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GASTON FÉBUS ET LE CHÂTEAU DE PAU GASTON FÉBUS ET LE CHÂTEAU DE PAU GASTON FÉBUS ET LE CHÂTEAU DE PAU GASTON FÉBUS ET LE CHÂTEAU DE PAU AU XIV° SIÈCLEAU XIV° SIÈCLEAU XIV° SIÈCLEAU XIV° SIÈCLE

Véronique RébéRébéRébéRébé Responsable du secteur Actions pédagoghique

Musée national du château de Pau Contexte historique et géopolitiqueContexte historique et géopolitiqueContexte historique et géopolitiqueContexte historique et géopolitique - En France : la guerre de Cent Ans - En Béarn : l'affirmation d'un état souverain

- les origines - l'action de Gaston Fébus

Transformations architecturales du châteauTransformations architecturales du châteauTransformations architecturales du châteauTransformations architecturales du château Le livre de chasseLe livre de chasseLe livre de chasseLe livre de chasse Fiche élève : questionnaire à remplir après la visite.Fiche élève : questionnaire à remplir après la visite.Fiche élève : questionnaire à remplir après la visite.Fiche élève : questionnaire à remplir après la visite. Annexes :Annexes :Annexes :Annexes : Tableaux généalogiques Carte des opérations Extraits des « Chroniques » de Froissart et glossaire Extrait de la bande dessinée « Gaston Fébus, prince des Pyrénées » Deux miniatures du Livre de la Chasse

Armes de Gaston Fébus Sources bibliographie

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Contexte historique et géopolitiqueContexte historique et géopolitiqueContexte historique et géopolitiqueContexte historique et géopolitique En France : la guerre de Cent Ans

La vie de Gaston Fébus (1331-1391) et son œuvre politique s'inscrivent tout entières dans le

contexte tumultueux de la guerre de Cent Ans. La querelle dynastique entre les rois d'Angleterre et de France pour la couronne de France en fut le point de départ le plus évident. Lorsque Charles IV de France (fils de Philippe le Bel) mourut, sa femme étant enceinte, Philippe VI de Valois, neveu de Philippe le Bel et petit fils de Philippe le Hardi fut nommé régent. Puis, la princesse ayant accouché d'une fille, il fut reconnu roi (1328) par les pairs et les barons malgré les prétentions d'Edouard III, roi d'Angleterre, qui était lui-même petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère Isabelle de France. Les légistes français invoquèrent le principe de privilège masculin pour la succession à la couronne de France, principe dont s’était prévalu pour la première fois Philippe V en 1317 pour se faire sacrer roi. Il avait réuni les Etats généraux qui déclarèrent les femmes incapables de succéder au trône de France. (Ce n’est qu’à partir de Jean II le Bon que l’on utilise le terme de loi salique dans ce cas).

Le nouveau roi de France voulut qu'Edouard III vint lui rendre l'hommage de sa vassalité pour la Guyenne et la Gascogne, conformément à la loi féodale. Ce dernier, humilié, contesta la validité de l'hommage et se mit à préparer la guerre, en nouant des alliances avec les Flamands et l'Empereur Louis de Bavière.

Dès le début des hostilités, la flotte française fut coulée à l'Ecluse en 1340. En 1346, Edouard III

envahit la France et remporta la victoire de Crécy, puis s'empara de Calais. Une trêve fut signée peu après, durant laquelle la peste noire s'abattit sur le royaume (1348). Cette année là, Gaston III de Foix-Béarn, pas encore appelé Fébus, épousait Agnès de Navarre, sœur de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Philippe VI mourut avant la fin des hostilités ; il avait cependant agrandi le domaine de la couronne en y ajoutant les comtés de Valois, Chartres, Anjou, Maine (de sa maison), la Champagne et la Brie (transactions avec Philippe d'Evreux, époux de Jeanne de Navarre), la seigneurie de Montpellier (achat à Jacques II de Majorque), et enfin le Dauphiné, à la condition que, dans l'avenir, le fils aîné du roi porterait le titre et les armes de Dauphin (1349).

Son fils aîné, Jean II le Bon lui succéda. Il fut fait prisonnier (1356) à Poitiers par le fils

d'Edouard III, Edouard, Prince de Galles, le redoutable Prince Noir, appelé ainsi à cause de la couleur de son armure. La France abandonna l'Aquitaine, le Ponthieu et Calais par le traité de Brétigny (1360) qui prévoyait également le paiement d'une rançon de trois millions d'écus d'or pour la libération de Jean II le Bon. Il devait mourir en captivité, ne pouvant payer la somme demandée. Quant au Prince Noir, il fut fait prince d'Aquitaine par son père, en 1363. Il s'installa à Bordeaux où il mena une brillante vie de cour. L'année suivante, il demandait à Gaston Fébus son hommage pour le Béarn, le Marsan et le Gévaudan, mais ne put obtenir satisfaction en ce qui concerne le Béarn.

Pendant la seconde moitié du XIVe siècle, sous Charles V, Du Guesclin reprit de nombreuses

conquêtes anglaises. Charles VI succéda à son père , mais il était encore mineur et les querelles de ses oncles (ducs d'Anjou, de Berry, de Bourgogne, et du Bourbon) qui se disputaient le pouvoir fragilisaient le royaume. La France était divisée entre le clan des Armagnac et celui des Bourguignon.

