Infirmière Yaoundé - Cameroun · Nkolondom, un quartier un peu excentré qui se situe dans le...

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91 boulevard Auguste Blanqui 75013 Paris - France Tél.: +33 (0)1 58 10 74 80 Courriel : [email protected] www.fidesco.fr Anne Infirmière Yaoundé - Cameroun Date : Novembre 2014 RAPPORT DE MISSION N°1 : - DECOUVERTE -

Transcript of Infirmière Yaoundé - Cameroun · Nkolondom, un quartier un peu excentré qui se situe dans le...

91 boulevard Auguste Blanqui

75013 Paris - France

Tél.: +33 (0)1 58 10 74 80

Courriel : [email protected]

www.fidesco.fr

Anne

Infirmière

Yaoundé - Cameroun

Date : Novembre 2014

RAPPORT DE MISSION N°1 :

- DECOUVERTE -

Chère famille, parrains/marraines et chers amis,

Voilà déjà un mois et demi que je découvre ma

nouvelle vie au Cameroun et il est temps pour moi de

vous la faire partager.

Dans un premier temps, il me tient à cœur de vous

remercier. Votre soutien spirituel et/ou financier me

touche énormément et me permet de vivre ce temps

de mission. A travers ce rapport de mission, j’espère

vous transmettre autant de joie et de bonheur que le

Cameroun m’apporte.

L’arrivée

Avec un peu d’appréhension mais surtout beaucoup d’excitation, je savais que ce

fameux samedi 4 octobre ne serait pas une journée comme les autres.

Effectivement, une grande

journée m’attendait. Une fois

arrivée à l’aéroport de Paris, j’ai

retrouvé Annette et Claire. Ce

trinôme constitue ma nouvelle

famille pendant ces deux années

à venir. Claire et Annette sont

sages-femmes. Juste le temps de

faire les derniers aux revoir à nos

familles respectives et nous voilà

en route pour le Cameroun.

A notre arrivée à l’aéroport de Yaoundé, nous avons retrouvé, avec un peu de

difficultés, Ferdinand, responsable du département d’administration et des finances

des centres de santé catholique du diocèse de Yaoundé. Il était accompagné de

sœur Philomène, de la congrégation de Saint Joseph de Gerona et de sœur Marie

Solange, de la congrégation de Sœur du Sacré-Cœur.

Aéroport - Claire, Annette et moi -

L’aéroport de Yaoundé se trouve au sud de la capitale et nous logeons à

Nkolondom, un quartier un peu excentré qui se situe dans le nord de Yaoundé. La

nuit était déjà tombée lorsque nous avons traversé la capitale. Pour la première

fois, je découvrais le sol camerounais. J’étais éblouie par tout ce qui m’entourais :

la circulation camerounaise avec ses nombreux taxis jaunes ; les commerçants

longeant le bord de route avec de multiples oreillers, chaussures et autres objets

sur la tête ; toutes ces femmes qui vendent des fruits et légumes sur le trottoir ;

les bars animés par la lumière et la musique africaine. Un vrai dépaysement. Après

une bonne demi-heure de route, nous sommes arrivées dans notre nouveau

village : Nkolondom.

Quel accueil ! A peine arrivées et nous voilà plongées dans la culture camerounaise.

Nous avons été accueillies par les sœurs de la communauté de Saint Joseph de

Gerona. Elles sont neuf à vivre dans la communauté.

La communauté de Saint

Joseph de Gérona est d’origine

espagnole. Elle s’est développée

dans un premier temps au

Rwanda, en République du

Congo et en Guinée Equatoriale.

La communauté s’est installée

au Cameroun en 1995.

Leur vocation est de soigner les

malades et de répondre aux

besoins de santé des plus

pauvres.

Nous retrouvons ce mélange de culture. La sœur Basilia est espagnole. Elle est la

mère supérieure de la communauté. Elle vit depuis quinze ans au Cameroun.

