Roscoff, ville fantôme Mis à jour : 28/01/2011
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A la superbe Ville de Roscoff...
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.
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RROO SSCC OO FFFF,, VVIILLLLEE FFAANN TTÔÔ MM EE !!
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ne camionnette banalisée s’arrête sur le parking en centre ville. Il fait déjà nuit,
l’éclairage public diffuse une lumière orangée, noyée dans le brouillard et la fine pluie
de ce mois de Novembre. Pas un bruit dans la ville, pas une fenêtre éclairée, aucun
phare pour trouer l’obscurité en dehors de ceux de notre véhicule. On se croirait vraiment
dans une ville fantôme... Je prends ma mallette tandis que John récupère son Smith et
Wesson, posé à côté de lui. Steph attrape l’imposante lampe-torche et la garde en main.
Nous sortons tous trois du véhicule et nous dirigeons vers l’immeuble situé à droite du
parking. Pas de lumière aux fenêtres, pas d’aboiements de chien lorsque John appuie
successivement sur toutes les sonnettes en quête d’une réponse qui ne vient pas. A l’aide
de la torche, Steph brise un carreau et ouvre la porte d’entrée de l’intérieur. John nous
précède, l’arme en main, dans un hall désert, puis dans l’escalier jusqu’au premier. Nous
nous arrêtons devant la première porte ; John y tambourine à réveiller toute la petite cité...
en vain ! Alors il arme son pistolet et tire dans la serrure, il ouvre la porte d’un grand coup de
pied. Nous pénétrons dans un hall plongé dans la pénombre. Tandis que les deux hommes,
méfiants, font le tour du propriétaire, je pose ma mallette au sol et en sors quelques
instruments. Je me remémore ce coup de fil reçu chez moi, à Paris, le matin même.
Ordre me fut donné de me rendre immédiatement à la gare Montparnasse, une voiture
m’attendait devant la porte. Un véhicule de police stationné devant mon entrée me conduisit
jusqu’à la grande gare parisienne, où à l’accueil je reçus mon ordre de mission et où me
furent présentés mes 2 compagnons : John, le policier, commandant du RAID et Steph,
section investigation des Pompiers de Paris. Deux hommes choisis pour leurs compétences
et leur courage, tout autant que pour leur sens inné du danger et de la sécurité. Notre
mission : nous rendre à Roscoff, Finistère Nord, où depuis ce matin aucun mouvement n’a
été détecté, explorer la ville et trouver la raison de sa transformation en ville fantôme. Les
analyses externes n’ont trouvé aucun poison susceptible d’être à l’origine de ce phénomène.
Voilà pourquoi je suis là, dans ma combinaison blanche, agenouillée sur la moquette de ce
petit appartement, avec un homme armé à mes côtés, tandis que Steph, toujours casqué,
explore encore, en profondeur, les autres pièces.
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Les analyses faites, nous décidons de changer de quartier et nous dirigeons vers la plage de
Rockroum, au bord de laquelle se dressent un hôtel et un centre de Bien-être. Pas d’hôtesse
à la réception ! Bizarre ! Je prends au hasard quelques clés pour aller visiter les chambres.
U
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J’en distribue à mes collègues, cela ira plus vite si on s’y met tous les trois ! Soudain Steph
nous appelle, il a trouvé quelque chose d’insolite. Je fonce chambre 5 ; la porte est ouverte
et je découvre une jeune femme allongée sur le lit. Elle semble en catalepsie, et ne réagit à
aucuns stimuli. Steph prend sa radio et appelle immédiatement la section de Secours à
victime des Pompiers de Paris restée à l’extérieur de la ville. Un hélicoptère va venir
récupérer le corps de la jeune femme dont John recherche l’identité. Il trouve enfin son sac à
main et son nom : Nina Simon.
Notre perquisition dans l’hôtel nous permet de retrouver encore 3 corps endormis, qui sont
héliportés au grand hôpital le plus proche, la Cavale Blanche à Brest. Là, tous les examens
possibles seront réalisés afin de comprendre les mécanismes du phénomène survenu à
Roscoff. En attendant les hélicoptères, nous faisons un dernier tour, mais ne trouvons nul
autre indice intéressant. La question qui se pose à moi est la suivante : pourquoi certaines
personnes disparaissent-elles et d’autres (plus rares) tombent-elles en catalepsie ? Le
dernier hélicoptère, celui du SAMU de Brest, ayant décollé, il nous faut penser à prendre un
peu de repos, la journée du lendemain sera encore chargée et je baille à m’en décrocher la
mâchoire sous l’œil narquois de mes deux camarades.
Nous sommes logés à Saint-Pol-de-Léon, dans un petit hôtel en centre-ville prés de la
cathédrale. Nous n’avons rien mangé depuis un bon bout de temps et nos estomacs crient
famine. Nous sommes heureux de trouver un petit snack où nous acheter des sandwichs et
des boissons que nous rentrons déguster dans nos chambres respectives. Nous nous
donnons rendez-vous au petit déjeuner à 7h, le lendemain matin et nous nous quittons sur
un au revoir poli.
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Au petit déjeuner, nous dévorons de bon appétit, en prévision d'une journée qui risque
encore d'être forte en émotion. Nous retournons à Roscoff, afin de continuer nos
investigations. Plusieurs escouades de la gendarmerie nous accompagnent, car il va nous
falloir fouiller toutes les maisons à la recherche de rescapés tombés en catalepsie. Pendant
que John briefe les gendarmes, Steph et moi retournons à l'hôtel, dans la chambre de Mlle
Simon. De nouveau mon matériel entre en action, et je fais des prélèvements et des
analyses, tandis que mon compagnon fouille une nouvelle fois la chambre, à la recherche
d'un indice qui nous aurait échappé. Mon portable sonne, c'est la Cavale Blanche, ils ont
trouvé dans le sang des victimes un agent pathogène responsable de leur état, mais ne
peuvent encore me dire comment il est arrivé là. Je sais déjà par les analyses que ce n'est
pas par un agent respiratoire. Steph se tourne soudain vers moi et me dit :
- Tiens la jeune femme est allée voir un concert de harpe celtique à l'Église Notre-Dame de
Croas-Batz, nous devrions y aller et peut-être passer aussi à la mairie.
- C'est une bonne idée, réponds-je, appelle John et dis lui de nous rejoindre là-bas, ok ?
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Steph n'a rien trouvé de nouveau, ni moi non plus. Nous sommes sur les dents et fonçons
dans la petite ville jusqu'à la belle église aux caravelles. Nous en faisons respectueusement
le tour, passant devant la mairie et nous décidons d'y aller en premier lieu. La mairie semble
déserte à première vue, mais nous découvrons monsieur le maire endormi derrière son
bureau, en plein travail, les doigts restés sur le clavier. John vient d'arriver avec les
gendarmes qui ont commencé les perquisitions en règle. L'hélicoptère stationné hors la ville
est rappelé pour venir récupérer la nouvelle victime du fléau inconnu.
- Bon, Cindy, me dit Steph, laissons les secours faire leur travail et allons à l'église !
Au moment où nous passons le porche de l'église, résonne à nos oreilles un long hurlement
en provenance de l'intérieur. Je frissonne et Steph me prend le coude pour m'encourager. Je
le remercie d'un sourire avant de pénétrer dans l'édifice. Face à nous : un berger allemand
qui grogne et nous montre les crocs. Je lui parle doucement et il finit par se laisser
approcher, son regard semble plein de désarroi, sans doute cherche-t-il son maître.
- Steph, aides-moi à l'attraper, c'est le seul être vivant que nous ayons trouvé ici depuis notre
arrivée, hier soir ; je veux savoir pourquoi il a échappé à la catalepsie ou à la destruction
cellulaire.
De sa voix douce, il calme le chien et le prend dans ses bras. Je veux l'examiner et faire des
analyses. Je prends mon portable pour demander si le véhicule sanitaire spécial est arrivé.
- Oui, commandant, nous vous l'envoyons immédiatement prés de l'église...
Je suis heureuse de voir que notre enquête progresse et il semble en être de même pour
mon ami pompier. Il porte avec précaution le chien jusqu'au camion blanc qui vient de se
garer et le dépose doucement sur la table d'examen. Je lui demande de le tenir le temps de
lui faire une piqûre pour l'endormir.
- Steph, je vais être occupée par mes analyses un bon bout de temps, tu devrais aller
rejoindre John !
- Ok, Cindy, mais sache que j'apprécie beaucoup ta compagnie, me répond-il avec un
sourire ravageur.
J'ai un pincement au cœur, cela ne fait pas longtemps que j'ai rompu avec mon ex, et cela
m'est encore douloureux.
- Merci Steph, je t'apprécie énormément aussi...
Je baisse les yeux et fais semblant de m'absorber dans mes tâches pendant que le pompier
sort du véhicule. Je fais mes prises de sang et mes examens qui occupent une bonne partie
de la journée. Je me contente d'un cola et d'un sandwich sur le pouce à midi. En fin de
journée, comme la veille, nous rentrons à notre hôtel et après une bonne douche, je
m'apprête à sortir chercher à manger lorsqu'on frappe à ma porte.
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- Pardon, Cindy, j'ai pensé que tu aimerais peut-être diner dehors ce soir, les sandwichs, ce
n'est pas la panacée.
Steph porte un pantalon noir et un pull irlandais qui lui vont à merveille. Je le trouve très
beau avec ses cheveux sombres et ses yeux d'un vert lumineux. Moi, je porte un simple jean
avec un gros pull à col roulé, je ne me sens pas vraiment au top et je rougis.
- Tu es très bien comme ça, Cindy, viens, ne reste pas enfermée dans ta chambre, nous
avons aussi besoin de voir du monde.
Je reconnais la justesse de ses propos et finis par accepter sa proposition. Nous passons
une agréable soirée dans un petit restaurant à la cuisine familiale, avant de rentrer, bras
dessus bras dessous à notre hôtel.
- Je te remercie pour cette soirée, tu avais raison, j'en avais besoin.
- C'est moi qui te remercie, dit-il en caressant doucement ma joue du bout des doigts.
Je prends congé rapidement, le laissant penaud sur le pas de ma porte, et m'enferme pour
rédiger mon rapport sur mon pc portable avant de le crypter et de l'envoyer à mes chefs.
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Après avoir expédié rapidement notre petit déjeuner, nous voici de retour à Roscoff. Les
gendarmes nous accueillent et nous demandent de les suivre dans un petit salon de thé, où
je découvre 3 personnes qui sont en fait les patrons de l’établissement : Michelle et son mari
Charles, ainsi que le Papet, père de Michelle la boulangère. Tous trois semblent robotisés,
exécutant en boucle les mêmes tâches. Leurs yeux sont fixes, leurs regards concentrés et ils
ne répondent pas à nos questions. Ils ne se sont même pas aperçus de l’entrée des
gendarmes ni de notre arrivée. Décidément le mystère semble s’épaissir de jour en jour !
Les trois personnes sont transportées à la Cavale par hélicoptère pendant que la
gendarmerie mène son enquête dans le salon de thé. Elle relève des traces suspectes à
certains endroits et les analyses que j’effectue à bord de mon laboratoire mobile me
prouvent que cette poussière est faite de cendres humaines. Donc, il y aurait trois
comportements possibles suite à l’infection virale qui semble frapper Roscoff. Une
combustion spontanée serait-elle possible, il faut que je creuse cette piste. Je vais en parler
à Steph, peut-être pourra-t-il m’éclairer de ses connaissances sur le sujet.
Je le retrouve dans les locaux de la police municipale, où il épluche les derniers dossiers. Un
certain nombre de disparitions ont été signalées les dernières soixante-douze heures avant
notre mission. Je lui parle alors de mon hypothèse concernant l’ignition spontanée et lui
demande son avis.
- Cindy, me dit Steph, je pense que c’est possible, j’en ai déjà vu dans mon métier. As-tu
pensé à faire des analyses bio marines, afin de s’assurer que la mer n’est pas contaminée ?
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- Non, alors je prends ma mallette et nous y allons ! Mais par où commencer nos
recherches ?
- Je te propose d’aller au CNRS. Nous pourrons faire les analyses avec leur matériel sur la
plage en bas de la promenade.
Ainsi fut fait, et c’est en descendant sur la plage par l’escalier au milieu de la promenade que
nous découvrons un dauphin décédé échoué sur le sable. Cette découverte me fait penser
que peut-être le mal dont souffre la ville serait en rapport direct avec la mer. Le mammifère
est transporté jusqu’au CNRS où des chercheurs de mon équipe se mettent aussitôt au
travail. En effet, devant l’ampleur de la tâche, j’ai sollicité l’avant-veille l’aide de mes
collègues scientifiques, un Transall de l’Armée des l’Air les ayant acheminés jusqu’à la base
Aéronavale de Landivisiau
Pendant ce temps, Steph et moi décidons de nous rendre sur l’embarcadère pour l’île de
Batz, afin d’avoir une vue globale et étendue de la situation. Le vent fouette nos visages
alors que nous avançons, les mains dans les poches, lorsque soudain je m’arrête, l’oreille
aux aguets. Steph, lui aussi ; s’est figé à mes côtés, il remet son casque et court vers la
plateforme de l’embarcadère. Il attrape à bras le corps une jeune femme qui pleure et
semble vouloir se jeter à l’eau. Un VSAV est demandé, car il fait glacial et la jeune femme
est frigorifiée ; elle claque tellement des dents que nous ne comprenons pas ce qu’elle
cherche à nous dire. En attendant les secours, Steph la couvre de sa veste de pompier et
nous la réchauffons en la frictionnant vigoureusement.
Je ne tiens pas à ce que la seule personne vivante et consciente trouvée dans la ville soit
emmenée à Brest, aussi je décide de la garder auprès de nous dans le véhicule des
pompiers. Nous attendrons demain pour l’interroger, je crois qu’aujourd’hui elle n’est pas
vraiment en mesure de nous livrer quelconque information. Elle est actuellement en soins
avec le médecin du SAMU, au camping « Aux quatre saisons » de Pérharidy.
L’après-midi se termine, il est dix-huit heures et le soir tombe sur Roscoff. Nous rejoignons
notre hôtel, mais je n’ai pas le cœur à sortir ce soir et décline l’invitation de Steph de diner
ensemble. Cependant, il me rapporte de quoi me sustenter et je l’en remercie
chaleureusement. Alors qu’il sort de ma chambre, il se retourne vers moi et me dit :
- Cindy, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens bien avec toi.
Je rougis sous le compliment sans trouver quoi répondre. Alors, spontanément, je
m’approche de lui et dépose un doux baiser sur sa joue. Steph me regarde, étonné, mais ne
dit rien, il tourne les talons et s’en va, le sourire aux lèvres.
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Lorsque nous arrivons à Roscoff, le lendemain matin, je me rends en premier lieu au VSAV
afin de rendre visite à notre rescapée. Mais elle dort encore, sous monitoring, et je m’éclipse
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sur la pointe des pieds pour ne pas la déranger. Steph et moi, nous rendons au CNRS afin
de connaître les résultats des analyses faites sur le dauphin trouvé la veille.
-Bonjour, dis-je à la cantonade aux chercheurs penchés sur leurs microscopes. Alors quoi de
neuf ?
- Bonjour ! Me répond l’un deux, venez voir commandant, ce que nous avons trouvé !
Je me penche sur son microscope pour examiner l’objet de son excitation. C’est une bactérie
encore inconnue, de couleur bleue, mouchetée de vert, avec de longs cils très mobiles qui
s’activent sous mes yeux.
- Nous allons la mettre en culture, me dit-il, afin de voir comment elle réagit. Je vous
tiendrais au courant au fur et à mesure des résultats.
- Ok, dis-je, j’espère que cela nous permettra de lever une partie du voile sur cette étrange
affaire.
Steph, resté à mes côtés, jette aussi un œil au microscope, curieux de voir lui aussi la
présumée coupable de la transformation de Roscoff en ville fantôme. Après quoi nous
décidons de retourner voir si notre rescapée est enfin réveillée et prête à nous livrer son
secret. Le médecin nous accueille à notre arrivée et nous confirme le réveil de sa patiente.
- Pouvons-nous la voir, docteur ?
- Oui, mais pas longtemps, elle est encore fatiguée et sous le choc.
Stéphane ouvre la porte du véhicule et s’efface pour me laisser entrer. La jeune femme est
assise sur son lit de fortune, les cheveux en bataille et les yeux hagards, regardant autour
d’elle d’un air perdu. Je m’avance vers elle et me présente à elle, puis lui présente Steph qui
lui sourit. Elle secoue la tête en nous regardant, des larmes plein les yeux. Je m’assieds
auprès d’elle et passe mon bras autour de ses épaules. Je lui demande doucement :
- Comment vous appelez-vous ?
- Roseline, me dit-elle d’une toute petite voix.
- Bonjour Roseline, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Mieux ?
- Je ne sais pas pourquoi vous m’avez sauvée, je n’en peux plus de cette ville abandonnée !
s’écrie-t-elle alors en serrant les poings. J’ai perdu toute ma famille, disparue, sans que je
sache pourquoi, et moi je suis restée seule et vivante. C’était insupportable pour moi, je n’en
pouvais plus !
Je lui caresse doucement le bras, lui souris gentiment pour l’inciter à continuer. Ses yeux
sont voilés de larmes et elle se remet à sangloter sur mon épaule. Steph lui tend un
mouchoir en papier dont elle se tamponne les yeux.
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- J’étais à la maison lorsque mon père, qui appartenait à la police municipale, rentra de son
travail, l’air soucieux. Il nous parla alors des disparitions inexpliquées qui semblaient se faire
de plus en plus nombreuses et du manque de renseignements dont ils souffraient pour faire
une enquête convenable. Le lendemain matin, lorsque je me levais, je m’étonnais de voir
que mes parents n’étaient pas encore levés. Je frappais à la porte de leur chambre, mais
n’obtins pas de réponse. Je poussais la porte, mais il n’y avait personne... Juste un peu de
poussière grise sur le drap blanc. En un éclair, je compris qu’eux aussi avaient succombé au
terrible mal qui dépeuplait ma ville. Je n’ai rien entendu, rien vu, mais je me suis interrogée
sur la raison qui faisait que j’étais encore vivante et eux non. Je me suis rappelée que mon
père et ma mère avaient pris un bain aux algues avant d’aller se coucher, moi je n’en avais
pas pris, préférant un bon bain moussant parfumé à la rose. Voilà, c’est tout ce que je sais.
Roseline ferme les yeux et pousse un gros soupir. Il n’est pas question de la laisser plus
longtemps ici, aussi je demande à Steph de faire en sorte qu’elle soit transférée le plus
rapidement possible à la Cavale Blanche. Ce qu’il fait sur-le-champ ! Un hélicoptère du
détachement des pompiers de Paris se pose quelques temps après sur l’esplanade du
camping et emmène la jeune femme sur Brest.
Les recherches se poursuivent toute l’après-midi et nous sommes sidérés par le nombre de
personnes atteintes par cette fameuse bactérie. Les analyses se continuent au CNRS, sans
donner pour l’instant de résultats probants. De notre côté, Steph et moi nous chargeons des
différents hôtels, examinant leurs registres afin de trouver les noms des clients et leur
numéro de chambre. Travail ô combien ardu, mais nécessaire pour les suites de l’enquête
que nous menions tous avec sérieux et gravité.
Il est plus de 19 heures lorsque nous rentrons à Saint-Pol avec John à qui nous expliquons
notre dure journée. Lui-même n’a pas chômé et nous relate sa journée de travail. Steph
semble fatigué et inquiet autant que John de ce qui vient de se passer à Roscoff. C’est donc
moi qui vais au ravitaillement et leur apporte leur diner dans la chambre de John, où tous
deux, après une bonne douche, confrontent leurs idées, allongés sur le lit. Nous dînons
ensemble, aucun de nous trois ne souhaitant rester seul pour le moment. Une belle
discussion sur l’évolution de l’enquête et les faits constatés, qui nous amène jusque loin
dans la nuit. Steph et moi prenons enfin congé de John, à moitié endormi, et nous éclipsons
sur la pointe des pieds. Mon ami pompier me raccompagne jusqu’à la porte de ma chambre,
il se penche vers moi et effleure mes lèvres d’un doux baiser avant de disparaitre dans sa
propre chambre. Mes doigts caressent ma bouche où les lèvres de Steph ont laissé une
trace enflammée. Je secoue la tête, rentre dans ma chambre et me couche immédiatement,
la tête pleine de rêve.
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Ce matin, le ciel est clair et pur au-dessus de Saint-Pol, lorsque nous prenons la voiture pour
nous rendre à Roscoff. A peine garés sur le parking, un gendarme arrive au pas de course
pour nous informer de la dernière nouvelle : des oiseaux marins ont été retrouvés inertes,
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flottant sur les eaux. Ils ont été immédiatement emportés au CNRS pour analyse. Mes 2
compagnons et moi-même nous y rendons illico.
