AXE 1
Histoire et mémoires des conflits
Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Sarah Clavé, professeur au lycée l’Empéri, Salon-de-Provence, formatrice académique Mnémosyté
Terminale HGGSPThème 3
HISTOIRE ET MEMOIRES
Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (2002)
Monument du martyr de la guerre d’Algérie (1982)
PARIS
ALGER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Niveau : Terminale HGGSP
Thème 3 : Histoire et mémoires
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Situation d’apprentissage : Travail en groupe collaboratif hétérogène,
travail en groupe d’experts, travail en binôme
Situations d’évaluation : Évaluation par les pairs, grille de
positionnement progressif
Usage du numérique : Les élèves disposent de tablettes numériques
pour mener des recherches (se documenter) et accéder aux ressources
vidéos. Ils utilisent le matériel de web radio de l’établissement et/ou le
logiciel gratuit Audacity pour les montages audio.
Mots clefs : coopération, oral, contextualiser, analyser et interroger
Présentation de la ressource : Cette ressource présente une
proposition de mise en œuvre pour amener les élèves à adopter une
démarche réflexive et à préparer le Grand oral.
Rappel du programme
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
La guerre d’Algérie dans les programmes du secondaire
3e
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Lien avec le programme de Terminale Générale Tronc communThème 2
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Terminale technologique thème 3
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Transmettre l’histoire des relations entre la France et l’Algérie : un enjeu pour aujourd’hui et pour demain
par Benoît FALAIZE, IGESR
La transmission scolaire de l’histoire des relations franco-algériennes relève de ces sujets sensibles, porteurs d’uneintense charge émotionnelle et de fréquentes controversesmémorielles. En décliner l’histoire dans les classes relève,de ce fait, d’une nécessité éducative autant éthique quesociale. Pour dire l’histoire des relations entre la France etl’Algérie, dans leur continuité et leur complexité, celasuppose d’avoir à l’esprit qu’il s’agit d’une histoire quis’inscrit dans la durée, au sein même de l’école, dans lamanière dont l’Algérie a été représentée et racontée.
Dans « La guerre d’Algérie. Histoire commune, mémoires partagées ? », Exposition pédagogique, ONACVG, 2018.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
OBJECTIFS -Comprendre le lien entre les mémoires et la construction de l’histoire-Comprendre que pour aboutir à une histoire commune et à des mémoirespartagées il faut présenter et accepter toutes les mémoires et les soumettre autravail de l’historien et à l’objectivité de l’histoire-Poursuivre et parfaire la construction des notions de mémoires et d’histoire-Montrer que la mémoire est un objet d’histoire-Faire comprendre aux élèves qu’aucun sujet ne doit être tabou pour l’historien
CAPACITES -Analyser, interroger, adopter une démarche réflexive-Se documenter-Travailler de manière autonome-S’exprimer à l’oral-Contextualiser
NOTIONS Guerre d’indépendance-guerre civile-mémoires-ALN-Appelé-FLN-Harki-MNA-OAS-Pied-noir
REPERES 1958 : P. Vidal Naquet, L’Affaire Audin, 1962 : répression du métro Charonne àParis, 1962 : fin de la guerre d’Algérie, 1968 : lois d’amnistie en France, 1991: B.Stora : La mémoire de la guerre d’Algérie, 1999 : le Parlement français adoptel’expression « guerre d’Algérie », 2001: Raphaëlle Branche travaille sur la torturepratiquée par l’armée française, 2018 : E. Macron reconnait la responsabilité del’Etat français et de l’armée dans l’assassinat de Maurice Audin
Nommer « la guerre d’Algérie »
Réponse apportée par l’historienne Raphaëlle BRANCHE
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Ce qu’on appelle officiellement en France « guerre d'Algérie », depuis la loi du18 octobre 1999, désigne les affrontements ayant opposé les forces de l’ordrefrançaises à un mouvement nationaliste algérien armé, le Front de LibérationNationale. Cette lutte armée, qui mobilisa près d'un million et demi de soldatsfrançais, avait pour enjeu la souveraineté politique sur le territoire algérien.Les uns se battaient pour le maintien de l'Algérie française – quitte à la réformerconsidérablement -, les autres avaient pris les armes afin de faire triompher ledroit du peuple algérien à l’autodétermination. L’appellation qui s’imposedepuis une dizaine d’années de « guerre d’indépendance algérienne » veutd’ailleurs rappeler que l’enjeu était bien politique : l’indépendance était bien unedes manières de dire ce qui était disputé alors. Pour les nationalistes, la guerreétait d’ailleurs « guerre de libération » ou même « révolution ». Si on évoqueencore cette période de l’histoire comme la « guerre d'Algérie », c’est aussiqu’elle s’est inscrite, pour la France, à la suite de la « guerre d’Indochine » dansune plus vaste séquence historique partagée avec d’autres pays européens : la findes empires coloniaux. L’expression dit, assurément, qu’on se situe d’un point devue français.
