Enseigner = échec à la pauvreté

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Enseigner= échec à la pauvreté… Mission Evangélique Braille au service des aveugles et malvoyants francophones un chemin de lumière 1/2011 bulletin d’information et de prière

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Bulletin de nouvelles de la MEB 1-2011

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Enseigner=échec à la pauvreté…

Mission Evangélique Brailleau service des aveugles et malvoyants francophones

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1/2011

bulletin d’information et de prière

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Enseigner, transmettre, former

Combattre la pauvreté des aveugles africains par l'enseignementest sans doute un développement durable et un investissementqui fait ses preuves. Ce concept n'est pas nouveau, il repose surune solide expérience: «Vous instruirez vos enfants et vous leuren parlerez… alors vos jours et ceux de vos enfants durerontaussi longtemps que le ciel restera au-dessus de la terre» (Deu-téronome 11). La Bible a beaucoup de principes de durabilité pourtous les hommes, y compris les aveugles!

Les «enfants» de la MEB ne cessent de se multiplier. C’est unconstat réjouissant de voir que cette croissance aboutit à des ré-sultats concrets, notamment à une meilleure qualité de vie deshandicapés de la vue. Néanmoins, c'est aussi un grand défi à re-lever pour que cette aide au développement soit équitable et dé-bouche sur une vraie intégration sociale. Beaucoup reste à faire,nous ne sommes qu’au début d'une gigantesque mission; seul le2% des aveugles en Afrique est alphabétisé. Les églises, les ONGet les institutions officielles doivent collaborer et créer des struc-tures adaptées pour diminuer la pauvreté, l'ignorance et l'exclu-sion des aveugles; leur dignité passe donc par l’enseignement.

Il y a 20 ans, la MEB s’est engagée modestement en faveur deshandicapés de la vue francophones d’Afrique, avec plus de foique de moyens! Aujourd'hui, son programme de développementse concentre sur 5 axes d'intervention: sensibilisation, éduca-tion, formation, renforcement de ses partenaires et intégration.Les valeurs chrétiennes consolident cette approche et garantis-sent à l'aveugle un développement intégral et respectueux.

Chers amis lecteurs, collaborateurs et donateurs, en lisant ce nu-méro vous pourrez vous faire une idée du développement rapidede cette œuvre au cours des dernières années. Elle est davantagele résultat de la bénédiction divine que de notre sueur! Mais c'estaussi votre œuvre, grâce à votre intérêt et à votre fidèle généro-sité. Un grand merci à tous!

Heinz Rothacher · Secrétaire général

Crédit photographique: MEB Vevey, sauf mention contraire.Photo couverture: Claudio Galiezia

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édito

ImpressumMEBAv. Louis-Ruchonnet 20CH-1800 Vevey/SuisseTél. +41 ( 0 )21 921 66 88Fax. +41 ( 0 )21 922 26 [email protected]

Revue trimestrielle«Un chemin de lumière»Publiée par la MEB à Vevey

ImpressionAtelier Grand SA

Abonnement annuelCHF 25.– / € 17.–

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CCP FranceChèques, virementsou versements postaux sont à adresser à :Banque postale, Centre Financier69900 Lyon Cedex 20No de compte : 1340391 VMission Evangélique Braille Vevey

Les chèques peuvent aussiêtre envoyés sous pli à :MEB, Avenue Ruchonnet 20,CH-1800 Vevey

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Paiements bancaires internationauxMission Evangélique BrailleCrédit Suisse ZürichIBAN : CH12 0483 5083 8555 5000 0

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lettres à l’aide d’écrous disparates ré-cupérés dans tous les moteurs ayantpassé de vie à trépas dans la province.Lorsqu'ils lèvent la main pour répondreà une question posée par leur profes-seur, les enfants claquent des doigtspour se signaler à leurs camaradesaveugles.Ils transpirent les petits. Arc-boutés, lementon posé sur la tablette, ils poin-çonnent laborieusement les lettres quedicte Matthieu Kaboré, l'un des ensei-gnants. La leçon d'écriture achevée,c'est un profond soupir qui s'échappede toutes les petites poitrines. Il fait sichaud ! – Enfin la récréation ! Courage,petit écolier !Le soleil tape dur ce matin-là sur lepréau de l'école de Boulsa : 45 degrés.Imaginez un forage de 85 mètres sur-monté d'une roue d'environ deux mè-tres de diamètre actionnée à la forcedes bras des petits et des grands. Cetteeau fraîche et de très bonne qualité

couvre largement les besoins du centreet lui assure quelques revenus grâce àla vente à prix modique du précieux li-quide aux gens du quartier. Ce puitsjoue donc un rôle fondamental pourl'intégration des aveugles dans la com-mune de Boulsa, car les enfants duquartier viennent partager leurs jeuxavec les écoliers handicapés de la vue.La cour de l'école est ainsi devenue unespace de rencontres où les femmes,bébé dans le dos, devisent gaiementtout en remplissant leur bidon…Lisez la suite et d'autres nouvelles surle blog de Jean-Marc :www.jeanmarcmeyrat.ch

