Intelligence economique

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Intelligence économique 1 Intelligence économique Diagramme sur le Système d'Intelligence Compétitive et Technologique. Lintelligence économique est l'ensemble des activités coordonnées de collecte, de traitement (d'analyse), de diffusion et de protection de l'information utile aux acteurs économiques, obtenue légalement. On peut y ajouter les actions d'influence et de notoriété. Elle se distingue de lespionnage économique et/ou industriel car elle se développe ouvertement et utilise uniquement des sources ouvertes et des moyens légaux. La plupart des professionnels du secteurs la conçoivent dans un esprit d'éthique et de déontologie. Ils s'engagent souvent à respecter une charte dans ce domaine. Elle peut être complétée par d'autres « intelligences », comme l'intelligence sociale qui organise la mutualisation de l'information dans un but de performance collective des différents acteurs économiques. Les spécialistes du domaine résument l'intelligence économique en un triptyque : veille (acquérir l'information stratégique pertinente), protection des informations (ne pas laisser connaître ses informations sensibles) et influence (propager une information ou des normes de comportement et d'interprétation qui favorisent sa stratégie). Présentation générale Lorsque l'on sait délivrer linformation stratégique et utile au bon moment, à la bonne personne, dans le bon contexte, on obtient un avantage compétitif décisif. Certaines entreprises sensibles, notamment dans des secteurs fortement concurrentiels, comme les industries de l'armement, pharmaceutique ou automobile, furent des précurseurs. Rares toutefois furent celles qui anticipèrent le virage de l'intelligence économique avec succès. En France, citons Giat Industries, Elf Aquitaine, Rhône Poulenc, et aux États-Unis Lockheed, Motorola, IBM. Ce qui est central dans lintelligence économique est le fait quelle ne se réduit pas à laccumulation désordonnée dinformations de toutes sortes. Il sagit de produire de la connaissance structurée pour aider les entreprises à combattre et à se défendre dans la compétition économique d'un monde post-Guerre Froide. La plupart des spécialistes français résument l'intelligence économique aux axes suivants : Veille / renseignement économique (acquérir l'information pertinente), Protection du patrimoine informationnel (ne pas laisser connaître ses secrets) Aide à la décision (analyse, cartographie décisionnelle, "war room"...) Influence (propager une information ou des modes de comportement et d'interprétation qui favorisent sa stratégie). Le référentiel en intelligence économique publié en 2005 en France met l'accent sur la trilogie formée par acquisition de l'information (veille...) , sa protection et enfin l'influence. L'insistance sur l'influence, (à la fois sous la forme du lobbying, de l'influence politique de soutien aux conquêtes de marchés par les entreprises, mais aussi de capacité d'imposer internationalement des normes, images, valeurs et idées générales favorables à vos desseins économiques)
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Intelligence économique 1

Intelligence économique

Diagramme sur le Système d'Intelligence Compétitive et Technologique.

L’intelligence économique estl'ensemble des activités coordonnéesde collecte, de traitement (d'analyse),de diffusion et de protection del'information utile aux acteurséconomiques, obtenue légalement. Onpeut y ajouter les actions d'influence etde notoriété. Elle se distingue del’espionnage économique et/ouindustriel car elle se développeouvertement et utilise uniquement dessources ouvertes et des moyens légaux.La plupart des professionnels dusecteurs la conçoivent dans un espritd'éthique et de déontologie. Ilss'engagent souvent à respecter unecharte dans ce domaine. Elle peut être complétée par d'autres « intelligences », comme l'intelligence sociale quiorganise la mutualisation de l'information dans un but de performance collective des différents acteurs économiques.

Les spécialistes du domaine résument l'intelligence économique en un triptyque : veille (acquérir l'informationstratégique pertinente), protection des informations (ne pas laisser connaître ses informations sensibles) et influence(propager une information ou des normes de comportement et d'interprétation qui favorisent sa stratégie).

Présentation généraleLorsque l'on sait délivrer l’information stratégique et utile au bon moment, à la bonne personne, dans le bon contexte,on obtient un avantage compétitif décisif.Certaines entreprises sensibles, notamment dans des secteurs fortement concurrentiels, comme les industries del'armement, pharmaceutique ou automobile, furent des précurseurs. Rares toutefois furent celles qui anticipèrent levirage de l'intelligence économique avec succès. En France, citons Giat Industries, Elf Aquitaine, Rhône Poulenc, etaux États-Unis Lockheed, Motorola, IBM.Ce qui est central dans l’intelligence économique est le fait qu’elle ne se réduit pas à l’accumulation désordonnéed’informations de toutes sortes. Il s’agit de produire de la connaissance structurée pour aider les entreprises àcombattre et à se défendre dans la compétition économique d'un monde post-Guerre Froide.La plupart des spécialistes français résument l'intelligence économique aux axes suivants :• Veille / renseignement économique (acquérir l'information pertinente),•• Protection du patrimoine informationnel (ne pas laisser connaître ses secrets)•• Aide à la décision (analyse, cartographie décisionnelle, "war room"...)•• Influence (propager une information ou des modes de comportement et d'interprétation qui favorisent sa

stratégie).Le référentiel en intelligence économique publié en 2005 en France met l'accent sur la trilogie formée par acquisitionde l'information (veille...) , sa protection et enfin l'influence. L'insistance sur l'influence, (à la fois sous la forme dulobbying, de l'influence politique de soutien aux conquêtes de marchés par les entreprises, mais aussi de capacitéd'imposer internationalement des normes, images, valeurs et idées générales favorables à vos desseins économiques)

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est une des caractéristiques des chercheurs français. À la différence de l'information qui fait l'objet de la veille ou dela protection du patrimoine informationnel et qui a besoin d'être vraie pour être utile, l'information dont traitel'influence est un objet de croyance. Ce qui importe, ce n'est pas qu'elle soit conforme à la réalité mais que beaucoupy adhérent (ou du moins, ceux que l'on désire influencer, comme le législateur ou le dirigeant dans le cas dulobbying). Avec le débat sur le patriotisme économique, cette approche qui met largement l'accent sur les facteurspolitiques, idéologiques et de communication de l'intelligence économique constitue une sorte de spécificiténationale.

DéfinitionsLa définition de l'intelligence économique a longtemps fait l’objet d’intenses débats théoriques et pratiques. Lapremière définition de l'intelligence économique moderne date de 1967 par Harold Wilensky, dans un ouvrageintitulé : "L'intelligence organisationnelle". Il définit l'intelligence économique comme l'activité de production deconnaissance servant les buts économiques et stratégiques d'une organisation, recueillie et produite dans un contextelégal et à partir de sources ouvertes.Cette définition a été reprise et travaillée une première fois en France par la Commission Intelligence Économique etStratégie des Entreprises du Commissariat Général du Plan en 1993, sous la présidence d'Henri Martre, et ayantnotamment comme initiateurs et rapporteurs Christian Harbulot, Philippe Clerc et Philippe Baumard.La mise en place de l’intelligence économique en France :L’intelligence économique, issue du souci des ingénieurs et cadres de l'industrie du besoin d'amélioration continuedes procédés de R&D, est née en France de l’action conduite par des hommes et des femmes issus de milieux trèsvariés. Dès le départ, elle est portée par des enseignants, des fonctionnaires issus du corps préfectoral ou du mondedu renseignement, des dirigeants et cadres d’entreprises constitués en associations, des associations, dont d'anciensélèves, reconnues d'utilité publique, ou écoles de pensée (en fait on peut considérer que sa genèse vient d'ingénieurset scientifiques de haut niveau confrontés aux besoins de réalisation de plus en plus rapides, efficaces et concrètes etau fait qu'ils ne peuvent alors plus tout couvrir, eussent-ils travaillé 24/24 365j/365 ; il leur faut alors s'organiserautrement pour disposer de l'information pertinente pour décider).L’univers de l’intelligence économique étant très vaste, il englobe parfois des réalités très différentes. À titred'exemple, voici quelques définitions reflétant les différentes tendances observables dans le domaine de l'intelligenceéconomique:• Le rapport Martre, œuvre collective du Commissariat du Plan intitulée Intelligence économique et stratégie des

entreprises (La Documentation Française, Paris, 1994), donne la définition suivante : « L’intelligence économiquepeut être définie comme l'ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vuede son exploitation, de l'information utile aux acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalementavec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l'entreprise, dans lesmeilleures conditions de qualité, de délais et de coûts. L’information utile est celle dont ont besoin les différentsniveaux de décision de l’entreprise ou de la collectivité, pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente lastratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par l’entreprise dans le but d'améliorer saposition dans son environnement concurrentiel. Ces actions, au sein de l'entreprise, s’ordonnent autour d’un cycleininterrompu, générateur d’une vision partagée des objectifs de l'entreprise. »

• Définition de Christian Harbulot : l’intelligence économique se définit comme la recherche et l’interprétation systématique de l’information accessible à tous, afin de décrypter les intentions des acteurs et de connaître leurs capacités. Elle comprend toutes les opérations de surveillance de l’environnement concurrentiel (protection, veille, influence) et se différencie du renseignement traditionnel par : la nature de son champ d’application, puisque qu’elle concerne le domaine des informations ouvertes, et exige donc le respect d’une déontologie crédible ; L’identité de ses acteurs, dans la mesure où l’ensemble des personnels et de l’encadrement – et non plus seulement les experts – participent à la construction d’une culture collective de l’information ; ses spécificités

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culturelles, car chaque économie nationale produit un modèle original d’intelligence économique dont l’impact surles stratégies commerciales et industrielles varie selon les pays [1].