Dans « La guerre d’Algérie. Histoire commune, mémoires partagées ? », Exposition pédagogique, ONACVG, 2018.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
MISE AU POINT SUR LES QUESTIONS DE MEMOIRES DE LA
GUERRE D’ALGERIE
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’AlgérieAvec la contribution de Yannick Clavé,
professeur d’histoire en CPGE au lycée militaire d’Aix-en-Provence
➔Dans les années 1960 et 1970 : des mémoires très conflictuelles
La guerre d’Algérie prend fin en 1962, quand la France décide dese retirer et d’accorder son indépendance à l’Algérie. Il y a alors sur leterritoire français environ deux millions de personnes impliquéesdans la guerre d’Algérie : pieds-noirs, harkis, anciens combattants,immigrés algériens. Chacun de ces groupes est porteur d’un vécu etd’une mémoire différents, voire opposés, du conflit. Durant les deuxdécennies qui suivent, l’interprétation de la guerre d’Algérie n’est pasdu tout la même en Algérie et en France, et d’ailleurs le vocabulaireutilisé est radicalement différent.
La France parle des « événements d’Algérie » ou« d’opérations de sécurité et de maintien de l’ordre » etnon de guerre, comme pour minimiser la réalité etoublier qu’elle marque la fin définitive de l’empirecolonial et qu’elle s’est accompagnée de nombreusesviolences. Ce sont autant de blessures qui serontlongues à cicatriser : usage de la torture par l’armée,massacre des harkis par les Algériens, arrivée massive deplus d’un million de rapatriés en métropole chassés parles Algériens, envoi du contingent c’est-à-dire des jeuneshommes du service militaire. La mémoire de la guerred’Algérie est donc occultée : l’historien Benjamin Storadit que « la guerre est ensevelie ». Des lois d’amnistiesont d’ailleurs votées en faveur des anciens membres del’OAS, notamment en 1968, dans l’indifférence générale.Les témoignages concernant la torture pratiquée parl’armée française sont censurés, ainsi celui d’Henri Alleg,militant communiste qui soutenait le FLN pendant laguerre et qui avait été torturé par des soldats français(son livre est interdit en 1958). Le travail des historiensest alors pratiquement inexistant, à l’exception d’unpionnier, Pierre Vidal-Naquet, qui publie plusieursouvrages pour dénoncer la torture et l’attitude desautorités françaises (L’affaire Audin en 1958, puis La raisond’État en 1962). On comprend donc que cette mémoireest aussi très divisée : il n’existe pas une, mais desmémoires, qui sont d’ailleurs celles de vaincus (pieds-noirs, harkis, anciens combattants). La guerre d’Algériene peut donner lieu à un discours consensuel officiel, etl’État met surtout en avant, dans ses commémorations,les deux guerres mondiales.
En Algérie au contraire, la guerre est considéréecomme « la guerre de libération » ou « larévolution », vue beaucoup plus positivement qu’enFrance : c’est le sentiment victorieux de libérationqui l’emporte. L’indépendance permet de fonder unnouvel État, ceci étant dit non démocratique carc’est le FLN, devenu parti unique, qui prend lepouvoir et qui impose une vision de l’histoire de laguerre qui correspond à ses intérêts. Une histoireofficielle, largement idéalisée, se met donc en place :l’idée est que c’est tout le peuple algérien qui s’estuni, sans aucune division, contre l’occupantfrançais. Le slogan indépendantiste « Un seul héros,le peuple » est inscrit partout dans le pays. Lesanciens combattants du FLN (appelés « moudjahid »,« combattant au nom de sa religion ») reçoivent untraitement privilégié. Or, en réalité, seule unepartie des Algériens a pris les armes contre lesFrançais, les divisions au sein du FLN étaientnombreuses et le FLN a commis de nombreusesexactions contre des civils Français. Les rares voixdiscordantes sont censurées et même réprimées.Ahmed Ben Bella lui-même, héros de la guerre etpremier Président de la République algérienne en1963, destitué par le coup d’État de Boumediene, estemprisonné entre 1965 et 1979, pour avoir dénoncéles dérives autoritaires du FLN.
