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Origines du christianisme : Vers un nouveau paradigme ?
"La recherche historique sur Jsus : menace et/ou chance pour la foi ? " Tel est le
titre d'un article sign de Jacques Schlosser paru en 2006 dans la revueRecherche de Science
Religieuse. iSa conclusion est qu'il y a, effectivement, une menace mais qu'en dfinitive la
recherche historique est une chance : " L'histoire n'a pas lgitimer la foi, mais elle peut
fournir des raisons de croire. Elle peut rendre aussi aux croyants le service de les armer en
les faisant sortir de la navet (...) Il reste que, pour sortir de la navet, il faut accepter de
passer par une crise."
Mais en quoi consiste cette crise ? Tous les croyants, en particulier les plus nafs, sont-
ils assurs d'en sortir " mieux arms" ? Et les autres, ceux qui s'en sortent victorieusement,
retrouveront-ils la foi qu'ils avaient avant la crise ou bien une foi diffrente et, en ce cas, en
quoi consisterait la diffrence ?
Jacques Schlosser est professeur mrite, ancien doyen de la facult de thologie
catholique de l'Universit Marc Bloch de Strasbourg et auteur de nombreux ouvrages et
articles. Il et, d'autre part, prtre du diocse de Strasbourg, au service de la cathdrale. Dans
l'article prcit, il pose, outre la question qui vient d'tre rsume celle du rapport entre la
raison et la foi, ainsi que celle l'influence de la foi chez l'historien-chercheur dans le domaine
des origines du christianisme et, accessoirement, celle de la conformit entre cette histoire vuepar un historien croyant et la mme histoire vue par un historien agnostique ou athe.
Dans un article de la mme priode paru dans un priodique de vulgarisation dont le
thme est, cette fois,La Gense des vangiles, il crit encore : " Entre le ministre de Jsus
et l'dition du troisime vangile , quelques cinquante ans se sont couls, si l'on admet avec
la plupart des spcialistes, que Jsus est mort en l'an 30 et que l'vangile de Luc, qui fait
allusion la ruine de Jrusalem, intervenue en 70 (Voir Lc 21, 20), a vu le jour aux environs
e l'an 80 ".
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Cinquante ans se seraient donc couls entre l'enseignement de Jsus et sa rdaction
par crit, sous la plume de Luc - cinquante ans signifiant que les tmoins oculaires des
vnements relats, pouvaient, tant encore vivants, fournir leur tmoignage l'auteur du
rcit. Cinquante ans, oui, mais, signale Jacques Schlosser, deux conditions , conditions que
"la plupart des spcialistes" admettent. 1) Que Jsus soit mort en l'an 30; 2) que l'vangile de
Luc ait t rdig en 80.
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Or, cet accord, supposer qu'il soit aussi large qu'il est dit, suffit-il tablir la ralit
de ces deux conditions ? Jacques Schlosser postule l'accord et postule que l'accord ait une
valeur de preuve sufisante. Il se garde prciser qu'il s'agit de deux postulats.
De mme, il ne manquera pas de faire plus loin quelques remarques sur les diverses
couches rdactionnelles dont le troisime vangile (comme les autres) est fait mais passera
sous silence cette donne, qui n'est tout de mme pas insignifiante qu'en dehors de la
littrature chrtienne, il n'y a pas plus de trace d'un Luc mdecin et grand voyageur que des
autres vanglistes et aptres ; il sera toujours, au contraire, question d'un "Luc historien"
dont l'existence ne pose pas plus de problme que celle, par exemple, d'Ammien Marcellin.
Dans l'article de RSR, Jacques Schlosser aborde un moment la question de
l'humanit de Jsus, en se rfrant explicitement l'histoire : " La recherche historique sur
Jsus est apte concrtiser ce qui implique la confession de foi portant sur l'humanit de
Jsus ". (page 341) Elle ne saurait, ses yeux, faire de doute, car elle est trs clairement
affirme par Luc 3, 38 ("Le fils dAdam"), par Matthieu 1, 1 ("Fils de David, fils d'Abraham"),
ou encore par Paul Ga 4, 4 ("N d'une femme"), etc. C'est, effectivement, clair. Mais pour que
ce soit historique ne faudrait-il pas, en premier lieu, que la validit historique des crits de
Luc, de Matthieu, de Paul (et des autres auteurs) soit dmontre ? Tout se passe comme si , en
tant que donne globale, elle ne posait pas de problme, mais seulement au niveau d'un
certain nombre d'lments de contenu.
