INTRODUCTIONLa vigile Pascale, la Fête des fêtes et centre du temps liturgique, c’est la
célébration privilégiée par l’Eglise pour administrer le baptême aux catéchumènes1.
Grâce aux nouveaux baptisés l’Eglise se renouvelle et grandit et tout le peuple de Dieu
éprouve une grande joie quand les nouveaux baptisés sont incorporés dans l’Eglise : joie
pour la délivrance du péché et joie de les savoir fils de Dieu en union avec le Christ. Le
sacrement du baptême est le fondement de l’égalité en dignité et en coresponsabilité de
tous les fidèles. Malgré cette égalité que le fidèle détient en tant que personne juridique
pourvue de droits et de devoirs fondamentaux, nous constatons que dans l’Eglise
existent plusieurs ministères avec des devoirs spécifiques à leurs fonctions. Tel est le
cas du service exercé par les ministres ordonnés, lequel exige l’accomplissement de
devoirs exclusifs à leurs fonctions et auxquels les laïcs ne sont pas tenus.
Nous savons que tous les Christifideles participent à la tria munera Christi
(parole, sacerdoce et gouvernement). Or, si de cette participation dérivent les devoirs
fondamentaux et ceux propres à chaque fonction, comment peuvent-ils coexister sans
arriver à une confusion ? Quel est le rapport entre les devoirs fondamentaux des fidèles
et ceux spécifiques aux ministres sacrés?
Pour éclaircir la relation entre les diverses fonctions des fidèles, nous allons
essayer de dégager la doctrine théologique des différents documents du Concile Vatican
II en précisant comment est traduite juridiquement la question du baptême dans le Code
de Droit Canonique. Puisque la question du baptême est très vaste, en vue d’élaborer un
travail clair, nous avons décidé de structurer notre travail en trois chapitres. Tout au
long du premier chapitre nous voudrions chercher les concordances qui existent entre le
fondement scripturaire, la doctrine magistérielle et la normative canonique vis-à-vis du
sacrement du baptême. Dans le deuxième chapitre nous allons analyser le devoir de
communion et le devoir de sainteté qu’ont les fidèles, et le rapport qu’existe entre les
divers devoirs des christifideles. Finalement, dans le troisième chapitre nous étudierons
le baptême en tant qu’exigence pour recevoir les sacrements de l’eucharistie, du
mariage et de l’ordre.
1 « Bien que le baptême puisse être célébré n’importe quel jour, il est néanmoins recommandé de le célébrer habituellement le dimanche ou, si cela est possible, au cours de la veillée pascale ».c.856.
1
I. LE BAPTEME
I.1. Le sacrement du Baptême et la foi
Les saintes Ecritures nous montrent que Jésus-Christ donna aux apôtres une
double mission à accomplir, mission que l’Eglise a continuée tout au long de l’histoire.
Tout d’abord, il donna la mission d’annoncer la parole de Dieu : « Allez dans le monde
entier, proclamez l'Evangile à toute la création » ; ensuite, celle de baptiser : « Celui qui
croira et sera baptisé, sera sauvé »2. Puisque Dieu veut « que tous les hommes soient
sauvés »3, le sacrement du baptême est destiné à tous les hommes. Ainsi, celui qui ne
croit pas à la parole de Dieu, préalable au baptême, n’obtiendra pas la vie éternelle :
« celui qui ne croira pas, sera condamné »4. C’est donc à travers l’annonce de la bonne
nouvelle et à travers le sacrement du baptême que l’homme adhère au depositum fidei5
de l’Eglise, une réalité préalable6.
Le Magistère définit le baptême comme le fondement de la vie chrétienne7,
d’une nouvelle vie dans l'Esprit (vitae spiritualis ianua8) : à travers le sacrement du
baptême l’homme est délivré du péché (originel et personnel) et, en restituant aux
baptisés la dignité d’enfant de Dieu, il les configure au Christ avec un sceau de caractère
indélébile et les incorpore à l’Eglise9. D’ailleurs, saint Augustin affirmait : « Comme la
naissance corporelle, la naissance spirituelle est unique ». Ce sacrement est aussi conçu
comme celui qui rend possible l’accès aux autres sacrements (ianua sacramentorum10).