Les chercheurs sont comme à l’accoutumée concentrés sur leur travail et lèvent à peine la
tête à notre entrée. Je m’approche de celui avec qui j’ai parlé la veille.
- Avez-vous les résultats des analyses faites sur les oiseaux ? Dis-je en me penchant vers
son microscope
- Oui, nous avons retrouvé la même bactérie, mais celle-ci semble avoir muté ce qui
expliquerait la catalepsie. Les cultures commencées hier ne nous ont encore rien donné, il
faut attendre...
- Pas de problème, dit Steph, la patience, ça nous connaît !
John opine du chef en souriant. Les investigations sont souvent longues et demandent une
infinie patience. Sur ce, nous ressortons et nous dirigeons, après concertation vers le vieux
port. Soudain, un petit garçon court vers nous, en brandissant son lapin en peluche ; il crie et
semble complètement perdu. Steph l’attrape et le prend dans ses bras. L’enfant ‘se débat,
puis se calme et se met à pleurer. Le pompier le berce doucement en lui parlant tendrement,
jusqu’à ce que les pleurs diminuent. Enfin, le garçonnet nous livre son prénom : Axel. Nous
appelons un véhicule de secours et en attendant essayons de bavarder avec l’enfant. Ses
phrases sont entremêlées de sanglots, mais nous comprenons tout de même que ses
parents étaient venus faire une cure et qu’ils ont disparu, le laissant seul et désemparé. Il a
erré dans la ville, n’osant s’approcher des gendarmes dont l’uniforme lui faisait peur. Lorsque
l’ambulance arrive, nous faisons tous un gros bisou à Axel avant de le confier au personnel
compétent, en lui demandant de prendre bien soin de sa peluche. L’enfant conditionné,
l’ambulance prend la route, quand tout à coup, un Rafale de Landivisiau vient frôler la vase
dans le vieux port, la projetant aux alentours. Steph s’inquiète de ce passage au ras du sol,
peu fréquent et interdit dans l’aviation.
- Tu as l’air de bien t’y connaître en pilotage Steph, dis-je, l’air étonné.
Steph semble ne pas avoir capté mes paroles, occupé à surveiller l’avion, qui vient de
toucher la vase dans un vrombissement particulier. John appelle les gendarmes afin qu’ils
viennent à la rescousse du pilote, enlisé au milieu du vieux port. Avec les jumelles de John,
je scrute l’appareil, pour constater que le pilote ne s’est pas éjecté et semble inanimé dans
son cockpit. .Une nouvelle ambulance est demandée sur le port pendant que les gendarmes
et les pompiers délivrent le pilote de son aéronef et s’affairent autour de ce dernier. Cela fait
déjà beaucoup de nouveaux événements pour cette matinée et je commence à avoir envie
de souffler cinq minutes.
Nous retournons au CNRS où nous prenons le temps d’avaler un sandwich et de boire un
café, avant de repartir au travail.
Un hélicoptère de la Marine vient en début d’après-midi récupérer l’avion enlisé avant que ne
monte la marée. Il sera analysé par les experts de l’armée qui nous tiendront au courant de
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leurs résultats. Nous restons à regarder l’hélitreuillage de l’avion de chasse, puis, nous nous
rendons au briefing qui se tient dans la mairie de Roscoff.
Je mets au courant la cellule spéciale des derniers événements. De notre côté, nous
apprenons enfin une bonne nouvelle, le chien découvert dans l’église de Roscoff, et
emmené à la SPA du Léon, a retrouvé son maître parti pour quelques jours chez des amis et
qui n’était au courant de rien. Celui-ci fut affolé en apprenant la nouvelle de la disparition des
membres de sa famille, mais heureux de voir son animal familier sain et sauf.
Après plus de deux heures de réunion, durant lesquelles nous avons fait le point de la
situation, en présence du préfet du Finistère, nous prenons enfin congés des autorités d’une
chaleureuse poignée de main en promettant de les tenir régulièrement au courant des
progrès de l’enquête.
Je n’ai pas envie de retourner immédiatement à l’hôtel et décide de faire un petit tour en bord
de mer, histoire de prendre l’air. Aussitôt, Steph propose de m’accompagner et me prend
familièrement le bras tout en devisant avec moi. John, quant à lui, préfère rester dans la
voiture ! Nous nous arrêtons sur la promenade et nous asseyons sur un banc face à la mer.
J’appuie mes coudes sur mes genoux et réalise soudain que nous n’avons eu aucune
nouvelle de l’île de Batz pourtant presque en face de nous. Demain, notre première tâche
sera d’y envoyer gendarmes et pompiers afin de faire là aussi l’état des lieux. De plus en
plus, je pense que la mer est responsable de ce désastre et que c’est elle qui nous livrera le
fin mot de l’histoire. Steph passe son bras autour de mes épaules et m’attire à lui, je me
détends et pose ma tête sur son épaule. Les yeux fermés, j’oublie pour un moment tous mes
soucis et me laisse bercer par cet instant magique. ¸Mais voilà que le vent se lève, je
frissonne et décide de rentrer sur Saint-Pol-de-Léon.
Dans la voiture, nous restons tous les trois silencieux, plongés dans nos pensées Je suis au
volant et mon regard ne quitte pas la route, malgré mon désir de tourner les yeux vers le
profil de Steph, assis à mes côtés. A l’hôtel, John nous laisse pour aller prendre une douche.
Je me retrouve seule face à mon ami pompier et ne sais quoi lui dire. Il me sourit gentiment
et m’attire à lui, sa main caresse ma nuque et je frissonne, non plus de froid, mais de désir.
Cependant, je préfère rentrer dans ma chambre sous prétexte d’aller aux toilettes et plante là
mon compagnon, une fois de plus désarçonné par mon attitude professionnelle.
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Nous sommes dimanche et pourtant au travail dés 8 heures, nous n’avons pas un instant à
perdre pour élucider le mystère de Roscoff. John, avec une escouade de gendarmes et les
pompiers de Paris, se rendent sur l’Ile de Batz, où la situation n’est guère mieux que dans la
petite cité corsaire. Le ballet aérien des hélicoptères n’arrête pratiquement pas au-dessus de
nos têtes. Au Bourg cependant, John fait la rencontre d’un vieux marin barbu qui, bien planté
sur ses deux jambes, vêtu d’une vieille salopette bleue sous une parka noire, regarde
débarquer tous ces personnels sans s’en émouvoir.
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- Bonjour dit John à l’homme en lui tendant la main, je suis policier, membre du RAID, nous
enquêtons sur les étranges disparitions de personnes dans la région depuis quelques jours.
L’homme lui serre la main et se présente à son tour
- Je m’appelle Roger Legoff, je vis sur l’île depuis ma plus tendre enfance. Je la connais sur
le bout des doigts et justement, du côté de Toul-ar-Zarpant, j’ai ramassé une algue à la
texture inhabituelle, que je n’avais encore jamais vue dans le coin.
- Et où peut-on trouver cette algue, demande John, intrigué.
- Suivez-moi, lui dit Roger en indiquant la direction, de sa canne taillée dans le chêne, j’en
conserve justement quelques échantillons chez moi. Si vous les voulez, je vous les donne.
John suit le vieil homme et la fumée de sa pipe jusqu’à une petite maison à la sortie du
Bourg. L’homme sort une clef d’une de ses poches, ouvre la porte qui grince et fait pénétrer
John dans son logis. Il se dirige vers la cuisine, cueille un bocal sur une des étagères et le
rapporte fièrement au policier à qui il tend sa trouvaille avec un clin d’œil.
- Merci, dit John, cette algue va sans doute nous être d’un grand secours dans notre
enquête. Je vais la faire analyser par les chercheurs du CNRS. Je la fais transporter à
Roscoff par le prochain hélico en partance.
Le vieil homme hoche la tête et propose à John un petit coup de gnôle, que notre policier
refuse bien poliment. Le travail l’attend et il ne peut se permettre de prendre du bon temps
pendant que tous ses collègues s’affairent autour de lui.
De notre côté, Steph et moi, comme à l’accoutumée nous rendons en premier lieu au CNRS
afin d’avoir les dernières nouvelles des chercheurs, qui travaillent par équipes, jour et nuit,
sur la bactérie inconnue découverte récemment. Le Centre bourdonne comme une ruche,
alors que dehors la pluie se déchaîne, frappant inlassablement les carreaux et dégoulinant le
long des vitres. Nous nous asseyons pour lire les derniers rapports et apprendre que la
nouvelle bactérie a été nommée « Blue Ocean ». Les résultats des cultures commencent à
arriver, mais sans pouvoir encore nous révéler les causes de la catastrophe de Roscoff. .
Avant de repartir à l’assaut de la ville, nous buvons un café et bavardons avec les
chercheurs, qui semblent de plus en plus intéressés par cette affaire et ses prolongements
scientifiques. En effet, jusqu’à présent, la catalepsie n’était pas induite, mais commandée par
le cerveau des patients atteints de cette maladie.
Nous décidons de nous rendre sur Brest, pour nous entretenir avec le maire et Mlle Simon,
qui semblent s’être parfaitement remis de leur catalepsie. Un hélicoptère nous récupère sur
le grand parking pour nous conduire jusqu’à l’hôpital de la Cavale Blanche, où un infirmier
nous mène jusqu’au service de virologie. Monsieur le maire, en pyjama, est assis dans le
petit salon, où il nous reçoit très cordialement. Il ne se souvient plus de grand chose, si ce
n’est une soudaine fatigue qui lui a fait fermer les yeux, pour quelques secondes, croyait-il.
La veille, il était allé se baigner, comme il le fait de temps en temps, même en hiver, dans
l’eau claire d’une des plages de Roscoff à marée haute. Son bain fut rapide et revigorant,
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mais il y avait beaucoup d’algues aux alentours. Nous remercions Monsieur le maire pour
ses précieuses indications, avant de nous rendre dans la chambre de Mlle Simon.
Celle-ci est assise sur son lit, en robe de chambre et regarde la télévision, un masque
impassible sur le visage. Je l’interroge sur sa venue à Roscoff, mais elle ne semble pas
décidée à nous dire grand chose. Elle nous regarde à peine, comme captivée par l’écran et
ne répond pas à nos questions. Cette attitude nous semble immédiatement suspecte et
j’appelle alors le policier qui était de faction dans le service. Il me confirme que la demoiselle
a refusé de quitter sa chambre depuis qu’elle est réveillée et ne veut parler à personne.
- Mlle Simon, lui dis-je alors, votre attitude me semble peu correspondre avec celle d’une
personne n’ayant rien à se reprocher. Aussi, pour plus de sûreté, vais-je vous faire placer en
garde à vue, le temps de faire une enquête sur votre compte.
Steph sort les habits de la jeune femme de son placard et lui demande de s’habiller pendant
que nous attendons dans le couloir. Au bout d’un certain temps, je passe la tête par la porte
entrebâillée pour voir si la suspecte est bien habillée. Elle l’est, mais s’est assise sur le lit et
fait mine de ne pas me voir. J’appelle les deux hommes qui viennent aussitôt à ma
rescousse et obligent Nina à se lever et à nous suivre jusqu’au véhicule de police stationné
devant l’accueil de l’hôpital. L’infirmier se chargera des papiers de sortie...
Au commissariat de police, je me connecte à l’ordinateur central pour rechercher des
renseignements sur notre énigmatique détenue. A part sa carte d’identité, elle n’est nulle part
fichée, elle n’a pas de permis de conduire et n’est pas affiliée à la Sécurité Sociale. Nina
Simon est-il vraiment son véritable nom ? Je me pose la question... Je vais faire une
demande pour la passer au détecteur de mensonge et l’interroger sur sa véritable identité.
En attendant la réponse à ma demande, faxée au commissaire divisionnaire, je profite de
ces quelques instants de tranquillité pour rejoindre Steph devant la machine à café, où il
discute avec quelques policiers, dont l’un est originaire de Roscoff. Il connait parfaitement la
ville où il a passé toute son enfance et son adolescence et se propose spontanément pour
nous aider dans nos recherches. Toute aide me semble précieuse, aussi j’accepte bien
volontiers de l’intégrer à notre équipe.
- Bienvenue dans la galère, Fred, lui dit Steph, en lui tapant sur l’épaule. Tu verras, on n’a
vraiment pas le temps de s’ennuyer !
Il est déjà midi et nous commençons à avoir une petite faim. Fred nous propose de prendre
sa voiture et d’aller manger dans une cafétéria toute proche. « La Tarte Citron » se trouve
dans la rue de Siam, et nous y prenons un déjeuner sur le pouce, mais copieux avant de
reprendre le collier. J’apprécie la grande salle à l’étage donnant sur la rue et l’espace « mon
lecteur qui roule » et sa librairie bien achalandée.
Fred redépose sa voiture sur le parking de la police et monte avec nous dans l’hélico qui est
revenu nous chercher pour nous ramener à Roscoff. Pendant le court trajet, Fred nous parle
de son enfance et du Roscoff qu’il a connu, il a dû la quitter en raison de son travail. Une fois
déposés sur le parking du centre ville, nous nous dirigeons de nouveau vers le CNRS, où
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nous attend John, impatient de nous faire son rapport concernant l’île de Batz. Là aussi, ils
ont trouvé beaucoup d’algues, des insulaires en catalepsie et de nombreuses disparitions
inexpliquées. Cependant, John a trouvé un vieux marin qui avait gardé dans un bocal une
espèce d’algue à la texture inhabituelle qu’il lui a confiée pour analyse.
- Les chercheurs sont déjà au travail sur celle-ci, me dit-il, et ils semblent captivés par ce
qu’ils ont trouvé ! Cela fait maintenant une semaine que nous sommes sur les dents, et
enfin, il me semble que nous progressons d’une manière positive dans cette purée de pois.
- Oui, lui dis-je et de notre côté, nous avons enfin une suspecte : il s’agit de la dénommée
Mlle Simon, dont je suis rien moins que sûre que ce soit le vrai nom. Je pense que je
pourrais l’interroger demain sous détecteur de mensonge, pour en savoir plus sur elle.
Laissant les scientifiques à leur travail, nous sortons et allons saluer gendarmes et pompiers
qui se préparent à quitter la ville, tandis que vont se mettre en place de nouvelles équipes.
Pour une fois, il n’est pas trop tard lorsque nous rentrons à St Pol, et nous en profitons pour
aller admirer la cathédrale et les autres monuments de la vieille ville. Au bout d’un moment,
John décide de rentrer à l’hôtel, me laissant seule avec Steph et Fred ; Celui-ci décide de
rentrer chez lui à Landivisiau, et nous dit au revoir sur le quai de la gare où nous l’avons
accompagné. Il nous rejoindra à notre hôtel le lendemain matin. Dès que le policier a tourné
le dos, Steph s’empare de ma main, et dépose un long baiser sur ma paume... Je n’ose
retirer mes doigts de sa main chaude et la lui abandonne bien volontiers. Et c’est donc main
dans la main que nous finissons notre visite éclair de St Pol avant de rentrer à l’hôtel. Steph
me prend la clé des mains et ouvre la porte de ma chambre, puis il entre, dépose le
trousseau sur la commode, m’enlace et m’embrasse à embraser le ciel de Bretagne. Je noue
mes mains derrière sa nuque et lui rends son baiser avec passion. Puis, je le repousse
doucement, et il quitte ma chambre après m’avoir envoyé un bisou du bout des doigts.
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Fred nous rejoint dans la salle du petit-déjeuner où nous finissons de manger. Il en profite
pour commander un café et un croissant car il n’a pas pris le temps de se restaurer avant de
partir de chez lui. Une fois tout le monde prêt, nous nous engouffrons dans la voiture, et en
route pour Roscoff !
John prend le volant, Fred à ses côtés, qui peste contre son idée farfelue d’avoir laissé sa
voiture à Brest.
- Ne t’inquiète pas, lui dis-je, cela peut s’arranger puisque nous retournons au commissariat
cet après-midi pour l’entretien avec la suspecte.
Il me remercie gentiment avec un petit sourire complice et un regard amical. Une fois la
voiture garée sur le grand parking, nous nous rendons au CNRS où nous retrouvons nos
chercheurs toujours sur le pied de guerre. Ils ont analysé l’algue en provenance de l’Ile de
Batz, et nous annoncent qu’elle semble être la source de notre fameuse bactérie. Voilà enfin
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quelque chose de positif dans notre enquête qui avance à grands pas. Les cultures faites ont
aussi donné leurs résultats, avec plusieurs souches mutantes en fonction du terrain de
culture.
Je me tourne vers John et lui dis :
- Il vaudrait peut-être mieux interdire toute baignade en mer tant que nous n’avons pas
d’autres résultats, je sais bien que l’eau est froide, mais je connais des personnes assez
téméraires pour s’y risquer quand même.
- Je m’en occupe, dit John et vais faire paraître un avis dans les journaux pour en aviser la
population, ainsi que des flashes à la radio et à la télévision.
Il nous quitte alors afin de réaliser sa mission, tandis que Steph, Fred et moi allons voir sur le
port, là où le Rafale est tombé la veille. Il n’y a plus trace de l’accident d’autant plus que la
vase à repris possession du sable. Steph prend son portable et appelle la base de
Landivisiau pour avoir des nouvelles du pilote et de son appareil. L’aéronef est endommagé.
Quant au pilote, il a repris connaissance, mais semble très perturbé par son crash. Il a
annoncé être allé la semaine précédant notre intervention, faire des soins de bien-être à la
thalasso de Roscoff.
- Ah, ah, dit Steph, voilà qui explique son malaise, heureusement comme les pilotes de
chasse ont un organisme résistant, son corps a lutté victorieusement contre la bactérie ! Il
faudrait demander une prise de sang avec dosage et analyse des anticorps ! Je le fais de
suite.
- Bon, dis-je en regardant ma montre, il est temps de demander un hélico pour Brest, le
commissariat a dû recevoir la réponse à ma demande et j’ai hâte d’interroger Mlle Simon.
Cette femme est une véritable énigme, que j’ai bien envie d’élucider !.
Nous retournons sur le parking du centre ville où l’hélicoptère se pose tant bien que mal,
suite à une panne de turbines. Après une tentative de redémarrage, demeurée infructueuse,
nous faisons appel à un second appareil tandis que l’équipage du premier attend les
mécanos.
Enfin, nous nous envolons pour Brest où nous attend une certaine demoiselle. Fred
commence à avoir faim :
- On ne mange pas souvent ici, dit-il en regardant nos corps minces et musclés.
- Promis, lui répond John, on retourne à « La Tarte Citron » avant d’entamer l’interrogatoire.
Ce sera plus agréable de le faire l’estomac plein !
L’hélico nous dépose dans la cour du commissariat où Fred récupère sa voiture et nous
emmène centre Siam pour le déjeuner. Nous nous accordons encore une fois, le temps d’un
repas, un peu de quiétude et de tranquillité en discutant de la panne de l’hélicoptère qui
semble suspecte à première vue. Justement, Fred reçoit au même moment un appel de ses
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supérieurs, lui annonçant que notre appareil avait été saboté. Mlle Simon aurait-elle des
complices ?
- Bon, il est temps d’y aller, dis-je encore une fois à mon équipe. Et nous retraversons la ville
jusqu’au commissariat principal Colbert. L’autorisation d’interrogatoire sous sérum de vérité
est arrivée et je fais appeler le médecin, qui assisté de Steph veillera sur l’état de sante de
Mlle Nina.
Elle nous est amenée, menottes aux poignets, et nous jette un regard hostile, mais ne
daigne pas dire un mot.
Le médecin la fait asseoir dans un confortable fauteuil avant de la mettre sous perfusion.
Steph, pendant ce temps-là, l’a attachée aux accoudoirs du fauteuil. Nous attendons
quelques minutes que le produit agisse, tandis que sont posées les électrodes et que Steph
les relie à l’ordinateur.
Je commence par poser les questions test, auxquelles Mlle Simon répond de mauvaise
grâce. Puis j’entame enfin le véritable interrogatoire.
- Quel est votre nom ?
- Nina Simon ! La machine bipe, réponse fausse !
Je réitère ma question et, avec hésitation, elle me répond
- Élise Charcot. Simultanément l’officier de police judiciaire qui nous était adjoint se rend sur
l’ordinateur central afin de nous fournir des renseignements complémentaires sur la
demoiselle. Je lui demande encore si elle sait quelque chose concernant la contamination de
la ville. Elle me répond qu’elle a juste été chargée de placer des tubes remplis d’un liquide
bleu vert à certains endroits de la ville. Ceux-ci possédaient un système d’ouverture à
retardement. Élise aurait dû quitter la ville aussitôt mais une panne de voiture l’en a
empêchée. Elle s’est alors fait prendre à son propre piège.
