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NUMÉRO 32 - Spécial Concours National de la Résistance et de la Déportation 2001-2002 - Décembre 2001 La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, la Fondation de la Résistance et la Fondation Charles de Gaulle présentent leur dossier pédagogique préparatoire au Concours National de la Résistance et de la Déportation DEPORTATION ET PRODUCTION LITTERAIRE ET ARTISTIQUE DEPORTATION ET PRODUCTION LITTERAIRE ET ARTISTIQUE © Serge Cogan

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NUMÉRO 32 - Spécial Concours National de la Résistance et de la Déportation 2001-2002 - Décembre 2001

La Fondation pour la Mémoire de la Déportation,la Fondation de la Résistance et la Fondation Charles de Gaulle

présentent leur dossier pédagogique préparatoire auConcours National de la Résistance et de la Déportation

DEPORTATION ETPRODUCTION

LITTERAIREET ARTISTIQUE

DEPORTATION ETPRODUCTION

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 3

THEMECONNAISSANCE DE LA DÉPORTATION ET PRODUCTIONLITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE « Recherchez et analysez destémoignages et des documents de différente nature vous permettantd’approfondir vos connaissances sur l’histoire de la déportation et de larésistance dans les camps de concentration Nazis ».

PARTICIPATIONLe concours et ouvert aux élèves des établissements publics ou privéssous contrat, aux élèves des établissements d’enseignement agricole,à ceux des établissements relevant du ministère de la Défense et desétablissements français à l’étranger. (Voir B.O Education NationaleN°31 du 30 avril 2001).

A l’issue du concours National de la Résistance et de la Déportation 2001-2002, les trois Fondations organisent un concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire sur la Résistance ou la Déportation.

Photos à envoyer avant le 14 juillet 2002 à : Concours de la meilleure photo d’un lieu de Mémoire – Fondation de la Résistance – 30, boulevard des Invalides – 75 007 Paris

Règlement à consulter préalablement sur sites Internet suivants www.fondationresistance.com, www.fmd.assoc.fr ou www.charles-de-gaulle.org

Concours National 2001/2002 de la Résistance et de la Déportation

Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire

ProblématiqueSOMMAIRE Mémoire Vivante – N° 32 – Décembre 2001

Problématique........................................................................................................................................... 3Rappel du contexte historique................................................................... 4

Généralités.................................................................................................................................................... 10Les dessins...................................................................................................................................................... 12Ecrits et poèmes............................................................................................................................. 15Les objets ........................................................................................................................................................ 19Cas particuliers : Terezin dessins et poèmes d’enfants...................................................................... 20Musique.................................................................................................................................................................. 22En marge des camps.......................................................................................................... 24

ŒUVRES DES DÉPORTÉS RESCAPÉS

Introduction................................................................................................................................................ 25Immédiates (1945-1948)........................................................................................ 26Ultérieures

– témoignages littéraires.......................................................................... 28– poésie....................................................................................................................................................... 30– peintures.......................................................................................................................................... 31

ŒUVRES DE NON DÉPORTÉS

Œuvres littéraires....................................................................................................................... 32Théâtre...................................................................................................................................................................... 34Photographie ........................................................................................................................................ 35Cinéma...................................................................................................................................................................... 36Muséographie....................................................................................................................................... 39Art monumental .......................................................................................................................... 41Peinture................................................................................................................................................................... 43Sculpture............................................................................................................................................................. 44Musique, chorégraphie................................................................................................ 45

Orientations bibliographiques, filmographiqueset musicographiques....................................................................................................................... 47Annexe générale...................................................................................................................................... 50

a réalité concentrationnaire, encore mal connue,est abordée souvent, dans notre système éducatif, enmarge de l’histoire du second conflit mondial et de cefait demeure mal connue. Son étude trouverait pourtantnaturellement place dans les programmes de philoso-phie, littérature, sciences humaines, instruction civique,art, en ce qu’elle touche à l‘universelle question du res-pect de la dignité de la personne humaine.Aborder ce thème sous l’angle de la production litté-raire et artistique constitue une approche inédite et plu-ridisciplinaire du phénomène concentrationnaire.Inédite parce que rares et sélectives sont les études defond traitant de cette question pluridisciplinaire parceque touchant à tous les domaines où s’exerce l’activitéartistique créatrice de l’homme : littérature, poésie, des-sin, peinture, musique, sculpture, cinéma, théâtre, cho-régraphie, etc.…Il ne s’agit pas d’épuiser le sujet, mais de chercher à leverune partie du voile, en révélant ce que l’expression artis-tique explicite de l’univers concentrationnaire, dans cequ’il eût de plus sombre ou de plus héroïque. Nous dis-tinguerons dans ce qui suit, parmi les œuvres d’art quise proposent de rendre compte de la réalité concentra-tionnaire, celles exceptionnelles qui furent créées dansles camps ; celles qui suivirent la période des camps ;celles enfin d’artistes contemporains non déportés.Le champ d’investigation est vaste, ce qui facilite leschoix et l’orientation finalement retenue. Le dossierqui suit n’a pas et ne peut avoir pour vocation d’évoquerl’intégralité du thème ; il fournit des pistes et donnequelques clés qui devraient faciliter le travail de rechercheet de réflexion des enseignants et des candidats. ■

L

«Je vous en supplieFaites quelques choseApprenez un pas, une danseQuelque chose qui vous justifieQui vous donne le droitD’être habillés de votre peau, de votre poilApprenez à marcher et à rireParce que ce serait trop bête à la finQue tant soient mortsEt que vous viviezSans rien faire de votre vie»

(Charlotte Delbo)

La réflexion sur le passé participe àla formation de l’homme et de laconscience du citoyen. Elle préserve

de la superficialité, source de toutes lesdérives, en donnant au jugement le reculet la profondeur nécessaires.Un système violent, criminel et raciste,le nazisme, a pu se développer parce quedes hommes ont rompu brutalement lachaîne de l’histoire. De l’avenir, leurvision se réduisait à l’adoption de solu-tions immédiates et expéditives pourremédier aux problèmes du présent telqu’ils l’appréhendaient, et sur lesquellesils comptaient bâtir pour l’éternité.Funeste et affligeante rupture, degré zérode la pensée humaine dont des millions

d’être humains, allaient être victimes !Il fallait que le sort tragique et les souf-frances de ces victimes fussent portés àla connaissance d’autres hommes. Cefut et cela reste la mission sacrée de l’hé-ritage littéraire et artistique issu dudrame de la déportation et des géno-cides Juif et Tzigane.Preuve qu’une espérance existait au cœurde la plus extrême désolation, il affirmela prééminence de l’esprit. Œuvre d’art,défiant le temps, il est négation de lamort.En facilitant la connaissance de ce patri-moine nous avons souhaité participer àsa transmission tout autant qu’à la for-mation d’une conscience adulte chez

toutes celles et tous ceux qui refusentd’être superficiels. Nos vœux et nos encouragements lesaccompagnent dans leur démarche.

MARIE-JOSÉ CHOMBART DE LAUWE

Présidente de la Fondation pour la Mémoire de laDéportation

YVES GUENA

Président de la FondationCharles de Gaulle

JEAN MATTÉOLI

Président de la Fondation de la Résistance

Catégories de participants Types d’épreuves, durées et dates Observations

1ère Catégorie Vendredi 8 mars 2002 Sujet défini par un jury départemental. Classes de tous les Lycées Devoir individuel de 3h30, Travaux transmis aux directeurs des services (voie générale, technologique, en classe, sous surveillance départementaux de l’Education Nationale professionnelle ) sans document pour le 22 mars 2002

2e Catégorie Travail collectif portant sur Envoi aux directeurs des services départementaux de Classes de tous les Lycées le thème. (Aucun travail l’Education Nationale. (Date limite 22 mars 2002)(voie générale, technologique, individuel n’est admise) Les Lycées français de l’étranger peuvent envoyerprofessionnelle ) Date de remise : 22 mars 2002. directement au Ministère de l’Education Nationale

3e Catégorie Devoir individuel de 2h30, en classe, Sujet défini par un jury départemental. Travaux transmis Classes de 3e des Collèges sous surveillance sans document. aux directeurs des services départementaux de

Vendredi 8 mars 2002 l’Education Nationale pour le 22 mars 2002

4e Catégorie Travail Collectif portant sur Envoi aux directeurs des services départementaux de Classes de 3e des Collèges le thème. (Aucun travail l’Education Nationale (Date limite 22 mars 2002).

individuel n’est admis) Les Lycées français de l’étranger peuvent envoyerDate de remise : 22 mars 2002 directement au Ministère de l’Education Nationale

Première partieLA CRÉATION PENDANT LA PÉRIODE CONCENTRATIONNAIRE

Deuxieme partieCRÉATION ET PRODUCTION DE LA PÉRIODEPOST CONCENTRATIONNAIRE

Préface

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4 Concours National de la Résistance et de la Déportation

- en zone sud: Combat, Libération sud, Franc-Tireur, Forces Unies de la Jeunesse,Témoignage Chrétien, Libérer Fédérer. Les réseaux se développent en se spécialisant :renseignement (CND Castille, Alliance), éva-sions (Ligne Comète), action (SOE et FranceLibre). Les sabotages et les attentats se mul-tiplient.FÉVRIER : création en zone sud des Groupes-Francs par Jacques Renouvin.MAI : grande grève dans les Houillères du Nordet du Pas-de-Calais.15 MAI : création du Front National par le Particommuniste.22 JUIN : l’Humanité clandestine appelle à lalutte contre l’occupant et les collaborateurs.21 AOÛT : le responsable communiste PierreGeorges (futur Colonel Fabien) abat un aspi-rant allemand à Paris24 DÉCEMBRE : le général de Gaulle nommeJean Moulin délégué en zone sud.

1942JANVIER : Jean Moulin parachuté en France,zone sud.MARS : naissance des FTPF (Francs tireurs etpartisans français).AVRIL : Voyage à Londres de Christian Pineauqui ramène le premier message politique dugénéral de Gaulle à la Résistance intérieure.1ER MAI ET 14 JUILLET: à l’appel de la Résistanceet de la France libre, de nombreuses mani-festations ont lieu dans les grandes villes.30 OCTOBRE : le général Delestraint devientchef de l’Armée Secrète.NOVEMBRE : Invasion de la zone sud et dis-solution de l’armée d’armistice (le 11). Unepartie des cadres crée l’ORA (organisation dela résistance de l’armée) (le 29).

194312 JANVIER : adhésion du parti communisteà la France Combattante.26 JANVIER : fusion des trois principaux mou-vements de zone sud (Combat, Franc-Tireur,Libération) qui donnent naissance aux MUR(Mouvements Unis de la Résistance).FIN FÉVRIER 1943, nombreux sont les réfrac-taires au STO. PRINTEMPS : La mission Brossolette-Passyaboutit à la coordination des grands mouve-ments de l’ex-zone Nord. Deuxième missionde Jean Moulin. Il revient en France commereprésentant du général de Gaulle, chargé decréer et de présider le Conseil National de laRésistance-CNR- (15 mai).27 MAI : première réunion du CNR sous la pré-sidence de Jean Moulin.JUIN : arrestation du général Delestraint (le 8à Paris) et de Jean Moulin et de ses compa-gnons (le 21 à Caluire).14 JUILLET ET 11 NOVEMBRE : manifestationsde masse et grèves dans les grandes villes.30 AOÛT : Georges Bidault devient présidentdu CNR.AUTOMNE : la Délégation Générale et le CNRcommencent à préparer clandestinement lamise en place de l’administration de la Francelibérée.

11 NOVEMBRE : Investissement temporaired’Oyonnax par les maquisards.29 DÉCEMBRE : accord FTPF-AS (Francs TireursPartisans Français et Armée Secrète) qui pré-figure la formation des Forces Françaises del’Intérieur.

19445 JANVIER : les MUR (Mouvements Unis de laRésistance) intègrent une partie des mouve-ments de zone nord et deviennent«Mouvement de Libération nationale» (MLN).FÉVRIER : création des Forces Françaises del’Intérieur par la fusion des formations mili-taires des mouvements de Résistance et del’Organisation de Résistance de l’Armée avecles maquis et les groupes francs. Les FFI sontplacées sous le commandement du généralKoenig.15 MARS : Publication du programme du CNR.4 AVRIL : François Billoux et Ferdinand Greniermandatés par le PCF entrent au ComitéFrançais de Libération Nationale (CFLN).3 JUIN : le CFLN prend le titre deGouvernement provisoire de la Républiquefrançaise (GPRF).6 JUIN : la Résistance exécute les plans de sabo-tage prévus par les Alliés, retardant l’arrivéedes renforts allemands sur le front deNormandie. La guérilla se développe sur toutle territoire.9 AOÛT : ordonnance promulguée à Algerrétablissant la légalité républicaine enMétropole.19-25 AOÛT : libération de Paris par les FFI etla 2e DB (Division Blindée) du général Leclerc.15 SEPTEMBRE : création des cours spécialesde Justice chargées de la répression des faitsde collaboration.23 SEPTEMBRE : publication de décrets incor-porant les FFI dans l’Armée.26 DÉCEMBRE : ordonnance sur la dégrada-tion nationale.

194510 FÉVRIER : la première armée française (quis’est renforcée de volontaires F.F.I.) et destroupes américaines achèvent de libérerl’Alsace.

Résistance extérieurechronologie sommaire

194017 JUIN : le général de Gaulle gagnel’Angleterre.18 JUIN : à vingt heures, sur les ondes de laB.B.C., appel du général de Gaulle à pour-suivre le combat et à résister.22 JUIN : création des premiers comités fran-çais libres à l’étranger pour soutenir le géné-ral de Gaulle.19-26 JUIN : ralliement des hommes de l’île deSein au général de Gaulle.

28 JUIN : le général de Gaulle devient chef desForces Françaises Libres constituées de volon-taires évadés de métropole.1ER JUILLET : création des Forces navales etaériennes Françaises Libres (FNFL et FAFL) parle général de Gaulle.13 JUILLET : première émission de la BBC, les«Français parlent aux Français ».AOÛT : le Tchad, grâce à Félix Eboué, rallie laFrance Libre, suivi de Fort Lamy, Douala etBrazzaville.7 AOÛT : accord gouvernement britannique-de Gaulle consacrant la reconnaissance de laFrance Libre.SEPTEMBRE : ralliement du Cameroun, deTahiti, des établissements de l’Inde et de laNouvelle Calédonie.24 SEPTEMBRE : échec anglo-gaulliste devantDakar.25 SEPTEMBRE : ralliement d’une partie del’AEF à la France Libre.27 OCTOBRE : à Brazzaville de Gaulle crée leConseil de défense de l’Empire.12 NOVEMBRE : prise du Gabon et ralliementde toute l’AEF à la France Libre.16 NOVEMBRE : création de l’ordre de laLibération.

194111 JANVIER : raid du général Leclerc surMourzouk en Libye.23 FÉVRIER : prise de Cub-Cub en Ethiopie parun bataillon du Tchad.1ER MARS : prise de Koufra où le généralLeclerc prête serment de ne déposer les armesqu’à la libération de Strasbourg.26 MARS : victoire de Keren en Erythrée par lesFFL combattant avec les Anglais.JUIN-JUILLET : FFL et Anglais occupent la Syrie.24 SEPTEMBRE : constitution à Londres duComité National de la France Libre, reconnupar l’URSS (le 26).8 OCTOBRE : La France Libre élargit son ser-vice de renseignement (2e bureau) en unBureau Central de Renseigne-ments etd’Action (BCRA) chargé de missions de sabo-tage et de liaisons avec les mouvements deRésistance.

19421ER MARS : Le général Leclerc détruit les postesitaliens du Fezzan.27 FÉVRIER : opération militaire de Bruneval,organisée entre la France Libre et la Résistanceintérieure. Destruction d’un important posteradar allemand.11 JUIN : après 14 jours de combats sur sespositions, la 1e Brigade Française Libre romptl’encerclement à Bir Hakeim et rejoint lesforces alliées.14 JUILLET : la France Libre prend le nom deFrance Combattante incluant la RésistanceIntérieure.19 AOÛT : les FNFL et les FAFL participent àun raid allié sur Dieppe.23 OCTOBRE-3 NOVEMBRE : combats d’El-Alamein (Egypte) et victoire sur Rommel.Plusieurs unités françaises Libres (1e BFL, 2e

BFL) participent à la bataille.

Concours National de la Résistance et de la Déportation 5

Rappel historique

Le conflit mondialchronologie sommaire

194010 MAI : offensive allemande en Belgique,Pays-Bas, Luxembourg puis en France.13 MAI : rupture du Front français à Sedan.Mai-juin : exode de la population françaisefuyant devant l’avancée allemande.10 JUIN : l’Italie déclare la guerre à la Franceet à la Grande Bretagne.22 JUIN : signature de l’armistice à Rethondes.La France est démembrée.7 OCTOBRE : entrée des troupes allemandesen Roumanie.

1941MARS : entrée des Allemands en Bulgarie.AVRIL : invasion de la Grèce et de laYougoslavie.22 JUIN : attaque allemande contre l’URSS(plan Barbarossa).AOÛT : défaites successives de l’Armée Rouge.SEPTEMBRE : début du siège de Léningrad.OCTOBRE-NOVEMBRE : offensive allemandecontre Moscou.DÉCEMBRE : contre-offensive soviétique. Échecde la Wehrmacht devant Moscou.7 DÉCEMBRE : Pearl Harbour. Entrée en guerredes États-Unis (le 8).

1942NOVEMBRE : les Allemands sont bloqués àStalingrad.En Libye déroute de l’Afrika Korps qui se replieen Tunisie.8 NOVEMBRE : débarquement anglo-améri-cain en Afrique du nord.11 NOVEMBRE : l’amiral Darlan reconnu par

les États-Unis prend le pouvoir en Afrique dunord.24 DÉCEMBRE : le général Giraud prend lepouvoir en Afrique du nord après l’assassinatde Darlan.15 DÉCEMBRE : fin de la contre offensive sovié-tique, encerclement de Stalingrad par lesRusses.

1943JANVIER : l’Armée Rouge met fin au siège deLeningrad.14-24 JANVIER : conférence interalliée deCasablanca.31 JANVIER : capitulation de l’armée alle-mande à Stalingrad.AVRIL : début de la retraite allemande enTunisie.12 MAI : la campagne de Tunisie prend finavec la reddition des forces de l’Axe com-mandées par Von Arnim en Tunisie (250 000prisonniers).10 JUILLET : débarquement anglo-américainen Sicile.3 SEPTEMBRE : débarquement allié en Italie.8 SEPTEMBRE : après le renversement deMussolini, le général Badoglio, devenu chefdu gouvernement italien, signe l’armisticeavec les Alliés et déclare la guerre àl’Allemagne.12 SEPTEMBRE : Mussolini délivré par lesAllemands, crée à Salo (lac de Garde) uneRépublique socialiste italienne pour continuerle combat contre les Alliés.

194411 JANVIER : Mussolini fait fusiller son gendrele Conte Ciano qui avait voté pour l’arrêt descombats.FÉVRIER-MARS : bataille de Monte Cassino àl’occasion de laquelle la Corps expéditionnairefrançais se distingue.2 JUIN : prise de Rome par les Alliés, après lavictoire de Monte Cassino.

6 JUIN : débarquement allié en Normandie.20 JUILLET : attentat contre Hitler par des offi-ciers allemands qui voulaient obtenir une paixséparée avec les alliés occidentaux.16 DÉCEMBRE : contre offensive des Allemandsdans les Ardennes.

194512 FÉVRIER : signature des accords de Yalta.19 AVRIL : entrée des soviétiques à Berlin.25 AVRIL : jonction à Torgau sur l’Elbe destroupes américaines et soviétiques.27-28 AVRIL : exécution de Mussolini.30 AVRIL : suicide d’Hitler.2 MAI : capitulation des armées allemandesd’Italie.8 MAI : capitulation de l’Allemagne nazie.AOÛT : bombes atomiques sur Hiroshima (le 6)et Nagasaki (le 9).2 SEPTEMBRE: capitulation définitive du Japon.

Résistance intérieurechronologie sommaire

1940ÉTÉ : Les premières attitudes de refus de ladéfaite sont le fait d’initiatives individuelles : - Jean Moulin, Préfet d’Eure-et-Loir, tente dese suicider, à Chartres (17 juin), plutôt que designer un texte déshonorant pour l’arméefrançaise,- graffitis hostiles à l’occupant, tracts (EdmondMichelet à Brives…),- aide aux soldats anglais ou français par desfilières d’évasion en formation,- récupération d’armes, de munitions et devéhicules abandonnés par les troupes endéroute,- premiers sabotages qui sont autant dedémonstrations d’hostilité à l’occupant,- constitution de noyaux d’opposition à l’oc-cupant et à Vichy (comme le réseau dit duMusée de l’Homme).10 JUILLET : 80 parlementaires s’opposent auvote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain.Appel du Parti communiste français, dit du10 juillet.AOÛT : création des premiers réseaux de ren-seignement rattachés à la France Libre (réseauSaint Jacques) et aux Britanniques ou prise decontact avec des groupes constitués (réseaupolonais F2).11 NOVEMBRE : première manifestationpublique d’opposition contre l’occupant : desétudiants et lycéens manifestent à l’Arc deTriomphe de Paris.

1941Développement des mouvements souventautour d’un journal clandestin :- en zone nord: Organisation Civile et Militaire,Ceux de la Résistance, Défense de la France,Libération nord, Ceux de la Libération,

RAPPEL DU CONTEXTE HISTORIQUEn enchaînement d’événements complexes depuis l’accession d’Hitler au pou-

voir en Allemagne (1933) jusqu’à l’embrasement de l’Europe et du monde, a conduitnotre pays d’un désastre militaire sans précédent, sanctionné par un armisticehumiliant, au sursaut salutaire qui lui permettra finalement de poursuivre le com-bat, de participer à l’écrasement du nazisme et de mettre un terme, en France, aurégime de Vichy.Il reste que la défaite et l’armistice ont été suivis par l’occupation et la colla-boration, avec leur interminable cortège d’arbitraire, d’injustice, d’antisémi-tisme, de racisme, de massacres et de tortures entraînant à leur suite deuxphénomènes liés à bien des égards : – celui du refus d’abord, concrétisé par l’appel du général de Gaulle et la nais-sance d’une Résistance nationale à deux volets, extérieur et intérieur ; – celui du drame de la Déportation, dont le monde n’a réalisé l’ampleur et l’horreurqu’à la libération des camps et dont furent victimes, souvent avec la complicité de«l’État français» de nombreux Français et Étrangers immigrés ou réfugiés en France.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 76 Concours National de la Résistance et de la Déportation

11 NOVEMBRE: création du groupe Normandie-Niemen en URSS.16 DÉCEMBRE : le général Leclerc entreprendla conquête du Fezzan : objectif Tripoli.

194313 JANVIER : le général Leclerc fait sa jonc-tion avec la 8e Armée de Montgomery enLibye.24 JANVIER : entrevue de Gaulle - Giraud àAnfa.1ER FÉVRIER : création de la 1e division FrançaiseLibre.28 MARS : le général Leclerc engagé aux côtésde la 8e Armée de Montgomery dans la cam-pagne de Tunisie libère Gabès.30 MAI : le général de Gaulle s’installe à Alger.3 JUIN : formation du Comité Français deLibération Nationale (CFLN), présidé par lesgénéraux de Gaulle et Giraud.1ER AOÛT : nouvelle répartition des pouvoirsentre les généraux de Gaulle et Giraud.26 AOÛT : le CFLN est reconnu par les Alliés(États-Unis, Grande Bretagne etCommonwealth, URSS, Chine et Étatsd’Amérique Latine).13 SEPTEMBRE : débarquement en Corse d’unbataillon de choc des FFL.17 SEPTEMBRE : création de l’Assembléeconsultative d’Alger.9 NOVEMBRE : le général de Gaulle seul pré-sident du CFLN.AUTOMNE : libération de la Corse (le 5octobre). Envoi d’un corps expéditionnaire enItalie. Le CFLN commence à envoyer enMétropole des délégués civils et militairespour préparer la libération et la nouvelleadministration du territoire avec la Résistanceintérieure.

1944Le corps expéditionnaire français du généralJuin s’illustre en Italie.10 JANVIER : à Alger, une ordonnance crée lescommissaires de la République.21 AVRIL : ordonnance du CFLN organisant enFrance les pouvoirs publics après la libération.15 MAI : l’Assemblée Consultative invite leCFLN à se transformer en gouvernement pro-visoire de la République.2 JUIN : le CFLN devient gouvernement pro-visoire de la République française (GPRF), legénéral de Gaulle en devient le chef (le 3).4 JUIN : entrée des alliés à Rome.17 JUIN : prise de l’île d’Elbe par la 1ère Arméefrançaise. Parachutage du bataillon Bourgoinà Saint Marcel (Bretagne).15 AOÛT : débarquement de Provence (géné-ral de Lattre de Tassigny).25 AOÛT : Le général Leclerc entre à Parisinsurgé depuis le 19 août. Reddition destroupes allemandes de Paris.31 AOÛT : installation du général de Gaulleet du GPRF à Paris.23 NOVEMBRE : Le général Leclerc libèreStrasbourg.

19454 MAI : la 2e DB s’empare de Berchtesgaden.

Vichy et l’occupation allemande

chronologie sommaire

194016 JUIN: démission de Paul Reynaud. Formationà Bordeaux du gouvernement Pétain.17 JUIN : Pétain demande l’Armistice (signa-ture le 22).10 JUILLET : le Parlement réuni à Vichy voteles pleins pouvoirs à Pétain. Fin de la IIIe répu-blique. Début de l’État français.22 JUILLET : une loi institue une commissionchargée de réviser toutes les naturalisationsaccordées depuis 1927. 15 000 citoyens dont 6 000 juifs perdent lanationalité française.2 AOÛT : le «colonel de Gaulle» est condamnéà mort par contumace par le tribunal militairede Clermont-Ferrand.20 SEPTEMBRE : le retour en zone occupée estinterdit aux Juifs et aux étrangers.27 SEPTEMBRE : première ordonnance alle-mande prescrivant en zone occupée le recen-sement des juifs.3 OCTOBRE : premier statut des juifs décrétépar le régime de Vichy en France.24 OCTOBRE : entrevue de Montoire entreHitler et Pétain, engageant la France dans lacollaboration.NOVEMBRE : arrestation de communistes dansles deux zones.13 DÉCEMBRE : arrestation de Laval sur ordrede Pétain.

1941MAI : arrestation à Paris de juifs étrangers.2 JUIN : second statut des juifs publié à Vichy.12 AOÛT : Vichy interdit toute réunionpublique.Discours du Vent mauvais de Pétain.14 AOÛT : Un serment de fidélité à la per-sonne du Chef de l’État est désormais exigédes hauts fonctionnaires, magistrats et mili-taires.16 SEPTEMBRE : le maréchal Keitel adresse unordre : pour tout soldat allemand tué, 50otages seront exécutés.30 SEPTEMBRE : Otto von Stülpnagel publiele « code des otages».12 OCTOBRE : la Légion de Volontaires Françaisprête serment à Hitler.21 OCTOBRE : exécution de 50 otages dont 27à Chateaubriand en représailles de l’attentatde Nantes.7 DÉCEMBRE : le maréchal Keitel signe ledécret « Nuit et Brouillard » instaurant uneprocédure secrète contre les résistants despays d’Europe de l’Ouest pour les fairecondamner et «disparaître» dans le Reich.

194219 FÉVRIER : procès de Riom (il sera suspendule 14 avril).

27 MARS : départ du 1er convoi de déportésraciaux de France.17 AVRIL : démission de Darlan et retour deLaval au pouvoir.7 JUIN : en zone occupée, tous les juifs de plusde six ans sont obligés de porter « l’étoilejaune ».22 JUIN : discours radiodiffusé de Laval : « jesouhaite la victoire de l’Allemagne».4 JUILLET : le gouvernement de Vichy donneson accord à la déportation de Juifs étrangersdes deux zones.16-17 JUILLET : rafle du Vel d’Hiv à Paris.27-28 AOÛT : Rafles des Juifs en France dansla zone non occupée (environ 7 000 per-sonnes).30 AOÛT : le cardinal Saliège proteste àToulouse contre la persécution des Juifs.11 NOVEMBRE : occupation allemande de lazone sud de la France.

194330 JANVIER : création de la Milice françaisepar le gouvernement de Vichy.16 FÉVRIER : instauration du Service du TravailObligatoire (STO) en Allemagne.

194420 JANVIER : institution de cours martialesexpéditives contre « les activités terroristes».27 JANVIER : la Milice étend ses activités enZone Nord.26 MARS : avec l’aide des miliciens, lesAllemands attaquent le maquis des Glières.2 AVRIL : 86 otages massacrés à Ascq (Nord).26 AVRIL : Pétain à Paris prononce une allo-cution contre tout soutien à la Résistance.JUIN-JUILLET : les grands maquis (Saint-Marcel,Mont-Mouchet, Vercors) sont anéantis par lesAllemands.8 JUIN : la division das Reich se met en branlepour «exterminer les bandes terroristes».Mobilisation générale de la Milice contre lemaquis.8-9 JUIN : la division das Reich pend 99 habi-tants de Tulle.10 JUIN : massacre de 642 habitants d’Oradour-sur-Glane par la division das Reich.20 JUIN : assassinat de Jean Zay par les mili-ciens.7 JUILLET : assassinat de Georges Mandel parla Milice.19 JUILLET : attaque du Vercors par les troupesallemandes.7 SEPTEMBRE : départ de Pétain et de Lavalpour l’Allemagne.10 SEPTEMBRE : la législation de Vichy estabolie.

194526 AVRIL : Pétain rentre en France et estinterné au Fort de Montrouge.23 JUILLET-15 AOÛT : procès et condamnationpar la Haute Cour de Philippe Pétain à la peinede mort (commuée en détention à perpétuitépar le général de Gaulle).

NB : tous les sigles utilisés dans cette chronologiesont présentés pages 9.

LA DÉPORTATIONe nazisme est par essence un régime de terreur organisée, entretenue et exécutée

du haut en bas des structures de l’Etat. Arrivés au pouvoir à l’issue d’un processusparfaitement légal, les Nazis ont aussitôt investi tous les rouages de l’Etat et exploitéen détail et à leur profit ses arcanes juridiques. L’opposition est rapidement privéede suffrage, contrainte à l’exil ou emprisonnée. Toute velléité de vie démocratiqueest étouffée, toute opposition qualifiée de crime, tout désaccord d’hérésie.Travaillée par une propagande intense qui investit tous les relais éducatifs etles moyens de communication sans épargner les lieux de culte, la société alle-mande, encore traumatisée par la défaite de 1918 et les conséquences de la criseéconomique de 1929, adhère massivement aux projets pharaoniques du Führeret à sa doctrine de la « race supérieure ».L’Allemagne certes n’avait pas le monopole du racisme élitiste mais elle fut le seulEtat à l’ériger, par la volonté d’un homme et de son parti, en doctrine nationale deviolence raciste. Tout se passe comme si des siècles de civilisation, d’humanisme etde progrès étaient balayés d’un coup ; comme si des hommes, atteints d’une brusquerégression mentale ou frappée de démence collective, sombraient dans une espèced’ivresse mystique grossière, se livrant à une barbarie calculée et raffinée, auxapparences scientifiques soigneusement entretenues, et dont les camps de concen-tration et d’extermination furent l’expression la plus achevée.Ce document ne pouvant avoir pour objet de retracer l’histoire de la déporta-tion(1), largement évoquée dans le document antérieur diffusé pour le concours1999-2000, se limite à un tableau chronologique des événements. Des donnéesplus complètes peuvent être trouvées, si besoin, dans les documents cités enbibliographie à la rubrique «Histoire» ainsi que sur les sites Internet du muséede la Résistance et de la Déportation de Besançon, du musée de la RésistanceNationale de Champigny, de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation etde la Fondation de la Résistance(2).1. un cdrom « Mémoires de la Déportation » a été réalisé par la Fondation pour la Mémoire de la

Déportation en 1998. Sa consultation est recommandée.2. Voir adresses en annexe générale p.50.

L

Rappel historique

N

Principaux camps de concentration

Camps de concentration et d'extermination

Centres d'extermination

Centres d'euthanasie

Principaux camps d'internement

Kommandos dépendants des grands camps

Autres camps

MER DU NORD

MER BALTIQUE

AURIGNY

VOVES

CHÂTEAUBRIANT

BEAUNE-LA-ROLANDE

PITHIVIERS

NATZWEILLER-STRUTHOF

SCHIRMECKTHILL

ROMAINVILLE

DRANCYPARIS

COMPIEGNE HINZERT HADAMAR

DORA-MITTELBAU

VUGHT

ESTERWEGEN

PAPENBURGRAVENSBRÜCK

NEUENGAMME

BRANDENBURG

BERNBURG

BUCHENWALD

SONNENSTEINTHERESIENSTADT

FLOSSENBURG

SACHSENHAUSENBERGEN-

BELSEN

GRAFENECK HARTHEIM

DACHAU

MAUTHAUSEN

GROSSROSEN

BIRKENAU

MONOWITZ

AUSCHWITZ

KOBJERCYN

RAWA-RUSKA

BELZEC

MAJDANEK

SOBIBOR

TREBLINKA

STUTTHOF

RIGA-JUNGFER

BERNE

BRUXELLES

AMSTERDAM

HADAMAR

BERLIN

PRAGUE

VARSOVIE

VIENNE

BUDAPEST

CHELMNO

Gdansk(Dantzig)

Szcecin(Stettin)

Poznan

Wroclaw(Breslau)

Lublin

Cracovie

LinzMunich

Augsbourg

Strasbourg

Sarrebrück

Nancy

Nuremberg

Pilsen

Coblence

DresdeErfurt

Magdebourg

Hanovre

Brême

Hambourg

Danube

Main

Rhin

Mos

elle

Meuse

Weser

Elbe Oder

WartaVistule

Le système concentrationnaire : camps et principaux Kommandos.

Camps de concentration et d’extermination

chronologie sommaire1933

Ouverture de camps provisoires dont Börgemoor.20 JANVIER : Camp de Dachau.27 FÉVRIER : Camp d’Oranienburg.12 JUILLET : Camp de Sachsenhausen.

193716 AOÛT : Camp de Buchenwald.

1938MAI : Camp de Flossenbürg.JUILLET : Camp de Mauthausen.DÉCEMBRE : Camp de Ravensbrück.

1939AOÛT : Camp de Stutthof (1).

19404 MAI : Camp d’Auschwitz.4 JUIN : Camp de Neuengamme.

19416 AVRIL : Camps de Natzweiler-Struthof etGross-Rosen.21 JUILLET : Camp de Maïdanek.SEPTEMBRE : Premiers gazages à Auschwitz.8 DÉCEMBRE : Début des exterminations àChelmno.29 DÉCEMBRE: Décision d’utilisation des dépor-tés pour des expérimentations médicales.

Page 5: La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, la ... · NUMÉRO 32-Spécial Concours National de la Résistance et de la Déportation 2001-2002 - Décembre 2001 La Fondation pour

Concours National de la Résistance et de la Déportation 9

GLOSSAIREBlock • Baraquement, divisé en

plusieurs chambres (Stuben), où

dormaient les détenus entassés dans

les châlits. La promiscuité extrême,

l’absence d’hygiène, la vermine

partout présente faisaient du block

un terrain propice à de nombreuses

maladies (tuberculose, typhus…).

