1
La Sicile
du 23 au 30 septembre
2011
2
Sicile antique 3
Sélinunte 4
Agrigente 8
Taormine 13
Sicile au Moyen-Âge 14
Les églises baroques 20
Les bâtiments baroques 22
L’Etna 24
Reliefs et agriculture siciliens 28
Le pittoresque sicilien 31
Le complexe hôtelier 48
L’emblème sicilien 50
Annexes
Bribes d’économie 51
Histoire antique 52
Mythologies 55
Du Moyen Âge aux temps modernes 56
L’architecture baroque en Sicile 58
Génies et autres personnalités siciliennes 59
L’activité sismique 60
Sans autre prétention que de préserver de l’oubli notre petit séjour, ce docu-ment est issu : pour les photos à 98% de nos propres prises de vue, pour les annexes, après quelques efforts de synthèse, des guides et des
sources d’information Internet, enfin pour le corps principal du texte (jusqu’à la page 50) de notre seul
ressenti, de nos impressions, du vagabondage de notre esprit en laissant sa place au subjectif, parfois à l’imaginaire.
Sommaire
3
La Sicile antique
La Méditerranée, mer intérieure mythique, mère des civilisations, se trouve séparée en deux parties
principales, celle de l’ouest et celle de l’est par la grande île de Sicile.
Cette île, à moins de 150 km de l’Afrique tunisienne, a de tous temps constitué un carrefour de pre-
mière importance, aussi bien comme étape stratégique de conquête, que comme site de production de
subsistance.
Les multiples conquérants qui se la sont disputée ont marqué de leur sceau le prestige de la posses-
sion de ce grand triangle au pied de la botte.
Mais sur les trois derniers millénaires d’avant JC qui ont surtout laissé leur empreinte, ce sont les
quelque 6 derniers siècles qui délivrent les traces les plus extraordinaires.
Pour preuve les deux magnifiques sites grecs que nous avons visités : celui de la Vallée des Temples à
Agrigente et celui de Sélinunte tous deux sur la côte sud-ouest.
Sans même connaître la Grèce, faut-il croire ceux qui prétendent (et ce ne sont pas des siciliens) que
les temples grecs de Sicile surpassent en beauté ceux de la Grèce même ?
Voir
page
52
4
La Sicile antique : Sélinunte
Sélinunte (ou Séli-
nonte) Cette ville a été créée dans
la 1ère moitié du 7ème siècle
avant JC par les Grecs,
sur le site d’ un comp-
toir phénicien qui existait
déjà. Larges voies orthogo-
nales dallées, maisons rési-
dentielles monumentales,
agoras, acropole, sanc-
tuaires, vaste perspective
des temples (construits à
partir de –550), sur une em-
prise de plus de 100 ha, tout
exprimait la puissance de la
ville. Au 5ème siècle avant
JC, elle occupait toute une
colline dont les vallées de part et d’autre étaient le lit de deux rivières aujourd’hui depuis longtemps
asséchées et qui confluaient presque à leur arrivée à la mer. L’une d’elles venait du nord-ouest de la
Sicile et baignait la ville grecque de Ségeste.
Voir
page
53
5
La Sicile antique : Sélinunte
La possession de l’eau en ces régions sèches ne pouvait manquer de conduire à un conflit entre ces
deux villes, que régla le carthaginois Hannibal de Giscon (et non pas Hannibal Barca qui 200 ans plus
tard franchira depuis l’Espagne les Pyrénées et les Alpes).
En –409, après avoir infiltré Sélinunte et pris connaissance de ses vulnérabilités, son armée la détrui-
sit totalement au moyen de ses catapultes ; elle ne fut jamais reconstruite. Dans ce qu’il en restait,
elle végéta ensuite pour être finalement désertée vers –250.
Les fouilles archéologiques ont commencé en 1823, mais
récemment, des archéologues ont tenté et partiellement
réussi à reconstituer un temple dans toute sa splendeur
(à partir des blocs abattus qui, même pillés restaient en
quantité suffisante) sur un plateau rocheux débouchant
sur la mer.
Il est permis là de pénétrer dans le temple parce que ce
n’est qu’une reconstruction. Ce n’est pas le cas à Agri-
gente.
Les archéologues ne sont pas parvenus à attribuer claire-
ment tel ou tel édifice à tel ou tel dieu, si bien que leur
repérage se fait par une lettre, et l’on va sur ce site du
temple A jusqu’au temple G au gré de la
visite.
6
La Sicile antique : Sélinunte
A quelques kilomètres de là vient d’être ouvert aux visiteurs la carrière de Cusa, celle-là même où les
énormes blocs de pierre étaient taillés sur place à même le rocher brut par des nuées de robustes et
éphémères esclaves (entre 18 et 35 ans pas plus), et dont l’exploitation s’est trouvée brutalement in-
terrompue par la des-
truction de Sélinunte.
On a pu ainsi retrou-
ver, aux pillages près,
l’état de la carrière au
moment où elle a été
abandonnée, et exhu-
mer le savoir-faire
des architectes de
l’époque.
Là on creusait vertica-
lement dans le plateau
de calcaire les blocs
cylindriques des fu-
tures colonnes do-
riques (on peut circu-
ler entre le corps du
bloc et le plateau ro-
cheux), ailleurs on découpait les blocs , (mais de quelle ma-
nière?) pour les acheminer au terme de parcours de plusieurs
jours, jusqu’au site où ils étaient retaillés, où les cannelures
doriques étaient creusées à leur tour.
7
La Sicile antique : Sélinunte
A côté du
temple sub-
siste aussi un
amoncelle-
ment
presque tita-
nesque
d’énormes
blocs aban-
données
après la des-
truction, qui
donnent le
dimension et
l’ampleur des
travaux mis
en œuvre
pour la cons-
truction.
En arrière plan de Mar-
lène, un chapiteau de
haut de colonne, d’un seul
bloc et renversé, qui
donne une idée de la di-
mension.
8
La Sicile antique : Agrigente
Agrigente Fondée en –582 par des grecs venant de Crète, son essor est à son zénith pendant le règne du tyran
nommé Théron (—488 à –472), qui vainc les carthaginois à Himère en –480.
La Vallée des Temples, au pied de la haute
colline où est implantée la ville actuelle,
s’aperçoit de loin. Créée par ses prédéces-
seurs, Théron l’embellit et l’agrandit pour en
faire ce que le poète Pindare qualifiait comme
« la plus belle des villes mortelles » (par oppo-
sition aux édifices dédiés aux dieux immor-
tels). Elle était entourée de remparts de 12
km.
Ce qui n’empêcha pas qu’elle succombe aux
carthaginois en –406, 3 ans après Sélinunte.
Les « urbanistes » de l’époque antique avaient un
sens remarquable pour choisir les sites qui of-
fraient aux dieux de magnifiques perspectives
dont la mer formait l’arrière-plan.
C’est loin d’être le cas des urbanistes modernes,
qui ont fait de la ville moderne d’Agrigente un
« Sarcelles » sicilien comme le dit justement le
Guide du Routard, avec une horrible barre d’im-
meubles de type HLM qui masque une partie de la
vieille ville.
.
Voir
page
53
9
La Sicile antique : Agrigente
Revenons à la Vallée : ici par exemple,
comme à Knossos en Crète, l’enfilade des
temples a été construite sur une sorte de
large plateau à lente déclivité qui favorise
la déambulation. Le site domine la mer
d’environ 60 mètres à gauche quand le visi-
teur descend au milieu des amandiers et
des oliviers épars.
Dans la période de notre visite, un artiste
polonais avait exposé ses œuvres,
toutes reproduisant le style antique,
dans un mariage assez exceptionnelle-
ment réussi. Ici le mythe d’Icare.