La législation de l’Eglise permet de le recevoir validement sous deux conditions : celui
qui le reçoit doit être une personne humaine et il ne peut pas l’avoir reçu précédemment.
La nécessité du baptême pour le salut, comme on vient de le voir, nous est
montrée par l’Ecriture et confirmée par la doctrine de l’Eglise11. Le CIC/83 la rappelle
2 Mc 16, 15-16.3 AG 7; DH 11, 14; LG 16; PO 15; SC 5.4 Mc 16, 15-16.5 C.E.C Nº 84.6 Ac 2, 41; cf. X. PIKAZA - N. SILANES (EDS.), Los carismas en la Iglesia, Salamanca, Secretariado trinitario, 1998, p. 411-412.7 « Le Baptême est la source de la vie nouvelle dans le Christ de laquelle jaillit toute la vie chrétienne » C.E.C Nº 1254.8 cf. C.E.C Nº 1213.9 cf. c.849.10 c. 737 §1 CIC/17; c.842 §1 CIC/83.11 « L'Eglise ne connaît d'autre moyen que le baptême pour assurer l'entrée dans la béatitude éternelle » C.E.C Nº 1257.
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en affirmant qu’il est la « porte des sacrements, nécessaire au salut » (c.849). Une
manière littérale d’interpréter cette expression quant à la nécessité de ce sacrement pour
le salut de l’âme peut créer des réticences. À ce propos, le Catéchisme de l’Eglise
Catholique précise que « le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels
l'Evangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement »12. De
cette manière, les hommes, « ayant acquis une nouvelle naissance par la Parole de
Dieu »13 et « régénérés par le baptême dans le Christ »14, sont introduits dans le Peuple
de Dieu15, « incorporés à l’Église »16. L'Église est en effet le bercail dont la porte unique
et nécessaire est le Christ17 : unique médiateur et voie de salut, « Il nous devient présent
en son Corps qui est l'Eglise » qui nous enseigne la nécessité de la foi et du baptême18.
Le c.849 exprime d’une autre manière cette nécessité de la foi en affirmant que le
baptême n’est conféré validement que lorsqu’il est « accompagné par la formule
requise ». En effet, cette formule n’est autre chose que la parole qui professe la foi en
Dieu le Père, le Fils et l’Esprit Saint. De là, il est clair que la nécessité du baptême pour
le salut n’est pas absolue pour ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de connaitre l’Eglise.
C’est précisément pour cela que tout baptisé en participant à la fonction prophétique du
Christ a le devoir d’annoncer la Parole de Dieu « nous sommes incorporés à l'Eglise et
faits participants à sa mission »19.
I.2. De personne humaine à personne dans l’Eglise (c.96)
Dans l’ordonnancement canonique, l’être humain est constitué personne à
travers le baptême, duquel il reçoit les droits et les devoirs inhérents au chrétien : « Sont
tenus par les lois purement ecclésiastiques les baptisés dans l’Église catholique » (c.11).
Malgré la réception du baptême, il existe deux conditions pour être personne dans
l’Eglise : la communion avec l’Eglise et l’absence de sanctions légitimement portées
(c.96). Par conséquent, nous pouvons constater que l’appellation de personne dans ces
canons ne fait pas référence à un concept transcendant de la personne, mais à un sens
12 C.E.C Nº 1257.13 AG 6,3.14 AG 14,3.15 Le Peuple de ceux qui croient au Christ, de ceux qui sont nés de la Parole, de l’eau et de l’Esprit par le baptême ; cf. MARIA TERESA FERNANDEZ CONDE, La misión profética de los laicos del Concilio Vaticano II a nuestros días, Roma, Editrice Pontificia Università Gregoriana, 2001 p.16. 16 LG 11,1.17 cf. Jn 10, 1-10.18 LG 14.19 C.E.C 1213.
