Université de Toulouse
, THESE En vue de l'obtention du
DOCTORAT DE L'UNIVERSIT~ DE TOULOUSE Délivré par:
Université Toulouse Il Le Mirail (UT2 Le Mirail)
Discipline ou spécialité:
Etudes rurales en sciences du développement
Présentée et soutenue par: Moussa SALL
le: mercredi 30 septembre 2015
Titre:
Les exploitations agricoles familiales face aux risques agricoles et climatiques: stratégies développées et assurances agricoles
Ecole doctorale: Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (TE SC)
Unité de recherche: Dynamiques Rurales
Directeur(s) de Thèse:
Mohamed GAFSI
Rapporteurs:
M. Michel LESOURD, Professeur en géographie (Université de Rouen) M. Guy FAURE, Docteur en économie, (CIRAD, UMR Innovation, Montpellier)
Membre(s) du jury :
M. Bernard CHARLERY DE LA MASSELIERE, Professeur de géographie(Université Jean Jaurès) M. Alain BONNASSIEUX, Sociologue (UMR Dynamiques rurales, Toulouse)
M. Bertrand MULLER, Chercheur agronome (CiRAD/ISRA-CERAAS) M. Mohamed GAFSI, Professeur en Sciences de gestion (ENFA, Toulouse)
i
RESUME L’agriculture familiale s’affiche indéniablement comme un pilier de la sécurité alimentaire
nationale. Elle représente près de 80% des exploitations en Afrique sub-saharienne et emploie
75% des actifs. Dans le Bassin arachidier, les exploitations agricoles familiales ont
généralement une superficie moyenne comprise entre un et cinq hectares mais, elles font face
aux divers défis de sécurité alimentaire, d’équité sociale et de durabilité environnementale. En
outre, elles sont confrontées à des contraintes structurelles d’ordre organisationnel et
économique dans un contexte d’incertitude climatique. Ainsi, cette thèse cherche à
comprendre les stratégies mises en œuvre par les exploitations familiales face aux différents
risques ainsi que les propositions alternatives des autres acteurs du développement du secteur.
Il s’agit, à la fois, d’identifier les principales contraintes se posant aux exploitations et les
stratégies qu’elles occasionnent pour proposer des stratégies complémentaires ou alternatives
dans le cadre d’analyse de la gestion du risque.
Pour une telle visée, nous avons appréhendé les concepts d’exploitation agricole familiale, de
risque, de vulnérabilité et d’assurance agricole pour prendre en compte les dimensions de cet
objet de recherche. Ce cadre théorique et conceptuel a été opérationnalisé sur le terrain au sein
d’exploitations agricoles, en donnant la parole aux chefs d’exploitation. Plusieurs enquêtes
ont été réalisées et ont porté sur les indicateurs sociodémographiques, structurels et
techniques, sur les principaux risques et contraintes au niveau des exploitations, sur la
perception de l’assurance agricole.
Les principaux risques identifiés sont agricoles et climatiques. Les exploitations agricoles
familiales considèrent l’accès aux intrants (engrais et semences) et au matériel agricole
comme une contrainte structurelle, en plus du déficit pluviométrique. Aussi, il ressort une
vulnérabilité importante dans ses trois composantes au niveau des exploitations agricoles du
Bassin. Cette réflexion montre les limites des stratégies développées par les exploitations
agricoles pour améliorer leur résilience dans le contexte pluvial du Bassin arachidier ; et
justifie la nécessité d’aller vers de nouvelles stratégies complémentaires. L’une des pistes que
nous avons explorée est l’assurance indicielle agricole. Son couplage au crédit, comme
garantie pour les institutions financières et pour disposer de fonds de roulement, est
positivement apprécié par les souscripteurs qui, à hauteur de 95%, sont prêts à prolonger
l’utilisation des polices d’assurance.
Mots clés : Exploitation agricole familiale – Risque – Vulnérabilité – Assurance agricole-
Bassin arachidier
ii
ABSTRACT Family farming undeniably appears as a pillar of national food security. It represents nearly
80% of farms in sub-Saharan Africa and employs 75% of assets. In the groundnut basin,
family farms generally have an average size between one and five hectares, but they face the
various challenges of food security, social equity and environmental sustainability. In
addition, they face structural constraints of organizational and economic order in a context of
climate uncertainty. Thus, this thesis seeks to understand the strategies used by family farms
toward the various risks and alternative proposals from other actors in the sector's
development. It is, at once, to identify the main constraints arising farms and strategies they
cause to propose additional or alternative strategies in the analysis of the risk management
framework.
For such an aim, we arrested the concepts of family farm, risk, vulnerability and agricultural
insurance to reflect the dimensions of this subject for research. This theoretical and
conceptual framework was operationalized on the field within farms, giving a voice to farm
managers. Several investigations have been conducted and focused on socio-demographic,
structural and technical indicators, principal risks and constraints at the farm level, the
perception of agricultural insurance.
It appears from this study that the main risks identified are agriculture and climate. Family
farms consider access to inputs (fertilizer and seed) and farm equipment as a structural
constraint in the rainfall deficit. Also, it appears a significant vulnerability in its three
components at farm level Basin. This reflection shows the limits of the strategies developed
by the farms to improve their resilience in the context of rainfed groundnut basin; and justifies
the need to go to new complementary strategies. One of the tracks that we have explored is
the agricultural index insurance. Its coupling to credit, as collateral to financial institutions
and to provide working capital is positively appreciated by the subscribers who, up to 95%,
are willing to extend the use of insurance policies.
Keywords: Farm family - Risk - Vulnerability - Agricultural Insurance
iii
DEDICACES À ma mère, rappelée à Dieu trop tôt, mais qui n’a cessé de m’accompagner dans toutes mes
entreprises ;
À mon père qui n’a ménagé aucun effort pour la réussite de ses enfants ;
À mes grands-parents, merci pour votre disponibilité durant les périodes difficiles, reposez en
paix ;
À Abdou Aziz SALL, oncle et grand frère, arraché trop tôt à notre affection, merci pour tous
tes conseils qui me sont d’une très grande utilité.
iv
REMERCIEMENTS Mes remerciements s’adressent tout d’abord au Programme de Productivité Agricole en
Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP). Ce travail a été réalisé grâce à un financement octroyé
par le CERAAS/ISRA. Je remercie particulièrement le Directeur du CERAAS Dr Ndiaga
CISSE, Mme Mariama FAYE, M. Sandéné DIAGNE et l’ensemble du personnel pour avoir
facilité les démarches administratives pour l’obtention du financement.
Mes remerciements vont aussi à l’endroit de ma structure de tutelle, l’Institut Sénégalais de
Recherches Agricoles, qui m’a permis de bénéficier de cette formation et d’élargir ma sphère
de connaissances, particulièrement l’ISRA-BAME qui a piloté ce travail. Je tiens à adresser
mes sincères remerciements à Dr Djiby DIA, aux anciens Directeurs du Bureau d’Analyse
Macro-Économique (BAME) et à l’ensemble du personnel du BAME.
J’adresse mes sincères remerciements à mon directeur de thèse, Professeur Mohamed GAFSI
et à mon co-directeur, M. Alain BONNASSIEUX, qui m’ont chaleureusement accompagné
dans la réussite de ce modeste travail. Malgré un problème de financement, ils ont su être
patients et j’ai toujours pu bénéficier de leurs conseils, de leur attention mais surtout de leur
confiance. Merci vraiment pour cet accompagnement rapproché, les suggestions judicieux et
les encouragements. Je vous remercie aussi pour la qualité de l’accueil au sein de
Dynamiques Rurales où j’ai pu bénéficier d’excellentes conditions de travail.
Je remercie les membres du jury, Messieurs Michel LESOURD, Guy FAURE, Bernard Charlery
de la MASSELIÈRE, Bertrand MULLER, Alain BONNASSIEUX et Mohamed GAFSI, d’avoir
accepté d’évaluer ce travail.
Mes remerciements vont à l’endroit des membres de mon comité de thèse : Mohamed GAFSI,
Alain BONNASSIEUX, Bertrand MULLER et Françoise GERARD du CIRAD et Philipe
QUIRION du CIRED. Ils ont fortement contribué à l’amélioration de cette thèse par leur
conseil avisé et par leur accompagnement sur le terrain. Leurs commentaires ont largement
éclairé mes réflexions. Je remercie aussi François AFFHOLDER pour ses conseils et pour la
mise à disposition de sa connaissance de mon terrain d’étude.
Mes remerciements aux responsables de Dynamiques Rurales pour l’opportunité qui m’a été
donnée d’y réaliser mon Master ESSOR 2 suivi de cette thèse et tous les services d’appui pour
leur disponibilité et leur sens du devoir. Une mention spéciale à Dominique DELIGNY,
secrétaire au laboratoire Dynamiques Rurales pour sa disponibilité constante, surtout lors des
inscriptions doctorales.
Une mention spéciale au Dr Bertrand MULLER qui a été à l’origine de cette thèse et qui n’a
épargné aucun effort pour sa finalisation. Merci Bertrand pour ton humanisme et pour ton
accompagnement scientifique pour ce modeste travail.
Mes remerciements vont aussi à l’endroit de mes collègues chercheurs, administratifs et
personnels d’accompagnement du Bureau d’Analyse Macro-Économique (BAME) pour leur
patience et leur soutien sans faille. Je remercie et encourage aussi les allocataires de recherche
v
et stagiaires pour leur appui mais aussi pour les échanges et les débats intéressants que nous
avons eu à partager.
Je remercie particulièrement Katim TOURE, mon collègue de bureau, pour les échanges
scientifiques dans le cadre de mes travaux, sa disponibilité, son sens du partage et surtout
pour avoir facilité mes séjours à Toulouse. Merci pour tout KT.
Mes remerciements vont aussi à l’endroit de Dr Astou DIAO CAMARA, la Présidente, pour
ses encouragements constants mais aussi pour les différentes relectures de la thèse et au Dr
Alioune DIENG pour ses conseils avisés et ses prières.
Je tiens particulièrement à remercier tous les membres des exploitations agricoles familiales
de ma zone d’étude du Bassin arachidier pour avoir acceptés mes allers-retours incessants à la
quête de l’information. À ce niveau aussi, mes remerciements à Djibril DIOUF et à Mor
FALL pour avoir accompagné ce travail en menant toutes les enquêtes du début à la fin et à
Aymeric RICOME avec qui on a partagé le terrain d’étude.
J’exprime ma gratitude à la famille EKHOUTE pour m’avoir accueillis et accompagnés toutes
ces années. Merci Michel et Claudine pour votre gentillesse et votre disponibilité. Mes
remerciements aussi à Amina FALL et à mon ami Mohamed Fadel NIANG pour avoir
partagé avec moi ta demeure ainsi que pour tes encouragements et ta disponibilité. Grand
DIENG, merci à toi aussi pour tes conseils et pour ton sens du partage.
Je remercie aussi les membres de ma famille à Paris et à Lyon surtout mes grandes sœurs
Oumou Aïssata SALL et Bineta SALL pour leur conseil avisé, leur soutien moral et matériel.
Je ne saurai finir sans remercier ma famille au Sénégal. Tout d’abord mon père, Moustapha
SALL et mon oncle Amadou Ciré SALL qui nous ont toujours encouragés à aller de l’avant.
À Coucouni, pour tes encouragements constants et ta disponibilité. À mon grand frère
Ibrahima SALL pour tout son soutien moral et matériel. À Longuenza, Bouyat SALL, pour
son soutien sans faille dans tous les domaines. Finalement, à mon épouse Habibou SALL et
mes enfants qui ont accepté mes longues absences répétées.
À tous, je vous exprime ma profonde gratitude.
vi
Table des matières RESUME ..................................................................................................................................... i ABSTRACT ............................................................................................................................... ii DEDICACES ............................................................................................................................ iii REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iv
Table des matières ..................................................................................................................... vi Liste des tableaux ...................................................................................................................... ix Liste des figures ........................................................................................................................ xi Liste des sigles et acronymes ................................................................................................... xii Introduction générale ................................................................................................................ 15
PARTIE 1 : ENJEUX ET DÉFIS DE DE L’AGRICULTURE FAMILIALE ........................................... 19 Introduction .......................................................................................................................... 19
Chapitre 1 : Structuration, intégration aux marchés et contexte institutionnel des exploitations
agricole familiales .................................................................................................................... 23 1- Structure des exploitations agricoles familiales ........................................................ 23 2- Des systèmes de production diversifiés ..................................................................... 29 3- Production et évolution de la productivité agricole ................................................... 34
3-1- La production agricole .............................................................................................. 34
3-2- Évolution des productions animales ......................................................................... 40
4- Intégration aux marchés ............................................................................................. 42 4-1- Exploitations agricoles et marchés ........................................................................... 42
4-2- Structuration des marchés ......................................................................................... 43 5- Évolution du contexte institutionnel .......................................................................... 45
5-1- Des politiques orientées vers l’accroissement des productions agricoles (1960-1970)
.......................................................................................................................................... 45
5-2- La faillite des politiques productivistes (1970-1979) ............................................... 46 5-3- Les politiques d’ajustement structurel (1980-1989) ................................................. 49 5-4- La période des réajustements structurels (1990-1999) ............................................. 50
5-5- Les politiques agricoles de l’« alternance » (2000 à nos jours) ................................ 52 Chapitre 2 : Vulnérabilité et changement climatique ............................................................... 54
1- Sécheresse et variabilité pluviométrique ......................................................................... 54 2- Contraintes économiques ................................................................................................. 56 3- La pauvreté des exploitations agricoles au Sénégal ......................................................... 58 4- Impact des changements climatiques sur les exploitations agricoles familiales ............. 63
Synthèse ................................................................................................................................... 67 PARTIE 2 : ÉTAT DE L’ART, PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE ....................................... 68
Chapitre 3 : Vulnérabilité et Stratégie des exploitations agricoles ............................ 68 Introduction .......................................................................................................................... 68 1- Les sources de vulnérabilité ...................................................................................... 68
1-1- Définition du risque ............................................................................................ 69 1-2- Typologie des risques ......................................................................................... 71
1-3- Importance du risque .......................................................................................... 73 2- Vulnérabilité des exploitations agricoles ................................................................... 78
2-1- Le concept de vulnérabilité ....................................................................................... 78 2-2- L’exposition .............................................................................................................. 81 2-3- La sensibilité ............................................................................................................. 82
2-4- La capacité d’adaptation des exploitations agricoles ............................................... 83 3- Stratégies des agriculteurs et assurances ................................................................... 87
vii
3-1- Stratégies des exploitations agricoles ....................................................................... 88 3-2- Assurances ................................................................................................................ 93
Synthèse ............................................................................................................................... 99 Chapitre 4 : Modèle d’analyse et méthodologie ..................................................................... 100
Introduction ........................................................................................................................ 100 1- Cadre opératoire et Modèle d’analyse ........................................................................... 100
1-1- Cadre opératoire ..................................................................................................... 100 1-2- Modèle d’analyse .................................................................................................... 107 1-3- Démarche de la recherche ....................................................................................... 110
2- Méthodologie ................................................................................................................. 111 2-1- Présentation de la zone d’étude .............................................................................. 111 2-2- Méthode d’échantillonnage .................................................................................... 113
2-3- Les enquêtes de terrain ........................................................................................... 115 2-4- Méthode d’analyse .................................................................................................. 116
Synthèse ............................................................................................................................. 124 Partie 3 : Résultats .................................................................................................................. 126
Chapitre 5 : Situation des exploitations du Bassin arachidier ................................................ 126 Introduction ............................................................................................................................ 126
1- Caractérisation socioéconomique des exploitations du Bassin arachidier ..................... 126 1-1- Typologie des exploitations du Bassin arachidier .................................................. 127
1-2- Population dans les exploitations agricoles et nombre d’actifs .............................. 129 1-3- Structure de la population selon les ethnies ............................................................ 129
1-4- Structure de la population selon le niveau d’éducation .......................................... 131 2- Ressources des exploitations .......................................................................................... 132
2-1- Le foncier ................................................................................................................ 132 2-2- La main d’œuvre ..................................................................................................... 132
2-3- Le niveau d’équipement des exploitations agricoles .............................................. 135 2-4- Le bétail .................................................................................................................. 137
3- Activités économiques et autres sources de revenus ..................................................... 138
3-1- Activités agricoles .................................................................................................. 138 3-2- Activités non agricoles ........................................................................................... 142
3-3- Les revenus agricoles et non agricoles ................................................................... 143
Synthèse Chapitre V ........................................................................................................... 146 Chapitre 6 : Les risques au niveau des exploitations agricoles .............................................. 147
Introduction ............................................................................................................................ 147 1- Les principales contraintes au niveau des exploitations ................................................ 147
2- L’analyse des différents de risques au niveau des exploitations .................................... 149 2-1- Risques naturels ...................................................................................................... 149 2-2- Risques agronomiques ............................................................................................ 158 2-3- Risques économiques ............................................................................................. 162
3- L’analyse de la vulnérabilité des exploitations agricoles .............................................. 167
3-1- Indicateur pour l’exposition .................................................................................... 167 3-2- Indicateur pour la sensibilité ................................................................................... 168 3-3- Indicateur pour la capacité d’adaptation ................................................................. 169 3-5- Indice de vulnérabilité au niveau de l’exploitation ................................................ 170
Synthèse chapitre VI .......................................................................................................... 172
Chapitre 7 : Les stratégies développées au niveau des exploitations agricoles ..................... 173 1- Les stratégies de dispersion ........................................................................................... 173
viii
1-1- Stratégies d’innovation technique .......................................................................... 173 1-2- Stratégies managériales .......................................................................................... 175 1-3- Stratégies d’émigration ........................................................................................... 176
2- Les stratégies de protection ..................................................................................... 178
2-1- Stratégies d’épargne ............................................................................................... 178 2-2- Assurance agricole .................................................................................................. 178
3- Les stratégies d’évitement/contournement .............................................................. 180 3-1- Les crédits ........................................................................................................ 180 3-2- Les contrats à termes ........................................................................................ 181
Synthèse chapitre VII ......................................................................................................... 184 Chapitre 8 : L’assurance agricole dans le Bassin arachidier .................................................. 186 Introduction ............................................................................................................................ 186
1- L’expérience sénégalaise des assurances agricoles ....................................................... 187 1-1- Genèse de l’assurance agricole ........................................................................ 187 1-2- Résultats des premières souscriptions aux assurances ..................................... 190
2- Les produits d’assurance agricole .................................................................................. 192
1-1- L’assurance par indemnisation ............................................................................... 193 1-2- L’assurance-revenu ................................................................................................. 194 1-3- L’assurance indicielle ............................................................................................. 195
3- L’assurance indicielle dans le Bassin arachidier ........................................................... 197
4- Étude de cas dans le Bassin arachidier avec les projets pilotes mis en œuvre ............... 200 4-1- Identification des enquêtés ..................................................................................... 200
4-2- Analyse de l’assurance indicielle ........................................................................... 201 Synthèse chapitre VIII ........................................................................................................ 207
Conclusion Générale .............................................................................................................. 209 Bibliographie .......................................................................................................................... 216
ANNEXE 1 : Typologie ....................................................................................................... 234 ANNEXE 2 : Questionnaires ............................................................................................... 244
1- Questionnaire ménage agricole ............................................................................... 244
2- Questionnaire sur les risques des exploitations agricoles familiales ....................... 261 ANNEXE 3 : Questionnaire sur assurance indicielle ............................................................. 266
ANNEXE 4 : CALCUL VULNÉRABILITÉ ......................................................................... 276
ix
Liste des tableaux Tableau 1 : Évolution de la taille moyenne des exploitations de 1960 à 1998 ........................ 24 Tableau 2 : Taille des exploitations agricoles et superficie moyenne cultivée au Sénégal (en
ha) ............................................................................................................................................. 24 Tableau 3 : Cartographie des dynamiques associatives ........................................................... 26
Tableau 4 : Évolution du disponible annuel en viande et abats (en tonnes) ............................ 41 Tableau 5 : Évolution du disponible en lait (en millions de litres) .......................................... 42 Tableau 6 : Évolution des indices du pouvoir d’achat et des prix de 1990 à 2002 .................. 58 Tableau 7 : Évolution de l’incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence ................... 59 Tableau 8 : Incidence de la pauvreté et contribution selon les régions administratives .......... 60
Tableau 9 : Présentation de certains risques en agriculture ..................................................... 72 Tableau 10 : Indicateurs des sources de vulnérabilité ............................................................ 109
Tableau 11 : Taille de l’échantillon par village et par zone ................................................... 114 Tableau 12 : Relation entre les variables et la vulnérabilité .................................................. 121 Tableau 13 : Répartition des types d’exploitation au niveau du Bassin arachidier ................ 127 Tableau 14 : Caractéristiques des différents types d’exploitation .......................................... 128 Tableau 15 : Population et nombre d’actifs dans les EAF ..................................................... 129 Tableau 16 : Répartition des ethnies dans la zone d’étude .................................................... 130
Tableau 17 : Structure de la scolarisation des chefs de famille ............................................. 131
Tableau 18 : Disponible foncier dans les exploitations agricoles .......................................... 132 Tableau 19 : Recours à l’entraide dans les exploitations ....................................................... 133
Tableau 20 : Recours à la main d’œuvre salariée ................................................................... 134 Tableau 21 : Niveau et nombre de travailleurs hors exploitation .......................................... 134 Tableau 22 : Niveau d’équipement par type d’exploitation dans le Bassin ........................... 135
Tableau 23 : Taux de couverture des besoins en traction animale ......................................... 136
Tableau 24 : Répartition des animaux dans les exploitations agricoles ................................. 137 Tableau 25 : Niveau d’utilisation de semences certifiées dans les exploitations ................... 139 Tableau 26 : utilisation des engrais dans les exploitations ..................................................... 140
Tableau 27 : Quantité d’engrais utilisée à l’hectare ............................................................... 140 Tableau 28 : Rendements au niveau des exploitations agricoles ........................................... 141
Tableau 29 : Activités non agricoles au niveau des exploitations .......................................... 143 Tableau 30 : Revenus au niveau des exploitations en 2012 et 2013 (en FCFA).................... 144 Tableau 31 : Contraintes au niveau des exploitations agricoles ............................................. 147 Tableau 32 : Perception de l’évolution de la sécheresse et du nombre de pluies .................. 151
Tableau 33 : Évolution des saisons sur les trente dernières années ....................................... 151 Tableau 34 : Évolution des pauses pluviométriques et des longues périodes pluvieuses ...... 152
Tableau 35 : Évolution de l’intensité de la température selon les agriculteurs ...................... 154 Tableau 36 : Évolution des nombres de jours chauds et froids selon les paysans ................. 155 Tableau 37 : Perception de l’érosion hydrique par les agriculteurs ....................................... 157 Tableau 38 : Pourcentage des terres abandonnées ................................................................. 158 Tableau 39 : Évolution du nombre de variétés introduites entre 1980 et 2013 ...................... 159
Tableau 40 : Utilisation des semences certifiées dans les exploitations ................................ 160 Tableau 41 : Niveau d’utilisation des engrais en 1980 et en 2013 ......................................... 160 Tableau 42 : Évolution du matériel agricole entre 1980 et 2013 ........................................... 161 Tableau 43 : Évolution des rendements entre 1980 et 2013 .................................................. 162 Tableau 44 : Évolution des prix des céréales de 1997 à 2012. ............................................... 163
Tableau 45 : évolution des personnes ayant un compte et un crédit ...................................... 164 Tableau 46 : Transfert d’argent (FCFA), nombre de travailleurs extérieurs ......................... 165
x
Tableau 47 : Indice de vulnérabilité biophysique .................................................................. 168 Tableau 48 : Indicateur pour la sensibilité ............................................................................. 168 Tableau 49 : Indicateur pour la capacité d’adaptation ........................................................... 169 Tableau 50 : Indice de vulnérabilité au niveau de l’exploitation ........................................... 170
Tableau 51 : Niveau d’importance des contraintes pour les exploitations ............................. 171 Tableau 52 : Technologies et variétés adoptées ..................................................................... 174 Tableau 53 : Types de stratégies managériales développés dans le Bassin arachidier .......... 176 Tableau 54 : Niveau d’envoi d’argent et d’émigrés ............................................................... 177 Tableau 55 : Vente animaux et dépôt dans institution de microfinance ................................ 178
Tableau 56 : Assurance agricole au niveau des exploitations agricoles ................................ 179 Tableau 57 : Nombre et montant des crédits alloués selon les types d’exploitation .............. 180 Tableau 58 : Origine des fonds utilisés pour rembourser le crédit ......................................... 181
Tableau 59 : Pourcentage des cultures principales vendu ...................................................... 183 Tableau 60 : Évolution de l’adhésion aux polices récoltes .................................................... 191 Tableau 61 : Évolution de l’adhésion aux polices bétails ...................................................... 191 Tableau 62 : Identification des enquêtés ................................................................................ 201
Tableau 63 : Pluviomètres et leur représentativité ................................................................. 202 Tableau 64 : Souscription assurance par type de culture ....................................................... 202 Tableau 65 : Avantage assurance et niveau de souscription volontaire ................................. 204 Tableau 66 : Niveau d’indemnisation en 2013 ....................................................................... 204
Tableau 67 : Connaissance fonctionnement assurance .......................................................... 205 Tableau 68 : Problèmes à prendre en compte à l’avenir par l’assurance agricole ................. 205
xi
Liste des figures Figure 1 : Graphique évolution de la production de céréales de 1990 à 2010 ......................... 34 Figure 2 : Taux de croissance des superficies Figure 3: Taux de croissance du rendement . 35 Figure 4 : Évolution de la production des quatre principales céréales ..................................... 35 Figure 5 : Évolution de la production des cultures de rente de 1990 à 2010 ........................... 37
Figure 6 : Évolution des cultures de diversification entre 1990 et 2010 .................................. 38 Figure 7 : Évolution de la production maraîchère entre 1997 et 2010 ..................................... 39 Figure 8a : Effectif des ruminants ............................................................................................ 40 Figure 9b : Effectif de la volaille ............................................................................................. 41 Figure 10 : Évolution de la pluviométrique dans le nord et le sud du Bassin arachidier ......... 55
Figure 11: Vulnérabilité des ménages agricoles au niveau du Bassin arachidier .................... 61 Figure 12: Taux de couverture de la production céréalière par rapport au besoin en % .......... 62
Figure 13 : Relation entre vulnérabilité, risques et adaptation ................................................. 98 Figure 14 : Modèle d’analyse d’après les modèles moyens d’existence et multi-échelle ...... 108 Figure 15 : Carte des zones agro-écologiques du Sénégal (Source : Dia, D. (2006)) ............ 112 Figure 16 : Variation interannuelle de la pluie à Niakhar et Nioro d’après données DAPS
(auteur) ................................................................................................................................... 150 Figure 17 : Variation moyenne interannuelle de la température ............................................ 153
Figure 18 : Variation température minimale Figure 19 : Variation température maximale154
Figure 20 : Sensibilité à l’érosion éolienne ............................................................................ 156 Figure 21 : Principe de l’indice Banque Mondiale ................................................................ 198
xii
Liste des sigles et acronymes
ANACIM : Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
AO : Afrique de l’Ouest
ARC : Agriculture Reinsurance Consultants Ltd
ASP : Agro-sylvo-pastoral
ASPRODEB : Association Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la Base
BA : Bassin Arachidier
BAME : Bureau d’Analyses Macro-Économiques
BNDS : Banque Nationale de Développement du Sénégal
BOAD : Banque Ouest-Africaine de Développement
CA : Capacité d’Adaptation
CC : Changement Climatique
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
CERP : Centres d’Expansion Rurale Polyvalents
CILSS : Comité permanent Inter État de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés des Assurances
CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le
développement
CNAAS : Caisse Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole au Sénégal
CNCR : Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux
CRAD : Centres Régionaux d’Assistance au Développement
CPSP : Caisse de Péréquation et de Stabilisation des Prix
CSE : Centre de Suivi Écologique
DA : Direction de l’Agriculture
DA : Direction des Assurances
DAPS : Direction de l’Analyse, de la Prévision et des Statistiques devenue DAPSA
DINFEL : Directoire National des Femmes en Élevage
DIREL : Direction de l’Élevage
DMER : Direction de la Mécanisation et de l’Équipement Rural
DRSP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
EAF : Exploitation Agricole Familiale
xiii
ECRIS : Enquête Collective Rapide d'Identification des conflits et des groupes Stratégiques
EXFAM : Exploitation Familiale
FAO : Organisation des Nations Unis pour l’Alimentation et l’Agriculture
FMI : Fonds Monétaire International
FONGS : Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal
FRM : Forum Rural Mondial
FSSA : Fédération Sénégalaise des Sociétés d’Assurances
GES : Gaz à Effet de serre
GIEC : Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat
GRN : Gestion des ressources naturelles
HDI : Human Development Index
ICRISAT: International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics
IPAR : Initiative Prospective Agricole et Rural
ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
LEFA : L’Exploitation Familiale Agricole
LOASP : Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale
MA : Ministère de l’Agriculture
MEF : Ministère de l’Économie et des Finances
MEPN : Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature
OCA : Office de Commercialisation Agricole
ONCAD : Office National de Commercialisation et d’appui au Développement
OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Économique
ONG : Organisation Non Gouvernemental
PANA : Programme d’Action National d’Adaptation
PAPEL : Projet d’Appui à l’Élevage
PASA : Programme d’Ajustement Structurel du secteur Agricole
PCE : Projet Croissance Économique de l’USAID
PIB : Produit Intérieur Brut
PISA : Programme d’Investissement du Secteur Agricole
PNAR : Programme National d’Autosuffisance en Riz
PNB : Produit National Brut
PNIA : Programme National d’investissement Agricole
xiv
PRPA : Programme de Relance de la Production Agricole
PSAOP : Programme des Services Agricoles et d’Appui aux organisations des Producteurs
PTIP : Programmes Triennaux D’investissement Public
REPAOC : Réseau des plateformes d’ONG d’Afrique de l’Ouest
REVA : Retour Vers l’Agriculture
RGPHAE : Recensement général de la population et de l’habitat, de l’agriculture et de
l’élevage
RN : Ressources Naturelles
RNA : Recensement National de l’Agriculture
RNDH : Rapport National sur le Développement Humain
ROPPA : Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles
SAED : Société Nationale d'Aménagement et d'Exploitation des Terres du Delta du Fleuve
Sénégal et des Vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé
SATEC : Société d’Aide Technique
SCA : Stratégie de Croissance Accélérée
SODESP : Société de Développement de l’Élevage dans la zone Sylvo-Pastorale
SODEFITEX : Société de Développement et des Fibres Textiles
SODEVA : Société de Développement et de Vulgarisation Agricole
SOMIVAC : Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance
STN : Société des Terres Neuves
TCAM : Taux de Croissance Annuel Moyen
TIC : Technologie de l’Information et de la Communication
UBT : Unité du Bétail Tropical
UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNDP : Programme des Nations Unies pour le Développement
UTH : Unité Travail Humain
WAAPP: West African Agriculture Productivity Program
15
Introduction générale L’agriculture familiale est liée de façon indissociable à la sécurité alimentaire nationale et
mondiale. Dans les pays en développement comme dans les pays développés, c’est la
principale forme d’agriculture dans le secteur de la production alimentaire (FAO, 2014). Vue
l’importance de cette forme d’agriculture, le Forum Rural Mondial (FRM) est parvenu à
promouvoir l’idée d’une année internationale sur l’agriculture familiale qui a été adoptée par
la 76ème
session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’année 2014. Elle poursuit différents
objectifs à savoir : soutenir l’élaboration de politiques agricoles, environnementales et
sociales favorables à une agriculture familiale durable, renforcer les connaissances, la
communication et la sensibilisation du public, mieux comprendre les besoins de l’agriculture
familiale, son potentiel et ses limites, garantir un appui technique et créer des synergies pour
renforcer la durabilité.
L’agriculture familiale correspond à une forme de production qui se caractérise par le lien
structurel particulier existant entre les activités économiques et la structure familiale. Elle fait
vivre 2,6 milliards de personnes et offre du travail à 40% de la population active mondiale
(Agropolis Internationale, 2014). Elle assure au moins 56% de la production agricole
mondiale (FAO, 2014). En effet, il est dénombré plus de 570 millions d’exploitations
agricoles dans le monde dont 500 millions de fermes familiales (FAO, 2014). En Afrique sub-
saharienne, l’essentiel des exploitations agricoles sont familiales (près de 80%) et le secteur
emploie près de 75% de la population active (www.repaoc.org).
Les exploitations agricoles familiales, généralement de petites tailles, jouent un rôle important
pour répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, d’équité sociale et de durabilité
environnementale. Elles sont très diversifiées d’où la difficulté de les appréhender dans leur
globalité. De plus, elles sont souvent associées à archaïsme et faible efficacité économique.
Cependant, elles font preuve de flexibilité, d’innovation et d’adaptation aux marchés et aux
changements rapides du contexte économique et institutionnel du fait de leur forte capacité de
résilience.
La dimension sociale, culturelle et économique de l’agriculture familiale a favorisé une
pluralité de réflexion pour mieux appréhender la diversité et le processus de transition
d’économies à dominante agricole vers des économies plus diversifiées. Cependant, les
exploitations agricoles familiales restent soumises à différentes formes de contraintes
(climatiques, structurelles, organisationnelles,…) qui ont fini d’altérer leur productivité
malgré les types de stratégies qu’elles ont pu développer. La diversité et la redondance des
16
risques, le faible niveau d’investissement et l’accroissement démographique ont fini par
essouffler l’agriculture familiale qui doit développer de nouvelles stratégies pour s’adapter au
nouveau contexte socioéconomique et environnemental. En effet, les enjeux et défis posés par
un environnement de plus en plus fragile ne cessent de prendre de l’ampleur, particulièrement
dans le contexte du Bassin arachidier, malgré la résilience des exploitations agricoles
familiales.
Ainsi, dans le cadre de cette thèse, nous cherchons à comprendre les stratégies à développer
vis à vis des différents risques par les exploitations agricoles familiales pour faire face à leur
insécurité alimentaire.
Le risque en agriculture représentant un système imbriqué où interagissent les contraintes et
les stratégies des exploitants. Ainsi, l’analyse du système agricole ne peut se faire que dans un
cadre holistique permettant de ressortir la diversité des occurrences. C’est pourquoi le cadre
d’analyse de la gestion des risques (Cordier, 2008 ; OCDE, 2009) a été choisi car il permet
d’analyser le système autour de trois dimensions à savoir la source du risque, les stratégies
des exploitants et les actions des pouvoirs publics.
En fonction de leur diversité d’aversion au risque, les exploitations agricoles présentent
différentes formes de vulnérabilité selon leur contexte socioéconomique et environnemental.
Donc, « la compréhension de la vulnérabilité est donc essentielle pour étudier les effets
potentiels des risques liés au climat et du changement des tendances sur les populations à
faible revenu » (Ospina et al., 2010). Pour ce faire, le concept de vulnérabilité a été identifié
pour analyser la gestion des risques en s’appesantissant sur l’exposition du système, la
sensibilité aux perturbations et la capacité d’adaptation des exploitations. Dans le Bassin
arachidier, la détermination de la capacité d’adaptation des exploitations agricoles permet
d’appréhender leur de résilience, d’où l’intérêt d’en avoir une bonne représentation. Ainsi,
nous nous posons les questions suivantes : Quelles sont les sources de vulnérabilité
auxquelles doivent faire face les exploitations agricoles ? Quelles sont les stratégies que
doivent développer les exploitations agricoles ? Quel type d’assurance est le plus adéquat
pour favoriser la durabilité des exploitations agricoles ?
Pour aborder les questions que soulèvent cette recherche, différentes hypothèses ont été
formulées en rapport avec l’impact des risques naturels et agronomiques sur les exploitations,
la relation entre vulnérabilité et faible productivité, les stratégies développées par les
exploitations et les assurances indicielles dans le contexte du Bassin arachidier. Ces
17
hypothèses appellent une approche globale, intégrée et systémique qui permette à la fois
d’analyser les interactions et les dynamiques des activités agricoles au sein des exploitations
agricoles en développant de nouvelles formes d’adaptation.
Le modèle d’analyse construit dans le cadre de ce travail s’articule autour de l’exploitation
agricole et de son analyse fonctionnelle. Nous avons procédé d’abord au diagnostic des
exploitations par le biais d’une analyse fonctionnelle afin d’identifier leur niveau de
vulnérabilité. Par la suite, à travers un pronostic, nous avons identifié les stratégies avant de
finir par l’identification de réponses adéquates à travers une proposition alternative aux
stratégies d’adaptation actuelles. La méthodologie adoptée combine une approche quantitative
et qualitative pour mieux comprendre la diversité des exploitations agricoles familiales du
Bassin arachidier sénégalais suivant leur situation sur le gradient pluviométrique.
Ce travail de recherche utilise des données primaires collectées grâce à des enquêtes
exhaustives et approfondies menées dans huit communautés rurales et onze villages. Une
typologie a été réalisée avec huit variables de structures et fonctionnelles, le calcul de la
vulnérabilité s’est basé sur l’identification de différents indicateurs relatif aux capitaux
physique, humain, social, naturel et financiers.
Différentes stratégies alternatives ont été identifiées et pratiquées (épargne, diversification
cultures et activités, contrats à termes, crédit, etc.) avec des résultats assez mitigés d’où la
nouvelle orientation vers les assurances agricoles dans le Bassin arachidier. Plusieurs produits
d’assurance existent et peuvent être regroupés en trois grandes classes : assurance par
indemnisation, assurance revenu et assurance indicielle. Ils sont très peu connus dans la zone
et font l’objet d’expérimentation à travers des projets pilotes et dont les premiers résultats, en
cours d’analyse, n’ont pas montré un grand impact sur les exploitations agricoles familiales.
Cette thèse est constituée de neuf chapitres répartis en trois grandes parties.
La première partie présente le contexte et les enjeux de la recherche. Elle est subdivisée en
deux chapitres. Le chapitre premier présente le contexte professionnel et institutionnel de
l’agriculture familiale en insistant sur son environnement, sa structuration et ses potentialités.
De plus, nous mettons en exergue l’accompagnement institutionnel durant les cinquante
dernières années avant d’aborder les facteurs de la vulnérabilité des exploitations familiales
tout en mettant l’accent sur l’impact du changement climatique. Le deuxième chapitre
identifie les risques et les stratégies au niveau des exploitations agricoles d’abord, traite des
assurances agricoles et passe en revue l’expérience internationale et sénégalaise. Aussi, ce
18
chapitre analyse-t-il la perception du risque climatique par les agriculteurs et les stratégies
développées par les agriculteurs et les assureurs.
La deuxième partie concerne l’état de l’art, la problématique et la méthodologie. Elle
comporte trois chapitres. Ainsi, le troisième chapitre est dédié au cadre conceptuel de la
gestion des risques, son application dans l’agriculture par les paysans et pose le débat sur la
vulnérabilité au changement climatique. Le quatrième chapitre est consacré à nos choix
théoriques, nos hypothèses déclinées. Il s’en suit l’élaboration du modèle d’analyse et de la
démarche de la recherche. Il explicite aussi la méthodologie retenue. En effet, la zone d’étude,
le dispositif de collecte des données et le cadre méthodologique d’analyse sont respectivement
présentés ainsi que les résultats de la typologie.
La troisième partie présente les résultats et est composée de quatre chapitres. Ainsi, le
cinquième chapitre propose une caractérisation socioéconomique des types d’exploitations
retenus et s’appesantit sur les ressources des exploitations et les activités économiques de
même que les sources de revenus agricoles et non agricoles. Le sixième chapitre identifie les
principales contraintes des exploitations agricoles familiales, met en exergue les différentes
formes de risque et étudie leur vulnérabilité à travers le calcul d’un indice de vulnérabilité. Le
septième chapitre traite des stratégies développées au niveau de l’exploitation agricole
familiale pour mieux les appréhender et faire des propositions alternatives. Le dernier
propose une revue des produits d’assurance avant de présenter une étude de cas sur les
assurances dans le Bassin arachidier.
19
PARTIE 1 : ENJEUX ET DÉFIS DE DE L’AGRICULTURE FAMILIALE
Introduction
L’agriculture est caractérisée par sa diversité sociale, économique, géographique, technique et
organisationnelle. En effet, pour Bélières et al. (2014, p.16)1), « la diversité des formes
d’agriculture reflète l’extrême hétérogénéité des économies et des sociétés ». En Afrique
subsaharienne, elle est caractérisée par deux principales formes d’exploitation qui se
distinguent par l’orientation de la production (autoconsommation et marché), la technicité et
le niveau d’investissement. Il s’agit de l’exploitation agricole familiale et de l’exploitation
entrepreneuriale (ou Agribusiness). Cependant, il est relevé une grande diversité des
exploitations familiales avec des niveaux d’investissement et/ou de technicité importants.
C’est pourquoi Bélières et al. (2014) distinguent, en plus des types d’exploitation familiale et
entrepreneuriale, les exploitations patronales qui sont caractérisées par une main d’œuvre
mixte (familiale ou salariée), un capital avec un soubassement familial (famille ou association
familiale) et un management familial et/ou technique.
Au Sénégal, l’agriculture est surtout pratiquée par les exploitations agricoles familiales (EAF)
qui regroupent la majorité de la population active. L’exploitation agricole familiale est « une
des formes d’organisation de la production agricole caractérisée par : (i) l’existence de liens
organiques entre l’économie domestique de la famille et celle de l’unité de production et (ii)
la mobilisation effective du travail familial sans le recours au salariat permanent » (Bosc et
als., 2015) ». De plus, « les exploitations familiales se caractérisent en outre par un ensemble
d’activités impliquant diverses productions végétales et animales, la pêche, la chasse et la
cueillette, le commerce et l’artisanat, de même que la migration saisonnière …» (ZOUNDI,
2003). Le Sénégal compte une grande diversité d’exploitations agricoles suivant les zones
agro écologiques et les systèmes de production. Elles sont caractérisées dans leur majorité par
des superficies faibles (1 à 5 ha) et une diversification des activités agricoles. On dénombre
755 352 ménages agricoles dont 73,8% se situent en milieu rural et 26,2% sont des ménages
agricoles urbains (RGPHAE, 2013). La majorité des ménages agricoles urbains sont souvent
représentés par les exploitations patronales (particulièrement dans la zone des Niayes). Ces
exploitations, où on note une forte utilisation de la main d’œuvre salariée et d’importants
20
investissements provenant de revenus d’autres activités, ont une production orientée vers les
marchés urbains et l’exportation (produits horticoles). Généralement, les exploitations
agricoles familiales ont pour finalité de garantir l’autosuffisance alimentaire à leurs membres
mais, avec les mutations observées (démographie galopante, changement climatique,…), elles
doivent développer un cadre plus favorable pour mieux s’intégrer au marché. Pour ce faire,
elles doivent pouvoir vendre leurs produits afin d’augmenter leur revenu et avoir des activités
plus rémunératrices pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire (Fontan Sers,
2012).
L’exploitation d’entreprise « désigne des formes d’organisation de la production agricole dont
les exploitations mobilisent exclusivement du travail salarié. Le capital d’exploitation est
détenu par des acteurs privés ou publics déconnectés de logiques familiales » (Bélière et al.,
2014 p.25). C’est une forme d’agriculture où les logiques d’entreprise sont mises en avant
avec un souci de compétitivité et de maximisation des revenus. Pour ce faire, la production est
dictée par le marché. Ainsi, « le terme agrobusiness fait référence aux exploitations dont la
logique de production est orientée vers le marché. Ce type d’exploitations utilise
généralement d’importants capitaux et entretient des liens étroits avec les chaînes
d’approvisionnement en intrants, de transformation et de marketing ou est même impliqué
dans ces activités » (OCDE, 2005 in Fontan Sers, 2012 p 5). L’agrobusiness est une
agriculture marchande qui est donc interconnecté directement ou indirectement à l’ensemble
des composantes de la chaine de valeur. C’est une activité qui n’est pas très développé au
Sénégal et concerne certaines filières comme le riz, la tomate et le lait. Il a la particularité de
maitriser tout le processus de production, ce qui favorise un gain de compétitivité tout en
optimisant les performances des filières. Il est souvent assimilé aux grandes exploitations
utilisant des moyens de production importants en opposition à l’exploitation agricole
familiale, généralement de petite taille, avec des moyens de production rustiques et faiblement
intégrer au marché.
Au Sénégal, on note souvent un clivage entre agriculture familiale et agrobusiness
particulièrement avec le gouvernement libéral de l’alternance. En effet, l’agriculture et
l’élevage ont toujours fait partie des priorités des différents gouvernements mais leur part
dans le PIB n’a cessé de régresser. Ainsi, pour redynamiser le secteur agricole et des
opportunités d’investissements, l’état a mis en place différents programmes pour développer
21
de nouvelle initiative par le biais d’un partenariat public-privé et par l’instauration d’un cadre
fiscal favorable. Ainsi, l’État encourage le privé national et international à faire des
investissements structurants dans l’agriculture pour améliorer la productivité et créer de la
valeur ajoutée. Cette politique de l’état en faveur de l’agrobusiness a été perçue par les
organisations paysannes comme une volonté d’accaparement de leur terre au profit des privés.
En effet, le CNCR (2014, p.3) considère que le Plan Sénégal Emergent (PSE) et sa traduction
dans l’agriculture le programme d’accélération de la cadence dans l’agriculture au Sénégal
(PRACAS) « n’accordent pas une priorité spécifique à l’agriculture familiale par rapport à
l’agro-business, mais considère que les deux formes d’agriculture méritent le même soutien
de la part de l’Etat ». Comme le relève Fontan Sers ( 2014, p.6) les « petits producteurs
familiaux ont montré leur capacité à accroître de manière significative leur productivité en
utilisant des techniques modernes comme la mécanisation (culture attelée, motoculteur,
tracteur…), des engrais minéraux, des semences sélectionnées et des méthodes intégrées de
lutte contre les ravageurs, la maîtrise des circuits et des réseaux d’irrigation plus ou moins
complexes, etc. ». Ces deux formes d’agriculture doivent être considérer en terme de
complémentarité pour mieux asseoir la sécurité alimentaire au Sénégal. En effet,
l’amélioration de la technicité et des techniques de production au niveau des exploitations
agricoles familiales (EAF) peut favoriser la commercialisation des surplus de production.
Ainsi, l’état doit trouver les politiques adéquates pour sécuriser les exploitations agricoles
familiales qui renferment la majorité des actifs du pays tout en développant l’agrobusiness qui
peut stimuler et accompagner la production des EAF. Ces deux types ne doivent pas être
exclusives ni concurrentes mais aller de pair et s’entraider mutuellement pour répondre à une
demande locale de plus en plus importante.
Les EAF restent, pour le moment, les principaux pourvoyeurs d’aliments et sont les garants de
la sécurité alimentaire au niveau national. Toutefois, leur impact dans l’alimentation de la
population ne cesse de diminuer au fil des années du fait d’une mutation de leur
environnement socioéconomique et d’une croissance démographique soutenue. Ainsi, pour
mieux appréhender les changements qui se sont opérés dans ces unités de production, nous
allons nous intéresser à leur dynamique. Dans ce chapitre, nous présenterons, dans une
première partie, les enjeux et défit de l’agriculture familiale au Sénégal. La première section
fait une présentation de la structuration et de la diversité des exploitations agricoles. La
deuxième section insiste sur la diversité des systèmes de production alors que la troisième
22
section présente les niveaux de productions agricoles et pastorales. Par la suite, nous mettons
en exergue, dans la quatrième section, les différents types de marchés qui accompagnent les
exploitations agricoles. La dernière section de cette partie concernera l’accompagnement
institutionnel des cinquante dernières années en mettant l’accent sur l’évolution du cadre
institutionnel depuis « l’État paysan » (1960-70) en passant par les différentes phases de
l’ajustement structurel pour finir avec les politiques de l’alternance (2000 à nos jours). La
deuxième partie, sur la vulnérabilité, insistera sur les facteurs de vulnérabilité au sein des
exploitations agricoles au Sénégal et mettra l’accent aussi sur l’impact du changement
climatique sur ces exploitations.
23
Chapitre 1 : Structuration, intégration aux marchés et contexte institutionnel des exploitations agricole familiales « L'exploitation familiale, ça continue toujours : on l'a trouvée quand on est né, on la laissera
quand on mourra » disent les paysans du Sud-Mali (Barbedette, 2004).
1- Structure des exploitations agricoles familiales
L’exploitation agricole familiale est caractérisée par un important recours à la main d’œuvre
familiale mais aussi par des interrelations fortes entre la famille et l’exploitation agricole. La
notion d’exploitation familiale « n’est ni récente, ni spécifiquement africaine »
(BARBEDETTE, 2004). Elle constitue ainsi la forme dominante de l’organisation de la
production agricole et contribue « de façon très significative à nourrir les campagnes et les
villes (60% de la demande nationale) » (SALL et al., 2010) et se trouve actuelle au cœur du
débat sur les réformes d’agriculture à promouvoir pour nourrir le Sénégal.
L’exploitation agricole familiale repose « généralement sur une gamme diversifiée de
productions incluant les cultures vivrières et de rente, l’élevage, la pêche, l’exploitation
forestière et d’autres activités économiques non agricoles comme l’artisanat, le petit
commerce…. » (Zoundi, 2003). Elle est caractérisée par une pluriactivité vue comme
« l’exercice d’une ou plusieurs activités, en-dehors du travail agricole proprement dit, par
l’exploitant ou d’autres membres de sa famille » (Panardeau, 2008). Cette pluriactivité est
souvent plus guidée par la nécessité du fait de l’instabilité climatique au niveau du Sahel.
Cependant, « il existe certaines caractéristiques clés propres à l’exploitation familiale, liées au
rapport particulier entre la structure et la composition du ménage, ainsi que les biens et
activités agricoles qui y sont associés » (Toulmin et al., 2003). Ce rapport influe fortement sur
la manière dont les décisions sont prises concernant le choix des cultures, l’organisation de la
main-d’œuvre familiale et sa répartition pour les différentes tâches, la gestion des terres et
autres biens agricoles (Bélière et al., 2002).
Beaucoup de travaux ont concerné les exploitations familiales ces dernières années (Bélière et
al., 2002 ; Toulmin et Gueye, 2003 ; Zoundi, 2003 ; Panardeau, 2008 …) mais ils sont surtout
orientés vers des études de cas. Au Sénégal, les caractéristiques actuelles de l’exploitation
familiale ne sont pas bien renseignées surtout à l’échelle nationale malgré certaines tentatives
(Projet ISRA-EXFAM 2004, FONGS avec le processus de suivi/capitalisation (LEFA)) qui
ont cherché à capitaliser les dynamiques organisationnelles et structurelles des exploitations
24
familiales. Les dernières enquêtes au niveau national remontent à 1998 avec le Recensement
National de l’Agriculture (RNA)2 qui nous a permis de constater une diminution de la
superficie cultivée/actif sur la période (Tableau 1) malgré une augmentation moyenne de la
surface des exploitations.
Tableau 1 : Évolution de la taille moyenne des exploitations de 1960 à 1998
Enquête Agricole 1960 RNA 1998
Nombre d’exploitations 295 400 437 037
Superficie totale (ha) 1 072 343 1 877 684
Nombre d’actif total 998 300 3 485 299
Superficie/actif 1,07 0,54
Nombre actif/exploitation 3,37 7,97
Taille moyenne des exploitations
(ha) 3,70 4,30
Source: RNA 1998 in CILSS-CSAO (2008)
On dénombrait autour de 437 000 exploitations agricoles en 1998 dont plus de la moitié
disposait d’une superficie inférieure à cinq hectares (Tableau 2).
Tableau 2 : Taille des exploitations agricoles et superficie moyenne cultivée au Sénégal (en ha)
Taille (ha) Exploitations agricoles Superficie cultivée (ha)
Effectif % Totale % Moyenne par exploitation
Moins de 1 91 532 21 45 383 2 1,00
1 à moins de 2 72 226 16 106 628 6 1,5
2 à moins de 3 57 848 13 143 782 8 2,5
3 à moins de 4 47 413 11 164 653 9 3,5
4 à moins de 5 36 951 8 164 804 9 4,5
5 à moins de 7 51 053 12 302 905 16 6,0
7 à moins de 10 39 617 9 329 166 17 8,3
10 à moins de 20 34 326 8 458 886 24 13,4
20 ou plus 6 071 1 161 477 9 26,6
Ensemble 437 037 100 1 877 684 100 4,3
Source: RNA 1998 in CSAO- CILSS (2008)
2 Le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage (RGPHAE,
2013) a été effectué en 2013 par l’ANSD. Un rapport provisoire a été publié en mars 2014.
25
La même tendance est observée avec le dernier RGPHAE (2013) où les exploitations de
moins de cinq hectares concernées 75% des ménages agricoles au niveau national et 82% des
ménages agricoles disposaient de moins de cinq parcelles. Elle s’explique par une croissance
démographique soutenue de l’ordre de 2,6% au niveau national. Cette croissance
démographique, de l’ordre de 2,3% en milieu rural entre 1988 et 2002 (RGPHAE, 2013),
combinée à la détérioration de l’environnement de production en grande partie due à la
variation climatique et aux systèmes de production en vigueur, sont à l’origine de la forte
pression foncière qui sévit au Sahel en général et au Sénégal en particulier. Ainsi, cette
multiplication des petites exploitations est surtout à l’origine « des transformations de plus en
plus profondes consécutives à l’éclatement des grandes concessions familiales et des centres
de décisions, de l’évolution des valeurs socioculturelles renforcée par une ouverture de plus
en plus marquée du milieu rural vers l’extérieur, de la pression économique, etc. » (Guèye,
2003). Donc, la viabilité de ces petites exploitations est fortement liée aux activités d’élevage
et aux activités non agricoles pour stabiliser les revenus de l’exploitation même si l’activité
agricole demeure la plus importante en termes d’occupation.
L’agriculture occupe 59,7% de la population totale active avec 62,5% d’activités agricoles et
seuls deux actifs agricoles sur dix sont en ville (Asprodeb-Ipar, 2007). La main d’œuvre
familiale, ressource stratégique, reste la plus utilisée dans ces exploitations où elle représente
la majorité des actifs. En effet, malgré une orientation vers la mécanisation qui est d’ailleurs
relativement faible, les ressources humaines de l’exploitation sont primordiales pour la
réalisation des différentes tâches. Cette main d’œuvre, très hétérogène avec la présence
d’actifs de plusieurs générations, est complétée par d’autres catégories (aide familiale ou
villageoise) ou par une main d’œuvre salariée. Ainsi, « ces unités économiques prennent
appui sur les cellules de base de la société sénégalaise et les reproduisent » (Sall, 2009) à
travers la pérennisation des emplois ruraux et plus particulièrement d’un modèle de vie. Cette
main d’œuvre peut être utilisée dans des travaux individuels ou collectifs et peut être
spécialisée selon les zones agro écologiques en fonction du genre. Elle est généralement
fortement qualifiée dans les travaux agricoles du fait de l’expérience accumulée à travers les
années.
26
Pour répondre à une demande nationale plus importante (croissance démographique de 3%
entre 1988 et 2002 pour le milieu urbain et 2,6% en moyenne au niveau national) et faire face
à la mondialisation, il est nécessaire d’avoir une meilleure connaissance du potentiel des
exploitations familiales. En effet, elles présentent une très grande diversité selon les systèmes
de cultures et selon la zone agro-écologique. Cependant, différentes typologies ont pu être
réalisées en tenant compte de critères sociodémographiques, structurels, financiers…. Ainsi,
en 2011, la FONGS s’est appuyée sur une entrée par les types d’économie pour disposer
d’une cartographie des dynamiques associatives.
Tableau 3 : Cartographie des dynamiques associatives
Types d’économie Économies agricoles
traditionnelles
Économies agricoles
modernes
Économies basées
sur l’agricole et le
non agricole
Économies
nouvelles
Localisations et
dynamiques
Niani ; Sud du Bassin
arachidier ; Zone
Sylvo-pastorale
(ZSP)
Delta du fleuve
Sénégal ; Niayes
Moyenne vallée du
fleuve Sénégal ;
Centre du Bassin
arachidier ; sous-
zone humide et
fraîche de
Casamance
Nord du Bassin
arachidier ; Est
Tambacounda ;
moyenne vallée du
fleuve Sénégal
Situation de l’espace
et des ressources
naturelles (RN)
RN peu dégradées ;
EF peuvent couvrir
leurs besoins
alimentaires
RN peu dégradées.
EF ne couvrent pas
leurs besoins
alimentaires.
Concurrence accrue
sur RN. Capacité
d’investissement
RN en dégradation,
espace de plus en
plus saturé. EF
obligées de recourir à
des activités non
agricoles (ANA)
RN en forte
dégradation. 3 mois
de couverture ;
recours aux
migrations et aux
ANA
Caractérisation des
dynamiques
Fortement
concentrées sur
l’augmentation des
productions agro
sylvo pastorales
(ASP)
1. Augmentation des
productions ASP
2. Accès à un
financement adapté
1. Capacité d’intégrer
les ASP et activités
non agricoles (ANA)
2. Augmentation des
productions ASP
3. GRN
1. Réduction
dépendance
2. Activités non
agricoles
3. Intégration apports
exode et émigration
4. Augmentation
production
Source : CNCR-FONGS-IPAR (2011)
Cette cartographie montre que les exploitations familiales disposent d’une marge de
progression qui varie selon les zones agro-écologiques. Cependant, cette évolution doit
s’accompagner d’une diversification agricole, d’activités extra-agricoles et dans certaines
zones, d’une migration (saisonnière ou définitive) pour pouvoir bénéficier des transferts
d’argent. En conséquence, trois types d’exploitations familiales ont été déterminés au Sénégal
selon leur degré de sécurité (Sall et al., 2011) :
27
« Type A : exploitations ayant de bonnes performances et une bonne sécurité avec une
capacité de se développer et d’accroître la production de richesse nationale
Il représente 10% des exploitations familiales et est situé dans les zones agro-
écologiques disposant encore d’une bonne pluviométrie (Bassin arachidier, Sénégal
Oriental, Casamance) ou d’une possibilité d’irrigation (Vallée du Fleuve Sénégal,
Niayes). Ces exploitations, qui disposent d’un nombre d’actifs et d’une superficie
importants, sont bien mécanisées et ont une agriculture fortement intégrée à l’élevage
ainsi que des activités non agricoles. Leurs revenus couvrent leur besoin tout en
permettant de moderniser leur exploitation.
Type B : exploitations en assez bonne sécurité avec une capacité de se reproduire et
de contribuer à la satisfaction des besoins nationaux
On les rencontre dans toutes les zones agro-écologiques et ce sont les plus importants
(70%) au niveau national. Leurs revenus issus des activités non agricoles sont
importants afin de couvrir un déficit des besoins alimentaires en cas de nécessité. On y
rencontre principalement trois sous-groupes :
o exploitations s’appuyant essentiellement sur les activités agricoles : elles
diversifient leur production pour sécuriser leur alimentation car disposant de
suffisamment de terres. Elles utilisent des semences de qualité, des intrants et
suivent des itinéraires techniques adéquats. Elles ont un élevage diversifié
favorisant une intégration agriculture-élevage. La production agricole intensive
leur permet de valoriser les surplus de production sur les marchés locaux.
o exploitations s’appuyant sur une bonne intégration entre dynamiques agricoles
et non agricoles : elles sont confrontées à des contraintes (fertilité des sols,
salinisation, forte pression foncière,…) qui limitent la productivité agricole. Le
rendement des céréales locales est très inférieur par rapport au précédent sous-
groupe. La couverture des besoins alimentaires est en moyenne de six mois.
Mais on note le développement de stratégies de sécurisation non agricoles
(bâtiment, transport, commerce,…) et de migration (exode).
o exploitations s’appuyant sur les activités non agricoles et l’émigration : elles
ont une production agricole très faible et développent surtout des stratégies de
valorisation des ressources humaines dont elles disposent fondées sur
l’exercice de nouveaux métiers (orpaillage, bâtiment, transport …) et le
28
transfert d’argent issu des activités effectuées lors de l’émigration (20 à 50%
des revenus).
Type C : exploitations dont la survie est compromise du fait de la non couverture des
besoins alimentaires et du recours à l’endettement pour nourrir leurs membres
Elles représentent 20% des exploitations familiales et sont caractérisées par une faible
diversification des activités agricoles et non agricoles. Leurs performances agricoles
sont très faibles à cause de la faible productivité de la terre. Leur patrimoine (terres,
cheptel, équipements) est limité et voire même vendu pour faire face à des besoins ».
On relève ainsi une grande diversification des exploitations familiales qui présentent
différents niveaux de performance. Leur trait commun au-delà de leur caractère familiale est
leur évolution vers un système d’activités où la diversification des productions agricoles, des
activités non agricoles, des ressources financières reste le garant de leur reproduction. Cette
stratégie de sécurisation, d’intensification de la production agricole et de diversification des
activités est fondée sur la conservation des ressources naturelles. En effet, les populations
rurales sont conscientes de leur importance pour la viabilité de leur système de production et
de leur mode de vie.
À côté des aspects techniques et financiers, l’exploitation familiale est aussi un
environnement de décision, d’organisation et de communication. Comme le dit un paysan
malien (Sall et al., 2011), « l'exploitation familiale ce n'est pas seulement l'agriculture !, …,
il y a la gestion, il y a toute l'organisation du travail selon les catégories [au sein de la famille]
: le travail des personnes âgées, des enfants : l'exploitation, c'est pour tout le monde.
L'exploitation familiale, c'est même les petites réunions de famille, comment on arrive à
s'entendre ». C’est une forme de vie avec ses obligations et un impératif de reproduction
sociale et de sécurisation dont le dépositaire reste le chef d’exploitation.
Pour avoir une meilleure organisation et représentativité au niveau local, régional, national,
les membres des exploitations familiales se regroupent sous diverses formes associatives. Ces
dispositifs (coopérative, organisation paysanne, organisation communautaire, GIE,
interprofession,…) ont pour objectif la promotion du monde agricole à travers le
renforcement de capacité et la défense de leurs intérêts dans les différents domaines
socioéconomiques et techniques (organisation de la distribution des intrants,
commercialisation, …). Ces organisations, créées au départ par les autorités étatiques pour les
29
aider à développer le monde rural, se sont transformées avec l’appui d’ONG internationales
en associations endogènes pour se soustraire de l’emprise étatique. « La formation,
notamment en organisation, la mise en place d’animateurs pour promouvoir des structures
démocratiques et transparentes, l’enracinement des leaders dans leur terroir et la prise en
charge par les membres pour assurer l’autonomie des groupements sont les principales
caractéristiques » (De Janvry et al., 2003). Cette nouvelle orientation qui aboutit à la création
du Conseil National de Concertation des Ruraux (CNCR) est liée à l’impératif pour les ruraux
de prendre en charge leur destinée. Ainsi, les producteurs deviennent leur propre porte-parole
face à l’État et aux partenaires intérieurs et extérieurs sur les questions de développement
rural. Ils développent leur propre réflexion sur les différentes questions de l’heure en rapport
avec leurs activités et partagent des expériences avec d’autres producteurs de la sous-région
afin d’augmenter leur capacité. Le CNCR s’implique aussi dans la constitution d’un
mouvement paysan pour l’Afrique de l’Ouest, afin de fournir une plate-forme de
représentation des producteurs de la sous-région au niveau régional et international. Il suscite
ainsi la création du ROPPA : Réseau des organisations paysannes et des producteurs de
l’Afrique de l’Ouest.
2- Des systèmes de production diversifiés
Au Sénégal, le secteur agricole est caractérisé par l’importance de la population active qu’il
mobilise. En effet, 60 à 70% de la population vit directement ou indirectement des activités
agricoles avec, toutefois, des performances relativement faibles et des régressions notées au
niveau de certains indicateurs. Les terres arables au Sénégal sont de l’ordre de 3,8 millions
d’hectares, soit 20% de la superficie du pays, et dont 65%, en moyenne, sont cultivées.
Cependant, une forte inégalité est notée dans la répartition entre les cultures sous pluie (95%)
et les cultures irriguées (5%). Le reste des réserves foncières est constitué de forêts, savanes et
parcours (32% de la superficie du pays) ainsi que des zones non classées et des terres non
cultivables (49%). Le Produit Intérieur Brut (PIB) agricole qui se situait à hauteur de 30%
dans les années 60 est passé à 20% dans la fin des années 70 pour se maintenir aujourd’hui
autour de 10% et ce, malgré d’importantes et diverses politiques entreprises par les autorités.
Les causes sont multiples (naturelles, économiques, politiques, organisationnelles,…) mais la
principale que l’on peut relever est le faible niveau d’investissements des exploitations
agricoles familiales dans leurs outils de production. La production s’articule généralement
30
autour de deux cultures céréalières locales de grande consommation et une culture de rente
dominante avec un matériel rudimentaire et des opérations culturales peu adaptées à
l’environnement de production.
Ce système a fini de montrer ses limites avec la récurrence des déficits alimentaires et la
vulnérabilité des revenus particulièrement à cause des problèmes climatiques, structurels et de
l’instabilité des marchés (baisse des prix au producteur). En effet, la majorité de la production
des EAF est autoconsommée mais, avec la croissance démographique et la baisse de la
productivité, elles n’arrivent plus à développer des stratégies d’expansion qui étaient l’une des
formes d’auto-assurance les plus usitées. L’épargne monétaire n’a jamais été importante (une
priorité) dans les EAF qui thésaurisent principalement dans le troupeau qui joue souvent un
rôle social.
Différents systèmes de productions sont observés en fonction de la situation agro-climatique.
Ainsi, on dénote au Sénégal sept zones agro écologiques (ISRA-ITA-CIRAD, 2005) qui ont
été identifiées en tenant compte de la diversité climatique, socioéconomique et des
disponibilités en ressources hydriques :
La Vallée du Fleuve Sénégal (9 658 km²), avec deux écologies, le Walo (partie inondable
avec des sols lourds et des aménagements rizicoles), le Delta (où la culture pluviale est
presque inexistante et l’essentiel de la production provient des cultures irriguées) et le Diéri
(zone à vocation pastorale). La vallée présente des cultures irriguées (maraîchages,
rizicultures) et de décrues (sorgho, maïs et niébé) ainsi que des cultures industrielles (canne à
sucre et tomate).
