Kakemonos Inauguration lycée P.M. Théas

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Le courage exemplaire que Monseigneur Théas et Marie-Rose Gineste ont montré en faveur de la résistance spirituelle au nazisme interpelle aujourd’hui les générations mon- tantes dans l’action qu’elles ont à mener pour construire une mémoire d’avenir, fondée sur le respect de la dignité de la personne, la valeur centrale de la vie, et soucieuse de développe- ment humain. C’est la difficulté à appréhender l’autre et à cerner tout l’autre qui empêche de le reconnaître dans son identité et de l’accepter dans sa différence, comme un frère en humanité. Dès lors, l’esprit de la résistance, c’est l’esprit de résistance à l’inhumain, chaque fois que les droits de l’homme sont menacés ou bafoués. C’est le sens de la démarche d’édu- cation à la citoyenneté mise en œuvre dans le travail de mémoire. Car on ne peut faire vivre la citoyenneté que si l’on cherche à perpétuer le lien social, en mettant à l’épreuve au quo- tidien le sens de l’altérité, la bienveillance du cœur. Cette exigence éducative permet à l’his- toire de faire mémoire, c’est-à-dire de réussir la transmission des valeurs humanistes, dès lors qu’elle contribue à accéder à la conscience de la citoyenneté universelle. C’est là que se joue la relation à l’humain dont la densité fait décou- vrir des raisons de vivre et d’espérer. On commence à y parvenir en se dépouillant peu à peu de ce qui peut nuire à l’unité person- nelle, dans ses dimensions, corporelle, affective et spirituelle, et empêche d’agir plutôt que de subir, d’être plutôt que de paraître ou d’avoir. La résistance de l’esprit libère ainsi de ce qui encombre l’âme humaine, son message éveille à l’intériorité et ouvre à la transcendance. Il de- vient une parole vivante qui fait briller en chacun de nous la lumière de la fraternité, porteuse d’un invincible espoir en l’avenir de l’Homme, pour faire vivre l’amour et faire écho au caractère sacré de toute vie. Robert Badinier Délégué régional Midi-Pyrénées de Mémoire et Espoirs de la Résistance Le 26 juillet 1940, Pie XII confie le diocèse de Tarn-et- Garonne à Pierre-Marie Théas, tandis que le régime de Vichy vient de remplacer la IIIème République. Longtemps loyal au maréchal Pétain, qu’il accueille à Montauban le 6 novembre 1940, Monseigneur Théas entre dans une attitude de résistance spirituelle pendant l’été 1942. L’ année 1942 est une période charnière au cours de laquelle l’antisémitisme du gouvernement de Vichy bascule vers l’horreur. De la privation de certaines libertés, de la spoliation, du recensement, on passe à l’internement en camps sous ad- ministration française, véritables antichambres d’Auschwitz et autres lieux de mort. A la mi-juillet 13000 juifs étrangers sont raflés à Paris, concentrés au Vélodrome d’Hiver, puis internés au camp de Drancy et dans les camps du Loiret. En zone non occupée, le 26 août, deux jours après le départ du premier convoi trans- portant 1200 internés vers Drancy, 6600 autres juifs étrangers sont arrêtés à leur domicile et regroupés dans différents camps d’internement . Conception graphique : Isabelle GABRIELI deux figures de l’engagement Pierre-marie théas et marie-rose gineste La résistance spirituelle : un combat toujours actuel C hoqué par la rafle du 26 août, il écrit une lettre pastorale sur le respect de la personne humaine qui est lue en chaire le dimanche 30 dans toutes les églises du diocèse, portée aux prêtres par sa secrétaire, Marie-Rose Gineste. Il suit de peu Mgr Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse, qui, dans une lettre pastorale datée du 23 août avait réagi âprement aux événements parisiens. Comme le relève Jean Estèbe, « Les protestations des évêques eurent un retentissement considérable sur l’opi- nion [ …] elles sont le facteur décisif d’un véritable virage [ …] des consciences assoupies se réveillent, des réactions courageuses se produisent même dans des cercles jusque- là fidèles vis-à-vis du régime. »

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Réalisation de kakemonos pour l'inauguration du lycée.

