Download - Vie magazine n°30 18 7 2013

Transcript
Page 1: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 1

Page 2: Vie magazine n°30 18 7 2013
Page 3: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 3

Premier magazine scientifique sur les problé-matiques environnementales et la Responsa-bilité Sociétale des Organisations (RSO) en Afrique de l’Ouest, VIE est devenu un véri-table outil d’aide à la décision pour les diffé-rents acteurs (ONG, fondations, autorités de l’Etat, opérateurs économiques…) et citoyens que nous sommes. Votre magazine VIE vous revient après une période de restructuration qui a permis à l’équipe de VIE de continuer son travail de sentinelle de l’environnement : nos participa-tions aux panels et conférences sur l’environ-nement, le lancement sur la 88.4 FM d’une émission sur l’environnement et, la création d’une unité de production audiovisuelle « Carré Vert ». Avec un nouveau design, VIE poursuit son évolution en maintenant sa ligne éditoriale qui consiste à vulgariser l’information en-vironnementale, à contribuer à l’éveil des consciences sur les défis environnementaux, à faire connaitre les bonnes pratiques envi-ronnementales. La nouvelle formule de VIE sera accompagnée d’une e-newsletter men-suelle qui sera envoyée à tous nos abonnés et sera également disponible sur notre nouveau site internet. C’est le lieu de remercier tous les partenaires qui nous accompagnent dans cette exaltante mission et de lancer un appel à nos nombreux abonnés pour qu’ils renouvel-lent leur abonnement à temps. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons garder notre indépendance rédactionnelle. Six ans après le lancement du premier numéro de VIE, comment a évolué la situation envi-

ronnementale au Sénégal ? Sommes nous de-venus les gardiens de la nature ou continuons nous à subir le diktat du « consommer plus » au risque de mettre en péril les générations futures ? Dans les discours et sur la réglemen-tation, nos dirigeants prennent des actes forts comme l’obligation d’une étude d’impact envi-ronnemental de tout projet, l’instauration de la notion de développement durable dans tous les ministères, l’introduction de la dimension environnementale au sein du Conseil Eco-nomique et Social. À côté de cela, des contre exemples persistent : la gestion des ordures ménagères, la sous capacité de traitement des eaux usées, la problématique des inondations, l’encombrement de la voie publique, l’agres-sion de la biodiversité, les coupes d’arbres, l’avancée de la mer consécutive à l’action an-thropique de l’homme.

C’est à ce dernier aspect que sera consacré le dossier de votre magazine VIE nouvelle for-mule. Pour freiner ce phénomène, il est pro-posé dans ce dossier la nécessité d’établir, sur nos 700 km de côtes, un plan de gestion inté-grée qui vise à mettre en place un mécanisme de gestion durable des ressources côtières et qui inclura l’adaptation de l’usage et de l’amé-nagement du littoral sénégalais aux effets du changement climatique. Nous ne saurions terminer sans évoquer la journée mondiale de l’environnement 2013 dont le thème choisi était « Pensez-mangez-préservez ». Nous dé-fendons l’idée que la seule façon de consom-mer durablement est de « consommer local ».

Pr Adams TIDJANI

VIE LE MIROIR DE L’ENVIRONNEMENT

Citation : Article 40 - Charte du Mandé (XIII siècle – Soudjata Keita)« La brousse est notre bien le plus précieux, chacun se doit de la protéger et de La préserver pour le bonheur de tous ».

BP 5437 • Dakar-Fann • SénégalTel: +221 33 824 21 34

[email protected]

EDITEURSAssociation de Lutte pour la Préserva-tion de l'Environnement (ALPE) & La-boratoire de Rayonnements Naturels & Artificiels (LRNA) de la FST/UCAD

DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONPr. Adams TIDJANI

DIRECTEUR DE LA REDACTION Ibrahima GUEYE Khalil

RELATIONS PUBLIQUESYacine DANSOKHO

SERVICE ABONNEMENTSAnicet DASYLVA

SERVICE COMMERCIALAbdellah BENGELOUNE

SECRETARIATElisabeth Basse NDOUR

INFOGRAPHIEwww.greeneyezdesign.com

IMPRESSIONLa Rochette

DISTRIBUTIONADP

EDITO

Photo couverture : Plage de débarquement île de Diogué, Basse Casamance

Page 4: Vie magazine n°30 18 7 2013

SOMMAIRE

Lettre de l’Océanium48. Pour une agriculture vivrière et protec-

trice de l’environnement au Sénégal

Famille8. Les couches lavables sont-elles plus

écologiques que les jetables ?

Développement Durable10. Effets de l’urbanisation mondiale

sur la biodiversité13. La Régénération Naturelle Assistée :

« Beysatol » un moyen de lutte contre la dégradation de l’environnement, l’insécurité alimentaire et la pauvreté

Changements Climatiques15. Climat : un accord décevant au Som-

met de DOHA

15

Stratégies20. La Grande Muraille Verte, vers la res-

tauration des terres arides 22. Quels objectifs de développement

après 2015 ?

Santé & Environnement17. Le riz, aliment sain par excellence19. Gestes écologiques pour un quoti-

dien plus responsable et plus durable

Pollution de l’air24. Les particules des moteurs diesel

sont cancérigènes

Environnement & Entreprises27. La mortalité cardio-vasculaire dans le

monde du travail

Dossier

32. Les zones côtières du Sénégal, zone d’enjeux sous forte pression

34. L’étude de gestion intégrée des zones côtières (GIZC)

36. Les enjeux et différentes perceptions de la GIZC

37. L’analyse juridique et institution-nelle de la GIZC

39. Vers une stratégie GIZC au niveau de sites pilotes

40. La stratégie GIZC nationale de l’État du Sénégal

Eco-jeunes46. Nous vivons avec trop de bruit !

32

14

16 20

17

24

27

48

46

Management QSE30. De la théorie à la pratique du mana-

gement QSE

30

6Veille environnementalesénégalaise6. Les actes du 4ème Forum Interna-

tional de Dakar sur la RSE 6 . Lancement du projet Eco maires

Afrique 7 Le concept de gouvernance verte 7 Atelier de renforcement de capacité

des journalistes sur la Régénération Naturelle Assistée (RNA)

Veille environnementale42 Au travail en vélo, un ministre

montre l’exemple 42 Les 3 pouvoirs écologiques de

l’urine 43 L’Afrique à la 2ème place du classe-

ment mondial de la déforestation 43 Diabète et dépression, le cercle vicieux 44 RSE : LESIEUR, BOLERA et AREVA,

grands gagnants de l’hypocrisie en-vironnementale 2012

44 Les dessous toxiques des vêtements

42

Page 5: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 5

Page 6: Vie magazine n°30 18 7 2013

6 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Veille Environnementale

Sénégalaise

LES ACTES DU 4ème FORUM INTERNATIONAL DE DAKAR SUR LA RSE

La 4ème édition du Forum international de Dakar sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), organisée par l’Initiative RSE Sénégal en partenariat avec l’Ambassade du Canada au Sénégal et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) s’est tenu les 02 et 03 Novembre 2012 au King Fahd Palace Hôtel, sous le haut parrainage de M. le Pre-mier Ministre du Gouvernement du Sénégal.

A l’issue des journées qui ont enregistré 150 participants (représentants des entre-prises/patronat, Etat/collectivités, société civile/syndicats de travailleurs, milieux aca-démiques) et 25 experts intervenants, il est ressorti que le Forum RSE de Dakar consti-tue désormais un cadre idéal d’échanges et de débats qu’il convient de pérenniser pour mieux vulgariser la RSE/RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.

Partant de l’identification des obstacles au déploiement de la RSE/RSO présentée lors de l’édition précédente du Forum de Dakar (Mars 2010), les participants ont constaté une faible évolution dans l’appropriation par l’Etat

LANCEMENT DU PROJET ECO MAIRES AFRIQUE

Le 15 janvier 2013, le projet « les Eco Maires Afrique », né de l’as-sociation « les Eco Maires » créée en France en 1989, a été lancé. Les Eco Maires fédèrent plus de 1900 communes adhérentes et 2000 collectivités partenaires. Maud LELIÈVRE, Conseillère Politique du Ministre de l’Environnement français Delphine BATHO, en est la Vice- Présidente à l’Action Internationale. L'objectif premier des Eco Maires Afrique est de créer des axes d'échanges et de coopération pour une meilleure prise en charge de l'environnement au niveau des collectivités africaines. Pour avoir

participé activement au sommet Africités, nous nous sommes ren-dus compte de l’importance de cette mise en réseau des collectivités mondiales ( Nord-Sud, Sud Sud, etc). L’association « les Eco Maires » riche de son expérience en la matière se propose d’animer et d’orien-ter un réseau d’élus mobilisés sur les problématiques environnemen-tales et de développement durable.Notre mission :• Affirmerlerôledescollectivitésafricainespourledéveloppement

durable• Apporterune expertise adaptéepour l’élaboration et lamise en

œuvre de stratégies locales et nationales en matière de DD • Participeraurenforcementdecapacités• SensibiliserlescollectivitéslocalesauxnouveauxenjeuxduDDet

proposer des projets• Organiserdescolloquesetagir• InitierdesprogrammesdeCoopDec(CoopérationDécentralisée)

et les collectivités du concept de la RSE/RSO. Aussi, ils ont réitéré leur appel pour que les plus hautes autorités des Etats d’Afrique de l’ouestaffirmentuneplusfermevolontépoli-tique de faire de la RSE un axe de développe-ment stratégique.

Différentes résolutions ont été prises lors du Forum :• Contribueràlamiseenplaced’uncadreins-

titutionnel sur la Responsabilité Sociétale,• Lanceruneinitiativedepartenariatdansle

domaine de la communication sur la Res-ponsabilité Sociétale,

• Mener,avec lesentreprisessignatairesdela charte RSE & DD (Responsabilité Socié-tale des Entreprises/ Développement Du-rable), des projets structurants RSE&DD ayant un impact sur l’emploi local,

• Soutenir le développement d’un réseauRSE sous-régional,

• Initier des partenariats sous-régionaux etinternationaux dans le domaine de la for-mation qualifiante et professionnelle en RSE

Philippe Barry, Président fondateur, RSE Sénégal de Dakar

© S

andy

Hae

ssne

r

Page 7: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 7

Fondée en 1986 et reconnue légalement en 1991, L’Association Sénégalaise des Femmes Diplômées des Universités (ASFDU) vient de lancer le concept de « Gouvernance Verte ».

Aujourd’hui, l’heure est à un changement ra-dical de paradigmes de développement, face au constat d’échec des voies imposées par les Institutions financières internationales, telles que l’ajustement structurel, l’échange inégal aggravé par les effets de la mondia-

LE CONCEPT DE GOUVERNANCE VERTE

L’Initiative pour le Reverdissement de l’Afrique (ARI) s’est donnée pour mission de promouvoir les approches agro-forestières, comme la Régénération Naturelle Assistée

ATELIER DE RENFORCEMENT DE CAPACITÉ DES JOUR-NALISTES SUR LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE ASSISTÉE (RNA)

lisation. Lors de la conférence de RIO + 20 en juin 2012, le Président de la République du Sénégal a proposé le concept de « Gou-vernance Verte », comme nouveau levier des politiques économiques et sociales des pays du Sud, afin de mieux les équilibrer et les soutenir par des technologies et des modes de production écologiquement rationnels.

Comment faire de cette gouvernance verte ainsi décrite, la clé de voûte de l’éradication de la pauvreté, la voie vers l’instauration dé-finitive du développement durable ?L’ASFDU et les associations partenaires ont décidé d’accompagner le chef de l’Etat en s’inscrivant dans la dynamique de la Gouver-nance Verte. Ainsi, le 4 janvier 2013, elle a lancé le mouvement en organisant une confé-rence de presse qui a été suivie le 8 janvier par la caravane de la Gouvernance Verte. Le 18 janvier 2013, un dîner débat sur « la gou-vernance verte : rôle et place des femmes ».

Au cours de ce diner, 3 thématiques de dis-cussion ont été proposées :

• le renforcement et la sauvegarde de lapaix, de la sécurité, de la justice, de l’équi-té dans l’accès à l’éducation, à la santé, à l'emploi, notamment pour les femmes et les jeunes,

• leRéseautagedesassociationsfémininesen vue de la création de « Solidarités actives » entre femmes : universitaires, rurales, citadines, actrices de tous les secteurs de la vie économique, pour l’ex-ploitation judicieuse et responsable de nos ressources naturelles ainsi que leur valorisation, grâce à une approche plus scientifique, propre à respecter les équi-libres écologiques et à sauvegarder l’envi-ronnement.

• l’accroissementdelasécuritéalimentaire,grâce à une implication tous azimuts des femmes.

(RNA), afin de contribuer à réduire la pau-vreté rurale et à renforcer les capacités des populations à s’adapter aux changements cli-matiques.

A ce titre, les médias constituent un canal indispensable pour la communication et la diffusion des pratiques d’agroforesterie.C’est ainsi que IED Afrique et World Vision ont opté pour une plus grande implication des médias dans le processus de valorisa-tion et de diffusion des expériences agro-forestières. Cela s’est traduit en acte par une collaboration avec le Groupe de Recherche Environnement et Presse (GREP).

Dans le cadre de ce partenariat, IED Afrique (Innovations Environnement Développe-ment) en partenariat avec World Vision et le GREP, a organisé un atelier de renforcement des capacités des journalistes sur l’agrofores-terie du 26 au 28 novembre 2012 à l'hôtel Le Relais de Kaolack, Sénégal.

L’objectif général de cet atelier était de fa-miliariser les journalistes avec les pratiques agro-forestières comme la RNA, notamment à travers une présentation sur leurs impacts dans la production agricole et la lutte contre la pauvreté. L’atelier a permis de sensibili-ser les journalistes sur les limites du cadre politique et institutionnel actuel dans le do-maine de l’agroforesterie.

Les membres du GREP lors d’une visite de terrain.

Page 8: Vie magazine n°30 18 7 2013

8 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Famille

Les couches lavables sont-elles réellement plus écologiques ? Pratique bien maitrisée par nos femmes dans le temps, la couche lavable était la so-lution. Le coût du poste budget « couche » était maîtrisé, l’hygiène était sous contrôle. Il faut reconnaître que dans ce schéma, les enfants devenaient « propres » plus rapi-dement. Avec l’avènement des couches je-tables, nos femmes ont substitué les couches lavables par les premières créant ainsi un poste budget très important. Si le coût était uniquement financier, mais il peut être aussi environnemental.

La question des impacts environnementaux des couches peut faire sourire : pourtant, un enfant utilise environ 3 800 couches jetables avant d’être propre, selon l’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Ces articles d’hygiène (dont font également partie les protections féminines, les cotons, etc.) représentent chaque année une quantité importante de déchets : envi-ron 1 million de tonnes en France. S’il est vrai qu’au Sénégal, le tonnage est beaucoup moins important car il faut reconnaître que l’utilisation de couches jetables est un luxe dans nos pays en voie de développement.

LES COUCHES LAVABLES SONT-ELLES PLUS ÉCOLOGIQUES

QUE LES JETABLES ?À l’instar des lingettes nettoyantes, démaquillantes ou des couverts en plastique, les couches jetables ont l’avantage d’être pratiques : une fois utilisée, on jette la couche et on en prend une autre. Cette manière de faire, désastreuse pour l’environnement, nécessite de s’inter-roger sur nos habitudes. Depuis quelques années, les couches lavables sont vantées comme la solution à tous nos problèmes. La réalité est pourtant bien plus complexe, explications :

Page 9: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 9

Mais la tendance qui se dessine montre que nous prenons la même trajectoire que les pays développés.

Par contre, d’après le même organisme, un enfant n’a besoin que d’environ 30 couches lavables. Elles sont faites avec des matériaux plus respectueux de l’environnement : coton, bambou, chanvre, flanelle et ne nécessitent donc pas ou peu de plastique et de produits chimiques. Sans compter que le tissu res-pire mieux, un avantage indéniable pour les petites fesses fragiles de bébé. Toutefois, ces couches ont aussi leurs propres impacts environnementaux, puisqu’elles sont lavées en moyenne 137 fois : bien qu’elles produi-sent indéniablement moins de déchets, elles représentent donc une consommation im-portante d’eau et d’énergie si on utilise une machine à laver électrique.

Grâce à la méthode d’Analyse du Cycle de Vie (ACV), une étude britannique est par-venue à évaluer objectivement les impacts environnementaux (de l’extraction des ma-tières premières à la fin de vie) de ces deux types de couches.

D’après un pédopsychiatre, un enfant ac-quiert la propreté diurne entre 24 et 30 mois et la propreté nocturne entre 27 et 34 mois. Cela génère donc des impacts environne-mentaux significatifs dans 3 domaines :

l’utilisation de ressources naturelles, la pol-lution de l’eau et de l’air et, les émissions de gaz à effet de serre. Contrairement aux idées reçues, la couche lavable ne présente pas un bilan plus positif : l’une et l’autre des solu-tions génèrent environ 600 kg équivalent CO2 par an et contribuent à l’épuisement des ressources naturelles et à l’acidification atmosphérique. Les couches lavables ne constituent donc pas une solution miracle. Ce pédopsychiatre souligne toutefois que « lorsque les couches jetables n’existaient pas, les enfants étaient propres plus tôt. En effet, le lavage des couches obligeait les parents et les nourrices à être plus exigeants envers les enfants. Actuellement, un certain nombre de communautés africaines qui ne peuvent avoir des couches jetables apprennent bien plus précocement à leurs enfants à être propres. »

Les couches lavables sont-elles plus économiques ?Même si l’on intègre le budget « lessive », les couches lavables permettent de faire des économies conséquentes puisqu’elles coû-tent deux fois moins chères en moyenne que leurs homologues jetables. L’écart se creuse encore si vous avez beaucoup d’enfants, car les couches lavables peuvent être réutilisées à souhait. Pour le stockage des couches sales, investir dans un seau hermétique permet d’y déposer les couches dans un filet de lavage

que l’on referme et glisse dans la machine une fois venue l’heure de la lessive : pratique !