10
La Sicile antique : Agrigente
Les restes des
temples ne résul-
tent pas là de
reconstructions
mais bien de ce
qu’il en reste en-
core dressé après
2600 ans, malgré
guerres et se-
cousses tellu-
riques.
Le temple cons-
truit dans la par-
tie la plus élevée
est celui d’Héra-
klès (Hercule
chez les Romains),
le plus ancien (6ème siècle avant JC), et qui
comptait 240 colonnes à l’origine!!!
Sur le site ont aussi été exhumés des témoi-
gnages de l’époque paléochrétienne reposant
sur des catacombes renfermant d’autres
tombes.
Mais en poursuivant la marche vers le milieu du
site se dévoile son chef-d’œuvre, le temple de
la Concorde.
11
La Sicile antique : Agrigente
Sa préservation
et notamment
celle des chapi-
teaux et des ar-
chitraves doit
beaucoup à l’usage
qu’en ont fait les
chrétiens en le
transformant en
cathédrale, et
donc en le consoli-
dant par des ar-
cades au 4ème
siècle après JC.
Ce temple est
l’excellence du
classicisme pour
les hellénistes,
parmi les 3
temples du monde
hellénique les
mieux conservés. L’architecte a donné aux colonnes une forme élancée pour accroître l’effet vertical
de perspective
et donc de ma-
jesté.
Voir
page
12
La Sicile antique : Agrigente
Un peu plus bas, les restes du temple d’Héra
(Junon, femme de Jupiter chez les Romains),
fait de colonnes doriques dont le sommet de
certaines d’entre elles est encore surmonté du
chapiteau.
Plus bas encore, après une route qui traverse
carrément le site, d’autres restes qui ne sont
là qu’amoncellements de blocs taillés, abandon-
nés après la conquête carthaginoise de –406,
et les tremblements de terre, celui de 1501 en
particulier.
Une bonne partie de ces blocs a été utilisée
pour construire le jetée de la ville côtière de
Porto Empédocle au 18ème siècle.
Ce sont notamment les restes du temple de
Zeus olympien (il mesurait 113m sur 56, pas de
colonnes mais des murs pleins, avec des
atlantes géants de 7,65m de haut même cou-
chés) puis celui de Castor et Pollux, avec des
autels dédiés à Dyonisos, (dieu du vin, Bacchus
chez les Romains), Démeter (déesse de la fer-
tilité, Cérès chez les Romains), etc... .
13
La Sicile antique : Taormine
Taormine est une ville antique au
pied de l’Etna sur la côte est de
la Sicile. Elle est surtout connue
comme une riche ville balnéaire,
mais s’enorgueillit de l’un des plus
anciens et des plus grands
théâtres antiques de la Méditer-
ranée. Magnifiquement situé sur
un promontoire au-dessus de la
mer, et a demi creusé dans la
roche, il est comme « une gigan-
tesque coquille » face à la mer.
Construit en briques à l’époque
romaine, il obéit à une configura-
tion d’origine grecque, et on a
effectivement retrouvé les fon-
dations d’un théâtre grec datant
du 3ème siècle avant JC.
D’un dia-
mètre de
109 m, il
peut ac-
cueillir
5400 per-
sonnes avec
une acous-
tique remarquable.
Le hic, c’est que le jour de notre passage, lors de la visite
incontournable et en
troupeaux de ce
théâtre, il tombait
des cordes. Voici
donc ce que nous
aurions dû voir à
gauche et ce que
nous avons (entre)vu, à droite. Cherchez la mer dans les pho-
tos de droite
14
La Sicile au Moyen-Âge
Palerme et la ville de Monreale, à 300m au-dessus et quelques encablures, recèlent deux témoignages
remarquables de la période dite normande, après que des hobereaux de Normandie, les Hauteville,
aient conquis l’île en 1061.
L’église de Santa Maria (12ème siècle) dans Palerme et la cathédrale de Monreale (fondée en 1172 par
le normand Guillaume II) semblent assez jumelles au moins par leur décoration intérieure d’une ri-
chesse inouïe, et par les motifs retenus, notamment un
christ en majesté sur la voûte au-dessus de l’autel.
Outre la feuille d’or, l’état de conservation de l’illustra-
tion de l’Ancien Testament et des mosaïques qui
mêlent avec un détail et une harmonie étonnants
les symboles décoratifs arabes et chrétiens, font
le bonheur des trop nombreux visiteurs.
Voir
page
56
15
La Sicile au Moyen-Âge
Le sévère Christ en majesté appelé « Pantocreator » de
Monreale est la plus grande icône byzantine du monde
avec ses 7m d’une main à l’autre et son visage de 4m de
haut. La représentation globale dans la concavité hémis-
phérique du plafond de l’abside centrale rend de superbes
proportions depuis le
sol. Son jumeau, en
dimensions un peu ré-
duite est représenté
dans l’abside de Santa
Maria de Palerme.
L’effet des ors étin-
celants incrustés de
mosaïque est parfois
prodigieux.
Après la re-
conquête
chrétienne,
de nombreux
artisans et
artistes arabes
étaient restés
en Sicile avec leur savoir faire de l’âge d’or.
Voir
page 56
16
La Sicile au Moyen-Âge
Les arabes avaient apporté et su
maintenir tout leur art. Avec les
artistes italiens, vénitiens, nor-
mands, et d’Asie Mineure, ils ont
réussi une synthèse surprenante
et unique d’apports artistiques de
toutes influences où se mêlent
l’art roman, l’art
byzantin et la ri-
chesse des motifs
octogonaux entre-
lacés arabes, fai-
sant même appa-
raître parfois comme
en un clin d’œil l’étoile
de David au centre de
l’octogone arabe ou un
plafond en stalactites
typiquement musulman
à Palerme.
On imagine cette pé-
riode d’intenses créa-
tions, mue bien sûr par
la foi, mais peut-être aussi par une plus secrète exaltation, celle
de construire un mariage harmonieux des arts de tous les horizons
méditerranéens, plutôt qu’une tour de Babel.
La richesse des mosaïques est étonnante ; ainsi cette fresque qui peut évoquer des personnages, ou
des derviches tourneurs, ou d’élégantes silhouettes féminines, toutes faites de motifs répétitifs mais
jamais semblables.
17
La Sicile au Moyen-Âge
Flamboiement des ors, minutie
des représentations, ornementa-
tion des colonnes et des piliers,
heureuse et unique convergence
des influences péri méditerra-
néennes, la Sicile détient les
exemplaires les plus précieux, les
plus originaux, de ce qui a été appelé l’art arabo-normand.
18
La Sicile au Moyen-Âge
En dehors
des églises
et basi-
liques, les
palais arabo
-normands
illustrent
aussi cette
période .
Ainsi à
Sciacca, à 6
km de notre
hôtel, à
Agrigente aussi dans la vieille ville au débouché d’un escalier.
Le cloître tout
contre la cathé-
drale de Monreale
est un autre magni-
fique exemple de la
richesse de cet art,
qualifié par le Guide
du Routard de
« merveilleux
festival d’arcades
et de double co-
lonnettes.... (une)
incroyables varié-
té des scènes des
chapiteaux… » et
où une colonnette
sur deux est dé-
corée de mo-
saïques.
19
La Sicile au Moyen-Âge
La fontaine qui occupe l‘un des coins du cloître est une
autre merveille, avec ses chapiteaux d’une richesse ex-
traordinaire.
Elle est assortie d’une légende qui voulait que les
femmes qui s’y lavent les mains rajeunissent de 10 ans!
Les femmes mûres de l’époque devaient avoir les mains
très propres.