C'est ainsi que J. Schlosser va diagnostiquer, ici et l, quelques dficits d'harmonie
qu'en historien rigoureux il croit devoir examiner : " Des difficults srieuses (...) se
prsentent quand les sources elles-mmes (concrtement, les vangiles) proposent des
donnes contradictoires ou, au moins, non harmonieuses . " (page 335) Il va exposer ces
difficults au moyen de trois exemples : le lieu de naissance de Jsus, la date de sa mort,
l'vnement de son baptme et en se livrant une srie de raisonnements qui peuvent tre d'un
logique irrprochable, ceci prs qu'au point de dpart on trouve le postulat non explicit de
l'historicit des sources (" concrtement, les vangiles") . A quoi bon, ds lors, prendre tant
de peine pour rduire les ventuelles contradictions ? Quand bien mme il y aurait parfaite
concordance entre les quatre vangiles canoniques - ce qui est loin d'tre le cas - cela ne
suffirait en rien tablir leur historicit. D'autres garanties sont requises. L'harmonie est loin
d'tre le cas, effectivement (et ds l'antiquit les chrtiens primitifs s'en soucient) et quant aux
divergences, elles peuvent aller au-del de simples contradictions, mais constituer de
vritables incompatibilits, comme on l'observe, en effet, quand on compare les troissynoptiques et l'vangile johanniques (suppos tre le dernier des quatre). En un mot comme
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en cent, rien n'est plus fragile que de postuler l'historicit de quatre textes dont personne ne
sait ni quand ils furent crits, ni o, ni par qui, ni en quelle langue.
Ce sont de telles considrations - que le croyant aura spontanment tendance
recevoir comme malveillantes, qui amnent se demander rellement si la recherche
historique est une menace ou une chance pour la foi. Jacques Schlosser conclut son article en
disant qu'afin de ne pas donner " l'impression des esprits exigeants que la foi et la thologie
sont infantiles et inconsistantes", " il faut donc accepter sans trop de scrupules le risque de
scandaliser momentanment les faibles (...)". En cette ultime affirmation, il nglige encore la
possibilit que le scandale - puisque scandale il y aurait faire de l'histoire, toute l'histoire,
rien que de l'histoire - dbouche, non pas sur une dstabilisation momentane d'une partie des
croyants, mais sur la dcision qu'ils prendraient de donner dfinitivement cong la foi et la
thologie (problmatique dramatique que, pour sa part, Paul Tillich a aborde ouvertement).
Ds lors, cette problmatique pose par Jacques Schlosser apparat fort diffremment. Le
risque que la recherche soit fatale la foi et la thologie elles-mmes, ne se limite nullement
quelque frange d'un lectorat aux convictions religieuses trop fragiles ; c'est le risque auquel
s'expose, en premier lieu, l'historien lui-mme. Ils furent nombreux, l'poque de la crise
moderniste, tout prtres catholiques qu'ils aient pu tre soit perdre la foi purement et
simplement (Prosper Alfaric, Joseph Turmel), soit reconstruire une foi nouvelle en toute
indpendance vis--vis de l'institution et du dogme (Alfred Loisy).
"La dmarche scientifique et strictement historique est-elle ce point dangereuse?"
se demande Jacques Schlosser (page 334) Et il rpond : " Le zle mis jadis en uvre par la
Commission Biblique pour dnoncer, par des dclarations et parfois par des sanctions les
positions dviantes ou aventureues des exgtes irait un peuiiidans ce sens".