Sous l’autorité du Blockältester et des

Stubendienst souvent brutaux, dans

la peur permanente d’une intrusion

SS, dans un espace minimal, toujours

menacé de vol, le détenu n’y trouvait

jamais qu’un refuge précaire.

Blockältester • Détenu désigné

par l’administration SS pour diriger

un Block (doyen).

Chambre à gaz • La première a

été utilisée pour l’extermination des

malades mentaux de janvier 1940 à

août 1941. Pour assassiner, les gaz

utilisés sont le monoxyde de carbone

et le Zyklon B. Les corps sont ensuite

brûlés dans des fours crématoires ou

enterrés dans des fossés.

Gestapo – GeheimeStaatspolizei • Police secrète

d’État de l’Allemagne nazie.

Ghetto • Mot d’origine italienne,

s’emploie dès avant guerre pour des

quartiers regroupant la communauté

juive d’une ville. Les Nazis

enfermeront et affameront les

ghettos, jusqu’à l’évacuation de leur

population vers les camps de la

mort. Certains comme le ghetto de

Varsovie se révolteront.

Kapo • Détenu chargé par les SS de

la direction d’un Kommando de

travail. C’était souvent un détenu de

droit commun. Par extension, on

appelle Kapo le détenu chargé d’une

mission de surveillance.

Kommando • Détachement de

prisonniers affectés à une tâche.

Le terme désigne aussi le lieu de

détention d’un camp de

concentration regroupant des

prisonniers travaillant à l’extérieur

du camp.

Krematorium (fours crématoires)

• Les fours crématoires servaient à

brûler les cadavres des détenus morts

dans les camps. Il ne s’agit donc pas,

sauf exception, d’un procédé de mise

à mort, mais d’un moyen de faire

disparaître les morts rapidement et

sans laisser de traces. Ils étaient pour

ces raisons préférés aux charniers,

utilisés lorsque le nombre de morts

dépassait les capacités des

crématoires. La cheminée des

crématoires, d’où s’échappait la

fumée des déportés assassinés par

les nazis, est devenue le symbole des

camps de concentration.

K.Z. ou K.L. • L’une et l’autre de

ces abréviations viennent du mot

Konzentrationslager (camp de

concentration). K.Z. semble avoir été

plus usité dans les débuts et K.L.,

suivi de la première lettre du camp,

plus officiel ; exemple : KLM, camp de

concentration de Mauthausen.

Lagerschutz • Service d’ordre

intérieur, composé de détenus ;

membre de ce service d’ordre.

Marches de la mort • Devant

l’avancée des troupes alliées à l’Est

et à l’Ouest, les nazis décident de

vider les camps et de ramener les

déportés au cœur de l’Allemagne

dans d’autres camps. «Aucun

détenu ne doit tomber vivant aux

mains de l’ennemi » (Himmler).

D’interminables colonnes sont ainsi

lancées sur les routes, dans un

désordre croissant, jalonnant leur

marche de cadavres. D’autres

déportés sont entassés, sans

nourriture, dans des trains qui errent

de gare en gare. De très nombreux

déportés sont morts au cours de ces

marches ou de ces transports.

Muselmann (musulman) •

Expression employée par la SS et

reprise par les concentrationnaires

pour désigner un détenu victime de

totale dénutrition et résigné à

mourir.

Nacht und Nebel (Nuit et

brouillard, NN) • Catégorie de

déportés résistants des pays

occupés de l’Ouest, destinés à

disparaître en Allemagne sans

laisser de traces, suite au décret du

7 décembre 1941 signé par le chef

du Haut Commandement de la

Wehrmacht, Keitel. L’expression a

été empruntée par Himmler au livret

de «L’or du Rhin », de Richard

Wagner.

Pogrom ou Pogrome •

Émeute, accompagnée de pillages

et de meurtres, dirigée contre la

communauté juive, tolérée par les

autorités (d’abord en Russie, puis

en Pologne et en Allemagne).

Politische Abteilung •

section politique, possédant le

fichier central de chaque camp, en

liaison avec la Gestapo.

Rasse (race) • Notion dépourvue de

signification à l’échelle humaine et ne

reposant sur aucune donnée

scientifique.Vise à faire croire à

l’existence de groupes humains

différents caractérisés par des critères

physiques et mentaux de «valeur»

différente, à les hiérarchiser de façon

arbitraire pour conclure à la

supériorité d’un de ces groupes, les

autres constituant pour lui une

menace permanente de destruction.

C’est le pivot de l’idéologie et de la

propagande nazies.

Revier • À la fois l’équivalent de

l’infirmerie et de l’hôpital. Les

capacités d’accueil étaient inférieures

aux besoins des camps surpeuplés.

Les médicaments y faisaient défaut

et le personnel de l’infirmerie était

souvent composé de détenus sans

compétence médicale. Les soins

étaient donc très rudimentaires, alors

que les maladies et les blessures des

détenus épuisés étaient graves et

nombreuses. Dans certains camps,

les médecins SS, assistés des kapos

de l’infirmerie décidaient de

l’élimination des malades inaptes au

travail (par injection de phénol dans

le cœur, par empoisonnement, par

chambre à gaz). Les détenus malades

évitaient alors à tout prix d’aller au

Revier et restaient dans le camp à

leurs risques et périls. L’infirmerie

n’était plus le lieu où l’on est soigné,

mais celui où l’on meurt ou celui où

l’on est tué.

S.A. - Sturmabteilung(section d’assaut) •

groupement paramilitaire nazi ;

dès sa création à la fin de l’année

1921, la S.A. fut le fer de lance

de la violence politique.

S.S. - Schutzstaffel(section de protection) •

groupement paramilitaire nazi

fondé en 1923 pour assurer la

sécurité de Hitler, la SS deviendra

avec H. Himmler à partir de 1929

l’institution la plus influente et la

plus meurtrière du régime nazi.

Shoah • mot hébreu qui signifie

catastrophe. Terme appliqué

particulièrement à l’extermination

des Juifs.

Schlague • forme francisée de

Schlag (coup), désignant une

matraque.

Schupo - Schutzpolizei •

agent de police.

Sonderkommando •

équipe de concentrationnaires

contraints d’effectuer certaines

tâches en relation avec

le génocide (transport et crémation

de cadavres, récupération

des dents en or, etc.).

Stubendienst • chef de

chambrée, adjoint du Blockältester.

Wehrmacht • jusqu’alors appelée

Reichswehr, l’armée allemande prit

à partir du 16 mars 1935 le nom de

Wehrmacht et fut placée sous le

commandement suprême du Führer.

8 Concours National de la Résistance et de la Déportation

194230 JANVIER : Première chambre à gaz àBirkenau.17 MARS : Début des exterminations de masseà Belzec.MAI : Début des exterminations de masse àSobibor.JUILLET : Début des exterminations de masseà Birkenau23 JUILLET : Début des exterminations demasse à Treblinka.30 OCTOBRE : Camp de Buna-Monowitz.

1943FÉVRIER : Camp de Bergen Belsen.19 AVRIL – 16 MAI : Révolte et anéantissementdu ghetto de Varsovie.2 AOÛT : Révolte armée au camp de Treblinka.SEPTEMBRE : Camp de Dora (fut Kommandode Buchenwald d’octobre 1943 au 1er novembre1944).14 OCTOBRE : Révolte au camp de Sobibor.

19447 MAI : Évacuation d’Aurigny.24 JUILLET : Évacuation de Maïdanek.2 AOÛT : Gazage des tsiganes de Birkenau.1ER SEPTEMBRE : Évacuation du Natzweiler-Struthof sur Dachau.7 OCTOBRE : Révolte du Sonderkommandode Birkenau.26 NOVEMBRE : Himmler donne l’ordre d’ef-facer les traces des centres d’extermination.

194520 JANVIER : Devant l’avancée des Alliés, les SSdécident de la destruction des preuves et l’éli-mination des témoins; «aucun détenu ne doittomber aux mains de l’ennemi.» (Himmler)

Évacuation ou libération des camps :

25 JANVIER : Stutthof (Pologne).27 JANVIER : Auschwitz-Birkenau-Monowitz.11 AVRIL : Buchenwald et Dora.15 AVRIL : Bergen-Belsen.22 AVRIL : Oranienburg-Sachsenhausen.23 AVRIL : Flossenbürg.7 AVRIL – 4 MAI : Neuengamme.29 AVRIL : Dachau.30 AVRIL :Ravensbrück.5 MAI :Mauthausen.8 MAI :Theresienstadt(Térézin).

1. En Pologne, à ne pas confondreavec le camp deNatzweiler-Struthof(Alsace).

Le nazismechronologie sommaire

1923Putsch manqué de Hitler à Munich.II rédige Mein Kampf en prison.

193330 JANVIER : Hitler est nommé chancelier duReich.27 FÉVRIER : Incendie du Reichstag et arres-tations massives d’opposants allemands.28 FÉVRIER : Décret pour la « protection dupeuple et de l’État».26 AVRIL : Création de la Gestapo.10 MAI : Autodafé des livres des auteurscondamnés par les nazis.

193430 JUIN : Nuit des « longs couteaux » : les SSéliminent les SA et prennent la direction dusystème concentrationnaire.

193515 SEPTEMBRE : Lois raciales de Nuremberg :« protection du sang et de l’honneur alle-mand».

19367 MARS : La Wehrmacht entre en Rhénaniedémilitarisée.

193813 MARS : Annexion de l’Autriche(«Anschluss »).AVRIL : Échec de la Conférence d’Evian pourl’accueil des réfugiés du Reich.30 SEPTEMBRE : Accords de Munich. Annexion des Sudètes (Tchécoslovaquie).9 NOVEMBRE : «Nuit de cristal» : incendie de267 synagogues et destructions de nombreuxmagasins Juifs.Arrestation de 30 000 Juifs internés àBuchenwald, Dachau, Sachsenhausen.

193915 MARS : Annexion de la Tchécoslovaquie.AOÛT : Première directive sur « l’euthana-sie ».23 AOÛT : Pacte germano-soviétique.1ER SEPTEMBRE : Invasion de la Pologne.3 SEPTEMBRE: La France et l’Angleterre entrenten guerre.

1940Création de ghettos dans toute la Pologne.MAI À JUIN : Invasion du Danemark, de laNorvège, de la Belgique, du Luxembourg, dela Hollande et de la France.1ER-20 AOÛT : attaque des ports anglais parla Luftwaffe.15-09 SEPTEMBRE : Attaques aériennes surLondres.3 OCTOBRE : Premier statut des juifs en Francedécrété par le régime de Vichy.7 OCTOBRE : Entrée des troupes allemandesen Roumanie.11 NOVEMBRE : Première manifestationpublique d’opposition contre l’occupant (àParis, étudiants à l’Arc de Triomphe).29 DÉCEMBRE : Bombardement sur Londrespar la Luftwaffe.

1941Premier accord entre les SS et les industriesallemandes (IG Farben) pour disposer desdéportés comme main d’œuvre.MARS : entrée des Allemands en Bulgarie.AVRIL : Invasion de la Grèce et de laYougoslavie.22 JUIN : Invasion de l’URSS.OCTOBRE : Interdiction aux Juifs d’émigrerhors des territoires contrôlés par le Reich.7 DÉCEMBRE : Décret «Nacht und Nebel» (NN)instaurant une procédure secrète contre lesrésistants des pays d’Europe de l’Ouest pourles faire condamner et « disparaître» dans leReich (Keitel).

194221 JANVIER : Mise au point de la phase ultimede la « solution finale de la question juive» àWannsee (banlieue de Berlin).30 AVRIL : Codification du rôle économiquedes camps (extermination par le travail).JUILLET-AOÛT : Rafle du Vélodrome d’Hiver àParis (16.07) et rafles de juifs en zone nonoccupée.11 NOVEMBRE : Occupation de la zone sud dela France par les Allemands.

1943JANVIER : Décision par Himmler de la dépor-tation sélective et de l’extermination des tsi-ganes du Reich.

194420 JUILLET : Attentat contre Hitler par des offi-ciers allemands qui voulaient obtenir une paixséparée avec les Alliés occidentaux.

194530 AVRIL : Suicide de Hitler.8 MAI : Capitulation de l’Allemagne nazie.

Rappel historique

SIGLESAGE • Agrupación de guérillerosespañoles. Groupement clandestin deguérilleros espagnols.

AMGOT • Allied Military Governmentfor Occupied Territories.L’administration militaire alliée desterritoires occupés.

AS • Armée secrète.

BIP • Bureau (clandestin) d’informationet de presse.

BOA • Bureau des opérationsaériennes.

BBC • British Broadcasting Corporation (radiodiffusion britannique).

BCRA • Bureau central derenseignements et d’action.

CDL • Comité départemental de libération.

CFLN • Comité français de libérationnationale.

CFTC • Confédération française des travailleurs chrétiens.

CGT • Confédération générale du travail.

CID • Centre d’information et de documentation.

CND • Confrérie Notre-Dame puisConfrérie Notre-Dame-Castille.

CNR • Conseil national de la Résistance.

CNCVR • Confédération nationale descombattants volontaires de laRésistance.

COMAC • Comité d’action militaire.

DB • Division blindée.

DF • Défense de la France.

DI • Division d’infanterie.

FAFL • Forces aériennes françaiseslibres.

FFC • Forces françaises combattantes.

FFI • Forces françaises de l’Intérieur.

FFL • Forces françaises libres.

FN • Le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France.

FNFL • Forces navales françaises libres.

FTPF • Franc-tireurs et partisans français.

FUJ • Forces unies de la jeunesse.

GPRF • Gouvernement provisoire de la République française.

IS • Intelligence Service(service secret britannique).

LVF • Légion des volontaires français.

MLN • Mouvement de libérationnationale.

MOI • Main d’œuvre Immigrée.

MUR • Mouvements unis de la Résistance.

NAP • Noyautage des administrationspubliques.

OCM • Organisation civile et militaire.

ONU • Organisation des Nations Unies.

ORA • Organisation de résistance de l’armée.

OSS • Office of Strategic Services(services spéciaux américains).

PCF • Parti communiste français.

POWN • Polska Organizacja WalkioNiepodleglosc (Organisation polonaisede lutte pour l’indépendance).

RAF • Royal Air Force (aviation militairebritannique).

SAP • Section des atterrissages etparachutages.

SAS • Special Air Service. Commando parachutiste.

SFIO • Section française de l’Internationale ouvrière (parti socialiste français).

SNCF • Société Nationale des Cheminsde Fer Français.

SOE • Special Operations Executive(Services des opérations spéciales).

SECTION F • Section britanniqued’action en France.

Section RF • Section britannique deliaison avec le B.C.R.A.

STO • Service du travail obligatoire.

TSF • Télégraphie ou téléphonie sans fil.

UNE • Union nationale Espagnole.

URSS • Union des Républiquessocialistes soviétiques.

Robert Desnos et ses camarades

quelques jours après lalibération de Terezin.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 1110 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Généralitésujet de controverse entre dépor-tés, le problème de la créationlittéraire et artistique en milieu

concentrationnaire pour passionnel qu’ilsoit, n’en recouvre pas moins une réalitéconcrète. Certains déportés estiment qu’ilne pouvait être question de risquer leurvie et celle de leurs camarades, pour selivrer à un exercice « interdit», punissablede mort et au demeurant physiquementimpossible (fatigue, épuisement, pro-miscuité) et matériellement inconcevablesans des concours suspects. Et de conclureque la création artistique dans les campsn’a été le fait que de quelques privilégiésnon représentatifs de la déportation.D’autres, sans nier un nécessaire recours à ladébrouillardise, mais dans le bon sens duterme, pour se procurer de quoi écrire oudessiner, mettent en avant le courage, laforce morale et l’abnégation dont ils ont dûfaire preuve pour créer. Si quelques artistesacceptent de réaliser quelques œuvres pourla hiérarchie officielle(1), c’est surtout pourpouvoir, ensuite, utiliser clandestinementpour eux les moyens obtenus. La plupartrestent dans l’ombre et bénéficient de l’ap-pui de réseaux de solidarité, procurant lesfournitures, assurant des guets pendant letravail et parfois réussissant même à fairesortir certaines œuvres des camps(2).

Rester jusqu’au bout des hommes…Pour ces hommes et ces femmes, la créa-tion est d’abord un défi à la mort envi-

ronnante, une révolte sourde contre lalente, l’insoutenable, la lancinante, l’hu-miliante dégradation humaine vers laquellele système concentrationnaire les entraîne.Robert Antelme parle, dans son livre«L’espèce humaine», de «revendication for-cenée de rester jusqu’au bout des hommes» etJacques Ochs, détenu au camp deBreendonk en Belgique, affirme que «(…)pour conserver sa dignité d’homme (…) pourne pas glisser sur la pente qui mène à ladéchéance, il fallait trouver un refuge en soi-même, avoir une vie intérieure (…) »Louis Martin-Chauffier, dans L’hommeet la bête, s’émerveille qu’une fois survingt, l’esprit humain ait réussi à triom-

pher dans un corps qui le portait à peine.Malgré la volonté des SS de faire des déte-nus des numéros, des Stücke(3), l’hommeréussit à survivre. Marie-José Chombartde Lauwe, déportée à Ravensbrück,témoigne dans Le Patriote Résistant(périodique de la FNDIRP) en 1996 : « Résistantes, nous avons voulu demeurerdes patriotes et des êtres pensants. Il fau-drait évoquer bien des initiatives : la créa-tion de chorales par plusieurs groupes denationalités différentes, la tenue de confé-rences pendant les quarantaines ou les tempscreux, la récitation de prières par des catho-liques, des protestants ou des juifs, l’ap-prentissage de langues étrangères, utile aucamp et acquis pour l’avenir. Toutes ces acti-vités étaient menées en secret, plus ou moinstolérées par les chefs de blocs…»Ainsi, malgré leurs conditions extrêmes,des individus, certes minoritaires, ontréussi à maintenir une activité intellec-tuelle, à créer dessins et poèmes.

Des conditions particulièrement difficiles…Pour évoquer les conditions particuliè-rement difficiles de la création artistique,on peut aussi citer ce témoignage dePierre Maho sur son compagnon dedétention à Dora, le peintre LéonDelarbre(4). Membre du mouvement derésistance Libération-Nord, Delarbre estarrêté et déporté à Auschwitz (mai 1944)puis à Buchenwald (mai-septembre1944), à Dora (septembre1944-avril1945) et à Bergen-Belsen en avril 1945 : « Delarbre comprit tout de suite que son

talent d’artiste lui imposait un nouveaudevoir. Il comprit qu’il devait tenter de rap-porter un témoignage précis et objectif decette vie monstrueuse et incroyable, pourque ses croquis, pris sur le vif, pussent fixerl’empreinte irréfutable d’une barbarie à cejour sans exemple. C’était là une tâche insensée contre laquelleses plus intimes amis protestèrent plus d’unefois… Delarbre s’ingénia. Il proposa de faire,de nuit, pendant l’unique pause, des por-traits de secrétaires du camp qui lui procu-rèrent le papier, le crayon nécessaires : il puten distraire une partie pour son œuvre…Pour dessiner, il fallait se cacher, travaillerd’où l’on était, à contre-jour, couché, debout,dans le creux de la main, abrité derrière lesépaules d’un camarade, protégé contre lesalertes possibles par un autre. Soyez doncsurpris si quelques-uns de ces croquis sonttachés de soupe, souillés de boue, fripés.A chaque instant, une fouille inopinée desLagerschutz(5) nous privait de nos objetspersonnels ; porter des dessins sur soi étaittrès risqué ; les laisser au block à la mercid’une perquisition était impossible. Lesemmener au lieu de travail, à l’usine oùdes balayeurs faméliques auraient pu lestrouver et les livrer contre une soupe à l’hor-rible Kapo Georg, était bien hasardeux.Delarbre, par des prodiges d’ingéniosité, aréussi à échapper à tous cespérils… Lors de l’évacuation deDora face à l’approche des Alliésen avril 1945, il parvient à sau-ver ses dessins en les cachant sur sapoitrine ».

La diversité des situations… Comme tiennent à l’affirmerJorge Semprun et Elie Wieseldans Se taire est impossible(6),« dans l’archipel concentration-naire nazi, il y avait beaucoupde différences. Autant de lieuxdivers, autant de périodes, autantde régimes d’enfermement, autant

de destins individuels, autant de situationscontrastées. Chaque interné, chaque déportéa vécu ses propres pages de cette histoire col-lective. Mais les uns et les autres ont eu àlutter pour conserver leur dignité et n’ontconservé comme seules richesses que “leursrichesses intérieures”, selon la formule deFrançois Wetterwald, déporté àMauthausen(7) ».Dans ces conditions, les possibilités decréation étaient fort différentes selon lescamps. Véronique Alemany-Dessaint,conservateur au musée des Beaux-Artsde Reims et commissaire de l’expositionCréer pour survivre le souligne «à Terezin,camp-ghetto modèle, un centre culturel exis-tait où acteurs, musiciens, peintres s’expri-maient « librement », tandis qu’àBuchenwald, même s’il y avait une biblio-thèque, les artistes œuvraient dans la clan-destinité et qu’à Auschwitz-Birkenau, campd’extermination, l’expression artistique étaitexceptionnelle. » L’existence d’une résistance organisée àl’intérieur du camp a joué aussi un rôleimportant : à Buchenwald, ce sont lespolitiques qui contrôlent l’administra-tion interne du camp et qui protègentles artistes.

La connaissance progressive de ce patrimoine

Les réalisations issues de la période descamps ont été le plus souvent rapportéesà la libération par leur auteur, parfois pardes camarades codétenus rescapés, par-fois enfin, découvertes dans des cachesaprès la libération des camps.La connaissance progressive de ce patri-moine a été rendue possible par l’action

des amicales, associations et fédérations dedéportés, combinée à celles d’autres artistes,d’historiens, des musées et bibliothèquesà l’occasion notamment d’expositions, desalons internationaux ou locaux, largementrelayés dans la presse.Il arrive que la frontière entre ce qui vientréellement des camps et ce qui leur estimmédiatement postérieur soit délicate àtracer: certains auteurs de dessins ont voulucompléter à leur retour des esquisses réali-sées en camps et jugées trop succinctes ;d’autres n’ont pas réussi à sauver leurs cro-quis et les ont redessinés de mémoire. Nousavons retenu le parti pris de les évoquernéanmoins dans ce chapitre.La plupart des témoignages s’accordent surle dénuement total du déporté et sur la dif-ficulté pour lui de rester un homme. ■

1. Maurice de La Pintière à Dora, Jacques Ochs aufort de Breendonk. (Belgique).

2. Boris Taslitzky qui fut déporté à Buchenwald,explique dans une table ronde du colloque Créer poursurvivre : « un camp demande toute une administration,toute une comptabilité : tant de morts dans la nuit, tantde rations de pain. Le papier existe pour cette compta-bilité (…) Ces papiers, ces morceaux de papiers, les secré-taires de blocks m’en donnaient et ils me donnaientaussi des petits bouts de crayons. Tous les artistes que j’airencontrés à Buchenwald – et j’en ai rencontré une dou-zaine de différentes nationalités – ont travaillé sur cegenre de papier, et aussi ceux qui ont écrit évidemment.Mon ami Christian Pineau a écrit une pièce de théâtresur les blancs de ces papiers (…) ».Julien Cain, directeur de la Bibliothèque Nationale,dans la préface de l’album « Cent onze dessins faits àBuchenwald » écrit à propos de Boris Taslitzky : « lecrayon si souvent amusé de l’artiste nous promène à tra-vers le camp ».Le colloque Créer pour survivre organisé par la FNDIRP

en 1995 et l’exposition réalisée à cette occasion repré-sentent une étape importante pour une meilleureconnaissance de l’art et de la littérature concentra-tionnaires. Les actes du colloque et le catalogue del’exposition sont une source remarquable d’infor-

mation sur la question.

3. Stücke est l’équivalent français desmots : pièce, brin, morceau de quelquechose.

4. Préface de l’édition de 1945 de LéonDelabre, Croquis clandestins, Musée dela Résistance et de la Déportation deBesançon, 1995.

5. Service d’ordre intérieur, composé dedétenus.

6. Jorge Semprun, Elie Wiesel, Se taire estimpossible, Mille et Une Nuits/ArteEditions, 1995.

7. Extrait de la plaquette de présenta-tion de l’exposition de 1995, Créer poursurvivre.

S

PREMIÈRE PARTIELA CREATION

PENDANT LA PERIODE CONCENTRATIONNAIRE

APPEL A MAIDANEK (extrait)

Son strident de clocheLa baraque craque comme un vieux troncD’un pas mesuré les hommes vontMarchent et tremblent de froid.Rangs gris de miséreuxOssements fragilesRetenus par des loques.(…)

Pierre Mania, L’arbre de Goethe abattu. Ce chêne se trouvait dans l’enceinte du camp deBuchenwald. La légende voulait qu’il durât autantque l’Allemagne. Il est calciné au cours du bombar-dement du 24 août 1944 et abattu le lendemain.

France Audoul, Les prières interdites.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 1312 Concours National de la Résistance et de la Déportation

la dépersonnalisation, la perte desrepères… »Pourtant on ne peut pas suivre com-plètement Gervereau dans sa démons-tration lorsqu’il affirme que c’estseulement quand les camps sont libé-rés que tout change dans les représen-tations : il s’agit désormais « de raconterles sévices, les pendaisons, les souffrances.Le dessin devient alors un dessin de témoi-gnage et un dessin d’engagement ».

Certes ces dessins qui dénoncent l’hor-reur des camps se multiplient aprèsleur libération et ils sont plus élabo-rés, mais ils existent déjà dans lapériode précédente, comme en attes-tent certains dessins de Favier ouMania à Buchenwald, ceux de Delarbreà Auschwitz, Buchenwald, Dora ou lespeintures et sculptures de Daligault aucamp NN de Hinzert ou à la prisonde Trèves.

Ce qu’ils révèlent Ce sont des témoignages irremplaçablessur la déshumanisation dans les camps, lesaspects de la vie quotidienne, le travail, lessévices… Par leur vécu, par leur qualitéartistique, ils apportent une autre dimen-sion. «Leur œuvre est née du sein même deleur propre souffrance. Ils ont vécu notre vie,ils ont vu, comme nous, mourir par milliersnos camarades, ils ont connu la saleté, la faim,la place d’appel, les Kommandos pénibles, labrutalité d’un chef de block, le froid et lebrouillard, la promiscuité, la maladie, cemélange incroyable d’horreur et de médio-crité, de tortures et d’hébétude. Et ils ont des-siné avec des crayons qui tremblaient de leurpropre fatigue» (Christian Pineau, dans lapréface de l’album des dessins de Favier etMania publié en 1946(3)). ■

1. Extrait de Claire Vionnet, Des silhouettes d’espoirdans l’enfer concentrationnaire, Mémoire de maîtrisesous la direction de François Marcot, professeur d’his-toire contemporaine à l’Université de Franche-Comté, 1997-1998.

2. In Musée d’histoire contemporaine-BDIC, LaDéportation, le système concentrationnaire nazi,1995.

3. Buchenwald, scènes prises sur le vif des horreursnazies, Lyon, 1946.

Caractères généraux

Il existe un très grand nombre de des-sins et peintures réalisés dans les campsde concentration nazis. D’après Janet

Blatter et Sybil Milton dans Art of theHolocaust, plus de 30000 dessins et cro-quis ont été retrouvés, et leur inventaireest seulement ébauché. Ces dessins sontd’une très grande variété. Ils ont pu êtreréalisés par des artistes professionnels oupar des amateurs, mais là n’est pas l’es-sentiel, malgré l’importance du savoirfaire technique. Ce qui importe, c’est lacapacité de l’artiste à faire passer uneémotion. Jorge Semprun dans L’écritureou la vie, écrit à ce propos: « la vérité essen-tielle de l’expérience, n’est pas transmissible(…)ou plutôt, elle ne l’est que par l’arti-fice de l’œuvre d’art, bien sûr ! ». Alain Tapié, conservateur en chef dumusée des Beaux-Arts de Caen, dans lesmêmes actes du colloque, distingue deuxmoments dans la réalisation de cesœuvres : «Dans le temps de la déportation,lorsque l’identité de l’homme se réduit àdes fonctions élémentaires – à l’appel, autravail, à la nourriture, au sommeil, aux

coups – dessiner est interdit et pour dessiner,il faut voler, il faut se cacher et pourtantseul le dessin est possible. Dans les années dedétention, le dessin représente surtout la viequotidienne. Dans les moments de libéra-tion, le dessin portera surtout sur l’horreur,sur l’extermination. » Il distingue unsecond moment, celui de la commémo-ration, où l’artiste va «revivre, recréer… letémoignage devenu fiction ».Comme pour les objets réalisés en camp,on peut distinguer plusieurs types de des-sins selon leur fonction. Il existe desœuvres que l’on peut qualifier « d’ali-mentaires» : les SS avaient repéré les donsartistiques de certains déportés et ils leuront fait faire des portraits, des décora-tions, des fresques, travaux forcés donc.Ces œuvres de commande ne sont pasdes témoins fiables de la vie concentra-tionnaire mais montrent néanmoins queleurs auteurs restaient malgré tout deshommes. D’autres œuvres représentent une formed’évasion: Jeannette L’Herminier, dépor-tée à Ravensbrück, fit le portrait de sescompagnes de bloc, en s’efforçant de les« faire aussi bien coiffées que possible…Elles me disaient “Mais tu crois qu’on est

encore comme ça ?” ; et je leur répondais :mais je ne sais pas dessiner, je suis bien obli-gée de suivre vos contours. Et bien oui, onest comme çà, bien sûr qu’on tient très bienle coup»(1). Laurent Gervereau, dans un article desynthèse intitulé Représenter l’universconcentrationnaire(2), écrit :« ces dessins traitent majoritairement desscènes banales de l’enfermement… Ce n’estgénéralement pas la violence qui est miseen avant, mais les petits gestes quotidiens,les corvées, ou même parfois des menus, deschansons, des anniversaires… Il semble quetous ces dessins de l’attente soient des appelsà la vie. Ils ne démontrent pas. Ils suppri-ment la violence pour l’évacuer… La mêmevolonté de défendre son existence dans unsystème qui la nie, explique d’ailleurs lestrès nombreux portraits réalisés dans lescamps. Le dessinateur figure d’abord etavant tout les camarades. Il donne la trace,la preuve de leur existence. Des portraitssimples, graves, constituent une formed’exorcisme par la représentation. Ils fournissent une histoire à ceux qui sontà la merci totale des maîtres, toujours sousla menace, qui sont retirés du monde, àceux qui sont plongés dans l’anonymat,

Les dessins dans les camps

France Audoul, Les flambeaux funèbres.

Avez-vous oublié ces fumées dans le soir.

Ces épaisses fumées, ces torches dans le noir

Cierges de chair et de sang,

flambant en cri d’espoir Holocaustes d’Amour

des Camps du désespoir

Jacqueline Leriche

Le voyage, de la prison enFrance jusqu’au camp deconcentration, constitue lapremière étape de la déshu-manisation, le début de lachute. On peut rapprocher le récit qu’en fait le docteurFrançois Wetterwald dans Les morts inutiles, publié aux Editions de Minuit en 1946 de ce dessin de Favier.

« (…) Et alors, la chute com-mence. Une chute verticale etqui va durer trois jours. Troisjours, est-ce long, est-ce court ?Trois jours de chute vers l’in-connu ; mais le présent est tel-lement absorbant que l’esprit,

l’imagination ne font pas detrès grands bonds. Trois jourssans manger, sans boire, sansdormir, presque sans respirer.Trois jours sans vêtements, nustassés à 125 dans des wagons

de marchandises (40 hommes,8 chevaux) (…) » (François Wetterwald,déporté à Mauthausen).

L’arrivée au camp et la qua-rantaine : après avoir été tota-lement dépouillés lors del’arrivée au camp, les détenus(Häftlinge) reçoivent unnuméro matricule et subis-sent un véritable dressage. F.Lazare Bertrand, déporté enjuin 1944 comme otage aucamp de Neuengamme,

bénéficie d’un régime parti-culier qui lui permet de tenirun journal personnel et defaire des croquis. Il note quece dessin a été « fait demémoire quelques temps aprèsnotre passage dans les mainsdes Polonais ».

«Enfin tondus, lavés, dépouillés,nous voici couverts d’une che-mise et d’un caleçon à rayures,chaussés de socques en bois.Alors, voilà, c’est fini; comprends,mais comprends donc que tun’es plus rien; pas même unesclave, sans recours devant

aucun code ; te voicilivré aux lois desbesoins élémentaires etil ne te reste plus,comme richesses, que tesrichesses intérieures.»F. Wetterwald

La vie quotidienne

La vie dans les blocks, la promiscuité

Les étapes dela déshumanisation

à travers les dessinsréalisés par

les déportés et leurs témoignages

On peut, grâce aux dessins

réalisés en camp,

dont certains ont été publiés

immédiatement

après la Libération,

mieux saisir la réalité

rapportée dans les récits

des témoins.

Auguste Favier, extrait deBuchenwald : scènes prises sur le vifdes horreurs nazies . 78 planches 40 x 29, dessinées parFavier, Mania, Taslitzky.

Lazare BertrandEpouillage, tonsure, épilage (Dessin au crayon surpapier, 21 x 26,8 cm, MRD Besançon)

Auguste Favier, Block en boisdans le petit camp deBuchenwald. De 1000 à 1800internés vivaient dans unesuperficie de 25 mètres sur 8.

Léon Delarbre,Dora, février 1945. Après une désinfection, au milieu de la nuit, ilsattendent leurs vêtements.L’entassement dans les blocks dans la vie journalière, était aumoins aussi compact.

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Ce qui s’est écrit dans les camps, s’estécrit clandestinement. Il ne pouvait enêtre autrement car la prison (ou Bunker),signifiant des conditions aggravées dedétention ou parfois pire…, était au bouten cas de découverte ou de dénonciation.Les situations ont pu différer d’un campà l’autre, d’un kommando à l’autre, d’unepériode à l’autre dans un même camp,mais pour l’immense majorité des déte-nus, écrire demeurait un exploit phy-sique, matériel, moral et intellectuel.

Les écrits

Ce sont pour l’essentiel des lettres etjournaux clandestins rapportés parleur auteur ou un camarade survi-

vant, parfois découverts enfouis ou cachésdans les camps, après la libération.Rédigés hâtivement, parfois inachevés etinterrompus, ils n’ont d’autre but que defixer sur le papier l’horreur qui se dérou-lait sous les yeux des témoins, de créerun lien avec le « monde du dehors » aumoyen de quelques mots griffonnés. Certaines de ces précieuses notes ont puêtre publiées après la guerre, in extensoou complétées par leur auteur à leurretour des camps.Les cahiers d’Auschwitz (Hefte vonAuschwitz) ont ainsi publié dans unnuméro spécial quatre documents(1) dontles originaux sont conservés par le muséed’Etat d’Auschwitz. Ce sont :– la lettre écrite en français par ChaïmHerman le 6 novembre 1944 à sa femmeet sa fille, retrouvée enterrée dans unebouteille près d’un des crématoires deBirkenau. L’auteur indique avoir étédéporté de Drancy le 2 août 1943 (cequi a pu être vérifié) et avoir été affecté àla corvée spéciale (Sonderkommando)chargée du traitement des cadavres.– la lettre datée du 6 septembre 1944signée Salmen Gradowski, associée à uncahier annoté de la même écriture, l’en-semble étant enfermé dans une sorte debouteillon en aluminium déterré près duKrematorium II de Birkenau enmars 1945. L’auteur y explique qu’il fait

partie de la corvée spéciale.– un cahier d’écolier, déterré près dumême Krematorium en 1952. Vingt etune pages sont remplies, dont quatre trai-tent du camp de Belzec et dix-septd’Auschwitz. L’ensemble a été écrit en1943-1944, la dernière date portée étantle 26 novembre 1944, mais l’auteur, quifaisait clairement partie duSonderkommando, n’a pas été identifié.– soixante cinq feuilles écrites par SalmenLewental, trouvées près des ruines dumême Krematorium, dans un pot de verreextrait le 17 octobre 1962. Une partiedu manuscrit est illisible, mais l’auteurarrivé à Auschwitz le 10 décembre 1942fut lui aussi affecté à la corvée spéciale.Citons aussi le journal clandestin deSimone Saint-Clair, résistante déportée,écrit à Ravensbrück entre juin 1944 etavril 1945 et dont elle dissimulait lesfeuillets dans son étui à lunettes.L’ouvrage fut publié en 1945 avec pourtitre Ravensbrück, l’enfer des femmes.