20
Les églises baroque
s
Depuis les villes les plus importantes jusqu’au moindre village, on est frappé par la richesse ar-
chitecturale des églises de l’époque baroque sicilienne qui se manifeste aussi bien de l’extérieur par la
profusion souvent majestueuse des façades, des sculptures d’une belle pierre dorée, qu’à l’intérieur
par un bel état de conservation ou de res-
tauration de décorations de grande diver-
sité à tonalité claire, ivoire ou chantilly (déjà le rapproche-
ment avec la pâtisserie) pour les coupoles, les absides, les
colonnes, les
nefs et les au-
tels, souvent
d’une élégance et d’un
raffinement remar-
quables, mais parfois
chargés à l’extrême.
Le périmètre de la ville
ancienne à Siacca en
est un exemple repré-
sentatif avec sa basi-
lique imposante et ses
autres églises à la fa-
çade parfois plus aus-
tère (car probablement
plus ancienne).
Voir
page 58
21
Les églises baroque
s
Si certaines se chargent
d’incroyables sculptures comme des
pâtisseries meringuées inouïes,
d’autres plus modestes, comme ici
à Caltabellotta un village accroché
à la montagne témoignent de trem-
blements de terre (ici en 1968) :
l’autel partiellement décapité est
resté en l’état.
La vénérable et vaste
partie ancienne d’Agri-
gente, la seule qui mérite d’être visitée recèle aussi de superbes
églises avec ces façades de pierre couleur miel à la manière des
églises maltaises ou cette église à nette tendance rococo qu’une
vielle dame nous fait visiter.
Recroquevillée par l’âge mais suffisamment alerte pour entendre
depuis une pièce sombre et luisante de propreté le passage du
touriste dans la ruelle voisine, elle va à ses devants puis retrouve
la clé du grand portail d’accès.
22
Les bâtiments baro
ques
Encore Agri-
gente, la piaz-
za Pirandello.
Puis Palerme
la grandiose,
parfois lourde,
de ses grandes
avenues et de
ses ruelles
sombres et
rectilignes, de
ses riches bâtiments et de son mil-
lion d’habitants, le 1/6ème de la po-
pulation de l’île. Magni-
fiques bâtiments baroques,
sauf la cathédrale et sa
place hétérogène de belle
ampleur.
En son centre, au croise- ment de deux grandes ave-
nues, le « Quattro Can- ti » (les 4 coins), chacun
des coins décoré de fon-
taine avec statues et bla-
sons.
23
Les bâtiments baro
ques
Plus bas, la superbe fontaine Renais-
sance tardive, toute de marbre
blanc, sur la Piazza Pretoria, était
appelée dans le temps la « fontaine
de la honte » (fontana delle ver-
gogne) à cause de ses nus qui ne ris-
quent pas aujourd’hui d’effaroucher
qui que ce soit, mais dont quelques
statues ont vu leur nez cassé par de
pudibondes religieuses, faute d’avoir
pu les rhabiller décemment...
Au pas de course, le
troupeau n’aperçoit
qu’une partie de la
richesse historique
et architecturale de
la ville,
24
L’Etna
L’histoire de la Sicile est traversée depuis qu’il en existe des traces, de séismes parfois fulgurants,
puissants et meurtriers qui lui donnent aussi son identité.
La meilleure et la plus
spectaculaire preuve en est le
toujours actif volcan qu’est l’Et-
na, le plus haut sommet de la
Sicile avec 3345m aujourd’hui,
mais aussi le plus haut volcan
d’Europe. Et le plus dangereux.
Le jour de notre plus longue ex-
cursion, la matinée (ou ce qu’il
en restait après 3h 30 de
voyage en car) était consacrée
au monstre (son périmètre at-
teint 250 km) tous naseaux fu-
mants. On monte directement à
environ 1000m en car, concen-
tration mondiale de touristes,
de boutiques de souvenirs et
d’hôtels sur les flancs de lave
noire sans végétation.
La majorité reste là, à faire de
petits tours sans grand intérêt.
Nous étions 3 « téméraires » à vouloir aller là-haut.
On emprunte alors une télécabine pour atteindre un petit pla-
teau d’où partent en noria de
puissants tout-terrains Mer-
cedes qui gravissent des
pistes sinueuses aménagées à
même la pierraille de lave. On
parvient ainsi à 2920 m, sous
le cône (les cônes) du volcan
400 m plus haut.
Il exhale ses fumées et dé-
voile parfois des couleurs ver-
dâtres et rougeâtres. Là, de
petits névés immaculés con-
trastent violemment sur l’im-
mensité de la lave noire, et le
froid nous saisit (mais nous en
étions avertis).
Voir
page
60
25
L’Etna
Tout autour de nous, canalisés par une poignée de guides, nous approchons de la concavité des cra-
tères de différents diamètres, dont émane de la vapeur
d’eau et peut-être d’autres gaz.
Spectacle surréaliste que ces files de silhouettes hu-
maines à la queue leu leu, le dos courbé dans l’effort et
comme enchaînés les unes aux autres, cheminant lente-
ment dans la
brume autour
de l’arête
d’un grand
cratère,
telles les
damnés de la terre punis par on ne sait quel supplice my-
thique à errer éternellement, juste aux portes
de l’enfer de Héphaïstos.
Tandis que Marlène sourit parcimonieusement devant l’une
des marmites, ou bien se faufile au milieu de cairns faits
de cailloux de lave, pendant que le géant assoupi reprend
des forces avant sa prochaine éructation (plus tard, plus
tard…)..
26
L’Etna
En fin de
compte,
même si à
notre alti-
tude le ciel
était plutôt
clément et
relativement
dégagé
(alors qu’il
avait plu à la
station à
1000 m), ja-
mais le som-
met ne s’est
totalement
dévoilé
(géant
certes, mais
timide…).
Les en-
trailles brû-
lantes du
monstre
sont à
fleur de
sol, et
quelques
cailloux
noirs ra-
massés
réchauf-
fent allè-
grement
les mi-
mines,
pour les distraits qui auraient oublié les gants .
A voir ces longues files sur ce site, qui ne représentent peut-être pas plus que 5% des visiteurs de la
journée, imaginons le nombre de ceux qui sont restés en bas à la station à 1000 m!!!
27
L’Etna
Le monde entier est là, dans sa diversité. Nous avons partagé notre télécabine avec deux jeunes
couples qui ne voyageaient pas ensemble, l’un de Bosnie, l’autre d’Estonie.
Arrivés en haut, au milieu de ce désertique et minéral paysage sombre, il reste donc encore ces co-
hortes de touristes de tous horizons, qui croyaient avoir vaincu d’impossibles épreuves pour arriver là,
et se trouvaient tout étonnés de la facilité des parcours, certains cependant chaussés de chaussures
trop légères, d’autres surpris par la morsure du froid, d’autres encore si vieux qu’ils restaient auprès
du puissant 4x4 en attente de leur groupe parti en chapelet autour d’un cratère.
Les guides, expérimentés et âgés pour la plupart, nous attendaient au pied du 4x4, puis nous répartis-
saient par petits groupes dans un français baragouiné empruntant à l’intense accent italien de Roberto
Benigni, et portant aussi un même uniforme si bien que nous les confondions.
Espaces immenses de ces amples creusets fumants, qui se répètent à travers le cailloutis de lave, re-
liefs trompeusement domptés par l’homme qui y a aménagé ses pistes sinueuses vers le bas. Mais on
ressent bien la menace pesante de la puissance dévas-
tatrice dès que le monstre vomit ses laves, ses rochers
colossaux et ses gaz explosifs. Alors, sauve qui peut,...
s’il est encore temps.
Comme dans d’autres montagnes plus traditionnelles,
ces pistes sont balisées et peuvent devenir des pistes à
skier l’hiver, beau contrastes surtout quand l’incandes-
cence de la lave s’en mêle.
S’il reste alors des skieurs.
28
Reliefs et agricultu
re siciliens
Préjugé quand tu nous tiens!!