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Le courage exemplaire que Monseigneur Théas et Marie-Rose Gineste ont montré en faveur de la résistance spirituelle au nazisme interpelle aujourd’hui les générations mon-tantes dans l’action qu’elles ont à mener pour construire une mémoire d’avenir, fondée sur le respect de la dignité de la personne, la valeur centrale de la vie, et soucieuse de développe-ment humain. C’est la difficulté à appréhender l’autre et à cerner tout l’autre qui empêche de le reconnaître dans son identité et de l’accepter dans sa différence, comme un frère en humanité. Dès lors, l’esprit de la résistance, c’est l’esprit de résistance à l’inhumain, chaque fois que les droits de l’homme sont menacés ou bafoués. C’est le sens de la démarche d’édu-cation à la citoyenneté mise en œuvre dans le travail de mémoire. Car on ne peut faire vivre la citoyenneté que si l’on cherche à perpétuer le lien social, en mettant à l’épreuve au quo-tidien le sens de l’altérité, la bienveillance du cœur. Cette exigence éducative permet à l’his-

toire de faire mémoire, c’est-à-dire de réussir la transmission des valeurs humanistes, dès lors qu’elle contribue à accéder à la conscience de la citoyenneté universelle. C’est là que se joue la relation à l’humain dont la densité fait décou-vrir des raisons de vivre et d’espérer. On commence à y parvenir en se dépouillant peu à peu de ce qui peut nuire à l’unité person-nelle, dans ses dimensions, corporelle, affective et spirituelle, et empêche d’agir plutôt que de subir, d’être plutôt que de paraître ou d’avoir. La résistance de l’esprit libère ainsi de ce qui encombre l’âme humaine, son message éveille à l’intériorité et ouvre à la transcendance. Il de-vient une parole vivante qui fait briller en chacun de nous la lumière de la fraternité, porteuse d’un invincible espoir en l’avenir de l’Homme, pour faire vivre l’amour et faire écho au caractère sacré de toute vie.

Robert BadinierDélégué régional Midi-Pyrénées de Mémoire

et Espoirs de la Résistance

Le 26 juillet 1940, Pie XII confie le diocèse de Tarn-et-Garonne à Pierre-Marie Théas, tandis que le régime de

Vichy vient de remplacer la IIIème République. Longtemps loyal au maréchal Pétain, qu’il accueille à Montauban le 6 novembre 1940, Monseigneur Théas entre dans une attitude de résistance spirituelle pendant l’été 1942.

L’année 1942 est une période charnière au cours de laquelle l’antisémitisme du gouvernement de Vichy bascule vers

l’horreur. De la privation de certaines libertés, de la spoliation, du recensement, on passe à l’internement en camps sous ad-ministration française, véritables antichambres d’Auschwitz et autres lieux de mort.

A la mi-juillet 13000 juifs étrangers sont raflés à Paris, concentrés au Vélodrome d’Hiver, puis internés au camp

de Drancy et dans les camps du Loiret. En zone non occupée, le 26 août, deux jours après le départ du premier convoi trans-portant 1200 internés vers Drancy, 6600 autres juifs étrangers sont arrêtés à leur domicile et regroupés dans différents camps d’internement .

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deux figures de l’engagement

Pierre-marie théas et marie-rose gineste

La résistance spirituelle : un combat toujours actuel

Choqué par la rafle du 26 août, il écrit une lettre pastorale sur le respect de la personne humaine

qui est lue en chaire le dimanche 30 dans toutes les églises du diocèse, portée aux prêtres par sa secrétaire, Marie-Rose Gineste.