Gaston Fébus mourut en 1391, un an avant que le roi ne commence à montrer des signes de

démence. Henri II, roi d'Angleterre, allié aux Bourguignon après sa victoire d'Azincourt en 1415, exploita ce fait en épousant la fille de Charles VI et en se faisant reconnaître comme héritier du royaume et régent jusqu'à la mort du roi, le dauphin Charles VII étant déclaré bâtard. L'intervention de Jeanne d'Arc fut le moment décisif de cette guerre qui devait se terminer en 1453 avec la chute de Bordeaux (bataille de Castillon, 1453).

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En BéarnEn BéarnEn BéarnEn Béarn : l’affirmation d’un état souverain: l’affirmation d’un état souverain: l’affirmation d’un état souverain: l’affirmation d’un état souverain Les origines

Au chapitre précédent, nous avons vu qu’Edouard III d’Angleterre avait refusé au roi de France l’hommage de vassalité qui lui était demandé pour la Gascogne, ce qui rendait inconfortable la situation des vicomtes de Foix-Béarn. En effet, ils se trouvaient pris dans un réseau d’engagements vassaliques contradictoires, puisqu’ils étaient vassaux de Philippe VI, roi de France pour le Foix , le Nébouzan, le Lautrec et l’Albigeois, mais vassaux d’Edouard III, roi d’Angleterre pour le Béarn, le Marsan et le Gabardan.

Le père de Gaston Fébus, Gaston II le Preux, s’était rangé du coté du roi de France dès le début du conflit. Son fils, le 26 septembre 1347, proclama publiquement qu’il se considérait en Béarn comme le seul maître après Dieu, se fondant pour cela sur l’histoire des précédents vicomtes de Béarn, affranchis de tout hommage selon lui.

Au début du XIe siècle, du temps de Gaston IV le Croisé, les vicomtes s’étaient émancipés de

la tutelle des ducs de Gascogne, ils avaient cessé de prêter hommage dès l’époque de leur participation à la Reconquista contre les musulmans dans la vallée de l’Ebre et s’étaient même arrogé le droit de battre monnaie à Morlaàs, leur capitale. Gaston IV le Croisé et ses successeurs ne prêtèrent plus hommage à quiconque pendant plus d’un siècle.

Puis, les vicomtes de Béarn passèrent sous le contrôle de la monarchie aragonaise, devenue très puissante du fait de son association avec la Catalogne. Lorsque la dynastie catalane des Moncade s’installa en Béarn, ses vicomtes prêtèrent hommage à l’Aragon, mais, suite au désastre de la bataille de Muret (1213) où Pierre II d’Aragon devait trouver la mort, les liens vassaliques s’amenuisèrent jusqu’à se rompre.

Le Béarn se trouvait à nouveau dans une situation d’indépendance de fait. Sa capitale fut transférée de Morlaàs à Orthez.

Dès lors, les rois d’Angleterre, ducs de Gascogne depuis 1152 (mariage d’Henri II Plantagenêt

et Aliénor d’Aquitaine) jusqu’au début du XIIIe siècle, qui n’avaient pas voulu auparavant s’engager dans une lutte avec l’Aragon pour reprendre le contrôle du Béarn réclamèrent à son vicomte Gaston VII (1229-1290, dernier représentant de la dynastie des Moncade) de leur prêter hommage. Celui-ci tergiversa longtemps, et se permit même d’insulter le roi d’Angleterre, mais il fut obligé de s’incliner, après de nombreuses années de rébellion. Sur la fin de sa vie, il se conduisit en fidèle vassal, allant même jusqu’à faire promettre à ses successeurs de prêter hommage aux rois d’Angleterre.

Il scella l’alliance entre les comtés de Foix et de Béarn par le mariage d’une de ses filles,

Marguerite de Moncade, vicomtesse de Béarn, avec Roger-Bernard III, comte de Foix, en proclamant indissociable l’union de ces deux comtés. Cette union fut à l’origine de la haine qui devait opposer les maisons de Foix-Béarn et d’Armagnac car une autre fille de Gaston VII avait épousé le comte d’Armagnac, lequel s’estimait lésé. Cette haine devait perdurer pendant plusieurs générations, jusqu’à Gaston Fébus qui passa sa vie à le combattre, désirant se rendre maître de la Bigorre, qui séparait les comtés de Foix et de Béarn.

Roger-Bernard III se rangea aux cotés du roi de France pour certaines batailles, son fils Gaston Ier de Foix-Béarn (le grand-père de Gaston Fébus) mourut au cours d’une expédition contre les Flamands en tant que vassal de Philippe IV le Bel pour le comté de Foix.

Après leur mort, Marguerite gouverna pendant 17 ans le Foix-Béarn en tant que régente, elle rétablit l’équilibre en se comportant en fidèle vassale du roi d’Angleterre pour le Béarn. Les Béarnais eux-mêmes, conscients d’appartenir à la communauté gasconne, sous tutelle anglaise, considéraient le royaume de France comme une terre étrangère. S’opposer aux anglais c’était mettre en péril tous les fondements de la vie économique de la vicomté.

Le comté de Foix, lui, était pro-français.

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La situation devenait malaisée, ainsi, le père de Gaston Fébus; Gaston II, petit-fils de la régente Marguerite, eut à combattre des chevaliers béarnais engagés dans les troupes anglaises alors que lui-même commandait des troupes françaises!

Il fallait un homme de la stature politique de Gaston Fébus pour éviter l’éclatement entre le Foix et le Béarn. Non seulement il y réussit, mais il alla beaucoup plus loin encore.