Certaines sœurs sont rwandaises comme la sœur Marie Madeleine et la sœur Prisca,

et d’autres viennent de la République du Congo comme sœur Françoise.

Route de Nkolondom à Messassi

Zoom sur le Cameroun :

Le Cameroun a été colonisé dans un premier temps par les allemands. Après la

Première Guerre mondiale, le pays est divisé en deux parties, une partie colonisée

par l’Angleterre et la deuxième partie par la France. Le 1er Janvier 1960, le

Cameroun proclame son indépendance.

L’anglais et le français sont les deux langues les plus couramment parlées. Il

m’arrive régulièrement de faire des consultations en anglais.

Au fur et à mesure, je tisse des liens avec les camerounais et je me suis rendu

compte qu’il était très important pour eux de parler de leur ethnie. Ils sont très

fiers de parler leur dialecte. Yaoundé est une ville en pleine expansion. La

population migre et cela entraine un mélange d’ethnies et de dialecte. J’entends

régulièrement mes collègues s’exprimer avec le « langage de leur village ». Même

s’ils ne parlent pas le même dialecte, ils se comprennent. Parfois, Madame Florence

parle en Ewondo et Madame

Alice répond en français. Cela

n’est pas toujours évident de

comprendre les conversations

mais petit à petit je commence

à réunir quelques mots de

vocabulaire en Ewondo qui est

le dialecte principal de Yaoundé.

Cela me permet de m’intégrer

au sein de l’équipe et cela

amuse beaucoup mes collègues

(Ex : O kiri = Bonjour)

Yaoundé se déploie entre 600 et 1000 mètres d’altitude sur un site de collines et de

vallées marécageuses. Yaoundé est surnommée la ville aux sept collines. Nous

logeons à Nkolondom, un quartier excentré de Yaoundé qui se situe au Nord de la

capitale. Ce village est l’une des sept collines. Nous sommes éloignées du centre

ville ce qui nous permet d’être au calme et surtout d’être entourées d’une

magnifique végétation.

Pour se déplacer, nous utilisons le taxi. La circulation est très dense et il n’est pas

rare que l’on attende plusieurs minutes dans les embouteillages.

Je prends le taxi avec Claire tous les matins pour aller au travail. Claire travaille en

tant que sage-femme dans le quartier de la Briqueterie dans la maternité de Notre

Dame de la Merci. La Briqueterie est un quartier principalement musulman qui se

situe à quelques minutes en voiture de Nlong-Kak.

Annette est également sage-femme. Elle travaille dans le dispensaire qui appartient

à la congrégation des sœurs de Saint Joseph de Gerona à Nkolondom.

Dispensaire du sacré cœur de Nkol-Elton

Le dispensaire de Nkol-Elton se situe dans le quartier de Nlong-Kak au nord du

centre de Yaoundé. Il dépend de la congrégation de notre Dame du Sacré-Cœur

dirigé par la Sœur Marie-Solange.

L’organisation du dispensaire

Le dispensaire est composé de :

- 2 aides-soignantes en pharmacie : Madame Agnes et Madame Alice.

- 3 infirmières en salle de soins : Madame Florence, Madame Françoise et

Christelle.

- 1 aide soignante en salle de paramètre : Madame Marie-Louise

- 1 aide-soignante et 2 laborantins au laboratoire : Evelyne, Antoine et Henri.

- 4 infirmiers consultants : sœur Pauline, Jean-Paul, Monsieur Stanislas et

Madame Crescence.

- 1 médecin généraliste

Le mardi et le vendredi, le dispensaire propose des consultations prénatales pour

les femmes enceintes. La sœur Pauline et Madame Crescence s’occupent du suivi de

grossesse et des « causeries » c'est-à-dire de l’éducation et de la prévention.

Un gynécologue est présent le mercredi et le samedi midi soit à la demande de la

patiente soit pour les consultations plus complexes déléguées par les infirmiers. Le

gynécologue a également à disposition un système d’échographie pour les femmes

enceintes.

