L’ax
e du
luxe
Gen
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rbier
Automne 2010CHF 9.- / € 6.-
SPÉCIAL BANQUESn° 92
N°10N°19
TRAJECTOIRE 12 Automne 2010
BUDDHA-BAR
s’exporte à GenèveLe nouvel établissement Buddha-Bar insuffle un vent serein et tendance sur Genève. Mêler res-tauration, bar et bonne musique dans un espace confortable, c’est le concept de l’ « Eatertain-ment », une idée originale du Français Raymond Visan. Adresse incontournable à Paris, le concept Buddha-bar s’est exporté avec succès en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient. Dans un décor asiatique, le restaurant propose une cuisine exotique teintée d’influence française. Des plats à savourer midi et soir sous l’œil bienveillant d’une monumentale statue de Buddha. Au sous-sol, l’espace lounge accueille les clubbers pour un verre et les DJs distillent une ambiance musicale propre au Buddha-bar. Leurs compilations à succès, ainsi que des t-shirts et produits zen, sont en vente dans le coin boutique de l’établissement. L’ouverture est prévue pour septembre, avec une soirée d’inauguration à ne pas manquer. —
LITTLE BUDDHA GENEVARue Jean-François Bartholoni 101204 Genèvewww.littlebuddhageneva.com
NOUVEAU DIRECTEUR
pour l’Hôtel KempinskiThierry Lavalley est le nouveau Directeur général du Grand Hôtel Kempinski Geneva depuis le 1er juin dernier. Successeur de Michael Henssler, nommé President China pour Kempinski Hotels, le franco-suisse de 50 ans possède une solide expérience de plus de vingt-cinq ans dans l’hôtellerie de luxe. Après des débuts sous l’enseigne Hilton, il a travaillé pour plusieurs établissements prestigieux notam-ment à Monaco, Paris ou encore Genève. Il a également dirigé le Swisshôtel Métropole et le restaurant du Parc des Eaux-Vives. En plus de l’ouverture d’un nouveau Spa, Thierry Lavalley se fixe de nouveaux objectifs : « Le Grand Hôtel Kempinski est devenu une destination à part entière et le défi consiste maintenant à en faire une adresse incontournable, tant dans le cœur des Genevois que dans celui de sa clientèle internationale. » —
GRAND HÔTEL KEMPINSKI GENEVAQuai du Mont-Blanc 19 - 1201 GenèveT. +41 22 908 90 81www.kempinski.com
N°82
HÔTEL PARC DES EAUX-VIVES
relooké par des DJsLes artistes et DJs genevois Lulùxpo ont redécoré l’une des deux suites du Restaurant Hôtel du parc des Eaux-Vives. Du 1er septembre 2010 au 28 février 2011, les amoureux pourront se plonger dans l’univers musical et interactif des deux suisses installés à Genève depuis plus de dix ans. Transformé par leur rencontre, le couple véhicule depuis un message d’amour à travers l’art. Son univers romantique et décalé prend vie dans la suite, avec des boules à facette, tableaux, vidéos et lumières tamisées. Une ambiance qui contraste avec le décor habituel du Restaurant Hôtel, monument historique du 18ème siècle. Le plus petit cinq étoiles de Suisse propose également une brasserie, quatre salons de réception et deux terrasses panoramiques en été. Au dernier étage, se trouvent cinq chambres et suites de charme. —
HÔTEL DU PARC DES EAUX-VIVESQuai Gustave-Ador 82 - 1211 Genève 6T. +41 22 849 75 75www.parcdeseauxvives.ch
EN VUE RUE DU RHÔNE
© C
orum
TRAJECTOIRE 28 Automne 2010 TRAJECTOIRE 29 Automne 2010
EN VUE
L’INVITÉPar Roger JAUNINPhoto Jess HOFFMAN et Loris VON SIEBENTHAL
S ur la terre comme en mer,
Loïck Peyron appartient à
cette race d’homme « à part »
et dont ont sait que quoi
qu’ils fassent et quoi qu’ils disent, leurs
actes et leurs paroles ont valeur de vérité.
Marin d’exception, certes, mais également
père de famille, écrivain, entrepreneur. Am-
bassadeur aussi, au sens noble du terme.
Loïck Peyron est tout cela à la fois, et cer-
tainement plus encore. Rencontre avec un
« Monsieur touche à tout » volontiers disert
dès lors qu’il s’agit d’évoquer ses passions
et ses multiples facettes.
Marin de haute mer, coureur d’océans, on vous retrouve à naviguer sur le Lé-man à bord d’un D35. Le Bol d’Or vous inspire ?Cela va faire une quinzaine d’années que
je viens régulièrement dans cette région,
à l’invitation des organisateurs de courses
comme le Grand Prix Beau-Rivage, le
Challenge Julius Baer ou encore le Bol
d’Or. J’aime ce coin de pays, les gens d’ici
et ce lac, très difficile à maîtriser et dont
sont sortis de nombreux et excellents ma-
rins (Sourire). Et puis, pour nous autres qui
latitude. En revanche, on ne s’intéresse que
depuis peu à la longitude. J’ai hâte de lire
ce livre. Nous autres les marins avons un
rapport très particulier avec le temps. En
mer, un marin ne ressent pas, ne vit pas
avec, par exemple, la notion du décalage
horaire. Il franchit les méridiens sans même
s’en apercevoir, et son soleil au zénith,
c’est son midi à lui. Je suis passionné par
ces questions de temps, j’aimerais un jour
comprendre pourquoi certaines journées
passent très vite et d’autres, à l’inverse,
semblent interminables. Lorsqu’on navi-
gue, le temps c’est partir d’un point pour en
rejoindre un autre. C’est prendre un départ,
s’éloigner de quelque chose… Et puis, un
jour, lorsque vous êtes à mi-course tout
bascule : vous n’êtes plus en train de par-
tir, mais au contraire de vous rapprocher…
C’est très différent. Dans ce genre de cas,
le temps devient quelque chose de très
« élastique ». Ainsi, les derniers jours, les
dernières heures d’une transat ou d’un
tour du monde n’ont pas la même « valeur
temps » que le reste… du temps. Quant
à la notion du temps qui passe, celui qui
vous fait des cheveux blancs, j’ai la chance
d’être quelqu’un de fataliste. Très fataliste.
le plus souvent n’ont que l’eau pour hori-
zon, voir des forêts cela nous change…
Plus sérieusement, je pense que pour ce
qui concerne la voile en général, il se passe
beaucoup de choses ici. Avec l’EPFL, les
D35, sans oublier Alinghi et le projet d’hy-
droptère, la région fait figure de laboratoire,
de pionnière. Et moi qui suis un curieux de
nature, j’apprécie cela.