• Le rapport Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale [2], rapport au Premier ministre dudéputé Bernard Carayon(La Documentation Française, Paris, janvier 2003). M. Carayon en a fait, quant à lui,"une politique publique de compétitivité, de sécurité économique, d'influence, notamment auprès desorganisations internationales, et de formation. Elle procède d'une grille de lecture originale de la mondialisationqui prend en compte le quotidien de la vie des marchés, le contournement de ces règles, les jeux de puissance etd'influence". C'est une "vision nouvelle", que le député croit essentielle, "comme ont pu l'être, en leur temps, lespolitiques de la Ville, du Logement, du Développement durable..."L'intelligence économique est "une politique publique d'identification des secteurs et des technologiesstratégiques, d'organisation de la convergence des intérêts entre la sphère publique et la sphère privée", rappelle ledéputé. C'est "une politique publique se définissant par un contenu et par le champ de son application. Le contenuvise la sécurité économique. Il doit définir les activités que l'on doit protéger et les moyens que l'on se donne à ceteffet. Il détermine comment accompagner les entreprises sur les marchés mondiaux, comment peser sur lesorganisations internationales où s'élabore aujourd'hui les règles juridiques et les normes professionnelles quis'imposent aux États, aux entreprises et aux citoyens".

• Définition de Claude Revel; cette définition présente l'intelligence économique sous 3 volets : la gestiond'information ou des connaissances, la protection et l'influence: "L’intelligence économique, c’est la maîtrise del’information, le but étant de connaître son environnement extérieur et par conséquent d’adapter par avance saconduite. Elle permet d’identifier les opportunités et les déterminants du succès, d’anticiper les menaces, deprévenir les risques, de se sécuriser, d’agir et d’influencer son monde extérieur dans une optique de compétitivitéinternationale. L’intelligence économique se compose de trois volets. Le premier concerne le traitement del’information. Cela consiste à recueillir les informations nécessaires, à les trier et à les valider. En d’autrestermes, ce premier volet consiste à avoir l’information pertinente sur ses concurrents, sur les règles et les normeset d’une manière générale sur tout son environnement extérieur international. Le deuxième volet consiste à sesécuriser au niveau matériel mais surtout au niveau immatériel, c’est-à-dire à avoir la capacité d’anticiper lesrisques et les problèmes qui se rattachent notamment à la propriété intellectuelle, aux attaques sur son image ousur son capital. Ce deuxième volet accorde une grande importance à la sécurisation des actifs immatériels. Letroisième volet consiste à savoir influencer et argumenter, convaincre, négocier, faire du lobbying professionnelmais également à savoir exercer l’influence normative en anticipant les règles et les normes internationales et enparticipant éventuellement à leur élaboration. L’intelligence économique permet de mieux connaître sesconcurrents, les donneurs d’ordre, les règles et les normes qui peuvent influencer son activité et donc d’agir surson environnement au lieu de le subir. Reste à noter que l’intelligence économique doit être déontologique et loindes pratiques d’espionnage, de vol et de trafic d’influence"[3].

• Définition de Sofiane SAADI : "une entreprise intelligente est une entreprise qui sait créer et partageréquitablement la valeur entre les parties prenantes et les collaborateurs d’une façon durable et ceci en sachantinterpréter et intégrer le changement, et en s’adaptant aux mutations économiques, culturelles, sociales etenvironnementales".

Formes de l'intelligence économiqueL’intelligence économique a donné naissance à une déclinaison particulière qui est l’intelligence économiqueterritoriale. Cette dernière, telle qu’elle fut conçue par le Préfet Rémy Pautrat [4], permet d’organiser en un systèmefaisant sens, en une stratégique cohérente au service de la croissance et de l’emploi, les actions variéesd’aménagement du territoire, de politique industrielle et de développement économique en général qui sont menées àl’échelon central et local avec un déficit de coordination.

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Par conséquent, on peut définir l’intelligence territoriale comme la valorisation, la coordination et la protection desatouts économiques et savoir-faire industriels et technologiques des territoires et de leur tissu de PME-PMI, afin deles transformer en avantages comparés décisifs dans la compétition commerciale européenne et mondiale.De quoi est constituée concrètement l’intelligence territoriale ? Elle se compose en fait de quatre types d’actionss’agrégeant en un dispositif unifié et coordonné.• La première est l’intelligence économique territoriale (IET), élaboration de stratégies concertées de

développement économique et technologique pour les territoires, en s’appuyant sur les pôles de compétitivité quisont l’exemple emblématique de ces schémas de développement stratégiques des régions. Ils reposent sur lerepérage des spécialités locales, des savoir-faire et des filières d’excellence locale et leur mise en valeur via desréseaux organisés de travail et d’échanges d’informations. Il s’agit en somme de créer une dynamique régionale decoopération, en favorisant le regroupement des services de l’État et des collectivités territoriales, des entreprises(notamment les PME-PMI), des universités et des centres de recherche autour de projets stratégiques communs.

• La deuxième consiste en la définition et la préservation d’un périmètre économique stratégique, c’est-à-dired’un ensemble d’entreprises œuvrant dans le domaine des technologies sensibles et qu’il convient de protéger pourdes raisons d’intérêt national ou européen et de conquête de positions privilégiées sur les marchés hautementrentables des hautes technologies duales (i.e. concernant les domaines militaire et civil).

• La troisième est la constitution de réseaux d’experts et de décideurs, inter-entreprises et inter-administrations,mais aussi entre l’État, les entreprises, les universités et les différents acteurs du développement économique etsocial local.

• La quatrième est la sensibilisation et la formation à l’intelligence économique, car cette dernière estindispensable à la construction de la compétitivité durable des entreprises françaises.

En effet, la scène internationale et la vie des nations doivent aujourd’hui s’interpréter à l’aide d’une nouvelle grille delecture. Nous sommes entrés dans l’économie de la connaissance, corollaire de la mondialisation des échanges et desidées. L’un des éléments essentiels du capital stratégique qui déterminent aujourd’hui la prospérité des sociétés, lacompétitivité des entreprises et donc l’évolution de l’emploi, est l’information. Savoir la chercher, la traiter et ladiffuser (tout en protégeant la part de données sensibles qui doivent être protégées) constitue l’une des tâchesprioritaires de tous les acteurs économiques et la définition même de l’intelligence économique.

