un processus très émo�onnel, une sorte de passion ar�s�que. Maintenant je crois que, émo�onnellement parlant, je n’ai pas besoin d’être dans un lieu par�culier.

Vous avez deux claviers et deux ba�eries sur scène, c’est une formule que vous u�lisez sur tous les concerts ?Ça a été comme ça les derniers mois, avant ça on n’avait pas deux ba�eries complètes sur scène. Ça n’avait pas beaucoup changé ces dernières années. Je pense que les chansons

sonnent vraiment différemment du premier tour que nous avons fait, et également de l’album puisque nous n’avons même pas enregistré l’album avec deux ba�eries. Le ba�eur qui nous a rejoints sur ce tour, et qui devrait être ici aujourd’hui d’ailleurs, a beaucoup apporté au groupe.

Qu’est ce que ça apporte au concert selon toi ?Pour moi qui joue beaucoup de ba�erie, c’est une vraie expérience créa�ve d’avoir un autre ba�eur. Je ne suis plus obligé de coller très précisément au rythme, je ne sais pas, j’aime vraiment ce�e énergie.

Vous avez joué avec Malajube récemment à Montréal, comment ça

Clues

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s’est passé ?On n’a joué qu’une seule fois avec eux, c’était un très bon concert. Ce�e fois, il y avait un joueur de violoncelle et un bassiste pour nous accompagner. C’était un concert différent, le public était très récep�f.Oui, ils ont aussi un côté très expérimental sur scène. Je n’avais écouté que les deux premiers albums et là j’ai entendu plein de styles différents sur ce set. Les deux premiers sont des albums de pop, plus mignons. Je me rappelle avoir entendu leur premier album chez Boite Noire, un magasin de dvds du quar�er, c’était juste après la sépara�on des Unicorns et j’ai pensé : « Tiens, c’est le nouvel album d’ Islands ? » Ça avait l’air super, et en fait c’était Malajube . Tout ça pour dire que c’était ma première introduc�on au groupe.

As-tu écouté le dernier album d’Islands, Vapours ?Non, je les ai vus quelques fois, j’ai toujours beaucoup aimé Nick [Nicholas Thorburn, leader d’ Islands NDLR], il est vraiment gen�l et très créa�f. Je l’ai rencontré quand il était en école de cinéma, il dessinait des cartoons et c’est tout ce que je savais de lui. Je ne crois pas que j’avais entendu sa musique.

En 2010, votre album semble avoir plus d’échos en France : des ar�cles élogieux, une tournée cet hiver.La France était vraiment un point culminant du dernier tour européen

que nous avons fait, et nous ne nous a�endions vraiment pas à ce que ce soit aussi bien. Les gens étaient très gen�ls, le public très a�en�f. Donc oui, on est très excités de retourner là-bas. On a joué dans une cathédrale, je ne sais plus où c’était… en fait, je crois qu’il y a pas mal de cathédrales en France !

Beyoncé vous poursuit en jus�ce pour avoir plagié l’introduc�on de Halo . est-ce que cela va vous empêcher de faire plus d’albums de r’n’b ?(Rires) Non, nous espérons pouvoir résoudre ce conflit, et nous pourrons peut-être même collaborer ! J’adore ce�e chanson, toi tu l’aimes ?

Heu, non, pas vraiment. À part Beyoncé, qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?Hmm, surtout les nouvelles ! Je travaille de chez moi donc je mets souvent les nouvelles. Je regardais la pub pour l’IPad et il y a de la musique intéressante en arrière-plan que je te recommande (rires).C’est de la musique populaire que les gens reconnaissent, mais ils ont enlevé les paroles, je crois qu’il y a des chansons de Joy Division et de Wolf Parade .

Photos : JB.

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«Nous n’avions pas prévu que nos albums seraient faits de façon artisanale.»

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5. Dernier roundU n e d e r n i è r e i n t e r v i e w a v e c We A r e Wo l v e s , j o u a n t à l ’ U b u l o r s d ’ u n e s o i r é e I n r o c k s I n d i e C l u b a v e c R u s s i a n S e x t o y s e t Wa r p a i n t . U n e n o u v e l l e r e n c o n t r e f r a n c o - q u é b é c o i s e d a n s l e s l o g e s d e l a s a l l e r e n n a i s e , e t l a b o u c l e e s t b o u c l é e .