Les poèmes

L’essentiel de la production littérairede la période de la déportation estconstitué des milliers de poèmes écrits

dans les prisons, les ghettos et les campsnazis, très souvent par des détenusmaniant cette forme d’expression pourla première fois, mais faisant preuve d’uneauthentique ferveur poétique, qui sutparfois atteindre le sublime.Ces poèmes sont l’irrésistible expression,la preuve d’une vie spirituelle et d’unesurvie de la pensée créatrice au cœur d’unsystème acharné à la destruction et à lanégation de l’Homme.Passés l’effroi et la stupeur des premiersjours, il fallait retrouver le chemin del’échange avec l’Autre, ce que RobertAntelme exprime ainsi :«Dimanche, il faudra faire quelque chose, onne peut pas rester comme ça. Il faut sortirde la faim. Il faut parler aux types. Il y en aqui dégringolent, qui s’abandonnent : ils selaissent crever. Il y en a même qui ont oubliépourquoi ils sont là. IL FAUT PARLER».« Il faut parler », il faut redonner consis-tance à ce magma humain, lui rendre uneconscience collective. C’est pour beau-coup le rôle qu’a joué la poésie.Henri Pouzol écrivait dans son intro-duction à l’anthologie de la poésie euro-péenne concentrationnaire(2) :«Comment ces poèmes parfois bruts, mala-droits même, rescapés d’une odyssée de mortconditionnée et débridée, tout autant queceux conçus par les professionnels, commeles appelle Michel Borwicz, sont-ils parve-nus jusqu’au monde libre ? Selon GabrielAudisio, tous ont su accomplir une missionqui peut devenir un devoir . »Ecrite, griffonnée le plus souvent sur desdébris de papier d’origines très diverses,cette poésie dépasse la valeur de simpletémoignage, quelque révélateur et accu-sateur qu’il soit. Elle est « la geste de résis-tance humaine» à l’oppression démesuréeet criminellement mutilatrice fondée icisur des prétextes politiques ou raciaux.Mais quoique limitée à l’Europe, quoiquene s’étalant que sur les années 30 et 40 de

14 Concours National de la Résistance et de la Déportation Concours National de la Résistance et de la Déportation 15

L’appel«Les appels du soir étaientterriblement pénibles. Aprèsdouze heures de travail etavec la faim et le froid, ilnous fallait demeurersouvent deux heures, parfoistrois, debout, sans faire unmouvement…»(Témoignage de Paul Kern,déporté franc-comtois)

La faim

«Le corps est vide. Il n’y a pasde solution. Il ne souffre pas.Aucune douleur. Mais le videdans la poitrine, dans la

bouche, dans les yeux, entre lesmâchoires qui s’ouvrent et seferment sur rien, sur l’air quientre dans la bouche. Les dentsmâchent l’air et la salive. Lecorps est vide. Rien que del’air dans la bouche, dans leventre, dans les jambes et dansles bras qui se vident. Ilcherche un poids pour l’esto-mac, pour caler le corps sur lesol ; il est trop léger pourtenir. » (extrait de RobertAntelme, L’espèce humaine)

L’épuisement par le travaildans les camps

Henri Gayot, professeur dedessin au lycée de laRochelle, fut arrêté commeRésistant et déporté au campde Natzweiler-Struthof. Ildoit à une maladie grave detravailler quelques temps àl’abri dans son block. Il eutalors la possibilité de fairequelques croquis, d’où il réa-lisa un album en 1945.

Henri Gayot Travaux de terrasse-ment (Extrait de Le Struthof, albumde 15 planches sur le camp) «Lamoindre défaillance pouvait avoir des conséquences funestes ».

Le camp se trouvait enAlsace annexée. Le dessin deHenri Gayot a été réaliséaprès la guerre, mais il s’ap-puie sur des souvenirs précis.On remarque que certainsdétenus portent la mentionNN. La procédure NN(Nacht und Nebel = Nuit etBrouillard) permet à laWehrmacht d’éliminer ensecret les auteurs d’actes derésistance : arrestation, trans-fert dans des camps ou pri-

sons du Reich, jugement parle Tribunal du Peuple,condamnation à mort ou àune peine de prison, trans-fert, après la purge de lapeine, en camp de concen-tration. Un secret absoluentoure cette procédure etmême le décès du détenun’est pas communiqué à lafamille.

La mort, illustrée

Le manque de nourriture, letravail épuisant, les sévices…conduisent une grande partiedes déportés à la mort : mortpar épuisement ou mort vio-lente pour toutes les victimesde la Shoah et pour les vic-times de la répression.

Léon Delarbre Mort de misère(15x15,5) Dora, février 1945.

Léon Delarbre Vingt-neuf Russessont pendus sur la place d’appel enprésence de leurs camarades, d’offi-ciers, de sous-officiers et de soldatsallemands venus en spectateurs. (30 x 23) Dora, 21 mars 1945

La vie au camp de femmes de Ravensbrück

France Audoul, née à Lyondans une famille d’artiste,passe trois ans à l’Ecole desBeaux-Arts. Arrêtée commerésistante dans la région deToulouse, elle est déportée àRavensbrück en 1943. Elle réussit à rapportertrente-deux croquis exécutésau camp et illustre en 1946 unouvrage collectif Ravensbrück.

France Audoul,Souvenez-vous d’Elles.

Violette Lecoq, Nourritures terrestres…

Violette Lecoq déportée-résistante à Ravensbrück futaffectée plusieurs mois auRevier (infirmerie), ce qui luipermit de faire ses dessins etde les cacher. Elle les rappor-tera en France en avril 1945.

Les étapes de la déshumanisation à travers les dessinsréalisés par les déportés et leurs témoignages (suite)

Lazare BertrandL’appel à Neuengamme.

Léon Delarbre La gamelle partagée(12 x 10,4) Auschwitz, mai 1944.

Léon Delarbre Appel général : les morts et les mourants doivent êtreprésents. (11,2 x 13,5) Dora le 10 mars 1945.

Ecrits et poèmes dans les campsUn théologien allemand, pasteur à Berlinfut condamné à sept ans de camp deconcentration pour s’être prononcé pourl’indépendance de l’Eglise sous le IIIe

Reich. Il nous a laissé un texte qui estune alerte à la nécessité de protestationet de vigilance :

« Comment cela a-t-il été possible !Quand les nazis sont venus chercher les communistesJe n’ai rien dit,En effet, je n’étais pas communiste.Quand ils ont jeté en prison des sociaux-démocrates,Je n’ai rien dit,En effet, je n’étais pas social-démocrate.Quand ils sont venus chercher les catholiquesJe n’ai pas protesté,En effet, je n’étais pas catholique.Quand ils sont venus me chercherIl n’y avait plus personne pour protester. »Martin Niemuller (1892-1984)

Henri Gayot

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16 Concours National de la Résistance et de la Déportation Concours National de la Résistance et de la Déportation 17

ce siècle, elle revêt toutes les qualitésd’une résistance universelle.Poèmes de l’horreur, mais aussi poèmesde l’amour, de la camaraderie, de la soli-darité, de la patrie, de l’espérance, ils expri-ment la faim de beauté qui gagne chacunen opposition aux laideurs et aux atrocitésdes camps. Christian Pineau(3), englobantlittérature et représentation graphique,considère que « l’art apporte autre chose quele document. Il est témoignage non seule-ment des événements qu’il dépeint, mais dela pensée et des souffrances de ceux qui lesont vécus (…) leur œuvre est née du seinmême de leurs propres souffrances. »

On trouve un poème de Christian Pineaudans l’« Anthologie des poèmes » d’AndréVerdet(4). La poésie concentrationnaires’apprécie sous l’angle de sa qualité poé-tique et lyrique, et sous l’angle de soncontenu. C’est souvent dans les poèmesles plus simples, dépourvus de préten-tions artistiques que la réalité éclate. Lesthèmes de la faim, du pain, de l’appel,de la souffrance et de l’agonie, de lafumée des crématoires, du travail épui-sant, des barbelés etc. s’y trouvent large-ment évoqués. Mais aussi ceux del’amour, de l’espoir, de l’amitié. Nous enreproduisons quelques uns ci-après. ■

1. Cf. dossier réalisé par le Musée de la RésistanceNational de Champigny, « Les cahiers duSonderkommando d’Auschwitz », à paraître sous formede CD en décembre 2001.

2. Ces voix toujours présentes Anthologie de la poésieconcentrationnaire, Presses Universitaires de Reims,F.N.D.I.R.P., Sainte-Savine, 1995.

3. Christian Pineau, La Simple vérité. Déporté aucamp de Buchenwald, Christian Pineau avait été undes hommes clef de la Résistance, notammentcomme organisateur et chef du réseau « Phalanx »et fondateur de l’hebdomadaire clandestin Libération-Nord. Après la guerre, il occupa de nombreux postesministériels. Il fut aussi vice-président de la Fondationpour la Mémoire de la Déportation.

4. Anthologie des poèmes de Buchenwald d’AndréVerdet, Laffont, 1945, Rééd. Tirésias, 1995.

DORA

Tel du bétail,Nous dormons dans des trous.Pour nous, le soleil ne brille pas.Pour nous, aucune étoile ne s’allume.Pour nous, il n’y a que des roches abruptes,Des murs froids et morts.Les machines à forer la montagne grondent sans répit.C’est infernal.

L’air est lourd,Et, dans les ténèbres des galeries, La poussière empoisonnéeColle comme un meurtrier à nos talons,Comme un couteau tranchantElle entaille nos poumons,Enlève les couleurs de nos joues,Brouille nos yeuxEt couvre nos vêtements et nos cheveuxD’un gris uniforme.

Nous n’avons pas le temps de nous plaindreEncore moins d’enlever de nos yeuxCette poussière collante.Nous ne sommes que des ombres,Des silhouettes aux joues creusesQui vont au-devant de la mort dans les catacombes.Le désespoir, l’angoisseRongent sans cesse nos cœurs comme des loups affamés.Des prières expirentEt se brisent sur les rochers insensibles.

Stanislas Radinecky – Dora

APPEL A MAIDANEK

Son strident de clocheLa baraque craque comme un vieux troncD’un pas mesuré les hommes vontMarchent et tremblent de froid.Rangs gris de miséreuxOssements fragilesRetenus par des loques.

Le désespoir frappeSur ces plaines rocheuses.De fils de ferLa peur s’enveloppe…Des nuages, ailes noires,S’agitent, l’aube coule telUn sanglant ruisseau.Le jour qui vient point de reposPour les bras des forçatsChargés de pierres.

La cloche du camp se taitSourdement les rangs emplissentLa place d’appelCrânes dénudés ravagésLivrés au vent sauvage.

C’est l’instant de recueillementL’une près de l’autre soupirentLes poitrines. J’entends la touxDans les hurlements du ventEt je sens la Mort dans sa marche.

Grigori Timofeevy – Maïdanek

ARBRE DES SOUFFRANCES

Pareils aux épouvantails qui se balancent dans le ventPlanant au gré de l’espace et du temps,Ainsi le voulait le stupide décret :Pour punition : «une heure au crochet » -Ils nous pendaient à des crochets comme du bétail.Ils n’avaient, tout bien pesé, dans leurs poitrines,que des cloaques,là où ailleurs bat un cœur.

Karl Schnog – Buchenwald

AMOUR DU PROCHAIN

Qui a vu le crapaud traverser la rue ?C’est un tout petit homme : une poupée n’est pas plus minuscule.Il se traîne sur les genoux : il a honte on dirait,- Non. Il est rhumatisant, une jambe reste en arrière, il la ramène.

Où va-t-il ainsi ? Il sort de l’égout, pauvre clown.Personne n’a remarqué ce crapaud dans la rue ;Jadis, personne ne me remarquait dans la rue.Maintenant, les enfants se moquent de mon étoile jaune.Heureux crapaud !… Tu n’as pas d’étoile jaune.

Max Jacob – Drancy

SURSAUT

Laissez, amis, tous ces chants de tristesse !Sans eux, déjà, qu’il est lourd notre cœur !Que ne veux-tu ressusciter, jeunesse,Malgré le poids de toutes nos douleurs !

Toujours la vie a-t-elle été mauvaise ? Rappelez-vous la joyeuse saison ! Allons, enfants, chantons la MarseillaisePour ébranler les murs de la prison !

Grigori Liouchine

ET NUNC

Nous porterons la France au-delà de la mortAu-delà du visage mourant du premier preux,Au-delà de la haine, au-delà de nos corpsQui n’attendent plus rien que de passer à Dieu.

Nous porterons la France au-delà de la peur Marquée sur son front mort d’une couronne impure.Nous porterons la France au-delà du reprocheDans le calme enchanté de l’ultime blessure.

Nous porterons la France au-delà du vieil ArbreOù l’ange va lustrer la guerre et ses deux ailes Où le fruit revenu dans le manteau du sacreLaisse fuir de son grain et l’éclair et l’orage.

Nous porterons la France sur le bord de nos plagesOù le vent soufflera son haleine d’étoiles Où les bêtes fuiront l’humidité des boisOù la nuit lèvera son voile vers le large.

Le jour de la colère a sonné dans les bois, Nous porterons la France au vieux pas du cheval.La couronne de ronces a suffi pour sa foi,L’écume des cuirasses cuit les eaux du val.

Nous porterons la France de village en village.Saluez donc bien bas sa robe déchirée.Voici le tour de France, et puis tournez la page…Les cloches de l’Histoire sonnent à toute volée.

Jean Cayrol – Mauthausen

UNE POUPÉE À AUSCHWITZ

Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise C’est l’unique reliquat, l’unique trace de vie.Toute seule elle est assise, orpheline de l’enfantComme autrefois elle l’était parmi ses jouetsAuprès du lit de l’enfant sur une petite tableElle reste assise ainsi, sa crinoline défaite,Avec ses grands yeux comme en ont toutes les poupées du mondeQui du haut du tas de cendre ont un regard étonnéEt regardent comme font toutes les poupées du monde.

Pourtant tout est différent, leur étonnement diffère De celui qu’ont dans les yeux toutes les poupées du mondeUn étrange étonnement qui appartient qu’à eux seulsCar les yeux de la poupée sont l’unique paire d’yeuxQui de tant et tant d’yeux subsiste encore en ce lieu,Les seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine,Seuls sont demeurés des yeux les yeux de cette poupée Qui nous contemple à présent, vue éteinte sous la cendre,Et jusqu’à ce qu’il nous soit terriblement difficileDe la regarder dans les yeux

Dans ses mains, il y a peu, l’enfant tenait la poupée,Dans ses bras, il y a peu, la mère portait l’enfant,La mère tenait l’enfant comme l’enfant la poupée,Et se tenant tous les trois c’est à trois qu’ils succombèrent Dans une chambre de mort, dans son enfer étouffant.La mère, l’enfant, la poupée,La poupée, l’enfant, la mère.

Parce qu’elle était poupée, la poupée eut de la chance.Quel bonheur d’être poupée et de n’être pas enfant !Comme elle y était entrée elle est sortie de la chambre,Mais l’enfant n’était plus là pour la serrer contre lui,Comme pour serrer l’enfant il n’y avait plus de mère.Alors elle est restée là, juchée sur un tas de cendre,Et l’on dirait qu’alentour elle scrute et qu’elle chercheLes mains, les petites mains qui voici peu la tenaient.De la chambre de la mort la poupée est ressortieEntièrement avec sa forme et son ossature,Ressortie avec sa robe et avec ses tresses blondes.Et avec ses grands yeux bleus qui tout pleins d’étonnementNous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent.

Moshe Schulstein – Auschwitz

RESISTANCE

Au courant des chemins et des airs de sacrilèges,Nous marcherons des nuits sans feindre le reposPar des plaines de gel, des collines de neigeDes cités endormies gardées par des schupos.Nous irons délivrer de blanches AndromèdeGuettées sur leurs rochers par des monstres volants,Nos blessures d’antan rouvertes sans remèdeFeront nos pas prudents et nos yeux vigilantsSur les sentiers de l’ombre et leurs pentes obscures,Nous glisserons furtifs environnés d’éclairs,Les murs seront truqués, les retraites impuresEt beaucoup se perdront dans d’étonnants déserts.Mais nous terminerons nos dures épopées,Nous rentrerons chez nous pour d’autres lendemains.Nous ne rapporterons pas même nos épéesEt nous vivrons sans gloire avec rien dans les mains.

Jean Puissant – Buchenwald 1944

AU BLOCK 4

Sous l’étoile trop pure Du grand ciel froidLa toile de la tenteAu vent qui tourmente Claque – et c’est la voileDes galères d’autrefois.

Oppressés, compressésLes prisonniers s’irritentDes toux rocailleusesEt des voix pleureusesDes mourants qui s’agitent.

Le projecteur est dur La sentinelle boitJe ferme mes gerçures Et mes lèvres sans joie.

Le projecteur est dur La sentinelle boit J’étire mes jointures Et fais craquer le bois.

Ovida Delect. Composé en 1944, sans crayonni papier dans un campd’extermination nazi.

ESPOIR

Dans la dure et froide écore des nuitsJ’ai creusé ton imageFilins de feuLes phares sur BerlinTendaient la toile du Grand CirqueLa Mort caracolaitLa neige mordait au cœur

Avec tes bons yeux d’épouvanteTes lèvres sans sourirePatiemment j’ai gravéL’âpre visage de l’Espoir

Pierre Genty, Sachsenhausen Kommando de Lichterfeld. Hiver 1944 – 1945

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18 Concours National de la Résistance et de la Déportation Concours National de la Résistance et de la Déportation 19

La fabrication d’objets sculptés, bro-dés, décorés qui révèlent un certaintalent artistique de la part de leurs

auteurs peut à juste titre faire partie del’évocation des pratiques artistiques aucamp. Ne nous y trompons pas, ils ont engénéral une dimension autre. L’ensemble de ces fabrications consti-tue en soi un acte de résistance : lesmatériaux sont en général volés à l’ate-lier, le port d’une marque ou la posses-sion d’un objet personnel peutengendrer les exactions. Séparonsd’abord les objets à usage personnel deceux liés à une pratique collective.

Dans le premier cas, l’objet fabriqué estsouvent et d’abord utilitaire : cuillère,couteau… Qu’il s’agisse de bout de métalrécupéré puis aplati pour en faire unelame ou d’un morceau de bois évidé pourservir de cuillère, nous sommes là dansle système « débrouille » qui permet audéporté de conserver un peu de dignité,de pouvoir manger sans laper et parta-ger au mieux sa maigre pitance. Parfoisces objets seront personnalisés et le cou-teau est certainement l’exemple le plusfréquent, gravé du numéro matricule, dunom parfois d’un décor évitant ainsi levol mais participant aussi à la nécessité

que chacun d’entre nous a de posséderquelques affaires personnelles. On retrouve ce besoin dans les brode-ries : écusson, ceinture, qui permettentd’avoir un aspect différent. Il est à noterque là encore si la croix de Lorraine ou lesmotifs végétaux, l’usage des couleurs tri-colores marquent la nationalité et au-delàle patriotisme et l’attachement à laFrance, les mentions sont souvent dumême ordre : nom, numéro matricule,nom du camp ou du kommando, pro-bablement les seules admises. Cette néces-sité de personnaliser sa tenue est soulignéepar Jeannette Lherminier, auteur de nom-breux dessins et déportée à Holleischen,à propos de ses camarades qui posent ledimanche pour elle: «Elisabeth en train defaire des petites pelles pour les boutonnièresdes travailleuses du sable. Elle fut d’ailleurspunie pour cela. »La pratique religieuse engendre égale-ment la fabrication d’objets : chapelet,croix, ciboire… en mie de pain, en laine,avec des morceaux de caoutchouc ou demétal. Objet personnel mais aussi par-tagé avec d’autres dans le cadre de prières,de méditations, le dimanche, raremoment de liberté et de désœuvrement. Ce sont aussi, pour ces après-midi privi-

IL FAUDRA QUE JE ME SOUVIENNE

Il faudra que je me souvienne,Plus tard, de ces horribles temps,Froidement, gravement, sans haine,Mais avec franchise pourtant.

De ce triste et laid paysage,Du vol incessant des corbeaux,Des longs blocks sur ce marécageFroids et noirs comme des tombeaux.

De ces femmes emmitoufléesDe vieux papiers et de chiffonsDe ces pauvres jambes geléesQui dansent dans l’appel trop long.

Des batailles à coups de louche,A coups de seau, à coups de poing.De la crispation des bouchesQuand la soupe n’arrive point.

De ces « coupables » que l’on plongeDans l’eau vaseuse de baquets,De ces membres jaunis que rongentde larges ulcères plaqués.

De cette toux à perdre haleine,de ce regard désespéréTourné vers la terre lointaine.O mon Dieu, faites-nous rentrer !

Il faudra que je me souvienne

Micheline Maurel – RavensbrückDécembre 1944

PEINE

Si trop battue Je laisse un jourPencher sur neigeL’âme violette

Si trop battueJe laisse un jourTourner le cielD’acier mortel

Si trop battueJe laisse un jourDes mains crispéesGriffer la glace

Si trop battueJe laisse un jourUn long corps bleuPorté à deux

Ovida Delect, déportéeà Neuengamme pour faitsde Résistance. Composé,sans crayon ni papier, enjanvier 1945, dans un descamps d’exterminationnazis, après une marchede 5 kilomètres, piedsnus, dans la neige. J’avaisalors dix-huit ans.

Les objets fabriqués dans les camps

Cuillère fabriquée à l’aide d’une lamede rasoir par Robert Chanut, internéau fort de Montluc puis déporté àMauthausen, matricule 62122. Ceinture réalisée en camp.

Couteau fabriqué au kommando deErzingen dépendant de Natzweiler parSimon Lamy, résistant déporté transféréensuite à Buchenwald puis Dachau. La lame est un clou de charpente amincisur un rail qui servait d’enclume.

Ecusson brodé par Eliane Lenoir-Le Rolland,déportée NN à Lauban puis Ravensbrück,matricule 79987, enfin dans un kommandodépendant de Mauthausen où elle sera libérée.

SOIF

Lorsque nous quitterons ce dantesque décor,Lorsque les horizons seront devenus bleus,Ma sœur, il nous faudra nous souvenir encorDe nos rêves mort-nés dans le soir nébuleux.

Mais retrouveras-tu la maison familièreEt ce goût de bonheur qui mûrissait en toiAinsi qu’un fruit pulpeux tout gorgé de lumièreEt n’auras-tu pas soif et n’auras-tu pas froid

Comme dans les wagons plombés de la misèreLorsque nous haletions au rythme des convois Dans le petit matin putride et délétèreOù nous comptions nos morts tout en baissantla voix ?

La soif, la grande soif des pays sans aurore,De notre souvenir saurons-nous la chasser ?J’ai peur d’une autre soif plus exigeante encoreQue nulle eau saurait à jamais étancher.

Violette Maurice– Ravensbrück

PLACE D’APPEL (1940)

Dans la tempête,Autour des collines de Weimar,La neige danse…Et grince la noire mort des miradors…

Dix mille statues de gel sur la place d’appella voix stridente du microDéchire l’oreille des dix mille :«Les croque-mort au grand portail séancetenante»Et moi mélancoliquement me dévisageLa tumeur livide au crâneDe l’homme devant moi…

Dans la tempête,Autour des collines de Weimar,La neige danse…Et grince la noire mort des miradors.

Franz Hackel–Buchenwald

CHANSON D’AUTOMNE

C’est la chanson d’Automne,Un peu triste pourtant.Le temps fuit et nous donne,Le regret du printemps !Car sans répit il coule,Brassant les heures passées,Comme le pas qui foule,Les feuilles entassées.

Avons-nous su saisir,Des corolles fragiles :Le parfum, le plaisir,Comme l’abeille agile ?Peut-être reste-t-ilUne goutte de miel,De ce doux mois d’avril

Où nous comblait le ciel ?Déjà la brise et fraîche,Et s’en va l’hirondelle !L’herbe du square est sèche,Dégarnie la tonnelle.Et mon cœur douloureux,De voir s’enfuir mon rêve,Songe à ces jours heureux,Aux extases si brèves !

Damien Sylvere, déporté àBuchenwald. Ce poème fut écrit, durant lapériode 1943-1945 de sadéportation.

L’EVASION

Pierres et toujours pierresLe camp entier est pétrifiéEn vain tu tentes de desceller ces pierresQui se sont refermées sur le monde

Jours de sueur et de sangNuits de pourriture étoiléeMême alors tu dors pas Car les tourments chassent ton sommeil

L’aube de nouveau te chasse vers le travailUn bruit d’enfer fracasse les tempesEt une folle pensée alors insiste :Peut-être les SS ne me rattraperont-ils pas !Le vent se lève les oiseaux fuient D’une maison c’est un appel vers la route voleEt tu cours tu cours tu cours sans répit…Bruits de bottes… cris… salve…les rocs se déchiquètent et les cailloux résonnent…puis le silence tombe sur la vie…sur le chemin sanglant un homme gît Il est libre… il n’appartient plus à personne.

Grzegorz Timofiejew – Gusen 1943

Une partie de la table 12 travaille pour le block des enfants juifs sous la surveillance de Micat:dessin de Jeannette Lherminier au Block 22 à Ravensbrück de février à avril 1944.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2120 Concours National de la Résistance et de la Déportation

gués de la Croix-Rouge en juin 1944,avaient pour seul objet de présenter uneimage positive de ce camp, dans unbut de propagande. Terezin a été,comme d’autres camps, un lieu de tran-sit vers les camps d’extermination de l’Estde l’Europe et plus particulièrementd’Auschwitz : 88 000 personnes dépor-tées à Terezin ont disparu dans les campsd’extermination. Parmi celles-ci de nombreux enfants,environ 15000, dont seulement quelquescentaines sont revenus. En 1975, lemusée juif d’Etat de Prague a publié uneplaquette intitulée «Dessins d’enfants ducamp de concentration de Terezin» : unecollection de 4000 dessins est l’héritagele plus connu, le mieux conservé et leplus impressionnant des enfants martyrsde ce camp. Du point de vue des thèmes, les dessinsde Terezin se divisent en deux groupesprincipaux. Ce sont d’une part les dessins aux sujetstypiques d’enfants, où les petits évo-quaient le souvenir heureux de leurenfance perdue. Ils dessinaient les jouets,les assiettes pleines de nourriture, lemilieu disparu de leur foyer, des villes etdes paysages vivant toujours dans leursmémoires. Ils dessinaient et peignaientles prés aux fleurs et aux papillons volants,les motifs des contes de fée, les jeux d’en-fants. Ce type représente la partie la plusvolumineuse de la collection.Le second groupe est formé par les des-sins qui reflètent la réalité cruelle ducamp. Ils figurent les casernes, les rues etbaraquements, les soupentes à trois litset les gardiens de Terezin. On peut y voir

aussi des situations contre lesquelles d’ha-bitude les adultes protègent leurs enfants:malades et hôpitaux, transport, enterre-ment, exécution… Ces dessins constituent des documentsbouleversants sur la destinée tragique desenfants. Ils portent, pour la plupart, lasignature de l’enfant, parfois une date,l’indication de la maison où il vivait etcelui du groupe dont il était membre.Sur la base de ces données on a réussi àétablir les dates de naissance et de dépor-tation des enfants depuis Terezin. Une autre partie importante de l’héritagedes petits prisonniers de Terezin, c’estleur œuvre littéraire. Les enfants écri-vaient avant tout des vers et publiaient,naturellement en toute illégalité, leurspropres journaux. Le journal Vedem(Nous menons) est le plus important detous les journaux conservés. Il était publiépar un groupe de garçons de la maison I.,une des premières fondée, qui se trou-vait dans l’édifice d’une ancienne école,marquée par le chiffre L 417. Des gar-çons de 13 à 15 ans y avaient leur propreauto-administration sous la direction d’unancien professeur de lycée. Le journalVedem (paru du 18 décembre 1942 à l’au-tomne 1944) publiait des poésies, desarticles en prose, des comptes rendus, desobservations et même des critiques de laréalité de Terezin ainsi que des traduc-tions de la littérature étrangère, surtoutrusse et soviétique. Parmi les garçons quiécrivaient dans ce journal se distinguentsurtout Petr Ginz et Hanus Hachenburg.Petr Ginz était rédacteur en chef du jour-nal. Il procurait les articles et illustra-tions, écrivait lui-même les reportages,

histoires, vers, créait les dessins et pein-tures. En automne 1944, à 16 ans, cegarçon aux nombreux talents est mortdans une chambre à gaz à Auschwitz. Hanus Hachenburg représente le plusmarquant des enfants poètes. Il a écritde nombreux vers excellents ; lui aussi estmort à Auschwitz, à 15 ans, probable-ment en juillet 1944. Voici un de sespoèmes, qui exprime à la fois le souve-nir heureux de « la douce enfance loin-taine », l’horreur concentrationnaire, etl’espoir de revenir à la maison. ■

Dessin de Joseph NovakDessin de Irena Karpelesova

légiées, qu’en commun on fabrique undécor pour Noël, des jeux de cartes,des cadeaux pour pouvoir fêter l’an-niversaire de l’un, les vingt ans del’autre. Porte-monnaie, breloques,boîtes, jouets pour les plus jeunes,autant d’accessoires qui permettent deresserrer les liens de cette communautéqu’est la baraque ou le groupe de natio-nalité. Cette solidarité s’exerce aussienvers les plus démunis et nous ne cite-rons ici que l’exemple de la fabrica-tion de jouets par les déportées pour lesenfants du block juif de Ravensbrück,à l’initiative de Geneviève de Gaulle.Si création il y a eu, elle est cependantextrêmement limitée en raison dumanque de matériaux, des risquesencourus, de la priorité donnée auxactivités de survie. A contrario, la période de la libéra-tion, l’attente du rapatriement et ledésœuvrement durant ce laps de tempsengendreront la fabrication de nom-breux objets, souvent plus futiles :

pipes, boîtes à cigarettes, poudrier…Là encore, l’identité du déportédemeure avec la présence du matriculeà côté des initiales ou des prénoms desêtres chers que l’on va bientôt retrou-ver. On confectionne des éléments ves-timentaires qui permettront d’avoir«une allure». L’utilisation des couleursbleu-blanc-rouge, les croix de Lorraine,les V de la victoire sont présents auxcôtés des noms des camps et kom-mandos où l’on a survécu. Les matériaux demeurent rares et ceseront les plaques matricules qui ser-viront de base à la fabrication de bra-celets par exemple. Il est clair que cettepériode se caractérise par une soifd’identité et de possession après toutce temps déshumanisé, démuni ettourné vers les besoins essentiels. Cesobjets qui qualifient le retour à la viesont aussi les plus nombreux dans lescollections. Conservés comme souve-nirs car dignes de l’être, ils ont tra-versé le temps. ■

Porte-monnaie confectionné auKommando d’Abteroda par lescamarades de Jacqueline Fleury,matricule Ravensbrück 42176, àl’occasion de son anniversaire le12 décembre 1944. Le cuir pro-vient des usines d’Abteroda.

Pipe sculptée à Dachau par ledéporté Lucien Dupont,matricule 72522, numérogravé sur le fourneau.

Boîte à cigarettesfabriquée àSchönebeck,kommando deBuchenwald.

Casparticuliers

Dessins et poèmesdes enfants

du camp-ghetto de Terezin

Dans la ville tchécoslovaque deTheresienstadt (ou Terezin), situéeen Bohême à une heure de route

de Prague, les nazis implantent le24 novembre 1941 un ghetto qu’ils qua-lifient de «site d’implantation juif». Déjà,dès 1939, la «petite forteresse» de Terezinservait de prison et de camp d’interne-ment pour les antinazis tchèques.Plusieurs milliers de personnes de toutesnationalités y ont été détenus.Le camp-ghetto de Terezin, qui accueilleensuite des Juifs (artistes célèbres, intel-lectuels, anciens combattants), est utilisépar les nazis pour servir de vitrine à lapolitique juive du IIIe Reich. Ce qui faitla particularité de ce camp-ghetto, c’est laprésence dans un même lieu concentra-tionnaire de conditions de vie très dures(promiscuité, sous-alimentation, travailsouvent meurtrier) et d’une vie artistiqueunique dans l’ensemble du systèmeconcentrationnaire nazi. Un orchestre,une bibliothèque, une troupe de théâtre,le tournage d’un film ou la visite de délé-

TEREZIN

Un peu de saleté cernée dans la lèpre des mursavec un peu de barbelés autour.30000 sont là dormantqui un jour s’éveillerontet ce jour-là verrontla mare de leur sang.

Je fus jadis un enfant,voilà tantôt trois ans.Ma candeur rêvait d’autres mondes.Elle est passée, l’enfance.J’ai vu les flammes,je suis mûr à présentet j’ai connu la peur,les mots sanglants, les jours assassinés :où sont les croquemitaines d’antan ?…

Mais je crois, moi, qu’aujourd’hui est un songe,qu’avec mon enfance je reviendrai là-bas.Enfance, fleur d’églantier,cloche bourdonnant du fond des rêves,mère couvant son petit souffreteuxde l’amour le plus fort, ivre de sa féminité.Jeunesse affreuse qui guettel’ennemi, la corde.Enfance affreuse qui dans son for intimese dira: un tel est bon, mais cet autre est méchant.

Douce enfance lointaine qui doucement reposedans ces petites allées d’un parcet là, sur cette maison, quelque part se penchequand pour moi restait seul le mépris,là-bas dans les jardins et dans les fleursoù du sein maternel, je suis né au mondepour pleurer…

La bougie brûle et je dors sur ma couche,pour comprendre plus tard peut-êtreque je n’étais qu’un tout petit,juste aussi petit que le chœurdes 30000 dont la vie dort,là-bas dans les parcs se réveillera,ouvrira un beau jour ses yeuxet, parce qu’elle en verra trop,dans le sommeil replongera…

Hanus Hachenburg (12.7.1929 –7.1944, Auschwitz)

Vierge brodéepar MargueriteBonnamy aumoment de salibération àSwodau avec la croix deLorraine rouge.