C'est trop peu dire que ces positions allaient un peu dans ce sens. Elles y allaient
furieusement, impitoyablement et aveuglment. Tant qu' voquer la Commission Biblique
Pontificale, il faut en dire plus ou n'en pas parler. La Commission Biblique Pontificale, c'est le
Vatican. Dans son encycliquePascendi iv(8 septembre 1907), Pie X crit (c'est Alfred Loisy
et ses amis qui sont viss ) : " Ennemis de l'Eglise, certes, ils le sont. C'est du dedans qu'ils
trament sa ruine ; le danger est aujourd'hui presque aux entrailles, aux veines de l'glise.
Leurs coups sont d'autant plus srs qu'ils savent mieux o la frapper. Ajoutez que ce n'est pas
aux rameaux ou aux rejetons qu'ils ont mis la cogne, mais la racine mme, c'est--dire la
foi et ses fibres les plus profondes".
La crise moderniste dont on parle souvent aujourd'hui sans bien connatre la virulencequ'elle put revtir, reprsentait donc, aux dires mmes, de Rome, une menace vitale pour la
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foi. Certains de ses acteurs virent la leur sombrer dfinitivement ; d'autres durent la rformer
en profondeur. Il en fut de mme pour le public contemporain qui vcut tous les pisodes de
la crise. Quant au christianisme lui-mme, surtout dans sa forme catholique, il en fut
galement modifi mais sans que le risque fatal envisag par Pie X ne se soit concrtis.
Le temps a fait son uvre et la critique historique peut sembler certains - dont
Jacques Schlosser est un reprsentant - avoir dbouch sur une foi et une thologie renforces,
bien qu'ils estiment qu'un certain danger subsiste. Tel est le cas aussi du pape mrite Benot
XVI qui, dans le second de ses trois volumes consacrs Jsus crit : " Si nous cartons cette
histoire, la foi chrtienne est abolie en tant que telle et refondue dans une autre forme de
religion".
Une autre forme de religion ? La foi chrtienne ? S'agit-il de la foi chrtienne ou de la
foi catholique ? Au demeurant, le Dieu vivant ne saurait-il se chercher et se trouver dans une
autre forme de christianisme aussi bien que dans une autre forme de religion ? En quoi
s'agirait-il d'une absolue catastrophe si le contenu de la foi - et notamment son enracinement
dans le pass d'autres hommes un stade antrieur de l'histoire de l'humanit - faisait l'objet
d'une profonde rvision ? Ne s'agirait-il pas l d'une chance pour la foi, condition d'entendre
l'expression dans un sens quelque peu diffrent de celui que lui donne Jacques Schlosser ? La
question reste ouverte. Pour ce prtre catholique, la foi ne peut voluer qu' l'intrieur d'une
thologie qui est celle de l'glise catholique, la vrit de cette thologie tant garantie par son
historicit. Il est facile de voir qu'il s'agit d'un raisonnement circulaire : la thologie est vraie
parce que l'histoire la garantit et l'histoire est vraie parce que la thologie le confirme.
Inversement, tout historien qui met en cause tel ou tel aspect de l'historiographie
multisculaire met en cause, qu'il le veuille ou non, d'une manire ou d'une autre, la thologie.
La thologie et l'histoire associe exercent donc ce qui a t nomm une " emprise
tautologique " par Maurice Sachot dans deux ouvrages, fondamentaux de ce point de vue.