➔Les ruptures des années 1980 et 1990
En France, c’est dans les années 1980 que la mémoirede la guerre d’Algérie commence à véritablementsortir de l’oubli. Les historiens commencent à ytravailler de manière plus précise, tandis que laguerre d’Algérie fait son entrée dans lesprogrammes scolaires en 1983. Les mémoires se fontdavantage contestataires et revendicatives, chaquegroupe voulant se faire entendre et reconnaître sessouffrances : anciens combattants, harkis, enfantsissus de l’immigration en quête de leurs origines. Demême, des historiens travaillent sur les zonesd’ombre de cette guerre, par exemple la répressionsanglante de la manifestation du 17 octobre 1961 oucelle du métro Charonne en février 1962, dont lamémoire est portée par des associations ainsi que despartis et des syndicats de gauche. Un historiencomme Benjamin Stora, qui publie en 1991 Lamémoire de la guerre d’Algérie, est pionnier. L’Étatfrançais souhaite par ailleurs des relationsdiplomatiques apaisées avec l’Algérie. En 1983, lorsde la visite du président algérien à Paris, l’hymnenational (celui du FLN) est joué pour la premièrefois. Mais les tensions politiques autour desmémoires du conflit restent fortes. L’extrême-droite,incarnée notamment par le Front National de Jean-Marie Le Pen, entretient une mémoire très hostile àl’Algérie indépendante et se montre nostalgique del’Algérie coloniale ; elle prend la défense des pieds-noirs et de l’armée.
En Algérie, la décennie 1980 est marquée par un débutde fissure dans le discours officiel sur le conflit.Plusieurs historiens, comme Mohammed Harbi,cherchent à remettre en cause le récit officiel, mais leurtravail est difficile à cause du poids de la société, de lacensure et de la difficulté d’accéder aux archives. Leprésident Chadli amorce un mouvement d’amnistie enlibérant Ben Bella en 1981 et en réhabilitant certainshéros de la guerre. En 1988, des émeutes obligent lerégime à faire des concessions démocratiques : leressentiment de la jeunesse éclate envers un régime quia confisqué le souvenir de la guerre. Cependant,l’Algérie s’enfonce dans une grave guerre civile àpartir de 1992, après l’annulation des résultats desélections qui avaient vu la victoire des islamistes. Cesderniers constituent des groupes armés qui, jusqu’en2002, affrontent les forces gouvernementales etterrorisent la population ; le conflit a sans doute faitentre 200 000 et 300 000 morts. Le mythe de l’unité dupeuple algérien vole alors définitivement en éclats.
➔ Depuis les années 2000 : de la mémoire à l’histoire ?
La fin des années 1990 marque, en France, le début d’un processus de reconnaissance par lesautorités des réalités de la guerre d’Algérie. En 1999, le Parlement reconnaît officiellement leterme « guerre d’Algérie ». Un Mémorial est inauguré par le président Chirac en 2002 à Paris,puis en 2003 le 5 décembre devient la Journée nationale d’hommage aux morts pour la Franceen Afrique du Nord. L’État français reconnaît aussi officiellement le rôle joué par les harkis : en2003, le 25 septembre devient la Journée nationale d’hommage aux harkis.
Le travail des historiens est par ailleurs facilité : une circulaire en 2001 accélèrel’ouverture des archives. De nouvelles thématiques sont mises en lumière, en particulier latorture pratiquée par l’armée française, étudiée par l’historienne Raphaëlle Branche qui publiele premier ouvrage scientifique sur le sujet en 2001. C’est alors un sujet très polémique etpolitique, qui contribue au retour de la mémoire du conflit et à l’exploration de ses zonesd’ombre. L’affaire Maurice Audin en est devenue emblématique : ce jeune militantcommuniste, professeur de mathématiques à l’université d’Alger, avait été enlevé et torturépar l’armée française en 1957, puis officiellement porté disparu ; son corps n’a jamais étéretrouvé. En 2018, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement la responsabilité del’État et celle de l’armée française dans l’assassinat de Maurice Audin.