HistoriqueL’intelligence économique, en tant que recherche d'informations et exploitation avec un objectif économique, existedepuis très longtemps. Dans l’histoire, elle a souvent été liée aux explorations, au commerce et aux informationsramenées par les explorateurs et les commerçants…Les récits de voyage ont constitué des mines d'informations importantes pour les entreprises et les gouvernements.Sans remonter à l’Antiquité, on pourrait citer le commerce à partir de la République de Venise, les explorations desmissionnaires franciscains (surtout) en Asie, jusqu’en Extrême-Orient (Chine) au XIIIe siècle, et la consignation desinformations sous forme de récits de voyages (informations géographiques, botaniques…). Puis Marco Polo et ledevisement du monde ont eu le succès que l'on connaît.Une autre source historique, actuellement réétudiée en France, est celle de l’explorateur belge Jean de Mandevillequi, après un voyage de 34 ans en Asie (c’était considérable pour l’époque), compila en plusieurs langues le récit deses propres voyages (1322-1356) et de ceux d’autres explorateurs antérieurs, sous une forme quelquefois ésotériqueou mythique ce qui fait qu’on l’a négligé). Jean de Mandeville s’était mis au service des Anglais, alors que la Franceétait encore dans la guerre de Cent Ans.Les œuvres de Jean de Mandeville furent imprimées en de nombreuses langues dans la deuxième moitié du XVe siècle, et elles furent lues par le jeune Christophe Colomb, qui comprit de la sorte que la Terre était ronde (on le savait déjà dans les milieux cultivés depuis longtemps). Ainsi, les informations géographiques structurées sous forme

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cartographique permirent aux Européens d’acquérir la suprématie mondiale au XVIe siècle.Sautons quelques siècles : au XVIIIe siècle, les colons anglophones établis sur le sol de l’Amérique du Nord, nesouhaitant pas payer les taxes exigées par la couronne britannique, revendiquèrent leur indépendance. L’un desartisans de cette indépendance, Thomas Jefferson, défendit âprement les principes de la propriété intellectuelle, quise trouvèrent ainsi dans la culture de cette nation.Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les États-Unis ont connu une période de très forte immigration enprovenance d’Europe (Europe centrale, Irlande, Italie…). Ils ressentirent le besoin de comptabiliser la population, etils utilisèrent pour cela la technique naissante de la carte Hollerith et de la mécanographie pour effectuer le premierrecensement automatisé de l’Histoire.Pendant la Seconde Guerre mondiale, le centre de renseignement de Londres, qui comprenait essentiellement desAméricains et des Anglais, exploitait toutes les informations en provenance du continent (européen). LesAnglo-Saxons furent très habiles pendant la Seconde Guerre mondiale pour la collecte et le traitement desinformations.Cette culture du renseignement permit aux Américains de développer les premiers systèmes de traitementélectronique de l’information (ordinateurs) vers 1942 (von Neumann), en vue de la reconversion de l’industrieaméricaine en économie de guerre, qui fut le plus grand projet mondial de l’Histoire.Les réflexions sur le renseignement à cette époque (1948-1949, soit un peu après l’apparition du premier ordinateur)étaient pourtant fondées sur des modèles de communication assez simplistes : transmission d’un émetteur à unrécepteur (voir Claude Shannon).La vision actuelle de l’intelligence économique est une évolution très importante par rapport au renseignementclassique, dans la mesure où l’apparition de l’internet (web, messageries électroniques) et des réseaux informatiquesd’entreprise étendue (intranet, extranet) multiplie les émetteurs et les récepteurs, et permet un effet rétroactif quin’existait pas à une grande échelle avec les systèmes télégraphiques et téléphoniques, et pas, sous une formenumérique, avec la radiodiffusion, et la télévision. L’informatique d’entreprise s’est développée dans les années 1970sur des cellules (entreprises) généralement déconnectées les unes des autres (sauf exception, EDI dans l’automobile).L’internet constitue ainsi une force d'influence importante.Dès la Révolution, et issue de renseignements depuis au moins le début du XVIIIe siècle, une structure de départ enquatre grands ensembles avec d'autres se dessine ; l'École Polytechnique pour les grands corps, l'École des langues Opour les ambassades, l'École des maîtres, le Conservatoire et le Musée des Arts et Métiers. Pour être reconnus, tousles auditeurs doivent alors produire à un instant ou à un autre un rapport (avec exposé ; les fameuses leçons) pourl'action, la décision, issue de veille et d'observation au quotidien, assidues et perfectionnées ; plusieurs milliers demémoires sont alors utilisés ainsi depuis le début XIX ème siècle. Le procédé rapidement reconnu par son efficacités'étend à tout le territoire.

Cycle, contenu et fonctions de l’intelligence économiqueL’intelligence économique peut :• soit rechercher des informations sur un sujet déterminé considéré comme stratégique : question posée par la

direction conduisant à la recherche de renseignement,• soit recueillir des informations sur le contexte de l'organisation à partir du processus de veille, discerner celles qui

sont d'un intérêt stratégique pour l'entreprise, les structurer dans la mémoire collective, et définir les plansd'action.

La première approche est l'approche classique du renseignement qui était adoptée par les services secrets.La deuxième approche est la nouvelle approche de l'intelligence économique, qui s'impose dorénavant en raison del'importance du contexte dans le cadre de la mondialisation. Elle privilégie la perception de l'environnement, enutilisant les sources ouvertes, qu'elles soient obtenues par les relations humaines ou des sources écrites.

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Les Américains appellent le processus d'intelligence des sources ouvertes open source intelligence (OSINT).Aux États-Unis, plusieurs concepts illustrent l'interaction croissante entre les domaines d'activité (environnement,social, économique, juridique, militaire, ...) :• le concept d'économie circulaire employé par Al Gore,• les concepts de croissance en limitation de ressource de Paul Romer,• les systèmes d'information agiles de l'architecture orientée services et réseau centré.

Cycle du renseignementLe cycle du renseignement correspond à l’ancienne approche utilisée par les services secrets. Le fonctionnement ducycle est le suivant :

•• L'orientation

La base du cycle est constituée par les questions auxquelles on cherche à répondre. Elles sont le plus souventdéfinies par la direction de l'organisation. Ces questions vont orienter les "capteurs" qui vont permettre l'accès auxsources d'informations.• La collecte d’informations

Elle a lieu à la fois dans les réseaux internes et externes et dans la mémoire de l'intelligence économique. Desinformations peuvent également provenir des sources les plus diverses (documentations publiques, médias, salons etrencontres, brevets, normes, back-engineering)• L’exploitation

Les informations collectées sont analysées par les experts de l’organisation. L'analyse est supposée comprendre lavalidation des données, leur recoupement, leur mise en perspective.•• La diffusion

Les informations analysées et structurées (c’est-à-dire rendues exploitables) sont diffusées aux personnes concernéesdans l’organisation, afin qu'elles soient utilisées par les acteurs qui en ont besoin dans le cadre de leurs fonctions.Notamment, on transmet les informations à la direction qui pourra définir de nouvelles questions.

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Critique de l'approche dite de cycle de renseignementLe premier auteur qui ait critiqué la notion de cycle de renseignement est Harold Wilensky en 1967. Ces critiquesseront reprises et développées par Steven Dedijer en 1972, lors de la création de la première formation universitaire àl'intelligence économique à l'Université de Lund en Suède. Les deux auteurs émettent les critiques suivantes:• Le cycle du renseignement a été développé dans des contextes militaires et de renseignement. Son propos est

avant tout politique, en ce sens qu'il est justifié par une séparation entre le recueil (les agents) et l'analyse (lesanalystes, proche du commandement) dans un but sécuritaire: protéger les intentions du commandement vis-à-visdu terrain, créer un mur opaque et inviolable entre les agents et le centre de commandement. Sun Zi fut le premierà encourager cette séparation dans son chapitre consacré aux "agents sacrifiés" dans son Art de la guerre.

•• La deuxième critique apportée par Steven Dedijer en 1989 tient à la dimension temporelle de l'exploitation ducycle "plan de recherche" vs "recueil". Fort de son expérience de 50 ans de pratique de cycles de renseignement,Steven Dedijer soulignait qu'entre le démarrage d'un effort de renseignement et son aboutissement, les structuresde pouvoir changent si bien que les systèmes de commandement ayant initialement demandé le renseignementseront probablement différentes à l'aboutissement. Dans ce cas, le mur qui est opposé aux agents de recueil (leurincapacité à remonter vers la source de commandement) crée des défaillances majeures. Une telle faille estintervenu aux États-Unis dans le cadre de la non détection des attentats du 11 septembre 2001. Il existe auxÉtats-Unis un double mur: entre le recueil et le politique d'une part, entre les deux agences domestiques et globaled'autre part. Cette question fut très largement documentée dans le rapport du Congrès sur les attentats du 11septembre.

• La troisième critique provient de sciences du management, notamment dans les travaux de P. Baumard quisouligne en 1991 dans Stratégie et surveillance des environnements concurrentiels, que l'accélération des rythmesde la compétition (cycles technologiques courts, vélocité sur les marchés, mouvements stratégiques rapides)nécessite une décentralisation des processus de formulation des stratégies d'entreprise, et rend les cycles lourds,centralisés, inefficaces et peu productifs. Il souligne qu'une formulation décentralisée de la stratégie d'entreprisenécessite que le mur entre recueil et analyse soit aboli, pour que les agents de recueil au plus proche de l'actionstratégique sur le terrain produisent l'interprétation (analyse) lorsque les ruptures apparaissent dansl'environnement ou dans le comportement des acteurs. Il souligne également qu'étant donné la variété et la tailledes actions gérés par les grands groupes multidivisionnels, il est impossible qu'une cellule centralisée puissecumuler et capitaliser la connaissance nécessaire pour pouvoir animer de tels cycles sans encourir de fortesdéformations, des biais importants et créer des angles morts.