La zone sylvo-pastorale ou Ferlo (56 269 km²), caractérisée par la faiblesse et l’irrégularité
des précipitations (200 à 400 mm), se situe dans la partie la plus aride et la plus chaude du
pays. C’est une zone qui présente une « forte détérioration des ressources ligneuses et
fourragères, la déstructuration des sols, la destruction du couvert végétal et la faible
disponibilité des ressources en eau » (Banque Mondiale, 2010). Cette zone est essentiellement
pastorale avec des systèmes de production organisés suivant un mode extensif transhumant en
fonction de la disponibilité de fourrages et de l’existence des points d’eau permanentes
(forage ou mare) ou temporaires.
31
Carte 1 : Différentes zones agro-écologiques et pluviométrie (septembre 2007) au Sénégal
Source : ISRA et CSE
Le centre-nord du Bassin arachidier (14 783 km²) est caractérisé par une baisse de la
pluviométrie (entre 400 et 600 mm) et une forte dégradation de l’écosystème L’agriculture y
est de type pluvial avec une prédominance de l’arachide et du mil ainsi qu’une faible
intégration avec l’élevage ou la foresterie. L’horticulture (maraîchage et arboriculture) y est
importante particulièrement dans la région de Thiès.
Le centre-sud du Bassin arachidier (23 945 km²) est marqué par une sécheresse persistante
et par une pluviométrie (600-800 mm) en baisse mais il constitue l’une des premières régions
agricoles du pays. L’arachide et le mil sont de loin les cultures les plus cultivées suivies du
maïs et du sorgho. Il y a une forte intégration agriculture-élevage et la forêt reste présente
mais subit de grandes transformations.
Les Niayes (2759 km²) bénéficient d’un micro climat sub-canarien en raison de l’influence
des alizés maritimes et présentent une très forte densité de la population. C’est la zone de
prédilection des cultures maraîchères (80% de la production nationale) et de l’aviculture
industrielle.
Le Sénégal oriental et la Haute Casamance (73 335 km²) avec une pluviométrie moyenne
supérieur à 600 mm et correspond à la zone cotonnière. C’est une zone à forte potentialité
agricole et pastorale dispose d’énormes ressources naturelles réparties de façon inégale.
Néanmoins elle est caractérisée par une grande pauvreté rurale. C’est une zone dont
32
l’importance s’accroit sur le plan agricole avec le glissement du Bassin arachidier mais elle
reste confrontée à un enclavement qui ne favorise pas la mise en valeur de son potentiel.
La Basse et Moyenne Casamance (14 632 km²), avec une pluviométrie moyenne supérieure à
800 mm, reste l’une des zones les plus arrosées du pays avec la présence d’un flux de
mousson de plus de six mois. C’est une zone qui bénéficie d’un fort potentiel de ressources
naturelles avec les formations forestières les plus importantes du pays tant du point de vue
spatial que du point de vue qualitatif. La densité du réseau hydrographique rend cette zone
très propice à la riziculture, surtout au niveau des bas-fonds. Les principales cultures vivrières
sont le riz, le mil, le sorgho, le maïs et le fonio alors que les cultures de rente sont
principalement constituées de l’arachide. L’arboriculture fruitière (mangue et agrumes) y est
très développée. Cette zone est toutefois caractérisée par des problèmes d’insécurité et
d’enclavement. Les produits de cueillette apportent des revenus non négligeables aux
économies des régions.
Le taux d’exploitation des terres arables est très variable selon les zones agro écologiques. Il
est plus important dans le Bassin arachidier (81%) et les Niayes (65%) et un peu moins en
Casamance et au Sénégal Oriental (40%) (DAPS et al., 2009).
Les principaux acteurs économiques en milieu rural sont représentés par les exploitations
agricoles familiales, de petites tailles, qui exercent la quasi-totalité des activités agricoles
villageoises. En effet, une partie des revenus, des 85 à 100% des ménages ruraux, proviennent
des cultures qu’ils pratiquent (Ba et al., 2009). Ils occupent 95% des terres agricoles du pays
qu’ils exploitent à travers des systèmes pastoraux et/ou des systèmes de polyculture sous
pluviale ou en irriguée. Les productions agricoles restent, pour l’essentiel, soumises aux aléas
du climat et les agriculteurs, dans leur majorité, continuent de pratiquer des systèmes de
production extensifs. Les 5% restant constituent des exploitations agricoles intensives
(horticulture, riziculture, aviculture), souvent localisées dans la Vallée du Fleuve Sénégal ou
dans les zones périurbaines (Niayes), orientées dans les cultures commerciales destinées
l’exportation ou aux industries agroalimentaires.
Globalement, quatre systèmes de culture sont pratiqués au Sénégal : le pluvial, l’irrigué, les
bas-fonds et la décrue. Le système pluvial est le plus généralisé et se rencontre sur toute
l’étendue du territoire national. L’irrigation est principalement localisée dans les Bassins du
33
Fleuve Sénégal, de l’Anambée et au niveau de certaines exploitations agricoles dans les
Niayes et le long des points d’eau. Les cultures de bas-fonds, généralement dans le système
pluvial, sont situées dans le Bassin arachidier (Fatick), dans la zone sud et sud-est du Sénégal
alors que les cultures de décrues sont principalement rencontrées au Nord du pays.
Les zones agro écologiques sont caractérisées par la présence de différents systèmes de
production qui sont déterminés par leur diversification et leur sensibilité aux changements
climatiques. On relève globalement six systèmes de production qui se différencient par
l’orientation de la production et par leur écologie.
système agropastoral est le plus représenté au niveau national et est caractérisé par la
prédominance des activités agricoles et par la présence d’un élevage bovin ou de petits
ruminants relativement importante ;
système sylvo-pastoral, représente la deuxième zone la plus importante en superficie et
regroupe le Ferlo et une partie du Diéri le long du Fleuve Sénégal. Les cultures (niébé,
béréf, cultures maraîchères) occupent une place secondaire face à l’élevage de type
extensif transhumant basé sur l’exploitation des pâturages naturels et la recherche de
points d’eau. Cette zone, plus ou moins enclavée, est caractérisée par la présence
d’infrastructures (forages,…) et des marchés ;
système agro-sylvo-pastoral caractérisé par une bonne pluviométrie et la présence de
forêts. Elle est caractérisée par une prédominance des céréales locales, des cultures de
rente (arachide et coton) et de l’arboriculture. Elle est aussi caractérisée par une forte
exploitation des forêts et des ressources minières. C’est aussi la zone de prédilection
de la riziculture pluviale.
système agro-pastoral fortement influencé par les activités de la côte dans ses régions
de Dakar, Thiès et Saint-Louis. Elle est caractérisée par la production fruitière, par
l’influence du tourisme qui crée des emplois saisonniers et un système de mangrove
qui génère des produits de pêche et est fortement sous l’influence du tourisme ;
système irrigué de la zone des Niayes qui présente une zone où l’horticulture et la
pêche sont dominantes et un système mixte avec une production intensive laitière,
l’aviculture et l’horticulture. C’est une zone est influencée par les marchés de Dakar
où la consommation est importante ainsi que les possibilités d’exportation. C’est une
zone très pourvoyeuse d’emplois ;
34
système irrigué de la Vallée du Fleuve Sénégal où on rencontre les agro-industriels
(sucre et tomate) et une autre zone dominée par les cultures vivrières (irrigation,
décrue) et dans une moindre mesure du maraîchage (tomate, oignon) pour les zones
situées non loin des usines ou des marchés. Les ménages dépendent largement de
transferts de fonds en plus de l’agriculture.
3- Production et évolution de la productivité agricole
3-1- La production agricole
Les principales spéculations au Sénégal sont des céréales sèches (mil, sorgho, maïs, riz), des
cultures de rente (arachide et coton) et des cultures horticoles.
3-1-1 Évolution des cultures céréalières
Les cultures céréalières constituent l’alimentation de base des populations et connaissent
globalement une évolution des superficies et de la production. Toutefois, on constate une forte
variabilité dans le temps (figure 1).
Figure 1 : Graphique évolution de la production de céréales de 1990 à 2010
Source : auteur d’après les données de la DAPS
La fluctuation des productions peut s’expliquer par la variation de la pluviométrie mais aussi
par la croissance des superficies et par l’amélioration de la productivité. En effet, on note
globalement une croissance des superficies de céréales. Cependant, elle est plus importante,
pour la période 1990-2011, pour le riz (9,2%) suivi du sorgho (3,4%), du maïs (2,9%) et du
35
mil (0,9%). La même tendance est observée avec le rendement où le maïs vient en tête avec
9,7%, suivi respectivement du mil (4,6%), du riz (4,2%) et du sorgho (3,7%).
En se référant sur les deux dernières décennies, on constate une amélioration de la
productivité pour l’ensemble des cultures céréalières et une croissance des superficies
cultivées particulièrement pour le maïs et le mil comme les montrent les figures 2 et 3.
Figure 2 : Taux de croissance des superficies Figure 3: Taux de croissance du rendement
Source : auteur d’après les données de la DAPS
La production céréalière progresse, mais elle fluctue en fonction des contraintes rencontrées et
particulièrement l’irrégularité de la pluviométrie. Cependant, leur évolution est très variable
selon les différents types de cultures et en fonction des périodes.
Figure 4 : Évolution de la production des quatre principales céréales
Source : auteur d’après les données de la DAPS
36
Les céréales constituent l’aliment de base des populations sénégalaises aussi bien dans les
campagnes que pour les villes. Les modèles de consommation, à base de céréales, apportent
au Sénégal environ 65% des calories et 61% des protéines selon les statistiques de la FAO
(DA, 2001). Ainsi, l’augmentation de la production locale des céréales, généralement issue
des exploitations familiales, favorise l’atteinte d’un niveau plus élevé d’autosuffisance
alimentaire. C’est pourquoi, la croissance observée au niveau de la production durant ces
dernières années est à mettre en faveur du dynamisme des exploitations agricoles familiales.
Toutefois, il faut reconnaître que cette amélioration observée est imputable aussi au retour
d’une bonne pluviométrie qui reste un des facteurs majeurs de régulation de la production
mais aussi à des stratégies adoptées par les autorités et qui consistent à la mise œuvre de
programmes spéciaux de promotion des filières céréalières d’amont en aval (production,
transformation, conditionnement et commercialisation).
Dans ce cadre, pour la stratégie de Croissance Accélérée (SCA), grappe agriculture, le Projet
Croissance Économique (PCE) de l’USAID vient en appui au Sénégal au niveau d’un
programme dont l’un des principaux objectifs est le développement de la productivité agricole
et la mise en marché des produits céréaliers de qualité pour améliorer la sécurité alimentaire et
les revenus des plus démunis. Les céréales locales, notamment, le couple mil/sorgho, le riz et
le maïs ont été choisies pour améliorer la productivité tout au long de leur chaîne de valeur
pour permettre d’augmenter sensiblement la contribution de l’agriculture à l’économie
nationale. C’est ainsi que la production du mil/sorgho, provenant principalement des
exploitations agricoles familiales, a connu une forte progression grâce à la réorganisation des
acteurs et des marchés. L’implication du secteur privé dans la transformation des céréales a
permis d’obtenir de nouveaux débouchés autant en zone urbaine que rurale. Le maïs a connu
une progression fulgurante surtout à partir de la campagne agricole 2003/2004 grâce au
programme spécial maïs lancé par le Président de la République. L’objectif, qui visait un
million de tonnes, a finalement atteint 400 000 tonnes. Le fait d’avoir boosté cette production
qui tournait autour de 100 000 tonnes a permis de montrer la capacité de réaction des
exploitations agricoles surtout lorsqu’elles sont accompagnées dans l’acquisition des intrants
et de débouchés. Nous notons la même tendance dans la production du riz où la mise place du
Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) a été à l’origine de l’augmentation de
la production locale de riz. Le PNAR a permis de répondre en partie à la demande nationale
face à un marché international instable où 4 à 7% de la production mondiale est
37
commercialisée. En effet, le riz, à lui seul, était responsable pour 16% du déficit de la balance
commerciale (MA, 2009). La Chine est devenue importatrice et cliente de la Thaïlande d’où
proviennent 75% des approvisionnements du Sénégal. De plus, la nouvelle vague
d’inondation qu’a connu la Thaïlande en 2012 pourrait favoriser la diminution de l’offre en
riz au niveau international et particulièrement pour le Sénégal. Face à ces contraintes, le
développement de la riziculture, essentiellement porté par les exploitations agricoles
familiales, devient une option stratégique de l’État pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz et
pour l’autonomie alimentaire du pays. Le niveau de production a atteint 500 000 tonnes de
riz-paddy et a contribué à l’amélioration du taux d’autosuffisance en riz qui est passé de 19 à
40% (MA, 2009).
3-1-2 Évolution des cultures de rente
Les principales cultures de rente (arachide et coton) restent relativement importantes dans leur
zone de production. Si l’arachide a connu une crise du fait de la libéralisation de sa filière, les
exploitations agricoles familiales ont su se réorganiser pour faire face à la situation et trouver
de nouveaux créneaux pour leur production, à savoir la vente directe sur le marché et la
transformation artisanale, en plus de la vente traditionnelle dans le circuit officiel. La
production de coton ne cesse de chuter d’année en année pour atteindre 18 500 tonnes en
2009/2010. Cette baisse peut être imputable à la pénibilité des travaux due au faible niveau
d’équipement et à la désorganisation au sein de la filière du fait de prix peu incitatifs.
Figure 5 : Évolution de la production des cultures de rente de 1990 à 2010
Source : auteur d’après les données de la DAPS
Malgré de multiples difficultés, les exploitations familiales restent attachées aux cultures de
rente parce qu’elles demeurent la principale source de revenus pour les exploitations les plus
38
démunis. En effet, l’arachide est « la seule culture à la fois industrielle, vivrière et fourragère.
Au plan agro-pédologique, la rotation mil-arachide a toujours été une caractéristique du
système agraire dominant où la notion de monoculture largement usitée est plus une vue de
l’esprit qu’une réalité. Le fait d’alterner l’arachide avec le mil sur les parcelles constitue le
principal mode de gestion de la fertilité des sols, surtout avec la disparition de la jachère »
(Gaye, 2008). Toutefois, on note une légère baisse du taux d’accroissement de la superficie de
l’arachide entre la décade 90 (4,5%) et celle de 2000 (2,5%) contrairement au coton qui passe
respectivement de -1 à 7%. Ce changement de tendance est surtout dicté par un changement
de logique au sein de l’exploitation où on cherche à varier les revenus par l’introduction de
cultures de diversification (manioc, pastèque,…). Il a été noté que malgré les crises observées,
les cultures de rente occupent toujours des soles relativement importantes dans les
exploitations agricoles familiales.
3-1-3 Évolution des cultures de diversification
Les cultures de diversification (niébé, manioc, pastèque, sésame) prennent de plus en plus de
l’importance dans les exploitations familiales car elles sont autoconsommées et servent aussi
de source de revenus. Elles peuvent être disponibles avant les cultures de rente (pastèque) ou
durant la saison sèche (manioc) et permettre aux producteurs de disposer de ressources
financières assez conséquentes. Les productions varient fortement et atteignent des niveaux
record lorsqu’elles sont soutenues par des programmes étatiques (programme manioc par
exemple en 2008).
Figure 6 : Évolution des cultures de diversification entre 1990 et 2010
Source : auteur d’après les données de la DAPS
39
3-1-4 Évolution des cultures horticoles
Les cultures horticoles sont particulièrement développées dans la zone des Niayes mais on
rencontre aussi le maraîchage dans la Vallée du Fleuve Sénégal. L’arboriculture est très
présente en Casamance. On note cependant une généralisation du maraîchage dans toutes les
autres zones agro-écologiques mais avec moins d’intensité. Cette production, concentrée le
long de la frange maritime du fait du climat et de la disponibilité en ressources hydriques, est
assurée à plus de 90% par des exploitations horticoles de type familial sur des superficies
inférieures à un hectare (Diao, 2005). Les principales productions sont l’oignon, la tomate et
le chou (figure 7).
Figure 7 : Évolution de la production maraîchère entre 1997 et 2010
Source : FAO d’après DAPS et Direction de l’Horticulture
La production maraîchère est très dynamique, diversifiée et intensive. Elle est destinée aux
marchés locaux en priorité et à l’exportation. Cependant, elle est limitée par la faible taille des
parcelles (entre 0,2 et 0,5 ha pour la majorité) et par le faible niveau d’équipement des
exploitations.
40
3-2- Évolution des productions animales
Les productions animales sont très importantes pour les exploitations familiales car c’est une
source d’investissement et de capitalisation des biens tout en permettant aussi d’être une
forme de trésorerie facilement mobilisable en cas de besoin. Elles sont l’une des principales
sources de protéines autant dans les zones rurales qu’urbaines. Le cheptel, qui est sous mode
de conduite extensif dans la majorité des cas, reste sous la responsabilité des exploitations
agricoles familiales qui subviennent à la demande en protéines animales du pays. Les
principaux animaux au sein des exploitations familiales sont les bovins, les ovins, les caprins
et la volaille.
Figure 8a : Effectif des ruminants
41
Figure 9b : Effectif de la volaille
Source : FAO d’après Direction de l’élevage
Cet élevage arrive à satisfaire la presque totalité de la demande nationale en viande (tableau 4)
avec une croissance de la production 9,2% entre 2006 et 2009 (Direl, 2009). Pour ce qui est
du lait, le taux de couverture est de l’ordre de 20 à 30%. Toutefois, cette production est de
plus en plus importante (93 730 litres en 1999 contre 174 537 litres en 2009) et la filière
mieux structurée pour répondre à la demande des consommateurs (tableau 5).
Tableau 4 : Évolution du disponible annuel en viande et abats (en tonnes)
Année Production locale Importation Disponible Part importation Kg/hbt
2000 118 307 3 141 121 448 2,6% 12,8
2001 124 161 5 324 129 484 4,1% 13,3
2002 119 933 9 960 129 893 7,7% 13
2003 118 047 14 924 132 970 11,2% 12,9
2004 118 948 17 613 136 561 12,9% 12,9
2005 131 275 16 692 150 967 13% 13,9
2006 139 980 12 163 152 143 8% 13,6
2007 131 750 25 750 157 500 16,4% 14
2008 152 457 9 484 161 941 5,9% 13,7
2009 166 070 8 467 174 537 4,9% 14,4
Source : Auteur d’après CILSS (2009) et DIREL (2009)
42
Tableau 5 : Évolution du disponible en lait (en millions de litres)
Année 2000 2001 2002 2003 2004 2006 2007 2008 2009
Total local 118,5 121,6 101,5 110,4 114,2 120,2 137,3 145,9 166,7
Importations 191,0 172,1 196,5 268,8 250,0 331,1 222,1 202,4 320,5
Disponible en
lait 309,5 293,8 298,0 379,2 364,2 451,3 359,4 348,3 487,2
Part des
importations 62% 59% 66% 71% 79% 73,4% 61,8% 58,1% 65,8%
Source : Auteur d’après DIREL (2009)
4- Intégration aux marchés
4-1- Exploitations agricoles et marchés
Les exploitations familiales font montre d’une réelle capacité de résilience grâce à la
polyvalence de leur activité. Cependant, on note une saturation foncière du fait de la
nucléarisation des exploitations familiales et des faibles possibilités d’extension. De plus,
elles doivent faire face à une demande (rurale et urbaine) plus importante et à une précarité
accentuée de leur environnement de production. En effet, les ressources naturelles ont subi de
profondes modifications avec les perturbations climatiques, les systèmes de production
inadéquates et la forte pression démographique. Les sécheresses répétitives, les conséquences
de l’effet de serre (augmentation température, inondation,…), la salinisation des sols,
l’érosion éolienne, … ont fini par fragiliser l’environnement des systèmes de production
entrainant une baisse de la production par actif malgré une amélioration de la productivité et
des rendements. De plus, la croissance de la population rurale (en moyenne de 2,8% entre
1996 et 2006) a favorisé une plus grande tension sur les ressources naturelles. La recherche de
nouvelles friches s’est faite surtout aux dépens de la forêt particulièrement dans la zone sud
du pays. Ainsi, une pérennisation des exploitations familiales passe par la prise en compte
« de la durabilité du développement de l’agriculture, de la préservation de l’environnement et
des ressources naturelles et de la dynamisation du tissu social et économique du monde
rural » (Sall et al., 2010).
Face à une demande en constante progression, les exploitations ont su développer une
capacité d’adaptation en changeant l’orientation de leurs productions et en adaptant certaines
technologies à leur contexte. On a assisté à une progression des surfaces céréalières (28% en
1960, 59% en 1998) au détriment des cultures de l’arachide (64% en 1960, 24,4% en 1998).
43
Ceci marque ainsi une nouvelle orientation par rapport aux pratiques antérieures et avec une
nouvelle logique de production orientée vers la demande du marché. Les activités agricoles de
diversification (niébé, pastèque, sésame …) mais aussi les activités d’élevage (embouche,
production laitière) se développent sur tout l’étendue du territoire. Cela se traduit par une
garantie d’autonomie alimentaire et financière pour les EAF mais elle doit être accompagnée
par une amélioration de leur productivité pour faire face au déficit alimentaire au niveau
national. De plus, il faut intégrer dans les décisions de production « l’environnement
économique et institutionnel est marqué par la réduction drastique des dernières mesures de
protection avec la mise en place des accords (UEMOA, OMC, CEDEAO) »(Asprodeb-Ipar,
2007). En effet, ces accords ont favorisé l’ouverture des marchés en accentuant la concurrence
pour certains produits de première nécessité comme la volaille, l’oignon et le riz, d’où la
nécessité des exploitations agricoles d’être plus compétitive pour faire face à cette nouvelle
situation.
4-2- Structuration des marchés
Au Sénégal, il y a une grande diversité de marchés pour faciliter la commercialisation de la
production agricole autant au niveau urbain qu’en milieu rural. On note ainsi une grande
variabilité allant des petits marchés ruraux et urbains aux grands marchés spécialisés.
Les marchés des produits agricoles sont caractérisés par une « une kyrielle d’acteurs, tous
opérateurs économiques allant du producteur à la base au très grand commerçant importateur
et / ou exportateur de produits agricoles » (Ba, 2005, p.12). Cela se traduit par un nombre
important d’intermédiaires, ce qui augmente généralement les frais de commercialisation.
Au niveau rural, les marchés hebdomadaires « louma » sont présents pratiquement sur toute
l’étendue du territoire et sont les principaux lieux d’affluence des produits des exploitations
agricoles familiales. Ils polarisent la plupart des acteurs et servent souvent de relais entre le
milieu urbain et le milieu rural. Ils « attirent de plus en plus de monde, ils sont aussi des lieux
de rencontre, de sociabilité, d'échange d'informations » (Ninot et al., 2002) et se caractérisent
la présence de différents corps de métiers (artisans, restaurants, transporteurs, couture, …).
Pour Ba (2005), c’est un « lieu de vente de produits et de services diverses ». Les principales
spéculations échangées proviennent des exploitations agricoles familiales et concernent
l’arachide et les céréales sèches. En retour, les produits manufacturés issus des centres urbains
44
ou de l’extérieur du pays y sont très présents permettant ainsi aux exploitations de disposer
d’une large gamme de choix de produits alimentaires ou autres.
Les marchés hebdomadaires sont caractérisés par une forte saisonnalité de l’offre et une faible
maitrise de l’approvisionnement. La circulation de l’information sur les prix et les quantités
disponibles se fait sur un circuit court « de bouche à oreille » d’où le problème de régulation
des marchés même si ces dernières années nous notons une amélioration avec le
développement des téléphones portables. Au niveau institutionnel, le Commissariat à la
sécurité alimentaire (CSA) a mis en place un suivi des différents marchés urbains et ruraux
pour disposer des prix des différentes spéculations et des échanges effectués. D’autres
moyens sur l’information des marchés sont mis en place (Manobi qui est un fournisseur de
services TIC adapté au monde agricole à travers la collecte et le traitement des données du
marché,…) mais ils sont difficilement accessibles aux membres des exploitations agricoles
familiales car nécessitant une connaissance en informatique ou disposant d’un bon réseau
téléphonique. En effet, ce type de service est souvent payant et s’adresse aux entreprises, aux
administrations et aux projets/ONG.
Au niveau des infrastructures, nous notons aussi un déficit d’infrastructures de base au niveau
de ces marchés. Les routes d’accès ne sont pas souvent en bon état, ce qui ne facilite pas les
échanges. L’électricité est aussi souvent absente au niveau de ces marchés ce qui impacte
négativement sur la conservation des aliments particulièrement avec l’absence des chambres
froides.
Les marchés urbains sont généralement des marchés permanents qui concentrent une plus
grande variabilité d’acteurs commerciaux et sont plus importants en nombre. Ils sont plus
accessibles que les marchés ruraux et disposent généralement du minimum requis pour les
infrastructures de base. Les volumes échangés y sont plus importants et avec une plus grande
diversité de produits. Ce sont des marchés de regroupement qui permettent aux productions
locales d’être redirigées vers les utilisateurs finaux (consommateurs, transformateurs). Il y a
une meilleure structuration de ces marchés par rapport aux « loumas ».
Dans les deux cas, les prix des produits agricoles connaissent une grande fluctuation du fait de
la saisonnalité de la production mais aussi du caractère informel des échanges. Cette forte
variabilité des prix impactent négativement sur les exploitations agricoles qui sont
45
généralement obligées de vendre leur production à des prix relativement bas. En effet, les prix
des produits locaux sont fortement influencés par les pratiques spéculatives des grands
commerçants qui occupent des positions dominantes au sein des marchés. De plus, le Sénégal
est un pays qui est très inséré dans le commerce mondial des produits agro-alimentaires
(Gérard et al., 2008) du fait de sa forte dépendance à l’extérieur pour certains aliments
essentiels (riz, sucre, lait). Cela défavorise la production locale dont la demande est très
concurrencée par les produits importés
Globalement, la production agricole nationale est majoritairement issue des exploitations
agricoles familiales particulièrement pour les aliments de base tels que les céréales locales
(mil, sorgho, maïs) et l’arachide. Ces exploitations approvisionnent exclusivement le marché
national (urbain et rural) contrairement aux exploitations d’entreprise et patronale qui sont
plus orientées vers l’exportation et les marchés urbains. Pour mieux répondre à une demande
croissante, ces exploitations ont connu des mutations particulièrement sous l’influence des
politiques agricoles mis en œuvre par les différents gouvernements. Dans ce qui suit, ce sont
les dispositions institutionnelles mises en place que nous allons passer en revue.
5- Évolution du contexte institutionnel
L’offre alimentaire au Sénégal provient en grande partie des exploitations agricoles familiales
qui ne parviennent pas encore à assurer complètement la couverture des besoins nationaux. En
effet, elles sont responsables d’environ 60% de la production (Sall et al., 2010) mais leur
environnement de production ne cesse de se dégrader à cause de la péjoration climatique, des
faibles niveaux d’investissements et d’un environnement institutionnel très instable.
Toutefois, depuis les indépendances, les différents gouvernements du Sénégal n’ont cessé de
mettre en œuvre des politiques pour le développement du monde rural en général et du secteur
agricole en particulier avec des résultats plus ou moins mitigés.
5-1- Des politiques orientées vers l’accroissement des productions agricoles (1960-
1970)
Lors de son accession à l’Indépendance, le Sénégal a élaboré son premier plan de
développement économique et social avec pour objectif d’accroitre la production intérieure
brute. Ses objectifs étaient l’accroissement et la diversification de la production agricole qui
doivent être portés par les exploitations agricoles. Pour ce faire, les actions à mener devaient
46
être portées sur le développement des aménagements hydrauliques, l’amélioration de la
performance des principales filières agricoles, et la réorganisation des circuits de
commercialisation hérités de la période coloniale. La finalité de cette restructuration devait
permettre de mieux asseoir la production d’arachide pour favoriser le développement de son
exportation mais aussi la création de valeur ajoutée par le biais de la transformation
permettant ainsi à l’État sénégalais et aux paysans de procurer des ressources. De plus,
l’accent était aussi mis sur la production de mil et de riz pour une meilleure indépendance
économique et alimentaire du pays. Ainsi, les dirigeants politiques voulaient moderniser la
société rurale et faire de l’agriculture le moteur du développement. Pour la réalisation de ces
objectifs, différentes innovations institutionnelles sont opérées vis-à-vis du monde rural. On
peut relever entre autre le développement de nouveaux dispositifs d’encadrement de type
communautaire basé sur l’organisation des producteurs en coopératives et des populations en
communautés rurales. C’est ainsi que des structures telles que les Centres d’Expansion Rurale
Polyvalents (CERP), les Centres Régionaux d’Assistance au Développement (CRAD),
l’office de Commercialisation Agricole (OCA) et la Banque Sénégalaise de Développement
ont été créés pour l’accompagnement des acteurs du monde rural. Toutes ces mutations
doivent favoriser le passage de l’économie sénégalaise d’un statut d’économie de traite
héritée de la colonisation à une économie moderne. Toutes ces dispositions sont mises en
place par l’État pour accompagner les exploitations agricoles afin de leur garantir une sécurité
alimentaire et les exploitations d’entreprise pour favoriser la production de certaines
spéculations à forte valeur ajouté. Cela devrait permettre au Sénégal d’avoir une
complémentarité entre les deux types d’exploitation mais surtout de favoriser la compétitivité
de l’agriculture sénégalaise qui doit être le moteur de la relance économique. Pour cela, l’état
appuie l’intensification de la production des exploitations agricoles familiales par une
opération de diffusion de semences améliorées et traitées, par l’utilisation du semoir et de la
houe attelée ainsi que de l’engrais azoté. C’est un développement qui s’appuie sur les
innovations techniques, l’encadrement des producteurs agricoles et l’administration des
populations rurales par un modèle d’économie administrée.
5-2- La faillite des politiques productivistes (1970-1979)
Dans les années 1970, on aboutit par ajustements successifs à un système d’encadrement du
monde rural présenté ci-après de façon schématique (Faye, 2005):
47
« les services techniques agricoles sont constitués par les directions techniques
nationales et leurs services aux différents niveaux de l’organisation territoriale
(direction de la production agricole, direction de l’élevage, des eaux et forêts, du génie
rural, de la protection phytosanitaire, de l’animation et de l’expansion rurale, services
régionaux, départementaux, centres d’expansion rurale polyvalents...). Leurs
principales fonctions sont la collecte et le traitement de l’information, la surveillance
sanitaire du bétail, la surveillance phytosanitaire, le contrôle forestier, les interventions
d’urgence et l’exécution de projets techniques.
la recherche agricole est confiée dès l’Indépendance à des institutions françaises par
manque de personnel de recherche. Celles-ci sont chargées d’introduire, d’adapter ou
de mettre au point des innovations techniques pour les producteurs ruraux. En 1975,
ces institutions sont regroupées au sein de l’Institut sénégalais de recherches agricoles
(ISRA).
les sociétés régionales de développement rural (SODEVA, SAED, SOMIVAC, STN,
SODESP,...) à statut public, sont chargées de l’exécution des projets de
développement agricole. Ces projets, qui au départ ont essentiellement pour objectif
de vulgariser des techniques de production, sont devenus de plus en plus complexes.
Ils sont chargés de promouvoir le développement rural intégré et s’intéressent aussi
bien à la production qu’à l’alphabétisation, à la petite transformation, à la
conservation, aux femmes et aux jeunes.
l’Office national de commercialisation et de développement (ONCAD), structure
tentaculaire, est chargé de l’approvisionnement des producteurs en intrants
subventionnés et à crédit, du monopole de la commercialisation des grands produits
agricoles (arachide, céréales, riz) et de l’encadrement des coopératives de producteurs.
les coopératives de producteurs servent d’intermédiaires entre ceux-ci et l’ONCAD.
Les paysans sont obligés d’y adhérer s’ils veulent avoir accès aux intrants et bénéficier
des subventions et du crédit. Ils ne sont pas les maîtres de ces organisations qui
servent surtout à les encadrer. Toutefois, des notables en tirent parti et, à l’occasion, ils
savent les subvertir en ne remboursant pas leurs dettes.
la Banque nationale de développement du Sénégal (BNDS) fournit le crédit et
participe avec les autres banques de la place au financement de la commercialisation
des produits agricoles.
48
la Caisse de péréquation et de stabilisation des prix (CPSP) organise la péréquation
entre les produits de rente et les produits alimentaires importés. Elle sert d’instrument
de fixation des prix et de subvention des produits agricoles à l’achat et des produits
alimentaires à la consommation. Elle a aussi le monopole d’importation du riz. Les
bénéfices issus de la vente du riz importé sont en partie réinvestis dans le
développement rural. Le reste étant utilisé par l’État dans les autres secteurs de
l’économie.
les écoles publiques de formation technique ont pour rôle de former les techniciens,
cadres intermédiaires pour l’administration et les organismes du secteur agricole et
rural.
les centres de formation professionnelle ont pour rôle de former les ruraux dans les
domaines de la production, de l’artisanat et de la transformation des produits.
la production des intrants agricoles et la transformation des produits agricoles
n’ont pas un caractère de service public, mais l’État reste très présent dans ces
activités. L’industrie de l’huile d’arachide, l’égrenage du coton et la rizerie sont
constitués en monopoles publics.
le Programme agricole et le Fonds mutuel de développement rural sont les deux
principaux mécanismes financiers du système d’encadrement ».
Ces principales institutions, mises en place par les autorités sénégalaises, ont permis le
passage de l’agriculture familiale manuelle à une agriculture familiale basée sur la culture
attelée et l’utilisation d’intrants. Cependant l’option productiviste pour répondre à une
demande de plus en plus importante a poussé les paysans à augmenter les superficies cultivées
aux dépens des jachères et des friches. Cependant, la loi 64-46 du 17 juin 1964 portant sur le
Domaine National reverse sous la responsabilité des autorités publiques toutes les terres
immatriculées au nom des personnes privées. Ainsi avec la perte de leurs droits coutumiers
sur la terre, les paysans n’ont plus la possibilité d’augmenter leur potentiel foncier par la
défriche. Avec la forte pression démographique, les terres se dégradent en plus de
l’accroissement du morcellement des exploitations agricoles. Malgré l’amélioration des
conditions de vie des paysans, la nucléarisation des exploitations agricoles est de plus en plus
marquée avec des disparités grandissantes au sein des villages, ce qui pousse une partie des
jeunes à migrer en ville.
49
Les différentes politiques mis en œuvre n’ont pas pu enrayer une dégradation du bilan
agricole du pays. En effet, ces politiques qui étaient non appropriées au contexte sénégalais et
l’irrégularité des précipitations ont été à l’origine des crises alimentaires de 1972 et 1973.
Cette crise de l’agriculture sénégalaise a poussé à la remise en question des options
économiques et des modèles sociaux promus dans les années 60. Ainsi, les années 1970 se
terminent avec une grave crise de l’agriculture sénégalaise du fait de politiques productivistes
malgré de gros investissements réalisés (aides extérieurs et État). De plus, la crise de la
production agricole aboutit en 1975 à l’achat de la principale usine de transformation de
l’arachide, Lesieur. L’état du Sénégal met en place une entreprise d’état semi-publique (état,
compagnies françaises et sénégalaise), la SONACOS (Société Nationale de
Commercialisation des Oléagineux du Sénégal) qui regroupent les usines de Lesieur et celles
de l’état du Sénégal (SEIB). Durant la même période, l’état a accompagné la mise en place
l’unité industrielle de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) par le groupe Mimran afin
d’exploiter les terres au niveau de la Vallée du fleuve Sénégal. A côté de ces grands
investissements pour redynamiser le secteur agricole, le gouvernement du Sénégal signe aussi
deux accords-cadres avec la Banque Mondiale (1979) et le FMI (1980) et pose les jalons d’un
renouveau économique, politique et social.
5-3- Les politiques d’ajustement structurel (1980-1989)
Les politiques d'ajustement structurel ont commencé en 1979, avec la suppression du
Programme agricole et le programme de redressement économique et social signé la même
année avec le FMI.
Pour le secteur agricole, les principales mesures d’ajustement sont :
la liquidation de l’ONCAD en 1980 qui permet à l'État de se désengager
progressivement de la commercialisation des produits agricoles et de
l'approvisionnement des exploitations agricoles en intrants ;
la Nouvelle Politique Agricole mise en œuvre en 1984 se traduit par une accélération
du désengagement de l’État du secteur agricole. Il y a un démantèlement du système
d’encadrement du monde rural et une suppression progressive des subventions sur les
engrais.
50
Cette politique est bâtie autour des principes directeurs de l’économie de marché suite au
retrait de l’État du secteur agricole. L’assistance de l’État est limitée et toutes les formes de
subventions supprimées, ce qui a pour conséquence le développement des initiatives privées
et du secteur informel agricole. Le mouvement associatif se développe dans le monde rural
surtout porté par des femmes et des jeunes. Ces associations cherchent à se prendre en main
en se consacrant à une meilleure organisation de la production et de la commercialisation,
surtout des produits locaux, avec comme finalité la construction d’une économie rurale
dynamique. Cette option montre un retrait de l’autorité publique et le retour des paysans sur la
scène publique. Ainsi, les femmes et les jeunes, longtemps marginalisés, s’affirment comme
de véritables acteurs économiques ce qui contribue à l’évolution du paysage socioéconomique
du monde rural. Aussi, on note un recul de l’arachide et une plus grande diversification des
productions au niveau des exploitations agricoles avec une part plus importante des céréales
locales et de l’horticulture. Cette libéralisation dans le monde agricole va créer une fragilité
dans la production et une situation d’instabilité montrant ainsi les limites des programmes
d’ajustement structuraux. Face aux rejets des approches néolibérales et aux critiques des
méthodes des institutions financières, le réajustement des réformes devenait un impératif.
5-4- La période des réajustements structurels (1990-1999)
Cette période correspond à un changement de vision de la Banque Mondiale en matière de
développement avec l’affirmation de la mondialisation des idées, des capitaux, des produits et
des services. Avec son slogan « Moins d’État, mieux d’État », le Sénégal opte pour la
réduction des dépenses de fonctionnement au profit des dépenses d’investissement pour
relancer la croissance. Dans le secteur agricole, la gestion du foncier qui était assurée jusque-
là par l’État est transférée aux communautés rurales et une politique de crédit de masse fondée
sur la promotion du microcrédit est adoptée.
Le Programme d'ajustement structurel du secteur Agricole (PASA), approuvé par la Banque
Mondiale en 1995, entraine la poursuite du désengagement de l’État de toutes les activités
économiques et la liquidation de la Caisse de Péréquation et de Stabilisation des Prix (CPSP).
La mise en œuvre de toutes les mesures prévues a rencontré beaucoup de résistances et s'est
étalée dans le temps. La privatisation de la SONACOS n'est intervenue qu'en 2005 après trois
tentatives. La réforme foncière, qui devait assurer aux paysans la sécurité foncière, n’est pas
réellement appliquée. Les études et les propositions faites en 1996 n’ont pas évolué et
51
actuellement, ce sont les organisations paysannes qui ont repris le dossier sans succès pour
l'instant.
Le Programme d'investissement du secteur agricole (PISA, 1995) qui devait regrouper les
programmes de développement visant à relancer la production agricole n'a jamais été
approuvé par les bailleurs de fonds. Le gouvernement du Sénégal a fini par opter pour
l'élaboration et l'approbation de lettres de politiques sectorielles qui servent, en principe, de
cadres d'orientation stratégique.
La dévaluation du franc CFA, intervenue en 1994, a été la mesure la plus radicale
d'ajustement structurel. Les difficultés de financement de l’agriculture se sont accrues avec la
baisse du pouvoir d’achat des ruraux et la complexité des modes d’accès au crédit agricole
pour les paysans souvent très endettés. Ceci s’est traduit par une augmentation des prix des
intrants agricoles et une baisse des prix d'achat des productions agricoles, et donc par une
baisse substantielle des revenus.
À partir de 1997, une politique de relance de la production agricole a été initiée avec la
participation des bailleurs de fonds, les organisations paysannes et l’État a contribué au
financement de plusieurs programmes (Faye, 2005) :
(i) « le Programme des services agricoles et d’appui aux organisations de producteurs
(PSAOP) signé en 1999 avec la Banque Mondiale. Son objectif principal est de
mettre en place un système libéral et décentralisé d’appui au monde rural basé sur
le conseil agricole et donnant un rôle central aux producteurs et à leurs
organisations;
(ii) le programme national d'infrastructures rurales destiné à appuyer les communautés
rurales dans la création d'infrastructures rurales et la fourniture de services publics
de proximité aux ruraux;
(iii) le programme de relance de l'arachide financé par l'Union Européenne destiné à
relancer cette filière.
(iv) d'autres programmes concernent l'élevage avec le PAPEL, par exemple, le coton
avec la privatisation de la SODEFITEX, l'agriculture irriguée avec le financement
des programmes de la SAED ».
52
Plusieurs programmes appuient les actions locales de gestion des ressources naturelles et
l'aménagement des terroirs. Le micro crédit bénéficie de multiples financements.
5-5- Les politiques agricoles de l’« alternance » (2000 à nos jours)
Les nouvelles orientations politiques sont axées sur la dotation du monde rural en
infrastructures et la promotion de la diversification agricole (maïs, sésame, fonio, niébé). Pour
ce faire, l’État s’appuie sur la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) votée en 2004.
Les mesures d’accompagnement qu’elle contient portent sur :
l’information agricole, de l’éducation et de la formation aux métiers agricoles ;
le renforcement des capacités des paysans et des organisations professionnelles, des
organisations de la société civile, des collectivités locales et des services de l’État ;
la recherche et du conseil agro-sylvo-pastoral.
Pour l’État, le secteur agricole constitue une priorité dans sa politique de développement.
Ainsi, la nouvelle option est le développement de l’agrobusiness à la place de l’agriculture
familiale. Ceci est en déphasage avec ce que préconisent les organisations paysannes qui
placent l’exploitation agricole familiale au cœur du développement agricole. La mise en
œuvre de cette vision se fait à travers le plan oméga et par l’installation de jeunes diplômés
dans l’agriculture pour développer une agriculture moderne à travers le plan REVA (retour
vers l’agriculture). Différentes fermes modernes ont été installées à travers le pays avec des
équipements modernes (tracteurs, goutte à goutte …) pour une production intensive (2 ou 3
récoltes dans l’année). Cependant, les exploitations agricoles familiales sont plus nombreuses
et l’État doit en tenir compte dans sa politique. Alors, la plupart des programmes lancés
durant la décennie passée sont maintenus et une nouvelle version de la LOASP est élaborée
avec des changements dans les stratégies. Une augmentation des ressources financières du
budget national est observée ainsi que le retour des subventions à l’agriculture familiale. Dans
le même sillage, plusieurs programmes spéciaux (maïs, manioc, sésame, bissap,…) sont mise
en place par l’état pour favoriser l’amélioration des revenus des exploitations familiales par le
biais de cultures orientées vers le marché. Ces programmes spéciaux ont été caractérisés par
une importante mobilisation en ressources financières et humaines pour atteindre les objectifs
qui leur sont assignés.
53
Pour une meilleure maîtrise de l’eau, l’État a aussi expérimenté les pluies provoquées en
saison des pluies et a financé la création de Bassins de rétention et de petits aménagements
dans un souci d’intensifier l’agriculture. Ces actions bénéficient surtout aux exploitations
agricoles familiales. En effet, elles leur permettent de faire des cultures en saison sèche
(maraîchage, arboriculture), de disposer d’eau pour l’abreuvement du troupeau et de
développer la production halieutique à travers la pisciculture.
La politique dirigiste de l’État est apparue incertaine et un peu désordonné, ce qui désoriente
les acteurs. De plus, force est de constater que, malgré tous les programmes et politiques, les
exploitations agricoles familiales sont aux prises avec plusieurs défis pour leur
développement. Il s’agit de la baisse de fertilité des sols, de l’accès difficile au crédit
bancaire, du manque de soutien aux prix agricoles, de la faible rentabilité des productions.
Pour faire face à ces défis, il nous paraît nécessaire de mettre en place de nouveaux outils
pour le développement de l’agriculture sénégalaise en mettant l’accent sur la promotion des
exploitations agricoles familiales.
54
Chapitre 2 : Vulnérabilité et changement climatique À partir du milieu de la décennie 1990, le Sénégal a connu une croissance économique
relativement importante mais les progrès en termes de développement des zones rurales
restent cependant peu satisfaisants. « Les zones rurales sont exposées à une variété de chocs
qui empêchent les ménages d’accumuler les biens et le capital humain susceptibles de les
aider à faire reculer la pauvreté » (Banque Mondiale, 2006). La vulnérabilité des populations
rurales est liée aux risques auxquels elles sont confrontées et à leur capacité intrinsèque d’y
faire face. Ces exploitations sont soumises à différents types de risques qui déterminent leur
vulnérabilité. Nous allons mettre l’accent sur ceux d’ordres naturels, économiques, sanitaires
ayant le plus d’impact sur les exploitations agricoles du Bassin arachidier.
1- Sécheresse et variabilité pluviométrique
Parmi tous les risques auxquels sont confrontés les agriculteurs, l'aléa climatique est sans
doute celui qu'ils peuvent le moins facilement maîtriser. Pour toutes les cultures, les pertes de
production résultant d'un accident climatique peuvent être quantitatives et/ou qualitatives. Au
cours des 25 dernières années, le Sénégal a connu six années pouvant être considérées comme
ayant subi des perturbations majeures de pluviométrie (Banque Mondiale, 2006). Elles ont eu
pour conséquence la baisse de la production d’arachide particulièrement dans le Bassin
arachidier et la réduction du cheptel du fait des fortes mortalités (baisse de 5% environ au
niveau national). Quant à la pluviométrie, elle est caractérisée par une forte irrégularité
interannuelle au cours de ces dernières décennies au Sénégal et particulièrement dans le
Bassin arachidier où il a été constaté une répétition du déficit pluviométrique sur plusieurs
années (graphique 9). De plus, il faut ajouter la mauvaise répartition spatio-temporelle des
pluies et la multiplication des pauses pluviométriques, indépendamment du type d’hivernage
(bon ou mauvais), qui ont aussi des conséquences néfastes sur la production. Ainsi la Banque
Mondiale (2006) montre qu’une amélioration des précipitations de 1 mm augmente de 1 kg/ha
le rendement de l’arachide et de 0,4kg/ha celui du mil.
55
Figure 10 : Évolution de la pluviométrique dans le nord et le sud du Bassin arachidier
Source : Auteur d’après données Météo Nationale
Les conséquences d'un accident climatique sur le niveau de production dépendent d'un grand
nombre de facteurs parmi lesquels les techniques de production (cultures de plein champ ou
sous abri, irrigué ou non), la durée du cycle de production et les caractéristiques de la plante.
En 2002, les pluies hors saison ont entrainé une perte économique estimée à 31 milliards de
FCFA (environ 62 millions de dollar) (Banque Mondiale, 2006).
À côté des années déficitaires, nous notons aussi des années excédentaires en pluie avec des
inondations qui affectent aussi bien les personnes et les animaux (mortalité) et sont à l’origine
de dégâts matériels (habitations et champs) entraînant ainsi d’importantes pertes au niveau des
exploitations et pour l’économie régionale. La conséquence de ces variations est plus visible
au niveau des ménages ruraux les plus pauvres qui sont les plus vulnérables.
Généralement, les contraintes climatiques sont souvent liées au développement des maladies
ou à la pullulation des insectes. Ainsi, les maladies végétales peuvent être subdivisées en
« maladie à caractère exceptionnel (non existence de traitement efficace) et en « pathologies
courantes (qui peuvent souvent être maîtrisées par des traitements curatifs ou préventifs).
Leur particularité, c’est qu’elles sont plus délicates à gérer car le risque de contagion à
56
d’autres exploitations existe. Pour les insectes, le principal risque provient de l’invasion des
criquets qui se fait par intermittence (les dernières ont eu lieu en 1988 et 2004) et constitue
une grave menace pour la production et les revenus agricoles car les criquets détruisent tout
sur leur passage. Ainsi, le paysan peut se retrouver sans rien à la fin de la campagne. Cette
menace ne concerne pas souvent l’ensemble du pays mais peut dévaster l’économie de toute
une région. À côté des criquets, nous notons aussi la présence d’insectes nuisibles et de
parasites qui se répandent sur des aires plus larges et des périodes plus longues et causent des
pertes moins spectaculaires. Néanmoins, en fonction de la sévérité, ils peuvent décimer toute
une culture ou un troupeau si leurs actions ne sont pas anticipées. Au niveau du Bassin
arachidier, les principaux insectes identifiés concernent les sauterelles, les cantharides et les
pucerons. Ces insectes affectent largement les rendements, particulièrement avec le faible
traitement des infestations dans la zone par les exploitations agricoles.
Par rapport à l’élevage, la sécheresse et la pluviométrie ont des conséquences sur la quantité
et qualité du pâturage qui a tendance à disparaitre quelques mois après l’hivernage. Cette
réduction des pâturages favorise la transhumance saisonnière qui est une porte d’entrée aux
infestations et la perte des animaux à travers le vol de bétail. On distingue les maladies
réputées contagieuses (peste bovine, péripneumonie contagieuse bovine, le charbon
bactéridien …) qui peuvent facilement se propager et même être un danger pour la santé
humaine, et les maladies courantes ne représentent pas un risque sanitaire majeur mais
peuvent engendrer des pertes surtout sur le plan financier. Toutefois, avec les changements de
méthodes de production et de l’environnement agro-climatique, une recrudescence des
maladies est observée mais aussi l’apparition de nouvelles maladies.
2- Contraintes économiques
Les contraintes économiques sont divers et variés. Mais nous allons mettre l’accent sur celles
évoqués par la Banque Mondiale (2006) c'est-à-dire liés à une économie ouverte, aux
systèmes de production et à la commercialisation, et au pouvoir d’achat et aux prix.
Le Sénégal a une économie libérale et les producteurs ruraux sont confrontés à la variabilité
des taux de change et aux fluctuations des prix sur les marchés internationaux. L’arachide, qui
était le moteur de l’économie sénégalaise avec 80% des exportations dans les années 60,
fournissait la majeure partie des revenus monétaires dans le milieu rural et particulièrement
57
dans le Bassin arachidier. Avec l’arrêt des prix garantis et les réformes entreprises au milieu
des années 90 (dévaluation du FCFA), l’instabilité des prix sur le marché international a
favorisé la baisse de la production et l’importance de l’arachide a décru au sein de l’économie
nationale. Cette production, qui était de 750 000 tonnes dans les années 60, est passée à
260 000 tonnes en 2003. En 2010, avec une reprise des cours mondiaux et une demande plus
importante émanant surtout de la Chine, nous constatons une reprise de la production qui
dépasse le million de tonnes mais ne représente plus que 5,6% des produits exportés en 2010
(ANSD, 2010). En 2011, la production connait une nouvelle chute de 59% (ANSD, 2011)
suite à un déficit pluviométrique ayant occasionné différentes vagues de semis sans succès.
Cette instabilité dans la filière arachide entraine une déstructuration de la filière arachide dont
les plus grandes victimes sont les petits producteurs.
Les institutions financières concentrent leurs activités dans les zones urbaines et
n’interviennent en milieu rural quasi-exclusivement que dans les domaines de la
commercialisation, de l’horticulture et de l’agro-industrie (République du Sénégal, 2007). La
faiblesse ou l’absence d’octroi de crédits (moins de 4% ensemble crédit octroyé en milieu
rural ; République du Sénégal, 2007) par les institutions financières, mais aussi leur faible
présence dans le milieu rural, a favorisé un déficit d’investissements (matériel agricole) au
niveau des exploitations agricoles mais surtout le manque de fonds de roulement pour
l’acquisition des intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires). En effet, la banque
Caisse Nationale de Crédit agricole au Sénégal (CNCAS) est l’une des seules banques à
financer la production agricole contrairement aux autres banques commerciales qui sont plus
orientées vers les autres secteurs de l’économie. De plus, avec les changements structurels
opérés au sein de l’État, la distribution et la commercialisation des intrants et des produits
agricoles ont été libéralisées, rendant les producteurs de plus en plus fragiles face à un
environnement de production qui s’est dégradé. Le pouvoir d’achat des producteurs de mil et
d’arachide s’est érodé. En effet, l’indice général des prix à la consommation a augmenté plus
vite que l’évolution des prix des principaux produits agricoles comme le montre une étude de
la Banque Mondiale (Tableau 6).
58
Tableau 6 : Évolution des indices du pouvoir d’achat et des prix de 1990 à 2002
Année 1990 1992 1994 1996 1998 1999 2000 2001 2002
Prix Mil (CFA/kg) 83 73 80 132 125 83 83 83 83
Prix Arachide (CFA/kg) 80 80 120 131 160 145 145 120 120
Pouvoir d’achat (PA) Secteur mil 85,3 76,3 66,8 100 92,2 60,7 60,3 58,5 57
PA secteur arachide (%) 82,9 84,2 101 100 119 107 106 85,2 93
Source : Banque Mondiale, 2006
3- La pauvreté des exploitations agricoles au Sénégal
La situation de pauvreté accroît la vulnérabilité du fait du manque de revenus disponibles
pour payer les services essentiels quand un choc se produit. Une des caractéristiques de la
vulnérabilité à ce moment, c’est l’impossibilité de recours à l’épargne, à l’emprunt et à des
réseaux de solidarité (Gouvernement du Sénégal, 2006).
Au Sénégal, la stratégie nationale pour contribuer à la sécurité alimentaire est la promotion de
la production locale diversifiée et compétitive pour disposer de revenus acceptables.
Cependant, l’exploitation agricole familiale, principale source de production agricole, a la
majorité de ses membres vivant en dessous du seuil de pauvreté. La situation agricole au
Sénégal est largement en défaveur surtout des petits producteurs3 qui constituent la grande
majorité des exploitations agricoles. En effet, 58,5% de la population du pays vit dans le
milieu rural. La pauvreté y est endémique et concerne près de deux ménages pauvres sur trois
(65%) alors qu’au niveau national 54,7% des ménages du pays sont ruraux (Asprodeb-Ipar,
2007). La pauvreté est particulièrement forte au niveau des exploitations familiales qui
cultivent sur de petites parcelles des cultures vivrières et ont un petit élevage, ce qui ne leur
permet pas souvent de couvrir les besoins de la famille. L’étroitesse de leur base foncière est
illustrée par un indice élevé de la vulnérabilité de l’ordre de 2,5 (sur trois), rendant difficile la
création durable de richesses (Ba et al., 2009). Bien qu’on note une légère baisse de
l’incidence de la pauvreté en milieu rural, elle reste plus importante par rapport au milieu
urbain (tableau 7).
3 Petits exploitants qui possèdent en moyenne entre moins un hectare à trois à cinq hectares qui cultivent la terre
sur des régimes fonciers traditionnels. Ils procèdent à une combinaison de quelques cultures de rente et des
cultures vivrières de subsistance tout en possédant quelques animaux en extensif généralement.
59
Tableau 7 : Évolution de l’incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence
Source : Auteur d’après République Sénégal (2007)
Dans le milieu rural, l’incidence de pauvreté baisse peu. Elle est généralement plus faible
parmi les ménages dirigés par les femmes.
Sur le plan régional, la répartition des ménages en situation de vulnérabilité montre de fortes
disparités. D’un point de vue géographique, les zones les plus touchées se situent au centre, au
sud et au nord-est du pays, où la production est essentiellement agricole et moins diversifiée.
Ceci s'explique par les difficultés liées au climat et à la dégradation des termes de l'échange,
mais aussi par une répartition inégale des investissements publics (Asprodeb-Ipar, 2007). Les
régions de Ziguinchor et de Kolda, confrontées pendant plusieurs années à la crise
casamançaise (insécurité) et à un enclavement important enregistrent les taux les plus élevés
de pauvreté : respectivement 67,1% et 66,5%. Ces régions sont suivies de celles de Kaolack
(65,3%) et Diourbel (61,5%), qui se situent au cœur du Bassin arachidier et qui subissent les
effets aléatoires des activités économiques liées à l’arachide dans un contexte d’absence
d’activités économiques alternatives4 (Gouvernement du Sénégal, 2006).
4 Activités économiques alternatives : création d’emplois industriels ou de services à court et moyen termes
Ménages Individus
Niveau
National Milieu rural
Niveau
National Milieu rural
2001-2002
Incidence de la pauvreté (%) 48,5 57,5 57,1 65,2
Gravité de la pauvreté (%) 6,2 7,5 7,9 9,4
2005-2006
Incidence de la pauvreté (%) 42,6 55,6 50,6 61,7
Gravité de la pauvreté (%) 6,0 8,9 7,3 10,2
Contribution 100 70,1 100 71,2
60
Tableau 8 : Incidence de la pauvreté et contribution selon les régions administratives
Région Incidence de la pauvreté (%) Contribution (%)
Dakar 33,6 18,4
Ziguinchor 67,1 6,5
Diourbel 61,5 12,7
Saint Louis 41,2 8,6
Tambacounda 56,2 6,8
Kaolack 65,3 13,2
Thiès 48,6 12,7
Louga 36,2 5,1
Fatick 46,3 5,9
Kolda 66,5 10,1
Total 48,5 100
Source : DSRP II d’après DPS et Banque Mondiale (ESAM II, 2001/2002)
De plus, la répartition selon le milieu de résidence montre que la majorité des ruraux (80,8%)
sont des agriculteurs ou ouvriers de l’agriculture et de la pêche. Les ouvriers et employés, à
11,8%, sont non qualifiés. Les intellectuels (administration, instituteur,…) représentent 1,4%
et 4,6% pour les artisans et ouvriers de métier (DPS, 2004). Ainsi, l’une des principales
causes de la vulnérabilité est la faible diversification de l’origine des revenus de beaucoup
d’exploitations principalement concentrée sur la production agricole.
En milieu rural, l’'accès à l'eau potable a connu une progression de 56% en 2000 à 64% en
2004. Les usagers des bornes fontaines qui représentent 35% des ménages ruraux
consomment en moyenne 20 l/j/pers, ce qui reste encore très faible. Par ailleurs, des risques
importants de rupture du service d'eau potable subsistent encore car la gestion des forages
motorisés connait des dysfonctionnements particulièrement dans le milieu rural.
La faiblesse de moyens financiers est un facteur déterminant dans la détérioration des
conditions de vie qui aggrave les inégalités et mène, à terme, à l’extrême pauvreté. Les
longues années de sécheresse et les modèles non durable de consommation et de production
ont contribué à la fragilisation de l’écosystème.
61
Ba et als. se sont intéressés à la vulnérabilité des ménages en les catégorisant suivant les
composantes agro-environnementale, socio-territoriale, économique et alimentaires par le
biais de différents indices (figure 11).
Figure 11: Vulnérabilité des ménages agricoles au niveau du Bassin arachidier
Composantes Indices moyens
Vulnérabilité
Centre Nord BA
Vulnérabilité
Centre Sud
BA
Composante agro-
environnementale
Nombre de cultures annuelles 1,64 1,55
Part des surfaces irriguées 2,96 2,94
Accès terres irriguées/bas-fonds 2,94 2,91
Part surface en jachère/pâturage/friche 2,58 2,96
Composante socio-territoriale
Niveau d'instruction scolaire du chef de
ménage 2,84 2,75
Niveau d'éducation du ménage (pop
lettrée/pop adulte) 1,93 2,08
Niveau réseautage du chef de ménage 2,58 2,83
Degré couverture dépenses de santé 1,96 2,12
Degré couverture dépenses scolaires 1,69 1,73
Composante économique
Ratio de dépendance 1,94 2,11
Équipement agricole 1,98 2,05
Surfaces cultivées/équivalent adulte 1,97 1,93
Part des transferts privés reçus dans revenu
global 2,25 2,43
Part revenu non agricole dans revenu global 1,48 1,61
Part salariat non agricole dans revenu global 2,58 2,8
Composante alimentaire
Degré couverture besoins vivriers par la
production 1,5 1,98
Part dépenses alimentaires dans le revenu
global 1,72 1,96
NB: notation à trois niveaux utilisée : vulnérabilité haute [note = 3]; vulnérabilité moyenne [note = 2];
vulnérabilité faible [note = 1].
Source : BA et al., 2009
La situation globale se caractérise par une forte vulnérabilité sur le plan agro-environnemental
avec un indice moyen fluctuant entre 1,55 et 2,96 au niveau du Bassin arachidier. Dans une
moindre mesure, on note une importance de la vulnérabilité pour la composante territoriale
suivi de la composante économique.
La plupart des ménages pauvres ont perdu une partie de leur moyen de production (dotations
en facteur) et ont vu la qualité de leur vie se dégrader suite à des chocs naturels et des
catastrophes. Ceux-ci découlent des ruptures observées au niveau des écosystèmes du fait de
la dégradation des conditions climatiques et de la dégradation des sols liée à une mauvaise
gestion de la fertilité. Les revenus des ménages ruraux sont nettement inférieurs au PIB par
tête (1018 US$ en 2009 ; 1072 US$ en 2013) et se situent en moyenne à 174 618
FCFA/EqA/an dans la zone Centre Nord Bassin Arachidier (CNBA), 125 220 FCFA/EqA/an
62
dans la zone Sud Est Bassin Arachidier (SEBA), et 113 496 FCFA/EqA/an, soit le plus faible
revenu moyen, en Haute et Moyenne Casamance (Ba et al., 2009). L’économie des ménages
ruraux a été fortement affectée par la baisse et la mauvaise répartition des pluies. Pour y faire
face, les populations s’orientent vers les ressources naturelles déjà fragilisées favorisant la
déforestation, ce qui accroit leur vulnérabilité. La vulnérabilité économique est atténuée par la
diversification des activités mais les régions (Delta, Haute et Moyenne Casamance) qui
s’appuient principalement sur les activités agricoles (cultures) pour la constitution de leurs
revenus sont plus vulnérables sur le plan économique. La conséquence, sur le plan social, est
une baisse de la solidarité communautaire et la transformation des repères éthiques et
culturels conduisant ainsi à une rupture des liens sociaux et à l’exclusion des couches les plus
défavorisées. Cela se traduit par une augmentation de la vulnérabilité sur le plan alimentaire.
Le taux de couverture, bien que fluctuant à travers les années, diminue surtout avec
l’augmentation de la demande (figure 12).
Figure 12: Taux de couverture de la production céréalière par rapport au besoin en %
Source : BA et al., 2009 d’après UPA/MA et DAPS/DSA, 2008
Finalement, les ménages qui ne disposent pas d’assez de ressources ou de mécanismes
d’assurances quand interviennent les différents types de chocs (sanitaire, social, économique,
climatique,…) se désagrègent ou se maintiennent dans une pauvreté profonde favorisant une
transformation du modèle de vie familial.
63
4- Impact des changements climatiques sur les exploitations agricoles
familiales
Les changements climatiques (CC) constituent l’un des plus grands défis de ce 21ème
siècle
avec le réchauffement de la terre du fait de l’augmentation des émissions de gaz à effet de
serre. Ils ont des effets sur la santé, les ressources aquatiques, les écosystèmes naturels. La
conséquence pour le monde rural est une plus grande fréquence de l’irrégularité des pluies,
des inondations, des sécheresses et des feux de brousse.
Selon la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC),
il existe neuf caractéristiques qui augmentent la vulnérabilité des pays face aux CC. Parmi
celles-ci, le Sénégal en compte quatre : le pays a (1) une zone côtière à faible élévation, (2)
des régions arides et semi-arides et des régions forestières fragiles, (3) des régions exposées
aux sécheresses et à la désertification et (4) des écosystèmes fragiles, notamment des
mangroves (Sarrouy, 2010). En effet, le rapport national sur le développement humain
(RNDH, 2010) montre que l’évolution climatique du Sénégal pour les trente dernières années
s’est traduite par une diminution de 30% de la pluviométrie, une augmentation de la
température de 0,9%, une aridification de plus en plus importante de la partie nord du pays et
une tendance à une progression plus ou moins forte de la semi aridité des régions
méridionales. En effet, la température pourrait connaitre une hausse de l’ordre de 2 à 4°C
selon des recherches menées sur les gaz à effet de serre (GES). Ces mutations devraient se
traduire par une baisse de 5 à 10% de la couverture nuageuse et une baisse de la pluviométrie
de 5 à 25% (PANA, 2006). Quant à la pluviométrie, elle ne cesse de baisser avec un
déplacement dégressif des isohyètes du Nord vers le sud comme le montre Sarrouy (2010) :
« la zone côtière appelée Niayes est passée de 400-800 mm dans les années 60 à 200-
400 mm en 90,
le Saloum de 700-800 mm à 600-700 mm
et la zone d’expansion agricole entre le Bassin Arachidier et le Saloum de 700-800
mm à 500-600 mm ».
L’augmentation de la température et la baisse de la pluviométrie favorisent la persistance de
la sécheresse, de la salinisation et de l’érosion des sols et la disparition des mangroves. La
diminution de la pluviométrie se fait ressentir beaucoup plus dans le sud du pays que dans le
Nord.
64
L’impact des changements climatiques a aussi une incidence sur l’élévation du niveau de la
mer particulièrement dans les zones côtières où il y a un fort développement de l’horticulture.
Sur l’ensemble des côtes sénégalaises, en cas d’élévation du niveau marin de 1 m, d’ici 2100,
Dennis et al. (1995) in PANA (RNDH, 2010), il est prévu que 55 à 86 km² de plages
disparaissent à cause de la recrudescence des phénomènes d’érosion côtière. La baisse de la
pluviométrie et la hausse des eaux marines pourraient favoriser la diminution des ressources
en eau potable du fait de la contamination des nappes phréatiques.