Comment réduire mes impacts environnementaux si je suis un(e) adepte des couches jetables ? Le consommateur est bien peu armé. En effet, les principaux inconvénients de la couche jetable se situent au niveau de sa fa-brication et du traitement des déchets. Les fabricants essaient plusieurs pistes : recours à des matières premières moins menacées d’épuisement ou renouvelables, couches plus légères, moindre recours à des pro-duits chimiques pour stériliser la couche etc. Un fabricant s’essayant dans l’économie verte a lancé des couches qui garantissent au consommateur qu’à performance égale, la couche jetable entraîne moins d’impacts environnementaux. Enfin, méfiez-vous des couches dites biodégradables qui ne le sont jamais entièrement, aussi jetez-les avec le reste de vos ordures ménagères.

Comment réduire mes impacts environnementaux si je suis un(e) adepte des couches lavables L’utilisateur a plus de possibilités avec les couches lavables : il s’agit d’adopter des ré-flexes simples (laver les couches dans des machines remplies et à 60% maximum, in-vestir dans une machine classée A/A/A ou s’en passer, sécher les couches à l’air libre et non pas au sèche linge, recourir à des les-sives respectueuses de l’environnement, do-ser la lessive raisonnablement, ne pas repas-ser les couches). Enfin, si la couche n’est pas usée, elle peut tout à fait être réutilisée pour un autre enfant.

Couches lavables vs couches je-tables : match nul ? Difficile de trancher. Sur le plan écono-mique, l’avantage est net pour les couches lavables. La question des impacts environne-mentaux est beaucoup plus ambiguë : l’une comme l’autre des solutions présentent des défauts qu’il faut essayer de minimiser. Pour le confort de l’enfant, si la couche lavable est débarrassée de produits chimiques, elle peut en revanche causer plus d’irritations si l’en-fant reste longtemps mouillé car elle s’avère légèrement moins absorbante. Enfin, le re-cours à des couches lavables s’avère un peu plus contraignant, mais cela s’estompe avec de l’organisation et de l’habitude. À vous de trancher, mesdames…

Marième NDOUR

un enfant utilise environ 3 800 couches jetables avant d’être propre

‟”

Page 10: Vie magazine n°30 18 7 2013

10 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Développement Durable

EFFETS DE L’URBANISATION MONDIALE SUR LA BIODIVERSITÉ

Dans la plupart des capitales mondiales, les pressions sur la biodiversité augmen-tent et plusieurs indices témoignent de son déclin. La plus importante des causes de ce déclin est l’urbanisation qui parti-cipe de façon importante à la perte et à la dégradation des habitats. En Afrique, les pressions exercées sur la biodiversité par

nos milieux urbanisés sont d’autant plus exacerbées que plus de la moitié des popu-lations vit en milieu urbain. Si les tendances actuelles se maintiennent, l’urbanisation planétaire aura des réper-cussions importantes sur la biodiversité engendrant des conséquences sur la santé humaine et le développement.

Occupation anarchique à proximité de l’aéroport de Dakar

Page 11: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 11

La biodiversité urbaineLa biodiversité urbaine se définit comme la variété des organismes vi-vants, y compris leurs variations génétiques, de même que la multipli-cité des habitats, dans les établissements humains et autour de ceux-ci. La diversité des écosystèmes urbains est en effet caractérisée par la présence et l’influence marquée des humains. Cette biodiversité rend des services écologiques dont certains sont particulièrement utiles. Parmi eux, on peut citer : • larégulationducyclehydrologique;• l’améliorationdelaqualitédel’eauetdusol;• lastabilitédesberges;• l’améliorationdelaqualitédel’air;• lamodérationdeseffetsdesconditionsmétéorologiquesextrêmes;• laluttecontrecertainesespècesnuisibles;• lemaintiendesespècesparladispersiondesgrainesetlapollinisa-

tiondesvégétaux;• l’améliorationdelaqualitéducadredevie;• l’accroissementdesrevenus.

Selon une nouvelle étude de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB) intitulée « les villes et les perspectives de la biodiversité », les schémas d’expansion des terres urbaines anticipés influenceront la biodiversité et les écosystèmes vitaux. A partir des conclusions d'études de plus de 123 scientifiques, plus de 60 % des terres deviendront urbaines d’ici 2030. Cela représente une occasion majeure d’améliorer grandement la durabilité des villes par la promo-tion d’un développement urbain à faible émission de carbone et qui soit économe en ressources, pouvant ainsi réduire les effets négatifs sur la biodiversité et améliorer la qualité de la vie, selon ces mêmes résultats.

L’urbanisation mondiale s’est faite progressivement. Il est vrai qu’il y a eu une accélération du processus ces deux dernières décennies avec l’atteinte d’un point de non retour en 2008 où pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de la moitié de la population hu-

maine vivait en milieu urbain. Cette tendance devrait s’alourdir puisque l’aire urbaine mondiale totale devrait tripler entre 2000 et 2030, avec une population urbaine qui pourrait doubler et atteindre jusqu’à 4,9 milliards d’individus. D’ici 2030, les villes du monde en développe-ment, grandes et petites, abriteront 81 % de la population urbaine de la planète. Cette situation risque d’entrainer une pression énorme sur l’environnement en général et la biodiversité en particulier.

La pression des villes sur l’environnement et la biodiversité Cette expansion urbaine pèsera lourd sur les ressources en eau (qualité et quantité) et les autres ressources naturelles disponibles en plus de consommer des terres agricoles et des milieux «naturels». Dans l’étude de la CDB, il est mentionné que l’expansion urbaine est plus rapide dans les régions qui se situent près des points chauds de biodiversité et près des zones côtières. Dans les régions à urbanisation rapide, comme en Afrique sub-saharienne, en Inde et en Chine, les ressources nécessaires à la mise en œuvre et à la planification urbaine durable font souvent défaut. La ville s’accroît alors anarchiquement, sans cohérence et sans adéquation avec les systèmes d’assainissement et de fourniture d’eau et d’énergie, ce qui contribue à détériorer durablement l’environnement. Au Sénégal, cette emprise des espaces jusque-là dédiés à d’autres fins, occasionne des conséquences catastrophiques lors des pluies abon-dantes (phénomènes d’inondation récurrents et qui s’amplifient d’année en année).

Le rôle de la biodiversité en ville Dans un plan d’aménagement bien pensé, les villes peuvent mainte-nir leur biodiversité. Au cœur de la ville, le maintien des espaces verts

Occupation de la mangrove de la Somone

L’expansion urbaine est plus rapide dans les régions qui se situent près des points chauds de biodiversité et près des zones côtières ”

Page 12: Vie magazine n°30 18 7 2013

12 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

urbains rend de nombreux services comme la captation et la filtration des poussières ainsi que l’absorption du dioxyde de carbone de l’air, améliorant ainsi la qualité de l’air. Ainsi, une étude menée au Royaume-Uni démontre qu’une augmentation de 10% en couvert forestier dans les villes peut entraîner une diminution de 3-4 °C de la température ambiante, ce qui réduit l’énergie utilisée pour la climatisation l’été. Aujourd’hui tous les jar-dins de Dakar ont été détruits alors qu'il y en avait un dans chaque quartier il y a à peine 20 ans. L'un des rares encore « sur pied » est le jardin de Fann Hock et ceci grâce à la mo-bilisation des jeunes du quartier. De surcroît, on sait que la biodiversité urbaine fournit également d’importants avantages pour la santé humaine. Des études ont démontré que la proximité des arbres peut réduire la préva-lence de l’asthme et des allergies chez les en-fants.

Aujourd’hui, dans le cadre du développe-ment durable, la planification urbaine doit être bien pensée. Elle devrait aborder les en-jeux de biodiversité ainsi que d’autres priori-tés telles la réduction de la pauvreté, l’emploi, le logement, et peut engendrer des effets posi-tifs sur la santé et sur l’environnement.

Les grandes tendances de l’urbanisation dans le monde Les tendances d’urbanisation varient d’un continent à un autre. Mais on peut citer quelques cas de réussite comme celui des péages urbains dans certaines grandes villes européennes (Londres, Stockholm, Milan, Bogota...). Dans certaines villes, des me-sures de fermeture des routes aux voitures les week-ends, ont permis l’amélioration du sys-tème de transport des autobus et la création de pistes cyclables. Résultat : les résidents ont accru leurs activités physiques tout en rédui-sant leurs émissions de gaz à effet de serre, ce qui permet de lutter contre le fléau de l’obé-sité tout en limitant le réchauffement clima-tique.

L’urbanisation en Asie D’après cette même étude, le continent asia-tique concentrera la moitié de l’augmenta-tion mondiale des terres urbaines pour les 20 prochaines années. Les changements les plus extensifs se produiront en Chine et en Inde. La croissance des pôles urbains en Inde (tel le corridor industriel Mumbai-Delhi) est susceptible de transformer des régions en-tières, avec des impacts significatifs sur les habitats et la biodiversité. La perte de terres agricoles découlant de l’urbanisation, com-binée avec une planification des chaînes ali-mentaires insuffisante, devrait affecter lour-dement la sécurité alimentaire de la future population croissante de l’Inde. Toutefois, l’urbanisation modifiera les modes de vie, ce qui pourrait diminuer la pression sur les fo-

rêts vu un usage réduit de bois et de charbon comme source d’énergie. En Chine, les aires urbaines s’étendent de plus en plus sur les aires protégées. L’urbanisation en Afrique L’Afrique s’urbanise plus rapidement que tout autre continent, et la majorité de la croissance démographique se produira dans les villes de moins de 1 million d’habitants. Malheureu-sement, ces villes ont souvent des structures de gouvernance faibles, des niveaux élevés de pauvreté et une faible capacité scientifique en ce qui a trait à la biodiversité. Etant donné que la plus part des populations de ce conti-nent dépendent des services fournis par les écosystèmes (par exemple : les ressources en eau et aliments), on risque de connaître des situations encore plus alarmantes. L’urbanisation en Amérique latine et dans les Caraïbes Le nombre de villes dans la région a été multiplié par 6 au cours de ces 50 dernières années. L’étalement urbain causé par le loge-ment de populations à faible revenu se pro-duit souvent dans des zones d’intérêt pour la biodiversité et les services éco systémiques, tels que les zones humides ou inondables. Celles-ci sont considérées à tort comme étant de valeur marginale par les planificateurs.

L’urbanisation en Europe et en Amérique du Nord En Europe, le taux d’urbanisation actuel est de 70-80 %, et la croissance urbaine des récentes décennies a majoritairement pris la forme d’un étalement urbain plutôt que d’une densification urbaine. Ainsi, plusieurs villes d’Europe et d’Amérique du Nord ont

vu leurs populations centrales se réduire ou évoluer en même tant que l’étalement des constructions en banlieue et dans les zones ex-urbaines.

Les différentes stratégies d’amé-nagement La restauration ou le verdissement de sites par les autorités des villes peuvent appuyer les efforts pour l’atteinte de l’objectif de 15 % des écosystèmes qui devront être restaurés d’ici 2020. Les politiques mises en place doi-vent aider à prévenir l’extinction des espèces à travers la recherche et les investissements via les zoos, les aquariums et musées, plu-sieurs d’entre eux étant gérés par les villes. Pour établir un plan d’aménagement durable et cohérent, les villes doivent tenir compte des contraintes suivantes :1. Préserver, entretenir ou conserver les mi-lieuxnaturels;

2. Créer des espaces verts publics qui parti-cipentàlabiodiversitéurbaine;

3.Aménagerdescontinuitésécologiques;4. Urbaniser en favorisant la conservation surlesite;

5. Diminuer le stress et la pollution des mi-lieuxnaturels;

6. Tisser un ensemble d’espaces propices à la biodiversité;

7. Restaurer les milieux naturels dégradés.

En résumé, les villes peuvent mettre en avant ces stratégies promouvant la biodiversité en utilisant des outils de planification, de régle-mentation, de protection, d’intervention et de promotion, de même que des dispositifs fiscaux et financiers.

Jacques Momar NDIAYE

Engagement des femmes de Joal Fadiouth pour la préservation de leur environnement

Page 13: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 13

Par une nouvelle approche inclusive et nationale, le projet « Beylene Sen Tol » se propose d’implanter définitive-

ment, dans toute la région de Kaffrine, les bonnes pratiques visant à la préservation de l’environnement. S’inscrivant dans la conti-nuation du projet Beysatol, le projet Beylene Sen Tol vise à l’amélioration durable des conditions économiques et environnemen-tales des populations à plus grande échelle par la vulgarisation de la technique de la ré-génération naturelle assistée (RNA). En effet, la régénération du milieu naturel peut être utilisée comme moyen de lutte contre la dé-térioration progressive des terres de culture qui découle d’une longue monoculture ara-chidière, de la surexploitation et la mau-vaise gestion des ressources naturelles.

Le projet Beylen Sen Tol, comme le précé-dent, est mené en collaboration avec les ser-vices techniques déconcentrés (Eaux et Fo-rêts, Elevage, etc.) et certaines structures de recherche et de conseil en agriculture (Insti-tutSénégalaisdeRechercheAgricole,ISRA; Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural,ANCAR)et les conseils ruraux ; ces

A l’instar de la plupart des pays du Sahel, le Sénégal est confronté depuis des décennies à la pauvreté plus accrue en milieu rural, en particulier dans les zones Centre, Sud et Nord Est. Ceci s’explique surtout par les déficits pluviométriques récurrents qui, combinés aux facteurs anthropiques (des pratiques culturales inadaptées, des feux de brousse permanents, des coupes abusives, et), ont sérieusement affecté les grands équi-libres écologiques, entraînant une dégrada-tion des ressources naturelles avec comme corollaire une paupérisation croissante des ménages ruraux. En fait, la surexploitation

LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE ASSISTÉE (RNA) : « BEYSATOL »

UN MOYEN DE LUTTE CONTRE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT,

L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA PAUVRETÉ

des ressources naturelles pour répondre aux besoins agricoles, pastoraux et énergétiques (domestiques) a entraîné une dégradation de la base de production dont les conséquences sont : l'érosion hydrique et éolienne, la baisse de la fertilité des terres, la baisse des rende-ments agricoles, l’insécurité alimentaire, l’exode rural, etc.

C’est dans ce contexte qu’a été lancé le projet « Beysatol » qui a connu un grand succès dans la région de Kaffrine. Par la suite, World Vi-sion Sénégal a lancé un nouveau programme appelé « Beylene Sen Tol ».

Un champ où est pratiquée la régénération naturelle assistée

Page 14: Vie magazine n°30 18 7 2013

14 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

derniers étant les « goal owners » de toutes les interventions et des acquis.

La pratique massive de la RNA devrait per-mettre aux populations d’atteindre la sécu-rité alimentaire tout en préservant l’envi-ronnement et en développant des activités génératrices de revenus (maraîchage, plan-tation d’arbres fruitiers, commercialisation des fruits forestiers, apiculture, …). Le projet Beylene Sen Tol, bien qu’adressé aux paysans en priorité, touchera directement 20 250 per-sonnes et indirectement 302 000 personnes.

Pratique de la RNAA l’évaluation du projet Beysatol, la pratique de la RNA appliquée sur 39 315 hectares soit environ 55% du territoire, avait permis une amélioration de la fertilité des terres qui s’est traduite par une augmentation du ren-dement de culture (jusqu’à 60% selon une étude comparative menée par une équipe de chercheurs de l’ISRA, Institut Sénégalais de Recherche Agricole). Cette pratique a égale-ment entrainé une augmentation du couvert végétal grâce à une sensibilisation des popu-lations qui ont alors évité les coupes abusives pour les besoins énergétiques (bois pour la cuisine). Le projet Beylen Sen Tol vise à consolider ces acquis en disséminant la pra-tique de la RNA sur au moins 90% de toute la région de Kaffrine. Pour accompagner cette dynamique, le projet va faciliter pour les

producteurs l’acquisition de foyers améliorés utilisant moins de charbon de bois et pouvant même utiliser des coques d’arachide pour la cuisson afin de limiter les coupes abusives de bois pour les besoins énergé-tiques. Comme mesure incitative, les agriculteurs pratiquant la RNA seront favorisés dans l’obtention de ces fourneaux écono-miques.

Aujourd’hui, le lien existant entre l’environnement (pré-servé grâce à la pratique de la RNA), la sécurité ali-

mentaire et le bien être de l’enfant est bien établi et compris par les populations béné-ficiaires grâce aux retombées des stratégies développées par le projet. La participation des femmes dans la réalisation du projet Baysatol était notoire, mais limitée par leur faible pouvoir de décision sur les questions touchant la gestion des terres du ménage (elles ne sont pas propriétaires de terres). Ainsi, le projet Beylen Sen Tol souhaite en-courager une reconsidération du statut de la femme aussi bien au niveau communautaire qu’au niveau législatif surtout pour ce qui concerne l’accès à la terre pour mener des activités agricoles.

Sensibilisation, formation et plai-doyerEn matière de communication concernant la RNA et son impact positif sur la protection de l’environnement, le projet Beysatol était parvenu à sensibiliser toutes les couches de la société en impliquant les enseignants des écoles et des Dahras (pour la sensibilisation des jeunes), les chefs religieux (importants moteurs de communication auprès des po-pulations), en investissant les lieux de re-groupement, etc. Beylen Sen Tol se donne comme objectif de sensibiliser davantage les producteurs sur les avantages et la finalité de la RNA pour convaincre les plus réticents et pérenniser sa pratique, de mieux diffuser les bonnes pratiques en matière de pratique de la RNA auprès des autorités locales et

nationales pour son intégration dans la po-litique agricole, faire un lobbying au niveau des autorités nationales pour l’introduction du module « Environnement / RNA et sécu-rité alimentaire» dans le curriculum des pro-grammes d’école. Cependant, cette visibilité sera plus grande si les champs en bordure de route intègrent le projet RNA comme le sou-haiteraient les responsables du projet Beylen Sen Tol.

Pour augmenter la probabilité de réussite de la RNA, le projet Beylen Sen tol se propose d’épauler un certain nombre de pépinières forestières communautaires afin de produire des plants du Dimba (Cordyla pinnata) et de Venn (Pterocarpus erinaceus). Ces der-niers seront plantés dans les champs pour renforcer les régénérations naturelles, du fait de leurs qualités fertilisantes et fourragères. Ces derniers seront plantés dans les champs pour renforcer les régénérations naturelles, du fait de leurs qualités fertilisantes et four-ragères. Pour mieux impliquer les femmes dans la protection de l’environnement, un groupe de 60 femmes sera formé et servira de vec-teurs pour le reste de la communauté. Leur travail sera facilité en véhiculant des mes-sages de sensibilisation par le biais des ra-dios locales, du porte à porte voire même de caravanes mobiles. Cependant, une sen-sibilisation particulière sera dirigée vers les populations migratoires telles que les peulhs pour éviter qu’ils abattent les jeunes arbres sous RNA, ce qu’ils ont tendance à faire sur leur passage.