Grand ignorant, je voyais jusque-là la Sicile comme une île plate, hormis l’Etna, et où les seuls re-
liefs auraient été des collines.
Erreur sur toute la ligne : s’il existe de larges et vertes
plaines bordant les côtes du sud et de l’ouest, la seule
traversée entre Palerme et Sciacca par exemple révèle
ces courtes montagnes et les plateaux du centre, où des
villages aux consonances célèbres comme Corleone évo-
quent immédiatement la Pieuvre, la Mafia.
Ainsi
Palerme
est bor-
dée
d’abruptes montagnes culminant à 1100 m, dont le
col d’accès depuis le sud est parfois enneigé l’hi-
ver. Plus à l’est au sud de Cefalù, dans le massif
de Madonie, elles s’élèvent à plus de 1700 m.
Ceci corrige une autre idée reçue : la Sicile ne
manque pas d’eau au point de construire d’indus-
trieuses infrastructures d’irrigation à la manière
de Ténérife aux Canaries ou de Madère, même si des constructions rustiques sont visibles ici et
là ; ceci justement grâce à ses reliefs.
Elle a même la réputation d’être la plus verte des
îles méditerranéennes, toute mesure gardée puis-
qu’il y fait très chaud l’été où la végétation
s’assèche et qu’au printemps souffle parfois pen-
dant 25 jours le sirocco, ce vent brûlant du sud-
est (de Lybie ou d’Egypte) qui dit-on rendait fous
les moutons et peut-être les siciliens.
C’est aussi l’île la plus grande de la Mare Nos-
trum, un cocktail (présence d’eau, climat tem-
péré chaud, fertilité des sols volcaniques, si-
tuation parfaitement stratégique,…) qui ex-
plique l’énorme attrait qu’elle a exercé jus-
qu’au 19ème siècle.
29
Reliefs et agricultu
re siciliens
Même depuis le centre
de Palerme, on peut
apercevoir l’arrière-plan
montagneux.
Après avoir loué une
Twingo le 25 sep-
tembre, nous avons vou-
lu visiter le village per-
ché de Caltabellotta.
Le miraculeux outil qu’est le GPS devait nous y con-
duire rapidement, et effectivement, nous avions pro-
grammé « le chemin le plus court ».
Tellement court qu’à un certain moment, impossible
d’avancer plus. Bloqués. Même en faisant rugir le mo-
teur et patiner l’embrayage pour gravir la piste ro-
cheuse, et après quelques chocs de pierres sous la
coque, afin d’éviter d’endommager la voiture nous
avons dû faire demi-tour. Non sans difficulté puisqu’il
fallait trouver à reculons l’endroit qui permettrait de
le faire, avant de reprendre ensuite d’autres chemins
plus praticables.
Conclusion : en Sicile, ne pas sortir des voies gou-
dronnées, sauf en tracteur.
30
Reliefs et agricultu
re siciliens
Grands champs
d’agrumes, pour
lesquels la Sicile
figure parmi les
plus importants
exportateur de
citrons au monde,
vastes pentes et
plateaux fourmil-
lant du quadrillage
régulier d’oliviers, d’amandiers, rangs serrés de la
vigne à l’ouest (avec le très fameux site de Marsa-
la) et de Noto au sud-est, raisin de table, céréales sur les pla-
teaux du centre, et même de manière plus originale la berga-
mote et le papyrus, on peut imaginer ce qu’a pu être la richesse
de l’île, et ce qu’elle
est encore native-
ment.
Là, ce n’est que le
très agréable et
calme parc de vieux
oliviers noueux de
notre hôtel. Et ici à
droite, ces belles
fleurs sont celles
de l’arbre qui donne
le kapok.
Plus bas, lors de notre escapade en chemins d’aventure vers
Caltabellotta, la vigne et les fertiles plaines vers l’ouest du
pays.
Les
terres
cultivées
représen-
teraient
les 2/3
de la surface de l’île.
Voir
page
51
31
Le pittoresque sicili
en
1- Monreale
2- Palerme
3- Marsala
4- Mazara del Vallo
5- Sciacca
6- Caltabellotta
7- Eraclea Minoa
8- Agrigente
9- Catane
10- Taormine
8 7
4 9
10
1
3
5
2
6
32
Le pittoresque sicili
en
Outre l’Etna et les richesses historiques des époques antiques, arabo-normandes et baroques, les ci-
tés siciliennes regorgent, si l’on se limite à leur partie la plus ancienne, de recoins, de passages, de
faïences, de dômes, de places à arcades, de façades aux chaudes couleurs, avec les inévitables tripor-
teurs et scooters, les petites FIAT des années
70,... Un régal pour l’œil fureteur.
Mais faisons d’abord un sort aux parties modernes
des villes : souvent de vraies horreurs, comme à
Agrigente avec sa rocade autoroutière en viaduc au
pied des tours et ses immeubles en clapier qui cein-
turent et masquent le vieux centre de la ville, ou bien cette sorte de blockhaus ou de silo à grain au
pied duquel se tapit un monstrueux scarabée de béton, le palais des congrès de Sciacca.. Oublions
vite!!!
Heureusement, passages et ruelles apportent leur lot de surprise à tout instant, par exemple à Sciac-
ca (5 sur la carte) dont la partie ancienne est construite sur une
colline au-dessus de la mer. Les
guides sont peu diserts à son pro-
pos, et pourtant, quel charme, dont
l’absence d’excès de tourisme a pro-
bablement préservé l’authenticité,
33
Le pittoresque sicili
en
Son petit port de pêche reste très actif, mais a dû l’être bien plus encore dans le passé, quand on voit
les grands bâtiments délabrés qui y subsistent.
Au pied d’une terrasse, l’accès vers le port se
fait par un bel ancien escalier bien mal entrete-
nu.
Le clocher en pyramide régulière de l’église des
pêcheurs agrémente la panorama, même s’il fait
plutôt penser au toit d’une halle aux poissons.
D’autres escaliers sont
décorés de faïences
qui en font l’originalité.
A l’opposé au sommet de la colline, un vaste marché très actif se
tient régulièrement. Animé par la faconde lyrique des marchands,
on y croise des vols de religieuses en quête de « l’affaire » au fil
des étals.
34
Le pittoresque sicili
en
Surprises au
coin des rues, au
bout d’une
voûte, derrière
un balcon, au
fond d’une cour
ou d’un porche.
Symbole ultime,
le scooter de-
vant une enfi-
lade de voûtes
au bout des-
quelles un petit
escalier conduit
à d’improbables
issues.
Un régal pour les
photographes et
les peintres qui veulent s’en donner la peine.
35
Le pittoresque sicili
en
Et au fil de nos marches, la belle place centrale
plantée de palmiers royaux, son « poilu » local
somme toute assez semblable au nôtre, ses fa-
çades
peintes,
l’im-
mense
ter-
rasse
au-
dessus
de la
mer ouvrant
sur un ciel
d’une densité
afri-
caine
(cette
partie
sud de la
Sicile
est d’ail-
leurs appelée la « Sicile africaine » car tournée vers
le sud).
Mais aussi une an-
cienne Fiat 500, un
escalier monumental
tout aéré de la dentelle du balcon, caché derrière un porche qu’il
faut oser franchir, deux siciliens âgés qui discutent paisiblement à
l’ombre dans un café aux sièges bleus...
36
Le pittoresque sicili
en
Et d’autres trésors
comme cette an-
cienne entrée d’un
petit hôtel particu-
lier peut-être de
style néo-égyptien,
que cache une sé-
vère porte privée,
mais aussi la falaise
au-dessus de la mer,
et la ville en gradins
avec ses mai-
sons cubiques,
ou bien encore
un beau cloître
devenu lieu
d’exposition de
sculptures
de nus fé-
minins en-
châssés
dans des
volumes
transpa-
rents.