Sur l’agriculture, les variations du climat ont des conséquences immédiates sur les
rendements des cultures, la productivité des animaux (diminution de la quantité et de la
qualité du pâturage et des points d’eau). Chaque année se produisent des accidents
climatiques qui, localement, provoquent, pour certaines cultures, des pertes qui peuvent
atteindre des montants considérables et menacer l'équilibre économique des exploitations
sinistrées. En effet, l’agriculture, pluviale à 95% et peu utilisatrice d’intrants, est fortement
tributaire des conditions climatiques (pluviométrie, température, humidité….) et de la qualité
des terres. La vulnérabilité face aux changements climatiques est surtout le fait de la
combinaison entre l’augmentation de la température et la diminution de la pluviométrie.
Ainsi, Diagne (2000) [in PANA (2006)] montre que « la pluviométrie a globalement baissé de
35% en quantité avec une diminution de la durée de la période pluvieuse et une baisse de la
fréquence des jours de pluie entre la période 1950-1965 et la période 1970-1995 ». La
distribution et l’intensité des pluies, très irrégulières, sont à l’origine d’inondations (surtout
ces dernières années avec le retour d’une bonne pluviométrie), de pauses pluviométriques
récurrentes affectant les rendements ou de pluies hors saisons (en 2002) avec des incidences
négatives autant sur les cultures que le cheptel. Globalement sur le long terme, la FAO relève
que les changements climatiques pourraient affecter l’agriculture de plusieurs façons :
la prévisibilité générale du temps et du climat diminuerait, rendant plus
difficile la planification des opérations agricoles : les agriculteurs doivent de
plus en plus s’adapter aux changements de cycle et avoir à leur disposition par
exemple plusieurs types de variétés pour anticiper les changements d’une
année à l’autre
la variabilité climatique pourrait augmenter, exerçant une pression
supplémentaire sur des systèmes fragiles : avec la forte pression anthropique,
65
les écosystèmes sont de plus fragiles surtout avec la déforestation (champs,
charbon de bois, bois de chauffe…) et l’augmentation de l’incidence des feux
de brousse
les conditions climatiques extrêmes, qu’il est pratiquement impossible de
prévoir, pourraient devenir plus fréquentes : le déroulement de la campagne
agricole d’une zone à l’autre est complètement différent du fait de la
récurrence des pauses pluviométriques, des pluies hors saison …
les zones agro-écologiques se déplaceraient, obligeant les agriculteurs à
s’adapter et menaçant la végétation naturelle et la faune. On note que le
déplacement du Bassin Arachidier vers la zone nord de Kolda favorise ainsi un
déséquilibre au niveau des ressources naturelles
les ravageurs et les maladies vectorielles se diffuseraient dans des zones où ils
étaient inconnus auparavant.
Par rapport aux ressources humaines, le nouvel environnement climatique crée des conditions
favorables au développement de maladies endémiques telles que le paludisme, la bilharziose,
la diarrhée, etc… surtout pour les personnes ayant une faible capacité d’adaptation ou
financière. De plus, la variabilité du régime pluviométrique, la multiplication des
aménagements hydrauliques (hydro-agricoles) et l’accroissement des cultures irriguées
contribuent à l’augmentation à la fois la transmission de parasites et la vulnérabilité des
personnes vivant à proximité de ces aménagements (République du Sénégal-PNUD, 2010).
Les enjeux et défis posés par les changements climatiques sont multiples pour le monde rural.
Les stratégies pour y faire face sont très diversifiées et peuvent provenir de la combinaison de
plusieurs secteurs d’activités. La finalité de ces actions est de favoriser la pérennisation de la
reproduction de l’exploitation agricole familiale.
Finalement, Le secteur agricole sénégalais est caractérisé à travers sa population active
(59,7%) par une importance des exploitations agricoles de type familial. Cependant, il ne
participe qu’à hauteur de 10% au PIB du fait d’un système de production largement pluvial et
d’un faible niveau d’investissements en facteurs de production. Les exploitations agricoles
familiales, disposant en moyenne de moins de cinq hectares, sont de plus en plus fragiles du
fait des contingences socioéconomiques et environnementales.
66
Pour faire face à cette situation complexe, plusieurs politiques agricoles ont été initiées depuis
les indépendances avec plus ou moins de succès selon les périodes. En effet, les politiques
dirigistes des indépendances, puis de la Nouvelle Politique Agricole, les ajustements
structurels et de la libéralisation ont diminué certaines contraintes. Cependant, ces dernières
demeurent malgré tous les programmes et politiques développés. Ainsi, même avec leur forte
capacité de résilience, les exploitations agricoles familiales commencent à atteindre leur
limite nonobstant la diversité des stratégies d’adaptation endogènes ou exogènes qu’elles ont
eu à développer. L’acuité des incidences des contraintes au niveau des EAF, portée un
environnement en perpétuelle mutation et particulièrement par l’aléa climatique, a poussé les
parties prenantes à proposer de nouvelles stratégies complémentaires qui s’adaptent mieux au
contexte actuel du monde rural. Ces stratégies concernent l’adoption de technologies, la
diversification des cultures et des activités, la professionnalisation des organisations
paysannes, … Toutefois, ces exploitations demeurent dans une situation d’instabilité avec des
revenus ténus ne permettant pas d’assurer la sécurité alimentaire, encore moins de faire face
aux investissements ou d’être crédible vis-à-vis des financements.
Cette problématique nous amène à nous poser la question de recherche suivante : « quelles
sont les stratégies à développer contre les différents risques au niveau des exploitations
agricoles pour faire face à leur insécurité alimentaire dans un cadre environnemental et
socioéconomique de plus en plus fragile ? ».
67
Synthèse Le secteur agricole qui mobilise environ 60% de la population active a fini de montrer ses
limites avec la récurrence des déficits alimentaires et la vulnérabilité des revenus. Les causes
sont multiples (économiques, politiques, organisationnelles…) mais la principale est le faible
niveau d’investissements des exploitations agricoles familiales dans leurs outils de
production. Les exploitations agricoles, de type familial, sont caractérisées par une
autoconsommation de leur production céréalière et une commercialisation des cultures de
rente, particulièrement l’arachide. Malgré une augmentation de la superficie cultivée entre
1960 et 1998, on note une baisse de la superficie par actif (0,54 ha en 1998 contre 1,07 ha en
1960). Dans un premier temps, différentes politiques ont été mises en place dans le souci
d’améliorer la productivité agricole (terre et travail) par la diversification et
l’accompagnement technique rapproché autour des principes directeurs de l’économie de
marché. Dans un second temps, avec le retrait de l’État du secteur agricole, il a été noté un
développement d’initiatives privées avant d’arriver aux politiques de l’alternance. Elles
mettent l’accent sur la dotation du monde rural en infrastructures et la promotion de la
diversification agricole à grande valeur ajoutée avec pour socle directeur la loi d’orientation
agro-sylvo-pastorale. Nonobstant toutes ces politiques, la production agricole a évolué en
dents de scie du fait des risques climatiques, économiques et sanitaires auxquels le monde
rural est soumis. En effet, les exploitations agricoles sont particulièrement soumises à une
forte vulnérabilité sur le plan agro-environnemental ainsi que sur le plan territorial et
économique. La conséquence est que les niveaux de revenus demeurent faibles et très
fluctuants. De plus, le taux de couverture en céréales ne cesse de diminuer avec
l’augmentation de la demande.
Les enjeux et défis posés par un environnement de plus en plus fragile ne cessent de prendre
de l’ampleur. Les stratégies pour y faire face sont très diversifiées et peuvent provenir de la
combinaison de plusieurs secteurs d’activités avec pour finalité de favoriser la pérennisation
de la reproduction de l’exploitation agricole familiale.
68
PARTIE 2 : ÉTAT DE L’ART, PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE Chapitre 3 : Vulnérabilité et Stratégie des exploitations agricoles
Introduction
Les exploitations agricoles familiales sont entourées de nombreuses incertitudes qui peuvent
influencer leur production agricole. Le climat en relation avec des contraintes d’ordre
structurel, économique, technique, social, etc… a une incidence sur les revenus des
exploitations. Toutes ces contraintes n’interviennent pas de manière isolée, mais sont inter-
reliées. Ainsi, « le risque en agriculture représente un système imbriqué dans lequel marchés
et mesures gouvernementales interagissent avec les risques et les stratégies des exploitants »
(OCDE, 2009, p.16). Étant donné la complexité de ces interactions et dans le souci de mieux
comprendre les exploitations dans leur environnement instable, il est impératif de trouver un
cadre d’analyse qui nous permet de mieux appréhender les mutations en cours.
Ce chapitre est subdivisé en quatre parties : la première partie s’intéresse aux sources de
vulnérabilité. La deuxième partie aborde les questions de vulnérabilité au sein des
exploitations. La troisième partie présente les stratégies des agriculteurs et l’assurance
agricole et la dernière partie montre différentes expériences sur l’assurance agricole.
1- Les sources de vulnérabilité
Le Bassin arachidier est depuis des années la principale zone de production agricole au
Sénégal. Toutefois, cette production connait une grande variation du fait de la combinaison
de plusieurs facteurs pouvant être de différents ordres. De plus, la majeure partie de la
population s’activent autour de l’agriculture pluviale qui est très sensible au climat et aux
différentes agressions des prédateurs. Toutes les contraintes auxquelles sont soumises les
exploitations agricoles proviennent de différentes sources de risques. Ainsi, il est relevé une
faible productivité agricole de même qu’une faible intégration au marché avec pour corollaire
des revenus peu incitatifs par rapports aux autre acteurs au niveau national.
Pour mieux appréhender ces phénomènes, nous nous proposons dans cette section de passer
en revue les différentes définitions du risque pour mieux pouvoir nous situer dans le contexte
de notre travail. Par la suite, nous identifierons les typologies du risque existantes afin de nous
69
positionner en tenant compte des réalités du Bassin arachidier. La dernière section concernera
l’importance du choix des types de risque identifié pour notre zone d’étude.
1-1- Définition du risque
Les termes « risque », « aléa » et « incertitude » sont très courants dans le langage et peuvent
avoir différents sens. C'est Knight (1921) qui introduit pour la première fois une
différenciation entre risque et incertitude. Cité par Darnhofer (2010, p.2), il considère que le
risque est « défini comme une situation probabiliste dans laquelle les répercussions ainsi que
la probabilité de chaque répercussion sont connues ; et l’incertitude où les répercussions sont
connues, mais où il n’y a pas de base pour attribuer des probabilités à chaque répercussion
possible ». Dans le même sens, pour les sciences sociales, Ancey et Azoulay (2010, p.1)
définissent les risques comme « les probabilités connues des issues possibles et l’incertitude
est une situation où ni l’ensemble des issues ni la probabilité de leur réalisation ne sont
connus ».
« L’aléa fait référence à la notion de probabilité qu'un phénomène naturel se produise »
(Manche, 1997, p.50). L’aléa5 est généralement caractérisé par son intensité (importance du
phénomène en rapport avec les pertes qu’il peut engendrer), sa couverture géographique
(étendue de son action) et sa durée (sévérité de son action). Dans le domaine agricole, l’aléa
est souvent mis en relation avec le climat du fait de l’incertitude qu’elle peut apporter dans la
gestion des activités agricoles. On parle aussi risques économiques car les agriculteurs gèrent
bien les risques individuels mais, dans leur pratique de gestion (la volatilité des prix et son
impact sur la variabilité des revenus), on note une grande incertitude au niveau de la
commercialisation.
Le risque naturel correspond « à la conjonction d'un phénomène naturel dit "aléa" et d'une
vulnérabilité des biens et des personnes exposés » (André, 2004). Il s’agit généralement de
chocs simultanés qui affectent négativement la communauté, la région ou le pays. Nous
mettrons l’accent sur ceux qui impactent le plus les exploitations agricoles de notre zone
d’étude à savoir la pluviométrie et la température et dans une moindre mesure les inondations
et les ravageurs.
5 http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module3/risques/1.1/html/2_2-2_1.html
70
Sur le plan économique, il y a risque lorsqu'on peut associer une loi de probabilité aux
différents résultats possibles d'une action donnée (Bousard, 1987). Ainsi, ce qui définit le
risque, dans le cadre économique standard, est fondamentalement son caractère aléatoire mais
probabilisable (Sauter, 1989 in Lalau, 2008). Sur le plan pratique, un risque « dit économique
pour l’organisation est lié aux variations de ses revenus, de ses coûts ou de son volume de
production, suite aux fluctuations des marchés des matières premières et des produits finis
ainsi que l’environnement réglementaire de ces marchés » (Bernard et al., 2002, p.11). Cette
définition proche de nos unités d’analyse doit être complétée car elle ne prend pas en compte
toutes les dimensions de l’exploitation agricole.
En agriculture, le risque doit être considéré comme une notion protéiforme et peut être défini
comme « la conséquence néfaste d’un événement aléatoire » (Cordier, 2008, p.7). Le risque
est « inhérent à l’agriculture et les agriculteurs doivent le prendre en considération pour
arrêter leurs choix de production et de modes de culture» (Cordier et Debar, 2012). Il peut être
définit comme « la combinaison de la probabilité d’un dommage (humain, financier,
économique, social ou environnemental) et de sa gravité (intensité de l’événement) »6. A
travers dommage, on entend tout ce qui peut avoir une incidence négative, suite à un
événement, sur les biens, les personnes et les fonctions d’un système.
En agriculture, le risque est une constante qui doit être toujours pris en considération du fait
de la nature de l’activité qui est fortement en relation avec les ressources naturelles. Il peut
avoir plusieurs origines (technique, anthropique, climatique, marché, …) et celles-ci sont
souvent inter reliées les unes aux autres, d’où la complexité de sa prise en charge. Dans le
contexte sahélien, le risque est plus aigu du fait de la redondance des aléas climatiques et
particulièrement de la variabilité pluviométrique.
On peut, cependant, noter différents types d’agriculteurs en tenant compte de leur réaction
face au risque : ceux qui aiment prendre des risques (risk-lovers) pour anticiper sur les
événements, ceux qui ont une aversion au risque (risk-averse), qui ne prennent pas
d’initiatives et attendent qu’une solution soit trouvée pour s’engager et finalement ceux qui
sont indifférents au risque (risk-neutral) car peuvent disposer d’assez de moyens pour changer
d’orientation (Hao, 2010). Là ressortent les caractéristiques des paysans à faire face aux
risques importants de la production agricole. Toutefois, il est à relever que la majorité des
6 http://www.unit.eu/cours/cyberrisques/etage_1/co/Module_Etage_1_14.html
71
agriculteurs du Bassin arachidier ont une certaine expérience pour faire face aux différents
risques (climatique, agronomique, marché) auxquels ils sont de plus en plus exposés mais leur
capacité est de plus en plus limitée face à leur amplitude et leur redondance.
Le fait que les systèmes physiques (par exemple exploitation agricole) et économiques
(marchés) soient très complexes induit une incertitude dans les résultats de production suite à
des orientations stratégiques et, de nombreux résultats possibles peuvent correspondre
généralement à une action donnée ou à un plan de production particulier (OCDE, 2009). De
plus, Robinson et Barry (1987) relèvent que les évènements sont dits incertains lorsque leurs
résultats modifient le bien-être matériel ou social d’un décideur. D’autres définitions du
risque peuvent prendre en considération les variations, les probabilités de perte, les niveaux
de revenus ou encore certaines exigences particulières quant aux distributions de probabilité.
Dans le cadre de ce travail, nous considérons le risque comme toutes les contraintes d’ordre
climatique (pluie, température), économique (autofinancement, revenus, prix, crédit, transfert
argent, …) et technique (contraintes structurelles en rapport avec les techniques de
production, les intrants, les semences, le matériel agricole, …).
Ainsi, nous allons mettre l’accent sur les éléments qui induisent des pertes importantes à
l’exploitation agricole qui est prise dans le cadre d’un système où interagissent plusieurs
éléments. De plus, nous considérons que les changements dans la conduite des exploitations
agricoles de notre zone d’étude ne connaîtront pas de grandes évolutions dans les années à
venir du fait de l’environnement socio-politique.
1-2- Typologie des risques
Plusieurs typologies du risque sont proposées dans la littérature en fonction de l’orientation
disciplinaire des auteurs. Dans le domaine agricole, du fait de la diversité et de la spécificité
de certains risques mais aussi de leur corrélation, différentes typologies ont été proposées en
tenant compte de l’orientation des études.
Pour les pays du Nord, Cordier (2008, p.8) nous propose une typologie des risques pour
l’entreprise agricole suivant l’origine des aléas :
« le risque climatique et sanitaire qui affectent le rendement agricole et la qualité des
produits ;
le risque de prix ou de marché lié aux fluctuations des prix des produits finis et ceux
des intrants ;
72
le risque institutionnel généré par les changements de politique ou de régulation qui
affectent l’agriculture ;
le risque financier lié aux variations de taux d’intérêt et des taux de change qui inclut
également le risque de non-paiement et le risque de liquidité ;
les risques humains (maladie, décès) et professionnels (vols, dégradation et destruction
des outils de production) communs à toutes les entreprises ».
Dans le même contexte, l’OCDE (2009, p.28), propose une représentation des risques en
agriculture qui combinent les caractéristiques systémiques avec quatre des risques les plus
importants en agriculture.
Tableau 9 : Présentation de certains risques en agriculture
Type de risque Micro-économique
(idiosyncratique)
Risques affectant un
individu ou un ménage
Méso-économique
(covariant)
Risque affectant un
groupe de ménages
ou une
communauté
Macro-économique
(systémique)
Risque affectant une
région ou une nation
Marché / prix Variation des prix des
terrains, nouvelles
exigences de la filière
agro-alimentaire
Variation des prix des intrants
/ produits sous l’effet de chocs,
de politiques commerciales, de
nouveaux marchés, de la
variabilité endogène,…
Production Grêle, gel, maladies non
contagieuses, aléas personnels
(maladie, décès)
Pluies, glissement de
terrain, pollution
Inondations, sécheresses,
ravageurs, maladies
contagieuses, technologie
Financier Variation des revenus
provenant d’autres sources
(non agricoles)
Variation des taux d’intérêt /
de la valeur des actifs
financiers / accès au crédit
Institutionnel /
juridique
Risque de responsabilité Modification des
politiques locales
Modification des politiques et
réglementation régionales ou
nationales, de la législation
environnementale, des
paiements agricoles
Source : OCDE, 2009
Ces classifications assez larges reflètent les caractéristiques d’une agriculture intégrée au
marché et au système financier, ce qui ne renvoie pas nécessairement à la réalité de notre
terrain où les exploitations agricoles sont plus orientées vers l’autoconsommation. Les
investissements y sont faibles et la production est faiblement intégrée au marché.
Pour les pays du sud et particulièrement au Sénégal, différentes typologies sur les risques ont
été proposées. Lericollais (1989) fait une distinction entre risques anciens et risques
nouveaux. Les risques anciens (écologiques, capacité de travail, …) sont atténués par les
pratiques paysannes du fait d’une bonne connaissance de ces contraintes. Les risques
nouveaux sont induits par l’introduction de nouvelles techniques dans le souci d’une
73
meilleure maitrise des activités agricoles. A ce niveau, il est relevé les accidents rencontrés
durant le cycle végétatif, l’insuffisance imprévue des moyens techniques, les variations des
prix des intrants et des produits agricoles, l’augmentation des charges de production, … Pour
Blanc (2003), les producteurs agricoles (comme les autres acteurs économiques) voient leur
activité influencer par l’état de leur santé, par les accidents du travail mais aussi par l’impact
de l’environnement macro-économique et financier des entreprises. La Banque mondiale
(2006) propose une typologie des risques réalisée en se basant : sur les chocs naturels en
insistant sur la variabilité pluviométrique et les différentes formes d’infestation, les chocs
économiques en insistant sur la libéralisation de l’économie ainsi que le système de
financement et de commercialisation de la production, les chocs en santé qui ont des
répercussions sur la productivité de l’exploitation, les risques et défis en matière d’éducation
avec la scolarisation et l’acquisition insuffisante de techniques de base, les risques sociaux
avec les conflits particulièrement ceux en rapport avec le foncier et les vols de bétail. Wade
(2009) distingue différentes formes d’incertitude en relation avec l’agriculture et relève les
risques liés : à la production et affectant les rendements en rapport avec les conditions
climatiques, les maladies et les parasites, au marché en rapport avec la baisse du prix des
outputs et à la hausse du prix des inputs, à l’incertitude institutionnelle résultant des
changements politiques et réglementaires en agriculture, aux risques humains ou personnels
se rapportant à la disponibilité de la main d’œuvre, à l’incertitude financier résultant de la
manière dont le producteur finance sa campagne.
Ainsi, l’agriculteur doit chercher de plus en plus à trouver la meilleure combinaison entre ses
activités agricoles et non agricoles avec pour finalité de limiter l’effet des risques. En effet, en
fonction de la réponse face au risque, l’agriculteur peut disposer de différents niveaux de
revenus.
1-3- Importance du risque
Il existe une pléthore de risques qui affectent les agriculteurs et les entreprises non agricoles
dans les zones rurales. L'agriculture, principale activité dans les zones rurales de notre zone
d’étude, peut être considérée comme une activité éminemment aléatoire. Le type et la sévérité
des risques encourus par les agriculteurs varient considérablement en fonction du système
d'exploitation et des caractéristiques locales mais aussi du changement climatique, de l’état
des infrastructures, des politiques mises en place et du cadre institutionnel.
74
Généralement en Afrique sub-saharienne, les agriculteurs font souvent face aux risques
d’ordre naturel qui sont généralement dus à des éléments incontrôlables comme les conditions
météorologiques (pluviométrie, sécheresse, inondation), les maladies endémiques (végétales
et animales), l’invasion acridienne … qui ont un impact important sur la production agricole.
Ces contraintes, marquées par leur redondance, sont parmi les plus importantes pour les
exploitations agricoles.
La majeure partie des activités essentielles (vitales) des exploitations agricoles sont
dépendantes des composantes climatiques car le système de production est pluvial. « Au
Sahel, la pluie est de loin la variable climatique la plus déterminante pour la vie des
populations » (CILSS, 2010, p.17) La pluviométrie en Afrique sub-saharienne s’étale sur trois
à quatre mois particulièrement dans la zone sahélienne. Cependant, on relève une forte
variabilité spatio-temporelle. En effet, entre 1950 et 1970, on a assisté à une persistance
d’années humides suivi de 1970 à 1990 d’une persistance d’années sèches et depuis le début
des années 1990, on observe une alternance entre années humides et années sèches (CILSS,
2010). De plus, on assiste à un affaiblissement du cumul des pluies journalières ces dernières
années particulièrement pour les années sèches. Ainsi, la forte variabilité pluviométrique pose
souvent des problèmes de choix de variétés à cultiver avec une incidence négative sur la
production. On relève aussi une plus grande fréquence des inondations en Afrique de l’ouest
surtout à partir des années 2000 (2005 : Dakar a enregistré 367 mm de pluie, soit plus de la
moitié du cumul pluviométrique moyen annuel ; 2007 : Au Burkina Faso, 17 689 ha de
cultures inondées, des pertes de production de l’ordre de 13 500 tonnes, 55 barrages dont les
digues ont cédé (CILSS, 2010). Il en est de même pour la température qui a connu une hausse
globale dans la zone d’étude avec pour incidence un problème sur le choix des variétés, la
recrudescence des maladies et surtout sur la diminution de la valeur nutritive du fourrage. En
effet, il a été relevé que l’Afrique a connu une hausse de température de 0,6 à 0,7°C par
rapport au reste du monde (CILSS, 2010) et cette hausse de température ne cesse de
s’accélérer depuis les années 1980. Pour ce qui est du vent, la forte pression anthropique sur
les arbres et les arbustes ainsi que l’absence de végétation durant la saison sèche favorise la
détérioration de la couche arable des sols et le développement de certaines maladies
particulièrement chez les animaux.
75
Une autre source de risques ou d’incertitudes est d’ordre économique. Elle est surtout en
rapport avec le financement des activités et l’existence d’épargne. Les exploitations disposent
de revenus faibles et irréguliers mais elles n’arrivent pas souvent à obtenir des crédits au
niveau des institutions financières du fait de leur faible crédibilité. Dans le même ordre, on
note des contraintes liées aux marchés du fait de l’insuffisance du développement des
marchés ruraux peu dynamiques et caractérisée par un niveau d’échange faible. En effet, les
prix de vente sont rarement connus à l’avance (sauf pour les contrats à terme) au moment de
décider de la production. Le risque encouru est la possibilité de disposer d’un prix faible et de
voir la possibilité de sa marge brute plus réduite. Ainsi, l'incertitude des marchés est plus
significative en raison de la volatilité des prix inhérente aux marchés agricoles. De plus, il
faut relever que les paysans font face à une insuffisance et une asymétrie de l’information en
provenance du marché alors que la disponibilité d’informations à temps permettrait de
diminuer l’exposition aux risques. Toutefois, il est relevé de plus en plus l’utilisation des
téléphones portables pour avoir des informations sur les marchés afin d’obtenir une meilleure
visibilité sur les prix. Néanmoins, elle concerne un faible nombre de producteurs et son
utilisation est souvent limitée par le déficit d’énergie (électricité) dans le monde rural. Pour ce
qui est des transferts d’argent, « les émigrés investissent très peu dans l’agriculture en raison
de la faiblesse de la productivité liée à la dégradation des conditions écologiques du secteur »
(Bèye, 2009, p.16). En effet, l’impact des transferts dans l’accroissement des dépenses pour
les ménages bénéficiaires représente 95% à Dakar et de 63,2% pour les autres villes du pays
contrairement au milieu rural où il n’est que de 6% (Bèye, 2009). Les transferts sont
« davantage utilisés pour satisfaire des besoins de consommation courante des bénéficiaires
ou d’investissement immobilier pour les émigrés eux-mêmes et leur famille ; ils
n’interviennent que faiblement dans le financement de la création d’activités économiques
génératrices de revenus » (Sander et Barro, 2003, p.7).
Les risques agronomiques sont en rapport avec les facteurs de production et les technologies
utilisés. Pour ce qui est des facteurs de production, les exploitations du Bassin sont
caractérisées par une utilisation faible des intrants agricoles et un faible renouvellement du
matériel agricole. L’incidence directe est le bas niveau de productivité observé dans ces
exploitations agricoles. Les intrants agricoles concernent généralement les engrais, les
semences et les pesticides. En Afrique de l’Ouest, il est noté une très faible utilisation des
variétés améliorées (10-20 % pour le mil, le sorgho, niébé) surtout pour les cultures vivrières
76
malgré la disponibilité de semences sélectionnées (Dembélé, 2011). La majeure partie des
exploitations agricoles prennent leur semence de leur production par le biais de la sélection
massale. Les semences certifiées demeurent peu utilisées et souvent pas connues des
agriculteurs. Toutefois, de plus en plus, il est noté des initiatives en rapport avec la mise en
place d’un système formel de production et de distribution de semences. Cependant, son
impact reste assez localisé mais est aussi limité par le coût élevé des semences par rapport au
pouvoir d’achat des exploitations agricoles.
La diminution et/ou la disparition des jachères et la forte pression sur les terres arables sont à
l’origine de la baisse de fertilité des sols dans la plus part des pays de l’Afrique de l’ouest.
L’utilisation de l’engrais y reste relativement faible du fait de contraintes d’ordre financier,
structurel et technique. Les exploitations agricoles ont un pouvoir d’achat faible et les prix au
détail sont souvent très élevés par rapport à d’autres localités. Si on prend l’exemple de l’urée,
son prix est 50% plus cher en Tanzanie par rapport à la Thaïlande et 80% plus cher au Mali
(Africa Fertilizer, 2012). Cette différence de prix est surtout portée par les coûts du transport
et les différentes taxes. Sur le plan structurel, les exploitations agricoles subissent la forte
variabilité climatique, ce qui peut avoir des incidences sur l’utilisation des engrais (un excès
d’eau entraine leur lessivage et un manque d’eau favorise la brûlure). Sur le plan
organisationnel, il s’agit de la disponibilité des engrais à temps qui dépendent des orientations
politiques (subventions) et des infrastructures pour faciliter les échanges (routes, marchés,
…). Ainsi, il faut noter que tout ceci est en relation avec les contraintes économiques car c’est
leur faible solvabilité financière qui fait qu’elles ne peuvent disposer de crédit pour investir.
Dans le même ordre, l’indisponibilité de la main d’œuvre du fait de maladies, des décès, de
l’émigration… qui a un impact significatif sur le déroulement des activités au sein de
l’exploitation agricole. De plus, sur le plan macro ou méso économique, les incertitudes liées
aux politiques économiques et agricoles ont un impact important dans la production agricole
du fait des effets des taxes (intrants, matériels agricoles, …), des taux de change, des intérêts
… L’utilisation des techniques endogènes (Zaï au Burkina Faso, …) permet aux exploitations
d’avoir une bonne capacité de résilience mais celles-ci commence à montrer leurs limites face
à une demande locale et nationale plus importante. De nouvelles technologies sont intégrées
dans les systèmes de production mais leur utilisation est limitée par le faible niveau
d’utilisation des intrants et de renouvellement du matériel agricole. En effet, les technologies
sont rarement appliquées selon les normes, ce qui se traduit par la non atteinte des potentiels
77
de production avec pour finalité une productivité faible pour les différentes activités agro-
sylvo-pastorales.
Partant de ces constats et en rapport avec notre terrain ainsi que les données dont nous
disposons, nous nous proposons de classifier les risques en risques naturel (en relation avec le
climat), économique (en relation avec les institutions financières et le marché) et agronomique
(en relation avec la production). Ce choix a été fait car il nous permettra de faire un diagnostic
de la situation pour pouvoir mieux traiter le risque à travers des stratégies identifiées.
Quel que soit la classification des risques considérée, elle met en exergue le fait qu’une
exploitation agricole est confrontée simultanément à des risques très différents et le choix
d’une stratégie doit tenir compte de leurs corrélations.
En résumé, nous pouvons retenir comme principaux risques :
(1) l’instabilité climatique et particulièrement la variabilité pluviométrique qui a une
forte incidence sur la production agricole à cause du système de production qui
dépend en majorité de la pluie ;
(2) les risques économiques du fait du faible niveau des revenus des exploitations en
rapport avec le faible niveau d’accès au crédit et d’épargne mais aussi un
développement insuffisant des marchés ruraux. En effet, du fait de leur faible
solvabilité économique (faible investissement, peu ou pas de fonds de roulement), les
paysans disposent de peu d’armes pour faire face à l’incertitude des marchés agricoles
et financières ;
(3) la faible utilisation des facteurs de production et des technologies au niveau des
exploitations agricoles qui a pour incidence une faible productivité avec des niveaux
potentiels de rendement faiblement atteints. Les principales causes étant en rapport
avec les contraintes structurelles des unités de production.
Pour appréhender les réponses des EAF face aux risques, nous formulons l’hypothèse
suivante : les risques naturels et agronomiques sont ceux qui influencent le plus les
exploitations agricoles. En effet, disposer d’une bonne connaissance sur les risques permettra
aux différents acteurs (agriculteurs, techniciens,…) d’avoir une meilleure visibilité sur les
options à prendre pour garantir la viabilité des exploitations agricoles et ainsi garantir des
niveaux de revenus durables.
78
2- Vulnérabilité des exploitations agricoles
En Afrique de l’ouest, sur le plan économique, l’agriculture représente environ 35% du
produit intérieur brut régional (Blein et al., 2008). C’est l’un des principaux pourvoyeurs de
travail mais c’est aussi l’une des activités les plus soumises aux risques et particulièrement les
aléas climatiques. En effet, la pratique de l’agriculture est réalisée par des exploitations
agricoles de petite taille qui sont fortement soumises à la récurrence de différentes formes de
risques, ce qui augmentent leur vulnérabilité. (Gallopin, 2006, p.2) la définit ainsi :
« Vulnerability, like resilience, is generally viewed as being specific to perturbations that
impinge on the system ». Aschan et al. (2009) la définissent comme « la propension à
favoriser les préjudices des personnes exposées à l’aléa ». Donc, c’est la prédisposition d’un
système à souffrir d’un choc ou d’un stress externes (climat, tremblement de terre…) mais qui
peut être étendue à des facteurs de risque technologiques (explosion nucléaire) ou
socioéconomiques (prix des denrées, guerre civile, terrorisme) ou socio-naturels (changement
climatique, émission de gaz à effet de serre, déforestation…) (Nicolaï, 2007). La question de
vulnérabilité englobe la capacité de réaction du système au moment du choc (résistance) et
après le choc (résilience). Il s’agit de mesurer la capacité d’un système à encaisser plus ou
moins bien un choc. Elle va au-delà de la simple résistance à l’aléa, dans le sens où elle inscrit
cette résistance dans la durée (Lallau, 2008).
Pour mieux appréhender la vulnérabilité des exploitations agricoles, nous allons d’abord
développer le concept de vulnérabilité et dans un second temps décliner ses différentes
composantes.
2-1- Le concept de vulnérabilité
Le concept de vulnérabilité permet d’aborder des problématiques de gestion des risques, de
changement climatique ou de pauvreté et de développement. Il existe plusieurs terminologies
en matière de vulnérabilité. Adger (2006) la définit comme « le degré auquel un système est,
susceptible et/ou incapable, de faire face aux effets néfastes ». Elbers et Gunning (in
OSPINA, 2010) la définissent comme « la probabilité pour un système d’être exposé à des
impacts externes, combinée avec sa capacité d’y faire face », tandis que le GIEC (2007) la
décrit comme « le degré par lequel un système risque d’être affecté négativement par les
effets des changements climatiques sans pouvoir y faire face, y compris la variabilité
climatique et les phénomènes extrême ». Le concept de vulnérabilité a des définitions variées
79
du fait de la diversité des disciplines (économie, géographie, anthropologie, sociologie …) qui
le mobilise avec des épistémologies différentes (Bremond, 2012). Les études relatives au
concept de vulnérabilité sont variées et sont souvent orientées vers les sciences
environnementales, l’écologie, la forêt et l’économie (Martin, 2012). Les objectifs de
recherches permettent aussi de la classifier en deux types que sont l’évaluation quantitative et
l’analyse de processus. Dans le cadre de notre travail, nous cherchons à identifier les
contraintes des exploitations agricoles pour mieux analyser les processus en leur sein mais
aussi à quantifier leur vulnérabilité.
Il est important pour comprendre la vulnérabilité de raisonner dans le cadre de système. En
effet, il faut prendre en considération l’ensemble des réactions qui maintient ou déstabilise
l’équilibre (feedback négatif ou positif) du fait des contraintes internes ou externes. Cette
approche permet de penser la vulnérabilité à différents niveaux structurels (ménage,
exploitation agricole, entreprise…) ou spatiaux (village, région, pays). Toutefois, la revue de
la littérature montre que les publications en rapport avec ce concept dans les sciences
agricoles ne sont pas bien fournies. L’évaluation de la vulnérabilité au niveau des
exploitations agricoles s’est plus orientée à l’échelle régionale pour soutenir les processus
politiques. Mais peu d’études de la vulnérabilité ont été réalisées localement pour améliorer
les niveaux de revenus à part certaines études sur des exploitations ou des systèmes de
productions spécifiques (systèmes de culture des terres arables en Australie : Nelson et al.,
2010a, 2010b ; production de maïs en Europe : Reidsma et al., 2009, 2010 ; production des
prairies en Suisse : Finger et al., 2010 ; Martin et al., 2009 in Martin, 2012).
La vulnérabilité est le plus souvent conceptualisée comme étant constituée par la résultante de
trois composantes que sont l’exposition du système aux impacts et aléas climatiques (nature
et ampleur des perturbations climatiques), la sensibilité aux perturbations ou aux
contraintes extérieures (dommages potentiels), et la capacité d'adaptation (capacité
d’ajustement du système pour faire face aux conséquences des perturbations). La vulnérabilité
est complexe, évolutive et multi-scalaire, c’est pourquoi son analyse doit être globale,
dynamique et géographiquement contextualisée. Swati et al. (2012) l’expriment sous forme
mathématique comme étant une fonction : Vulnérabilité = f (Exposition, Sensibilité, Capacité
adaptative). Les deux premiers représentent l’impact potentiel alors que la capacité adaptative
permet d’atténuer cet impact (ICRISAT, 2009). Ainsi, la vulnérabilité est la différence entre
80
l’impact potentiel (I) et la capacité d’adaptation (AC) : V = f (I-AC). Son analyse permettra
ainsi de corriger les points faibles observés dans les activités agropastorales des exploitations
pour garantir leur efficience et leur durabilité. Afin d’analyser la vulnérabilité, une approche
basée sur les indicateurs a été adoptée. On entend par indicateur la définition de Birkmann
(2006 in Swati, 2010) « [. . .] an operational representation of a characteristic or a quality of a
system able to provide information regarding the susceptibility, coping capacity and resilience
of a system to an impact of a disaster ».Cela nécessite un cadre pour sélectionner les
indicateurs qui caractérisent la vulnérabilité de notre système (EAF). Les indicateurs sont des
variables qui doivent refléter les trois dimensions de la vulnérabilité à savoir l’exposition, la
sensibilité et la capacité d’adaptation. Donc travailler sur la vulnérabilité, c’est s’attaquer aux
facteurs de vulnérabilité pour mieux développer la capacité de réponse.
La vulnérabilité d’un système est sujette à l’effet dû au hasard. Les facteurs de stress sont
souvent inhérents au système alors que les perturbations sont externes. Partant du fait que
l’échelle d’étude peut influencer sur le type de risques (hasards), nous nous alignons sur les
travaux de Turner et al. (2003) qui stipulent que les « risques (hasards) agissant dans le
système proviennent aussi bien d’influences internes que externes au système ».
Généralement, la vulnérabilité se rapporte à « la capacité de préserver la structure du système
alors que la résilience se rapporte au niveau de perturbation qu’un système peut subir sans
être profondément modifié dans ses fonctionnalités » (Holling, 1973 in Bremond, 2012). Dans
la pratique, il est souvent difficile de faire la distinction entre les deux notions qui sont
différenciées par la nature, l’intensité et la durée (fréquence) des aléas au sein ou en dehors du
système. Comme le relève Gallopin (2006) « Resilience is clearly related to the capacity of
response component of vulnerability », c’est pourquoi dans le cadre de notre travail, nous
avons pris l’option, vu notre échelle d’analyse qui est l’exploitation agricole, de considérer la
résilience dans la composante capacité d’adaptation de la vulnérabilité. Cette dernière pourra
être prise comme la capacité à faire face à des aléas internes ou externes selon le type
d’intensité.
Finger (2010) insiste sur le fait que les publications, sur la vulnérabilité, dans le domaine de
l’agriculture ont été consacrées aux dimensions de l’exposition et de la sensibilité, laissant de
côté la capacité d’adaptation qui est d’une importance capitale pour les exploitations
81
agricoles. Martin (2012) l’explique par l’utilisation généralisée de la simulation car les
modèles utilisés sont en général associés au système plante-atmosphère.
Gondart et Delcroix (2004 in Toillier, 2009), expliquent : « l’observation des réactions des
agents à la suite d’un choc exogène sur leurs conditions de vie met en exergue leur capacité
d’adaptation ». Compte tenu de la précarité des exploitations agricoles du Bassin arachidier,
l’adaptation aux situations particulières semble essentielle pour favoriser l’amélioration des
revenus et de la sécurité alimentaire. Ainsi, pour avoir une meilleure compréhension de la
vulnérabilité des exploitations agricoles, il est impératif d’avoir des mesures d’adaptation qui
peuvent être d’ordre technique (prévision climatique, technique culturale …) ou économiques
(revenus, des prix…) ou structurel (assurances, crédits, politique).
2-2- L’exposition
Pour Adger (2006), l’exposition représente « la durée et/ou l'étendue dans laquelle le
système est en contact avec, ou sujet, à la perturbation ». Dans le cadre du changement
climatique, le GIEC (2007) la définit comme « le degré de stress climatique sur une unité
particulière de l'analyse, elle peut être représentée soit par les changements des conditions
météorologiques sur le long terme ou par des changements dans la variabilité climatiques, y
compris l'ampleur et la fréquence des événements extrêmes ». Dans le cadre de notre travail,
elle inclut toutes les entités (population, exploitation agricole, etc.) qui sont affectées par le
changement ou la variabilité climatique mais aussi par les autres sources de risques internes
ou extérieures à l’exploitation identifiée. Ainsi, elle peut provenir d’événements biophysiques
(climat) et/ou socioéconomiques (fluctuation des prix du marché, avènement d’une nouvelle
réglementation,…). Cette exposition entraîne une transformation du système qui dépend à la
fois de la vulnérabilité et des caractéristiques de l’aléa. En effet, évaluer l’exposition
consistera à mesurer la durée et l’étendue de l’exploitation qui sont victime des aléas
(naturels, anthropiques, économiques…) auxquels sont soumises les exploitations agricoles.
Globalement, nous pouvons retenir que l’exposition est définie comme « la présence de
personnes, de moyens de subsistance, d’espèces ou d’écosystèmes, de fonctions
environnementales, de services et de ressources, d’infrastructures ou de biens économiques,
82
sociaux ou culturels dans des zones susceptibles d’être affectées négativement » (GIEC,
2014)7.
Le PANA (2006) relève que les principales ressources de base qui influencent la croissance
économique sont fortement exposées aux risques climatiques, notamment les ressources
végétales, les sols, les eaux et les ressources halieutiques.
Le climat joue un rôle important parmi les autres sources pour analyser la vulnérabilité des
exploitations s’explique par la forte corrélation existant avec les activités réalisées dans le
Bassin mais aussi par le fait qu’il touche plusieurs entités à la fois (événements covariants)
ainsi que par son étendu. On cherche à identifier les risques majeurs pouvant remettre en
cause la stabilité des exploitations agricoles. En effet, dans le Bassin arachidier, les activités
agropastorales sont très dépendantes des éléments climatiques et particulièrement de la
pluviométrie et de la température. Il s’agit généralement de facteurs externes non contrôlables
mais une étude approfondie de leurs caractéristiques peut aider les exploitations à anticiper
certains événements.
2-3- La sensibilité
La sensibilité est le « degré auquel un système est influencé, positivement ou négativement,
par la variabilité du climat » IPCC (2007) ou des changements de son environnement. La
sensibilité regroupe les attributs dont dispose l’exploitation agricole avant toute forme de
perturbation. Elle est fonction de multiples paramètres qui peuvent être liés au climat, aux
activités économiques, au profil démographique de l’exploitation … Elle regroupe les
difficultés internes des exploitations qui peuvent impacter sur son fonctionnement, sa
cohérence face à un événement. La sensibilité est inhérente à chaque exploitation et les effets
peuvent être directs (modification des rendements agricoles due à un changement de la valeur
moyenne, de l’amplitude ou de la variabilité de la température) ou indirects (dommages
causés par une augmentation des prix du fait d’une invasion acridienne). C’est pourquoi nous
avons pris en considération des indicateurs en rapport avec les moyens et les facteurs de
production qui permettent d’atteindre les objectifs que s’est assignés l’exploitation agricole.
Ainsi, pour tenir compte de la sécurité alimentaire, le taux de couverture en besoin céréalier a
été identifié pour renseigner sur un des principaux objectifs des exploitations qui est
l’autosuffisance alimentaire. Pour y parvenir, différents indicateurs techniques pour assurer
7 www.developpement-durable.gouv.fr/giec
83
une meilleure productivité ont été retenue à savoir le foncier disponible par actif, le taux
d’équipement en matériel agricole, le taux de couverture en engrais et le potentiel réel des
cultures par rapport au potentiel technique de production. En effet, le manque d’informations
en rapport avec la prévision climatique augmente leur vulnérabilité sur le choix des
spéculations et le type de variétés à cultiver. En plus de la sensibilité sur les cultures à
cultivées, nous notons aussi une sensibilité du matériel agricole utilisé. Ce matériel qui a
connu une évolution du manuel vers la culture attelée ne permet pas encore de répondre à une
demande de plus en plus importante. La modernisation du matériel agricole a certes
augmenté, à ses débuts, l’efficacité de l’agriculture mais les investissements nécessaires pour
son renouvellement n’ont pas suivi allant jusqu’à altérer la capacité de production des
producteurs. En effet, beaucoup de petits producteurs vulnérables ne disposent plus de
matériels agricoles ou disposent de matériels agricoles vétustes. D’autres indicateurs en
rapport avec la main d’œuvre qui est un élément important dans l’exploitation ont été pris en
considération. Il s’agit du nombre d’actifs et de leur taux par rapport à la population totale.
Finalement, comme on relève une intégration de plus en plus accentuée des exploitations par
rapport aux marchés, nous avons pris en compte un indicateur sur les marchés à proximité, ce
qui devrait faciliter la commercialisation de la production.
L’exposition et la sensibilité aident à comprendre comment se construisent les capacités
d’adaptation. Réduire la vulnérabilité consistera à réduire l’exposition et/ou la sensibilité et/ou
améliorer les capacités d’adaptation des exploitations agricoles. Ainsi, étudier la vulnérabilité
des exploitations agricoles passe par l’analyse de facteurs internes ou externes au système.
C’est pourquoi il faut prendre en compte l’ensemble des éléments constitutifs du système,
leurs caractéristiques et l’ensemble des interactions avec leur environnement.
2-4- La capacité d’adaptation des exploitations agricoles
L’adaptation est un ensemble d’initiatives et de mesures prises pour réduire la vulnérabilité
des systèmes naturels et humains aux effets des changements réels ou prévus. C’est « un
processus, une action ou un résultat d’un système (ménage, communauté, groupe, pays…)
cherchant à faire face ou à s’ajuster à un environnement nouveau ou changeant, à un choc, un
risque, des dommages potentiels ou à tirer profit d’opportunités » (Toillier, 2009).
Le concept de capacité d’adaptation est polysémique et s’est développé en sciences sociales
avec les études sur les économies de développement dans le cadre des recherches sur la
84
pauvreté et le développement (Toillier, 2009). Cependant, ce concept a vu son intérêt grandir
récemment avec les travaux sur les changements climatiques en réponse aux demandes
politiques. C’est ainsi que Mendelsohn (2006) la définit comme « les changements que les
personnes, les entreprises ou les gouvernements encourent pour réduire les dommages (ou
augmenter les bénéfices) des changements climatiques ». La définition du GIEC (2007) « the
ability of a system to adjust to climate change (including climate variability and extremes) to
moderate potential damages, to take advantage of opportunities, or to cope with the
consequences » va dans le même sens mais en insistant sur la prise en considération des
définitions de la vulnérabilité et de la résilience.
Dans le cadre des exploitations agricoles, l’anticipation des risques, particulièrement ceux liés
au climat, doit conduire à modifier les comportements actuels des individus mais aussi les
systèmes de production. Ainsi, s’adapter consiste à mettre en place des actions adéquates
principalement pour anticiper et limiter les dégâts éventuels et pérenniser les activités au sein
des exploitations agricoles à travers la création de richesse. L’adaptation est donc à la fois un
processus et un résultat. C’est un processus continu et complexe qui nécessite une vision
intégrée. En effet, la capacité d’adaptation (CA) à un instant t ne peut être garante de la CA à
l’instant t+1 que si l’environnement intérieur de l’exploitation (mode de développement
général) et l’environnement institutionnel n’affaiblissent pas les caractéristiques de
l’exploitation qui, à l’instant t, représentaient des forces, des points d’appui pour s’adapter.
Ces actions d’adaptation peuvent être autonomes au niveau des exploitations (changement des
technologies utilisées, nouvelles pratiques …) ou planifiées et dans ce cas, cette responsabilité
reviendra aux pouvoirs publics. Mais elles peuvent être réactives en réponse direct à un
événement climatique majeur par exemple ou anticipative pour atténuer ou enrayer un risque
(Toillier, 2009 ; Mansanet-Bataller, 2010). Néanmoins, quel que soit le type de mesures
d’adaptation, on ne peut pas envisager de couvrir la totalité des risques. Cependant, les
mesures d’adaptation chercheront à réduire l’exposition au risque, à diminuer la sensibilité de
certains enjeux à un aléa et d’accroître les capacités de réaction et d’action face aux
conséquences (Simonet, 2011).
On distingue plusieurs sortes d’adaptation : anticipative ou réactive. « L’adaptation
anticipative consiste à agir avant que les impacts ne se produisent pour réduire la vulnérabilité
à ces impacts et en limiter les conséquences adverses ou en tirer des bénéfices nouveaux alors
85
que l’adaptation réactive consiste à réagir ex post aux impacts adverses du changement »
(Perthuis et al., 2010).
Un des enjeux de l’adaptation en général est d’assurer le passage d’une logique de réaction à
court-terme à une gestion adaptative et préventive des risques sur le long terme (Simonet,
2011). Ainsi, « l’analyse de la capacité d’adaptation est pertinente en ce sens qu’elle permet
de mettre au jour un potentiel d’adaptation, plus qu’une aptitude réelle à s’adapter » (Magnan,
2009).
Pour analyser la capacité d’adaptation dans le cadre de notre travail, différents indicateurs en
rapport avec le revenu, la capacitation, le niveau d’épargne et de crédit ont été mobilisés. Pour
le revenu, nous retenons les indicateurs qui montrent le nombre d’émigrés (transfert d’argent),
la diversification des sources de revenus et le poids du revenu agricole en rapport avec le
PNB. Pour ce qui de la capacitation, nous avons retenons la participation dans les
organisations paysannes, le nombre de lettré dans la famille et les enfants envoyés à l’école.
Ces indicateurs favorisent les échanges avec l’extérieur à travers le partage d’expérience et
l’appropriation de nouvelles connaissances (technologies). Pour le niveau d’épargne et de
crédit, la capacité d’épargne à travers les comptes (banque ou mutuelle) et d’accès au crédit
ont été mis en avant.
Dans la littérature, on trouve souvent certains concepts proches de la capacité d’adaptation
comme la résilience et la flexibilité. En effet, la capacité d’adaptation est proche de la notion
de résilience définie par le GIEC (2007) comme « the ability of a social or ecological system
to absorb disturbances while retaining the same basic structure and ways of functioning, the
capacity for self-organization, and the capacity to adapt to stress and change ». Elle permet
aux exploitations de s’accommoder en tenant compte des incertitudes auxquelles elles sont
soumises tout en n’ayant pas une influence sur la source du risque.
La notion de capacités d’adaptation est souvent associée au concept de flexibilité qui renvoie
à la capacité à s’adapter, à s’accommoder aux circonstances et à maintenir une cohérence par
rapport à l’environnement que l’entreprise doit affronter (Mac Dowall et al., 2012). Le
concept de flexibilité est défini par Bathfield et al. (2010), de façon large comme « la capacité
d’un système à conserver sa cohérence face à une perturbation ». Elle n’est pas figée et peut
ainsi être stratégique avec la capacité de modifier ou de s’adapter à l’évolution de
86
l’environnement (long terme) ou opérationnelle avec des décisions d’ajustements prises au
cours du cycle de production (court terme). En effet, cette notion de flexibilité a toujours
existé dans les exploitations agricoles du Bassin arachidier qui ont dû intégrer dans leur
système et, dès fois, modifier (adapter la technologie en utilisant une partie ou en l’adaptant à
son contexte) plusieurs innovations technologiques pour s’adapter aux changements de leur
environnement (par exemple les changements de décision face à une pause pluviométrique
persistante …) mais aussi à une demande intérieure croissante. Ainsi, le processus de décision
est au cœur des analyses (Toillier, 2009).
L’accès et le contrôle sur les ressources naturelles, humaines, sociales, physiques et
financières permettent d’améliorer la capacité d’adaptation des exploitations. Ce contrôle est
influencé par des facteurs internes (expérience, formation, diversité des revenus…) et externes
tels que les politiques, les institutions et les structures de pouvoir. L’exploitation doit
développer sa capacité à trouver une réponse adéquate face au risque au lieu d’être réactive
chaque fois face un problème. Les capacités d’adaptation dépendront ainsi du potentiel
(capacité ou aptitudes d’adaptation) et/ou des stratégies développées (l’adaptation en tant que
fonctionnement réussi). Ceci passera par une démarche de compréhension globale des
composantes qui sont en interaction dans les exploitations agricoles en situation de
vulnérabilité.
L’appréciation des capacités adaptatives ou de la flexibilité d’une exploitation renvoie aussi à
l’identification des marges de manœuvre qui permet de placer l’agriculteur comme un centre
décisionnel incontournable. Ceci apporte les ajustements possibles permettant de faire face à
un panel de risques sans changer la structure du système. « Une analyse « externe » d’un
système permet de comprendre les déterminants de la flexibilité, ou des capacités
d’adaptation, (les réseaux d’alliance, l’accès aux marchés, le matériel possédé, etc.) mais pas
les formes qu’elle prend » (Toillier, 2009).
L’analyse de la vulnérabilité implique donc l’identification des problèmes, mais aussi les
possibilités d’exploiter les opportunités et les résistances aux effets négatifs d’un
environnement changeant. Elle montre l’habileté qu’à l’exploitation à faire face aux aléas en
fonction de ses disponibilités et ainsi à résister aux changements. Les exploitations agricoles
de notre zone sont, dans la majorité, dépendantes de la pluviométrie d’où la sensibilité de
leurs principales activités qui sont culturales et pastorales. Pour analyser la vulnérabilité, il
87
faut non seulement identifier les risques encourus par les ménages, mais aussi l’ensemble des
capacités possédé par les ménages qui permet de tirer profit des possibilités qui s’offrent de
résister aux chocs négatifs et de remonter la pente (Rousseau, 2007). Comment les ménages
affrontent-ils les difficultés économiques et quelle est l’efficacité et la pertinence des
stratégies adoptées ? Quels sont les autres facteurs qui diminuent ou augmentent la capacité
des exploitations pauvres à répondre aux conditions créées par l’environnement externe ? De
ce fait, « la compréhension de la vulnérabilité est donc essentielle pour étudier les effets
potentiels des risques liés au climat et du changement des tendances sur les populations à
faible revenu » (Ospina et al., 2010). Dans le Bassin arachidier, la vulnérabilité des
exploitations agricoles a des conséquences sur les moyens de production, qui sont de moins
en moins disponibles, et accentue ainsi une baisse de la productivité particulièrement au
niveau des exploitations agricoles les plus précaires. D’où notre hypothèse qui stipule que la
vulnérabilité des exploitations agricoles dépend de la taille et de la dotation en moyens des
exploitations. En effet, les exploitations commencent à montrer les limites de leur capacité
d’adaptation et ceci est particulièrement influencé par la dégradation des facteurs de
production et des ressources naturelles avec l’influence du changement climatique.
3- Stratégies des agriculteurs et assurances
Depuis des générations, les exploitations agricoles en Afrique de l’ouest ont eu à faire face
aux multiples agressions, particulièrement climatiques, auxquelles elles sont soumises. Selon
leur sévérité et les moyens mis en œuvre, les exploitations se présentent différents degrés de
vulnérabilité. D’où la nécessité de développer des stratégies pour mieux asseoir leur base
productive en fonction des moyens dont elles disposent. Les stratégies, de plusieurs formes,
demandent l’adjonction de connaissances provenant de différents domaines aussi bien
technique, financier, de communication et de capacitation. Parmi ces stratégies, l’assurance
agricole se positionne de plus en plus comme une stratégie complémentaire pour stabiliser les
revenus des exploitations et favoriser ainsi leur durabilité.
Pour mieux appréhender ces concepts, nous allons dans une première partie définir ce que
l’on entend par stratégie tout en mettant en exergue ses différentes composantes. Dans une
seconde partie, nous présenterons l’assurance agricole en insistant sur les différentes
expériences internationale et nationale.
88
3-1- Stratégies des exploitations agricoles
Dérivée du mot grec "stratos" qui signifie « armée » ou "stratêgia" c'est-à-dire «
commandement d’une armée », la stratégie se référait initialement à l’art de coordonner
l’ensemble des actions des forces d’une nation (les forces politiques, économiques,
financières, militaires, morales, etc.) pour conduire une guerre, gérer une crise ou préserver la
paix (Tano, 2012). Le concept de stratégie a connu une évolution dans différents domaines
tels que les mathématiques en passant par les sciences humaines et sociales. Aujourd’hui, la
notion de stratégie s’est progressivement étendue pour recouvrir l’utilisation de moyens quels
qu’en soient la nature et le domaine d’application pour atteindre un objectif (Tano, 2012).
Pour Chauveau (1997) « le concept de stratégie appliqué aux comportements des agriculteurs
africain est né de l’hypothèse centrale que ces comportements relèvent de choix cohérents
dont l’intelligibilité requiert la prise en compte des conditions réelles dans lesquelles
s’effectuent les activités agricoles ». Il est largement reconnu que les exploitations familiales,
dans leurs décisions de gestion, ne suivent pas nécessairement la logique de sciences
économiques traditionnelles incarnée dans la plupart des approches de l'économie agricole
(Darnhofer, 2009). Dans le contexte de notre étude, la stratégie est prise comme « des
réponses élaborées » par des acteurs (dans ce cas les agriculteurs) pour faire face aux risques
auxquelles ils sont soumis ou aux « défis » qu’ils s’assignent. Dans la logique paysanne, les
techniques extensives, qui généralement utilisées par la plupart des acteurs des pays du sud,
réduisent les risques et favorisent la productivité du travail qui est la variable de référence des
producteurs. Ainsi, auparavant, « dans la logique paysanne, l’intensif nourrit et l’extensif
rapporte » (Chauveau, 1997). Toutefois, dans le contexte actuel de croissance démographique
soutenue et de diminution des terres arables disponibles, les agriculteurs doivent développer
de nouvelles stratégies pour répondre aux exigences de ce nouvel environnement. Donc la
stratégie est un moyen pour réaliser un projet d’avenir à travers une démarche réfléchie afin
de réaliser les objectifs et d’améliorer les performances de l’exploitation familiale. Elle
suppose une certaine flexibilité, que l’on peut trouver dans ces unités de production, pour
disposer d’une marge de manœuvre afin de proposer des solutions alternatives. Pour
Darnhofer et al. (2010), la gestion doit intégrer dès le départ une diversité d’options
alternatives afin d'augmenter les chances de trouver une réponse adaptative au changement
imprévisible.
89
Les stratégies et les pratiques que la majorité des paysans cherchent à atteindre présentement
ont un double objectif : la réduction des risques et l’obtention des meilleurs résultats
économiques. Elles dépendent des choix et des décisions au sein de l’exploitation agricole qui
sont en relation avec le contexte environnemental et socioéconomique. Pour atteindre ces
objectifs, « les agriculteurs adoptent une attitude prudente vis-à-vis de l'optimum » (Brossier,
1989). Ils cherchent à savoir jusqu'à quel degré tel risque sur tel facteur peut être contrôlé et
jusqu'à quel degré les nouvelles technologies sont plus risquées que les technologies
existantes. Ainsi, ils tiennent compte des facteurs endogènes à l’exploitation ou au ménage
(situation financière, force de travail,…) et des facteurs exogènes (marchés, infrastructures,
…).
Pour ce faire, il est intéressant de catégoriser les stratégies en tenant compte des différents
domaines, des objectifs poursuivis et des contraintes auxquelles sont soumis les producteurs.
Donc, l’identification de la stratégie développée par le producteur pour réaliser les objectifs
de l’exploitation agricole reste primordiale. Ainsi, comme le relève Gafsi (2007), il faut tenir
compte « des buts (analyse des relations entre l’exploitation et la famille), des moyens
(analyse du système interne de l’exploitation), de l’environnement dans lequel fonctionne
l’exploitation, du choix des activités ». Les buts au niveau de l’exploitation peuvent être
assez diversifiés et dépendent souvent de la situation de l’exploitation à travers sa
structuration, et surtout dans le contexte du Bassin, pour assurer l’autosuffisance alimentaire
et la pérennisation des facteurs de production. Ces derniers sont généralement constitués du
foncier, du matériel agricole, du capital financier et du capital humain. Toutefois, de plus en
plus avec le contexte de libéralisation, les exploitations dépendent aussi des marchés (soit
pour écouler leur production, pour acheter des aliments ou des intrants) mais aussi de leur
capacité à capter l’information et à communiquer avec les différents partenaires. C’est
pourquoi Gafsi (2007) relève que « la stratégie de l’exploitation n’est pas figée, elle est en
interaction forte avec l’environnement et son évolution » d’où la nécessité des producteurs
d’avoir le sens de l’anticipation pour favoriser une meilleure intégration de l’exploitation dans
un contexte en perpétuel mutation.
Différentes typologies de stratégies de gestion des risques par les ruraux ont été développées.
Yung et al. (1995) dans Chauveau (1997) propose une classification tenant compte des
stratégies de type défensives qui « ont pour objectif central la défense et le maintien du mode
90
et des niveaux de vie » et les stratégies de type offensives qui « ont pour objectif
l’amélioration du niveau de vie avec des innovations plus risquées à dominante monétaire
avec des incidences importantes sur les systèmes de production ».
Une autre forme de typologie est développée par Milleville (1989) cité par Lallau (2008) sur
l’analyse en termes de dispersion, d’évitement et de contournement. Pour Sautier (1989), la
dispersion maximale des risques permet d’atténuer leurs effets, la prévention contre
l’occurrence des risques permet d’éviter leur manifestation, se situer hors de la zone d’atteinte
des risques permet de les continuer sans agir directement sur les effets et les causes. Dans le
même ordre d’idée, Maatman (2000) met l’accent sur des stratégies de minimisation des
risques en termes de contournement des risques, de dispersion des risques (en diversifiant les
activités), de contrôle des risques par la prise de décisions séquentielle et finalement par
l'assurance contre les risques. Chetaille (2011) nous propose une classification de la stratégie
de la gestion des risques en insistant sur la prévention du risque, le traitement du risque et sur
le traitement en lien avec le niveau d’intervention. Plusieurs autres auteurs abordent les
stratégies en insistant sur les modalités et les limites (lorsque les chocs ne sont pas
idiosyncratiques) de gestion commune des risques (Fafchamps, 1999) ou par une approches
en termes d’actifs (asset based approach) qui considère la gestion des risques comme autant
de formes d’investissement (Siegel et Alwang, 1999 in Lallau, 2008).
En nous basant sur l’apport de ces grilles d’analyses, nous proposons une typologie des
stratégies qui se rapproche plus de la réalité de notre terrain et plus en adéquation avec notre
cadre conceptuel. Nous découpons notre typologie en stratégie de dispersion, stratégie
d’évitement/contournement et en stratégie de protection pour mieux prendre en compte
l’initiative propre aux acteurs primaires de l’agriculture (agriculteur et technicien) et les
opportunités qui leur est offert portées soit par l’État, soit par d’autres acteurs (les institutions
financières en particuliers). Cette catégorisation rend compte des relations entre les différentes
stratégies et la diversité des acteurs. Certes, il peut y avoir différentes interprétations pour le
choix de cette catégorisation et même pour le contenu des catégories mais nous avons été
guidés par les données dont nous disposions.
À travers les stratégies de dispersion, nous retenons toutes les activités agricoles et/ou non
agricoles développées dans l’exploitation agricole et qui visent à améliorer le bien-être et la
durabilité de l’exploitation agricole. Ainsi, pour cette composante nous mettons l’accent sur
91
les stratégies d’innovation qui intègrent l’ensemble des technologies (traditionnelles et/ou
techniques adoptées de l’extérieur mais appropriées par les producteurs) porté par les
exploitations mais aussi les variétés introduites et pour l’élevage, les vaches inséminées. Ces
indicateurs ont été identifiés car ils permettent de montrer l’appropriation des technologies
dans l’exploitation afin de garantir une meilleure productivité. Pour les stratégies
d’innovation, il s’agira de sélectionner des technologies moins risquées. En effet, certaines
activités agricoles donnent des revenus plus stables que d’autres du fait des technologies
utilisées. Les technologies généralement bien maitrisées sont celles héritées ou celles issues
d’un long apprentissage. Toutefois, plusieurs technologies, plus ou moins risquées, sont à la
disposition du producteur qui a la possibilité d’en choisir pour sa production en fonction de
son degré d’aversion au risque. De plus, de nouvelles technologies sont toujours développées
en tenant compte de l’évolution de l’environnement de production mais leur choix par les
producteurs demande souvent un certain niveau de connaissance du fait des techniques de
pointe et de leur extrême sensibilité. Les stratégies managériales quant à elles prennent en
considération l’évolution dans l’organisation du travail et l’allocation des actifs. Pour ce faire,
elles sont étayées par un ensemble d’indicateurs que nous avons retenu : la diversification
(maraichage, culture de diversification, spéculation avec date de semis modifiée, activité
rémunératrice), l’organisation de la main d’œuvre qui est primordiale dans les exploitations
(membre famille envoyé en ville, insertion dans les réseaux, rééquilibrages travail/capital), la
commercialisation (étalement de la vente des produits) et la capacitation (formation, appui et
conseil). La stratégie managériale se traduit souvent par la diversification agricole qui a pour
intérêt de limiter le risque sur le revenu en favorisant la sélection d’activités agricoles ayant
des revenus présentant une corrélation faible ou négative. Dans les exploitations agricoles, le
choix des cultures est bien raisonné en termes de diversification en tenant compte des besoins
de l’exploitation mais aussi des possibilités techniques, économiques et humaines. Ainsi, les
cultures sont souvent éparpillées sur le plan géographique pour permettre une meilleure
utilisation de l’espace. Une autre forme de diversification concerne l’orientation vers de
nouvelles activités non agricoles en général pour diversifier les sources de revenus.
L’intégration des membres de la famille dans les réseaux (organisation paysanne, association,
ONG, projet, etc.), leur scolarisation contribuent à la construction de capacités qui favorisent
cette diversification. La dernière composante est la stratégie de migration qui permet de
sécuriser les revenus et qui se décline en nombre d’émigrés et en montant et nombre de
92
transferts. Elle permet aux exploitations d’avoir la une capacité d’anticiper pour se prémunir
de l’instabilité de l’activité agricole. La stratégie de migration favorise une sécurisation des
revenus mais elle est peu développée du fait du caractère familiale de la main d’œuvre.