Il suit de peu Mgr Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse, qui, dans une lettre pastorale datée du

23 août avait réagi âprement aux événements parisiens. Comme le relève Jean Estèbe, « Les protestations des évêques eurent un retentissement considérable sur l’opi-nion [ …] elles sont le facteur décisif d’un véritable virage [ …] des consciences assoupies se réveillent, des réactions courageuses se produisent même dans des cercles jusque-là fidèles vis-à-vis du régime. »

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Pierre-Marie Théas poursuit des études au Séminaire de Nay, de Bayonne, puis à Rome

(Séminaire Français et université grégorienne). Il obtient un doctorat en droit canonique. Il est ordonné prêtre en 1920, vicaire dans une paroisse de Pau, puis professeur de théologie au Séminaire de Bayonne.

Le 26 juillet 1940, Pie XII lui confie le diocèse de Montauban, peu après le désastre de mai-juin.

1894 - 1977

La III° République s’effondre et le régime de Vichy

s’installe. L’évêque de Montauban, comme nombre de Français, af-fiche confiance et crédit envers le maréchal Pétain, qu’il accueille le 6 novembre 1940.

Fin 1940, Pierre-Marie Théas assiste dans ses derniers moments, en guide spirituel, Manuel Azana, républicain, président de la République espagnole en 1936, en exil, chassé et traqué par les franquistes.

MONSEIGNEUR PIERRE-MARIE THEAS

En 1894, naissance de Pierre-Marie Théas,

à Barzun, Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques).

Juste parmi les « Justes »

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La politique antijuive déclarée du gouvernement, les rafles en zone non encore occupée, notamment

celle du 26 août 1942, l’orientent de plus en plus vers une attitude critique à l’égard du gouvernement de Vichy puis le poussent à des actes de résistance de plus en plus affichés.

La rafle du 26 août le révolte : publication d’une lettre pastorale sur « le respect de la personne humaine » qui est lue « sans commentaires » le dimanche 30 mai 1942 par la plupart des prêtres du diocèse assurément courageux.

Marie-Rose Gineste, sa secrétaire, aidée de deux amies, apporte la lettre dans les paroisses, à bicyclette.

1944 : Après le débarquement américain sur les côtes nor-

mandes le 6 juin 1944, les autorités d’occupation allemandes se radicalisent. Le 9 juin, la Gestapo arrête la plupart des notables de la région : Mgr Rodié, évêque d’Agen, Albert Sarraut, Jean Baylet, résistant et directeur de La Dépêche du Midi, le maire de Toulouse, le préfet d’Agen et Mgr Théas, parmi quatre personnalités de l’Institut Catholique, dont Mgr Bruno de Solages, le recteur. Monseigneur Théas demeure au camp de Compiègne.

En février 1947, Pierre-Marie Théas est nommé évêque du diocèse de Tarbes-Lourdes.

Il meurt à Bétharram le 3 avril 1977.

1894 - 1977

Juste parmi les « Justes »

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Monseigneur Théas plante un arbre dans l’allée des Justes en 1970.Source photo : Yad Vashem Photo Archive.

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Reproductions photographiques réalisées avec l’aimable partipation de l’association Loisirs et Culture de Canals.

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1931 : Engagement social-chrétien dans son entreprise. 1940 : E l l e

s’engage activement dans les mouve-ments de Résistance après l’appel du 18 juin du Général de Gaulle et devant la détresse des réfugiés lors de l’exode du printemps 1940.

N aissance de Marie-Rose Gineste à Canals, Tarn-et-Garonne, le 10 août 1911.

Elle travaille à Montauban dans une équipe de La Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine (JOCF), dont l’aumônier est Monseigneur Gounot, su-périeur du Grand Séminaire et futur évêque de Carthage.

Secrétaire officielle de Monseigneur Théas, elle aide les réfugiés, participe par la réflexion et les débats à l’élaboration d’un esprit de résistance. Elle collecte des renseignements vitaux pour les

résistants sur le terrain, porte secours et asile à tous ceux que traque la Gestapo, quelles que soient leurs origines ou leur appartenance politique ou idéologique.