Vers une modélisation de la RNAIl est certain, vu son succès et son impact sur l’environnement, que la RNA sera appelée à être appliquée un peu partout au Sénégal. Ainsi, un modèle d’application de la RNA pourrait être intéressant à l’avenir. Ce pour-quoi, le projet Beylen Sen Tol souhaiterait anticiper sur cette demande en développant un modèle sur des sites pilotes à Fatick et à Kolda, deux sites totalement différents par la géologie, la faune et la flore.

Penda SARREnvironnementaliste

Diabou Gaye, une pionnière de la RNA

La pratique massive de la RNA de-vrait permettre aux populations d’atteindre la sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement et en développant des activités gé-nératrices de revenus ”

Page 15: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 15

CLIMAT : UN ACCORD DÉCEVANT AU SOMMET DE DOHA

Changements Climatiques

Malgré la menace qui pèse sur notre planète, les 192 pays, réunis pour prolonger le protocole de Kyoto, n’ont pas pu trouver un terrain d’entente. N'eut été le « dirigisme » du vice-Premier ministre qatari Abdallah al-Attiya qui présidait les débats, le fiasco risquait d’être total. C’est la première fois que les négociations sur le changement climatique ont lieu au Moyen-Orient. La conférence a attiré environ 9 000 participants, dont 4 356 personnalités gouvernementales, 3 956 représentants d’or-ganes et institutions des Nations Unies, d’organisations intergouvernementales et d’organisations de la société civile, et 683 membres des médias. Les représentants des 192 pays présents se sont sépa-rés avec un accord (si on peut l’appeler ainsi) minimal qui ne fâche pas mais ne satisfait personne…

Page 16: Vie magazine n°30 18 7 2013

16 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Les accords de Kyoto prenant fin en 2015, il convenait lors du sommet de Doha de pro-roger le protocole de Kyoto, seul accord légal contraignant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La nécessité de trouver un accord qui engage tous les États était d’au-tant plus urgente que la situation de la pla-nète devient de plus en plus préoccupante. D’après de nombreux experts, si la situation actuelle est maintenue, la température de la planète se dirige dangereusement vers une hausse de 3°C à 5°C de la température glo-bale alors qu’au delà de 2°C, le système cli-matique risque de s’emballer. Aujourd’hui, la majorité des pays ressent les conséquences du réchauffement climatique (inondations, sécheresses, événements extrêmes tels que les tempêtes, les feux de brousse, etc.), mais quand il s’agit de prendre des mesures har-dies pour lutter contre ce réchauffement par la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) responsables, la table de négo-ciation se vide.

L’accord de Doha vers Kyoto 2L'accord principal signé à Doha est le lance-ment de la seconde période d'engagement du protocole de Kyoto (Kyoto 2), qui contraint l'Union Européenne, l’Australie et une di-zaine d’autres pays industrialisés à réduire leurs émissions de GES entre janvier 2013 et décembre 2020. Quand on sait que ces pays ne représentent que 15 % des émissions de gaz à effet de serre, on peut douter de l’im-pact d’un tel accord. Les principaux pol-lueurs que sont les Etats Unis (qui n’avaient même pas ratifié Kyoto), le Japon, la Russie, le Canada (qui s’est re-tiré de Kyoto) et la Chine ont re-fusé de s’engager. Devant de tels comportements, peut-on encore parler de solidarité mondiale ? Le second point important est d’ordre financier. Les pays du Sud s’attendaient à la création d’un fond pour financer leur adap-tation au réchauffement clima-tique. Ces pays, très attachés au protocole de Kyoto, jugent que c’est le seul instrument légal sur le climat. Les pays du Sud espé-raient des pays développés qu’ils s’engagent à verser 60 milliards de dollars d’ici 2015, permettant d'assurer une transition entre l’aide d’urgence de 30 milliards de dollars (USD) pour 2010-2012, et la promesse des 100 milliards de dollars (USD) par an d’ici 2020.

A Doha, on est resté à l’état de promesse sans engagement ferme des principaux pollueurs qui reconnaissent leur «responsabilité histo-rique» sur le dérèglement climatique.

La question de l’air chaud a été l’un des plus importants points d’achoppement. Cette question concerne le surplus de quotas d’émissions de GES hérités de Kyoto 1, soit 13 milliards de tonnes équivalent CO2, détenus principalement par la Russie, l’Ukraine et la Pologne. Un droit de polluer en somme. De nombreux pays s’inquiètent de l’utilisation de ces crédits, mettant en avant qu’ils ne per-mettent de réduire les GES que sur le papier.

Le troisième point a porté sur le processus qualifié de « coopération à long terme ». Il s’est agi de lancer le processus d’adoption, d’ici à 2015, d’un accord (dont la forme n’est pas encore connue) bien plus contraignant pour les pays au niveau de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, devant être appliqué dès 2020.

Le quatrième point s’est appesanti sur le principe de « Loss and Damage » ou « pertes et dommages » qui prévoit des compensa-tions destinées aux sinistrés des catastrophes liées aux changements climatiques. Ce point a rencontré une opposition farouche des Etats Unis et d’autres pays du nord. Les pays devraient se retrouver dans 3 ans pour conclure un accord « universel » sur les réductions de gaz à effet de serre. Accord qui n’entrerait en vigueur qu’en… 2020.

Un accord pour rienA la lecture du communiqué final, la réac-tion des ONG ne s’est pas fait attendre. Six grandes ONG, Action Aid, Christian Aid, Oxfam, Greenpeace, WWF et Friends of the Earth, ont fustigé l’attitude de certains pays comme les États-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Russie et la Pologne, et le manque de leadership de l’Union Européenne et de l’Australie. Dans un communiqué intitulé « les négociations de Doha enterrent l’action internationale pour le climat dans le désert », les organi-sations dénoncent le manque de volonté politique des pays industrialisés et la capitu-lation des pays en développement. Ces der-niers ont dû se contenter d’un accord qui ne mène ni vers la réduction effective des gaz à effet de serre et le financement des besoins en adaptation, ni vers un accord plus musclé pour 2015 assurant une « transition réussie ». « Pour stabiliser le climat, il faudrait que les Américains divisent par dix leurs émissions et les Européens par quatre » détaille un cli-matologue. Cette mutation ne peut pas se faire du jour au lendemain mais se dérober est un risque pour l'avenir de notre planète.

Pr Adams TIDJANISynthèse réalisée à partir de Alerte google

Doha

Destruction des édifices côtiers du fait de l’érosion côtière accentuée par le changement climatique

Devant de tels comportements, peut-on encore parler de solida-rité mondiale ? ” ‟

Page 17: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 17

LE RIZ, ALIMENT SAIN PAR EXCELLENCE

Santé &Environnement

Le riz est une céréale qui représente la nourriture de base de plus de la moitié de la population mondiale. Il pousse dans les régions tropicales, le plus souvent sous l’eau, dans les rizières, mais parfois sur un ter-rain sec. Cet aliment est entouré de légendes et de symboliques : les croyances anciennes démontrent les pouvoirs mystiques du riz et se traduisent par de nombreux rites. Ainsi, pour purifier un terrain avant la construction d’une maison on procède à l’éparpillement de grains de riz pour chasser les mauvais esprits. Nous connaissons tous le lancer de riz sur les nouveaux mariés. Tradition païenne fort ancienne, cette pratique symbolise la fertilité, la prospérité mais aussi la force. Il est également censé éloigner les mauvais esprits des époux et rendre leur union fructueuse.

Du fait de la longévité des asiatiques dont le riz, ce glucide lent, est la principale nourriture, on peut imaginer qu’il a des vertus qui ne sont pas évidentes au Sénégal dont le riz est également la principale alimentation ! Est-ce dû au mode de cuisson ? Sachez que depuis l’indépendance, en 1960, la consom-mation de riz au Sénégal a augmenté de près de 1 000 % en 4 décennies et se situe actuellement à environ 1,5 million de tonnes par an.

Epis de riz

Page 18: Vie magazine n°30 18 7 2013

18 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Le riz est la première céréale mondiale pour l’alimentation humaine, la deuxième après le maïs pour le tonnage récolté. Pratique et facile à cuisiner, le riz s’intègre à l’élaboration de nombreux plats et possède de nombreuses qualités. Il offre également des applications médici-nales de taille pour lesquelles on exploite les rhizomes, les grains et les graines germées. Le riz blanc est le grain qui reste une fois le son et le germe retiré, le riz brun conserve le son et le germe. Le riz est tout d’abord une importante source d’énergie. Appartenant à la famille des féculents, il apporte des protéines végétales et contient des glucides complexes lents. Ces derniers sont libérés progressive-ment dans l’organisme et fournissent l’énergie au fur et à mesure des besoins. Le riz ne fait donc pas grossir !

Propriétés généralesD’après des études épidémiologiques, la consommation de riz com-plet permettrait de réduire les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et même de certains cancers. Ces propriétés se-raient liées à la synergie entre les nombreux composés qu’il contient, tels les fibres, les antioxydants, les vitamines et les minéraux. Le riz complet est constitué de grains entiers pour lesquels la couche ex-terne – ou son – n’a pas été enlevée, les bienfaits nutritionnels y sont donc optimaux. Et désormais inspirés par la conservation des nu-triments du grain de riz complet, les industriels ont mis en place de nouvelles façons de conserver les vitamines et minéraux dans le riz blanc !

La consommation de riz est recommandée pour les personnes at-teintes de la maladie cœliaque qui est une affection auto-immune. Ces patients sont intolérants au gluten (protéine présente dans le grain de nombreuses céréales) et toute absorption de ce fameux glu-ten peut conduire à des troubles intestinaux importants : malabsorp-tion intestinale débouchant sur des carences alimentaires. Le riz ne contenant pas de gluten, les cœliaques peuvent donc en manger en toute tranquillité.

Le riz permet également de lutter conte la déshydratation. L’amidon de riz blanc aurait la propriété de réduire les pertes d’eau par l’orga-nisme. L’eau de riz blanc est souvent utilisée dans les pays asiatiques pour réhydrater. Si vous avez l’intestin fragile, le riz blanc est tout

indiqué. En effet, le riz blanc est une céréale très douce pour l’intestin, car après sa digestion, cette céréale ne laisse pas beaucoup de résidus.

Propriétés spécifiquesLe riz renferme un fort taux d’hydrates de carbone (87% pour le riz blanc;noncuit).RicheenvitamineB(acidefoliqueetpyridoxine)ilcontient également du fer et du potassium. Le riz blanc est très pauvre en graisse (autour de 1%), par contre le riz brun en contient un peu plus. Le riz renferme une petite quantité de sodium et ne contient pas de cholestérol. En plus de tout cela, le riz est tonique, diurétique, di-gestif et régule la sudation. Certaines études ont démontré que c’est un hypotenseur auquel s’ajouteraient des propriétés anti-inflammatoire et anti-diarrhéique.

IndicationsConsommerdu riz en casdedyspepsie chronique ; idéal contre lesbrûlures d’estomac principalement liées à la grossesse. Cependant, lorsque vous souffrez d’hypercalcémie, il est préférable de consommer du son de riz.

Il a été prouvé qu’en appliquant un cataplasme de farine de riz sur les inflammations cutanées du type acné, rougeole, brûlures et hémor-roïdes, vous guérissez très rapidement. Pour les femmes, il est conseillé d’augmenter la consommation de riz avant la menstruation.Les graines de riz traitent les affections urinaires alors que l’eau du riz facilite la disparition des maux d’estomac. Par contre, les graines de riz germés peuvent traiter les ballonnements abdominaux, le manque d’appétit et les indigestions.

ConclusionIl faut savoir que des découvertes scientifiques ont démontré que le riz était une source d’alimentation humaine presque parfaite, avec un équilibre idéal entre protéines, lipides et glucides. Le germe et le son, bien que souvent éliminés au cours du polissage, sont riches en vita-mines (en particulier B1), en minéraux, en fibres et en enzymes. De telles découvertes ont aidé à renouveler l’intérêt pour le riz comme clef d’un régime sain.

wLucie PARROTNutritionniste

Page 19: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 19

Mettre un couvercle sur les casseroles, chaudrons et poêles vous permet d’économiser pas mal d’énergie

tout en vous permettant de faire mieux cuire vos aliments et plus rapidement. Sachez que pour garder 1,5 litre d’eau en ébullition, il faut une puissance de 720 watts alors que 190wattssuffisentavecuncouvercle.Ladif-férence est énorme ! Ce seul geste peut vous faire économiser des milliers de francs CFA par an.

Vérifier la consommation d’énergie lors de l’achat de vos appareils électriques est un geste très important. Habituellement, les appareils les moins chers sont également ceux qui consomment le plus (par exemple, les postes téléviseurs plasma consomment beaucoup plus d’énergie que les téléviseurs LCD, ce qui explique leur différence de prix). Payer un peu plus cher à l’achat peut vous faire économiser sur le long terme. En achetant des appareils à faible consom-mation, vous pouvez économiser jusqu’à 50 % de votre facture d’électricité. Aidez-vous des étiquettes énergie pour faire votre choix (Figure 1).

Eviter l’eau de javel car elle est très nocive pour l’environnement. Dans la plupart des cas, elle n’est pas nécessaire. Saviez-vous que le vinaigre blanc était un très bon détachant ? En effet, selon son taux d’acidité il peut s’avé-rer très efficace en plus d’être écologique ! Il nettoie très bien le calcaire, les vitres, idéal

GESTES ECOLOGIQUES POUR UN QUOTIDIEN PLUS RESPONSABLE ET PLUS DURABLE

Combien de gestes destructeurs de l’environnement faisons-nous par jour ? Ne pas éteindre les lampes, laisser fonctionner la climatisation quand on est absent de la pièce, laisser couler l’eau quand on se lave les mains ou se brosse les dents, etc. Tous ces petits gestes accumulés dans la journée ne font qu’augmenter notre empreinte écologique, qu’on gagnerait à réduire pour le bien de la planète. Pourtant, dans notre vie de tous les jours, certains gestes extrêmement simples peuvent nous aider à économiser de l’énergie sans effort. Le tout est d’essayer d’y penser …

comme liquide de rinçage dans les lave-vais-selle ou encore comme antirouille d’objets métalliques en les laissant tremper une nuit.Laver son linge à l’eau froide est aussi effi-cace que de laver à l’eau chaude. De nos jours avec les nouveaux détergents et les textiles modernes l’eau chaude ne sert plus à rien. Un lavage à 40°C consomme 3 fois moins d’électricité qu’un lavage à 90°C. En lavant à l’eau froide, vous pouvez économiser un bon pactole.

Eteindre l’ordinateur lorsque vous n’en avez pas besoin ou le mettre en veille lorsque vous partez pour quelques minutes ne vous coûte rien et permet d’économiser de l’énergie. En effet, plus la puissance des ordinateurs aug-mente, plus ils consomment. Sachez qu’al-lumer fréquemment un ordinateur ne l’en-dommage pas.

Adapter le jardin au climat de votre région est certainement la meilleure façon d’éco-nomiser de l’eau et de votre temps. Soyez un peu régionaliste et montrez fièrement que vous aimez les plantes qui poussent près de chez vous. S’il fait un peu plus chaud que la normale, acceptez que votre gazon devienne jaune.

Jacques Momar NDIAYEEnvironnementaliste

Les populations s’investissant dans la restauration de la mangrove

Page 20: Vie magazine n°30 18 7 2013

20 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

LA GRANDEMURAILLE VERTELA RESTAURATION DES TERRES ARIDES

Stratégies

L’initiative de mise en place de la « grande muraille verte » a débuté en 2007. Projet d’en-vergure, supporté dès le départ par plusieurs États africains, la Grande Muraille Verte (GMV) s’est rapidement identifiée comme une réponse politique africaine à la déserti-fication. Pour rappel, la GMV a pour objectif de relier Saint-Louis du Sénégal à Addis-Abeba en Éthiopie par une barrière forestière de 15 km de large et 7 000 km de long. Cette barrière vise à bloquer voire inverser le processus de désertification qui dévaste cette immense région depuis 1973.

Aujourd’hui, certaines régions sont fortement touchées par la désertification, en particulier les zones arides comme le Sahel, souffrant depuis plusieurs décennies d’un déficit pluviométrique

qui en a bouleversé les grands équilibres écologiques. Dans le Sahel, zone intermédiaire entre les régions désertiques et tropicales, ce proces-sus de désertification est accéléré par une multi-tude de facteurs tels que le manque de ressource en eau, la surcharge pastorale, la coupe du bois pour de multiples usages, les politiques foncières inadéquates, une mauvaise gouvernance et une méconnaissance générale de l’importance et de la vulnérabilité des écosystèmes.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel, l’une des actions phares retenue par les pays pour freiner cette avancée du désert, est la restauration des terres arides qui revêt une importance primordiale pour le futur des po-pulations qui y vivent. En effet, plus que nulle part ailleurs, les forêts des zones arides jouent un rôle important dans la conservation de la biodiversité. Elles abritent des espèces uniques et endémiques particulièrement adaptées aux conditions écologiques extrêmes. Elles fournis-sent aussi des biens et des services essentiels qui sont à la base des moyens d’existence et du bien-être des populations.

La restauration des terres arides : un défi mondialEn s’inscrivant dans une logique de développement durable, bien gérées et en bonne adéquation à leur environnement, les forêts des zones arides peuvent permettre d’affronter et d’adresser, de fa-çonefficaceetefficiente,desenjeuxmondiauxcomme lapauvreté,

Engagement des populations dans la réalisation de la grande muraille verte

Page 21: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 21

l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les changements clima-tiques, l’érosion et la désertification.

Ainsi, sur recommandation de ses membres, la FAO a lancé, à l’occa-sion d’un premier atelier international co-organisé avec la Turquie et la Coopération Technique Allemande (GIZ) à Konya, en Turquie, en mai 2012, le processus pour l’élaboration des lignes directrices pour la restauration des forêts et des terres dégradées dans les conditions environnementales, socio-économiques et culturelles contraignantes. Cette démarche vise ainsi à contribuer à la mise en place de paysages forestiers résilients en zones arides.