Ces dernières années, des historiens français et algériens tentent de travailler ensembleet de dialoguer, convaincus qu’il est possible d’en finir avec ce passé franco-algérienempoisonné pour construire, au contraire, une histoire partagée. Mais la pression des États etdes groupes demeure forte : les mémoires de la guerre d’Algérie demeurent une questionsensible aujourd’hui, en France comme en Algérie.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
La guerre d’Algérie/ La guerre d’indépendance algérienne
Les élèves s’expriment…
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Des lieux de mémoire…
PLANTU, Le Monde, 2 mars 2003
-Mise en perspective de la parole des élèves et accroche -Les élèves prennent connaissance des documents suivants, repèrent les lieux de mémoires en France et en Algérie et les acteurs ➔Pluralité/complexité-Réflexion sur le dessin de Plantu et la notion de « travail » de mémoire.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
DOUSTALY Anne (coll), Histoire, géographie, géopolitique, sciences politiques, Tle,Belin Education, 2020, p. 215.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
« Les mémoires ont toujours une dimension subjective.Elles fonctionnent comme un discours de légitimation,
de sorte qu’elles sont à la fois rappel d’événementset miroir déformant.
L’histoire ne peutni les dédaigner
ni s’y soumettre »
Benjamin STORA, La guerre d’Algérie, 1954-1962.La fin de l’amnésie, Robert Laffont, 2004.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
QUESTIONS DE MEMOIRES QUESTIONS D’HISTOIRE
➔CO CONSTRUCTION DE LA PROBLEMATIQUE
Quels rapports l’histoire et les mémoires de la guerre
d’Algérie entretiennent-ils ? Comment s’articulent les
mémoires et le travail de l’historien de la guerre d’Algérie?
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Un projet pédagogique
Réaliser une web radio
Se préparer au Grand Oral
Benoît FALAIZE (IGESR)
La complexité de cette histoire peut et doit pouvoir s’incarner en classedans les témoignages multiples et riches des anciens combattants(appelés, rappelés, engagés), des harkis et de leurs descendants, descombattants ou descendants du FLN, mais aussi des Pieds-noirs. Ce sontces mémoires qui rendent compte de la complexité des liens en terrealgérienne et en métropole. Ce sont ces mémoires qui permettent dedessiner une commune humanité clivée par la guerre, la colonisation etles espoirs contraires.
Dans « La guerre d’Algérie. Histoire commune, mémoires partagées ? », Exposition pédagogique, ONACVG, 2018.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
CONSIGNE GENERALE DU PROJET
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Vous allez enregistrer une émission radio pour la fabrique del’histoire sur les mémoires et l’histoire de la guerre d’Algérie.Vous montrerez comment les mémoires de la guerred’Algérie ont influencé la construction de l’histoire de cetteguerre d’indépendance.A cette fin tous les groupes mémoriels liés à ce conflit serontreprésentés et les historiens experts qui animeront l’émissionseront chargés de reconstituer une histoire partagée etapaisée de la guerre d’Algérie.
CONSIGNE GENERALE DU PROJET
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Scénario proposé : Travail en groupe collaboratif hétérogèneLes élèves travaillent par 4 en îlots sur un corpus documentaire et des témoignages vidéos et deviennent « spécialistes » d’un groupe mémoriel. Les témoignages sont déposés avec la présentation des acteurs en amont sur l’ENT pour que chaque élève en prenne connaissance. Dans chaque groupe un élève représente l’historien expert et modérateur.L’objectif final est de réaliser une web radio en coopération de classe.
Le professeur explicite les enjeux :Les élèves seront évalués à l’oral collectivement par la classe et le professeur. Les élèves représentant un groupe mémoriel évaluent un autre groupe mémoriel. Les élèves représentant un historien expert évaluent un autre historien expert. Des questions ouvertes peuvent être posées entre les groupes dans un objectif de reformulation.