Chapelet confectionné avec desrestes de laine bleu-blanc-rougepar une déportée polonaisepour Alice Genty, Ravensbrück,matricule 38820.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2322 Concours National de la Résistance et de la Déportation

guerre, attestent que des ensembles musi-caux ont bien existé à Buchenwald : jazz,quartettes, chorales.Cette faculté n’a été possible que pour uneinfime fraction de détenus, autorisée àorganiser des « soirées variétés» au profitd’une autre partie de détenus.De nombreux témoignages de déportésattestent que la pratique des chants, enparticulier des chants empruntés aux tra-ditions des folklores nationaux, leur redon-nait courage, espoir et envie de résister.Le chant enfin était en outre la formemusicale la plus simple. Mais c’était toutsauf un plaisir effréné, tout au plus l’undes moyens psychologiques de résister àl’agression ambiante.

La musique au camp-ghettode Terezin (3)

Dans ce camp atypique où la vie devaitparaître artificiellement gaie et insou-ciante une vie musicale intense pu sedévelopper. Viktor Ullmann y composa un opéra :L’Empereur d’Atlantide ou la mort abdique,où il se livre à une réflexion sur le pouvoiret la mort, au XXe siècle à Theresienstadtentre 1943 et 1944. Son œuvre, à forteinspiration et connotation résistantes, futinterdite par les SS. Viktor Ullmann lui-même fut déporté et assassiné àAuschwitz.Mais l’œuvre symbole de Terezin fut unopéra écrit en 1938 pour enfants et inter-

prété par des enfants : Brundibar, œuvrede l’écrivain Adolph Hoffmeister et ducompositeur tchèque Hans Krasa. Il fût donné pour la première fois en1942 à l’orphelinat juif de Prague, alorsque les auteurs du projet étaient déjàdéportés à Terezin. Bientôt commençaau camp une série de représentationsde Brundibar qui était très demandé.C’est un conte moral, qui évoque lescontes de fées anciens. ■

1. Source : John Eckhard, in F.N.D.I.R.P., créer poursurvivre, colloque, 1996.

2. Ou Börgermoorlied (chant de Börgermoor) com-posé par Rudy Goguel.

3. Concernant le camp-ghetto de Terezin, cf. aussipages 20-21.

La musique et le chant(1) ont été uti-lisés par les SS comme moyen d’hu-miliation ou de torture des détenus,

dans les camps. Il est impossible d’évo-quer la place et le rôle de la musique pen-dant la période concentrationnaire sansrappeler ces tristes réalités. Les détenus,affamés, épuisés de labeur quotidien,étaient souvent contraints de chanter pen-dant leurs déplacements à pied, deschants imposés du répertoire « officiel ».D’autres durent chanter en subissant deschâtiments corporels… Des orchestresde détenus étaient constitués pour accom-pagner le rituel de la vie au camp, dontles exécutions « spectacles » !Il leur fallait aussi animer parfois des soi-rées musicales au profit des SS et de leurfamille. Cette musique officielle etcontrainte, n’a heureusement pas com-plètement éteint le recours des déportésà d’autres formes d’expression musicale,le plus souvent clandestines, et qui jouè-rent un rôle important dans l’entretiend’un sentiment d’humanité et de solida-rité chez eux. Plusieurs exemples en don-nent l’illustration.

Le chant des Marais(2)

Dans la phase initiale et anarchique descamps allemands gérés par les SA, entre1933 et 1937, le chant fut un moyen decréativité, d’évasion et d’expression col-lective. Des sinistres marécages deBörgermoor, dans le Nord de l’Allemagne,surgit le célèbre «Chant des Marais», sortede complainte guerrière jaillie des pro-fondeurs du marais, dont la mélodie à lafois rythmée et nostalgique jette un cride détresse face à l’oppression et à l’es-clavage mais aussi un cri d’espoir etd’amour. Repris de camp en camp par lejeu des transferts affectant les détenus,traduit de langue en langue, il est finale-ment devenu le chant de la déportation.

Musique et chants tsiganesSouvent sollicités pour le bon plaisir desSS, les tsiganes, dont la tradition musicaleest légendaire, ont recouru à la musiquecomme remède moral face à leurs condi-

tions de vie, dans les ghettos et les camps,avant leur extermination. Les Roms, dansleur ensemble, ont caché à leur descen-dance leurs souffrances et le génocide dontles leurs furent victimes. Ils ont cherché àoublier ce cauchemar. Beaucoup étaientillettrés. Ces différents facteurs expliquentla rareté des créations retrouvées.Quelques chants, dans une création sansdoute beaucoup plus abondante en campmais hélas disparue avec ses auteurs, sontparvenus jusqu’à nous. En voici deux exemples :

CHANT RAPPORTÉ D’AUSCHWITZ, par Ruzena Danielova (Tchécoslovaquie)«Oh, toi, oiseau noirPrends ma lettrePrends-la pour ma femme

(pour lui dire) que je suis prisonnierà Auschwitz.A Auschwitz on a très faimEt rien à manger.Pas même un bout de painEt le chef de Block est mauvais.Tous les jours il nous batEt nous envoie au travail.Si une fille lui plaît, il l’emmèneEt lui dit : couche-toi là.Le jour où je partirai pour rentrer à la maisonJe tuerai le chef de Block».

CHANT DU CAMP DE CONCENTRATION DE NIS EN SERBIEPhabol lampa maskar o logori,Voi svetil amare Romenge.De ma Devladui bare phakorate uravNemso te mudaravTe lav lestaro bare natairatai te phutravo Nisko logori.«Une lampe brilleAu milieu du campElle éclaire nos Roms.Donne-moi, oh Seigneur,Deux grandes ailesPour que je m’envole,Pour tuer un AllemandPour prendre ses grandes clefsEt pour ouvrirLe camp de Nis. »

Musique dans les campsMusique et déportation forment aujour-d’hui encore une association qui reste dou-loureuse. Ce que l’on sait de la créationmusicale dans les camps demeure bienpauvre. La musique d’initiative non offi-cielle était, en règle générale, illégale.A partir de 1942, dans quelques camps,une pratique musicale a été rendue pos-sible, assortie de conditions d’encadrementtrès strictes, à propos de laquelle on nepeut parler de «création» proprement dite.Les témoins, dont Pierre-Yves Boulongne,déporté à Buchenwald, dont certainspoèmes mis en musique ont donné nais-sance à de très beaux oratorios après la

La musique dans les campsCHANT DES MARAIS

Loin vers l’infini s’étendentLes grands prés marécageux Pas un seul oiseau ne chante Dans les arbres secs et creux

O terre de détresse Où nous devons piocher sans cessePiocher… Piocher…

Dans ce camp morne et sauvage, Entouré de murs de fer, Il nous semble vivre en cage Au milieu d’un grand désert

O terre de détresseOù nous devons piocher sans cessePiocher… Piocher…

Bruits de chaînes, bruits des armesSentinelles jour et nuitEt du sang, des cris, des larmes, La mort pour celui qui fuit.

O terre de détresse Où nous devons piocher sans cessePiocher… Piocher…

Mais un jour dans notre vie, Le printemps refleuriraLibre alors ô ma patrieJe dirai : Tu es à moi

O terre enfin libreOù nous pourrons revivreAimer… Aimer…

Brundibarproduction del’ensembleJustiniana.Opéra Nationalde Paris.

Ci-dessous, programme musical deBuchenwald.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2524 Concours National de la Résistance et de la Déportation

a découverte des camps deconcentration à la Libérationprovoqua un choc dans l’opi-

nion mondiale. Les photographies publiéesalors, ainsi que les dessins des déportés,constituèrent un seuil jamais atteint dansla représentation de l’horreur et marquè-rent une rupture dans la continuité his-torique telle qu’elle était perçue jusque-là:

– d’une part, le nazisme représente eneffet, dans sa théorie comme dans sa pra-tique, la plus tragique violation des droitsde l’homme de toute l’histoire de l’hu-manité, au point que la communautéinternationale a défini une nouvellenotion juridique pour la qualifier, cellede crime contre l’humanité. – d’autre part aucune représentation dela mort de masse n’avait jamais été mon-trée ainsi au grand public. L’art et la lit-térature ne pouvaient rester étranger àcette problématique qui concerne toutesles formes d’expression artistiques. Gaétan Picon disait « L’histoire est le mauvais rêve de l’art. C’estle cauchemar dont il doit se dégager »Et Michel Ribon(1) ajoutait :« (…) Mais le peut-il tout à fait ? L’artistevrai, qui revendique la liberté de son art,refuse tout enrôlement de sa production

dans la poursuite d’une quelconque fina-lité de l’Histoire. Pourtant, même si le tempsqui parle dans une œuvre est plus profondet plus ouvert que le temps de l’événementhistorique qu’elle peut représenter, l’œuvrereste attachée au temps où se sont déroulésde tels événements. L’œuvre est en effet venueau monde, mais aussi du monde dont ellea pris vie. Ce monde là, cette époque-làsont présents en elle qui en fait toujours, dequelques façon, retentir l’écho. Notre sièclescientifique et barbare ne peut vouloir êtreignoré de l’art parce qu’il a été secoué etbouleversé par des manifestations extrêmesde l’horreur : la boucherie de Verdun, lefanatisme des masses en délire, Nuremberget sa tribune de haine et de mort, leschambres à gaz (…)Plombée de mort, cetteHistoire-là ne cesse de faire retentir son échodans l’art contemporain (…) »L’art contemporain est en effet hanté par

L

Dans la littérature de cette période, iln’est pas possible de passer soussilence quelques œuvres écrites «en

marge » de l’univers concentrationnaireproprement dit, mais en rapport directavec lui. Nous citons là quelques exemples.

Le poète Aragon apprenant en 1943le destin des femmes du convoi parti deRomainville, emportant DanielleCasanova, Maïté Politzer, HélèneSolomon, Marie-Elisa Cohen etCharlotte Delbo, écrit sous son pseudo-nyme «François la Colère » :

Moi, si je veux parler, c’est afin que la haineAit le tambour des sons pour scander ses leçonsAux confins de Pologne, existe une géhenneDont le nom siffle et souffle une affreuse chanson.

Auschwitz ! Auschwitz ! Ô syllabes sanglantes !Ici l’on vit, ici l’on meurt à petit feu.On appelle cela l’extermination lente.Une part de nos cœurs y périt peu à peu

Limites de la faim, limites de la force :Ni le Christ n’a connu ce terrible cheminNi cet interminable et déchirant divorceDe l’âme humaine avec l’univers inhumain…

Puisque je ne pourrais ici tous les redireCes cent noms, doux aux fils, aux frères, aux maris,C’est vous que je salue, en disant en cette heure la pire,Marie-Claude, en disant : Je vous salue Marie.

A celle qui partit dans la nuit la première,Comme à la Liberté monte le premier cri,Marie-Louise Fleury, rendue à la lumière,Au-delà du tombeau : je vous salue Marie…

Les mots sont nuls et peu touchants.Maïté et Danielle… Y puis-je croire ?Comment achever cette histoire ?Qui coupe le cœur et le chant ?

Marguerite Duras1945, l’attente des familles Paris est libérée en août 1944. Les moispassent. Les familles attendent le retour desleurs. L’écrivain Marguerite Duras, épousede Robert Antelme, tient son journal. 20 avril 1945 : « C’est aujourd’hui qu’ar-rive le premier convoi des déportés poli-tiques de Weimar… » Marguerite Durasse rend, comme chaque jour, au centrede rapatriement d’Orsay où affluent lesprisonniers de guerre : elle y pointe lesrevenants. « Je travaille mal, tous ces nomsque j’additionne ne sont jamais le sien ».

Robert Antelme n’est pas parmi les dépor-tés de ce premier retour. «Ce n’est pas ordi-naire d’attendre ainsi. Je ne saurai jamaisrien. Je sais seulement qu’il a eu faim et qu’iln’a pas revu un morceau de pain avant demourir, même pas une seule fois (…) S’ilrevient, nous irons à la mer. Ce sera l’été, leplein été (…) J’ai choisi de l’attendre commeje l’attends, jusqu’à en mourir. ».22 avril 1945«On n’existe plus à côté de cette attente. Ilpasse plus d’images dans notre tête qu’il y ena sur les routes d’Allemagne. Des rafales demitraillettes à chaque minute à l’intérieurde la tête. Et on dure, elles ne tuent pas.Fusillé en cours de route. Mort le ventrevide. Sa faim tourne dans la tête pareilleà un vautour. Impossible de rien lui don-ner. On peut toujours tendre du pain dansle vide. On ne sait même pas s’il a encorebesoin de pain. On achète du miel, du sucre,des pâtes. On se dit : s’il est mort, je brûle-rai tout. Rien ne peut diminuer la brûlureque fait sa faim… »27 avril 1945« (…) Nous sommes de ce côté du mondeoù les morts s’entassent dans un inextricablecharnier. C’est en Europe que ça se passe.C’est là qu’on brûle les juifs, des millions.C’est là qu’on les pleure. L’Amérique éton-née regarde fumer les crématoires de l’Europe(…) »28 avril 1945« (…) Le monde entier attend (…)Ce nou-veau visage de la mort organisée, rationa-lisée, découverte en Allemagne, déconcerteavant que d’indigner » (…) « Si ce crimenazi n’est pas élargi à l’échelle du mondeentier, s’il n’est pas entendu à l’échelle col-lective, l’homme concentrationnaire deBelsen qui est mort seul, avec une âme col-lective et une conscience de classe, celle-làmême avec laquelle il a fait sauter le bou-lon du rail, une certaine nuit, à un certainendroit de l’Europe, sans chef, sans uni-forme, sans témoin, a été trahi. Si l’on faitun sort allemand à l’horreur nazie et pasun sort collectif, on réduira l’homme deBelsen au ressortissant régional. La seuleréponse face à ce crime est d’en faire uncrime de tous. De le partager (…) J’ai

entendu des cris dans l’escalier, un remue-ménage, un piétinement. Puis des claque-ments de portes et de clés. (…) Je n’ai pas pul’éviter. Je suis descendue pour me sauverdans la rue. Beauchamp et D. le soute-naient par les aisselles (…) Il avait les yeuxlevés. Je ne sais plus exactement. Il a dû meregarder et me reconnaître et sourire. J’aihurlé que non, que je ne voulais pas le voir(…) Je hurlais, de cela, je me souviens. Laguerre sortait dans les hurlements. Sixannées sans crier (…) Devant moi. Je nele reconnais pas. Il me regarde. Il sourit. Ilse laisse regarder. Une fatigue surnaturellese montre dans son sourire, celle d’être arrivéà vivre jusqu’à ce moment-ci… »Le difficile retour au monde «Quand il était passé dans la cuisine, ilavait vu le clafoutis () Je peux en manger ?Nous ne savons pas, c’est le docteur qui ledira… Son visage s’était recouvert d’unedouleur intense et muette parce que la nour-riture lui était encore refusée, que ça conti-nuait comme au camp de concentration.Et comme au camp, il avait accepté ensilence. Il n’avait pas vu qu’on pleurait…S’il avait mangé dès le retour du camp, sonestomac se serait déchiré sous le poids de lanourriture… Non, il ne pouvait pas man-ger sans mourir. Or il ne pouvait plus res-ter encore sans manger sans en mourir. Làétait la difficulté. La lutte a commencé trèsvite avec la mort. Il fallait y aller doux avecelle, avec délicatesse, tact, doigté. »« Sa faim a appelé sa faim. Elle est deve-nue de plus en plus grande, insatiable. Ellea pris des proportions effrayantes (…) Hieraprès-midi, il est allé voler du pain dans lefrigidaire. Il vole. On lui dit de faire atten-tion, de ne pas trop manger. Alors, il pleure(…) Les forces reviennent ».

Enfin citons le roman d’Anne Seghers,La Septième croix, sur le camp d’Osthofen(Westhofen dans le roman) qui contri-bua largement, juste avant la guerre, à lamobilisation des antinazis. Il a été écritpendant l’exil de l’auteur au Mexique,en 1942 (la traduction française date de1947). ■

En marge des camps

Bergen Belsen, en avril 1945, avec ces scènes de famineset de mort d’une ampleur jamais vue auparavant,devient le symbole de la bestialité du régime nazi.

Isaac Celnikier, Birkenau. Triptyque : mémoire, révolte et vie.

DEUXIEME PARTIECREATION ET PRODUCTION

DE LA PERIODEPOST CONCENTRATIONNAIRE

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2726 Concours National de la Résistance et de la Déportation

technique de la création littéraire. Ilentend faire vivre son récit, conduire lelecteur là où il veut et s’en donne la libertédans un style précis, éprouvant, où s’im-pose la vérité.« (…) Les camps de concentration sontl’étonnante et complexe machine de l’ex-piation. Ceux qui doivent mourir vont àla mort avec une lenteur calculée pour queleur déchéance physique et morale, réaliséepar degrés, les rende enfin conscients duMal et non des hommes. Et le prêtre justi-cier éprouve une sorte de plaisir secret, de

volupté intime, à ruiner les corps. Cettephilosophie seule explique le génial agen-cement des tortures, leur raffinement com-plexe les prolongeant dans la durée, leurindustrialisation, et toutes les composantesdes camps. (…) »L’avertissement qu’il lance à la fin de sonlivre résonne comme un cri d’alarme etinvite à la réflexion.« (…) L’existence des camps est un avertis-sement. La société allemande, en raison à lafois de la puissance de sa structure écono-mique et de l’âpreté de la crise qui l’adéfaite, a connu une décomposition encoreexceptionnelle dans la conjoncture actuelledu monde. Mais il serait facile de montrerque les traits les plus caractéristiques et de

la mentalité SS et de soubassements sociauxse retrouvent dans bien d’autres secteurs dela société mondiale. Toutefois, moins accu-sés et, certes, sans commune mesure avec lesdéveloppements connus dans le grand Reich.Mais ce n’est qu’une question de circons-tances. Ce serait une duperie, et criminelle,que de prétendre qu’il est impossible auxautres peuples de faire une expérience ana-logue (…)» (Août 1945 ).

L’Homme et la bête de Louis Martin-Chauffier(1) (1947) s’inscrit dans le

même registre : le style est rude et sanscomplaisance ; la description de la « tech-nique de l’avilissement concerté», est sansfaille, sans emphase non plus ; le proposincisif passe alternativement de la bête àl’homme et inversement, l’un et l’autrevisage n’épargnant pas plus les victimesque les bourreaux. L’adieu final n’échappepas à la vigueur générale du ton :« (…) L’un des membres de l’équipage sor-tit de la cabine du pilote et nous dit : «C’estla France «Nous regardâmes par les hublots,pour la voir glisser lentement, à quelquescentaines de mètres au-dessous de nous. Mavoisine me serra la main si fort qu’elle sem-blait s’accrocher, au bord de la chute.Personne n’osait plus parler. C’est là, au

passage de la frontière, que la conscienceme revint, et que je sus ce que c’était que leretour. J’eus une sorte de vertige, comme sij’avais brusquement tourné sur moi-même:et je vis, enfin, devant moi, l’avenir auquel,jusqu’alors, j’avais tourné le dos. Le présentprit la tête et alla de l’avant, hardimentvers le temps des promesses, au lieu de suivreen traînant le poids des jours enfuis.Ce qui suit ne regarde personne. Le bon-heur n’a pas besoin de confidents et neporte pas témoignage. (…) Kergantelec,été 1945 – été 1947.

L’espèce humaine de Robert Antelme(1947) appartient aussi à la générationdes œuvres de l’immédiat après-guerre.Elle se distingue des deux précédentespar sa dimension philosophique. Lessituations saisies sont indépendantes lesunes des autres, elles auraient pu se situerailleurs, à un autre moment. On estplongé dans la grisaille, sans repère, sanshorizon. Le style dépouillé, vrai, cruelmais lucide, ne manque pas d’élégance. Aaucun moment il n’est larmoyant. RobertAntelme ne cherche pas à apitoyer. Il lereconnaît lui-même : son expérience esttrop dense, trop intime, pour être trans-missible. L’agression verbale dont il faitparfois preuve est une riposte à l’humi-liation subie. Elle le réinstalle dans sadignité d’homme. Une constante traversele récit d’un bout à l’autre : l’acharne-ment à survivre… par tous les moyens.Car, si la mort est terrible, dans certainescirconstances l’héroïsme est plutôt ducôté de la survie. L’essentiel pour RobertAntelme tient en ces mots :« (…) Le ressort de notre lutte n’aura étéque revendication forcenée et presque tou-jours solitaire, de rester jusqu’au bout deshommes (…) ».Nous citons ci-dessous quelques thèmeset la relation simple mais saisissante qu’ilen fait :L’espèce :« (…) Le règne de l’homme, agissant ousignifiant, ne cesse pas. Les SS ne peuventpas muter notre espèce. Ils sont eux-mêmes

les crimes du nazisme et en tout premierlieu par les vociférations haineuses desnazis, par l’univers concentrationnaire,par le génocide perpétré contre les Juifset les Tsiganes et le massacre des Slaves. Ces spectres sont parfois explicites dansles œuvres les plus figuratives, mais munisde quelques clés interprétatives il devientpossible d’en déceler la présence dans descréations plus abstraites. Aujourd’hui comment représenter lescamps, la déshumanisation, l’exploita-tion industrielle des hommes et de leursobjets les plus intimes, le meurtre demasse industriellement exécuté ?Les barbelés, les miradors, les blocks etleurs paillasses, les costumes rayés s’im-posent comme des symboles graphiquesincontournables des camps nazis. Les cris de haine, le bruit des bottes, lesclaquements de fusils, les hurlements desSS à l’arrivée des convois peuvent êtresuggérés dans certaines compositionsvisuelles, théâtrales ou musicales.Foules anonymes sans visage, silhouettesdécharnées, chiffres et tatouages disentla déshumanisation de l’univers concen-trationnaire. Les paysages dévastés repré-sentent les Oradour de toute l’Europe,les ruines silencieuses et dépeuplées évo-quent les ghettos liquidés, les villages juifspolonais anéantis.Les amoncellements d’objets (vêtements,valises, cheveux, prothèses…) exprimentla récupération, l’exploitation systéma-tique et froidement orchestrée deshommes et de leurs objets les plus

intimes. L’image des poupées ou desjouets délaissés peut alors être vue commeune référence explicite au massacre desenfants. Enfin, le thème de la mort massivementorganisée s’exprime à travers la visionobsessionnelle des charniers, des empi-lements de corps inanimés ou l’amon-cellement de fragments non identifiablesdes victimes, comme de simples mainspar exemple. D’autres artistes, au contraire, s’attachent,dans une sorte de célébration particu-lière, à restituer une identité lisible auxmorts, choisissant de ne représenter qu’unvisage, qu’un destin. Enfin, artistes déportés et non déportéspuisent leur inspiration dans leur proprehéritage culturel et religieux, revisitantles images bibliques du martyr, de laVierge, le combat de David contreGoliath, le sacrifice de Job, scènes dont leprofane devra rechercher le sens. Recherches esthétiques avant-gardistes,représentations abstraites jusqu’à l’her-métisme, fictions imaginatives, les formeset le sens des œuvres post-concentra-tionnaires peuvent donner lieu à débats,voire à controverses. Jusqu’où peut allerle créateur dans son interprétation intimede l’univers barbare des camps ? Laréponse est largement, comme toujoursen matière d’art, subjective. Toutefois,quelques œuvres ont suscité la réproba-tion unanime des survivants. ■

1. Michel Ribon L’Art et l’or du temps, Editions Kimé,1997.

IMMEDIATES (1945-1948)

Littéraires

Contrairement à l’opinion courante,les déportés parlent et écrivent dèsleur retour, ou s’y essaient. Ce qu’ils

viennent de vivre suscite des récits enforme de témoignage ou des écrits plusélaborés, enrichis de réflexions philoso-phiques et éthiques.Entre 1945 et 1948, en France, quelquesdeux cents ouvrages d’importance et devaleurs très inégales sont édités. Pour leursauteurs, écrire est un besoin, un impéra-tif moral, le moyen de communiquer avec« les autres », ceux qui n’ont pas connules camps, le moyen aussi de retrouverleur propre humanité. Le récit devientalors une sorte de thérapie. Les imagessortent des consciences, se fixent sur lepapier et peuvent être contemplées «dudehors ». A la différence des poèmes, cesrécits exigent un patient travail d’élabo-ration, impossible en camp mais qui ledevient au retour. Leur nombre est important dans les pre-mières années. Ouvriers, prêtres, méde-cins, écrivains, jeunes et moins jeunes…se lancent dans l’écriture sans recul. Ilsne revendiquent aucun talent littéraireet insistent sur la véracité de leurs pro-pos, comme par crainte de n’être pas crus.Le style est simple, direct, émotif, par-fois emprunt d’idéologie. Il y a toujoursidentité entre l’auteur et l’expériencevécue.La plupart des productions sont auto-biographiques. Parmi elles, quelquesœuvres maîtresses, passées parfois inaper-çues à leur parution, s’imposent aujour-d’hui.

L’univers concentrationnaire de DavidRousset, écrit dès 1945 et publié en1946, fournit la première fresque des-criptive du phénomène concentration-naire répressif. L’auteur maîtrise la

ŒUVRES DES DÉPORTÉS RESCAPÉS

«Nous les témoins avons réfléchi et travaillé face à la difficulté de faire sentirl’impossible ; c’est-à-dire à la fois la souffrance imposée par des hommes,

les nazis, à d’autres hommes, leurs victimes, mais aussi la lutte des hommes pourrester des êtres humains. Nous avons constaté l’exceptionnelle puissance de l’artqui peut instaurer une réelle empathie entre le témoin et ses auditeurs. Devant lamonstruosité d’Auschwitz, certains s’arrêtent à sa seule contemplation, allant jus-qu’à sacraliser la Shoah. Pourtant un tel drame est un phénomène de société qu’ilfaut essayer d’analyser pour en prévenir le retour : n’est-ce pas là un devoir et untravail d’Histoire, auquel les sciences humaines sont invitées à participer.En effet, au-delà de la connaissance intellectuelle, aucun phénomène de société nepeut être totalement appréhendé si l’on ne tient pas compte du vécu de ceux quien ont été les acteurs agissants ou subissants? Pour que le savoir incite les jeunesgénérations à se mobiliser contre le retour du mal, il faut qu’elles se sentent tou-chées dans leur propre humanité par le cri des générations qui les précèdent,actualisé. La littérature permet en particulier une certaine identification aux per-sonnages, réels ou de fiction.»

Marie José Chombart De Lauwe. Entretiens de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Paris, juin 2001.

Maurice de La Pintière, Où la faim se faisait cruellement sentir…

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2928 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Jorge SemprunNé à Madrid, ancien élève du lycée HenriIV, lié à de nombreux intellectuels pari-siens, Jorge Semprum s’engage dans laRésistance au sein du réseau Buckmaster,en Bourgogne. Arrêté puis déporté àBuchenwald, il est libéré le 11 avril 1945par l’armée de Patton. Il n’écrira quequinze ans après. Son premier romanautobiographique, Le grand voyage(Gallimard, Paris) n’est en effet publiéqu’en 1963.Contrairement à Elie Wiesel il n’hésitepas à parler du camp, persuadé toutefoisque la réalité concentrationnaire est tel-lement invraisemblable qu’il lui faut sedonner le moyen de la rendre vraisem-blable. Il en explique ainsi les règles : «(…) Comment raconter ? (…) dès ledépart, j’avais pensé, même avant de songerà écrire une ligne, qu’il fallait construireune narration, qu’il fallait utiliser les pro-cédés de la fiction narrative pour raconterla vérité et pour que la vérité devienne vrai-semblable. Quelles sont les limites ? Leslimites sont très simples : quel que soit le

raccourci narratif qu’on invente pour fairecomprendre les choses, quel que soit le per-sonnage qu’on invente, fondé sur des per-sonnages réels divers et variés, quelle quesoit cette fiction narrative, il y a une limiteà ne pas franchir : c’est de n’apporter aucundétail qui puisse être utilisé par les révi-sionnistes ou les négationnistes. Aucun –Voilà la limite absolue (…) » (Entretiensde l’AFMD (1), Paris, juin 2001).L’écriture ou la vie (Gallimard, Paris,1994) obtient le prix Fémina. Semprumnous rapporte ce qu’il ressent avec unréalisme saisissant :« (…) Ainsi, paradoxalement, du moins àpremière et courte vue, le regard desmiens,(…), me renvoyait à la mort, (…).Nous vivions ensemble cette expérience de lamort, cette compassion. Notre être étaitdéfini par cela : être avec l’autre dans lamort qui s’avançait. Le regard du SS, enrevanche, chargé de haine inquiète, mor-tifère, me renvoyait à la vie. Au fou désir delui survivre (…) » (p 34)« (…) C’était excitant d’imaginer que lefait de vieillir, dorénavant, à compter de

ce jour d’avril fabuleux n’allaitpas me rapprocher de la mort,mais bien au contraire m’en éloi-gner (…) » (p. 25)« (…) Mais qui aura été dispo-nible, autour de nous, en ce temps-là du retour, à une écouteinlassable et mortelle des voix de lamort ? (…) » (p. 167)

Charlotte DelboCharlotte Delbo, assistante ducélèbre comédien et metteur enscène Louis Jouvet, quitte satroupe alors en tournée enAmérique du Sud pour rejoindreson mari, Georges Dudach, etentrer dans la Résistance à sescôtés. Tous les deux sont arrêtésle 2 mars 1942. Lui est fusilléau Mont Valérien. Elle est trans-férée à la prison du fort deRomainville le 24 août, puisdéportée à Auschwitz-Birkenauen janvier 1943. Elle ne rentreraen France qu’en mai 1945 aprèsun passage à Ravensbrück. Dansles six mois qui suivent sonretour, mue par une fortevolonté de témoigner par écrit,

elle s’attèle à la rédaction d’un manus-crit dans lequel sont consignées desimages presque insoutenables qu’elle veutlivrer à la contemplation et à la médita-tion du lecteur. Le climat peu réceptif del’après guerre l’incitera pourtant à cacherce manuscrit pendant près de 20 ans. Au journal Le Monde, elle déclare le20 juin 1975 :« (…) Quand je suis rentrée du camp, j’aivoulu témoigner. Il fallait que quelqu’unrapporte les paroles, les gestes, les agoniesd’Auschwitz (…) ».Elle y contribuera par la poésie et la tra-gédie. Sa bouleversante trilogie Auschwitzet après (Aucun de nous ne reviendra en1966, une Connaissance inutile en 1970,Mesure de nos jours en 1971) est une œuvrede mémoire et d’imagination, qui nousfait pénétrer l’univers concentrationnaire,par l’œil expert d’une femme de théâtre.«(…) Une femme que deux tiennent par lesbras. Une juive. Elle ne veut pas aller au 25,c’est-à-dire la phase qui précède la chambreà gaz. Les deux la traînent. Elle résiste. Sesgenoux raclent le sol. Son vêtement remontesur le cou. Le pantalon défait (…) traînederrière elle, à l’envers, retenu aux chevilles.Une grenouille dépouillée (…)Essayez deregarder, Essayez pour voir (…) » Extrait de Aucun de nous ne reviendra.Parmi les scènes auxquelles il lui estdonné d’assister, le viol du lien sacré dela famille par les SS au cours du proces-sus de sélection lui arrache ces cris d’in-dignation : « (…) Ma Mère c’était des mains, unvisage. Ils ont mis nos mères nues devantnous, Ici les mères ne sont plus mères à leursenfants (…) » « Marie. Son père, sa mère, ses frères et sessœurs ont été gazés à l’arrivée, Les parentsétaient trop vieux, les enfants trop jeunes.Elle a dit : «Elle était belle ma petite sœur !Vous ne pouvez pas vous représenter commeelle était belle ! Ils n’ont pas dû la regarder.S’ils l’avaient regardée, ils ne l’auraient pastuée. Ils n’auraient pas pu ! »Des compagnies théâtrales mettent enscène ses différents textes qui prennent unevaleur universelle, comme ceux des plusgrands classiques… Mais le drame qu’elleévoque, elle l’a réellement vécu. ■

1. Cf. Entretiens de l’Association des Amis de laFondation pour la Mémoire de la Déportation, Paris,juin 2001.

enfermés dans la même espèce et dans lamême histoire. Il ne faut pas que tu sois :une machine énorme a été montée sur cettedérisoire volonté de con (…) Ils ont brûlédes hommes et il y a des tonnes de cendres,ils peuvent peser par tonnes cette matièreneutre. Il ne faut pas que tu sois, mais ils nepeuvent pas décider, à la place de celui quisera cendre tout à l’heure, qu’il n’est pas(…) » (p. 79).Le froid :« (…) Dans le creux de la carrière, unedizaine de types se sont collés en grappe pourse protéger contre le froid. Ceux qui sont àl’extérieur essaient d’entrer à l’intérieur dela grappe. La mâchoire inférieure est para-lysée par le froid. Quand on essaye de par-ler, la langue glisse, on ne forme que lamoitié des mots. On livre une batailleminuscule pour grignoter ou défendre descentimètres, pour entrer au cœur de lagrappe ou s’y maintenir. (p. 83)Le pain : « (…) L’apparition du morceau de pain,c’est l’apparition d’un certain futur assuré.La consommation du pain, c’est celle mêmede la vie : on se rejette dans le risque, levide, la fragilité de chaque seconde (…)(p. 89)

Si c’est un homme(2) de Primo Levi.Capturé par les milices fascistes, PrimoLevi est déporté en février 1944 àAuschwitz. Il échappe à la sélection pourla chambre à gaz et est envoyé à Buna-Monowitz travailler en qualité de chi-miste dans la fabrique de caoutchoucsynthétique de l’IG Farben. Il écrit Si c’est un Homme dès son retourde déportation, animé par une volontéfarouche de révéler ce qu’il a vu et vécu.La première parution est obtenue de jus-tesse d’une petite maison d’édition(3).C’est malheureusement un échec. En1958 un éditeur turinois(4) importantaccepte de publier l’œuvre à nouveau. Lelivre est traduit, son succès considérable.Le récit introduit le lecteur dans l’inti-mité du quotidien de la vie du détenu,confronté à la réalité du camp avec sesrites, ses interdits, ses souffrances. « (…) Les interdictions sont innombrables :interdiction (…) de dormir avec sa veste, ousans caleçon, ou le calot sur la tête (…) ;de ne pas aller à la douche les jours pres-crits et d’y aller les jours qui ne le sont pas

(…) de mettre du papier ou de la paillesous ses habits pour se défendre du froid(…) Le soir, il faut passer au contrôle despoux et au contrôle du lavage des pieds ; lesamedi, il faut se faire raser la barbe et lescheveux (…) le dimanche c’est le contrôlegénéral de la gale et le contrôle des boutonsde veste (…) Quand les ongles poussent, ilfaut les couper et nous ne pouvons le fairequ’avec les dents (…) » (pages 34 et 35Editions Pocket).«(…) Et que l’on n’aille pas croire que dansla vie du Lager, les souliers constituent unfacteur négligeable. La mort commence parles souliers. Ils se sont révélés être pour laplupart d’entre nous de véritables instru-ments de torture qui provoquaient au boutde quelques heures de marche des plaiesdouloureuses destinées à s’infecter. Celui quia mal aux pieds est obligé de marchercomme s’il traînait un boulet (d’où l’allurebizarre de l’armée de larves qui rentrechaque soir au pas militaire) ; il arrive bondernier partout, et partout reçoit des coups ;il ne peut pas courir si on le poursuit ; sespieds enflent, et plus ils enflent, plus le frot-tement contre le bois et la toile du soulierdevient insupportable. Alors il ne lui resteplus que l’hôpital : mais il est extrêmementdangereux d’entrer à l’hôpital avec le dia-gnostic de «dicke Füsse » (pieds enflés), carpersonne n’ignore, et les SS moins que qui-conque, que c’est un mal dont on ne guéritpas (…) »Il montre comment la violence atteintl’être dans ses gestes les plus banaux ; lerôle primordial des rapports entre déte-nus, qui aident à décrypter les règles diteset non-dites du camp; l’importance vitalede la relation à l’autre, fût-elle silencieuse;ce monde complexe qu’il qualifie de« zone grise » et dont il explore tous lesespaces.Primo Levi décrit Auschwitz, avec l’éton-nante lucidité et le sens pédagogique duscientifique qu’il était. ■

1. Louis Martin-Chauffier s’engage dans la Résistancedés 1941. Il devient rédacteur en chef du journalclandestin Libération. Il est arrêté et déporté en 1944.Il reçoit le Grand Prix National des Lettres en 1957.Il meurt en 1980.