P h o t o : J B

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We Are Wolves

L e t r i o M o n t r é a l a i s We A r e Wo l v e s r ô d a i t d a n s l e s c o n t r é e s f r a n ç a i s e s e n m a i : n o u s l e s a v o n s v u f u r e t e r à l ’o m b r e d ’ u n e s a l l e d e c o n c e r t r e n n a i s e , l ’o c c a s i o n d e t a i l l e r u n e b a v e t t e s u r l e u r t r o i s i è m e a l b u m , l e u r d é f i n i t i o n d e l a p o p e t l ’a r t c o n t e m p o r a i n .

Alexander Or�z, Vincent Levesque et Antonin Marquis frappent de nouveau en 2010 avec la sor�e outre-Atlan�que d’Invisible Violence, troisième du nom après Non stop je te plie en deux et Total magique. Ce dernier comportait quelques uns des tubes qui ont fait le cocktail de la réussite de We Are Wolves : electro-rock, distorsions, refrains accrocheurs, goût prononcé pour l’ésotérisme et l’énergie contradictoire d’un mélange

d’amour et de haine (Fight & Kiss).Comment se présente le cru 2010 des loups magiques ?

Plutôt pas mal si on en croit les refrains punchy de Paloma et de Blue, l’évolu�on du chant d’Alexander Or�z façon Pop Levi sur Golden Hands, même si on regre�e les chemins un peu faciles empruntés par Near Fear, �tre qui lasse au bout de quelques écoutes. On sent toutefois que le

Photo : Philippe Remond

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Mai 2010 - Rennes,L’Ubu

En 2007, vous considériez Total magique comme votre premier véritable album après Non stop je te plie en deux. Quelle nouvelle étape avez-vous franchie avec Invisible Violence ?Vincent : On a réussi à être plus proches de nos idées en termes de composi�on. C’était un défi différent qu’on s’est donnés, on voulait être plus mélodiques. Et je pense qu’on a réussi.

Vincent, dans une interview avant la réalisa�on de l’album, tu disais vouloir faire quelque chose de plus produit ?Vincent : Plus produit pour nous, mais ça reste un truc assez rough [brut, ndlr].Alexandre : On est arrivés plus près de ce que l’on voulait. Les sons se placent mieux et existent dans un environnement, plutôt que ce soit complètement lancé et que tu saches pas comment t’y prendre.Les �tres ont-ils été créés pour le studio ?Alexandre : Il y avait des chansons qui existaient déjà pendant qu’on jouait Total magique, deux ou trois chansons écrites entre deux tournées, et trois chansons qui ont été écrites pour travailler en studio.Vincent : La plupart ont été créées pour l’occasion, dans l’idée de sor�r un nouvel album.

L’album commence avec Paloma et des paroles en espagnol, quelle

groupe a abordé ce nouvel album en souhaitant construire son entreprise avec soin.

Sur la scène de l’Ubu à Rennes, en ce�e chaude après midi de mai, la fin du concert vire à la grand messe WAW. Le public monte sur scène pour un dernier �tre en plein délire électrique. Il faut dire que le trio avait su ménager les troupes : « On est super heureux de jouer en Bretagne, on a�endait ça depuis longtemps. A Montréal, on a servi dix ans dans un bar breton, et ce ne sont vraiment pas les meilleures personnes avec qui faire la fête si on veut se lever le lendemain ! ».

Si les �tres de Total magique sont toujours aussi efficaces, les nouveaux morceaux �rent leur épingle du jeu. Wire raffle la mise ( « I could be your man, I could be your wife » pour le refrain entrainant, des guitares très New Order période Ceremony pour la mélodie), le pe�t train de Summer�me pas loin derrière.Plus tôt dans la soirée, on s’entretenait avec We Are Wolves du nouvel album, de la pop et de leur concert au Musée d’art contemporain de Montréal.

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énergie associez-vous à ce�e langue ?Alexandre : Le fait que ce soit en espagnol, c’est simplement parce que c’est une chanson pour ma fille, qui s’appelle Paloma. J’ai grandi en espagnol avec mes parents, c’était une façon de lui communiquer ce�e tradi�on, de généra�on en généra�on, en espérant qu’elle puisse parler l’espagnol elle aussi.

L’album a été enregistré dans les studios de Radwan, Hotel2Tango, et avec l’aide d’un membre de Wolf Parade. Qu’est ce qu’ils vous ont apporté ?Vincent: Une vision plus pop que, souvent, on n’ose pas avoir. Un regard extérieur sur les structures des chansons. Parfois pour nous, le moment fort d’une chanson ce n’est pas le même que pour un autre auditeur. Radwan nous a amené…beaucoup d’humour aussi !Alexandre : Il a une vision assez différente de la musique en général, il a travaillé et joué avec différents groupes, que ce soit du hardcore ou de la musique pop française ou intellectuelle…il y a tout une approche qui fait que notre vision, plus la sienne, plus les idées d’Hadji et Arlen de Wolf Parade, ça a donné quelque chose de différent.