Beaux
antago-
nismes,
ici bien
mariés.
37
Le pittoresque sicili
en
Agrigente (8 sur la carte)
est aussi riches de ces lieux
parfois mystérieux aux murs lépreux
et défraîchis, entre lesquels fuient
des pentes à couper le souffle (au sens
propre), mais dont il émane toujours un
charme
irrésis-
tible..
Le palais
du Parle-
ment de Pa-
lerme est
par contre
un assem-
blage d’ar-
cades
nettes et propres qui mêle comme dans une faux
effet de perspective plongées, contre plongées
et enfilades de colonnettes d’une élégance lé-
gère. Superbe.
38
Le pittoresque sicili
en
L’ocre et le
doré préva-
lent au sein
de la ville
ancienne, la
richesse de
cette vieille
métropole
régionale
surprend
aussi à
chaque coin de rue,
et les constructions
accumulées sur la
déclivité délivrent
parfois de surpre-
nantes perspectives,
et laissent deviner
les traces de son
opulence passée .
39
Le pittoresque sicili
en
Cet ancien édifice arabo-
normand est d’accès discret,
mais d’une belle splendeur de
pierre dorée une fois franchie
la porte.
Deux rues plus loin, un tripor-
teur que l’on rencontre très
souvent dans les villes, autre
symbole italien encore bien
présent.
L’imposant édifice de la « Guardia di Finanza » veut affirmer son
poids face à la Mafia. C’est elle qui est au front pour engager les
traques anti-Pieuvre.
La marque de l’Organisation ne se
dévoile que par quelques indices
discrets, parfois surprenants, mais bien présents : les détritus accu-
mulés le long de certaines rues de
Monreale (pression du racket), ou
l’aéroport de Palerme qui porte le
nom de deux juges assassinés dans
les années 90, « Falcone e Borselli-
no ». Ailleurs, Mafia ou bien paresse
des employés à la voirie, les bas-
côtés des routes et autoroutes,
très souvent plantés d’eucalyptus
(eh oui, ici aussi) ne sont pas net-
toyés mais systématiquement brûlés, quitte à consumer les troncs
des eucalyptus. La guide à qui la ques-
tion du pourquoi de ces mini-incendies
était posée n’y a répondu qu’avec une certaine gêne.
Ailleurs je déguste l’un des nombreux pièges à gourmands de l’île, le
«cannolo siciliano» (des « cannoli »), une sorte de tube croustillant en-
roulé sur une crème pâtissière au ricotta (fromage de brebis) : suc-
culent, excellentissime!!
Un autre auquel j’ai goûté : le « granité », délicieuse glace sorbet au
citron, hum!!! Plus jamais rien d’aussi bon!! Ma nouvelle madeleine de
Proust.
40
Le pittoresque sicili
en
Une ruelle paler-
mitaine (2 sur la
carte), sans autre
croquemitaine que
l’invisible pieuvre
derrière les murs
sombres et frais,
un peu lugubres.
Et n’est-elle pas
belle la patiente
haridelle sous son
coquet galurin??
Soudain un allègre cardinal jeune mais
déjà important, dont la condescendance
est la vraie nature, altier sous sa ca-
lotte pourpre (?), physique de play boy
avec juste ce qu’il faut d’onctuosité,
traverse vivement, soutane au vent, la
chiesa di Santa Maria dell’Ammiraglio,
entouré d’ouailles empressés qui lui bai-
sent l’anneau, et tout cela virevolte vers
le parvis. De l’importance et du poids
encore très présent de la religion.
Ailleurs encore, à l’ouest, la ville de Mazara del Vallo (4 sur la carte)
est celle par laquelle les musulmans ont commencé leur conquête.
Il en reste une casbah, que l’on trouve bien sage et proprette, avec
des tunisiens assis en quelques rares groupes méfiants sur des pas
de porte.
Ne serait-ce l’architecture cubique et quelques
places enfermées entre les murs ici et là, parfois
joliment décorées de fresques de faïences ou
d’amphores de
vives couleurs, on
ne saurait identi-
fier cette allusion
ancienne à la pré-
sence arabe.
41
Le pittoresque sicili
en
Bien sûr et à juste titre, on dit que
Palerme mérite au moins trois jours
de visite si l’on veut commencer à la
connaître vraiment.
Là, une seule journée au pas de
course,...bonjour les raccourcis!!
Une particularité dans l’océan du ba-
roque et les diamants arabo-
normands : son opéra, bâtiment cons-
truit dans le dernier quart du 19ème
siècle avec ce contraste entre lignes
néo-classiques et le raffinement élé-
gant et maniéré, tout en courbes des
motifs propres à l’Art Nouveau.
On y jouait
« Le Trou-
vère » de Verdi
lors de notre
passage.
42
Le pittoresque sicili
en
Presque à l’extrême ouest de la grande île,
c’est Marsala (3 sur la carte) et ses splen-
deurs de dômes et de balcons espagnols aux robustes ferronneries,
concentré de beaux bâtiments, campaniles légers, dômes (qubas) rappe-
lant la présence arabe, hautes portes baroques s’échappant sur le port,
et sa basilique,
fermée bien sûr
pendant notre
visite, l’après-
midi.
A part un court
boulevard de
front de mer en
reconstruction, le
port de Marsala,
qui s’enrichit par
le passé du com-
merce de son vin célèbre, ne présente pas d’attrait. Pendant 3 km vers
l’est, la côte est même carrément épouvantable et l’eau croupissant à cer-
tains endroits est nauséabonde. On en sort un peu libérés en parvenant
ensuite à un semblant balnéaire de bord de mer.
En tout cas, l’ambre roux du Marsala apéri-
tif gouleyant au palais se déguste bien
agréablement. Un peu à la manière du Mar-
tini mais en plus doux. On peut encore voir
l’ancienne richesse de « coopératives » vini-
coles dont certaines gardent l’empreinte de
leur puissance passée quand d’autres s’en-
ruinent entre des murs délabrés et s’aban-
donnent aux herbes folles.
Quelques habitudes sici-
liennes sont sacrées :
ainsi, les heures de la
sieste (12h à 16h) pen-
dant lesquelles tout est
fermé, et l’accès libre
pour les seniors (j’en ai
bien profité) aux musées,
sites antiques etc…
43
Le pittoresque sicili
en
A côté de l’iné-
vitable et tou-
jours captivant
chantier de
fouilles an-
tiques, ce sont
passages sous
voûtes, patios
en arcades élé-
gantes et aé-
rées, fraîche
fontaine ombra-
gée, qui ajou-
tent au charme
indolent.
Dans le petit
port, un bateau
en cale sèche
côtoie une impo-
sante statue
18ème sur son
haut piédestal.
L’équipage miniature constitué d’une charrette
tirée par un cheval empanaché est l’un des sym-
boles des traditions de la Sicile. La charrette
(carri) était autrefois le seul mode de trans-
port permettant aux paysans vivant en ville de
rejoindre leurs champs. La charrette était fiè-
rement décorée de fresques hautes en couleur
restituant les conquêtes normandes en Sicile.
On la fête notamment à Taormine.
44
Le pittoresque sicili
en
Ici, à Caltabellotta (6 sur la
carte), en arrière-pays
d’Agrigente et de Sciacca ,
village blotti au pied d’une
crête montagneuse à 840 m
d’altitude , la pierre est
grise et plus sombre, le vil-
lage
moins flamboyant, plus âpre, plus
authentique, certainement ba-
layé de vents forts entre les
deux versants.