Cette initiative contribue à la mise en œuvre de la stratégie décennale de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertifi-cation (CCD) (2008-2018), du plan stratégique de la Convention des Nations Unies sur la Biodiversité (2011-2020) et aux efforts d’atté-nuation et d’adaptation aux changements climatiques. Enfin, elle vise à contribuer à la réalisation des objectifs du Défi de Bonn « Bonn

Challenge » pour la restauration de 150 millions d’hectares de terres dégradées et à la mise en œuvre de programmes de développement comme l’initiative africaine de la Grande Muraille Verte pour le Sa-hara et le Sahel qui concerne plus de 20 pays dans l’ensemble du pour-tour Saharien (Afrique du Nord, Sahel et Corne d’Afrique).

Le Sénégal, reconnu comme leader dans la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte, a naturellement été choisi pour abriter le deu-xième atelier pour l’élaboration des lignes directrices à partir de l’ana-lyse et des acquis de son expérience (pendant les visites de terrain) et également à cause de l’expertise de qualité présente ici.

Atelier d’élaboration des lignes directrices pour la res-tauration des terres aridesC’est ainsi que s’est tenu à Dakar, du 25 au 28 février 2013, un atelier autour de la thématique « Pour des paysages forestiers résilients aux changements globaux en zones arides : des lignes directrices ». Cet atelier - organisé conjointement par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable du Sénégal, la Direction des Eaux, Fo-rêts, Chasses et de la Conservation des Sols du Sénégal, l’Agence Na-tionale de la Grande Muraille Verte, Sénégal, le Ministère des Affaires Forestières et de l’Eau de la Turquie, l’Agence Turque de Coopération Internationale (TIKA), la Commission de l’Union Africaine (CUA) et enfin, l’Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimen-tation (FAO) - a regroupé des experts et représentants d’Institutions gouvernementales et régionales, de recherche, des ONGs du secteur

privé, des partenaires de développement en matière de restauration des terres arides (semences, pépinières, techniques de plantation, gestion et conservation des eaux et des sols, régénération naturelle assistée).Au cours de cette rencontre, le texte sur les « Lignes directrices pour des paysages forestiers résilients aux changements globaux en zones arides » a été validé, accompagné de recommandations dont l’une est de le finaliser pour qu’il soit disponible, dans le cadre de la COP 11 (Convention des parties) de la CCD (Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification), en septembre 2013. En complément de ces lignes directrices globales, il a été signalé la né-cessité de développer dans chaque pays concerné, d’autres outils pour rendre plus opérationnelles ces lignes directrices au contexte local (par exemple des fiches techniques). Les défis communs, entravant la réussite des initiatives de restauration des terresarides,ontégalementétéidentifiés;parmiceuxci,onpeutciter:- les défis techniques (disponibilité et qualité des semences, nécessité

d’une meilleure connexion entre la recherche et le développement, manque de capacités à différents niveaux en matière de gestion du-

rable des ressources naturelles, conservation des sols/ utilisation des eaux usées traitées pour la restauration, etc.),

- les défis liés aux conditions biophysiques contraignantes (disponi-bilité / gestion des ressources en eau, érosion hydrique et éolienne, sécheresse, changement climatique),

- les défis d’ordre institutionnel (régime foncier / accès limité aux res-sourcesparlescommunautés,insuffisancedefinancementauxdif-férents niveaux, manque de politiques liées aux problématiques des terres arides).

Face à tous ces défis, il convenait d’identifier des actions communes permettant de surmonter ces derniers. C’est ainsi, qu’il a été suggéré, lors de l’atelier, des actions conjointes telles que la mise en place d’un cadre de concertation pour promouvoir les échanges des expériences entre les pays, développer des stratégies transfrontalières pour la conservation des espèces communes et la conservation et la gestion des aires protégées, la mise en place d’une plateforme pour faciliter l’accès / mobilisation des ressources financières, saisir les opportunités existantesdeRenforcementdecapacités(FAO/UE,NEPAD,France;JICA,etc.),réaffirmerlerôledelarecherchesurlagestiondesplanta-tions, planification et impact (suivi et évaluation), démontrer et rendre visible la contribution de la GMV dans la réalisation de l’objectif du défi de Bonn, continuer le plaidoyer en faveur des forêts des zones arides au niveau international.

Penda SARR, Environnementaliste

Les étudiants s’investissant pour la grande muraille verte lors des vacances citoyennes

Page 22: Vie magazine n°30 18 7 2013

22 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

QUELS OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT APRÈS 2015 ?

L’heure du bilan des Objectifs du Millé-naire pour le Développement (OMD) a sonné. A l’analyse des résultats obte-

nus par les pays du Sud, il ressort que la mise en œuvre des OMD a enregistré des progrès contrastés. D’un pays à l’autre, dans différents domaines, des progrès ont été enregistrés. Les rapports de progrès des OMD, notam-ment celui de 2012 dédié à l’Afrique, font état d’avancées substantielles, mais encore très hétérogènes et potentiellement réversibles, si d’autres enjeux ne sont pas mieux traités. Cependant, vu le retard accusé dans cer-tains domaines par certains pays, on parle aujourd’hui « d’accélération des OMD » d’ici l’échéance de 2015.

En marge de la rencontre « Africités », une réflexion sur les prochains objectifs du millénaire s’est tenue en décembre 2012. L’objectif de cette rencontre était de contribuer aux Assises lancées par Pascal CANFIN, Mi-nistre Délégué chargé du Développement de la République Française et, qui ont débuté en novembre 2012 pour se poursuivre jusqu’en mars 2013. Ces Assises tentent de réunir l’ensemble des acteurs du Nord et du Sud avec pour objectif de débattre de la politique de développement de la France après 2015.

« Quelle vision de développement après 2015 » a été le thème de notre réflexion qui a regroupé plusieurs acteurs du développement. L’objectif est d’engager un dialogue entre les partenaires sénégalais et la coopé-ration française, dans le processus de discussion des futures orientations de la politique de développement et de solidarité internationales de la France.

Bilan des OMD au SénégalAu Sénégal, comme dans plusieurs autres pays, des résultats contrastés sont enregis-trés. Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, les secteurs sociaux et la protec-tion des groupes vulnérables, des progrès ont été enregistrés. A titre d’exemple, pour :

• la proportion de la population disposant de moins d’un dollar par jour

Pour les personnes, elle est passée de 57,1 % en 2001 à 50,6 % en 2005 avec pour objectif d’atteindre les 25%.

Pour les ménages (seuil de pauvreté), elle est passée de 48,5 % en 2002 à 42,6 % en 2005 avec un objectif visé de 11%.

Le travail des femmes lors des récoltes de l’arachide

Page 23: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 23

• le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pon-dérale

Entre 1992 et 2005, les prévalences de l’insuffisance pondérale sont passées de20 à 17 %, le retard de croissance de 22 à 16% et la maigreur des enfants de 9 % à 8 %. L’objectif visé dans les 3 cas en 2015 est de 15 %, nous n’en sommes pas loin !

Concernant l’accès à l’éducation, le taux net de scolarisation dans le primaire est de 74 % en 2007 avec pour objectif d’atteindre les 100 % en 2015. Quant à la proportion d’éco-liers commençant la première année d’études dans l’enseignement primaire et achevant la cinquième année, elle était de 55,7 % en 2007. Le taux d’alphabétisation des 15 à 24 ans est passé à 58.9 % des hommes et 44.8 % des femmes en 2005. Cependant, cet accès à l’éducation massif ne s’accompagne pas d'un enseignement de qualité, ce qui re-lativise les scores atteints.

Par contre, dans d’autres domaines comme la protection de l’environnement, la réduc-tion de la mortalité des enfants de moins de 5 ans, la question genre, la quasi-stagnation de l’incidence de la pauvreté avec une insé-curité alimentaire élevée, de sensibles pro-grès sont attendus d’ici l’échéance de 2015. En conclusion de ces résultats, le PNUD affirme que la tendance actuelle, bien queprometteuse à certains égards, nécessite des efforts redoublés et continus de la part du Gouvernement du Sénégal et de la Com-munauté Internationale, pour permettre à l'ensemble des pays africains, d’atteindre les OMD en 2015.

Analyse de la détermination des OMDLes OMD constituent le premier consensus international sur le développement jamais défini. Leur apport aux efforts des acteurs du développement depuis plus de 12 ans est essentiel. Simples, clairs, mesurables et symboliques, ils ont relancé l’action des bailleurs, permis d’évaluer les progrès réa-lisés à l’échelle internationale, contribué à sensibiliser et à mobiliser l’opinion publique. Ils offrent également aux sociétés civiles un outil de contrôle des politiques menées par leurs gouvernements et bailleurs. Le prin-cipe d’un agenda défini par un nombre li-mité d’objectifs non prescriptifs, mais assor-

tis d’indicateurs, semblerait donc devoir être conservé.

La principale critique faite par les acteurs est que lors de leurs élaborations, les OMD n’ont pas fait l’objet de discussions à la base. L’ap-proche très « top-down » adoptée à la fin des années 90 pour définir les OMD a conduit à percevoir ces derniers comme un agenda des bailleurs, éloignés des réalités locales très diverses.

Ainsi, pour la prochaine définition des OMD, les futurs objectifs ne doivent pas venir d’en haut mais plutôt du bas par une approche « bottom-up ». Les acteurs locaux, parmi lesquels les populations défavorisées, l’ensemble des partenaires du développe-ment comme les élus locaux doivent impé-rativement prendre part au débat pour pro-poser des objectifs adaptés à leurs besoins et leurs réalités. Leur association et leur écoute sont essentielles. Le dialogue entre les socié-tés civiles de tous les pays, dits développés, émergents et en développement, peut favori-ser cette participation et cette écoute. Il doit être encouragé pour que ces échanges d’ex-périences et d’attentes nourrissent un agenda réellement universel.

Réunir les OMD avec les ODD De plus en plus de voix s’élèvent pour un agenda unique, intégré et cohérent des OMD et des ODD (Objectifs du Dévelop-pement Durable). On est aujourd’hui arrivé à l’évidence que l’atteinte des OMD sans un ancrage au développement durable est peine perdue... En effet, les 3 piliers du dévelop-pement durable que sont le social, l'écono-mie et l’environnement, rappelés à Rio +20, doivent s'intégrer aux OMD. Par exemple, l'éradication de la pauvreté semble à ce jour impossible sans une stratégie plus durable de développement, qui réponde notamment à la montée des inégalités, aux limites des modèles de croissance et à la dégradation de l’environnement. L'enjeu de la sécurité alimentaire également est un exemple em-blématique de cette nécessité d’une approche globale et cohérente.

Nous connaîtrons en septembre 2013 les principaux ODD, allons en profondeur sur les prochains OMD sachant que la dimen-sion développement durable est essentielle.

Pr Adams TIDJANI

Fin des récoltes

Au Sénégal, comme dans plusieurs autres pays, des résultatscontrastés sont enregistrés ” ‟

Page 24: Vie magazine n°30 18 7 2013

24 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

LES PARTICULES DES MOTEURS DIESEL SONT CANCÉRIGÈNES

Pollution de l’air

Le parc automobile sénégalais s’est « diéselisé ». Aujourd’hui, nous sommes tous, à différents niveaux, exposés à la pollution automobile. Mais ceux qui sont les plus exposés, sont ceux qui empruntent les transports publics qui desservent la banlieue ; où les embou-teillages sont les plus fréquents. On peut es-timer à des milliers le nombre de personnes souffrant de problèmes sanitaires à cause de cette pollution, pouvant conduire à la mort dans certains cas.

Le parc automobile sénégalais actuel ayant été « diéselisé », il revient à l’autorité de prendre des mesures préventives et/ou cor-rectives pour préserver la santé des popula-tions. S’il est vrai que depuis quelques mois, la Direction de l’Environnement et du Dé-veloppement Durable dispose d’un centre de mesure de la pollution de l’air, aucune don-née n’a été jusqu’à présent mise à la disposi-

A l’avènement des voitures diesel, les consommateurs se sont précipités pour en acquérir du fait de leur consommation économique en carburant. Les gens ne se doutaient pas que quelques décennies plus tard, ce type de véhicule allait être diabolisé du fait de son impact sur notre santé. En effet tout récemment, à la suite d’une réunion d’experts internationaux, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) qui dépend de l’Organisation Mondiale de la Santé, a finalement classé les émissions des motorisations diesel comme cancérogènes pour l’Homme. Un grand pas en avant pour que cette technologie polluante et coûteuse soit définitivement abandonnée…

tion des populations ne serait-ce que pour tirer la sonnette d’alarme. Nous savons au-jourd’hui que des mesures sont effectuées en différents points de Dakar sans aucune vul-garisation des résultats. Il aurait été simple de mettre dans la capitale Dakar - là où le problème est le plus aigu - des panneaux d’information qui auraient pour objectif de nous informer à chaque instant sur le niveau de pollution de la capitale. Cette forme de sensibilisation amènerait indéniablement les usagers à s’intéresser à la pollution de l’air et par ricochet aux problèmes environ-nementaux.

Les particules émises par les moteurs diesel ne sont pas anodines. Selon leur finesse, elles peuvent provoquer des pathologies diverses telles que manifestations inflammatoires des voies respiratoires, allergies, crises d’asthme, bronchites chroniques à long terme, réduc-tion de la capacité respiratoire chez les en-

fants, manifestations cardio-vasculaires et augmentation de la mortalité cardio-pulmo-naire et du cancer chez l’adulte... Habiter à proximité du trafic routier est également un facteur majorant dans le dé-veloppement de ces pathologies chroniques. Des études effectuées dans plusieurs villes européennes ont montré que le fait d’habi-ter à proximité du trafic routier pourrait être responsable d’environ 15% des asthmes de l’enfant.

Concernant l’aspect cancérogène des parti-cules émises par les moteurs diesel, les avis sont restés partagés pendant plusieurs an-nées. De nombreuses études suspectaient déjà le caractère cancérogène des particules diesel et dès 1988, le Centre Internatio-nal de Recherche sur le Cancer classait les émissions diesel comme « probablement cancérogènes ». Depuis, de nouvelles éva-luations ont été menées, notamment chez les

Page 25: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 25

travailleurs au contact de ces rejets (gara-gistes, routiers, mineurs, …). Ces résultats préoccupants ont été confirmés et soulignés par une vaste étude américaine sur l’expo-sition professionnelle aux émissions die-sel dans des mines souterraines. Celle-ci a montré un risque accru de décès par cancer du poumon chez les travailleurs exposés. A partir de là, la dangerosité des particules émises par les diesel n’était plus à démontrer, il fallait agir.

Signalons que les études ont montré jusque-là que les cancers induits par les émissions diesel sont le cancer du poumon (preuves suffisantes)etuneimplicationdanslecancerde la vessie (preuves limitées).

Il faut réduire l’exposition aux particules issues des moteurs diesel Au Sénégal où le parc automobile est en ma-jorité constitué de voitures diesel, aucun acte fort pour limiter leur nombre n’a été pris par les autorités du pays. On aurait pu penser, avec le défi du changement climatique, que des mesures vigoureuses seraient prises

contre les voitures polluantes, mais rien n’a été fait. A défaut d’interdire les voitures die-sel, l’État pourrait imposer des pots d’échap-pement catalytiques réducteurs d’émissions polluantes dont le contrôle serait confié au centre de visite technique actuel. Nous avons toujours prôné également un système de taxe verte qui irait alimenter un fond pour l’envi-ronnement (Fond Vert) qui pourrait être uti-lisé pour les particuliers et les industries qui s’inscriraient dans une démarche d’économie verte (installation d’énergie renouvelable, re-cyclage des déchets, mise aux normes envi-ronnementales).

Les zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA) En France, il est expérimenté des zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA). Les mesures expérimentées dans ces ZAPA sont la restriction de circulation temporaire ou permanente des véhicules les plus polluants, la politique de stationnement en ville et en périphérie, la priorité donnée aux modes de transport collectifs propres, les modalités d’approvisionnement des commerces, l’ana-lyse et la gestion d’un éventuel report de tra-

fic, l’accélération du renouvellement du parc de véhicules anciens... Tous les véhicules motorisés sont concernés : deux roues, voi-tures particulières, véhicules utilitaires, ca-mions, bus... La nomenclature proposée éta-blit 4 catégories de véhicules du plus ancien au plus récent. Ces catégories sont calquées sur les différentes normes européennes éla-borées au fil des ans pour fixer les limites maximales de rejets polluants des véhicules. Ainsi, sans surprise, les véhicules considérés comme les plus polluants sont les plus an-ciens : voitures datant d’avant le 31 décembre 1996 et deux-roues datant d’avant le 30 juin 2004. L’intérêt pour le gouvernement est donc double : améliorer la qualité de l’air mais aussi relancer l’achat de véhicules neufs suite à l’abandon de la prime à la casse fin 2010. Avec cet arsenal de mesures, il est certain que l’effet se fera sentir d’ici peu.

Réduire sa vitesse sur route … pour diminuer la pollution Une autre alternative serait de réduire la vi-tesse sur route, mais cela suppose un enga-gement citoyen des conducteurs. Le postulat

La « diésélisation » du parc automobile sénégalais

Page 26: Vie magazine n°30 18 7 2013

26 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

de départ est le suivant : si on réduit la vi-tesse de son véhicule, alors la consommation de carburant par véhicule baisse et donc les émissions de polluants primaires au km par-couru diminuent également. Cependant, cela dépend aussi du type de route rencontré.

D’après une étude de l’ADEME, sur les voies rapides, et notamment les autoroutes urbaines, « une vitesse limitée à 80 km/h permet de diminuer les émissions d’oxydes d’azote (NOx), de particules (PM10) et de Composés Organiques Volatils (COV) jusqu’à 20%. Malheureusement, une grande majorité des automobilistes ne respecte pas les limitations de vitesse sur les voies ra-pides.

En conduite en ville, le passage de 50 km/h à30km/haffichedesrésultatstrèsvariablesvoire contradictoires, soit de -10% à +30% selon les polluants et les études », indique le même organisme. En effet, plusieurs fac-teurs contribuent à la hausse et à la baisse des émissions :• lesobstacles censés réguler le trafic (dos

d’âne,nidsdepoule,...);• lecomportementdesusagers;• laconfigurationdesvoies.