Aidée de Berthe Delmas son assistante, elle accomplit un travail de résistance : diffusion de la presse clandestine (Combat, Témoignage Chrétien), de faux certificats de résidence, de certificats de baptême pour les juifs, de tickets d’alimentation. elle organise des filières pour le passage en Espagne, camoufle des juifs, des aviateurs parachutés puis de jeunes fuyant le STO. Elle devient responsable du service social des Maquis de la rive gauche de la Garonne.

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1937 : Elle entre au Secrétariat social de la Maison des Œuvres, 64 faubourg

du Moustier, institution très active de réflexion, de lutte contre les idéologies réactionnaires, centre de documen-tation et de réflexion sur l’attitude et les choix de l’Eglise au cœur de la barbarie. Elle participe avec passion aux débats idéologiques qui secouent les années qui précèdent la guerre, et aide à la diffusion des grandes encycliques de Pie XI (Non abbianmo bisogno, critique vive du fascisme et Mit Brennender Sorge (Avec une brûlante inquiétude), dénonçant le nazisme). Elle participe aux Semaines sociales et entre dans le syndica-lisme chrétien, la CFTC (Confédération Française des Tra-vailleurs Chrétiens).

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En 2005, au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, un olivier est planté

qui rappelle la mémoire de Marie-Rose Gineste, artisan de paix et « Juste parmi les Nations ». La légendaire bicyclette qui transporta en août 1942 la lettre de Monseigneur Théas se trouve aussi dans le mémorial.

Le 30 août 1942, elle diffuse, à bicyclette, la lettre de

Monseigneur Théas sur « le respect de la personne humaine », avec Angèle Puig et le capitaine Bossu.

19 août 1944 : libération du département.

Marie-Rose Gineste devient membre du Comité départemental de Libération et aussi jury à la Cour de Justice.

Ses valeurs chrétiennes et son esprit de tolérance, comme ses qualités de conciliation et de négociation, seront un précieux atout pour ces institutions durant cette période de transition et, parfois, de règlements de compte.

Après la guerre, l’engagement politique au MRP, (parti démocrate-chrétien), social et syndical à la CFTC de Marie-Rose Gineste se poursuit dans divers mandats municipaux.

29 août 2010 : Elle meurt à 99 ans.

Un hommage lui est rendu et la nouvelle rue où se situe le lycée Pierre-Marie Théas porte désormais son nom.

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En 1940, il rencontre à Montauban des

membres du Secrétariat social de l’Evêché, dont Marie-Rose Gineste qui lui transmet quelques bulletins clandestins de Témoignage Chrétien.

L’influence des idées du charismatique recteur sera déterminante pour le nouvel évêque de Montauban, Pierre-Marie Théas, notamment celles dénonçant le mépris de la personne hu-maine, le racisme et l’incompatibilité entre le message évangélique et toutes les formes de barbarie.

Bruno de Solages, le « recteur magnifique » de l’Institut Catholique de Toulouse est une

des figures emblématiques de l’Eglise, avant la guerre, comme recteur et durant la sombre pé-riode de l’entre-deux-guerres et de la Seconde Guerre mondiale. Il fut en lien avec le cardinal Tisserand, le père Teilhard de Chardin et Henri Bouillard, en particulier.

Il fut un des penseurs d’une vision sociale du Catholicisme, l’artisan d’une ouverture de l’Eglise vers l’Action catholique, le Scoutisme et le monde universitaire (paroisses universitaires).

9 juin 1944 : Trois jours après le débarquement améri-cain sur les côtes normandes, la Gestapo, sur les dents, arrête massivement tous ses adversaires, sans distinction de rang. Sont arrêtés Monseigneur Rodié, évêque d’Agen, Monseigneur Théas, évêque de Montauban, Jean Baylet, résistant et directeur de La Dépêche du Midi, Monseigneur de Solages avec les principaux doyens de la Faculté Catholique.