Bien sûr le baroque y est aussi
présent, mais ce jour-là, entre la
petite place centrale où l’église
principale (parmi d’autres) fait face au Cercle Démocratique, il y avait
comme une effervescence tranquille des habitants endimanchés, avec la
même ferveur, celle du charbonnier dans l’église chantant portes ouvertes
et l’autre ferveur toute laïque celle-là dont on entendait certains éclats
animés au travers des fenêtres du Circolo Democratico bien rempli.
45
Le pittoresque sicili
en
La côte un peu plus à l’est prend des
airs balnéaires plus traditionnels, avec
l’immense plage froide de Eraclea Mi-
noa (8 sur la carte), bordée de villas
assez cossues au pied d’une longue fa-
laise peu élevée.
Pas un chat ou presque sur le sable, un
chien fou qui s’ébroue peut-être.
Sur la côte est au nord de Syracuse et
de Catane (9 sur la carte), Taormine
(10 sur la carte), non seulement riche
et belle voisine de l’Etna, fête la char-
rette sicilienne et l’invasion normande
avec ses statues de guerriers en
marche, tous regards tournés vers
nous, et garde ouvert en son cœur
l’inévitable chantier de fouilles, au
pied du théâtre antique.
46
Le pittoresque sicili
en
Etonnant clo-
cher de tuiles
bleues, église
transformée en
lieu culturel
pour une expo-
sition en gesta-
tion, fontaine
murale en cas-
cade, médaillon
précieux au-
dessus d’une
porte classique, clocher
baroque sur un arrière-
plan de HLM, faïences en-
core, et gourmandises tou-
jours.
47
Le pittoresque sicili
en
Au point que, entre les arts parfois excessifs de la bouche
et le trop riche foisonnement des décorations architectu-
rales, on finit par toucher à la saturation.
Il en va à la fin des bâtiments anciens comme des pâtisse-
ries et vient
soudain un
cauchemar de
satiété, où
telle façade
d’église finit
par sembler
faite de gla-
çage à la va-
nille blanche
entre
tranches do-
rées de bis-
cuit roux,
comme un éta-
lage de sucreries dont le sucré lasse, jusque même au
sourire des angelots replets.
48
Le complexe hôtelier
Enfin notre hôtel et son environnement, qui s’ins-
crivent dans un complexe de quatre hôtels sur un vaste
et bas promontoire, où les bâtiments ont été gagnés au
milieu de champs
de vieux oliviers
torturés par le
vent.
Pendant qu’un hé-
ron (?) patient per-
ché sur un rocher
guette le
poissons dont
il se délecte-
ra peut-être
s’il est suffi-
samment vif.
49
Le complexe hôtelier
Le soleil couchant incendie les vieux troncs, et
le gazon, taillé d’une manière qui n’est pas en-
core trop civilisée, offre un très vaste et très
tranquille espace, traversé de temps en temps
par l’inévitable petit train à touristes (le fa-
meux promène-couillons, comme on dit à Mar-
seille, avec un « s » car ils sont nombreux) qui
relie les quatre hôtels.
Piscine à l’eau verdâtre, rien n’incite à plonger.
Ce sont des eaux thermales qui donnent un
aspect trouble et peu engageant.
Ailleurs, un arbre aux belle baies
rouges, en fait un poivrier (arbre
à poivre).
50
L’emblème sicilien
Et maintenant, la question à 1 milliard d’euros : quel est ce symbole ?
On le rencontre parfois sur certaines façades,
en brique ou en faïence.
Trois jambes en hélice et une tête au centre…
Alors??
La Sicile présente la forme d'un triangle comprenant trois pointes.
Le drapeau de la Sicile reproduit une Trinacria (« trois jambes » en grec) ,
symbole de l'île aux Trois Pointes, le nom que les Grecs ont donné à la Si-
cile, quand elle s'appelait Sicania du temps des Sicules et des Sicanes.
Ce symbole se trouvait sur une monnaie de l’époque, le triskèle, sur la-
quelle était représentée un tête de Gorgone, mais pas n’importe laquelle,
probablement la plus connue des trois, Méduse, entourée par trois jambes
en pleine course.
Certains disent que la couronne de la Méduse, qui était faite de serpents (Racine dans Andromaque en
a-t-il été inspiré dans son fameux vers sifflant : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos
têtes? » ), était pour certains une crinière d’anguilles de mer visant à terro-
riser les ennemis.
On dit aussi que ce symbole serait cousin de celui de l'île de Man: le Triskel Manx, représentation supposée de la Trinité celtique.
51
Impossible sur internet
de trouver des données
sur l’économie de l’île
qui soient vraiment si-
gnificatives et fiables,
même dans les statis-
tiques économiques de
l’Italie.
Certaines informations indiquent cependant de manière qualita-
tive un niveau de performance et de productivité en retrait par
rapport au continent.
Le poids des habitudes, mais surtout celui de la Mafia n’y sont
pas étrangers. En 2007, le taux d’emploi clandestin était de
presque 30% (15% dans la péninsule) et 70% des commerçants étaient victimes du racket
mafieux en 2005.
En 2006 (il y a donc 5 ans), le PIB était de 83 millions € et le PIB/h de 16 530 € (ce qui pla-
cerait la Sicile au niveau de la Slovaquie et après le Portugal, si c’était un état indépendant),
avec un retard économique certain et un taux de chômage élevé (autour de 20%?), tout cela
avant LA crise.
L’essentiel des revenus provient de l’agriculture, de la pêche (insularité oblige), un peu de
l’industrie avec d’importants complexes de raffinerie pétrolière à Raguse, Porto Empédocle,
des chantiers navals à Palerme, Messine, un reste d’activité jadis florissante avec l’extrac-
tion du soufre à Caltanissetta.
Enfin naturellement du tourisme.
Celui qui pourrait être nommé le fou du fou, Berlusconi (fou de lui-même) avait enfin une am-
bition de prestige maintenant démentie (la crise est passée par là) : celle de construire entre
la Calabre et Messine le pont
suspendu présentant la plus
longue portée du tablier au
monde (3300 m), et peut-on ajou-
ter dans l’une des parties du
monde les plus exposées aux se-
cousses sismiques et au vent.
Cherchez l’erreur!!!!
Pour parodier très vulgairement Bobby Lapointe , c’était « bandana et braguette ; démesure
et lifting », à la mesure de l’estime qu’on peut porter au personnage.
Bribes d’économie
52
Histoire antique
Lieu de passage convoité à l’extrême depuis le début de l’occupation par l’homme, la Sicile a
connu toutes les grandes civilisations antiques, depuis –14000!!.
Les premières et les plus obscures qui soient identifiées sont les Elymes vers –8000
(réfugiés de Troie dit-on) puis dès -3000 les Sicanes (venus d’Espagne) puis vers –1270 les
Sicules (venus d’Asie?) qui s’installent au sud de l’île. Ils ont au moins le mérite d’avoir donné
leur nom à la Sicile.
Les phéniciens, fameux marins et commerçants, partis dans leurs birèmes depuis Tyr, Sidon
et Byblos (aujourd’hui aux limites du Liban et de la Syrie) à la conquête de la Méditerranée
par les côtes d’Afrique du
Nord dès –1800, fondent le
site de Carthage vers –813 et
dans leur progression créent
des comptoirs du côté de Pa-
lerme au nord-ouest dès –735,
Leur apogée est communément
située entre –1200 et –800.
Comme tous les grands con-
quérants, ils finissent avec la
montée en puissance des
Grecs auxquels ils ne manquent pas de s’affronter, par laisser aussi la place aux enfants
qu’ils ont créés en Tunisie, les carthaginois. Ces derniers deviennent indépendants de Tyr
dès le 7ème siècle avant JC et prennent le dessus sur les côtes sud de la Méditerranée.
53
Histoire antique
Les Grecs commencent à coloniser la Sicile par l’est en –733 et fondent Syracuse et Agri-
gente en –580.