Un mauvais comportement en ville est par exemple une conduite trop dynamique où l’automobiliste accélère et freine souvent. Une conduite souple et sûre permet un gain de carburant de 40% : éviter les freinages, les changements de rapports inutiles (20% d’économies), anticiper les ralentissements, éviter les accélérations intempestives et sou-vent inutiles, utiliser le frein moteur en décé-lérant pied levé avec une vitesse enclenchée.

Au-delà des comportements, un trafic fluide joue dans l’amélioration de la qualité de l’air.

Comment repenser les déplace-ments urbains pour réduire la pollution Il est possible de prendre des mesures volon-taristes qui visent à limiter et à réglementer de façon intelligente et souple la circulation automobile dans les villes. Sans faire le tour complet de toutes les expériences lancées dans le monde dans ce domaine, on peut évoquer 3 exemples, par ailleurs très diffé-rents, de «péage urbain» qui, sans être des panacées au problème de la pollution ur-baine, ont permis des avancées certaines dans la bonne direction.

Le premier exemple est celui de Londres qui a instauré un péage urbain depuis 2003. Très contesté lors de sa mise en service, il est au-jourd’hui largement admis par les usagers et a permis une baisse notable de la circulation de l’ordre de 30% pour les voitures particu-lières et de 10% pour les camions. Parallè-lement, les transports collectifs londoniens ont été améliorés et sont plus ponctuels, grâce à une meilleure fluidité du trafic. In fine, les autorités londoniennes ont pu ré-duire la quantité de véhicules particuliers en circulation grâce à la dissuasion du péage, ce qui a permis une offre de transports en com-mun renforcée et attractive. Deuxième exemple, celui de Stockholm qui a mis en place un péage urbain en 2008 après une période expérimentale de 7 mois. Il s’agit d’un péage limitant l’accès au centre-ville (35 km2) entre 6h40 et 18h30, du lundi au vendredi, à l’exception des jours fériés. Les

premières évaluations des effets de ce péage montrent qu’il a atteint les objectifs visés par la municipalité de Stockholm et notamment le premier d’entre eux : la diminution sen-sible de la circulation automobile et de la pollution de l’air dans le centre-ville.

Troisième exemple : depuis le début de l’an-née, Milan a également ouvert son péage urbain, baptisé «Area C». Celui-ci remplace l’ancien système mis en place en 2008 mais qui ne concernait que les véhicules les plus polluants. Le bilan est déjà très encourageant puisque ce péage urbain élargi a permis de réduire d’un tiers le trafic, la pollution et le nombre d’accidents dans le centre ville. Ce péage oblige tous les usagers, à l’exception de ceux possédant un véhicule hybride ou électrique, à payer 5 euros pour entrer dans le centre de Milan, du lundi au vendredi de 07H30 à 19H30.

Dans un proche avenir, grâce au progrès en électronique, en informatique et dans les cap-teurs, on peut imaginer des systèmes de péage urbain souples, modulables et intelligents.

A ces mesures restrictives, il faut ajouter le développement de mise à disposition de vé-hicules électriques en libre-service dans cer-taines capitales européennes. Cependant, cela n’estpassuffisant;ilfautaussiactionnerplusfortement le levier du covoiturage et de l’auto-partage qui permet, dans des conditions éco-nomiques viables, une utilisation bien plus efficaceetrationnelleduparcexistant.

Mamadou Seck GUEYEMaster en QSE

Si on réduit la vitesse de son véhicule, alors la consommation de carburant par véhicule baisse ”

Page 27: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 27

LA MORTALITÉCARDIO-VASCULAIRE DANS LE MONDE DU TRAVAIL

Environnement & Entreprises

Les maladies cardio-vasculaires comptent parmi les causes les plus courantes de maladies et de décès au sein de la population active, en particulier dans les pays industriels et elles tendent également à devenir plus fré-quentes dans les pays en développement. Des études ont montré que 15% à 20% des personnes actives seront atteintes par une maladie cardio-vasculaire à un moment ou à un autre de leur carrière, le risque augmen-tant nettement avec l’âge. Pour la tranche d’âge de 45 à 64 ans, plus d’un tiers des décès chez les hommes et plus d’un quart des décès chez les femmes, sont attribuables à ce type de maladies. Ces dernières années, les maladies cardio-vasculaires sont devenues la principale cause de décès chez les femmes après la ménopause.

En raison de leur étiologie complexe, seule une très petite proportion des cas de maladies cardio-vasculaires

est reconnue comme étant d’origine profes-sionnelle. Cependant, dans de nombreux pays, il est admis que l’exposition à des fac-teurs d’ordre professionnel contribue aux maladies cardio-vasculaires, on parle alors parfois de « maladies liées au travail ». Les conditions de travail et les contraintes liées au poste de travail jouent un rôle important dans le processus multifactoriel qui conduit à ces maladies, mais il est très difficile dedéterminer le rôle exact de chaque facteur causal. Ces facteurs sont étroitement imbri-qués, leurs influences respectives fluctuent et la maladie résulte souvent de leur combi-naison ou de leur cumul, notamment dans le cas de ceux qui sont liés au travail.

La morbidité et la mortalité car-dio-vasculaires dans le monde du travail On entend par maladies cardio-vasculaires, les pathologies organiques ou fonctionnelles du cœur et du système circulatoire, ainsi que

Page 28: Vie magazine n°30 18 7 2013

28 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

leurs répercussions sur d’autres organes. Ces affections sont classées sous les numéros 390 à 459 dans la neuvième révision de la Clas-sification internationale des maladies (CIM) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Plusieurs études ont déjà porté sur la prévalence des maladies cardio-vasculaires, l’incidence des nouveaux cas et la fréquence des décès, de la morbidité et de l’invalidité (statistiques de l’OMS sur différents pays).

Définition et prévalence dans la po-pulation en âge de travaillerLes maladies coronariennes (CIM 410-414), responsables d’une ischémie du myocarde, sont probablement les maladies cardio-vas-culaires auxquelles la population active paie le plus lourd tribut, en particulier dans les pays industriels. Ces affections des coro-naires se caractérisent par un rétrécissement du calibre des vaisseaux qui irriguent le muscle cardiaque, dû principalement à l’ar-tériosclérose (athéromatose). Les coronaro-pathies concernent 0,9% à 1,5% des hommes en âge de travailler, contre 0,5% à 1,0% des femmes.Les maladies cardiaques inflammatoires (CIM 420-423) peuvent toucher l’endo-carde, les valvules cardiaques, le péricarde ou le muscle cardiaque (myocarde). On les rencontre moins souvent dans les pays in-dustriels où elles ne concernent même pas 0,01% de la population adulte. Par contre, elles sont plus courantes dans les pays en développement, ce qui pourrait être lié à

une plus grande prévalence de troubles nu-tritionnels et de maladies infectieuses dans ces pays.Les arythmies cardiaques (CIM 427) sont re-lativement rares en dépit de l’ample publicité donnée il y a quelque temps par les médias aux cas de handicaps et de morts subites chez des sportifs professionnels bien connus. Bien que ces troubles puissent altérer sensible-ment la capacité de travail, ils sont souvent asymptomatiques et transitoires.

Les cardiomyopathies (CIM 424) sont des maladies caractérisées par l’hypertrophie ou l’épaississement du muscle cardiaque, qui ont pour effet de réduire le calibre des vais-seaux coronaires et d’affaiblir le cœur. Bien que leur physiopathologie reste souvent obs-cure, ces maladies ont fait l’objet d’un regain d’attention ces dernières années, principale-ment à cause de l’amélioration des méthodes de diagnostic. Parmi les facteurs étiologiques avancés, on cite certaines infections, des maladies métaboliques, des troubles im-munitaires ou des maladies inflammatoires professionnelles à des substances toxiques auxquelles nous attachons une importance particulière. On distingue 3 types de cardio-myopathies :

• congestive–formelapluscommune(5à15caspour100.000personnes) ; ellevade pair avec une diminution de la fonc-tioncardiaque;

• hypertrophique – épaississement et hy-

pertrophie du myocarde entraînant une insuffisancecoronairerelative;

• restrictive – forme rare où il existe unobstacle aux contradictions normales du myocarde.

L’hypertension artérielle (CIM 404-405) (augmentation de la pression artérielle sys-tolique et/ou diastolique) est la maladie car-diovasculaire la plus fréquente. Elle touche 15% à 20% des travailleurs dans les pays in-dustriels. L’hypertension artérielle fait l’objet de commentaires détaillés ci-dessous.

L’artériosclérose (modifications athéroma-teuses) des vaisseaux sanguins d’important calibre (CIM 440), fréquemment associée à l’hypertension artérielle, nuit aux organes qu’ils irriguent. Parmi les maladies les plus importantes de ce type, on compte les ma-ladies vasculaires cérébrales (CIM 430-438), attribuables soit à un infarcissement ou à

une hémorragie, soit à une combinaison des 2 mécanismes. Ces incidents surviennent chez 0.3% à 1.0% des personnes actives, gé-néralement après 40 ans.

Les maladies athéromateuses, notamment les maladies coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux et l’hypertension arté-rielle, sont de loin les maladies cardio-vascu-laires les plus fréquentes dans la population active. Elles sont d’origine multifactorielle et débutent tôt dans la vie. Leur importance dans le monde du travail résulte du fait que :• une proportion importante des per-

sonnes actives est atteinte d’une forme asymptomatique ou non identifiée de maladiecardio-vasculaire;

• les conditionsde travail et les exigencesdu poste de travail peuvent aggraver l’évolution d’une maladie cardio-vascu-laire ou déclencher des manifestations aiguës;

• l’apparitionbrutaledessymptômesd’unemaladie cardio-vasculaire est souvent at-tribuée aux tâches effectuées et/ou à l’envi-ronnementdetravail;

• laplupartdesindividusquisouffrentd’unemaladie cardio-vasculaire confirmée res-tent productifs, même s’il faut parfois leur proposer un programme de réadaptation etunreclassementprofessionnel;

Campagne de dépistage de maladies cardiovasculaires

L’hypertension arté-rielle est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente. ”

Page 29: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 29

Tableau 1 : Taux de maladies cardio-vasculaires chez les personnes en retraite anticipée pour motif de capacité de travail réduite dans le monde.

• le lieude travail estunendroitparticu-lièrement propice à la mise en œuvre de programmes de prévention primaire et secondaire.

Les troubles circulatoires fonctionnels des extrémités et de l’avant-bras (CIM 443) dont la maladie de Raynaud – pâleur transitoire des doigts – sont relativement rares. Cer-taines maladies liées au travail, comme les engelures, l’exposition répétée au chlorure de vinyle et les vibrations au niveau des mains et de l’avant-bras peuvent occasion-ner ces troubles.Les varices des membres inférieurs (CIM 454) souvent considérées à tort comme un simple problème esthétique, sont fréquentes chez les femmes, surtout au cours de la gros-sesse. Bien qu’il existe une prédisposition génétique à la fragilité des parois veineuses, les varices apparaissent généralement après de longues périodes en station debout im-mobile, à cause de la stase veineuse. Les douleurs et le gonflement des jambes qui s’ensuivent, imposent souvent un chan-gement de poste ou une modification du contenu des tâches.

Les taux d’incidence annuelsDe toutes les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle est celle où l’on ob-serve le plus grand nombre de nouveaux cas

Catégorie de dia-gnostic

Principales causes de maladies

Retraite anticipée ; nombre pour 100.000

préretraités

Incapacité de travail moyenne par année

Nombre de cas pour 100.000 salariés

Jours d’absence par cas

Hommes Fe mmes Hommes Femmes Hommes Femmes

401-405 Hypertension artérielle et maladies consécu-tives

4.158 4.709 982 1.166 24.5 21.6

410-414 Cardiopathies ischémiques 9.635 2.981 1.176 529 51.2 35.4

410-412 Infarctus aigu ou ancien du myocarde 2.293 621 276 73 85.8 68.4

414 Maladies coronariennes 6.932 2.183 337 135 50.8 37.4

427 Troubles du rythme cardiaque 734 470 291 274 29.3 21.8

428 Insuffisances cardiaques 981 722 82 61 62.4 42.5

430-438 Maladies vasculaires cérébrales 4.415 2.592 172 120 75.6 58.9

440-448 Maladies des artères, artérioles et capillaires 3.785 1.540 238 90 59.9 44.5

451-456 Maladies des veines 464 679 1.020 1.427 22.9 20.3

458 Hypotension 29 62 616 1.501 9.4 9.5

459 Autres maladies circulatoires 37 41 1.056 2.094 11.5 10.2

annuels dans la population active entre 35 et 64 ans. Dans cette tranche d’âge, on enregistre environ 1% de nouveaux cas tous les ans. Viennent ensuite les maladies coronariennes (8 et 92 nouveaux cas d’infarctus/10.000 femmes par an) et les accidents vasculaires cérébraux (12 à 30 cas/10.000 hommes par an, contre 76 à 30 cas/10.000 femmes par an). Comme les chiffres rassemblés dans le cadre du projet MONICA de l’OMS le dé-montrent, c’est en Chine (hommes) et en Espagne (femmes) que l’on observe le moins de nouveaux cas d’infarctus, tandis que les cas les plus nombreux concernent l’Ecosse (hommes et femmes). Ces chiffres sont im-portants : ils signifient en effet que dans une population en âge de travailler, 40% à 60% des victimes d’infarctus et 30% à 40% des victimes d’accidents vasculaires cérébraux, ne survivent pas à la première manifestation de ces maladies.

La mortalitéDans la tranche d’âge des travailleurs ayant entre 15 et 64 ans, seuls 8% à 18% des décès par maladies cardio-vasculaires surviennent avant l’âge de 45 ans. La plupart des issues fa-tales concernent les personnes de plus de 45 ans et les taux annuels de décès augmentent régulièrement avec l’âge. Les chiffres de mor-talité fluctuent et varient considérablement d’un pays à l’autre.

L’incapacité de travail et la retraite anticipéeLes statistiques relatives aux journées de tra-vail perdues en fonction du diagnostic met-tent en lumière l’impact de la morbidité au sein de la population active, même si les dé-signations du diagnostic sont généralement moins précises que dans les cas de retraite anticipée pour motif d’invalidité. Les cas ob-servés, exprimés le plus souvent en nombre de cas pour 10.000 salariés, donnent une idée de la fréquence des différentes classes de maladies. Le nombre moyen de journées de travail perdues par cas, indique la gravité relative de certaines affections. Ainsi, d’après les statistiques effectuées en Allemagne par les Allgemeine Ortskrankenkassen (AOK), sur 10 millions de travailleurs, 7,7% des cas d’incapacité de travail totale en 1991-92, étaient imputables aux maladies cardio-vas-culaires, même si ce nombre de cas, ne re-présentait que 4,6% du nombre total de cas déclarés (voir tableau 1). Dans certains pays où une retraite anticipée est offerte en cas de diminution de la capacité de travail pour rai-sons de santé, le profil de fréquence des inva-lidités est superposable à celui des différentes classes de maladies cardio-vasculaires.

Pr Adams TIDJANISource : Encyclopédie de sécurité et de

santé au travail- BIT- Tome 1- 2000

Page 30: Vie magazine n°30 18 7 2013

30 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE DU MANAGEMENT QSE

Management Qualité-Sécurité-

Environnement (QSE)

Réponse à la question d’audit N°1 de VIE 29Je vous proposais de partager nos expériences d’audit en vous demandant de valider le be-soin de notifier un écart mineur ou majeur dans le cadre de la situation suivante : « au cours d’une visite de terrain, vous découvrez des tâches sur une dalle de béton à proximité d’un groupe électrogène. Le responsable de

maintenance vous montre une fiche d’anoma-lie ouverte, il y a deux semaines, faisant état d’un déversement lors de l’opération de net-toyage du filtre, en statuant sur l’absence d’im-pact justifiant l’absence d’action corrective. Le responsable de maintenance n’a pas prévu de contrôle des opérations lors de la prochaine opération de nettoyage du filtre, certaines pages des consignes opératoires de nettoyage

dufiltresonttâchéesrendantdifficile la lec-ture du document. La contenance du filtre est 2 litres environ, mais l’opérateur utilise une boîte de conserve alimentaire de 0.5 l de contenance pour recueillir l’huile usagée. Le bon d’intervention dont la date coïncide avec la fiche d’anomalie enregistrée, ne comporte pas de commentaires au chapitre des obser-vations. »

Une centrale de groupes électrogènes

Page 31: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 31

Il n’existe pas une solution unique mais il n’est pas nécessaire de toutes les notifier, l’examen global du contexte de l’entreprise auditée doit permettre d’effectuer un choix compte tenu de la nature du risque.

Au titre du chapitre 4.4.6 de la norme ISO 14001 : Maîtrise opérationnelle, je vous pro-poserais de notifier un écart mineur que je rédigerais de la manière suivante :

Ecart : Rappel de l’exigence : « L’organisme doit identifier et planifier celles de ces opéra-tions qui sont associées aux aspects environ-nementaux significatifs identifiés en cohé-rence avec sa politique environnementale et ses objectifs et cibles, afin de s’assurer qu’elles sont réalisées dans les conditions requises, ena) établissant, mettant et œuvre et tenant à

jour des procédures documentées pour maîtriser les situations où l’absence de telles procédures pourrait entraîner des écarts par rapport à la politique environ-nementale et aux objectifs et cibles,

b) stipulant les critères opératoires dans les procédures, et »

Constat : Le volume du contenant de collecte des égouttures d’huiles usagées est inappro-prié à l’opération d’entretien périodique de nettoyage du filtre du groupe électrogène, entraînant des déversements visibles au sol.

Ecart : Les consignes opératoires ne com-porte pas d’exigences concernant le volume du contenant à utiliser dans le cadre de l’opération de nettoyage des filtres du groupe électrogène.

Risque : Déversement sur les sols, pollutions ou contamination des eaux pluviales.Autrement cet écart mineur pourrait-être no-tifié au titre du chapitre 8.3 de la norme ISO 9001 : Maîtrise du produit non conforme.

Rappel de l’exigence : « L’organisme doit as-surer que le produit qui n’est pas conforme aux exigences relatives au produit est identifié et maîtrisé de manière à empêcher son utili-sation ou fourniture non intentionnelle. Une procédure documentée doit être établie pour

définir les contrôles ainsi que les responsabili-tés et autorités associées pour le traitement du produit non conforme.