« Okalys-Corum », du nom du multi-coque que vous vous apprêtez à barrer ?Un véritable bijou high-tech, racé et rapide,
comme le sont tous les D35. J’aime ce
genre de course dans lesquelles, puisque
il s’agit de monotypes, tous les bateaux
partent avec les mêmes chances. Et où ce
sont les équipages qui font la différence.
Corum, justement, est l’un de vos parte-naires. A propos, et puisqu’on parle de haute horlogerie, quel est votre rapport au temps ?On peut prendre cette question de diffé-
rentes manières. Je viens de commander
un bouquin qui traite de l’histoire de la lon-
gitude. Depuis très longtemps, les hommes
ont étudié et cru comprendre la notion de
Ambassadeur de Corum, le prestigieux marin français était à la barre du D35 de son partenaire à l’occasion du Bol d’Or 2010. Rencontre avec un homme disert, attachant et aux multiples talents. Un « mercenaire » fier de l’être.
LOÏCK PEYRON
TRAJECTOIRE 28 Automne 2010 TRAJECTOIRE 29 Automne 2010
Votre palmarès est sinon unique du moins impressionnant. Où vous situez-vous dans la hiérarchie des grands ma-rins ?Nulle part, puisque, à mon sens, la hié-
rarchie n’existe pas ! Eric Tabarly disait :
« Un marin qui tombe à l’eau ne méritait
pas d’être à bord ! ». C’était un grand marin,
peut-être le plus grand, et il est tombé à
l’eau : c’est dire que dans ce métier il n’y
a pas de « vérité » et encore moins de hié-
rarchie. Certains sports peuvent se mesu-
rer : ainsi le numéro un mondial de tennis,
l’homme le plus rapide sur cent mètres,
pas la voile.
Selon vous, un marin d’aujourd’hui a-t-il une mission, des obligations écolo-gistes ?Les marins et les sportifs en général sont
souvent considérés comme des porteurs
de la bonne parole. C’est dangereux ! Cela
dit, la voile a pris une telle place dans les
médias que nous nous devons d’être at-
tentifs à ce que nous disons, aux causes
que nous pouvons défendre. Cela n’a pas
été toujours le cas, mais les marins d’au-
jourd’hui sont pour la plupart d’entre eux
Barcelone-Barcelone via les trois caps/Dé-
part le 31 décembre 2010), pour laquelle je
vais embarquer aux côtés de Jean-Pierre
Dick, vainqueur de la dernière édition, me
donnera l’occasion de remettre cela.
Le large, c’est aussi la liberté ?J’ai depuis toujours un problème avec ce
mot. J’avais neuf ans en 1968, j’entendais
les gens parler de liberté – « Sous les pavés
la plage », ces trucs-là ! – je ne comprenais
pas ce que cela pouvait signifier. Et quarante
ans plus tard, j’ai encore du mal. Qu’est-ce
que c’est que la liberté ? Peut-être le large,
en croisière et avec mes enfants… Mais je
n’en sais rien, je ne l’ai jamais fait !
A cinquante ans passés, qu’est-ce qui vous fait courir encore ?L’envie, bien sûr, le besoin de me mesurer
aux autres sûrement. Et aussi le sentiment
que j’ai d’être encore… dans la course, de
pouvoir me mesurer avec ceux de la nou-
velle, des nouvelles générations. Courir,
être compétitif, c’est apprendre chaque
jour quelque chose. J’aime enseigner, et la
meilleure manière d’enseigner, c’est d’ap-
prendre soi-même.
Pour moi, tout ce qui vous arrive doit, ou
devait vous arriver. Désolé, je l’ai déjà dit
et répété, mais j’aime cette phrase qui veut
que « quand on a la chance de pouvoir choi-
sir sa souffrance, on n’a pas le droit de se
plaindre ».
Le large, c’est le bonheur absolu ou, comme vous dites, choisir sa souf-france ?C’est un appel… et c’est la vitesse ! C’est al-
ler plus vite que les copains. Aujourd’hui, il y
a des milliers de gens qui peuvent traverser
l’Atlantique. Parmi eux, il y en a dix pour cent
qui peuvent le faire en course, et un pour
cent qui peuvent gagner. En multicoque,
c’est encore moins que cela : une transat,
en multicoque et en solitaire, cela, c’est le
maximum de la souffrance. L’appel, c’est
certain, je le ressens. Depuis trente ans,
j’ai pris l’habitude de traverser l’Atlantique
au moins une fois par année, en convoyage
d’abord, à l’époque où je n’avais pas l’ar-
gent pour me payer mon propre bateau,
ensuite et la plupart du temps en course.
Et là, cela va faire un an et demi que je ne
suis pas allé voir de l’autre côté, cela me
manque. La Barcelona World Race (n.d.l.r :
TRAJECTOIRE 32 Automne 2010
M eubles design, grandes
baies vitrées, esthé-
tique épurée, les bâti-
ments ultramodernes
du siège de la Chaux de Fonds aux allures
de loft new-yorkais donnent le ton : Corum
n’est plus la marque surannée des années
1990. Avec des boutiques inaugurées à
Shanghai en juillet et sur la place Kléberg
à Genève en septembre, le double jubilé
de l’Admiral’s Cup et de la Golden Bridge,
l’année 2010 scelle le retour de Corum
parmi les grands noms de l’horlogerie.
Un repositionnement spectaculaire que la
marque doit à Antonio Calce, son patron.
Un regard franc, une voix assurée, un sens
pointu de l’élégance, le CEO de Corum dé-
tient le pouvoir de séduction que suscite
la réussite. Engagé en 2005 par Séverin
Wunderman, propriétaire de Corum, pour
redresser une marque en perte de vitesse,
le jeune quadra, alors directeur général de
la Manufacture Panerai à Neuchâtel, quitte
le groupe Richemont pour s’attaquer à ce
que beaucoup considéraient comme une
gageure. Appelé en tant que vice-prési-
dent des opérations et nommé CEO deux
ans après, ce visionnaire peut se targuer
d’avoir octroyé un second souffle à la
marque suisse. Une métamorphose aussi
fulgurante que profonde, résultat du travail
acharné d’un leader passionné. Décryp-
tage d’une success-story.
structurel qu’humain. Mon parcours pro-
fessionnel m’a permis de réaliser ce reposi-
tionnement avec une rapidité significative.