2. Le titre du livre est emprunté à un ver de Dantedans la Divine Comédie .

3. Editions De Silva, 1947.

4. Editeur Einaudi, Turin, 1958.

ULTÉRIEURESTémoignages littéraires

Elie WieselDéporté à Auschwitz où meurent sa mèreet sa sœur, Elie Wiesel vit sa déportationavec son père qu’il verra mourir près delui à Buchenwald au terme d’une terriblemarche de la mort, peu avant l’arrivéedes Alliés. Il écrit La nuit (éditions de Minuit, Paris),récit autobiographique publié en 1958,où il relate la déportation des Juifs deSighet, petite ville de Transylvanie.Quelques essais, nouvelles, romans,poèmes (voir bibliographies) y ferontsuite. Ces œuvres plus tardives évoquentle génocide du peuple juif, mais l’auteurrefusant à quiconque, et donc à lui-même,le droit de parler au nom des victimes,préfère aborder la Shoah dans son anté-riorité, décrivant la judéité et la culturejuive européenne d’avant la guerre, puisdans ses conséquences, par l’étude de l’em-preinte qu’elle a laissée sur les survivants.Il demeure réservé sur le recours à la créa-tion artistique pour évoquer des événe-ments aussi tragiques que ceux liés auxcamps et au génocide.Dans La Nuit toutefois il témoigne : « (…) Non loin de nous, des flammes mon-taient d’une fosse, des flammes gigantesques.On y brûlait quelque chose. Un camions’approcha du trou et y déversa sa charge :c’étaient des petits enfants. Des bébés ! Oui,je l’avais vu, de mes yeux vu… Des enfantsdans les flammes. Est-ce donc étonnant sidepuis ce temps-là le sommeil fuit de mesyeux ? Voilà donc où nous allions. Un peuplus loin se trouverait une autre fosse, plusgrande, pour des adultes. Je me pinçai levisage : vivais-je encore ? Etais-je éveillé ? Jen’arrivais pas à le croire. Comment était-ilpossible qu’on brûlât des hommes, desenfants et que le monde se tût ? Non, toutcela ne pouvait être vrai. Un cauchemar…[…] Jamais je n’oublierai cette fumée.Jamais je n’oublierai les petits visages desenfants dont j’avais vu les corps se trans-former en volutes sous un azur muet. Jamaisje n’oublierai ces flammes qui consumèrentpour toujours ma Foi (…) » Hernan (sculpture), collection privée.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 3130 Concours National de la Résistance et de la Déportation

La Poésie post concentrationnaire Toujours aussi présente, mais hésitante entre le souvenirencore vivace et meurtri, le désir d’oublier, l’espoir et l’amourretrouvés et toujours ce lancinant appel à témoigner. ■

La PeintureProfondément marqués par leur dou-loureuse expérience concentrationnaire,les peintres déportés ont voulu portertémoignage à leur retour. Ils ont illustrésles publications collectives d’amicales oud’associations de déportés, comme RobertHoulgatte ou Milos Batic pourMauthausen, France Audoul pourRavensbrück et également Maurice de laPintière pour Dora. Ils ont réalisé desœuvres plus magistrales comme BorisTaslitzky ou Isaac Celnikier. ■

Isaac Celnikier

Rescapé du génocide, issu d’une famillejuive de Varsovie, Isaac Celnikier connutla fuite, le ghetto (Bialystok 1939), lescamps du Stutthof, Auschwitz-Birkenau,Buna-Monowitz, les évacuations de jan-vier 1945, Mauthausen, Sachsenhausen,Flossenbürg. Il est retrouvé seul survi-vant de son wagon par des soldats amé-ricains. A la libération, il est interné parles soviétiques au camp de Sumperk enTchécoslovaquie, d’où il s’évade.De sa peinture Max Gallo a dit : « Il réus-sit (…) à faire surgir ce qui a disparu, lasouffrance et la peur, ces foules où l‘indi-vidu n’est plus qu’une ombre, où la per-sonne n’est plus rien et à nous rappeler quedans ces amas (…) il y a des destins, des

vies, des visages, des yeux donc des douleurs,à chaque fois uniques (…) Isaac Celnikierentre ainsi au panthéon des œuvres inou-bliables (…) celle de Breughel et de Goya.Voir tryptique p.25.

Boris TaslitzkyEnfant de réfugiés russes en France, néen 1911. Elève des Beaux-Arts, il étudieet copie Rembrandt, Rubens et Géricault.Prisonnier de guerre évadé en 1940, arrêtéen 1941 pour raisons politiques, il

connaît de multiples pri-sons dans lesquelles sescodétenus firent appel àses talents de peintre,avant d’être finalementdéporté à Buchenwald.Issu de l’Ecole des Beaux-Arts, élève de JacquesLipschitz, il apprit beau-

coup en copiant Rembrandt, Rubens,Gericault… En 1990, il donne une visionlyrique de l’insurrection des détenus deBuchenwald du 11 avril 1945, à laquelleil a participé.

Maurice de La PintièreDéporté au camp de Dora. artiste detalent, il a traduit son expérience dansdes dessins saisissants, qu’il a exécutésaussitôt après sa déportation, lorsqu’ilétait encore sous le choc de l’évènement.

« Dora la mangeused’hommes », regroupeles reproductions de35 lavis faits en 1945. Informations à l’Amicale

Dora Ellrich — CEP, 55

quai Le Gallo — 92100

Boulogne.

Boris Taslitzky, La Mort deDanièle Casanova, 1950.

Boris Taslitzky, L’insurrection de Buchenwald, toile monumentale.

L’EMPREINTE

Du champ clos barbelé, filtre un regard furtifVers le triste horizon, que sa nuit vient confondreAu profil d’un ghetto, car son espoir s’effondreDans le flot des proscrits, d’où monte un chœur plaintif.

Désarmé, ce vaincu ne se croit pas fautif,Il a bien décidé de ne plus se morfondre ;L’image de son fils à son creuset, veut fondreLa volonté d’agir, d’effacer le captif.

Partir ? viril besoin, pur désir de victoire,Au mépris du péril, peut paraître illusoireQuand l’exil odieux interdit le débat.

Il fallait tout tenter pour briser cette étreinte,Et prouver de l’amour, en gagnant un combatQui marquait de son sang l’indélébile empreinte.

ESSAYONS D’OUBLIER

Mais quarante ans après, nous nous trouvons étranges,Epaissis et blanchis, tassés, brinqueballantPrécurseurs véhéments de séniles phalangesEn évoquant Nessus ne fouettons que du vent.

Je voudrais oublier ! Parfois je le rappelleAux jeunes d’aujourd’hui qui m’écoutent polis ;Ils sont indifférents, raillent les kyrielles,Considérant moqueurs nos tristes éboulis.

Ils me font souvenir de cette vieille écorcéQui racontait sa guerre, en pleurant sur des morts,Laissant à Douaumont sa jeunesse et sa forceDe se voir encor là, s’exprimait en remords !

Et quand je l’écoutais, attentif, sarcastique,Incrédule, mes yeux semblaient ironiser,Sa voix s’amplifiait, son geste hiératiqueSemblait voir l’ennemi, le fendre, le viser.

Déporté ! Résistant ! Ami, vieux camaradeRevenu comme moi de ces camps de la mort,En ayant évité le nœud et la noyade,Fais taire ta rancœur, ne clame pas si fort !

Essayons d’oublier notre épreuve lointaine,Puisque certains ont su combattre en chevalier,Ensemble allons puiser à l’eau de la fontaine,La goutte d’amitié qui sait faire oublier.

DÉPORTATION

Contacts et missions, veilles et filièreTon réseau permanent se voit organiséLe vent qui te poussait à joindre l’AngleterreS’arrêta cette nuit en route pour Jersey.

Ce fut le premier temps de schlague et de tortureQui scandait bien souvent la confrontationLes craintes du mitard cette angoisse qui dureEn nous paralysant de peur, d’émotion.

Vint ce « jour le plus long». Les portes s’entrouvrirent,La prison se vida d’un convoi pour l’enferPour la captivité beaucoup de nous s’offrirent,Alors qu’il eut fallu griffer, mordre le fer.

C’était le grand départ des foules asserviesDans le même convoi, qui nous a déportés.Ce jour-là, le destin réunissait nos vies,Et fraternellement nous a toujours portés.

Le Plateau d’Avron 1975

KOMMANDO

Au premier kommando des wagonnets de glaise,Sa force vacillait devant ce dur effort,Son corps penché trop bas, ses mains mal à leur aiseDécelaient le penseur, mais non pas l’homme fort.

Dans l’enclos barbelé se terrait la baraque,A cinq pour deux châlits, le pou pour compagnon,Je craignais qu’au moral quelque chose en lui craque,Tombe son flux nerveux, faiblisse sa raison.

Dès lors, le kommando lia nos existences,La tâche demandait l’effort démesuré,Le travail surveillé prenait des exigences ;Se sachant entouré, nous l’avons rassuré.

Malgré notre amitié, tout esprit secourable,Sa santé déclinait, sa peau s’émaciait,Sa fierté du début n’était plus comparableEt son corps décharné lentement se vidait.

Je ne voyais en lui qu’un regard, cette flammeQui brillait par instants dans ses yeux caverneux,Semblait dire «Tu vois ! pas de corps ! mais une âme ! »C’est elle qui tiendra, je le crois ! Je le veux !

Témoignages versifiés de Serge Léopold Camman. Déporté Résistant au camp de Neuengamme.

Isaac Celnikier, L’homme à l’étoile.

Maurice de La Pintière,Où chaque pelletée de terreétait mouillée de leurslarmes et de leur sang.

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La mort est mon métier est une créationétoffée et imaginative. Le personnage cen-tral Rudolf Lang, s’inspire largement deRudolf Hoess, ancien commandant ducamp d’Auschwitz. Robert Merle a étu-dié les notes du Docteur Gilbert, psy-chologue des armées alliées, qui eut denombreux entretiens avec le bourreaupendant sa détention. Grâce à ces maté-riaux, le romancier pénètre en quelquesorte la personnalité du criminel. Ilraconte son itinéraire à la première per-sonne, tout en interprétant chaque étapede sa construction mentale et permetainsi au lecteur, de saisir les moments etles raisons du basculement d’un individuvers le crime froidement exécuté.

Claude Gutman La maison vide, Page Blanche, Gallimard.Le père de David perd sa première épouseet ses trois enfants lors d’un pogrom per-pétré par une bande de Polonais ivres. Ilpart alors s’installer en France, à Paris,jusqu’au jour où les Allemands arrivent.Le 16 juillet 1942 lors de la rafle duVel’Hiv, David, réfugié chez des voisins,assiste impuissant à l’arresta-tion de ses parents. L’histoirede ce garçon commence alors.Après quelques mois drama-tiques sous une fausse identitédans un collège religieux, puisdans une maison pour enfantsil découvre la liberté, l’entraideet l’amitié. Mais la tragédie estencore au rendez-vous : lesAllemands emmènent sescamarades et leur monitrice.David, une fois encore, enréchappe mais se retrouve seuldevant la maison vide. ■

1. Réédité sous le titre Les Armes de lanuit et la puissance du jour, CollectionPoint n° 323, Seuil, 1997.

Poésiesde la “deuxième génération”Les enfants de déportés ontaussi exprimé à leur façonune souffrance différente, pardes vers qui se veulent enmême temps hommage etadieu aux disparus.

Concours National de la Résistance et de la Déportation 3332 Concours National de la Résistance et de la Déportation

La littérature contemporaine, porte latrace des blessures faites à l’humanitédans les camps nazis. De Vercors Les

armes de la nuit, 1951 à Patrick ModianoDora Bruder, 2000, les écrivains françaispuisent leur inspiration dans ce drame,ses prémisses et ses conséquences. En 1945, l’écrivain Vercors assiste auretour des déportés. Son roman Les armesde la nuit (1), sera publié en 1951. Pierre,ombre de lui-même, farouche, fuyant lesquestions, se renferme dans la coquille desilence, peine à revenir dans le monde desvivants. Que s’est-il passé ? Là-bas, « j’aiperdu ma dignité d’homme» lâche-t-il enconfidence. Puis il explique la sale besogneimposée aux déportés par les SS. « Il m’amontré le tas des morts, le pauvre tas de cha-rogne humaine. Tu les mettras au four »(…) Vous savez maintenant le pire (…)J’ai enfourné des corps par centaines, peut-être par milliers (…) Que mon corps passâtà son tour par la gueule ouverte, ce n’étaitqu’une question de jour, qui dépendait seu-lement de l’humeur des geôliers (…) ». Cettefiction de Vercors est la première à abor-der la question des Sonderkommandos. De quelle maladie parle Albert Camusen 1947 dans La Peste, lorsqu’il affirmeLe bacille de la peste ne meurt ni ne dis-paraît, si ce n’est de la radicalité du malincarnée par la barbarie nazie ?

En 1960, Anna Langfus publie Le Sel et lesoufre. Ecrivain polonaise, Anna Langfusn’a pas connu l’univers concentrationnaire.Résistante, arrêtée par la Gestapo, elle a étéinternée dans une prison à Plock. Etablie enFrance, elle se consacre après-guerre à l’écri-ture théâtrale, collaborant notamment avecSacha Pitoëff. Dans ce roman, elle imaginele destin d’une jeune femme polonaise pri-vilégiée, égoïste, qui bascule brutalementavec la création des ghettos. Privées dessiens, elle souhaite alors la mort commeune délivrance, mais se voit «condamnée»à vivre, seule face à l’adversité.Romain Gary, né à Vilno en Lituanie,émigré en France en 1928, est un hérosde la France Libre. En 1967, cet adeptedu roman total où les héros doivent semesurer au monde pour en changer lecours, publie La danse de Gengis Cohn.Il s’agit d’une fable baroque qui met auxprises le fantôme d’un juif exterminé àl’Allemagne post-nazie. L’histoire se situe en 1967. Mais la pré-sence du mort-vivant Gengis Cohn per-met la confrontation permanente dupassé et du présent. Sur un mode sati-rique, nourri de nombreux jeux de motssur les personnages, qui frisent parfoisl’humour noir, l’auteur dresse un réqui-sitoire. Le bourreau Schatz, tel PoncePilate, se lave les mains sans arrêt, incarne

l’irresponsabilité des bourreaux. Noussommes ici dans un monde totalementfictif qui, pour autant, renvoie à l’im-placable réalité. Avec le choix de Sophie du romancierWilliam Styron, la fiction devient per-verse et frôle l’inacceptable. Dans ceroman qui propose une vision métapho-rique de la déportation, les coupables nesont plus coupables, les victimes sontcomplices, bref l’ambiguïté de ladémarche est constante et pose claire-ment un problème d’éthique ou de déon-tologie des écrivains.L’expérience des camps est-elle undomaine que les créateurs peuvent inves-tir de leurs fantasmes sans trahir une cer-taine idée de la dignité de l’homme?La question est posée.

Robert Merle La mort est mon métier, 1952 (Folio,369 pages).Lorsque Robert Merle écrit La mortest mon métier, la plupart des récitsmajeurs des déportés sont parus et,déjà, le silence retombe sur leurs expé-riences. Profondément marqué par lescrimes nazis, il veut faire comprendrecomment un homme « ordinaire » peutdevenir un criminel capable d’exter-miner en masse, sans remords.

ŒUVRES DES NON DÉPORTÉS

Hommage à Paul Etoc, mon père, déporté, résistant,mort à Neuengamme en janvier 1945 «A celui que j’ai peu connu mais beaucoup aimé ».

LE CHEMIN DU CALVAIRE

Je suis allé à NeuengammePour mettre mes pas dans les tiensJe suis allé à NeuengammePour chercher et trouver ta main.

A l’entrée du sinistre enferCirque immonde où tu as souffert,J’ai revu ton triste visage,Ton bon regarde plein de courage.

En traversant la cour d’appelJ’ai défié tes bourreaux cruels ;Là, presque nu et frissonnant,Tu chancelais dans le grand vent.

Dans l’aube grise où le froid mordTu commandes à ton pauvre corpsDe suivre un chemin de calvaire,En trébuchant dans les ornières.(…)Au pied du crématoire où ton corps est poussière,J’ai déposé des fleurs et fait une prière ;Alors j’ai entendu ta voix mourante et lasseDire en un long sanglot sur cette triste place :«Mon fils n’oublie jamais ce crime abominableQue les bourreaux nazis infligent à leurs semblables.Je te tends le témoin, transmets notre pensée :– Mon supplice est le prix de votre liberté ».

Pleurant, agenouillé, j’ai saisi le témoinEt depuis ce soir-là, j’ai retrouvé ta main.

Daniel Etoc – 5 août 1995Après le pèlerinage de Neuengamme – mai 1995

CHANSON POUR OUBLIER DACHAU

Nul ne réveillera cette nuit les dormeursIl n’y aura pas à courir les pieds nus dans la neigeIl ne faudra pas se tenir les poings sur les hanchesjusqu’au matinNi marquer le pas le genou plié devant ungymnasiarque démentLes femmes de quatre-vingt-trois ans

les cardiaques ceux qui justementOnt la fièvre ou des douleurs articulairesou Je ne sais pas moi les tuberculeuxN’écouteront pas les pas dans l’ombre quis’approchentRegardant leurs doigts déjà qui s’en vont en fuméeNul ne réveillera cette nuit les dormeurs

Ton corps

Ton corps n’est plus le chien qui rôde et qui ramasseDans l’ordure ce qui peut lui faire un repasTon corps n’est plus le chien qui saute sous le fouetTon corps n’est plus cette dérive aux eaux d’EuropeTon corps n’est plus cette stagnation cette rancœurTon corps n’est plus la promiscuité des autresN’est plus sa propre puanteurHomme ou femme tu dors dans des linges lavés

Quand tes yeux sont fermés quelles sont les imagesQui repassent au fond de leur obscur écrinQuelle chasse est ouverte et quel monstre marinFuit devant les harpons d’un souvenir sauvageQuand tes yeux sont fermés revois-tu revoit-onMourir aurait été si doux à l’instant mêmeDans l’épouvante où l’équilibre est stratagèmeLe cadavre debout dans l’ombre du wagonQuand tes yeux sont fermés quel charançon lesrongeQuand tes yeux sont fermés les loups font-ils le beauQuand tes yeux sont fermés ainsi que des tombeauxSur des morts sans suaire en l’absence des songes

Tes yeux

Homme ou femme retour d’enferFamiliers d’autres crépusculesLe goût de soufre aux lèvres gâtant le pain fraisLes réflexes démesurés à la quiétude villageoise dela vieComparant tout sans le vouloir à la torture Déshabitués de toutHommes et femmes inhabiles à ce semblant debonheur revenuLes mains timides aux têtes d’enfantsLe cœur étonné de battre

Leurs yeux

Derrière leurs yeux pourtant cette histoireCette conscience de l’abîmeEt l’abîmeOù c’est trop d’une fois pour l’homme être tombéIl y a dans ce monde nouveau tant de gensPour qui plus jamais ne sera naturelle la douceurIl y a dans ce monde ancien tant et tant de gensPour qui toute douceur est désormais étrangeIl y a dans ce monde ancien et nouveau tant de gensQue leurs propres enfants ne pourront pascomprendre

Oh vous qui passezNe réveillez pas cette nuit les dormeurs

Aragon 1947

CONTRE-TÉMOIGNAGE

Je ne peux rien direde la déportationsinon…que maman s’appelait Valérieet mon père Salomonet que nous vivions heureux !

Je ne peux rien direde la déportationsinon…que l’année mil neuf cent quarante-troisfut celle de mon désarroiet celle de leur extermination

Je ne peux rien direde la déportationsinon…que mon père a connu trois semainesd’enferque ma mère est partie immédiatementen fuméeet que j’aurais aimé être avec eux.

Je ne peux rien direde la déportationsinon…que ma vie s’est arrêtéeet qu’une autre a débuté.Qui sera toujours perturbée.(…)

L.L.M. nuit du 2 avril 1995 entre leretour du Struthof et le départ pourAuschwitz. Liliane Lelaidier-Martonenfant juive cachée administratrice del’AFMD.

LittératureTapisserie de Rolande Brandely,

“Le royaume des rayés et des tondus” André Malraux.

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34 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Clément Chéroux, historien de laphotographie, a publié en jan-vier 2001, à l’occasion d’une

exposition photographique organiséeà l’Hôtel de Sully sur les camps nazis deconcentration et d’extermination, unimportant catalogue intitulé «Mémoiredes camps» (Paris – Editions Marval,janvier 2001). Outre l’intérêt des pho-tos qui y sont montrées et commen-tées, cet ouvrage présente uneremarquable synthèse de la probléma-tique générale de la photographie à tra-vers une série d’articles portant sur :– le rôle de la photographie dans laconstitution d’une « mémoire cultu-relle » appelée à relayer la « mémoirecommunicative ». « (…)La photographie facteur et vec-teur d’une mémoire culturelle ? »– la question de la vérité historique del’image et de sa possible falsification(facilitée par la révolution numérique),question à dépasser en la faisant plutôtporter sur le rôle de l’image dans laformation de la mémoire collectived’une société à un moment donné, – la représentation des crimes de masseet les génocides,– le sens et la valeur d’une expressionvisuelle artistique de la photo, paral-lèlement à sa nature réaliste ou docu-

mentaire, le vrai problème étant dedéfinir avec quelle esthétique traduirela réalité à une époque et dans unesociété donnée.Si la photo, indicateur et moteur del’évolution de la mémoire, prend toutesa place dans le domaine de la créationartistique, il faut sans cesse s’efforcerde la réintégrer dans un contexte, dansun discours et dans une époque. C’està quoi nous invitent Pierre Bonhommeet Clément Chéroux. ■

Pour peu qu’on veuille le décrypter, lethéâtre contemporain est habité parles ombres des victimes des camps et

de leurs bourreaux. Pour ne citer quedeux grandes figures, l’une française,l’autres allemande : c’est Jean-Paul Sartredans Les Séquestrés d’Altona qui évoquesur un plan philosophique l’éternellequestion de la responsabilité personnelledes bourreaux. C’est Bertold Brecht quidécrit avec un terrible humour fron-deur l’irrésistible ascension d’Arturo Ui etnous appelle à la vigilance en ces termes : «(…) Vous, apprenez à voir au lieu deregarder bêtement ! Agissez au lieu debavarder ! (…) »« (…) Voilà ce qui a failli dominer lemonde. Les peuples ont fini par en avoirraison (…) » « (…) Mais nul de doit chanter victoirehors de saison (…) »«(…) Le ventre est encore fécond d’où asurgi la bête immonde (…) ».

De multiples créations devaient, après1945, évoquer le pire : que l’on songe,par exemple, aux nombreuses adapta-tions du Journal d’Anne Frank. Nous rap-pellerons ici quelques œuvres plus axéessur l’expérience concentrationnaire. L’œuvre de Charlotte Delbo, est aujour-d’hui mise en scène en de multiples cir-constances par de nombreuses troupesou comédiennes : on pense par exempleà la comédienne Edith Scob, qui créaQui rapportera ces paroles ou, plus prèsde nous, à Marie Isabelle Heck, auteuret scénariste de Je rentre à la maison, mon-tée et mise en scène à partir de texteschoisis dans la trilogie « Auschwitz etaprès » de Charlotte Delbo (le spectaclea été parrainé par la Fondation pour laMémoire de la Déportation).

« Rentrer après tout serait facile.Et c’est bien là que nous nous trompions,

Et c’est là que nous avons été pris au dépourvu ».

Charlotte Delbo

Parmi d’autres entreprises, celle de lacompagnie Bagages de Sable mérite quel’on s’y arrête. C’était en 1995. Le même

jour, à la même heure, au signal donnésur France Culture, dans 160 communesde l’hexagone, 320 comédiennes, enta-maient la lecture des biographies desfemmes du convoi du 24 janvier et destextes de Charlotte Delbo. Grâce à cetteinitiative de Bagages de Sable, les Editionsde Minuit rééditèrent les ouvrages decette résistante déportée. Deux comé-diennes par ville — l’une de l’âge desdéportées, l’autre de l’âge de leurs petites-filles se relayèrent, dans une complicitéinspirée de la fusion amicale des dépor-tées du convoi. Comme « (…) des bou-gies vivantes dans un monde obscur », ceslectrices «(…) « passeuses de parole — Lireet rapporter c’est être debout dans sa tête(…) », travaillent « (…) comme un longpoème, doux linceul pour envelopper lesmorts », dont l’écriture est « agent d’unerésistance active au morbide ». Cette année Une petite fille privilégiée estproposée par la Compagnie des spectaclesde l’An 2000, sur une mise en scène parPhilippe Ogouz, et une interprétation deMireille Perrier. Cette œuvre tirée dutémoignage de Francine Christophe,déportée avec sa mère au camp de Bergen-Belsen, connaît un vif succès suscitant desdemandes de tournée en province(1). Les Lettres de Louise Jacobson mises enscène par Alain Guinburger, interprétéespar la jeune Juliette Battle, s’inspirent detrente-trois lettres émouvantes, envoyéesde Drancy d’où Louise Jacobson futdéportée sans retour. Auschwitz de mes nuits écrit et mis enscène par Jean-Manuel Florensa pour leCentre dramatique des Landes de Montde Marsan relate le retour d’un rescapédu Sonderkommando d’Auschwitz-Birkenau, dans un décor entièrementmédical – il est en cure et revit ses hal-lucinations. Ce rescapé est déchiré entredeux personnages : l’un, incarné par uncomédien, veut oublier ; l’autre, joué parun second acteur, veut au contraire sesouvenir. Cette pièce suscita l’intérêt deMarie-Claude Vaillant-Couturier, pre-mière présidente de la Fondation pourla mémoire de la Déportation, elle-mêmerescapée d’Auschwitz.

Julia Pascal (Grande Bretagne) ou lapassion du théâtre au service de lamémoire.Elevée à Manchester et Blackpool dansles années 50, Julia Pascal tout à la foisdramaturge, metteur en scène et actrice,se consacre depuis 20 ans à l’évocationde la Seconde Guerre mondiale et desdrames qui l’ont marquée. Son œuvretend à ranimer le souvenir des vies per-dues et d’une culture ensevelie dans lemassacre organisé des Juifs d’Europe : – Holocaust trilogy, composée de troispièces «Thérésa » «Le dybook» et «Unemorte en vacances » ;– Thereza (1989), histoire de troisfemmes juives dénoncées à Guerneseypar un policier anglais et déportées ;– Dybbuck (1992), dont l’histoire se

passe dans un ghetto de Lituanie ou dePologne en 1942 ;ou dénonce impitoyablement le racisme:L’année zéro, France 1940, évocation dela France collaborationniste et raciste dePétain, Saint-Joan is back (1995) qui fait

Photographie

(En haut)Krysztof

Pruszkowski,Photosynthèse

de 15 miradorsdu camp

de Majdanek, 1992-1993.

Michael Kenna, clôture et mirador,Majdanek,1993.

revivre Jeanne d’Arc sous les traits d’unefemme noire ; enfin se veut instrument de mémoireWoman in the Moon, 2001, fut écrite ensouvenir des esclaves du tunnel de Doraoù se fabriquaient les fusées V1 et V2évoquant également l’obscure passé devon Braun, père de l’aérospatiale moderne(la pièce sera produite en France au coursde l’année 2002).

Armand Gatti Né en 1924, écrivain et homme dethéâtre, est arrêté en tant que résistanten 1942 en Corrèze et déporté àLinderman près de Hambourg.Journaliste et grand reporter à son retourde déportation il reste néanmoins hantépar la mémoire des camps qui sera le filconducteur de toute son œuvre : « tout ceque je fais, c’est pour eux » dit-il à proposdes petits enfants juifs exterminés. Ses premières pièces sont créées par JeanVilar au TNP. Depuis une trentaine d’an-nées ses spectacles sont le fruit d’un tra-vail collectif dont les interprètes sontsouvent des non professionnels issus demilieux difficiles. Pour lui les vrais exclussont les exclus du langage. Leur redon-ner les clés de ce langage et de la connais-sance c’est pour lui, donner des armes auxrésistants d’aujourd’hui.Gatti est également poète et cinéaste(L’enclos, 1961).Informations complémentaires : La parole errante5/7 rue François de Bergue 93100 Montreuil.Tél. : 01 48 70 00 76

Georges Tabori Ecrivain hongrois dont l’œuvre pose laquestion du récit à deux voix celui dutémoin et celui du créateur.Le courage dema mère a été créé récemment dans unemise en scène de Claude Yersin, à Paris età Angers. Information : cahier du nou-veau théâtre d’Angers, le théâtre de G.Tabory est édité aux éditions Théâtrale.

Tadousz Kantor Metteur en scène Polonais mondialementconnu, dont l’œuvre est elle aussi han-tée par cette période de l’histoire.Nombreux ouvrages et cassettes vidéofacilement accessible. ■

1. Renseignements auprès de M. Philippe Ogouz, 3 Place André-Malraux 75001 Paris. Tél. : 01 49 27 03 53.

Théâtre

Concours National de la Résistance et de la Déportation 35

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 3736 Concours National de la Résistance et de la Déportation

tage de documents divers allant de l’in-terview aux actualités, des discours auxphotos. Il dresse une typologie des réac-tions (collaboration, résistance,…) dansdifférentes situations. Des témoins de tousbords sont entendus. Ophüls a sans doutevoulu révéler les moteurs cachés de la col-laboration : égoïsme, peur, privilèges…

Les Violons du Bal, 1973Réalisateur Michel Drach Le réalisateur Michel Drach, d’originejuive, raconte son enfance et la vie desa famille pendant la guerre en 1940.

Les guichets du Louvre, 1974 Réalisateur Michel Mitrani Le film suit le trajet de deux adolescentsdans le Paris occupé du 16 juillet 1942 –«Le jeudi noir» où la police française ras-sembla 14 000 juifs au Vélodromed’Hiver avant de les déporter. Dans unstyle dépouillé et simple, Michel Mitranitente de retranscrire l’atmosphère mons-trueuse qui régnait ce jour-là, de cet« antisémitisme français ».

Lacombe Lucien 1974Réalisateur Louis Malle Lacombe Lucien conte l’histoire d’unjeune paysan du sud de la France qui serange, sans réelle conviction, dans le campdes miliciens. Avec l’argent, les armes, lesvêtements neufs et le pouvoir que luiapportent ses fonctions, il se forge une

nouvelle identité. Alors qu’il ne souffreguère d’être mis à l’écart par sa famille etses anciens amis, Lucien est très troublépar l’amour qui le porte vers une jeuneet riche juive, qu’il sauvera finalement dela déportation et l’amènera vers la résis-tance. « Lacombe Lucien » se veut uneœuvre politique, anti-conformiste, quitraite des comportements de certainsFrançais de cette époque.

Un sac de billes, 1974Réalisateur Jacques DoillonAdaptation du roman de Joseph Joffo.

Mr Klein, 1976Réalisateur Joseph Losey« Le thème de M. Klein, c’est l’indifférence,l’inhumanité de l’homme envers l’homme.Plus précisément, le film traite de l’inhu-manité de la population française à l’égardde certains de ses représentants. Ce n’est pasun film sur les méchants Teutons. C’est unfilm qui montre ce que des gens très ordi-naires, tels que nous pouvons en rencontrerautour de nous, sont capables de faire subirà d’autres gens ordinaires…» Joseph Losey,Notes de travail publiées dans le dossier depresse du film, Cannes 1976.

Holocauste, 1978Réalisateur Marvin ChomskyProduction Hollywoodienne, dénoncéenotamment par Elie Wiesel, ce feuille-ton a révélé au grand public américain, les

atrocités nazies en même temps qu’il acrée une confusion entre réalité et fic-tion. A l’inverse de ce qu’on constate dans« Nuit et Brouillard », le réalisateurrecherche le pathétique et la terreur là oùResnais ne faisait que suggérer. Il a néan-moins favorisé une prise de consciencede la réalité génocidaire.

Quatrième période :

1980-2001Shoah, 1985Réalisateur Claude LanzmannMonument de mémoire du Génocide,auquel il a fini par donner jusqu’à sontitre, ce film a exigé douze ans de tour-nage. Claude Lanzmann retrouve les lieuxsouvent devenus méconnaissables, faitparler les témoins et les acteurs, pour faireresurgir la réalité. Raul Hilberg(1) y expose la conceptionnazie de l’élimination des Juifs.

Requiem pour un massacre(Va et Regarde), 1985Réalisateur Elem Klimov, Russie Un jeune homme voulant rejoindre la résis-tance armée est le témoin terrifié de laguerre d’extermination menée par les naziscontre l’Union Soviétique. Un des raresfilms mettant en scène, dans son incroyablesauvagerie, le processus d’exterminationdont est victime la population civile.

Au revoir les enfants, 1987Réalisateur Louis Malle, d’après une histoire vraie. Hiver 1943 , à la rentrée des classes…Julien se lie d’amitié avec un nouveau-venu qui dissimule son identité juive.Louis Malle réalise ce film à partir d’undouloureux souvenir d’enfance. A la findu film, la voix de Malle prononce cesmots : « Plus de quarante ans ont passé,mais jusqu’à ma mort je me rappelleraichaque seconde de ce matin de janvier ».

La liste de Schindler, 1994Réalisateur Steven SpielbergFiction mettant en scène un industrielallemand qui, avec de la main d’œuvrejuive obtenue des SS, remet une fabriquede matériel de cuisine en route enPologne, en tire d’énormes profits grâceaux commandes militaires et utilise cet

Plus que tout autre expression artis-tique le cinéma est fait pour frap-per l’imaginaire. Un film est une

composition, destinée à susciter une prisede conscience, une réaction, une réflexionà coup sûr, et à laisser une trace affectiveou rationnelle dans la mémoire. C’estdire l’importance du cinéma dans la for-mation d’une mémoire collective de ladéportation et du génocide. La production cinématographique est pré-sentée ci-après par grandes périodes à l’in-térieur desquelles les créations se répartissententre deux pôles, l’un plus historique et res-pectueux de la réalité, l’autre plus prochede la fiction, en recherche d’une symbo-lique. Les deux formules se rejoignant tou-tefois dans des réflexions philosophiquessur l’homme et son destin.

Première période, 1945-1955 :

un certain videDans les dix premières années d’après-guerre, le cinéma s’est tourné prioritaire-ment vers le thème de la Résistance. Sansdoute, sciemment ou pas, a-t-on cherchéau cours de cette période à effacer l’imaged’une France «collaborationniste» en valo-risant celle d’une France « résistante ».Toujours est-il qu’un seul film y évoquela Déportation: Le retour à la Vie d’AndréCayatte (sorti en 1949), encore qu’il nefasse qu’effleurer le sujet en présentant ladétresse d’une rescapée de Dachau, seuledéportée sur les cinq sketches développés.