L’officier judiciaire revient alors avec un dossier qu’il me tend, celui de la jeune femme. Il
s’agit d’une personne appartenant à un organisme terroriste appelé « Neverland ». Elle est
recherchée par Interpol suite à divers attentats terroristes commis dans plusieurs villes
européennes. Malgré mes demandes répétées, elle semble incapable de me fournir le
moindre renseignement sur qui dirige cet organisme. Mais elle nous apprend que si cet essai
est concluant, il sera étendu aux capitales du monde entier.
Je comprends alors l’urgence et l’enjeu de notre mission : si nous échouons, toute la planète
en souffrira. Les chercheurs du CNRS ont donc une lourde responsabilité, qui est de trouver
un antidote à ce mal inconnu.
L’interrogatoire terminé, Mlle Charcot est ramenée en cellule, sous bonne garde. John et
Fred lisent à leur tour le dossier de la jeune terroriste et sont abasourdis par ce qu’ils y
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découvrent. Il nous reste à mettre Interpol au courant de notre arrestation, à prévenir du
danger latent le préfet du Finistère et à continuer nos investigations.
Fred reprend alors sa voiture pour rentrer chez lui et nous l’hélico pour retourner sur Saint-
Pol, où John n’est pas encore rentré à l’hôtel. Je vais prendre une douche et changer de
vêtements, j’ai envie aussi de me changer les idées. L’énormité de la catastrophe qui se
profile à l’horizon me fait froid dans le dos.
Pour une fois, c’est moi qui vais frapper à la porte de Steph et l’invite à venir boire un verre
avec moi. Il semble ravi et sort immédiatement après avoir attrapé au vol son blouson en
cuir.
Nous nous installons dans un petit bar et discutons à voix basse de peur d’être entendus.
.Finalement, notre verre avalé, nous préférons aller nous promener par les rues de la ville,
regardant les vitrines illuminées pour les fêtes et les décorations de Noël qui scintillent au
dessus de nos têtes. Cela nous fait du bien et nous revigore. Nous prenons un petit repas
dans un snack, avant de rentrer à l’hôtel où Steph va apporter à John le repas que nous lui
avons commandé, pendant que je m’en vais rédiger mon rapport.
Nous sommes tous fatigués et je ne revois pas mes amis de la soirée. Je me couche tôt et
m’endors d’un sommeil lourd, peuplé de cauchemars.
Je me réveille en sursaut en pleine nuit, le cœur battant et la gorge sèche, incapable de me
rendormir. Je me décide alors à prendre ma robe de chambre et à aller frapper à la porte de
Steph. Celui-ci ne met pas longtemps à m’ouvrir sa porte et je me jette dans ses bras en
pleurant. Il m’ouvre les bras et me berce un moment, puis me propose de m’allonger à ses
côtés pour me reposer encore un peu. Je blottis ma tête au creux de son épaule, et c’est
sans m’en rendre compte que je m’endors dans ses bras.
99
J’ouvre les yeux sur le sourire de Steph, qui m’observait dans mon sommeil. Il me faut un
instant pour réaliser où je suis et pourquoi.
- Pardon, dis-je, d’avoir abusé de ton hospitalité.
- De rien, me répond-il, tout le plaisir était pour moi !
Ce qui me fait rougir jusqu’à la racine des cheveux. Je me lève et rejoins ma chambre pour
une bonne douche matinale avant de reprendre le collier. Au petit déjeuner, je retrouve ma
petite équipe guillerette et en pleine forme, prête à en découdre avec notre ennemi commun.
Notre premier repas du jour englouti, nous reprenons le chemin de Roscoff, où il y a encore
un peu de travail pour nous.
Comme à l’accoutumée, notre première visite est pour le CNRS, où les chercheurs sont
toujours en effervescence… Chaque trouvaille est scrupuleusement notée dans un
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ordinateur portable posé sur la paillasse. J’y consulte le dossier, déjà impressionnant, des
découvertes concernant notre bactérie et nous nous rendons ensuite au briefing du jour : il
est 10 heures. J’apprends à toutes et à tous les nouvelles dévoilées par la jeune terroriste la
veille et l’enjeu terrible qui pèse sur leurs épaules. Ils me regardent un moment en silence,
puis tous se mettent à parler en même temps.
- Nous progressons rapidement, maintenant, me dit l’un deux, car nous travaillons jour et nuit
sur cette bactérie et elle nous livre petit à petit ses secrets ! Nous savons désormais que le
facteur déclenchant la destruction cellulaire est la concentration importante de cette bactérie
dans l’eau consommée ou en contact avec la peau. Plus la concentration est élevée, plus la
destruction cellulaire est rapide.
- De mon côté, dit un petit homme à lunettes d’écaille, j’étudie le sang du chien, ainsi que
celui du pilote de Rafale, que Landivisiau nous a apporté. Ils semblent tous deux comporter
de nouveaux anticorps que j’essaie de synthétiser pour créer un nouvel antidote à cette
menace.
- Très bien, leur dis-je, continuez ainsi et trouvez moi rapidement une solution à notre
problème. Moi je dois me rendre à Paris pour parler avec le chef d’Interpol. Il devrait pouvoir
m’en dire un peu plus sur cette organisation baptisée « Neverland ».
Steph semble un peu embêté, sans doute se demande-t-il ce qu’il doit faire, m’accompagner
ou rester à Roscoff, pour épauler John et son équipe, toujours au travail. Je lui propose donc
de m’accompagner, ce qu’il accepte avec enthousiasme. Un hélicoptère des Pompiers de
Paris vient nous chercher pour nous emmener vers la capitale, où je suis attendue à 15
heures. Steph en profitera pour passer à la caserne faire son rapport à ses chefs. Il en a des
choses à dire ! Une bonne surprise nous attend dans l’hélico ; où nous trouvons des
sandwichs, des boissons, ainsi que des chocolats ; humm, miam !!! Il est vrai que nous
n’aurons certainement pas le temps de manger avant de revenir en Bretagne.
Steph et ses collègues me déposent à mon rendez-vous, je les appellerai sitôt l’entretien
terminé. Je les regarde s’éloigner dans le ciel de Paris, avant de franchir, d’un pas déterminé
le porche monumental de l’immeuble, où un ascenseur me dépose au 8e étage, dans un
vaste hall moquetté de marron. Une secrétaire au sourire stéréotypée et aux doigts
manucurés me demande courtoisement avec qui j’ai rendez-vous. Je lui montre ma carte et
elle hoche la tête avant de se pencher sur son interphone.
- Votre visiteuse est arrivée, susurre-t-elle dans le micro, en me jetant un petit regard de
côté. J’ai pourtant fait un effort ce matin en mettant mon bel uniforme de service. « Le Boss
vous attend, finit-elle par me dire du bout des lèvres. En m’indiquant du menton le couloir qui
s’ouvre devant moi.
Des portes fermées jalonnent le couloir, mais tout au fond, il y a une grande porte ouverte
sur un bureau entièrement vitré, donnant un panorama magnifique sur la capitale. Le
Président m’attend, et me fait signe de m’installer dans un confortable fauteuil en face de lui.
Je lui apprends ce que nous avons découvert la veille, et l’histoire que nous a contée Élise
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Charcot. Il m’écoute, le bout de ses doigts joints, les yeux mi-clos, en hochant de temps en
temps la tête. Lorsque j’ai fini mon rapport, il me pose quelques questions, puis pousse vers
moi un épais dossier marqué « ORGANISATION NEVERLAND ». Tandis que je le consulte,
il émet l’hypothèse que la panne de voiture de Mlle Charcot n’était peut-être pas un incident
anodin, mais la volonté des dirigeants de la jeune femme, de la voir disparaître afin de ne
pas laisser de trace. Cela me semble relever de la vérité pure, et je me dis en moi-même
que cet homme, malgré son physique quelconque, mérite bien son poste clé dans la police.
Le dossier TOP SECRET m’en apprend un peu plus sur l’organisation terroriste mondiale qui
semble avoir déjà fait pression sur de nombreux gouvernements pour obtenir ce qu’elle
désire sous peine de polluer fleuves et océans de la planète.
Je prends enfin congé du Boss, qui me tend la main avec un sourire débonnaire, mais je ne
m’y fie pas, je sais qu’il peut être terriblement dur avec les ennemis de la paix. On met à ma
disposition une voiture pour me permettre de rejoindre la caserne Masséna, où m’attend
Steph. Il y a beaucoup de circulation et je peste tant et plus contre ces parisiens qui roulent
comme des dingues dans leurs grosses voitures. Steph m’accueille à l’entrée de la caserne
et m’offre une visite succincte de son fief avant de me proposer d’assister à un départ en
intervention. J’accepte la proposition avec intérêt, et regarde chacun s’affairer dans
l’effervescence et la rigueur.
- Impressionnant, lui dis-je, réellement bluffée par la parfaite coordination des ces hommes
et femmes d’exception.
Il est presque dix-huit heures lorsque nous quittons la caserne, alors que se pose la question
de savoir si nous retournons à Roscoff ce soir ou demain matin. J’avoue que je passerais
bien un petit moment dans mon appartement, mais je ne sais pas ce que Steph va en
penser. Comme souvent, il répond à ma question muette en me demandant ce que je pense
faire ce soir : rentrer ou rester sur Paris ?
- J’ai mon appartement à Paris, lui réponds-je doucement, et je peux t’accueillir car j’ai une
chambre d’ami… si cela te dit, bien sûr !
- Va pour ton appart’, me dit-il après une seconde ou deux de réflexion, j’ai toujours rêvé de
voir où habitait un expert scientifique de la police.
Il nous faut un peu plus d’une demi-heure pour nous rendre chez moi, à Neuilly, à cause de
la circulation, très dense à cette heure-là. J’habite au 6e étage, un grand appartement de
standing dans un immeuble résidentiel. Je propose à Steph de prendre une douche pendant
que je prépare le dîner. Il revient 30 minutes plus tard, revêtu d’un peignoir qu’il a trouvé
dans la salle de bains et les cheveux encore humides. Son regard pétille alors qu’il s’assied
sur un tabouret haut face à la cuisine américaine où je m’affaire encore. Je lui propose de
m’aider en dressant le couvert, après lui avoir indiqué où se trouvait rangée ma vaisselle.
Nous dinons en tête-à-tête, avec en fond sonore de la musique classique, d’une quiche
lorraine maison avec une bonne salade composée, de fromage et d’une salade de fruits de
saison. Puis je mets la vaisselle dans le lave-vaisselle, avant d’apporter au salon le plateau
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avec le café et des macarons. Nous devisons tranquillement tout en sirotant notre chaud
breuvage, comme si cette situation n’avait rien d’exceptionnel, alors que Steph est le premier
homme à entrer dans mon appartement depuis ma rupture. Je le laisse feuilleter quelques
magazines le temps d’aller prendre ma douche et le retrouve à demi-endormi sur le canapé.
- Hop, au lit, lui dis-je en riant, tu dors sur place, il est temps d’aller se coucher.
Je lui montre sa chambre et avant de lui souhaiter bonne nuit je m’approche de lui pour
l’embrasser sur la joue. Mais il me saisit par la taille, m’attire à lui et m’embrasse
fougueusement sur les lèvres. Surprise, je réponds à son baiser, avant de le repousser
doucement et de sortir de la chambre, non sans lui lâcher :
- Demain, debout à 4 heures, alors pas question de faire des folies de nos corps !
Un dernier regard, et je le quitte en lui envoyant un baiser du bout des doigts, auquel il me
répond par une comique petite révérence. Je me glisse voluptueusement sous ma couette
recouverte de satin et ne tarde pas à plonger dans un sommeil réparateur.
10
Mon réveil sonne : il est déjà 4 heures du matin ! Je m’étire, puis m’extirpe de mon lit et vais
frapper à la porte de la chambre de Steph, en long tee-shirt et pieds nus. Je prépare
rapidement du café avant d’aller m’habiller et de rejoindre mon ami dans le salon où, déjà en
tenue, il sirote sa tasse de café. Pendant que je bois le mien, il appelle ses collègues pour
demander un hélico afin de nous ramener à Roscoff. Notre pilote suit la ligne de chemin de
fer Paris-Brest et nous survolons un long moment le TGV Atlantique dans sa course vers la
mer. Il faut dire que notre pilote, pour le retour, est un ancien pilote de chasse, habitué à
voler bas et dans des conditions extrêmes. J’en ai des frissons !!! Enfin, aux alentours de
midi, nous arrivons à Roscoff, où nous accueille John bien content de retrouver ses équipiers
et amis.
Immanquablement, nous nous rendons au CNRS, lorsque le téléphone de John retentit. On
le prévient qu’un voyage scolaire vient d’arriver en car sur le grand parking. Nous faisons
donc demi-tour et retournons à notre point de départ, pour y trouver un car de tourisme
rempli d’écoliers et de leurs encadrants, l’air surpris devant les gendarmes qui empêchent
les enfants de descendre du car. Nous leur expliquons que la ville est actuellement fermée
au tourisme de quelque manière que ce soit et qu’ils ont sans doute bénéficié d’un trou au
moment de la relève de midi pour passer les barrages Le problème est que ces personnes
ont roulé toute la nuit et sont mortes de faim. Ils avaient prévu de visiter le CNRS, la station
des algues, l’institut de Bien-être et de visiter la petite ville et ses maisons de pierres. Après
une brève réflexion, j’appelle l’office du tourisme de Saint-Pol-de-Léon, pour les avertir de
l’arrivée en car d’un groupe scolaire désireux de visiter la ville et ses environs. A eux de
préparer la visite afin de satisfaire au mieux les enfants avides de nouveauté. J’appelle aussi
un salon de thé où le groupe pourra aller prendre un déjeuner sur le pouce.
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Ouf, nous pouvons enfin rejoindre le CNRS comme c’est de règle tous les matins (sauf que
nous ne sommes déjà plus le matin !). Tous les chercheurs sont à leurs paillasses, en train
de travailler, certains encore la bouche pleine ou un café posé à côté d’eux. Steph va nous
chercher 2 expressos pendant que j’interroge ces messieurs-dames et le chef du laboratoire
sur les derniers résultats. Je suis heureuse d’apprendre que la mise au point de l’antidote
avance à grands pas et devrait être prêt d’ici quelques jours. Il faudra encore le tester avant
d’être sûrs de son efficacité totale, mais c’est déjà pour moi, une excellente nouvelle. Steph
me tend mon gobelet de café et je lui annonce la nouvelle qui le met également en joie.
- Nous allons peut-être enfin pouvoir faire obstruction aux désirs de « Neverland », me dit-il
en hochant la tête !
- Oui, lui dis-je et nous allons aussi, dés demain, parler à la jeune Élise de la possibilité que
son problème mécanique ait été prémédité par ses « amis » terroristes.
Je téléphone donc aussitôt à Brest pour demander une nouvelle autorisation d’interroger la
suspecte Charcot Élise. J’aurai la réponse et l’heure du RDV demain dans la matinée. En
attendant, nous faisons une virée en ville, à la nuit tombante… Il règne un froid peu habituel
dans cette région et je m’emmitoufle dans mon manteau fourré. Il y a de la lumière à la
mairie et nous y surprenons Monsieur le Maire, assis à son bureau et penché sur ses
registres.
- Bonsoir, nous dit-il avec un bon sourire, je me suis remis au travail, puisque je suis guéri et
j’essaie d’établir la liste des disparus et celle des survivants. J’espère ainsi, à ma façon,
pouvoir vous aider dans votre enquête. Mais une chose est sûre : finis pour moi les bains de
mer en hiver !!!
- Merci de votre aide Monsieur le Maire, lui dis-je en lui serrant la main, celle-ci vous honore
car nous n’avons pas encore levé le blocus de la ville. Malgré tout, nous avons dû détourner
un car scolaire vers Saint-Pol. Il avait réussi à passer les barrages routiers, comment nous
ne le savons pas encore.
Je prends le temps de regarder la liste, déjà longue des disparus, penchée au-dessus de
l’épaule de monsieur le Maire, avant de me redresser avec un long soupir : que de
personnes disparues pour le plaisir de gens sanguinaires et sans scrupule !
Ensuite, nous nous dirigeons vers l’embarcadère et nous restons un instant à contempler la
mer, très claire, instrument innocent de la haine humaine. J’aimerais tant plonger ma main
dans l’eau et sentir sa fraîcheur sur ma peau, mais je sais que cela serait bien trop risqué !
Cependant, Steph me fait remarquer les goélands, qui plongent dans les eaux salées et en
ressortent parfois avec un poisson dans le bec.
- Il semblerait, me dit-il, que l’épidémie soit finie, sans doute la bactérie n’est-elle pas faite
pour survivre longtemps dans l’eau !
- Oui, lui réponds-je et il faut immédiatement en avertir le CNRS, cela pourrait aider nos amis
chercheurs dans leur travail.
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Nous y retournons donc une fois de plus pour annoncer la bonne nouvelle, qui est accueillie
par des applaudissements. La ville semble renaître de ses cendres et l’espoir brille dans les
yeux de tous.
Steph et moi commençons à ressentir la fatigue de cette longue journée et sommes heureux
de retrouver John en sortant. Il nous ramène à notre hôtel, où nous nous empressons de
prendre une douche chaude. J’‘entends Steph siffloter de l’autre côté du mur. John,
conscient de notre fatigue est allé nous chercher de quoi dîner et après avoir, comme à
l’accoutumée, rédigé et crypté mon rapport, je me plonge avec délice dans les draps blancs
et parfumés. Ma dernière pensée est pour Steph, qui doit lui aussi s’être mis au lit après
toutes ces péripéties.
11
Le lendemain matin, nous sommes à pied d’œuvre de bonne heure, sachant que nous
devons retourner à Brest l’après-midi. Quelques personnes, habitant la petite ville, ont
commencé à réintégrer leur domicile, et c’est ainsi que nous croisons le chemin d’une jeune
femme vêtue d’un jogging et qui semble bien déroutée par le silence sépulcral de la ville. Elle
s’approche de notre petit groupe et nous demande si nous ne saurions pas, par hasard où
pourrait être son amie Élise. Aussitôt, je demande, l’air intéressé :
- Élise ? Élise Charcot ?
- Oui, me répond-elle, nous nous sommes connues alors que j’allais à la piscine de l’Institut
et avons sympathisé. Elle m’a dit être venue pour le travail, mais semblait plutôt embêtée.
D’ailleurs, lorsque je lui ai demandé ce qu’elle faisait comme métier, elle a éludé la question.
- Sachez, Mademoiselle, que votre « amie » figure parmi les suspects ayant engendré cette
calamité. Je dois retourner l’interroger dans l’après-midi à Brest !
- Comme j’aimerais vous y accompagner, me dit-elle du tac au tac avec un sourire
mélancolique. Élise est une jeune femme merveilleuse, qui mérite mieux que cette espèce
de secte dont elle a essayé de me parler.
- Tiens, tiens, lui dis-je en dressant l’oreille, et que vous en a-t’elle dit ? Suivez nous, nous
allons prendre votre déposition dans notre bureau de la mairie.
Nous apprenons, grâce à Sophie, un certain nombre de choses concernant « Neverland »,
renseignements que je note scrupuleusement, sur un calepin blanc. Ces connaissances me
seront précieuses durant le nouvel interrogatoire.
Après quoi, je me rends auprès de monsieur le Maire, pour savoir où il en est dans son
recensement. Il va avoir un certain nombre de familles à prévenir de la perte de proches et
aussi remettre sur pied les activités de la ville, stoppées par la bactérie. Je lui donne
quelques conseils, tout comme Steph, le spécialiste de la gestion des populations en temps
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de crise. Soudain, mon téléphone sonne, il s’agit de Fred qui m’annonce avoir trouvé au pied
de l’embarcadère une seconde bombe à retardement bourrée de bactéries.
- J’arrive, lui dis-je, ne touche à rien, je passe chercher mon matos et Steph appelle les
démineurs pour qu’ils viennent désamorcer l’engin. Cela veut dire que « Neverland » a
toujours quelqu’un dans la place et sait qu’Élise est toujours en vie. Je vais aussi donner des
ordres afin qu’elle soit surveillée et protégée jusqu’à nouvel avis.
- Voilà, j’ai prévenu les démineurs, Cindy, ils seront sur place très rapidement, mais en
attendant, il faut boucler le périmètre et empêcher quiconque de s’approcher. Nos amis
gendarmes vont s’en charger, je leur ai aussi passé un coup de fil.
- Merci Steph, tu es un partenaire précieux, lui dis-je avec mon plus chaleureux sourire .
Nous nous rendons donc à l’estacade, où la gendarmerie a déjà mis en place un barrage
pour empêcher les curieux d’approcher. Nous avons eu de la chance de découvrir cette
bombe avant la marée haute qui l’aurait complètement recouverte. Cinq minutes après
arrivent les démineurs qui décrochent l’engin de son support et le ramènent sur le bitume.