3
juridique. C’est par le baptême que la personne humaine est incorporée à l’Eglise du
Christ et que tous les baptisés, les fidèles chrétiens (Christifideles), en tant que membres
du Peuple de Dieu et donc égaux en dignité, « jouissent tous aussi d’une condition
commune, appelée statut juridique du fidèle »20. Cette égalité est absolue à cause du fait
qu’il y a un seul baptême.
Être « semblables au Christ »21 n’implique pas seulement une purification des
péchés mais il fait du néophyte une « nouvelle créature »22, avec une dignité et une
personnalité juridique propre « commune à tous les fidèles du fait de leur régénération
dans le Christ »23. Cette dignité et cette personnalité juridique sont articulées par des
devoirs et des droits qui suivent un principe fondamental : tous les baptisés reçoivent les
mêmes droits et les mêmes devoirs exercés d’après leurs différentes conditions (cf. c.96).
Cela est manifesté également dans le décret Apostolicam actuositatem : « il y a dans
l’Église diversité de ministères, mais unité de mission »24.
En bref, la personne humaine avec sa dignité est constituée juridiquement
membre de l’Eglise à travers le baptême : il n’a pas deux catégories de fidèles, mais
tous les baptisés sont égaux en dignité et dans leurs droits fondamentaux25. Cette
appréciation est nécessaire pour montrer que tous les néophytes acquièrent des
responsabilités et des droits.
20 Code de Droit Canonique, Wilson et Lafleur, 2009, p. 186, note explicative au c.204.21 LG 7,2.22 2Cor 5,17.23 LG 32,3.24 AA 2,2.25 cf. MYRIAM M. CORTÉS DIÉGUEZ y JOSÉ SAN JOSÉ PRISCO (Eds.), Derecho del pueblo de Dios, Madrid, Biblioteca de autores cristianos, 2006, p.160.
4
II. LA RESPONSABILITÉ D’ÊTRE CHRETIEN
Du fait d’avoir reçu le baptême, qui est fondement de l’égalité26 dans la dignité
et dans la coresponsabilité de tous les fidèles, les hommes et les femmes incorporés au
Christ, membres du peuple de Dieu, participent à la triple fonction du Christ :
sacerdotale (le culte), prophétique (l’annonce de la Parole) et royal (le gouvernement).
A travers cette participation, ils exercent, « chacun selon sa condition propre, la mission
que Dieu a confiée à l’Église »27. C’est de cette participation aux tria munera Christi, et
non de la fonction réalisée, que découlent les droits et les devoirs fondamentaux des
fidèles : « tous coopèrent à l’édification du Corps du Christ, selon la condition et la
fonction propres de chacun »28.
Puisqu’ils relèvent du sacrement du baptême, les droits et les devoirs
fondamentaux des baptisés trouvent leur origine en Dieu : « L’ensemble des droits et
des devoirs qui naissent de la condition de fidèle, en tant qu’exigences juridiques du
caractère baptismal et donc en vertu du droit divin, reçoit le nom de droits et devoirs
fondamentaux du fidèle et constitue le noyau se trouvant à la base du statut juridique des
fidèles »29. En tenant compte du grand nombre des devoirs des baptisés, nous avons cru
opportun analyser uniquement les devoirs de communion e de sainteté.
II.1. Le devoir de communion (c.209)
Le c. 209 manifeste explicitement que le premier devoir de tous les fidèles est de
conserver la pleine communion avec l’Eglise30. Ce devoir est en même temps un droit
qui fonde et légitime les autres droits des fidèles31.