La dernière étape (Ostatni Etap), 1947Réalistaur Wanda JakubowskaŒuvre importante et essentielle notam-ment parce qu’elle fut réalisée par une déte-nue d’Auschwitz et tournée sur leslieux-même de l’horreur concentrationnaire,ce film traite de la vie des femmes en camp.

Deuxième période, 1955-1961 :

le réveil1955, année du 10e anniversaire de laLibération des camps, voit sortir sur lesécrans Nuit et Brouillard, un filmd’Alain Resnais et Jean Cayrol (ancien

déporté), que le comité d’Histoire de laDeuxième Guerre mondiale avaitd’ailleurs appelé de ses vœux. En l’ab-sence de toute production française anté-rieure sur la déportation, Nuit etBrouillard marque une étape et constitueune référence. Après une brève mise ensituation, le film décrit le fonctionnementde la machine concentrationnaire de 1933à 1945, évoque le génocide par le biaisd’une analyse des différentes méthodesde massacre collectif, surtout entre 1942et 1945, pour montrer enfin, la condi-tion de travailleurs-esclaves des déportésau profit de l’industrie allemande. Ils’achève par un retour au présent en formede méditation sur la responsabilité descrimes passés et actuels et une mise engarde contre la mémoire défaillante.A une période où la connaissance histo-rique et la recherche historiographiquen’étaient qu’à peine amorcées, l’objectifétait surtout de frapper les esprits et desusciter une réflexion préventive. Avec Nuit et Brouillard le souvenir descrimes nazis jusqu’alors vécu individuel-lement commence à participer à unemémoire collective. Au début de la décennie 60, les mémoiresse réveillent et la volonté de porter àl’écran la question des camps se concrétisepar quelques productions rapprochées.

Le journal d’Anne Franck (The Diary of Ann Frank), 1960Réalisateur Georges Stevens Adapté du livre éponyme, ce film marquele début du cinéma hollywoodien dansson désir de traiter de la persécution desjuifs. Malgré quelques complaisances destyle inhérentes au système des studiosaméricains, Georges Stevens réussit néan-moins à retranscrire avec une certainejustesse et émotion le drame de la petiteAnne et de sa famille, obligées de secacher pour éviter la déportation.

En 1961, Armand Gatti sort l’Enclosdont il avait semble-t-il conçu le scéna-rio dès 1945. L’intrigue met en situationdeux déportés, un «politique» allemandcommuniste et anti-fasciste, et un juif,

tous deux condamnés à s’entre-tuer à lasuite d’un pari entre deux SS. Leur faceà face imposé déclenche un mouvementde solidarité dans lequel l’organisationclandestine internationale du camp joueun rôle capital.

Le temps du ghetto, 1961Réalisateur Frédéric Rossif Frédéric Rossif nous plonge dans l’histoiredu ghetto de Varsovie en faisant apparaîtrel’intention criminelle qui inspira sa créa-tion par les nazis. L’organisation de la mortlente y est révélée par une alternance detémoignages et de documents qu’avaientfilmés les nazis eux-mêmes.

Le vieil homme et l’enfant, 1966Réalisateur Claude BerriCe film tourne en dérision l’antisémi-tisme français à travers l’histoire vraied’un petit garçon juif de neuf ans, quiest envoyé à la campagne pour « fuir » lestourments de la guerre et des persécu-tions. L’enfant se retrouve alors auprèsd’un vieux campagnard antisémite quiignore son identité. Peu à peu le « vieilhomme» et «l’enfant» noueront une rela-tion tendre et amicale. Dans un style nos-talgique et non polémique, Claude Berris’attache avant tout à retranscrire les sen-sations et les souvenirs de l’enfance, àextraire de cette rencontre un messagede tolérance et d’humanité.

Par la suite et jusqu’à la décennie 1970 laproduction cinématographique sur ladéportation cesse : l’heure est à la déco-lonisation. Puis le thème réapparaît,abordé plutôt par le biais del’Occupation, dans des situations en rap-port avec le sort des Juifs, dont l’issue estsensée être connue de tout le monde.

Troisième période :

la décennie 70Le Chagrin et la Pitié, 1970Réalisateur Marcel OphulsChronique d’une ville française sous l’oc-cupation (Clermont-Ferrand), ce filmreprésente quatre ans et demi de mon-

Cinéma

Voyages, d’Emmanuel Finkiel, ni un documentaire, ni un film de fiction.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 3938 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Parmi les modes d’expression des res-capés des camps de concentrationà leur retour, la Muséographie tient

une place originale qui la situe à mi-che-min entre l’œuvre d’art et la contribu-tion à la connaissance historique.C’est la voie choisie par Denise Lorach,fondatrice du musée de Besançon.La création de ce musée n’est pas isolée :à partir du 20e anniversaire de laLibération, les Résistants et les Déportéséprouvent la nécessité de créer desmusées, essentiellement sur le thème dela mémoire des résistants-déportés. Cette volonté se concrétise dans les 20années qui suivent à Besançon,Champigny, Grenoble, Lyon, Nantua,Toulouse… Ces initiatives sont souventpérennisées grâce à l’appui des adminis-trations et institutions locales, en mêmetemps que ces musées se dotent de centresde documentation et d’archives. Dans lesdernières décennies du siècle, d’autres éta-blissements sont nés, liés à une volontépolitique, comme le Mémorial de Caen,le Centre d’Histoire de la Résistance de

Lyon, le centre de la Coupole de Saint-Omer. Le musée de Besançon a été choisiici parce qu’il se distingue par la placeréservée à la Déportation, dans son par-cours de visite comme dans ses collections.

La fondation du musée fut d’abord unenjeu de mémoire… Denise Lorach, fondatrice du musée faitpartie des rares déportés juifs rentrés descamps. Arrêtée en février 1944, elle futdéportée en mai, en compagnie de sonfils âgé de 4 ans, à Bergen-Belsen. Malgréla faim, le froid, les maladies, ils survé-curent tous les deux.En 1964, avait eu lieu au musée desBeaux-Arts de Besançon, une expositiondestinée à commémorer le 20e anniver-saire de la Libération de la France. DeniseLorach explique comment elle avait étéchoquée par le fait que « l’exposition fai-sait une place infime à la déportation».Elle a donc demandé à la municipalitéde fournir une salle pour combler cettelacune, mais Jean Minjoz, maire et ancienrésistant, lui suggéra de faire plutôt un

musée, à condition que les différentesassociations de résistants et déportés semettent d’accord, ce qui s’est concrétisépar la création d’une association des Amisdu musée. C’est à la Citadelle, où furent exécutés100 résistants, que le musée ouvrit sesportes le 17 juillet 1971 dans un bâti-ment que la ville avait mis à sa disposi-tion. L’accroissement des collections etdu nombre des visiteurs rendit nécessaireson transfert dans des locaux plus vastes

argent pour protéger un millier de Juifs.Spielberg utilise le noir et blanc et recourtà des truquages pour simuler « le docu-ment d’époque ». Il met en perspectiveles massacres perpétrés dans le Ghetto,s’attache au sort particulier des enfants,montre le dénuement des camps etdénonce l’odieuse bureaucratie de la mortqui traque les invalides, brise sans sour-ciller les liens familiaux les plus sacrés. Ill’oppose à la bureaucratie Schindler tour-née vers la sauvegarde des vies. Ce filmconduit à s’interroger sur l’itinéraire duhéros et sur certaines techniques drama-tiques utilisées par Spielberg.

La Trêve, 1997Réalisateur Francesco RosiFilm adapté du second ouvrage de PrimoLevi (1963) dans lequel est décrit soninterminable voyage de retourd’Auschwitz à Turin, via l’URSS.

La Vie est belle, 1998 Réalisateur Roberto BegniniBenigni a voulu faire un conte philoso-phique prêtant à réflexion sur la barbarie.Sous forme de fable, il met en scène lavictoire de l’intelligence sur l’oppression.Ce film a remporté de nombreux prix.

Train de vie, 1998Réalisateur Radu MilhaiIeanu. Radu Mihaileanu raconte l’équipée desmembres d’une communauté juive deRoumanie qui, à l’approche des arméesdu Reich, forment un faux convoi dedéportés à l’aide d’un train de locationet parviennent ainsi à échapper au pire.Le Réalisateur, juif franco-roumain,déclare qu’il admet très bien que l’oncontruise des fables fondées sur le géno-cide juif, à conditions toutefois de ne pasreprésenter les camps de concentration,qui sont pour lui, infilmables.

Voyages, 1999Réalisateur Emmanuel Finkiel Pologne, Paris, Tel-Aviv, la quête de troisfemmes aux destins entremêlés… Riwka,Régine et Véra vont tenter de se récon-cilier avec leurs passé. Voyages est un film unique et magni-fique qui interroge l’histoire et lamémoire (Comment vivre en imagi-nant qu’une mère, un frère, une tantesurvivent peut-être quelque part ?Comment affronter la perte ?) sur unton qui n’est ni celui du documentaire,ni celui de la fiction mais le ton d’uncinéaste singulier.

Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures,2001 Réalisateur Claude Lanzmann A Sobibor le 14 octobre 1943 à 16 heuresprécises une poignée d’hommes se révoltecontre ses bourreaux mettant ainsi fin auprocessus d’extermination qui a conduit250 000 personnes vers les chambres àgaz de ce camp polonais. En 1979, surle tournage de la « Shoah » Lanzmannfilme Yehuda Lerner l’un des héros decette révolte, et en 2001, il part sur sestraces pour nous rapporter les imagesd’un passé toujours présent.

Paragraphe 175, 2001RéalisateursRob Epstein, Meffrey FriedmanEntre 1933 et 1945 les nazis ont envoyésplus de 10000 homosexuels en camp deconcentration (moins de la moitié y a sur-vécu) et ce en vertu du paragraphe 175 ducode pénal allemand, en vigueur jusqu’en1994. Les réalisateurs ont recueilli lestémoignages de quelques-uns de ces oubliésde l’histoire en les illustrant d’images d’ar-chives. Leur film a obtenu l’Ours d’Or dudocumentaire à Berlin 2000. ■

1. Historien, auteur de La Destruction des Juifs d’Europe.

Muséographie

Denise Lorach, fondatrice du musée de Besançon.

Musée de Besançon, salle 16, panneaux La journée d’un déporté et Natzweiler Struthof.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 4140 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Al’initiative des associations et ami-cales d’anciens déportés, parfois despouvoirs publics, des artistes, plas-

ticiens ou sculpteurs, ont été invités àpérenniser dans des œuvres monumen-tales la mémoire de la Résistance et de laDéportation.Dans la période qui a suivi immédiate-ment la Libération, la Déportation futle plus souvent associée à la Résistancedont elle était considérée comme uneconséquence. Si des noms étaient gravés,ils évoquaient toutes les victimes quelsqu’aient pu être l’origine de leur dépor-tation (raciale, otage, résistant) et le sortdes déportés. Parfois même déportés etfusillés sont regroupés dans un hommageglobal aux victimes du nazisme. Tous les camps ou presque disposentaujourd’hui d’un mémorial autour duquels’organisent les manifestations du souve-nir. Les camps de regroupement, d’oùsont partis les convois (essentiellementDrancy et Compiègne pour la France) etmême certains grands cimetières (le PèreLachaise à Paris) ont accueilli égalementleurs monuments commémoratifs.Par opposition aux camps proprementdits qui restent des camps de mort et ren-dent compte de la réalité concentration-naire, certains étant classés au patrimoinede l’humanité, les monuments sont l’ex-pression d’un symbolisme propre à lacréation artistique, et porteurs d’unemémoire et d’un message.Chaque monument, à sa façon, dans l’es-prit des initiateurs et selon l’inspirationde l’artiste, exprime une « certaine » idéede la déportation qu’il est intéressant dedécouvrir et de confronter à l’histoire.A la différence des autres mémoriaux eneffet, ceux dédiés à la déportation sontchargés de signes multiples : silhouettede déportés debout (voir le témoin de lacitadelle de Besançon) ou gisant (commeà Nantua ou au Struthof), flamme, urnesde cendres et de terre, triangle que por-tait chaque déporté sur son vêtement(voir page suivante, le caveau-monumentérigé à Dole), barbelés, rayures, rose de laRésurrection, corps ou cendres dudéporté inconnu, terre des camps…

Le Mémorial Natzweiler-StruthofMonument imposant (conceptionBertrand Monnet, Architecte en chef desMonuments Historiques – sculpteurLucien Fenaux, Grand Prix de Rome),d’un peu plus de 40m de haut, ce mémo-rial comporte une base arrondie ouvertevers l’ouest qui s’étire en forme hélicoïdalevers le ciel, dans sa partie supérieure. Al’intérieur et sur toute la hauteur, est gravéun personnage représentant un déportéarrivé à l’extrême limite de la résistance

humaine, désigné dans le vocabulaireconcentrationnaire par le termede musulman(1).La base arrondie évoque l’enfermement ;l’ouverture vers l’ouest la liberté, endirection de la France ; la partie supé-rieure symbolise la flamme du créma-toire unissant les victimes dans le mêmesacrifice et en même temps, par son élé-vation en spirale vers l’infini, incarnel’aspiration à la liberté et l’espéranced’une réconciliation universelle souhai-tée par les survivants.

en 1982. Au début de l’enregistrementqui guide le visiteur dans le musée,Denise Lorach explique pourquoi elle aconsacré sa vie à ce musée : « La ville deBesançon m’a demandé de créer ce musée.J’ai pensé qu’il fallait remplir cette missionen souvenir de tous ceux qui ne sont pasrentrés, ceux de nos camarades qui étaientmourants disaient « Si vous rentrez, ditesau monde ce que nous avons vécu, dites aumonde ce que nous avons souffert. » C’estpourquoi j’ai pensé qu’il m’incombait,puisque l’on m’offrait cette possibilité, decréer ce musée, pour lequel j’ai choisi ladevise : ne pas témoigner serait trahir. »Denise Lorach est décédée le 8 septembre2001, mais « son» musée perpétue désor-mais son message et entretient samémoire.Non pas un simple mémorial, mais unmusée d’histoire…Dès le départ, Denise Lorach et l’équipefondatrice ont fait un choix essentiel :celui de faire du musée un lieu d’histoire,présentant des documents et appelant àla réflexion, un instrument pédagogiquedans lequel la déportation et le génocidesoient replacés dans leur contexte. Cechoix est symbolisé par la deuxièmedevise du musée : Ceux qui ne se sou-viennent pas du passé sont condamnés àle revivre, sentence du philosophe amé-ricain Santayana. On parle beaucoup à propos de la dépor-tation et encore plus du génocide, dudevoir de mémoire. Les historiens n’ai-ment guère cette expression, allant mêmejusqu’à affirmer(1) : «En tout état de cause,nous n’avons pas le choix : dans un Etatdémocratique, c’est le devoir d’histoireet non le devoir de mémoire qui forme lecitoyen. Car l’histoire, si elle est fidèle àsa vocation, implique distance, remise encause des stéréotypes et surtout débat etdiversité des points de vue. Elle préservedu simplisme et du manichéisme, géné-rateurs de haine et d’intolérance. Elleapprend la lucidité et l’esprit critique quimettent à l’abri des illusionnismes ». Unvéritable musée d’histoire est caractérisépar cette dimension éducative qui le dis-tingue du simple lieu de mémoire. François Marcot, historien du muséedepuis 1971, insiste aussi sur la nécessitéd’une scénographie fortement structuréequi facilite la lisibilité de l’exposition pour

les visiteurs et qui exprime les choix del’historien(2). Il considère que pour rem-plir sa fonction sociale de diffusion dusavoir historique, le musée doit satisfaireà deux exigences : « la première appelleune scénographie qui rende sensible larelation du visiteur avec l’exposition, carl’émotion crée l’empathie…, la secondeexigence est celle d’une approche péda-gogique qui se donne des objectifs clairsd’information, d’explication et de miseen perspective historique… Nous rêvonsd’un musée d’histoire dans lequel la scé-nographie serait fondée sur la confron-tation historique ou qui du moinsl’intégrerait fortement dans sadémarche.

C’est aussi un musée d’art :Un véritable musée présente desdocuments originaux qui per-mettent au visiteur d’entrer encontact, d’une manière émo-tionnellement forte, avec despièces rares, vestiges du passé.Concernant la déportation, lemusée possède et expose de trèsnombreux objets fabriqués encamp. Parmi ces documents, lesœuvres d’art tiennent une place àpart. Les dessins de Léon Delarbre, lespeintures et sculptures de l’AbbéDaligault, réalisés en camp ou enprison, sont des témoignagesinestimables sur la déportation.

« (…) ils sont le poids de l’histoire autantque le sens de notre responsabilité moralede justice »(3).Le musée possède aussi des œuvres ins-pirées par la déportation, réalisées pardes artistes non déportés.La statue du Témoin, dressée en face dumusée, mérite une attention particulière.Elle a été exécutée en 1950 par GeorgesOudot, sous le nom du Prophète.Au moment de la création du musée, laville acquiert la statue qu’elle a rebaptiséeLe témoin. Depuis 1969, elle est dresséeen face du musée, comme une sorte d’in-vitation à y pénétrer.Sur vingt salles, le musée de la Résistanceet de la Déportation de Besançon enconsacre six à l’univers concentration-naire nazi, ce qui en fait le plus importantmusée de France consacré à la déporta-tion et aux génocides. Il faut y ajouterdeux petites salles, où sont conservéesdeux précieuses collections de dessins, depeintures et de sculptures, réalisées aupéril de leur vie, en camp de concentra-tion par Léon Delarbre et en prison parl’Abbé Daligault. ■

1. Philippe Joutard dans un article de la revueL’Histoire en mai 1998.

2. François Marcot, « Musée d’histoire : enjeu demémoire, enjeu d’histoire, enjeu social », in Desmusées d’histoire pour l’avenir, Paris : Noêsis ;Péronne : Historial de la Grande guerre, 1998.

3. Préface du livre publié par le Musée de laRésistance et de la Déportation de Besançon, JeanDaligault, Editions de La Martinière, 1996.

Jean Daligault, autoportrait, Trèves Captivité, 22 mai 1944 (270x195).

Georges Oudot, Le témoin.

Art monumentalMémorial Natzweiler-Struthof.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 4342 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Le monument de l’Ile de la CitéImplanté à l’initiative du réseau du sou-venir, au cœur de Paris, à la pointe de l’Ilede la cité, le mémorial des martyrs de laDéportation a été conçu tout en symbolespar l’architecte Georges Henri Pingusson,pour rappeler la réalité concentration-naire : hautes murailles, entrées étroites,escaliers raides, herses acérées.Dans la crypte, des niches triangulairesportent le nom des différents camps etrenferment de la terre et des cendres desvictimes. Le triangle était la marque dis-tinctive conçue et imposée par les SS pourdistinguer les différentes catégories dedéportés et leur origine, c’est pourquoile triangle est omniprésent dans ce monu-ment. Les déportés eux-mêmes sont sym-bolisés par des milliers de petites lumièrestapissant la galerie, à l’entrée de laquellese trouve la tombe du Déporté Inconnudu camp de Natzweiler-Struthof (Alsace).Sur les parois sont gravés des extraits depoèmes de Desnos, Aragon, Eluard,Sartre, Saint-Exupéry.Les galeries supérieures, situées au-des-sus de la crypte, comportent des alvéolesoù l’horreur concentrationnaire est évo-quée par des photos, des textes ou desdessins. L’ensemble est fait pour créerune impression d’enfermement et inci-ter au recueillement et à la réflexion surl’horreur d’un système qui broya des mil-lions d’être humains.Le monument a été inauguré par leGénéral de Gaulle en 1962.

Le monument de VarzyCe monument procède d’une initiativequi illustre l’importance donnée désor-mais aux scolaires. En 1990, la FNDIRP

avait organisé une exposition à Clamecy.Dans la foulée, le Sous-Préfet et le prési-dent de la section de la FNDIRP localedemandèrent au lycée professionnel de

cette commune de 1500 habitants de selancer dans la conception et la réalisa-tion d’un monument en métal. Les élèveset les professeurs imaginèrent un déportés’extirpant du globe terrestre une maintendue vers l’espoir et la liberté. Le monu-ment de 3 m 50 de haut, pesant 250 kg,exposé d’abord dans une cour du lycée,fut installé sur une place de la ville. Lesscolaires furent au centre de l’inaugura-tion, le 11 avril 1991. Ce sont eux quichantent le Chant des Marais ouvrant lacérémonie, la Marseillaise après le dépôtde gerbes et le Chant des Partisans quila clôt. Ce sont eux qui dévoilent les 3plaques du monument…

Extrait du livre de Serge Barcellini et Annette Wieviorka «passant, souviens-toi. Les lieux du souvenir de la deuxième guerre mondiale en France ». Editions Plon.

Réflexions sur les monuments

de mémoire(Extraits de James E. Young,Écrire le monument : site, mémoire, critique(2).Le monument, substitutde la mémoire?« Une fois admis que lesmonuments sont nécessaire-ment les médiateurs de lamémoire même quand ilscherchent à la créer, certainsen viennent à les considérercomme des substituts de lamémoire qu’ils étaient censésmatérialiser… Pire encore,insistant sur le fait que lamémoire du monument étaitaussi fixe que la position decelui-ci dans le paysage, cer-tains reprochent à ces monu-ments de pétrifier la mémoireet de la couper du renouvelle-ment nécessaire de la vie… Enfait, il se peut que la tendanceinitiale à mémorialiser desévénements tels quel’Holocauste ait en réalité sasource dans le désir, égal etopposé, de les oublier…

Les rapports art et société à proposdes monuments«Pour beaucoup d’artistes contemporains,la priorité appartient non au public ou à lamémoire, mais aux exigences de l’art…Pour les artistes travaillant dans une périoded’expressionnisme abstrait, d’art brut etd’art conceptuel, pour les architectes descourants post moderne et déconstructiviste,ils ne perçoivent souvent pas d’autre publicqu’eux-mêmes. L’une des conséquences enest que tandis que artistes, architectes, cri-tiques et conservateurs de musée accueillentfavorablement les créations contemporaines,celles-ci se heurtent non seulement à unmur de consternation publique mais aussià une réaction outragée des survivants. Carbien des survivants des camps pensent quela brûlante réalité de leur expérience exigeune expression mémoriale aussi littérale quepossible. «Les tortures que nous avons subies,l’assassinat de nos familles n’ont pas été uneabstraction, disent les survivants, c’étaitréel… Ainsi se pose la question du doublerôle du public et de la mémoire dans l’artpublic…»

Une réponse originale, le monument « invisible » de Sarrebrück

La question la plus délicate est celle dela mémoire des victimes du génocide :peut-on, doit-on élever un monument àleur mémoire ? Si oui, comment rendreprésente au public leur absence ? A cesquestions certains artistes, comme l’ar-tiste conceptuel Jochen Gerz, ont apportédes réponses originales. Jochen Gerz estun artiste français d’origine allemandené en 1940 à Berlin. Il n’a cessé de s’in-terroger sur les rapports art-littérature,la non-correspondance entre mots et pho-tographies. Enfin il a apporté plusieursréponses originales à la conception desmémoriaux. Tout d’abord avec leMémorial hambourgeois contre le fascisme,la guerre et la violence (1989) : c’est unecolonne de 10 mètres revêtue de plombsur laquelle les passants peuvent graverleur nom, et qui s’enfonce progressive-ment sous son poids. En 1991-1993, ilcrée à Sarrebruck un monument « invi-sible » dont J.E. Young expose ci-dessousla genèse et la signification«Gerz a été invité comme professeur à l’É-cole des beaux-arts de Sarrebruck en 1991.

Dans un atelier consacré aux monumentsconceptuels, il invita ses étudiants à par-ticiper à un projet clandestin de travailsur la mémoire… A la faveur de la nuit,huit étudiants s’introduiraient sur lagrande place pavée conduisant auSaarbrucker Schloss, ancienne résidencede la Gestapo pendant le Reich hitlérien…Ils devaient desceller furtivement quelque70 pavés de la place et leur substituer despierres de taille identique. Simultanément,d’autres étudiants devaient rechercher lesnoms et les emplacements de tous lesanciens cimetières juifs d’Allemagne – plusde 2000 – aujourd’hui abandonnés oudisparus… Ils gravèrent les noms des cime-tières juifs disparus, sur les pierres, unepar une. La nuit qui suivit la fin de leur travail,(ils) replacèrent les pierres dans leur lieud’origine,… mais… les pierres étaientreplacées face gravée contre le sol, ne lais-sant voir aucune trace de l’opération. Lemémorial devenait invisible, souvenir éva-nescent, hors de la vue et, par conséquent,affirmait Gerz, présent à l’esprit…»

Lorsque les journaux eurent vent du pro-jet,… ils déclenchèrent une violentecontroverse… Les visiteurs accoururentsur les lieux, à la recherche des 70 pierresdispersées parmi les 8 000 ou plus quicouvraient la place. Ils commencèrenteux aussi, à se demander quelle était leur«position» par rapport aux pierres com-mémoratives. Sur le mémorial ? A l’inté-rieur ? En fait, y avait-il vraiment unmémorial ? Gerz espérait que, cherchantla mémoire, ils se rendraient compte quecette mémoire était déjà en eux. Cemémorial devenait un mémorial inté-rieur…

A quelle fin nous souvenons-nous ?« Après les contre-monuments conçus parGerz… et autres, la notion de monumentpublic et notre approche critique ne sau-raient plus être tout à fait les mêmes… Ilne suffit pas de se demander si nos mémo-riaux se souviennent ou non del’Holocauste, ni même comment ils s’ensouviennent. Il faut aussi se demander àquelles fins nous nous sommes souvenus,comment nous répondons à la situationactuelle, à la lumière de ce passé dont nousnous souvenons. Reconnaître que la forme

de la mémoire ne peut être séparée desactions faites en son nom et que la mémoireprivée de conséquences contient les germesde sa propre destruction. Nous contenterde noter passivement les contours de cesmémoriaux, ne pas voir leur genèse et nepas être affectés par l’acte de remémora-tion, c’est dire que nous ne nous sommessouvenus de rien. » ■

1. Par analogie avec la posture prostrée du croyant enprière.

2. Un important article de James E. Young, « Écrirele monument : site, mémoire, critique », paru dansles Annales ESC en mai-juin 1993, pose les ques-tions fondamentales à propos des monuments demémoire. On pourra aussi consulter quelques unesdes contributions du catalogue de l’exposition duCentre Pompidou, Face à l’Histoire, l’artiste modernedevant l’événement historique, Flammarion, 1996.

PeintureL

es œuvres commémoratives d’ar-tistes non déportés n’ont pasd’autonomie formelle strictement

distincte de l’histoire de l’art contem-porain. Leur valeur de témoignageest indirecte, car ces artistes com-mémorent la déportation sans l’avoirvécue eux-mêmes. Ils communiquentà travers leurs œuvres un savoir etune émotion qui résultent d’unetransmission. C’est ainsi que dansleurs tableaux, certains peintrescomme par exemple Pablo Picassoou Mick Rooney, communiquent cequi leur fut raconté ou ce qu’ils ontlu. A leur manière ils préservent lamémoire de ceux qui ont souffert ouqui sont mort anonymement dansles camps. D’autres artistes, commeWilliam Gropper, Léonard Baskinévoquent la déportation ou le sys-tème concentrationnaire et s’inter-rogent sur la représentation descrimes nazis dans leurs œuvres. ■

Pour plus d’informations sur ces artistes etpour observer leurs œuvres, il est recom-mandé de faire une recherche sur le sitewww.google.fr ou www.google.com en allantsur la rubrique «Image».

Le mémorial des martyres de la Déportation, Paris.

Le monument de Varzy.

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 4544 Concours National de la Résistance et de la Déportation

SculptureA

côté des œuvres monumentales des-tinées à la mémoire collective, figu-rent beaucoup de sculptures plus

intimistes, abritées dans des collectionspubliques ou privées, réalisées par d’an-ciens déportés ou par des artistes sensi-bilisés par ce phénomène sans équivalent:ombres squelettiques, faméliques et ano-nymes chez Alberto Giacometti, accu-mulation de prothèses figurant la morten masse chez l’avant-gardiste Arman,ou simple témoignage comme les réali-sations du sculpteur espagnol AngelHernandez Garcia, arrêté en France etdéporté à Mauthausen. ■

Arnold Schoenberg, né en 1874 àVienne, est contraint en 1933, devant lamontée des persécutions antisémites, dequitter l’Allemagne, où il enseigne alors etse réfugie aux Etats-Unis où il reste pen-dant toute la durée de la guerre. Enaoût 1947, il entend le témoignage d’unsurvivant de l’insurrection du ghetto deVarsovie(1). Bouleversé, il décide aussitôtde composer une œuvre dramatique. Cetopus n° 46 pour orchestre, chœur mas-culin et récitant, est écrit entre le 11 et le23 août et s’intitule « Un survivant deVarsovie ». Composé sur un mode dodé-caphonique (2) et athématique, il ne dureque sept minutes. Après une introduc-tion musicale, les six séquences suivantessont consacrées à la narration du survi-vant. Tout au long de la pièce, sa voix estau premier plan, comme si Schoenbergavait choisi de confier toute la puissancetragique à l’événement lui-même, qui, ducoup, devient essentiel. Les six sectionsmédianes peuvent être entendues commeune sorte de récitatif moderne, les diversesétapes du textes rapportant à la fois lesfaits remémorés et les états émotifs durescapé. Le texte n’est pas à proprementchanté, mais récité selon un Sprechgesang(3)

précis, sauf en final, lorsque le chœurinterprète le Shema Israël, issu de la Torah.

A SURVIVOR FROM WARSAW OP.46 (1947)

I cannot remember ev’rything.I must have been unconscious most of the time.I remember only the grandiose momentWhen they all strated to sing as if prearranged,The old prayer they had neglected for so many yearsThe forgotten creed !

But I have no recollection how I got undergroundTo live in the sewers of Warsaw for so long a time

The day began as usual: Reveille when it still was dark.Get out ! Whether you slept or whether worries keptyou awake the whole night.You had been separated from your children, fromyour wife, from your parents ;You don’t know what happened to them how couldyou sleep ?

The trumpets again -Get out ! The sergeant will be furious !They came out; some very slow: the old ones, the sick ones;Some with nervous agility.They fear the sergeant. They hurry as much as they can.

In vain ! Much too much noise ; much too much com-motion- and fast enough !The Feldwebel shouts :” Achtung ! Stilljestanden ! Nawirds mal ? Oder soll ich mit demJewehrkolben nachhelfen ? Na jutt ; wenn ihrs dur-chaus haben wollt !“

The sergeant and his subordinates hit everybody :Young or old, quiet or nervous, guilty or innocent.It was painful to hear them groaning and moaning.

I heard it though I had been hit very hard,So hard that I could not help falling down.We all on the ground who could not stand up werethen beaten over the head.

I must have been unconscious. The next thing I knewwas a soldier saying :“They are all dead”,whereupon the sergeant ordered to do away with us.There I lay aside hafconscious.

It had become very still — fear and pain.

Then I heard the sergeant shouting : “Abzählen !”They started slowly and irregularly: one, two, three, four“Achtung !” the sergeant shouted again,“Rascher !” Nochmal von vorn anfangen !

In einer Minute will ich wissen,wieviele ich zur Gaskammer abliefere !“Abzählen !”

They began again, first slowly : one, two, three, four,Became faster and faster, so fastThat it finally sounded like a stampede of wild horses,And all of a sudden, in the middle of it,They began singing the Shema Israël.

[Shema Israël – Prayer]

Le livret comporte trois langues diffé-rentes, renforçant le choc émotif. Le réci-tant s’exprime généralement en anglais,mais à quelques reprises, le souvenir desexclamations des soldats nazis s’exprimeen Allemand, tandis que le dernier chantreligieux est interprété en Hébreu.Il est clair qu’en écrivant cette composi-tion immédiatement et en transfigurantle témoignage du rescapé en acte esthé-tique, Arnold Schoenberg visait à s’op-poser au refoulement historique. Laréférence à la mémoire est explicite dansces mots du livret : « (…) que ces parolesrestent gravées dans ton cœur. Tu les incul-queras à ton fils et tu méditeras dans tamaison et dans tes voyages (…) » . Il estnon moins clair que l’opus 41, actevolontaire de mémoire, n’a pas pour but

de retracer un fait historique de manièreobjective. Il vise, à travers l’expressiond’une mémoire déficiente qui tente derassembler les fragments vécus par le res-capé, de nous faire sentir la cruauté decet événement.Pour Jean Claude Casadesus, Chef del’orchestre de Lille, Arnold Schoenbergappartient à la lignée des compositeurqui chantent leur désespérance et leurcombat contre l’abjection, le racisme, ladictature. A cette lignée appartient sansnul doute Iannis Xenakis.

Iannis Xenakis est né le 29 mai 1922 àBraïka en Roumanie. Il fait ses études àAthènes, où il devient Polytechnicien. Ilparticipe à la Résistance en Grèce, où ilest condamné à mort. Blessé au visage,interné, il réussit à s’évader. Après laguerre, il gagne la France où il s’établit àpartir de 1947. Ingénieur et architecte,il collabore avec Le Corbusier. Il pour-suit ses études musicales avec OlivierMessiaen et Darius Milhaud. Inventeurdes concepts de masses musicales, et demusique stochastique(4), il utilise sesconnaissances mathématiques. Introduisantles calculs des probabilités et la théoriedes ensembles dans ses compositions, ilfut l’un des premiers à se servir des ordi-nateurs pour le calcul des formes musi-cales et fait figure de pionnier dansl’électro acoustique. Que l’on ne s’ytrompe pas, derrière ces outils informa-tiques, sa musique est celle d’un tragiqueau sens grec du terme, celle d’un Eschyle.Elle en a la monumentalité. « L’instinctet le choix subjectif sont les seuls garantsde l’œuvre » affirme-t-il. Il apparaît ainsi aujourd’hui comme l’unedes figures les plus radicales de la musiquecontemporaine. Il enseigna notammentà l’université de Jussieu. En 1967, il com-pose Nuits, œuvre pour 12 voix mixtesen hommage aux victimes de la dépor-tation, saluée par la critique comme unedes réussites marquantes. Ces douze voixsont mobilisées pour évoquer une desgrandes tragédies du siècle et exprimentle silence auquel les détenus sont réduits.Sans doute sa propre expérience de résis-tant, traqué, enfermé influença-t-elle cettecomposition, dont la tonalité extrême-ment tendue révèle de délicats alliagessonores. Il est décédé le 4 février 2001.

Peut-être serait-il intéressant de compa-rer sur le plan musical ces deux œuvresavec celle d’un autre musicien,Chostakovitch(5), qui a consacré, en1962, une composition en hommage auxmassacrés de Babi-Yar (ravin où furentexécutés 30000 juifs, hommes, femmeset enfants). Ce dernier, éloigné à cetteépoque du dodécaphonisme deSchoenberg, puisa plutôt son inspirationdans l’héritage de Moussorgski.

Francis Poulenc Le DisparuAux lendemains de la seconde guerremondiale, en 1947, le compositeur fran-çais Francis Poulenc crée le Disparu enhommage à son ami la poète RobertDesnos, déporté à Theresienstadt d’où iln’est pas revenu.