Inaugurée en 2010, cette école spé-cialisée scolarise annuellement 36enfants aveugles. Cet établissementpionnier et bien équipé ne laisse pasindifférent. M. Jean-Marc Meyrat, di-recteur de l'Antenne Romande de laFédération Suisse des Aveugles etbénévole de la MEB, nous livre quel-ques impressions.

Dès ma première visite à l'Associationdu centre de formation braille desaveugles et malvoyants à Boulsa (ACF-BAM), dans la province du Namen-tenga, au Burkina Faso, en 2008, j'aiété d'emblée convaincu qu'il fallaitsoutenir de toutes nos forces l'instruc-tion des enfants aveugles et mal-voyants, si souvent exclus de leurcommunauté, considérés comme desbouches inutiles et relégués au fond dela case familiale. C'est pourquoi, M.Heinz Rothacher, le secrétaire généralde la Mission Evangélique Braille, m'aproposé trois objectifs en lien directavec le développement de l'école pour

enfants aveugles de Boulsa : le foraged'un puits, la construction de troisclasses et l'aménagement de latrines.Aujourd'hui, les deux premiers objec-tifs sont atteints grâce à la générositéde celles et ceux qui sont sensibles ausort des enfants aveugles dans les paysen voie de développement et qui sou-haitent leur donner les moyens d'ap-prendre un métier pour qu'ils ne soientpas réduits à la mendicité.

Du Café de l'Ouestà Ouagadougou

Le Centre de formation braille se com-pose de plusieurs bâtiments. Une salleest notamment consacrée à l'appren-tissage de l'informatique. Ces moyensinformatiques qui proviennent des or-ganisations typhlophiles suisses, faci-litent l'enseignement et l'éducationdes aveugles et suscitent un grand in-térêt. Une future bibliothèque braillesera gérée par une personne aveugleet est le fruit d'une collaboration entrela MEB, la Bibliothèque braille ro-mande (BBR) et Le livre parlé de Ge-nève. Elle sera non seulement mise à ladisposition des enfants de l'école, maisaussi des aveugles adultes demeurantdans les environs.À l’instar de ce qui se passe dans uneclasse ordinaire, les enfants vont au ta-bleau pour apprendre l'écriture. Maisici le tableau n'est pas noir : c'est le cé-lèbre tableau mis au point par LucienNaré. Il s'agit d'une planche sur la-quelle ont été pratiqués plusieurs foisles six trous représentant la grille dubraille ; les élèves vont composer les

Ecole braille «Jean-Marc Meyrat» de Boulsa

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Jean-Marc Meyratet le pasteur

Etienne Sawadogo,responsable du site,

inaugurentl'Ecole braille

Jean-Marc Meyratà Boulsa.

Bel aboutissementet une première :les enfants aveuglesde la Provincedu Namentengavont à l'écolespécialementadaptée à eux.

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Ce projet est soutenupar Jean-Marc Meyart,

ses amis et les organisationstyphlophiles suisses

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Beaucoup desurprises souriantes

fleurissent surles chemins africains

de la MEB !

Dans la Province du Boulgou au Bur-kina Faso, les aveugles sont pauvres etnombreux à cause des maladies nonsoignées. La MEB a finalisé un impor-tant Centre polyvalent pour eux dansla ville de Zabré.

Les tout premiers élèves aveu-gles intégreront l’école à la ren-trée 2011 et d’autres suivront

une formation professionnelle adaptée,dans la perspective d’une vie active rem-plie d’espoir.

La MEB soutient l’Association chré-tienne spécialisée (ASBAM) du PasteurSimon Nanga depuis 2002. À cetteépoque, l’alphabétisation non formelleen braille se faisait en plein air sous untoit de paille, où chèvres, poules et in-sectes vrombissants distrayaient lesapprenants… Que de chemin parcourudepuis pour renforcer l’association,former des enseignants et réaliser unprojet ambitieux un peu fou… Tous ontmis la main à la pâte et partagent au-jourd’hui leur joie avec les aveugles etmalvoyants pour cette belle réussite.