La réalisation du devoir de communion avec l’Eglise ne peut pas se limiter au
fore interne du fidèle, mais elle doit être manifestée extérieurement d’une manière
concrète. Pour cela, les fidèles ne seront entièrement christifideles, « incorporés
pleinement à la société qu’est l'Eglise »32, que lorsqu’ils seront unis au corps mystique
26 Cette égalité fondamentale du chrétien dans l’Eglise, conséquence de la grâce baptismale, ne détruit pas la nature humaine et, en conséquence, respecte l’égalité fondamentale de toute personne humaine en dignité, en droits et égalité de protection face à la loi ; cf. Derecho del pueblo de Dios, p.165.27 c.204.28 c.208.29 Code de Droit Canonique, op. cit., ibid.30 « Les fidèles sont liés par l’obligation de garder toujours, même dans leur manière d’agir, la communion avec l’Église » c.209.31 cf. El derecho del pueblo de Dios, p.161.32 LG 14,2.
5
du Christ, l’Eglise, dans une même profession de foi, communiant aux mêmes
sacrements et sous le gouvernement ecclésiastique (cf. c.205).
Nous constatons que tous les fidèles sont tenus d’accomplir leurs devoirs pour
l’édification du Corps du Christ. En effet, d’une part, « la foi naît et se nourrit » à
travers le ministère de la parole exercé par les prêtres (c.836), et à travers les sacrements
qu’ils administrent – surtout ceux qui constituent avec le baptême l’initiation chrétienne
(eucharistie et confirmation)33 – les « fidèles parviennent à la taille qui convient à la
plénitude du Christ »34, bâtissant l’Eglise « communauté de foi, d'espérance et de
charité »35. L’Eglise, épouse du Christ, est appelée à devenir une avec son époux dans
une communion parfaite : « le Christ et les baptisés: une communion vivante et
vivifiante, par laquelle les chrétiens ne s’appartiennent pas à eux-mêmes, mais sont la
propriété du Christ, comme les sarments unis à la vigne »36. D’autre part, l’harmonie
dans l’Eglise37 est en fonction de l’obéissance et du bon ordre. Pour cela « les fidèles
conscients de leur propre responsabilité sont tenus d’adhérer par obéissance chrétienne à
ce que les Pasteurs sacrés, comme représentants du Christ, déclarent en tant que maîtres
de la foi ou décident en tant que chefs de l’Église »38.
En bref, le sacrement du baptême est un élément en même temps constitutif et
indispensable du « lien sacramental de l’unité »39, même si en soi il n’est que « le
commencement et le point de départ, car il tend tout entier à l'acquisition de la plénitude
de la vie du Christ »40. Par conséquent, il est « destiné à la totale profession de foi »41 et
« à la totale insertion dans la communion eucharistique »42.
33 « Les sacrements du baptême, de la confirmation et de la très sainte Eucharistie sont si intimement liés entre eux qu’ils sont requis pour l’initiation chrétienne complète » c.842 § 2.34 Note explicative c.842.35 LG 8,1.36 CL 18.37 « société organisée hiérarchiquement » LG 8.38 c. 212 § 1.39 UR 22,2.40 Ibíd.41 Ibíd.42 Ibíd.
6
II.2. Le devoir de sainteté (c.210)
Malgré la diversité des charismes dans l’Eglise, tous les fidèles sont appelés à la
sainteté43, tous partagent une même dignité44. Le Concile a accentué ce devoir de
sainteté de tous les fidèles, conséquence de l’égalité de tous les baptisés : « dans l'Eglise
tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu'ils soient régis par elle, sont appelés à la
sainteté »45. La sainteté est la conséquence nécessaire de la vie chrétienne46 : « ensevelis
avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui »47. Malgré cela, elle ne
s’acquiert pas une fois pour toutes : « cette sanctification qu'ils ont reçue, il leur faut
donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l'achever par leur vie »48. Par conséquent,
les baptisés doivent nécessairement recevoir de leurs pasteurs « l’aide provenant des
biens spirituels de l’Eglise »49, ainsi que l’approfondissement des mystères chrétiens
conçu non comme une simple instruction postérieure au baptême, mais comme
« l’épanouissement nécessaire de la grâce baptismale dans la croissance de la
personne »50.