Pour les stratégies de protection, nous mettons aussi l’accent sur les stratégies d’épargne qui
permettent une meilleure planification et réalisation des activités et finalement l’assurance
agricole qui peut être une stratégie complémentaire des exploitations pour sécuriser le revenu
et les investissements. Ces deux indicateurs permettent aux exploitations d’investir dans les
facteurs de production ou dans les activités non agricoles, ce qui peut être un moyen efficace
de répartition des risques, particulièrement pour les agriculteurs les plus pauvres.
Généralement, la mobilité des ruraux peut améliorer leur capacité de gérer le risque. En effet,
traditionnellement, l’émigration (saisonnière ou autre) et les transferts d’argent ont toujours
été un mécanisme de protection sociale pour les petits producteurs les plus vulnérables et ce,
en l’absence des mécanismes de protection comme l’assurance agricole. La stratégie
d’épargne consiste à faire la thésaurisation ou de petits investissements pour pouvoir faire
face aux périodes de soudures et aux besoins imminents.
Pour les stratégies de contournement/évitement, nous avons mis l’accent sur la sécurisation
financière qui est une des grandes contraintes des exploitations agricoles. C’est ainsi que nous
avons pris en considération les contrats à termes (nombre de contrat, volume du contrat) pour
une meilleure visibilité du niveau d’intégration dans les chaînes de valeur, les crédits pour le
niveau d’endettement de l’exploitation mais aussi pour le niveau de confiance porté par les
IMF aux EAF (démarche au niveau des institutions financières, crédit alloué).
Quand une action ou une situation peut avoir des conséquences négatives, les actions prises
pour atténuer ces risques doivent être bien réfléchies. Ainsi, des principes de précaution
comme différer certaines décisions ou utiliser des normes requises peuvent être adoptées
(Anderson, 2003). Malgré la diversité des stratégies développées, les exploitations, en
général, ont toujours eu à démultiplier leurs stratégies pour faire face à la diversité et la
complexité des risques. Toutefois, le constat dans les pays de l’Afrique de l’ouest montre que
ces stratégies commencent à montrer leur limite et parviennent de moins en moins à garantir
leur sécurité alimentaire. Malgré l’évolution des exploitations agricoles vers des systèmes
d’activités où l’agriculture garde son importance mais les activités extra-agricoles se
développent, il est impératif de trouver de nouvelles solutions pour faire face à la vulnérabilité
93
grandissante des exploitations. En effet, nous considérons que l’un de leurs principaux
problèmes est le défaut d’investissement du fait de la faible disponibilité de fonds de
roulement et de crédit. Cela ne favorise pas l’anticipation ou la réaction face à certains
risques. Il faut donc trouver des stratégies complémentaires ou alternatives de lutte contre la
vulnérabilité permettant de se protéger contre le risque et d’acquérir et/ou d’améliorer ses
capabilités (Rousseau, 2007). D’où l’hypothèse que nous formulons les stratégies
développées par les producteurs, dans le contexte du système pluvial, ne permettent pas
d’atténuer suffisamment leur vulnérabilité.
3-2- Assurances
L’assurance agricole peut être définie comme « le transfert équitable d'un risque de perte
d'une entité à l'autre, en échange d'une prime, ou d'une petite perte déterminée et quantifiable,
pour empêcher une grande perte éventuellement dévastatrice » (Iturrioz, 2009, p.5). Cette
stratégie de transfert du risque est nouvellement introduite au Sénégal. L’assurance n’est pas
globale mais porte « sur des aléas spécifiques affectant la production agricole (grêle, gel,
mortalité bétail) » (Chetaille et al., 2011, p.20). Cependant, pour que les évènements soient
tous assurables, ils doivent arriver de façon imprévisible avec une faible probabilité
d’avènement, échapper au contrôle des assurés, être statistiquement indépendants et
facilement déterminables (savoir si l’évènement a bien eu lieu ou non).
Dans un contexte international marqué par une libéralisation croissante des marchés et par la
pression exercée par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), on assiste à la
multiplication des mécanismes d’assurance pour limiter les effets négatifs induits par l’hyper
volatilité des prix. Cependant, dans le domaine agricole, on est bien loin de la maîtrise des
paramètres endogènes et exogènes dont peut faire preuve un industriel. Si cette assurance
agricole reste encore possible dans les pays développés, il n’en demeure pas moins qu’elle
continue à être très coûteuse pour l’État en termes de subvention. Aux États-Unis par
exemple, il a été estimé qu’un dollar d’assurance fournie à l’agriculture revient à cinq dollars
de subventions (Maichanou, 2014).
a- Expérience internationale
À l’instar de toutes les autres assurances, les assurances agricoles sont des instruments de
mutualisation des risques et peuvent être décrites comme étant le remboursement à un
individu de tout ou partie de la perte financière occasionnée par un événement imprévisible ou
94
un risque. Plusieurs types d’assurances agricoles existent de par le monde avec des
spécificités et des niveaux de développement assez diversifiés. En effet, on note un intérêt
grandissant des différents gouvernements pour ces produits du fait d’un certain nombre de
raisons sociales et économiques :
« gestion des catastrophes naturelles et climatiques par le biais d’un mécanisme
d’assurance ex-ante ;
réduction des charges sur le budget national à la suite d’une catastrophe ;
stabilisation des revenus agricoles et diminution de l’exode rural ;
assurance agricole peut être utilisée comme un outil de développement (lien assurance
et crédit pour favoriser l’investissement) » (World Bank, 2009).
De plus, les gouvernements interviennent pour le développement des assurances agricoles du
fait de la faible présence de ces institutions dans le milieu rural, de la faible capacité des
assureurs locaux, des coûts élevés de fonctionnement (administration) et des faibles revenus
des producteurs qui ne peuvent souscrire aux assurances. Cette intervention est autant
remarquée dans les pays développés que dans les pays en développement.
En Europe et en Amérique du Nord, les assurances agricoles sont un moyen de gestion des
risques largement répandu et appliqué par un grand nombre d’agriculteurs. Ces assurances
sont cependant largement subventionnées par les pouvoirs publics. Néanmoins, en dépit des
nombreux impacts positifs des assurances sur le développement agricole, il n’existe
pratiquement aucune assurance agricole contre les catastrophes dans les pays en
développement et dans les nations économiquement émergentes (Faltermeier, 2011).
En 2008, les assurances agricoles sont présentes dans près de soixante pays mais on les
rencontre plus au niveau des pays développés particulièrement dans les pays d’Amérique du
Nord, en Europe et en Australie. Les primes agricoles ont rapidement augmenté en passant de
8 milliards US$ en 2005 à 18,5 milliards US$ en 2008 avec pour principales raisons
l’augmentation en valeur de la production, du patrimoine agricole et le développement de
nouveaux marchés pour l’assurance agricole. Dans une perspective géographique, la majeure
partie des primes sont distribuées aux États-Unis et au Canada avec approximativement 62%
du marché. « L'Asie et l’Europe représentent respectivement 18% et 16% du marché. Le reste
est réparti entre l’Amérique latine 2%, l’Océanie et l’Afrique 1% » (Iturrioz, 2009). En effet,
dans les pays en développement, le cadre institutionnel et politique d’une part, la structure du
95
secteur agricole caractérisée par la prédominance de petits agriculteurs de l’autre, font
obstacle à la mise en place et au développement des assurances agricoles (Faltermeier, 2011).
b- Expérience en Afrique
« La pénétration de l’assurance (les primes en pourcentage du PIB par habitant) pour la
plupart des pays africains est inférieure à 3% ; dans beaucoup de pays, elle est inférieure à
1%. Exception faite de l’Afrique du Sud, avec un taux de pénétration de 12,9%, qui est parmi
les plus élevés dans le monde, bien au-dessus de 8,6% de la moyenne de pénétration pour les
pays industrialisés » (Churchill, 2011). L’assurance agricole est peu développée en Afrique,
particulièrement en Afrique subsaharienne. Les assurances agricoles sont toutefois bien
implantées dans certains pays tels qu’à Maurice, au Soudan, au Maroc où elles bénéficient
d’un appui du gouvernement. En Afrique du Sud par contre, le dispositif porté par le secteur
privé et il n’y a pas d’intervention du gouvernement. À côté de ces pays où on peut affirmer
un bon ancrage de l’assurance agricole, on note le développement de différentes initiatives
dans d’autres pays africains particulièrement en Afrique de l’Ouest (AO). Effectivement, les
études et les projets se multiplient (par exemple initiative « assurance récolte zone UEMOA »
de la BOAD, projet IIPACC/GTZ au Ghana) mais les réalisations sont encore assez rares.
Différentes expériences sont relevées orientées surtout vers des cultures à forte valeur ajoutée.
Au Mali et au Burkina Faso, il y a une assurance pour le coton (PlaNet Guarantee (PG)/GIIF),
une assurance pour maïs au Mali et au Burkina Faso (PG/GIIF), une assurance sur l’arachide
et le maïs au Sénégal et au Bénin (PG/GIIF + CNAAS + Banque Mondiale), l’assurance «
bétail » et « tomate » au Sénégal (CNAAS), alors que plusieurs projets existent en Afrique de
l’Est et australes (MULLER et al., 2012). Ces projets sur l’assurance agricole ne sont pas
généralisés, géographiquement localisés et ne concernent qu’un nombre relativement faible
des exploitations agricoles.
La faible emprise sur les aléas climatiques et sur la défaillance des marchés (fluidité de
l’information et concurrence) montre ainsi la complexité des décisions à prendre au sein des
exploitations agricoles en Afrique sub-saharienne. En effet, c’est une zone qui présente une
saturation foncière et les stratégies des agriculteurs varient selon leur niveau d’information,
les mécanismes du marché, les niveaux de relation avec les projets et les ONG, et les mesures
gouvernementales. Les stratégies présentement développées commencent par montrer leurs
limites face aux mutations agro-environnementale et à l’augmentation de la demande autant
96
en milieu rural qu’urbain. D’où l’intérêt de développer de nouvelles stratégies parmi
lesquelles on peut citer la mutualisation à travers l’assurance agricole. Cependant, la
configuration du monde agricole, avec la présence en grand nombre de petites exploitations
très vulnérables, incite les assureurs à faire preuve de prudence et de retenue. En effet, le
concept de mutualisation des risques ne fonctionne pas si un grand nombre fait valoir son
droit à l’indemnisation en même temps. D’où la difficulté des assureurs traditionnels à
proposer un type d’assurance pour le monde rural.
Du fait du rôle stratégique de l’agriculture dans l’économie nationale, l’État sénégalais a
accompagné la création de la CNAAS et la subventionne. Ses activités ont démarré avec des
assurances récoltes et bétail ciblant certaines cultures et certains animaux avec des résultats
mitigés car l’assurance agricole traditionnelle concentre l’estimation du risque au niveau
individuel. La petite taille des exploitations et le faible niveau de revenu est un frein à la
généralisation de ce type d’assurance d’où l’orientation vers les assurances indicielles qui
semblent être plus adaptées à cette zone. Elles disposent d’un indice pour lequel il n’y a pas
d’évaluation directe des dégâts mais une estimation indirecte par le biais de la valeur d’un
indicateur. En effet, seul l’objet d’assurance compte, le risque étant collectif, les coûts liés à
l’expertise des sinistres sont considérablement réduits. De plus, le développement des nouvelles
techniques de communication, largement diffusées en milieu rural (téléphone portable),
peuvent faciliter la diffusion de l’information et toucher un grand nombre d’agropasteurs.
C’est pourquoi nous formulons l’hypothèse que : les assurances indicielles répondent mieux
aux réalités des exploitations dans le contexte du Bassin arachidier. En effet, l’assurance
indicielle semble plus transparente, car le montant d’indemnisation peut être connu à l’avance
par l’assuré d’où le moindre risque d’asymétrie de l’information. De plus, les coûts
administratifs de gestion sont plus importants dans la forme classique au fur et à mesure que
le temps se prolonge. L’assurance indicielle pourrait aussi faciliter l’accès au crédit et ainsi
favoriser les investissements afin de pouvoir disposer de revenus réguliers et adéquats. Pour
ce faire, elle doit tenir compte de la configuration des exploitations de la zone du Bassin
arachidier pour être mieux valorisée.
97
Encadré 1 : Définition de termes en rapport avec l’assurance
.
Pour mieux appréhender le concept d’assurance, nous proposons certaines définitions données par Harmignie et al
(2005) pour une meilleure compréhension des termes utilisés :
•Aversion au risque et prime : Face aux aléas de diverses natures, « l’exploitant agricole a une attitude d’aversion
au risque alors que l’assureur est réputé neutre au risque parce qu’il répartit son risque sur un grand nombre
d’assurés » (Harmignie et al., 2005). La franchise est la partie des pertes qui ne sont pas remboursables. Elle peut
être "absolue" et exprimée en unités monétaires ou en pourcents ou "à l'intervention", indiquant le niveau de perte
par rapport à une cible à partir de laquelle l'assureur intervient.
« La prime est le prix de la couverture du risque. Au minimum, la prime est le produit de la probabilité d’un aléa
multipliée par la perte causée par cet aléa plus les frais de l’assureur. Ainsi, il faut avoir une bonne connaissance
du rendement moyen, mais aussi de sa distribution (probabilités associées à tous les niveaux de rendements
possibles) » (Harmignie et al., 2005). Enfin, « il est possible de moduler le niveau de protection de l’assurance
pour modérer les primes : en jouant sur l’importance, et donc la fréquence, des sinistres qui seront pris en compte,
et aussi sur le montant des indemnités, qui peut être fixé sur les investissements réalisés » (Muller et al., 2011).
•Aléa moral : « L’aléa moral est la mesure par laquelle l’assuré peut cacher des actions d’autoprotection à
l’assureur » (Harmignie et al., 2005); c’est une situation d’action cachée. Le principal problème en rapport avec
l’aléa moral est d’identifier un processus qui puisse pousser l’agent respecter les termes du contrat, soit par des
bonus, soit par des amendes.
La franchise, somme restant à la charge de l'assuré (donc non indemnisée par l'assureur) dans le cas où survient un
sinistre, peut-être de différents ordres :
la franchise relative : l'assureur indemnise totalement les sinistres qui dépassent le montant de la
franchise. Cette formule favorise la fraude, puisque l'assuré aura tendance à majorer le coût des petits
sinistres afin de se les voir totalement pris en charge ;
la franchise absolue : il y aura indemnisation uniquement si le montant du sinistre est supérieur à la
franchise. L’assuré ne recevra que la différence entre le montant du sinistre et la franchise ;
la franchise proportionnelle : l'assuré conserve à sa charge une part proportionnelle du sinistre. Cette
franchise est peu utilisée dans les assurances pour les particuliers, mais plus dans les assurances de
professionnels.
« La franchise limite l’aléa moral. En effet, s’il n’y a pas de franchise, toute perte est couverte par l’assurance, et
donc le niveau d’autoprotection est zéro. S’il y a franchise, le niveau d’autoprotection n’est lus nul puisque l’assuré
n’est plus couvert intégralement » (Harmignie et al., 2005).
Indépendance des risques : le risque est systémique, particulièrement en agriculture, et la probabilité
qu’un grand nombre d’assurés soient atteints en même temps est élevée (dépendance des risques).
« Pour se prémunir contre l’aspect systémique du risque couvert, l’assureur peut :
o accroître la zone géographique couverte ;
o obliger les assurés à souscrire à plusieurs risques indépendants favorisant ainsi une
diversification du portefeuille d’assurance ;
o se réassurer auprès de compagnies spécialisées qui, elles, se prémunissent contre ce risque en
détenant de larges portefeuilles de (ré) assurances. Afin d’éviter que la dépendance des risques
empêche le développement de l’assurance agricole, les pouvoirs publics peuvent prendre en
charge la réassurance (Espagne, États-Unis d’Amérique) ». (Harmignie et al., 2005)
Auto-sélection : « si l’assurance se fait sur base volontaire, pour une même prime il est plus probable que
l’assurance attire une personne à haut risque plutôt qu’une personne à bas risque » (Harmignie et al.,
2005). Ainsi, il s’agira de proposer un menu de contrats dans lequel les prix mais aussi les garanties sont
variables.
98
Figure 13 : Relation entre vulnérabilité, risques et adaptation
Source : Auteur d’après Simonet (2011)
Vulnérabilité (biophysique, agricole, socioéconomique, démographique)
Adaptation
Risques Aléas
Exposition Sensibilité Capacité d’adaptation
Changement climatique Contexte socio-économique,
institutionnel et technique
Finalités Volonté de s’adapter
Résultats
Émission des Gaz à effet de serre (GES)
Atténuation
Stratégies des agriculteurs
99
Synthèse
Le risque accompagne les exploitations agricoles et a un impact sur leur choix ainsi que sur
les activités à mener. Au niveau du Bassin arachidier, le contexte socioéconomique et
environnemental incite les exploitations agricoles à développer une attitude d’aversion au
risque. En effet, la production agricole est soumise à de nombreuses incertitudes qui ont des
incidences directes sur les gains tirés de l’activité d’où leur intégration dans les différentes
stratégies décisionnelles au niveau de l’agriculteur. Toutefois, ces incertitudes sont
multiformes, multidimensionnelles et inter-reliées entre elles d’où la complexité du système
d’exploitation agricole. Ainsi l’analyse du système agricole ne peut se faire que dans un cadre
holistique permettant de ressortir la diversité des occurrences. C’est pourquoi, le cadre
d’analyse de la gestion des risques a été choisi car il permet d’analyser le système autour de
trois dimensions à savoir la source du risque, les stratégies des exploitants et les actions des
pouvoirs publics. Les différents types de risque sont caractérisés par leur degré de corrélation
et par leur niveau d’intensité, c’est pourquoi ils sont à la base de toute prise de décision. En
fonction de leur diversité d’aversion au risque, les exploitations agricoles présentent
différentes formes de vulnérabilité selon le contexte socioéconomique et environnemental.
Donc, « la compréhension de la vulnérabilité est donc essentielle pour étudier les effets
potentiels des risques liés au climat et du changement des tendances sur les populations à
faible revenu » (Ospina et al., 2010). La vulnérabilité est conceptualisée par trois composantes
à savoir l’exposition, la sensibilité et la capacité d’adaptation. Pour mieux appréhender la
vulnérabilité dans le contexte du Bassin arachidier, la détermination de la capacité
d’adaptation des exploitations agricoles permet d’améliorer leur capacité de résilience. Ainsi,
l’appréciation des capacités adaptatives ou de la flexibilité d’une exploitation améliore la
marge de manœuvre de l’agriculteur et le place comme un centre décisionnel incontournable
afin d’apporter les ajustements possibles. D’où l’intérêt de construire une représentation des
exploitations en partant des connaissances et des expériences disponibles.
100
Chapitre 4 : Modèle d’analyse et méthodologie
Introduction
Cette thèse cherche à identifier les différentes formes de risque et à développer de nouvelles
stratégies pour accompagner la dynamique de développement des exploitations agricoles
familiales. Nous avons vu que les risques (climatiques, économiques et sanitaires) auxquels
sont soumis les exploitations agricoles posent le problème de leur capacité d’adaptation et de
leur durabilité. Les acquis théoriques vont nous permettre de transformer le cadre conceptuel
en un cadre opératoire et d’analyse pour mieux appréhender la dynamique au niveau des
exploitations agricoles.
1- Cadre opératoire et Modèle d’analyse
1-1- Cadre opératoire
Notre unité d’analyse est l’exploitation agricole considérée comme un système où il existe
plusieurs interactions. Dans le contexte du Bassin arachidier, elle fait face généralement à de
nombreux risques qui peuvent être d’ordre intrinsèque (techniques culturales,
comportement…) ou d’ordre extrinsèque (météo, maladies, marchés,…). En effet, la zone,
principalement agricole, connait des perturbations d’ordre économique à cause de la
libéralisation des prix et des intrants et surtout d’ordre climatique avec la persistance de la
sécheresse et des pauses pluviométriques. La conséquence est le ralentissement du
développement socioéconomique des zones rurales et une baisse des revenus au niveau des
exploitations agricoles, qui entraine une généralisation de la pauvreté.
Dans le Bassin arachidier, beaucoup d’études sur les exploitations agricoles ont été menées
particulièrement sur leur caractérisation socioéconomique et technique et leurs performances
techniques et économiques pour essayer de comprendre l’organisation et trouver des solutions
sur le court terme.
Dans le cadre de notre travail, différentes hypothèses les risques naturels et agronomiques
sont ceux qui influencent le plus les exploitations agricoles ; la vulnérabilité des exploitations
agricoles dépend de la taille et de la dotation en moyens des exploitations ; les stratégies
développées par les producteurs, dans le contexte du système pluvial, ne permettent pas
101
d’atténuer suffisamment leur vulnérabilité ; les assurances indicielles répondent mieux aux
réalités des exploitations agricoles dans le contexte du Bassin arachidier ont été formulées
pour répondre à notre question de recherche : « quelles sont les stratégies à développer
contre les différents risques au niveau des exploitations agricoles pour faire face à leur
insécurité alimentaire dans un cadre environnemental et socioéconomique de plus en
plus fragile ? ». Ces hypothèses appellent une approche globale, intégrée et systémique qui
permette à la fois d’analyser les interactions et les dynamiques des activités agricoles au sein
des exploitations agricoles en développant de nouvelles formes d’adaptation.
102
Cadre opératoire
Sous
questions de
recherche
Hypothèses Concepts Composantes Indicateurs Unité de
l’indicateur Justification de l’indicateur
1/
Quel
les
sont
les
sourc
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les
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ions
agri
cole
s ?
H1 : Les risques
naturels et
agronomiques sont
ceux qui affectent
fortement les
exploitations
agricoles
Risque
Risques/Aléas
naturels :
- Pluie
- Température
- Vent
- Inondations
- évolution pluie
- évolution température
- fréquence vent
- Fréquence inondation
mm
°C
Nombre
Nombre
Ces différents indicateurs permettent
d’estimer la variabilité climatique et ses
tendances mais aussi la perception des
agriculteurs de ces variations
Risques
agronomiques :
- Variétés (introduites,
semences certifiées)
- Disponibilité intrants
-Techniques culturales
Nombre de variétés
améliorées et semences utilisé
Quantité d’engrais utilisée
Évolution matériel agricole
Évolution des rendements
Nombre
La disponibilité et le niveau d’utilisation
de ces indicateurs influencent beaucoup la
production au niveau des EAF
Risques économiques
Variation des prix
Disponibilité compte en
banque et crédit
Nombre de travailleurs
extérieurs et de transferts
d’argent
%
Nombre et
montant
Ces indicateurs impactent sur le niveau
des revenus au sein des EAF
103
Sous questions de recherche
Hypothèses Concepts Composantes Indicateurs Caractérisation Critère de mesure
H2 : la vulnérabilité des exploitations agricoles dépend de la taille et
de la dotation en moyens des exploitations
vulnérabilité
Exposition
fréquence des aléas étendue des aléas
-
Prise en compte de la variabilité climatique
car impacte fortement sur les rendements
Taux de croissance annuel moyen pour comparer les
fluctuations
Sensibilité
- Taux de couverture en besoin céréalier
- foncier disponible par actif - taux équipement en matériel
agricole - taux de couverture en traction
animale - taux de couverture en engrais - potentiel réel v/s potentiel de
production - nombre de marchés à proximité - % personnes hospitalisées par rapport population totale - nombre d’actifs - % de non actifs par rapport à la population totale EAF
- assure sécurité alimentaire - permet d’assurer une base productive - permet d’augmenter la productivité - permet d’augmenter la productivité - niveau de production et de productivité des cultures - facilite écoulement production ou achat denrées - disponibilité main d’œuvre familiale - incidence sur la capacité productive de l’EAF - incidence sur la main d’œuvre
- production de céréales par tête d’habitant en fonction norme (200kg/tête habitant) - superficie par actif - matériel agricole par unité d’hectare en fonction des normes de l’ISRA - nombre d’animaux de traction par unité d’hectare en fonction des normes de l’ISRA - pourcentage - nombre de marché - nombre hospitalisé en fonction population EAF - nombre actifs - nombre non actifs par rapport population totale
104
Capacité d’adaptation
- revenu par personne par rapport au PNB/habitant - % de personnes ayant un compte par rapport aux actifs - % de personnes ayant accès au crédit rapport aux actifs - % de personnes membre d’une organisation paysanne par rapport aux actifs - % de personnes ayant revenu régulier par rapport aux actifs - % de personnes lettrées - % de travailleurs hors exploitation - Nombre d’enfants envoyé à l’école - % personnes émigrées par rapport aux actifs
- permet de voir niveau de richesse des EAF - pour voir le niveau d’épargne des EAF - pour voir le niveau d’investissement et de financement activités - pour voir niveau d’intégration dans les réseaux - faciliter échanges avec extérieur - diversification activité - diversification des activités - diversification des sources de revenus
- revenu par personne dans EAF sur PNB/habitant (%) -nombre personne avec compte sur nombre actif (%) - nombre personne ayant accès crédit sur nombre actif - nombre d’une OP sur nombre actif (%) - nombre personnes sachant lire et écrire sur nombre actif (%) - nombre de travailleurs hors exploitation sur nombre actif (%) - nombre enfants scolarisés - personnes émigrées par rapport aux actifs
105
Sous
questions de recherche
Hypothèses Concepts Composantes Indicateurs Unité de l’indicateur Justification de l’indicateur
2/ Q
uelle
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s st
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gies
que
doi
vent
dév
elop
per
les
expl
oita
tions
agr
icol
es
H3 les stratégies développées par les producteurs, dans le contexte du système pluvial, ne permettent
pas d’atténuer suffisamment leur
vulnérabilité
Stratégie de dispersion
Stratégie d’innovation
Nombre de technologies adoptés Nombre de variétés introduites Nombre de vaches inséminées
Nombre Nombre Nombre
Avec l’innovation les EAF peuvent voir leur productivité augmenter
Stratégie managériale
Démarche au niveau des institutions financières Cultures maraichères introduites Cultures de diversification introduites Spéculation avec dates de semis modifiées Meilleure utilisation de la main d’œuvre Meilleure rééquilibrage travail/capital Activités rémunératrices Membre famille envoyé en ville Insertion membre famille dans les réseaux Étalement de la vente des produits Formation reçue Appui et conseil
_ Nombre de prêts obtenus _ Nombre introduit _ Nombre introduit Nombre _ Nombre Mo/ha _ Montant investissement/ha Nombre _ Nombre _ Nombre _ Nombre mois Nombre Nombre
_ la disponibilité de prêt permet de bien préparer les campagnes _ la diversification des cultures et des activités permettent de sécuriser les revenus _ une meilleure allocation de la main d’œuvre permet d’atténuer la vulnérabilité
Stratégie de migration membres famille Nombre de transferts Montant des transferts
_ Nombre _ Nombre _ Nombre
Sécurisation des revenus
106
Stratégie de protection
Stratégie d’épargne
Niveau épargne fonds propres Nombre animaux achetés (thésaurisation) Montant cotisation tontine Montant dépôt dans IMF Nombre
_ Montant _ Nombre _ Montant _ Montant
L’épargne permet de faire face aux périodes de soudure et aux besoins imminents
Assurance agricole Nombre d’assurance souscrit Volume
_ Nombre _ Montant
Cet indicateur montre l’intérêt porté à certains produits d’assurance
Stratégie d’évitement/ contournement
Crédit Nombre de crédits alloué Volume
_ Nombre _ Montant
Cet indicateur montre le niveau de confiance porté par les IMF aux EAF
Contrat à termes Nombre de contrats Volume
_ Nombre _ Montant
Cet indicateur montre le niveau d’intégration dans les chaines de valeur
Sous questions de recherche
Hypothèses Concepts Composantes Indicateurs Unité de l’indicateur Justification de l’indicateur
3/ Q
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d’as
sura
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plus
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quat
pou
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dura
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ns
agric
oles
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H4 : Les assurances indicielles répondent
mieux aux réalités des exploitations agricoles
dans le contexte du Bassin arachidier que
la plupart des politiques publiques développées
jusqu’ici
Assurance agricole
Produits d’assurance
Assurance par indemnisation Assurance revenu Assurance indicielle
Type Connaissance des produits d’assurance
Assurance indicielle Fonctionnement Étude de cas Bassin arachidier
Type d’assurance indicielle Nombre souscription Cultures assurées Appréciation de l’indemnisation
Cet indicateur permet de connaitre le fonctionnement des assurances et d’avoir une idée sur son appréciation par les agriculteurs du Bassin
107
1-2- Modèle d’analyse
L’exploitation agricole est notre cadre d’analyse et sa vulnérabilité constitue le point d’entrée
de l’analyse et doit être mesurée en fonction de sa capacité d’adaptation. Il faut tenir compte
des différents types de risques identifiés ainsi que des interactions existantes pour bien
comprendre le fonctionnement des exploitations agricoles. Pour ce faire, nous nous posons la
question suivante : quelles sont les stratégies à développer contre les différents risques au
niveau des exploitations agricoles pour faire face à leur insécurité alimentaire dans un cadre
environnemental et socioéconomique de plus en plus fragile ?
Le modèle d’analyse construit s’articule autour de l’exploitation agricole et de son analyse
fonctionnelle (figure 14).
108
Figure 14 : Modèle d’analyse d’après les modèles moyens d’existence et multi-échelle
Conditions socioéconomiques : capital social,
humain, naturel, économique et physique
Structures institutionnelles : existence de
marchés, information sur les prix, organisations
paysannes
Conditions environnementales
Variabilité naturelle
Utilisation des ressources
Exposition aux risques
Résultats :
Revenus agricole
Revenus non agricoles
Sécurité alimentaire
Sensibilité
Capacité d’adaptation
Vulnérabilité
D
I
A
N
O
S
T
I
C
Options
Explorations stratégiques
Politiques d’adaptation
Ciblage/ « Hotspots »
P
R
O
N
O
S
T
I
C
Réponses prioritaires
Adaptation
Mise en œuvre
actions
Mise en œuvre
institutionnelle
Conditions socioéconomiques : capital social,
humain, naturel, économique et physique
Structures institutionnelles : existence de
marchés, information sur les prix, organisations
paysannes
Conditions environnementales
Variabilité naturelle
Utilisation des ressources
Exposition aux risques
Résultats :
Revenus agricole
Revenus non agricoles
Sécurité alimentaire
Sensibilité
Capacité d’adaptation
Vulnérabilité
D
I
A
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Options
Explorations stratégiques
Politiques d’adaptation
Ciblage/ « Hotspots »
P
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C
Conditions socioéconomiques : capital social,
humain, naturel, économique et physique
Structures institutionnelles : existence de
marchés, information sur les prix, organisations
paysannes
Conditions environnementales
Variabilité naturelle
Utilisation des ressources
Exposition aux risques
Résultats :
Revenus agricole
Revenus non agricoles
Sécurité alimentaire
Sensibilité
Capacité d’adaptation
Vulnérabilité
D
I
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Options
Explorations stratégiques
Politiques d’adaptation
Ciblage/ « Hotspots »
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P
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S
Réponses prioritaires
Adaptation
Mise en œuvre
actions
Mise en œuvre
institutionnelle
Conditions socioéconomiques : capital social,
humain, naturel, économique et physique
Structures institutionnelles : existence de
marchés, information sur les prix, organisations
paysannes
Conditions environnementales
Variabilité naturelle
Utilisation des ressources
Résultats :
Revenus agricoles
Revenus non agricoles
Sécurité alimentaire
Biophysique
Agriculture
Socioéconomique
Démographique
V
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Options
Explorations stratégiques
Politiques d’adaptation
Ciblage/ « Hotspots »
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Réponses prioritaires
Adaptation
Mise en œuvre
actions
Mise en œuvre
institutionnelle
Conditions socioéconomiques : capital social,
humain, naturel, économique et physique
Structures institutionnelles : existence de
marchés, information sur les prix, organisations
paysannes
Conditions environnementales
Variabilité naturelle
Utilisation des ressources
Résultats :
Revenus agricoles
Revenus non agricoles
Sécurité alimentaire
Biophysique
Agriculture
Socioéconomique
Démographique
D
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Explorations stratégiques
Politiques d’adaptation
Ciblage/ « Hotspots »
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Réponses prioritaires
Adaptation
Mise en œuvre
actions
Mise en œuvre
institutionnelle
Conditions socioéconomiques : capital social,
humain, naturel, économique et physique
Structures institutionnelles : existence de
marchés, information sur les prix, organisations
paysannes
Conditions environnementales
Variabilité naturelle
Utilisation des ressources
Résultats :
Revenus agricoles
Revenus non agricoles
Sécurité alimentaire
Exposition
Sensibilité
Capacité d’adaptation
D
I
A
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Options
Explorations stratégiques
Politiques d’adaptation
Ciblage
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109
1-2-1- Diagnostic
Cette partie nous permet de faire l’analyse fonctionnelle de l’exploitation agricole à travers
l’interaction des différents éléments internes (conditions socioéconomiques) et externes
(conditions environnementales). Cela nous permettra d’élaborer une typologie des
exploitations agricoles et de déterminer leur sensibilité aux risques (climatique, économique
et sanitaire). Chaque type d’exploitation sera caractérisé en fonction de ses stratégies pour
identifier les déterminants de leurs capacités d’adaptation et leur niveau de vulnérabilité.
Durant cette phase, nous allons essayer d’identifier et de distinguer les signes observables des
risques ainsi que leur cause ou origine. Il s’agira d’évaluer qualitativement et quantitativement
la vulnérabilité de l’exploitation agricole en étudiant son exposition, sa sensibilité et sa
capacité d’adaptation à travers les indicateurs de vulnérabilité mais aussi de la hiérarchiser en
tenant compte de l’ampleur des conséquences vue par les acteurs.
Tableau 10 : Indicateurs des sources de vulnérabilité
Vulnérabilité Exposition Sensibilité Capacité d’adaptation
Indicateurs fréquence des aléas étendue des aléas
- Taux de couverture en besoin céréalier - foncier disponible par actif - taux équipement en matériel agricole - taux de couverture en traction animale - taux de couverture en engrais - potentiel réel v/s potentiel de production - nombre de marchés à proximité - % personnes hospitalisées par rapport population totale - nombre d’actifs - % de non actifs par rapport à la population totale EAF
- revenu par personne par rapport au PNB/habitant - % de personnes ayant un compte par rapport aux actifs - % de personnes ayant accès au crédit rapport aux actifs - % de personnes membre d’une organisation paysanne par rapport aux actifs - % de personnes ayant revenu régulier par rapport aux actifs - % de personnes lettrées - % de travailleurs hors exploitation - Nombre d’enfants envoyé à l’école - % personnes émigrées par rapport aux actifs
Source : Auteur d’après Swati et al. (2012)
1-2-2- Pronostic
Les exploitations agricoles du Bassin arachidier ont toujours été soumises à des aléas qui ont
favorisé ainsi le développement de stratégies d’adaptation et entrainé la réorganisation des
activités agricoles ou leur orientation vers de nouvelles activités. Cette réorganisation a
favorisé la transformation de ces exploitations agricoles de type familial vers des systèmes
d’activités où la part du revenu agricole est de moins en moins importante face aux revenus
110
non agricoles. L’analyse des stratégies d’adaptation développées peut permettre une meilleure
compréhension du fonctionnement des exploitations mais aussi de voir les interactions et la
complémentarité entre les différentes stratégies. Partant des sources de vulnérabilité
identifiées, nous allons essayer de dégager les principales stratégies des membres des
exploitations agricoles en insistant sur la diversification des activités agricoles et non
agricoles, sur les changements d’espèces et de variétés, sur l’utilisation de nouvelles
technologies, sur l’orientation de la production vers le marché et sur l’allocation de la force de
travail. Finalement, nous allons leur demander leur degré de satisfaction et l’efficacité des
différentes stratégies d’adaptation par rapport à leur environnement socioéconomique et
climatique.
1-2-3- Réponses
Cette étape va nous permettre de faire l’analyse des potentialités d’utilisation de l’assurance
agricole dans la zone d’étude. Elle nous permettra de faire le diagnostic des premières
expériences autour de l’assurance agricole pour essayer de dégager son niveau d’acceptation
par les populations locales et son opportunité comme stratégie alternative pour favoriser la
durabilité des exploitations agricoles à travers l’amélioration des niveaux de revenus dans cet
environnement de plus en plus changeant.
1-3- Démarche de la recherche
Les hypothèses seront testées et validées au fur et à mesure de la réalisation de la démarche de
recherche qui sera organisée suivant ces grandes lignes :
Premier volet : Analyse sociodémographique et structurelle pour réaliser la typologie des
exploitations agricoles
Cette partie consistera à faire la caractérisation des exploitations agricoles pour dégager les
différents types d’exploitation en fonction de leur organisation et des moyens dont elles
disposent pour faire face aux contraintes du contexte socioéconomique et environnemental
dans lequel elles évoluent. Cela permettra de voir comment les différents types d’exploitation
réagissent face à leur environnement actuel en tenant compte des capitaux (social, humain,
physique, naturel et économique) dont elles disposent. L’enjeu est de permettre de
reconstituer le fonctionnement des types d’exploitation pour pouvoir analyser en profondeur
les différentes stratégies d’adaptation et les facteurs mobilisés pour leur mise en place.
111
Deuxième volet : Analyse de la vulnérabilité et identification des stratégies d’adaptation
Chaque type d’exploitation sera étudié pour dégager son degré d’exposition au risque ainsi
que sa sensibilité et ses capacités d’adaptation afin de préciser les éléments qui la rendent
moins vulnérable. Cela permettra de voir la réorganisation et l’interaction des activités ou des
stratégies qu’il y a dans les exploitations pour faire face aux sources de risque. L’analyse de
leurs stratégies d’adaptation permettra ensuite de vérifier la contribution des déterminants aux
capacités d’adaptation des différents types d’exploitation.
Troisième volet : Proposition d’alternatives aux stratégies d’adaptation actuelles
Suite à l’identification des stratégies d’adaptation des membres des exploitations agricoles et
à de nouvelles stratégies proposées dans la zone d’étude, cette partie devra permettre de
valider les stratégies retenues pour dégager une ou des réponses prioritaires qui seront mises
en œuvre dans les exploitations pour garantir une stabilité des revenus.
2- Méthodologie
2-1- Présentation de la zone d’étude
Le Bassin Arachidier couvre les régions administratives de Diourbel, Thiès et Kaolack dans
sa partie centrale, les régions de Fatick dans sa partie ouest, la nouvelle région de Kaffrine
dans sa partie sud et la région de Louga, dans sa partie nord. Il représente environ 30% de la
superficie nationale et est la zone la plus dynamique en termes de production agricole. Il est
généralement subdivisé en deux zones suivant le gradient pluviométrique :
le centre-nord du Bassin arachidier (14 783 km²) est caractérisé par une baisse de la
pluviométrie (isohyète entre 400 et 600 mm) et une forte dégradation de l’écosystème.
Les systèmes de production agropastoraux sahélien à agriculture sèche et à l’élevage
traditionnel (parfois le pastoralisme) y sont dominants. L’agriculture y est de type
pluvial avec une prédominance de l’arachide et du mil ainsi qu’une faible intégration
avec l’élevage ou la foresterie. L’horticulture (maraîchage et arboriculture) y est
importante particulièrement dans la région de Thiès. La sylviculture n’y est pas très
développée du fait des faibles potentialités forestières mais la pêche y joue un rôle
important dans la création des revenus. Il en est de même pour l’élevage
particulièrement des bovins, petits ruminants et de la volaille ;
112
le centre-sud du Bassin arachidier (23 945 km²) est lui aussi marqué par une
sécheresse persistante et par une pluviométrie (isohyète entre 600-800 mm) en baisse.
Il présente une forte hétérogénéité des systèmes de production et constitue l’une des
premières régions agricoles du pays. L’arachide et le mil sont de loin les cultures les
plus pratiquées suivies du maïs et du sorgho pour les cultures vivrières et du coton, du
niébé et du maïs pour les cultures de rente. Il y a une forte intégration agriculture-
élevage avec un élevage transhumant ou sédentaire. La forêt reste présente mais subit
de grandes pressions anthropiques avec l’action conjuguée des systèmes de culture et
d’élevage.
Figure 15 : Carte des zones agro-écologiques du Sénégal (Source : Dia, D. (2006))
Partant de notre zone d’étude, une typologie des exploitations a été réalisée. C’est l’un des
principaux instruments d’analyse de la diversité des systèmes de production et elle peut être
définie comme « un modèle de représentation de la diversité des exploitations composant une
agriculture locale ou régionale reposant sur la distinction de types d’exploitations agricoles à
partir de critères qui peuvent être fonctionnels et/ou structurels et/ou encore de
performances» (CIRAD-GRET, 2002). Cette classification nous a permis de tirer un
échantillon représentatif d’exploitations de référence pour un suivi de leur mode de
fonctionnement tant du point de vue économique qu’agronomique.
113
La méthodologie utilisée pour cette typologie a été la classification par nuée dynamique. Avec
cette méthode de classification, le nombre de groupes est fixé à priori.
Les variables discriminantes utilisées pour la typologie, au nombre de quatorze, concernent
des variables démographiques, agronomiques et zootechniques pour avoir une bonne
caractéristique des exploitations du Bassin arachidier. Il s’agit de : la population totale, le
nombre d’actifs, la superficie emblavée, la superficie en arachide, la superficie en mil, la
superficie en maïs, le nombre de culture pratiqué, le nombre de houe sine, le nombre de
semoir, le nombre de bœuf de trait, le nombre de chevaux, le nombre de bovins, le nombre
d’ovins, le nombre de caprins.
2-2- Méthode d’échantillonnage
La complexité et l’hétérogénéité des exploitations agricoles de notre zone d’étude ainsi que
l’étendue (près de 30% de la superficie nationale) de l’aire d’étude nous ont amené à adopter
une méthodologie d’échantillonnage dite « multi-stage ». Il s’agit d’étapes consécutives
élaborées pour arriver à la sélection d’unités de base d’observation (exploitation agricole) où
les impératifs de représentativité sont respectés. En effet, étant parti dans un premier temps
pour l’étude des exploitations agricoles au niveau du Sénégal, nous nous sommes finalement
concentrés sur le Bassin arachidier qui est assez représentatif du pays et reste la zone la plus
dynamique en termes de production agricole. Ainsi, la première étape est l’identification des
zones d'étude avec un choix raisonné sur la base des acquis de la recherche (études de
typologies & de caractérisation) mais en tenant compte du gradient pluviométrique pour
disposer d’une plus grande variabilité spatiale et écologique. C’est ainsi que le choix a été fait
de travailler dans le centre nord Bassin arachidier et dans le centre sud Bassin arachidier. La
seconde étape constitue le choix raisonné sur les sites ou villages d’étude par départements et
communautés rurales et qui sont représentatifs de ces deux sous zones agro-écologiques et des
systèmes de production des cultures ciblées. Pour ce faire, nous sommes partis de la base de
données obtenus avec le projet EXFAM en 2004 (projet qui avait fait l’étude et la
caractérisation des exploitations agricoles familiales dans les différentes zones agro-
écologiques du Sénégal) pour avoir une référence et faire le choix de villages. Nous nous
sommes basés sur d’autres études (Projet WAAPP,…) et sur des personnes ressources pour le
choix d’autres villages afin d’obtenir une grande diversité dans les deux sous zones. En
dernière étape, il s’agira d’un choix aléatoire sur l’unité d’observation qui est l’exploitation
agricole dans les villages retenus.
114
À la suite du choix raisonné des villages en partant de la base de données EXFAM, des autres
programmes et des personnes ressources, cinq villages, par sous zone agro-écologique, ont été
choisis pour mener les enquêtes. Ces cinq villages ont été choisis en tenant compte de la
diversité dans la sous zone mais aussi des objectifs de notre étude qui doit tenir compte de
l’impact des risques (climatique, économique, sanitaire) ceux auxquels sont confrontés les
exploitations agricole. Pour chaque sous zone agro-écologique, nous avons fait le choix
d’enquêter cent (100) exploitations donc vingt par village. L’unité d’observation retenue est
l’exploitation agricole familiale qui est « une unité de production agricole qui combine et
utilise des facteurs de production pour produire des biens et des services en vue de réaliser
les objectifs fixés par l’agriculteur et sa famille » (Gafsi, 2006). Cette unité est choisie
aléatoirement au niveau de chaque village suite au recensement de l’ensemble des
exploitations agricoles présent dans le cahier des impôts du village. Le tirage aléatoire s’est
fait sans remise en présence des responsables administratifs du village. Parmi les cent
exploitations, 90 ont fait l’objet d’une enquête détaillée des activités socio-économiques de
l’exploitation tandis que pour les dix autres, nous avons mis l’accent sur les indicateurs
techniques de production et économiques. En effet, pour ne pas alourdir les questionnaires et
sachant qu’il y aurait une certaine redondance dans les réponses sur les indicateurs, nous
avons identifié, avec l’appui de personnes ressources dans les villages, deux producteurs dans
chaque village qui maîtrise bien les aspects techniques de production et les marchés.
Tableau 11 : Taille de l’échantillon par village et par zone
Zone Région Département Communauté rurale Village Nombre
Centre Nord
Bassin
Arachidier
Diourbel Diourbel Ngahé Bakfassagal 19+2
Fatick Fatick
Ngayokhème
Bary Ndondol 10+2
Bary Sine 8
Sob 17+2
Niakhar Niakhar 18+2
Patar Sine Patar Sine 18+2
Centre Sud
Bassin
Arachidier
Kaffrine Kaffrine Kathiote Kathiote 18+2
Birkilane Mabo Mabo 18+2
Kaolack Kaolack Nioro
Kaymor 18+2
Paoskoto 18+2
Thiaré Thiaré 18+2
115
Suite à cette première enquête orientée plus sur les indicateurs sociodémographiques,
structurels et économiques des exploitations, une deuxième enquête a été réalisée sur une
dizaine d’exploitations par village sur les risques et les stratégies développées par les
producteurs. Pour ce faire, les 200 exploitations enquêtées ont été prises comme base de
sondage pour en choisir la moitié afin de réaliser l’enquête sur les risques. Le choix de ces
exploitations s’est fait de manière aléatoire et dix exploitations ont été enquêtées par village.
De plus, un focus groupe a été organisé dans deux village par zone en fonction de la
disponibilité des différents acteurs pour discuter sur les risques auxquels ils sont soumis dans
leurs activités agropastorales et les différentes stratégies développées. Ce focus avait pour
objectif de mieux appréhender les difficultés mais aussi d’avoir une meilleure connaissance
de l’environnement de production.
Par rapport aux enquêtes sur l’assurance indicielle, n’étant pas généralisé dans la zone, les
enquêtes ont concerné les villages bénéficiant de la phase pilote. Pour se faire, le choix des
villages a été raisonné et le choix des exploitations s’est fait à travers le recensement des
personnes ayant soumissionné à l’assurance et un choix aléatoire pour celles n’ayant pas pris
d’assurance.
2-3- Les enquêtes de terrain
La première phase de l’étude a consisté en une appropriation du terrain à travers :
une enquête pluridisciplinaire ECRIS (Enquête Collective Rapide d'Identification des
conflits et des groupes Stratégiques) dans la zone de Niakhar pendant une semaine afin
de mieux appréhender l’environnement socioéconomique à travers plusieurs regards ;
des visites de prospection dans le Bassin arachidier pour rencontrer des personnes
ressources mais aussi avoir un contact avec le terrain d’étude et rentrer en contact avec
les populations pour développer des relations de confiance. Cette période a été mise à
profit pour identifier les enquêteurs avec qui nous allons partager le travail. Ce choix a
été fait en tenant compte de l’expérience dans les enquêtes et de la connaissance de la
zone d’étude.
La seconde phase a concerné la collecte des données qui a été faite par le biais deux
enquêteurs, un par zone, pendant un mois. Les enquêtes ont concerné deux questionnaires
(voir annexe). Le premier, plus exhaustif, comprend des données sociodémographiques,
116
structurelles, organisationnelles et quelques questions sur les risques et les assurances. Il s'agit
d'obtenir des informations quantitatives au niveau du chef d’exploitation sur les flux des
ressources et le suivi de leur allocation, l’organisation du ménage et de sa vulnérabilité. Le
second, complémentaire du premier, s’intéresse spécifiquement aux indicateurs techniques et
économiques. La collecte des données s’est faite avec le chef d’exploitation souvent
accompagné d’un membre de la famille. Nous avons accompagné les enquêteurs au début des
enquêtes et nous sommes repassés quinze jours après pour un suivi de l’évolution du travail.
La deuxième enquête s’est déroulée dans les mêmes exploitations que précédemment. Elle a
été réalisée par les mêmes enquêteurs et s’est déroulée pendant quinze jours au niveau des
villages de notre échantillon. Les focus groupes ont regroupé des personnes de différents âges
mais tous les chefs d’exploitation pour bien capter la diversité des points de vue sur les
différents risques et stratégies.
Une dernière enquête a été menée au sud Bassin arachidier au niveau des exploitations ayant
souscrit à une assurance indicielle pluviométrique dans le cadre des projets pilotes de Planet
Guarantee et du GIIF. C’est une étude (en cours) menée par la Banque mondiale en 2014 sur
l’expérience des assurances indicielles dans le Bassin. Elle a concerné douze communes et/ou
communautés rurales et trente-deux villages. Soixante-dix-huit exploitations ont été enquêtées
avec un lot d’assurés et un lot de non assurés en 2013.
2-4- Méthode d’analyse
L’objectif de notre étude est d’identifier les contraintes qui s’opposent à la croissance de la
productivité des exploitations agricoles par une meilleure connaissance des moyens et de
l’environnement de production mais aussi par l’appropriation de nouveaux outils (assurance
agricole) afin de stabiliser, voire améliorer les revenus des producteurs. Ainsi, nous nous
intéresserons aux indicateurs tels que le niveau de production et de rendement des cultures, le
nombre et la diversité du matériel agricole, les facteurs d’efficacité technique de production
(incidence sur la productivité), le niveau de production animale, le niveau de sécurité
alimentaire et la part de contribution des cultures, le niveau de technicité des producteurs et
l’importance de la main d’œuvre, la connaissance et l’appropriation de nouveaux outils,
l’exposition et la résilience face au risque. Pour apprécier ces indicateurs dans notre zone
d’étude, il convient de faire des analyses descriptives d’évaluation de la situation actuelle et
d’identifier les différents types d’exploitations agricoles que l’on peut rencontrer dans nos
117
deux zones. La finalité étant de pouvoir bien apprécier le comportement de ces dernières dans
un environnement de plus en plus instable du fait des risques auxquels elles sont soumises.
2-4-1- Analyse des risques
Pour l’identification des contraintes, il a été demandé au répondant de classer les principales
contraintes en fonction de l’importance qu’il lui donne. Pour la classification des contraintes,
un poids de trois a été donné à la principale contrainte, deux à la seconde et un au dernier
choix.
L’analyse des risques a porté sur l’estimation qualitative et quantitative des indicateurs des
différentes formes de risque retenues. Nous avons fait une exploitation statistique des données
de notre questionnaire sur les risques pour faire ressortir la perception qu’ont les exploitations
sur les indicateurs de pluie, de la température, du vent et de l’érosion hydrique. Pour la pluie
et la température, nous avons disposé d’une série de données sur une vingtaine d’année sur la
pluviométrie annuelle et la température moyenne. Cela nous a permis de confronter les dires
des acteurs et les données statistiques. Pour les données qualitatives, les questions portaient
sur le niveau de changement des événements (augmente, diminue, pas de changement) et les
réponses ont fait l’objet d’exploitation statistique descriptive à travers le calcul de la moyenne
et de pourcentage.
2-4-1- Vulnérabilité
Nous intéressant à la vulnérabilité des exploitations agricoles qui dépendent des facteurs
physique, humain et capital, nous avons identifié plusieurs indicateurs. Les facteurs physiques
de vulnérabilité se retrouvent dans la variabilité climatique, la fertilité des sols, etc., pouvant
être matérialisés par les niveaux de rendements, le niveau de production, la diversité des
cultures, etc. L’environnement humain caractérise la ressource humaine et nous sommes
intéressés aux indicateurs tels que la force du travail (familiale ou salariée), le nombre
d’émigrés, le niveau d’instruction, etc. Le facteur capital caractérise les ressources de tous les
secteurs d’activités (production per capita, nombre moyen de bétail par espèce, revenu
monétaire per capita, revenu moyen, etc.).
L’évaluation quantitative de la vulnérabilité est généralement réalisée par l’élaboration d’un
«indice de vulnérabilité » qui résulte de différents types d’indicateurs de vulnérabilité en
rapport avec l’exploitation agricole. Pour ce faire, il s’agira de trouver des indicateurs qui
118
peuvent caractériser la vulnérabilité au sein des exploitations. Ces indicateurs sont des
variables (quantitative ou qualitative) qui doivent refléter l’exposition, la sensibilité et la
capacité d’adaptation des exploitations face aux risques auxquels ils sont soumis.
Généralement, ces indicateurs présentent différentes mesures (unités) et échelles d’où la
nécessité de les normaliser. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur le Human
Development Index (HDI) de l’UNDP (ICRISAT, 2009) qui nous permet d’obtenir des
données exemptes d’unités et d’uniformiser les valeurs de sorte que toutes se situent entre 0 et
1. Cependant, il est important d’identifier les rapports fonctionnels entre les indicateurs et la
vulnérabilité. En effet, les indicateurs peuvent avoir une relation fonctionnelle positive (Xij)
avec la vulnérabilité ou une relation fonctionnelle négative (Yij). Généralement, Xij + Yij = 1
avec Yij = 1-Xij. La prise en compte de cette relation permet de mieux refléter la réalité.
Ainsi, il s’agira d’abord d’identifier les indicateurs et de les catégoriser en fonction des
sources de vulnérabilité. Pour ces différentes sources de vulnérabilité, nous avons identifié
des indicateurs en fonction de la bibliographie mais aussi en nous référant à des personnes
ressources (« dires d’experts »). Ces indicateurs ne sont pas exhaustifs et sont influencés par
l’incidence qu’ils peuvent avoir sur les activités de l’exploitation mais aussi sur la
disponibilité des données.
a) Indicateurs pour l’exposition : ils essaient de prendre en compte la variabilité
climatique. Les exploitations de la zone d’étude sont agropastorales avec une large
part des activités orientée vers l’agriculture pluviale et l’élevage extensif. Ainsi, les
variations observées sur la pluviométrie et les températures peuvent avoir des
incidences positive ou négative sur l’exploitation. Dans le cadre de cette étude, nous
considérons que l’augmentation de la pluie diminue la vulnérabilité des exploitations.
Pour la température, nous considérons que son augmentation amplifie la vulnérabilité
de l’exploitation car elle peut avoir des incidences négatives autant sur le cheptel que
sur les cultures.
Pour le calcul de ces indicateurs, nous avons utilisé une série de données pour la pluie
et la température dans deux localités représentatives de notre zone d’étude aussi bien
au nord Bassin qu’au sud Bassin. Pour bien prendre en compte la variabilité
interannuelle, le taux de croissance annuel moyen (TCAM), exprimé en pourcentage
sur n-1 période (année, mois, semaines, etc.), a été utilisé.
119
Il permet de fournir une indication sur le taux de croissance moyen sur une période
donnée et permet de comparer les fluctuations du phénomène observé relativement à ces
deux périodes.
b) Indicateurs pour la sensibilité : il regroupe les variables qui sont en rapport avec les
moyens et les facteurs de production pour faciliter l’exécution des activités
agropastorales. Ces indicateurs permettent d’atteindre les objectifs de subsistance et de
création de revenu des exploitations. En se référant à la littérature en rapport avec les
études de vulnérabilité, les enquêtes sur les risques que nous avons effectués en 2013
et nos entretiens avec des personnes ressources, nous avons identifié différents
indicateurs à savoir :
a. le taux de couverture en besoin céréalier8 de l’exploitation : plus c’est
important moins l’exploitation est vulnérable ((production totale céréale / nombre
population EAF)/200)*100 ; plus une exploitation arrive à couvrir ses besoins
alimentaire, plus elle a les capacités de s’émanciper dans ses activités.
b. le foncier disponible par actif : selon les recommandations de la recherche, il
faut 4 ha/actif en traction animale pour assurer un bon niveau de revenu pour la
famille ((superficie ha EAF / (Actif homme + Actif femme))/4) ; cet indicateur permet
d’avoir une idée sur la sécurité alimentaire au sein de l’exploitation.
c. le taux d’équipement en matériel agricole : plus il est important, moins
l’exploitation est vulnérable Taux d’équipement = (nombre matériel/( surface totale/
surface concernée par le matériel))*100) ; Normes : un semoir super Eco pour 4 ha, une houe
occidentale pour 3 ha, une souleveuse pour 5 ha, une charrette équine pour 10,5 ha, une
charrette asine pour 7,5 ha ; cet indicateur permet d’avoir une idée sur la
productivité des exploitations agricoles
d. le taux de couverture en traction animale : plus il est important, moins
l’exploitation est vulnérable Taux de couverture des besoins en traction =
((capacité/besoin)*100) ; Normes : un âne pour 2,5 ha ; un cheval pour 3,5 ha ; une paire de
bœuf pour 6 ha ; cet indicateur permet d’avoir une idée sur l’intensification de la
production
e. le taux de couverture en engrais : plus il est important, moins l’exploitation est
vulnérable ; Taux de couverture engrais = ((apport engrais sur culture en 2013) / (besoin
réel des cultures en engrais)*100) ; Normes : urée mil et maïs : 100 kg/ha et npk mil :
8 Besoins céréaliers estimés sur la base de 200 Kg par tête d’habitants (Fall et al., 2009)
120
200kg/ha ; maïs : 175 kg/ha ; arachide : 175 kg/ha ; cet indicateur donne une idée sur
la productivité et l’intensification dans les exploitations.
f. le niveau de rendement des principales cultures en relation avec le potentiel de
production : plus il est important, moins l’exploitation est vulnérable rendement observé de la culture / rendement recommandé par ISRA) *100 ; Normes :
arachide : 3 à 4tonne/ha ; céréales : 1.5 à 3 tonnes/ha ; cet indicateur donne une idée
sur la productivité des cultures ;
g. Nombre de marchés à proximité qui permet l’écoulement de la production ou
l’achat des denrées ;
h. Pourcentage de personnes hospitalisées par rapport à la population de
l’exploitation qui a une incidence sur la disponibilité en main d’œuvre ((nombre
de personne hospitalisé dans EAF / (Actif homme + Actif femme))*100 ;
i. Nombre d’actifs qui peut avoir une incidence sur la capacité productive de
l’exploitation ;
j. Pourcentage de non actifs9 par rapport à la population totale qui peut avoir une
incidence sur la capacité productive ((nombre de personne non active dans EAF /
(Actif homme + Actif femme))*100.
c) Indicateurs pour la capacité d’adaptation : les exploitations agricoles sont de plus en
plus fragiles du fait des mutations qu’elles subissent. Elles s’ouvrent ainsi aux
marchés, sont en relation avec les autres acteurs des chaînes de valeur, restructurent
leur main d’œuvre d’où l’intérêt de voir les connexions existant avec l’extérieur pour
assurer des investissements, aller vers l’information et diversifier les sources de
revenus.
a. Revenu total par personne par rapport au PNB qui a une incidence sur le niveau
de richesse des agropasteurs ((revenu par personne / (RNB10
par habitant))*100) ;
b. Pourcentage de personnes ayant un compte par rapport aux actifs qui peut avoir
une incidence sur l’épargne ((nombre de personne ayant un compte bancaire dans EAF
/ (Actif homme + Actif femme))*100 ;
c. Pourcentage de personnes ayant accès au crédit par rapport aux actifs qui peut
faciliter l’investissement et le financement des activités ((nombre de personne
ayant accès au crédit dans EAF / (Actif homme + Actif femme))*100 ;
d. Pourcentage de personnes membre d’une organisation paysanne par rapport
aux actifs qui permet d’accéder à l’information et de développer des solidarités
9 Non-actifs : personnes âgées de plus de soixante ans et de moins de cinq ans dans EAF.
10 Nous avons pris les données de 2012 sur le site de la Banque mondiale ; RNB = 1030 US$ ;
http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GNP.PCAP.CD
121
((nombre de personne membre d’une organisation dans EAF / (Actif homme + Actif
femme))*100 ;
e. Pourcentage de personnes ayant un revenu régulier par rapport aux actifs qui a
une incidence sur la stabilité des revenus ((nombre de personne avec revenu régulier
dans EAF / (Actif homme + Actif femme))*100 ;
f. Pourcentage de personnes lettrées dans l’exploitation qui permet de faciliter les
échanges avec l’extérieur ((nombre de personne sachant lire et écrire dans EAF / (Actif
homme + Actif femme))*100 ;
g. Pourcentage de travailleurs hors exploitation qui permet de voir la diversité des
activités ((nombre de personne travaillant hors exploitation dans EAF / (Actif homme +
Actif femme))*100 ;
h. Nombre d’enfants scolarisé par rapport aux actifs qui peut avoir une incidence
sur la disponibilité de la main d’œuvre. Nous reconnaissons que sur le long
terme il peut y avoir une incidence positive en cas de réussite scolaire mais
nous avons fait le choix de l’immédiat avec le manque de main d’œuvre ;
i. Pourcentage de personnes émigrées par rapport aux actifs qui peut avoir une
incidence sur la disponibilité de la main d’œuvre ((nombre de personne ayant
émigré dans EAF / (Actif homme + Actif femme))*100 ;
Pour l’ensemble des indicateurs identifiés, nous allons présenter leur relation fonctionnelle
avec la vulnérabilité pour voir s’ils l’augmentent ou la diminuent.
Tableau 12 : Relation entre les variables et la vulnérabilité
Type de contraintes Variables Relation fonctionnelle
avec vulnérabilité
Exposition Pluie -
Température +
Sensibilité
Le taux de couverture en besoin céréalier -
Le foncier disponible par actif -
Le taux d’équipement en matériel agricole -
Le taux de couverture en traction animale -
Le taux de couverture en engrais -
Le niveau de rendement des principales cultures en relation avec
le potentiel de production -
Nombre de marchés à proximité -
Nombre de personnes hospitalisées par rapport à la population
de l’exploitation +
122
Nombre d’actifs par rapport population totale -
Pourcentage de non actifs par rapport à la population totale +
Capacité
d’adaptation
Revenu agricole par personne par rapport au PNB par tête en
2012 -
Nombre de personnes ayant un compte -
Nombre de personnes ayant accès au crédit -
Nombre de personnes membre d’une organisation paysanne -
Nombre de personnes ayant un revenu régulier -
Pourcentage de personnes lettrées dans l’exploitation -
Pourcentage de travailleurs hors exploitation -
Enfant scolarisé par rapport aux actifs +
Pourcentage de personnes émigrées par rapport aux actifs +
Cette méthode de normalisation qui tient compte de la relation fonctionnelle entre l’indicateur
et la vulnérabilité est importante dans la construction des indices. En effet, si cette relation
n’est pas prise en compte, l’indice obtenu ne reflètera pas la réalité. Ainsi, en calculant
l’indice de vulnérabilité, une attention particulière doit être prise pour tenir compte de la
direction de l’indicateur par rapport à la vulnérabilité (ICRISAT, 2009).
Pour évaluer les niveaux de vulnérabilité, nous allons nous baser sur des données statistiques
(pluie et température) et sur des valeurs obtenues par le biais des enquêtes avec les membres
de l’exploitation. Comme les indicateurs sont variables et avec des unités de mesure
différentes, il est essentiel de les normaliser afin de les agréger dans une valeur unique. Pour
ce faire, nous nous sommes basés sur la formule utilisée par Swati et al. (2012) :
Indice de la dimension =
Moyenne de la valeur – Valeur minimale
Valeur maximale – Valeur minimale
Pour chaque source de vulnérabilité identifiée, un indice moyen va être calculé en prenant la
moyenne de l’ensemble des indices des dimensions de chaque source de vulnérabilité :
Moyenne des indices xi = (I1 + I2 + .... + Ij)
j
I1….Ij = indice de la dimension de la source de vulnérabilité i
J = Nombre de dimension de la source de vulnérabilité
123
Le poids de chaque source de vulnérabilité sera identifié sur la base d’une échelle de notation
allant de un à quatre que l’on laisse à l’appréciation de l’agriculteur suivant la contribution de
chaque source dans la vulnérabilité de l’exploitation agricole. Ainsi, nous obtenons l’indice de
vulnérabilité en utilisant la formule suivante :
Indice de vulnérabilité =
(∑ni=1(Moyenne des indices xi * Poids i)
α)1/α
n
Poids i = poids donné à la source de vulnérabilité i
n = nombre de source de vulnérabilité
α = ordre de la norme
À titre d’exemple, le calcul de la vulnérabilité biophysique s’est fait avec une série de
données sur une vingtaine d’années avec les indicateurs : pluviométrie annuelle et
température moyenne. Nous avons d’abord calculé le taux de croissance moyenne annuel
(tcam) suivant deux années successives pour la période concernée et pour les quatre sites
identifiés. Pour chaque site, nous avons calculé la moyenne, le minimum et le maximum afin
d’utiliser la formule de normalisation pour obtenir l’indice de la dimension. Tenant compte de
la relation fonctionnelle entre l’indicateur et la vulnérabilité, nous obtenons l’indice de
vulnérabilité biophysique en fait la moyenne des indicateurs pluie et température (voir calcul
au niveau annexe).