- C’est une bombe à retardement, nous apprennent-ils, mais il semblerait que son système
d’horlogerie ait été légèrement abîmé par l’humidité. Elle aurait dû exploser à marée haute,
mais le système n’a pas fonctionné correctement. Nous avons eu beaucoup de chance !!!
- Très bien, dit John en se tournant vers les policiers et les gendarmes, je veux une liste de
toutes les personnes se trouvant à Roscoff depuis 24 H. Cela prendra du temps, mais nous
devons tous les interroger. Au boulot, et que ça saute !!!
John s’éloigne derrière ses hommes, tandis que Fred nous rejoint, un peu pâlot après sa
découverte… Steph lui pose la main sur l’épaule et lui sourit.
- Tu es un rudement bon policier, lui dit-il, tu as un flair, du tonnerre… de Brest !
En fendant la foule massée derrière le barrage de gendarmerie, j’aperçois Sophie, et lui fais
signe de nous rejoindre. Une idée a germé dans ma tête, celle de lui demander de nous
accompagner jusqu’à Brest afin de voir son amie. A cette proposition, elle semble ravie et
accepte avec enthousiasme de venir avec nous.
Comme il va bientôt être midi, nous allons sur le grand parking attendre l’hélico qui ne
devrait pas tarder. Fred est lui aussi du voyage, avec Sophie qui ne tarit pas d’éloges sur sa
nouvelle amie Élise.
Bientôt nous nous retrouvons tous à Brest, et comme nous apprécions vraiment cet endroit,
décidons d’aller une nouvelle fois manger à la « Tarte Citron » rue de Siam. Sophie connaît
déjà et nous confie qu’elle aime beaucoup cette chaîne de restauration pour son rapport
qualité/prix. Après avoir copieusement déjeuné, nous nous rendons au commissariat où
nous attend Élise toujours en garde à vue. A la vue de Sophie, entre Steph et Fred, elle
pousse un petit cri en appelant son amie.
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- Sophie, mais que fais-tu là, que t’ont-ils fait, pas du mal j’espère !
Sophie s’approche d’elle et passe sa main entre les barreaux pour lui toucher la joue.
- Ne t’inquiètes pas, tout va bien, je suis venue pour te voir et te rassurer sur mon sort.
Madame Cindy m’a proposé de l’accompagner et tu penses bien que je n’ai pas refusé cette
aubaine. Mais j’ai promis que tu nous dirais tout ce que tu sais sur « Neverland ». En plus, ils
ont remis une nouvelle bombe à Roscoff, heureusement qu’on l’a retrouvée avant qu’elle ne
fasse des dégâts ! Je t’ai toujours dit que cette secte ne me paraissait pas bien catholique
avec ses drôles de façons de faire. Je t’en supplie, Élise, aides-nous, sinon beaucoup
d’autres innocents risquent de mourir.
Nous faisons sortir Élise de sa cellule et la conduisons en salle d’interrogatoire. Sophie va
nous attendre dehors en sirotant un café au distributeur du poste de police, pendant que
nous menons l’interrogatoire. Élise, vidée par ses 48 H de garde à vue, son interrogatoire
sous sérum de vérité et la bonne surprise de retrouver son amie saine et sauve, se prête de
bonne grâce au jeu de questions et nous donne le maximum de renseignements dont elle
dispose. C’est une jeune femme intelligente, donc les déductions développées à partir de
quelques bribes de discussion me semblent parfaitement pertinentes.
Nous apprenons grâce à elle qu’il doit exister une filiale de la secte à Paris prés du
Trocadéro, et que certainement, il doit y avoir parmi les membres quelqu’un de Roscoff, qui
aurait proposé sa ville pour tenter l’expérience. Cela doit être cette personne qui a ramené la
nouvelle bombe jusqu’à destination et il est important de la découvrir au plus vite !
Je faxe le nouveau rapport à John, remercie Élise pour sa coopération, mais nous décidons
de la garder encore au commissariat afin qu’elle reste sous protection policière.
L’hélico de la police redécolle encore une fois pour nous ramener à Roscoff où nous quittons
Sophie, très heureuse d’avoir pu nous rendre service et revoir son amie. Pour notre part,
nous reprenons la voiture pour rentrer sur Saint-Pol. Après une douche bien chaude, je sors
de mon sac la petite robe en laine noire que j’ai récupérée chez moi, j’enfile une paire de
bottes et je vais frapper à la porte de Steph pour l’inviter à dîner. Il reste bouche bée devant
moi, puis son sourire se fait enjôleur et il m’invite à entrer dans sa chambre le temps qu’il
finisse de se préparer. Je m’assieds sur le bord du lit, un peu gênée de partager ainsi son
intimité, mais ne peux m’empêcher d’admirer sa silhouette sportive et musclée. Nous allons
dîner en tête-à-tête, laissant encore une fois John devant ses sandwichs, puis c’est main
dans la main que nous faisons un petit tour du centre ville et de ses vitrines avant de rentrer
à l’hôtel et d’aller dormir. Sur le pas de ma porte, Steph me prend dans ses bras et nous
échangeons un long baiser langoureux avant de nous séparer, non sans difficulté, car nous
nous sentons de plus en plus attirés l’un vers l’autre.
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Nous retrouvons John au petit déjeuner, qui nous tient au courant, tout en buvant son café,
des débuts de la nouvelle enquête. Il est très difficile de recenser toutes les personnes
présentes la veille à Roscoff, car il faut visiter toutes les maisons.
- Mais, dit Steph, pourquoi ne pas demander à chacun de venir se présenter à la mairie, cela
serait sans doute plus rapide !
- Oui répond John, mais comment savoir si quelqu’un ne va pas oublier de venir se
présenter ?
- Vous aurez aujourd’hui la liste des personnes encore vivantes habitant Roscoff, il suffira de
cocher celles qui se présentent et d’interroger tout le monde, puis d’aller quérir les
manquants à l’appel.
- C’est juste, réfléchit John, idée acceptée, merci Steph !
En route pour la cité corsaire où nous attend pas mal de travail aujourd’hui encore ! John se
dirige directement vers la mairie, alors que Steph et moi allons, comme à notre habitude au
CNRS. Fred n’est pas encore arrivé, il appellera sans doute pour savoir où nous sommes.
Au CNRS, c’est l’effervescence, ils ont récupéré la nouvelle bombe désamorcée et travaillent
de pied ferme sur ce nouvel échantillon de bactéries fraîches. Ils testent différents produits
susceptibles de venir rapidement à bout de « Océan Blue » et ne désespèrent pas de lui
trouver un ennemi mortel parmi la flore aquatique ou terrestre, voir parmi tous les éléments
naturels ou synthétiques en notre possession. L’un des chercheurs travaille d’ailleurs
actuellement sur les échantillons sanguins et gastriques du pilote de Landivisiau, car il est
persuadé que là est la solution. Les travaux avancent bien et les chercheurs sont
enthousiastes, cela fait plaisir à voir.
Fred nous appelle alors sur mon téléphone pour nous expliquer qu’il a été pris en otage,
alors qu’il s’apprêtait à nous rejoindre. La communication coupe immédiatement, puis je
reçois un autre appel m’intimant l’ordre de quitter Roscoff avec toute mon équipe sous peine
de voir disparaître mon coéquipier. Nous allons immédiatement rejoindre John à la mairie
pour le tenir au courant de ce dernier rebondissement de notre enquête. Il secoue la tête en
serrant les dents, se penche vers moi et me murmure :
- Je me demande de plus en plus s’il n’y aurait pas dans la secte quelqu’un de la police
locale. Ils en savent trop et rien n’est divulgué par les journaux, qu’ils soient locaux ou
nationaux.
Je fronce les sourcils à cette évocation, mais me dit qu’elle semble fondée et qu’il va nous
falloir redoubler de prudence. John va se charger d’essayer de savoir, grâce à l’appel des
terroristes, où se trouve Fred actuellement. Puis, nous nous rendons auprès de monsieur le
Maire pour prendre en sa compagnie une décision sur la suite de notre enquête. Pour
protéger Fred, il nous faut quitter la ville, mais peut-être grâce à l’aide de la municipalité et
des chercheurs pouvons nous continuer à tout diriger en restant à Saint-Pol. Et de plus, sous
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couvert d’exercices militaires l’aéronavale va pouvoir nous fournir de précieuses
informations.
John, Steph et moi nous rendons ostensiblement sur le parking où est garée la voiture en
saluant le plus de monde possible sur notre passage, afin de bien laisser croire que nous
capitulons. Dans le ciel roscovite, déjà deux Mirage 2000C armés, dont nous reconnaissons
le fuselage étincelant au soleil, ont investi le ciel de Roscoff et ont bien l’intention de faire
montre de leur présence et de leur force.
Un peu rassurés, nous quittons la petite ville de caractère, la mort dans l’âme en pensant à
Fred, notre ami, séquestré pour avoir voulu nous aider. Arrivés à l’hôtel, je m’enferme dans
ma chambre pour rédiger de suite un rapport circonstancié à mes chefs. Je vais attendre
leurs ordres avant de bouger. En attendant, n’ayant pas le cœur à rester seule, je vais
frapper à la porte de Steph, qui m’ouvre derechef. J’ai la surprise de trouver John déjà
installé sur l’unique chaise de la chambre, l’air soucieux, et Steph retourne s’asseoir sur le
bord du lit pour regarder sans l’écouter la télévision qu’il a allumée sans le son.
Nous décidons de faire de la chambre de Steph notre nouveau QG, en attendant de pouvoir
réinvestir la ville. Et nous nous mettons de suite au travail ; passant coups de fils sur coups
de fils, à nos supérieurs et autres indicateurs ; à monsieur le Maire et à la base de
Landivisiau, qui accueille les 2000. A midi, nous allons déjeuner dans un petit snack pas loin
de l’hôtel, puis nous faisons une petite promenade dans les rues, à l’affût des conversations,
car les habitants commencent à s’étonner du blocus de Roscoff.
Puis nous rentrons à l’hôtel, et je me rends dans ma chambre, pour trouver sur mon pc
portable un message de ma direction. Le RAID a été appelé en renfort, ainsi qu’un Mirage
2000D de la base de Nancy. La localisation de l’appel de Fred est terminée et ce dernier
appareil est chargé de survoler la zone à basse altitude, voire très basse ! L’après-midi
passe en recherche sur le web, et en appels.
Pendant ce temps à Roscoff, l’équipe de monsieur le Maire continue le recensement, qui se
fait non sans mal. Sophie, de’ son côté, s’est portée volontaire pour les aider, et parcourt la
ville à la recherche de personnes qui ne se seraient pas présentées. Elle croise un policier
municipal et s’étonne de le trouver là alors que tous sont à la mairie. Discrètement ; elle le
photographie avec son téléphone portable avant de s’en retourner à la mairie munie de son
butin. Tandis que dans le ciel, le Mirage, avec son pod camera, mitraille les rues peu
fréquentées de la petite ville et obtient quelques clichés intéressants.
A la mairie, nul ne reconnait l’homme photographié par Sophie, et son portrait est envoyé
immédiatement au service d’identification de la police nationale. Enfin un indice ?
De mon côté, je reçois sur mon portable la copie de la photo du suspect. C’est la tête pleine
d’espoir, que je m’endors ce soir-là après une pensée émue pour Fred, muré dans sa
solitude.
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Dés la nuit tombée, le RAID prend position autour du lieu où est retenu Fred. L’assaut sera
donné à six heures du matin… la nuit passe lentement à surveiller les alentours et les va-et-
vient. A l’heure dite, le RAID s’élance, et c’est sans coup férir qu’il délivre Fred qui les
accueille avec un évident plaisir et beaucoup de soulagement. Les terroristes ont tenté de
s’enfuir par une sortie dérobée, mais des cordons de sécurité avaient été mis en place et
tous furent capturés avant d’être emmenés pour un interrogatoire musclé.
Alors que je sors de la douche, mon téléphone sonne et j’ai la joie d’entendre la voix de
Fred, qui me souhaite une bonne journée. Il semble fatigué et va prendre quelques jours
pour se reposer et se remettre de ses émotions. Ce sont les pompiers qui le prennent en
charge et vont dans un premier temps l’emmener faire un bilan à l’hôpital militaire Clermont-
Tonnerre de Brest. Je ne prends même pas le temps de m’habiller, et c’est en peignoir et les
cheveux encore humides que je frappe à la porte de Steph pour lui annoncer la bonne
nouvelle. Il m’ouvre, en jean et torse nu et m’invite à entrer d’un geste du menton. Je me
jette dans ses bras pour lui apprendre que Fred a été libéré, sain et sauf, aux aurores et que
nous pouvons donc reprendre notre enquête. Je file m’habiller et nous nous retrouvons pour
prendre un copieux petit-déjeuner, la libération de notre ami semblant avoir aiguisé notre
appétit.
A Roscoff, nous passons en premier lieu au CNRS où la nouvelle de la libération de Fred
soulève des bravos inattendus. Puis on m’annonce solennellement être sur la voie d’un
antidote contre la bactérie « Ocean Blue », antidote qui sera mis au point grâce aux analyses
du pilote de chasse. Je me félicite de cette nouvelle réussite qui va damner le pion à nos
terroristes, qui se croyaient invincible, mais en même temps, je me rappelle les doutes de
John et demande à tout le monde de garder le secret tant que je ne saurai pas qui est la
taupe dans notre équipe élargie. Puis Steph et moi gagnons la mairie où nous attend
monsieur le Maire avec son équipe d’investigation. Ils ont bien progressé et sont satisfait du
travail accompli, mais ne savent toujours pas qui est l’individu photographié par Sophie.
Je téléphone donc aux RG afin de savoir s’ils ont pu glaner des renseignements concernant
notre inconnu. Je leur donne le numéro de téléphone fax de la mairie afin qu’ils me fassent
parvenir le dossier qu’ils ont monté sur notre suspect. Notre affaire avance à grand pas,
même s’il reste de grandes zones d’ombre, mais je ne désespère plus d’en venir à bout. En
attendant le fax des RG, Steph et moi prenons un petit café, en contemplant la salle des
mariages avec sa vaste cheminée et son escalier à vis. Une secrétaire vient nous prévenir
que le fax tant attendu est enfin arrivé et nous remontons dans le bureau du Maire. Il me
tend la liasse de papiers que je parcours du regard avant de la passer à Steph, qui la lit à
son tour. Comme moi, ce qu’il apprend de Nicolas Flamel l’étonne et le laisse perplexe. Cet
homme est un chercheur qui travaille pour différentes agences de lutte contre le terrorisme
et pourtant, il est déclaré « perdu » pour les services français depuis quelques mois. Alors
que fait-il à Roscoff ?
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Nous décidons, avec l’aide unique des personnes sûres de traquer et de retrouver notre
agent rebelle dans la ville avant qu’il ne nous échappe complètement. Trop de questions se
bousculent dans ma tête à son sujet… et je veux des réponses ! Après avoir enregistré mon
numéro de portable, tout le monde se disperse aux quatre coins de la ville. Steph est resté
avec moi et nous arpentons les rues du centre ville en scrutant discrètement les visages.
- Que penses-tu de ce nouveau rebondissement ? Si les RG sont dans le coup, cette affaire
doit être rudement importante ! Dis-je à mon compagnon, qui pour que notre promenade
paraisse moins suspecte, m’a prise par la main.
- Tu as parfaitement raison, me dit-il, et cela éclaire d’un jour nouveau la présence d’une
taupe dans notre équipe. J’ai l’impression que nous sommes tombés sur une grosse affaire :
guerre bactériologique, terrorisme, secte et embrigadement, ils n’y vont pas de main morte, à
« Neverland ».
Soudain, je lui serre la main très fort, je viens de reconnaître notre individu sortant de
l’épicerie un sac de plastique rose à la main. Steph et moi n’avons besoin que d’un regard
pour nous séparer et passer chacun d’un côté du suspect. Avec un synchronisme parfait,
nous l’attrapons par le bras et Steph lui enfonce son arme dans les côtes pour bien lui
montrer que nous ne plaisantons pas. L’homme se débat violemment, m’envoyant un coup
de coude qui me plie en deux, mais Steph ne lâche pas sa prise et d’une violente poussée le
fait tomber au sol. Pendant qu’il le maintient dans cette position, un genou dans son dos et
l’arme dans son cou, j’appelle John et la gendarmerie afin qu’ils viennent récupérer notre
gibier.
Nicolas Flamel ne daigne pas décrocher un mot et reste prostré au sol jusqu’à l’arrivée des
gendarmes. Ceux-ci le relèvent sans ménagement et toujours menotté l’obligent à monter
dans leur voiture. Je m’interroge sur le lieu où ils vont l’emmener : le poste de police
municipale de Roscoff, la gendarmerie de Saint-Pol ou directement à Brest ? Si c’est le cas,
il nous faudra de nouveau un hélico pour nous y rendre. Mais finalement, c’est à Saint-Pol-
de-Léon que notre individu est emmené, sans toutefois avoir dit le moindre mot.
Nous nous empressons de reprendre notre voiture et de filer sur Saint-Pol et sa
gendarmerie. Lorsque nous arrivons, John est déjà là, Flamel menotté en face de lui et les
deux hommes s’observent dans un silence de mort. Aucun d’eux ne parle ni ne tressaille et
les deux visages qui se scrutent sont aussi impassibles l’un que l’autre. Nous venons sans
bruit nous placer derrière John et je rive mon regard sur l’être en face de moi. Il est grand et
musclé, style prof de sport, mais ses petits yeux sont durs comme de l’acier et son visage
semble n’avoir jamais connu la joie d’un sourire. John se penche alors vers lui, met en route
le dictaphone numérique et pose sa première question.
- Quel est votre nom ? Que faisiez-vous à Roscoff, déguisé en policier municipal ? Pourquoi
ne vous êtes-vous pas présenté à vos supérieurs afin de les rassurer sur votre compte ?
Connaissez-vous « Neverland » ? Avez-vous entendu parler du blocus de Roscoff et qui
vous a mis au courant ? Répondez à mes questions, vous êtes toujours un agent français,
que je sache !
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Flamel se contente de lui décocher un sourire condescendant et de hocher la tête, comme si
tout cela n’avait aucune importance. Je sens Steph frémir d’impatience à mes côtés, le
mutisme de l’homme commençant fortement à l’irriter. En s’appuyant des deux mains sur la
table, il se penche en avant et lui dit en articulant exagérément :
- De gré ou de force, tu finiras par nous dire ce que nous voulons savoir, alors pas la peine
de jouer les héros pour des gens qui n’ont aucun respect pour la vie humaine. Le jour où ils
n’auront plus besoin de toi, je ne donnerai pas cher de ta peau.
- Mon petit, lui répond alors l’agent des RG, j’ai roulé ma bosse dans bien des pays et me
suis trouvé dans des situations pires que celle-ci, aussi tes menaces ne me font-elles pas
peur. Je fais mon travail sans m’inquiéter des conséquences, j‘ai une mission à mener à
bien, et elle seule compte pour moi actuellement. Vous pouvez croire et penser ce que vous
voudrez, je n’ai plus rien à ajouter.
Il pose ses coudes sur la table et appuie son front sur ses mains jointes. Les yeux fermés, il
semble absent de cette pièce comme s’il n’y avait jamais mis les pieds. Malgré toute la
persuasion de John et de Steph, plus aucun mot ne sort désormais de sa bouche. Nous
appelons les gendarmes qui viennent rechercher Flamel et l’emmener en cellule. Il nous
décoche un regard moqueur en franchissant la porte.
Je m’installe au bureau et je prends mon portable pour appeler le service des RG ; Il est
grand temps de leur annoncer la nouvelle de la capture de leur agent en vadrouille. Je
repose le téléphone devant moi et annonce à mes amis que nous partirons dés le lendemain
matin à Paris, au siège des RG pour y accompagner l’agent fugueur. Départ de Saint-Pol à 7
heures ! Et il se peut que nous ayons à rester la journée sur la capitale.
Nous remercions les gendarmes de leur hospitalité en dégustant le café que l’on nous a
proposé, puis nous nous interrogeons sur l’utilité de repartir à Roscoff. Finalement, nous
décidons, une fois n’est pas coutume, de nous accorder un après-midi de détente et je fais
du shopping dans une petit librairie-salon de thé où je paie un excellent chocolat chaud à
mes deux amis. C’est les bras chargés de fournitures et de quelques cadeaux que nous
rejoignons notre hôtel en fin de journée pour une nuit réparatrice avant un nouveau jour qui
nous réservera sans doute encore pas mal de surprises. Nous dinons de sandwiches et
boissons fraîches dans notre « QG », puis soucieux d’être en forme pour le lendemain, nous
prenons congé les uns des autres pour aller nous coucher. Sur le seuil de ma porte, Steph
échange encore avec moi un dernier baiser passionné avant de me quitter, non sans
difficulté.