Justement, quel est votre parcours pro-fessionnel ?Avant d’être diplômé en ingénierie et en
gestion, j’ai suivi une formation en méca-
nique de précision, un métier manuel où
l’on sculpte littéralement l’acier. C’est donc
tout naturellement que je me suis orienté
vers l’horlogerie, un univers qui allie ma
passion pour les arts et la technique. J’ai
débuté ma carrière dans un atelier où j’avais
la responsabilité de la fabrication de com-
posants de mouvements. J’ai rejoint Piaget
en 1992 où j’ai été amené à participer à la
réorganisation de la manufacture en ayant
l’opportunité de parcourir les différents
départements industriels. Quatre ans plus
tard, Richemont a racheté Panerai. Tout
était à imaginer. Pendant près de neuf ans,
j’ai activement participé à la construction
de la marque que l’on connaît aujourd’hui,
avant de la quitter en 2005 pour Corum.
Comment passe-t-on d’un grand groupe horloger suisse à une marque aussi fra-gilisée que Corum l’était ? Je suis nourri par les challenges. Lorsque
Séverin Wunderman m’a contacté, le défi
m’a instantanément séduit. Corum bé-
néficiait d’un patrimoine riche donc d’un
immense potentiel inexploité. À la vue de
Ouverture de nouvelles boutiques, cin-quantenaire de l’Admiral’s Cup, nou-veaux modèles en perspective… Corum semble renaître actuellement. Qu’en est-il vraiment ? Corum a incontestablement repris une
place de choix dans le paysage horlo-
ger. Notre offre est bien structurée, avec
des produits en entrée de gamme à 5’700
francs jusqu’à des complications excep-
tionnelles à un million de francs. Notre exi-
gence en terme de design et de technicité
nous assure un positionnement très com-
pétitif.
Le succès est au rendez-vous. Nous en-
registrons depuis 2007 une croissance à
deux chiffres en Asie. Depuis trois ans, les
retours des distributeurs sur nos collec-
tions et nos modèles sont excellents. Et
2011 ne devrait pas démentir cet enthou-
siasme. Nous préparons notamment un
nouveau mouvement pour la ligne Golden
Bridge, vraiment bluffant.
Cinq ans après votre arrivée dans l’en-treprise, avez-vous atteint votre but qui était de relancer la marque ?Aujourd’hui Corum bénéficie d’une recon-
naissance méritée mais le travail est loin
d’être achevé. A l’opposé d’une démarche
opportuniste, je cherche à créer de la va-
leur sur le long-terme. Mon objectif est de
construire le développement de la marque
de manière durable, tant d’un point de vue
Fort d’une expérience de près de quinze ans dans le groupe Richemont, Antonio Calce s’attache depuis 2005 à remettre Corum sur orbite. Un pari audacieux remporté avec brio.
« JE SUIS UN HOMME DE CHALLENGE »
RENCONTRE
HORLOGERIEPar Gaëlle CHAARPhotos Anoush ABRAR
TRAJECTOIRE 32 Automne 2010
TRAJECTOIRE 34 Automne 2010 TRAJECTOIRE 35 Automne 2010
ce potentiel, l’aventure m’a tenté. Elle se présentait à un moment
opportun dans ma carrière. Prendre la tête d’une marque indépen-
dante oblige à s’exposer, à beaucoup donner de soi, et ce, sans
filet. Je me suis lancé. C’était un pari risqué que les personnes qui
me sont proches n’ont peut-être pas compris, car la marque était
au plus mal.
Comment analysez-vous ce déclin ?
Dans les années nonante, le secteur de l’horlogerie a connu une
véritable révolution, avec la professionnalisation de ses marques
et la formation de grands groupes. Le modèle patriarcal où le pa-
tron dirigeait son équipe d’artisans, est devenu obsolète. D’une
logique où l’on vendait ce que l’on fabriquait, on a basculé dans
une logique où l’on fabrique ce que l’on vend. Un virage à 180° que
Corum a mal négocié. Séverin Wunderman a sauvé la marque d’un
point de vue financier. Entre 2000 et 2005, l’orientation choisie a
transformé Corum en horloger fashion, avec un positionnement
qui ne correspondait pas à son ADN.
Qu’avez-vous cherché à insuffler à votre arrivée ? Toute la chaîne de valeur était à reconstruire. Il a fallu investir mas-
sivement, réduire drastiquement un circuit de distribution inadapté
et recentrer la marque sur son identité. Dans les années 1980, Co-
rum se distinguait par sa créativité et son contenu horloger d’ex-
ception. La manufacture jouissait d’un positionnement à part. Et
si à l’époque la légitimité et le savoir-faire suffisaient, aujourd’hui
l’image de marque est la pierre d’achoppement du succès. J’ai
donc essayé de reconstruire celle de Corum dans le respect de
ses racines et de son histoire.
Quel cheminement pour retrouver cette âme perdue ?Je me suis plongé dans les archives pour mieux comprendre la gé-
nétique de la marque et la structurer dans une offre produit lisible
et cohérente. Corum jouit d’un positionnement de niche. Notre ob-
jectif n’est pas de surfer sur les modes ni de rayonner sur tous les
registres, mais de nous concentrer sur les quatre piliers qui ont fait
sa notoriété: les lignes Admiral’s Cup, la Golden Bridge, la Romvlvs
et Artisans.
Que représentent ces piliers fondateurs ?Chaque pilier possède une personnalité propre. La collection
Romvlvs avec son cadran vierge et sa lunette gravée de chiffres
romains est empreinte de classicisme. Le pilier Artisans s’inscrit
dans la continuité des créations historiques comme les cadrans en
plume ou le garde-temps chapeau chinois,
avec l’originalité comme marque de fa-
brique. La Golden Bridge et son mouvement
unique en ligne synthétisent la quintessence
des valeurs Corum, à savoir créativité, de-
sign et prouesse horlogère. Enfin le modèle
Admiral’s Cup représente l’esprit sportif
qu’appuie également notre implication dans
le monde vélique et notre partenariat avec
Loïck Peyron ou encore Ben Ainslie pour
les marchés anglophones.
En quoi l’univers de la voile fait-il écho au positionnement de la marque ?La voile est un terrain d’expression fertile,
intrinsèquement lié à Corum et à l’Admi-
ral’s Cup dont on célèbre cette année le
cinquantième anniversaire. L’histoire de ce
garde-temps reste indissociable de celle
des plus fameuses courses et de leurs pres-
tigieux compétiteurs. C’est pourquoi Loïck
Peyron s’est imposé rapidement comme
l’ambassadeur idéal. Marin exceptionnel
au parcours impressionnant, il incarne des
valeurs humaines et sportives hors du com-
mun. Ce partenariat constitue une étape ca-
pitale dans le processus de reconstruction
de notre image.
Quels sont les challenges à venir pour Corum ? Comment voyez-vous son évo-lution ?Environ 15’000 montres sortent de nos
ateliers chaque année et nous visons une
production de 25’000 à 30’000 pièces par
an à horizon de 5-7 ans. Deux axes de dé-
veloppement nécessitent d’être soutenus.