La plupart des consultants en intelligence économique continuent à "vendre" tel quel le "Cycle du renseignement"aux entreprises, parce qu'il confère une image de rigueur et un semblant méthodologique à la discipline, mettant decôté le fait que ce cycle, inspiré du renseignement militaire, doit impérativement être adapté au monde del'entreprise.

Approche moderne de l’intelligence économiqueDans le deuxième cas, on ne sait pas exactement ce que l'on va trouver. Par rapport à la vision technique durenseignement, l'analyse des informations, leur structuration, leur déclinaison en stratégie et la mise en œuvre desactions sont plus élaborées et beaucoup plus réparties dans l'organisation.En France, Bernard Besson et Jean-Claude Possin penchent pour cette nouvelle approche, de même que toutes lesnouvelles instances d'intelligence économique (AFDIE, Fépie…)Les axes d'effort sont alors :• Recherche et recueil des informations et des connaissances clés•• Traitement et interprétation des données recueillies•• Formulation des raisonnements stratégiques

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•• Mise en œuvre des actions et animation des réseaux•• Évaluation des effets et mutualisation des pratiquesChacune de ces étapes devrait dans l'absolu faire l'objet d'une approche spécifique d'intelligence économique.De plus, l'intelligence économique ne se limite plus aux entreprises, mais devient de plus en plus un enjeu d'État.C'est notamment tout le débat sur le patriotisme économique.

Contenu de l’intelligence économiqueL’intelligence économique ne se résume pas à la veille. Selon les travaux de l’AFDIE (Association française pour ledéveloppement de l’intelligence économique), inspirés par les idées développées aux États-Unis par la Society ofCompetitive Intelligence Professionnals (SCIP) la décennie précédente, l’intelligence économique comprend lestâches suivantes :•• Recherche et recueil des informations et des connaissances clés

• Veille ;•• Recherche documentaire ;•• Investigation (sources humaines).

•• Traitement et interprétation des données recueillies

• Entretien des bases de données et de savoirs ;• Administration de données ;•• Analyse ;•• Synthèse (construction de schémas interprétatifs et de modèles mentaux).

•• Formulation des raisonnements stratégiques

• Stratégie d'innovation ;• Conduite de projets ;• Anticipation et maîtrise des risques ;• Évaluation des effets des décisions à prendre ;• Réalisation de business wargames.

•• Mise en œuvre des actions et animation des réseaux

• Animation de réseaux d'influence ;•• Déploiement préventif ou curatif des actions offensives ou défensives ;• Préparation puis mise en œuvre d'une warrom;•• Communication sur les valeurs.

•• Évaluation des effets et mutualisation des pratiques

•• Étude d'impact ;• Rétroveille sur les processus ;•• Échanges de pratiques et de savoirs ;• Audit d’intelligence économique, auto-évaluation.

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Fonctions de l’intelligence économiqueDans ce but, un certain nombre de fonctions ont été définies pour participer à son fonctionnement . Bernard Bessonet Jean-Claude Possin en distinguent quatre [5] (maîtrise, mémoire, réseau, analyse) que nous présentons dans l'ordresuivant :• Le réseau.

On le divise souvent en* réseau externe : constitué de personnes n'appartenant pas à l'entreprise, de provenances diverses(connaissances des employés, clients, fournisseurs, partenaires, contacts délibérés…) ;* réseau interne : les employés de l'organisation pouvant servir d’experts sur une question, et fournir desinformations.

• La mémoire.C'est le seul organe spécifique de l’intelligence économique. La mémoire est chargée de mémoriser lesinformations et connaissances explicites de l'entreprise, obtenues ou non grâce à l'intelligence économique.Elle peut être organisée dans le cadre d'un projet d'ingénierie des connaissances. Il s’agit d'un référentielstructuré dont, idéalement, les données principales (métadonnées) sont compatibles avec la structure dusystème d'information et répondent à des normes de mise en cohérence interne et externe.

• La maîtrise.L'intelligence économique est au service de l'organisation. À ce titre, elle est pilotée par le chef d'entreprise,qui doit définir ses objectifs et les grandes questions auxquelles elle devra répondre. La qualité des questionsest capitale pour obtenir des informations intéressantes. Au départ, les questions devront rester les plusouvertes possibles pour ne pas exclure a priori des informations clés qui pourraient surgir du contexte.L'éthique et la déontologie relèvent de cette fonction.

• L'analyse.Il s'agit des correspondants du réseau d'intelligence économique qui produisent des questions pertinentes etvalident les réponses en offrant des choix multiples à l'entreprise. Elle est organisée transversalement, commele réseau et la mémoire.

Jean-Louis Levet et Robert Paturel identifient, de leur côté, les quatre fonctions suivantes : maîtrise du patrimoinescientifique et des savoir-faire, détection des occasions et des menaces, coordination des stratégies, mise en œuvre depratiques d'influence[6].On peut rapprocher ces fonctions de notions similaires quoiqu'assez différentes : les éléments clés de la stratégiedonnée en réseau centré du département de la défense des États-Unis[7].

Le processus d'intelligence économique dans le cycle moderneCertains consultants en intelligence économique affirment que sa mise en place devrait avoir pour préalablel'évaluation de la culture stratégique de l'entreprise, en commençant par :•• une phase d'audit d'intelligence économique,•• une veille sur les méthodes des concurrents, notamment sur les méthodes employées par les grands groupes

américains,• une analyse des meilleures pratiques à l’intérieur de l’organisation.Cette conception de l'intelligence économique peut rencontrer des difficultés:•• Les "audits d'intelligence économique" peuvent être des approches dangereuses pour l'organisation car ils confient

à un intervenant extérieur le rôle de faire parler les acteurs sur un sujet sensible.

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•• Les travaux scientifiques sur l'intelligence économique ont montré qu'un manager est incapable de formuler desbesoins de connaissance sans éviter de lourds biais de perception et d'interprétation.

•• Un tel audit, même fait correctement peut rencontrer deux écueils: (1) On dit au client des choses qu'il sait déjà ou(2) On lui dit des choses qu'il n'a pas envie d'entendre.

•• La veille sur les méthodes concurrentes pourrait conduire à l'imitation, le mimétisme et l'homologie, mais, si elleest réalisée correctement, peut être riche d'idées, et lever des inhibitions ("si d'autres le font, pourquoi pas nous?").

Recherche et recueil des informations et des connaissances clésLe recueil des informations est l’objet du processus de veille (passif) ou de renseignement (actif), qui est unerecherche proactive d'informations. Ces informations sont :• soit orales obtenues par relations humaines (HUMINT en langage de renseignement),• soit écrites recueillies par un processus d'intelligence des sources ouvertes (OSINT) et de recherche d'information

sur le Web à l'aide de moteurs de recherche,Le processus d'intelligence fait appel à des qualités de discernement ou d'intuition de la part des veilleurs et desexperts, dans la perception de l'environnement.L'intuition est une prise de conscience immédiate et individuelle. Elle peut conduire à des erreurs d'appréciation. Ilfaut donc vérifier les informations à partir de plusieurs sources, et discerner par perception précoce quelles sont lesinformations justes, utiles, dont on pourra faire le meilleur usage, en fonction de la réglementation par exemple, oudu contexte.La veille passe aujourd'hui par l'utilisation sur le Web de moteurs de recherche très sophistiqués, dont lesperformances dépendent des caractéristiques techniques : recherches plein texte, ou, de plus en plus, recherchessémantiques avec utilisation de métadonnées. La veille doit dépister les stratégies de diversion de l'adversaire, quipeuvent se manifester par des rumeurs, des bruits, de la désinformation.Les différents types de veille classés par ordre alphabétique sont :

•• Veille acquisitions •• Veille propriété industrielle et intellectuelle•• Veille boursière •• Veille réglementaire•• Veille commerciale •• Veille scientifique•• Veille concurrentielle •• Veille signaux faibles•• Veille créative •• Veille sociale•• Veille environnementale •• Veille sociétale•• Veille juridique •• Veille sportive•• Veille médiatique •• Veille stratégique•• Veille pédagogique •• Veille technologique•• Veille politique •• Veille territoriale