14
Il est 6H du matin lorsque sonne mon téléphone portable, c’est un réveil pratique en voyage !
Je me lève en baillant avant de filer sous la douche. La salle du petit déjeuner n’ouvre pas
avant 7H30 aussi partirons nous l’estomac vide, j’espère que le pilote de l’hélico aura pensé
à nous. L’appareil doit atterrir à 7H pile sur le parking de la cathédrale où nous l’attendrons.
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John, Steph et moi nous retrouvons dans le hall de l’hôtel et nous rendons tous ensemble
vers la place de la cathédrale. En chemin, nous découvrons un bar-tabac ouvert où nous
commandons 3 petits-déjeuners. Nous déboulons sur le parking de la cathédrale au moment
où arrive notre appareil. Il se pose, laissant tourner ses pales au ralenti, le temps que nous
embarquions, puis nous redécollons afin de rejoindre l’hélicoptère de la gendarmerie avec
Flamel à son bord pour l’escorter jusqu’à Paris.
Le voyage se passe sans encombre et nous nous posons aux environs de midi devant le
bâtiment des RG où nous sommes attendus. Flamel est descendu sans ménagement de son
hélico et, encadré par 2 gendarmes, conduit en même temps que nous dans le grand
bâtiment de verre et d’acier. Menottes aux poignets et avec sa barbe naissante, il a quelque
chose de sauvage que ne dément pas son regard froid de prédateur.
Nous sommes conduits, par une secrétaire en treillis jusqu’au bureau du chef du
département des RG qui nous accueille avec une chaleureuse poignée de main et un regard
froid pour son agent. Celui-ci est assis sur une chaise métallique tandis que nous prenons
place dans de confortables fauteuils. On amène le matériel pour un interrogatoire sous
sérum de vérité et le médecin administre à Flamel la 1ère dose. C’est son chef en personne
qui lui pose les premières questions qui vont servir à étalonner la machine.
- Quel est votre nom de code ?
- Coleshaw ! L’aiguille s’affole sur le papier et nous savons alors que ce n’est pas son vrai
nom de code.
- Dites-nous la vérité, je la connais très bien, mais je veux que vous en fassiez part à ces
officiers ici présents.
- Je suis Le Docteur, et soudain une alarme jaillit de l’appareil, nous avertissant que le cœur
de l’homme interrogé s’est mis à fibriller. Steph se lève immédiatement de son fauteuil pour
donner un coup de main au médecin qui a sorti déjà le défibrillateur de son étui. Le cœur
repart au 2e essai, mais il n’est plus question d’interrogatoire pour le moment et l’agent des
RG est emmené en urgence à l’hôpital ; où il restera sous bonne garde, malgré son coma
actuel.
Notre présence à Paris n’étant plus nécessaire, nous reprenons l’hélicoptère qui nous
attendait pour retourner en Bretagne Nord, dans le Finistère. Il est 18H lorsque le pilote
nous dépose à Roscoff avec l’impression désagréable d’avoir perdu notre journée. Mon
téléphone portable vibre dans ma poche et je m’empresse de décrocher pour apprendre le
décès de Nicolas Flamel dont le cœur n’a pas résisté à un second arrêt cardiaque.
J’apprends la nouvelle à mes amis, qui poussent un soupir de découragement devant cette
nouvelle adversité.
- Bon, dis-je, allons donc faire un tour dans la ville, nous passerons à la police municipale
pour voir s’il y a quelqu’un susceptible de nous ramener plus tard à notre hôtel.
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Je vois le visage fatigué de John qui regarde le clocher de l’église N.D. de Croas-Batz, je le
sens tendu et dégoutté de cette enquête et de ce dernier échec.
- Désolé, finit-il par dire entre ses dents, je vais arrêter là notre association et vous laisser
continuer l’enquête tous seuls, de toute façon, vous n’avez pas besoin de moi, Steph et toi,
je m’en suis bien aperçu, va ! Fred va bien, il reprend du service demain et finira de traiter
cette affaire avec vous ; moi je rentre au bercail, marre de la Bretagne !
Steph et moi nous regardons ; je lis dans le regard de celui-ci qu’il semblait se douter de la
décision de notre ami policier et n’en est pas étonné. Je crois que j’aurais à lui parler ce soir,
il y a des choses qui m’échappent… Je serre la main de John, il va me manquer, je m’étais
habituée à sa présence discrète mais efficace à mes côtés. La poignée de main qu’il
échange avec Steph est plus froide et plus cérémoniale.
John s’éloigne seul dans la rue Gambetta en direction du bâtiment de la police municipale,
sans doute a-t-il prévenu sans m’en tenir au courant de sa décision de quitter l’enquête. J’ai
envie de le rattraper, de lui demander de rester avec nous, mais Steph me retient par le bras
et me dit :
- Laisse, c’est sa décision, c’est un pur Parisien et il m’a dit que la capitale lui manquait, ainsi
que sa famille. Fred se fera un plaisir de nous aider, il est certainement encore plus motivé
depuis son enlèvement.
Je me contente de hocher la tête et laisse partir John, la mort dans l’âme. Mon pompier
préféré, m’entraîne vers l’embarcadère, une petite promenade iodée nous fera le plus grand
bien. Nous empruntons l’estacade et contemplons la mer dans toute sa splendeur nocturne,
lorsqu’une odeur putride atteint nos narines. Je fronce le nez, Steph sort sa torche et scrute
la mer alentour. Nous découvrons de grosses bulles verdâtres qui viennent crever la surface
de l’eau à quelques mètres de nous, lieu d’où semble émaner l’odeur qui nous incommode.
J’attrape aussitôt mon portable pour appeler les gendarmes afin de demander une équipe de
plongeurs pour aller voir sur place de quoi il retourne. Puis j’appelle la police municipale, il
faut une fois de plus barrer l’accès à l’embarcadère. John viendra-t-il ?
Bientôt l’équipe requise est à pied d’œuvre et remonte à la surface une ogive dont la tête
entrouverte laisse échapper un liquide nauséabond. Voilà donc le responsable de cette
mauvaise odeur ! Tout à coup, je sens une main sur mon épaule, je tressaille et me retourne
pour découvrir John en face de moi.
- Je ne peux pas vous laisser seule, ce serait de la lâcheté, me dit-il en baissant la tête.
Pardonnez-moi mon esclandre de tout à l’heure et reprenons cette enquête !
Je hoche la tête et lui souris avec affection ; je ne peux m’empêcher de lui plaquer un gros
baiser sur la joue, ce qui fait naître un sourire sur son visage. Steph, quant à lui, nous rejoint
à grandes enjambées et serre à nouveau la main de son collègue, mais bien plus
chaleureusement cette fois-ci.
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Soudain, nous levons la tête ; un avion passe au-dessus de nous. Nous sommes mercredi,
en principe il ne devrait pas y avoir de vol de nuit ! J’appelle la base de Landivisiau qui me
confirme qu’elle n’a fait décoller aucun appareil. John pousse un cri de rage et me désigne
quelque chose qui vient d’être éjecté par l’appareil au-dessus de la mer. Il faut intercepter
l’avion ! Au travail, Landivisiau ! Pendant ce temps-là, les plongeurs se sont rendus sur le
lieu d’impact pour récupérer l’engin.
« Neverland » me semble une entité de plus en plus puissante et cela n’est pas pour me
plaire. Heureusement, les 2 Rafale de Landi passent alors dans le ciel à pleine vitesse, à la
poursuite de notre avion terroriste. On se sent tout de suite rassuré en entendant ces
appareils rugir de force et de puissance dans la nuit bretonne. Les deux engins sont
désamorcés rapidement, puis emmenés au CNRS dans des caissons étanches. Steph baille
à mes côtés, lui aussi est fatigué. De toute façon, nous ne pouvons rien faire de plus ce soir,
alors autant rentrer à notre hôtel et dormir tout notre soûl ! John se met au volant, tandis que
Steph et moi passons à l’arrière de notre voiture. Je laisse ma tête tomber sur l’épaule de
mon ami qui passe son bras autour de mes épaules. J’ai droit à un clin d’œil de John dans le
rétroviseur. Brusquement, John freine, une silhouette se découpe devant nous dans la
lumière des phares. John pose sa main sur son arme et entrouvre sa vitre. La silhouette
s’approche et nous reconnaissons alors Sophie, blême et les larmes aux yeux. Elle tend à
John un papier qu’elle serrait dans sa main : il s’agit d’une menace de mort à son encontre. Il
n’est plus question de laisser la jeune femme seule à Roscoff et nous lui faisons signe de
monter à l’avant à côté de John.
A notre hôtel, il n’y a plus de chambre libre, mais John, galamment lui propose, en tout bien
tout honneur de partager sa chambre, ce que Sophie accepte avec un petit sourire qui en dit
long sur ce qu’elle pense de notre ami. Je laisse nos deux amis à la porte de leur chambre et
retrouve Steph devant la mienne. Il semble intimidé, mais j’en profite pour lui dire que j’ai à
lui parler et l’entraîner dans ma chambre. Finalement, notre conversation se finira au creux
de mon lit, mais chut, je ne vous en dirai pas plus !
15
Le lendemain matin, nous nous retrouvons tous les 4 au petit-déjeuner. Sophie a décidé de
mener l’enquête avec nous. Je lui rappelle que cela peut être dangereux, mais elle me
rétorque que de toute façon, dangereux pour dangereux, elle préfère encore nous aider que
rester toute seule à l’hôtel à se morfondre.
- Alors, direction Roscoff, dis-je à ma petite troupe après avoir avalé ma dernière goutte de
café.
Un quart d’heure après, nous sommes tous réunis dans le bureau du maire, qui me tend un
fax de Landivisiau : le pilote de l’appareil inconnu s’est rendu et se trouve actuellement en
garde à vue sur la base aéronavale. Je prends rendez-vous avec le commandant de la base,
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afin de pouvoir interroger l’homme avant qu’il ne soit incarcéré. Il semblerait que celui-ci soit
prêt à nous livrer tout ce qu’il sait !
En attendant, nous épluchons la liste des habitants de Roscoff qui se sont présentés dans la
petite mairie dans l’objectif de se faire recenser. La secrétaire de mairie a souligné au feutre
rouge les personnes qui ne sont pas encore venues et nous décidons d’aller à leur
rencontre. Munis de la liste et d’un plan de Roscoff, aidés par Sophie qui connaît très bien la
ville, nous parcourons les rues à la recherche des noms inscrits. Plusieurs personnes sont
des gens âgés et effrayés par toute cette affaire, qu’ils ne comprennent pas. Nous essayons
de les rassurer du mieux que nous pouvons et promettons de revenir les voir. Prochaine
adresse : 22, rue de l’ancre de marine ! Il s’agit d’un certain Mr De Honnecourt, Roger,
médecin généraliste à Roscoff, nouvel arrivant car n’exerçant son art dans cette ville que
depuis un an.
Le cabinet est fermé et nous faisons le tour de la maison dont tous les volets sont clos.
- Étrange, dit Steph, normalement il devrait être en consultation, mais son absence ne
semble pas gêner qui que ce soit.
- Il n’était pas encore très connu, dit Sophie, et ses manières bourrues ne plaisaient pas à
tout le monde.
Avec son passe, John nous ouvre la porte arrière de la maison que nous fouillons tous
ensemble. Nous faisons quand même quelques découvertes intéressantes : un journal
ouvert sur la table du salon parlant du blocus de la ville, un ordinateur portable abandonné
dans la chambre et que John s’empresse de récupérer et enfin, un croquis au crayon
ressemblant fort à l’ogive balancée à la mer. Ce Mr De Honnecourt me semble mystérieux et
plutôt louche, je vais donc devoir encore une fois faire appel à mes collègues du RG pour
avoir quelques renseignements le concernant. Sophie, qui fouille la bibliothèque, revient
avec une clé USB et une photo.
- Cela doit être lui sur la photo et j’ai trouvé cette clé cachée derrière une pile de livres de
médecine. J’ai pensé qu’elle pourrait peut-être nous livrer quelque chose d’intéressant
- Merci, Sophie, tu ferais une excellente enquêtrice, lui dit John en prenant la clé et en lui
souriant.
Steph, à son tour nous rejoint, il était parti fouiller le bureau. Il y a trouvé une photo d’avion
bombardier, parfait pour larguer les ogives à la mer. Au dos de celle-ci, un nom : Matthieu
Laloup. Et c’est justement le nom du pilote qui a été arraisonné dans la nuit par la Marine.
- Nous sommes sur la piste, dis-je, le regard brillant, cet homme n’est pas blanc comme
neige, il faut essayer de le retrouver. Serait-il encore à Roscoff ? Nous allons organiser une
battue pour tenter de le retrouver. Sus à l’ennemi !!!
Gendarmes, policiers municipaux et police nationale vont nous aider à quadriller la ville à la
recherche du médecin. Sa photo dupliquée a été remise à toutes les équipes et la battue
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peut commencer. Mon équipe est formée de mes 3 amis et de Fred qui vient d’arriver. Celui-
ci jette un œil au plan et nous entraîne en direction de Ste Barbe. Nous grimpons
allégrement vers la vénérable chapelle (protectrice des artificiers et des sapeurs-pompiers et
de tout métier ayant rapport avec le feu ou contre la foudre naturelle ou la foudre de guerre),
lorsque Fred nous désigne une petite ruelle bordée de vieilles maisons de pierre à moitié
délabrées.
- Il m’a semblé entendre un bruit presque imperceptible venant de cette ruelle, nous devrions
y aller voir !
Je demande à Sophie de faire le guet à l’entrée de l’impasse, pendant que nous y pénétrons.
Sur la pointe des pieds, les hommes et moi jetons un coup d’œil dans les vieilles demeures
pleines de toiles d’araignées et de poussière. Quelques rats et souris fuient à notre
approche, mais point de fugitif à l’horizon. Soudain, Steph pose un doigt sur ses lèvres et me
désigne une petite porte donnant sans doute sur une ancienne écurie. Sans faire de bruit, je
m’approche, tandis que mon ami pompier fait le tour par l’extérieur, l’arme à la main, afin de
bloquer la fuite de notre médecin. Je pousse la porte violemment d’un grand coup de pied,
en criant : « Police ! » Une silhouette surgie de l’ombre me bouscule, et se faufile derrière
moi. Malheureusement, il avait oublié Fred, qui m’ayant entendue se précipitait vers la
maison. Les 2 hommes se heurtent de plein fouet et s’écroulent sur le sol. Avant que le
docteur ait pu se relever, Fred le maîtrise et lui passe les menottes, aidé par John qui est
arrivé au pas de course.
Nous poussons sans ménagement l’homme devant nous et Sophie, qui avait gardé la radio,
appelle une voiture. Celle-ci emmène notre suspect à Saint-Pol, où nous rejoignons John qui
est resté avec lui. Je profite d’un ordinateur libre pour connecter la clé USB afin d’en lire son
contenu. Ce que j’y trouve me laisse sans voix et c’est d’un signe de la main que j’invite mes
amis à me rejoindre autour du pc.
- Regardez, il y a toute une liste de lieux de Roscoff, dont certains sont marqués d’une croix.
C’est là que nous avons trouvé les engins à bactérie.
- Et cette liste de noms à quoi correspond-elle, me demande Sophie penchée au dessus de
mon épaule. Tiens, il y a le nom d’Élise !
- Sacrebleu, jure Steph entre ses dents, je parie que c’est la liste des sympathisants de
« Neverland » pour la Bretagne.
- Fais un copier-coller de la liste, me dit Fred et nous l’enverrons aux RG afin qu’ils se
renseignent sur toutes ces personnes et mettent en place une discrète filature de celles qui
semblent le plus impliquées dans la secte.
- Ok, je te fais ça tout de suite, dis-je en copiant-collant le document Word dans l’ordinateur
de la police, puis en cliquant sur l’icône Imprimer.
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- Docteur, dis-je alors en me tournant vers le médecin, vous ne pouvez pas nier que vous
êtes partie prenante dans cette affaire ! Vous risquez gros, à moins que vous n’acceptiez de
nous dire tout ce que vous savez de « Neverland » et de ses desseins.
L’homme reste prostré sur sa chaise, puis il relève la tête et me regarde dans les yeux.
- Si je parle, je ne donne pas cher de ma peau, ils me tueront dés qu’ils le pourront. Ils
peuvent être très patients, vous savez !
- Ne vous inquiétez pas, lui rétorque John, vous serez protégé et bénéficierez d’une nouvelle
identité si nécessaire.
- J’étais chargé de centraliser les actes de terrorisme de nos différents agents, voilà pourquoi
j’avais cette liste en ma possession. J’ai senti trop tard, hélas, que le vent avait tourné et je
n’ai pas eu le temps de détruire ma clé avant que vous n’arriviez. Je’ l’ai cachée en espérant
que vous ne la trouveriez pas, mais peine perdue ! Je ne connais pas les membres des
autres secteurs, « Neverland » est bien compartimenté. Désolé de ne pouvoir vous en dire
plus. Mais je pourrais, si vous le voulez, vous en dire plus sur la fameuse bactérie.
Sophie apporte le dictaphone numérique, et le docteur se lance dans de savantes
explications qui seront fort utiles à nos chercheurs du CNRS. Après quoi, la gendarmerie de
Saint-Pol prend en charge le professionnel de santé, tandis que mon équipe et moi allons
nous restaurer avant de filer sur Landivisiau, où nous attend le pilote arraisonné.
Nous nous présentons à l’entrée principale où nous déclinons nos noms et professions. Un
planton nous tend nos badges provisoires et nous indique l’endroit où nous sommes
attendus. Le commandant de la base aéronavale nous reçoit fort courtoisement et nous
accompagne jusqu’à la cellule où se trouve Matthieu Laloup. Le pilote se lève à notre entrée
et nous tend la main. Je contemple ses traits tirés et fatigués, ses épaules basses et son air
las. Lui aussi, comme le docteur, nous livre toutes les informations dont il est en possession.
Il commence sérieusement à regretter son embrigadement dans cette secte trop portée sur
le meurtre.
A l’aide des nouveaux renseignements glanés aujourd’hui, je suis persuadée maintenant de
pouvoir venir à bout des plans de cette maudite « Neverland ». Nous reprenons la route vers
Saint-Pol et déposons Fred chez lui. Son épouse nous accueille sur le pas de la porte et
nous propose de dîner avec eux. Après un instant d’hésitation, nous finissons par accepter
sa proposition et nous passons une agréable soirée en famille devant un bon feu de
cheminée et une raclette réconfortante.
Il est plus de minuit lorsque Sophie, Steph, John et moi-même rentrons à notre hôtel. Nos
deux couples se séparent dans le couloir, et Steph et moi regagnons ma chambre. J’allume
mon ordinateur afin de faire mon rapport à mes supérieurs pendant que Steph prend une
bonne douche chaude, je fais de même après ma tâche accomplie et c’est avec délices que
je me blottis dans ses bras dès la lumière éteinte.
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Il est huit heures du matin lorsque j’ouvre enfin les yeux, d’habitude, à cette heure-ci, je suis
déjà douchée et habillée et prête à descendre prendre le petit-déjeuner. Je réveille Steph,
qui dort encore, d’un doux baiser et nous sautons du lit pour nous préparer à toute vitesse.
John et Sophie nous attendent déjà à notre table habituelle et nous sourient d’un air
entendu. Nous nous jetons sur les croissants avec appétit tout en bavardant des
événements de la veille. Une demi-heure plus tard, nous sommes en route pour Roscoff.
John reçoit un appel de Fred, déjà sur place : il nous apprend la nouvelle du jour, une manif’
des Roscovites contre le maintien du blocus de la ville. Monsieur le Maire nous attend de
toute urgence pour décider de la conduite à tenir. Déjà, un hélicoptère de la gendarmerie est
sur place. Nous arrivons le plus rapidement possible et garons notre voiture devant la mairie.
La secrétaire nous salue, puis nous montons directement dans le bureau de monsieur le
Maire, qui se lève à notre entrée et vient nous serrer la main. Au dehors, la manifestation
anti-blocus bat son plein, encadrée par les forces de l’ordre. Aux cris de « A bas le blocus »
et « Roscoff aux Roscovites », les habitants défilent en brandissant des banderoles et des
drapeaux bretons. Le maire hoche la tête d’un air préoccupé et va fermer la fenêtre pour ne
plus entendre la population en colère.
Soudain, le téléphone sonne et le haut-parleur allumé, nous entendons la voix affolée d’une
dame demander si l’avion au-dessus du vieux port et épandant un gaz verdâtre, est encore
une facétie des « Parisiens ». Par prudence, John demande à faire évacuer les manifestants
vers la gare et notre équipe, après avoir récupéré des masques se rend sur les lieux. Je
prends dans une éprouvette un échantillon de gaz et nous décidons de l’emporter
directement au CNRS pour analyse. Les chercheurs se mettent immédiatement au travail
pour nous livrer la nature de ce gaz mystérieux. Nous attendons les résultats en sirotant un
café face au front de mer. Un des chercheurs en blouse blanche vient nous avertir que ce
gaz contient des particules de « Ocean Blue », mais en moindre quantité. Ce gaz n’aurait eu
pour effet que de faire tomber les habitants en léthargie. En même temps, j’apprends que les
appareils de Landivisiau ont reçu du premier ministre l’ordre de tir contre l’avion épandeur.