Nous investissons d’une part sur l’outil in-
dustriel pour assurer progressivement notre
indépendance. D’autre part, nous devons
concentrer nos efforts sur la distribution.
Nous avons racheté la filiale américaine
dont j’assure la présidence et avons réorga-
nisé notre réseau en Amérique latine. Pour
BIO EXPRESS1967 : D’origine italienne,
naissance à Neuchâtel
1992 : Début de carrière
professionnelle chez
Piaget où il évolue
rapidement pour
prendre la responsabili-
té du Bureau Technique
de la Manufacture
1997 : Suite au rachat de
la marque par le
groupe Richemont, il
devient Directeur du
développement produit
de Panerai.
2000 : Trois ans plus tard, il est
nommé Directeur Gé-
néral de la Manufacture
Panerai à Neuchâtel.
2005 : Fort de son expérience,
il décide de rejoindre
Corum en tant que
Vice-Président des
Opérations.
2007 : Severin Wunderman
le désigne CEO
de la marque.
RENCONTRE HORLOGERIECorum
TRAJECTOIRE 34 Automne 2010 TRAJECTOIRE 35 Automne 2010
ce qui est de nos points de vente, après Hong Kong en 2009, Shanghai et
Genève en 2010, nous tablons sur une ouverture de deux à trois boutiques
par an. Si nous commençons à récolter les fruits de notre travail, le chemin
à parcourir s’annonce encore aussi exigeant que long et passionnant.
Dans ce planning chargé, comment vous délassez-vous ?Si Corum occupe pleinement mon quotidien, j’aime prendre le temps de
vivre. Je lis beaucoup, je suis un fan de design et d’architecture. Et pour
me détendre le soir, rien de tel qu’un cigare. Je fume exclusivement seul,
c’est un moment d’évasion et de détente que j’apprécie par-dessus tout.
Auriez-vous pu exercer un autre métier ? J’aurais adoré ouvrir un restaurant. J’aime les rapports humains, le
contact et je suis un passionné de cuisine. Gourmand autant que gour-
met, je peux passer des heures à préparer des petits plats pour me vider
l’esprit. J’apprécie la convivialité. En dehors du travail, je suis un authen-
tique épicurien. —Admiral’s Cup Black Chronograph 40
SMI 6’353,80 +48.62 +0,77%
CAC40 3537,79 +12,48 +0,35%
AU 42.45 0.00 +0,00%
SBF120 2621,72 +10,35 +0,40%
YHOO 15.69 +0.00 +0,00%
^N225 9’762,98 +123,26+1,28%
TRAJECTOIRE 36 Automne 2010 TRAJECTOIRE 37 Automne 2010
HORLOGERIE
SÉLECTIONPar Simone RIESEN / Swiss Watch Makers
À LA POURSUITE DU TEMPS !À la rentrée, les choses sérieuses reprennent ! Alors penchons-nous sur quelques garde-temps qui le méritent, chacun par son design et sa conception technique.
Dior Christal Mystérieuse D’un diamètre de 38 mm, la boîte en acier est dotée d’une lunette aux inserts de cristal saphir noir et fond en cristal sa-phir transparent. Cadran avec six disques aux inserts de nacre et métallisation noire et dorée. Mouvement électromécanique conçu par Quinting pour Dior. Modèle limité à 200 pièces.CHF 17’400.-
Hublot Big Bang Earl Grey Gold Hematite Boîtier de 41 mm en or rose et résine composite grise dont la lunette est sertie de 48 héma-tites baguette pour un mouve-ment chronographe mécanique à remontage automatique Ca-libre Hublot HUB 4300. Ré-serve de marche de 42 heures. Bracelet caoutchouc et alligator à boucle déployante en or et PVD noir. CHF 36’700.-
Piaget Emperador Coussin Quantième Perpétuel Serti La millionième montre signée Piaget est sertie de 649 dia-mants pour environ 9,1 carats. Dans un boîtier en or blanc, le mouvement mécanique à remontage automatique manu-facture 856P a pour fonctions: heures, minutes, secondes, double fuseau horaire avec in-dication jour et nuit, mois, an-née, jour et date. Prix sur demande.
Audemars PiguetMillenary Quincy Jones En hommage au célèbre musi-cien, ce modèle décliné en acier noirci dont le fond porte sa griffe. Doté du Calibre 3120, à remontage automatique, il est assemblé manuellement à la manufacture et tous ses composants sont décorés. Fonctions: heures, minutes, se-condes et date. Édition limitée à 500 pièces.CHF 19’900 .-
DAX 5’965,79 +28,65 +0,48%
DOWJ 10258,99 +284,54 +2,85%
Nasdaq 2277,68 +0,00 +0,00%
Nikkei 9762,98 +123,26 +1,28%
PetroleBrut74,66 +0,11 +0,15%
Euro/Dollar1,2411+0,00 +0,00%
ES50 2631,36 +12,00 +0,46%
TRAJECTOIRE 36 Automne 2010 TRAJECTOIRE 37 Automne 2010
Cartier Pasha squelette décor panthère Les ponts, sertis de diamants, sont travaillés en forme de tête de panthère. Ce calibre sque-lette mécanique à remontage manuel 9613 MC prend place dans un boîtier en or gris rhodié 18 carats de 42 mm à lunette sertie. Bracelet en toile brossée à boucle ardillon en or gris serti. Total de 4,1 carats.CHF 116’000.-
Chanel J 12 Rétrograde Mystérieuse Mouvement manuel exclusif de Renaud et Papi, le RMT-10, dans un boîtier de 47 mm en céramique noire. La couronne est sur le cadran, une complica-tion inédite. Séries limitées et numérotées à dix exemplaires en or blanc et dix en or rose. Un seul exemplaire en céramique blanche et or blanc. CHF 304’180.-
Milus Tirion TriRetrograde Seconds Skeleton Le mouvement suisse, méca-nique à remontage automa-tique, équipé du module ex-clusif Milus 3838, prend place dans un boîtier acier de 45 mm à verre bombé et fond saphir. Ses fonctions: heures, minutes, secondes rétrogrades en 3 sec-teurs de 20 secondes chacune, et date. Cadran travaillé sur deux niveaux. CHF 9’900.-
Certina DS First Lady Ceramic Mouvement quartz ETA 251.471 pour les heures, les minutes, la petite seconde, la date; comp-teurs 30 minutes et 60 secondes avec fonctions ADD/Split. Boîte en acier à revêtement PVD brillant à lunette aux in-serts en céramique. Bracelet en caoutchouc à fermoir papillon. Etanche à 100 mètres. CHF 695.-
TRAJECTOIRE 40 Automne 2010
RENCONTRE
JOAILLERIEPar Emilie VEILLONPhoto Jacky HAUBT
LA JOAILLERIE EST UN DOMAINE HAUTEMENT ÉMOTIONNEL
Vous avez vécu quatre ans au Caire lorsque vous étiez responsable des ventes Swissair pour l’Egypte. Quels souvenirs gardez-vous de ce pays ?Le choc des différences culturelles et la
beauté extraordinaire du patrimoine his-
torique, mais aussi la générosité et l’ou-
verture des gens qui nous ont permis de
faire de très belles rencontres. Ma femme
et moi avons passé tout notre temps libre à
découvrir les paysages contrastés, à visiter
les temples et à profiter de la mer somp-
tueuse. Par contre, il faut reconnaître que
la qualité de vie n’était pas aussi bonne
qu’en Suisse. Le trafic, le bruit et la pollu-
tion, c’est infernal.