On peut imaginer de reprendre le modèle de l’émission : documentaire, archives commentées, débat ou de le réduire et l’adapter en fonction des réussites des élèves.
ETAPE 1 CONTEXTUALISER1 heure
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
La guerre d’Algérie : pourquoi c’est sensible ?
-Regarder la présentation :
La guerre d’Algérie, l’histoire impossible?
TV5 Monde Thomas Snégaroff
https://www.bing.com/videos/search?q=la+guerre+d%27alg%c3%a9rie+l%27histoire+impossible&&view=detail&mid=7C7F24D131D6607D373A7C7F24D131D6607D373A&&FORM=VRDGAR
-Prise de notes et écoute active
ETAPE 1 CONTEXTUALISER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
La guerre d’Algérie : pourquoi c’est sensible ?
Réalisation d’une carte mentale
FAIRE L’HISTOIRE DE LA GUERRE D’ALGERIE
ETAPE 1 CONTEXTUALISER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Les élèves disposent de la trace écrite bilan réalisée par une classe determinale générale de tronc commun du lycée (thème 2 du programmed’histoire).
En binôme, ils en prennent connaissance, repère les mots clés et lesévénements clés et reconstituent les principales étapes de la guerred’indépendance algérienne.
A l’aide de leurs tablettes ils réalisent une frise (outil frise chronos) et/ouune carte mentale et/ou une fiche synthétique…
ETAPE 1 CONTEXTUALISER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Exemple de trace écrite bilan :
➔Contexte : la perte de la puissance coloniale française :
En 1956, la France doit accepter l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. En Egypte, le président Nasser décide de la
nationalisation du canal de Suez, alors exploité par une compagnie franco-britannique. L’intervention militaire de la France
et du Royaume-Uni est condamnée par l’ONU, les EU et l’URSS. C’est un fiasco diplomatique qui vient confirmer la perte
d’influence de la France sur la région.
➔Les débuts de la guerre d’Algérie paralysent la Ive République
Le 1er novembre 1954, l’insurrection menée par les nationalistes algériens du Front de libération nationale (FLN) marque le
début de la guerre d’Algérie. Face aux actions terroristes et à la guérilla, la France choisit la répression armée pour
s’opposer à l’indépendance de l’Algérie. Les gouvernements successifs de la IVe République ne peuvent envisager
publiquement une négociation politique pour sortir de la crise car ils sont soumis à la pression de l’armée et des Européensd’Algérie qui refusent l’abandon de l’Algérie française.
Le 13 mai 1958 les partisans de l’Algérie française tentent de s’emparer du pouvoir. Avec le soutien de l’armée, ils
s’imposent à Alger et projettent une opération militaire d’ampleur en métropole afin d’y instituer un pouvoir autoritaire.L’impasse est totale.
➔Charles de Gaulle et la question algérienne
Face à ce blocage, le général de Gaulle s’efforce d’apparaitre en arbitre face à la menace de guerre civile. Il est soutenu
par l’armée et les Français d’Algérie qui voient en lui l’homme capable de maintenir l’Algérie dans la France. Il se présenteégalement comme l’homme providentiel capable de sauver la République.
Il tente d’apaiser la situation en Algérie. Le 4 juin 1958, à Alger, devant une foule en liesse, il s’exclame : « je vous aicompris ! » et encourage la fraternisation entre musulmans algériens et Français d’Algérie.
Le 6 juin à Mostaganem, il déclare : « vive l’Algérie française ! », semblant signifier qu’il poursuit le combat en faveur de laprésence française en Algérie. Il s’assure ainsi momentanément le soutien de l’armée et des Européens d’Algérie.
ETAPE 1 CONTEXTUALISER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
➔La fin de la guerre d’Algérie et les questions de mémoires
Progressivement, tout en poursuivant les opérations militaires, de Gaulle oriente sa politique
algérienne vers des négociations puis vers l’indépendance. Il propose ainsi l’autodéterminationaux algériens (1959) qui seraient consultés par référendum.