Ceci fait, je comprends que l’état commence à se mêler de notre affaire et désire en finir au
plus vite. Dés lors des avions de chasse vont sillonner régulièrement le ciel de Roscoff. Il
nous faut maintenant reprendre et analyser les aveux du pilote, afin d’en tirer une synthèse
utile. Pour se faire, nous nous installons dans la grande salle du 1er étage de la mairie avec
le dictaphone numérique, des calepins, des stylos et le dictionnaire médical, car nous avons
pris la décision de décortiquer aussi les aveux du docteur De Honnecourt.
Tout d’abord nous réécoutons l’interrogatoire du pilote et notons chacun les détails qui nous
semblent dignes d’intérêt : mode de paiement en liquide par un intermédiaire dont le nom
figure sur la liste du docteur, avion prêt sur un aérodrome privé où il nous faudra aller
enquêter… Les renseignements du médecin généraliste nous permettent de mieux
comprendre les desseins de « Neverland » qui cherche par la terreur à prendre le contrôle
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d’un certain nombre d’états pour les infiltrer et leur imposer ses décisions. Le clocher de
l’église sonne les douze coups de midi et nous décidons d’aller manger des crêpes arrosées
d’un bon cidre breton.
Entre temps, le fax de la mairie a bien travaillé et à notre retour nous trouvons le rapport des
RG posé sur ma table de travail. De nouveau, nous nous plongeons dans la paperasserie, et
Sophie s’aperçoit avec étonnement qu’elle connaît certaines des personnes inscrites dans la
liste. Avec son aide, nous regroupons certaines personnes par catégorie et nous sommes
surpris de découvrir que la secte choisit en priorité des personnes ayant peu d’attache et très
peu de famille. Nous décidons ensuite d’aller rendre visite à une des personnes notées sur la
liste et qui habite Roscoff, un ancien loup de mer qui tient ses quartiers dans un café sur le
vieux port. Le vieil homme est assis au bar, sa pipe éteinte entre les dents et sirote une
bière. Sophie le salue et l’invite à prendre un verre avec nous. Il hésite un instant, puis finit
par prendre son verre et venir s’installer à notre table. Dés qu’il est installé, j’attaque
immédiatement en jetant négligemment
- Nous voudrions vous parler de « Neverland » !
Il me regarde en fronçant ses sourcils broussailleux et retire sa pipe d’entre ses lèvres.
- Que savez-vous de « Neverland » ? me demande-t-il lentement, comme en pesant ses
mots. Moi, j’en sais très peu, juste ce dont j’ai besoin pour mes missions, et c’est tout ! Et
vous ? C’est la première fois que je vois ensemble plusieurs membres… Qui êtes vous ?
C’est Sophie qui répond en se présentant avec un aplomb inouï. Le vieil homme hoche la
tête, il se rappelle sans doute l’avoir déjà vue dans les rues de la ville.
- Je vous présente mes amis Cindy, Fred, John et Steph, lui dit-elle en nous désignant du
menton.
- Ouais, répond-t-il du tac au tac, je crois bien les avoir vu rôder du côté de la mairie. Ils ne
sont pas du coin, ceux-là, peut-être même pas Bretons !
- C’est vrai, ils ne sont pas d’ici, mais ils sont là pour nous aider à mener une enquête sur
des disparitions tragiques, qui commencent à faire du bruit jusqu’à la tête de l’état.
A ce moment même je reçois un coup de téléphone du premier ministre en personne. Il
m’apprend l’arrivée imminente de renfort de l’armée française afin d’en finir au plus vite avec
cette affaire qui a assez duré. Mon ego en prend un coup, on ne me trouve pas assez
efficace et je commence à craindre de me trouver remplacée et de devoir repartir à Paris. Je
commence à aimer la Bretagne, la mer et les gens du pays. En attendant les nouveaux
renforts, on m’a donné ordre de rentrer à l’hôtel avec mon équipe. Cela ne me plaît guère,
mais je n’ai pas le choix, ce sont les ordres ! Nous remercions le vieux bonhomme à la pipe
qui nous serre la main et nous regarde nous éloigner de ses yeux d’un bleu délavé.
- Ils ont donc bien raison, ces jeunes, je trouve qu’il y a bien des mystères derrière tout ce
tintouin et ça commence à ne pas me plaire !
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Il boit le reste de sa bière et sort du café, l’air songeur. Dans sa tête, les pensées se
télescopent, et il se dit de plus en plus que cela ne sent pas bon, et qu’il est peut-être grand
temps qu’il dise adieu à cette secte par trop secrète à ses yeux. Après tout, en tant que vieux
bourlingueur, il en a vu bien d’autre et ils ne lui font pas peur à lui !
Notre petit groupe a rejoint Saint-Pol et déjà le vol des hélicoptères se fait entendre au-
dessus de nos têtes. Je pousse un gros soupir et Steph me prend par les épaules.
- Ne t’inquiètes pas, va, ils ne vont pas te renvoyer alors que l’enquête touche à sa fin ! Ils ne
feraient pas ça quand même ! Et moi aussi, je devrais rentrer à Paris, nous avons de la
chance, nous pourrons nous revoir, mais qu’en sera-t-il pour John et Sophie ? Tu y as
pensé ?
- Oui, et c’est cela qui me fait le plus de peine, ne plus vous revoir alors que nous sommes
devenus amis… J’ai peu d’amis à Paris et c’est ici, en Bretagne, à vos côtés que j’ai appris
le sens du mot amitié.
Pour passer le temps, nous décidons d’aller voir un film au cinéma, puis de dîner dans un
petit restaurant sympa. La soirée est assez morose, malgré nos efforts à tous pour faire
bonne figure et l’on entend des réflexions désagréables concernant le piétinement de
l’enquête à Roscoff. Nous nous retenons de répondre et préférons rentrer à l’hôtel. Pour une
fois, nous nous couchons tôt. J’ai malgré tout le temps d’envoyer mon rapport avant de me
glisser entre les draps et entre les bras de mon pompier personnel.
17
Je me réveille en sursaut et regarde l’heure sur ma montre : 5 heures trente ! Les avions de
l’Armée de l’Air font des rondes de nuit au-dessus de la région, et à cause de mon sommeil
ultraléger, je suis régulièrement éveillée. Je me lève et m’approche de la fenêtre,
contemplant dans le ciel nocturne les lumières de ces grands oiseaux de proie. Le front
appuyé contre la fraîcheur de la vitre, je repense à l’ordre qui m’a été donné hier soir et à la
possibilité d’être dessaisie de l’enquête. Je m’installe alors devant mon pc portable et me
connecte sur notre site avec mon mot de passe. J’attends quelques secondes avant que l’on
ne me réponde. Je demande, si possible, à parler à l’un des responsables de l’enquête à
Paris. Après quelques minutes encore de patience, une vidéo conférence m’est proposée et
je l’accepte avec grand plaisir.
- Il est bien tard, me dit mon chef en personne, mais je suis ravi de vous voir !
- Moi de même, Monsieur et j’espère ne pas vous déranger outre mesure. J’ai reçu hier
l’ordre de me retirer de l’affaire de Roscoff pour laisser place à l’armée, je voulais en savoir
la raison. Ai-je négligé mon travail ? Pourtant nous avons bien avancé et l’affaire touche
maintenant à sa fin.
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- Ne vous inquiétez pas Cindy, tout cela est arrangé et vous continuez à être à la tête de
cette enquête ; pas question de vous la retirer, vous êtes une de nos meilleurs agents et je
sais de quoi je parle.
- Merci Monsieur, vous retirez un lourd fardeau de mes épaules. Je vous promets que cette
affaire sera vite réglée et que « Neverland » va passer un mauvais quart d’heure à cause de
nous !
J’arrache un sourire de mon chef, ce qui lui arrive rarement, puis il me conseille, vu l’heure et
le fait que j’ai encore pas mal de travail qui m’attend, de retourner me coucher. J’obtempère
aussitôt, d’autant plus que Steph, réveillé par le son de ma voix n’arrête pas de faire des
pitreries pour essayer de me faire rire. Je rejoins notre nid douillet et m’allonge sur le dos, les
mains derrière la tête.
- Je reprends l’enquête, lui dis-je avec le sourire, du coup ce n’est pas encore aujourd’hui
que tu retourneras à la caserne !
- Sniff, me fait-il avec un petit sourire en coin. Mais aucune des pompières de celle-ci n’est
aussi jolie que toi. Et peut-être même aucune aussi intelligente !!!
Nos deux corps se rapprochent et se mêlent dans une étreinte passionnée ; avant que le
sommeil ne nous cueille dans les bras l’un de l’autre. Le jour pointe le bout de son nez
lorsque je me réveille à nouveau, la place prés de moi est vide et j’entends Steph chantonner
sous la douche. Je saute du lit à mon tour, retire mon pyjama et vais le rejoindre sous la
douche. L’eau me fait frissonner et Steph me serre dans ses bras pour me réchauffer. Je
termine rapidement ma toilette, nous nous habillons et descendons à la salle du petit-
déjeuner où nous sommes les premiers, pour une fois. Il faut dire que nos compagnons ne
sont pas encore au courant de notre reprise de l’enquête. C’est mon athlétique pompier qui
se dévoue pour aller leur annoncer la nouvelle et leur dire de se démener car il y a encore du
pain sur la planche. Sophie et John sont très vite attablés avec nous, se réjouissant de
pouvoir reprendre l’enquête qui a failli nous échapper.
Et nous voici, une fois de plus, en route pour la cité corsaire, où les forces de l’armée
française doivent déjà nous attendre pour la reprise des opérations. Dés notre arrivée dans
la ville, je prends contact avec le colonel B., chef du détachement interarmées pour le tenir
succinctement au courant des progrès de l’enquête. Je lui transmets la liste des membres de
la section « Bretagne » de « Neverland », il est temps de frapper un grand coup et de leur
faire savoir que nous avons mis le turbo. De notre côté, nous avons décidé de retrouver le
vieux marin afin d’avoir une plus longue discussion avec lui. Nous retournons au café, mais
le vieux bonhomme n’y est pas encore et décidons de nous rendre chez lui. Il nous accueille
en tricot de corps et nous fait entrer dans une cuisine rustique embaumant le café frais. Nous
nous installons autour de la table et dégustons une merveille d’arabica qui n’est en vente
dans aucun magasin. Dommage !!!
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Tout en sirotant le délicieux breuvage, nous reprenons notre conversation entamée la veille.
Le vieux Gaël Robic nous avoue avoir beaucoup réfléchi depuis la veille et vouloir quitter
« Neverland » France le plus tôt possible.
- Êtes-vous sûr qu’ils accepteront votre décision sans broncher ? J’en doute, cette
association de terroristes n’a pas l’air de faire dans la dentelle et je ne pense pas qu’ils vous
laisseront partir autrement que les pieds devant.
- Vous savez ma p’tite dame, j’en ai connu des galères dans ma petite vie de marin, et je ne
suis pas prêt à laisser des inconnus me dicter ma conduite quand j’ai décidé quelque chose.
Sur ma pipe, je vous le dis !!!
Soudain résonne dans la petite maison un coup de sonnette impérieux.
- Restez là, je vais ouvrir dit John en sortant instinctivement son arme de son holster. Steph
le suit, son arme également à la main.
Au dehors, un hélicoptère de l’Armée de l’air survole le quartier, où le pilote connaît notre
présence. Derrière la porte de chêne, se trouvent 4 personnes vêtues de combinaisons
noires et masquées d’une cagoule qui pointent leurs armes vers les 2 hommes. Dés que la
caméra de l’hélico a visionné la scène, celui-ci descend le plus rapidement possible et se
positionne de façon à ce que les hostiles se trouvent dans la ligne de mire du tireur d’élite.
Par le mégaphone est diffusé un message ordonnant aux hommes cagoulés de poser leurs
armes au sol et de se rendre.
Vont-ils obtempérer ? Devant notre déploiement de force, après une courte hésitation, ils
posent leurs armes devant eux et lèvent les mains au ciel. Steph va récupérer les armes
pendant que John les tient en respect. Ils les font rentrer dans la maison tandis que l’appareil
se pose et les militaires viennent nous rejoindre dans la cuisine, qui soudain semble avoir
rétréci. Nous apprenons aux membres de « Neverland » la détermination de M. Robic à
quitter leurs rangs et la forte possibilité que la secte terroriste se voie complètement
démantelée en France par nos équipes. Les 4 personnages se regardent et lentement, l’un
après l’autre, retirent leur cagoule. Il y a 3 hommes et une femme dans le groupe, qui
semblent plutôt satisfaits de ne pas être obligé d’accomplir cette mission qui ne leur plaisait
guère. Il faut dire qu’il ne doit pas être facile pour une femme enceinte d’appuyer sur la
gâchette ! Je la regarde avec compassion et je vois alors de grosses larmes couler sur ses
joues. Je présume qu’il s’agit encore d’une de ces personnes fragiles psychologiquement
que manipulent les chefs de la secte.
Eux aussi, spontanément nous livrent ce qu’ils savent et ce qu’ils ont sur le cœur. Ils se
présentent et je note leurs noms afin de les rechercher sur la liste du Docteur. Quant à la
jeune future maman, prénommée Agathe, Steph a demandé pour elle un hélicoptère
sanitaire et reste à ses côtés pour s’occuper d’elle. John, Fred, Sophie, et moi-même
attendons les 2 voitures chargées de venir prendre les 3 hommes pour les amener à Saint-
Pol. C’est presque en même temps qu’hélicoptère et voitures arrivent et bientôt notre petit
groupe se retrouve seul avec le vieux marin. Celui-ci nous remercie de notre aide précieuse
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et nous assure de son entier concours. Il va faire en sorte que la secte connaisse l’échec de
sa tentative d’élimination et comprenne qu’elle n’a pas affaire à des bleus. De son QG au
café, il continuera à glaner des renseignements, mais cette fois-ci, ils seront pour nous.
Nous prenons congé de notre nouvel ami, alors que nous observons un combat aérien entre
un avion aux couleurs de « Neverland » et un Mirage 2000 bien décidé à en finir avec ce
moucheron. Avec tous ces rebondissements, la matinée est passée à une vitesse folle et il
est déjà presque midi. Nous allons déjeuner dans un petit salon de thé tandis que résonne à
nos oreilles le bruit d’une explosion en plein ciel. Cet après-midi, nous devons nous rendre
sur l’aérodrome privé afin d’en apprendre plus sur le réseau aérien mis en place par les
terroristes. Nous nous entassons dans la voiture et en route pour le terrain d’aviation !
Nous sommes accueillis au bureau par une jeune femme souriante, qui nous demande ce
qu’elle peut faire pour nous.
- Nous voudrions parler à votre directeur, nous avons quelques questions à lui poser, dis-je
en lui montrant ma carte de police.
Elle s’empresse de l’appeler et nous guide jusqu’à un bureau, où un homme élégamment
vêtu nous reçoit la main tendue. Il nous invite à prendre place autour de son imposant
bureau, nous offre des boissons à notre goût, puis se tournant vers moi, me demande ce qui
lui vaut l’honneur de notre visite. Je lui explique brièvement ce que nous cherchons et il
pianote sur son ordinateur à la recherche des informations demandées. Une association de
pilotes civils a loué un hangar pour entreposer ses appareils et se sert de leur piste d’envol
pour leurs vols programmés. Il me fait une copie papier de tous les renseignements qu’il
vient de me donner et nous propose d’aller visiter le fameux entrepôt situé au fond de
l’aérodrome dans un secteur sécurisé. 2 appareils y reposent encore : un vieil hélicoptère à
la peinture écaillée et un petit avion de tourisme à l’allure neuve, dont le fuselage porte le
sigle de « Neverland ».
Steph monte dans les 2 aéronefs qu’il fouille de fond en comble à la recherche de nouveaux
indices. Dans l’un d’eux, il trouve un plan de vol avec des annotations au stylo et dans
l’autre, sans doute tombée d’une poche, une carte de visite avec une adresse sur Morlaix. Je
demande à notre accompagnateur de bien vouloir immobiliser les 2 appareils qui ne sont
plus autorisés à voler et nous les mettons sous scellés. Steph me tend le tout avant de
redescendre et nous prenons quelques photos des 2 appareils avant de quitter l’aérodrome,
non sans avoir remercié chaleureusement son directeur. Voilà de nouveaux indices pour
notre puzzle qui prend forme de jour en jour. Nous allons maintenant rentrer sur Roscoff et
retourner une nouvelle fois au CNRS ;
Il est presque 18H lorsque nous nous garons sur le parking prés de la promenade. Il fait déjà
presque nuit et je frissonne malgré ma veste chaude. Pourtant, nous croisons une jeune
femme en jupe courte qui sourit d’un air aguicheur aux 3 hommes qui n’ont pu s’empêcher
de regarder ses longues jambes. Je fronce les sourcils devant cette demoiselle à la tenue
peu orthodoxe en cette période hivernale, fais signe à mes collègues de ne pas bouger et
m’avance vers elle.
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- Bonsoir, lui dis-je, il fait bien frais pour se vêtir si courtement, vous allez attraper froid,
mademoiselle.
Elle me toise d’un air hautain, et semble regarder au-delà de moi, vers les hommes restés à
l’écart. Je pose la main sur son bras, ce qui la fait sursauter, et par réaction, John sort son
arme de son étui. La jeune femme lui jette une œillade effarouchée et fait quelques pas
chaloupés vers lui. Sophie s’interpose immédiatement et vient au devant de l’inconnue.
- Toi, lui dit-elle d’un air déterminé, tu te tiens à distance respectueuse de nos hommes,
sinon je me transforme en tigresse et je te lacère de mes ongles. Bien compris, ou tu veux
une démo ? Et d’abord, qui es-tu, il me semble que je ne t’ai jamais vue dans les parages et
le blocus est toujours maintenu. Comment es-tu arrivée jusqu’ici ?
Comme tétanisée, elle reste devant notre amie, bouche bée, puis soudain elle sort de sa
poche un aérosol aux couleurs de « Neverland » et tente d’en asperger Sophie. Mais cette
dernière, avec un réflexe fulgurant se jette au sol et Steph, qui est le plus prés des deux
femmes sort rapidement sa bombe lacrymo et en asperge le visage de l’inconnue. Elle lâche
alors son aérosol, que Sophie récupère avec aplomb avant de se redresser. Elle ne fait ni
une ni deux et d’une petite giclée envoie la demoiselle dans les bras de Morphée. Tant pis
pour elle, les gendarmes viendront la chercher, pendant ce temps-là, nous nous rendons au
CNRS, munis de la bombe loin d’être vide. Décidément, les indices sont de plus en plus
nombreux. Quand les gendarmes arrivent pour embarquer la jeune femme, ils la trouvent
inanimée sur le sol, victime d’une allergie au cocktail lacrymo-« Neverland ». Elle décédera
dans l’hélico chargé de l’amener d’urgence à Brest.
Notre butin remis aux chercheurs, nous repartons à notre QG à la mairie afin de faire le point
journalier avec notre équipe. Certains suspects de la liste semblent s’être volatilisés, quant
aux autres, dont la jeune femme sur la promenade, nous n’avons encore que peu de détails
à leur sujet. Il fait nuit noire lorsque nous quittons la ville pour rentrer à notre hôtel. Nous
nous arrêtons en chemin au snack pour acheter de quoi dîner, puis rentrons directement à
l’hôtel. Fred nous quitte et rentre chez lui, son épouse l’attend. Nous mangeons pour notre
part dans la chambre de John. Ensuite nous nous quittons après un échange de baisers
amicaux. Je m’installe devant mon pc portable pendant que Steph téléphone à ses chefs
pour leur donner les dernières nouvelles. Nous nous allongeons sur le lit et allumons la
télévision pour voir les informations. Pas un mot sur Roscoff, il semblerait qu’en haut lieu on
ait étouffé l’affaire. La journée a été rude et nous commençons à sentir la fatigue, mais avant
de nous endormir, nous prenons le temps, dans les bras l’un de l’autre de bavarder à bâtons
rompus et de nous faire quelques câlins avant d’éteindre la veilleuse et de penser au
sommeil.
C’est la pluie tombant en trombe sur les carreaux qui me réveille au matin. Je sors mon
imperméable de la valise et choisis des vêtements chauds. La journée ne va pas être bien
drôle sous la pluie, mais j’en ai vu d’autres et cela ne me fait pas peur.