De façon adaptée, l’organisme doit traiter le produit non conforme de l’une ou plusieurs des manières suivantes:a) en menant les actions permettant d’élimi-nerlanon-conformitédétectée;

b) en autorisant son utilisation, sa libération ou son acceptation par dérogation accor-dée par une autorité compétente ou, le cas échéant,parleclient;

c) en menant les actions permettant d’em-pêcher son utilisation ou son application prévueàl’origine;

d) en menant les actions adaptées aux effets, réels ou potentiels, de la non-conformité lorsqu’un produit non conforme est dé-tecté après livraison ou après que son utili-sation a commencé.

Lorsqu’un produit non conforme est corrigé, il doit être vérifié de nouveau pour démontrer la conformité aux exigences.

Les enregistrements de la nature des non-conformités et de toutes les actions ultérieures entreprises, y compris les dérogations obte-nues, doivent être conservés.

Constat : Le responsable de la mainte-nance n’a pas programmé de validation des consignes opératoires de nettoyage des filtres des groupes électrogènes, qui ne font pas l’ob-jet d’une modification notamment en ce qui concerne l’absence d’instruction sur le vo-lume de l’outillage nécessaire à la réalisation sans déversement. Ecart : Le traitement du produit non conforme (déversement d’huile lors de l’opération de nettoyage des filtres) ne répond pas de façon adaptée à l’engagement de la direction de pré-vention des pollutions figurant dans les tâches et mission du service de Maintenance.

Risque : Répétition des déversements, avec pollution des sols et contamination des eaux pluviales.

Question d’audit N°2Je vous propose une autre situation pour la-quelle je vous apporterais un éclairage lors du prochain numéro.Au cours de l’audit, les résultats de perfor-mances Santé & Sécurité présentés se dé-gradent, notamment avec une électrisation n’ayant pas fait l’objet d’un arrêt de travail .Lors de la visite de terrain vous trouvez deux armoires électriques ouvertes avec un jeu de barres conductrices sous tension sans protec-tion, l’électricien qui n’a pas son habilitation surluivousaffirmequ’iln’yapasdedanger,il utilise un tournevis isolé. Lorsque vous exa-minez le tournevis, celui-ci présente des en-tailles significatives en profondeur et largeur de la gaine isolante.

Dans un atelier vous trouvez une prise saillante hors du mur avec les fils nus sous tension, l’opérateur d’une entreprise de net-toyage sous-traitante qui se trouve à proxi-mité où le sol est couvert d’une pellicule d’eau assure le nettoyage de la salle, il ne connaît pas les risques électriques aux vues des réponses apportées lors de l’entretien avec lui.

Pour alimenter la guérite du gardien, un câble traverse la cour au sol, il n’y a pas de mar-quage de la nature du câble visible, il présente en plusieurs endroits des traces de blessure. Dans l’armoire d’alimentation de cette gué-rite, il y a un disjoncteur différentiel qui ne fait pas l’objet d’un test périodique, mais qui doit être régulièrement réenclenché notamment lorsque le camion de livraison manœuvre dans la cour.

A vous de jouez, vous pouvez écrire au jour-nal pour apporter vos réponses, je répondrais personnellement aux courriers de ces lecteurs auditeurs ou non, responsable sécurité ou non, voir chefs d’entreprise conscient de la né-cessité de maîtriser la sécurité au sein de son entreprise, car le savoir faire du personnel est la principale richesse de l’entreprise.

Roger LUNELAuditeur ICAE, QSE

Page 32: Vie magazine n°30 18 7 2013

32 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Dossier

Avec environ 700 km de côtes le Sénégal est un pays qui dépend de ses zones cô-tières d’une part, du fait de leur contribu-tion au PNB (Produit National Brut) dans la mesure où deux activités économiques majeures - la pêche et le tourisme – dépen-dent de ces sites côtiers et d’autre part, du fait de la très forte concentration de la po-pulation sur le littoral et ses parages. Or, les ressources côtières du Sénégal sont sou-mises à de fortes pressions (extraction de sable et d’autre sédiments à grande échelle, par exemple : la plage Malika, 400 camions par jour), érosion côtière, dégradation des

écosystèmes telles que la destruction des mangroves, développement peu contrôlé de nombreuses infrastructures notamment touristiques, salinisation, et inondations côtières) qui devraient aller en s’accentuant avec les changements climatiques et parti-culièrement l’élévation du niveau marin. D’où la nécessité de l’établissement d’un plan de gestion intégrée des zones côtières du Sénégal qui vise à mettre en place un mé-canisme de gestion durable des ressources côtières et qui inclura l’adaptation de l’usage et de l’aménagement du littoral sénégalais aux effets du changement climatique.

LES ZONES CÔTIÈRES DU SÉNÉGAL, ZONES D’ENJEU SOUS

FORTE PRESSIONDossier réalisé par l'équipe du projet GIZC.

Page 33: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 33

© O

céan

ium

Prélèvement illégal de sable

Page 34: Vie magazine n°30 18 7 2013

34 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

L’étude de la gestion intégrée des zones côtières a débuté en janvier 2012 et est prévue pour une durée de 18 mois. Elle doit couvrir l’ensemble du littoral sénégalais (10 km vers l’inté-rieur, 50 km dans le cas des estuaires; et la ligne des 12 miles marins pour permettre notam-ment l’intégration des activités de pêches) et quatre (4) zones cibles. Les quatre zones cô-tières ciblées dans le contexte de cette étude sont d’une importance capitale pour le Sénégal et ceci pour diverses raisons.

L’ÉTUDE DE GESTION INTÉGRÉE DES ZONES CÔTIÈRES (GIZC)

La presqu’île du Cap Vert est le lieu de la capitale, Dakar, qui concentre 20 à 25% de la population du Sénégal, attirée entre autres par l’importance des infrastructures, la présence de

nombreuses activités économiques qui peuvent assurer des emplois. La Petite Côte du Sénégal, particulierement entre Somone et Nia-ning, est le lieu privilégié d’installation des structures touristiques et

ainsi est à l’origine d’une bonne partie des recettes en devises tout en constituant une part significative de la génération du PIB. L’île de Diogué située en Basse Casamance, représente une situation typique des îles de cette zone, quelque peu oubliée jusqu’à présent dans les plans de développement locaux.

Plage du Cap Skiring, Basse Casamance

Page 35: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 35

Qu’est ce que la Gestion Intégrée des Zones côtières (GIZC) ? La Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) est un processus qui est à la fois dynamique, continu et itératif, conçu pour promouvoir la gestion durable des zones cô-tières. La GIZC cherche, sur le long terme, à créer un équilibre entre différents « bé-néfices » pour l’environnement côtier et les populationsquiyvivent;• au développement économique et des

usages de la zone côtière,• à la protection, préservation et restaura-

tion de la zone côtière,• àlaminimalisationdespertesdevieshu-

maines et de propriétés,

Quant à Saint Louis, ville historique, classée au patrimoine mondial de l’humanité, les récentes inondations (destruction en mai 2010 d’environ cinq habitations du quar-tier de Guet Ndar) ont rappelé son extrême fragilité qui nécessite une prise de mesures dans un contexte plus global de gestion in-tégrée de la zone côtière. Ainsi, ces quatre sites pilotes présentent, à divers degrés, des fragilités importantes qui nécessitent la mise en place d’une véritable vision d’ensemble afin d’apporter des réponses adéquates aux problèmes auxquels elles sont confrontées.Ce projet s’inscrit dans l’initiative GCCA (Global Climate Change Alliance) de la Commission Européenne qui vise à aider les pays en développement les plus vulnérables à se préparer au changement climatique

(PMA et Petits Etats Insulaires). Cette étude constitue la composante stratégique d'une convention d’ un montant de 4 millions d'euros signée par le Ministère de l’Environ-nement et du Développement Durable avec l’Union Européenne qui inclut également une provision pour supporter des actions pilotes qui initieront l’exécution des activités retenues dans les plans GIZC, et d’autre part, devraient contribuer à consolider les mé-canismes de concertation institutionnelle, seuls garants de pérennité à long terme de gestion durable des ressources côtières.

L’étude GIZC doit aboutir à trois résultats:

• la mise sur pied d’un outil de suivi dulittoral (Système d’Informations Géogra-

phiques - SIG) permettant de cartogra-phier le littoral, de suivre son évolution et devantservirdebaseàunoutild’alerte;

• l’analyseducadrejuridiqueetinstitution-nel dans la perspective d’une gestion inté-gréedulittoral;

• unplandegestionintégréedeszonescô-tières pour le Sénégal, assorti de 4 plans de gestion intégrée pour les sites pilotes désignés.

La Direction de l’Environnement et des Eta-blissements Classés (DEEC) est le maître d’œuvre de cette étude et est appuyée par une assistance technique du consortium GOPA – PESCARES.

• à l’accès public à la zone côtière et de sajouissance.

Plutôt qu’une «gestion» au sens restrictif, la GIZC est un processus qui couvre l’ensemble du cycle de • collecte (préalable et continue) d’infor-

mation,• planification en fonction de cette infor-

mation,• prisededécisiondansuncadrededéve-

loppement durable qui concilie préser-vation de l’environnement et développe-ment socio-économique,

• gestionetsuividelamiseenœuvre.Le concept de planification inscrit dans cette « gestion » s’entend donc au sens le plus large

de développement de politique stratégique, plutôt qu’une simple planification secto-rielle, de type « plan d’occupation des sols ». Le terme « intégré » se réfère à la fois à l’inté-gration des objectifs à atteindre et à l’intégra-tion des multiples instruments nécessaires pour atteindre ces objectifs. Ceci signifie, d’une part, l’intégration « institutionnelle et législative » de tous les domaines politiques pertinents, dans tous les secteurs concernés, à tous les niveaux administratifs et, d’autre part, l’intégration « physique » de tous les composants terrestres et marins du territoire cible. La GIZC est donc intégrée à la fois dans le temps et dans l’espace, et est par na-ture multidisciplinaire.

Aire de séchage du poisson, île de Diogué, Basse Casamance

Page 36: Vie magazine n°30 18 7 2013

36 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

LES ENJEUX ET DIFFÉRENTES PERCEPTIONS DE LA GIZC

Qu’elles se construisent du côté terre ou du côté mer, les deux approches GIZC se rejoignent sur la nécessité de

mettre en œuvre la méthode globale et inté-grée qui a été « intronisée », rappelons-le, à la conférence de Rio en 1984 avec la première définition du développement durable et de ses 3 piliers : l’environnement, l’économique et le social. Mais là où elles divergent, c’est que chacune limite son approche globale à l’ensemble des phénomènes qui se déroulent à l’intérieur de sa propre frontière ; pour les premiersjusqu’au « bord de la mer », pour les seconds jusqu’au « bord de la terre ». Jusqu’à présent, peu abordent le territoire littoral dans sa glo-balité complexe qui est composée de sa par-tie marine et liquide et de sa partie terrestre.

En théorie, la gestion intégrée des zones côtières permet l’aménagement et l’utilisa-tion durables des zones côtières, réalisé à partir d’une connaissance globale des ter-ritoires concernés. Elle prend en compte le développement économique et social lié à la présence de la mer, tout en sauvegardant pour les générations futures les équilibres biologiques et écologiques fragiles et les pay-sages de la zone côtière. Toutefois, dans les discours qui se recommandent de ces défi-nitions, qu’il s’agisse de l’approche GIZC ou de celle du développement durable on surva-lorise souvent l’approche environnementale par rapport aux deux autres (économique et sociale). Ceci favorise la confusion entre développement durable et défense de l’en-vironnement. Conséquence, on isole l’envi-ronnement et on oublie l’Homme. Pour dé-fendre la biodiversité on fustige toute activité humaine.

De leur côté, les décideurs politiques, les industrielsquiaffichententoutesoccasionsleurs volontés de développer durablement la mer et le littoral privilégient de fait la com-posante économique du développement,

c’est-à-dire certains intérêts par rapport à d’autres. Ceci signifie souvent, privilégier la rentabilité à court terme (constructions tou-ristiques, ports de plaisance, industries por-tuaires polluantes ou tel mode d’exploitation des richesses de la mer). Ceux-là ne tiennent pas compte a priori de l’environnement (bio-diversité) et négligent le volet social c’est-à-dire la majorité des êtres humains dans leur vie quotidienne qu’il s’agisse de l’augmenta-tion du coût du logement due à l’industrie touristique ou des atteintes à la santé due à la pollution industrielle de la mer.

Le Système d’information Géogra-phique (SIG)Un outil essentiel pour supporter le déve-loppement de la GIZC est le Système d’ In-formation Géographique communément désigné comme SIG qui permet d’intégrer, de gérer et d’afficher des données à diffé-rentes échelles. Le système d’information géographique que le projet met en place en collaboration avec le Centre de Suivi Eco-

logique (CSE) doit permettre entre autres de visualiser l’évolution du trait de côte, l’évolution des risques et l’usage du littoral sénégalais. Il conduira aussi à la prépara-tion d’atlas cartographiques regroupant dif-férentes thématiques considérées comme prioritaires au niveau des sites pilotes ; cesont notamment grands ensembles géo-morphologiques, occupation des sols, sen-sibilité morpho-sédimentaire, densité de populations, habitats naturels, tourisme lit-toral, etc. qui seront préparés pour chaque zone pilote. Un premier recensement des données géographiques et documentations disponibles a été réalisé. On s’est vite rendu compte que la diversité et l’hétérogénéité en termes d’échelle et de contenu des données collectées obligent à faire des choix métho-dologiques quant à l’élaboration du SIG. De plus la collecte des données et leur mise à jour régulière, qui est essentiel pour un suivi régulier de l’érosion côtière représentent un véritable challenge.

Erosion destructive sur l’île de Diogué

Page 37: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 37

L’ANALYSE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNELLE

DE LA GIZC L’analyse juridiqueDe nombreuses institutions publiques et acteurs privés, intervien-nent dans la zone côtière objet de nombreux textes juridiques (conventions internationales, lois et règlements, contrats et pro-tocoles, etc.) qui se complètent, se chevauchent et malgré tout contiennent une certaine imprécision sur laquelle jouent divers promoteurs ou citoyens peu soucieux de l’intégrité domaine public maritime pour l’encombrer de diverses infrastructures touristiques et récréatives bénéficiant ainsi gratuitement d’une qualité paysagère avantageuse qu'ils font payer très cher à leur clientèle ! Exemple ty-pique d’un service environnemental généré par le domaine de l’état

mais non rétribué à son profit !! Ainsi, le domaine public maritime, défini par le code du domaine de l’Etat (loi n° 76-66 du 02 juillet 1976), complété par le code de la Marine Marchande (loi n°2002-22 du 16 août 2002) fait aujourd’hui l’ objet de déclassement pour abriter des lotissements ou des édifices destinés à des activités écono-miques, notamment le tourisme. C’est ainsi que sur une bonne par-tie du littoral de la région de Dakar et de la petite Côte, le domaine public maritime, s’est retrouvé réduit à moins de 30 mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus fortes marées, au lieu des cent mètres définis dans la loi.

Avancée de la mer à Saly Portudal

Page 38: Vie magazine n°30 18 7 2013

38 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

ouvrir de nouveau une brèche à une gestion inadaptée du littoral.

En sus, il conviendra de réfléchir sur la ques-tion de l’ancrage institutionnel et des pou-voirs de l’organe de gestion du littoral propo-sé dans le projet de loi littorale. Entretemps, une analyse de l’ordonnancement juridique des textes actuellement en vigueur sur toute la bande littorale a été lancée afin de déceler les imperfections jusque-là inconnues dans les autres textes du corpus juridique (en particulier, les codes de l’environnement, de

l’urbanisme et du domaine de l’Etat) et sus-citer ainsi un e réforme d’ensemble au béné-fice de l’élaboration des PGIZC. La remarque est valable pour les textes sur la décentrali-sation et les transferts de compétences aux collectivités riveraines du littoral.

Par ailleurs, en vue de faciliter la gestion de cette zone tant convoitée, un projet de loi lit-torale a été élaboré par une commission re-groupant l’ ensemble des acteurs de la zone côtière coordonnée par la Direction de l’En-vironnement et des Etablissements Classés (DEEC). Ce projet a pour objectif d’instau-rer de nouvelles dispositions juridiquement plus contraignantes, à même de garantir l’ef-fectivité des règles existantes et de renforcer le dispositif de préservation et de valorisa-tion dans une perspective de développement durable.

Ce projet déjà approuvé par la cour consti-tutionnelle, a été réexaminé par un comité d’ experts juridiques mis en place en janvier 2013 par la DEEC. Ce comité a formulé un certain nombre de remarques afin de mieux préciser certains termes qui prêtaient à dif-férentes interprétations et pourraient donc

Délimitation du littoral et du Domaine Public Maritime (DPM) selon le projet de loi littorale

L’analyse institutionnelle L’analyse institutionnelle est une approche complète pour visualiser/identifier la ca-pacité et la performance institutionnelles. L’approche tend à décrire les divers facteurs qui interviennent dans le développement institutionnel : ceci inclura notamment l’analyse détaillée des parties prenantes no-tamment les missions, structures, ressources humaines, culture, leadership, les systèmes de gestion formels et informels existants, et une évaluation de la performance). Dans le cadre de la GIZC, on s’attachera notamment à mettre en évidence tant au niveau local que national les mécanismes de concertation existants, que ceux-ci relèvent de la société civile ou d’organismes étatiques.

Les points suivants seront particulièrement abordés :

• Identificationetsensibilisationdetouslesacteurs qui interviennent dans l’utilisa-tion du littoral et qui sont concernés par laGIZC;

• Réalisationdel’étatdeslieuxdelaplanifi-cationenzonedulittoral;

• Définitiond’undispositifdeconcertationet de GIZC au niveau les plus pertinents en associant les acteurs à partir des cadres de concertations existants, notamment ceux qui ont été mis en place avec l’éla-boration du Schéma Directeur d’Amé-nagement de la Grande Côte ou lors des concertations pendant l’élaboration de la loilittoral;

• Proposition de portage ou de cadrageinstitutionnel de mise en œuvre du plan GIZC, seul garant de sa pérennité et de sa mise en œuvre effective.