Ils sont battus par les carthaginois en –550, mais prennent une revanche éclatante à Himère
en –480.
Cependant en –409, Hannibal de Giscon, général carthaginois détruit Sélinunte et Himère qui
ne s’en remettront pas, sans pour autant conquérir le reste de l‘île.
Syracuse la grecque (sud-est de l’île ) voit son apogée avec Denys 1er l’Ancien vers –406 et se
pose en rivale d’Athènes, mais reste sous la menace de Carthage. Au 3ème siècle avant JC,
elle s’allie aux grecs avec Pyrrhus, roi d’Epire, pour le désavouer ensuite.
Dans la même période, l’empire romain se développe et entre en guerre contre les puissants
carthaginois à l’opposé de la mer. Ce sont les trois guerres puniques,
Le qualificatif « punique » concerne les phéniciens d’abord puis surtout ensuite leurs enne-
mis et héritiers les carthaginois.
La Sicile est à nouveau conquise par Carthage avec Hannibal Barca,
le fameux Hannibal, celui qui depuis l’Espagne franchit les Pyrénées
puis les Alpes avec ses éléphants pour s’attaquer à Rome.
Mais à la fin de
la 1ère guerre
punique en
-241, elle est
rétrocédée aux
romains. La Si-
cile devient
province romaine en –227.
De –218 à –201, c’est la 2ème guerre pu-
nique et Syracuse, à nouveau alliée de
Carthage, est détruite par Rome en –211.
Cette époque marque la fin de la Grande
Grèce.
De –149 à –146, la 3ème et dernière
guerre punique voit la destruction de
Carthage et la fin de sa puissance.
54
Histoire antique
Pendant l’influence romaine, la Sicile reste hellenisée, et vit sa vie de manière relativement
autonome, pour laquelle Rome ne prête pas plus d’attention que pour alimenter son empire ;
la Sicile devient alors le « grenier à blé » de Rome.
Pour sa partie antique, l’histoire de la Sicile synthétise assez bien les grands événements
qui ont marqué les civilisations méditerranéennes. S’y mêlent aussi les secousses telluriques
et éruptions qui ravagent parfois ces contrées à partir de –475 et la peste qui sévit déjà
dans certaines de ces périodes.
Le christianisme prend son essor vers +200, puis la Sicile passe de l’influence romaine à celle
des Vandales (peuples germaniques entre la Vistule et l’Oder, auxquels Rome s’était alliée
pour combattre Byzance) en +464, grands pilleurs notamment des îles méditerranéennes.
Ici une carte des invasions Vandales entre 400 et 430.
55
Mythologies
Tant par sa situation en Méditerranée que par son
activité volcanique, la Sicile est le siège de nom-
breuses scènes de la mythologie antique :
c’est en Sicile que Dédale trouve refuge pour se
protéger du roi crétois Minos, qui le poursuivait
pour avoir permis à Thésée (grâce au fil
d’Ariane) de s’évader du labyrinthe après avoir
tué le Minotaure.
Dédale est aussi le père d’Icare, mort de
l’ivresse de l’oiseau, celle d’avoir trop voulu s’appro-
cher du soleil avec ses ailes de plumes et de cire.
Le dieu grec Hé-
phaïstos (Vulcain chez les
romains) tenait avec les cyclopes une forge dans l’Etna et le poète
grec Pindare explique que le monstre Typhon occupe la bouche de
l’Etna.
Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse
débarque en Sicile et rencontre le ber-
ger cyclope Polyphème, dont il crève
l’œil unique.
Deux monstres gar-
dent férocement le dé-
troit de Messine (3 km entre continent et Sicile) et
menacent l’expédition des Argonautes et le bateau
d’Ulysse : ce sont Charybde et Scylla.
Messine aurait été fondée par le
géant légendaire Orion.
56
A peine conquise et pillée comme les côtes voisines par les Vandales, la Sicile passe sous la
domination des Ostrogoths en 496.
Mais l’empire byzantin (à l’origine Empire romain d’Orient) se
déploie sous Justinien 1er et part à la conquête de Rome
(appelé plus tôt Empire romain d’Occident), annexant sur son
chemin d’expansion la Sicile en 535.
Un siècle plus tard, les musulmans lancent de timides incur-
sions en Sicile (652) pendant que Constantin II empereur de
Byzance qui se sent menacé chez lui vient s’installer à Syra-
cuse.
Puis de 827 à 1040, les arabes, entrés par Mazara à l’ouest
règnent sur la Sicile, avec la dynastie des sunnites aghlabides
puis celle des kalbites. Même s’il n’en reste presque rien, la
Sicile, devenue émirat s’est profondément transformée pendant ces 2 siècles où Palerme a
pris le pas sur Syracuse, où de nouvelles cultures (canne à sucre, dattiers, coton,…) sont in-
troduites en même temps que les techniques d’irrigation, où l’art foisonne de motifs géomé-
triques et d’arabesques pendant que la céramique se développe rapidement.
Mais les chrétiens sont avides de revanche et les Vikings, encore récents conquérants de la
Normandie et progressivement christianisés, conservent le goût de l’aventure. Certains
d’entre eux se joignent à une croisade, aux côtés des byzantins qui veulent reconquérir la
Sicile.
La conquête acquise en 1061, les Normands se retournent contre les byzantins avec le sou-
tien du pape.
Et à Robert Guiscard de Hauteville le pied de la botte, à son frère Roger 1er (puis Roger II
son fils) la Sicile.
Habiles administrateurs, ils assimilent les acquis des envahisseurs qui les précèdent et con-
duisent avec succès une Sicile indépendante en acceptant par exemple les trois langues que
sont le latin, le grec et l’arabe, en prônant la tolérance religieuse, en adoptant les coutumes
locales tout en se tournant vers Byzance..
C’est un nouvel âge d’or avec la profusion de l’art appelé « arabo-normand » (Palerme, Mon-
reale, Cefalù).
Du Moyen Âge aux temps modernes
57
Du Moyen Âge aux temps modernes
La domination musulmane ne s’achève vraiment qu’en 1091.
Faute d’héritiers, et par le jeu des alliances, la Sicile passe en 1189 aux Souabes (allemands
de Hohenstaufen). Ce règne est assez prospère avec Frédéric II, empereur du Saint Empire
romain germanique né à Palerme, qui développe encore les arts et s’oppose au pape.
De 1266 à 1282, Charles 1er d’Anjou frère de Saint-Louis s’em-
pare de la Sicile au nom du pape, mais du fait de sa déplorable
administration, de ses cruautés et de la répression dont il fait
preuve, il voit se lever une opposition farouche qui se concrétise
le lundi de Pâques 1282 par les « Vêpres siciliennes » (dont Ver-
di a composé un opéra) où les français sont massacrés et doivent
prendre la poudre d’escampette.
Du fait d’alliances, l’Espagne avec les Aragonais, puis les Bourbon
(d’Espagne) vont régner ensuite presque sans interruption de
1302 à 1624. L’art baroque prend tout son essor.
1693 : terrible tremblement de terre qui détruit 5% de la population à l’est (60 000
victimes), après la peste à Palerme en 1624.
Après trente ans d’intermèdes avec la Savoie puis l’Autriche, la Sicile revient dans le giron de
l’Espagne en 1735, passe aux Anglais en 1806 (sous Napoléon 1er), puis à nouveau à l’Espagne.
Mais ni l’aristocratie ni la population n’apprécient la tutelle espagnole.
Enfin, de 1848 à 1860, Garibaldi construit l’unité italienne, qui est proclamée en 1861, Sicile
comprise, après avoir entamé son invasion par la grande île, où il est accueilli à bras ouverts.
Un terrible séisme détruit Messine en 1908.
La Sicile acquiert son statut d’autonomie en 1946 comme d’autres régions italiennes.