vD'innombrables livres ont t consacrs au rapport entre la foi et la raison et l'une de ses
dclinaisons qui est le rapport de l'histoire du christianisme selon le regard de l'historien
croyant et selon celui de l'historien athe ou agnostique. Une courte phrase de Maurice Sachot
rsume tout le problme : " Une mme histoire vue autrement devient une autre histoire. " vi
La thse que dveloppe Jacques Schlosser et que partage un grand nombre d'exgtes, au
point qu'on peut la nommer la thse classique, est que l'engagement religieux, qu'il soit
prsent ou absent, n'a pas d'impact sur le travail de l'historien, ds l'instant o celui-ci est
comptent, c'est--dire la condition qu'il mette en uvre une certaine mthodologie exemptede toute dviance idologique. Dans l'introduction de notre travail, nous dtaillons les
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implications d'un tel dbat, partir d'une controverse ayant oppos dans un pass rcent
l'auteur bien connu Frdric Lenoir l'exgte Bernard Sesbou propos de la divinit de
Jsus-Christ. Mais les exemples sont nombreux. viiviii
Cette neutralit du regard de l'historien comptent par rapport son ventuel
engagement religieux est un point de vue que revendiquent pratiquement tous les historiens
dont la foi est connue (et qui sont, disons-le en passant, trs majoritaires dans le microcosme
des sciences bibliques). Mais ce point de vue est souvent conforts par d'autres historiens,
revendiquant, quant eux, la stricte neutralit religieuse, aussi minoritaires qu'ils soient dans
ce mme milieu. "L'histoire ne s'oppose pas la foi", crit, par exemple, l'un d'entre eux. ix
En tant qu'elle est d'une porte gnrale, la vrit d'une telle affirmation ne se conteste
pas. Il peut en aller autrement si l'on se hasarde regarder au-del de la surface des choses. Il
n'est pas impossible, bien au contraire, qu'une certaine histoire s'oppose une certaine foi, ou
encore que certains contenus de l'histoire s'opposent certains contenus de la foi. Par
exemple, les divers rcits de la littrature antique profane faisant apparatre la forte inclination
des dieux faire des enfants aux femmes des humains peut mettre fort mal l'aise le croyant
le plus dcide admettre la naissance virginale de Jsus. Tant d'autres exemples pourraient
tre pris, notamment dans le domaine de la rsurrection des morts.
L'historien croyant, qui n'est pas moins menac lui-mme dans sa propre foi qu'il n'est
susceptible de menacer celle de son lecteur, peut cder la tentation de raisonner de manire
ngliger un tel aspect des choses. Une telle capacit peut tre mise en uvre chaque tape
du travail de cet historien. Il faut avoir vacu de son esprit les efforts dploys par l'Eglise de
Rome en vue de rduire nant la critique historique du modernisme pour crire que la
Commission Biblique Pontificale avait " un peu " flair le danger. Elle avait, en ralit
mobilis toutes les ressources imaginables. Elle avait t cre dans ce but unique. Elle ne
lsina pas sur les moyens. Dans ce cas, par son art de la synthse, l'historien protge le
lecteur et se protge lui-mme du danger que peut faire courir la foi certains aspects de la
recherche historique.
Mais qu'en est-il de l'attitude de l'historien totalement affranchi des exigences de la foi
? C'est peut-tre l'aspect le plus sensible du problme. Par dfinition, il ne peut rien craindre
pour lui-mme. Son athisme ou son agnosticisme le met hors de danger. Pour autant, il n'est
pas inconscient du danger qu'il peut faire courir autrui du point de vue spirituel . La
recherche historique - Jacques Schlosser l'a crit - peut faire scandale. L'historien affranchi
des exigences de la thologie n'est cependant pas irresponsable. En outre, pour tre affranchipar rapport la religion, du point de vue personnel, il n'est pas pour autant ncessairement
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affranchi de l'infleunce que peut exercer sur lui son milieu professionnel, culturel,
institutionnel.
Dans le travail que nous prsentons, nous ferons largement appel la notion de
"paradigme" au sens que lui a donn Thomas Kuhn dans sa Structure des rvolutions
scientifiques, sachant que, par ailleurs, cet auteur a regrett l'ambigut dont s'est charge ce
terme, ambigut largement responsable du succs public de ce concept. Le paradigme,est,
pour Kuhn, une "matrice disciplinaire " (autre terme qu'il emploie), c'est--dire un cadre, un
systme de pense, un moule o l'on coule certaines donnes qui le remplissent naturellement,
tandis que d'autres ne peuvent y prendre place, le moule tant ainsi fait.
Bien que, selon Maurice Sachot, "une mme histoire vue autrement[devrait devenir ]
une autre histoire", l'histoire des origines du christianisme vue par un historien agnostique ou
athe est la mme (au moins en apparence) que l'histoire vue par l'historien croyant
simplement parce que l'un et l'autre utilisent le mme paradigme, un paradigme form par un
millnaire et demi o l'histoire a t sous l'emprise de la thologie, (ce que nous nommes le
paradigme historico-thologique). Utilisant le mme paradigme, ils incluent les mmes
donnes et excluent les mmes donnes. Ils incluent les mmes postulats (qu'ils se gardent de
nommer ainsi mais mettent au compte d'un suppos consensus quasi-gnral) et excluent les
mmes hypothses parce qu'elles feraient clater l'ancien paradigme au profit d'un nouveau
(que nous appelons de nos voeux et nommons le paradigme hypothtico-rationnel qui
voudrait que, au nom de la raison et de la raison seule, ce qui n'est pas une donne certaine
reoive le statut d'une hypothse acceptable et examinable).