Se sentant trahis, les partisans de l’Algérie française et une partie de l’armée déclenchent une
semaine d’émeutes à Alger en janvier 1960 : c’est la « semaine des Barricades ». En avril 1961
quatre généraux tentent un putsch pour s’emparer du pouvoir. La même année certains partisans
de l’Algérie française passent dans la clandestinité au sein de l’organisation de l’armée secrèteOAS, qui organise des attentats en Algérie ainsi qu’en métropole.
Le 18 mars 1962, les accords d’Evian prévoient un cessez-le-feu entre l’armée française et le
FLN. Ils débouchent le 3 juillet sur l’indépendance de l’Algérie, approuvée par référendum à plus
de 99% par les Algériens. Cette indépendance s’accompagne de violences et du rapatriement,mais aussi parfois de l’abandon par l’Etat, des Français d’Algérie ainsi que des harkis.
Des conflits de mémoire émergent à l’issue de la guerre. En France, l’envoi du contingent, l’usage
de la torture par l’armée, les massacres des harkis et l’arrivée des rapatriés en métropole sont
autant de blessures longues à cicatriser. Côté algérien, c’est le sentiment victorieux de libérationqui l’emporte.
Aujourd’hui, la tendance est à l’apaisement mémoriel par la reconnaissance officielle desdifférentes mémoires, mais des tensions subsistent.
ETAPE 1 CONTEXTUALISER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Outil :Frise chronos
« La drôle de guerre » (novembre 1954-août 1955 »)
« La guerre ouverte » (août 1955-janvier 1957)
« La guerre cruelle » (janvier 1957- mai 1958)
« Vers la guerre civile ? » (mai 1958-décembre 1960)
« Les guerres sans fin » (décembre 1960-été 1962)
ETAPE 2 : SE DOCUMENTER1 heure
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
ACTEURS ET TEMOINS DE LA GUERRE D’ALGERIELECTURE ET ANALYSE CRITIQUE DE TEMOIGNAGES
-Sur le principe de la classe inversée :
Les élèves ont pris connaissance des témoignages des acteurs de la guerred’Algérie sur l’ENTVidéo de 15 minutes extrait de Bernard ANDRIEUX, Algérie facette d’uneguerreDéposée en complément de la ressourceDocumentariste Bernard Andrieux, mallette pédagogique de l'ONACVG « Histoire
et mémoires de la guerre d'Algérie »
Les élèves ont également pris connaissance desprésentations des témoins(déposé en complément de la ressource)
ETAPE 2 : SE DOCUMENTER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
-8 représentants d’acteurs et groupes mémoriels de la guerre d’Algérie
La classe est divisé en 8 groupes collaboratifs hétérogènes de 4 élèves
L’objectif est de représenter un groupe mémoriel à l’aune du regardhistorique
ADOPTER UNE DEMARCHE DE LECTURE CRITIQUE ET DISTANCIEE DU TEMOIGNAGE
Dans chaque groupe, les élèves désignent un porte-parole et un historienexpert
Dans un premier temps, les élèves réunissent des informations à l’aidedes différents supports sur le groupe de témoins qui leur a été affecté, ilspeuvent revoir le documentaire à l’aide de leur tablette +casqueIls disposent d’un corpus documentaire disponible sur :https://enseignants.lumni.fr/parcours/0178/les-memoires-de-la-guerre-d-algerie.html
ETAPE 2 : SE DOCUMENTER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Ce travail coopératif est l’occasion de s’auto-corriger en équipe
ETAPE 2 : SE DOCUMENTER
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Second temps : MISE EN COMMUN
GROUPE MEMORIEL
TEMOIN RECIT ETAPE DE LA GUERRE
VISION A UTILISER POUR CONSTRUIRE L’HISTOIRE
ALN
APPELES
FLN
HARKI
MNA
OAS
OFFICIER PARACHUTISTE
PIED-NOIR
QUEL EST LE POINT COMMUN DE CES TEMOINS ?