Darius Milhaud Le Château du FeuDe même Darius Milhaud, compositeurfrançais d’origine juive, écrit en 1954 une

cantate à la mémoire des déportés descamps hitlériens, Le Château du Feu pourchœur et petit orchestre.

Luigi Nono Il Canto SospesoContemporaine du film d’Alain Resnais,Nuit et Brouillard (1956), l’œuvre du com-positeur italien Luigi Nono, Il Canto Sospeso(« Le chant suspendu ») reflète la mêmeapproche historiographique de la Résistanceet de la Déportation. Accompagnée d’uneversion cinématographique présentant desdocuments sur Auschwitz et Birkenau, IlCanto Sospeso a été créé avec des fragmentslus de lettres d’adieu de résistants de laseconde Guerre Mondiale.

Steve Reichet Henri DutilleuxLa Déportation inspire également, defaçon intermittente, des compositeursplus contemporains. Insistons plus par-ticulièrement sur deux d’entre eux, l’unMusique & chorégraphie

Un exemple d’expérience chorégraphique : la danse au rendez-vous de l’histoireChorégraphe et danseur, Eric Coll a tenté la démarche audacieuse d’aborder lesthèmes aussi sensibles que délicats de la Déportation et du Génocide des Juifs àtravers un spectacle de danse présenté à Troyes au début de l’année 2001 : L’Etoilede David. Ce ballet d’une demi-heure, exécuté sur une musique empruntée au filmLa Liste de Schindler évoque le destin dramatique d’un frère et d’une sœur,Salomon et Elsa. Toute la charge émotionnelle de ce très beau spectacle tend à mon-trer le triomphe de l’amour sur la barbarie et la mort. Il a sans doute réussi àmontrer que la danse pouvait être une expression de l’âme.

« 1939-1945 » Déportation, extermination. Rien ne doit être oublié, tout doit être dit, l’art est un vec-teur essentiel pour laisser en éveil cette horreur du passé. Depuis longtemps, je portais en moi l’envie decréer un ballet sur ce thème, et, après une longue période de recherches, est née « l’Etoile de David ». Lamusique m’a donné les mots, le mouvement des corps s’est spolié à l’intensité tragique de cette infâme bar-barie née de l’homme pour détruire d’autres hommes. Eric Coll Tableau final

Le déporté agonisant,de Françoise Salmon,déportée à Auschwitz.

Mémorial du camp de concentration de Neuengamme.

Hernan (collection privée).

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américain, Steve Reich, l’autre français,Henri Dutilleux.Le premier, Steve Reich est né en 1936; ilest considéré comme l’un des plus grandscompositeurs américains actuels. Il repré-sente la première génération de ce qu’onappelle la musique répétitive électroacous-tique nord-américaine. C’est un composi-teur influencé par les rythmes américains,libanais et la cantillation hébraïque.Steve Reich compose en 1988 DifferentTrains, méditation sur le génocide écritepour voix enregistrées et quatuor à cordespostsynchronisé. Il s’agit d’une œuvre entrois parties (triptyque) sur les trains etleurs sons hypnotiques, entrecoupées desouvenirs de la Déportation. Il décrit ainsi cette composition : « j’aiconstruit Different Trains à partir d’in-terviews que j’avais réalisées, à partir de lastructure, de l’intonation, du rythme, de lapoésie des mots et de bouts de phrases, maisaussi de leur sens. Dans un second temps,toujours grâce à l’échantillonnage de cla-viers, j’y ai ajouté des bruits detrain. Les violons et les violoncellesne sont venus qu’après, ils se sontgreffés naturellement sur ce sque-lette, qui n’était pas un simple col-lage de mots. J’ai fait unrapprochement entre mon enfance,passée dans les trains entre NewYork et Los Angeles, et, à la mêmepériode, l’Holocauste Juif. »

Le 9 octobre 1997, le composi-teur français Henri Dutilleux, né en 1916, crée à Boston une œuvre symphonique TheShadows of Time.« Je n’aime pas les programmes,mais je dois avouer que pour TheShadows of Time, j’ai été influencépar la période pendant laquelle j’aicommencé à travailler. C’était pen-dant le cinquantenaire de laLibération, et beaucoup de souve-nirs sont revenus à ma mémoire.J’ai pensé aux enfants d’Izieu, àAnne Franck ».D’où le texte court, que chan-tent les trois voix d’enfants dansl’interlude, au centre de la pièce : « Pourquoi nous, pourquoil’étoile ?» J’ai eu une enfance heu-reuse, un peu mélancolique, mais je

n’ai pas souffert de quoi que ce soit. Pourtant,nous vivions encore les suites de la premièreguerre mondiale quand Hitler a fait par-ler de lui. Ce siècle aura été assez terrible.Pourtant, je ne me résous pas à être pessi-miste. J’ai d’abord travaillé sans idée ni planpréconçus. J’ai jeté des idées sur le papier.C’était des fragments pour bois et cuivres,que l’on retrouve d’ailleurs, presque tels quels,dans la version définitive. Développant àtravers sa musique une réflexion sur l’es-pace et le temps, l’œuvre de HenriDutilleux se nourrit des écrits de Proustet de Shakespeare. The Shadows of Timeest un hommage à Anne Franck, «pourAnne Franck, et pour tous les enfants dumonde, innocents ».

CHANSONJean Ferrat Jean Ferrat, auteur compositeur, en 1963,dans sa chanson Nuit et brouillard, arendu hommage aux victimes de la

déportation et plus particulièrement auxrésistants, à leur combat, à leur dignité,« ils voulaient simplement ne plus vivre àgenoux ». Toutefois, le chanteur élargitson propos en exprimant un devoir demémoire où il convie les générations sui-vantes à se souvenir «pour qu’un jour, lesenfants sachent qui vous étiez ».

1965

A l’occasion du 20e anniversairede la Libération les collégiennesde la chanson Marie Annick,Annette, Dominique et Madéeont voulu rendre hommage auxmartyrs de la Déportation, enenregistrant un disque au profitde l’amicale des Déportés etFamilles de Neuengamme. ■

1. Le ghetto de Varsovie, crée en 1940,couvre 40 hectares et prend au piège undemi millions de Juifs lorsqu’il est bou-clé. A partir de 1942, des convois entierspartent vers les camps d’extermination deTreblinka. Le 19 avril 1943, la résistancearmée décide une insurrection qui seranoyée dans le sang.

2. Dodécaphonique : du grec dodeka(douze) et phonos (son) : utilisation d’uneéchelle chromatique de douze sons selonun ordre déterminé

3. Sprechgesang : mode parlé-chanté.

4. Stochastique : d’une racine grecquesignifiant conjectural, s’oppose au déter-minisme ; caractérise, en mathématique, laprésence d’une variable aléatoire.

5. Attention : les dictionnaires générauxprésentent ce compositeur sous la graphieChostakovitch, alors que dans les média-thèque, les disques et CD sont enregistréssous Shostakovitch. On doit aussi à cecompositeur né en 1906 à SaintPétersbourg, une symphonie (n°17) écriteen 1941 dans la ville assiégée deLeningrad. Il est décédé en 1975.

NUIT ET BROUILLARD

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que nombres :Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés.Dès que la main retombe il ne reste qu’une ombre,Ils ne devaient jamais plus revoir un été.

La fuite monotone et sans hâte du temps,Survivre encore un jour, une heure, obstinémentCombien de tours de roues, d’arrêts et de départsQui n’en finissent pas de distiller l’espoir.Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel,Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou,D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel,Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux.

Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage ;Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux ?Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âgeLes Veines de leurs bras soient devenus si bleues.Les Allemands guettaient du haut des miradors,La lune se taisait comme vous vous taisiez,En regardant au loin, en regardant dehors,Votre chair était tendre à leurs chiens policiers.

On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours,Qu’il faut mieux ne chanter que des chansons d’amour,Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire,Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare.Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ?L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été,Je twisterais les mots s’il fallait les twister,Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez.

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers,Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent.46

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 47

1. LA PRODUCTIONCONTEMPORAINE DES CAMPS DECONCENTRATION

LITTÉRATURECONCENTRATIONNAIRE• Ces voix toujours présentes :anthologie de la poésieeuropéenne concentrationnaireprésentée et préparée par HenriPOUZOL. Reims : pressesuniversitaires de Reims. Paris : Fédération nationale desdéportés et internés résistants etpatriotes, 1995.• Des voix sous la cendre :manuscrits des Sonderkommandosd’Auschwitz-Birkenau, In : «Revued’histoire de la Shoah: le mondejuif », janvier-avril 2001, n° 171.• André MIGDAL - Poésies d’unautre monde : Fresnes 1941 -Neuengamme 1945 - Paris : Seghers,1975.• Paroles de déportés - Préf. deJorge Semprun - Paris : Ed. del’Atelier : FNDIRP, 2001.• La Poésie concentrationnaire :visage de l’homme dans les campshitlériens, 1940-1945 - texteschoisis et présentés par HenriPOUZOL - Paris : Seghers, 1975(Collection P.S.).• Simone SAINT CLAIR -Ravensbrück l’enfer des femmes -édition originale Tallandier, 1946 -Paris : Fayard, 1972.• André VERDET - Anthologie des poèmes de Buchenwald, Paris : Laffont, 1945. Paru auxéditions Tirésias en 1995.

ARTCONCENTRATIONNAIRE• Renée BILLOT - Léon DELARBRE- le peintre déporté : croquisd’Auschwitz, Buchenwald et Dora- Jarville-la-Malgrange : Éd. del’«Est», 1989 (Prestiges de l’Est).• Boris TASLITZKY- cent onzedessins faits à Buchenwald - (s.l.)Hautefeuille, 1978.• Alfred BRAUNER - J’ai dessiné la guerre : le dessin del’enfant dans la guerre… publ.par le Groupement de recherchespratiques pour l’enfance… - Paris :Expansion scientifique française,1991.• Les carnets de Bertrand Lazaremaire de Sens, otage déporté àNeuengamme - présentés etcommentés par Joël DROGLAND- [S.l.] : Association Nationale desAnciens Combattants de laRésistance ; Sens : SociétéArchéologique de Sens, 1999.• Léon DELARBRE - Croquisclandestins : Auschwitz,Buchenwald, Dora, Bergen-Belsen - Léon DELARBRE -préf. de Denise J. Lorach et deP. Maho - 2e éd. - Besançon: Cêtre ;Musée de la Résistance et de ladéportation, 1995. La préf. deP. Maho est celle de la 1re éd. (Paris,Michel DE ROMILLY, 1945).

• Dessins et poèmes des enfants deTerezin : 1942-1944 - Prague :Statni Zidovske Museum, 1959.• Inge DEUTSCHKRON - Telétait leur enfer : les enfants dansles camps de concentration - Paris : Jeune Parque, 1968, Trad. de l’allemand. Illustré de dessinsd’enfants déportés.• Christian DORRIÈRE - L’abbéJean Daligault : un peintre dansles camps de la mort - Paris :Éditions du Cerf, 2001 - (Épiphanie)- Exposition Paris, Grand Palais1995, Zoran Music : exposition,Paris, Galeries nationales du GrandPalais, 4 avril-3 juillet 1995 -organisée par la Réunion des muséesnationaux - Paris : réunion desmusées nationaux, 1995.• Empreintes : poèmes et dessinsdes prisons et camps deconcentration nazis - Paris: FNDIRP(Fédération Nationale des DéportésInternés Résistants et Patriotes),1990. Exposition Paris, Muséenational d’art moderne 1988.• Music : l’œuvre graphique :20 janvier-20 mars 1988, Muséenational d’art moderne, Paris -Paris : Centre Georges Pompidou,1988.• A. FAVIER, BORIS, P. MANIA,Buchenwald : scènes prises sur le vif des horreurs nazies -78 planches dessinées parA. FAVIER, P. MANIA, BORIS,préf. de C. PINEAU, texte deP. MANIA – Lyon: ImprimerieArtistique en Couleurs, 1946.• René FRAYSSE, De Francfort à Dachau : souvenirs et croquis -Annonay : Éditions du Sol, 1946.• Edmond GOERGEN (ill.) -Dessins de Mauthausen - Paris :Éditions Cercle d’art, 1975. KLB lesdimanches de Buchenwald : préfacepour «K.L.B.» 24 gravures de Fosty- Liège : François CHARLES, 1985.Musée de la Résistance et de ladéportation de Franche-Comté(Besançon, Doubs).• Jean DALIGAULT: peintures etsculptures du Musée de laRésistance et de la Déportation deBesançon - introduction de DeniseJ. LORACH - Paris : Éditions de LaMartinière, 1996. Michèle PÉRISSÈRE- Mémoire de déportation: œuvresde Jean DALIGAULT - MichèlePÉRISSÈRE, Claude QUÉTEL -Caen: Ed. Mémorial, 1995, Publ. àl’occasion de l’exposition présentée àCaen, Mémorial de Caen, avril-juin1995.• Violette ROUGIER-LECOQ -Témoignages : 36 dessins à laplume: Ravensbrück. - [S.l.] :V.R.L., 1982. StruthofNatzwiller/Gayot, H. (ill.) - (Slnd).

2. LES ŒUVRES POST-CONCENTRATIONNAIRES

LITTÉRATURE• Simone ALIZON - L’exercice devivre : une adolescence à Auschwitz- Paris : Stock, 1996.

• Jean AMÉRY - Par-delà le crimeet le châtiment : essai poursurmonter - Arles : Actes Sud, 1994- (Lettres allemandes).• Robert ANTELME - L’Espècehumaine - Paris : Gallimard, 1978 -(Collection Tel).• Inge AUERBACHER - Je suisune étoile : une enfant del’holocauste - avec des ill. d’IsraëlBERNBAUM - Paris : Seuil, 1989 -Points Point Virgule ; 74.• André BESSIÈRE - D’un enfer àl’autre : ils étaient d’un convoipour Auschwitz… - Paris : BuchetChastel, 1997.• Aimé BONIFAS - Détenu20801 : deux ans dans les bagnesnazis - Paris : FNDIRP, 2000.• Jean CAYROL - Poèmes de lanuit et du brouillard ; suivis deLarmes publiques - Paris : Seuil,1995.• Jean CAYROL - Je vivrai l’amourdes autres. Lazare parmi nous.On vous parle, Le Seuil, 1995.• Charlotte DELBO - Auschwitz etaprès - Paris : Minuit, 1965-1971.(trilogie) 01 : Aucun de nous nereviendra. 02: Une connaissanceinutile. 03: Mesure de nos jours.• Charlotte DELBO - La Mémoireet les jours - Paris : Berg, 1985.• Charlotte DELBO - Quirapportera ces paroles ? : tragédieen trois actes - Paris : Jean PierreOSWALD - 1974 - (Théatre enFrance).• 19 poèmes de déportées - Kalck(impr.) ; Choisy-le-Roi, 1971.• Geneviève De GAULLEANTHONIOZ - La traversée dela nuit - Paris : Seuil, 1998.• Willy HOLT - Femmes en deuilsur un camion : récit - Paris : NIL,1995.• Paul LE CAER - Mauthausen :les cicatrices de la mémoire -Paris : Amicale nationale desdéportés et familles de disparus deMauthausen, 1995.• Eliane LE ROLLAND-LENOIR -Les cerises de la liberté : souvenirsd’internement et de déportation -[S.l.] : chez l’auteur, 1995.• Primo LEVI - La Trêve - Paris,Grasset, 1966.• Primo LEVI - Si c’est un homme- Paris : Julliard, 1987.• Primo LEVI - Le systèmepériodique - Paris, Albin Michel,1987.• Primo LEVI - Lilith - Paris, LianaLevi, Paris, 1987• Primo LEVI - Les Naufragés etles rescapés : quarante ans aprèsAuschwitz - Paris : Gallimard, 1989- Collection Arcades ; 15.• Louis MARTIN-CHAUFFIER -L’Homme et la bête - Paris :Gallimard, 1947.• Micheline MAUREL - La passion selon Ravensbrück -Paris, Édition de Minuit, 1965.• Violette MAURICE - Pérennité :poèmes - (s.l.n.d.)• Violette MAURICE - Les voix dela mémoire : échos des camps de

concentration - Violette MAURICEet Marielle LARRIAGA - Lyon:Éditions lyonnaises d’art etd’histoire, 1999.• Yves MESSAGER - Retours : la poésie et les camps, dutémoignage à l’indicible, in LaFrance de 1945, résistance,retours, renaissance, Caen, PressesUniversitaire, 1996.• Edmond MICHELET - Rue dela Liberté : Dachau, 1943-1945 -Paris : Seuil, 1998 - Livre de vie ;102.• Moshe BEN SHAUL - Anthologiede la poésie hébraïque de l’aprèsShoah - Paris, Tirésias, 2001.• Joseph ONFRAY - L’Âme résiste :journal d’un déporté - Alençon:Imprimerie alençonnaise, 1946.• Michel REYNAUD - La foire àl’homme : écrits-dits dans lescamps du système nazi de 1933 à1945 - réunis et présentés parMichel REYNAUD - Paris : Ed.Tirésias, 1996 - 2 vol.• André ROGERIE - Vivre c’estvaincre - Maulévrier : éditionHérault, 1988.• David ROUSSET - L’universconcentrationnaire - Paris :Hachette, 1993 - Pluriel.• David ROUSSET - Les jours denotre mort - Paris, Hachette,collection pluriel, 1996.• Simone SAINT-CLAIR -Ravensbrück l’enfer des femmes -Paris, Fayard, 1992.• Jorge SEMPRUN - Le Grandvoyage - Paris : Gallimard, 1972.• Jorge SEMPRUN - Quel beaudimanche - Paris : B. Grasset, 1980.• Jorge SEMPRUN - L’écriture oula vie - Paris : Gallimard, 1994.• Jorge SEMPRUN - Le mort qu’ilfaut - Paris, Gallimard, 2001.• André VERDET - La nuit n’estpas la nuit - Paris, Mélis, 2000.• Elie WIESEL - Le Chant desmorts - Paris : Seuil, 1966.• Elie WIESEL - La Nuit, l’aube,le jour - Paris : Seuil, 1969.• Elie WIESEL - Silences etmémoire d’hommes : essais,histoires, dialogues - Paris : Seuil,1989.

On pourra également consulter uneliste de publications d’écrits dedéportés de l’immédiat après-guerre (1945-1948) sur le site de laFondation pour la Mémoire de laDéportation (www.fmd.asso.fr).Sur Primo Levi : voir Revue L’écoledes lettres, 15 juillet 1991 - 82e

année, Autour de la 2e guerremondiale, Paris, également Dossierl’École des Loisirs et l’École desLettres, second cycle 2001-2002,n° 45.

ART• Bernard ALDEBERT - Cheminde croix en 50 stations : deCompiègne à Gusen II en passantpar Buchenwald, Mauthausen,Gusen I - Paris : Fayard, 1946.• Miklos BOKOR - Le Délire del’homme : dessins - Toulouse :Pictura Edelweiss, 1985.• Isaac CELNIKIER: mémoire,révolte, vie : exposition. Àl’occasion du 50e anniversaire de larévolte du ghetto de Varsovie.David OLÈRE : un peintre au

Sonderkommando à Auschwitz :1902-1985 - New-York : The BeateKlarsfeld Foundation, 1989.• Odette ELINA - Sans fleurs, nicouronnes; avec… dessins… de l’auteur- [S.l.] : Imprimerie Nouvelle, 1982.• Maurice DE LA PINTIÈRE,Dora, la mangeuse d’hommes :reproductions de 35 lavis faits en1945 - supplément au n° 9 - (s.l.) :Presse d’Aujourd’hui, 1993 -Bulletin de l’association des déportésde Dora, Ellrich, Harzungen et K°.• Plus jamais ça : à leursmémoires pour l’amitié entre lespeuples/Ill. de Daniel PIQUÉE-AUDRAIN - Paris : Amicale deMauthausen, 1976.

3. SOURCES DESAVOIR SUR LADÉPORTATION

ART ET LITTÉRATURE• Diane AFOUMADO - Lesdessins concentrationnairesfrançais : témoins de la résistancespirituelle dans les camps nazis -Diane AFOUMADO, In : «Lesintermittences de la mémoire»,«Revue d’histoire de la Shoah: lemonde juif », janvier-avril 1998, n° 162, p. 96-126• Giorgio AGAMBEN - Ce quireste d’Auschwitz : l’archive et letémoin - Giorgio AGAMBEN;trad. de l’italien par Pierre Alferi -Paris : Éd. Payot & Rivages, Homosacer ; 3 - Bibliothèque Rivages.• François BÉDARIDA - Histoireet mémoire du génocide :Comment écrire l’histoire dugénocide, In : «Auschwitz : laSolution finale», numéro spécial de«Les Collections de l’histoire»,octobre 1998, n° 3, p. 78-81.• Maurice BLANCHOT - L’Écrituredu désastre - Maurice BLANCHOT- Paris : Gallimard, 1980.• Les camps et la littérature : une littérature du XXe siècle -Textes réunis et présentés par Daniel DOBBELS et DominiqueMONCOND’HUY - Poitiers : la Licorne, 2000• Jean CLAIR - La barbarieordinaire : Music à Dachau -Paris : Gallimard, 2001 - Blanche.• Créer pour survivre : actes duColloque international « Écritureset pratiques artistiques dans lesprisons et les camps deconcentration nazis », Reims, 20, 21 et 22 septembre 1995 -organisé par l’Université de ReimsChampagne-Ardenne et laFédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes,FNDIRP - Paris : Fédérationnationale des déportés et internesrésistants et patriotes, 1996.• Catherine DANA - Fictions pourmémoire : Camus, Perec et l’écriturede la Shoah - Paris : l’Harmattan,1998 - Critiques littéraires.• Samuel DRESDEN -Extermination et littérature : les récits de la Shoah - Paris :Nathan, 1997 - Collection Essais & recherches.• Les guetteurs de l’espoir - Michel REYNAUD.• Exposition - Reims, Musée desbeaux-arts - 1995.

Orientations bibliographiques

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 49

Déportation de Besançon - Saint-Etienne : Les cahiers intempestifs,2000. Livre d’artiste réalisé àl’occasion de l’exposition «Se taireest impossible» présentée à laCitadelle de Besançon du 28 avrilau 27 août 2000.

ROMANS• Patrick BOUSQUET - La ballerouge - Woippy (Moselle) :Serpenoise, 2000.• Rolande CAUSSE - Les Enfantsd’Izieu - Paris, Seuil (Petits-Points),1989.• Gérald GREEN - Holocauste :roman - Paris : Club français dulivre, 1978.• Denis LACHAUD - J’apprendsl’allemand - Denis LACHAUD -Arles (Bouches-du-Rhône) : Actessud, 1998.• Robert MERLE - La Mort estmon métier - Paris : Gallimard,1978.

• Georges PEREC - W ou lesouvenir d’enfance - Paris,Gallimard, 1974.• William STYRON - Le Choix deSophie - Paris : Gallimard, 1983 -Du monde entier.

PHOTOGRAPHIES• Auschwitz Birkenau : «quel’innommable ne devienne pasl’innommé» - photos de AdamBUJAK; textes de Elie WIESEL,Jean-Marie LUSTIGER, RitaSÜSSMUTH, WladislawBARTOSZEWSKI - Paris :Criterion, 1990.• Exposition. Paris, Hôtel de Sully.2001 - Mémoire des camps :photographies des camps deconcentration et d’exterminationnazis : 1933-1945 : Exposition,Hôtel de Sully, Paris 12 au 25 mars2001 - textes du catalogue IlsenABOUT, Pierre BONHOMME,Clément CHÉROUX et al. ;

photogr. Erwin BLUMENFELD,Christian BOLTANSKI, MargaretBOURKE-WHITE et al. - Paris ;Marval, 2001.• Erich HARTMANN - Dans lesilence des camps - Paris : éd. de LaMartinière, 1995• François PAOLINI - Soleils noirs- Lyon: Centre d’histoire de laRésistance et de la Déportation,1995.• Le Passage du témoin : portraitset témoignages de rescapés descamps de concentration etd’extermination nazis - La Lettrevolée - 1995; Fondation Auschwitz,1995.

MUSIQUE• Poèmes et chants concentration-naires par Mouloudji, MichelBouquet, Madeleine Robinson -Editions AZ - MOULOUDJI.• Henri DUTILLEUX - TheShadows of Time - Seiji OZAWA,

Orchestre symphonique de Boston,Erato, 1998.• Hans KRASA - Brundibar - JozaKARAS, Channel Classics, 1993.• Albert MANOUVRIER et LéonBOUTBIEN, Natzweiler - Lamontagne magnifique et maudite- avec l’Orchestre de ChambrePierre MÉNET, l’Ensemble VocalFrançais (chef de chœur GilbertMARTIN-BOUYER), récitantAndré CHANU, Corélia, 1995.• Darius MILHAUD - Le Châteaudu feu - Serge BAUDO, Le chantdu monde, 1991.• Luigi NONO - Il Canto Sospeso- Claudio ABBADO, MajanoLIPOVSEK, Lisa OTTO, 1993.• Francis POULENC - Le Disparu- 1947, Fabio LUISI, PierreBERNAC, Cascavelle, 1999.• Le Chant des marais - mélodiede Rudy GOGUEL, Le Chœur del’Armée française (direction YvesPARMENTIER), Corélia, 1995.

• Krzysztof PENDERECKI - DiesIrae à la mémoire des victimesd’Auschwitz - Antoni WIT,J. GADULANKA, Pneuma,Enregistrement : 1967, 1993.• Steve REICH - Different Trains- Electric Counterpoint, avec leKronos Quartet et Pat Metheny,Elektra Nonesuch/WEA, 1989.• Arnold SCHOENBERG - Unsurvivant de Varsovie, in «Thelast world War» - VaclavSuprahon NEUMANN - 1998.Disque : Prière pour les mortsd’Auschwitz, par S. Katz, édition Le chant du monde.

Les revues éditées par les différentesamicales, notamment dans lapériode d’après-guerre, constituentdes sources précieusesdocumentaires. Voir liste desamicales et associations en annexegénérale.

48 Concours National de la Résistance et de la Déportation

• Créer pour survivre : exposition,Reims, Musée des beaux-arts deReims, 21 septembre-26 novembre1995 - organisée par la Fédérationnationale des déportés et internésrésistants et patriotes ; catalogue réd.par Véronique Alemany-Dessaint -Paris : Éd. FNDIRP, 1995.Exposition organisée en complémentdu colloque sur l’écriture et lespratiques artistiques dans les campsd’internement vichystes et les campsde concentration nazis, Reims,20 au 22 septembre 1995.• Maurice FEDERMAN - Reflets…présenté par Vera FEYDER - Paris :Tirésias Michel REYNAUD, 1995.• Alfred GROSSER - Le crime etla mémoire - Paris, Flammarion,1987.• La foire à l’homme : écrits-ditsdans les camps du système nazi de1933 à 1945 - réunis et présentéspar Michel REYNAUD - Paris : Ed.Tirésias, 1996.• Stéphan HESSEL - Danse avec lesiècle - Paris, Le Seuil, 1997.• Annette INSDORF -L’Holocauste à l’écran - préf. deElie WIESEL - Paris : Cerf, 1985 -Cinémaction; 32.• Jean LAFFITTE - La pendaison- préf. André LACAZE, Paris,Julliard, 1983.• Hermann LANGBEIN - LaRésistance dans les campsnationaux-socialistes - Paris,Fayard, 1981.• Marielle LARRIAGA - Les voixde la mémoire - Echo des camps deconcentration - réflexion sur lacréation concentrationnaire - lyon,Lyonnaise et Histoire, 1998.• Gustave LEROY - A chacun sondû ; Jedem das Seine - Lacer(Impr.) ; Paris, 1962 - brochure.• Primo LEVI - Le devoir demémoire : entretien avec AnnaBRAVO et Federico CEREJA -Paris : Ed. Mille et une nuits, 1995.• La Littérature de la Shoah -n° 25, Année 1987 - Paris : InstitutNational des Langues et CivilisationsOrientales, 1988 - Yod. Revue desétudes hébraïques et juivesmodernes et contemporaines.• La littérature des camps : laquête d’une parole juste, entresilence et bavardage - étudesrassemblées et présentées parVincent Engel - Louvain-la-Neuve :«Les Lettres romanes», 1995.• Alexandre OLER - Témoins,l’Holocauste en héritage -Alexandre OLER; ill. DavidOLÈVE - Paris : Wern, 1998.• Alain PARRAU - Ecrire lescamps - [Paris] : Belin, 1995.• Georges PETIT - Retour àLangenstein - Paris, Belin, 2000.Pourquoi se souvenir ? - foruminternational Mémoire et histoire,Unesco, 25 mars 1998 - la Sorbonne,26 mars 1998 - organisé parl’Académie universelle des cultures ;ouvrage publ. sous la dir. deFrançoise BARRET-DUCROCQ;préf. d’Élie WIESEL - Paris :B. Grasset, 1999.• Myriam RUSZNIEWSKI-

DAHAN - Romanciers de laShoah : si l’écho de leur voixfaiblit… - Paris : L’Harmattan,1999 - Critiques littéraires.• Pierre SEGHERS - La Résistanceet ses poètes, Paris, Seghers, 1974.• Jorge SEMPRUN - L’Art contrel’oubli : l’écriture ravive la mémoire,In : «Mémoire et fiction», Dossierextrait de «Le Monde des débats»,mai 2000, p. 10-13.• Shoah, mémoire et écriture :Primo Levi et le dialogue dessavoirs : colloque, Nancy, mai 1996- sous la dir. de GiuseppinaSANTAGOSTINO - Paris ;Montréal : l’Harmattan, 1997 -Collection Forum de l’IFRAS.• La Shoah : témoignages, savoirs,œuvres/journées d’étude organiséesà Orléans les 14, 15 et 16 nov. 1996par le CERCIL; dir. AnnetteWIEWORKA, Claude MOUCHARD- Orléans : Centre de recherche et dedocumentation sur les campsd’internement et la déportationjuive dans le Loiret ; Saint-Denis(Seine-Saint-Denis) : Pressesuniversitaires de Vincennes, 1999.• Fabienne SURIN - Parole etécriture de la déportation, In :«Bulletin trimestriel de la FondationAuschwitz», janvier-mars 1999,n° 62, p. 21-74.• Alain TAPIÉ - Retours : lapeinture et la déportation, In : «La France de 1945: résistances,retours, renaissances» - Caen: PressesUniversitaires, 1996, p. 205-209.• Le temps des ténèbres : ZoranMUSIC, Miklos BOKOR - AlainTAPIÉ, In: «La Shoah: témoignages,savoirs, œuvres - journées d’étudeorganisées à Orléans les 14, 15 et16 nov. 1996, par le CERCIL; dir.Annette WIEWORKA, ClaudeMOUCHARD - Orléans : Centrede recherche et de documentationsur les camps d’internement et ladéportation juive dans le Loiret ;Saint-Denis : Presses universitairesde Vincennes, 1999», p. 377-387.• Germaine TILLON - Ravensbrück- Paris, Le Seuil, 1988.• Charlotte WARDI - Le Génocidedans la fiction romanesque :histoire et représentation - Paris :Presses universitaires de France,1986 - Écriture.

POUR EN SAVOIR PLUS

4. HISTOIRE

• Claudine CARDON-HAMET -Les 45000, mille otages pourAuschwitz. Le convoi du 6 juillet1942 - Paris, Graphein, 1997.• Marie José CHOMBART DELAUWE - Toute une vie deRésistance, Paris, Graphein, 1998.• Raul HILBERG - La destructiondes Juifs d’Europe, Paris, Fayard,1998.• Eugène KOGON, HermannLANGBEIN, Albert RUCKERL,Les chambres à gaz secret d’Etat -trad. de l’allemand, Paris, Éditionsde Minuit, Point Histoire, 2000.

• Eugène KOGON - L’Etat SS -trad. de l’allemand - Paris, Le Seuil,1970.• La Déportation - Paris : FNDIRP(Fédération Nationale des DéportésInternés Résistants et Patriotes), 1968.• La déportation : le systèmeconcentrationnaire nazi - ouvrage publ. sous la dir. deFrançois BÉDARIDA et LaurentGERVEREAU; publ. par le Muséed’histoire contemporaine de la BDIC- Nanterre : BDIC; Paris : diff. laDécouverte-SODIS, 1995 - Collectiondes publications de la BDIC.• Leçons de ténèbres : résistants et déportés - FNDIR; UNADIF;ouvrage dir. par Jean MANSON -Paris : Plon, 1995.• Philippe RAXHON - Lesterritoires de la mémoire : lecatalogue - Bruxelles : CréditCommunal, 1999.• Marcel RUBY - Le livre de ladéportation: La vie et la mort dansles 18 camps de concentration etd’extermination - Paris : R. Laffont,1995.• André SELLIER - Histoire ducamp de Dora - Paris, La Découverte,1998.• Voix et Visages - revue del’Association des Internées etDéportées de la Résistance - ADIR• Maurice VOUTEY - Les campsnazis : de camps sauvages ausystème concentrationnaire, 1933-1945 - Paris : Graphein, 1999.• Maurice VOUTEY - Evolution etrôle du système concentrationnairenazi - Dijon, CNDP-CRDP, 1984.• Maurice VOUTEY - L’EreHitlérienne, chronologie 1889-1948 - Paris, Graphein, 2000.• Annette WIEVIORKA -Déportation et génocide : entre la mémoire et l’oubli - Paris : Plon,1992.• Olga WORMSER-MIGOT -Tragédie de la déportation :témoignages de survivants descamps de concentrationallemands, : 1940-1945 - 3e

édition revue et augmentée - Paris : Hachette, 1955.• Voix et visages, revue de l’ADIR.Voir annexe générale.

5. AUTRES FORMESDE «PRODUCTION»

OUTILS PÉDAGOGIQUES• Catherine BOURDIN -PROVENCHÈRES: Témoignageautour de Primo LEVI - Paris :Adav/Taxi vidéo Brousse, 1991 -1 vidéocassette Sécam (52 minutes)- Documentaire.• Stéphane BRUCHFELD - Dites-le à vos enfants : histoire dela Shoah en Europe - 1933-194. -Paris : Ramsay, 2000.• Henry COLOMER - Primo Levi- Paris : Arte vidéo : La sept vidéo,1995 - 1 vidéocassette Sécam(24 minutes).• Richard DINDO - Charlotte, vie ou théâtre ? - Paris : La septvidéo, 1992 - 1 vidéocassette Sécam(60 minutes).• Les camps de concentrationnazis, 1933-1945 : 50e anniversairede la libération des camps, 1945-1995 - Réalisation de Marion et

Henri R. COTY - Paris : Polygramvidéo, 1995 - 1 vidéocassette Sécam(87 minutes) + livret pédagogique.• La Déportation : 1942-1945 -Cannes : PEMF (Publications del’École Moderne Française), 1993 -La Seconde guerre mondiale BTsonore ; 22.• L’Histoire de la Shoah : de lapersécution à l’extermination desJuifs d’Europe - Producteurexécutif Richard Schlirf - Paris :Softissimo, 1997 - CD-Rom.• Mémoires de la déportationprésenté par la Fondation pour laMémoire de la Déportation - Paris :Fondation pour la Mémoire de laDéportation, 1998 - CD-ROM+ livret d’accompagnement.• 1939-1945 : La seconde guerremondiale - Paris : Musée del’Armée : Fondation de la FranceLibre, 2000 - CD-ROM.• Histoires du Ghetto deVarsovie : Fenêtres sur la mémoire- Paris : Montparnasse Multimédia,1997 - 1 disque optique numérique- CD-Rom.• Anne GRYNBERG - La Shoah :l’impossible oubli - Paris: Gallimard,1995.• 1942-1945 : La déportation -Cannes : PEMF (Publications del’École Moderne Française), 1993 -BT sonore ; 22 La Seconde guerremondiale.• William KAREL - Primo LEVI1919-1987 - [S.l.] : SIIS interimage:France 3, 1997 - 1 vidéocassetteSécam (60 minutes) - Documentaire.Un siècle d’écrivains.• Jacqueline MARGUERITTE -Jorge Semprun - Paris : CNDP,1996 - 1 vidéocassette Sécam(15 minutes) - Ecrivains témoins de leur temps.• Annette WIEVIORKA -Auschwitz expliqué à ma fille -Paris : Seuil, 1999.