Ainsi, pour s’assurer que la collecte et le traitement des données relatives au littoral se poursuivent après le projet UE (Union Européenne), l’équipe du projet œuvre pour mettre en place un comité fédérateur de données sur le littoral composé des princi-paux participants dans le domaine de la géo-matique sur le littoral sénégalais. L’ équipe va aussi s’ attacher à examiner quel sera le rôle de ce comité lors de la mise en place de l’observatoire du littoral prévu dans le cadre du projet régional de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (Mission d’observation du littoral ouest-Africain), UEMOA (MOLOA). Dans les sites pilotes, le diagnostic a déjà permis de repérer les acteurs clefs, leurs forces et leurs faiblesses, etleurmécanismedeconcertation;l’équipeva maintenant s’attacher à proposer un mé-canisme qui assurera le portage du plan GIZC au niveau local et le suivi de sa mise en œuvre. Ce travail d’échanges et de concer-tation va débuter dès à présent au niveau na-tional.

LA MER

Domaine public maritime (DPM) 200 m

Rivage

Estran Sous-sol mer territoriale 22 km

CommuneCommunauté rurale

Conseil régional

Hau

te m

er

Bas

se m

er

ZONE DES 100 MÈTRES

INCONSTRUCTIBLES

Partie Maritime du littoral

Un hôtel touristique menacé de disparition

Page 39: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 39

VERS UNE STRATÉGIE GIZC AU NIVEAU DE SITES PILOTES

Le processus participatif adopté pour l’établissement des plans GIZC s’appuie sur deux modèles complémentaires de

participation directe : en petits groupes spé-cialisés, pour débattre et proposer des «solu-tions»;etengroupeplusgrandethétérogène,représentatif de l’ensemble des acteurs lo-caux par exemple des « ateliers ou assemblée générale » au niveau desquels des consensus doivent se dégager sur le plan de la gestion intégrée. L’équipe a apporté un soin parti-culier à trouver un équilibre entre l’analyse technico-scientifique et l’engagement des acteurs dans un processus structuré de prise de décision. Si trop d’importance est donnée à la participation, on tombera dans un débat sans fin. Si les outils d’analyse reçoivent trop d’importance, on a des outils sophistiqués, mais pas de substance. Cet équilibre n’est pas facile à réaliser et exige un leadership fort (l’animateur présent sur chaque site et d’autres personnes d’appui) et des objectifs très concrets à atteindre. La présence d’une forte motivation accompagnée par une coor-dination technique de proximité est essen-tielle. La démarche proposée s’articule en trois phases : diagnostic partagé, analyse in-tégrée et planification concertée. Chacune se terminant par un atelier de restitution Cette approche renforce l’appropriation des enjeux locaux par les différentes catégories de par-ticipants et est essentielle pour la réussite du processus GIZC. « L'association de toutes les parties intéressées au processus de gestion » est d’ailleurs un des huit principes de la GIZC exposés dans la recommandation eu-ropéenne du 31 mai 2002.

Au total 12 ateliers sont prévus (3 par site pilote), et entre chaque atelier les groupes de travail se réunissent pour approfondir les questions relatives à la thématique dans la-quelle ils se sont engagés. Chaque atelier re-groupe de 30 à 50 participants selon les sites. Ces participants incluent toute une gamme d’acteurs provenant autant de la société ci-vile quedes institutionsprovinciales ; ainsion y rencontre pêcheurs, transformatrices de poisson, chefs de villages, représentants de municipalités, chefs de service de diffé-

rents départements provinciaux, représen-tants d’organisations non gouvernementales (ONGs). En revanche, bien que régulière-ment convoqués, les représentants du secteur touristique se sont rarement manifestés. Au stade actuel, début avril 2013, 8 ateliers ont déjà été organisés. Les problématiques priori-taires exprimées par les participants sont par ordredécroissant:l’absenceoul’insuffisancede plans d’aménagement intégré du littoral, l’érosioncôtière,l’insuffisanced’activitéséco-nomiques diversifiées, l’insalubrité de la zone littorale, due tant à la mauvaise gestion des ordures qu'à l'absence ou l'insuffisance desréseaux d'assainissement, et enfin la gestion inappropriée des ressources naturelles prin-cipalement des ressources halieutiques. On notera l’absence de la menace de l’impact des changements climatiques, très rarement cité par les participants, quel que soit leur appartenance. Une thématique transversale telle que information, éducation et commu-nication a aussi été mentionnée plusieurs fois à juste titre, car elle doit accompagner tout planning GIZC. Après le diagnostic, les acteurs ont ensuite défini des lignes d’actions générales et spécifiques pour adresser ces

problématiques et en sus à Mbour et Saint Louis, les sites les plus avancés, les groupes de travail ont déjà proposé une vingtaine de fiches de projet développées selon un cade-nas standard proposé par l’équipe d’experts. Cet ensemble diagnostic, lignes d’actions et projets constitueront avec le volet institu-tionnel l’épine dorsale du plan local GIZC.

Par ailleurs, un certain nombre de ces pro-positions de projet devraient pouvoir être financées dans le cadre de la convention mentionnée ci-dessus. Les acteurs locaux devraient donc pouvoir vivre un cycle com-plet de gestion participative avec le fruit de leurseffortscouronnésdesuccès;ilsaurontainsi participé à la préparation d’un plan de gestion et ensuite à sa mise en œuvre, mobili-sant ainsi les aspects institutionnels et le suivi évaluation. Enfin, ces mêmes groupes vont s’attacher à rédiger une convention locale qui précisera leurs responsabilités respectives pour l’animation de leur entité institution-nelle, et au cours de l'exécution du plan local GIZC et de son suivi. Idéalement, ceci de-vrait conduire à une réactualisation du plan au bout des 5 ou 10 ans à venir.

L’équilibre entre les aspects techniques et participatifs

Page 40: Vie magazine n°30 18 7 2013

40 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

LA STRATÉGIE GIZC NATIONALE DE L’ETAT DU SÉNÉGAL

Une stratégie GIZC doit s’appuyer sur une vision prospective du littoral dé-finie par les acteurs eux-mêmes. A

cet effet on peut rappeler les différentes re-présentations du futur exprimées par les par-ticipants lors des ateliers sur les sites pilotes. Elles comprennent des images du genre paradis perdu à reconquérir tel « un littoral sain, boisé, non pollué, sécurisé, accessible, libéré et poissonneux » (Mbour), mais aussi des projections reflétant des préoccupations légitimes telles que une maîtrise de l’avancée de la mer » ou encore « une gestion ration-nelle et durable des différentes ressources par les acteurs eux-mêmes » reflétant ainsi la volonté des citoyens d’être associés étroite-ment à la gestion des ressources du littoral, ce dont la stratégie nationale devra bien tenir compte.

Pour ce premier cycle de gestion intégrée des zones côtières, on abordera en priorité les thèmes techniques et institutionnels men-tionnés lors des ateliers sur les sites pilotes et qui ont une dimension nationale telles que la question de l’érosion et des processus sédi-mentaires, le manque de salubrité du littoral, le besoin de diversifier l’économie côtière trop dépendante de la pêche et du tourisme. Ceci renforcera aussi la relation niveau na-tional niveau local et vice versa ou intégra-tion verticale absolument nécessaire pour réussir un processus GIZC. A ces différentes thématiques bien ciblées, s’ajoutent des questions d’intérêt stratégique

national et dont certaines relèvent d’un pro-cessus soutenu à long terme. On en aborde quelques unes ci-dessous. 1. La définition du trait de côte. A priori,

la notion de trait de côte semble aisée à appréhender : ligne qui sépare l’océan du continent. En réalité, sa délimitation im-pliquerait de fixer une limite « statique » au sein d’un milieu, le rivage, d’abord caractérisé par son caractère dynamique et mobile, comme par sa double apparte-nance à la terre et à la mer. En pratique, on doit donc admettre a priori que le trait de côte est généralement mobile et pas si simple à définir. Une réunion de concertation a été organisée par la DEEC en mars 2013 pour receuillir les différents avis d'acteurs clefs à ce sujet et s’ entendre sur une définition acceptée de tous. Même si plusieurs participants insistent sur le caractère dynamique du trait de côte, la définition accepté pour le moment est la laisse de haute mer pour les zones littorales sableuses, et le pied de falaise en zone rocheuse. Dans le cas où la date ne serait pas disponible sur les or-tho-photos, on pourra remplacer la laisse de haute mer par la zone d’humectation visible.

2. La collecte des données relatives à la ges-

tion du littoral, leur traitement et leur redistribution aux acteurs essentiels. Ac-tuellement les données qu’elles soient

climatologiques, océaniques, occupation des sols ou du cadastre relèvent de diffé-rents organismes qui, on peut le dire, les conservent jalousement alors que leur mise à disposition aux différents services techniques, leur croisement et leur trai-tement produit une information essen-tielle pour suivre les phénomènes d’ éro-sion côtière ou de gestion foncière dans la zone littorale. C’est dans cet objectif que l’ UEMOA se propose de mettre sur pied un observatoire régional qui sera ali-menté par des observatoires nationaux et qui auront en charge de collecter, traiter et redistribuer les données traitées.

3. Le dispositif juridique et institutionnel qui assurera la pérennité de la GIZC. Ainsi, quel sera l’ancrage institutionnel du futur observatoire national du littoral ? Le projet de loi littorale prévoit la mise en placedel’Officenationaldulittoral,sansque sa structure ait été bien définie. Faut-il dès à présent penser y rattacher le futur observatoire ? De plus, à quelle structure institutionnelle sera-t-il rattaché : au mi-nistère de l’environnement, et dans ce cas, le risque est de le voir perçu comme un outil de gestion environnementale, ou à la primature comme l’est actuellement l’HASSMAR (Haute autorité chargée de la coordination de la Sécurité Maritime et de la Sûreté Maritime), présentant ainsi l’avantage de transversalité et de servir tous les secteurs.

Page 41: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 41

4. La gestion de l’incertitude face aux chan-gements climatiques, par ailleurs absente des thématiques locales. Plusieurs études techniques approfondies telles que l’étude de la vulnérabilité spatiale financée par la Banque Mondiale, le schéma directeur littoral de l’Afrique de l’Ouest conduit par l’ UEMOA (Union Economique et Mo-nétaire Ouest-Africaine) présentant une approche très prudente, ou des docu-ments de planification tels le Programme d’Action National d’Adaptation (PANA) ont déjà largement abordé ce sujet. Dans le cadre du plan GIZC national, on s’at-tachera essentiellement à voir en quoi une approche GIZC peut faciliter cette gestion de l’adaptation aux changements climatiques.

5. D’autres outils ou axes de réflexion vont être développés de façon participative.Ce sont notamment la mise en réseau des acteurs du littoral et plus particuliè-rement des petites îles, la préservation de l’attractivité paysagère de sites côtiers remarquables ouvrant ainsi le concept de protection à un autre aspect que la seule biodiversité, le développement du concept de cellules sédimentaires pour mieux comprendre et/ou anticiper les

phénomènes d’érosion, l’examen d’outils/modèles pertinents pour mieux gérer l’incertitude face aux changements cli-matiques, et enfin une incitation pour orienter des schémas de développement en retrait de la côte afin de diminuer la pression sur les écosystèmes côtiers, voire le cas échéant de faciliter les recasements éventuels. A cet égard, la construction du nouvel aéroport international de Ndiass, situé à environ 60 km de Dakar, consti-tue un premier pas dans ce sens (certai-nement pas conçu pour cela au départ !), mais qui en toute vraisemblance s’accom-pagnera d’une relocalisation en retrait du littoral de toute une série d’activités lo-gistiques annexes aux activités aéropor-tuaires !

Première conclusion L’étude GIZC est la première du genre au Sé-négal, voire en Afrique de l’Ouest. Pourtant, les activités de diagnostic conduites jusqu’ à présent ont montré la multiplicité d’études et de plans relatifs au développement ou à la protection des zones urbaines et des activités économiques telles que le tourisme se dérou-lant dans les zones côtières. Lors des ateliers, les participants ont souvent relevé le manque d’intégration de ces plans dont beaucoup se

sont simplement empoussiérés dans les ti-roirs sans jamais voir un début de réalisation. Il est donc grand temps d’aborder la gestion du littoral sénégalais avec une vision plus prospective qui dépasse les clivages secto-riels en se focalisant sur des territoires trop restreints. Du reste, de ce point de vue, la GIZC peut décevoir certaines attentes car elle se concentre d’abord sur une planifica-tion stratégique plutôt que de type occupa-tion des sols, et dont le résultat attendu est principalement une amélioration de la gou-vernance des ressources de la zone côtière avec des impacts biophysiques ou socio-éco-nomiques qui peuvent nécessiter un certain temps avant de se matérialiser.

En effet, la GIZC est un processus cyclique et itératif et les pays qui l’ont adopté savent que la mise en concordance des différents outils de planning et le processus de concertation institutionnelle sont des efforts de longue haleine. Cette étude n’en constitue que la pre-mière marche. Elle devra donc être accom-pagnée par un programme d’information, d’éducation et de communication visant non seulement le public, mais aussi les opérateurs privés et les élus eux-mêmes parfois, si pas souvent, prisonniers de leur vision « électo-raliste » à court terme.

Erosion côtière et déchets

Page 42: Vie magazine n°30 18 7 2013

42 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Veille Environnementale

Du jamais vu, un ministre qui se rend au travail en vélo ! Telle est la décision prise par le ministre des affaires étrangères équatorien qui, avec tout son personnel, se rend une fois par semaine au travail en vélo. En se rendant au travail à la force du mollet, sur un par-cours d’environ 6 kilomètres, « l’équipe » a déjà permis d’éviter l’émission de 1600 kilos de CO2.

Au-delà du bénéfice environnemental, Le Ministre souligne l’importance de cette ac-tivité physique, génératrice de bien-être en milieu urbain : « Nous faisons de l’exercice, mais ça n’est pas vraiment du sport, il s’agit de s’habituer à une mobilité ne passant pas par l’automobile, qui est plus agressive, plus dangereuse, et qui encourage le sédenta-risme. Cela ne veut pas dire que nous n’utili-sons pas la voiture, mais qu’il faut savoir s’en passer en temps opportun. »

AU TRAVAIL EN VÉLO, UN MINISTRE MONTRE L’EXEMPLE

LES TROIS POUVOIRS ÉCOLOGIQUES

DE L’URINE

Pour garantir la sécurité des cyclistes tout au long du tra-jet, la caravane ministérielle est accompagnée par des membres d’une l’organisa-tion, chargée de la promotion du cyclisme dans la capitale. Tous les dimanches, entre 8 heures et 14 heures, cette as-sociation restreint la circula-tion automobile sur un grand axe urbain, afin que les vélos puissent parcourir la ville en toute sécurité. Au fil des mois, cette initia-tive a gagné en popularité. Aux participants de la première heure se sont joints d’autres équipes ministérielles. Alors qu’ils n’étaient qu’une douzaine de fonctionnaires à se rendre au travail en deux-roues il y a cinq

Il est connu que l’urine humaine est une des sources les plus riches en nitrogène, phos-phore et potassium pour les plantes, et son assimilation est parfaite. Dans VIE n°4, il avait été restitué l’avantage de l’utilisation des urines pour l’agriculture. Il s’avère que l’urine est un excellent fertilisant organique, abondant et bon marché.

Tout récemment, des chercheurs de l’Uni-versité Heriot-Watt, au Royaume-Uni, ont mis au point un prototype de cellule com-bustible qui peut produire de l’énergie à partir de l’urine. Sans générer aucun sous-

mois, ils sont aujourd’hui plus d’une cen-taine. Cette initiative devrait donner des idées à nos dirigeants sénégalais pour qui, pour la plupart, un peu de sport ferait du bien tout en sauvant la planète.

0,6 g - Acide urique

1,2 g - Bicarbonate 2,7 g - Créatinine3,2 g - Potassium

4,1 g - Sodium

6,6 g - Chlore

25,5 g - Urée

COMPOSITION DE L’URINE

produit polluant, le prototype peut conver-tir l’énergie chimique contenue dans l’urée en électricité et eau, qui peut elle aussi être réutilisée.

Une étude récente montre que l’urine peut être également capable de capturer des gaz à effet de serre comme le CO2. Effectivement, les chercheurs de l’Institut de Recherche et Formation Agraire d’Andalousie ont mon-tré que l’urée se décompose à température ambiante en produisant, entre autres subs-tances, de l’ammoniaque qui peut se lier au CO2 pour former du bicarbonate d’ammo-nium. D’après les chercheurs, le mélange fait à partir de l’urine pourrait permettre de diminuer les émissions globales de 1% par an.

Ces résultats montrent le potentiel de réuti-lisation de l’urine en acceptant de nous dé-partir de l’idée que l’urine est sale …

Page 43: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 43

L’Afrique ne cesse de détruire ses forêts à en croire le rapport du 8ème Forum de Déve-loppement de l’Afrique tenu à Addis Abeba, en Ethiopie. Près de 3,4 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année. Situa-tion très préoccupante quand on connaît le rôle crucial joué par les forêts dans le déve-

L’AFRIQUE À LA 2ème PLACE DU CLASSEMENT MONDIAL DE LA DÉFORESTATION

DIABÈTE ET DÉPRESSION, LE CERCLE VICIEUX

Le 11ème Congrès international sur le diabète organisé par ADIPER (Asociacion de Diabetes del Peru) du 11 au 13 novembre 2012 au Centre de conventions du collège médical du Pérou a fait ressortir que les personnes manifestant des symptômes dépressifs ont plus de probabilité de développer le diabète, même lorsqu’elles ne font partie d’aucune catégorie à risque. Inversement, la moitié des patients souf-frant de diabète sont sujets à la dépression, souvent désarmés face à unemaladiedifficileàgérerauquotidien.Celaveutdirequechezlespersonnes souffrant de symptômes dépressifs, le risque de développer le diabète double, même en l’absence de facteurs aggravants comme l’hypertension, l’obésité, le syndrome métabolique, les problèmes de cholestérol ou les antécédents familiaux.

Parallèlement, la dépression apparaît très fréquemment chez les per-sonnes atteintes par le diabète : un patient sur deux présenterait des symptômes tels que tristesse, solitude et manque d’envie de vivre.

Pour un spécialiste du domaine, il apparaît alors chez le patient un état psychologique aggravant souvent imputable aux difficultés rencon-trées par les diabétiques pour accéder aux soins, au manque de soutien

loppement socio-économique de l’Afrique et dans son développement durable. La majori-té des forêts africaines sont menacées par le défrichement, qu’il soit dû à l’agriculture, au peuplement, aux coupes illégales, à l’extrac-tion de bois comme combustible ou à la pro-duction de charbon de bois. Cette situation

est exacerbée par le trafic du bois à grande ampleur, pourtant des textes juridiques et institutionnels existent pour éviter de telles situations.