ETAPE 3 : ADOPTER UNE DEMARCHE REFLEXIVE/COOPERER2 heures
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
-Chaque groupe mémoriel va élaborer sa présentation à partir des différents témoignages et corpusLa démarche est assez souple, les élèves sont libres d’intégrer un souvenir/récit du témoin, une interview, une anecdote…-Les élèves historiens « experts » assurent la présentation et le questionnement de ces groupesIls tournent entre les différents groupes mémoriels-Le professeur accompagne les élèves et s’assure de leur compréhension historique des faits et des témoignages et de la mise en cohérence d’ensemble
ETAPE 3 : ADOPTER UNE DEMARCHE REFLEXIVE/COOPERER2 heures
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Le professeur veille à accompagner les élèves pour leurmontrer que chaque mémoire est plurielle :
-par sa vie
-par sa personnalité
-par son expérience de la guerre
➔Travail réflexif autour du témoignage, de la mémoire et del’histoireLa question du statut du témoin en histoire :Cf Annette Wieviorka l’ère du témoin//l’ère du témoignage
TRAVAILLER LA DEMARCHE HISTORIQUE EDUQUER A
L’ESPRIT CRITIQUE
ETAPE 3 : ADOPTER UNE DEMARCHE REFLEXIVE/COOPERERPROLONGEMENTS
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Dans le prolongement de ce travail, pour inciter les élèves à se
documenter et nourrir leur réflexion, il peut leur être proposé de
réaliser un compte rendu du documentaire
Yasmina ADI
Ici on noie les Algériens
2011
Afin de rechercher et présenter la répression du 17 octobre 1961 à
Paris
ETAPE 3 : ADOPTER UNE DEMARCHE REFLEXIVE/COOPERERPROLONGEMENTS
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
On peut imaginer que le travail sur le témoignage et lamémoire amène certains élèves à évoquer leur propremémoire familiale.
Un prolongement possible peut être le recueil de cettemémoire, à mettre en perspective avec le cours d’histoire,les recherches menées et l’analyse distanciée dutémoignage historique.
ETAPE 4 : TRAVAILLER DE MANIÈRE AUTONOME/S’EXPRIMER A
L’ORAL1 heure
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
-Enregistrement de la web radio-Montage de l’émission : en classe entière, les élèves s’évaluent entre pairs etchoisissent les éléments à enlever/modifier, montage final réalisé par desvolontaires et/ou l’enseignant
EXEMPLE DE WEB RADIO
NB : le matériel n’est pas forcément nécessaire, une fonctionnalité de dictaphone est suffisante
ETAPE 4 : TRAVAILLER DE MANIÈRE AUTONOME/S’EXPRIMER A
L’ORAL1 heure
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
-Encourager les élèves à la préparation de leur oral long :
Laisser la place à la spontanéité
Utiliser des mots clés comme support
Et/ou une carte mentale➔Différenciation pédagogique
-Permettre un temps d’entrainement en binôme/groupe
ETAPE 4 : TRAVAILLER DE MANIÈRE AUTONOME/S’EXPRIMER A
L’ORAL
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
PREPARER LE GRAND ORAL
La grille de progression élaborée par madame Méjean peut servir de base de référence
ETAPE 4 : TRAVAILLER DE MANIÈRE AUTONOME/S’EXPRIMER A
L’ORAL
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
PROPOSITION DE GRILLE PAR ECHELLE DESCRIPTIVE EVALUATION PAR LES PAIRS
ETAPE 4 : TRAVAILLER DE MANIÈRE AUTONOME/S’EXPRIMER A
L’ORAL
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Pour rendre l’évaluation toujours plus formatriceon peut envisager de laisser un temps aux élèvesen binôme pour formuler des conseils auprès ducamarade évalué
CONCLUSION : MISE EN PERSPECTIVE
HISTOIRE ET MEMOIRES DES CONFLITS
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
CONCLUSION : MISE EN PERSPECTIVE
HISTOIRE ET MEMOIRES DES CONFLITS
Un texte pour mettre en perspective le schéma :
« Pour terminer, on rappellera que, notamment depuis la guerre d’indépendance
algérienne, les historiens français ont considérablement évolué et il n’en reste
guère plus aujourd’hui qui soient des thuriféraires (défenseurs) de la colonisation
(…). Peut-on émettre le vœu que dans la sérénité soit méditée la possibilité
d’aboutir un jour à l’équivalent franco-algérien du manuel d’histoire franco-
allemand qui a tenté de donner, au début du vingtième siècle, une histoire à deux
voix conciliées surmontant un contentieux historique plus que séculaire ? Même si
chercheurs français et chercheurs algériens ne disent pas forcément la même
chose, et même si dans leurs rangs respectifs il y a des divergences mais aussi
des débats, l’histoire commune franco-algérienne est si dense que toutes les
tentatives d’échanges entre historiens libres doivent être encouragées. »Gilbert MEYNIER, L’Algérie et la France. Deux siècles d’histoire croisée, L’Harmattan, 2017.
Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Bibliographie/Sitographie/Ressources ► Ouvrages :
ABECASSIS Frédéric et MEYNIER Gilbert (dir.), Pour une histoire franco-algérienne. En finir avec les pressions officielles et les lobbies de mémoire, Lyon, La Découverte, 2006.
BRANCHE Raphaëlle, La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, Paris, Gallimard, 2001.
DALISSON Rémi, Guerre d’Algérie. Impossible commémoration, Armand Colin, 2018.
MEYNIER Gilbert, L’Algérie et la France. Deux siècles d’histoire, Paris, L’Harmattan, 2017.
MOUMEN Abderamen, « Quelles mémoires de la guerre d’Algérie? », Historiens et Géographes, n°440, décembre 2017-janvier 2018.
PERVILLE Guy, Atlas de la guerre d’Algérie, de la conquête à l’indépendance, Autrement, 2003.
PERVILLE Guy, Histoire iconoclaste de la guerre d’Algérie et de sa mémoire, Paris, Vendémiaire, 2018.
STORA Benjamin, La gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, La découverte, 1991.
STORA Benjamin, La guerre d’Algérie expliquée à tous, Paris, Seuil, 2012.
THENAULT Sylvie, Algérie, des « événements » à la guerre, idées reçues sur la guerre d’indépendance algérienne, Le cavalier bleu, 2012.
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Axe 1 : Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
► Ressources en ligne :
Exposition ONAC VGUne exposition numérique sur les mémoires de la guerre d’Algériehttps://www.onac-vg.fr/une-exposition-numerique-sur-les-memoires-de-la-guerre-algerie
Site de la cité nationale de l'histoire de l'immigration http://www.histoire-immigration.fr/Présentation de l'exposition temporaire organisée par la cité de l'histoire de l'immigration. « Vies d’exil - 1954-1962. Des Algériens
en France pendant la guerre d’Algérie » du 9 octobre 2012 au 19 mai 2013
GRACIEUX Christophe, Les mémoires de la guerre d’Algérie, 8 juin 2018, Lumni enseignementhttps://enseignants.lumni.fr/parcours/0178/les-memoires-de-la-guerre-d-algerie.html
LOUIS Tiphanie, « De Gaulle et les mémoires de la guerre d’Algérie », Enseigner De Gaullehttp://enseigner.charles-de-gaulle.org/de-gaulle-et-les-memoires-de-la-guerre-dalgerie/
Podcast La fabrique de l’histoire : « Guerre d’indépendance : des mémoires multiples et concurrentes? », France culture, 3 avril 2019https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/algerie-naissance-dune-nation-34-guerre-dindependance-des-memoires-multiples-et-concurrentielles
Rubrique « Guerre d’Algérie » site Mnémosyté de l’académie d’Aix-Marseillehttps://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/jcms/c_10459522/fr/guerre-d-algerie
BIBLIOGRAPHIE/SITOGRAPHIE/RESSOURCES
Bibliographie/Sitographie/Ressources
► Films :PONTOCORVO Gilo, La bataille d’Alger, 1966.VAUTIER René, Avoir 20 ans dans les Aurès, 1972.
► Documentaires :ROTMAN Patrick et TAVERNIER Bertrand, La guerre sans nom, 1992.ROTMAN Patrick, L’ennemi intime, 2002.
► Bandes dessinées :STORA Benjamin et VASSANT Sébastien, Histoire dessinée de la guerre d’Algérie, Seuil, 2016.
► Témoignages :BEY Maïssa, Pierre. Sang. Papier ou Cendre, Editions L’Aube, 2008.ZENITER Alice, L’art de perdre, Flammarion, 2017.
► Exposition :ONACVG : « La guerre d’Algérie. Histoire commune, mémoires partagées? »Sommaire de la mallette pédagogique disponible sur
https://www.onac-vg.fr/actualites/la-guerre-algerie-histoire-commune-memoires-partagees-nouveau-volet-numerique-de
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