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La vie et l'œuvre de Gaston FébusLa vie et l'œuvre de Gaston FébusLa vie et l'œuvre de Gaston FébusLa vie et l'œuvre de Gaston Fébus Né le 30 avril 1331, fils unique de Gaston II le Preux et d'Aliénor de Comminges, il reçut

certainement une éducation à la fois physique (chasse, maniement des armes ...) et intellectuelle, mais l'on sait relativement peu de choses concernant son enfance.

Son père, Gaston II le Preux, mourut à Séville alors qu'il était âgé de 13 ans. Avant de partir

pour cette croisade andalouse, il avait inscrit dans son testament qu'Aliénor serait régente et tutrice jusqu'à la majorité légale de son fils, c'est à dire 14 ans, et qu'elle continuerait, comme curatrice, à gérer ses biens jusqu'à l'âge de 21 ans. Tout se passa comme il l'avait voulu, sans que cela soulevât le moindre problème, ce qui prouve la bonne entente entre la mère et le fils.

En hiver 1343, ils partirent tous deux pour un périple dans toutes les régions du Béarn et de Foix. Cette tournée d'hommage était destinée à le présenter aux habitants et aux seigneurs des différents domaines, à rassurer les populations sur leur avenir, en rappelant que le Foix et le Béarn (de plus en plus divisés par leurs traditions et liens vassaliques différents) dépendaient d'un seul et même vicomte. A chaque fois, il devait prêter serment le premier, et jurer de respecter et faire respecter la législation des Fors de Béarn, après quoi ses sujets juraient à leur tour et lui promettaient aide et obéissance. Ce premier périple terminé, il était devenu majeur, et recommença.

Ayant rempli ses obligations envers son peuple, dont il s'assurait ainsi l'appui, il accomplit

alors sa première action de politique extérieure par un véritable coup de maître, en déclarant publiquement au représentant du roi de France qu'il considérait le Béarn comme un pays souverain.

Philippe VI, battu à Crécy et à Calais, tentait de resserrer ses alliances, il avait donc envoyé un message à Gaston III, que celui-ci reçut dans son château de Moncade à Orthez. Un acte notarié transmit la demande et la réponse, qui était habile. En effet Gaston III, alors âgé de 16 ans à peine, approuvait les projets du roi ( alliance avec la Castille), semblait dire qu'il les appuierait, en tant que vassal pour le pays de Foix, où il se rendrait pour en discuter... Quant au Béarn, il en affirmait la souveraineté : "Terre de Béarn, terre qu'il tient de Dieu et de nul homme au monde d'où il ne découle pour lui aucune obligation, si ce n'est de faire ce que bon lui semble". C’était une réponse stupéfiante pour l'époque ; cependant il proposait au roi son appui ultérieur éventuel. Celui-ci, en mauvaise posture, était obligé de le ménager. Par la suite, Gaston III devait agir à peu près de la même manière avec tous ses interlocuteurs politiques.

L'année suivante, en 1348, il prêta hommage à un nouvel envoyé de Philippe VI "pour toutes

les terres situées dans les sénéchaussées d'Agen, de Toulouse et de Carcassonne", c'est-à-dire Foix, Lautrec, Nébouzan, Terres-basses de l'Albigeois. Il ne mentionna pas le Béarn, en faisant une affaire réglée. Pendant ce temps, les tractations engagées par sa mère pour son mariage avec Agnès de Navarre avançaient.

Lorsque son fils avait neuf ans, elle avait pensé pour lui à un mariage avec l'héritière du roi de Majorque, mais l'effondrement du royaume, quelques années plus tard, avait rendu le projet impossible.

Agnès de Navarre était un parti prestigieux : fille de la reine de Navarre, Jeanne, écartée du trône de France par le principe de prévalence masculine déjà évoqué, petite-fille de Louis X de France et de Navarre, sœur cadette de Charles II de Navarre, que l'histoire retient sous le nom de Charles le Mauvais, (il avait été nommé lieutenant général en Languedoc, lors de la reprise des hostilités contre les Anglais). La cérémonie eut lieu à Paris le 5 mai 1349.

Quelques mois plus tard, Philippe VI mourut. Son successeur, Jean II le Bon donna la charge

de lieutenant général du Languedoc à Jean 1er d'Armagnac. Gaston III de Foix-Béarn, se lança immédiatement à l'assaut des terres de son ennemi héréditaire. Celui-ci, fragilisé, obligé de dépenser ses forces, résistait moins bien à la pression anglo-saxonne. Lafrançaise menaçait de chuter, ce qui ouvrirait aux anglais la route de Toulouse. Inquiets, les Capitouls de Toulouse proposèrent un marché à Gaston III : il combattrait les anglais à Lafrançaise en échange d'une large compensation financière.

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Il accepta, réussit, et en profita même pour aller ravager certaines terres de Jean 1er d'Armagnac. Par la suite, il devait utiliser souvent ce procédé, qui lui permit de s'enrichir considérablement.

A la même époque, Jean II le Bon avait eu la mauvaise idée d'accorder le comté d'Angoulême

à un descendant de la famille de Castille, Charles d'Espagne. Or, ce comté avait été promis à la mère de Charles II le Mauvais, Jeanne, reine de Navarre, en échange de la Champagne et de la Brie. Furieux de ce qu'il estimait être une provocation, ce dernier fit assassiner Charles d'Espagne. Jean II le Bon réagit violemment en ordonnant aux comtes de Comminges et d'Armagnac de ravager la Basse-Navarre. Ceux-ci devaient traverser les terres de Gaston III, qui ne l'entendait pas ainsi et leur rendit la chose impossible, tandis que Charles II se rapprochait d'Edouard III d'Angleterre.