En tant que directeur marketing de Ge-nève Tourisme, vous avez dynamisé le tourisme de loisirs et d’affaire. Comment avez-vous promu la ville à l’étranger ? La ville est très appréciée pour son dyna-
misme culturel, la qualité de ses infrastruc-
tures, son cadre bucolique et la beauté de
ses paysages. J’ai voulu mettre en avant le
vin et la gastronomie haut de gamme. Ces
richesses du terroir sont de vrais atouts
pour la région, mais restent encore très
méconnues à l’étranger. À l’occasion d’un
voyage de promotion en Russie, j’ai rencon-
tré mon prédécesseur Fred Kummer qui a
dirigé la filiale genevoise de Gübelin pen-
dant quatorze ans. Nous avons assez vite
sympathisé et c’est ainsi qu’il m’a proposé
de postuler l’an dernier.
Vous avez évolué dans les domaines de l’aviation et du tourisme. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans le marché de la joaillerie ?Bien que ces trois domaines évoluent dans
des sphères très différentes, ils ont de nom-
breux points communs. Ils touchent tous les
trois au luxe et au service haut de gamme.
Ce sont aussi des secteurs très émotion-
nels qui suscitent l’admiration et attisent la
passion d’une clientèle exigeante. J’ai eu
envie de relever de nouveaux défis avec des
produits que je ne connaissais que très peu.
Depuis que j’ai commencé en janvier 2009,
j’ai suivi une formation intense en joaillerie et
en horlogerie. L’apprentissage est loin d’être
terminé, mais je peux dire que je me sens
déjà chez moi au sein de Gübelin. C’est un
honneur d’avoir intégré cette institution fa-
miliale vieille de 150 ans.
Après quatorze ans à la tête du marketing de Genève Tourisme, Beat Dreier a repris en janvier 2009 la direction de la filiale genevoise de Gübelin. Originaire de Berne, ce passionné de voyages souhaite promouvoir la célèbre maison de joaillerie et d’horlogerie à l’étranger tout en fidélisant la clientèle locale.
Quels sont les secteurs de Gübelin que vous souhaitez développer ?La haute joaillerie, en développant de
nouvelles lignes exclusives, mais aussi
la joaillerie et l’horlogerie de moyenne
gamme. La force de Gübelin, c’est juste-
ment de proposer des créations joaillières
et des montres dans toutes les gammes
de prix. Nous prévoyons aussi de valori-
ser davantage la spécialisation de la mai-
son dans la gemmologie, en particulier
le diamant. Étant donné que nous sommes
actifs dans le négoce et l’expertise de
pierres précieuses ainsi que dans la joaille-
rie, nous maîtrisons tous les maillons de la
chaîne.
Quel est le plus beau bijou que vous ayez offert à une femme ?La bague de fiançailles que j’ai offerte à ma
future épouse. Un diamant solitaire monté
sur or jaune. Je me souviens que cela re-
présentait un investissement important à
l’époque.
Quelle montre possédez-vous ?Un chronographe Gübelin. Modèle Fla-
menco. Avec un bracelet en cuir noir.
TRAJECTOIRE 44 Automne 2010
MODE
JEAN-PAUL GAULTIERPar Nathalie RANEDAPhoto © Jean-Paul Gaultier
L ongtemps présenté comme « l’enfant terrible de la mode », Jean-Paul Gaultier a prouvé qu’une marque ultra-créative pouvait se pérenniser dans le temps. Sa trajectoire ressemble à celle d’une rock-
star débutant dans l’underground pour atteindre une renommée internationale. Il est le créateur qui a jeté les bases de la création contemporaine en ouvrant des voies stylistiques inédites.
Dans sa nouvelle collection, Jean-Paul Gaultier nous fait voyager d’un continent à l’autre. Issu de sa réflexion sur l’identité nationale et le métissage culturel, donc vestimentaire, il livre une collection haute en couleurs ! Influences nord-africaine avec le sarouel en velours noir, mongolienne avec le gilet bordé de fourrure et brodé de fleurs chinoises, suédoise avec la veste de smoking passée sur de grandes chaussettes… Collier masaï, escarpins babouches, broderies de piécettes berbères, turban de Dakar font eux aussi partie de cet excellent remix des essentiels de Gaultier.
Une collection intense donc, tant par le brassage de tissus vifs et colorés que par le brassage des cultures. Un automne chic et choc où la délicatesse des gammes de couleurs et la beauté des matières et des ornements se rencontrent. —
UN AUTOMNE EN TOUTE EXTRAVAGANCE !Allure sobre et discrète, ou look décalé et extravagant ? Nous avons opté pour le second choix en mettant à l’honneur la nouvelle collection automne/hiver 2010-2011 de Jean-Paul Gaultier.
TRAJECTOIRE 44 Automne 2010
MODE JEAN-PAUL GAULTIER
TRAJECTOIRE 64 Automne 2010 TRAJECTOIRE 65 Automne 2010
DOSSIER
SPÉCIAL BANQUESPar Geneviève BRUNET
BANQUE WEgElIN« Nous privilégions une analyse des placements en classes de risque-rendement »
Une analyse fondamentale des produits financiers en fonction de quatre grandes classes risque-rendement constitue la base de la méthode de placement maison.
on la considère comme une obligation.
Cela reste une approximation sommaire.
Nous préférons décomposer totalement
ce produit. Une obligation convertible est
constituée d’une obligation et d’une op-
tion. Cette option comportant elle-même
une partie crédit. On peut donc procéder à
une décomposition parfaite - selon la théo-
rie financière - d’une obligation convertible
en trois éléments: obligation, option et cré-
dit. Et allouer ensuite chacun d’entre eux
à l’une de nos quatre grandes classes de
risque-rendement. C’est une approche très
méthodique. Nous analysons l’ensemble
des composantes du risque. À nos yeux, le
critère de la volatilité n’est pas le seul in-
dicateur pertinent, nous prenons aussi en
compte les risques de contrepartie et de
liquidité. Les portefeuilles dits « balancé »
ou « croissance » n’existent pas chez nous.