Toutefois, l'intelligence économique cherche à aller plus loin, en mémorisant ses propres résultats et en adoptant unedémarche proactive visant à faire fructifier l'information recueillie : c’est l’objet des étapes suivantes du cycle.L'esprit de typologie est l'intellectualisation des esprits pauvres. La catégorisation présentée ci-dessus s'avère le plussouvent très dangereuse pour l'entreprise en faisant penser aux décideurs qu'une approche fonctionnelle de sesproblèmes stratégiques est une solution adéquate. Elle donne l'illusion aux décideurs qu'ils peuvent compartimenterle social du technique, le média du commercial, le territoire et le stratégique, etc. Aucun de ces domaines n'estindépendant, et les éléments de rupture les plus importants ont toujours lieu à l'intersection ou dans la combinaisonde ces différents domaines. Dès lors, les consultants en intelligence économique, en encourageant la création detypologies d'observation au sein des entreprises, créent (1) des angles morts, (2) une contre-productivité de l'effortd'intelligence économique détruisant l'information essentielle se trouvant aux intersections et (3) un faux sentiment

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de maîtrise issu de l'existence d'une typologie.

Traitement et interprétation des informations recueilliesLes informations recueillies sont analysées et structurées par des méthodes Forces, Faiblesses, Occasions, Menaces(matrice FFOM). L'équivalent en anglais est Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats (voir SWOT).L'utilisation du modèle de Learned, Christensen, Andrews et Guth (Harvard, 1962), plus connu sous le nom deSWOT, est une preuve flagrante de l'incompétence en stratégie d'entreprise du monde du conseil en intelligenceéconomique. Cette approche, longtemps enseignée dans les écoles de commerce (et encore dans les moinsperformantes d'entre elles, sans aucune précaution méthodologique) est inspirée d'une conception déterministe de lastratégie d'entreprise, ce qu'on appelle le strategic choice dans la littérature en stratégie d'entreprise. Elle a étéconçue en 1962, en s'inspirant des travaux d'Ansoff qui datent de l'après Seconde Guerre mondiale. À l'époque, lacompétition se résume à une compétition multi-domestique d'une part, et à l'émergence de quelques produits globauxd'autre part (Coca-Cola par exemple). L'approche consiste à rapprocher des compétences internes d'occasionsexternes, d'où la notion d'adéquation stratégique (strategic fit). Elle est tout à fait anachronique et obsolète dans lecontexte actuel, pour les raisons suivantes :• Il est difficile de distinguer entre "occasions" et "menaces" dans un environnement compétitif fait de co-opétition

et à très forte mobilité, où un actif menacé sur un segment peut représenter une forte occasion dans un autresegment. Par exemple, la prolifération des actifs dits en détresse de large bande (broadband) est une menace pourun groupe de télécommunications traditionnel, mais c'est également une occasion qui peut permettre à ce groupede s'engager sur la Voix sur IP (VoIP) et le passage au tout IP (contenus numériques / changement de métier). Ilen va de même pour les "forces/faiblesses"

•• Distinguer entre un "interne" et un "externe" d'une organisation aujourd'hui témoigne du manque complet deculture générale sur les organisations. La compétitivité aujourd'hui réside dans la capacité à intégrer des réseauxexternes dans la constitution des systèmes d'offre (impartition stratégique comme le secteur automobile, ou casexemplaire du secteur des biotechnologies). Une entreprise qui s'installe dans un schéma de perception interne/externe perdra très probablement des parts de marché importantes, s'interdisant d'agir dans ce qui fait lacompétitivité des entreprises aujourd'hui.

Cette étape consiste à structurer et à mémoriser les informations. Le processus d'appropriation des informations parl'organisation conduit à une connaissance structurée dans la mémoire de l'entreprise. Ce processus s’appelle lagestion des connaissances (knowledge management en anglais).Dans cette étape, l’analyse des informations est un processus clé, au cours duquel on va définir l'usage à faire desinformations recueillies. Autrement dit, les questions juridiques prennent une importance déterminante :• Droit international, droit social, droit de l'environnement, droit des collectivités territoriales...•• Sécurité juridique•• Utilisation des moyens du droit pour s'informer sur l'environnement et mettre en place des stratégies juridiques

défensives ou offensives (ce que l'on appelle désormais l' "intelligence juridique").Idéalement, la structure de la mémoire s'appuie sur des données principales (métadonnées) cohérentes avec le restedu système d'information.Ainsi, veille et gestion des connaissances sont des domaines complémentaires de l’intelligence économique, quis’alimentent mutuellement.

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Formulation des raisonnements stratégiquesÀ ce stade, l'organisation peut être amenée à définir un plan de protection du patrimoine informationnel, et unestratégie de sécurité des systèmes d'information.

Mise en œuvre des actions et animation des réseauxLa blogosphère IE est présente sur Internet à travers de nombreux sites généralistes ou centrés sur un thèmeparticulier comme la veille, la géostratégie, l'e-réputation, le lobbying, la cybercriminalité ou le KnowledgeManagement.

Évaluation des effets et mutualisation des pratiquesCette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. est la bienvenue !

Politiques mises en place

En FranceAprès le Japon dans les années 1970 et les États-Unis à la fin des années 1980, la France s'est lancée à son tour danscette démarche d'intelligence économique, initialement au début des années 1990, puis à compter de 2003 à la suitede tentatives de prise de contrôle de sociétés françaises sensibles, de l'activisme de fonds d'investissement étrangerset des agissements de certaines officines de renseignement.

Historique

• Après les travaux de quelques pionniers (Jacques Villain, Philippe Baumard, Amiral Lacoste, Henri Dou,François Jakobiak, Vahé Zartarian) [8], l’intelligence économique est officiellement introduite en France en avril1992 par la création de la branche française de SCIP France (Society of Competitive Intelligence Professionnals)à l'initiative de Robert Guillaumot, Yves-Michel Marti, Bruno Martinet et Jean-Pierre Bernat. Cette associationréunit 400 membres en France et 6 000 dans une cinquantaine de pays.

• En 1994 le rapport du Commissariat général du Plan "Intelligence économique et stratégie des entreprises"appelé parfois rapport Martre (du nom de son rédacteur, Henri Martre, ancien PDG de l’Aérospatiale), apportela légitimité de l’État à ces nouvelles pratiques. L'idée de la création d'un groupe d'études sur la question estapportée au Plan par Philippe Baumard et Christian Harbulot. Le Groupe est constitué de façon informel, etcontient pour sa grande majorité des membres issus des contacts personnels de Philippe Baumard et ChristianHarbulot, ce qui constitue une première pour un groupe d'études du Plan. En avril 1995 est créé le Comité pour lacompétitivité et la sécurité économique, placé auprès du Premier ministre et comprenant sept membres élus pourdeux ans (chefs d’entreprises, scientifiques, syndicalistes). Ce comité tombera en désuétude à partir de 1997 sousle gouvernement de Lionel Jospin, qui ne renouvellera pas ses membres.

• En 2000 deux fonds d'investissement américains supposés proches de la CIA, Texas Pacific Group et SpectrumEquity Investors, cherchent à prendre le contrôle de la société française Gemplus, leader mondial des cartes àpuces. Le ministère des Affaires étrangères est alerté une seconde fois sur le dossier Eutelsat alors visé par cesdeux mêmes fonds (note du 22 février 2004). Les pouvoirs publics évoquent la "remise en cause de la continuitéet de la sécurité de diffusion des chaînes publiques françaises et européennes", les "risques industriels", dans lamesure où "Eutelsat a recours en exclusivité aux services de lancement d'Arianespace", ou encore les "menacespour l'utilisation d’Eutelsat par les forces militaires de pays européens" qu'aurait représentées cette opération. Ilsréussissent à limiter la montée en puissance de ces fonds à 23,3 % contre le tiers du capital espéré.

• Un député s'empare du sujet en juin 2003, Bernard Carayon, député (UMP) du Tarn remet au Premier Ministre un rapport intitulé "Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale" qui la présente comme une politique

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publique destinée à garantir la cohésion sociale en assurant le développement économique. Une de ses annexesprésente plusieurs définitions parfois contradictoires de l'intelligence économique pour mieux souligner ladifficulté de la définir.