Le Centre polyvalent comprend uneécole primaire d’une capacité de 165élèves, des dortoirs, une salle de confé-rence, une cuisine, un local de travailet la bâtisse administrative de l’asso-ciation provinciale. Plusieurs activitésgénératrices de revenus ont été crééesafin de rendre autonome le fonction-nement du centre.

Extrait du discoursdu député maire de Zabré :

«L’inauguration du Centre polyvalentHEINZ ROTHACHER des aveugles etmalvoyants doit s’inscrire dans le livred’or de notre mémoire de par ce joyau!Son but est de donner à ceux qui ontperdu l’usage des yeux les rudiments debase, à savoir l’apprentissage de la lec-ture en braille, de l’écriture, du calcul,d’assurer la transmission des connais-sances et de former l’esprit. Il a aussipour mission de fournir les outils indis-pensables à la compréhension dumonde et à la formation du futur ci-toyen qu’on croyait impotent! Ce centreest une grande première. Est-il donc be-soin de dire combien il nous est profi-table? Aux donateurs, une mentionspéciale puisqu’ils n’ont pas épargnéleurs efforts pour que ce centre soitdressé. Aux bénéficiaires de l’entourerde toutes les parures pour qu’il brille aufirmament des générations…»

Un impact considérableSi les premiers bénéficiaires sont lesaveugles venant de nos huit centres lo-caux répartis dans cette Province, la po-pulation vivant à proximité du Centreainsi que les secteurs de l'Education, del’Action sociale et l'Eglise de la ville deZabré sont aussi gagnants. La mise à dis-position d'une telle infrastructure so-ciale, avec une école primaire inclusivequi, pour remplir complètement lesclasses, accepte aussi les enfants voyantsdu quartier, ancre bien ce projet dans lasociété civile.

Notre partenaire financier est la Fédé-ration vaudoise de coopération ( FEDE-VACO), avec la participation de laConfédération Suisse, du Départementde la Santé et de l’Action Sociale duCanton de Vaud ( DSAS) ainsi que descommunes de Vevey, Montreux, Aigleet Ecublens. La MEB assure le suivi etla pérennité des activités en faveurdes aveugles.

Les aveugles de Boulgou «voient» loin!

Inscrit dans le livre d’orde notre mémoire

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Nous cherchons 1 minibusd’occasion pour le centre

POEME

«Toi braille qui se lit par le toucher, tu es la sourcede notre bonheur et de notre savoir. Toi braille quiéveille notre conscience et nous intègre dans le sys-tème scolaire, tu es notre soleil et notre lumière.Toi qui nous fais sortir de nos cachettes et nousrends considérables par le monde entier, tu es levainqueur des ténèbres.Grâce à toi, ô braille, nous disons non à la mendicité,nous disons non aux préjugés, nous disons non à lamarginalisation, nous disons non à la discriminationet nous disons non à l'exclusion sociale.Tes vertus sont nombreuses. Que tu es merveilleux,ô braille, que tu es formidable. Mes frères et sœurstravaillons et montrons donc nos capacités intellec-tuelles, car on entend toujours dire que l'on ne voitmieux qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pourles yeux.»

Adama Ilboudo, enseignante spécialisée

La grande fête pour l'inauguration de ce splendide Centre polyvalentpour aveugles et malvoyants dans la Province rurale du Boulgou à Zabré.

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Lucien, notre partenaire au Burkina Faso, est un in-venteur qui met son génie au service de ses col-lègues aveugles. Il a créé le célèbre tableau noir pourle braille. Il a adapté l'alphabet braille aux languesindigènes. Il communique par e-mail avec son «or-dinateur qui parle ». Cela lui a valu une belle médaillepour services rendus à la Nation.

Fernande a récemment convolé en juste noce – une bellereconnaissance pour une personne handicapée de la vue. Ilfaut dire que son parcours de vie sort de l'ordinaire : pre-mière à avoir obtenu son baccalauréat en braille ; diplômed'assistante sociale ; engagement au Ministère Social ; res-ponsable d'un groupement de femmes aveugles au Bénin.