Affolé, le roi de France accorda finalement le comté d'Angoulême à Charles II le Mauvais qui proposa alors à Edouard III de se partager la France. Ils ourdirent un complot auquel participa Gaston III. Jean le Bon les amnistia finalement après avoir traité la paix dite de Valogne (1355) mais Gaston III avait montré qu'il prenait ses distances avec le camp français, ce qui lui permit d'échapper aux représailles anglaises après le désastre de Poitiers (1356) au cours duquel le roi de France et de nombreux chevaliers étaient devenus les prisonniers du Prince Noir.

Une trêve fut signée pour un an, mais la donne politique avait entièrement changé. Après avoir également refusé son hommage pour le Béarn à Jean II le Bon, Gaston III dut faire

face aux exigences de Pierre IV, roi d'Aragon. Il alla donc au palais des rois de Majorque à Perpignan lui rendre hommage pour les terres du comté de Foix qui dépendaient de lui. Ce puissant roi réclamait, de plus, l'aide militaire de son vassal contre la Castille.

Gaston Fébus gagna du temps, à son habitude, en négociant plusieurs fois la solde de ses hommes, assurant que la Castille avait déjà payé pour s'assurer de leur neutralité... Il n'engagea ses hommes dans cette affaire que lorsqu'il sut que des pourparlers de paix avaient été engagés.

Il choisit ce moment pour prendre du recul par rapport aux sollicitations diverses dont il était l'objet, et partit pour la Prusse participer à une croisade contre les païens lithuaniens, pour un an. C'est durant cette expédition qu'il décida de se faire appeler Fébus.

En revenant de Prusse, il délivra la Dauphine de France ainsi que d'autres dames, à Meaux, où

avait lieu une insurrection de Jacques, des paysans révoltés. Pour le première fois, on entendit son fameux cri de guerre : "Fébus avan".

Puis il reprit les hostilités contre le prince d'Armagnac, Jean 1er. Il attaqua de tous cotés, n'hésitant pas à embaucher des bandes anglo-saxonnes. Finalement, aidé par ses vassaux, il écrasa les troupes de Jean 1er d'Armagnac, à Launac (1362) et le fit prisonnier, ainsi que ses alliés (maison d’Albret entre autres), auxquels il assigna d'importantes rançons, ce qui lui rapporta une somme considérable.

A l'issue de ce triomphe, il chassa son épouse, Agnès de Navarre, qui venait de lui donner un héritier légitime, sous le prétexte que la dot n'avait jamais été payée intégralement. Il la renvoya à Pampelune chez son frère, Charles II le Mauvais, dont il se fit ainsi un ennemi implacable, après avoir été son allié pendant de nombreuses années.

Entre-temps, le traité de Brétigny (1360) avait accordé l'Aquitaine en toute souveraineté au

Prince Noir. Il convoqua Gaston afin d'obtenir son hommage. Celui-ci temporisa bien sûr puis, obligé d'obtempérer, dit qu'il accepterait de prêter hommage pour le Béarn lorsqu'on lui prouverait juridiquement qu'il avait à le faire. C'était une manière de gagner du temps. Par la suite, les archivistes du Prince Noir ayant constitué un dossier, il continua de manifester une résistance larvée en trouvant sans cesse des raisons de ne pouvoir se déplacer.

Finalement le Prince d'Aquitaine le somma de prêter hommage pour le Béarn "comme l'avait fait Madame Marguerite au Sénéchal en 1290". Le Prince Noir perdait patience, il pensa faire plier le Béarn en revenant d'une expédition en Castille. Mais cette expédition tourna au désastre militaire et financier, aggravé d'une épidémie. Affaibli et malade, le Prince Noir à son retour n'était plus en mesure d'attaquer le Béarn, qui était sur le pied de guerre. Au contraire, il demanda humblement à Gaston Fébus l'autorisation de laisser passer ses troupes sur ses terres, ce qu'il obtint contre promesse de payer intégralement son ravitaillement ("jusqu’à la moindre poule").

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Cependant, le pouvoir français n'avait pas dit son dernier mot : le traité de Brétigny-Calais qui

avait cédé l'Aquitaine aux Anglais en toute souveraineté fut remis en question pour vice de forme par Charles V. Puis, le Parlement de Paris assigna Edouard III à comparaître devant sa cour. Il refusa et le Parlement prononça la confiscation de ses terres relevant du roi de France.

Gaston Fébus, toujours en lutte contre le clan Armagnac pour la Bigorre et le Comminges eut alors à composer avec un pouvoir de plus en plus puissant en la personne du duc d’Anjou (second fils du roi Jean II le Bon). Celui-ci entreprit finalement de réconcilier les deux camps par la conclusion d'un mariage entre le fils de Gaston Fébus, également prénommé Gaston comme le voulait la coutume, avec Béatrix d'Armagnac, fille de Jean II.

Ce fils légitime, séparé de sa mère depuis le plus jeune âge, vivait sans doute mal la préférence

affichée de son père pour ses fils bâtards, Yvain et Gratien. A l'âge de 17 ans, il fut autorisé à se rendre à Pampelune, pour voir sa mère et son oncle

Charles II le Mauvais. Il semble qu'un complot, aux circonstances peu claires, se soit ourdi autour de sa personne. Il était flanqué de l'évêque de Lescar qui y joua sans doute un rôle important.

D'après Froissart, le roi de Navarre aurait abusé de la crédulité de son neveu en lui remettant une poudre magique destinée à réconcilier ses parents. Le jeune homme, qui gardait le poison dans une petite bourse autour du cou, aurait été trahi par son demi-frère Yvain dont il partageait la chambre.