Quant au suppos consensus quasi-gnral - vrifier de plus prs - il rsulte de ce
que, aujourd'hui, - contrairement ce qui tait le cas l'poque de la crise modernise - tout
historien des origines du christianisme qui ancrerait ses positions dans l'aire d'un scepticisme
raisonnable aurait les plus grandes difficults (du moins dans le microcosme franchophone
des sciences religieuses) "percer".
Kuhn insiste bien sur l'aspect social autant qu'intellectuel du paradigme : c'est--dire
qu'il remarque que le paradigme n'est pas seulement une thorie (ou un ensemble de thories)
mais un groupe humain (ou des groupes humains associs). En outre, ces groupes disposent
de moyens qui sont essentiellement des moyens (et des lieux) d'expression qu'ils utilisent pour
dfendre la forteresse assige qu'est l'ancien paradigme, leur paradigme.
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iRSR 80/3 (2006) pp. 331-348iiNotre Histoire n 219 (2006), pp 39-43iiiNous soulignons.ivEn franais : "Sur les erreurs du modernisme".vSachot Maurice,L'invention du Christ, Gense d'une religion, Odile Jacob, Paris 1998 et2011 ; Quand le christianisme a chang le monde, Odile Jacob, Paris, 2007.
vi"N'est-ce pas risquer de renforcer cet enfermement tautologique et apologtiquedans lequel se complait la pense occidentale et de cautionner ainsi son emprise
sur la plante tout entire, alors qu'il serait urgent de s'en dfaire ? Pluscrucialement encore - et ceci explique en partie cela - nous sommes totalement sous
l'emprise d'une perception tautologique de nous-mmes." (p. 29) " Commentvaincre cette emprise tautologique ? Comment rendre raison de la subversinchrtienne du monde, autrement qu'avec ses termes, ses catgories et sesexplications ?" (p. 32) (Quand le christianisme a chang... op. cit.). " ----"L'exgse est, son insu, encore marque au coin de l'historicisme qui est la
forme savante de sa lecture tautologique de l'histoire chrtienne. Celui-ci consiste prendre comme donnes historiques pour le temps de Jsus des catgories qui lui
sont ultrieures (...) L'historicisme consiste prendre ensuite pour historique lesparoles et les gestes de Jsus qui ne sont, en fait, que la mise en scne de cettecatgorie. Ce qui et historique est cette catgorisatin de Jsus elle-mme et ce quila fonde. Inverser le rapport, c'est prendre la proie pour l'ombre. L'historicisme
n'est pas la seule forme d'une conception apologtique d'une histoire duchristianisme (...) (pp 8-9) " L'histoire du christianisme originel, en tant qu'histoiredes premires communauts chrtiennes, sort progressivement des limbes.
L'histoire des premires communauts chrtiennes sort progressivement des limbes.L'histoire du Jsus historique, en revanche, pitine. Dfinir sa personnalit,retrouver avec certitude ce que furent ses paroles mmes, les ipssima verba et lesactes qu'il a effectivement accomplis, les ipssima gesta, est une tche impossible.
D'un point de vue heuristique, elle mrite sans doute d'tre entreprise, mais sonterme ressemble l'horizon : il s'loigne au fur et mesure qu'on s'en rapproche"(p 18)L'invention... op.cit.
viiVoirL'historien et la foi, sous la direction de Jean Delumeau, Fayard, 1996viiiSesbou Bernard, Christ, Seigneur et fils de Dieu - Libre rponse Frdric Lenoir,Lethielleux, Paris, 2010ixMimouni, S.C.Le christianisme des origines Constantin, (avec Pierre Maraval,) NouvelleClio, PUF, 2006, p. 154
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