Comment se traduit l’aspect plus pop de votre musique ? Moins de distorsions par exemple ?Alexandre : Nous, on la considère

We Are Wolvescomme plus pop, mais je me demande jusqu’à quel point…Vincent : Ca arrive souvent qu’on veuille quelque chose de plus pop mais c’est clairement notre défini�on de « pop ».Alexandre: Sur cet album, on a peut-être des mélodies pus accessibles, plus accrocheuses. Le son reste granuleux et saturé. On a des chansons plus down tempo aussi, ne serait-ce que 20 BPM de moins, c’est beaucoup pour nous. Bon, pour quelqu’un qui écoute Vivaldi, ça va vite !

Dans le clip de Blue, on dirait que vous avez poussé à fond la symbolique ésotérique des triangles…Comment avez-vous travaillé avec les danseurs ?Alexandre : Ca a été tourné dans les Lauren�des. Un de mes amis a un chalet dans le nord. On a trouvé deux danseurs qui sont à l’Université Concordia à Montréal, celle où nous é�ons également. J’ai un ami avec qui ont a fait des clips qui travaille à Concordia aussi, qui avait accès à du matériel et qui connaissait des danseurs.

A Montréal, la scène des arts visuels est assez présente, notamment par des fes�vals Elektra et Mutek. Ca vous intéresse ?Alexandre : Oui, mais je ne pense pas que ce soit nécessairement une scène qui soit reliée à nous.Vincent : Malgré le fait qu’on

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s’intéresse à des ar�stes qui font par�e de ce�e scène.Alexandre : On a jamais joué dans un contexte de Mutek..

Vous n’aviez pas fait un concert au Musée d’art contemporain de Montréal ?Vincent : Oui, c’est sûr qu’on est proche des arts mais Mutek par exemple est un truc de nouveaux médias, très précis et pas vraiment représenta�f de l’art visuel en général.Alexandre : Même si on arrive à incorporer des éléments des arts visuels dans nos performances, il n’y a jamais de projec�ons qui sont synchées (synchronisées, ndlr) avec la musique.

Qu’est ce que vous écoutez sur la route en ce moment ?Alexandre : Leonard Cohen, John Lennon, on écoute Vangélis aussi ! (Rires) C’est rare qu’on écoute des choses vraiment heavy sur la route. Peut-être que le prochain album va être vraiment spirituel.Vincent : Ou peut-être qu’au contraire on va arrêter d’écouter des trucs heavy pour pouvoir en jouer !

Vous avez déjà des idées pour le nouvel album ?Alexandre : Oui des idées, des concepts, on a déjà deux chansons qu’on travaille en ce moment…On les a jouées au Musée d’art contemporain. L’une d’elles est beaucoup plus slow, beaucoup plus longue aussi. Elle dure

six minutes et elle est très minimale.

Quelle forme avait votre concert au Musée ?Vincent : Il y a deux étages dans le Musée, et c’était dans la salle du bas qui est une salle mul�média où il y a en général des projec�ons. C’est une salle noire. Une scène a été construite pour l’occasion. On a fait une pe�te installa�on en hommage à Joseph Beuys, un ar�ste allemand qu’on aime beaucoup. On a recréé une performance qu’il avait faite à New York. C’était lui et un coyote dans une galerie pendant une semaine. On s’est trouvé un coyote, qui n’était évidemment pas vivant, puis on a pris un ami pour jouer Joseph Beuys, ainsi qu’un theremin.Alexandre : Ce serait cool qu’on retrouve la vidéo…

Vous êtes en tournée avec Warpaint, vous avez discuté avec elles ?Antonin : On est en tournée deux semaines et demi, et on a joué quatre soirs avec elles.Vincent : Elles sont super cool et très bonnes musiciennes. Elles sont meilleures que nous !Alexandre : On n’est pas des vrais musiciens…on a un certain plaisir à dire ça aussi…

Vous êtes autodidactes, quoi…Alexandre : On peut dire ça ! (rires)

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«Ca arrive souvent qu’on veuille quelque chose de plus pop mais c’est clai-rement notre définition de la pop»

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Juin 2011 - Montréal sessions - Julia Bource

The End