Le jeudi est la journée des vaccinations pour les enfants et les femmes enceintes

encadrées par le programme élargie de vaccination du Cameroun.

Un ophtalmologue est présent le samedi.

Le dispensaire de Nkol-Elton s’adresse à une population pauvre. L’argent est le

souci majeur des patients. C’est pourquoi le dispensaire s’engage à proposer des

soins et des médicaments accessibles à tous.

Mes débuts dans le dispensaire

Cela fait maintenant depuis le 6 octobre que je travaille dans le dispensaire. Le

travail de l’infirmière au Cameroun est très différent du travail en France. L’infirmier

est amené à faire des consultations générales. Il y a un manque évident de

médecins au Cameroun. Ce qui implique qu’il y a très peu de médecins dans chaque

dispensaire et que la consultation est trois fois plus chère qu’une consultation

réalisée par un infirmer.

Lors du premier mois de ma mission, j’ai pris

une place d’observation afin de comprendre et

d’apprendre. Il m’a paru primordial de

comprendre le parcours du patient avant de

prendre place dans ma mission. L’organisation

du dispensaire est très différente d’une clinique

ou de l’hôpital en France. La sécurité sociale

n’existe pas au Cameroun, c’est pourquoi le

patient paye les soins avant de les recevoir.

Lorsque le patient arrive au dispensaire, il

achète un carnet de consultation (300 FCFA). Il

va ensuite en caisse pour régler la consultation.

Il part prendre les paramètres

en salle avec Madame Marie-

Louise. Il prend sa

température et se pèse. Il

patiente dans la salle

commune. Une « causerie »

est proposée en début de

mâtinée par l’un des soignants

du dispensaire. Ensuite, il est

dirigé vers un des quatre

Pharmacie - Madame Agnes -

Salle de soins - Madame Florence -

consultants. En consultation, l’infirmier prescrit, en fonction des signes et des

symptômes, les différents examens paracliniques à réaliser au laboratoire. Le

patient retourne en caisse pour payer les examens. Il est ensuite appelé au

laboratoire où il réalise ses examens (prise de sang, goutte épaisse, examens

d’urine/selles…). Il retourne une seconde fois chez le même consultant qui lui

prescrit les « remèdes » nécessaires pour la pathologie diagnostiquée. Le patient se

dirige une troisième fois à la caisse pour payer les médicaments puis il va les

chercher en pharmacie. La salle de soin est la dernière étape. L’infirmière injecte

les médicaments et/ou explique comment prendre les « remèdes ». Régulièrement,

le patient attend du début jusqu’à la fermeture du dispensaire. Il doit donc prévoir

toute sa journée.

J’ai pris le temps de passer une semaine dans tous les services. Dans un premier

temps, je suis allée voir les différents consultants pour comprendre leur méthode

de travail. J’ai ensuite réalisé une semaine en salle de soins avec Madame Florence.

J’ai retrouvé le métier que je faisais en France c'est-à-dire les injections en

intramusculaire, intraveineuses et explications des médicaments. J’ai passé

quelques jours en pharmacie. Cela m’a vraiment permis d’avoir un aperçu global

des différents médicaments disponibles dans le

dispensaire. Cela m’aide pour les prescriptions

médicales. Je suis aussi allée au laboratoire. J’ai

réalisé les prises de sang sur les adultes mais je

suis encore trop sensible à l’idée de piquer les

enfants donc pour le moment je laisse ce travail

à Antoine et Evelyne. J’ai appris à préparer

l’analyse des selles et des urines. Cela me

permet d’avoir une vision très large de la prise en

charge du patient. J’ai même appris à

diagnostiquer un paludisme grâce à l’analyse au

microscope.

Aujourd’hui, je prends le temps d’approfondir les consultations avec Monsieur

Stanislas. Par la suite, la sœur Marie-Solange souhaite que je devienne autonome

dans les consultations afin de pouvoir soulager le personnel et de pouvoir remplacer

Laboratoire - Henri -

lors des congés annuels des consultants. Je vois des pathologies que nous ne

connaissons pas en France tel que le paludisme ou encore la fièvre typhoïde mais je

vois également des

pathologies comme la

gastro-entérite, les MST, les

hépatites… Le travail du

consultant ne consiste pas

uniquement à prescrire les

« remèdes » et les examens

mais il a un véritable impact

au niveau de la prévention et

de l’éducation.

