7/18/2019 Transcription UrgenceYamaska
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La Yamaska,
une rivière
en situation d’urgence....
Le Québec est un pays d’eau et de rivières. Au
sud de la province, le paysage est sillonné par la
Yamaska qui prend sa source dans le lac Brome pour
se jeter dans le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur du
lac St-Pierre.
Malheureusement, cette rivière porte le titre peu
reluisant d’affluent le plus pollué du Saint-Laurent.
Cette pollution n’affecte pas que la rivière mais tout
son bassin versant dont la superficie est équivalente
à dix fois l’île de Montréal.
Les échantillons analysés par les différents
ministères démontrent que, sur la presque totalité
du territoire, la qualité de l’eau varie de douteuse à
très mauvaise.
On y trouve un cocktail de BPC, de DDT, depesticides, de phosphore et de coliformes fécaux.
Cette pollution concerne non seulement les riverains
mais toute la population du bassin versant, estimée
à plus d’un quart de million de personnes. On évalue
que plus de la moitié de ces personnes boivent de
l’eau de surface en provenance de la Yamaska ou de
l’un de ses affluents.
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De plus, la Yamaska traverse des terres cultivables
parmi les plus fertiles du Québec. L’eau est utilisée
pour produire bon nombre d’aliments distribués un
peu partout en Amérique du Nord.
Le fait de disposer d’une eau de si mauvaise qualitéest inquiétant.
Des mesures ont été prises pour assainir la rivière
mais malgré ces efforts, la qualité de l’eau demeure
mauvaise. Pourquoi ?
La Yamaska porte encore les cicatrices du
développement urbain, industriel et agricole d’il y a 50
ans. Actuellement, la rivière a largement dépassé sa
capacité d’absorber les polluants d’origine humaine.
Près de la moitié de la superficie du bassin versant
est consacrée à l’agriculture. Les cultures de maïs et
de légumes dominent. Elles sont considérées comme
plus polluantes surtout parce qu’elles reçoivent plus
de fertilisants et de pesticides.
De plus, pour permettre la culture et l’élevageintensifs, on a modifié le paysage naturel.
Des cours d’eau ont été redressés pour évacuer plus
rapidement l’eau des champs. Des milieux humides,
des bandes riveraines et des boisés sont disparus.
Résultat : il reste moins d’éléments pouvant filtrer et
absorber les fumiers, les lisiers, les pesticides et les
engrais chimiques épandus.
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Les résidences avec des installations sanitaires
privées sont aussi responsables de la dégradation
des cours d’eau. En 2009, il était estimé que 40%
de ces installations n’étaient pas conformes aux
normes en vigueur. Certaines étaient désuètes ou en
mauvais état, d’autres déversaient leurs eaux uséesdirectement dans un cours d’eau.
On dénombre aussi sur le territoire, 110 établissements
industriels qui rejettent des eaux de procédé. Une
forte majorité de ces entreprises sont raccordées à un
réseau d’égout municipal. Les eaux subissent parfois
un prétraitement mais les stations d’épurations, elles,ont été conçues pour gérer les eaux domestiques
et non les rejets industriels. Et, avec l’évolution des
procédés, apparaissent de nouvelles substances qui ne
sont pas nécessairement identifiées et traitées.
Finalement, les stations d’épuration des eaux usées
contribuent également à la dégradation de la rivière.
Quand il y a de fortes pluies ou fonte des neiges,le volume d’eau qui circule dans ce réseau peut
augmenter au point de dépasser la capacité d’accueil
de la station. Lorsque ça se produit, le surplus d’eau
usée est déversé directement dans le cours d’eau, sans
traitement. Ce sont les débordements d’eau brune.
Les stations doivent rapporter tous ces épisodes desurverse mais les méthodes utilisées ne permettent
pas toujours de déterminer avec exactitude leur
fréquence, leur durée et encore moins les volumes
relâchés au cours d’eau.
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Ces sources de pollution s’additionnent jusqu’au
fleuve Saint-Laurent, dégradant la qualité de l’eau
d’amont en aval. Et les conséquences se répercutent
sur l’ensemble du territoire :
Tous les lacs du bassin vieillissent prématurément et
sont victimes d’épisodes d’algues bleu-vert.
La biodiversité est affectée sur l’ensemble du
territoire. À l’embouchure de la rivière Chibouet, en
aval de Saint-Hyacinthe, on parle même de quasi-
absence de biodiversité.
On estime que près de 40% des infections intestinalesde type Giardiase recensées sur le territoire seraient
liées à la consommation d’eau d’aqueduc.
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La pollution à cette échelle représente un fardeau
économique. Plus la qualité de l’eau est mauvaise à la
source, plus son traitement coûte cher pour respecter
les exigences réglementaires.
Au cours des 35 dernières années, plusieurs actions
ont été initiées pour améliorer la qualité de l’eau dont
la protection et la mise en valeur des milieux humides
et naturels.
Toutefois, force est de constater que pour restaurer
la Yamaska et ses affluents de façon significative et
durable, ces actions sont insuffisantes et les moyens
financiers déficients.
Pour retrouver une eau de qualité et des rivières en
santé, les solutions doivent être spécifiques et les
actions concertées.
C’est dans ce contexte que se tiennent les Étatsgénéraux 2012-2013. L’objectif est de mobiliser tous
les acteurs du milieu afin de trouver ensemble des
solutions et d’élaborer un plan d’action qui engagera
toute la communauté du bassin versant.
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Certains pensent que la rivière est condamnée à être
polluée à jamais, que d’espérer l’assainir est illusoire.
Si nous n’améliorons pas nos pratiques, nous
aggraverons simplement la situation.
Alors, voulons-nous faire face au problème ou
l’ignorer et le transmettre aux générations suivantes?
Il nous faut dépolluer cette rivière.
Ailleurs dans le monde, d’autres y sont parvenus.
À nous maintenant d’agir.
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