Pour sortir de cette problématique, certains proposent des plans concernant les change-ments climatiques et la réduction des émis-sions causées par la déforestation et par la dégradation des forêts dans les pays en dé-veloppement (REDD). Pour les participants au forum, les défis consistent à explorer les possibilités offertes par le REDD et par la transition vers une économie verte.

Rappelons que le Forum pour le Développe-ment de l’Afrique est un cadre de débats et de discussions qui visent à lancer des straté-gies concrètes en faveur du développement de l’Afrique.

familial, à des problèmes économiques, ou encore aux conséquences du développement de la maladie sur leur qualité de vie.

Pour combattre cet état, une activité physique régulière peut avoir des effets bénéfiques car elle permet de mieux contrôler le diabète tout en diminuant les symptômes dépressifs.

Page 44: Vie magazine n°30 18 7 2013

44 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Lancé en 2008 par l’ONG les Amis de la Terre en partenariat avec le Centre de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID) et l’ONG Peuples Solidaires, le prix Pinocchio a été instauré pour « récompenser » les entreprises les plus hypocrites en matière de développement durable. En effet, depuis l’émergence du concept de Responsabilité Sociale et Environnementale de l’Entreprise (RSEE) et sous la pression des groupes de pression de la société dite « civile » (les associations écologiques et hu-manitaires), les entreprises ont tendance à communiquer de façon « mensongère » sur leurs actions en matière de développement durable. On constate effectivement que cer-taines entreprises, avec une réputation peu enviable du point de vue environnemental et développement durable, tentent de se rache-ter une image verte à bas prix, par exemple en communiquant abondamment sur quelques actions responsables tout en continuant de mener en parallèle les mêmes activités désas-treuses pour l’Homme et la nature.

Ceci n’est pas nécessaire quand on connaît le vecteur de la RSEE. Elle postule la bonne foi et la bonne volonté des entreprises qui établis-

L’organisation Greenpeace continue ses investigations sur l’indus-trie textile, après avoir montré que les vêtements de sport et de plein air contiennent trop de produits toxiques. A partir du recoupement des résultats de deux laboratoires indépendants qui ont eu à tester 14 vêtements pour femmes et enfants, Greenpeace a montré que des composés perfluorés (PFC) ont été trouvés dans tous les produits sans exception. Ces polymères chimiques, utilisés pour leur résistance à la chaleur, leur imperméabilité et leur capacité à repousser la poussière, sont très persistants dans l’environnement (pendant plus de 50 ans).

Des concentrations suspectes d’acide perfluorooctanoïque (PFOA) avaient été décelées dans des vestes des marques The North Face, Pa-tagonia, Jack Wolfskin, Kaikkialla, et dans un pantalon pour enfant Marmot. Le PFOA peut être cancérigène et toxique pour la reproduc-tion. Des taux élevés d’alcools fluorotélomériques (FTOH) avaient aussi été trouvés dans une veste pour enfant de la marque Vaude et dans des vestes pour adultes Mammut, Kaikkialla et Patagonia. Or les FTOH peuvent se transformer en PFOA.

RSE : LESIEUR, BOLERA ET AREVA, GRANDS GAGNANTS DE L’HYPOCRISIE ENVIRONNEMENTALE 2012

sent elles-mêmes leur rapport : elles ne sont en aucun cas sanctionnables si elles ne res-pectent pas leurs engagements (qui se limitent souvent à des déclarations d’intentions géné-ralistes et superficielles) puisqu’il s’agit d’une approche volontariste. La RSE telle qu’elle se présente aujourd’hui s’avère donc inefficacevoire contre-productive, beaucoup d’entre-prises bénéficiant de retombées positives sans faire d’efforts significatifs. C’est pourquoi de nombreux acteurs se mobilisent aujourd’hui pour faire de la RSE un concept véritablement contraignant, au niveau national mais aussi international. Et c’est ici qu’intervient le Prix Pinocchio, destiné à souligner et dénoncer les abus en matière de développement durable, et la conception très orientée qu’ont certaines entreprises de la vérité, à l’instar du célèbre pantin de Disney.

Dans la catégorie « Plus vert que vert » ou « greenwashing », le gagnant est l’entreprise à la communication la plus trompeuse en ma-tière de développement durable. À ce petit jeu-là, Lesieur remporte la mise suivi de Auchan et Urbaser. Lesieur rafle la mise pour sa cam-pagne « Aidons l’Afrique : une bouteille d’huile Lesieur achetée, une bouteille envoyée »,

censée venir en aides aux populations souf-frant de famine. Or, Sofiprotéol, maison-mère de Lesieur soutient largement les agrocarbu-rants, accusés de contribuer aux famines en question en réquisitionnant des terres fertiles pour des usages non-alimentaires. Ces agro-carburants sont par ailleurs amplement res-ponsables de la hausse des prix alimentaires (à hauteur de 75%). L’entreprise la moins respectueuse des res-sources naturelles et donc de l’environnement est Bolera Minera - joint-venture créée par le groupe Bolloré et le groupe Eramet.

Enfin, le prix « Mains sales, poches pleines » est décerné à Areva qui devance la BNP et Pe-renco, en tant qu’entreprise la moins transpa-rente et la plus active en matière de lobbying. Elle s’obstine notamment à ne pas reconnaître les conséquences sanitaires de son exploita-tion d’uranium en Afrique (qui contamine pourtant allégrement l’air, l’eau et le sol) afin d’alimenter la production nucléaire de l’en-treprise. De plus, l’entreprise est soupçonnée d’être impliquée dans un montage financier suspect lui permettant d’obtenir illégalement le marché de construction de centrales nu-cléaires.

LES DESSOUS TOXIQUES DES VÊTEMENTS

L’organisation a étendu son étude sur 141 articles pour femmes, hommes et enfants, vendus dans 29 pays et régions du monde. Ré-sultat: 89 articles (63% de l’échantillon) contiennent des éthoxylates de nonylphénol (NPE) à des taux compris entre 1 partie par mil-lion (ppm) et 45.000 ppm. Les concentrations les plus élevées (su-périeures à 1.000 ppm) ont été observées dans des produits C&A, Mango, Levi’s, Calvin Klein, Zara, Metersbonwe, Jack&Jones et Marks&Spencer. Des phtalates ont également été détectés dans les 31 produits conte-nant du plastisol, le corps chimique obtenu par la dispersion de ré-sines synthétiques (principalement PVC et EVA) dans un plastifiant, utilisé comme encre pour imprimer en sérigraphie des images et des logos sur les textiles. La toxicité des phtalates est aujourd’hui recon-nue. A faible dose, ils peuvent perturber le système endocrinien et à plus forte dose, leur impact sur le fonctionnement du foie et des reins a été mis en évidence.

Enfin, des colorants azoïques, qui libèrent des amines cancérogènes, ont été décelés dans 2 articles de la marque Zara. Potentiellement nocifs pour la santé, ces produits s’avèrent aussi dangereux pour l’en-vironnement. Greenpeace appelle donc les grandes marques de l’industrie textile à stopper l’utilisation de ces substances, avec l’objectif d’atteindre le zéro rejet d’ici le 1er janvier 2020, comme s’y sont déjà engagés Levi’s et Jack Wolfskin, sans pour autant passer encore à l’acte.

Page 45: Vie magazine n°30 18 7 2013

Dakar, UCAD IIles 10, 11 et 12 Décembre 2013

Biodiversité végétale et ressourcesthérapeutiques dans le Sahel

Colloque International et interdisciplinaire sur la:

chimie des substances naturelles•restauration des écosystèmes•anthropologie de la santé•biodiversité végétale•ethnopharmacologie•écologie végétale•ethnobotanique•phytothérapie•

biodiversité végétale et eth-nobotanique

Gestion et conservation des ressourcesvégétales sahéliennes

Aspects pratiques de la cueillette et dela conservation des espèces médicinales

Amélioration des espèces médicinalesConnaissance et utilisation des espèces

endémiques par les populations locales

pratiques médicales populaires Les plantes, leur signification et leur

usage en thérapieLes savoirs locaux autour des plantes

médicinales : l’ethnopharmacologiePlantes, médecines modernes et alter-

natives : quels liens, quelles confronta-tions ?

Formulation thérapeutique etessai clinique

Formulation médicamenteuse des res-sources végétales

Formulation thérapeutique médicale(quels enjeux)

Essais cliniques applicables pour la va-lidation thérapeutique médicale

ohmi-tesse

kere.org/colloque2013

UMI 3189 (CNRS, CNRST, USTTB, UGB, UCAD) & OMHi Téssékéré (CNRS &UCAD) Dakar, Sénégal, Université Cheikh Anta DIOP, FMPOS

Tel : (+221) 33 824 87 95 / 77 760 96 69 / 77 651 02 32 - Email : [email protected]@yahoo.fr - web: http://www.ohmi-tessekere.org

Dates limites

Inscription et envoi des résumés : 1e juin 2013

Réponse par le comité scientifique : 15 juin 2013

Soumission version finale : 1e Novembre 2013

Page 46: Vie magazine n°30 18 7 2013

46 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Eco-jeunes

NOUS VIVONS AVEC TROP DE BRUIT !

Le bruit constitue une nuisance majeure dans la vie de tous les jours. Non contrôlé, il peut provoquer des surdités mais aussi stress et fatigue qui, à la longue, ont des conséquences sur notre santé et la qualité de notre vie. On considère que l’ouïe est en danger à partir d’un niveau de 80 décibels. Si le niveau est extrêmement élevé (supérieur à 130 décibels), toute exposition, même de très courte durée, est dangereuse. Elle peut conduire à une surdité, phénomène irréversible. Le bruit est cause de fatigue et de stress et agit sur les systèmes nerveux, cardiovasculaire et digestif. Mais, il n’affecte pas seulement la santé. En empêchant de nous concentrer, il nuit également à la qualité de notre vie.

Ce que tu dois savoir :M On parle de bruit lorsqu’un ensemble de

sons est perçu comme gênant. Il s’agit donc d’une notion subjective : le même son peut être jugé utile, agréable ou gênant selon la personne qui l’entend et le moment où elle l’entend. Mais, lorsque le niveau sonore est très élevé, tous les sons sont perçus comme gênants et peuvent même être dangereux.

M Avec nos voitures, nos motos, les avions, nos appareils électriques auxquels il faut ajouter nos radios, climatiseurs, télévi-seurs, nous vivons dans un monde de plus en plus bruyant. Cet environnement bruyant nous pousse à parler de plus en plus en plus fort pour ne pas dire « hurler » lorsque nous conversons.

M Le bruit nous distrait dans notre travail, nous énerve, nous fatigue, nous rend sourds, et peut provoquer des maladies.

M L’unité de mesure de bruit est le décibel (dB). Nous entendons à partir de 20 dB et nous avons mal aux oreilles à partir de 120 dB. A titre d’exemple, le bruit d’une conversation est de 40 dB, d’une voiture 80 dB, d’un marteau piqueur 120 dB.

Pourquoi le bruit nous fatigue?Parce que nos oreilles ne sont pas comme nos yeux : elles n’ont pas de paupières ! Même quand on dort, on entend, et notre cerveau continue à travailler. La nuit, il est impossible de se reposer correctement si le bruit dépasse 40 dB. Et le jour, on ne peut se détendre s’il est supérieur à 55 dB. Ce qui

explique qu’il soit difficile qu’on puisse sereposer lorsqu’on habite à proximité d’une route très empruntée ou d’un aéroport.

Comment devient-on quand on vit dans un univers trop bruyant?On est fatigué, nerveux, et on se met en colère pour un rien. On n’arrive plus à se concentrer. Notre cerveau devient une pas-soire et il peut s’en suivre des maux de tête ou de ventre.

Pourquoi certains bruits nous font-ils du mal sans qu’on le sache?Au-delà de 85 dB, le bruit peut à la longue abîmer nos oreilles et nous rendre sourds. A ce niveau de décibels, on ne sent rien car on

Page 47: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 47

n’a pas mal aux tympans comme c’est le cas lorsqu’on se situe entre 85 et 120 dB. Ainsi, les utilisateurs de baladeurs numériques et téléphones portables risquent de voir leurs capacités d’audition endommagées de façon permanente. Le risque le plus important consiste à écouter un baladeur numérique durant plus d’une heure par jour, à un vo-lume élevé excédant 89 décibels (dBA), du-rant une période de cinq ans ou plus.

Comment rouler en sourdine?Il faut rouler doucement car le crissement des pneus augmente avec la vitesse surtout au dessus de 50 km/h. En plus, cela limite la consommation de carburant : bon pour le climat et … pour le portefeuille.

Pourquoi les avions nous cassent-ils les oreilles?Le bruit d’un avion au décollage à 20 mètres est de 125 dB. Cependant, avec la techno-logie, le bruit des avions a baissé de 20 dB depuis 30 ans mais dans le même temps, le trafic aérien a doublé. Les gens qui habitent près des aéroports vivent un enfer surtout la nuit. C’est en tenant compte de cette donne que les aéroports des pays développés ont tendance à fermer leur trafic entre minuit et 6 heures du matin.

INCROYABLEM Lors de la Coupe d’Afrique des Nations

qui a eu lieu en Afrique du Sud, les sup-

Les utilisateurs de baladeurs nu-mériques et télé-phones portables risquent de voir leurs capacités d’audition endom-magées de façon permanente. ”

porters ont été confrontés au désagréable bruit des vuvuzelas. Correctement utilisé, il peut émettre jusqu’à 130 décibels ! Alors quand plusieurs dizaines de milliers de vuvuzelas résonnent en même temps dans une enceinte semi fermée, le bruit devient très vite insupportable. Mais heureuse-ment, un bidouilleur allemand a trouvé la solution pour supprimer le bruit du vu-vuzela ! La note principale d’un vuvuzela est le «La#». Le ton dominant a une fré-quence d’environ 233 hertz et les harmo-niques une fréquence de 466, 932 et 1864 hertz. Du coup, avec une bonne carte son (sans latence), et un petit soft, il devient facile de retirer le son de ce vuvuzela, en temps réel pendant les matchs.

M Dans les cantines des écoles mal insonori-sées, le brouhaha équivaut au passage d’un train en gare : 100 dB.

M Le niveau de bruit le plus élevé de l’his-toire humaine serait celui de l’explosion du volcan Krakatoa (se trouvant en Indonésie entre Sumatra et Java) en 1883 qui fut en-tendu sur 1/12 de la surface de la Terre. Ce bruit fut l’un des plus violents de mémoire d’homme et l’explosion du volcan tua plu-sieurs dizaines de milliers de personnes et engendra un tsunami dont les vagues fu-rent alors perceptibles jusqu’en Europe.

Les supporters sud-africains et leurs vuvuzelas

Page 48: Vie magazine n°30 18 7 2013

48 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Lettre de l’Océanium

POUR UNE AGRICULTURE VIVRIÈRE ET PROTECTRICE DE L’ENVIRONNEMENT AU SÉNÉGAL

L’agriculture est un enjeu économique etsocialconsidérable.Hierautosuffi-sant, le Sénégal importe aujourd’hui la

plus grande part du riz, de l’ail et même des oignons qu’il consomme. En parallèle, la pol-lution des sols, des côtes et des cours d’eau a atteint des niveaux excessivement dangereux pour la santé du peuple sénégalais et en par-ticulier pour la santé de ses enfants. Or, une nation qui contamine ses enfants est une na-tion qui n’a pas de futur.

La magnifique terre sénégalaise peut nourrir et faire grandir tous ceux qu’elle porte à la condition que nous cessions de la maltraiter et que nous décidions ensemble une bonne fois pour toutes de prendre soin d’elle. Car ce que les petits agriculteurs savent, nous l’avons collectivement oublié. Eux vivent grâce aux bienfaits de la terre et souffrent dans leur chair de constater son appauvris-

sement. Ils sont en première ligne pour nous dire qu’avec le changement climatique les rendements baissent dramatiquement, qu’avec l’augmentation des prix des engrais chimiques il n’est plus possible d’accéder à ces solutions illusoires et qu’avec l’accapa-rement des terres ils craignent purement et simplement de ne plus pouvoir nourrir leurs familles.

Il faut dans notre pays un important renou-vellement des pratiques agricoles. Un sur-saut agroécologique qui revalorise d’abord le rôle des petits exploitants, pioche ensuite dans les précieuses connaissances de nos vieux et les conjugue enfin avec les progrès agronomiques les plus récents. Car la mo-dernité n’est pas de couper les arbres qui of-fraient de l’ombre et limitaient l’évaporation, de stériliser les sols en pratiquant année après année les labours profonds, d’asperger

le tout d’intrants chimiques et de pesticides en contaminant les parcelles et les récoltes, de réserver les sols les plus fertiles aux monocul-tures exportatrices artificiellement produc-tives, et de gaspiller l’eau dans des cultures trop gourmandes dans cette ressource rare. Ces pratiques sont un allez simple pour le gouffre du sous-développement. Elles main-tiennent la dépendance envers les capitaux

Page 49: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 49

étrangers, le ravage de nos ressources et les solutions du passé.

La modernité c’est penser une agriculture liée au reste du vivant, protectrice de la bio-diversité et protectrice des Hommes. Les champs sont des écosystèmes qui peuvent produire beaucoup et de façon naturelle si on les accompagne et qu’on les comprend bien.

L’agroforesterie, les cultures associées, les en-grais ou répulsifs organiques, les procédés de distribution et d’économie d’eau permettent des productions élevées et durables. Ils sont l’avenir d’un Sénégal alimentairement auto-suffisant,sainetfierdesesagriculteurs.

Oceanium s’engage avec les communautés et les organisations paysannes déjà investies

dans cette démarche, à soutenir la diffusion et l’approfondissement des connaissances agroécologiques à travers tout le Sénégal.

Guillaume DurinChargé de la communication

et de la formation, Oceanium Dakar

© O

céan

ium

Page 50: Vie magazine n°30 18 7 2013

50 Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013

Page 51: Vie magazine n°30 18 7 2013

Magazine VIE n° 30 Juillet-Août 2013 51

Page 52: Vie magazine n°30 18 7 2013