Dans le cadre de notre étude, nous avons eu à prendre aussi certaines conventions pour
faciliter nos calculs. La notion d’actif nécessite notamment « une pondération contextuelle,
souvent arbitraire et donc demeure un indicateur variable en fonction des lieux et des réalités
socioéconomiques » (Thiam, 2008). Nous avons pris en considération les personnes qui
étaient présentes à plein temps dans l’exploitation et qui ont un rôle dans la production. Pour
l’évaluation de la main d’œuvre, nous avons pris 1UTH pour un adulte homme, 0,8 UTH pour
une femme adulte et 0,5 UTH pour les enfants et personnes âgées. Pour les variables qui
caractérisent le potentiel disponible au niveau du ménage (le niveau de production agricole, le
niveau de revenu net d’élevage et le niveau de revenus nets non agricoles), nous avons eu à
utiliser les prix des cultures et des animaux relevés sur les marchés hebdomadaires des zones
concernées. Ces prix ont été obtenus au niveau du Commissariat à la Sécurité Alimentaire
(CSA) qui recueille les prix des denrées alimentaires au niveau des marchés hebdomadaires.
124
Synthèse
Dans le Bassin arachidier, les exploitations agricoles sont caractérisées par leur exposition à
différentes formes de risques qui, dans le cadre de l’agriculture, sont liées à l’espace, au
territoire soumis à des aléas biologiques, climatiques et commerciaux. C’est pourquoi nous
nous proposons d’utiliser dans cette recherche l’analyse de la gestion des risques dans un
cadre holistique autour de trois axes à savoir les sources du risque, les stratégies des
exploitations agricoles et l’action des pouvoirs publics (OCDE, 2009).
Pour donner des réponses à cette recherche, différentes hypothèses ont été formulées en
rapport avec l’impact des risques naturels et agronomiques sur les exploitations, la relation
entre vulnérabilité et faible productivité, les stratégies développées par les exploitations et les
assurances indicielles dans le contexte du Bassin arachidier. Ces hypothèses appellent une
approche globale, intégrée et systémique qui permette à la fois d’analyser les interactions et
les dynamiques des activités agricoles au sein des exploitations agricoles en développant de
nouvelles formes d’adaptation. Pour ce faire, nous avons procédé d’abord au diagnostic des
exploitations par le biais de leur analyse fonctionnelle afin d’identifier leur niveau de
vulnérabilité. Par la suite, à travers le pronostic, nous avons identifié les différentes formes de
stratégies avant de finir par l’identification de réponses adéquates à travers une proposition
d’alternatives aux stratégies d’adaptation actuelles.
La réalisation de cette étude s’est faite en tenant compte du gradient pluviométrique (Bassin
nord, Bassin sud). Un échantillon de cent exploitations par zone particulièrement dans les
régions administratives de Diourbel, Kaolack et Thiès dans sa partie centrale, les régions de
Fatick dans sa partie est, la nouvelle région de Kaffrine dans sa partie sud et la région de
Louga, dans sa partie nord. Cette zone représente environ 30% de la superficie nationale et est
la plus dynamique en termes de production agricole. Son étendue nous a amené à adopter une
méthodologie d’échantillonnage dite « multi-stage » regroupant plusieurs étapes consécutives
élaborées pour arriver à la sélection d’unités de base d’observation. Pour étudier la diversité
des systèmes de production, une typologie, par classification par nuée dynamique, a été
réalisée en nous basant sur deux types de variables discriminants à savoir des variables de
structures et des variables fonctionnelles. Finalement, huit variables ont servi à réaliser la
125
typologie pour disposer de trois types d’exploitation discriminés par la superficie, les types de
cultures et les types d’animaux présents dans l’exploitation.
126
Partie 3 : Résultats Chapitre 5 : Situation des exploitations du Bassin arachidier Introduction Le secteur agricole sénégalais se particularise par l’importance de la population active qu’il
mobilise. En effet, 60 à 70% de la population vit directement ou indirectement des activités
agricoles, mais les performances restent modestes et des régressions significatives ont même
été notées au niveau de certains indicateurs, surtout au cours de ces dernières décennies. Le
PIB du secteur agricole ne cesse de baisser depuis les Indépendances en passant de 30% du
PIB national à environ 10% actuellement. Cette baisse des performances est généralisée au
niveau national et particulièrement au Bassin arachidier qui est caractérisé par l’importance de
sa production agricole. Il demeure l’une des zones les plus productives du Sénégal
particulièrement pour l’arachide et les céréales sèches (mil, sorgho, maïs). Il connait aussi une
forte croissance démographique et est caractérisé aussi par le faible potentiel d’extension des
terres à cultiver. Ainsi son rôle central dans l’alimentation des populations rurales et urbaines
est de plus en plus remis en question du fait de la précarité grandissante des ménages ruraux
qui constituent la majorité de sa population. Ces ménages ruraux qui sont souvent dans des
exploitations agropastorales sont caractérisés par la diversité de leurs activités. Dans le cadre
de ce chapitre, nous allons analyser ces exploitations en mettant l’accent sur les données
sociodémographiques, structurelles et financières qui les concernent.
1- Caractérisation socioéconomique des exploitations du Bassin
arachidier
Le Bassin arachidier reste l’un des Bassin de production agricole les plus importants du
Sénégal malgré les différentes crises des filières agricoles (arachide et céréales) et les facteurs
climatiques défavorables qui ont eu pour conséquence l’appauvrissement des sols entrainant
une baisse de la production. On y rencontre une diversité de systèmes de production n’ayant
pas une grande contribution à la réduction de la sécurité alimentaire. C’est dans ce cadre que
nous menons cette étude pour avoir une meilleure compréhension des contraintes et cela passe
par une connaissance de la caractérisation de ces exploitations.
127
1-1- Typologie des exploitations du Bassin arachidier
Au total, quatorze variables quantitatives (tableau 13) ont été utilisées pour faire la typologie.
Le choix de ces variables a été dicté par les systèmes de productions en vigueur au niveau du
Bassin, par le type d’exploitation (familiale) et par les différentes typologies déjà réalisées
dans la zone (ORSINI et al (1985) ; SARR et al (1987) ; DIAO (2003) ; DIOP (2006)). Ainsi,
nous avons choisi des variables socioéconomiques (population totale et nombre d’actifs) pour
faire ressortir le caractère familial, des variables agronomiques (superficies emblavées, le
nombre de cultures, le matériel agricole) pour les moyens de production et les variables
zootechniques (nombre de types d’animaux) pour faire ressortir la diversification et
l’intégration agriculture-élevage. Au niveau du Bassin arachidier, trois types d’exploitation
agricole familiale ont été identifiés. Ils se distinguent par la taille de la population, par la
superficie disponible, par la dotation en matériel agricole et par la taille du troupeau. Leur
répartition se fait comme suit (tableau 13) :
Tableau 13 : Répartition des types d’exploitation au niveau du Bassin arachidier
Type 1 Type 2 Type 3
Nord Bassin 21 22 47
Sud Bassin 48 2 40
Bassin arachidier 38% 13% 48%
Source : Nos enquêtes 2012
L’analyse de la répartition nous montre une répartition assez homogène du type 3 qui
représente les petites exploitations faiblement dotées en moyens de production. Le type 1 qui
est plus important en nombre dans le sud Bassin même si on en trouve dans le nord Bassin et
où les principaux revenus proviennent de la production végétale. Le type 2, situé
principalement dans le nord Bassin, est bien doté en moyens de production mais se caractérise
par un troupeau important et où les revenus provenant de la production animale sont très
importants.. Il faut relever que, dans la zone d’étude, ces exploitations sont assez similaires
avec des variantes du fait de la taille et de la composition des troupeaux, de la part des
cultures céréalières par rapport à l’arachide et du niveau des cultures de diversification. De
plus, au sein d’un même type d’exploitation, nous notons de légères différences selon la zone
du Bassin où il se situe (Nord Bassin ou Sud Bassin).
128
Tableau 14 : Caractéristiques des différents types d’exploitation
Exploitation Type 1 Type 2 Type 3
Population totale 17,8 (±8,2) 18,2(±8,9) 12,5(±5,1)
Actifs 8,7(±4,7) 9,5(±6,8) 6,1(±3,6)
Superficie emblavée 7,4(±5,4) 7,1(±4,5) 6(±3,1)
dont arachide 2,5(±2,2) 2,4(±1,7) 2,4(±2,0)
dont mil 4,4(±2,7) 4,3(±2,0) 2,4(±1,3)
dont maïs 0,2(±0,7) 0,1(±0,4) 1(±1,7)
Cultures (nb) 2,3(±0,8) 2,7(±0,7) 2,8(±0,8)
Houe sine (nb) 1,9(±1,3) 2(±0,9) 1(±0,6)
Semoir (nb) 1,1(±0,9) 1,3(±0,8) 0,7(±0,6)
Bœuf trait (nb) 0,9(±1,6) 0,1(±0,4) 0,2(±0,6)
Chevaux (nb) 1,5(±1,0) 2(±1,1) 0,7(±0,8)
Bovins (nb) 2,3(±5,9) 12,9(±16,8) 1,1(±2,1)
Ovins (nb) 2,5(±2,9) 15,6(±9,8) 2,6(±3,6)
Caprins (nb) 2,7(±2,7) 13,8(±7,0) 3,7(±3,3)
Source : Nos enquêtes 2012
Le type 1 regroupe des exploitations qui disposent du nombre d’actifs le plus important, d’un
assolement très important en céréales et en arachide et d’un cheptel varié marqué mais moins
important que le type 2. Les bœufs de trait sont plus importants en nombre dans ces
exploitations
Le type 2 présente à peu près les mêmes caractéristiques de production agricoles que le type 1
mais dispose de moins de superficie et d’actifs mais est plus doté en matériel agricole. De
plus, il regroupe le plus grand nombre d’animaux l’exception des bœufs de traits.
Le type 3 est le moins doté en actifs, en animaux et en superficie mais il dispose des champs
de maïs les plus importants et on note aussi une plus grande diversification au niveau des
cultures.
Cette distinction est particulièrement portée par une différence de l’assolement au niveau des
cultures notamment pour le maïs mais aussi par la taille et la diversité des animaux dans les
exploitations. En effet, la partie sud du Bassin arachidier, on note une forte présence des
animaux de trait qui jouent un rôle important dans les activités agricoles.
129
1-2- Population dans les exploitations agricoles et nombre d’actifs
La population des exploitations agricoles, très variable, se situe en moyenne autour de 15
personnes au niveau du Bassin avec un minimum de deux et un maximum de 44 personnes.
En effet, du fait d’une croissance démographique soutenue (plus de 2% par an) la population
des exploitations agricoles reste importante. En effet, les actifs dépendants, sous le couvert du
chef d’exploitation, disposent de familles, ce qui augmente la population de l’exploitation.
Dans la population, il y a un nombre important d’enfants et de plus en plus des personnes
âgées, ce qui a contribué à la fragilisation de l’environnement de production et ainsi à une
accentuation de la pauvreté. La répartition en fonction des types d’exploitation des personnes
et des actifs est relativement homogène (tableau 15).
Tableau 15 : Population et nombre d’actifs dans les EAF
Exploitation nombre de personnes
actifs hommes
actifs femmes actifs
enfants
Nord Bassin
Type 1 18 4 4 6
Type 2 18 4 4 5
Type 3 11 3 3 3
Sud Bassin
Type 1 18 4 3 2
Type 2 20 4 3 1
Type 3 14 2 2 1
Bassin Arachidier 15 3 3 3
Source : Nos enquêtes 2012
Les études antérieures sur le Bassin arachidier (ESAM-ANSD, EXFAM-ISRA BAME, Étude
référence WAAPP) évaluent la taille moyenne des ménages ruraux à environ 10 personnes ou
plus, ce qui est conforme avec nos résultats. Par rapport aux actifs, nous notons aussi une
répartition homogène en fonction des différentes catégories d’individus présentes dans les
EAF montrant ainsi la forte implication des femmes et des enfants dans les activités agricoles.
De plus, l’exploitation agricole renferme en moyenne deux ménages mais leur nombre au sein
de celles-ci peut varier d’un à sept.
1-3- Structure de la population selon les ethnies
Les ethnies présentes dans le Bassin arachidier (BA) sont assez nombreuses mais on note la
prédominance des Sérères et des Wolofs (tableau 16). Les Sérères sont le groupe le plus
important dans le nord du Bassin arachidier alors que les Wolofs sont plus présents dans le
130
sud du Bassin arachidier. Dans cette partie, il y a une plus grande hétérogénéité des ethnies.
Les Peuls sont la troisième ethnie la plus représentative. Ils sont nombreux aussi en Haute
Casamance au Sud du Sénégal et dans le Fouta Toro au nord du Sénégal.
Tableau 16 : Répartition des ethnies dans la zone d’étude
Exploitation Wolof pular sérère
Nord Bassin
Type A 0% 0% 100%
Type B 0% 0% 100%
Type C 0% 0% 100%
Sud Bassin
Type A 92% 4% 4%
Type B 50% 50% 0%
Type C 65% 25% 10%
Bassin Arachidier 39% 7% 53%
Source : Nos enquêtes 2012
Le Bassin arachidier est la zone de concentration des Sérères qui sont peu présents dans les
autres régions du pays alors que les Wolofs connaissent une répartition plus diversifiée sur le
plan national. Les Wolofs et les Sérères sont des ethnies relativement sédentaires qui sont plus
orientées vers l’agriculture mais disposent également de troupeaux, généralement de petite
taille. Les Wolofs, politiquement très structurés et socialement hiérarchisés, ne présentent pas
une grande tradition agraire contrairement aux Sérères qui ont la caractéristique d’être une
société véritablement paysanne ayant recours à des techniques agricoles très perfectionnées.
Le système de production traditionnel des Sérères est marqué par la place dominante du mil et
l’intégration de l’élevage à l’agriculture (Stomal-Weigel, 1988). Alors que le paysan wolof a
rapidement intégré le circuit arachidier et l’économie de marché en accroissant la production
arachidière au détriment des cultures vivrières, le paysan sérère a inséré l’arachide dans le
système traditionnel de production sans bouleverser l’organisation du travail pour préserver
les cohésions familiales et villageoises. Son objectif premier est de produire du mil pour
l’autoconsommation. Le système de production sérère qui a évolué vers une rotation triennale
(mil-arachide-jachère pâturée), qui a permis une plus grande intensification et durabilité du
système par rapport au Wolof. Les Peuls ont souvent comme principale activité l’élevage et
disposent de grands troupeaux constitués aussi bien de bovins que de petits ruminants. Ces
exploitations sont pour la plupart agropastorales. Selon l’appartenance ethnique, la part des
activités agricoles ou d’élevage est plus moins importante dans l’exploitation.
131
1-4- Structure de la population selon le niveau d’éducation
Nous nous sommes intéressés au niveau d’éducation du chef d’exploitation par qui les
principales décisions passent. Ainsi, il ressort qu’une grande majorité n’a pas été scolarisée ou
a connu une scolarisation partielle.
Tableau 17 : Structure de la scolarisation des chefs de famille
Exploitation aucun primaire secondaire ou plus arabe
Nord Bassin
Type 1 71% 14% 10% 5%
Type 2 86% 10% 5% 0%
Type 3 67% 22% 9% 2%
sud bassin
Type 1 72% 15% 9% 4%
Type 2 100% 0% 0% 0%
Type 3 61% 32% 8% 0%
Bassin arachidier 70% 19% 8% 2%
Source : Nos enquêtes 2012
Globalement dans la zone, 30% en moyenne de la population ont été à l’école avec 17% qui
se sont limité à l’école primaire ou alphabétisés, 9% au secondaire et 1% ont fait des études
supérieures (Fall et al., 2009). De plus, 40% de la population ont fréquenté l’école coranique
et 30% n’ont reçu aucune instruction (idem). Ainsi, des efforts sont à mener pour améliorer le
niveau d’éducation des paysans pour les inciter à adopter les nouvelles pratiques. En effet,
Adeoti et al. (2002) relèvent que le niveau d’éducation affecte positivement la probabilité
d’adopter les nouvelles variétés au Sénégal. De plus, le développement des technologies de
l’information et de la communication (TIC) constitue de plus en plus un moyen efficace pour
accéder aux informations sur le marché. En conséquence, la radio qui est très présent dans le
monde rural ne suffit plus car il est plus intéressant de diversifier ses sources d’informations
et pour ce faire l’utilisation des nouveaux outils impose un niveau d’éducation et/ou
d’alphabétisation pour pouvoir maximiser leur utilisation.
132
2- Ressources des exploitations
2-1- Le foncier
Le Bassin arachidier est caractérisé par la saturation des terres à cultiver. Les exploitations
agricoles exploitent la presque totalité des terres disponibles pour satisfaire une demande de
plus en plus importante (tableau 18).
Tableau 18 : Disponible foncier dans les exploitations agricoles
Exploitation Superficie (ha)
En propriété Emblavée En propriété/actif emblavée/actif
Nord Bassin
Type 1 7,7 10,3 0,8 1,3
Type 2 7,6 7,4 0,8 0,9
Type 3 3,8 6,4 0,6 1,0
Sud Bassin
Type 1 9,9 6,2 1,7 1,1
Type 2 8,8 3,9 1,3 0,6
Type 3 5,9 5,5 1,4 1,4
Bassin Arachidier 6,9 6,7 1,1 1,1
Source : Nos enquêtes 2012
Les exploitations agricoles de Type 1, situées au sud du Bassin, sont les plus dotées en terre
mais ce sont celles situées au nord qui disposent de plus superficie par actif. On note une
saturation des terres au niveau des exploitations du nord Bassin particulièrement pour les
exploitations de type 1 et 3 où les superficies en propriétés sont largement utilisées. Toutefois,
ramené à la superficie emblavée par actif, on remarque, pour les différents types
d’exploitation, une saturation des terres disponibles. Ainsi, « Si on fait l’hypothèse qu’il faut
une surface cultivée de 4 ha par actif en culture pluviale et en traction bovine pour assurer un
bon niveau de revenus à une famille – c’était l’objectif que se fixait la recherche agricole
dans les années 1970- on constate que la grande majorité des exploitations agricoles en
pluvial ne sont pas viables sans des activités d’élevage et des activités non agricoles
importantes » (Asprodeb-Ipar, 2007).
2-2- La main d’œuvre
La main d’œuvre dans les exploitations agricoles du Bassin est essentiellement familiale. On
note une forte implication des femmes et des enfants dans les activités agricoles (cf.
133
paragraphe 5-1-2). Au niveau des villages, on constate un recours à l’entraide11
pour certaines
activités culturales, généralement le sarclage, la récolte et le battage. Cette entraide est plus
développée dans la partie nord du Bassin où on retrouve une majorité de sérères chez lesquels
il y a une grande solidarité familiale et villageoise (tableau 19).
Tableau 19 : Recours à l’entraide dans les exploitations
Exploitation oui Non
Nord Bassin
Type 1 52% 48%
Type 2 81% 19%
Type 3 68% 32%
Sud Bassin
Type 1 19% 81%
Type 2 50% 50%
Type 3 13% 88%
Bassin arachidier 42,5% 57,5%
Source : Nos enquêtes 2012
De plus, le Bassin arachidier était caractérisé par l’utilisation importante de travailleurs
saisonniers, « navétanes », qui venaient des régions méridionales du pays pour appuyer les
exploitations particulièrement dans la culture de l’arachide. Avec le déclin de cette filière, on
constate un recul de l’utilisation de ce type de main d’œuvre. En effet, 89% des exploitations
du Bassin n’y ont pas eu recours durant ces cinq dernières années (tableau 25). Mais c’est au
sud du Bassin que l’on trouve encore des exploitations qui emploient des travailleurs
saisonniers.
11
L’entraide permet aux membres d’une même famille ou d’un même village à passer à tour de rôle dans les
champs d’un agriculteur pour l’aider à faire une activité. Cela se fait généralement sans contrepartie à part un
repas qui est partagé ensemble.
134
Tableau 20 : Recours à la main d’œuvre salariée
Exploitation Recours réguliers mo salariés sur les 5 dernières années
De plus en plus De moins en moins Jamais
Nord Bassin
Type 1 0% 0% 100%
Type 2 0% 0% 100%
Type 3 0% 0% 100%
Sud Bassin
Type 1 15% 15% 71%
Type 2 0% 0% 100%
Type 3 10% 5% 85%
Bassin arachidier 6% 5% 89%
Source : Nos enquêtes 2012
La crise de la filière arachidière mais aussi l’irrégularité de la production poussent les
agropasteurs à aller à la recherche d’autres activités salariales. C’est ainsi que l’on a pu
observer une diversification des activités au sein des exploitations. Ainsi, dans 38% des
exploitations enquêtées, on note la présence d’activités menées en dehors de l’exploitation.
Cependant, elles demeurent encore relativement faibles en nombre mais concernent la grande
majorité des exploitations comme le montre le tableau 21.
Tableau 21 : Niveau et nombre de travailleurs hors exploitation12
Exploitation Travail hors exploitation
Oui non Nombre
Nord Bassin
Type 1 38% 62% 0,9
Type 2 50% 50% 0,9
Type 3 17% 83% 0,3
Sud Bassin
Type 1 40% 60% 0,5
Type 2 50% 50% 0,5
Type 3 55% 45% 0,7
Bassin Arachidier 38% 62% 0,6
Source : Nos enquêtes 2012
1212
Le travail hors exploitation concerne les membres de l’exploitation qui vont faire un travail à la tâche contre
une rémunération. Généralement c’est pour disposer d’argent et régler un problème ponctuel.
135
2-3- Le niveau d’équipement des exploitations agricoles
Globalement, les exploitations agricoles sont équipées d’un petit matériel agricole. Le niveau
d‘équipement varie en fonction des exploitations et a des incidences sur le niveau de
productivité agricole.
Pour estimer le niveau d’équipement des exploitations, nous sommes partis de normes13
préconisées par l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et utilisées par des
organisations paysannes (Asprodeb). Nous nous sommes basés sur le matériel le plus usuel au
niveau des exploitations et qui ont plus d’influence sur la production (houe, semoir,
souleveuse et charrette).
Les résultats montrent que par rapport au disponible foncier des exploitations, nous relevons
un taux d’équipement en dessous des besoins sauf pour les charrettes équines (tableau 22). Ce
sont les exploitions de type 2 qui investissent plus dans le matériel agricole, ce qui peut
s’expliquer par leur facilité de mobiliser de l’argent à travers le cheptel dont elles disposent.
Tableau 22 : Niveau d’équipement par type d’exploitation dans le Bassin
Exploitation
Taux équipement en pourcentage (%)
semoir houe souleveuse charrette
équin charrette
asine
Coût matériel agricole14 (en millier
FCFA)
Nord Bassin
Type 1 65 88 72 221 0 774,8±374,8
Type 2 76 101 91 248 23 1 076,7±471,7
Type 3 64 90 51 209 71 555,7±306,1
Sud Bassin
Type 1 53 75 66 87 11 735,9±489,6
Type 2 91 79 56 157 0 1 015,8±398,1
Type 3 53 51 48 81 10 432,5±318,7
Bassin Arachidier 60 78 62 154 26 670,7±438,2
Source : Nos enquêtes 2012
On note une faible variation du taux d’équipement en fonction des types d’exploitation mais
les exploitations de la zone nord sont légèrement plus dotées que celle de la zone sud Bassin.
De plus, malgré les efforts déployés par l’État pour le rééquipement du monde rural, le
renouvellement du matériel agricole reste partiel. La vétusté du matériel et les réparations
13
Taux d’équipement = (nombre matériel/( surface totale/ surface de référence du matériel))*100)
Normes : un semoir super Eco pour 4 ha, une houe occidentale pour 3 ha, une souleveuse pour 5 ha, une
charrette équine pour 10,5 ha, une charrette asine pour 7,5 ha. 14
Nous avons utilisé le coût du matériel non subventionné : Semoir (282 492 FCFA) ; Houe (71 508 FCFA) ;
Souleveuse (23 482 FCFA) ; Charrette asine (303 378 FCFA) ; Charrette équine (421 142 FCFA)
136
récurrentes entrainent ainsi des retards dans la mise en place des cultures et des irrégularités
dans le respect des normes techniques (densité culturale, écartements …). Le sarclage est
réalisé en grande partie avec du matériel traditionnel (hilaire, daba) dans l’ensemble des
exploitations.
L’offre de matériel agricole provient de plus en plus des artisans locaux qui réparent
l’ensemble du matériel existant dans la zone et parviennent même à le fabriquer avec de la
matière première obtenue localement soit au niveau des commerces ou à travers la
récupération. Comme l’indique le Recensement National de l’Agriculture (RNA) de 1998,
plus de 40 % du matériel de préparation et d’entretien des cultures comme les houes sine ainsi
que les semoirs a été acquis par les exploitations avant 1981. Ceci s’explique en grande partie
par l’arrêt du Programme Agricole qui s’est traduit pendant longtemps par le non
renouvellement du matériel agricole. Dans le Bassin arachidier le sous-équipement est plus ou
moins accentué selon les zones.
Le taux de couverture des besoins en traction animale15
est un autre indicateur qui rend
compte du dynamisme des activités agricoles au niveau des exploitations. Ce taux est en deçà
des besoins au niveau des exploitations du Bassin (tableau 23) sauf pour les exploitations de
type 2 qui sont bien dotées en animaux.
Tableau 23 : Taux de couverture des besoins en traction animale
Exploitation Taux couverture traction en pourcent (%)
Âne Cheval Paire bovin Moyenne
Nord Bassin
Type 1 34 85 - 60
Type 2 61 111 - 86
Type 3 98 80 - 89
Sud Bassin
Type 1 20 80 90 63
Type 2 10 145 46 67
Type 3 45 37 43 42
Bassin Arachidier 52 76 34 54
Source : Nos enquêtes 2012
15
Taux de couverture des besoins en traction = ((capacité/besoin)*100)
Normes : un âne pour 2,5 ha ; un cheval pour 3,5 ha ; une paire de bœuf pour 6 ha
137
Le cheval est très utilisé comme animal de traction dans les activités agricoles. Mais les
exploitations situées au sud du Bassin ont recours de plus en plus aux paires de bœufs pour la
culture attelée suite au développement de cette technologie dans des unités expérimentales16
.
Pour Dugué et al. (2004), « les relations agriculture-élevage ont finalement évolué vers des
formes éloignées des prévisions des développeurs. La traction animale a été adoptée pour son
effet décisif sur la productivité du travail dans une perspective d’extension des cultures et non
pas pour ses effets escomptés sur les rendements ».
2-4- Le bétail
Les exploitations du Bassin sont de type agropastoral. L’élevage y joue un rôle primordial
surtout pour la création de revenus mais aussi pour la fertilisation des terres agricoles et le
transport Les animaux dans cette région sont assez diversifiés avec une prédominance des
ruminants (tableau 24).
Tableau 24 : Répartition des animaux dans les exploitations agricoles
Exploitation Nombre
UBT
%animaux
traction % bovin
% petit
ruminant
Valeur Troupeau (en
millier FCFA)17
Nord Bassin
Type 1 8 22 19 58 1 346,2±1 415,0
Type 2 23 8 22 70 3 437,3±2 773,6
Type 3 5 28 11 61 785 745±581 291
Sud Bassin
Type 1 5 49 5 47 1 095,0±1 123,2
Type 2 31 8 15 77 5 375,0±5 932,6
Type 3 3 38 7 55 550,0±487,1
Bassin Arachidier 7 32 11 57 1 256,3±1 657,0
Source : Nos enquêtes 2012 UBT : Unité Tropical Bovin
Les troupeaux sont généralement de petite taille (en moyenne moins de 10 têtes par troupeau).
Les troupeaux les plus importants en nombre sont ceux des bovins qui peuvent atteindre 60
têtes alors que le troupeau des petits ruminants varie au maximum entre 30 et 40 têtes.
Toutefois, ce sont les petits ruminants qui sont les plus nombreux au niveau des différents
types d’exploitation car ils sont plus faciles à gérer et ne demandent pas souvent des charges
16
Réseau de sites d’expérimentation en milieu réel à l’échelle des coopératives développé par la recherche où les
premiers travaux systématiques avec les paysans ont été entrepris. 17
Nous avons pris des valeurs approximatives au niveau du bassin arachidier : Bovin de trait (250 000 FCFA) ;
Cheval (250 000 FCFA) ; Ane (70 000 FCFA) ; Bovin (150 000 FCFA) ; Ovins (40 000 FCFA) ; Caprins
(30 000 FCFA)
138
importantes. On note une prédominance des animaux de traction dans le sud du Bassin, ce qui
augmente la valeur monétaire du troupeau en comparaison avec la zone nord. En effet, à cause
des vols d’animaux surtout avec la proximité de la Gambie, les animaux de traction
(généralement en petit nombre), particulièrement les chevaux, sont gardés aux environs des
habitations. Ainsi, dans cette zone, les agropasteurs préfèrent disposer d’un nombre restreint
de ruminants qu’ils peuvent bien surveiller. Les animaux à l’embouche sont plus nombreux
dans le nord du Bassin, ce qui peut s’expliquer par la présence de grands centres urbains qui
constituent un marché potentiel de proximité. L’embouche bovine est généralement effectuée
dans les exploitations de Type 2 suivi du type 1 alors que l’embouche ovine est plus
développée dans le Type 2 suivi du Type 3 puis du Type 1.
3- Activités économiques et autres sources de revenus
3-1- Activités agricoles
Au niveau du Bassin arachidier, les activités socioéconomiques sont dominées par
l’agriculture qui occupe la majorité de la population rurale. L’agriculture, généralement
pluviale, est de type extensif mais est limitée actuellement par la forte densité humaine (50
habitants/km² contre une moyenne de 35 au niveau national) et par l’épuisement des parcours
et des forêts. L’arachide et le mil sont les principales cultures avec des rendements
relativement faibles du fait d’un déficit des facteurs de production et de la faible adoption des
paquets technologiques malgré des efforts de modernisation modestes. À côté de ces deux
principales spéculations, on note la présence d’autres cultures céréalières telles que le maïs et
le sorgho (particulièrement dans le sud Bassin), du riz mais très peu représentatif, des cultures
de diversification telles que le manioc, la pastèque, le niébé, etc.
Utilisation des semences certifiées
Dans l’agriculture traditionnelle, le mode de production de la semence repose sur la sélection
massale faite annuellement à partir des récoltes et ce, afin de gérer la dégénérescence des
formes cultivées. À ce niveau, le contrôle est fait par le paysan. Pour les semences certifiées,
le processus de production et de contrôle se fait avec différents acteurs, sous le contrôle d’une
institution. Différentes étapes, avec des normes prédéterminées, sont identifiées pour s’assurer
d’une qualité finale de la semence certifiée.
139
Ainsi, en relation avec les techniciens, les agriculteurs ont longtemps contribué au
développement de la diversité des différentes espèces cultivées dans le Bassin (souna 3, fleur
11 …). Partant des recommandations de la recherche, les semences améliorées peuvent
assurer un surplus de production de l’ordre de 30 à 35 %, et aussi contribuer à une meilleure
valorisation des intrants chimiques (engrais et produits phytosanitaires). Toutefois, le niveau
d’utilisation des semences certifiées reste relativement bas et ne concerne qu’environ 17% des
exploitations enquêtées (tableau 25). La situation est moins préoccupante dans le sud Bassin
où près d’un tiers des exploitations utilisent les semences améliorées par rapport au nord
Bassin où seules moins de 2 % en utilisent.
Tableau 25 : Niveau d’utilisation de semences certifiées dans les exploitations
Exploitation Utilisez-vous des semences certifiées?
oui Non
Nord Bassin
Type 1 5% 95%
Type 2 0% 100%
Type 3 0% 100%
Sud Bassin
Type 1 30% 70%
Type 2 0% 100%
Type 3 38% 63%
Bassin Arachidier 17% 83%
Source : Nos enquêtes 2012
Le faible taux d’utilisation de semences certifiées et la baisse drastique de leur qualité sont
liés à la déstructuration profonde de la filière semence suite au désengagement de l’État.
Toutefois, face au niveau de rendement relativement bas, une relance de la production de
semence de qualité devient capitale pour faire face à une demande grandissante. Ainsi, La
reconstitution du capital semencier s’est révélée à l’État du Sénégal comme incontournable
pour infléchir la tendance désastreuse de la baisse de la productivité et de la sécurité
alimentaire. Il s’agira de mettre en place un dispositif pérenne articulé autour de la
sécurisation de la production de semences, du renforcement de capacités de tous les acteurs et
de la réhabilitation des infrastructures de production.
140
Utilisation des engrais
Les engrais minéraux (NPK et urée) sont les plus utilisés dans la zone pour les différentes
cultures. En effet, 68% des exploitations agricoles au niveau du Bassin en utilisent et
particulièrement dans les exploitations situées au sud (tableau 26). De plus, les exploitations
de type 2 sont celles qui l’utilisent le plus, ce qui peut être expliqué par une disponibilité en
animaux plus important favorisant ainsi la possibilité d’avoir de la liquidité.
Tableau 26 : utilisation des engrais dans les exploitations
Exploitation Utilisation engrais minéraux Utilisation du fumier
Oui non oui non
Nord Bassin
Type 1 48% 52% 100% 0%
Type 2 65% 35% 100% 0%
Type 3 48% 52% 93% 7%
Sud Bassin
Type 1 85% 15% 89% 11%
Type 2 100% 0% 100% 0%
Type 3 80% 20% 52,5% 47,5%
Bassin Arachidier 68% 32% 84,5% 15,5%
Source : Nos enquêtes 2012
Il en est de même pour le fumier qui est très largement utilisé dans les différents types
d’exploitations et surtout pour les exploitations de type 2 disposants d’un cheptel très
important. Toutefois, les quantités utilisées restent très modestes voire faibles en relation aux
normes préconisées (tableau 27).
Tableau 27 : Quantité d’engrais utilisée au niveau de l’exploitation
Exploitation Quantités moyennes utilisées (kg)
Urée NPK Fumier
Nord Bassin
Type 1 103 244 3550
Type 2 91 123 1286
Type 3 67 169 1224
Sud Bassin
Type 1 54 175 2587
Type 2 - - -
Type 3 57 161 1404
Bassin Arachidier 68 172 1935
Source : Nos enquêtes 2013
141
Ce faible niveau d’utilisation des engrais peut être mis en relation avec le désengagement de
l’État de certaines filières où les engrais étaient subventionnés mais aussi par les difficultés
récentes des industries chimiques du Sénégal qui est le principal fournisseur d’engrais. Il faut
ajouter à cela la faible disponibilité de revenus des exploitations et l’augmentation des prix du
sac d’engrais du fait de la libéralisation. Néanmoins, il faut reconnaitre que l’État a
recommencé ces dernières années la distribution d’engrais subventionnés, ce qui ne manquera
certainement pas d’avoir un impact sur le niveau d’utilisation des engrais.
Rendements observées
Après des performances acceptables des rendements de la majorité des spéculations au cours
de la période 1960-1980, il est constaté une baisse des rendements pour les principales
cultures. En effet, les rendements observés au niveau des exploitations sont très variables et
dépendent de la zone agro-écologique, des moyens financiers et des stratégies mises en
œuvre. Les Type 2 et 1, situé au nord du Bassin, présente les rendements les plus élevés pour
l’arachide alors que pour le sud Bassin c’est le type 3 qui présente les meilleurs rendements.
Pour ce dernier, ses performances peuvent s’expliquer par une forte présence des semences
sélectionnées mais aussi par une meilleure maitrise des adventices du fait des superficies
moins importantes emblavées. Pour le mil, les meilleurs rendements sont observés avec le
type 2 au sud du Bassin où la disponibilité en matière organique et en engrais au niveau des
exploitations est plus importante. La culture du maïs qui nécessite une pluviométrie
importante et l’utilisation d’engrais minéral et organique est plus développée au sud du Bassin
particulièrement avec les exploitations de type 1.
Tableau 28 : Rendements au niveau des exploitations agricoles
Exploitation Rendement moyen en kg/ha
arachide mil Maïs
Nord Bassin
Type 1 589 437 0
Type 2 769 582 0
Type 3 347 499 100
Sud Bassin
Type 1 435 333 423
Type 2 367 870 273
Type 3 583 388 316
Bassin Arachidier 504 438 340
Source : Nos enquêtes 2013
142
En 1974, les rendements arachide étaient de 1500/1600kg/ha ; ils sont de 1000 kg/ha en 1986.
Ceux des céréales variaient de 600 à 1000 kg/ha pour les chefs d’exploitation (Asprodeb-Ipar,
2007). Ainsi, nous constatons que les principales spéculations cultivées dans le Bassin
présentent des rendements très inférieurs à leur potentiel réel (arachide : 3 à 4 tonnes et
céréales : 1,5 à 3 tonnes). Les projections de rendements effectués par les techniciens sont
souvent en deçà des résultats au champ. Une des raisons de la baisse des rendements est liée
au système de production caractérisé par une exploitation continue des terres accompagnée
d’une faible restitution des éléments nutritifs. On peut citer aussi les retards observés dans la
mise en place des cultures du fait de la disponibilité de matériels agricoles et les récoltes
tardives qui peuvent favoriser des pertes importantes.
3-2- Activités non agricoles
Les faibles performances au niveau de l’agriculture qui est la principale occupation dans le
Bassin, et surtout la crise de la filière arachide d’où provenaient leurs principaux revenus, ont
poussé les membres des exploitations agricoles à aller vers d’autres corps de métiers, aussi
bien au niveau local, régional ou international, pour disposer de nouvelles sources de revenus.
Nous relevons ainsi une grande diversité de métiers adoptée par les populations du Bassin
mais le commerce, l’artisanat et les salariés (entreprises ou fonctionnaires) sont les plus
importants (Tableau 29). On remarque aussi une plus grande diversité des métiers réalisés
dans le nord du Bassin où les activités non agricoles des membres des exploitations l’accent
portent sur des emplois salariés, l’artisanat, le commerce et le transport alors qu’au sud du
Bassin on note une concentration sur le commerce, l’artisanat et dans une moindre mesure sur
des activités salariées .
143
Tableau 29 : Activités non agricoles au niveau des exploitations
Exploitation Nord Bassin Sud Bassin
Bassin Arachidier Type 1 Type 2 Type 3 Type 1 Type 2 Type 3
salariat agricole18
0% 0% 0% 0% 0% 10% 3%
commerce 11% 17% 13% 46% 100% 21% 24%
artisanat 5% 6% 6% 23% 0% 28% 16%
transport 11% 17% 6% 8% 0% 3% 8%
Bonne 21% 6% 13% 0% 0% 0% 6%
élevage 16% 17% 6% 0% 0% 0% 6%
Salarié 32% 28% 19% 8% 0% 21% 20%
autre19
5% 11% 38% 15% 0% 17% 17%
Source : Nos enquêtes 2013
Au niveau des différents types d’exploitations, on note au moins la présence d’une personne
émigrée dont la destination est principalement la ville de Dakar ou les capitales régionales
mais aussi les pays de la sous-région, l’Europe ou les États-Unis.
3-3- Les revenus agricoles et non agricoles
Les revenus agricoles sont inégalement répartis dans les différents types d’exploitation. Pour
les exploitations situées au nord du Bassin, les revenus tirés de l’élevage sont plus important
que ceux issus de l’agriculture contrairement au sud du Bassin où ce sont les cultures
agricoles et particulièrement l’arachide qui dominent. Ainsi, nous avons un revenu agricole
entre 800 et 900 000 FCFA pour les périodes 2012 et 2013. Ces niveaux de revenus moyens
sont similaires aux enquêtes ANSD (2008) et PSAOP (2009) dans la zone du Bassin qui
l’estiment à plus de 700 000 FCFA (tableau 30).
18
Activité ponctuelle rémunératrice réalisée hors de l’exploitation dans le domaine agricole (agriculture ou
élevage) 19
Autres : maçon, chauffeur, pousse-pousse, gardien, manœuvre, maitre coranique, charretier, menuisier,
pêcheur, etc…
144
Tableau 30 : Revenus au niveau des exploitations en 2012 et 2013 (en FCFA)
Exploitation Revenu agricole
2012
Revenus agricoles
2013
Revenus non
agricoles 2013
Nord Bassin
Type 1 1 804 053 1 762 400 620 000
Type 2 1 150 733 1 635 000 425 000
Type 3 546 761 522 775 380 833
Sud Bassin
Type 1 1 079 867 709 868 587 647
Type 2 296 664 - -
Type 3 614 331 431 375 312 500
Bassin Arachidier 921 662 820 420 475 217
Source : Nos enquêtes 2013
Il faut relever que de grandes disparités sur le revenu d’une année à l’autre car les
performances sont très sensibles à la vulnérabilité des exploitations. En effet, les revenus issus
de l’agriculture ou de l’élevage peuvent connaitre de grandes variations du fait de la non
maitrise des contraintes naturelles (pluviométrie), économiques (prix des cultures), techniques
(disponibilité ou non d’intrants ou de matériels agricoles) ou sanitaires (maladies, manques de
produits vétérinaires…). Ainsi, dans le sud du Bassin, les revenus du type 2 sont moins
importants par rapport au même type au nord du Bassin. Cela s’explique par des niveaux de
production agricole très faibles durant cette campagne (valeur estimée à 366 170 FCFA) du
fait, certainement de la variabilité pluviométrique pendant cette campagne hivernale. De plus,
cette zone est caractérisée par son éloignement par rapport aux grands marchés de
consommation mais aussi par un vol de bétail très important dans la zone du fait de la
proximité de la frontière gambienne. Ainsi, la commercialisation du bétail n’a pas été
importante (en moyenne 69 500 ± 30500 FCFA) contrairement à la zone nord où on observe
des ventes à hauteur de 287 000 ± 288 000 FCFA. Cependant, on note une plus grande
variabilité dans la zone nord. Ainsi, le Bassin arachidier dispose d’une pluviométrie (400-
600mm au nord et 600-800 mm au sud) qui permet de couvrir les besoins en eau pour la
majorité des variétés cultivées (particulièrement le mil et l’arachide). C’est généralement la
configuration de l’hivernage (dispersion spatio-temporel, les pauses pluviométriques,
l’intensité de la pluie, …) qui a le plus d’impact sur le niveau des revenus des exploitations
agricoles mais il faut aussi tenir compte des autres contraintes auxquelles elles sont
confrontées.
145
Les revenus non agricoles sont de plus en plus importants dans le revenu global de
l’exploitation. Il a été estimé, en 2013, à 475 217 FCFA pour le Bassin, ce qui est similaire
aux résultats obtenus par Fall et al. (2009) dans la même zone. Il représente 37% des revenus
au niveau du Bassin. Ils sont relativement importants pour les exploitations de type 3 (42%)
qui sont obligées de compenser leur faible niveau de revenu agricole. Le Type 1 au nord
Bassin, qui dispose de revenus importants provenant de l’élevage, dispose de revenus non
agricoles modestes (26% du revenu global) alors que le même type au niveau du sud Bassin a
des revenus non agricoles qui représentent 45% du revenu global.
En résumé, le revenu dans les exploitations agricoles du Bassin est très diversifié et les
revenus non agricoles ne cessent de prendre l’ampleur du fait de l’incertitude qui accompagne
les productions agropastorales. En effet, Pour Fall et al. (2009), « la diversification des
revenus du ménage rural a été toujours négligée dans le passé par les décideurs politiques et
les chercheurs qui considéraient les paysans comme de producteurs de subsistance ».
Toutefois, nous constatons que les paysans du Bassin n’ont cessé de développer des stratégies
d’adaptation en fonction de l’évolution de leur environnement socioéconomique et malgré les
faibles performances observées, le Bassin est, jusqu’ à présent, à l’abri de déficits alimentaires
chroniques. De plus, la nature des activités agricoles et non agricoles montre qu’il existe une
complémentarité dans la création de revenus (commerce, artisanat, transport).
146
Synthèse Chapitre V
Le secteur agricole sénégalais se particularise par l’importance de la population active qu’il
mobilise. Le Bassin arachidier, principale zone de production agricole, se caractérise par la
diminution de la sécurité alimentaire au niveau des exploitations agricoles, qui s’accroit à
cause de la taille des ménages relativement importante et de la diminution du nombre des
actifs. Cette zone est caractérisée par la saturation des terres à cultiver avec une moyenne
disponible de 6,9 ha pour 6,7 ha exploités. La main d’œuvre est principalement familiale avec
un faible recours à la main d’œuvre salariale (11%) et un faible niveau (38%) d’activités hors
exploitation avec en moyenne une personne. Pour le matériel agricole, le taux d’équipement
est en dessous des besoins des exploitations sauf pour les charrettes équines. Les exploitations
sont de types agropastoraux avec une prédominance parmi le bétail des ruminants. Les
troupeaux sont de petite taille avec un développement de plus en plus de l’embouche dans la
zone nord du Bassin. Les activités sont assez diversifiées avec la présence de cultures
céréalières et de l’arachide avec des rendements très variables d’une année à l’autre, très en
dessous des potentiels réels de production des variétés utilisées. En effet, ces exploitations ont
développé une forte intégration agriculture-élevage qui se traduit par l’utilisation du fumier
dans les champs et la consommation des résidus de culture par les animaux. Toutefois, il faut
remarquer que l’utilisation de la matière organique est plus orientée vers les champs de case
qui sont minoritaires dans les exploitations agricoles. De plus, la taille des troupeaux n’est pas
suffisante pour produire de la fumure permettant l’amendement de tous les champs. Ainsi,
l’accent est mis sur les parcelles accueillant les cultures vivrières et pour les champs de
brousse, le peu d’engrais minéral est mis sur les champs d’arachide et sur le maïs au sud du
Bassin. La faible productivité agricole a favorisé le développement d’activités non agricoles
surtout portées par le commerce. Ainsi, les revenus agricoles demeurent les plus importantes
dans les exploitations mais la part des revenus non agricoles se rapproche de celle qu’ils
occupent.
147
Chapitre 6 : Les risques au niveau des exploitations agricoles Introduction En partant des réalités socioéconomiques, environnementales et démographiques du Bassin,
nous avons choisi d’orienter notre analyse autours des risques naturels, agronomiques et
économiques. En effet, l’environnement du Bassin est caractérisé par une démographie
galopante, une instabilité climatique, une dégradation des conditions de production mais aussi
au niveau macroéconomique par les impacts de la libéralisation et de la mondialisation.
L’ensemble de ces actions ont augmenté la vulnérabilité des exploitations, vulnérabilité qui
est en relation étroite avec le niveau des moyens de production et qui impacte différemment
les types d’exploitation. C’est pourquoi nous allons analyser dans ce chapitre les différents
types de risques naturels, agronomiques et économiques afin de dégager les principales
orientations des différents types d’exploitation.
1- Les principales contraintes au niveau des exploitations
Parmi les principales contraintes observées au niveau des exploitations agricoles du Bassin
arachidier, les agriculteurs ont mis en avant le manque d’intrants et de matériels agricoles
suivis de l’insuffisance des pluies (tableau 31).
Tableau 31 : Contraintes au niveau des exploitations agricoles
Exploitation Nord Bassin Sud Bassin
Bassin arachidier Type 1 Type 2 Type 3 Type 1 Type 2 Type 3
engrais 24% 35% 33% 32% - 32% 32%
matériel agricole 26% 17% 27% 25% - 33% 26%
semences 24% 27% 25% 20% - 25% 24%
pluies insuffisantes 14% 9% 6% 11% - 2% 8%
terres pauvres 2% 3% 1% 7% - 0% 3%
terres insuffisantes 3% 2% 1% 1% - 3% 2%
nourriture 0% 5% 1% 0% - 2% 1%
Striga sur céréales 0% 0% 1% 0% - 2% 1%
moyens financiers 0% 0% 0% 2% - 2% 1%
Autres 8% 3% 4% 2% - 0% 3%
Source : Nos enquêtes 2013
148
Dans la pratique, certains agriculteurs ont relevé des problèmes de disponibilité à temps des
engrais alors que d’autres insistent sur sa qualité. De plus, la disponibilité tardive des intrants,
particulièrement de l’engrais, et la mauvaise qualité des semences distribuées sont aussi des
éléments qui contribuent à la baisse de la productivité agricole. Par rapport aux semences, le
gouvernement a lancé un programme de reconstitution du capital semencier afin d’assurer un
accroissement durable des productions agricoles et de contribuer à une amélioration de la
sécurité alimentaire.
L’insuffisance des pluies vient ensuite et ce, surtout en rapport avec la variabilité
pluviométrique car on note un retour des périodes pluvieuses. En effet, les agriculteurs
reconnaissent le retour des pluies mais il s’accompagne d’une incertitude avec une plus
grande variabilité inter et intra-annuelle. Jusqu’à présent, les sols arrivent à contenir
l’intensité de la pluie et on note rarement des problèmes d’érosion hydrique et d’inondation.
Cependant, l’arrivée des pluies est souvent tardive (vers juillet-août, nord Bassin) alors que la
longueur de l’hivernage ne cesse de diminuer. Cette insuffisance des pluies est surtout relevée
par les exploitations situées dans le nord Bassin.
Ainsi, ce sont les contraintes structurelles en rapport avec la production agricole qui sont
mises en avant par la majorité des exploitations du Bassin. En effet, pour les intrants et le
matériel agricole, c’est un malaise vraiment très profond qui prend origine avec le
désengagement de l’État dans ce domaine. « Le Bassin arachidier est la région où on
rencontre l’essentiel des exploitations agricoles dites maraboutiques qui ont bénéficié d’un
accès privilégié au foncier, aux intrants agricoles, au crédit et qui poursuivent des objectifs à
la fois religieux, familiaux et de profit » (Asprodeb-Ipar, 2007). L’État jouait à la fois le rôle
de « banquier, fournisseur d’intrants et encadreurs » mais suite à l’abandon de ces
instruments avec la libéralisation, les exploitations, économiquement peu solvables, ont dû
développer des stratégies endogènes pour faire face à ces besoins. Cela s’est traduit par la
baisse de l’utilisation des intrants et par l’amplification de la vétusté du matériel agricole.
Ceci a eu un impact négatif sur la productivité agricole, ce qui a poussé l’État à reprendre, ces
dernières années, la subvention au niveau des intrants. De plus, pour le matériel agricole,
l’État a mis en place une direction de la mécanisation et de l’équipement rural (DMER) afin
de poser les jalons d’une politique sur la mécanisation dans le but d’identifier le matériel
agricole le plus adéquat en tenant compte des spécificités agro-écologiques.
149
2- L’analyse des différents de risques au niveau des exploitations
Dans le contexte du Bassin, les exploitations sont souvent exposées aux risques climatiques,
agronomiques et économiques. Ces risques ont des incidences très diverses dans le temps et
dans l’espace mais aussi selon les facteurs socioéconomiques au niveau des différents types
d’exploitations.
2-1- Risques naturels
Pluie
L’année climatique est divisée en deux saisons principales par le critère pluviométrie : une
saison sèche de novembre à juin, et une saison des pluies (hivernage) de juillet à la mi-
octobre. Le climat au Sénégal, comme dans la plupart des pays du Sahel, se caractérise par
une grande variabilité des précipitations d'une année à l'autre avec une alternance de périodes
humides et de périodes sèches. La même tendance est observée au niveau du Bassin arachidier
qui a connu plusieurs périodes de sécheresse caractérisées par un déficit pluviométrique
important tant dans son intensité que dans sa durée. Cela a été particulièrement le cas de la
sécheresse qui a eu lieu au début des années 70. En effet, depuis 1968, la sécheresse a
périodiquement frappé le pays et la gravité de cette situation est soulignée par ses
conséquences dramatiques sur l’équilibre écologique ainsi que sur toutes les activités
humaines. Elle est surtout observée dans la zone aride et semi-aride du pays (Bassin
arachidier), particulièrement avec la succession, de 1977 à 2002, de six grandes sécheresses.
En effet, depuis les Indépendances, la pluviométrie a été très instable du fait de sa faiblesse
et/ou de sa mauvaise répartition spatio-temporelle. Cependant, avec les années 2000, nous
notons un retour de la pluviométrie avec « le regain des activités pluvieuses et des cumuls
pluviométriques supérieurs à la normale des années 1961-1990 » (Sène et al., 2002). Cette
tendance s’observe dans notre zone d’étude comme le montrent les courbes d’évolution des
séries chronologiques et des courbes de tendance linéaire.
150
Figure 16 : Variation interannuelle de la pluie à Niakhar et Nioro d’après données DAPS
(auteur)
Il ressort de la figure 16 une forte variabilité pluviométrique interannuelle avec des périodes
de hausse et de baisse continue de la pluie. Les courbes de tendances linéaires sont
décroissantes pour les deux zones de Nioro et Niakhar. Les périodes de baisse sont plus
continues et soutenues que les périodes de hausse. Entre les périodes 1931/1960 (période
pluvieuse) et 1968/1990 (période de sécheresse), on note une diminution de la pluviométrie de
39% dans la zone de Fatick et 26% pour Nioro. Au niveau national, Diagne (2000) trouve les
mêmes tendances avec une baisse de 35 % en quantité et une diminution de la durée de la
période pluvieuse entre la période 1950-1965 et la période 1970-1995. Toutefois, depuis le
début des années 90, on constate une reprise de la pluviométrie de 12% pour Fatick et 8%
pour Nioro par rapport à la période de sécheresse. Salack et al. (2010) montrent que cela
correspond essentiellement à une augmentation de la pluviométrie d’août sans modification à
priori de la saison, ce qui n’est pas nécessairement positif pour toutes les cultures.
Les agriculteurs de notre zone d’étude perçoivent cette évolution. Ils considèrent que la
sécheresse a tendance à diminuer comme le constate les agriculteurs du Bassin, ce qui
s’accompagne du retour d’une pluviométrie normale (Tableau 32). Cette nouvelle tendance
est mieux perçue dans la zone nord du Bassin qui est plus sèche et où les effets de la
sécheresse étaient les plus exprimés.
151
Tableau 32 : Perception de l’évolution de la sécheresse et du nombre de pluies
Zone Type Sécheresse nombre de pluies
Augmente diminue augmente Diminue
Nord Bassin
Type 1 0% 100% 82% 18%
Type 2 0% 100% 46% 55%
Type 3 4% 96% 63% 38%
Sud Bassin
Type 1 4% 96,00% 78% 22%
Type 2 0% 0% 0% 0%
Type 3 0% 100% 62% 38%
Bassin arachidier 2,% 98% 67% 33%
Source : Nos enquêtes 2013
Malgré cette amélioration, pour les agriculteurs du Bassin arachidier, sur les trente dernières
années, les périodes qui dictent les activités agricoles au niveau du terroir ont connu des
évolutions. C’est ainsi que la majorité des producteurs de notre zone d’étude (53% au nord et
75% au sud) considèrent qu’actuellement le démarrage de la saison des pluies est plus tardif,
ce qui peut impacter sur le choix et la disponibilité des variétés à utiliser. La saison sèche
chaude, période de grandes chaleurs, arrive beaucoup plus tôt et donc dure plus longtemps
limitant ainsi les possibilités de développement des périmètres maraîchers. Cependant, pour la
zone nord Bassin arachidier, environ un tiers des producteurs considère que la saison sèche
froide (ceci pourrait être certainement dû à la proximité avec le micro climat de la zone des
Niayes) arrive plus tôt avec pour conséquence la possibilité de pouvoir réaliser des activités
de contre saison destinés à procurer des revenus qui complètent les revenus hivernaux.
Tableau 33 : Évolution des saisons sur les trente dernières années
plus tôt plus tard pas de changement
saison pluie Nord Bassin 40,4% 53,2% 6,4%
Sud Bassin 16,7% 75,0% 8,3%
saison sèche froide
Nord Bassin 34,0% 59,6% 6,4%
Sud Bassin 31,3% 47,9% 20,8%
saison sèche chaude
Nord Bassin 74,5% 17,0% 8,5%
Sud Bassin 72,9% 10,4% 16,7%
Source : Nos enquêtes 2013
152
Néanmoins, le climat reste très variable et incertain. Les pauses pluviométriques20
, prolongées
en cours de cycles, ont pendant longtemps compromis les récoltes et influé sur les rendements
des cultures. Cependant, ces dernières années, les paysans ont constaté que leur nombre a
diminué, favorisant ainsi un meilleur développement végétatif des cultures. Néanmoins, leur
grande variation spatio-temporelle est souvent à l’origine des fluctuations de la production au
sein des exploitations agricoles (tableau 34). Finalement, ils relèvent aussi que les longues
périodes pluvieuses ont diminué.
Tableau 34 : Évolution des pauses pluviométriques et des longues périodes pluvieuses
Zone Type nombre de pauses pluviométriques longues périodes pluvieuses
augmente diminue augmente diminue pas de changement
Nord Bassin
Type 1 9% 91% 36% 64% -
Type 2 30% 70% 9% 91% -
Type 3 13% 88% 38% 58% 4%
Sud Bassin
Type 1 0% 100% 7% 70% 19%
Type 2 - - - - -
Type 3 5% 95% 9,5% 90,5% -
Bassin arachidier 9% 91% 19% 73% 6%
Source : Nos enquêtes 2013
Ainsi, malgré le retour des pluies, les problèmes persistent surtout du fait de l’intensité et la
concentration des pluies sur certaines périodes, les variations inter et intra annuelles qui
posent des problèmes sur le choix des variétés à cultiver. De plus, il est constaté un
prolongement de l’hivernage avec des pluies qui persistent jusqu’en novembre-décembre
(année 2013 par exemple), ce qui cause des pertes importantes sur les récoltes. Les
conséquences de ces variations du climat sur l’agriculture sont une plus forte
évapotranspiration et un ralentissement de la croissance (MEPN, 2010). Finalement, la
situation reste très instable pour la productivité agricole dans ces zones du fait de la variabilité
observée au niveau de la pluviométrie.
20
Pause pluviométrique : arrêts temporaires des pluies durant l’hivernage
153
Température
Les températures, généralement élevées toute l’année, déterminent le rythme des saisons. La
variation moyenne interannuelle de la température augmente avec pour conséquence un
réchauffement dans le Bassin. En effet, la température moyenne a connu une augmentation de
0,9°C depuis 1960 à raison de 0,2°C par décade au niveau national (www.worldbank.org).
Le Bassin arachidier, en raison de l’avancée de la désertification particulièrement dans le nord
du Sénégal, a connu un réchauffement de son climat. Les températures oscillent en moyenne
entre 21,5 et 36°C dans la journée. On rencontre les températures les plus élevées à la veille
de l’hivernage (mars, avril, mai : 37,8°C à Nioro et 37,3°C à Niakhar) et à la fin de
l’hivernage avec respectivement 34,3°C et 35,2°C pour les zones de Nioro et de Niakhar. Les
écarts les plus importants sont rencontrés durant la saison sèche avec des nuits fraiches et des
journées très chaudes. On remarque que la moyenne annuelle des températures est en légère
hausse de 1992 à 2009 avec une grande variabilité entre les différentes périodes de la journée
(Figures 17,18,19)
Figure 17 : Variation moyenne interannuelle de la température
154
Figure 18 : Variation température minimale Figure 19 : Variation température maximale
Cette augmentation de la température a été ressentie par une majorité des agriculteurs (80%
des enquêtés), particulièrement ceux situés au sud du Bassin (tableau 35).
Tableau 35 : Évolution de l’intensité de la température selon les agriculteurs
intensité température
Zone Type Augmente Diminue pas de changement
Nord Bassin
Type 1 100% 0% 0%
Type 2 91% 9% 0%
Type 3 92% 8% 0%
Sud Bassin
Type 1 67% 22% 11%
Type 2 - - -
Type 3 81% 14% 5%
Bassin arachidier 83% 13% 4%
Source : Nos enquêtes 2013
En effet, cette augmentation de la température a surtout eu des conséquences sur la
productivité des animaux qui se déplacent moins sur le pâturage et aussi des incidences sur la
santé animale. Cependant, elle a eu très peu d’impact négatif sur les cultures et même
souvent, peut avoir un impact positif sur la maturité des cultures.
En se référant aux projections climatiques de la Banque mondiale, la température risque de
connaitre une hausse de 1,1 à 3,1°C d’ici 2060 et de 4,9°C d’ici 2090 et le nombre de nuits
froides auront tendance à diminuer dans les années à venir. Les paysans confirment cette
155
tendance car ils considèrent dans leur grande majorité avoir constaté une augmentation des
nombres de jours chauds et une diminution du nombre de jours froids (tableau 36).
Tableau 36 : Évolution des nombres de jours chauds et froids selon les paysans
Zone Nord Bassin Sud Bassin Bassin arachidier
Type Type A Type B Type C Type A Type B Type C
nombre de jours chaud
Augmente 100% 82% 84% 63% - 76% 78%
Diminue 0% 18% 16% 22% - 19% 17%
pas de changement 0% 0% 0% 15% - 16% 5%
nombre de jours
froid
Augmente 0% 9% 8% 19% - 9,5 11%
Diminue 100% 91% 92% 70% - 90,5% 86%
pas de changement 0% 0% 0% 11% - 0% 3%
Source : Nos enquêtes 2013
Vent
La prédominance de la circulation de l'alizé continental autour de la dépression du Sahara a
favorisé le renforcement de conditions climatiques de type saharien. C'est ainsi qu'au cours de
ces dernières années, une forte reprise éolienne a été notée entrainant la remobilisation des
dunes et le transport de poussière en suspension. Les principaux vents sont l’alizé qui souffle
du nord-est pendant la saison froide, l’harmattan qui souffle du nord ou de l’est pendant la
saison chaude. La vitesse de ces vents est de 2 à 14 m/seconde ce qui est largement suffisant
pour entraîner la majorité des éléments fins du sol. Cependant, ils baissent d’intensité durant
la saison des pluies.
Près de la moitié du pays, correspondant au Ferlo sableux et une bonne partie du Bassin
arachidier, est extrêmement sensible à l’érosion éolienne (www.cse.sn) et ce, particulièrement
la partie du nord Bassin arachidier.
156
Figure 20 : Sensibilité à l’érosion éolienne
L’érosion éolienne joue un rôle important dans la disparition du couvert végétal et réduit les
potentialités sur le plan agricole des exploitations de la zone d’étude (appauvrissement rapide
des sols sous culture). En effet, elle fragilise la couche arable, contribuant ainsi à la
dégradation de la structure du sol et à la diminution de sa fertilité. Sachant que les terres
agricoles sont souvent nues au-delà de l’hivernage, les conséquences sur la productivité
agricole sont importantes surtout sur des sols lessivés par une longue monoculture arachidière.
Les sols les plus sensibles sont ceux à texture sableuse qu’on retrouve dans la zone Nord du
Bassin arachidier. Les sols, très sableux en surface de cette zone, sont pendant toute la durée
de la saison sèche (7 à 9 mois), soumis à l’action de l’harmattan, vent chaud et sec qui
accélère la dessiccation des sols. Les conséquences de cette forme d’érosion sur l’agriculture
sont importantes au niveau des différents types d’exploitation du Bassin.
Pour les exploitations agricoles du Bassin, alors que les vents violents (79%) et les vents
froids (82%) ont diminué pour la majorité des producteurs dans les deux zones, les
157
producteurs nord Bassin (62%) trouvent qu’il y a une diminution des vents chauds alors qu’au
sud la majorité (66%) parle d’augmentation de ces vents. Cette perception au sud peut
s’expliquer par la déforestation qui s’accentue privant ainsi les populations d’une protection
naturelle contre le vent. Les conséquences de l’action des vents se font surtout ressentir sur les
céréales, particulièrement le mil, qui impactent négativement sur leur rendement.
Érosion hydrique
Un décapage prononcé des sols entraîné par de fortes précipitations est observé,
particulièrement dans le Sud du Bassin arachidier. En effet, malgré une pluviométrie de
l’ordre de 400 à 600 mm, la fréquence et l’intensité des pluies qui se manifestent sous forme
d’averses orageuses accompagnées d’eaux de ruissellement entrainent la disparition de
l'horizon superficiel tandis que se forment des rigoles qui s'élargissent et donnent naissance à
des "bad lands" impropres à l'agriculture (www.cse.sn). Ainsi, on note une destruction de la
partie arable du sol avec des pertes de matières organiques. L’une des conséquences sont les
inondations observées depuis quelques années dans la zone qui sont dues à la combinaison du
retour des fortes pluies et à l’insuffisance d’infrastructures de drainage. Cette tendance est
perçue surtout par les agriculteurs du Bassin qui trouve, dans leur majorité, que cette érosion a
augmenté (Tableau 37).
Tableau 37 : Perception de l’érosion hydrique par les agriculteurs
Zone Type Érosion hydrique
augmente Diminue pas de changement pas de réponse
Nord Bassin
Type 1 56% 11% 22% 11%
Type 2 46% 0% 46% 9%
Type 3 61% 4% 13% 22%
Sud Bassin
Type 1 26% 11% 15% 48%
Type 2 - - - -
Type 3 52% 10% 5% 33%
Bassin arachidier 46% 8% 17% 30%
Source : Nos enquêtes 2013
158
La dégradation des sols est accentuée par les systèmes de production en vigueur dans la zone.
L’intégration agriculture-élevage pousse les agriculteurs à dénuder les terres durant la saison
sèche car toute la biomasse est prélevée soit pour l’alimentation des animaux, soit pour les
palissades. De plus, la coupe abusives des ligneux et/ou des arbustes rend les terres plus
sensibles aussi bien à l’érosion éolienne qu’à l’érosion hydrique surtout si le terrain est
escarpé. Une des conséquences de la dégradation des sols, c’est qu’on relève aussi de plus en
plus une augmentation des terres abandonnées au niveau du Bassin arachidier.
Tableau 38 : Pourcentage des terres abandonnées
Zone Type Terres abandonnées
augmente diminue pas de changement pas de réponse
Nord Bassin
Type 1 33% 0% 22% 44%
Type 2 36% 0% 55% 9%
Type 3 57% 4% 13% 26%
Sud Bassin
Type 1 19% 15% 19% 48%
Type 2 - - - -
Type 3 24% 14% 10% 52%
Bassin arachidier 33% 9% 20% 39%
Source : Nos enquêtes 2013
Les problèmes d’érosion hydrique (87%) et d’abandon de terres (64%) affectent de
nombreuses exploitations dans le Bassin et peuvent s’expliquer en partie par une action
anthropique.