BANDES DESSINÉES :• Pascal CROCI - Auschwitz -Paris : Ed. du Masque, 2000 -Atmosphères/Emmanuel Proust.• Roberto INNOCENTI - Roseblanche - ill. par RobertoINNOCENTI; texte de ChristopheGALLAZ - Paris : Gallimard,Collection Folio cadet ; 197. Rouge.• Alexandra KAMANIECKI - LaMémoire sur des rails - Paris :Tirésias Michel Reynaud, 1995.• Le numéro - Jean-Pierre Vittori ;images Manuel Gracia – Paris :FNDIRP: Graphein, 1996.• Art. SPIEGELMAN - Maus : unsurvivant - Paris : Flammarion.

CINÉMA, VIDÉO• Roberto BENIGNI - La vie estbelle - Paris : TF1 Vidéo, 1999 -1 vidéocassette Sécam (117 minutes).• Pierre BOUTRON - Les annéessandwich, France, 1988.• Jacques DOILLON - Un sac debilles, France, 1974.• Robert ENRICO - Au nom detous les miens, France, 1983.• Finger BLANCHE et WilliamKAREL - Opération «Ventprintanier, 16 au 17 juillet 1942.La rafle du Vel «d’Hiv», France,1995. Documentaire.• Marion COTY et Henri R. COTY- Les camps de Concentration

Nazis 1933-1945 - avec livretpédagogique, Paris, H. R. COTY,1995.• Judith ELEK - Dire l’indicible,la quête d’Elie Wiesel - un film deJudit ELEK; texte dit par Jean-HuguesANGLADE - Paris: Arte vidéo, 1998- 1 vidéocassette Sécam (105 minutes)+ 1 livret d’accompagnement -Écrivains. • Emmanuel FINKIEL - Voyages -Paris : La sept vidéo, 2000 -1 vidéocassette Secam (115 minutes).• Karel KACHINIA - Le cri dupapillon - France, Tchécoslovaquie,1991.• Claude LANZMANN - Shoah -Paris : René Chateau Vidéo, 1976-1985 - 4 vidéocassettes Sécam(570 minutes) - La mémoire de l’histoire.• Rafael LEWANDOWSKI - Une ombre dans les yeux - Paris :Porte Rouge, 1998 - 1 vidéocassetteSécam (52 minutes).• Jocelyne MALHER - Réalisateur -Jean Daligault : prêtre déporté : la lumière, l’ombre et la nuit -réalisation de Jocelyne Malher etFrançois Royet - Caen: Visualproduction Yvonne Guégan, 1995,1 vidéocassette (25 minutes).• Marcel OPHULS - Hôtelterminus Klaus Barbie et sontemps, France, 1989.• Laurent Perrin - L’écriture et lavie, Jorge Semprun - un film deLaurent Perrin et Patrick Rotman -Paris : ADAV/Arte distribution,1996 - 1 vidéocassette Sécam(90 minutes) - Documentaire.• Alain RESNAIS - Nuit et brouillard- Lille : Conseil Régional Nord -Pas-de-Calais, 1956 - 1 vidéocassetteSécam (32 minutes).• Fabienne ROUSSO-LENOIR -Zakhor, souviens-toi - [S.l.] :F. Rousso-Lenoir : P. Picasso, 1996 -1 vidéocassette Sécam (22 minutes) -Documentaire.• Frédéric ROSSIF - De Nurembergà Nuremberg - France, 1989.• Jacques ROUFFIO - La passantedu sans souci - France, 1982.• François ROYET - Crayon, terre, savon et rouille sur fond dejournal - un court métrage deFrançois ROYET - Besançon: AsterBig Bang productions - 1995 -1 vidéocassette Sécam (11 minutes).• Véronique SARTRE - Silences -film réalisé par Véronique SARTRE;Françoise BOURVIS - Montpellier :ADL Production; Lyon: France 3Lyon, 1996 - 1 vidéocassette Sécam(24 minutes). Des déportés ont réussià témoigner à travers des dessins, descroquis, des esquisses, de l’horreurdes camps de concentration. Ce filmnous révèle l’histoire de ces dessinset la difficulté du témoignage.• François TRUFFAULT - Ledernier Métro - France, 1980.

DESSINS, PEINTURESVoir aussi les œuvres de Chagall,Picasso, Bacon…Amishai-Maisels, Ziva - Dépictionand interpretation: The influence ofthe Holocaust of the Visual Arts -Oxford - New-York - Seoul - Tokyo:Pergamon Press, 1993.• Jean-Marc CERINO - A des amisqui nous ont manqué - Jean-MarcCerino; en collaboration avec leMusée de la Résistance et de la

Vous trouverez, ci-après, une listed’organismes susceptibles de vousguider lors de vos travaux derecherche. Cette liste n’est bien sûre pasexhaustive.

Tout d’abord, nous vous avonsindiqué les adresses de quelquesFondations, Fédérations, Unions etAssociations nationales issues de laRésistance et de la Déportation quipour la plupart ont des délégationsou des représentants dans un grandnombre de départements.Vous aurez aussi intérêt à consulterles archives départementales, lesCentres Départementaux deDocumentation Pédagogique(C.D.D.P.) ainsi que les Directionsdépartementales des AnciensCombattants et Victimes deGuerre.

Aussi, afin de vous permettred’entrer plus facilement en contactavec ces organismes, nous avonsindiqué pour chaque régionadministrative les adresses desCentres Régionaux deDocumentation Pédagogique(CRDP) et des Directionsinterdépartementales des AnciensCombattants et Victimes deGuerre. À la suite de ces deux typesd’établissements, vous trouverezune liste des musées et centres dedocumentation spécialisés.

Fondation pour la Mémoire de la Déportation71 rue Saint Dominique 75007 PARISTél. : 0147053188Fax : 0144423562www.fmd.assoc.fr.E-mail : contact fmd @fmd.assoc.fr.

Fondation de la RésistanceHôtel National des InvalidesCorridor de Metz, escalier K75700 Paris 07 SPTél. : 0147057369 (secrétariat) et0145512706 (documentaliste)www.fondationresistance.com.E-mail : [email protected] Charles de Gaulle5 rue de Solférino75007 PARISTél. : 0144186677www.charles-de-gaulle.orgE-mail : [email protected] de la France Libre59 rue Vergniaud 75013 PARISAmicale des Anciens deDachau2 rue Chauchat 75009 PARISTél. : 0145233999Amicale des Anciens Déportésdes Familles de disparus desamis du Fort/Queuleu7 bis, impasse de Bretagne57111 AMANVILLIERSTél. : 0387534077Amicale des Anciens Déportéset Internés Camps/Drancy40 avenue de Saint-Ouen75018 PARISTél. : 0143268489Amicale des Anciens Déportéset Internés Juifs16 rue Barbès92100 LEVALLOIS PERRETTél. : 0147587427Amicale des Anciens DéportésJuifs de France10 rue St-Claude 75003 PARISTél. : 0142716819Amicale des Anciens InternésPatriotes de ChateaubriantVoves-Rouillé23 avenue Gabriel Péri93400 SAINT-OUENTél. : 0140115872

Amicale des Anciens InternésPolitique et Résistant du campVernet/Ariège10 rue Boulbonne09100 PAMIERSTél. : 0561671687Amicale des Anciens deMontluc5 rue Rollin75005 PARISTél. : 0143268489Amicale d’Aurigny-Alderney22 avenue Kléber94130 Nogent S/MarneTél. : 0148712771Amicale d’Auschwitz73 avenue Parmentier75011 PARISTél. : 0147009095Fax : 0147009033Amicale de Bergen-Belsen12 Villa St-Pierre94220 CHARENTON LE PONTTél. : 0143782858Amicale de BlechhammerAuschwitz III14 Place des Vosges75004 PARISTél. : 0149461515Amicale de BlechhammerHeidebreck73 avenue Parmentier75011 PARISPrésident : Nathan PROCHOWNIKAssociation française deBuchenwald-Dora66 rue des Martyrs75009 PARISTél. : 0142854493Amicale de Buchenwald-Dora/K. De Schönebeck Mülhausen72 rue André Theuriet63000 CLERMONT-FERRANDTél. : 0473342087Amicale de Buna Monowitz18, rue Marbeuf75008 PARISTél. : 0147233868Amicale des Camps de GursBoulevard Auvergne222 Bel-Air Bat A216000 ANGOULEMETél. : 0545929377

Amicale de Dora-EllrichCEP - 55 Quai Le Gallo92100 BOULOGNEAmicale de Drancy4 allée Thiellement93340 LE RAINCYTél. : 0143815038Amicale d’Eysses-Dachau10 rue Leroux75116 PARISTél. : 0144173827Amicale de Flossenbürg15, rue de Richelieu75001 PARISTél. : 0142963422Amicale de Jawischowitz125 avenue Ledru-Rollin75011 PARISTél. : 0148051529Amicale de Mauthausen31 Boulevard Saint-Germain75005 PARISTél. : 0143265451Amicale de Natzweiler-StruthofSeme Grain - 42 rue de Bel Air37400 AMBOISETél. : 0247571281Amicale de Neuengamme35 Grande Rue45410 ARTENAYTél. : 0238800053Amicale de Neu-Stassfurt11 rue Saint-Maurille49100 ANGERSTél. : 0241252075Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen77 avenue Jean-Jaurès75019 PARISTél. : 0142457488Amicale des Réseaux Action dela France combattanteHôtel National des Invalides129 rue de Grenelle75007 PARISAmicale du 369 Kobjercyn46 rue de Londres75008 PARISTél. : 0143277016Association des Amis de laFondation pour la mémoire dela Déportation31 boulevard Saint-Germain75005 PARISTél. : 0143258498

Association Ceux de Rawa-Ruska17 rue des Petits Hôtels75010 PARISTél. : 0142467564Association Citadelle etMaquis d’Indochine195 avenue Jean-Jaurès75019 PARISAssociation des Déportés NN15 avenue du général de Gaulle67000 STRASBOURGTél. : 0388613272Association de Déportés deSchonebeck-Mulhausen15 Cinquième Avenue77680 ROISSY EN BRIETél. : 0190629668Amicale de Ravensbrück10 rue Leroux75116 PARISTél. : 0144173829Association de Déportés deWanslebenLa Raudière86190 BERUGESTél. : 0549533218Association Nationale desAnciens Combattants de laRésistance (A.N.A.C.R.)79 rue Saint-Blaise75020 PARISAssociation Nationale desAnciennes Déportées etinternées de la Résistance(A.D.I.R.)241 boulevard Saint-Germain75007 PARISTél. : 0145513414Association Nationale desCombattants Volontaires de laRésistanceHôtel National des InvalidesCour d’honneur - boîte courrier n° 6 esc I75007 PARISAssociation Nationale desMédaillés de la RésistanceFrançaise51 bis boulevard de la Tour Maubourg75007 PARISAssociation R.D., Emprisonnés et InternésPolitiques AFN10 rue Leroux75116 PARIS

Annexe générale adresses utiles

Orientations bibliographiques

Page 27: La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, la ... · NUMÉRO 32-Spécial Concours National de la Résistance et de la Déportation 2001-2002 - Décembre 2001 La Fondation pour

LIMOUSIN19•23•87

Direction interdépartementale desAnciens Combattants etVictimes de Guerre22, rue Mirabeau87060 LIMOGES CEDEXCRDP39 F, rue Camille Guérin87036 LIMOGES CEDEXMusée Départemental de la Résistance et de la Déportation2, quai Edmond Perrier19000 TULLECentre National d’études de la Résistance et de la Déportation Edmond Michelet4, rue Champanatier19100 BRIVETél. : 0555740608Musée de la Résistance Henri QueuilleRue du Commerce19160 NEUVIC D’USSELTél. : 0555959687Musée de la RésistanceBureau de la Conservation des Musées22, av. de la Sénatorerie23000 GUÉRETMusée de la Résistance et de la DéportationPavillon Est de l’Ancien ÉvêchéPlace de la Cathédrale87000 LIMOGESTél. : 0555456175

LORRAINE54•55•57•88

Directionsinterdépartementales desAnciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrativerue du Chanoine CollinBP 105557036 METZ CEDEX 157, rue Emile BertinCase Officielle 6354036 NANCY CEDEXCRDP99, rue de MetzCo 332054014 NANCY CEDEXMusée mémorial de laRésistance et de la DéportationFort QueuleuAllée Jean Burger57070 METZ QUEULEUTél. : 0387754509Musée régional de laRésistance et de la DéportationSquare Jean Moulin57100 THIONVILLETél. : 0382519495Exposition permanente de la DéportationHôtel de VillePlace Henri Breton88130 CHARMESTél. : 0329388585Musée des activités anciennes de la forêt de la Résistance en VôgeLa Résidence11, rue de Moulin-RobertClairey88260 HENNEZELTél. : 0329070080

MIDI-PYRÉNNÉES09•12•31•32•46•65•81•82

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrative, bâtiment. BBoulevard Armand DuportalBP 4231902 TOULOUSE CEDEXCRDP3, rue Roquelaine - BP 704531069 TOULOUSE CEDEX 07Musée de la Résistance dumaquis de VillelongueCabanes12800 NAUCELLETél. : 0565470586Musée départemental de laRésistance et de la Déportation52, allée des Demoiselles31400 TOULOUSETél. : 0561148040Musée de la Résistance et de la DéportationRue Pagodéoutès32000 AUCHTél. : 0562616556Musée de la RésistancePlace du Général. de GaulleBP 29446005 CAHORS CEDEXMusée de la Déportation et de la Résistance Tarbes etHautes Pyrénées63, rue Georges Lassalle65000 TARBESTél. : 0562511160Musée de la Résistance et de la DéportationMaison du combattant33, Grand-rue Villenouvelle82000 MONTAUBANTél. : 0563660311

NORD-PAS-DE-CALAIS59•62

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrativeRue de Tournai59048 LILLE CEDEXCRDP3, rue Jean BartBP 19959018 LILLE CEDEXMusée de la Résistance en zoneinterditePlace Wilson59220 DENAINMusée de la DéportationRue Larue62113 LABOURSETél. : 0321659315Musée départemental de laRésistance et de la DéportationPalais Saint-Vaast22, rue Paul Doumer62000 ARRASMusée municipal de Harnes50, rue André Deprez62440 HARNESTél. : 0321490229

BASSE-NORMANDIE14•50•61

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre16, allée de la Verte ValléeBP 625914065 CAEN CEDEX

CRDP21, rue du Moulin-au-RoyBP 515214040 CAEN CEDEX 01Mémorial Musée de la PaixEsp. Général EisenhowerBP 626114066 CAEN CEDEXMusée de la LibertéRue de la Plage50310 QUINEVILLETél. : 0233214044Musée du Bocage NormandChâteau de Flers BP 22961104 FLERS CEDEX

HAUTE-NORMANDIE27•76

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrative Saint Sever2, rue Saint Sever76032 ROUEN CEDEXCRDP2, rue du Docteur FleuryBP 8876132 MONT-SAINT-AIGNANCEDEXMusée de la Résistance et de la Déportation de l’EureChamp de Bonnebos27500 MANNEVILLE-SUR-RISLETél. : 0232569486Musée de la Résistance et de la DéportationRue du Maréchal Leclerc76440 FORGES LES EAUXTél. : 0235905210

PAYS DE LA LOIRE44•49•53•72•85

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre104, rue GambettaBP 101644036 NANTES CEDEX 01CRDP5, chemin de l’HerbergementBP 9222644322 NANTES CEDEXMusée du souvenir 39-45Les Étangs Neufs, Lavardin72240 CONLIETél. : 0243277132

PICARDIE02•60•80

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrative Saint Sever2, rue Saint Sever76032 ROUEN CEDEXCRDP45, rue Saint-LeuBP 260580026 AMIENS CEDEXMusée et Centre de documentation Alfred DesmasuresImpasse du château02500 HIRSONTél. : 0323987742Musée départemental de laRésistance et de la Déportationen Picardie1, place Carnegie Fargniers02700 FARGNIERSTél. : 0323579377

POITOU-CHARENTES16•17•79•86

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre22, rue Mirabeau87060 LIMOGES CEDEXCRDP6, rue Sainte Catherine86034 POITIERS CEDEXMusée charentais de laRésistance et de la Déportation34, rue de Genève16000 ANGOULEMEMusée d’Orbigny-Bernon2, rue Saint-Côme17000 LA ROCHELLETél. : 0546411883Musée municipal de RoyanHôtel de VilleRoute de Pontaillac17200 ROYANTél. : 0546395656Centre régional des ressourceshistoriques1, rue Jules FerryBP 13979104 THOUARS CEDEXTél. : 0549660288

PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR04•05•06•13•83•84

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre11, rue LafonBP 613251 MARSEILLE CEDEX 06CRDP31, Boulevard d’Athènes13232 MARSEILLE CEDEX 0151 ter, avenue Cap-de-CroixBP 1106101 NICE CEDEX 2Musée municipal d’histoire de la Seconde GuerremondialePlace Paradis04000 DIGNES-LES-BAINSMusée de la Résistance azuréenneVilla Les Chérubins1, rue Jean-Jacques Rousseau06000 NICETél. : 0493811596Musée d’histoire 39-45Chemin du Gouffre84800 FONTAINE DE VAUCLUSETél. : 0490202400

RHÔNES-ALPES01•07•26•38•42•69•73•74

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre53, rue de CréquiBP 605769412 LYON CEDEX 06CRDPAcademie de Grenoble11, avenue du Général-Champon38031 GRENOBLE CEDEXAcadémie de Lyon47-49, rue Philippe de Lassalle69316 LYON CEDEX 04Musée départemental d’histoirede la Résistance et de la Dépor-tation de l’Ain du Haut-Jura2, montée de l’Abbaye01130 NANTUATél. : 0474750750

Musée Mémorial d’Izieu.Maison des enfants d’IzieuHameau de Lélinaz01300 IZIEUTél. : 0479872105Musée départemental de laRésistance en Ardèche13, rue de la République07400 LE TEILTél. : 0475490111 ou 0475491046Centre historique de la Résistanceen Drôme et de la Déportation2 rue Sainte-Marie26100 ROMANS-SUR-ISERETél. : 0475058136Musée de la Résistance du Vercors26420 VASSIEUX EN VERCORSTél. : 0475482846Musée de la Résistance et de laDéportation14, rue Hébert38000 GRENOBLETél. : 0476423853Centre d’Histoire de la Résistanceet de la Déportation (CHRD)14, avenue. Berthelot69007 LYONTél. : 0478722311 et 0472733354Centre de Documentation surla Déportation des EnfantsJuifs (CDDEJ)9 avenue Leclerc69007 LYONTél. : 0472695093Musée communal de laRésistance et de la Déportation21 place Léon Sublet69200 VENISSIEUXTél. : 0472500767Musée Savoisien1, Square de Lannoy de Bissy73000 CHAMBÉRYTél. : 0479334448Musée Haut-Savoyard de laRésistance74, rue Sainte CatherineBP 7474130 BONNEVILLETél. : 0450973842Mémorial de la DéportationMorette74230 LA BALME DE THUYTél. : 0450020814

DÉPARTEMENTSD’OUTRE-MER971•972•973•974

C.R.D.PAntilles-GuyaneRoute du PharePointe des NègresBP52997206 FORT-DE-FRANCE CEDEXLa Réunion16, rue Jean Chatel97489 SAINT DENIS CEDEXDirection départementale desA.C.V.G.Cité GuillardRue du Château d’Eau97109 BASSE-TERRE CEDEXDirection départementale desA.C.V.G.9, rue Louis Blanc97200 FORT-DE-FRANCEDirection départementale desA.C.V.G.40, rue des 14 et 22 juin 1962BP 500497305 CAYENNE CEDEXDirection départementale desA.C.V.G.11, rue de Nice97400 SAINT-DENIS

Concours National de la Résistance et de la Déportation 5150 Concours National de la Résistance et de la Déportation

Association des Tatoués duconvoi du 27 avril 194418 avenue de la République91170 VIRY-CHATILLONTél. : 0169242066Comité d’Action de laRésistance45-47 rue Lacépède75005 PARISTél. : 0147070295Comité National de Liaisondes Anciens Déportés etInternés EDF/GDF23 rue de Vienne75008 PARISTél. : 0140086173Confédération Nationale desA.C. Français évadés/Francedes Internés en Espagne5 rue Guillaumat75012 PARISConfédération Nationale desCombattants Volontaires de laRésistance10, rue des Pyramides75001 PARISTél. : 0142604241Confédération Nationale desDéportés et Internés et Ayantsdroit de la RésistanceChemin de la Chapelle Bruno59126 LINSELLESTél. : 0320232632Fédération des Amicales deRéseaux Renseignement etÉvasion de la FranceCombattante1 avenue du Général Balfourier75016 PARISTél. : 0146515656Fédération Nationale desDéportés Internés Résistants etPatriotes (FNDIRP)10 rue Leroux 75116 PARISTél. : 0144173819www.fndirp.asso.fr (a publié unsupplément du n° 746 du “PatrioteRésistant” consacré au Concours 2002)Fédération Nationale desDéportés et Internés de laRésistance (FNDIR)8 rue des Bauches75016 PARISTél. : 0153922103O.R.A4 boulevard des Invalides75007 PARISTél. : 0145515181Union Chrétienne des Déportés15 rue Monsieur75007 PARISTél. : 0140616400Union Nationale desAssociations de Déportés,Internés et Familles de disparus (UNADIF)8, rue des Bauches75016 PARISTél. : 0153922103Union Nationale des Déportéset Internés et Victimes deGuerre49 rue du Faubourg du Temple75010 PARISTél. : 0142080340Union des Résistants etDéportés Juifs de France37 rue Saint-Ferdinand75017 PARISTél. : 0144099377

Union Internés de la prison de Graudenz18 Chemin des ChauvinesQuartier du Repos13170 LES PENNES MIRABEAUTél. : 0442027166

ÎLE DE FRANCE75•77•78•91•92•93•94•95

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre10, av. du Val de Fontenay94135 FONTENAY-SOUS-BOISCEDEXCentre National deDocumentation Pédagogique(C.N.D.P.)37, rue Jacob75270 PARIS CEDEX 06CRDPAcadémie de Créteil20, rue Danielle Casanova94170 LE PERREUX-SUR-MARNEAcadémie de Versailles584, rue Fourny BP 32678533 BUC CEDEXCentre de DocumentationJuive Contemporaine(C.D.J.C.)17, rue Geoffroy l’Asnier75004 PARISTél. : 0142774472Musée de l’ordre de la LibérationHôtel National des Invalides51, bd de La Tour Maubourg75007 PARISTél. : 0147050410Musée d’Histoire ContemporaineBibliothèque de DocumentationInternationale Contemporaine(B.D.I.C.)Hôtel National des Invalides129, rue de Grenelle75007 PARISTél. : 0144423771Mémorial du Maréchal Leclercde Hauteclocque et de laLibération de ParisMusée Jean Moulin (ville de Paris)Dalle jardin Atlantique23, allée de la 2e D.B.75015 PARISTél. : 0140643944Bibliothèque deDocumentation InternationaleContemporaine (B.D.I.C.)6, allée de l’Université92000 NANTERRETél. : 0140977900Musée de l’Histoire vivante31, bd Théophile Sueur93100 MONTREUILTél. : 0148706162Musée de la RésistanceNationale88, av. Max Dormoy94500 CHAMPIGNY SUR MARNETél. : 0148810080

ALSACE67•68

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrative2, rue de l’Hôpital militaire67084 STRASBOURG CEDEX

CRDP23, rue du Maréchal Juin BP 279/R767007 STRASBOURG CEDEXMusée et camp du StruthofNatzweiller67130 SCHIRMECKTél. : 0388970449

AQUITAINE24•33•40•47•64

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité AdministrativeRue Jules FerryBP 8033090 BORDEAUX CEDEXCRDP75, cours d’Alsace-Lorraine33075 BORDEAUX CEDEXMusée de la Résistance et de la DéportationCentre National J. Moulin48, rue Vital Carles33000 BORDEAUXTél. : 0556796600Musée Départemental de laRésistance et de la DéportationJean Philippe40 rue Montesquieu47000 AGENTél. : 0553660426

AUVERGNE03•15•43•63

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrativeRue PélissierBP 15263034 CLERMONT-FERRANDCEDEX 1CRDP15, rue d’Amboise63037 CLERMONT-FERRANDCEDEX 2Musée de la Résistance deMontluçonMairiePlace Jean Jaurès03100 MONTLUCONMusée de la Résistance et de la Déportation JosephLhomenède43230 FRUGIERES LE PINTél. : 0471764215Musée de la Résistance duMont Mouchet43300 AUVERSTél. : 0471741191Musée de la Résistance del’Internement et de laDéportation du Puy de Dôme7, place Beaulieu63400 CHAMALIERESTél. : 0473312842

BOURGOGNE21•58•71•89

Direction interdépartementaledes Anciens Combattants etVictimes de Guerre4 bis, rue HocheBP 158421032 DIJON CEDEXC.R.D.P.3, avenue Alain SovaryBP 49021013 DIJON CEDEX

Musée de la Résistance enMorvanMaison du Parc58230 SAINT-BRISSONTél. : 0386787016 ou 0386787299Musée de la Résistance4 bis, rue André Malraux58640 VARENNES VAUZELLESTél. : 0386573166 (mairie deVauzelles)Musée de la Résistance dans le Jovinien. Musée du groupe JovinienBayard5, rue Boffrand89300 JOIGNYTél. : 0386622096

BRETAGNE22•29•35•56

Direction interdépartementale desAnciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrativeBoulevard de la Liberté35021 RENNES CEDEXCRDP92, rue d’Antrain35003 RENNES CEDEXMusée de la RésistanceMairie de Saint-Connan22480 SAINT-GILLES-PLIGEAUXTél. : 0296214357Musée de la RésistancebretonneLes Hardys Béhellec56140 SAINT-MARCELTél. : 0297751690

CENTRE18•28•36•37•41•45

Directionsinterdépartementales desAnciens Combattants etVictimes de Guerre2, rue de l’Hospitalité37032 TOURS CEDEX4, rue Marcel ProustB P 253545038 ORLEANS CEDEX 1CRDP55, rue Notre Dame de RecouvranceB P 221945012 ORLEANS CEDEX 1Musée de la Résistance et de la Déportation de Bourgeset du CherHalle St Bonnet8 boulevard de la République18000 BOURGESTél. : 0248690262Musée départemental de laguerre 39-4512, rue du Cheval Blanc28000 CHARTRESTél. : 0237210859Musée de la Résistance et de la bataille de la LoireAncienne École37530 CHARGETél. : 0247570401Musée de la Résistance et de la Déportation, de laLibération1, pl. de la Grève41000 BLOISMusée départemental de laRésistance et de la DéportationEsplanade Charles de Gaulle45260 LORRISTél. : 0238948419

CHAMPAGNE-ARDENNE08•10•51•52

Direction interdépartementale desAnciens Combattants etVictimes de GuerreCité administrativeRue du Chanoine CollinBP 105557036 METZ CEDEX 157, rue Emile BertinCase Officielle 6354036 NANCY CEDEXCRDP47, rue Simon B P 38751063 REIMS CEDEXMusée de la Résistance Mussy du Maquis6, rue Boursault10250 MUSSY-SUR-SEINETél. : 0325384010 (mairie)

CORSE2A•2B

Direction interdépartementale desAnciens Combattants etVictimes de GuerreAv. du Colonel Colonna d’OrnanoBP 3220181 AJACCIO CEDEX 1CRDP8, cours du Général LeclercBP 83620192 AJACCIO CEDEX 4Musée d’histoire CorseMéditerranée « A Bandera »1, rue général Levie20000 AJACCIO

FRANCHE-COMTÉ25•39•70•90

Direction interdépartementale desAnciens Combattants etVictimes de Guerre4 bis, rue HocheBP 158421032 DIJON CEDEXCRDP6, rue des FusillésBP115325003 BESANCON CEDEXMusée de la Résistance et de la DéportationLa Citadelle25000 BESANCONTél. : 0381650755 (musée) -0381650757 (centre dedocumentation)www.besancon.com

LANGUEDOC-ROUSSILLON11•30•34•48•66

Direction interdépartementale desAnciens Combattants etVictimes de Guerre2, place Paul Bec34078 MONTPELLIER CEDEX 2CRDPAllée de la Citadelle34064 MONTPELLIER CEDEX 2Centre Régional d’histoire de la Résistance et la DéportationPlace de la Liberté34170 CASTELNAU-LE-LEZTél. : 0467142745

Annexe générale adresses utiles

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Remerciements

Crédits photographiques : Illustration de couverture dessin de Serge Cogan (FNDIRP) • collection FNDIRP p. 8-10-12 -13-14 (H. Gayot) (A. Favier) - p.25 (I. Celnikier, Bergen Belsen) - p.31 (I. Celnikier,B. Taslitzky) - p.32 (R. Brandely) - p.41 - p.42 (Varzy) • Musée de la Résistance et de la Déportation La Citadelle p. 11-13 (L. Delarbre, L. Bertrand) p.14 (L. Delarbre, L. Bertrand) - p. 19 et 20 (J.-P. Tupin) p. 21 p. 39-40 • p. 23 Opéra National de Paris, Brundibar• p.26 • p. 31 (M. de la Pintière) • p. 35 K. Pruszkowski et Patrimoine photographique • p.37 - 38 Les films du Poisson (Voyages) • p.38 BAC distribution (La Vie est belle) • p. 45 Photo AAFMD • D.R. p. 23 (programme musical) - p. 29 (Hernan), p. 34, p.42 (Ile de la Cité), p. 44, p. 46 (Amicale des Déportés et Famille de Neuengamme).

Mémoire Vivante - Trimestriel édité par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation - A.S.B.L. reconnue d’utilité publique (décret du 17 octobre 1990) - Placée sous le Haut Patronage de M. le Président de la République - SIRET380 616 433 00021 APE 913E - C.C.P. 19.500 23 W Paris - 71 rue Saint-Dominique, 75700 Paris 07 SP - Tél. 01 47 05 31 88 - Télécopie 01 44 42 35 62 -Internet : http://www.fmd.asso.fr - Email : [email protected] - Directeur de la publication: Marie-José Chombart de Lauwe - directeur de la rédaction: François Perrot • Maquette, photogravureet impression : SEPEG International, 75015 Paris • Numéro 32 spécial concours - décembre 2001 - Dépôt légal : décembre 2001 - Commission paritaire n° 3 986 D 73 ACS - ISSN 1253-7535.

Fondation pour la Mémoirede la Déportation

Ministère de la Défense(Direction de la Mémoire duPatrimoine et des Archives)

Fondation « Charles de Gaulle »

Fondation de la Résistance

La Fondation Charles de Gaulle, La Fondation pour laMémoire de la Déportation et la Fondation de la Résistanceremercient de leur soutien et de leur participation à laréalisation de ce dossier :

◗Monsieur le ministre de l’Éducation Nationale (Direction desEnseignements Scolaires) ;

◗Monsieur le Ministre de la Défense (Direction de la Mémoiredu Patrimoine et des Archives) ;

◗Monsieur le Maire de Paris ;

◗ les membres du groupe de travail qui a réalisé le dossier : MadameDanièle Baron (FNDIRP) • Madame Catherine Breton(Association des Amis de la Fondation) • Madame Julia Pascal(écrivain, comédienne) • Madame Élisabeth Pastwa (conservateurdu Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon) •Madame Cécile Vast (Fondation de la Résistance) • MonsieurCyrille Le Quellec (Fondation pour la Mémoire de la Déportation)• Monsieur Yves Lescure (Fondation pour la Mémoire de laDéportation) • Monsieur Frantz Malassis (Fondation de laRésistance) • Monsieur Joël Meny (Service éducatif du Muséede la Résistance et de la Déportation de Besançon) • MonsieurJean-Pierre Thiercelin (secrétaire général de l’Amicale Dora-Ellrich,comédien) • Monsieur Yann Tissier-Jakubowicz (Fondation pourla Mémoire de la Déportation) ;

◗ le directeur de la revue l’École des Lettres ;

◗les associations et organismes suivants : Association Nationaledes Anciennes Déportées et Internées de la Résistance (ADIR)• Association des Français Libres (AFL) • Amicale des Anciensde Dachau • Amicale d’Auschwitz • Association française deBuchenwald-Dora • Amicale de Buna-Monowitz • Amicale deDora-EIIrich • Amicale de Flossenbürg • Amicale de Mauthausen• Amicale de Neuengamme • Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen • Amicale des Réseaux Action de la FranceCombattante • Association Nationale des Anciens Combattantsde la Résistance (ANACR) • Association Nationale desCombattants Volontaires de la Résistance (ANCVR) • Association

Nationale des Médaillés de la Résistance Française (ANMRF) •Comité d’Action de la Résistance (CAR) • ConfédérationNationale des Combattants Volontaires de la Résistance(CNCVR) • Fédération des Amicales de Réseaux, Renseigne-ments et Évasion de la France Combattante (FARREFC) •Fédération Nationale des Déportés Internés de la Résistance(FNDIR) • Fédération Nationale des Déportés Internés Résistantset Patriotes (FNDIRP) • Association Libre Résistance •Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de laDéportation (AFMD) • Association Mémoire et Espoirs de laRésistance (MER) • Organisation de la Résistance de l’Armée(ORA) • Union des Aveugles de la Résistance • Union Nationaledes Associations de Déportés, Internés et Familles de disparus(UNADIF) •

Les trois Fondations remercient aussi les associations etorganismes qui apportent une contribution pédagogique àla préparation du Concours National de la Résistance et de laDéportation par la réalisation d’un dossier spécifique, et enparticulier : le Musée de la Résistance nationale de Champigny, leMusée départemental de la Résistance et de la Déportation deToulouse, la FNDIRP, la FNDIR-UNADIF.

Informations complémentaires

Les associations suivantes proposent aux lauréats de poursuivre desétudes et des recherches initiées lors de leur participation auConcours et les encouragent à entreprendre avec elles unapprofondissement :

◗Association des «Amis de la Fondation pour la Mémoire de laDéportation », 31, boulevard Saint-Germain 75005 Paris.Tél. : 0143258498. Fax : 0143295892

◗Association «Mémoire et Espoirs de la Résistance», 16/18, placeDupleix 75015 Paris. Tél. : 0145669232

◗Association nationale des lauréats du Concours de la résistanceet de la Déportation Edward Arkwirght, 6 avenue de Camoëns75006 Paris. Tél. : 0145271256.

Ministère de l’Éducation Nationale(Direction des Enseignements Scolaires)