Comment le client participe-t-il au choix des placements ?Une discussion avec lui, et l’analyse de sa
situation financière et privée, nous permet-
tent d’établir la meilleure répartition pos-
sible sur nos quatre classes de risque-ren-
dement. Vient ensuite le choix des produits
de placement. Nous offrons - avec Wegelin
Classic - une approche de construction de
portefeuille sur mesure, à partir de 250 000
francs. Dans le cadre de l’allocation d’ac-
tifs définie, le client peut opter pour une
action différente de celle proposée par son
conseiller.
Le client délègue-t-il la gestion au jour le jour ?Oui, mais ce n’est pas un mandat qui est
ensuite géré de manière centralisée à Saint
Gall. Le conseiller du client a également
la responsabilité de la gestion. De nom-
breuses banques ont séparé les attribu-
tions du conseiller - le « relationship mana-
ger » en contact avec le client - de celles du
gérant - l’« asset manager » en charge de
l’ensemble des fonds confiés à la banque.
Chez nous, le client peut décider si son
portefeuille sera géré par son conseiller ou
par l’asset manager. Souvent, les clients
préfèrent que ce soit leur conseiller. La
formule Wegelin Classic est celle qui est
le plus souvent choisie. Cela s’explique
par cette grande flexibilité permettant une
offre sur mesure. Le fait d’être encore une
petite banque - avec 700 collaborateurs,
dont 75 en Suisse romande - nous permet
d’être très réactifs: si un conseiller souhaite
proposer un produit structuré, il en discute
directement avec l’équipe en charge des
structurés.
Dans ce mandat Wegelin Classic, quelle est l’allocation d’actifs la plus courante et son rendement en franc en 2009 et au premier semestre 2010 ?On voit souvent des portefeuilles investis à
50% dans les classes bleue et verte, 40%
en jaune, surtout des actions, et 10% en
rouge, avec des actions de pays émer-
gents et des matières premières. En 2009,
Quelle est la spécificité de votre gestion de fortune?Wegelin a développé sa propre méthode
de placement. Nous ne discutons pas im-
médiatement avec un client des classes
d’actifs : cash, obligations, actions, ma-
tières premières, placements alternatifs
ou produits structurés. Nous privilégions
une analyse de l’univers des placements
en fonction de classes de risque-rende-
ment (CRR). Nous en avons quatre, identi-
fiées par des couleurs. Bleue: placement à
risque très faible; liquidités et placements
sur le marché monétaire. Verte : placement
sûr ; essentiellement des titres à revenu
fixe. Jaune : placement un peu plus risqué ;
surtout actions des pays industrialisés.
Rouge : compartiment le plus risqué ; ac-
tions de pays émergents et matières pre-
mières.
Cette approche donne-t-elle des résul-tats différents d’une allocation d’actifs en fonction du rendement moyen et de la volatilité ?Elle nous permet de décomposer très pré-
cisément les différents éléments d’un pro-
duit financier en termes de risque et de
rendement. Prenons l’exemple d’une obli-
gation convertible sur une action. Dans une
approche traditionnelle, on se demanderait
s’il faut plutôt considérer ce titre comme
une obligation ou une action. Si son cours
dépasse les 130% du pair, on la traite plu-
tôt comme une action ; et s’il est en deçà,
TRAJECTOIRE 64 Automne 2010 TRAJECTOIRE 65 Automne 2010
que d’agir uniquement en fonction d’un scé-
nario qui nous paraîtrait le plus probable.
Mieux vaut avoir à l’esprit en permanence
trois scénarios. Le premier est une évolu-
tion économique en « L », avec un retour très
progressif de la croissance. Le deuxième
est une aggravation de la situation d’endet-
tement de l’Europe, avec la faillite possible
de plusieurs États. Le troisième table sur
la capacité de l’Asie à tirer rapidement la
croissance. En ces temps incertains, nous
conseillons de constituer un deuxième por-
tefeuille - représentant environ 30% des
placements - constitué de valeurs réelles
destinées à conserver la valeur.
A savoir ?Un tiers d’or physique, un tiers d’actions
d’entreprises ayant peu de dette et un so-
lide modèle d’affaires, un tiers d’un panier
de devises (couronne norvégienne, dollar
australien, dollar canadien, dollar de Sin-
gapour) et quelques obligations couvertes
contre l’inflation. Cette stratégie Realo de
préservation de la valeur est proposée en
fonds de placement. Elle a rencontré un
succès certain. —
formance supérieure à celle de l’indice S &
P 500, en pratiquant le stock picking sur le
marché des actions américaines. Pour la
Suisse, nous préférons donc une approche
indicielle, complétée par la détention di-
recte de quelques titres. En revanche, pour
les marchés étrangers nous choisissons
une approche active parce que l’univers
est plus vaste et que nous avons dévelop-
pé une méthodologie nous permettant de
repérer des marchés ou secteurs d’inves-
tissement momentanément trop délaissés
ou surachetés. Concrètement, nous choi-
sissons à un moment donné d’investir en
Espagne, Irlande ou Allemagne et pouvons
changer cette allocation un mois plus tard.
Nous procédons de même pour les sec-
teurs d’investissement. Nous utilisons des
modèles quantitatifs pour notre allocation
tactique. C’est une aide précieuse pour dé-
cider de surpondérer ou souspondérer les
classes d’actifs de notre allocation straté-
gique. Et c’est une source d’alpha extrême-
ment précieuse : nous avons constaté que
2/3 de l’alpha s’explique par la surpondéra-
tion ou souspondération tactique et 1/3 par
le choix des instruments financiers.
Avez-vous un scénario de référence pour choisir vos placements ?Non, nous pensons même que ce serait
commettre actuellement une grave erreur
le rendement net pour le client d’un tel por-
tefeuille était de 15 à 18% en franc. Mais
pour le premier semestre 2010, le rende-
ment est autour de zéro.