2-2- Risques agronomiques
L’agriculture est l’activité la plus importante dans les exploitations agricoles du Bassin
arachidier. Ces exploitations peuvent être considérées comme des unités de production où les
agriculteurs doivent utiliser les moyens de production les plus adéquats pour optimiser leur
productivité agricole. Ainsi, elles peuvent être soumises à une multitude de risques d’ordre
agronomique que nous ne pourrons pas tous passer en revue. Toutefois, nous allons prendre
en considération certains indicateurs qui ont une influence avérée sur la productivité agricole.
En nous référant aux agriculteurs du Bassin, sur les trente dernières années, la majorité des
exploitations n’a pas introduit de nouvelles variétés malgré les changements agro-
environnementaux qui se sont déroulés dans cette zone agro-écologique. De plus, on constate
159
que le nombre d’exploitation ayant introduit une ou deux variétés est passé de 34% dans les
années 80 à 21% en 2013 (tableau 39). C’est au niveau du type 3, et particulièrement ceux
situés dans le sud du Bassin, qu’on observe les introductions de variétés les plus importantes.
On peut l’expliquer par la culture de l’arachide qui joue un rôle moteur dans l’économie
rurale poussant les agriculteurs à expérimenter la diversité de variétés en fonction des cycles
(court, intermédiaire, long) pour mieux s’adapter à la variabilité climatique.
Tableau 39 : Évolution du nombre de variétés introduites entre 1980 et 2013
Exploitation nombre variétés introduites 1980 nombre variétés introduites 2013
0 1 2 0 1 2
Nord Bassin
Type 1 89% 11% 91% 9% 0%
Type 2 63% 25% 13% 82% 18% 0%
Type 3 67% 29% 5% 75% 21% 4%
Sud Bassin
Type 1 50% 36% 14% 82% 15% 4%
Type 2 - - - - - -
Type 3 73% 13% 13% 71% 19% 10%
Bassin Arachidier 65% 25% 9% 79% 17% 4%
Source : Nos enquêtes 2013
En plus du faible nombre de variétés introduites, il a été aussi relevé une très faible utilisation
des semences certifiées dans les exploitations (17%) au niveau du Bassin tout en sachant que
ces semences peuvent participer à hauteur de 30 à 35% à la productivité agricole. Cependant,
nous notons une grande disparité entre le nord où moins de 2 % des exploitations utilisent les
semences améliorées alors dans le sud Bassin, on arrive à 33% des exploitations. Cette
différence s’explique par l’orientation des cultures vers l’arachide et du maïs au sud du Bassin
alors dans le nord, le mil est dominant.
160
Tableau 40 : Utilisation des semences certifiées dans les exploitations
Exploitation Utilisez-vous des semences certifiées?
Oui Non
Nord Bassin
Type 1 5% 95%
Type 2 0% 100%
Type 3 0% 100%
Sud Bassin
Type 1 30% 70%
Type 2 0% 100%
Type 3 37,5% 62,5%
Bassin Arachidier 17% 83%
Source : Nos enquêtes 2013
Ce sont les types 1 et 3 au niveau du sud Bassin qui utilisent davantage de semences
certifiées, ce qui peut s’expliquer par le long partenariat avec la recherche agricole (unités
expérimentales) mais aussi par la prédominance de la culture de l’arachide.
Par rapport aux engrais, nous constatons que le niveau d’utilisation est très faible
particulièrement pour les engrais chimiques (8 kg par ha de terres cultivées au niveau
national)21
. Dans le Bassin, le niveau d’utilisation (35 kg/ha terres cultivées, enquêtes 2013)
est supérieur au niveau national mais cela reste faible (tableau 41) par rapport aux besoins des
cultures.
Tableau 41 : Niveau d’utilisation des engrais en 1980 et en 2013 (Kg)
Exploitation
Urée
utilisée
1980
Urée
utilisée
2013
NPK
utilisé
1980
NPK
utilisé
2013
Fumier
utilisé
1980
Fumier
utilisé
2013
Nord Bassin
Type 1 94 103 239 244 2786 3550
Type 2 94 91 175 123 917 1286
Type 3 90 67 435 169 304 1224
Sud Bassin
Type 1 39 54 183 175 1154 2587
Type 2 - - - - - -
Type 3 93 57 263 161 473 1404
Bassin arachidier 76 68 272 172 953 1935
Source : Nos enquêtes 2013
21
http://ns.cse.sn/fao/elemtsnut.htm
161
De plus, la quantité d’urée utilisée dans le bassin a baissé entre 1980 et 2013 et cette baisse se
fait plus ressentir au sud du Bassin et pour les exploitations de type 3. Pour le NPK, on note la
même tendance à la baisse particulièrement pour les exploitations de type 3. Globalement, il
est constaté une utilisation plus importante de l’engrais au nord du Bassin. Cette différence
peut s’expliquer par la pauvreté des sols qui sont plus marquée au nord du Bassin qu’au sud.
Par contre, l’utilisation d’engrais organique a augmenté au niveau de l’ensemble des
exploitations et particulièrement pour les exploitations de la zone nord.
À côté de ce déficit d’utilisation des intrants, on remarque aussi un faible renouvellement du
matériel agricole qui se traduit, généralement au niveau des exploitations, par sa vétusté
(tableau 42). Cela engendre des réparations répétitives et son manque ou son absence peut
retarder le démarrage à temps de certaines opérations culturales.
Tableau 42 : Évolution du matériel agricole entre 1980 et 2013
Exploitation Nombre de houes sine Nombre de semoirs Nombre de charrues
1980 2013 1980 2013 1980 2013
Type 1 1,0 1,2 1,1 0,9 0,0 0,0
Nord Bassin Type 2 1,0 1,8 0,9 0,9 0,1 0,0
Type 3 1,3 1,3 1,2 1,0 0,1 0,0
Type 1 0,7 0,7 1,1 0,9 0,1 0,1
Sud Bassin Type 2 - - - - - -
Type 3 1,1 1,0 0,9 0,6 0,2 0,1
Bassin arachidier 1,0 1,1 1,1 0,9 0,1 0,0
Source : Nos enquêtes 2013
Avec la réduction du temps de jachère, l’insuffisance, voire l’absence de la fertilisation, des
terres et le non renouvellement du matériel agricole, les sols deviennent de plus en plus
dégradés. Ainsi, les spéculations au niveau du Bassin n’atteignent pas leur potentiel de
production et ont des rendements très moyens (tableau 43) malgré l’accompagnement des
structures de développement, de la recherche et des services décentralisés des ministères de
tutelle.
162
Tableau 43 : Évolution des rendements entre 1980 et 2013
Exploitation rdt mil 1980
rdt mil 2013
rdt maïs 1980
rdt maïs 2013
rdt arachide
1980
rdt arachide
2013
Nord Bassin
Type 1 813 689 967 740 850 710
Type 2 783 691 767 520 783 777
Type 3 915 680 1357 904 906 654
Sud Bassin
Type 1 545 628 750 417 670 711
Type 2 - - - - - -
Type 3 739 569 1043 850 804 604
Bassin Arachidier 733 641 1068 767 790 680
Source : Nos enquêtes 2013
Toutefois, dans le sud du Bassin où les conditions climatiques et édaphiques sont meilleures,
on constate une amélioration des rendements entre les deux périodes pour les exploitations de
type 1 alors pour le mil et pour l’arachide alors qu’au nord on relève une légère baisse pour
les principales cultures.
2-3- Risques économiques
Bien que les exploitations du Bassin autoconsomment une part importante de leur production,
elles sont de plus en plus ouvertes aux marchés pour écouler une partie de leur production
(arachide et de plus en plus céréales) mais aussi pour acquérir des produits surtout durant la
période de soudure. Les prix des céréales qui subissent les lois de l’offre et de la demande,
contrairement à l’arachide qui dispose d’un prix fixé par l’État, ont augmenté ces dernières
années aussi bien dans les marchés ruraux qu’urbains (tableau 44).
163
Tableau 44 : Évolution des prix des céréales de 1997 à 2012.
Prix moyen 1997-2001 2002-2007 2008-2012
Taux (1997-
2001)/ (2002-
2007)
Taux (2002-
2007)/ (2008-
2012)
Taux (1997-
2001)/ (2008-
2012)
Mil
Oct-Dec
Fatick
133 152 200 15% 32% 51%
Jan-Mars 154 177 211 15% 19% 37%
Juin-Août 135 138 198 3% 43% 47%
Oct-Dec
Diakhao
123 134 139 8% 4% 13%
Jan-Mars 132 131 157 -1% 20% 19%
Juin-Août 131 121 130 -8% 7% -1%
Oct-Dec
Kaolack
117 130 164 11% 26% 40%
Jan-Mars 140 149 190 6% 28% 35%
Juin-Août 122 131 165 7% 26% 35%
Oct-Dec
Mabo
103 117 159 14% 36% 54%
Jan-Mars 129 131 140 1% 7% 9%
Juin-Août 108 122 87 13% -29% -20%
Maïs
Oct-Dec
Fatick
152 123 198 -19% 61% 30%
Jan-Mars 133 88 215 -34% 145% 61%
Juin-Août 117 90 206 -23% 130% 76%
Oct-Dec
Diakhao
120 63 139 -47% 121% 16%
Jan-Mars 80 116 122 44% 5% 51%
Juin-Août 65 54 108 -18% 102% 66%
Oct-Dec
Kaolack
135 134 176 -1% 31% 30%
Jan-Mars 152 144 196 -5% 36% 29%
Juin-Août 129 127 166 -1% 30% 29%
Oct-Dec
Mabo
117 121 163 3% 35% 39%
Jan-Mars 136 135 106 -1% -22% -23%
Juin-Août 112 112 87 0% -22% -22%
Source : Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA)
Les céréales traditionnelles, principalement destinées à l’autoconsommation, voient de plus en
plus leur excédent commercialisé. De plus, les exploitations ont aussi tendance à signer des
contrats avec des transformateurs ou des commerçants afin de disposer d’un marché pour ces
céréales à commercialiser. Le coût de production est estimé en moyenne de 130 F CFA/kg
avec une marge nette de 50 F CFA (Fall et al., 2008). On note certes une évolution des prix
moyens en période de récolte (janvier-février) des céréales sèches ces dernières années du fait
d’une demande plus importante surtout portée par les transformateurs mais ils restent peu
164
compétitifs par rapport aux prix de ventes observées au niveau des différents marchés. En
effet, le prix au niveau des marchés ruraux varient entre 120 et 140 FCFA/kg, ce qui laisse
une très faible marge aux agriculteurs qui ne peuvent pas jouer sur l’économie d’échelle à
cause des faibles quantités mises en vente et du faible niveau de rendement des céréales/
Les faibles niveaux de revenus dégagés au niveau des exploitations ainsi que les faibles
possibilités d’épargne font que les exploitations disposent de peu de membres ayant un
compte en banque même si on note une légère amélioration par rapport aux années 80
(tableau 45).
Tableau 45 : évolution des personnes ayant un compte et un crédit
EXPLOITATION
compte en
banque
1980
compte en
banque
2013
Nombre
crédit en
1980
Nombre
crédit
en 2013
Possibilité accès crédit
oui Non
Nord Bassin
Type 1 0 0,4 0 0,4 33% 67%
Type 2 0 0,6 0 0,6 55% 46%
Type 3 0 0,4 0,1 0,5 43% 57%
Sud Bassin
Type 1 0 0,1 0 0,1 31% 69%
Type 2 - - - - 100% 0%
Type 3 0 0,5 0 0,6 17,5% 82,5%
Bassin arachidier 0,0 0,4 0,0 0,4 35% 65%
Source : Nos enquêtes 2013
Ce manque de rentabilité économique se répercute sur l’octroi du crédit. En effet, 35% des
exploitations en disposent avec, en moyenne, une personne par exploitation. Il faut relever
que malgré une légère augmentation entre les deux périodes, on constate que le nombre de
crédit par type d’exploitation demeure très faible voire insignifiant. Les autorités doivent
mettre l’accent sur l’accroissement de l’offre de crédits au niveau des exploitations pour leur
permettre de mieux faire face aux contraintes auxquelles elles sont confrontées. Les besoins
financiers sont très importants surtout en début de campagne hivernale autant pour la
réparation du matériel agricole que pour la disponibilité des intrants, cette impossibilité de
disposer du crédit devient un facteur limitant pour la productivité de l’exploitation.
Cependant, d’autres sources de revenus peuvent provenir des transferts des émigrés ou de
revenus obtenus avec une activité extérieure, mais ils restent relativement modestes et sont
plus orientés vers l’achat des aliments. Elles proviennent des personnes émigrées ou
165
travaillant à l’extérieur de l’exploitation qui sont peu nombreuses. Nous relevons en moyenne
une personne par exploitation (Tableau 46) bien que nous observons une augmentation par
rapport aux années 80. De plus, les envois ne se font pas de manière régulière et très souvent,
ne correspondent pas aux périodes de fortes sollicitations financières.
Tableau 46 : Transfert d’argent (FCFA), nombre de travailleurs extérieurs
Type d'exploitation Type 1 Type 2 Type 3 Bassin
transfert émigrés 1980 31 250 0 6 061 16 667
transfert émigrés 2013 26 184 11 364 42 370 32 305
personnes avec revenus réguliers 1980
0,1 0,0 0,2 0,1
personnes avec revenus réguliers 2013
0,7 0,5 0,5 0,6
Source : Nos enquêtes 2013
A la lumière de ces résultats, les exploitations agricoles du Bassin arachidier sont soumises à
différentes contraintes qui peuvent être de plusieurs natures. Pour les risques naturels, malgré
une augmentation graduelle de la température et un impact négatif des vents du fait de la
disparition de la végétation, le retour du cycle de la bonne pluviométrie permet aux
exploitations d’être plus optimistes pour leurs activités agropastorales. En effet, la majeure
partie de ces exploitations ont comme activité principale l’agriculture pluviale qui a connu un
ralentissement du fait des différents cycles de sécheresse. Le retour d’une pluviométrie
normale augure d’une amélioration de la production et de la biodiversité au niveau du Bassin
arachidier. La pluie, étant un des éléments qui impacte le plus leurs activités agropastorales,
demeure une source de risque dans la zone sud du Bassin même si elle est de moins en moins
perçue par les exploitations comme telle avec le retour du cycle favorable de la pluviométrie.
Cependant, dans la zone nord, elle continue de ressortir parmi les contraintes même si elle est
reléguée à la quatrième place. L’augmentation de la température présente des incidences sur
le déroulement de l’hivernage et particulièrement sur les variétés à choisir. Le vent joue un
rôle important dans la circulation de l’alizé continental pour l’amélioration des conditions
climatiques mais on relève aussi un impact négatif sur une bonne partie du Bassin. En effet,
l’érosion éolienne y est particulièrement importante avec des répercussions négatives sur les
terres agricoles.
Pour ce qui est des risques économiques, ils sont faiblement perçus dans les exploitations
agricoles du Bassin car pour la majorité, celles-ci produisent pour l’autoconsommation
166
particulièrement pour les céréales sèches. L’arachide qui est la principale culture commerciale
est souvent accompagnée par les autorités étatiques pour garantir un prix minimum. Avec la
crise de la filière arachide, de nouvelles stratégies (transformation traditionnelle en huile,
vente sur le marché parallèle ou aux exportateurs, diminution des superficies d’arachide au
profit des céréales sèches) ont été créées pour garantir des débouchés commerciaux pour les
exploitations. Il y a aussi un faible niveau d’épargne et d’investissement à cause notamment
de la faible productivité des exploitations. En effet, les risques agronomiques sont ceux qui
semblent le plus préoccuper les exploitations agricoles du Bassin. Ainsi, parmi les principales
contraintes, elles mettent en avant les contraintes structurelles, concernant particulièrement
l’accès aux intrants (engrais et semences) et au matériel agricole. Le retour d’une
pluviométrie normale n’a pas réellement les résultats escomptés car les intrants ne sont
souvent pas disponibles à temps et donc faiblement utilisés. Le matériel agricole dans les
exploitations est très réduit, dégradé et doit être réparé souvent. De plus, l’indisponibilité de
nouveaux matériels est due à leur inaccessibilité dans toutes les zones mais surtout à leur coût
face aux faibles niveaux de revenus.
La conséquence de ces actions est le faible niveau de production observé dans les
exploitations agricoles du Bassin avec pour principale origine les risques naturels et
agronomiques. Ces conclusions nous permettent d’affirmer que ces deux types de risques sont
ceux qui influencent le plus les exploitations agricoles confirmant, ainsi notre première
hypothèse.
Ainsi, cette mutation observée dans l’environnement de production dans le Bassin arachidier
favorise l’accentuation de la vulnérabilité des exploitations agricoles qui dépendent, dans la
majorité des cas, des ressources naturelles, agronomiques et financières. Dans ce qui suit,
nous allons analyser la vulnérabilité de ces exploitations en rapport avec leur niveau de
productivité.
167
3- L’analyse de la vulnérabilité des exploitations agricoles
Les exploitations agricoles familiales sont considérées, parmi les unités économiques, comme
les plus vulnérables du fait de la nature de leur activité qui est fortement dépendante
d’attributs qu’elles ne maitrisent pas. En effet, ces exploitations sont situées dans une zone qui
est caractérisée par son instabilité climatique mais aussi par une croissance démographique
soutenue comme le soulignent Barbier et al. (2009). Le Bassin arachidier, situé dans la bande
du Sahel, a connu différentes sécheresses à partir des années 1970 qui ont fini par déstructurer
les exploitations agricoles tout en renforçant leur résilience. De plus, l’augmentation de la
population a favorisé une plus grande pression sur les ressources naturelles ainsi que le
fractionnement des exploitations. La conséquence est une dégradation des moyens de
production et une baisse de la production et des revenus par tête. Ce faisant, les contraintes
d’ordre structurel (vétusté matériel agricole, déficit de semence de qualité, faible utilisation
d’engrais, …) se sont font sentir avec plus d’acuité accentuant leur vulnérabilité. Comme le
relève Trench et al. (in Barbier, 2009, p.3) « La situation générale est que les agriculteurs et
les éleveurs sahéliens sont encore très vulnérables et que les instruments adéquats pour
réduire cette vulnérabilité ne sont pas encore disponibles » (traduit par nous). Toutefois, une
meilleure compréhension de la vulnérabilité des exploitations agricoles familiales peut avoir
des incidences positives au niveau national car les exploitations agricoles regroupent une part
importante de la population. En effet, les différentes formes de risques ont un impact
multidimensionnel sur ces exploitations d’où l’intérêt d’analyser les principaux indicateurs de
la vulnérabilité pour mieux la circonscrire.
3-1- Indicateur pour l’exposition
Les variables prises en compte sont la pluviométrie et la température qui peuvent avoir des
incidences sur les activités agropastorales au niveau du Bassin arachidier. Pour ce faire, nous
avons utilisé une série sur une vingtaine d’année (1989-2009) pour voir la variabilité annuelle
de la pluviométrie et de la température au nord (Fatick et Bambey) et au sud (Kaolack et
Nioro) du Bassin.
Ainsi, on constate que l’indice de l’exposition en rapport avec la variabilité intra-annuelle
pluviométrique est légèrement plus élevé au sud du Bassin alors que celui en rapport avec la
température est sensible plus grand au nord (Tableau 47). Les exploitations sont ainsi plus
sensibles à la pluviométrie qu’à la température. Ceci peut s’expliquer par le fait que les
168
principales activités (agriculture et élevage) ne sont pas viables sans la présence de l’eau à
cause des systèmes de production en vigueur dans le Bassin.
Tableau 47 : Indice de l’exposition
Exploitation Pluie Température Indicateur de
l’exposition
Zone Nord 0,61 0,55 0,58
Zone Sud 0,63 0,52 0,57
Source : auteur
Globalement, la pluie et la température ont une incidence négative au niveau des exploitations
avec un indicateur sensiblement élevé de 0,58 en moyenne. Il est sensiblement identique au
niveau du Bassin arachidier même si on relève un taux légèrement plus important au nord.
3-2- Indicateur pour la sensibilité
Les variables identifiées sont en rapport avec les principales activités au niveau de
l’exploitation particulièrement en rapport avec l’agriculture et l’élevage. Nous avons mis
l’accent sur les principaux facteurs de production que sont le foncier, la main d’œuvre, les
intrants et le matériel agricole. Sachant que la culture attelée est généralisée dans la zone,
nous avons pris aussi en considération le taux de couverture en traction animale (tableau 48).
Tableau 48 : Indicateur pour la sensibilité
Exploitation Nord Bassin Sud Bassin Bassin
Arachidier Type 1 Type 2 Type 3 Type 1 Type 2 Type 3
Taux couverture céréales 0,73 0,83 0,81 0,79 0,76 0,78 0,79
Foncier par actif 0,79 0,84 0,87 0,84 0,87 0,84 0,87
Taux couverture équipement 0,78 0,73 0,79 0,81 0,75 0,84 0,80
Taux couverture traction
animale 0,90 0,86 1,00 0,96 0,88 0,90 0,92
Taux couverture engrais 0,89 0,90 0,86 0,90 0,93 0,82 0,91
rendement v/s potentiel22
0,91 0,98 0,74 0,82 0,92 0,45 0,87
nombre de marché à proximité
en 2013 0,78 0,73 0,67 0,58 - 0,62 0,65
hospitalisé 0,15 0,23 0,18 0,14 0,00 0,02 0,14
% actif sur population totale 0,86 0,84 0,86 0,85 0,93 0,87 0,86
Non actifs par actif 0,12 0,12 0,11 0,17 0,21 0,27 0,17
Indicateur de la sensibilité 0,69 0,71 0,69 0,69 0,69 0,64 0,70
Source : auteur
22
Potentiel : il représente les rendements des variétés donnés par la recherche agricole. Dans la pratique, on
constate qu’ils sont rarement obtenus par les agriculteurs dans le Bassin.
169
L’indicateur de la sensibilité est relativement important au niveau du Bassin arachidier. On
observe des contraintes similaires entre le nord et le sud mais aussi en fonction des différents
types d’exploitation. En effet, la majorité des variables de la sensibilité présente des indices
relativement importants, ce qui montre une accentuation de leur vulnérabilité. Ces variables
sont en rapport avec les contraintes structurelles (foncier, équipement, engrais) qui ont une
forte influence sur le niveau de production des exploitations en bonne année pluvieuse. Le
rendement réel des cultures par rapport au rendement potentiel reste faible dans la majorité
des exploitations d’où une couverture minimale leurs besoins alimentaires. Néanmoins, les
exploitations de type 3, et particulièrement au sud du Bassin, présentent un rendement
réel/rendement potentiel plus intéressant par rapport aux autres types. Cela peut s’expliquer
par l’accompagnement de longue durée que la recherche leur a apporté au niveau des unités
expérimentales. Le nombre réduit d’actifs par rapport à la population de l’exploitation dans
une partie des exploitations a une incidence négative sur le déroulement des activités
agropastorales.
3-3- Indicateur pour la capacité d’adaptation
À ce niveau, les variables ont concerné les dispositions des exploitations en rapport avec les
marchés, l’éducation, les revenus, les liens avec les institutions financières et
organisationnelles. Elles nous permettent de voir le dynamisme au sein des membres des
exploitations et les sources de revenus ou de financements.
Tableau 49 : Indicateur pour la capacité d’adaptation
Exploitation Nord Bassin Sud Bassin Bassin
Arachidier Type 1 Type 2 Type 3 Type 1 Type 2 Type 3
enfant scolarisés par
actif 0,16 0,09 0,09 0,14 0,09 0,14 0,13
Emigrés par actifs 0,16 0,14 0,11 0,11 0,16 0,11 0,11
revenu sur PNB23
0,82 0,90 0,92 0,87 0,90 0,92 0,90
compte banque 0,91 0,92 0,93 0,96 0,92 0,90 0,92
Accès crédit 0,95 0,94 0,94 0,98 0,94 0,91 0,94
membre OP 0,96 0,96 0,97 0,96 0,96 0,94 0,95
revenu régulier 0,93 0,96 0,94 0,92 0,96 0,91 0,92
lire et écrire 0,86 0,96 0,94 0,89 0,96 0,91 0,90 travail hors
exploitation 0,92 0,94 0,96 0,91 0,94 0,95 0,93
Indicateur capacité
d'adaptation 0,74 0,76 0,76 0,75 0,76 0,74 0,75
Source : auteur
23
PNB : Produit National Brut
170
Cet indicateur est très élevé montrant ainsi les limites des exploitations à faire face aux
mutations. Il est surtout caractérisée par des contraintes de revenus (niveau revenu agricole
par rapport au PNB est très faible d’où l’accès difficile aux crédits au niveau des institutions
financières) mais aussi de faible niveau d’instruction et d’information ce qui est à l’origine de
la faible réactivité des exploitations agricoles face aux contraintes.
3-5- Indice de vulnérabilité au niveau de l’exploitation
L’indice de vulnérabilité au niveau de l’exploitation est relativement élevé (0,66). Les
indicateurs en rapport avec la capacité d’adaptation et la sensibilité sont les plus importantes
(tableau 51).
Tableau 50 : Indice de vulnérabilité au niveau de l’exploitation
Exploitation
Vulnérabilité
Exposition Sensibilité Capacité
d'adaptation Exploitation
Nord Bassin
Type 1 0,58 0,69 0,74 0,67
Type 2 0,58 0,71 0,76 0,68
Type 3 0,58 0,69 0,76 0,67
Sud Bassin
Type 1 0,57 0,69 0,75 0,67
Type 2 0,57 0,69 0,76 0,67
Type 3 0,57 0,64 0,74 0,65
Bassin Arachidier 0,58 0,70 0,75 0,67 Source : auteur
La vulnérabilité des exploitations du Bassin est présente des similitudes entre la zone nord et
la zone sud. En effet, la contrainte sur l’agriculture reste centrale en rapport avec la
disponibilité des moyens de production. Elle est légèrement plus importante dans la zone nord
par rapport à la zone sud. La capacité de réaction des exploitations est presque identique dans
les deux zones car les différents types d’exploitations présentent les mêmes caractéristiques
avec un faible taux d’alphabétisation, d’accès aux crédits, de niveau d’investissement et de
revenus irréguliers. Les données recueillies au niveau des exploitations montrent un faible
taux d’équipement et de couverture en traction animale, un recours aux semences certifiées et
en quantité d’engrais insuffisants. Ces éléments vont dans le sens de notre deuxième
hypothèse à savoir que la vulnérabilité des exploitations agricoles de la zone du Bassin
arachidier dépend de la taille et de la dotation en moyens des exploitations. En effet, les
contraintes structurelles sont de plus en plus perçues par les agropasteurs comme les
problèmes à résoudre surtout avec le retour de la bonne période pluvieuse. Pour ce faire, l’État
171
doit jouer un rôle central dans l’équipement et dans la mise à disposition à temps des intrants
agricoles au profit des exploitations agricoles. À défaut, un environnement institutionnel
adéquat doit être promu pour favoriser un partenariat public-privé afin de développer une
dynamique autour des chaines de valeur. Cela permettra de garantir un climat de confiance
entre les acteurs pour améliorer les transactions financières et les possibilités d’investissement
dans les moyens et facteurs de production.
Pour mieux dégager l’importance des contraintes observées au niveau du Bassin arachidier,
chaque exploitation enquêtée a élaboré selon sa perception, une classification des
vulnérabilités (biophysique, agriculture, socioéconomique démographique) du plus important
au moins important. Suite à cette classification, nous avons pu obtenir, pour chaque type
d’exploitation, et par zone, l’importance donnée par les exploitations à ces contraintes.
Tableau 51 : Niveau d’importance des contraintes pour les exploitations
Exploitation biophysique agriculture socioéconomique Démographique
Nord Bassin
Type 1 3 4 2 1 Type 2 2 4 3 1
Type 3 3 4 1 2
Sud Bassin
Type 1 3 4 1 2 Type 2 - - - - Type 3 1 4 2 3
Bassin Arachidier 3 4 1 2 Source : auteur Contraintes : 4 = plus important et 1 le moins important
Ainsi, nous constatons que les exploitations de la zone du Bassin mettent l’accent sur les
contraintes agricoles et biophysiques. La contrainte liée à la production agricole est générale
dans le Bassin où les facteurs de production font souvent défaut. Pour le nord, la contrainte
climatique est une réalité du fait de la grande variabilité spatio-temporelle alors que pour le
sud, c’est plus la pression démographique croissante qui pose souvent problème.
La réduction des différents types de vulnérabilité est impérative pour que les exploitations
arrivent à un développement durable. Pour ce faire, les exploitations agricoles doivent
nécessairement avoir une gestion raisonnée des ressources en conciliant intérêts immédiats et
exigence de renouvellement dans un contexte de modifications des conditions agro-
climatiques et socioéconomiques. C’est pourquoi, les agropasteurs du Bassin arachidier ont eu
à développer différentes stratégies face aux mutations observées. Ces stratégies endogènes ou
exogènes ont permis d’améliorer la résilience des exploitations agricoles face aux contraintes.
172
Nous allons les analyser dans le chapitre qui suit afin de dégager les pistes à promouvoir en
fonction des réalités de chaque zone.
Synthèse chapitre VI
Au niveau du Bassin arachidier, les exploitations agricoles sont soumises à différents aléas et
contraintes. Dans le cadre de cette étude, les agriculteurs ont mis l’accent sur les contraintes
structurelles telles que le manque d’intrants et de matériel agricole suivi des aléas climatiques
avec l’insuffisance des pluies. Ces risques ont des incidences très diverses dans le temps et
dans l’espace mais aussi selon les facteurs socioéconomiques au niveau des différents types
d’exploitations.
L’analyse des formes de risque montre qu’il y a une grande variabilité spatio-temporelle de la
pluviométrie avec différents épisodes de sécheresse qui ont fini par impacter négativement sur
les activités agropastorales avec une incidence plus marquée sur la partie nord du Bassin.
L’augmentation de la température et la persistance de l’harmatan ont eu des incidences
négatives sur l’environnement de production et la végétation. Ces incidences ont accentué la
vulnérabilité des exploitations agricoles en plus du faible niveau d’adoption des technologies
ainsi que du faible niveau d’intégration aux marchés.
Par rapport au niveau de vulnérabilité, l’indicateur de la capacité d’adaptation est le plus
important, suivi de l’indicateur de la sensibilité et de l’exposition. Toutefois, suivant
l’importance allouée aux indicateurs par les agriculteurs, l’indice de vulnérabilité biophysique
devient plus important que l’indice socioéconomique. Ainsi, on note une certaine similitude
pour les exploitations de la zone nord et sud du Bassin, mais avec une plus grande incidence
des contraintes biophysiques au nord et des incidences socioéconomiques plus marquées au
sud. Les contraintes autour de l’agriculture sont les plus importantes et se retrouvent sur
l’ensemble du Bassin arachidier.
173
Chapitre 7 : Les stratégies développées au niveau des exploitations agricoles Dans le Bassin arachidier comme pour le reste du Sénégal, les exploitations agricoles
familiales sont soumises à diverses formes de vulnérabilité qui peuvent être d’ordre politique,
technologique, socioéconomique et environnementale. Cet état de fait a favorisé le
développement d’une forte capacité de résilience des exploitations. Néanmoins, l’acuité et la
redondance des formes de vulnérabilité a fini de montrer les limites de résilience de ces
exploitations. D’où la nécessité d’analyser la capacité des exploitations à faire face à ces
situations diverses afin de mieux appréhender « les stratégies de conciliation de leurs intérêts
et besoins avec les ressources disponibles » (Sall et al., 2011). Pour faire face à la mutation de
leur environnement, et à une demande de plus en plus importante, les exploitations ont su
développer leur faculté d’adaptation en se basant sur des stratégies à différents échelles
(familiale, organisation..). Ainsi, elles mettent en place des mécanismes, au niveau individuel
ou collectif, pour proposer des solutions dans le court, moyen ou long terme.
1- Les stratégies de dispersion
L’analyse des expériences vécues a permis de révéler une grande capacité des exploitations
agricoles familiales à développer des stratégies pour répondre aux contraintes liées aux
mutations observées dans leur environnement immédiat. Dans le Bassin arachidier, ces
mutations, d’origine très diversifiées, ont permis la mise en œuvre d’une multitude de
stratégies à analyser dans un cadre holistique car étant inter-reliées les unes aux autres.
Cependant, pour nous départir de cette complexité, nous allons faire une analyse simplifiée
par le biais d’indicateurs pour caractériser les stratégies développées.
1-1- Stratégies d’innovation technique
Les stratégies d’innovation technique sont variées. Dans le Bassin arachidier, elles consistent
surtout en une adaptation des technologies proposées généralement par la recherche agricole.
Elles sont très variées et touchent plusieurs domaines de la production (gestion de la fertilité
du sol ; technologies post récolte et agroforestières ; matériels agricoles ; paquets
technologiques avec dose engrais minéraux, semence améliorée et itinéraire proposé par
recherche agricole ; etc.). Cependant, la plupart des producteurs ne disposent pas de moyens
financiers ou matériels pour les appliquer d’où le faible niveau d’adoption de ces technologies
174
avec en moyenne une technologie introduite au niveau de l’exploitation dans notre zone
d’étude (tableau 58).
Tableau 52 : Technologies et variétés adoptées
Exploitation nombre de technologies adopté
nombre de variétés introduites
nombre de vaches inséminées
Nord Bassin
Type 1 2,0 0,0
Type 2 1,3 3,0 0,0
Type 3 1,2 1,5 0,0
Sud Bassin Type 1 1,2 2,0 1,0
Type 2 - - -
Type 3 1,1 2,0 1,0
Bassin Arachidier 1,28 2 1
Source : auteur
On relève ainsi, pour les cultures principales, une faible introduction de nouvelles variétés
pour faire face à la variabilité climatique et pour l’amélioration de la productivité. Elles
tournent en moyenne autour de deux variétés introduites par exploitation. L’introduction de
ces variétés améliorées s’accompagnent de certaines exigences techniques qui ne sont souvent
pas respectées par les producteurs avec pour conséquence la non atteinte de leur potentiel réel
de production. Cependant, pour les céréales sèches (mil en particulier), on relève la pratique
du semis à sec pour faire face au retard des pluies. Cette pratique, qui est généralisée au
niveau du Bassin arachidier, permet aussi une meilleure allocation de la main d’œuvre durant
les périodes de forte demande du fait des systèmes de cultures pratiqués et d’une main
d’œuvre de plus en plus limitée. Le parcage des animaux sur les parcelles en saison sèche et la
rotation mil-arachide permettent d’améliorer la fertilité des sols, mais aussi d’assurer la
durabilité des moyens de productions du fait de l’abandon de la jachère. Une autre stratégie
concerne la dispersion des parcelles dans le terroir (nous avons recensé jusqu’à neuf parcelles
lors de nos enquêtes) pour limiter les risques de perte, mais on note aussi la pratique de la
diversification des cultures (entre une à quatre cultures en moyenne) ainsi que l’association
des cultures pour maximiser l’utilisation de l’espace. Cette diversification porte sur les
cultures céréalières (mil, maïs, sorgho), les cultures de rentes (arachide, pastèque) et le niébé
du fait de sa maturité précoce. Les activités non agricoles sont très diversifiées (plus d’une
dizaine d’activités recensée lors de nos enquêtes) et touchent une partie importante des
175
activités économiques (commerce, transport, maçon, domestique, etc.) mais concernent un
faible nombre dans l’exploitation (en moyenne une personne). Plusieurs autres stratégies sont
développées et cela est généralement fonction de l’environnement socioéconomique, de
l’impact de la contrainte et de la capacité de réaction de l’exploitation surtout en relation avec
le niveau de technicité et de revenus.
Dans le domaine de l’élevage, l’introduction de la culture attelée a permis une utilisation plus
importante des animaux de trait dans les exploitations afin de couvrir des superficies plus
importantes. En effet, la majeure partie du matériel agricole utilisée dans le Bassin est de type
attelé. L’utilisation des chevaux (entre 1 à 2 en moyenne) et des ânes (un en moyenne) est très
répandue dans l’ensemble de la zone alors que les paires de bœufs sont plus circonscrits au
sud du Bassin (en moyenne une paire). De plus, la pratique de l’élevage extensif permet de
répondre aux exigences agro-écologiques du Bassin arachidier qui voit les ressources
fourragères disparaitre au fur et à mesure que la saison sèche avance. Cependant, pour une
meilleure valorisation du troupeau, on relève le développement du croisement des races
ovines ou bovines afin d’obtenir des sujets avec un potentiel de croissance (production en
viande) plus important. Ainsi, l’embouche ovine et bovine se développe de plus en plus avec
la valorisation des sous-produits de l’agriculture et de la transformation. Nous notons aussi le
développement de l’aviculture suite à une meilleure organisation de l’aviculture traditionnelle.
1-2- Stratégies managériales
À côté des stratégies d’innovation technique, les exploitations agricoles cherchent à améliorer
leur durabilité par le biais de la réorganisation de leur travail ou par l’introduction de
nouvelles activités. Cela passe par une réallocation des soles de cultures avec l’introduction
de nouvelles spéculations hivernales, par le développement des cultures de contre-saison, par
l’adaptation des variétés en fonction de l’évolution du climat. Les actifs de l’exploitation
adhèrent à des groupements et des organisations paysannes à différentes échelles, pour
recevoir des informations sur les activités agricoles ou sur de nouvelles activités non
agricoles pour diversifier les sources de revenus et faire ainsi face à l’instabilité de leur
activité agropastorale. Une autre forme de gestion consiste à s’intégrer de plus en plus dans le
marché en augmentant les soles des cultures de diversification en plus des cultures de rente et
en étalant la vente des productions pour disposer de plus de revenus (liquidités) surtout lors
des périodes de soudure (tableau 53).
176
Tableau 53 : Types de stratégies managériales développés dans le Bassin arachidier
Exploitation Nord Bassin Sud Bassin Bassin
Arachidier
Type 1 Type 2 Type 3 Type 1 Type 2 Type 3
cultures maraîchères
introduites 1 1,5 3 1 - 4 2,14
cultures de
diversification
introduites 0 2 1 1 - 1 1,13
spéculation avec date de
semis modifiée 0 0 1,5 0 - 0 1,5
activités rémunératrices 1,29 1,14 1,42 1,05 - 1,3 1,22
membres de la famille
envoyés en ville 2,5 2 2,5 2,67 - 3,67 2,68
membre de la famille
inséré dans les réseaux 0 0 1,67 1 - 5,5 2,83
durée étalement vente
des produits (mois) 6 5,25 5,86 6,28 - 5,44 5,9
Démarche au niveau des
Institution de
Microfinance (IMF) 0 0 0 0 - 2 2
% membre famille ayant
participé formation 14% 5% 7% 21% 50% 15% 13,5%
% membre famille ayant
reçu appui conseil 0,0% 0,0% 0,0% 4,2% 0,0% 2,5% 3,3%
Source : Nos enquêtes 2013
Ces stratégies sont orientées vers les activités agropastorales et constituent les principales
occupations des populations rurales Les mêmes stratégies s’observent aussi bien au nord
qu’au sud du Bassin avec très peu de différenciation entre les différents types d’exploitations.
Le recours aux IMF est la moins développée du fait de systèmes de production qui
procurent très peu de ressources financières ainsi qu’une faible tradition relationnelle (lien)
avec les institutions financières.
1-3- Stratégies d’émigration
L’émigration a longtemps été développée pour faire face à l’incertitude de la production
agropastorale. Les principale causes des migrations à l’extérieur sont le le besoin d’aider la
famille par l’apport de revenus et l’amélioration du statut social de ceux qui migrent et de
leur famille. Elle a souvent concerné un faible nombre des membres des exploitations du fait
du rôle primordial de la main d’œuvre dans les activités productives. La migration qui
concerne les jeunes hommes et femmes se fait sous deux formes : l’exode à l’intérieur du
Sénégal et la migration internationale. La migration nationale, généralement continue,
177
concerne autant les hommes (commerce, ouvrier agricole, artisanat, mécanique…) que les
femmes (commerce, femme de ménage). Elle est l’œuvre des jeunes (86% d’hommes et 14%
de femmes dans le cadre de notre enquête) qui, à cause du manque d’activités au niveau du
terroir durant la saison sèche, vont monnayer leur force de travail en ville. Toutefois, ils
restent en continuellement en contact avec la famille avec qui ils partagent leur revenu. Ils
reviennent durant l’hivernage pour les activités agricoles. La migration internationale est plus
rare et concerne un petit nombre de personnes, généralement les hommes (huit hommes
contre une femme dans notre enquête dont la moitié en Europe et l’autre dans les pays de la
sous-région). Elle nécessite une planification et surtout des investissements importants sur le
plan financier mais aussi sur le plan humain. Néanmoins, si elle est réussie, elle permet
souvent à la famille de disposer de revenus conséquents pour subvenir aux besoins quotidiens
et faire des investissements dans ou hors du domaine agricole.
Au niveau de notre échantillon, le nombre de migrants reste relativement faible. Leur apport
pour la famille est, en majorité, régulière à occasionnel (tableau 54).
Tableau 54 : Niveau d’envoi d’argent et d’émigrés
Exploitation envoi d'argent Total
émigré
montant moyen
transféré 2013 régulièrement occasionnelle jamais
Nord Bassin
Type 1 48% 38% 15% 2,0 340 000
Type 2 33% 40% 27% 0,8 125 000
Type 3 47% 34% 19% 1,5 90 000
Sud Bassin
Type 1 17% 57% 27% 1,4 -
Type 2 0% 0% 0% 0,0 -
Type 3 40% 40% 19% 1,3 102 000
Bassin Arachidier 37% 42% 21% 1,4 171 571
Source : Nos enquêtes 2013
Le nombre d’émigrés tourne autour d’une personne avec un nombre plus important pour le
Type 1 au nord Bassin. L’objectif qui consistait à faire bénéficier de ressources financières à
l’exploitation n’est pas atteint, car seuls 37% des émigrés envoient régulièrement de l’argent à
cause d’une situation économique de plus en plus précaire aussi bien au niveau national
qu’international.
178
2- Les stratégies de protection
2-1- Stratégies d’épargne
L’épargne au niveau des exploitations agricoles est très faible du fait de l’orientation des
activités menées. En effet, les activités agropastorales sont orientées vers les cultures vivrières
et un élevage extensif qui sont généralement destinées à l’autoconsommation. Les activités
qui permettent de dégager des ressources financières concernent les cultures de rente et
l’élevage dans une moindre mesure. Les revenus monétaires obtenus sont généralement
réinvestis dans l’achat d’animaux (thésaurisation) ou utilisés pour les dépenses quotidiennes
(alimentation, santé, éducation des enfants,…). Ainsi, en situation critique, la vente des
animaux permet plus facilement de mobiliser de l’argent (Tableau (55)).
Tableau 55 : Vente animaux et dépôt dans institution de microfinance (IMF)
Exploitation nombre moyen animaux vendus
montant moyen dépôt IMF (FCFA)
Nord Bassin
Type 1 9 -
Type 2 5 -
Type 3 2 12 500
Sud Bassin
Type 1 3 -
Type 2 - -
Type 3 3 12 000
Bassin Arachidier 4 12 250
Source : Nos enquêtes 2013
L’utilisation de compte (banque ou institution de microfinance) est très faible, voire
inexistante dans la plupart des exploitations. Le lien avec les banques tient surtout à la
mobilisation d’un crédit. D’autres mécanismes pour favoriser l’épargne sont développés aussi
par le biais de solidarités sociales mises en œuvre souvent dans le cadre de tontines, par des
activités non agricoles, particulièrement le commerce, par le transfert d’argent en relation
avec le développement de l’émigration et de plus en plus du travail salarié (fonction publique,
ONG ou projet dans les zones rurales).
2-2- Assurance agricole
L’assurance agricole est une nouvelle alternative proposée aux producteurs du Bassin
arachidier mais elle n’est pas encore bien connue des populations. En effet, nous notons
quelques expériences pilotes dans le Bassin arachidier, à Nioro. Celles mises en place ont
179
tendance à s’élargir vers d’autres zones par le biais de l’accompagnement de projets de
développement et par la CNAAS. Comme ce nouvel outil n’est pas encore très connu au
niveau des exploitations, nous notons un faible niveau de souscription. Cependant, suite à la
communication de proximité développée par les agents de la CNAAS autour des produits
d’assurances dans les zones rurales, les exploitations agricoles sont de plus en plus
intéressées. Ces produits sont perçus par certains comme une alternative pour améliorer leur
base production (tableau 56).
Tableau 56 : Assurance agricole au niveau des exploitations agricoles
Exploitation
Accès assurance agricole
souscription assurance Intéressé par assurance
oui non oui non oui Non
Nord Bassin
Type 1 4,8% 95,2% 4,8% 95,2% 95,0% 5,0%
Type 2 0,0% 100,0% 0,0% 100,0% 100,0% 0,0%
Type 3 0,0% 100,0% 2,1% 97,9% 100,0% 0,0%
Sud Bassin
Type 1 2,2% 97,8% 0,0% 100,0% 50,0% 50,0%
Type 2 0,0% 100,0% 0,0% 100,0% 50,0% 50,0%
Type 3 2,5% 97,5% 2,5% 97,5% 37,5% 62,5%
Bassin Arachidier 1,10% 98,90% 1,70% 98,30% 71,50% 28,50%
Source : Nos enquêtes 2012
Plus d’EAF ont accès aux assurances dans la zone sud Bassin où les projets pilotes ont
démarré. Mais la souscription s’est faite dans les deux zones surtout avec les exploitations de
type 1 et 3 qui disposent d’un cheptel bovin et de petits ruminants plus important. En effet, les
premières polices d’assurance ont concerné les polices « récoltes » et « bétail », ce qui peut
expliquer l’orientation vers ces deux types pour l’ensemble du Bassin. On note aussi une
souscription aux assurances pour les exploitations de type 3 dans la zone sud. Ceci s’explique
par l’importance de la culture de l’arachide qui était une des premières cibles des assureurs
mais aussi du fait de la bonne structuration de cette filière.
L’intérêt porté aux produits d’assurances est inégal au sud du Bassin à cause d’une première
expérience peu concluante pour les exploitations de la zone, à cause d’un déficit
d’informations sur les polices d’assurances notamment sur les procédures. Au nord,
l’environnement agro-écologique étant plus précaire, les exploitations portent plus d’intérêt
aux produits d’assurance. Toutefois, il faut reconnaitre que le niveau de souscription global au
180
niveau du Bassin demeure très faible malgré une campagne de communication portée par la
CNAAS et les projets de développement.
3- Les stratégies d’évitement/contournement
Ces stratégies permettent aux exploitations de mieux asseoir leurs activités par une bonne
maitrise des facteurs de production. Pour ce faire, les producteurs vont à la recherche
d’opportunités de financements pour leurs activités agropastorales et vers des opportunités de
marché pour garantir l’écoulement de leur production.
3-1- Les crédits
Les besoins de crédit de l’agriculture et du monde rural varient suivant les situations mais ils
sont souvent motivés par le souci de disposer de facteurs de production. Pour la zone du
Bassin arachidier, l’approvisionnement en facteurs de production, tels que les semences, les
engrais chimiques, le matériel agricole, a toujours été basé sur une politique de subvention ou
de cession à crédit. Par contre, la main d’œuvre a toujours été prise en charge par
l’exploitation à travers des contrats de prestation généralement payés en nature. Toutefois,
avec l’évolution des différentes politiques agricoles, les conditions d’accès au crédit sont
devenues plus restrictives avec l’exigence d’un apport personnel. La conséquence est la baisse
de la production du fait d’une dégradation du capital semencier, de la baisse de l’utilisation
des engrais et d’un vieillissement du matériel agricole. Ainsi, dans notre zone d’étude, malgré
l’importance du crédit pour l’acquisition des facteurs de production, le niveau d’allocation des
crédits reste relativement faible avec 35% des exploitations pour un montant moyen de
192 452 FCFA au niveau de notre échantillon (tableau 57).
Tableau 57 : Nombre et montant des crédits alloués selon les types d’exploitation
Exploitation Nombre de crédit alloué
% EAF disposant de crédit
Montant crédit contractés
Nord Bassin
Type1 7 33% 137 857
Type 2 12 55% 157 333
Type 3 20 43% 84 200
Sud Bassin
Type1 15 31% 317 500
Type 2 2 100% 325 000
Type 3 7 18% 328 571
Bassin Arachidier 63 35% 192 452 Source : Nos enquêtes 2012
181
Nous constatons que les montants des crédits alloués sont plus importants dans la zone sud du
Bassin alors que le nombre d’allocataire est plus important au nord. Les exploitations de type
2 sont celles qui disposent du plus grand nombre d’allocataires de crédit en termes de
représentativité par type d’exploitation. Pour ce qui est des montants les plus élevés ce sont
les types 2 et 3 qui disposent des montants les plus élevés particulièrement dans le sud du
Bassin. Ces crédits sont plus orientés vers la culture de l’arachide et dans une moindre mesure
les céréales et l’élevage. Le remboursement de ces crédits est surtout supporté par les revenus
tirés de l’activité agricole, de l’embouche et du commerce (tableau 58).
Tableau 58 : Origine des fonds utilisés pour rembourser le crédit
Exploitation Revenu généré
par l'activité agricole
Embouche Vente
céréales Commerce
Transformation arachide
Salaire pension
Nord Bassin
Type1 0% 29% 14% 43% 14% 0%
Type 2 8% 42% 0% 50% 0% 0%
Type 3 5% 47% 0% 47% 0% 0%
Sud Bassin
Type1 62% 31% 0% 0% 0% 8%
Type 2 0% 0% 0% 100% 0% 0%
Type 3 57% 14% 0% 29% 0% 0%
Bassin Arachidier 23% 35% 2% 37% 2% 2%
Source : Nos enquêtes 2012
Les exploitations de la zone sud, avec des superficies plus grandes et une production
d’arachide plus importante, remboursent leur crédit principalement avec les revenus tirés de
l’agriculture et dans une moindre mesure avec le commerce. Pour la zone nord, le
remboursement est porté par l’embouche et le commerce.
3-2- Les contrats à termes
Le contrat est un moyen pour organiser la production et l'échange. Il constitue un dispositif de
coordination des activités et joue ainsi un rôle incitatif pour la production et la
commercialisation. Il permet d'accéder au crédit, aux nouvelles technologies et aux marchés,
favorisant l’obtention de revenus plus élevés. C’est ainsi que les activités agropastorales qui
étaient orientées vers l’autoconsommation sont de plus en plus intégrées aux marchés pour
bénéficier des opportunités. De ce fait, les cultures céréalières, qui étaient traditionnellement
entièrement autoconsommées, sont de plus en plus destinées au marché du fait d’une demande
croissante souvent portée par les unités de transformation. Des cultures comme le mil et le
182
maïs font l’objet de contrats particuliers (garantie de marché, mise à disposition de semences
améliorées, d’intrants par les unités de transformation ou de commerçants) pour améliorer
leur productivité et permettre de dégager un surplus commercialisable. Les contrats rencontrés
entre les différents acteurs sont de deux types : les contrats formels (contractualisation avec
un cahier de charges souvent entre une unité de transformation de céréales locales et un
groupement de producteurs) et les contrats informels (contrats tacites entre un producteur
indépendant et un grand commerçant de céréales locales qui dispose d’une assise financière
plus importante que le producteur).
La part de la production agricole mise en marché, bien que modeste actuellement pour les
céréales sèches, commence à s’accroitre (tableau 59).
Encadré 1 : Exemple de deux contrats formels dans le Bassin arachidier
Le contrat tripartite a regroupé l’Institut de Technologies Alimentaires, l’ASPRODEB (OP) et
AGRIDEV (Unité de semi-industriel de transformation) pour permettre un approvisionnement
régulier de l’unité de transformation dans le but de produire de la farine composée (blé et céréales
locales). Cette formalisation, facilitée par l’ITA et issue des conclusions des discussions entre les
différents acteurs, a permis la mise en place d’une base collaborative. Elle a abouti à
l’établissement de cahiers de charges pour faciliter une meilleure connaissance entre les deux
partenaires. Cette contractualisation n’a pas abouti du fait d’un déficit de communication entre les
acteurs, du non-respect des différentes clauses.
Le contrat entre des groupements de producteurs et d’une unité de transformation des céréales
locales qui est basé sur la fourniture de céréales locales sur la base d’un prix négocié et d’appuis à
la fourniture d’intrants. C’est le cas des contrats liant le groupement de Thiaré avec certains PME
transformatrices de céréales. Ainsi, pour l’obtention d’un produit de qualité, les transformateurs
ajoutaient 20 FCFA (10 F pour la qualité et 10 F pour le transport) au prix en cours sur le marché
hebdomadaire le plus proche. Ce type de contrat, très répandu, présente des limites du fait de la
surenchère qui peut avoir sur les céréales locales durant certaines périodes. En effet, le non-respect
des termes du contrat (périodes de livraison, quantités à livrer, qualité du produit) est à l’origine du
non renouvellement de ces contrats. De plus, le délai de paiement (50% à l’achat, 50% 15 jours ou
un mois plus tard) poussent certains producteurs à vendre leur production dans le marché parallèle
pour rentrer rapidement dans ses fonds.
183
Tableau 59 : Pourcentage des cultures principales vendu
Exploitation % vente par rapport à la production totale
Mil maïs Arachide
Nord Bassin
Type1 0,3% 0,0% 40,9%
Type 2 0,0% 0,0% 40,1%
Type 3 1,4% 0,0% 34,1%
Sud Bassin
Type1 21,4% 26,9% 78,5%
Type 2 0,0% 78,8% 60,6%
Type 3 17,1% 40,2% 81,6%
Bassin Arachidier 8,6% 31,9% 67,4%
Source : Nos enquêtes 2013
Les exploitations au sud du Bassin, qui bénéficient d’un environnement agro-écologique plus
favorable, ont des activités plus orientées vers l’agriculture. Elles commercialisent une part
plus importante de leur production céréalière (en moyenne 13% pour le mil et 49% pour le
maïs) contrairement à la zone nord où la commercialisation des céréales reste encore très
faible.
La pratique de contrat a tendance à se généraliser pour la plupart des spéculations mais elle se
heurte à des contraintes liées leur mise en œuvre. Les contrats requièrent des deux parties des
règles à respecter (la durée du contrat, la qualité du produit, la quantité à fournir, la date de
livraison du produit, le prix de vente et son mécanisme de fixation, les procédures de
résolution des conflits). Mais ces dysfonctionnements au niveau de l’application des contrats
peuvent être de diverses origines. Le plus souvent, ils portent sur la qualité du produit du fait
de la faible technicité ou de la non disponibilité de matériel agricole adéquat et sur le prix de
vente fixé au départ qui peut être moins incitatif par rapport au prix du marché observé. C’est
pourquoi le nombre de contrats observé dans notre zone d’étude est faible, voire inexistant
dans plusieurs localités.
184
Synthèse chapitre VII
L’analyse des stratégies montre une capacité d’adaptation des exploitations agricoles du
Bassin. Différentes stratégies ont été développées pour améliorer les facteurs et les moyens de
productions, l’organisation du travail, la diversification des cultures et des activités, la
diversification des revenus par la migration et des activités non agricoles. À côté d’autres
stratégies en rapport avec l’amélioration de la productivité et de la commercialisation à travers
les contrats à termes, l’acquisition des crédits pour favoriser les investissements ont été
développées pour mieux asseoir la base productive des exploitations. L’instabilité climatique
a toujours poussé les exploitations du Bassin à opter pour des stratégies de dispersion qui leur
permettent de minimiser les risques. Cela passe par l’introduction de nouvelles technologie et
la diversification des cultures et des activités mais aussi par l’insertion des membres de
l’exploitation dans des réseaux ou par l’émigration afin de favoriser l’obtention d’une
diversité de revenus. Les stratégies de protection sont aussi assez présentes dans les
exploitations surtout celles en rapport avec la thésaurisation à travers les animaux. Cependant,
l’épargne monétaire reste relativement faible et les relations avec les institutions financières
sont très limitées. De plus l’assurance agricole traditionnelle portée pour la CNASS ne semble
pas capter l’intérêt des exploitations agricoles du fait du coût des produits mais surtout de
l’absence de culture de l’assurance dans cette zone et au Sénégal en général. C’est pourquoi,
l’assurance indicielle est en train d’être introduite dans la zone pour essayer de toucher la
majorité des petites exploitations. L’assurance agricole traditionnelle concerne surtout les
cultures à fortes valeur ajoutée dans les filières bien structurées où les différentes parties
prenantes ont des relations étroites. Les stratégies d’évitement sont les moins présentes dans
les exploitations qui ont une faible viabilité économique et de leur faible capacité de
négociation avec les institutions de crédit. Néanmoins, on note une réorientation de leurs
activités en relation avec le marché, ce qui favorise une contractualisation avec d’autres corps
de métiers (transformation, commerçants) mais cela demeure relativement modeste dans le
Bassin arachidier.
Malheureusement, toutes ces actions développées pour améliorer leur résilience dans un
contexte de plus en plus instable ont fini par montrer leurs limites. En effet, les exploitations
sont toujours dans une situation précaire, caractérisées par une insécurité alimentaire
chronique et une instabilité des revenus surtout du fait des systèmes de production fragiles
185
fortement dépendants de la variabilité climatique et soumis à des contraintes structurelles
croissantes (matériel agricole inadéquat, disponibilité d’intrants aléatoire). Ainsi, les stratégies
développées par les producteurs du Bassin arachidier permettent de moins en moins
d’atténuer leur vulnérabilité dans le contexte du système pluvial. D’où l’intérêt d’aller vers de
nouvelles stratégies comme l’assurance agricole qui peut être considérée comme une stratégie
complémentaire. Cette dernière est de plus en plus préconisée pour le monde rural sénégalais
et particulièrement dans le Bassin arachidier où plusieurs initiatives sont expérimentées pour
une meilleure appropriation des populations dans le souci de faciliter l’acquisition de crédits
pour mieux asseoir une base productive durable.
186
Chapitre 8 : L’assurance agricole dans le Bassin arachidier Introduction Les exploitations agricoles sont des unités économiques généralement soumises à deux types
de risque à savoir les risques climatiques, les risques agronomiques et les risques
économiques. Dans le contexte du Bassin arachidier, les risques climatiques sont ceux qui se
font ressentir avec plus d’acuité. En effet, comme nous l’avons montré dans les chapitres
précédents, les exploitations agricoles familiales sont plus sensibles aux risques agricoles et
climatiques (particulièrement la pluie). Mais, les risques économiques sont importants aussi
dans le monde agricole du fait de la forte variation des prix aux producteurs.
La variation spatio-temporelle des pluies dans la zone du Bassin arachidier constitue une
contrainte majeure pour les EAF parce que les cultures dépendent en majorité des pluies.
Cette forte exposition aux calamités naturelles, le faible développement des instruments
financiers de gestion des risques, le coût élevé des programmes publics post-désastres ont
poussé les populations à développer une grande capacité de résilience afin de pérenniser leurs
activités dans un environnement en pleine mutation. Cependant, la plupart des stratégies
développées ont fini par montrer leurs limites, laissant ainsi les exploitations dans une
situation d’incertitude. En effet, l’insécurité alimentaire est de plus en plus présente au niveau
du Bassin arachidier favorisant la recherche de nouvelles stratégies alternatives ou
complémentaires. Celles-ci doivent améliorer les moyens de production pour garantir une
certaine stabilité des revenus provenant des principales activités. C’est ainsi que se sont
développés « des systèmes d’assurances agricoles adaptés aux paysannats africains » (Muller
et al., 2010) qui peuvent être utilisés comme outil d’adaptation au changement climatique.
Mais, leur développement requiert que certains préalables soient pris en considération.
La constitution d’une épargne individuelle est un des éléments non négligeable en vue de faire
face aux aléas courants et classiques de la production agricole. Toutefois, elle ne peut se
substituer à des mécanismes d’assurance, surtout en cas de gros accidents, qui peuvent
permettre de reconstituer son capital de production. Les problèmes majeurs concernent la
covariance du risque inhérente à l’agriculture, d’où l’intérêt de développer un système
d’assurance agricole solide qui puisse prendre en compte cette variabilité. Ainsi, allons-nous
passer en revue l’expérience sénégalaise des assurances agricoles qui sera suivie par les
différentes formes d’assurances dans la zone. Nous allons, par la suite, présenter l’assurance
187
indicielle avant de finir par l’analyse d’un cas pratique de projet pilote de l’assurance
indicielle dans le Bassin arachidier.
1- L’expérience sénégalaise des assurances agricoles
1-1- Genèse de l’assurance agricole
Selon le PNIA (2009), la genèse de l’assurance agricole a débuté en 1997. En effet, c’est au
cours de cette année que le gouvernement du Sénégal a lancé un ambitieux programme pour
la modernisation de l’agriculture, Programme de Relance de la Production agricole (PRPA),
afin d’aider les agriculteurs à disposer plus facilement d’intrants par le biais de l’accès au
crédit. Pour ce faire, trois types de fonds pour le financement de l’agriculture ont été créés à
savoir le fonds de bonification, le fonds de garanties et le fonds de calamité.
« Le fonds de bonification a été créé par décret n°2000-936 du 23 novembre pour alléger la
charge d’intérêt des prêts consentis au secteur de l’agriculture et de l’élevage. Il a pour
objectif d’améliorer la compétitivité de la production agricole et animale par l’application de
taux d’intérêt plus appropriés. Il permet de compenser le différentiel d’intérêt entre le taux
réel d’intermédiation des banques (qui est de 13% pour la CNCAS) et le taux de sortie
préconisé par les pouvoirs publics et arrêté à 7,5% qui est jugé plus compatible avec les
objectifs de développement du secteur.
Le Fonds de garantie a été créé par décret n° 99 733 du 27 juillet 1999 pour couvrir une part
du risque de non remboursement des crédits octroyés par des institutions de financement rural
au secteur de la production agricole et de l’élevage. Il prend en charge les créances non
recouvrées sur le financement de l’agriculture pluviale jusqu’à concurrence de 75% et sur les
cultures irriguées et la production animale jusqu’à hauteur de 50%, le reste étant pris en
charge par la structure de financement. La CNAAS a été la première institution à avoir
bénéficié de ce fonds.
Le fond de calamité a été créé par décret n° 99 734 du 27 juillet 1999 avec pour objectif
principal d’aider les producteurs ruraux ayant été confrontés à une calamité naturelle. Il leur
permet d’une part, de faire face aux prêts qui leur ont été consentis dans le cadre de leurs
activités de production agricole et animale et, d’autre part, de continuer de mettre en œuvre
leurs activités. Les calamités naturelles éligibles sont essentiellement : la sécheresse, les
188
inondations, les attaques aviaires. Le Fonds de calamités a été actionné à plusieurs reprises
pour prendre en charge partiellement ou totalement les dommages causés par les calamités
naturelles intervenues dans le monde rural (mouche blanche sur coton en 2000/2001,
inondations au niveau des bananeraies de Tambacounda en 2003/2004, pluie hors saison en
2002/2003, criquet pèlerin en 2004/2005, etc.). Son impact sur les revenus des producteurs est
plutôt indirect car il atténue les effets négatifs des sinistres, il restaure la capacité
d’endettement des exploitants auprès du système financier » (PNIA, 2003, 2009).
« Les dotations telles qu’elles avaient été prévues dans les différents programmes triennaux
d’investissement public (PTIP) s’élevaient à 43 533 millions FCA sur la période 1997-2003 se
répartissant comme suit:
Fonds de garantie : 24 460 millions
Fonds de bonification : 5 892 millions
Fonds de calamités : 13 181 millions » (PNIA, 2009)
Pour ce qui des assurances au niveau national, elles sont régies par le Code d’Assurance sous
régional mis en place par la Conférence Interafricaine des Marchés des Assurances (CIMA) le
15 février 1995. La CIMA travaille en relation avec les autorités en charge des assurances
dans tous les pays francophones signataires de la convention. Elle a pour rôle de promouvoir
le développement des assurances mais aussi de superviser et de réguler les activités des
compagnies d’assurance au niveau des marchés où elles évoluent. Tout nouveau produit
d’assurance au niveau national ou sous régional doit avoir l’aval de la CIMA avant d’être
développé. Au Sénégal, deux institutions sont responsables de la supervision du secteur de
l’assurance : la Commission Régionale de Contrôle des Assurances (CRCA) basée à
Libreville (Gabon) et la Direction des Assurances (DA) rattachée au Ministère de l’Économie
et des Finances (MEF). La DA collabore activement avec la Fédération Sénégalaise des
Sociétés d’Assurances (FSSA) au niveau national pour le diagnostic et le suivi du marché des
assurances, pour le respect de la réglementation et aussi afin de proposer des alternatives pour
améliorer l’environnement de l’exercice des assurances.
189
Ainsi, face à une situation de plus en plus précaire des agropasteurs, le gouvernement a eu
l’initiative de développer une assurance agricole. Pour ce faire, il a demandé à la DA et à la
Direction d’Analyse, de la Prévision et des Statistiques (DAPS) de faire des propositions pour
la mise en place d’une assurance agricole. Ainsi, plusieurs études, financées par le
gouvernement, ont été commanditées pour étudier l’effectivité de la mise en place de
l’assurance agricole (World Bank, 2009).
Le bureau d’étude Étude et Management de Projets (EMAP) a, suite à son étude réalisée en
2004 sur 1500 exploitations agricoles au niveau national, recommandé l’établissement d’une
compagnie d’assurance agricole financée par l’État, les privés et les organisations des
producteurs. Il a aussi proposé de commencer avec un certain nombre de cultures pilotes
(banane, riz irrigué, arachide) dans un nombre limité de zones test. Toutefois, l’étude n’a pas
précisé le type de police d’assurance pour l’agriculture et/ou l’élevage qui serait le plus
approprié pour les petites exploitations agricoles qui sont majoritaires en zone pluviale.