Juvenal des Ursins, pour sa part, présente un jeune prince héritier du Béarn rendu aux arguments de son oncle et déterminé à empoisonner son père. Dans cette version, on l'aurait vu faire tomber la boulette de poison, analysée ensuite par les apothicaires.

Quoi qu'il en soit, l'adolescent, ayant échappé de justesse à la colère de son père qu'il fallut retenir, fut enfermé. Ensuite, les versions divergent encore. Il semble toutefois que Gaston Fébus, ayant rendu visite à son fils, l'ait tué lui-même, accidentellement ou dans un accès de colère que personne ne pouvait réfréner.

A la suite de ce drame, il quitta Orthez et vint s'installer à Pau le 17 août 1380 où il écrivit Le livre des oraisons afin d'obtenir le pardon de Dieu. ("Seigneur, j'ai commis l'acte par lequel tu peux me damner...") Il ne devait retourner à Orthez que quatre ans plus tard.

Pendant ces événements, le roi de France Charles V était mort, le nouveau roi Charles VI était

âgé de 12 ans seulement. Ses oncles (Anjou, Bourgogne, Berry, Bourbon) prirent les rênes du pouvoir. Jean de Berry fut nommé lieutenant général de Guyenne et Languedoc. Gaston Fébus se méfiait de ce prince si puissant, qui, de plus, avait épousé une Armagnac. Lui-même, après le drame d'Orthez, avait renvoyé Béatrix dans sa belle-famille. Les intrigues reprirent de plus belle. Gaston Fébus s'installa dans son château de Mazères, en pays toulousain et se posa en défenseur auprès des populations, qu'inquiétaient l'avidité et les dépenses somptuaires du duc de Berry. Il fit courir le bruit qu'il avait été lui-même pressenti pour être lieutenant général, proposa (contre argent) sa protection aux villes contre les exactions du duc de Berry, et alla jusqu'à tenir des assemblées illégales.

Grâce à toutes ces manoeuvres, il finit par obtenir du pouvoir royal une énorme somme d'argent ainsi que la promesse de ne pas avantager le clan Armagnac, qui se retrouvait isolé face à son ennemi acharné. Dès lors, il abandonna les populations languedociennes aux exactions du duc de Berry pour concentrer ses attaques contre Jean II d’Armagnac, plus affaibli que jamais.

Il reprit le scénario qui lui avait déjà permis la mainmise de fait sur la Bigorre, contre laquelle

le pouvoir royal n’émettait aucune objection ; il fit donc à nouveau appel à une bande de « routiers », pilleurs redoutables, travaillant pour lui en sous-main. Ensuite, il se posait en protecteur auprès des nobles de la région menacée, incitant nombreux d’entre eux à devenir ses vassaux, par le biais du fief-rente, concept qu’il avait inventé et utilisé depuis une dizaine d’années. Un seigneur pouvait s’engager à servir Fébus contre une somme d’argent sous forme de rente, au lieu d’une terre.

D’octobre 1382 à mars 1383, il revient à Pau, puis retourne s’installer à Orthez jusqu’en 1389.

Il utilise ce temps à administrer le Béarn, avec sa rigueur et son autoritarisme coutumiers.

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Il rendait lui-même la justice, ayant limité au maximum l’activité des cours destinées à légiférer avec lui. L’affaire du complot d’Orthez l’ayant rendu méfiant envers la Noblesse, ses plus fidèles conseillers n’en étaient plus issus.

Il ne put, cependant, empêcher plusieurs centaines de chevaliers béarnais de partir apporter leur soutien à la Castille contre le Portugal. Ils n’en revinrent pas, comme il le leur avait prédit. Lui-même, à cette occasion, avait opté pour la neutralité, conscient des nombreux pièges que recelait cette affaire. Il fit cependant payer le prix fort aux troupes françaises de Charles VI, ralliées également à la cause castillane, pour traverser ses terres (Andorre et Roncevaux). Cette campagne militaire devait durer 3 ans, jusqu’en 1387. Durant tout ce temps, Gaston Fébus ne cessa de multiplier ses mises en garde auprès du pouvoir royal contre les pillages alors en vigueur à l’époque et destinés à soutenir le moral des troupes. Mais il se fit un devoir de désigner pour cet usage les troupes de ses ennemis (Armagnac notamment) à l’oncle du roi de France (Louis II de Bourbon) de retour de Castille, qu’il reçut à Orthez.

Puis vint le temps où Charles VI, roi de France, décida, à 20 ans, de reprendre les rênes du

pouvoir en se débarrassant de la tutelle de ses oncles. Il choisit de s’entourer des conseillers de feu son père, que leurs opposants appelaient "les Marmousets".

En 1389, il fut décidé que le roi entreprendrait un grand voyage dans le sud de la France, qui avait tant souffert (à part le Foix-Béarn) des exactions de ses oncles. Gaston Fébus était un personnage clé, incontournable, et dont il fallait s’assurer l’appui. Il avait fait élever à sa cour une petite fille, Jeanne de Boulogne, dont il était le tuteur. Un envoyé de Charles VI lui fut dépêché pour négocier le mariage de cette très jeune fille (12 ans environ) avec Jean de Berry. D’après Froissart, il aurait été question également de la légitimation de son fils bâtard préféré, Yvain.

L’année suivante, en 1390, Fébus et Charles VI signaient le traité de Toulouse, par lequel le roi de France devenait l’héritier du vicomte de Foix. Celui-ci recevait une forte somme d’argent et la Bigorre à titre viager contre la promesse de ne plus attaquer les terres d’Aquitaine.