Imbattable l'équipe de foot des aveugles ivoi-riens ! Football un peu particulier, puisque lesjoueurs voyants de l’équipe adverse ont lesyeux bandés ! Et comme le jeu sollicite plusle toucher et l’ouïe (grelot dans le ballon) quela technique du dribble, les aveugles ontgardé un net avantage sur leurs adversaires !

Ce musicien non-voyant, rencontré auCentre de formation professionnelle desjeunes aveugles de Zorgho, joue du gon –sa guitare traditionnelle – en pinçant lesdeux cordes tendues au-dessus de bidonsd'huile qui font office de caisses de réso-nance. Réalisé par des entreprises localesavec des matériaux produits sur place, cegon permet de jouer des mélodies simpleset agréables à entendre.

Les aveugles sont souvent de bons musiciens, c’estbien connu ! Julien, ce jeune percussionniste horsclasse impressionne les spectateurs qui, en signede récompense pour son talent, collent des piècesd’argent sur son front tout en sueur ! Actuelle-ment Julien prépare son mémoire en braille à laFaculté des lettres à l'Université Nationale duBénin.

Surprenant, insoupçonné, insolite… les aveugles africains dévoilent leur ingéniosité !

Carol est un génie, il a appris son métier toutseul ! Particulièrement habile de ses mains, cemenuisier aveugle vit et travaille à Abidjan, oùil a ouvert son atelier. Les meubles qu’il fa-brique concurrencent ceux des entreprises pro-fessionnelles et les commandes affluent…

Le groupe de musique « La Citadelle » est com-posé de 25 personnes handicapées de la vue trèsenthousiastes. La MEB a fourni le matériel de so-norisation. Le son de leurs tam-tams a été perçujusqu’au Palais présidentiel ! En effet, à l'occasionde la fête de Noël, ils ont donné un concert au Pré-sident du Bénin.

Quelle mémoire ce pasteur aveugleGrâce Musesu de Kinshasa qui durantplus d’une heure et sans notes, a prê-ché devant 2'000 paroissiens ! Impres-sionnés et profondément touchés parcet enseignement de qualité et sa lec-ture biblique en braille, les fidèles l'ontapplaudi pendant près de 10 minutes !

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Edouard échappe aux griffes du vodoun1 !

10 meb · un chemin de lumière · 1/2011

Marthe Lohou, la secrétaire exécutivede l'ONG Bartimée, à Cotonou, auBénin, nous a envoyé le témoignagebouleversant d'Édouard Agboëssi, unmembre actif du centre qu'elle anime.Bien que résumé ici, nous espéronsque ce témoignage vous fortifiera.

Je suis né dans une famille de cinq en-fants, à Grand Popo, une localité situéeà environ 85 km de Cotonou. Mes pa-rents m'aimaient et firent tout pour quej'aille à l'école du village où j'étudiai du-rant trois ans.

Mais toute mon enfance fut aussi bai-gnée dans l'idolâtrie et l'occultisme. J'aiappris plus tard que mon grand-père,décédé peu avant ma naissance, avaitété un grand prêtre du vodoun. Justeavant sa mort, il m'avait choisi, par lebiais de l’oracle, pour lui succéder dansla haute sphère des pratiques occultes.Pour cette raison, les anciens, les adeptesdu vodoun, les féticheurs m'honoraient

et se prosternaient devant moi. Enmême temps ils exerçaient un contrôlescrupuleux sur mon évolution et ré-glaient mes premiers pas pour que je meconforme rigoureusement aux normesde la foi ancestrale et n'enfreigne aucuninterdit. Je grandissais donc «sous le re-gard des dieux». Mais ce milieu du vo-doun est aussi un monde impitoyable oùles convoitises s’entrechoquent sur fondde jalousie. En clair, un chef religieuxtrès redoutable dans le giron des sor-ciers, désirait fortement occuper le trôneque mon grand-père avait laissé vacantet auquel il me destinait. Selon certains,c'est ce sorcier qui serait responsable demon état de cécité et l'aurait télécom-mandé par ses sortilèges.

Je ne saurais dire si c'est vrai. La seulechose dont je sois sûre, est qu’il a suffid'une semaine pour que je devienne to-talement aveugle, à l'âge de huit ans. Cefut le drame. On tenta tout pour meguérir : pratiques magiques, médecinetraditionnelle… en vain. On me conduisitalors à Cotonou, espérant que la méde-cine des blancs obtiendrait un meilleurrésultat. Il s'avéra que les remèdes tra-ditionnels qu'on avait appliqués à mesyeux, au village, les avaient définitive-ment abîmés.