Le c. 210 nous offre la traduction juridique de la doctrine conciliaire en
établissant le devoir pour tous les chrétiens de mener une vie sainte. En conséquence, le
péché n’est pas considéré seulement une faute morale (nocive à la personne et à la
communauté), mais aussi une transgression juridique51. L’exigence de la sainteté est
composée de deux éléments : la promotion de la croissance et de la sanctification
continuelle de l’Église52 et la coopération de tous les fidèles pour que tous les baptisés
aient une vie sainte. De telle manière, on suit l’exhortation de Jésus-Christ : « Vous
donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »53. Ainsi compris, le devoir de 43 « Si donc, dans l’Église, tous ne marchent pas par le même chemin, tous, cependant, sont appelés à la sainteté et ont reçu une foi qui les rends égaux dans la justice du Christ » LG 32,3 ; cf. Lc 10, 27.44 « La dignité des fidèles laïcs se révèle à nous dans sa plénitude si nous examinons la vocation première et fondamentale que le Père offre en Jésus-Christ par l'intermédiaire de l'Esprit à chacun d'eux: la vocation à la sainteté, c’est-à-dire à la perfection de la charité. Le saint est le témoignage le plus éclatant de la dignité conférée au disciple du Christ » CL 16.45 LG 39.46 « Le Baptême nous fait naître à la vie d'enfants de Dieu; il nous unit à Jésus-Christ et à son Corps qui est l'Eglise; il nous confère l'onction dans l'Esprit Saint en faisant de nous des temples spirituels » CL 10 ; « Les adeptes du Christ, appelés par Dieu et justifiés en Jésus-Christ non à cause de leurs œuvres, mais selon le dessein et la grâce de Dieu, sont vraiment devenus, dans le baptême de la foi, fils de Dieu et participants de la nature divine et ont été, par conséquent, réellement sanctifiés » LG 40.47 Col 2,12.48 LG 40.49 c. 213.50 C.E.C 1231.51 cf. Derecho del pueblo de Dios, p.166.52 Ibid.53 Mt 5,48.
7
sanctification est étroitement lié à la mission de sanctification de chaque fidèle. On
devrait remarquer, toutefois, que l’expression « chacun selon sa condition propre »54 ne
signifie pas que dans l’Eglise il y a différents types de sainteté (une pour les fidèles
consacrés et une autre pour les laïcs). Elle est plutôt la manifestation du fait que dans
l’Eglise il y a divers chemins pour acquérir l’unique sainteté.
La sainteté n’est pas la conséquence d’un culte théorique, mais l’adhésion au
Christ. Ainsi, toute vie du fidèle devient « oblation et sacrifice d'agréable odeur »55.
Tous les fidèles participent avec leur vie de la fonction sacerdotale du Christ. L’Eglise
se présente ainsi comme une communauté sacerdotale, sacrement universel de salut56.
II.3. Interdépendance des devoirs des fidèles (c.208)
L’expression « tous coopèrent » utilisée par ce canon souligne que l’Eglise est
tout à fait autre chose qu’une structure sociale quelconque : dans celle-ci, le correct
accomplissement individuel des tâches propres à chaque membre garantit le bon
fonctionnement de la société ; dans l’Eglise l’accomplissement des devoirs des fidèles
interagissent les uns avec les autres. En effet, les devoirs de communion et de sainteté
de tous les fidèles exigent à leur tour l’accomplissement des devoir de la part des
ministres ordonnés, car « les fidèles ont le droit de recevoir de la part des Pasteurs
sacrés l’aide provenant des biens spirituels de l’Église, surtout de la parole de Dieu et
des sacrements » (c.213)57. Ceux-ci alimentent la foi des fidèles et leur accordent la
grâce sacramentaire nécessaire pour pouvoir accomplir leur fonction prophétique,
sacerdotale et royale. En même temps, « les sacrements contribuent largement à créer,
affermir et manifester la communion ecclésiastique » (c.840) : les sacrements et la
parole bâtissent et fortifient la communion entre les fidèles et de chaque fidèle avec
l’Eglise.