• Parmi les conséquences de ce rapport on compte la nomination d'un Haut Responsable à l'IntelligenceEconomique (HRIE) rattaché au Premier ministre en la personne de M. Alain Juillet dont le parcoursprofessionnel (postes de direction dans le Privé, et service dans les Renseignements) lui donne une fortecrédibilité vis-à-vis de l'État, bien que son expérience personnelle dans le domaine de l'intelligence économiqued'entreprise soit limitée, et qui tente de fédérer et de contrôler la profession par la création d'un syndicatprofessionnel, la Fepie (Fédération des professionnels de l’intelligence économique) ; le lancement des pôles decompétitivité par Dominique de Villepin ; la mise en œuvre d'une politique d'intelligence territoriale par NicolasSarkozy.

Organisation étatique

• Nomination du haut responsable chargé de l’intelligence économique : nomination d'Alain Juillet le 31décembre 2003, comme haut responsable chargé de l’intelligence économique au SGDN (Secrétariat général de ladéfense nationale) par le président de la République suite au rapport « Intelligence économique, compétitivité etcohésion sociale » du député Bernard Carayon.

• Actions publiques (au 1er semestre 2009) :• mise en place de responsables de l’intelligence économique dans différents ministères (Affaires étrangères —

une cellule est également prévue auprès de chaque ambassadeur —, Intérieur, Économie, Finances et Industrie,responsable nommé mais sans équipe ni moyen)

•• mise en place de pilotage régionaux de l'intelligence économique par les préfets ;•• création d'un « référentiel » destiné aux professionnels de la formation en matière d'intelligence économique ;•• création d'une fédération des professionnels de l'intelligence économique ;

• Définition des secteurs dits « sensibles » (septembre 2005) : le ministre de l’Industrie annonce en septembre 2005la publication prochaine du décret d’application de la loi modifiant le code monétaire et financier. Ce décretdevrait comprendre une liste de secteurs dits « sensibles » (la presse cite les casinos, l'armement, la cryptologie,les biotechnologies, la sécurité des systèmes d'information…).

• Coordination entre le délégué interministériel au développement durable et le haut responsable àl'intelligence économique (septembre 2005)

• Nomination du Coordonnateur ministériel à l'intelligence économique au sein des ministères de Bercy en août2006

• Mise en œuvre du dispositif d'intelligence économique au sein des Ministères économique et financier à Paris etdans les régions : les chargés de mission régionaux à l'intelligence économique, par la circulaire du 21 mars2007 (publiée au JORF n° 108 du 10 mai 2007 page 8265)

• Nomination d'un Délégué Interministériel à l'Intelligence Économique le 17 septembre 2009 http:/ / www.gouvernement. fr/ gouvernement/ delegue-interministeriel-a-l-intelligence-economique'''

• Nomination d'un nouveau Coordonnateur ministériel à l'intelligence économique des ministères économiqueet financier en août 2010 http:/ / www. economie. gouv. fr/ intelligence-economique'''

• Le Premier ministre précise l'action de l'État en matière d'intelligence économique au niveau desadministrations centrales et des services déconcentrés par la circulaire du 15 septembre 2011 http:/ / www.economie. gouv. fr/ politique-publique-d-intelligence-economique'''

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Situation actuelle

En 2006, certains experts, comme Patrick Artus ou des experts d'autres cercles, critiquent le manque de doctrinethéorique dans la politique d'intelligence économique française. Patrick Artus appelle notamment à une « doctrineclaire, qui pour l'instant n'a émergé ni à droite ni à gauche ». Ainsi, le gouvernement français n'a pas encoretransposé en France les systèmes réseau centrés très développés aux États-Unis[9].Sur le plan pratique et en particulier en direction du monde économique, le MEDEF a publié pour ses adhérentsPME en novembre 2006 un guide pratique d'intelligence économique.Selon Bernard Carayon, l'Union européenne est dans une situation de totale dépendance dans les technologies del'information vis-à-vis des États-Unis. La politique d'intelligence économique française doit être développée dans lesdirections suivantes :•• elle doit être coordonnée avec les autres politiques européennes, en particulier celle de l'Allemagne,• elle doit approfondir les questions de normalisation.La délégation générale pour l'armement a défini un cadre d'architecture des systèmes d'information analogue à ceuxdéjà définis par le département de la défense des États-Unis (DoDAF) et par le ministère de la défense britannique(MODAF).La politique publique se poursuit, en mettant l'accent sur les pôles de compétitivité et les petites et moyennesentreprises. La conclusion du pacte PME devrait permettre de définir un Small Business Act à l'européenne.L'intelligence économique à la française se heurte à une faiblesse numérique des sites internet en français (4% despages web dans le monde étaient en français en 2003), par rapport aux sites en anglais (45% des pages web étaient enanglais à la même date). Il faut noter que la situation s'est améliorée entre 1996 et 2003, puisque la proportion depages web en français était en 1996 de 3%, contre 75% en anglais[10].

Dans l'Union européenne et les États membres autres que la FranceLe deuxième rapport de Bernard Carayon sur l'intelligence économique indique qu'il n'y pas de véritable contrôlepolitique du travail des institutions européennes par les États membres (voir Principe de subsidiarité du droitcommunautaire#Le contrôle politique). La Fondation Prometheus qu'il préside propose des agendas prospectifspermettant de connaître l'échéancier communautaire à venir dans les secteurs "stratégiques" (santé, développementdurable, défense, énergie...). Les acteurs suivis sont le Conseil européen, la Commission européenne, le Parlementeuropéen, le Comité des Régions, le Conseil Économique et Social Européen, les agences et clubs qui en émanent,ainsi que les associations et think tanks dont la vocation est de participer au processus décisionnel. De plus, BernardCarayon préconise la mise en place au niveau de l'Union européenne d'un registre du commerce et des sociétésgarantissant la transparence des acteurs.La France n’est pas le seul pays européen à avoir mis en place une politique d'intelligence économique[11].A la date du 1er janvier 2006, tous les pays membres de l'Union européenne, à l’exception des Pays-Bas, de laBelgique et de l'Autriche, ont mis en place des dispositifs de contrôle des investissements étrangers concernantl'ordre public et la défense nationale.• Le Danemark, interdit l'acquisition de groupes spécialisés dans le transport maritime et aérien ou l'exploration

pétrolière à toutes les sociétés non danoises.• L'Allemagne dispose d'un droit de veto pour tout investissement étranger égal ou supérieur à 25 % dans des

activités de défense et de cryptologie. De plus certaines entreprises (Caisses d'épargnes, Volkswagen, producteursd'acier…) sont protégées par la présence des Länder à leur capital, encore que d'après certains spécialistes, cetteprotection pourrait devenir illusoire lorsque ces sociétés auront besoin de capitaux frais, mais qui en attendant lesprotège des tentatives de prise de contrôle.

• L’Espagne protège les secteurs de la défense nationale, des jeux, de la télévision et de la radio.

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Mais l'enjeu le plus sensible est sans doute celui de la diversité culturelle et linguistique de l'Union européennecomparée à la forte présence de la langue anglaise dans le monde.Voir sur ce point :•• Politique linguistique de l'Union européenne•• Gestion des langues

Hors d'Europe

Aux États-Unis

Aux États-Unis, l'intelligence économique est pratiquée activement depuis la Seconde Guerre mondiale.Alors qu'en France, on considère que le volet offensif est du domaine des entreprises, et le volet défensif (dispositifsde protection contre des investisseurs non nationaux) du domaine de l'État, les États-Unis ne font pas cettedistinction. Les secteurs militaires et civils communiquent beaucoup plus qu'en Europe.À la fin des années 1980, l'administration américaine a lancé la politique d'advocacy de soutien aux entreprises, quiest essentiellement une stratégie offensive.Grandes lignes de la politique d'intelligence économique des États-Unis

La politique actuelle d'intelligence économique des États-Unis résulte du constat effectué après la guerre du Vietnamde la nécessité d'adapter l'armée américaine au contexte des guerres modernes. Le programme CALS a d'abord étéconçu dans les années 1980 pour édicter des exigences vis-à-vis des fournisseurs du département de la défense. Puisles exigences sur l'ensemble des fonctions militaires ont été décrites dans C3ISR (guerre du Golfe de 1990-1991),devenu C4ISR.De nouveaux concepts de systèmes d'information en réseau, le Network centric warfare, ont été utilisés pour lapremière guerre du Golfe[12]. Ils structurent depuis le début des années 1990 l'architecture des systèmesd'information des organismes stratégiques des États-Unis. Un cadre d'architecture des systèmes d'information a étédéfini en 2003 (DoDAF), dans l'esprit de la stratégie des données en réseau-centré (Net-centric data strategy,NCDS).Globalement, on peut dire que la stratégie actuelle du département de la défense s'articule autour de trois élémentsclés :• la définition de communautés d'intérêt (communities of interest, COI) ;• la description de standards de métadonnées, correspondant aux besoins en données des COI ;• la définition de Global Information Grid enterprise services (services d'entreprise GIG).Cette stratégie influence en fait pour une grande part les systèmes d'information mondiaux sur la Toile.Principales caractéristiques