Bruno de Solages est incarcéré à la prison Saint Michel (Toulouse). Il est transféré le 19 juin au camp de Compiègne et le 15 juillet au camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg.

Le 12 avril 1945, libéré par la Croix Rouge, il revient à Toulouse les 19-20 mai 1945.

Bruno de Solages et Monseigneur Saliège, en visite à Montauban

1932 - 1963

Eté 1940 : Se démarquant d’une partie de

l’épiscopat français et du clergé diocésain, de tradi-tion maurassienne, il choisit le camp du refus de la défaite : « Un texte de Monseigneur de Solages est plus dangereux qu’un attentat à la grenade », aurait dit le colonel allemand Fisher.

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19 février 1939 : Condamnation, au nom de l’Eglise, avec son ami Bruno de Solages, du racisme et de l’antisémitisme, les déclarant incompatibles avec les en-seignements de l’Eglise et de l’Evangile (il reprend et commente l’encyclique de Pie XI de 1937 sur ces questions).

1940 : Monseigneur Saliège reçoit le maréchal Pétain à Toulouse, reconnais-sant la légitimité du régime de Vichy et se démarquant encore de son ami Mgr de Solages, qui affirme préférer une France victorieuse dirigée par Léon Blum et les francs-maçons à une France vaincue gouver-née par le Maréchal.

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Mars 1941 : Mgr Saliège aide matériellement les détenus, étrangers pour la plupart, des camps de Noé et de Récébédou. Une lettre du général de Gaulle reconnaît son rôle de résis-tant à l’occupant et à Vichy et l’encourage à accentuer son engagement et à œuvrer pour une rupture entre l’Eglise et Vichy. Seulement cinq évêques, dont Mgr Théas, osent s’opposer à la politique de Vichy.

Le 23 août 1942 : Il ordonne aux prêtres du diocèse la lecture de sa lettre pastorale sur la personne humaine ; « Et Clamor Jerusalem ascendit ».

1943 : Avec Mgr Théas et Mgr de Solages, Mgr Saliège demande d’aider les juifs, notamment les enfants et les réfu-giés, en contribuant à favoriser le passage en Espagne, à délivrer de faux papiers (des faux certificats de baptême, en particulier), à camoufler des juifs. Nombre d’institutions religieuses en accepteront le risque, particulièrement les bénédictines de Mas-Grenier, les sœurs d’Auvillar, de l’Institut Familial (Antoinette de Caunes « sœur Claire »), l’Institution Jeanne d’Arc, le petit séminaire de Montauban, le Refuge.

9 juin 1944 : La Gestapo décide de l’arrêter mais le soldat chargé de son arrestation renonce à l’emmener, touché par son charisme, son âge et sa maladie.

1945 : De Gaulle fait de Mgr Saliège un Compagnon de la Libération. Il est reçu par Pierre Bertaux, nouveau pré-fet, et par Giovanni Roncalli, nonce apostolique (le futur pape Jean XXIII), qui lui remet la barrette de cardinal. Son autorité d’archevêque et de résistant lui permet de protester contre les violences et les règlements de compte imposés aux vaincus par les vainqueurs.

« Tous les terroristes sont inhumains et condamnés par le monde chrétien ».

1870 - 1956

1937 : Mgr Saliège fait paraître une feuille hebdomadaire dans la Semaine Catholique de Toulouse (Menus Propos). Pendant dix ans, il y commente l’actuali-té, dénonce la montée des totalitarismes avec une acuité intellectuelle vive et une plume polémique et incisive.

MONSEIGNEUR

« Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir de personne de les supprimer.Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle […].

Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont lieu dans les camps de Noé et de Récébé-dou. Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes ; tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères, comme tant d’autres.

Un chrétien ne peut l’oublier. »

La publication de la lettre est inter-dite mais la lettre est lue dans nombre d’autres paroisses. Elle est diffusée par la radio du Vatican et par la BBC à deux reprises, les 31 août et 9 septembre.

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