On pense généralement qu’il s’agissait là encore d’une manoeuvre politique de Gaston Fébus habitué, comme on l’a vu, à signer toutes sortes de traités pour les avantages immédiats qu’il pouvait en retirer. Il ne pouvait pas imaginer qu’il mourrait brutalement, un an après, d’une attaque foudroyante d’apoplexie à un retour de chasse. Quoi qu’il en soit, l’application de ce traité remettait en cause la souveraineté du Béarn, pour laquelle il avait toujours lutté.

Après sa mort, les Etats de Béarn réussirent à faire annuler ce traité et choisirent comme nouveau vicomte Mathieu de Castelbon, cousin de Gaston Fébus, qui, à son tour, jura de conserver les droits et coutumes du pays.

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Gaston Fébus et le château de Pau Pris dans les remous de la guerre de Cent Ans, décidé à affirmer sans relâche la souveraineté du Béarn et à étendre son pouvoir sur tout le Piémont pyrénéen, Gaston Fébus entreprit de renforcer le système défensif de tous les autres châteaux se trouvant sur son territoire. Un effort particulier devait être porté sur le château de Pau. Avant les travaux entrepris à cette époque et dont on trouve les premières mentions en 1365, ainsi que le nom présumé de l'architecte Sicard de Lordat, le château était constitué d'un mur d'enceinte, du donjon primitif (tour Montauser, XII° siècle) et des tours d'enceinte (Mazères au Sud-Ouest, Billère au Nord-Ouest, peut-être d'autres...) Les aménagements apportés au XIV° siècle sont les suivants : - deux niveaux de glacis en pierre de taille recouvrant l'éperon rocheux, - sur le glacis double enceinte, en avant de celle du XII° siècle, sous forme de murs crénelés (l'enceinte médiane enveloppe étroitement le château du XI° siècle), - tour de la Monnaie au sud de l'enceinte extérieure, tournée vers le passage du Gave, - porte fortifiée au nord-est vers le Hédas et la fontaine du bourg, - nouveau donjon en brique bâti sur l'angle sud-est de l'enceinte XII° siècle, - porte avec pont-levis et corps de garde au devant du donjon, vers la ville haute, - couloir fortifié vers la ville basse au pied de la tour de la Monnaie, - corps de logis : aile du midi pour le rez de cour et le premier étage (tinel), voûtes des tours Mazères et Billère, surélévation de la tour Montauzer.

d'après Bernard Voinchet, Architecte en Chef des Bâtiments de France

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Le Livre de la chasseLe Livre de la chasseLe Livre de la chasseLe Livre de la chasse

Gaston Fébus était passionné de chasse et lui consacrait tous ses moments de liberté. A cette époque, le chasse représentait bien plus qu’un simple loisir car elle mettait en jeu un ensemble de valeurs morales et religieuses. Elle permettait d’éviter l’oisiveté, mère de tous les vices et servait à former l’homme de guerre (art de l’équitation et de la stratégie).

« Je dis donc que, puisque le veneur n’est jamais oisif, il ne peut avoir mauvaises imaginations, et s’il n’a mauvaises imaginations, il ne peut faire mauvaises oeuvres, car l’imagination va devant ; et s’il ne fait de mauvaises oeuvres, il faut qu’il s’en aille tout droit en paradis. Par beaucoup d’autres raisons qui seraient bien longues, j’en ferais la preuve, mais celles-là me suffisent, car tout personne raisonnable sait bien que je suis dans la vérité ».

Il entreprit la rédaction de son fameux manuscrit « Le livre de la chasse », entre 1387 et 1390,

en langue française selon le plan suivant : une table des matières, un prologue, cinq parties, un épilogue.

La première partie consiste en une description minutieuse des animaux chassés, qu’il classe en

deux catégories : les « bêtes douces », herbivores, et les «bêtes mordantes », en commençant par les omnivores, sanglier et ours. Pour lui le sanglier est l’animal le plus dangereux à chasser. Le loup fait l’objet du plus long chapitre.

La seconde partie du traité est consacrée aux chiens de chasse, pour lesquels il éprouvait une

véritable tendresse. « Et je leur apprends le nom des choses que je veux qu’ils fassent, et ils me connaissent et

m’aiment tant que, si parfois je suis malade ou vais à la guerre, ou suis pour autre besogne empêché de chasser, ils ne chasseront pas avec un autre ou, s’ils le font, ce sera mal. Et parfois j’ai vu que mes chiens avaient manqué le chevreuil et étaient restés longtemps en requête, sans vouloir aller de l’avant. S’ils cessaient ainsi de chasser, c’est que je n’y étais point. »

Il décrit la manière de les élever et de les soigner. Il connaît tout de leurs maladies, répertoriant ainsi sept types différents de rage.

La troisième partie, intitulée « Ci devise des manières et conditions que doit avoir celui à qui

on veut apprendre à être un bon veneur », est destinée à montrer comment on doit éduquer un enfant pour qu’il devienne un bon chasseur.