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Steph s’étire dans le lit et grimace en voyant le temps. Il se lève et choisit de se remonter le
moral sous une bonne douche chaude. Sophie vient frapper à notre porte pour nous dire
qu’ils sont prêts et nous descendons ensemble dans la salle du petit déjeuner. Sitôt nos
estomacs remplis, nous reprenons encore une fois la route de Roscoff. Heureusement qu’il
n’y a que peu de kilomètres entre les deux villes car la conduite est malaisée en raison de la
forte pluie. Nous nous garons devant la mairie, où se trouve déjà la voiture de Fred et le
retrouvons sirotant un café dans la salle des mariages.
Nous nous rendons tous dans l‘antre de monsieur le maire qui nous attend derrière son,
bureau. Après nous avoir cordialement salués, il nous tend, avec le sourire, le dernier
rapport du CNRS : ils ont enfin trouvé l’antidote à la bactérie « Ocean Blue » et celui-ci sera
fabriqué en nombre pour lutter contre les manigances de « Neverland ». Voilà une bonne
nouvelle qui égaie cette journée sinistre. Le brouillard se lève, noyant tout dans un flou
cotonneux et grisâtre.
Je prends aussi le temps de lire le rapport journalier de l’Armée. Ils ont appréhendé une
bonne partie des membres « Bretagne » de la secte. Certains se sont montrés réticents,
mais pour la plupart, ces personnes, malgré leur attachement aux valeurs de « Neverland »
jugeaient leurs actions trop violentes et pas toujours utiles. En recoupant les nombreux
renseignements perçus, nous avons désormais une idée bien plus précise de l’endroit où est
situé le QG breton de « Neverland ».
Quimper ! Cela fait un bout de route et pas question d’y aller ce marin avec ce temps de
chien. Pas le temps de nous organiser ! Les forces armées vont se préparer à une attaque
surprise qui aura lieu demain matin au lever du jour. Bien sûr, notre équipe au complet sera
sur le théâtre d’opération, il va sans dire ! Mais avant tout, nous voulons redonner à Roscoff
son allure d’avant, sa gaieté et son air de vieille dame guillerette. Le blocus est levé dés
aujourd’hui et tous les habitants vont pouvoir rejoindre leurs pénates.
Les avions de chasse, pour leur part, continueront à mener leur ronde efficace au-dessus de
la région, afin de mettre en garde les terroristes contre toute nouvelle envie de récidiver. La
ville continuera à être sillonnée régulièrement par les gendarmes pour s’assurer du calme
revenu dans la commune. Notre affaire touche à sa fin, et je sens enfin la proximité du
dénouement qui fait battre mon cœur plus vite. Nous prendrons la route cet après-midi, si le
temps se lève comme nous l’espérons pour nous rendre à Quimper et être à pied d’œuvre à
l’heure dite. Mon téléphone portable sonne et j’apprends par le contrôle de Landi qu’un 2ème
Mirage 2000D a décollé de Nancy pour rallier la base aéronavale.
Fred appelle son épouse pour la prévenir qu’il ne rentrera pas ce soir, tandis que John se
met en rapport avec le GIPN pour lui demander main forte. Ils seront à Quimper très
rapidement et dés à présent la gendarmerie de la ville et la police surveillent conjointement
les lieux pour éviter toute fuite possible. Je sens que notre coup de filet va être une vraie
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réussite. Sophie, de son côté me confie son envie d’entrer dans la police, John lui a dit
qu’elle était plutôt douée, sportive et nullement peureuse, peut-être même un peu casse-cou,
mais cela peut servir dans le métier. Je la conforte dans cette idée, car j’ai pu remarquer moi
aussi ses qualités de limier et sa combativité.
La pluie semble perdre de sa force et nous pourrons donc partir vers 14H pour Quimper.
Fred prendra le volant, il connaît le chemin. Dans le ciel nuageux de Roscoff, j’entends le
grondement de 2 chasseurs qui viennent nous saluer avant de filer sur Landivisiau. Comme
il est rassurant ce bruit de réacteurs vrombissant au-dessus de nos têtes ! J’adore les avions
de chasse et dans cette enquête je suis aux premières loges. Il doit faire bon vivre à
Roscoff !!!
Après un repas sur le pouce et un bon café que nous prenons en compagnie de Gaël Robic,
notre ami marin pécheur, nous partons pour Quimper en début d’après-midi. Il nous faut
environ une heure et demie avant d’arriver dans le chef-lieu du Finistère. Fred nous conduit
au commissariat de police où se regroupent toutes les forces en présence pour l’assaut du
lendemain. Un briefing aura lieu à 17H, ce qui nous laisse le temps de trouver un hôtel pour
la nuit. Nous en trouvons un dans une rue tranquille pas trop loin du centre-ville et y
déposons nos affaires.
Le commissariat bruisse de conversations lorsque nous y revenons un peu avant 17H. Nous
prenons place dans la grande salle de conférence, où bientôt le silence se fait. Après le
garde à vous de rigueur, je prends enfin la parole pour résumer à tous notre enquête, la
personnalité des dirigeants de « Neverland », celle de ses membres et leurs noirs desseins.
Sur écran géant, sont diffusées des diapos illustrant mon discours, les images parlent
toujours mieux que les mots. John prend ensuite la parole pour faire le point sur les armes et
engins qui seront utilisés demain. Quant à Steph, il s’inquiète de la sécurité des habitants et
souhaite que son détachement soit présent. Accepté ! Les pilotes des Mirage nous
demandent alors d’éclaircir pour eux quelques points obscurs. Après une dernière salve de
questions diverses, chacun étant conscient de l’enjeu de sa mission, nous clôturons cette
séance. De nombreuses poignées de main sont échangées et des conversations se croisent
entre les différents protagonistes de l’assaut final.
Nous profitons d’un peu de répit pour flâner dans les rues de la ville, découvrir la cathédrale
Saint Corentin illuminée et admirer les décorations lumineuses d’avant Noël. Des cracheurs
de feu, un orgue de barbarie, des vendeurs de marrons chauds égaient les rues bordées de
jolies maisons à colombages Sophie déniche une petite crêperie au cadre sympathique,
dans laquelle nous dinons à la lumière de chandelles. Nous dégustons avec délices galettes
et crêpes, le tout arrosé de cidre maison, avant de faire une dernière promenade digestive à
travers les rues illuminées. Nous rentrons de bonne heure à l’hôtel, car nous devrons nous
lever aux aurores ; voire bien avant !
Allongés l’un contre l’autre, nous nous exhortons au calme et à la sérénité, chose peu facile
à la veille d’un tel assaut. Le sommeil nous fuit et je me tourne et me retourne dans le lit,
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tendue comme un arc. Je finis par me lever et aller boire un verre d’eau ; Steph me rappelle
auprès de lui
- Viens te coucher, mon cœur, sinon tu ne seras pas en forme tout à l’heure ! Il faut te
reposer, tu dois être au maximum de tes capacités physiques et mentales.
Je le rejoins et me blottis dans ses bras, il me caresse doucement les cheveux en me
murmurant des choses tendres et je sombre enfin dans un sommeil réparateur bien que de
courte durée.
19
Dans le silence de cette fin de nuit, nous prenons nos places avant l’assaut tout autour de
l’office du tourisme, devenu le QG de « Neverland ». La majorité des lumières sont éteintes
pour faciliter notre mission. A Landivisiau les appareils de combat se préparent eux aussi
pour l’assaut. Ils devraient arriver au dessus de Quimper quelques minutes avant le « top
action ».Les 4 avions, 2 Rafale et 2 Mirage 2000D, seront en circuit d’attente. Les hommes,
au sol, ont synchronisé leurs montres, et tous, après le briefing matinal, sont tendus vers
l’action. Au « Top Action » les équipes s’élancent dans un grand silence et un parfait
synchronisme. Au même moment, les avions font leur apparition au-dessus du mont Fruggy
dans le vrombissement de leurs réacteurs. La première vague d’assaut surprend les
terroristes dans leur sommeil, tandis que les chasseurs font au-dessus de leurs têtes une
manœuvre d’intimidation, réussie. Les hommes du GIPN réunissent tous les prisonniers
dans une même salle sous la menace de leurs armes, il nous reste à faire le plus important :
séparer le bon grain de l’ivraie. Les fanatiques n’auront pas la chance de voir le soleil se
lever aujourd’hui, les membres de la secte, de leur côté, impressionnés par le déploiement
de force et le passage répété des aéronefs, tremblent de peur devant les hommes cagoulés.
La petite troupe de prisonniers rescapés est conduite à l’abri. Mais un terroriste a réussi à
nous échapper, a pris une voiture puissante et fonce vers le centre ville. C’est un Mirage qui
le prend en chasse, fonçant en très basse altitude, frôlant les toits des maisons, pour ne pas
perdre l’hostile sur son radar. Dés que le moment propice se présente, il met en œuvre son
canon et tire sur le véhicule qui s’embrase dans un lieu heureusement désert. Les pompiers,
qui étaient déjà sur le terrain, interviennent rapidement pour éteindre le feu..
Une fois l’assaut donné, les prisonniers évacués et le terroriste en fuite abattu, mon équipe
fait ouf. Nous appelons Sophie, qui est restée à l’hôtel conformément aux ordres du chef de
mission. Elle jubile à l’annonce de la pleine réussite de l’opération. Les avions, désormais
inutiles, rentrent au terrain, où ils suivront le débriefing par visioconférence. En attendant,
une équipe de la police nationale, à nos côtés, prend le temps de fouiller de fond en comble
le bâtiment à la recherche de preuves et documents. Notre butin est plutôt satisfaisant, et je
me charge de réunir toutes ces preuves dans un accablant dossier contre « Neverland ».
Nous avons désormais largement assez de preuves pour faire de «la secte internationale »
notre ennemi public numéro 1, l’ « homme » à abattre dans tous les pays de l’Union. Je me
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rends directement au commissariat afin de mettre tous ces documents en sécurité, puis je
réintègre notre hôtel afin d’envoyer un tout dernier compte-rendu d’opération à mes
supérieurs.
Je reçois quelques minutes plus tard, sur ma messagerie, un courriel de félicitation pour
avoir su conclure cette affaire dans les meilleurs délais. Je suis aux anges et saute au cou
de Steph, qui me serre très fort contre lui. Puis il regarde sa montre et me rappelle que nous
avons un débriefing qui nous attend. John nous rejoint, toujours sans Sophie, qui a décidé,
« pour se venger », de faire une matinée shopping. Je suis sûre qu’elle ne reviendra pas les
mains vides, mais sa carte bleue risque d’en prendre un sérieux coup.
Le débriefing a lieu dans la même salle, mais l’on sent cette fois-ci les hommes beaucoup
plus détendus. Les rires fusent, les conversations vont bon train et l’on a apporté pour
restaurer tout ce beau monde, boissons chaudes, croissants et autres viennoiseries. Il est
vrai qu’après un tel assaut, lorsque les nerfs retombent, j’ai toujours faim, moi. Une fois tout
le monde restauré et désaltéré, nous prenons nos places et la séance peut enfin
commencer. C’est tout d’abord le commandant du GIPN qui prend la parole afin de nous
relater l’assaut et ses résultats. Aucune perte n’a été à déplorer, et l’assaut a eu lieu dans
des conditions idéales, avec des troupes bien entraînées, ce qui a permis un vrai travail de
pro.
Les « nuisibles » ont été éradiqués comme convenu et le reste des membres de la secte mis
en sûreté. Les policiers pour leur part rendent compte de leur fouille en règle des lieux et des
documents découverts, ceux-ci m’ayant été confiés comme cela avait été décidé le matin
même. Par visioconférence, nous nous mettons en rapport avec les pilotes de chasse, qui
nous font le rapport de leur opération, dont l’attaque de la voiture en fuite et de leurs
résultats positifs. Les gendarmes, qui ont sécurisé la zone, n’ont eu à déplorer que quelques
badauds matinaux, intrigués par ce remue-ménage, mais qui ont très vite dégagé à la
demande de la marée-chaussée.
- Je tiens à remercier tout le monde pour sa participation à cet assaut et cette victoire qui
nous est commune et que nous partageons dans le respect et l’attention de chacun, dis-je
avec emphase, même si je sens une boule dans la gorge et comme une envie de pleurer
après tous ces rebondissements. Bravo à vous toutes et tous pour cette opération menée de
main de maître. Je crois que nous avons bien mérité une salve d’applaudissements. Je tiens
aussi à féliciter l’équipage féminin du Mirage qui a pris en chasse le fuyard, piloter un tel
engin en ville, ce n’est pas du gâteau !
- Dites, commandant, que vont devenir les ex-membres de la secte ? demande un policier
dans l’assistance.
- Nous allons prendre leurs dépositions puis les relâcherons, car ils sont plus victimes
qu’autre chose dans cette histoire. Voilà où mène la faiblesse humaine, heureusement, je
n’ai affaire pour ma part qu’à des personnes de caractère.
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Après avoir tapé mon compte-rendu de l’assaut pour le bureau de police, je récupère mes
acolytes et nous fonçons à l’hôtel chercher Sophie, car nous devons nous rendre cet après-
midi à Landivisiau pour une cérémonie en grande tenue. Sophie nous attend dans le hall de
l’hôtel avec nos maigres bagages et les énormes emplettes de notre amie. Enfin, elle a bien
le droit de se faire plaisir !!! C’est dans une ambiance détendue que nous déjeunons à l’hôtel
dans la petite salle prévue à cet effet, réglons notre note et quittons la jolie cité quimpéroise
en nous promettant d’y revenir pour une visite plus poussée.
A notre arrivée à la base aéronavale de Landivisiau, nous sommes accueillis par l’amiral en
personne, le chef d’état-major de l’armée de l’air et bien d’autres hauts gradés auxquels
nous ne nous attendions pas. On est allé chercher nos tenues d’apparat et nous apprécions
la douche et la petite pièce mise à notre disposition pour nous changer et nous reposer.
Sophie sort de son sac la tenue achetée le matin même : une robe couleur pervenche,
longue, des escarpins blancs et une large ceinture de cuir blanc pour mettre en valeur sa
taille fine et musclée. Mais le sac est loin d’être vide et elle en sort un cadeau pour chacun
d’entre nous : pour John un portefeuille en cuir vachette noir, pour Steph, un agenda
électronique et pour moi, un sac banane plein de poches pour y mettre tout mon attirail. Elle
a aussi un cadeau pour Fred, mais celui-ci n’a pas souhaité participer à la cérémonie et a
préféré repartir à Brest.
Il est 17H, nous sortons dans la cour d’honneur et nous plaçons dans nos alignements
respectifs. Le garde-à-vous est lancé et l’amiral, chef d’état-major de la Marine Nationale,
prend la parole.
- Repos ! Nous sommes ici pour honorer une équipe pluridisciplinaire grâce à laquelle
« Neverland Bretagne », cette secte maléfique et violente, a pu être démantelée dans un
délai très bref. Félicitations aux pilotes qui ont participé à l’enquête et à l’assaut final. Je
demande au commandant Cindy Meyer, au commandant John Defoe, chef de groupe du
RAID et au commandant Stéphane Bourrel, chef de l’unité d’investigation des pompiers de
Paris, de faire un pas en avant. Nous obtempérons et nous mettons au garde à vous. L’un
après l’autre, nous déclarons :
- Mon amiral, à vos ordres !
- Mes commandants, je suis très fier d’être devant vous aujourd’hui et de pouvoir honorer
trois corps d’élite à travers leurs meilleurs membres. Cette enquête fut rondement menée,
bien qu’elle parût au départ plutôt confuse car nous n’avions aucuns renseignements précis
sur cette affaire. Votre volonté d’avancer malgré les difficultés – et je veux à ce moment avoir
une pensée pour le lieutenant de police Freddy Martin qui a risqué sa vie dans cette affaire –
votre hargne et votre courage ont forcé notre admiration à tous. Je tiens à vous faire membre
d’honneur de la BAN de Landivisiau, désormais vous êtes ici chez vous.
De nombreux militaires ont été médaillés par leurs chefs d’état-major successifs qui ont pris
la parole à tour de rôle. Quant à nous, nous ne sommes pas oubliés et arborons aussi
fièrement nos médailles toutes brillantes.
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Nous saluons pour remercier, puis nous sommes conviés à un apéritif dinatoire qui se tient
au mess des officiers. Une coupe à la main, nous circulons entre les officiers supérieurs et
généraux et sommes souvent entretenus de notre dernière enquête. Sophie, seule civile
parmi tous ces militaires et ces policiers s’accroche désespérément à John, tant elle se sent
perdue. Elle ressemble à une pervenche au milieu d’un champ de bataille, comme me le
murmure Steph à l’oreille lorsque nous avons l’occasion de nous croiser entre deux groupes.
J’avoue que John semble un peu gêné par ce paquet encombrant qu’il promène à son bras.
Je m’approche subrepticement d’elle, l’attrape par le bras et la mène à l’écart.
- Tu n’as pas l’air de t’amuser, lui dis-je gentiment. Si tu veux, je demande un taxi pour te
ramener à Roscoff.
- D’accord, me répond-elle après une légère hésitation, je vois bien que je suis de trop ici, je
n’ai plus aucun plaisir à être avec vous, tout le monde m’ignore !
Je vois des larmes dans ses yeux, et lui souris malgré tout, mais je sais au fond de moi-
même que son roman d’amour avec John est terminé. Je fais demander un taxi par un
Fusillier marin, qui raccompagne la civile jusqu’à la porte. Mes 2 amis et moi profitons alors
pleinement de ce moment de détente avant de rentrer nous aussi à Saint-Pol pour un repos
bien mérité. John, quelques minutes après notre arrivée, vient frapper à notre porte et nous
montre un papier laissé par sa compagne sur l’oreiller. Il lit :
« Je vois bien que je suis un fardeau pour toi, je ne suis pas de ton monde. Je préfère partir
avant que nous nous disputions pour des broutilles comme certains couples que je trouve
ridicules. Adieu et bonne chance, Sophie »
Je le vois relever la tête et m’aperçois qu’il n’éprouve aucun chagrin à la lecture de cette
missive. C’est un dur à cuire, et une jeune femme aussi fragile n’est certes pas faite pour un
homme de son gabarit. Nous restons à bavarder quelques minutes dans notre chambre, puis
John fatigué se retire dans sa chambre de célibataire, nous laissant Steph et moi déguster
en tête à tête notre victoire.
20
Encore un matin qui se lève sur le Pays du Léon, avec quelques flocons de neige qui
volètent de ci de là. Pour la dernière fois, après le petit déjeuner, nous retournons à Roscoff,
où la municipalité a organisé une fête pour le retour à la normale et remercier toute l’équipe
des chercheurs qui ont travaillé d’arrache-pied à éradiquer la dangereuse bactérie. Fred,
comme la veille, n’a pas souhaité participer aux festivités locales.
Monsieur le maire et son conseil au complet nous accueillent dans le hall de la mairie où
nous échangeons de chaleureuses poignées de mains. Quelques minutes plus tard, nous
nous rendons dans la salle polyvalente et y retrouvons l’équipe de recherche, qui est arrivée
depuis quelques minutes. Le maire, puis son adjoint font de beaux discours pour nous
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remercier tous du travail effectué et de l’entente cordiale qui nous a tous liés pendant cette
enquête.
C’est avec le plus grand sérieux qu’une petite fille habillée de blanc apporte sur un coussin
de velours rouge les clés de la ville que monsieur le maire nous remet avec beaucoup
d’émotion.
- Nous avons travaillé ensemble, main dans la main, et ce fut un plaisir que cette
participation mutuelle entre civils et militaires. C’est pourquoi, puisque vous avez sauvé
Roscoff qui courait à sa perte, il me semble naturel, en ce jour de vous remettre
solennellement les clés de notre ville, qui vous est à jamais dévouée. Vous y serez toujours
les bienvenus et nous espérons que vous prendrez un jour le temps de venir visiter notre
belle petite cité de caractère aux beaux jours quand elle déploie tous ses charmes.
- Merci, dis-je à l’édile municipal en prenant de ses mains les clés dorées à l’or fin. Nous
sommes venus ici portés par le travail, mais votre charmante cité nous a appris bien plus
que les mystères voués à la mortelle bactérie. Nous avons trouvé ici, en Bretagne, des gens
chaleureux et accueillants, un temps pas pire que partout ailleurs, au contraire, et tissé des
liens très forts les uns avec les autres. Merci à toute la ville pour son aide et sa patience, je
sais que ce ne fut facile pour personne et je vous en fais mes excuses. Mais cela valait la
peine de se donner du mal, puisque aujourd’hui nous avons toutes les preuves en main pour
éradiquer « Neverland » section Bretagne et porter la secte devant les tribunaux.