En 2006, la DA a contractualisé avec un groupe de consultance international, Agriculture
Reinsurance Consultants Ltd (ARC), pour réaliser une étude technique et de faisabilité pour
l’introduction de l’assurance agricole au Sénégal. Le premier constat des consultants est
qu’actuellement ou dans un futur proche au Sénégal, les assureurs privés ne pourront apporter
qu’un concours timide au développement de l’assurance agricole. C’est pourquoi leur
première recommandation a été de mettre en place, dans une phase de démarrage, une
compagnie d’assurance agricole publique spécialisée avec un partenariat public-privé et une
forte implication de l’ensemble des parties prenantes, et dans une seconde phase, de mettre en
place des démembrements à travers tout le pays. Pour les cultures, ARC propose une
assurance multi-péril rendement par zone où le paiement des indemnités est basé sur un index
rendement défini pour une zone géographique (qui peut être le département). Le consultant a
ainsi proposé des polices rendements par zone, calculé les indicateurs techniques et fait des
recommandations sur les primes à payer pour six cultures (arachide, coton, maïs, sorgho, mil
et riz). Pour les animaux, ARC a proposé deux polices d’assurance pour les chevaux, les
bovins, les ovins et les caprins :
(i) assurance accidents basiques et mortalité du bétail qui couvrent les accidents de la
route, la noyade, les feux de brousse et l’empoisonnement ;
190
(ii) assurance tous risques bétail qui couvre la mort naturelle ou accidentelle et les
maladies causant la mort à l’exception des épidémies et des abattages intentionnels.
En 2007, le gouvernement a fait appel à la DA pour qu’elle élabore un business plan pour la
création de la CNAAS qui sera une compagnie d’assurance agricole public-privé. La DA a
préparé une étude technique en mettant en exergue des propositions préliminaires concernant
le nouveau programme de l’assurance agricole. Cette première proposition a été révisée en
2008 et la création de la CNASS a été programmée pour l’été 2008 et le démarrage des
opérations est prévu pour l’hivernage 2009/2010.
Ainsi, c’est sous la houlette de l’État et des assureurs locaux qu’a été créée conjointement une
société d’assurance spécialisée dans la couverture des risques agricoles en 2008 et qui a
commencé à fonctionner en 2009. Le capital de la Compagnie Nationale d’Assurance
Agricole du Sénégal (CNAAS), qui est le fruit d’un partenariat public privé, est détenu à 52%
par les assureurs privés, 7% par les organisations paysannes et 1% par les privés nationaux.
L’État, qui détient 36% du capital, subventionne les primes commercialisées à hauteur de
50%. Ces assurances cherchent à s’adapter aux conditions de production du Sénégal tout en
tenant compte des exploitations traditionnelles et modernes.
1-2- Résultats des premières souscriptions aux assurances
Les produits d’assurances visaient principalement au début les productions agricoles majeures
(arachide, mil, maïs, coton, riz) et les produits de l’élevage. Depuis, ils se sont généralisés aux
produits horticoles (tomate, oignon, banane, …).
Cependant, le nombre de souscripteurs parmi les EAF au Sénégal reste relativement faible
comme le montrent les tableaux 60 et 61.
Pape Amadou Ndiaye (Directeur Général de la Compagnie nationale d’assurance agricole
du Sénégal-CNAAS) : « L’État du Sénégal a mis en place la compagnie avec les assureurs
pour venir en aide à ces couches défavorisées, elle s’adresse beaucoup plus aux
exploitations traditionnelles, mais les exploitations modernes sont aussi assurées ».
191
Tableau 60 : Évolution de l’adhésion aux polices récoltes
Récoltes Années
2009 2010 2011 2012 2013
Prime Nette Émise (en million FCFA) 38,6 42,7 43,0 190,4 300,0
Valeurs assurées (en million FCFA) 1 658, 2 2 383, 9 589, 3 1 141, 1 2 500,0
sinistres payés (en million FCFA) 0 0 0 3 504, 9 135,0
S/P en % 0,00 0,00 0,00 1,84 45,00
Nombre de producteurs assurés 1 621 1 348 1 285 2 103 5 000
Superficies totales assurées (ha) 27 907 2 680 2 617 2 617 2 600
superficies tomate 2 050 2 617 2 617 2 617 2 600
superficies arachide 12 32 0 70 100
superficies coton 25 845 0 0 0 1 000
superficies mil 0 14 0 0 0
superficies maïs 0 17 0 32 150
superficies riz 0 0 0 194 4 000
superficies oignon 0 0 0 26 50
Sources : CNAAS (2012)
Tableau 61 : Évolution de l’adhésion aux polices bétails
Élevage Années
2009 2010 2011 2012 2013
Prime Nette Émise (en million FCFA) 2,3 11, 8 21, 2 52, 6 450,0
Valeurs assurées (en million FCFA) 44,6 227,1 751,8 1 125,9 7 142,9
sinistres payés (en million FCFA) 0,07 0,8 9 ,6 17,0 180,0
S/P en % 3 7 45 32 40
Nombre d'éleveurs assurés 34 135 226 154 1 500
Nombre d'assurés aviculteurs 0 11 6 2 20
Nombre de bétail assuré 378 22 267 55 824 61 571 600 000
Bovins 195 282 1 461 2 854 28 000
Ovins 5 595 6 516 8 888 90 000
Caprins 139 160 3 672 18 674 180 000
Équins 39 137 150 171 2 000
Volaille 0 21 093 44 025 30 984 300 000
Source : CNAAS (2012)
Le niveau d’adhésion peu important des EAF peut s’expliquer par leurs faibles capacités
financières mais aussi par l’absence d’une culture (habitude) liée aux assurances. En effet, si
192
l’on prend le cas du coton, la Sodefitex, dans le cadre de la convention signée avec la
CNAAS, avait souscrit ses partenaires producteurs en 2009 mais ces derniers n’ont pas
renouvelé leur police d’assurance individuellement pour les années qui ont suivi. De plus, le
fort taux d’analphabétisme dans le monde rural peut être un frein à une expansion rapide des
assurances. Mais, M. Ndiaye estime que « les mutations sont lentes et que le taux élevé
d’analphabétisme dans le monde rural ne saurait constituer un frein à l’assurance agricole.
Les études de terrains se font en langues nationales, de même que la sensibilisation et la
communication, même si le contrat est rédigé en français ». Toutefois, on observe que les
polices d’assurances sont adoptées par les agriculteurs qui font des cultures commerciales et
pratiquent l’irrigation et des éleveurs qui ont une bonne assise financière.
2- Les produits d’assurance agricole
L’agriculture est une activité à haut risque. Il est difficile, voire impossible, d’éliminer
totalement les risques, mais il est possible d’essayer d’atténuer leur impact.
Au Sénégal, les exploitations agricoles familiales, qui occupent la majorité de la population
active, restent soumises à diverses contraintes qui limitent leur productivité. Bien que
disposant toujours de certains atouts pour le développement, elles restent faiblement ouvertes
à l’extérieur (microfinance, assurance, etc.) pour améliorer leurs moyens de production à
travers la réalisation d’investissements structurants. Ainsi, si une faible partie des EAF arrive
à faire face aux risques grâce à leurs capacités d’organisation ou financière, la grande majorité
reste soumise aux risques sur leurs cultures et leurs cheptels qui mettent en danger leur survie.
Différents types d’outils de prévention et de traitement du risque ont pu être identifiés
(warrantage, assurances, caisse de régulation, agriculture contractuelle, …). Alors, à côté des
processus d’adaptation traditionnellement utilisés, l’assurance agricole peut être un moyen
parmi d’autres, utilisé par les exploitations agricoles familiales, pour améliorer la protection
de leurs biens et de leurs outils de travail. C’est pourquoi, le choix de l’assurance agricole doit
généralement relever d’une stratégie de gestion globale du risque agricole. Les systèmes
d’assurance agricole sont financés par le secteur public, le secteur privé ou les deux à la fois
en fonction des pays et ont connu des évolutions rapides. Les assurances ont connu un
développement rapide à travers le monde avec des résultats très contrastés mais on note une
constante : elles ne peuvent être développés sans un appui de l’État au départ du fait de la
193
complexité de leur mise en œuvre et de l’importance des ressources financières qu’elles
mobilisent.
Ainsi, le secteur de l’assurance a un rôle important à jouer pour aider les communautés à gérer
les risques (climatiques, économiques, agronomiques …). Mais il reste très peu connu des
agriculteurs et des techniciens du Bassin arachidier. En effet, l’assurance agricole est un outil
potentiel de gestion des risques pour appuyer la productivité des exploitations agricoles,
stabiliser et sécuriser leurs crédits et favoriser l’investissement agricole. L’assurance sur les
cultures, le bétail ou d’autres biens est un instrument efficace de gestion de ces risques.
Différents types d’assurances existent dans le domaine agricole. Quel que soit le système , il
faut faire des choix entre l’objet de l’assurance (social ou commercial), le type de compagnie
(mutuelle ou société anonyme), la nature des produits (classique ou indicielle) et la catégorie
des assurances (micro-assurance ou classique). Les produits d’assurance peuvent être
regroupés en trois grandes classes : assurance par indemnisation, assurance revenu et
assurance indicielle.
1-1- L’assurance par indemnisation
L’assurance par indemnisation est déterminée par le paiement d’une réclamation sur la base
de la perte réelle subie par l’assuré. En cas de sinistre, le dommage est expertisé et
l’indemnité est déterminée. Ces contrats peuvent couvrir un risque unique ou multiple.
Assurance contre un risque unique : l’assurance contre un risque spécifié couvre les
dommages résultant d’un risque ou d’un aléa unique qui doit être stipulé expressément dans la
police (Sandmark et al., 2014). Certains préalables doivent être pris en considération :
la somme assurée est convenue au début du contrat. Elle peut être basée sur les coûts
de production ou sur le revenu prévu de la récolte ;
la perte est déterminée en pourcentage des dommages encourus par la partie assurée
telle qu’établi par un expert en sinistres aussitôt que les dommages se produisent ;
l'indemnité est calculée comme le produit du pourcentage des dommages et de la
somme assurée ;
194
des déductibles et des concessions sont normalement appliqués pour réduire
l'incidence des réclamations fausses et pour encourager l’amélioration de la gestion
des risques (Iturrioz, 2009).
L’avantage de ce produit tient à sa simplicité, au caractère abordable des primes et à la clarté
du contrat ainsi qu’aux risques facilement mesurables. C’est ce qui en fait le type d’assurance
le plus répandu dans le monde, particulièrement dans les pays du Nord. Dans ceux-ci, il
couvre contre les dommages de grêle et ceux rencontrés dans le domaine de l’horticulture et
de la floriculture, du bétail, de l’aquaculture de race, etc. Dans le Bassin arachidier, différents
produits sont nouvellement proposés par la CNAAS (assurance récoltes spécifiées, assurance
mortalité bétail par accident, assurance mortalité de bétail) aux exploitations agricoles du
Bassin à travers une agence délocalisée à Kaolack pour couvrir la zone.
Assurance multirisque : l’assurance multirisque par indemnisation couvre tous les aléas qui
affectent la production à moins que certains périls spécifiques aient été explicitement exclus
du contrat d’assurance. Ce type d’assurance apporte aux producteurs une couverture
assurantielle globale, mais pour un coût nettement plus élevé que l’assurance contre un risque
unique. Dans le Bassin arachidier, on note la présence d’assurance multirisque agricole,
d’assurance tous risques-récoltes proposées par la CNAAS.
1-2- L’assurance-revenu
L’assurance-revenu protège les parties assurées contre les effets conjugués des rendements
bas, des prix faibles ou une combinaison des deux et de la baisse du revenu net. C’est un
produit où la somme assurée n’est pas liée à la taille de la récolte mais aux recettes ou au
revenu qu’elle génère. Une condition préalable nécessaire à la mise en œuvre du produit est
l'existence de marchés des matières premières et des produits financiers dérivés développés.
Ceux-ci peuvent permettre aux assureurs de se protéger contre les diminutions de prix et de
passer l'ensemble ou une partie du risque des prix à d'autres preneurs de risque. Ce type de
produit n’est pas présent dans l’offre de produits d’assurance au niveau du Bassin arachidier,
surtout du fait de la faible structuration des marchés et de la faible implication des institutions
financières dans les activités agricoles. De plus, le prix de la principale spéculation
commerciale, l’arachide, est un prix subventionné, fixé par le gouvernement et qui ne répond
pas toujours aux réalités du marché.
195
L’assurance récolte, qui assure la perte de la récolte à cause d’un ou plusieurs événements, et
l’assurance bétail, qui couvre les risques de décès, de maladie ou de blessure du bétail, sont
les deux types qui sont parmi les plus utilisés. Néanmoins, l’assurance prix pourrait prendre
de l’ampleur dans les années à venir car le risque prix va certainement augmenter avec la
mondialisation et avec l’abandon de l’intervention de l’État particulièrement pour les pays
occidentaux. Toutefois, d’autres outils plus adaptés peuvent être mis en avant : les contrats à
terme (achat d’un droit de vendre une quantité standard d’un produit standard à un certain
prix), les contrats « forward » (engagement à acheter une certaine quantité d’un produit à un
prix fixé à une date donnée), l’assurance indicielle, …
1-3- L’assurance indicielle
Les produits de l'assurance agricole basés sur un indice sont payés sur base de la valeur d'un
«indice» et non pas sur un sinistre mesurable comme dans les systèmes d’assurance par
indemnisation. L'indice est une variable qui est en forte corrélation avec des pertes et dont le
niveau ne peut pas être influencée par les assurés. En agriculture, les indices doivent être
parfaitement corrélés avec les rendements agricoles pour éviter le risque de base. La réduction
du risque de base est un élément important pour non seulement gagner la confiance des
agriculteurs, mais également pour la survie des assureurs (De Janvry and al., 2010). Il existe
deux sous-catégories : les indices directs et les indices indirects :
l’assurance indicielle directe est basée sur un rendement moyen par zone, dont l’indice
direct est la moyenne du rendement, de la mortalité du cheptel ou des revenus sur un
territoire ;
l’assurance indicielle indirecte, qui repose sur d’autres types de données sous-jacentes
telles que la corrélation entre des indices de précipitation, de température ou de
végétation (calculés à partir des données de stations météorologiques ou d’images
satellite) et les pertes que les agriculteurs subissent sur le terrain (Sandmark et al.,
2014).
La condition préalable pour une exécution réussie de cette police d’assurance est que les deux
parties du contrat aient confiance dans l'objectivité et la transparence de l'indice. Pour ce faire,
l’existence de données suffisantes pour les différents indicateurs identifiés est une condition
impérative pour l’objectivité (impartialité) et la transparence (fiabilité). La flexibilité de ces
196
produits permet leur utilisation par les petites exploitations pas très dotées en ressources
financières mais elle permet aussi de créer de nouveaux produits d’assurance qui n’étaient pas
possibles avec les produits d’assurance traditionnelle. Ainsi, il n’est plus nécessaire
d’expertiser chaque sinistre individuellement, ce qui se traduit par la diminution des frais
administratifs, l’accélération du processus, mais surtout, la diminution des coûts des polices.
De plus, les problèmes d’asymétries d’information sont moins marqués, ce qui peut favoriser
une plus grande appropriation par les agriculteurs. Toutefois, il faut reconnaitre que les
recherches préalables à l’obtention de l’indice sont très coûteuses et mettent en relation
plusieurs spécialités d’où la nécessité d’une bonne coordination. En Afrique, on recense
plusieurs types d’indices dont les plus fréquemment utilisés sont : indice pluviométrique
saisonnier (différence entre le cumul des pluies d’une saison dans une région donnée et la
moyenne des données pluviométriques historiques de cette zone), l’indice paramétrique de
sécheresse à plusieurs phases (construction autour des différentes phases du
développement d’une culture végétative, développement, floraison, maturité),
l’indice sur un rendement moyen par zone (construction à partir d’un rendement agricole
de référence pour tous les assurés d’une même aire géographiquement limitée et présentant des
caractéristiques homogènes), etc.
Bien que cette police d’assurance soit très pratique pour les petites exploitations à faible
revenu, sa conception requière beaucoup d’argent et de temps, d’où son implantation par le
biais de projets-pilotes dans la plupart des pays en développement. Dans le Bassin arachidier
des projets pilotes sur l’assurance indicielle sont expérimentés dont l’un financé par la Banque
Mondiale sur l’arachide et l’autre sur le maïs financé par l’USAID. L’objet de ces projets
pilotes est de couvrir le crédit intrant octroyé par les institutions de microfinance ou les
banques. Pour la mise en œuvre de l’assurance indicielle pluviométrique, c’est seulement la
pluviométrie qui constitue l’élément déclencheur des indemnités de risque agricole. Ainsi, sur
la base des cycles de la plante, des indices pluviométriques par rapport au risque à assurer
sont établies par le CIRAD et l’ISRA en collaboration avec l’Agence Nationale de l’Aviation
Civile et de la Météorologie (ANACIM). Deux types d’indice sont principalement utilisés le
rendement moyen (« rendement agrégé ») d’une zone, et un indice basé sur des valeurs
pluviométriques (Muller et al., 2012).
197
3- L’assurance indicielle dans le Bassin arachidier
Dans les pays du Sahel et particulièrement dans le Bassin arachidier, l’agriculture est dominée
par les petites exploitations de moins de cinq hectares qui sont les plus exposées aux risques.
La diversité de ces risques (risque marché, risque de production, vol de bétail, feux de
brousse, sécheresse, inondation, etc.) et l’importance des risques climatiques du fait du
caractère pluvial de la production agricole, conduisent à de nouvelles stratégies pour renforcer
la protection des systèmes de production. En effet, l’agriculteur, particulièrement sahélien, fait
partie des acteurs qui sont les plus soumis aux risques. Néanmoins, contrairement aux pays
développés et aux grands pays émergents (Chine, Inde, Mexique), la pratique de l’assurance
demeure très faible. Ces différentes formes d’assurance s’adaptent difficilement au contexte
sahélien et du Bassin à cause des faibles niveaux d’investissement, de productivité et de
revenus. De surcroit, le déficit des infrastructures techniques, routières, de communication, le
faible niveau technique dans beaucoup d’exploitations sont des facteurs qui limitent
l’investissement des assureurs traditionnels dans le secteur agricole. Toutefois, depuis
quelques années, des initiatives ont été proposées pour trouver des alternatives en matière
d’innovation pour les petits producteurs. Ceci a abouti à l’élaboration d’une nouvelle forme
d’assurance, l’assurance indicielle, qui a été réalisée de façon participative en relation avec les
différentes parties prenantes concernées pour favoriser son adoption et sa durabilité.
Cependant, elle ne constitue pas une solution aux problèmes des petits agriculteurs mais elle
est un des éléments de la gestion des risques dans cet environnement en mutation.
L’assurance indicielle ne s’intéresse pas aux pertes de l’exploitation agricole en tant que
telles, mais aux pertes évaluées selon un indice. Celui-ci se base sur les rendements ou sur des
données pluviométriques (station au sol ou satellite). Dans le Bassin arachidier, l’indice
pluviométrique est développé à travers des projets pilotes. Les relevés pluviométriques sont
obtenus à partir de pluviomètres installés dans le cadre des projets pour améliorer la
couverture et le dispositif de l’ANACIM pour l’obtention de données climatiques et
augmenter ainsi la précision de l’indice. La quantité et la qualité des données sont
primordiales, d’où l’intérêt de travailler sur de longues séries historiques (20 à 30 ans). De
plus, il faut disposer d’une connaissance technique sur la relation fonctionnelle entre la
pluviométrie et les rendements selon les zones étudiées. Cela passe par une bonne
connaissance des statistiques sur les rendements.
198
En pratique, le système impose aux agriculteurs une fenêtre optimale de semis de 3 ou 4
décades et chaque année les calculs des indices se font en fonction d’une culture théorique
dont la date de semis est déterminée par un cumul pluviométrique, au sein de la fenêtre
(Muller et al., 2012). Différentes phases de développement sont assurées, sous réserve de
semer durant une période recommandée, et pour chacune sont considérées des seuils
spécifiques de pluviométrie pour gérer les indemnisations (Muller et al., 2013).
Figure 21 : Principe de l’indice Banque Mondiale
(a) Fonctionnement d’une assurance indicielle pluviométrique
Source : Muller et al., 2013
199
(b) Exemple de contrat
Contrat arachide Nioro-Paoskoto
PériodeP1 PériodeP2 PériodeP3
Installation de la culture
Développement et floraison
Maturation
Durée (jours) 30 40 30
Trigers (mm) 55 155 40
Exit (mm) 20 30 5
Taux (FCFA/mm/ha) 3 671 1 144 4 571
Somme assuré (FCFA/ha) 128 500 143 000 180 000
Pluviomètre de référence Paoskoto DMN-SDDR
Période de semis 10 juin - 20 juillet
Cumul décadaire de semis 30 mm
Variété recommandée 73-33
Bornage décadaire des pluies 70 mm
Prime (FCFA/ha) 15 771
Non contractuel : seulement pour information Source : Muller et al., 2012
Dans le Bassin arachidier, deux cultures sont concernées du fait de la bonne structuration de
leur filière et de leur intérêt économique. Il s’agit de l’arachide et du maïs. Les projets
d’assurance indicielle promus dans cette zone privilégient la facilité de compréhension par les
agriculteurs et l’opérationnalité de l’indice (Muller, 2010). L’objectif de la mise en place du
produit est d’éviter une décapitalisation des exploitations agricoles. En effet, les produits
favorisent une récupération des investissements de base et de pouvoir rembourser les crédits
octroyés. Le système repose sur plusieurs indices établis chacun pour une phase-clé (3 ou 4)
de la culture. L’indemnisation de la perte est automatiquement déclenchée lorsqu’un des
seuils établis est atteint. Pour mieux faire accepter le produit, sa mise en place s’accompagne
de concertation avec les agriculteurs et les techniciens pour bien prendre en considération
l’environnement socioéconomique et technique du Bassin. Sachant que c’est une innovation
pour les producteurs, l’approche par les projets pilotes permet de mieux circonscrire les
contraintes pour pouvoir élaborer un produit accepté par la majorité des exploitations
agricoles.
L’avantage de cette assurance est qu’elle permet de réduire les coûts de transaction ainsi que
le risque d’aléa moral et d’anti-sélection. Elle favorise le paiement rapide en cas de sinistre et
il y a généralement très peu de contestation pour l’évaluation des pertes car elle est définie au
200
départ. De plus, du fait du faible niveau d’épargne des exploitations agricoles ciblées, elle
joue un rôle de garantie de retour sur investissement pour les institutions financières.
Le produit d’assurance doit correspondre aux risques qui peuvent influer sur le pouvoir de
décision des producteurs et surtout répondre à leur capacité contributive pour qu’ils puissent y
trouver un intérêt. Comme l’agriculteur est très prudent face à l’innovation, il faut favoriser la
concertation entre l’assureur, les agriculteurs et les parties prenantes pour bien identifier le
produit d’assurance à proposer afin de gagner la confiance des producteurs. En effet,
particulièrement pour l’assurance indicielle, il faut bien expliquer la non corrélation entre les
pertes estimées et les pertes réelles ; ce risque peut être le principale risque de base. De plus,
les niveaux d’indemnisation doivent être bien partagés et remis à temps aux ayant droits pour
éviter de briser la chaine de confiance.
4- Étude de cas dans le Bassin arachidier avec les projets pilotes mis en
œuvre
L’assurance agricole indicielle au Sénégal est une nouvelle initiative développée par PlaNet
Guarantee (PG)24
et par le GIIF (Global Insurance Index Facility)25
. Ce produit a été mis en
place par International Finance Corporation (IFC), composante de la Banque Mondiale
chargée du développement du secteur privé. Au Sénégal, l’initiative PG-GIIF démarre et se
consacre en priorité au maïs, avec un appui de l’USAID. Elle est complétée par une initiative
menée par la CNAAS et la Banque Mondiale sous financement GIIF qui se consacre aux
producteurs d’arachide de qualité (Muller et al., 2012). Ce sont les résultats de cette
expérience pilote qui font l’objet de cette étude. Une enquête a été menée en 2014 dans dix
communes et/ou communautés rurales et dans trente-deux villages. L’échantillon a concerné
soixante-dix-huit exploitations situées au sud du Bassin arachidier. L’assurance est une
assurance indicielle avec des indices basés sur des relevés pluviométriques au sol.
4-1- Identification des enquêtés
L’échantillon est constitué de 95% d’hommes et de 5% de femmes (tableau 64). Nous
relevons une plus grande diversité chez les femmes avec des femmes mariées, divorcées et
veuves. De plus, 82% des femmes enquêtées ont des responsabilités locales (présidents de
24
http://www.planetguarantee.com/ 25
www.ifc.org/ifcext/gfm.nsf/Content/Insurance-GIIF
201
groupements, d’OP, de comité de santé, relais, conseillers ruraux, agents communautaires,
chefs de village, etc.) contre 52% chez les hommes. Ainsi, nous voyons que ce sont des
personnes influentes au niveau local qui participent à cette phase pilote. Leur adoption des
assurances peut faciliter ainsi leur démultiplication au niveau des zones ciblées.
Sur le plan de l’éducation, nous notons que les hommes ont un cursus scolaire plus longtemps
alors que les femmes, qui s’arrêtent au collège. Beaucoup d’entre elles ont plus participé aux
activités d’alphabétisation. Le niveau élevé de l’éducation, par rapport à la zone d’étude,
montre l’intérêt pour mieux appréhender les subtilités de l’assurance agricole (tableau 62).
Tableau 62 : Identification des enquêtés
Genre Situation matrimoniale (Age) Responsabilités locales
Marié Divorcé Veuf Oui Non
Homme 100% (50) 52% 48%
Femme 64% (49) 9% (37) 27% (54) 82% 18%
Bassin 95% (50) 1% (37) 4% (54) 54% 44%
Genre Éducation
Aucune Alphabétisation Primaire Collège Lycée Plus Arabe
Homme 5% 5% 18% 13% 6% 3% 51%
Femme 9% 18% 27% 18% 27%
Bassin 5% 6% 19% 14% 5% 3% 47%
Source : Enquête Banque Mondiale, 2014
4-2- Analyse de l’assurance indicielle
En 2013, au niveau de notre échantillon, 78% des hommes et 82% des femmes avaient
souscrit à une assurance indicielle pluviométrique.
4-2-1- Agriculteurs ayant souscrit à une assurance indicielle
4-2-1-1- Souscription 2013
Pour mieux capter l’information pluviométrique, la plupart des localités identifiées pour le
projet pilote sur l’assurance indicielle ont été équipées en pluviomètres automatiques. La
majorité des personnes enquêtées connaissent l’existence des pluviomètres de référence et
trouvent qu’elles sont représentatives de la zone couverte (tableau 67).
202
Tableau 63 : Pluviomètres et leur représentativité
Sexe Pluviomètre de Référence Représentatif Présence pluviomètre Souscription 2013
Homme oui 79% 94% 42% 78%
non 21% 7% 58% 22%
Femme oui 90% 80% 33% 82%
non 10% 20% 67% 18%
Source : Enquête Banque Mondiale 2014
Seuls 20% des hommes et 10% des femmes n’en connaissaient pas l’existence. De plus,
moins de la moitié des personnes enquêtées ne connaissait pas s’il y avait effectivement un
pluviomètre dans leur village ou un village avoisinant. La souscription a concerné 78% des
hommes de notre échantillon et 82% des femmes.
L’assurance agricole ne concerne que deux spéculations : l’arachide et le maïs. Toutefois,
plusieurs variétés (hâtive, tardive) sont prises en charge. De plus, le type de produit final est
aussi considéré à savoir, soit la production orienté vers la consommation, soit la production
orientée vers les semences (tableau 64).
Tableau 64 : Souscription assurance par type de culture
Cultures Souscription assurance (%)
oui Non
Arachide Huilerie AraH90 4 96
AraH110 73 27
Arachide Semence AraS90 41 59
AraS110 46 54
Maïs Normal MaïsN80 58 42
MaïsNplus80 - 100
Maïs Semence MaïsS80 18 82
MaïsSplus80 1 99
Source : Enquête Banque Mondiale 2014
La souscription aux assurances des variétés tardives pour l’arachide est plus importante. En
effet, malgré une pluviométrie moyenne relativement importante au sud du Bassin,
l’instabilité climatique fait que les agriculteurs préfèrent assurer les variétés à cycle long pour
se prémunir d’une éventuelle pause pluviométrique en fin de cycle. La production de
203
semences est la plus assurée car elle est à vocation commerciale et elle demande plus de
rigueur et d’investissements.
Pour le maïs, nous observons le contraire avec une souscription plus importante pour le maïs
normal par rapport aux semences. Le maïs normal dans cette zone est orienté aussi bien vers
la commercialisation et la consommation. Pour garantir un minimum de production, sa
production s’accompagne de l’utilisation d’une quantité importante d’intrants contrairement
aux autres céréales sèches. À ce niveau, la variété hâtive est préférée car c’est une culture
spécifique à la zone et la durée de l’hivernage concorde avec son cycle.
Par rapport au genre, pour la production d’arachide (huilerie et semence) est assurée en
majorité par les hommes qui représentent 87% de notre échantillon contre 17% de femmes.
On a les mêmes tendances avec le maïs où on trouve 80% d’hommes et 20% de femmes.
Dans les deux cas, les femmes sont orientées vers la production de semences et la production
des variétés à cycle long.
Les producteurs de la zone sont généralement regroupés en groupement, GIE, union ou
fédération. Ces structures travaillent avec les partenaires au développement ou la recherche
afin d’introduire des innovations au niveau des exploitations. Par rapport à l’assurance
agricole, la souscription s’est faite en relation avec les organisations paysannes. C’est ainsi
que, dans le cas de cette expérience pilote, nous n’avons pas noté de souscription volontaire.
En effet, la totalité des personnes ayant souscrit à l’assurance 2013 l’ont pas fait sous le
contrôle de leur organisation (CCPA, COPROSA, FREPROMAS) afin de pouvoir accéder à
des crédits intrants et semences. Il faut relever aussi qu’au niveau de notre échantillon, seuls
10% avait souscrit à une assurance en 2012 montrant ainsi que c’est une nouvelle expérience
pour la majorité de ces acteurs.
Par rapport aux avantages liés à l’assurance agricole, la majorité des producteurs (75%)
considèrent qu’ils arrivaient à trouver des crédits intrants par le biais de différents créneaux
(IMF, OP, prêts individuels, autofinancement) mais qu’avec l’assurance, ils y accèdent plus
facilement et plus rapidement. Toutefois, seuls 16% reconnaisse qu’il y a un avantage par
rapport avec la situation sans assurance (tableau 65).
204
Tableau 65 : Avantage assurance et niveau de souscription volontaire
Avantage Assurance par rapport à avant Si pas obligé, souscription?
Oui 15,7% 83,7%
Non 84,3% 16,3%
Source : Enquête Banque Mondiale 2014
Cependant, 84% reconnaissent qu’ils auraient fait une souscription directe à l’assurance
même s’ils n’étaient pas sous le couvert de leur organisation parce que c’est un moyen
important de couverture des risques mais surtout, elle permet de sécuriser les crédits.
4-2-1-2- Indemnisation 2013
En 2013, 58% de notre échantillon a été indemnisé et un peu moins de 8% étaient en attente
d’indemnisation. Parmi eux, plus de la moitié des indemnisés (54%) considérait qu’ils ne
devraient pas être indemnisés car ils n’ont pas connu de gros problèmes (tableau 66). C’est
une des limites de l’assurance indicielle car il se peut que le risque de base spécifique, soit lié
à une mauvaise corrélation entre l’indice et le rendement d’une culture.
Tableau 66 : Niveau d’indemnisation en 2013
Indemnisés en 2013
Oui Non Pas encore
57,7% 34,6% 7,7%
Pense qu'il devait être indemnisé
Oui je dois (j'aurai du), selon moi, être indemnisé Non, je ne pense pas que je devais être
indemnisé car pas de gros problèmes
45,80% 54,20%
Appréciation indemnisation 2013
petite Correcte
39,10% 60,90%
Source : Enquête Banque Mondiale 2014
L’appréciation de l’indemnisation par les bénéficiaires est globalement favorable (61% de
l’échantillon) car la pluviométrie était satisfaisante avec des niveaux de déclenchement
souvent non atteints. Il a été aussi relevé au niveau des personnes enquêtées qu’il peut y avoir
une grande variabilité de la pluie pour une même zone de couverture d’un pluviomètre et qu’il
faut la prendre en considération pour éviter les frustrations. C’est pourquoi, 47% des
personnes indemnisées ne comprennent pas les explications fournies par les responsables des
205
assurances. Globalement, 60% des indemnisés considèrent l’indemnisation comme normale et
utile. En effet, 50 à 75% trouvent que l’indemnité les a, plus ou moins, aidés à rembourser
leur crédit alors que le reste pense que même sans cette indemnisation ils auraient trouvé les
moyens de rembourser leur crédit.
Les producteurs trouvent l’assurance indicielle tout à fait satisfaisante (65%) à partiellement
satisfaisante (30%) contre 5% qui n’y ont pas trouvé d’intérêt. Pour ce qui est de la
connaissance des personnes ayant reçues une indemnisation, la plupart des producteurs en
connaisse un (3,4%) ou plusieurs (50%) contre 46,6% qui n’en connaissent pas. La majorité
maitrise bien son fonctionnement particulièrement son soubassement et l’existence des
différentes phases (tableau 67).
Tableau 67 : Connaissance fonctionnement assurance
Comment fonctionne l'assurance?
Ne sait pas en fait 3,4%
Sait que c'est d'après la pluie 29,3%
Sait que c'est d'après la pluie cumulée en phase 36,2%
Sait qu'il y a des niveaux de pluie déclencheurs par phase 31,0%
Source : Enquête Banque Mondiale 2014
4-2-1-3- Difficultés et améliorations de l’assurance indicielle
Aucune difficulté n’a été relevée lors de la souscription à l’assurance par les producteurs qui
ont identifié des problèmes que l’assurance pourrait prendre en compte. Il s’agit
principalement des problèmes d’invasion des criquets, de divagation, de l’excès d’eau et de
vol de bétail (tableau 68)
Tableau 68 : Problèmes à prendre en compte à l’avenir par l’assurance agricole
Problèmes à prendre en compte Pourcentage
Criquet 36%
Divagation 25%
Excès d'eau 14%
Incendie meule 5%
Santé & Vie 3%
Tous risques 4%
Vol bétail 13%
Source : Enquête Banque Mondiale, 2014
206
Les améliorations préconisées par les agriculteurs regroupent la baisse du coût de l’assurance,
la prise en compte d’autres risques, la densification du réseau de pluviomètres pour une
meilleure prise en compte du niveau de déclenchement des phases, l’amélioration de la
communication autour de l’information climatique, l’indemnisation à temps et le respect du
contrat, l’augmentation du crédit associée à l’assurance, l’information et la sensibilisation
autour de l’assurance, favoriser la souscription volontaire.
Finalement, 94,6% de l’échantillon sont prêt à souscrire à une assurance indicielle
pluviométrique en 2014 car ils sont globalement satisfaits du produit.
4-2-2- Agriculteur n’ayant pas souscrit à une assurance indicielle en 2013
Pour les agriculteurs n’ayant pas souscrit à une assurance en 2013, la majorité (58%) ont
entendu parler de l’assurance agricole et 41% d’entre eux d’assurance indicielle surtout par le
biais d’un agent commercial venu leur présenter le produit ou d’une connaissance. Ils n’ont
jamais eu à prendre une assurance avant 2013 souvent par manque d’informations, par peur de
l’inconnu ou par manque de moyens. Toutefois, suite aux bons échos sur les premières
expériences de l’assurance indicielle, 94% d’entre eux sont prêt à souscrire à l’assurance
agricole en 2014.
207
Synthèse chapitre VIII
Dans le Bassin arachidier, l’assurance indicielle est expérimentée à travers l’indice
pluviométrique avec des relevés pluviométriques obtenus à partir du dispositif de l’ANACIM
en plus de pluviomètres installés dans le cadre des projets pour améliorer la couverture des
données climatiques. Deux cultures, l’arachide et le maïs, sont concernées par l’assurance. Le
système repose sur plusieurs indices établis chacun pour une phase-clé (3 ou 4) des cultures et
l’indemnisation de la perte est automatiquement déclenchée lorsqu’un des seuils établis est
atteint.
Les résultats de l’étude de cas, sur l’initiative développée par PlaNet Guarantee et par le GIIF,
ont montré que la souscription pour les variétés tardives, particulièrement les semences
d’arachide, est plus importante. Pour les céréales et pour le maïs en particulier, la souscription
a surtout concerné la variété consommée. Il a été relevé aussi que la souscription aux
assurances ne s’est pas faite volontairement mais sous le contrôle des organisations paysannes
afin de pouvoir accéder à des crédits intrants et semences. L’accès facile et rapide au crédit est
le principal avantage relevé par les producteurs.
L’indemnisation a concerné 58% des assurés qui considèrent à 61% que l’indemnisation est
correcte et les a aidés à rembourser leur crédit. Deux assurés sur trois sont satisfaits
globalement de l’assurance indicielle mais souhaiteraient que l’assurance s’ouvre à d’autres
contraintes (invasion criquet, divagation, excès d’eau…). Pour ce faire, ils préconisent une
baisse du coût des assurances pour toucher un maximum de producteur, la densification du
réseau de pluviomètres, l’indemnisation à temps et le respect du contrat, l’augmentation du
crédit associée à l’assurance…
Finalement, 94,6% de l’échantillon sont prêt à souscrire à une assurance indicielle
pluviométrique en 2014 car ils sont globalement satisfaits du produit.
Les premiers résultats des projets pilotes sont assez mitigés avec une faible demande
volontaire et son évolution vers une opération à grande échelle n’est pas garantie. Toutefois,
l’assurance indicielle permet de renforcer les filières et les entreprises agricoles existantes et
aide à soutenir l’expansion du financement de l’agriculture et du monde rural. Pour ce faire, il
faut coupler l’assurance indicielle à d’autres activités comme l’approvisionnement en intrants,
208
l’acquisition de matériels agricoles et les services d’informations météo afin de mettre toutes
les chances du côté des exploitations pour qu’elles atteignent un potentiel de production
acceptable. Cela passe par des pratiques culturales plus intensives pour mieux s’intégrer aux
marchés et ainsi dégager des revenus importants pour pouvoir investir et épargner.
Globalement, l’assurance agricole présente un grand potentiel pour les exploitations agricoles
du Bassin arachidier surtout pour garantir leurs moyens de production dans le contexte de la
variabilité climatique. Cependant, elle peine à se développer dans cette zone pour plusieurs
raisons. La plus importante est le faible niveau de revenu et d’épargne des petits producteurs
qui peut limiter leur souscription aux assurances. De plus, le faible niveau de maillage du
monde rural par les assureurs ne favorise pas une bonne connaissance des produits mais
surtout limite l’information et la communication chez les populations concernées. En effet, le
monde rural est caractérisé par un manque important d’infrastructures routières de qualité, un
déficit de communication avec une couverture téléphonique partielle, un faible maillage
institutionnel pour la collecte des données techniques. De plus, au moment de l’hivernage les
agriculteurs disposent de peu d’informations sur le plan météorologique qui leur permettent
de planifier leur activité agricole, etc.
Finalement, le nombre limité de sociétés d’assurance agricole présent au niveau national et
local ne favorise pas le développement de la concurrence et la démultiplication de nouveaux
produits, ce qui peut limiter aussi le nombre de souscriptions.
209
Conclusion Générale Cette étude cherchait à identifier les contraintes et les stratégies au niveau des exploitations
agricoles familiales dans le bassin arachidier pour participer au débat sur les réformes de
politiques agricoles à promouvoir pour nourrir le Sénégal. En effet, bien que participant de
manière significative à l’alimentation des villes et des campagnes, les exploitations agricoles
familiales sont de plus en plus soumises à des risques qui limitent leur productivité.
Le terrain de notre étude est le Bassin arachidier qui est l’une des principales zones de
production agricole au Sénégal. Cette région naturelle est caractérisée par une prédominance
de l’activité agricole au travers d’exploitations agricoles familiales qui combinent, à des
degrés variables, agriculture et élevage. L’agriculture, à dominance pluviale, est pratiquée
dans un environnement de plus en plus dégradé du fait de systèmes de production à base de
céréales sèches et d’arachide, d’une démographie galopante et d’une variabilité climatique
accentuant les risques et l’incertitude. L’élevage extensif avec des troupeaux mobiles, est de
plus en plus confiné au niveau du terroir du fait du rétrécissement des parcours et de la
disparition des couloirs de transhumance.
Ce contexte de variabilité climatique se présentant presque comme endémique couplé à un
environnement socioéconomique en profonde transformation, amplifie la vulnérabilité des
exploitations agricoles. En outre, ces exploitations agricoles familiales continuent de
mobiliser la majorité de la population active (60%), c’est la raison pour laquelle l’État du
Sénégal à travers diverses stratégies met en œuvre des programmes pour enrayer cette
situation et favoriser une émergence économique et sociale. Nonobstant ces initiatives et la
diversité des stratégies d’adaptation endogènes et exogènes, la production continue d’évoluer
en dents de scie à cause des différents contingences dont les plus saillants sont des risques
(climatique, économique, agricole) auxquels le monde rural est confronté. Les exploitations
demeurent dans une situation d’instabilité avec des revenus faibles ne permettant pas
d’assurer la sécurité alimentaire, encore moins de faire face aux investissements ou d’être
éligibles au crédit pour développer leurs activités. Cette problématique nous a amené à nous
poser la question de recherche suivante : « quelles sont les stratégies à développer par les
acteurs contre les différents risques au niveau des exploitations agricoles pour faire face
à leur insécurité alimentaire dans un cadre environnemental et socioéconomique de plus
en plus fragile ? ».
210
Pour apporter des réponses au fonctionnement de l’exploitation, notre démarche a consisté à
identifier les contraintes et les stratégies actuelles afin de proposer des solutions
complémentaires pour accompagner leur dynamique de développement. L’exploitation
agricole étant soumise à des incertitudes multiformes et multidimensionnelles, nous avons
choisi le cadre d’analyse de la gestion des risques suivant une approche holistique pour
analyser le système au travers de trois dimensions : la source du risque, les stratégies des
exploitants et les actions des pouvoirs publics. Les risques, caractérisés par leur degré de
corrélation et par leur niveau d’intensité, sont à la base de toute prise de décision. Ainsi, en
fonction de leur diversité d’aversion au risque, les exploitations agricoles présentent
différentes formes de vulnérabilité selon leur contexte socioéconomique et agro-
environnemental. La compréhension de la vulnérabilité, conceptualisée à travers l’exposition,
la sensibilité et la capacité d’adaptation, est donc essentielle pour étudier les effets potentiels
des risques. En effet, dans le contexte du Bassin arachidier, l’analyse de l’exposition et de la
sensibilité des exploitations agricoles ainsi que la détermination de leur capacité d’adaptation
peut permettre d’apporter les ajustements nécessaires afin d’améliorer leur résilience.
Pour appréhender les réponses des EAF face aux risques, nous avons formulé différentes
hypothèses de recherche. La première hypothèse permettant de mettre à plat la question de
recherche porte sur « Les risques naturels et agronomiques sont ceux qui affectent fortement
les exploitations agricoles ». Cette hypothèse permet d’avoir une visibilité sur les options à
prendre pour garantir la viabilité des EAF. En effet, le Bassin arachidier reste une zone
fortement touchée par le changement climatique et présente des ressources naturelles très
dégradées qui impactent négativement la capacité d’adaptation des EAF. De plus, la
disponibilité des facteurs de production est très erratique, d’où notre seconde hypothèse qui
cherche à voir si « : la vulnérabilité des exploitations agricoles dépend de la taille et de la
dotation en moyens des exploitations». La réduction de la vulnérabilité des exploitations est
impérative pour les exploitations agricoles afin de concilier leurs intérêts immédiats et leur
exigence de renouvellement face aux mutations observées. Le développement de stratégies
endogènes et exogènes a permis d’améliorer leur résilience mais les exploitations agricoles
demeurent dans une situation d’incertitude, ce qui nous amène à notre troisième hypothèse à
savoir « les stratégies développées par les producteurs, dans le contexte du système pluvial,
ne permettent pas d’atténuer suffisamment leur vulnérabilité ». Ainsi, l’exploitation agricole
reste une entreprise soumise à un large éventail de calamités qui ne peuvent pas être
211
entièrement enrayées, mais il est possible d’en atténuer l’impact. L’assurance agricole est un
instrument qui peut accompagner les producteurs en leur permettant de sécuriser leur revenu.
Plusieurs types d’assurance existent et ont été expérimentées de par le monde. Dans le Bassin
arachidier, l’assurance est nouvellement introduite, d’où notre dernière hypothèse « Les
assurances indicielles répondent mieux aux réalités des exploitations agricoles dans le
contexte du Bassin arachidier que la plupart des politiques publiques développées jusqu’ici ».
Ces hypothèses appellent une approche globale, intégrée et systémique pour l’analyse des
interactions et de la dynamique des activités agricoles au sein des exploitations agricoles.
L’option choisie pour cette recherche est de procéder d’abord au diagnostic des exploitations
par le biais de leur analyse fonctionnelle, ensuite, à travers le pronostic, identifier les
différentes stratégies, enfin rechercher des réponses adéquates à l’environnement du Bassin.
Ce travail s’est basé sur une étude empirique par le biais d’une méthodologie
d’échantillonnage « multi-stage » (échantillonnage stratifié pour les villages et aléatoire pour
les exploitations agricoles). La base de l’étude a concerné cent exploitations par sous zone
agro écologique où différents entretiens ont été menés en rapport avec les informations
structurelles et sociodémographiques des exploitations agricoles, les spécificités techniques,
les risques et l’utilisation des assurances agricoles. Ce travail a permis d’élaborer une
typologie des exploitations pour mieux faire ressortir leurs spécificités et leurs
caractéristiques.
Les conclusions de l’étude relèvent que les principaux risques identifiés sont agricoles et
climatiques. Les EAF ont mis en avant les contraintes structurelles qui concernent les intrants
(engrais et semences) et le matériel agricole. Elles insistent sur leur disponibilité, les prix et
sur la qualité (particulièrement pour les semences). La pluviométrie, risque climatique le plus
important pour les exploitations agricoles, est de moins en moins mis en avant par les
producteurs depuis quelques années avec la hausse de la pluviométrie. Cependant, sa
variabilité intra et interannuelle demeure problématique pour les EAF qui sont
majoritairement dans le système pluvial.
212
Le calcul de la vulnérabilité a fait ressortir une vulnérabilité importante des exploitations du
Bassin. En se reportant aux indicateurs, nous nous rendons compte qu’ils regroupent les
moyens et les facteurs de production qui sont à la base de la production. Ainsi, leur déficit au
niveau de l’exploitation agricole se traduit par une baisse de la productivité agricole.
Différentes stratégies endogènes et exogènes ont été développées au niveau des EAF pour
améliorer leur productivité et mieux asseoir leur base productive. Cependant, toutes ces
actions, développées pour améliorer leur résilience, ont fini par montrer leur limite et
permettent de moins en moins d’atténuer la vulnérabilité des EAF dans le contexte du système
pluvial. Ainsi, la nécessité d’aller vers de nouvelles stratégies complémentaires s’impose. En
effet, l’assurance indicielle est la plus adaptée pour les petites exploitations du Bassin qui
disposent de revenus modestes et d’une faible capacité de négociation. Ainsi, avec ce type
d’assurance, les coûts de transaction sont réduits et l’évaluation des pertes est moins
contestable parce qu’étant définie au départ avec l’indice. De plus, ce type d’assurance peut
être couplé au crédit en servant de garantie au niveau des institutions financières et permet
aux agriculteurs de disposer de fonds pour préparer la campagne ou acheter du matériel
agricole. Les premières expériences pilotes montrent une appréciation positive du produit et
surtout une certaine appropriation avec une demande de souscription de près de 95% de
l’échantillon étudié.
Les apports scientifiques de la thèse sont à mettre en rapport avec l’originalité de l’étude qui
s’appuie en grande partie sur le terrain pour revisiter des concepts tels que l’exploitation
agricole familiale, le risque et la vulnérabilité ainsi que l’assurance agricole. L’approche a
consisté en une mobilisation du cadre systémique de l’exploitation par une analyse holistique
qui est partie d’un diagnostic des contraintes et des stratégies des exploitations pour arriver à
une solution complémentaire ou alternative afin de favoriser une pérennisation de ce système
de production. Par rapport au risque, particulièrement climatique, l’étude a combiné une
approche statistique à la perception des agriculteurs pour mieux mettre en cohérence les
données théoriques et les données empiriques. Le calcul de la vulnérabilité a aussi permis de
partir du Human Development Index (HDI) du PNUD pour identifier des indicateurs pertinent
sur notre terrain. À ce niveau, nous avons recouru à un croisement entre les données
théoriques et l’expérience du terrain pour disposer d’indicateurs assez représentatifs de notre
zone d’étude. Cette approche a permis de ressortir les contraintes structurelles et de montrer
213
les limites des stratégies développées. En effet, beaucoup d’études ont été menées sur les
exploitations agricoles (Sall et al., 2011 ; Ba et al., 2007 ; Rapports EXFAM ; Mémoires
d’ingénieur ENSA ; …) mais elles concernaient surtout les aspects structurels,
organisationnels et la gestion financière. Cependant, très peu d’études sont parties d’une
analyse fonctionnelle à l’échelle de l’exploitation pour dégager les contraintes et mieux
comprendre l’origine de leur vulnérabilité. Cette thèse prend justement en charge cette
préoccupation de la recherche.
L’assurance agricole, nouvellement introduite dans la zone du Bassin arachidier, donne à cette
thèse une posture pionnière dans le domaine au Sénégal. Elle a permis d’analyser les
différents types de produits pour les exploitations agricoles et a donné des orientations pour
son développement futur.
Sur le plan du développement rural, les exploitations agricoles familiales resteront encore
pour longtemps les principaux pourvoyeurs de produits agricoles pour le Sénégal. Les
résultats définitifs du dernier recensement général de la population et de l’habitat, de
l’agriculture et de l’élevage (RGPHAE, 2013) parus en août 2014 confirment que les
superficies des cultures pluviales sont les plus importantes avec 458 797 ha contre 32 294 ha
pour les cultures irriguées et 34 588 ha pour les cultures de décrue. De plus, les exploitations
les plus représentatives ont des superficies autour de un à cinq hectares (69,8% des
exploitations en 2014 contre 48% lors du recensement de 1988). Cette classe d’exploitation a
été renforcée par la disparition des exploitations de moins d’un hectare qui sont passées de
21% en 1988 à 5,5% en 2013 et par les exploitations de six à dix hectares qui sont passées de
21% à 16,1%. Il faut relever aussi qu’avec les politiques agricoles des deux alternances
politiques intervenues depuis 2000, qui encourageaient l’agrobusiness, les exploitations de 20
ha et plus sont passées pour la période intercensitaire de 1% à 2,6%.
Cette thèse pose les jalons de la durabilité de l’agriculture familiale. Elle apporte des
éclaircissements sur plusieurs plans. En effet, différents programmes (maïs, manioc, …) ont
montré les potentialités des EAF mais les acquis ont disparu avec la fin de l’exécution de ces
projets ponctuels. La principale raison serait, de notre point de vue, la mobilisation de
ressources importantes dans un sous-secteur de l’agriculture pour atteindre un objectif
politique sans tenir compte des moyens de production et des principales contraintes qui
entravent la sécurisation des moyens d’existences des EAF. La plupart des exploitations de
214
moins d’un hectare qui était viable avant 1988 ont disparu car elles ne sont plus compétitives
dans un environnement en pleine mutation. En outre, l’État n’a cessé de subventionner les
campagnes agricoles mais celles-ci, partielles et non structurées, arrivent rarement aux ayant-
droits.
Cette thèse, en identifiant les contraintes et les centres d’intérêt des EAF, balise les pistes pour
les acteurs concernés par le développement de l’agriculture mais plus largement du monde
rural. En effet, le développement de la dynamique agricole peut être un gage de création
d’emploi dans le monde rural et permettre ainsi une absorption du chômage qui gangrène nos
économies locales. L’identification de stratégies alternatives ou complémentaires doit être
l’une des principales orientations de l’État car les ménages ruraux (73,8%, RGPHAE, 2013)
sont de loin les plus nombreux au niveau national et la majorité s’active dans le domaine
agricole. Ainsi, garantir un revenu à ces ménages permettrait à l’économie nationale de
gagner des points sur la croissance économique. Toutefois, la majorité des études concordent
sur le fait que l’agriculture est « le parent pauvre de l’économie » et pourtant elle engrange
des parts de budgets importantes, d’où la nécessité de mettre en place des politiques agricoles
qui favorisent le développement des EAF. L’une des stratégies préconisée dans cette thèse est
l’assurance agricole qui est une stratégie parmi d’autres.
L’analyse des différentes formes d’assurance nous a amené à mettre en avant l’assurance
indicielle qui semble être la moins contraignante pour les EAF. Son couplage avec le crédit
permet aux EAF de disposer de fonds de roulement pour la campagne agricole et de favoriser
les investissements pour mieux asseoir une base productive. Cependant, il faut rester prudent
car nous ne sommes, au Sénégal, qu’à des expériences pilotes qui sont souvent bien encadrées
par les promoteurs. Néanmoins, les autorités peuvent prendre en considération les premiers
résultats qui sont fort prometteurs car acceptés par les producteurs. En effet, le fait de produire
en ayant une certaine garantie de revenus en cas de sinistre permet aux EAF de prendre des
risques et et de ne pas se limiter à des stratégies permettant de minimiser les pertes. C’est à ce
niveau que doit être le rôle de l’État qui doit mettre ces EAF dans des conditions de
production, en les accompagnants dès le départ pour qu’elles puissent asseoir une bonne base
productive pour permettre leur renouvellement.
En définitive, la thèse aura participé à éclairer les enjeux de durabilité de l’agriculture
familiale pour les acteurs du monde de développement agricole. Aussi, c’est dans la
215
compréhension de ces enjeux que se trouvent les options politiques de sécurisation des
moyens d’existences à même d’instaurer un environnement de production et de vie viable.
216
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156. Zoundi S. J., Léonidas H., Hussein K. (2005) : « Économie familiale et
innovation agricole en Afrique de l’Ouest : vers de nouveaux partenariats »,
Document de synthèse, Club du Sahel et de L’Afrique de l’Ouest, OCDE, mars 2005,
106 p.
Lien internet
[1] www.fews.net/docs/.../sn_livelihoodzonedescriptions2011_en.pdf (le 23 novembre 2011)
[2] www.food-security.net
[3] http://www.fao.org/family-farming-2014/fr/;
[4]http://www.repaoc.org/index.php?option=com_content&view=article&id=276:quels-
enjeux-pour-2014-annee-internationale-de-l-agriculture-familiale-
aiaf&catid=105&Itemid=620&lang=fr
[5] http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module3/risques/1.1/html
/2_2-2_1.html
[6] http://www.unit.eu/cours/cyberrisques/etage_1/co/Module_Etage_1_14.html
234
ANNEXE 1 : Typologie Analyse factorielle
Statistiques descriptives
Moyenne Ecart-typea n analyse
a N manquantes
nombre de personnes dans l'EAF 15,29 7,482 180 0
main d'oeuvre 7,56 4,743 180 1
combien d'hectare vous
possédez ou gérez(pour
l'ensemble de l'EAF
6,8815 4,76368 180 0
sup arachide 2,4551 2,06726 180 0
sup mil 3,4133 2,26013 180 0
sup maïs ,6075 1,34638 180 0
Nombre culture pratiqué en 2012 2,57 ,813 180 0
nombre boeufs de trait ,42 1,133 180 0
nombre de chevaux de trait 1,18 1,044 180 0
nombre de bovins 3,14 8,183 180 0
nombre d'ovins troupeaux 4,29 6,428 180 0
nombre de caprins 4,68 5,225 180 0
nombre de houe sine 1,49 1,091 180 0
nombre de semoir ,94 ,785 180 0
a. Pour chaque variable, les valeurs manquantes sont remplacées par la moyenne des variables.
235
Matrice de corrélation
nombre de
personnes dans
l'EAF main d'oeuvre
combien
d'hectare vous
possédez ou
gérez(pour
l'ensemble de
l'EAF sup arachide sup mil sup maïs
Nombre culture
pratiqué en
2012
nombre boeufs
de trait
nombre de
chevaux de trait
nombre de
bovins
nombre d'ovins
troupeaux
nombre de
caprins
nombre de
houe sine
nombre de
semoir
Corrélation nombre de personnes dans
l'EAF
1,000 ,688 ,378 ,088 ,129 ,135 ,122 ,150 ,387 ,349 ,263 ,127 ,395 ,365
main d'oeuvre ,688 1,000 ,246 ,147 ,096 ,067 ,144 ,029 ,279 ,391 ,250 ,192 ,316 ,254
combien d'hectare vous
possédez ou gérez(pour
l'ensemble de l'EAF
,378 ,246 1,000 -,050 ,080 ,002 -,024 ,197 ,283 ,209 ,218 ,047 ,354 ,453
sup arachide ,088 ,147 -,050 1,000 ,218 ,383 ,308 -,069 -,080 ,058 -,004 -,040 -,025 -,063
sup mil ,129 ,096 ,080 ,218 1,000 -,099 ,154 -,081 ,096 ,128 ,148 ,099 ,113 ,023
sup maïs ,135 ,067 ,002 ,383 -,099 1,000 ,315 -,094 -,070 -,043 -,045 -,041 -,039 ,047
Nombre culture pratiqué en
2012
,122 ,144 -,024 ,308 ,154 ,315 1,000 -,152 -,011 ,011 ,197 ,146 -,050 ,011
nombre boeufs de trait ,150 ,029 ,197 -,069 -,081 -,094 -,152 1,000 ,208 ,058 ,041 -,091 ,293 ,180
nombre de chevaux de trait ,387 ,279 ,283 -,080 ,096 -,070 -,011 ,208 1,000 ,383 ,404 ,280 ,549 ,471
nombre de bovins ,349 ,391 ,209 ,058 ,128 -,043 ,011 ,058 ,383 1,000 ,579 ,407 ,328 ,411
nombre d'ovins troupeaux ,263 ,250 ,218 -,004 ,148 -,045 ,197 ,041 ,404 ,579 1,000 ,526 ,281 ,294
nombre de caprins ,127 ,192 ,047 -,040 ,099 -,041 ,146 -,091 ,280 ,407 ,526 1,000 ,179 ,231
nombre de houe sine ,395 ,316 ,354 -,025 ,113 -,039 -,050 ,293 ,549 ,328 ,281 ,179 1,000 ,446
236
Matrice de corrélation
nombre de
personnes dans
l'EAF main d'oeuvre
combien
d'hectare vous
possédez ou
gérez(pour
l'ensemble de
l'EAF sup arachide sup mil sup maïs
Nombre culture
pratiqué en
2012
nombre boeufs
de trait
nombre de
chevaux de trait
nombre de
bovins
nombre d'ovins
troupeaux
nombre de
caprins
nombre de
houe sine
nombre de
semoir
Corrélation nombre de personnes dans
l'EAF
1,000 ,688 ,378 ,088 ,129 ,135 ,122 ,150 ,387 ,349 ,263 ,127 ,395 ,365
main d'oeuvre ,688 1,000 ,246 ,147 ,096 ,067 ,144 ,029 ,279 ,391 ,250 ,192 ,316 ,254
combien d'hectare vous
possédez ou gérez(pour
l'ensemble de l'EAF
,378 ,246 1,000 -,050 ,080 ,002 -,024 ,197 ,283 ,209 ,218 ,047 ,354 ,453
sup arachide ,088 ,147 -,050 1,000 ,218 ,383 ,308 -,069 -,080 ,058 -,004 -,040 -,025 -,063
sup mil ,129 ,096 ,080 ,218 1,000 -,099 ,154 -,081 ,096 ,128 ,148 ,099 ,113 ,023
sup maïs ,135 ,067 ,002 ,383 -,099 1,000 ,315 -,094 -,070 -,043 -,045 -,041 -,039 ,047
Nombre culture pratiqué en
2012
,122 ,144 -,024 ,308 ,154 ,315 1,000 -,152 -,011 ,011 ,197 ,146 -,050 ,011
nombre boeufs de trait ,150 ,029 ,197 -,069 -,081 -,094 -,152 1,000 ,208 ,058 ,041 -,091 ,293 ,180
nombre de chevaux de trait ,387 ,279 ,283 -,080 ,096 -,070 -,011 ,208 1,000 ,383 ,404 ,280 ,549 ,471
nombre de bovins ,349 ,391 ,209 ,058 ,128 -,043 ,011 ,058 ,383 1,000 ,579 ,407 ,328 ,411
nombre d'ovins troupeaux ,263 ,250 ,218 -,004 ,148 -,045 ,197 ,041 ,404 ,579 1,000 ,526 ,281 ,294
nombre de caprins ,127 ,192 ,047 -,040 ,099 -,041 ,146 -,091 ,280 ,407 ,526 1,000 ,179 ,231
nombre de houe sine ,395 ,316 ,354 -,025 ,113 -,039 -,050 ,293 ,549 ,328 ,281 ,179 1,000 ,446
nombre de semoir ,365 ,254 ,453 -,063 ,023 ,047 ,011 ,180 ,471 ,411 ,294 ,231 ,446 1,000
237
Indice KMO et test de Bartlett
Mesure de précision de l'échantillonnage de Kaiser-Meyer-Olkin. ,749
Test de sphéricité de Bartlett Khi-deux approximé 677,537
ddl 91
Signification de Bartlett ,000
Qualité de représentation
Initial Extraction
nombre de personnes dans l'EAF 1,000 ,654
main d'oeuvre 1,000 ,514
combien d'hectare vous
possédez ou gérez(pour
l'ensemble de l'EAF
1,000 ,438
sup arachide 1,000 ,580
sup mil 1,000 ,820
sup maïs 1,000 ,734
Nombre culture pratiqué en 2012 1,000 ,521
nombre boeufs de trait 1,000 ,390
nombre de chevaux de trait 1,000 ,548
nombre de bovins 1,000 ,593
nombre d'ovins troupeaux 1,000 ,697
nombre de caprins 1,000 ,689
nombre de houe sine 1,000 ,562
nombre de semoir 1,000 ,550
Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales.
238
Variance totale expliquée
Composante
Valeurs propres initiales
Extraction Sommes des carrés des facteurs
retenus
Total
% de la
variance % cumulés Total
% de la
variance % cumulés
1 3,846 27,469 27,469 3,846 27,469 27,469
2 1,898 13,556 41,026 1,898 13,556 41,026
3 1,487 10,623 51,648 1,487 10,623 51,648
4 1,059 7,561 59,210 1,059 7,561 59,210
5 ,966 6,900 66,110
6 ,830 5,929 72,039
7 ,725 5,179 77,217
8 ,698 4,984 82,201
9 ,520 3,717 85,918
10 ,495 3,533 89,452
11 ,484 3,457 92,909
12 ,428 3,055 95,964
13 ,306 2,186 98,150
14 ,259 1,850 100,000
Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales.
239
Matrice des composantesa
Composante
1 2 3 4
nombre de chevaux de trait ,709 -,208
nombre de bovins ,698 -,315
nombre de personnes dans l'EAF ,696 ,158 ,367
nombre de houe sine ,681 -,229 ,197
nombre de semoir ,678 -,168 ,131 -,211
nombre d'ovins troupeaux ,651 ,116 -,496 -,119
main d'oeuvre ,624 ,253 ,220 ,111
combien d'hectare vous
possédez ou gérez(pour
l'ensemble de l'EAF
,540 -,181 ,335
Nombre culture pratiqué en 2012 ,120 ,703 -,103
sup arachide ,702 ,246 ,159
sup maïs ,606 ,388 -,466
nombre boeufs de trait ,240 -,429 ,385
nombre de caprins ,475 ,136 -,633 -,208
sup mil ,208 ,283 -,165 ,818
241
Classification en nuées dynamiques
Centres de classes initiaux
Classe
1 2 3
REGR factor score 1 for
analysis 2
2,37630 4,22648 -,25005
REGR factor score 2 for
analysis 2
-3,10299 -,74124 2,89762
REGR factor score 3 for
analysis 2
2,03408 -3,65119 1,86474
REGR factor score 4 for
analysis 2
,38717 -2,03220 -2,61791
Historique des itérationsa
Itération
Changements dans les centres de
classes
1 2 3
1 3,732 3,628 3,792
2 ,109 ,290 ,085
3 ,079 ,170 ,058
4 ,074 ,105 ,059
5 ,044 ,073 ,039
6 ,054 ,136 ,031
7 ,053 ,000 ,039
8 ,086 ,000 ,061
9 ,090 ,000 ,068
10 ,084 ,000 ,072
a. Interruption des itérations car le nombre
maximal d'itérations a été atteint. Echec de
convergence des itérations. La modification
absolue maximale des coordonnées d'un centre
est .073. L'itération en cours est 10. La distance
minimale entre les centres initiaux est 6.869.
Centres de classes finaux
242
Classe
1 2 3
REGR factor score 1 for
analysis 2
,25686 1,22735 -,54229
REGR factor score 2 for
analysis 2
-,35891 ,19236 ,23159
REGR factor score 3 for
analysis 2
,56983 -1,51166 -,03492
REGR factor score 4 for
analysis 2
,66255 -,13641 -,48784
Distances entre les centres de classes finaux
Classe 1 2 3
1 2,493 1,636
2 2,493 2,332
3 1,636 2,332
ANOVA
Classe Erreur
F Signification
Moyenne des
carrés ddl
Moyenne des
carrés ddl
REGR factor score 1 for
analysis 2
33,145 2 ,637 177 52,052 ,000
REGR factor score 2 for
analysis 2
7,221 2 ,930 177 7,767 ,001
REGR factor score 3 for
analysis 2
38,677 2 ,574 177 67,348 ,000
REGR factor score 4 for
analysis 2
25,720 2 ,721 177 35,689 ,000
Les tests F ne doivent être utilisés que dans un but descriptif car les classes ont été choisies de manière à maximiser
les différences entre les observations des diverses classes. Les niveaux de signification observés ne sont pas corrigés
et ne peuvent par conséquent pas être interprétés comme des tests de l'hypothèse que les moyennes des classes sont
égales.