Sur certains placements vous ne re-cherchez que le beta, la performance du marché. Pour d’autres vous cherchez à apporter de l’alpha, une surperformance par rapport à l’indice. Pourquoi estimez-vous que les actions suisses ne rappor-tent que le beta ?Nous estimons qu’il extrêmement difficile
de créer de l’alpha avec un stock picking
(ndlr : choix de telle ou telle action) tradition-
nel sur le marché suisse. En tête du classe-
ment des meilleurs fonds en actions suisses
ces dernières années se trouvent surtout
des fonds indiciels. Il y a donc très peu de
gérants actifs qui ont réussi à battre l’indice
de référence de manière systématique. Mais
l’espoir se vend toujours très bien…
Comment l’expliquez-vous ? Et pourquoi espérez-vous de l’alpha sur les actions anglaises ou italiennes ?Le marché suisse est très efficace pour
prendre rapidement en compte toutes les
informations disponibles pour contribuer à
la formation des prix des actions. Selon la
même logique, nous estimons également
qu’il est très difficile de dégager une per-
Adrian Kunzi, associé gérant de Wegelin, Responsable pour la Suisse romande
TRAJECTOIRE 84 Automne 2010 TRAJECTOIRE 85 Automne 2010
CARTIER Au ChâTEAu dE PRAguEAprès Beijing et San Francisco, le Château de Prague accueille, depuis le 9 juillet « Cartier at Prague Castle - The Power of Style » une exposition de plus de 360 pièces historiques de Cartier.
EXPOSITION
CARTIERPar Siphra MOINE-WOERLEN
P our cet événement unique,
Cartier est retourné au cœur
de l’Europe, où l’aventure
a commencé en 1847 avec
Louis-François Cartier.
À ÉVÉNEMENT UNIQUE, SALLE UNIQUEDans la salle du château, parfaitement mise
en lumière, vous pourrez admirer une collec-
tion extravagante des plus grandes pièces
joaillères de la maison Cartier jamais ras-
semblées.
« The power of style », c’est le pouvoir de sé-
duction envers les femmes et leurs bijoux,
le pouvoir de la créativité, le pouvoir du
style… Car le style Cartier, c’est un style en
constante évolution, un savoir-faire toujours
en recherche, un goût que Cartier, depuis
toujours, perçoit et retranscrit avec clair-
voyance et finesse.
C’est ce « pouvoir » que Louis-François Car-
tier a su mettre en œuvre depuis le début,
cette exposition en est la parfaite illustration.
Vous retrouverez 366 pièces retraçant la
chronologie complète de toutes les périodes
stylistiques de la créativité Cartier où beauté
et perfection ne font plus qu’un.
1. 2. 3.
TRAJECTOIRE 84 Automne 2010 TRAJECTOIRE 85 Automne 2010
Nous allons vous présenter 6 coups de cœurs, portés par 6 cé-
lèbres figures, en vous laissant le plaisir d’aller admirer la suite
jusqu’au 17 Octobre 2010 à Prague.
Héritage indien avec le collier Tutti frutti commandé en 1936 par
Daisy Fellowes (1), fille du Duc Descaze et d’Isabelle Singer.
Mondaine et rédactrice au Harper’s bazaar, Daisy Fellowes fut
souvent citée comme la femme la plus élégante des années 1920
à 1930.
Nous continuons avec l’incroyable collier de cérémonie en dia-
mants et platine, délicieux mélange art déco et hindou crée en
1928 pour le Maharajah Sir Bhupinder Singh of Patalia (2). Lourd et
tout en puissance, il fut impossible pour une femme de le porter.
Le collier comprenait 1930 diamants pour un total de 962 carats. Il
fut retrouvé en 1998 à Londres, et est actuellement en restauration.
1930, un vent de nouvelle modernité souffle. La mode mue, les
bijoux aussi. Nous trouvons alors des pièces plus grosses, des
lignes plus géométriques marquant la fin de la période Art Déco.
L’exemple le plus connu sont ces bracelets en platine, diamants
et cristal offert en 1932 par Michael Farmer (un de ces 6 maris) à
l’actrice américaine Gloria Swanson (5).
Influence nature, nous sommes en 1950, la faune et la flore font la
part belle à l’imaginaire de Cartier où serpents, oiseaux et autres
reptiles deviennent réalité. Jeanne Toussaint, directrice de la créa-
tion haute joaillerie chez Cartier depuis le
début des années 30, sera d’ailleurs l’inspi-
ratrice des bijoux fauves de Cartier. L’origi-
nalité, la beauté, l’ingéniosité technique en
feront des œuvres d’art de la haute joaillerie
française. Aujourd’hui encore, les félins sont
un des emblèmes de la Maison Cartier
Deux exemples mythiques : la broche Tigre
créée en 1957 et portée par Barbara Hutton
(2), et les fameuses boucles et collier ser-
pents portés par l’actrice mexicaine Maria
Félix (6) en 1971.
Terminons sur une note glamour avec la su-
blime pièce joaillière portée par la Princesse
Grace de Monaco (4) en 1955, fidèle cliente
de la Maison.
Une rétrospective à ne pas rater. —
4. 5. 6.
TRAJECTOIRE 86 Automne 2010
CRÉATION
DESIGNPar Paul-Henry BIZON
Photo Iwan BAAN
VITRA, AU-DELÀ DU DESIGN…Remarquée par l’audace de ses choix esthétiques, liés au modernisme californien des années 1950, la marque suisse fondée par Wili Fehlbaum s’est toujours distinguée par son intransigeance et son ouverture aux disciplines culturelles.
E n matière de design, on re-
connaît une grande marque
par le dialogue qu’elle en-
tretient avec ses designers.
Son identité naît toujours de l’équilibre
entre une vision globale, une philosophie,
et l’implication des créateurs à suivre ce fil
directeur ; leur degré d’empathie.
D’un côté, les firmes promptes au name-
dropping qui empilent les signatures à des
fins plus marketing qu’essentielles. De
l’autre, les marques à visée culturelle, en-
gagées dans une histoire au long cours où
chaque projet vient justifier les précédents
et annoncer les suivants. Il ne fait pas
l’ombre d’un doute que Vitra appartient à
cette seconde catégorie. Un sens rare de
la continuité dont témoigne la très grande
fidélité accordée aux créateurs, et inverse-
ment.
50’S : RAY & CHARLES EAMESSi le catalogue de Vitra emplit à lui seul
plusieurs chapitres de l’Histoire du design,
deux noms en particulier lui sont à jamais
associés, ceux de Ray et Charles Eames.
Lorsque Wili Fehlbaum rencontre les deux
époux, il dirige une société spécialisée
dans l’aménagement de magasins, basée
60’S Et 70’S : LE « CoLLAGE » CoMME pHILoSopHIECe sens de l’ouverture et de l’interaction
entre toutes les formes de création va
profondément inspirer Vitra qui va bientôt
élargir les frontières du design industriel à
celles de la vie quotidienne, suivant l’évolu-
tion d’une époque qui de plus en plus tra-
vaille comme elle vit.