Le matin, je travaille avec Monsieur Stanislas en salle de pansement. Au début,

j’observais beaucoup. Aujourd’hui, Monsieur Stanislas me fait de plus en plus

confiance et je commence à prendre en charge seule les pansements. Il y a tout

type de plaies. Celles dont j’ai déjà eu l’occasion de soigner en France comme les

brûlures, ulcères veineux, plaies superficielles suite à un traumatisme (accident de

la voie publique ou de la vie quotidienne…) mais il y a également celles que l’on

appelle « petites chirurgie » tel que les panaris, les freins de langue chez les

nourrissons, les plaies plus profondes qui demandent une suture.

Le dispensaire connaît depuis plusieurs mois des

problèmes de ruptures de stock liés aux

commandes de la pharmacie. La sœur Marie-

Solange souhaite que j’aide la sœur Marie-

Gabrielle qui gère seule le stock de la pharmacie.

Je consacre le vendredi pour m’occuper de la

pharmacie et j’aide la sœur pour l’inventaire et

les statistiques. Il me faut beaucoup de patience

car la sœur a ses habitudes et sa manière de

faire. Comme le disent les camerounais :

« Assia » c'est-à-dire patience.

Salle de consultation - Monsieur Stan -

Pharmacie - Soeur Marie Gabrielle -

« On dit que partir c’est mourir un peu mais s’en aller pour chercher Dieu

c’est trouver la vie »

Le prêtre de la paroisse de Nkolondom est parti quelques semaines après notre

arrivée. Il a été invité par les sœurs de Saint Joseph de Gerona pour fêter son

départ. Les sœurs ont chanté ce chant accompagné du djambé, des marracasses et

surtout de beaucoup de joie. Après plusieurs années de service au Cameroun, le

père ne savait pas où il était affecté et pour combien de temps. Cela m’a rappelé

les conditions dans lesquelles l’ensemble des volontaires Fidesco avaient décidé de

partir.

Nous avons tous la possibilité de s’abandonner à Dieu. Pour ma part, le tremplin est

Fidesco. En partant, j’avais peur que ma foi ne soit pas assez solide pour dépasser

les obstacles du quotidien, d’apprécier les joies, d’aimer l’autre... Aujourd’hui, je

me rends compte que l’ensemble de ce parcours découle comme une évidence.

Ma foi grandit de jour en jour.

Aujourd’hui, je continue à écrire la suite de mes aventures au Cameroun.

J’ai vraiment hâte de vous faire partager la suite,

« Le coup de pouce » : En ce moment, à travers le monde, 150 volontaires FIDESCO travaillent au développement des populations défavorisées : accueil de personnes handicapées, gestion d’entreprise et d’œuvres sociales, orthophonie, médecine, construction... Pour mener tous ces projets, former les volontaires avant leur départ, assurer le coût de leur mission (vol, assurances, sécurité sur place, …) Fidesco s’appuie à 80% sur la générosité de donateurs. Je vous propose donc de partager ma mission en me parrainant ! Ce peut être soit par un don ponctuel, soit par un parrainage, c’est-à-dire un don de 15 euros (ou plus) par mois le temps de notre mission (ou l’équivalent de manière ponctuelle) ; et tout est déductible des impôts ! Je m’engage à envoyer à mes parrains mon rapport de mission tous les trois mois pour partager avec vous mon quotidien et l’avancée de mes projets. De nouveau, un grand MERCI pour votre soutien, et pour mes parrains : Rendez-vous dans 3 mois pour notre prochain rapport !

Fidesco a besoin de votre aide pour que toutes ces missions perdurent

Anne

Le mont Fébé - Vue sur Yaoundé -