La politique d'intelligence économique des États-Unis s'appuie :• sur des méthodologies de partage d'informations comme le NCW (Network centric warfare), qui procurent aux

entreprises des secteurs stratégiques une très grande puissance d'investigation et de décision ; le web et lesmétadonnées sont massivement employés pour indexer les ressources informatiques. Les organisations publiquesaméricaines gèrent des registres de métadonnées qui permettent de partager ou de voiler (selon les cas) lesinformations sur le web ;

• sur un lobbying auprès d'un grand nombre d'organisations internationales (OMC, WBCSD, ONU, OCDE, Unioneuropéenne, ...),

• sur des actions systématiques de normalisation, et de lobbying auprès des organismes qui définissent les règles ducommerce international (chambre de commerce internationale, BASD),

• sur l'usage de la langue anglaise ;• sur un système juridique (soft law) où le droit mou a plus de place ;

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• sur la puissance financière des fonds de pension ;• sur un dispositif de protection contre les acquisitions de sociétés américaines.

Ce dispositif n'intervient qu'assez tard dans le processus : les projets d'acquisitions sont regardés par le Committeeon Foreign Investment in the United States dirigé par le secrétaire au Trésor, qui détermine au cas par cas si lavente à un propriétaire étranger d'une entreprise est censée "menacer d'affaiblir la sécurité nationale". Des sociétéspeuvent également avoir des statuts particuliers pour limiter les prises de contrôle hostiles[13]. L'Exxon-FlorioNational Security Test for Foreign protège également les entreprises américaines[14]. Enfin, le 11 septembre et lesinitiatives chinoises sur de grandes entreprises américaines jugées d’intérêt stratégique ont renforcé les réflexesprotectionnistes (cf. tentative d'offre publique d'achat [OPA] du chinois CNOOC sur la septième compagniepétrolière américaine, Unocal, en juin 2005).

• sur un environnement législatif protégeant des domaines d'activité.Outre les sociétés, la loi américaine protège certains domaines d'activités comme les travaux d'infra-structuresportuaires et la réparation navale interdits aux entreprises étrangères[15]. De même d'autres secteurs sontégalement soumis à un encadrement spécifique (compagnies aériennes…) interdisant et limitant le contrôle dessociétés américaines par des capitaux non américains.

• sur un environnement législatif favorisant les PME.Le Small Business Act de 1982, programme d'aide aux PME, leur réserve 23 % des contrats gouvernementaux et40 % de la sous-traitance[16].

En Asie

• Au tournant du siècle, le Japon met en œuvre un nouveau modèle d'intelligence collaborative sous la forme de"communautés stratégiques de connaissance", voir [17]. Le Japon a une politique d'intelligence économiquedepuis 1970.

• La Chine s’est ouverte prudemment aux investissements étrangers, pour mettre à niveau du point de vuetechnologique et managérial son économie, mais de façon qui reste limitée dans la plupart des secteurs (banques,aciéries, constructeurs automobiles, cimenteries, raffineries, réseaux de distribution d'essence…) pour y garder uncertain contrôle. À la date du début 2006, l'acquisition d'une participation majoritaire dans une entreprise chinoisen'est pas encore permise, les investissements étrangers devant prendre la forme de partenariat limité à 20 % ou 25% du capital suivant que l’investissement est le fait d’une seule entreprise ou d'un consortium.

Organisation de la professionLes organisations représentant la profession en France sont :• SCIP France, créée en 1992, regroupe principalement des entreprises clientes et prestataires (SIE), et a pour but

de développer les pratiques du métier.•• L'AFDIE, créée en 2003, est plus orientée vers le lien entreprises / pouvoirs publics.• La Fepie, créée en 2005, a vocation à devenir le syndicat professionnel des entreprises prestataires.

Questions éthiquesEn 1998, l'association SCIP France adhère au Code d'Éthique [18] de l'Association SCIP Internationale.L’amiral Lacoste a été chargé par Alain Juillet de définir les règles de fonctionnement de la profession del’intelligence économique. La fédération des professionnels de l'intelligence économique (Fepie) a été mise en placedans ce but. Sa charte d'éthique précise, en huit articles, les grandes lignes des bonnes pratiques que lesprofessionnels s'engagent à respecter.Une contribution pour ceux qui ne réduisent pas l'éthique à une pratique professionnelle[19].Voici des liens pour approfondir ce thème : Éthique en intelligence économique, Éthique des affaires, Droit desaffaires, Veille juridique

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Modèle d'intelligence économiqueL'Association française pour le développement de l'intelligence économique (AFDIE) a identifié 11 facteurs [20]:• 7 facteurs d'action : leadership, éthique, prospective, perception de l'environnement, connaissances et

compétences, influence, organisation en réseaux• 4 facteurs de résultats : Création de valeur, Qualité de l'information, Processus de décision (Union européenne,

gouvernement, gouvernance territoriale, gouvernance d'entreprise), Image

Intelligence économique et business intelligenceL'intelligence économique (IE) se distingue de la business intelligence (BI) car cette dernière, malgré tout ce quepourrait suggérer une traduction littérale, correspond en réalité à une catégorie particulière d'applicationsinformatiques[21].En effet, l'expression business intelligence est communément employée comme synonyme d'informatiquedécisionnelle, concept qui couvre un périmètre beaucoup plus restreint et dont l'application pratique, jusqu'à présent,est plus souvent focalisée sur le contrôle et l'optimisation des activités que sur la connaissance globale desopportunités et des menaces stratégiques. De plus, la BI s'appuie actuellement surtout sur des donnéesopérationnelles pré-structurées, quantitatives, déjà disponibles dans le système d'information interne, et très peu surdes données qualitatives ou externes multiformes.Pour certains, la "Business Intelligence", ne serait qu'un slogan marketing inventé pour vendre des logicielsd'exploration de données (data-mining) et de contrôle de gestion.

Intelligence économique et développement durableBien qu'étant deux domaines distincts, l'intelligence économique et le développement durable ont des relations, enparticulier dans les critères de choix des stratégies d'investissement durable.Le modèle d'intelligence économique de l'AFDIE comprend un critère de perception de l'environnement, qui préciseque l'entreprise doit intégrer l'analyse environnementale dans la formulation de sa stratégie. L'environnement del'entreprise est porteur de risques qui la soumettent à des contraintes concernant le juridique, le social, le respect del'environnement naturel, les règles particulières d'éthique, la gouvernance d'entreprise et tous les éléments participantau développement durable.L'entreprise doit élargir l'éventail des veilles spécifiques, et ne plus se limiter à la veille concurrentielle ettechnologique, mais intégrer la veille environnementale, la veille juridique (de plus en plus de lois et directiveseuropéennes portent sur l'environnement), la veille sociétale. Les éléments constitutifs du développement durableconstituent en effet un ensemble de signaux faibles auquel les spécialistes de l'intelligence économique doivents'intéresser[22].À noter également que la mise en place d'une politique d'intelligence économique a notamment pour objectifd'assurer la pérennité de l'entreprise par la prise de décisions en toute connaissance de son environnement présent etde ses évolutions futures. La conservation des informations et des connaissances (gestion des connaissances) au seinde l'entreprise, la mémoire des échecs et des succès et les prises de décisions en conséquence assurent également unestabilité à l'entreprise.En France, le haut responsable à l'intelligence économique, Alain Juillet, a rencontré le responsable de la délégationinterministérielle au développement durable, Christian Brodhag.