Par conséquent, nous pouvons constater l’intime interdépendance entre les
devoirs de tous les chrisitifideles qui ont pour finalité l’édification de l’Eglise,
« organisant ainsi les saints pour l'œuvre du ministère, en vue de la construction du
Corps du Christ »58. Le devoir de sainteté et le devoir de communion sont étroitement
liés : d’une part, l’Amour de Dieu envers l’homme manifesté en son Fils rend possible 54 c.210.55 Dn 2,46.56 cf. La misión profética de los laicos del Concilio Vaticano II a nuestros días,, p1657 cf. LG 37.58 Eph 4,12.
8
l’amour de ceux qui possèdent l’esprit du Fils ; d’autre part, la communion avec ce Dieu
Amour est possible seulement s’il existe d’abord la communion avec l’Eglise. C’est
ainsi que tous les fidèles peuvent participer à la communion intra divine de la Trinité59 :
« unis au Fils dans le lien d'amour de l'Esprit, les chrétiens sont unis au Père »60 et cette
communion est « le mystère même de l'Eglise »61. Saint Augustin affirmait que le
chrétien « ne doute pas que c'est dans l'unité qu'il doit recevoir le baptême, comme c'est
dans l'unité seule que ce sacrement peut produire ses effets ».
59C.E.C Nº265 ; « Les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » Mt 28, 19.60 CL 18.61 Ibíd.
9
III. LA NECESSITÉ DU BAPTEME POUR LA
RECEPTION DES SACREMENTS. (c.842 § 1)
Les sacrements appartienent a l’Eglise dans un double sens : ils existent par
l’Eglise (elle est le sacrement de l’action de Christ)62 et pour l’Eglise (ils constituent
l’Eglise) (c.840). C’est à l’Eglise et seulement à elle que revient l’autorité « d’approuver
ou de déterminer ce qui est requis pour leur validité » (c.841).
Parce que « le Peuple de Dieu réalise l’action liturgique comme sacrement de
l’unité »63 et parce que la fonction de sanctification dans l’Eglise atteint son sommet
dans la liturgie64, seulement ont accès aux sacrements ceux qui par le baptême ont été
constitués personnes dans l’Eglise et qui ont été incorporés à la communion des fidèles.
C’est une vérité de caractère dogmatique qui établit la prohibition d’administrer les
sacrements à un non baptisé : « Qui n’a pas reçu le baptême ne peut être validement
admis aux autres sacrements »65.
Nous avons cru opportun de ne pas étudier la relation du sacrement du baptême
avec tous les autres sacrements car cela deviendrait un travail d’une autre portée. Par
conséquence nous allons analyser uniquement les sacrements de l’eucharistie, du
mariage et de l’ordre.
III.1. L’Eucharistie c.897
À travers le sacrement de l’eucharistie tous les fidèles coopèrent à « la
communion de vie avec Dieu et l'unité du peuple de Dieu, par lesquelles l'Eglise est
elle-même, l'eucharistie les signifie et les réalise »66. Le sacrement de la très sainte
eucharistie aboutit l’initiation chrétienne initiée par le baptême et par conséquent
« ceux qui ont été élevés à la dignité du sacerdoce royal par le baptême et configurés
plus profondément au Christ par la confirmation, ceux-là, par le moyen de l'Eucharistie,
participent avec toute la communauté au sacrifice même du Seigneur »67, lequel est
62 « Le Christ a constitué son Corps, qui est l'Eglise, comme le sacrement universel du salut » LG 48,263 MYRIAM M. CORTÉS DIÉGUEZ y JOSÉ SAN JOSÉ PRISCO (Eds.), El Derecho en la misión de la Iglesia, Madrid, Biblioteca de autores cristianos, 2006, p. 50.64 « L’Église remplit sa fonction de sanctification d’une manière particulière par la sainte liturgie» c.834 § 1.65 c.842 § 1.66 C.E.C 1325.67 C.E.C 1322.