Plus tard, je compris que Dieu dirigeaitma vie à travers ces événements doulou-reux: une femme de Dieu fit ma connais-sance, prit l’engagement de m’amenerrégulièrement à l’église où la Parole deVie commença à me toucher. C’est ainsique dans son amour Jésus-Christ m’a

rencontré. Mon cœur a découvert et ac-cueilli sa lumière si vivifiante.

Mon cursus scolaire en dit d’ailleurs long.Après avoir perdu six années scolaires àcause de la cécité, mes parents m’ontinscrit finalement à l’école des Aveuglesde Cotonou où j’ai repris le cours pri-maire; progressivement, le Seigneur m’abéni. Aujourd’hui je suis à l’Université enannée de licence, à la faculté de Socio-logie. C'est la démonstration qu'il fautaccepter de perdre pour se trouver: avecJésus, cela vaut la peine!

Je rends grâce au Seigneur, car ses voiessont insondables. Moi, qui fus esclave aupays de l’occultisme, il me donne au-jourd’hui la liberté de me mettre à sasuite et de marcher avec convictiondans la foi. Gloire et louanges soientrendues à Jésus-Christ.

Édouard Agboëssi

La version originale de ce témoignage,écrite dans un style imagé et plein de lapoésie africaine, derrière lequel on sentpercer un écrivain aveugle de talent,peut être lue intégralement sur notresite internet: www.mebraille.ch.

Edouard :« Tu as changé

mon chantde tristesse

en une dansejoyeuse. »Ps. 30.12.

1 Vodoun = religion traditionnelle au Bénin

Projets de l’ONG Bartimée en 2011 :Agrandir le centre culturelAcquisition de 2 minibus de transportPromotion agricole pour aveuglesChorale de sensibilisationRetraite spirituelle annuelleActivités pour femmes aveugles

Ces projets sont soutenus parPain pour le prochain ( PPP)et la Confédération suisse (DDC)

Témoignage

Edouard : « Jouez des instruments,frappez le tambourin » ( Ps. 82.3).

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Echos Communication, une ONG belgefondée en 1990, travaille au développe-ment humain durable de l'Afrique par lavalorisation des initiatives locales, l'éveildes potentiels humains, l'accompagne-ment de projets et la formation, dans laperspective d'un changement de regardsur la coopération au développement.

À ce titre, elle organise depuis 2005 unconcours de projets appelé «Harubuntu»qui symboliquement signifie : à cet en-droit, il y a de la valeur… (en kirundi,

langue du Burundi). Une demi-douzainede candidats est désignée par un juryémanant d’un réseau de partenaireseuro-africains et composé d’ONG, demédias et de personnalités indépen-dantes.

Les lauréats du «prix Harubuntu 2010»étaient au nombre de cinq, dont Emer-son Massa, président de l’ONG «Viens etVois». Le 9 décembre à Bruxelles, il areçu le Prix société civile pour le projet«Viens et vois» soutenu par la MissionEvangélique Braille, dont l’un des objec-tifs est la réhabilitation des aveugles etmalvoyants du Congo Brazzaville.

Les candidats ont été retenus pour leurcréativité, leur motivation et leurs ta-lents mis au service de la communautéen réalisant des projets concrets ayantun impact mesurable et durable. Ensem-ble, repensant l’acte de coopération dansla diversité, ils témoignent du potentielde l’Afrique. Ainsi, Emerson Massa estdevenu le 9 décembre 2010 «un porteurd’espoir et créateur de richesses afri-caines!»

Emerson Massa, lauréat du prix Harubuntu!

Roch et Ernest sont deux paysans aveu-gles habitant une ferme, près de Pagala,à env. 250 km à vol d'avion, au nord deLomé, la capitale du Togo. Ils vivent trèsmodestement dans une hutte, dormantà même le sol en terre battue. Deuxbancs sont tout leur mobilier. Mais ilsont appris à lire à l'Institut St-Françoispour la Réhabilitation des Aveugles, àSokodé. Leur champ est le mieux entre-tenu du village, et ils exercent un véri-table ministère catéchétique auprès desvillageois en partageant les richesses dé-couvertes dans la Bible. Mais jusqu'àpeu, ils n'en avaient que des fragmentstrès limités.