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Notes et références[1] Voir Les définitions de l'intelligence économique (http:/ / www. portail-ie. fr/ fondamentaux/ definition/ definition. html)[2] http:/ / www. ladocumentationfrancaise. fr/ rapports-publics/ 034000484/ index. shtml[3] "L’intelligence économique permet aux entreprises d’agir sur leur environnement au lieu de le subir" propos recueillis en septembre 2009 par

Imen Gharb pour l' Economiste Maghrébin (http:/ / www. leconomiste. com. tn/ fr/ doc. asp?docid=2274& mcat=4& mrub=144)[4] Voir (http:/ / www. portail-ie. fr/ a-propos/ interviews/ portrait-la-definition-de-lintelligence-economique-selon-le-prefet-remy-pautrat. html),

Définition de l'intelligence économique selon le Préfet Rémy Pautrat (Portail de l'intelligence économique)[5] L'audit d'intelligence économique, Mettre en place et optimiser un dispositif coordonné d'intelligence économique, Dunod, 2e édition[6] Levet J.-L., Paturel R., L'intégration de la démarche d'intelligence économique dans le management stratégique, Acte de la Ve conférence de

l'Association Internationale de Management Stratégique (AIMS), Lille, 13-15 mai 1996, 20 p., pages 6-7[7] Voir Net-centric data strategy (http:/ / www. defenselink. mil/ cio-nii/ docs/ Net-Centric-Data-Strategy-2003-05-092. pdf), pages 3 à 9, et

article DODADF[8] Voir Les fondateurs de l'IE en France (http:/ / www. portail-ie. fr/ fondamentaux/ les-fondateurs/ )[9] Éric Denécé et Claude Revel, l'autre guerre des États-Unis, économie, les secrets d'une machine de conquête, page 58[10] Selon un rapport de l'UNESCO, Mesurer la diversité linguistique sur internet (http:/ / www. uis. unesco. org/ template/ pdf/ cscl/

MeasuringLinguisticDiversity_Fr. pdf)[11] Culture du Renseignement et Intelligence Economique en Europe (http:/ / www. egideria. fr/ doc/ bieurope. html)[12] L'autre guerre des États-Unis, économie : les secrets d'une machine de conquête, Eric Denécé, Claude Revel, page 58[13] Cf. Ford et ses "actions B" permettant aux seuls héritiers de contrôler 40 % des droits de vote avec 4 % du capital (Les Échos du 30 août

2006)[14] L’«Exon-Florio National Security Test for Foreign» est un amendement américain au «Defense Production Act de 1950» (Section 721)

adopté en 1988 et visant à bloquer l’acquisition éventuelle d’une entreprise stratégique par des intérêts étrangers. L’élaboration de cetamendement s’inscrit dans une vague d’hostilité à l’égard du Japon (voir le rapport Japan 2000, rendu public en juillet 1991 par la CIA)

[15] Cf. la loi américaine intitulée Merchant Marine Act of 1920 appelée communément Jones Act[16] Cf. Les Echos du 31 mai 2007, page 15[17] http:/ / www. comprendreetappliquersuntzu. com/ suntzu/ le_rveil_du_samoura/ index. html[18] http:/ / www. scip. org/ 2_code. php[19] (http:/ / www. lyon-ethique. org/ IMG/ pdf/ intelligenceecofrezal. pdf)[20] Modèle d'intelligence économique. AFDIE (Association Française pour le développement de l'Intelligence Economique). Bernard Besson,

Dominique Fonvielle, Michel Fourez, Jean-Pierre Lionnet, Economica. Collection dirigée par Jean-Louis Levet. 2004.[21] Business intelligence et intelligence économique (http:/ / jean. marie. gouarne. online. fr/ bi. html#ie_et_bi)[22] Modèle d'intelligence économique de l'AFDIE, Économica, page 47

Liens externes• Le site du Haut Responsable en charge de l'intelligence économique (http:/ / www. intelligence-economique.

gouv. fr/ ) (HRIE, site public français - actuellement en refonte)• Un Portail sur l'Intelligence Économique (http:/ / www. portail-ie. fr/ )• Service de Coordination à l'Intelligence Économique (http:/ / www. economie. gouv. fr/ scie) (Bercy)• Le "French Chapter de SCIP" abrité par l'APIEC (http:/ / www. apiec. org)• Observgo - Bulletin de veille stratégique (http:/ / www. observatoire. enap. ca/ Observatoire/ 17/ Observgo. enap)

Bibliographie•• Manuel de l'intelligence économique, ouvrage collectif sous la direction de Christian Harbulot, Presses

Universitaires de France,2012.• L'intelligence économique et stratégique dans les entreprises françaises [Texte imprimé], Frank Bournois et

Pierre-Jacquelin Romani ; [éditeur] Institut des hautes études de défense nationale, préface de ChristianPierret,2000.

•• L'intelligence économique [Texte imprimé] : les yeux et les oreilles de l'entreprise ", Bruno Martinet etYves-Michel Marti, Ed.d'Organisation,Paris 1995

• Petit Manuel d'Intelligence Economique au quotidien, Pierre Mongin et Frank Tognini, Dunod mars 2006.• Petite histoire de l'intelligence économique : une innovation "à la française", Nicolas Moinet, L'Harmattan, 2010• Intelligence économique : enquête dans 100 PME, Sophie Larivet, L'Harmattan février 2009.

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•• Bouchet Yannick, l'intelligence économique territoriale, une approche ingénièrique dans une municipalité demoyenne dimension, ed Universitaire Européennes, 2010 ... thèse de doctorat, 2006, 430p

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2006.• L'intelligence économique, Christian Marcon & Nicolas Moinet, Dunod, coll. Les Topos, 2006.• L'autre guerre des États-Unis, Économie : les secrets d'une machine de conquête, Eric Denécé et Claude Revel,

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Sources et contributeurs de l’article 21

Sources et contributeurs de l’articleIntelligence économique  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=79712251  Contributeurs: Ahbon?, Alab, Alain.Darles, Alno, Amilakvari, Ant-wan.dufour, AntonyB, Asavaa,Assimil, B-noa, Badmood, Bapti, Basbous, Beatnick, Bilel Hawari, Billinghurst, Bilou, Biunivoque, Bonjour, CHEFALAIN, Camille Grey, Chaoborus, Copyleft, Copyme, Coyote du 86,Crouchineki, CyberTeacher, Cynddl, Céréales Killer, DELAYE, DSCH, Dcousquer, De Fontgalland, Desdanova, Djedjedjedje, DocteurCosmos, DrScholar, Ducloy, Ealvarez, Encolpe,Erestrebian, Eristik, Expertom, Flofh, Fluti, François Barberie, Frédéric Kuhlmann, Fuucx, GaMip, Galabru306, Galoric, Gene.arboit, Godspeedmd, Gribeco, Grimlock, Guimard, Gz260,Gzen92, HaguardDuNord, Hercule, Hubertgui, Hégésippe Cormier, Ico, Isaac Sanolnacov, JKHST65RE23, JLM, Jborme, JeanPaul, Jeanlouiszimmermann, Jef-Infojef, Jihaim, Jmax, Jmgdoc,Jmgdoc2, Kassus, Kilith, Lamiot, Laurent Nguyen, Laurentatomic, Le gorille, Le hir, Leag, Lgd, Litlok, Lmaltier, Loeilaucarre, Lomita, Ludo29, M-le-mot-dit, MB510, Maloq, Marie de Bueil,Mathias Poujol-Rost, Mbzt, Med, MicroCitron, MistWiz, Mkaczor2000, Mutatis mutandis, Nguyenld, Nicolas Lardot, Nicolas.charest, Nielluin, Nochnix, Nono64, Nouill, Nouveaumonde,Oasisk, Ollamh, Olmec, Oxo, Oziris, Pablo2675, Palikare, Pamassekh, Papillus, Patrick35000, Pautard, Pgreenfinch, Phe, Phileas2000, Philosky, Pichegru, Pierre FAYARD, Plyd, Poppi Pocketo,Poppy, Poulos, Raimanalei, Rangzen, Revertor, Rhizome, Rohrbeck, Romainzer, Romary, Ryo, Ryu ushida, Rémih, Salmoneus, Salsero35, Sam Hocevar, Sanao, Savonaro, SbayAlticus, Seb35,Sebleouf, Sherbrooke, Sisqi, Sofianeh, Spooky, Squalyl, Sssarah, Stéphane33, Superjuju10, Séraphin 01, Thierry xavier, Thomas-Bonnecarrere, Tieno, Tikatie, Tobora, Topeil, Traroth, Troover,Tubalcain75, Upsud, Valéry Beaud, Villepreux, Vivazapatta, Vlaam, Wanderer999, Waterfield, Wiki input, Winfozoom, Zanyx21, Zelectron, ~Pyb, 636 modifications anonymes

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