10
« toujours là auprès de son Eglise, surtout dans les actions liturgiques, et, au plus haut
point, sous les espèces eucharistiques »68
La communion dans l’Eglise est perceptible et elle-même est réalisée dans le
sacrement de l’eucharistie, « le sommet et la source de tout le culte et de toute la vie
chrétienne, par lequel est signifiée et réalisée l’unité du peuple de Dieu et s’achève la
construction du Corps du Christ »69. C’est pourquoi, seulement ceux qui ont été
configurés au Christ et incorporés au peuple de Dieu à travers le baptême peuvent
recevoir l’eucharistie : « Tout baptisé qui n’en est pas empêché par le droit peut et doit
être admis à la sainte communion »70. À travers l’eucharistie les fidèles peuvent avoir
accès à « tout le trésor spirituel de l'Eglise »71 . Le droit du fidèle à recevoir
l’eucharistie est manifesté en diverses canons (c.912 ; cf. c.213 ; 843)72.
« Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous
nous participons à ce pain unique » (1Co 10, 16).
III.2. Le Mariage c.1055
Le mariage et la famille ne sont pas une affaire privée que chacun peut
configurer personnellement, mais il est une institution fondée par le Créateur73. La
communion « d'amour entre Dieu et les hommes, trouve une expression significative
dans l'alliance nuptiale réalisée entre l'homme et la femme »74. D’après la doctrine
conciliaire le sacrement du mariage est une « communauté profonde de vie et d'amour
que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur »75, par
conséquent le mariage a nécessairement des implications sociales et juridiques. Cette
notion du mariage concorde parfaitement avec celle qui rappelle le code du droit
canonique c.1055. Du point de vue naturel, l’institution du mariage a un caractère sacré.
Nonobstant, il a été élevé à la dignité de sacrement par Jésus-Christ, et pour cela il a été
incorporé à l’ordre surnaturel de la grâce baptismale. De ce fait, la sacramentalité du
68 SC 7,1.69 c.897.70 C.912.71 C.E.C 1324.72 Malgré cela, le droit canonique établit des conditions ou prohibitions ; cf. El Derecho en la misión de la Iglesia p.73.73 cf. POTIFICIUM CONSILIUM DE LEGUM TEXTIBUS, Instructio « Dignitas connubii », Cité du Vatican, 2005, 6-8.74 CF 12.75 GS 48. POTIFICIUM CONSILIUM DE LEGUM TEXTIBUS, Instructio « Dignitas connubii », Cité du Vatican, 2005, 6-8.
11
mariage est fondée dans le baptême validement administré à des conjoints. « C’est
pourquoi, entre baptisés, il ne peut exister de contrat matrimonial valide qui ne soit, par
le fait même, un sacrement »76.
III.3. L’Ordre c.1024
Tous les fidèles participent à la fonction sacerdotale du Christ, « il n'y a donc
aucun membre qui n'ait sa part dans la mission du Corps tout entier ; chacun d'eux doit
sanctifier Jésus dans son cœur »77. Lors de la réception du sacrement du baptême tous
les fidèles reçoivent l’Esprit Saint, « Le Seigneur fait participer tout son Corps
Mystique à l'onction de l'Esprit qu'il a reçue »78. Nonobstant, c’était le même Seigneur
qui établit parmi la communauté des chrétiens des ministres qui seraient investis par
l'Ordre du pouvoir sacré d'offrir le Sacrifice et de remettre les péchés. Le c.1024 précise
que « Seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée ». La validité du
baptême est exigé pour que soit valide l’administration du sacrement de l’ordre.