C'est pour pallier ce manque que le Grou-pement d'Actions et d'Initiatives pourl'Afrique (GAIA), basé à St-Barthélémy,en Bretagne, a décidé de commander àla MEB une bible complète en braille, afinde la leur offrir. Celle-ci sera entreposéeà l'hôpital St-Luc, de Pagala, où une ar-moire a été spécialement confectionnéeà cet effet par un menuisier local.

Vous imaginez la joie débordante deRoch et Ernest, quand, à l'issue d'unrepas auquel on les avait invités à l'hô-pital St-Luc, les envoyés du GAIA leurremirent cette Bible en braille et l'ar-moire pour la stocker ! «Aujourd'hui,c'est la fête des gens heureux!» se mi-rent-ils à chanter. Puis, quand ils purentpasser leurs doigts sur ces précieux vo-lumes, ils dirent: «… nous allons pouvoirpartager nos connaissances avec lesvillageois, incroyable ce cadeau! QueDieu bénisse GAIA!»

Une bible braille pour Roch et Ernest

12 meb · un chemin de lumière · 1/2011

Remise du prix Harubuntu 2010aux lauréats des cinq pays sélectionnéspar le jury à Bruxelles, à savoir :le Congo Brazzaville, le Mali,le Burkina Faso, la Zambie et le Tchad.Tout à gauche, Emerson Massa.

Ernest et Roch dansleur milieu de vie, àPagala, au Togo

Plusieurs projets réalisés par laMEB au Congo-Brazzaville sontcofinancés par STM

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À l’issue de lacérémonie,

Emerson Massadonne quelques

précisionssur le projet

de réhabilitationdes aveugles

«Viens et vois »pour lequel il a

été récompensé.

Roch et Ernestdécouvrent la Bibleen braille envoyéepar la MEB,à la demande du GAIA.

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Vacances-retraite 2011Organisé par la Mission EvangéliqueBraille et l'Amicale protestante desaveugles de la Fondation La Cause, àCarrières-sous-Poissy ( près de Paris),ce séjour aura lieu du 2 au 15 juillet2011 à St-Légier dans la magnifiquepropriété de l’Institut biblique et mis-sionnaire Emmaüs surplombant l’arclémanique Vevey-Montreux-Chillon.Séjour en pension complète dès CHF1070.– ou € 790.– (ou par jour CHF93.– ou € 69.–).

Si vous désirez vivre une expérienceenrichissante et utile en accompa-gnant bénévolement une personnehandicapée de la vue pendant une oudeux semaines, vous pouvez prendrecontact avec les organisateurs :Suisse : M. Christian Munier,MEB-Vevey, Tél. 021 921 66 88,[email protected] : Mme Martine Haage,Fondation La Cause, Tél. 01 39 70 60 52,[email protected]

Lectures bibliquesquotidiennesEn partenariat avec la Ligue pour lalecture de la Bible et la Maison de laBible, la MEB propose une versionaudio sur CD Mp3 de « LeGuide – aidede lecture biblique pour adultes » àl’attention des personnes handicapéesde la vue.Renseignements : MEB-Vevey,Tél. 021 921 66 88.www.leguideenligne.com

Prions pour la Côte d'IvoireNotre partenaire, Mme Joséphine Boni,responsable de Fraîche Rosé à Abidjannous communique : «Dans cette at-mosphère ou la panique gagne lecœur des Ivoiriens, devrions-nousbaisser les bras? Que non car l'œuvredu Seigneur nous interpelle à redou-bler d'ardeur et à accomplir sa mis-sion. » Plus au Nord à Danané, l’OCPAMnotre partenaire au service des aveu-gles, a du mettre un terme à l'avicul-ture faute d'arrivage d'aliments. Lacrainte de la guerre resurgit dans cetterégion et les aveugles, particulière-ment vulnérables, sont inquiets.

Pour le Burkina Faso,nous cherchons:1 Minibus d'occasiongenre Toyota 7-12 places pour le Cen-tre polyvalent des jeunes aveugles àZabré;

1 voiture de tourisme d'occasionpour la Coordination Nationale denotre travail au Burkina Faso.

Accompagnerune personne

handicapée de la vue,c’est établir une

relation de confiance,s’apprécier lors desdiscussions et tisserdes liens entre gensvenant parfois de

continents différentscomme Aurio,

le Brésilien et Boulile Tchadien !

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Enseigner =échec à la pauvreté…

20, av. Louis-Ruchonnet · CH-1800 VeveyTél. 021 921 66 88 · Fax 021 922 26 58www.mebraille.ch

Notre défi :Réduire la précarité des aveugles africains

par l’accès à la connaissance

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