243
Nombre d'observations dans chaque
classe
Classe 1 69,000
2 24,000
3 87,000
Valides 180,000
Manquantes ,000
Caractéristiques des différents types d’exploitation
exploit
ation
Popula
tion
totale
Actif
s
Superficie Nombre
embla
vée
arachi
de mil maïs
cultu
res
Hou
e
sine
sem
oir
Bœu
f
trait
chev
aux
bovi
ns
Ovi
ns
Capr
ins
Nord Bassin
Type 1 17,7 11,3 10,3 3,4 6,2 0,4 2,7 1,7 1,1 0,0 1,4 4,6 2,8 4,2
Type 2 18,1 9,7 7,4 2,6 4,5 0,1 2,7 2,0 1,3 0,0 1,9 12,5 15,1 12,8
Type 3 11,4 7,3 6,4 2,7 2,6 1,0 2,9 1,1 0,6 0,0 0,8 1,6 3,4 4,0
Sud Bassin
Type 1 17,9 7,5 6,2 2,2 3,6 0,2 2,1 2,0 1,1 1,3 1,5 1,3 2,4 2,1
Type 2 19,5 7,5 3,9 0,6 3,0 0,0 2,5 2,5 2,0 1,0 3,5 17,5 21,0 25,0
Type 3 13,8 4,7 5,5 2,1 2,1 1,1 2,6 0,9 0,8 0,4 0,6 0,5 1,7 3,4
Bassin Arachidier
Type 1 17,8 8,7 7,4 2,5 4,4 0,2 2,3 1,9 1,1 0,9 1,5 2,3 2,5 2,7
Type 2 18,2 9,5 7,1 2,4 4,3 0,1 2,7 2,0 1,3 0,1 2,0 12,9 15,6 13,8
Type 3 12,5 6,1 6,0 2,4 2,4 1,0 2,8 1,0 0,7 0,2 0,7 1,1 2,6 3,7
Source : Nos enquêtes 2012
244
ANNEXE 2 : Questionnaires
1- Questionnaire ménage agricole
SECTION A : INFORMATION SUR LE QUESTIONNAIRE
Région : ………………………. Département :……………………………...
Arrondissement : ………….……... Communauté rurale :……………………….
Village : ………………..……..……. Numéro du ménage :…………... Numéro questionnaire : ………. Nom chef ménage :……………………….
SECTION B : COMPOSITION DU MENAGE AGRICOLE
1- Nombre de ménages dans EAF y compris celui du chef de ménage :……………
2- Nombre de personnes dans EAF (personnes vivant de manière permanente) :…………..
3- Nombre d’émigrés :…………… 4- Ethnie : /______/
1=wolof ; 2=pular ; 3=sérère ; 4=diola ; 5=soninké ; 6=mandingue ; 7=maure ; 8=autre
5- Originaire de la zone : /____/ Année d’installation/_______/ 1=oui 2=non
6- Si non, où résidait-il avant et quelles sont les raisons de son déplacement ?..
..................................................................................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................
........................................................................................................................................................
7- Quelles sont les activités menées par les membres de l’EAF ?
..................................................................................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................................................
.........................................................
245
8- Recensement de la population de l’exploitation
N° Nom et Prénom Sexe Age Lien de parenté
avec CE
Situation
matrimoniale
Niveau
instruction Présence Activités agricoles Activités non agricoles
1
2
Sexe : 1=masculin, 2= féminin ; lien de parenté avec CE : 1 = CE, 2 = Fils, 3 = Fille, 4 = Neveu, 5 = Nièce, 6 = Beau parent, 7 = Femme, 8 = Petit fils, 9 = père, 10 = Mère, 11= Tante, 12= Sourgha, 13=Autres liens (à préciser) ; Situation matrimoniale : 1= Marié(e) monogame ; 2 = Marié(e) polygame, 3= Célibataire ; 4 = Divorcé(e) ; 5 = Veuf(ve) ; Niveau d’instruction : 0=Aucun, 1= Ecole coranique, 2= Primaire, 3= Secondaire,
4= Supérieur, 5=Alphabétisation, 6=Autres (à préciser) ; Présence : 1=oui, 22=non ; Activités agricoles : 1=Agriculture, 2=Elevage, 3=Pêche, 4=Exploitation forestière, 5=Transformation des produits, 6=Maraîchage,
7=Exploitation forestière, 8=Maraichage, 9=Arboriculture, 10= Autres (à préciser) ; Activités non agricoles : 1=Commerce, 2=Transport, 3=Travail salarié, 4=Education, 5=Artisanat, 6=Commerce, 7= Autres (à préciser)
SECTION C : ACTIVITES ECONOMIQUES
N° DE LA
PERS
ONNE
Votre activité
économique
principale est :
Si activité
économique
indépendante, quel secteur :
Si 4, 5, 6, 7,
8, 9,
Préciser
(Si 1, 2, 3 aller à la
question
D10)
Si réponse 4, 5, 6, 7, 8, 9
combien vous rapporte cette activité par mois?
Si activité
salariée
permanente,
laquelle?
Qui est
l'emplo
yeur?
Combien
gagnez-vous par
mois?
Si activité salariée
occasionnelle,
laquelle/lesquelles?
Estimation
du revenu moyen
mensuel
Avez-vous besoin de vous déplacer pour cette activité?
1..Indépendante 2…Salariée
permanente
3…Salariée
occasionnelle
(journaliers agricoles,
tâcherons
etc.)
1. Agriculture 2. Elevage
3. Pêche
4. Petits commerces
5…Commerce
avec installation
fixe (Boutique,...)
6..Restauration 7. Artisanat
8. Transport
9. Autre
1……Non
2…Dans un village voisin 3….Dans le même département 4….Dans un
autre département de la région
5…Dans une autre région 6... .A Dakar 7….A l'étranger
B0 C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
246
N°
DE LA
PERSONNE
Avez-vous une
activité économi
que seconda
ire?
Votre activité économique
secondaire est :
Si activité économique
indépendante, quel
secteur :
Si 4, 5, 6, 7,
8, 9, Préciser
(Si 1, 2, 3
aller à la
question D10)
Si réponse 4, 5, 6, 7, 8, 9 combien vous rapporte
cette activité par mois?
Si activité salariée
permanente,
laquelle?
Qui est
l'employeur?
Combien gagnez-
vous par
mois?
Si activité salariée
occasionnelle, laquelle/lesquelles?
Estimation du revenu
moyen
mensuel
Avez-vous besoin de vous déplacer
pour cette activité?
1..Indépendan
te 2…Salariée permanente
3…Salariée
occasionnelle (journaliers
agricoles,
tâcherons etc.)
1. Agriculture
2. Elevage 3. Pêche
4. Petits
commerces
5…Commerce
avec installation
fixe (Boutique,...) 6..Restauration
7. Artisanat
8. Transport 9. Autre
1…Oui 2…Non
1……Non
2…Dans un village voisin 3….Dans
le même département 4….Dans un
autre département de la région 5…Dans une autre région
6... .A Dakar 7….A l'étranger
B0
C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
247
SECTION D : TRANSFERTS D’ARGENT
N°
D
E
L
A
P
E
R S
O
N N
E
Est-ce qu'elle
envoie de
l'argent?
Fréquence
Quel montant?
Est-ce
qu'elle
envoie d'autres
choses ?
Si oui, préciser
Si non, est-
ce qu'elle rapporte de
l'argent
quand elle revient ?
Activité de la personne?
Est-ce que la
personne qui est partie a des terres ou du
matériel agricole?
Si oui, qui les
exploite/utilise?
Y a-t-il une
contrepartie à cette
exploitation/utilisation?
Si oui, laquelle ?
Préciser si les
terres et le matériel ont été acquis avant ou
après la migration
1….Oui
2….Non
1….Tous les
mois 2….Tous les
trimestres
3..Autre (à préciser)
1....Oui
2…Non
1 …..Oui
2…..Non
1..Agriculture 2... Elevage 3... Pêche 4..Petits commerces 5…Commerce avec installation fixe (Boutique) 6..Restauration 7...Artisanat 8...Transport 9…Etude 10..Apprentissage 11…Autre (à préciser) 98… NSP 99… NRP
1…..Oui 2…..Non
1. Chef de
famille 2. Autres
membres de la famille
3. Autres personnes
1…..Oui 2. …Non
1….Argent 2….Produit 3….Autre
1… Avant 2….Après
B0 D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10 D11 D12
248
SECTION E : CAPITAL SOCIAL
N°
DE
LA
PERSONNE
Nom
Les types d’organisations auxquels ont adhéré certains membres du ménage dans le village/CR/Commune/Région
Depuis quand?
Si ne sait pas, mettre 99
Lien avec le groupe?
1....Organisation de producteur 2 Coopérative agricole
3. Usagers de l'eau 4. ..Association de crédit
5.. .Parti politique 6. ..Organisation religieuse
7… ONG 8. ..ASC
9…GPF 10… Autre
1….Simple membre
2…..Responsable
3…..Autre (préciser)
B0 E1 E2 E3 E4
SECTION F : CAPITAL FONCIER
Avez-vous des terres en détention ? 1….Oui 2….Non
F1 |__|
Nombre de champs détenus (possession, prêt, confié, etc.) par le ménage F2 |__|__|
249
N°
D
E
L
A
P
E R
S
O N
N
E
Surface de chaque champ26
Type :
Mode d'acquisition :
Année d'acquisition
Contrepartie d'acquisition
Type de sols 1. Dior
2. Deck-Dior
3. Deck 4. Sols ferralitiques
5. Sols lourds (bas fonds)
Utilisation des terres : (Réponses multiples
possibles)
Gestion de la fertilité :
1. Périmètre irrigué
2. Terres pluviales 3. Bas fond
4 Autre
1. Droit de hache ou de
débroussaillage par le feu 2. Héritage
3. Affectation par le chef de
village 4. Affectation par la
communauté rurale
5. Achat
6. Emprunt
7. Location.
8. Autres à préciser : ------------ (Si 1, 2, 3,4 aller à F9)
1. Cultures annuelles
2. Plantations 3. Pâturages, Jachère,
friche 4. Terre impropre à
l'exploitation agricole 5. Autre
1. Fumure
2. Engrais chimique 3. Fumure + engrais
4. Aucune
5. Autre
B0 F3 F4 F5 F6 F7 F8 F9 F10
SECTION F : FORCE DE TRAVAIL
Masculin Féminin
F1 Quel est le nombre d'actifs familiaux participant à l’ensemble des travaux agricoles de l’exploitation
familiale ?
F2 Quel est le nombre d'actifs familiaux travaillant sur l'exploitation à temps partiel ?
F3
Avez-vous recours à de la main-d'œuvre non familiale?
F31 Employés permanents
F32 Employés saisonniers
F33 Employés occasionnels
26
Tool, ngessa
250
Employés Saisonniers
Types d’activités
Montants des rémunérations en :
Estimation en espèces de la rémunération to ale annuelles de
chaque employé :
Argent
Produits
Logement
Repas
Autres (à préciser)
F321 F322 F323 F324 F325 F326 F327
Employés Occasionnels
Types d’activités
Montants des rémunérations en :
Estimation en espèces de la rémunération totale annuelles de
chaque employé :
Argent
Produits
Logement
Repas
Autres (à préciser)
F331 F332 F333 F334 F335 F336 H337
Participez-vous à des
groupes d'entraide/ de travail collectif?
Si 1 dans H4:
Avez-vous régulièrement
utilisé de la main d’œuvre salariée sur les 5 dernières
années?
Si 1 dans H6, pourquoi ?
Si 2 et 3 dans H6, pourquoi?
1..Hebdomadaire
2..Mensuel 3..Autre (à préciser)
1... Manque de bras 2..Augmentation des revenus
3..Augmentation des surfaces
4….Autre (à préciser)
1...Main d’œuvre disponible
suffisante 2...Baisse des revenus
3..Mécanisation
et herbicides
4..Offre inexistante
1...Oui sur une base
régulière 2….Oui selon les
besoins
3 ...Non
1…De plus en plus
2. ..De moins en moins
3..Jamais
F4 F5 F6 F7 F8
251
SECTION G : MATERIELS ET EQUIPEMENTS
Type de matériel
Pour chaque actif du
ménage, lister son
matériel : semoir, houe, souleveuse, charrue,
charrette asine, équine,
bovine ; tracteur, matériel d’irrigation, matériel de
battage
etc.
Etat du matériel
Mode d'accès :
Prix d’acquisition Année d’acquisition
Rémunération par an si location ou autres formes d’ententes
1. Bon état
2. Etat moyen
3. Mauvais état
4. Non fonctionnel
1..Achat individuel
2…Achat collectif 3....Location 4….Emprunt
5….Prestation de services
6….Acquisition via un projet
7….Autres (à préciser)
G1 G2 G3 G4 G5 G6
SECTION H : PRODUCTIONS AGRICOLES
Type de culture27
Surface
(si cultures
associées affecter la
surface à la culture
principale)
Culture de :
Quantité produite
de la dernière
récolte
Appréciation
du
rendement obtenu:
Si mauvais, pourquoi?
Quantités
autoconsommées
Dons
Quantité vendue
Prix unitaire au
moment de la
vente
Mode de
commercialisation :
1…Conditions climatiques 2..Approvisionnement en
intrants
3…Maîtrise d’eau 4….Attaque de prédateurs
5…Attaques phytosanitaires
6….Autres
1…Vente directe au
marché 2…Vente directe bord
de champ à un
collecteur 3….Grossiste/
intermédiaire
4..Entreprise de transformation
5..Coopérative
6…..Autre
1…Contre-saison
2..Hivernage
1…Bon 2…Normal
3…Mauvais
H1 H2 H3 H4 H5 H6 H7 H8 H9 H10 H11
27
Si association de cultures, utiliser une ligne par culture
252
Travaux (type et activité
concerné)
Temps de travail en nombre de jours par mois
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
Ménage agricole
Salariés saisonniers
Salariés occasionnels
Groupe d’entre-aide
253
INTRANTS :
SECTION H : PRODUCTIONS ANIMALES
Nom de la culture Semences
Fertilisant
(engrais, fumure organique)
Produits
Phytosanitaires
Main-
d'œuvre payante
Redevance
pour l'eau
Si culture
motorisée, carburant
Autres services
(location, offset,
billonnage, labour, moissonneuse
batteuse, etc.)
H14 H15 H16 H17 H18 H19 H20 H21
Dans le ménage, pratiquez-vous l'élevage ?
Si non, passer au module suivant
1…Oui
2…Non H1
Gérez-vous un
troupeau ?
1…Oui
2…Non H2
TYPES D’ANIMAUX
Stock
en nb
de têtes
(au
moment de
l’enqu
ête)
Entrées (en nb d'animaux)
Sur les 12 derniers mois
Valeur
cumulée des
achats
Sorties
(en nombre d'animaux)
Sur les 12 derniers mois
Valeur
cumulée
des ventes
Stock plus
important ou moins
important
il y a 5 ans
Mode de
commercialisation
1. Plus
2. Moins
3.
Identique
1….Vente sur le
marché
2….Vente directe
à la ferme
3….Entreprise de
transformation 4….Autre
H3
H4
H5
H6
H7
H8
H9
Achat Naissances
Don
s et autre
s
Vente
Auto-cons
Perte,
morts, dons,
vols
H41 H42 H43 H61 H62 H63
bœufs de trait
chevaux de trait
Anes
bœufs, taureaux
vaches
jeunes bovins (2 à 4 ans)
bovins de moins de 2 ans
Porcs
Ovins
Caprins
Volaille
254
Avez-vous des activités d'embouche?
1….Bovine
2….Ovine/caprine
3….Les deux
4….Aucune
H15
Revenus annuels tirés de l'embouche (attention, ne pas cumuler avec les revenus de l'élevage)
H16
Estimation du coût sur la campagne des 12 derniers mois :
Gardiennage
Autre coût de
main d’œuvre
extérieure
Achats d'aliments/fourrage
Médicaments/
vaccinations, frais de
vétérinaire
Insémination
Entretien des
bâtiments
d'élevage
Autres coûts
H17 H18 H19 H20 H21 H22 H23
N° TYPES DE PRODUITS
Unité (en L, en nombre,
en Kg, charrette)
Quantité produite/
mois
Prix unitaire indicatif
moyen Valeur cumulée des ventes
H11 H12 H13 H14
01 Lait
02 Œufs
03 Peaux et cuirs
04 Déjections/fumures
05 Autre (à préciser)
255
SECTION H : CREDIT, EPARGNE ET ASSURANCE AGRICOLE
Crédits
Avez-vous des
crédits?
Si oui, Précisez le
membre du ménage
concerné
Si oui, auprès de quel
organisme/ institution ?
Accès au crédit formel
(1, 2 ou 3)
est-il facile?
Montant total des
crédits court
terme
Taux
d'intérêt?
Durée du
crédit?
Montant total
des crédits
moyen et long
termes
Taux
d'intérêt?
Durée du
crédit?
Dans quels types d'activités
dépensez-vous l'argent obtenu par crédit?
1..Oui 2..Non
1….Banque ou organisme
de crédit spécialisé
2....Caisse de crédit villageoise ou coopérative
3….ONG 4....Association (tontine)
5…Commerçant
6….Personne privée 7….Entreprise habilitée
8….Autres (à préciser)
1….Oui 2….Non
1...Consommation courante,
alimentation 2....Activité agricole
3…Achat de bétail
4…Réparation de la maison 5….Education des enfants et santé
6….Dépenses sociales 7…..Autre
H1 H2 H3 H4 H5 H6 H7 H8 H9 H10 H11
H112 H112 H113 H114
256
Epargne Assurance agricole
Epargnez-
vous de l'argent?
(Prendre
uniquement les membres
du ménage qui
épargnent)
Si oui, précisez le membre
du ménage concerné
Sous quelle
forme?
Montant total épargné
Epargnez-vous :
Taux d'intérêt?
Quels sont vos
projets d'utilisation de l'épargne ?
(Réponses
multiples possibles)
Avez-vous
accès à un
système d'assurance
agricole?
Si oui, lequel? Préciser ce qui est assuré
et comment?
1....Elevage
2...Banque 3...Associations
de crédit/épargne
4…Autres (préciser)
1….Chaque semaine
2….Chaque mois
3….Occasionnel 1….Oui
2…..Non
1..Agriculture
2..Pêche 3..Elevage
4..Cérémonies
5..Autres (à préciser)
1….Oui 2….Non
H12 H13 H14 H15 H16 H17 H18 H19 H20 H21
257
SECTION I : CONSEIL TECHNIQUE ET APPUI INSTITUTIONNEL
Recevez-vous du conseil technique ?
1…..Oui 2….Non
I1
Qui ?
Préciser le nom de l'institution/ONG/programme I2
Fréquence
1….Tous les 15 jours 2…..Tous les mois
3…..Tous les trimestres
4…..A la demande 5. …Autre
I3
Sous quelle forme ?
1. …Visite d'un agent
2…...Formation 3. ….Information
technique
4….. Autre
I4
Depuis quand bénéficiez-vous de cet appui ? I5
Etes-vous satisfait de cet appui? 1…. Oui
2…..Non I6
Si non, pourquoi? I7
Recevez-vous des aides ? 1….Oui 2…. Non
I8
Qui ?
Préciser le nom de l'institution/ONG/programme I9
Sous quelle forme?
1…Argent 2….Equipement
3….Intrants
4….Autre
I10
Si argent, préciser le montant I11
Depuis quand bénéficiez-vous de ces aides? I12
258
SECTION J : RISQUES AGRICOLES ET CLIMATIQUES
1. Quels sont les trois sources de risque les plus importantes dans le cadre de vos activités ?
2. Au cours des 5 dernières années, pouvez-vous nous préciser les sinistres auxquels vous avez été confrontés dans votre exploitation sur les grandes cultures (Cultures pluviales)
Variable observée Code calamité Code des cultures concernées
Estimation des pertes subies (F
CFA)
1. Sécheresse
2. Inondation
3. Pluies hors saison
4. Pause pluviométrique répétée
5. feux de brousse
6. Invasion de criquets
7. Invasion aviaire
8. Invasion de sauteriaux
9. Maladies (Parasitismes)
10. Divagation des animaux
11. Vol (de la production)
12. Autres (préciser)
Code culture : 1. Mil ; 2. Sorgho ; 4. Maïs ; 8. Riz ; 16. Fonio ; 32. Autres (préciser) ; Code Calamité : 1 = oui ; 2 = non
3. Au cours des 5 dernières années, préciser les sinistres auxquels vous avez été confrontés dans votre exploitation sur les cultures irriguées et maraîchères
Variable observée Code calamité Code des cultures concernées
Estimation des pertes subies (F CFA)
1. Panne de motopompe
2. Faible débit de la source
3. Inondation
4. Pluies hors saison
5. feux de brousse
6. Invasion de criquets
7. Invasion aviaire
8. Invasion de sauteriaux
9. Maladies (Parasitismes)
10. Divagation des animaux
11. Vol (de la production)
13. Vol de pépinière
14. Maladies liées à la manipulation des
pesticides
15. Autres (préciser)
Code culture : 1. Mil ; 2. Sorgho ; 4. Maïs ; 8. Maraîchage ; 16. Autres cultures (préciser) ; Code Calamité : 1 = oui ; 2 = non
4. Au cours des cinq dernières années, préciser au niveau de votre élevage ou basse-cour les sinistres auxquels vous avez été confrontés
Variables observées Code des désastres Espèces
Estimation des pertes subies
(FCFA)
1. Epidémies / Maladies
2. Sécheresse
3. Accident
4. Vol
5. Feux de brousse/Incendies
6. Inondation
7. Alimentation
8. Pluies hors saison
9. Problèmes de commercialisation (prix)
10. Autres (préciser)
Code des espèces : 1. Bovins ; 2. Ovins ; 4. Caprins ; 8. Porcins ; 16. Poulet industriel ; 32. Poulets traditionnels ; 64. Autre (à préciser)
Code désastre : 1 = oui ; 2 = non
5. Au cours des cinq dernières années quels sont les sinistres que vous avez rencontrés dans la gestion du matériel agricole de votre
exploitation
Variables observées Code des problèmes rencontrés Code matériel agricole
Estimation des pertes subies
(FCFA)
1. Accident
2. Panne
259
3. Incendie
4. Vol
5. Autres (préciser)
Code matériel agricole : 1. Charrette ; 2. Tracteur ; 4. Motopompe ; 8. Batteuse ; 16. Moissonneuse- batteuse ; 32. Houe sine ; 64. Charrue ; 128. Semoir ; 256. Autres (à préciser) ; Code des problèmes : 1 = oui ; 2 = non
6. Au cours des cinq dernières années, quels sont les problèmes que vous avez rencontrés dans la gestion des animaux de trait de votre exploitation ?
Variables observées Code des problèmes rencontrés Code animaux de trait
Estimation des pertes subies
(FCFA)
1. Accident
2. Maladie
3. Incendie
4. Vol
5. Autres (préciser)
Code animaux de trait : 1. Anes ; 2. Chevaux ; 4 Bœufs de trait ; Code problèmes rencontrés : 1= oui ; 2 = non
I. COUVERTURE DES RISQUES
1. Prenez vous des mesures pour vous prémunir des risques ?
1. Oui /_____/ 2. Non /____/
Variables observées Code du risque
Code des dispositions
prises
Engagement financier
(FCFA)
1. Epidémies / Maladies
2. Sécheresse
3. Accident
4. Vol
5. Feux de brousse/Incendies
6. Inondation
7. Panne de matériel (motopompe)
8. Pluies hors saison
9. Problème de santé lié à la manipulation des
produits
9. Autres (préciser)
Code risque : 1=oui ; 2 = non
Code des dispositions prises : 1. Clôturer les parcelles ; 2. Endiguement des parcelles ; 3. Nettoyage du pourtour de l’exploitation ; 4. Achat
et stockage de pesticides ; 5. Vaccinations périodiques du bétail ; 6. Construction de magasins de stockage ; 7. Adoption d’autres spéculations ; 8. Changement de variétés plus tolérantes ; 9. Gardiennage ; 10. Marquage des animaux ; 11. Utilisation d’équipement de
protection ; 12. Autre (préciser)
Si non, pourquoi ? 1. N’en connaît pas
2. N’a pas les moyens matériels et financiers /_____/
3. Autres (préciser) 2. Avez-vous déjà entendu parler d’assurance ?
1. Oui /____/ 2. Non /_____/
Si oui, où en avez-vous entendu parler et qu’es ce que vous en pensez ?
Citer les avantages à tirer des assurances Code avantage Si aucun, justifier
1. Aucun
2. Remboursement de crédit 3. Indemnisation
4. Autres
3. Connaissez-vous les produits proposés par l’assurance agricole.
Oui /____/ Non /____/
Si oui, les quels connaissez-vous ? 4. Avez-vous déjà souscrit un contrat d’assurance ? Oui /____/ Non /____/
Couverture souscrite Code couverture Montant de la prime
Assurance vie
Assurance pour l’éduction des enfants
Assurance retraite
Assurance production
Vol
260
Panne matériel
Magasin
Incendies
Inondations
Sécheresse
Détérioration du réseau d’irrigation
Divagation des animaux
Pertes liées au stockage
Autres (à préciser)
Code couverture : 1 = oui ; 2 = non
Si non donner les raisons 1. N’est pas intéressé
2. Absence de clarté dans la gestion de ces structures /______/ 3. Non satisfait des services de ce type de structure
4. Autre (préciser)
5. Le contrat est-il toujours en cours ? Oui /____/ Non /____/
Si non, comment a-t-il pris fin ? Quelles ont été les raison de l’interruption ? Comment la résiliation a été faite ?
1. Non renouvellement 2. Résiliation
3. Autres (préciser)
1. Pas d’argent 2. Non satisfait
3. Autres (préciser)
1. A votre demande 2. Unilatéralement par votre
assureur
3. Autres (préciser)
/______/ /______/ /______/
Si oui, êtes-vous disposé à renouveler ou à prendre un autre contrat d’assurance ?
Etes-vous disposé à renouveler ou à prendre un
autre contrat ?
Si oui, donner les améliorations attendues
des services offerts par les assurances
Si non, donner les raisons
1. Oui 2. Non
1. Proximité des structures d’assurance
2. Célérité dans la prise en
charge des dossiers 3. Célérité dans le règlement
4. Conseils à donner
5. Plus grande visibilité dans le
monde rural
6. Autres (à préciser)
1. Eloignement des structures d’assurances
2. Lenteur dans la prise en charge
des règlements des dossiers 3. Complexité des procédures
4. Pas connaissance existence
assurance
5. Autres (à préciser)
/______/
/______/
/______/
261
6. Êtes-vous disposé à adhérer à une mutuelle ou à une organisation locale pour vous prémunir des risques ?
Etes-vous
disposé à
adhérer à une mutuelle ?
Si oui, donner
les raisons ?
Pour votre contrat
d’assurance ou
votre adhésion à une mutuelle, sur
quoi voulez-vous
que le contrat porte ?
Quels risques
voulez vous
couvrir ?
Comment souhaitez-
vous effectuer les
versements des primes ?
Après la survenance d’un sinistre,
sous quelle forme souhaitez-vous
être indemnisée ?
Oui
/_____/
Non
/_____/
1. Proximité de la
structure
2. Simplicité des
procédure
s
3. Garantie
pour les
activités 4. Autres (à
préciser)
5.
1. Vous-même
2. Votre famille
3. Votre
production 4. Votre
matériel
5. Votre élevage
6. Vos
animaux de trat
7. Votre
maison 8. Vos
magasins
9. Autres (à préciser)
1. Retraite 2. Décès
3. Maladies
4. Incendies 5. Vols
6. Epidémies
7. Inondation 8. Sécheresse
9. Autres (à
préciser)
1. Versement en nature
2. Prélèvement
direct lors de la commercialisati
on
3. Versement en
espèces après
commercialisati
on de la production
4. Autres (à
préciser)
1. En espèce
2. En nature
/______/
/______/
/______/
/______/
/______/
/______/
2- Questionnaire sur les risques des exploitations agricoles familiales
N° Questionnaire : …………….…..................................... Date : ……………………………………….…… Nom de l’enquêteur : ………………………..………..………….. Région : ……………………….………………
Département :…………..……..……..………....………….………. Arrondissement : ………………….……....
Communauté rurale :……………………..………..……………… Village : ………………….………..……..……
Type d’exploitation :
Nom et prénom de l’agriculteur (et tel)
RISQUES
Au cours des 30 dernières années, quels sont les risques/problèmes auxquels vous avez dû faire face dans vos activités agricoles? Classez-les
par ordre d’importance/fréquence de survenue/conséquences économiques/solutions disponibles/solutions faites par exploitant
Problèmes Fréq ↗↘ Import ? Solution ? Vous
1
2
3
4
5
6
262
Fréquence : 1=presque jamais (tous les 15-20 ans), 2=rare (10-15 ans), 3=souvent (tous les 5-7 ans), 4=très souvent (tous les 2-3 ans),
5=chaque année, 6=plusieurs fois dans une année
Conséquences économiques : très importante= A, importante= B, moyenne-faible= C, pas grave= D
Parmi les problèmes/difficultés mentionnés, quels sont ceux qui ont les répercussions les plus graves dans votre vie (et celle de votre famille) ? Pourquoi ?
Y a-t-il des problèmes/difficultés qui ont connus une augmentation ces dernières années ? Depuis quand et pourquoi ?
Y a-t-il des problèmes/difficultés qui ont connus une baisse ces dernières années ? Depuis quand et pourquoi ?
D’une manière générale, quels sont les risques/ problèmes qui vous gênent le plus dans vos activités agricoles : faire un classement
a- le climat b- l’accès difficile, tardif ou cher aux engrais
c- l’accès difficile, tardif ou cher aux semences
d- l’accès difficile, tardif ou cher (taux) au crédit e- l’accès difficile, tardif ou cher à matériel agricole
f- mauvais état de votre matériel agricole
g- pas assez de main d’œuvre familiale (MOF) compte tenu des terres dont vous disposez h- pas assez de terre compte tenu de la MOF dont vous disposez
i- sols peu fertiles
j- difficulté pour vendre (accès difficile au marché, pas de garantie de vente) k- prix faibles
l- prix incertains et variables
Mis à part le climat, sur quoi vous aimeriez trouver/appliquer une solution ? Citez 5 points par ordre d’importance du problème le plus important que vous aimeriez résoudre au moins important
Quelle a été l’année la plus difficile pour l’exploitation agricole ? Quelle en était la cause ?
Quelle a été la meilleure année pour l’exploitation agricole ? Quelle en était la cause ?
Vulnérabilité biophysique
1- Pluviométrie
Par rapport aux trente dernières années, comment se comportent ces événements aujourd’hui ?
Plus tôt Plus tard Pas de changement
Saison des pluies
Saison sèche froide
Saison sèche chaude
Augmente Diminue Pas de changement Pas de réponse
Nombre de pauses pluviométriques
Nombre de pauses longues (15-20 jours)
Sécheresse
Nombre de pluies
Nombre de pluies violentes (grosses pluies)
Longue période pluvieuse (plusieurs jours avec pluies ou gros nuages)
Pluies hors saison
Quelles conséquences de l’augmentation des jours de pluie ?
Quelles conséquences des pluies violentes sur vos cultures ?
Quelles conséquences des longues périodes pluvieuses sur vos cultures ?
Quelles conséquences des longues périodes sèches sur vos cultures ? Quels indicateurs de sols altérés par les pluies ?
Début de l’hivernage commence plus tôt ou plus tard qu’il y a 10 ans ?
Fin de l’hivernage plus tôt ou plus tard qu’il y a 10 ans ? Période la plus pluvieuse : quel mois / entre quelles dates ?
Cela a-t-il changé depuis 10 ans ?? Et par rapport à il y a 20 ans ??
Quelles conséquences sur les cultures, sur les animaux, vous-mêmes
2- Température
Augmente Diminue Pas de changement Pas de réponse
Intensité température
Nombre de jours chaud
Nombre de jours froid
263
Changé Pas changé
Mois le plus chaud
Mois le plus froid
De mêmes quelles conséquences sur les cultures, sur les animaux, sur vous-mêmes
3- Vent
Augmente Diminue Pas de changement Pas de réponse
Vents violents
Vent chaud
Vent froid
Développement des maladies
Quelles sont les conséquences des vents violents sur vos cultures?
Changé Pas changé
Mois vent chaud
Mois vent froid
4- Inondation (Engorgement)
Augmente Diminue Pas de changement Pas de réponse
Érosion hydrique
Terres abandonnées
Développement des maladies
Classer ces quatre indicateurs en fonction des impacts négatifs qu’ils peuvent avoir au niveau de l’exploitation :
Pluviométrie /_____/ Température /_____/ Vent/_____/ Inondation /_____/
Vulnérabilité Agriculture
1- Agronomie
2013 2000 1980 Pas de réponse
Superficies cultivées (ha)
Superficies cultivées dégradées (ha)
Nombre de spéculations cultivé
Rendement mil (kg/ha)
Rendement maïs (kg/ha)
Rendement arachide (kg/ha)
Nombre de variétés d’arachide utilisé
Nombre de variétés de céréales utilisé
Nombre de variétés introduites
Nombre de variétés abandonné
quantité urée utilisée en moyenne
quantité NPK utilisée en moyenne
quantité fumier utilisée en moyenne
Nombre de houe sine
Nombre de semoir
Nombre de charrue
Nombre de maladies recensé céréales
Nombre de maladies recensé arachide
Nombre de parcelles en jachère
Changé Pas changé
Date de semis
Système de culture
Orientation de la production
264
2- Élevage
2013 2000 1980 Pas de réponse
Nombre de maladies des animaux recensé
Superficie jachère
Superficie parcours
Quantité moyenne de fourrage achetée
Nombre d’espèces animales
Taille du troupeau bovin
Taille du troupeau ovin
Taille du troupeau caprin
Nombre de pair de bœuf
Nombre d’animaux de trait
Nombre animaux volé
Disparition espèces élevées
Vulnérabilité Socioéconomique
2013 2000 1980 Pas de réponse
Nombre de poste de santé à proximité
Nombre d’actifs hospitalisé
dépenses moyennes pour les maladies
Nombre de produits phytosanitaires utilisé
Nombre de marchés à proximité
Prix mil
Prix maïs
Prix arachide
Prix urée
Prix NPK
Prix charrette fumier
Niveau des revenus agricoles
Niveau des revenus non agricoles
Nombre de personnes ayant un compte
Nombre de personnes ayant accès à un crédit
Nombre de personnes étant à l’école
Nombre de personnes membre d’une organisation paysanne
Nombre de personnes sachant lire et écrire
Montant moyen transféré par les émigrés
Nombre de personnes ayant accès aux informations météo
Nombre de personnes ayant des revenus réguliers
Vulnérabilité démographique
2013 2000 1980 Pas de réponse
Nombre d’actifs
Nombre de travailleurs salariés
Nombre de travailleurs occasionnels
Nombre d’enfants allant à l’école
Nombre de personnes ayant émigré
Nombre de femmes dans les activités agricoles
Classer ces quatre types de vulnérabilité en fonction des impacts négatifs qu’ils peuvent avoir au niveau de l’exploitation (en fonction de leur
importance) :
Biophysique /___/ Agriculture /___/ Socioéconomique/___/ Démographique /___/
265
COUVERTURE DES RISQUES
Pour faire face à ces risques/problèmes, citer quelles stratégies/solutions (mesures) mettez-vous en avant pour vous en prémunir ?
Ces stratégies/solutions sont-elles efficaces et/ou durables ?
Plus spécifiquement, pouvez-vous nous dire :
Stratégies Type de risque Nombre/Montant
Degré de satisfaction
(1=satisfaisant ; 2=pas satisfaisant ; 3= pas de
changement)
Nombre de technologies adopté
Nombre de variétés introduites
Cultures maraîchères introduites
Cultures de diversification introduites
Spéculation avec date de semis modifiée
Activités rémunérateurs
Membres de la famille envoyés en ville
Membre famille inséré dans des réseaux
Durée étalement vente des produits (mois)
Nombre de vaches inséminé
Nombre moyen animaux vendu
Membre famille envoyé pour émigration
Montant moyen des transferts reçus
Nombre de contrats signés
Montant moyen des contrats
% du revenu à allouer aux assurances
Démarche au niveau des IMF
Montant moyen dépôt IMF dépensé
266
ANNEXE 3 : Questionnaire sur assurance indicielle Revue de la campagne Arachide et Maïs 2013
« Perception, Satisfaction, Évolution probable du marché de l’assurance indicielle au Sénégal »
SECTION I : LOCALISATION Zone 1= Nioro, 2= Ndoffane 3= Kaffrine ; 4 = Kougheul
Ville/village de rattachement 1= Médina Sabakh ; 2= Nioro ; 3= Wack Ngouna ; 4= Nguente Khayes ; 5 = Ndramé Escale; 6= Ndoffane; 7 = Thiaré ; 8=Ndiognick ; 9= Kaffrine ; 10= Nganda ; 11= Koungheul
Lieu Enquêteur 1= M Fall ; 2= M Ndiaye
SECTION II : IDENTIFICATION 1. Nom de l’exploitant:…………………………………………………….......................................... 2. Genre (SEX) 1 = Homme, 2 =Femme 3. Age 4. Téléphone 5. Email 6. Statut matrimonial (MSTATUS) 1= Marié(e), 2 = Divorcé(e), 3 = Veuf (ve), 4 = Célibataire
7. Education de l’exploitant (EDUC) 0=Aucune ; 1=Alphabétisation ; 2=Primaire ; 3=Collège ;
4=Lycée ; 5=plus 8. Occupez-vous des responsabilités locales (politique, associative, religieuse, etc.) : 1=Oui, 2=
Non 9. Si Oui, Préciser :
10. Quelles cultures pratiquez-vous annuellement ?
i. Arachide Huilerie 1= Oui, 2= Non
ii. Arachide semence 1= Oui, 2= Non iii. Maïs Normale 1= Oui, 2= Non iv. Maïs Semence 1= Oui, 2= Non v. Mil 1= Oui, 2= Non
vi. Sorgho 1= Oui, 2= Non
vii. Niébé 1= Oui, 2= Non
viii. Coton 1= Oui, 2= Non ix. Pastèque 1= Oui, 2= Non
x. Autre 1= Oui, 2= Non
11. Quelle est la part de l’arachide dans l’ensemble de vos revenus? (en 100%)
12. Quelle est la part du maïs dans l’ensemble de vos revenus? (en 100%)
SECTION III : GROUPEMENT
13. Appartenez-vous à un ou des groupements de producteurs ? 1=Oui, 2=Non 14. Si oui, A un ou à plusieurs 1= Une OP, 2= Plusieurs
Nom(s) des OP(s), type(s) et principale culture cible (si il y en a une) ou objectif (si il y en a un)
Nom Type Culture cible Objectif
SECTION IV : PLUVIOMETRES DE REFERENCE DE LA ZONE
267
15. Savez-vous quel est (et où est) le pluviomètre automatique de référence qui vous couvre ? 16. Citez-le : ________________________________________ (si ne le sait pas il faut lui dire) 17. Le pluviomètre automatique de référence qui vous couvre est-il représentatif des pluies que vous
recevez ? 1=Oui, 2=Non 18. Si non, Pourquoi ?: 1=trop loin, 2= mal placé , 3= Autre 19. Où faudrait-il mettre un pluviomètre de référence pour bien vous
couvrir ? 20. Savez-vous s’il y a un pluviomètre (auto ou manuel) dans votre village ou dans les villages proches ?
1=Oui, 2=Non (lui dire s’il ne le sait pas)
21. Où sont-ils ? SECTION V : ASSURANCE EN 2013
22. Avez- vous souscrit à une assurance en 201328 ? 1=Oui, 2=Non
23. Si oui, Pour quelle(s) culture(s) i. Arachide Huilerie 90 jours 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres ii. Arachide Semence 90 jours 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres iii. Arachide Huilerie 110 jours et + 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres iv. Arachide Semence 110 jours et + 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres
v. Maïs Normal 80 jours 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres
vi. Maïs Semence 80 jours 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée :
28
Si la réponse est non, passer à la section VII
268
d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ? 1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres
vii. Maïs Normal de plus de 80 jours 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres
viii. Maïs Semence de plus de 80 jours 1=Oui, 2=Non
a. Superficie totale (Ha) b. Superficie assurée (Ha)
c. Nom Variété assurée : d. Pourquoi toute la superficie n’est pas assurée ?
1= trop cher, 2= pas assez d’argent, 3= pas obligatoire, 4= pas de pluvio de référence pour le champ, 5= Autres
24. Quel a été le mode de souscription 1= Volontaire, 2= Obligatoire
25. 16- Si volontaire, qu’est-ce qui a fait que vous avez souscrit à cette assurance ?
1=-La protection et je trouve que c’est pas cher, 2= La protection, même si pourtant c’est cher, 3= Cela m’a facilité l’accès
au crédit par rapport à avant, 4= Cela m’a facilité l’accès aux intrants par rapport à avant (expliquer ) 5= J’ai été convaincu par d’autres agriculteurs, 6= Autre :
26. Explications/ Crédit & Intrants avant
27. Si Obligatoire, quel organisme (OP, Banque, IMF, etc) vous a contraint à le
faire ?
28. pourquoi ? 1= Accéder au crédit,2= Accéder aux semences, 3= Accéder aux intrants, 4= Autres (………………………)
29. Aviez-vous déjà une assurance l’année passée (Hiv 2012) ? 1= oui, 2= non
30. Avant d’acheter le produit d’assurance cette année 2013, aviez-vous la possibilité de prendre un crédit auprès de votre coopérative ou institution de micro-finance ? 1= oui, 2=
non
31. Si Non : Pourquoi ?
32. Si Non : faisiez-vous tout de même des dépenses (achat de semences, intrants, etc)
1= oui, 2= non 33. Si Oui, comment faisiez-vous pour financer
vos dépenses de production
34. Avant d’acheter le produit d’assurance, aviez-vous la possibilité d’accéder aux semences et/ou aux intrants auprès de votre coopérative ou institution de micro-finance ? 1= oui, 2= non
35. Si Non, pourquoi ?
36. Et Comment faisiez-vous ?
37. Le fait d’avoir une assurance cette année vous a-t-il donné un avantage quelconque par rapport à auparavant (sans assurance) ? 1= oui, 2= non
38. Si oui, lequel ?
1= accès plus rapide (plus tôt) au crédit, 2= taux crédit baissé et/ou conditions facilitées, 3= accès plus rapide (plus tôt) aux intrants/semences, 4= meilleur suivi (appui, conseil) des techniciens, 5= marché (vente) garanti ou privilégié, 6= autre (………………….):
269
39. Si on ne vous y avait pas obligé, et que vous aviez eu les mêmes conditions d’accès au crédit et aux
intrants que d’habitude (comme l’an passé par exemple), auriez-vous pris une assurance ? 1= oui, 2= non
40. Si oui, Pourquoi ?
41. Si non, Pourquoi ?
SOUS SECTION 5.1 VOLET ARACHIDE 5.1.1 VARIETES D’ARACHIDE CULTIVES
42. Quelle (s) variété (s) d’arachide cultivez-vous et pour quelles raisons ?
Variété 1 Variété 1 Variété 1
Nom Cycle variété Principales raisons du votre choix
Pluies précoces Pluies tardives Arrêt précoces des pluies Arrêt tardif des pluies Variété précoce Rendement grain élevé Rendement fanes élevé Grains très appréciée sur le marché
Peut se vendre en verts /A combien de jours Dormante (D)/ non dormante (ND) Autres (à préciser)
Autres (à préciser)
5.1.2 ARACHIDE 110 JOURS
43. Date de semis (2013) qui a marché 44. Pluie utile : Date : [___ ] [___ ] [___ ] 45. Quantité enregistrée (en mm) (QTE) 46. Etait –ce un ressemis ? 1= oui, 2=Non
47. Si oui, quelle date pour le 1
er semis ?
48. Sur quelle valeur de pluie
49. Et raisons de l’échec 1= Pluie insuffisante, 2 = Mauvaise qualité semences, 3 = Autre (………………..) Questions réservées aux producteurs assurés
50. Connaissez-vous la période de semis pour l’assurance (dans le contrat) ? 1= Oui 2= Non
51. Indiquer cette période 52. Pensez-vous que c’était la bonne période pour semer, ou auriez-vous préféré
semer plus tôt (car cela était possible et aurait été mieux) mais vous avez choisi de respecter la période à cause de l’assurance 1= c’était la bonne période, 2 = cela aurait été mieux de
semer plus tôt
53. Aviez-vous tous vos intrants ou avez-vous semé dans la période de l’assurance (pour respecter du contrat) sans mettre engrais et/ou bonne semences 1= j’avais tout, 2 = j’ai semé bien que pas
encore engrais, 3= je n’ai pas mis de bonnes semences, 4 = ni engrais, ni bonnes semences 54. Superficie semée avant la période de l’assurance (ha) 55. Si semis effectué hors période, donner les raisons 1= bonne pluie permettant semer, 2= la période de
270
l’assurance n’est pas bonne, 3 = Autres raisons (………………………………………………….) 56. Superficie semée après période assurance (ha)
Questions à l’ensemble des enquêtés
57. Si semis effectué « après période de l’assurance (assuré) ou « trop tard » (non assuré), donner les raisons 1= retard des pluies, pas de pluie utile dans la fenêtre, 2= retard de labour car retard de
crédit, 3= retard labour car accès /contrainte machine, 4= retard bonnes semences car retard crédit, 5 = retard bonnes semences car ne trouve pas/ pas accès, 6= retard engrais car retard crédit, 7= retard engrais , car ne trouve pas/ pas accès, 8= retard car contrainte sur semoir, 9= retard car privilégie autre spéculation (citer……………………..), 10=la période de l’assurance n’est pas bonne (pour assuré seul), 11= Autre raison……………
Appréciation des rendements
58. Quel est le rendement obtenu cette année (2013) (en unité locale) ? (Équivalent en Kg ____________)
59. Comment appréciez-vous le rendement de 2013 ? 1=Vraiment très mauvais 2= Mauvais/Pas bon (en dessous de la moyenne) 3= Normal (année moyenne) 4= Bon (Bonne année) 5= Très bonne (année exceptionnelle)
60. Allez-vous avoir du mal à rembourser vos crédits/dettes de campagne ? (Non assurés uniquement) 1=Non pas du tout, Oui, un peu, 3= Oui, beaucoup de mal, 4= je ne pourrai pas rembourser
61. Comment classez-vous les rendements des 5 dernières années (2009, 2019, 2011, 2012, 2013) Du plus grand au plus petit
62. Quel a été votre meilleur rendement sur les Cinq (5) dernières années : année ? et rendement ? :
63. Quelle a été la plus mauvaise année de production? Son rendement?
64. Pourquoi le rendement a été mauvais ? Il peut y avoir plusieurs réponses, les indiquer toutes 1= retard de semis car contraintes labour, 2= retard de semis car contrainte crédit, 3= retard de semis car ne trouve pas/pas accès semences, 4 = retard semis car ne trouve pas/pas accès engrais, 5= retard semis car autres contraintes, 6= retard de semis car a privilégié autres cultures (citer………………………………), 7= retard semis à cause pluies, 8 = arrêt précoce pluie, 9= manque d’eau durant cycle (quel mois si se rappelle……………………..), 10= trop d’eau (quel mois……………………..), 11= sauterelles/criquets, 12 = autre raison…………………….
65. Cette année-là (la plus mauvaise) avez-vous eu du mal pour rembourser vos crédits/dettes ?
1= Non pas du tout, 2 = Oui un peu, 3 = Oui beaucoup de mal, 4 = je n’ai pas remboursé
66. Quelles sont les problèmes rencontrés en 2013 ?
NB : Noter de 0 à 3 suivant la présence du problème et de sa gravité ( 0 = Pb inexistant)
5.1.2 ARACHIDE 90 JOURS
20…… _______ kg
20…… _______ kg
Semis-installation
Début floraison
Pleine floraison (Et formation gousses)
Développement gousses
Maturation Récolte Post-récolte
Dates/période si possible
Manque d’eau Trop d’eau Nuages Vents forts Temp. Fortes Temp. Froides Criquets/saut. Ravageurs Maladies Autres
271
67. Date de semis (2013) qui a marché 68. Pluie utile : Date : [___ ] [___ ] [___ ] 69. Quantité enregistrée (en mm) (QTE) 70. Etait –ce un ressemis ? 1= oui, 2=Non
71. Si oui, quelle date pour le 1
er semis ?
72. Sur quelle valeur de pluie
73. Et raisons de l’échec 1= Pluie insuffisante, 2 = Mauvaise qualité semences, 3 = Autre (………………..) Questions réservées aux producteurs assurés
74. Connaissez-vous la période de semis pour l’assurance (dans le contrat) ? 1= Oui 2= Non
75. Indiquer cette période 76. Pensez-vous que c’était la bonne période pour semer , ou auriez-vous préféré
semer plus tôt (car cela était possible et aurait été mieux) mais vous avez choisi de respecter la période à cause de l’assurance 1= c’était la bonne période, 2 = cela aurait été mieux de
semer plus tôt
77. Aviez-vous tous vos intrants ou avez-vous semé dans la période de l’assurance (pour respecter du contrat) sans mettre engrais et/ou bonne semences 1= j’avais tout, 2 = j’ai semé bien que pas
encore engrais, 3= je n’ai pas mis de bonnes semences, 4 = ni engrais, ni bonnes semences 78. Superficie semée avant la période de l’assurance (ha) 79. Si semis effectué hors période, donner les raisons 1= bonne pluie permettant semer, 2= la période de
l’assurance n’est pas bonne, 3 = Autres raisons (………………………………………………….) 80. Superficie semée après période assurance (ha)
272
Questions à l’ensemble des enquêtés
81. Si semis effectué « après période de l’assurance (assuré) ou « trop tard » (non assuré), donner les raisons 1= retard des pluies, pas de pluie utile dans la fenêtre, 2= retard de labour car retard de
crédit, 3= retard labour car accès /contrainte machine, 4= retard bonnes semences car retard crédit, 5 = retard bonnes semences car ne trouve pas/ pas accès, 6= retard engrais car retard crédit, 7= retard engrais , car ne trouve pas/ pas accès, 8= retard car contrainte sur semoir, 9= retard car privilégie autre spéculation (citer……………………..), 10=la période de l’assurance n’est pas bonne (pour assuré seul), 11= Autre raison……………
Appréciation des rendements
82. Quel est le rendement obtenu cette année (2013) (en unité locale) ? (Équivalent en Kg ____________)
83. Comment appréciez-vous le rendement de 2013 ? 1=Vraiment très mauvais 2= Mauvais/Pas bon (en dessous de la moyenne) 3= Normal (année moyenne) 4= Bon (Bonne année) 5= Très bonne (année exceptionnelle)
84. Allez-vous avoir du mal à rembourser vos crédits/dettes de campagne ? (Non assurés uniquement) 1=Non pas du tout, Oui, un peu, 3= Oui, beaucoup de mal, 4= je ne pourrai pas rembourser
85. Comment classez-vous les rendements des 5 dernières années (2009, 2019, 2011, 2012, 2013) Du plus grand au plus petit
86. Quel a été votre meilleur rendement sur les Cinq (5) dernières années : année ? et rendement ? :
87. Quelle a été la plus mauvaise année de production? Son rendement?
88. Pourquoi le rendement a été mauvais ? Il peut y avoir plusieurs réponses, les indiquer toutes 1= retard de semis car contraintes labour, 2= retard de semis car contrainte crédit, 3= retard de semis car ne trouve pas/pas accès semences, 4 = retard semis car ne trouve pas/pas accès engrais, 5= retard semis car autres contraintes, 6= retard de semis car a privilégié autres cultures (citer………………………………), 7= retard semis à cause pluies, 8 = arrêt précoce pluie, 9= manque d’eau durant cycle (quel mois si se rappelle……………………..), 10= trop d’eau (quel mois……………………..), 11= sauterelles/criquets, 12 = autre raison…………………….
89. Cette année-là (la plus mauvaise) avez-vous eu du mal pour rembourser vos crédits/dettes ?
1= Non pas du tout, 2 = Oui un peu, 3 = Oui beaucoup de mal, 4 = je n’ai pas remboursé
90. Quelles sont les problèmes rencontrés en 2013 ?
NB : Noter de 0 à 3 suivant la présence du problème et de sa gravité ( 0 = Pb inexistant)
20…… _______ kg
20…… _______ kg
Semis-installation
Début floraison
Pleine floraison (Et formation gousses)
Développement gousses
Maturation Récolte Post-récolte
Dates/période si possible
Manque d’eau Trop d’eau Nuages Vents forts Temp. Fortes Temp. Froides Criquets/saut. Ravageurs Maladies Autres
273
5.1.3 MAIS
91. Date de semis (2013) qui a marché 92. Pluie utile : Date : [___ ] [___ ] [___ ] 93. Quantité enregistrée (en mm) (QTE) 94. Était –ce un ressemis ? 1= oui, 2=Non
95. Si oui, quelle date pour le 1
er semis ?
96. Sur quelle valeur de pluie
97. Et raisons de l’échec 1= Pluie insuffisante, 2 = Mauvaise qualité semences, 3 = Autre (………………..) Questions réservées aux producteurs assurés
98. Connaissez-vous la période de semis pour l’assurance (dans le contrat) ? 1= Oui 2= Non
99. Indiquer cette période 100. Pensez-vous que c’était la bonne période pour semer, ou auriez-vous préféré
semer plus tôt (car cela était possible et aurait été mieux) mais vous avez choisi de respecter la période à cause de l’assurance 1= c’était la bonne période, 2 = cela aurait été mieux de
semer plus tôt
101. Aviez-vous tous vos intrants ou avez-vous semé dans la période de l’assurance (pour respecter du contrat) sans mettre engrais et/ou bonne semences 1= j’avais tout, 2 = j’ai semé bien que pas
encore engrais, 3= je n’ai pas mis de bonnes semences, 4 = ni engrais, ni bonnes semences 102. Superficie semée avant la période de l’assurance (ha) 103. Si semis effectué hors période, donner les raisons 1= bonne pluie permettant semer, 2= la période de
l’assurance n’est pas bonne, 3 = Autres raisons (………………………………………………….) 104. Superficie semée après période assurance (ha)
Questions à l’ensemble des enquêtés
105. Si semis effectué « après période de l’assurance (assuré) ou « trop tard » (non assuré), donner les raisons 1= retard des pluies, pas de pluie utile dans la fenêtre, 2= retard de labour car retard de
crédit, 3= retard labour car accès /contrainte machine, 4= retard bonnes semences car retard crédit, 5 = retard bonnes semences car ne trouve pas/ pas accès, 6= retard engrais car retard crédit, 7= retard engrais , car ne trouve pas/ pas accès, 8= retard car contrainte sur semoir, 9= retard car privilégie autre spéculation (citer……………………..), 10=la période de l’assurance n’est pas bonne (pour assuré seul), 11= Autre raison……………
Appréciation des rendements
106. Quel est le rendement obtenu cette année (2013) (en unité locale) ? (Équivalent en Kg ____________)
107. Comment appréciez-vous le rendement de 2013 ? 1=Vraiment très mauvais 2= Mauvais/Pas bon (en dessous de la moyenne) 3= Normal (année moyenne) 4= Bon (Bonne année) 5= Très bonne (année exceptionnelle)
108. Allez-vous avoir du mal à rembourser vos crédits/dettes de campagne ? (Non assurés uniquement) 1=Non pas du tout, Oui, un peu, 3= Oui, beaucoup de mal, 4= je ne pourrai pas rembourser
109. Comment classez-vous les rendements des 5 dernières années (2009, 2019, 2011, 2012, 2013) Du plus grand au plus petit
110. Quel a été votre meilleur rendement sur les Cinq (5) dernières années :
année ? et rendement ? : 111. Quelle a été la plus mauvaise année de production? Son rendement? 112. Pourquoi le rendement a été mauvais ?
Il peut y avoir plusieurs réponses, les indiquer toutes 1= retard de semis car contraintes labour, 2= retard de semis car contrainte crédit, 3= retard de semis car ne trouve pas/pas accès semences, 4 = retard semis car ne trouve pas/pas accès engrais, 5= retard semis car autres contraintes, 6= retard de semis car a privilégié autres cultures (citer………………………………), 7= retard semis à cause pluies, 8 = arrêt précoce pluie, 9= manque d’eau durant cycle (quel mois si se rappelle……………………..), 10= trop d’eau (quel mois……………………..), 11= sauterelles/criquets, 12 = autre raison…………………….
20…… _______ kg
20…… _______ kg
274
113. Cette année-là (la plus mauvaise) avez-vous eu du mal pour rembourser vos crédits/dettes ?
1= Non pas du tout, 2 = Oui un peu, 3 = Oui beaucoup de mal, 4 = je n’ai pas remboursé
114. Quelles sont les problèmes rencontrés en 2013 ?
NB : Noter de 0 à 3 suivant la présence du problème et de sa gravité ( 0 = Pb inexistant)
SOUS SECTION 5.3. INDEMNISATION29
115. Pensez-vous que vous deviez être indemnisé cette année 2013 ? 1=Oui je dois (j’aurais dû) selon
moi être indemnisé, 2=Non je ne pense pas que je devais être indemnisé car pas de gros problème
116. Avez-vous été indemnisés en 2013 ? 1=Oui, 2=Non 117. Si oui, Pour quelle culture ? 1= A110 jours, 2=A90 jours, 3=Mais 118. Et quel est le montant de l’indemnisation ?
119. Comment le jugez-vous ? 1= petite, 2= correcte
120. Si non, comprenez-vous pourquoi ?
121. Avez-vous reçu des explications pour comprendre comment cela s’est passé ? 1=Oui, 2=Non
122. Pensez-vous finalement que l’indemnisation reçue ou pas reçue c’est normal ou pas ? 1=Oui, 2=Non
123. Si indemnisation : a-t-elle été utile pour vous aider à rembourser votre crédit/vos dettes ? i. Arachide 90 : 1= Non même sans indemnisation je pouvais rembourser, 2= Non car indemnisation trop
faible, 3= Oui cela m’a aidé un peu, 4= oui cela m’a aidé beaucoup ii. Arachide 110 : 1 = Non pas besoin, 2= Non car trop petite, 3= Oui un peu, 4= Oui beaucoup
iii. Mais 80 : 1= Non pas besoin, 2= Non car trop petite, 3= Oui un peu, 4= Oui beaucoup 124. Si pas indemnisation : avez-vous eu des difficultés à rembourser votre crédit/vos dettes ?
i. Arachide 90 : 1 = Non, 2= Oui un peu, 3= Oui beaucoup
ii. Arachide 110 : 1 = Non, 2= Oui un peu, 3= Oui beaucoup iii. Mais 80 : 1 = Non, 2= Oui un peu, 3= Oui beaucoup
125. Pensez-vous que une indemnisation aurait pu vous aider à rembourser votre crédit/vos dettes ? i. Arachide 90 : 1= Non, 2= Oui un peu, 3= Oui beaucoup
ii. Arachide 110 : 1= Non, 2= Oui un peu, 3= Oui beaucoup iii. Mais 80 : 1= Non, 2= Oui un peu, 3= Oui beaucoup
29
Les sections 5.3 et 5.4 concernent les assurés seulement
Semis-installation
Développe-ment végétatif
Floraison-pollinisation et début formation grains
Développe-ment Grains
Maturation Récolte Post-récolte
Dates/période si possible
Manque d’eau Trop d’eau Nuages Vents forts Temp. Fortes Temp. Froides Criquets/saut. Ravageurs Maladies Autres
275
126. Êtes-vous satisfait de l’assurance ? 1= tout à fait, 2= Oui un peu mais cela n’a pas été f=parfait, 3= Non pas
satisfait et pas content
127. Connaissez-vous des agriculteurs qui ont été indemnisés ? 1= Oui un, 2= Oui plusieurs, 3= Non aucun
SOUS SECTION 5.4 - PERSPECTIVES
128. Savez-vous comment fonctionne votre assurance ? : Expliquer : d’après la réponse, les explications, il faut classer la réponse : 1=ne sait pas en fait, 2=-sait que c’est d’après la pluie, 3=sait que c’est d’après la pluie cumulé par phase, 4= sait qu’il y a des niveaux de pluie déclencheur par phase, 5=connait même certains détails des phases et niveaux déclencheurs
129. Que peut-on améliorer en termes de
fonctionnement sur cette assurance ?
130. Avez-vous eu des difficultés avec l’assurance, au moment de la prendre par exemple ? 1=Oui, 2=Non
Expliquez : b- En terme de «service » (démarches, etc..)
131. Quel (s) problème (s) devrait aussi prendre en compte l’assurance :
132. Quelle (s) autre (s) culture (s)
devraient être assurées et pour quel (s) problèmes (s) :
133. Allez-vous souscrire à l’assurance la saison prochaine ? 1=Oui, 2=Non 134. Si Non, Pourquoi ? 1= Pas d’indemnisation, 2= Coût élevé, 3= Autres (………………)
SECTION VI. PAS DE SOUSCRIPTION EN 2013
135. Avez-vous entendu parler de l’assurance agricole ? 1= Oui, 2= Non 136. Avez-vous entendu parler de l’assurance indicielle ? 1= Oui, 2= Non 137. Si oui,
a-par quel moyen ? 1= Agent commercial, 2= Autres b- Aviez-vous souscrit à l’assurance indicielle l’année passe (en 2012) ? 1= Oui, 2= Non c- Pourquoi n’avez-vous pas souscrit à l’assurance indicielle en 2013 ? 1= Pas de pluviomètre de référence, 2= Autres
138. -Si Non (l’enquêteur doit expliquer l’assurance à l’enquêté avant de poser la question suivante) :
voulez-vous souscrire à l’assurance ? 1= Oui, 2= Non
1. 2. 3.
1. 2.
3.
276
ANNEXE 4 : CALCUL VULNÉRABILITÉ Pluviométrie
Nioro Bambey Kaolack Fatick Nioro Bambey Kaolack
1105 805,5 795,5 554,6 447,5 557,9 -51,44% -49,81% -44,44% -29,87%
512,2 344,8 506,6 39,05% -7,65% -22,95% -9,20%
751,8 362,8 502 8,36% 46,78% 5,22% -0,91%
761,6 486,5 560,4 21,90% 1,30% 34,10% 11,63%
798,2 497,8 638,6 -0,30% 4,81% 2,32% 13,95%
709,9 575 431,9 34,13% -11,06% 15,51% -32,37%
512,4 356,4 443,4 -38,18% -27,82% -38,02% 2,66%
617,4 397,5 591,5 -12,70% 20,49% 11,53% 33,40%
582,1 351,9 434 8,20% -5,72% -11,47% -26,63%
975,8 570,4 882,4 60,50% 67,63% 62,09% 103,32%
969,5 637,3 685,1 -1,00% -0,65% 11,73% -22,36%
869,1 726,5 625,5 -21,60% -10,36% 14,00% -8,70%
612,7 381,8 609,7 -21,70% -29,50% -47,45% -2,53%
911,9 507,6 562,2 26,57% 48,83% 32,95% -7,79%
774,1 474,5 580,1 -0,83% -15,11% -6,52% 3,18%
812 678,8 767,3 30,96% 4,90% 43,06% 32,27%
632,9 480,1 811,3 -9,05% -22,06% -29,27% 5,73%
719,7 518,6 488 -41,87% 13,71% 8,02% -39,85%
877,7 804,8 639,8 137,84% 21,95% 55,19% 31,11%
863 661,8 740,9 6,47% -1,67% -17,77% 15,80%
8,76% 2,45% 3,89% 3,64%
137,84% 67,63% 62,09% 103,32%
-51,44% -49,81% -47,45% -39,85%
0,32 0,44 0,47 0,30
0,68 0,56 0,53 0,70
Exploitation Pluie Température Moyenne
Vulnérabilité
biophysique
Zone Nord 0,61 0,55 0,57642
Zone Sud 0,63 0,52 0,57481
0,58
277
Température
Mini Nioro
Maxi Niakhar
Mini Niakhar
Maxi Nioro Mini Nioro Maxi
Niakhar Mini
Niakhar
20,0
20,7
4,84% 3,97%
20,5
-3,39% -1,00%
20,8 35,3 21,6 -0,47% 1,30%
20,5 35,5 21,6 0,26% -1,52% 0,57% 0,12%
19,8 35,2 20,9 0,75% -3,54% -0,63% -3,20%
20,7 35,3 21,1 0,54% 4,56% 0,31% 0,76%
20,8 36,2 21,0 1,41% 0,81% 2,33% -0,28%
21,5 36,4 21,8 -1,05% 3,12% 0,58% 3,81%
22,0 36,2 21,9 0,99% 2,60% -0,60% 0,27%
20,7 35,0 21,0 -3,52% -6,01% -3,07% -3,81%
20,6 35,7 21,4 1,83% -0,58% 1,93% 1,98%
20,1 36,2 21,9 0,60% -2,34% 1,26% 2,10%
20,6 36,7 21,6 0,16% 2,61% 1,54% -1,41%
20,8 35,9 21,6 -1,44% 0,93% -2,36% -0,12%
20,9 36,0 21,9 1,02% 0,16% 0,26% 1,43%
21,1 35,8 22,4 -0,39% 1,12% -0,44% 2,21%
22,0 35,8 22,1 -0,26% 4,07% 0,07% -1,12%
20,5 36,2 21,2 2,10% -6,68% 1,12% -4,03%
20,4 36,7 21,4 -1,49% -0,20% 1,31% 0,90%
20,5 36,0 21,0 0,30% 0,12% -1,79% -1,67%
0,14% 0,17% 0,14% -0,12%
4,84% 4,56% 2,33% 3,81%
-3,52% -6,68% -3,07% -4,03%
0,44 0,61 0,59 0,50
température
Nioro 0,52
Niakhar 0,55
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