« Que tu sois grand seigneur ou petit, si tu veux faire instruire un homme pour qu’il soit bon veneur, choisis d’abord un enfant de sept ans tout au plus [...]. Il faut, en outre, à cet enfant beaucoup de choses : et d’abord un bon maître qui ait l’amour et le goût des chiens, qui, pour l’instruire, le batte quand il n’obéira pas, afin qu’il hésite à faillir. En premier lieu, je veux lui apprendre et donner par écrit tous les noms des chiens et lices du chenil, jusqu’à ce que l’enfant les connaisse de poil et de nom ... »

Dans la quatrième partie, il présente l’art de la chasse à courre, en reprenant l’ordre utilisé

pour la description des animaux. « Et si le sanglier l’attaque face à face, il doit venir à sa rencontre, non au galop, mais au

trot, les rênes de sa bride bien courtes. Et il ne doit point s’occuper du sanglier ni de ce qu’il fera, mais penser et aviser par où il pourra le mieux asséner son coup. Et s’il frappe de l’épieu, il doit frapper de haut en bas aussi fort qu’il pourra, en se levant sur ses étriers. Et tout veneur doit chevaucher court plutôt que long, car il en est plus aisé et fatigue moins son cheval... «

La dernière partie est consacrée à l’étude des pièges et concerne surtout le loup, animal

nuisible par excellence qu’il convient d’exterminer par tous les moyens, même les moins nobles.

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Ce livre le fit connaître comme l’un des plus grands chasseurs de son temps. Il connut un succès immédiat et l’on en fit de nombreuses copies dont la plus luxueuse fut commandée par le fils de Philippe le Hardi, Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Quarante-quatre manuscrits copiés sont encore conservés de nos jours. La majorité date du XVème siècle, les autres ont été copiés au début du XVIème siècle.

L’avènement de l’imprimerie assura au Livre de la chasse une diffusion encore plus large. Il fut publié en 1507, 1511, 1525, puis réédité en 1854 et 1897. Enfin, en 1897, il fut traduit en français moderne.

Deux des quatre plus beaux manuscrits sont aujourd’hui conservés à Paris (Bibliothèque

nationale), un autre se trouve à Léningrad (Musée de l’Ermitage), et un à New-York (Collection Clara Peck). Le manuscrit conservé à Paris est illustré de 87 enluminures agrémentées de feuille d’or qui ont fait sa réputation. Seul, l’exemplaire de New-York peut rivaliser avec lui en beauté Ces magnifiques enluminures, d’une grande qualité artistique (technique, composition, procédés picturaux) sont également des témoignages iconographiques de première valeur .

En 1987, le musée national du château de Pau a fait l’acquisition, en vente publique d’un

manuscrit du Livre de la chasse datant du XV° siècle. Ce manuscrit se présente sous la forme d’un volume de cinquante-deux folios de velin et comporte sept représentations animalières, ours, lièvre, lapin, sanglier, loup, renard et cerf. Seule cette dernière, en grisaille à la mine d’argent, est contemporaine du volume, les six autres datant sans doute du XVII° siècle. Par ailleurs, quatre-vingt-cinq grandes initiales tracées à l’or et de très beaux encadrements à l’or et à l’encre bleue et rouge, figurant des feuillages stylisés, ornent les pages du manuscrit.

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ANNEXES ET DOCUMENTSANNEXES ET DOCUMENTSANNEXES ET DOCUMENTSANNEXES ET DOCUMENTS

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LA MAISON DES FOIX-BÉARN

XIII°-XV° siècles

Extrait de "Gaston Fébus, Prince des Pyrénées", Pierre Tucoo-Chala

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Extrait de Pierre TUCOO-CHALA, Gaston Fébus, Prince des Pyrénées, Deucalion, J&D Editions, Biarritz, 1993.

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Extrait de "Gaston Fébus, Prince des Pyrénées", Pierre Tucoo-Chala

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Extrait de "Gaston Fébus, Prince des Pyrénées", Pierre Tucoo-Chala

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Extrait de "Gaston Fébus, Prince des Pyrénées", Pierre Tucoo-Chala

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Textes tirés des Textes tirés des Textes tirés des Textes tirés des "Chroniques de Jehan "Chroniques de Jehan "Chroniques de Jehan "Chroniques de Jehan FFFFroissart" .roissart" .roissart" .roissart" .

Portrait du Comte Gaston de Foix

Le comte Gaston de Foix dont je parle pouvait avoir cinquante neuf ans d'âge, en ce temps où je fus vers lui, et je vous dis que j'ai vu en mon temps beaucoup de chevaliers, plusieurs rois, princes et autres, mais je n'en vis jamais aucun qui fût de si beaux membres, de si belle forme, de si belle taille, le visage beau, coloré et riant, les yeux verts et amoureux là où il lui plaisait de jeter ses regards. En toutes choses, il était si parfait et si bien appris, qu'on ne pouvait trop le louer. Il aimait ce qu'il devait aimer et haïssait ce qu'il devait haïr.

Gaston de Foix aimait bien :

I l aimait les chiens plus que toutes autres bêtes, et il était souvent à chasser à la campagne, en été et en hiver. Il devisait volontiers d'armes ou d'amour. Jamais il n'aima les folles entreprises, ni les folles largesses, et chaque mois il voulait savoir ce que devenait son bien. Il avait pris dans le pays, pour recevoir ses recettes ,et pour administrer ses gens, douze hommes très notables, qui changeaient de deux mois en deux mois, et deux des autres reprenaient la charge.

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Les gens au service de Gaston de Foix

I l avait quatre clercs secrétaires pour écrire et rédiger des lettres, et il fallait bien que ses clercs fussent toujours prêts quand il sortait de sa chambre, et il ne les nommait ni Jean, ni Gautier, ni Guillaume ; mais quand on lui apportait des lettres et qu'il les avait lues, il appelait chacun d'eux "Mal me sert !" pour écrire telle chose qu'il leur commandait.