Mais au total, quoi de plus étranger à l’Italie que la Sicile, si l’on met de côté la proximité
géographique?
58
C’est sous le règne espagnol que se développe l’art baroque au 17ème siècle dans toute l’Eu-
rope jusqu’aux conquêtes d’Amérique.
Après la Réforme au 16ème siècle et la désertion des églises, il fallait
ramener les brebis dans les églises au nom de la « vraie » foi, celle de
l’Eglise romaine.
Les Jésuites (Ignace de Loyola le basque créateur de la Compagnie de
Jésus, parfois nommé « le fou de Dieu ») ont impulsé le développement
du beau, du grandiose, du solennel dans tous les domaines de l’art et
notamment l’architecture. Le centre de gravité est Prague et
l’extrême pointe au sud la Sicile.
En architecture, l’art baroque dont l’âge d’or est la période des 17ème
et 18ème siècle, exploite à profusion les courbes et l’ornementation, la flamboyance, la théâ-
tralité, le recours au clair-obscur de la lumière à l’intérieur, tout cela pour finalement at-
teindre l’excès, en particulier avec le « rococo » un peu plus tard.
Mais pour la Sicile, l’architecture baroque se démarque avec singularité du courant d’Europe
centrale (Prague, l’Allemagne) par une véritable identité sicilienne.
En effet, l’énorme et soudain séisme des 9 et 10 janvier 1693 (60 000 morts et 20 localités
totalement détruites, ainsi que 140 couvents et 64 monastères, un
tsunami de plus de 10m de haut) est un choc qui va introduire une
rupture dans le paysage urbain.
Les architectes si-
ciliens formés à
l’école de Rome ont
saisi cette opportu-
nité et se sont engouffrés dans cette voie
avec leur propre originalité, notamment par
l’intensité unique de la flamboyance, l’utilisa-
tion de masques et d’anges souriants, un cer-
tain caractère burlesque.
Les église, palais et hôtels particuliers des
aristocrates siciliens en sont le champ d’ap-
plication privilégié.
L’apogée se situe vers 1730, mais la désuétude apparaît dès 1780 avec l’introduction du style
néo-classique.
L’Architecture baroque
en Sicile
59
Au-delà des légendes, la Sicile a vu s’épanouir des talents, des génies de toutes sortes, depuis
l’Antiquité jusqu’aux temps modernes avec de célèbres personnalités, et notamment :
Empédocle, réputé philosophe d’Agrigente (-490 à –435 probablement) qui a donné son
nom à la ville de Porto Empédocle, à l’entrée ouest
d’Agrigente ; il était aussi connu pour son compor-
tement excentrique
Archimède, grec de Syracuse (-287 à –212) , le
très fameux savant dont le théorème sur la pous-
sée des fluides a torturé des générations d’élèves
et qui aurait sauvé Syracuse de la flotte athé-
nienne grâce à des miroirs allumeurs d’incendie
(hypothèse contestée)
Scarlatti (Alessandro 1660 à 1725) né à Palerme,
compositeur réputé et prolifique auteur de 115 opéras et 600 cantates, père du compo-
siteur du même nom qui a vécu surtout en Espagne
Bellini (1801 à 1835), musicien qui consacra sa courte vie à l’opéra, avec son œuvre ma-
jeure immortalisée par l’interprétation de la Callas, Norma ; il finit sa vie à Paris après
être né à Catane
Pirandello (1867 à 1936), grand auteur de
théâtre, né à Porto Empédocle, et qui a écrit
en particulier « Six personnages en quête
d’auteur » ; sympathisant fas- ciste à ses
heures.
Lucky Luciano (1897 à 1962), fameux
gangster new-yorkais né à 65 km au sud-est de Palerme, qui comp-
tait parmi ses amis un fils d’immigré sicilien, « The Voice », Frank
Sinatra lui-même
Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896 à 1957), dont la notoriété est liée au roman « Le
Guépard » (Visconti en a fait un film d’anthologie) qui décrit la fin de
l’aristocratie sicilienne dont il était. L’île qui porte son nom est aujour-
d’hui connue comme l’aboutissement désespéré des périples d’immigrés
en provenance de Lybie et de Tunisie.
Leonardo Sciascia (1921 à 1989), né dans la province d’Agri-
gente, écrivain qui a décrit « l’âme de la Sicile », auteur d’une im-
mense œuvre faite de courts romans mettant en scène le peuple entre
Eglise et Mafia.
Génies et autres pers
onnalités
60
La Méditerranée recouvre de ses eaux la limite de deux grandes plaques tectoniques : la
plaque eurasienne et la plaque africaine. Ces plaques se rapprochent irrésistiblement et
créent des collisions continentales et des subductions, à l’origine par exemple de l’émergence
du massif alpin. La zone de la pointe de la botte, à forte sismicité est secouée par des activi-
tés volcaniques avec le Vésuve, le Stromboli, l'Etna...
Le sud de l’Italie (l’est de la Sicile et la Calabre) est parmi les régions les plus exposées aux
risques telluriques à l’échelle mondiale. Au cours des derniers 4 siècles, la région a été tou-
chée par plusieurs séismes dévastateurs, faisant au total près de 200.000 morts (Catane
1693 60.000 morts, Calabre 1783 50.000
morts, Calabre 1905 500 morts, Messine
1908 72.000 morts). Les séismes de 1693 et
1908 ont produit des tsunamis développant
des vagues d’une hauteur dépassant 10m. Il
est probable que le séisme de 1693, ainsi que
celui de 1169, ont été générés sur le plan de
faille de la subduction.
La subduction est le processus d'enfoncement
d'une plaque tectonique dans le manteau.
L’Activité sismique en Sicile
L’activité sismique
61
L’Etna comme d’autres grands volcans de la
zone résulte de ces phénomènes. Il couvre
une surface de 1200 km² à l’est de la Sicile,
pour un diamètre de 45 km et une altitude
actuelle (il continue à émettre de la lave par
périodes) de 3345 m. Sa surface est cons-
tellée de plus de 250 cônes volcaniques.
Avec le Stromboli voisin et deux autres vol-
cans islandais, il est le plus actif d’Europe
et le plus dangereux.
Les éruptions successives ont créé à son
sommet 4 cratères principaux qui évoluent
et vont certainement plus ou moins fusion-
ner lors des prochaines éruptions.
Les géologues considèrent que l’activité de
l’Etna commence en –122 (mais les mythes
de Hephaïstos et de Vulcain sont plus an-
ciens et traduisent des activités telluriques
bien antérieures) , et que la Sicile a connu
depuis lors plusieurs centaines d’éruptions.
Celles-ci peuvent consister en un écoulement de lave qui peut devenir paroxystique (plusieurs
dizaines de mètres d’épaisseur de lave, non on ne rêve pas, par exemple en 1986).
Mais il peut aussi s’agir d’explosion créé par l’accumulation en surpression d’eau et de neige
dans un cratère au dessus de la source de chaleur du magma : c’est une sorte de bombe ga-
zeuse avec projection de blocs.
Les éruptions latérales proviennent d’éclatement des fis-
sures sur les flancs vers 2900 m (1983, 84, 92, 99) ; elles
sont peu explosives mais créent des tunnels de lave qui
peuvent atteindre la côte avec une lave qui reste en fusion.
Celle de 1991-92 a duré 473 jours.
Les plus destructrices sont les éruptions dites excen-
triques où de petits
volcans explosent à
basse altitude (entre
600 et 1900 m), par exemple en 1669, en 1892, ou en
1928, rasant des villages. Ce sont les plus dangereuses
pour les zones habitées.
Les études des volcanologues semblent aussi montrer
que l’Etna passe lentement du type effusif au type ex-
plosif avec les dangers que cela implique.
L’activité sismique
Top Related