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Un(e) psy pour les soignants : pour quoi faire ?
Martine Ruszniewski
23 novembre 2012
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Un(e) psy exclusivement pour les soignants,
Pourquoi ?
Est-ce :
- nécessaire ou superflu ?
- original ou banal ?
- une expérience unique ou un service appelé à être généralisé ?
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Pour tolérer : l’agressivité du patient ou de sa famille l’absence de respect auquel il est parfois soumis (patient,
famille ou collègues) L’impuissance à soulager (douleur, angoisse)
Pour surmonter : un conflit d’équipe Pour éviter : de rechercher un bouc émissaire de retourner l’agressivité contre lui
Pourquoi le soignant aurait-il besoin de soins ?
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Pourquoi la souffrance du travail en
cancérologie, en soins palliatifs ?
Identification des professionnels au malade ou à ses proches :
même âge, même profession…
mêmes origines
rappel d’un vécu identique personnel ou auprès d’un proche
Confrontation avec le sentiment de son être mortel
Faire du mal dans une intention de produire du bien pour l’autre (position paradoxale produisant du mal-être chez le soignant)
Sentiment de culpabilité
Conflit de quelque nature que ce soit au sein d’une équipe/d’un service
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En pratique, c’est quoi ?
Des groupes de supervision réguliers : analyse des pratiques
Une parole en commun (groupe) pour les soignants qui ont accompagné un malade et sa famille
Un groupe de parole par spécificité professionnelle
Un groupe de parole pour une équipe soignante Des entretiens individuels si besoin
Participation libre mais vivement souhaitée Confidentialité absolue
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Objectifs du groupe de parole :
Redonner la parole à chacun
Un temps pour penser le soin, un temps pour soi : proposer un espace
ouvert et protégé qui échappe à une logique directe de rendement et
d’efficacité
Apprendre que le questionnement, le désaccord, le doute,
mis en évidence grâce à la parole libre permettent de se positionner pour
mieux rebondir
Pleurer, rire, se taire
S’exposer en disant c’est mettre une partie de soi à nu et donc se lancer
dans cette aventure nécessite témérité et courage
et il est bon de le rappeler lors de la mise en place d’un GP
Primauté du sujet sur la fonction
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Modalités pratiques des groupes de parole :
Calendrier pré-établi à jour et heure fixes
Participation libre de l’ensemble des soignants
Confidentialité absolue
Pas d’ordre du jour
Régularité et assiduité souhaitable
En réponse à une demande des soignants
Avec l’accord de la hiérarchie
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Nature des échanges (1)
Le cas clinique est le plus souvent évoqué par un membre de l’équipe puis travaillé par le groupe.
Partage des différents points de vue.
La parole échangée en groupe peut soit favoriser l’expression des émotions soit au contraire la brider. Il s’agit de permettre autant que faire se peut à chacun de pouvoir exprimer librement son ressenti
Une certaine réalité objective et subjective est partagée. Il s’agit donc de favoriser le « penser par soi-même » : (que ressentez-vous ? Comment avez-vous vécu cette situation ? Quelle question souhaitez-vous poser aux participants ?...)
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Nature des échanges (2)
Le psy est là pour permettre la parole de chacun tout en soutenant l'importance de la « collégialité » il aide à faire entendre que dans une même équipe on a aussi le droit de penser individuellement
Cette maturité construite collectivement permet au soignant un plus grand épanouissement professionnel
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Mouvements psychiques possibles
Parfois certains soignants parlent en silence : hochent de la tête en signe d’approbation ou de désapprobation par exemple
D’autres ont un vif désir d’exprimer leur ressenti, leurs émotions, leur colère, leur satisfaction.
D’autres enfin n’ont pas voulu ou pas pu être présents à cette réunion mais sont parlés par les autres.
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Position du psy
En pratique :
Laisser la parole à celui qui veut parler
Préserver la confidentialité de ce qui se dit dans le groupe
Écouter, entendre et interroger les dires de chacun (soignant-institution, soignant-soignant, soignant-malade, etc.)
Redonner la place au soignant qui prend la parole mais aussi à celui dont on parle, présent ou absent (malade, famille ou professionnel) 11
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Les limites du groupe de parole
Résistance collective :
équipe en crise refusant tout soutien
équipe clivée
Résistance individuelle :
parler ne sert à rien
non désir d’investissement personnel
manque de temps
difficulté à s’exprimer en groupe
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Conditions communes pour que se pérennisent ces groupes pour les soignants
Que ces groupes soient désirés par les participants.
Pour favoriser la qualité de l’écoute de chacun à l’égard de celui ou celle qui va oser exposer ses difficultés, ses ratages sans craindre le jugement, qu’il puisse repartir « la tête haute » devant les autres
Que tous ceux qui ont participé à un groupe y aient trouvé un intérêt pour eux-mêmes, pour leur travail en équipe et pour une meilleure prise en charge des malades et de leurs proches
Pour se sentir in fine moins seul
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Exigence de patience et d’humilité
Lors des premiers groupes, accepter que les soignants soient dans du « bavardage »
Bien comprendre que c’est un temps qui échappe au rendement, aux comptes-rendus ainsi qu’aux réponses toutes faites. C’est un espace-temps hors du temps et qui peut produire une certaine étrangeté avant d’y avoir participé
C’est un premier temps nécessaire pour favoriser un climat de confiance
Un temps où l’on fait l’expérience que la mise en mots n’est pas menacée par une mise en acte : condamnation, sanction, renvoi…
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Ecouter et entendre consomment du
temps et de l’énergie psychique
Comment trouver encore ce temps qui fait si
souvent défaut à l’hôpital ?
Comment trouver encore cette énergie
psychique compte tenu de la charge de travail
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Un groupe évolue souvent en trois temps
Un temps d’attente : on peut y assister, observer, sans s’y impliquer, on peut parler sans se sentir menacé. C’est ici un temps d’apprivoisement réciproque
Un temps pour participer : parler en groupe permet de mieux percevoir les mécanismes d’identification, de projection, la place du sujet… Le groupe devient un lieu où les affects peuvent être déposés. C’est apprendre à écouter, s’écouter, et c’est accepter que le discours qu’on écoute existe. Il ne s’agit pas d’être d’accord ou pas d’accord, c’est écouter une réalité psychique
Un temps de satisfaction : on ne peut plus envisager de travailler en équipe sans l’existence d’une parole en groupe. On ne peut plus travailler ensemble, former une équipe, sans prendre un temps pour penser la médecine autrement qu’en staff, en RCP. En faisant l’expérience de sa propre singularité, le soignant pourra reconnaître la singularité de l’autre (malade, famille ou collègue)
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Pour conclure
Ce temps de parole partagé ce n’est pas : - un staff - une salle de détente ! Alors c’est quoi ? Un espace où chacun peut ou devrait : - se sentir apaisé sans être jugé - atténuer son sentiment de solitude - se poser des questions sur sa pratique Le groupe est là pour partager son expérience et essayer d’élaborer des solutions.
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