Le repas de Gaston de Foix

Le comte de Foix vivait en cet état que vous entendez. Et quand il venait de sa chambre à minuit pour souper dans sa salle, il y avait devant lui douze torches allumées que douze valets portaient, et ces douze torches étaient tenues devant sa table, qui donnaient une grande clarté dans la salle, laquelle salle était pleine de chevaliers et d'écuyers, et il avait toujours là des tables dressées à foison pour le souper à qui voulait souper. Nul ne lui parlait à sa table, s'il ne l'appelait. Il mangeait d'ordinaire beaucoup de volailles, les ailes et les cuisses seulement ; au dîner, il buvait et mangeait peu. Il prenait souvent grands ébats à la musique, car il s'y connaissait très bien, et souvent il faisait chanter devant lui, par ses clercs, des chansons, des rondeaux, et des virelais. Il restait à table environ deux heures, et il voyait volontiers servir des entremets étrangers, qu'il envoyait ensuite aux tables des chevaliers et des écuyers.

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GlossaireGlossaireGlossaireGlossaire : : : : Ciel :Ciel :Ciel :Ciel : ciel de lit, un dais placé au dessus d'un lit pour y

suspendre des rideaux. Dais Dais Dais Dais : pièce d'étoffe précieuse, tendue sur des montants, que

l'on porte dans certaines processions religieuses ou que l'on place au-dessus d'un trône.

EbatEbatEbatEbat : plaisir. EchafaudEchafaudEchafaudEchafaud : plate forme, estrade sur une charpente de

tréteaux. GarenneGarenneGarenneGarenne : réserve de gibier, domaine de chasse réservé. Hanap Hanap Hanap Hanap : grand vase à boire en métal, monté sur un pied et

muni d'un couvercle. LitièreLitièreLitièreLitière : lit couvert porté par des hommes ou des bêtes de somme

à l'aide de deux brancards. MoulinetMoulinetMoulinetMoulinet : jeu pour enfant. Moustier Moustier Moustier Moustier : monastère. PalefroiPalefroiPalefroiPalefroi : cheval de parade des souverains, des princes, au Moyen-

Age. RaméeRaméeRaméeRamée : ensemble des branches d'un arbre, une forêt. Rondeau Rondeau Rondeau Rondeau : poème à forme fixe, sur deux rimes et à refrain. VirelaiVirelaiVirelaiVirelai : poème médiéval sur deux rimes, et comptant quatre strophes.

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La mise à mort du sanglierLa mise à mort du sanglierLa mise à mort du sanglierLa mise à mort du sanglier

Planche extraite du Livre de la Chasse, de Gaston Fébus, manuscrit français 616 de la

Bibliothèque Nationale de France

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De l'Ours, Planche extraite du Livre de la Chasse, manuscrit français 616, Bibliothèque Nationale de France

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LES ARMOIRIES DE GASTON FEBUS

Gaston Fébus était l’arrière petit-fils de Roger Bernard III, comte de Foix (1290-1302)

et de Marguerite de Moncade, vicomtesse de Béarn (1290-1319). Gaston VII de Béarn, père de Marguerite, avait déclaré que ce mariage rendait indissociable l’union du comté de Foix et de la vicomté de Béarn.

Le blason de Gaston Fébus réunit donc les armes de ces deux territoires. Armes de Béarn : D’or, aux deux vaches de gueule, colletées et clarinées d’azur. Armes de Foix : D’or aux trois pals de gueule. Ce qui donne : Ecartelé au 1 et 4 d’or aux trois pals de gueule et au 1 et 3 d’or aux

deux vaches de gueule colletées et clarinées d’azur.

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SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES Pierre TUCOO-CHALA, Gaston Fébus, prince des Pyrénées, Editions Deucalion, Pau, 1991. Pierre TUCOO-CHALA, Histoire du Béarn, Presses Universitaires de France, 1962, collection que sais-je, n° 992. Raymond RITTER, Le château de Pau, étude architecturale et historique, rééd., Librairie de Pyrénées et de Gascogne et Princi Neguer Soed, Pau, 2001. Pierre TUCOO-CHALA, Christian DESPLAT, La Principauté de Béarn, Société nouvelle d'éditions régionales et de diffusion, Pau, 1980. Philippe LEBAUD, Le Livre de la chasse, Production Liber S.A., Genève, 1986. Gabriel BISE, Le Livre de la chasse, Production Liber S.A., Genève, 1987. Pierre TUCOO-CHALA, José de HUESCAR, Gaston Fébus et le Prince Noir, Editions Loubatières, Portet sur Garonne, 1985, (Bande dessinnée). A consulter : www.expositions.bnf.fr/phebus Cédérom Le livre de chasse de Gaston Fébus, collection Bibliothèque Nationale de Francen Sources, Coéditions : Bibliothèque Nationale de France et Montparnasse Multimédia (compatible pc et Macintosh)

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GASTON FÉBUS ET LE CHÂTEAU DE PAU AU XIVème SIÈCLE

PUBLIC DURÉE

CE1 à CM2 1h

OBJECTIFS DE LA VISITE - Connaître Gaston Fébus,

sa vie, son action politique, ses écrits. - Comprendre les modifications qu’il a apportées au château de Pau. - Connaître les grandes étapes de l’histoire du Béarn, de Gaston Fébus à Henri IV. - Retrouver les éléments architecturaux ou décoratifs permettant d’évoquer cette époque.

DÉROULEMENT

La visite du château, extérieure dans un premier temps, puis intérieure, permettra de faire comprendre le mode de vie et le décor d’un château à l’époque de Gaston Fébus (1343-1391)