76 c. 1055§ 2.77 cf. 1P 3,15 78 PO 2
12
CONCLUSION
Le but que nous avons poursuivi dès le commencement de notre étude c’est
comprendre comment la théologie sacramentelle est mise en œuvre à travers la
législation de l’Eglise. C’est pourquoi nous avons rappelé que le baptême est le
sacrement par lequel la personne adhère librement79 à la communion de foi80 de l’Eglise.
Cette communion ecclésiastique est édifiée et exprimée aussi par la coresponsabilité des
fidèles. En participant aux tria munera Christi en tant que principe organisateur de
l’Eglise et de sa mission81, tous les fidèles coopèrent à la construction du Corps du
Christ à travers une actio communis82. Cette communion est signifiée et réalisée par les
sacrements, et d’une manière particulière par la très sainte eucharistie, car elle est le
sommet du culte chrétien et la manifestation de l’unité du peuple de Dieu.
À la fin de notre travail nous sommes en mesure de donner une réponse à la
question posée au début, à savoir le rapport existant entre les devoirs fondamentaux des
fidèles et ceux spécifiques aux ministres sacrés : la coexistence des devoirs
fondamentaux et des devoirs propres à chaque fonction est possible sans causer aucune
confusion. Tous les fidèles, en effet, agissent par leurs devoirs fondamentaux et par les
devoirs propres à chaque ministère en vue de la communion dans l’Eglise. Cette
communion trouve son achèvement dans l’expression commune de la foi, dans la
hiérarchie ecclésiale et dans la réception des sacrements.
79 cc. 865; 868. 80 « Voulez-vous que N. soit baptisé dans cette foi de l'Église que tous ensemble nous venons d'exprimer? », Rituel du baptême 1984.81 Cf. La misión profética de los laicos del Concilio Vaticano II a nuestros días, p.22.82 Cf. La misión profética de los laicos del Concilio Vaticano II a nuestros días,23.
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BIBLIOGRAPHIE
CATÉCHISME DE L’EGLISE CATOLIQUE, Centurion/Cerf, 1997
CODE DE DROIT CANONIQUE, 3e édition Wilson & Lafleur, 2009
CONCILE VATICAN II, Editions Artège, 2012
JEAN PAUL II, Exhortation apostolique Chrsitifideles Laici, 1989
MARIA TERESA FERNANDEZ CONDE, La misión profética de los laicos del Concilio Vaticano II a nuestros días, Editrice Pontificia Università Gregoriana, Roma, 2001
MYRIAM M. CORTÉS DIÉGUEZ y JOSÉ SAN JOSÉ PRISCO (Eds.), El derecho del pueblo de Dios, Biblioteca de autores cristianos, Madrid, 2006
MYRIAM M. CORTÉS DIÉGUEZ y JOSÉ SAN JOSÉ PRISCO (Eds.), El derecho en la misión de la Iglesia, Biblioteca de autores cristianos, Madrid, 2006
X. PIKAZA - N. SILANES (EDS.), Los carismas en la Iglesia, Secretariado trinitario, Salamanca, 1998
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TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION...........................................................................................................1
I. LE BAPTEME..........................................................................................................2
1.1. LE SACREMENT DU BAPTÊME ET LA FOI.............................................................21.2. DE PERSONNE HUMAINE À PERSONNE DANS L’EGLISE (C.96).............................3
II. LA RESPONSABILITÉ D’ÊTRE CHRETIEN................................................5
2.1. LE DEVOIR DE COMMUNION (C.209)...................................................................52.2. LE DEVOIR DE SAINTETÉ (C.210).........................................................................72.3. INTERDÉPENDANCE DES DEVOIRS DES FIDÈLES (C.208)......................................8
III. LA NECESSITÉ DU BAPTEME POUR LA RECEPTION DES SACREMENTS. (C.842 § 1).........................................................................................10
3.1. L’EUCHARISTIE C.897.......................................................................................103.2. LE MARIAGE C.1055.........................................................................................113.3. L’ORDRE C.1024...............................................................................................12
CONCLUSION..............................................................................................................13
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