À la fin des années 1960, aux noms de
Ray et Charles Eames, s’ajoutent ceux
de George Nelson, inventeur de la chaise
Pretzel et adepte d’un design porté vers
l’interaction et la mobilité, et d’Alexander
Girard, coloriste surdoué dont les créa-
tions, comme les poupées de bois, tendent
à égayer l’environnement professionnel au-
tant que familial.
Un trio que viendra compléter en 1966,
Verner Panton et sa fameuse Panton Chair,
moulée d’un seul bloc et déclinée dans
une palette de tons acidulés. Implication
sociale, précision technique, interaction,
flexibilité, innovation… de ces premières
collaborations découlent une série de fon-
damentaux, qui inspirent depuis le travail
de tous les collaborateurs – de Jasper
à Weil am Rhein, ville allemande proche de
Bâle. L’histoire retient que c’est en 1953,
lors d’un voyage aux Etats-Unis, que le
fondateur de Vitra découvre le moder-
nisme californien, en apercevant, depuis
son taxi, les chaises du Plywood Group
des Eames dans la vitrine d’une boutique.
Certain d’avoir trouvé la combinaison entre
esthétique et fiabilité qui lui permettrait
d’associer innovation stylistique et pro-
duction industrielle, Wili Fehlbaum obtient
un agrément avec la société Herman Miller
pour l’introduction de ces modèles en Eu-
rope : un coup de maître déterminant pour
l’expansion de Vitra. À partir de 1957, une
intense collaboration va naître entre Vitra et
le Eames Office de Venice.
Prodigieusement inspiré, Charles Eames
réinvente les codes du design de l’époque.
Expérimentant de nouvelles matières tels
que le contreplaqué ou l’aluminium, gom-
mant le superflu, renouvelant la palette des
couleurs et instaurant la pluridisciplinarité
comme fondement absolu de la création,
il invente un nouveau rapport à l’objet.
Chaque meuble doit répondre aux attentes
de l’usager et habiter sa vie : sous son im-
pulsion, le design devient porteur de sens.
TRAJECTOIRE 86 Automne 2010
© V
itra
TRAJECTOIRE 118 Automne 2010
ÉVASION
MALTEPar Gérard ULMANN
Photos Gérard ULMANN
MALTE, L’ÎLE CITADELLEEntre Europe et Afrique, trois petites îles, souvent envahies mais jamais domptées concentrent culture méditerranéenne et flegme britannique sous un ciel toujours bleu.
Pour s’y rendre :
Pour s’y rendre Air Malta opère des vols directs depuis Genève, voir horaires sur www.airmalta.comLe site de l’office du tourisme www.visitmalta.com est très complet et permet de télécharger la liste de tous les hôtels de Malte.
Une fois sur place : Pour un séjour culturel, l’hôtel Phoenicia est le seul grand établissement aux portes de la vieille ville qui se visite uniquement à piedwww.phoeniciamalta.comMalte fait partie de la communauté européenne et a adopté l’Euro, l’anglais est parlé partout et on roule à gauche.
A u croisement des routes maritimes reliant orient
et occident, Malte et ses petites sœurs Gozo et
Comino ont accumulé, depuis la plus haute an-
tiquité, témoignages et vestiges de brillantes ci-
vilisations. La préhistoire se devine dans des sites mégalithiques
mystérieux et émouvants parmi les mieux conservés d’Europe. Un
exceptionnel hypogée souterrain soulève le voile sur des pratiques
funéraires d’un temps oublié. Plus proche de nous, Phéniciens,
Romains, Arabes, Aragonais, Français et Britanniques ont, au fil
des siècles, laissé des empreintes de leur culture et façonné l’iden-
tité maltaise.
Mais Malte ne serait pas cette forteresse qui a su résister à l’Em-
pire Ottoman et à la plus formidable flottille d’envahisseurs de
son temps, sans la présence de l’Ordre des Chevaliers de St Jean
de Jérusalem. Ayant reçu l’archipel en 1530, les Chevaliers vont
concentrer toute leur énergie à contenir la menace byzantine et à
fortifier la Valette, capitale de l’île. Véritable musée à ciel ouvert, la
ville, aux rues étroites et au tracé rectiligne, offre des vues gran-
dioses sur le Grand Port.
Le développement de la Valette est intiment lié aux nécessités et
obligations de l’Ordre. Des « Auberges » regroupaient les novices
par langue, et une fois fait Chevalier chacun se devait de construire
son palais. À une telle règle on doit tant de merveilleux édifices
renaissances et baroques comme la co-cathédrale de Saint Jean,
à la façade austère, qui cache des trésors de marbre polychrome,
révélateurs de la puissance des Chevaliers.
Un séjour à Malte ne s’épuise pourtant pas à la seule contemplation
de sa puissante architecture militaire et maritime et ne saurait se
limiter en promenades urbaines, le nez en l’air à admirer façades,
balcons et coursives couvertes. L’étroitesse de l’île, qui se traverse
en une heure dans sa partie la plus longue, permet de passer d’une
lande sauvage au bord de falaises battues
par une houle régulière à la chaleur d’un petit
port de pêche bien abrité dont les restaurants
et les terrasses sont autant d’invitations qui
ne se refusent pas. Et si le passé britannique
a laissé bien des traces, on roule à gauche,
la cuisine s’est heureusement convertie aux
saveurs méditerranéennes.
La mer omniprésente joue de toute la gamme
des bleus et turquoises mais n’offre que peu
de plages de sable. Les baignades sont
malgré tout possibles en bien des endroits,
facilitées par des aménagements pour un
accès à l’eau sans difficulté. Un service de
bacs régulier permet de se rendre sur Gozo.
Plus verte, rurale la petite île n’a rien a envier
à sa grande voisine. Une capitale médiévale
stratégiquement bâtie sur une colline au
centre des terres, une jolie grande plage de
sable blond et un site préhistorique remar-
quable, justifient la courte traversée.
Devenu une destination majeure du tou-
risme balnéaire, l’archipel offre une hôtelle-
rie de qualité et une vie nocturne et cultu-
relle intense. Des bus, dont toutes les lignes
conduisent à la porte de la Valette, parcou-
rent l’île en tout sens et conduisent à bon
port ceux qu’une circulation chaotique re-
bute. Aérée par une brise marine rafraîchis-
sante l’été et réchauffée par un doux soleil
l’hiver, Malte est une destination idéale tout
au long de l’année. —
TRAJECTOIRE 118 Automne 2010
Le joli port de pêche de Marsaxlokk
Porte de Mdina capitale de Malte avant l’arrivée des Chevaliers
Rue de La Valette et ses balcons couverts
Le nord de l’île et ses falaises vertigineuses
L’église de Vittoriosa L’Auberge de Castille qui abritait les novices de l’Ordre
Un poste de garde du port fortifié de La Valette Un site préhistorique sur l’ île de Gozo
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