Tout le monde applaudit et nous nous dirigeons vers le fond de la salle où ont été disposés
des plateaux savoureusement garnis. Steph, raisonnable, prend un verre de cocktail de jus
de fruits en grignotant des cacahuètes et gâteaux apéritifs. Pour ma part je ne résiste pas à
une coupe de champagne que je sirote du bout des lèvres tout en circulant dans les rangs.
Je prends le temps d’échanger un mot avec chacun, et de tous les remercier pour l’aide
qu’ils nous ont apportée.
Petit à petit, la salle se vide de ses convives et nous décidons aussi de prendre congé de
nos hôtes, non sans les avoir une nouvelle fois remerciés et promis de revenir au plus tôt
dans cette accueillante cité, dont nous n’avons pas encore pu faire le tour. En sortant de la
salle, dans le hall d’entrée, nous trouvons Sophie qui nous attend les bras croisés. Elle n’a
pas osé venir nous rejoindre dans la salle et est restée plantée là depuis un bon moment
semble-t-il. Elle regarde John bien en face et lui jette à la figure :
- Eh bien, on peut dire que tu ne tenais guère à moi, à en juger par les coups de fil que tu
n’as pas cessé de m’envoyer ! Tu es un goujat et je t’interdis de remettre les pieds dans
cette ville tant que j’y serai.
Je fronce des sourcils devant cette diatribe, puis lorsque la furie a fini de cracher son venin,
je me campe devant elle, les mains sur les hanches et lui réplique :
- Regardez-moi cette demoiselle qui se croit intéressante ! Elle fait sa mijaurée, joue les
martyres et pourtant c’est toi qui a décidé de partir, si John ne t’a pas retenue, c’est sans
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doute qu’il a ses raisons. C’est un homme honnête, loyal et droit. Et je t’interdis d’en douter.
La susceptibilité dont tu fais preuve aujourd’hui me conforte dans l’idée que tu n’es pas faite
pour travailler en équipe, ni dans la police, ni dans la gendarmerie, tu ne t’y entendrais pas
avec tes collègues.
Sophie reste à me regarder, la bouche ouverte comme si elle baillait aux corneilles et cela
me semble soudain si comique que je me mets à rire sans pouvoir m’arrêter. John et Steph
me regardent d’un air égaré, puis au bout d’un instant, tous deux se mettent aussi à rire à
gorge déployée. Sophie nous regarde, l’air indécis, puis tourne les talons et préfère partir,
avec un haussement d’épaules.
- Bon débarras, murmure Steph. John, tu l’as échappé belle, tu te rends compte du genre de
dragon que tu aurais pu avoir sur le dos ?
- Mes chefs me suffisent amplement, rétorque John en grimaçant comiquement. Mais trêve
de plaisanterie les amis, il nous faut prendre congé et rentrer à Saint-Pol où de nouvelles
instructions doivent nous y attendre.
Sitôt dit, sitôt fait ! Nous voilà de retour dans la ville de Saint-Pol-de-Léon, encapuchonnée
de blanc. Nous admirons en silence la cathédrale qui brille dans la lumière de ce froid
hivernal. Steph prend même son téléphone portable pour immortaliser cette vision céleste.
Nous rentrons à l’hôtel, où nous attendent des enveloppes scellées à nos 3 noms. Chacun
prend la sienne et la triture entre ses doigts, pas vraiment pressé de l’ouvrir, sachant que
cela mettra fin à notre trio amical. Enfin, je me décide à ouvrir mon courrier sous le regard
anxieux de mes 2 complices. Je pousse un cri de joie en lisant la lettre à en-tête de la police
scientifique./
- Steph, John, ouvrez vite vos missives, je crois qu’elles aussi vous réservent une bonne
surprise !
Mes deux acolytes s’exécutent sur le champ et je vois bientôt leurs visages s’éclairer d’un
chaleureux sourire devant la nouvelle qu’ils lisent. Puis Steph lève la tête vers moi et sans
plus hésiter, il me prend dans ses bras et me fait tourbillonner comme si je n’étais qu’une
poupée de chiffon. Je ris aux éclats, mais lui demande quand même de me poser. John est
resté là, à nous regarder sans bouger, regrette-t-il le départ de Sophie ? Je m’approche alors
de lui et dépose sur sa joue un gros baiser affectueux.
- Tu restes avec nous, hein, John, tu ne vas pas nous abandonner au moment où on peut
enfin en profiter !
Steph surenchérit et donne une bourrade amicale au policier qui lui répond enfin par un
sourire.
- Si vous êtes sûrs que vous voulez que je reste avec vous, alors, tant pis pour vous, il
faudra me supporter !
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Et il rend sa bourrade à Steph, qui manque s’allonger sur le tapis, tant celle-ci l’a pris par
surprise. Nous avons le choix entre rester dans notre hôtel actuel ou choisir un petit hôtel de
Roscoff, pour nos 4 semaines de vacances bien méritées.
- Alors, ici ou à Roscoff, interroge Steph en nous regardant tour à tour. Moi,
personnellement, je préférerai aller à Roscoff, il ne manque pas d’hôtel là-bas. Et vous ?
- Moi aussi j’aime mieux Roscoff, lui dis-je dans un grand sourire, c’est quand même un peu
plus pittoresque et j’adore son côté vieilles pierres.
- Alors va pour Roscoff, déclare John, en souriant lui aussi !
Nous nous penchons sur les quelques hôtels encore ouverts dans la cité corsaire et nous
décidons pour l’Hôtel sous les Arcades. Nous nous concertons et décidons finalement
d’opter pour une chambre à trois, cela sera plus sympa de rester tous ensemble. J’envoie un
message à mon chef pour lui confirmer qu’on peut venir retirer le matériel de nos chambres
car nous avons décidé de changer de lieu de résidence. Nous avons la chance de pouvoir
garder la voiture, ainsi pourrons nous rayonner dans la région pour y visiter les sites
intéressants, et ils regorgent d’après ce que nous a dit Fred. Peut-être irons-nous même lui
rendre une petite visite, cela lui fera sans doute plaisir.
21
Une fois installés dans notre nouvel hôtel-restaurant avec vue sur mer, nous ressortons pour
nous promener dans le petit centre ville où les touristes se font rares. Nous faisons notre
provision de cartes postales pour la famille et les amis, puis les écrivons devant un café dans
le salon de thé décoré pour les fêtes. Nous allons ensuite les poster en cœur avant de
rentrer dîner. La salle du restaurant a un charmant panorama sur la mer et l’embarcadère.
Le repas terminé nous allons nous promener sur l’estacade et regardons le soleil se coucher
à l’horizon. Je prends la main de Steph dans la mienne et pose ma tête sur son épaule. Je
sens mon cœur battre la chamade, je n’ai plus peur de l’avenir, je ne pense plus à ma
dernière rupture, je me sens heureuse !
Le lendemain, après le petit-déjeuner, nous décidons d’aller jusqu’à Morlaix, afin de voir son
fameux viaduc. Steph se met au volant et je m’assieds à ses côtés. C’est John, installé à
l’arrière qui garde la carte routière, au cas où…. La route nous permet de longer la baie de
Morlaix avec ses petits villages typiques et ses ports de plaisance, où pour l’instant, ne se
balancent que peu d’embarcations. Comme le GPS décide lui aussi de prendre des
vacances, John sort la carte de la région et l’étale sur ses genoux, histoire de jouer les
copilotes. Nous arrivons enfin à Morlaix, charmante vieille ville encaissée et dominée par son
viaduc qui semble toujours veiller sur la cité. Nous arpentons les rues en pente et c’est dans
un petit café-restaurant tranquille, situé tout en haut en face de la gare, que nous déjeunons
avec appétit. Après avoir fait le plein de photos, avoir visité quelques échoppes et fait
quelques emplettes, nous prenons le chemin du retour. Nous dinons à l’hôtel où nous avons
choisi la demi-pension, faisons un dernier tour sur la promenade pour profiter du coucher de
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soleil avant de rejoindre notre chambre pour bavarder tranquillement de la journée passée et
décider de ce que nous ferons demain.
Il y a du brouillard ce matin, et nous ne savons pas s’il est prudent de prendre la route ou s’il
vaut mieux rester dans les environs. Nous optons pour la seconde solution et décidons de
passer un après-midi cocooning au Centre de Bien-être, après tout nous l’avons bien mérité !
Massages, enveloppements d’algues et tisanes à la clé, nous profitons au maximum de ce
riche moment de détente où le corps et l’esprit s’évadent des soucis habituels et où l’on se
remet aux mains des jeunes femmes qui nous chouchoutent. Pour terminer l’après-midi en
beauté, nous allons prendre un cocktail de jus de fruit frais au bar de l’hôtel et j’en profite
pour acheter quelques produits à base d’algues, tels shampooing et gel douche.
Nous sommes déjà jeudi et nous ne voyons pas le temps passer, cela ressemble à un rêve
éveillé, d’autant plus que la neige s’est remise à tomber, recouvrant tout d’un joli tapis blanc.
Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous allons faire de la route, alors autant en profiter
pour visiter les environs. Nous allons donc jusqu’à la presqu’île de Perharidy, puis au jardin
de Kerdilés où les animaux se sont mis à l’abri du mauvais temps. Nous allons aussi voir le
jardin exotique, mais le trouvons fermé en cette saison. Ce soir, une chorale chante dans
l’église de Roscoff, et nous avons décidé d’aller les écouter religieusement, profitant de la
prodigieuse acoustique du lieu.
Un pâle soleil brille aujourd’hui sur la cité corsaire et la météo annonce du beau temps pour
la journée. Nous décidons d’aller à Brest, car nous n’avons pas pu visiter la Cité du Ponant
depuis notre arrivée, si ce n’est succinctement. Nous voyons la tour Tanguy, le château, le
musée de la Marine. Puis nous profitons de cette belle journée pour flâner au Vallon du
Stangalard, oasis de verdure, véritable poumon de la ville. Sa crêperie nous accueille pour
un goûter à la bretonne, crêpes, kouign amann et cidre frais. Il est temps déjà de reprendre
la route, car la voiture, GPS réparé, nous attend pour le retour.
Ce samedi, Fred ne travaille pas et il nous a conviés à venir passer la journée chez lui. Je
passe prendre des fleurs pour son épouse, des chocolats pour les enfants, tandis que mes
hommes se chargent du cadeau pour notre ami policier. Nous arrivons chez lui un peu avant
midi, pile à l’heure de l’apéritif que nous prenons devant la cheminée où flambe un bon feu
de bois odorant. Les petits présents sont appréciés et toute la famille nous remercie
chaleureusement. Nous parlons de notre visite à Brest, du plaisir que nous avons eu à
parcourir les allées du Stangalard et des délicieuses crêpes dont nous avons fait notre
quatre heures. Cette journée sous le signe de l’amitié, se déroule comme dans un rêve, les
enfants sont charmants et nous récitent même des poèmes appris à l’école. Fred emmène
ses collègues masculins visiter sa cave à vin et y range la bonne bouteille de bordeaux
millésimé qu’ils lui ont offerte. Nous prenons congé sur les coups de 22 heures afin de
rentrer à Roscoff. Mon téléphone portable vibre dans la poche de mon jean : C’est la
gendarmerie de Saint-Pol qui nous prévient qu’une jeune femme essayait de pénétrer sans
autorisation dans notre chambre. C’est avec stupéfaction que nous apprenons qu’il s’agit de
Sophie, qui semble toujours en vouloir à John de son « abandon «. Une nuit de garde-à-vue
la fera peut-être réfléchir et si elle ne change pas de disposition à notre égard, nous irons
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déposer notre plainte dés le lendemain matin. Notre chambre bien chauffée nous semble un
nid douillet et c’est avec délices que nous nous glissons entre les draps de coton blanc.
En ce dimanche matin, Steph et moi avons décidé de nous rendre ensemble à la messe. Au
sortir de l’office, nous retrouvons John dans le salon bar de l’hôtel en train de siroter un jus
de fruit. Nous prenons un verre tous les 3, puis nous rendons à Saint-Pol à la gendarmerie.
Sophie est toujours en cellule et nous apprenons qu’elle s’est montrée très peu coopérante
avec les gendarmes.
- Alors, on porte plainte, ou pas, dis-je en me tournant vers John dont le visage sombre et
tendu ne présage rien de bon.
- Non, on ne porte pas plainte, répond-t-il entre ses dents, le regard tourné vers la cellule
d’où son ex amie nous crie des insultes.
- Bon, comme tu veux, je ne porterai pas plainte non plus, John !
Steph approuve ma décision. Je comprends un peu le comportement de John, il a eu des
sentiments pour elle et il n’a pas encore tourné la page. Sophie est donc relaxée. Nous
allons profiter de ce dimanche pour rester sur Saint-Pol, visiter quelques monuments
remarquables. Pendant toute l’après-midi, John reste morose et c’est à notre retour qu’il
nous annonce sa décision de rentrer à Paris dés lundi. Nous cherchons à l’en dissuader,
mais il tient bon et prépare déjà sa valise en nous tournant le dos.
22
Ce matin, nous sommes plutôt moroses au petit déjeuner. Des dissensions existent entre
Steph et John. Celui-ci garde la tête baissée sur son bol fumant, et grignote plus qu’il ne
mange, l’air ailleurs. On dirait un enfant qui vient d’être puni par ses parents… J’essaie de
détendre l’atmosphère comme je le peux, mais sans grande réussite. John enfin relève la
tête et nous regarde en face.
- En fait, on m’a demandé de rentrer à Paris, je suis en mise à pied après cette histoire avec
Sophie, je ne sais même pas si je reprendrai le travail !
Steph et moi nous regardons d’un air étonné, il y a quelque chose de louche dans cette
histoire ! Nous proposons au policier de l’emmener à la gare pour prendre son billet et
déterminer son horaire de départ. Il n’y a personne dans la petite gare lorsque nous y
pénétrons. Le guichetier, fort aimable, nous renseigne et John achète son billet pour le
départ de 11H33. Nous lui proposons en attendant d’aller prendre un verre au petit troquet
légèrement en contrebas de la gare. Mais il décline notre offre froidement et nous dit qu’il
vaut mieux que nous le laissions seul. Alors que nous remontons en voiture, John
s’approche de ma portière et me dit tout bas :
- Demande à Sophie de t’expliquer, elle sera trop heureuse de le faire ! Allez, bonnes
vacances !!!
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Nous errons dans la ville au gré des rues et ruelles, puis rentrons déjeuner à notre hôtel. Ca
y est, John est parti ! L’envie me démange de plus en plus d’aller demander des explications
à Sophie et j’en fais part à mon ami pompier. Il trouve mon idée plutôt bonne et notre café
avalé, nous nous dirigeons vers sa maison prés de la chapelle Sainte Anne. Nous sonnons
et attendons quelques secondes. Sophie, en lingerie sexy, vient nous ouvrir et nous invite à
entrer. Nous nous installons dans sa petite cuisine où elle nous sert un déca et des biscuits
secs. Elle s’assied enfin en bout de table et nous interroge du regard.
- Voilà Sophie, attaque Steph immédiatement, ce qui nous amène vers toi est l’envie de
connaître le fin mot de l’histoire entre John et toi ! Je crois que Cindy et moi avons dû louper
un épisode.
- Oui, répond Sophie sans se troubler. En vivant auprès de John ces quelques jours, je me
suis aperçue qu’il n’était pas blanc comme neige dans cette histoire et il avait quelques
accointances avec « Neverland ».
- Quoi ? Nous écrions-nous en même temps. Mais c’est impossible ! Les agents du RAID
sont triés sur le volet …
Sophie entoure sa tasse de ses doigts et nous explique tout bien tranquillement.
- Voilà, nous dit-elle, un soir que je m’étais couchée avant lui, il est allé aux toilettes en
laissant son pc portable allumé. Je n’ai pas pu m’empêcher d’y jeter un œil rapide, mais le
site sur lequel il était n’avait pas grand-chose à voir avec l’enquête en cours. Il s’agissait de
la page d’accueil de « Neverland » et il y avait inscrit son identifiant et son mot de passe. Je
me suis tout de suite dit que ce n’était pas normal et j’en ai parlé dés que je l’ai pu à Fred qui
s’est renseigné en douce sur votre collègue. Mais je crois que John se doutait de quelque
chose et je ne me sentais pas trop rassurée. C’est pourquoi j’ai fait un peu de grabuge pour
pouvoir être protégée pendant que les supérieurs du policier prenaient une décision le
concernant.
- Je comprends mieux, lui dis-je, ta prétendue « folie », il te fallait un alibi pour que les
gendarmes puissent te garder.
Steph hoche la tête sans mot dire, mais son regard lui, en dit long. Il est toujours difficile de
se dire que quelqu’un avec qui on a passé d’agréables moments, a pu nous mentir et nous
trahir à ce point. Nous présentons alors nos excuses à Sophie, qui nous embrasse tous deux
en nous disant qu’elle aurait réagi de la même façon que nous dans les mêmes
circonstances. Nous lui demandons si elle veut bien nous servir de guide dans la région
pendant nos 3 dernières semaines de repos.
- Bien sûr, avec plaisir, nous dit-elle avec un large sourire. Il y a tant de belles choses à voir
en Finistère ! Il faut faire le tour des enclos paroissiaux, se promener dans les monts
d’Arrée, voir Pont-Aven et tant d’autres lieux encore ! Je vais vous faire un programme du
tonnerre.
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Pour le lendemain, Sophie nous propose de visiter Océanopolis à Brest. Cette visite mérite
bien toute une journée pour elle seule. On peut y voir des manchots royaux, des phoques,
des morses, pieuvres et autres petits requins ou autres poissons. Cette idée nous enchante.
En attendant, il nous reste une après-midi à meubler, et nous décidons d’aller nous
promener en amoureux le long de la côte. Les paysages bretons sont si magnifiques, que
cette promenade nous emplit les yeux de beauté sauvage. Nous avons invité Sophie à se
joindre à nous pour le diner. Elle arrive à l’heure dite, vêtue d’une jupe très courte dévoilant
ses longues jambes, que ses rondeurs ne font que sublimer. Nous dégustons un excellent
plateau de fruits de mer en devisant joyeusement.
Le lendemain matin, Sophie nous rejoint devant notre hôtel et prend elle-même le volant
pour nous conduire vers Océanopolis. Mais, avant d’arriver, nous nous arrêtons brutalement
en pleine route, victimes d’une panne d’essence mal venue. C’est Steph qui s’y colle pour
aller en stop chercher un dépanneur au garage le plus proche. En l’attendant, Sophie et moi
papotons de choses et d’autres, et en priorité de l’attitude de John. Je m’en veux de ne
m’être doutée de rien et d’avoir mis par ce fait la vie de mon amie en danger. Pourtant sa
décontraction et son sang-froid me laissent pantoise ! Elle pose sa main sur mon bras et me
sourit chaleureusement. Steph revient enfin avec le garagiste et de quoi refaire le plein de
notre véhicule. Nous pouvons reprendre la route sans autre tracas. Cette journée à
Océanopolis est une vraie réussite. Le retour se fait dans la bonne humeur et les rires avec
plein de souvenirs. Sophie nous invite à dîner chez elle sur le pouce de galettes et crêpes
maison.
Le mercredi, comme il fait plutôt beau, nous nous rendons dans les Monts d’Arrée. Nous
admirons les splendides paysages de la montagne bretonne, ses petits villages typiques et
allons jusqu’au lac de Brennilis. Nous nous arrêtons le midi pour déjeuner dans un petit
restaurant de routiers, dont la cuisine, familiale et excellente, nous met très vite la salive à la
bouche. Nous rentrons par Morlaix, où nous faisons l’objet d’un contrôle de gendarmerie.
Comme nos papiers sont en règle et notre voiture aussi, nous repartons très vite et arrivons
à Roscoff à la nuit tombée. Je rentre dans mon portable les photos prises dans la journée et
prend le temps de les renommer sachant bien qu’autrement je ne me rappellerai plus de tous
les noms. Steph m’aide à trouver des légendes poétiques ou humoristiques, ce qui nous vaut
quelques bons fous rires partagés.
Jeudi, il pleut à verse et nous regardons tomber la pluie par les fenêtres de notre chambre.
Ce n’est pas un temps à mettre qui que ce soit dehors et nous décidons d’aller saluer notre
ami Gaël Robic, que nous n’avons pas encore revu. Mais soudain, mon téléphone sonne
pour m’annoncer que « Neverland » a encore frappé, cette fois-ci à Perharidy.
- Bon, nous irons voir Gaël plus tard, dis-je en me tournant vers Steph, nous devons aller à
Perharidy pour voir ce qu’il s’y passe.
- Ok, répond Steph en saisissant les clés de la voiture, on y va ! Racontes-moi ce que tu
sais.
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- Oh, pas grand-chose, juste que « Neverland » a encore frappé, mais nous n’avons pour le
moment aucun autre renseignement concernant cette attaque. Alors, mes chefs m’ont
demandé d’aller y faire un petit tour pour voir déjà si c’est réel ou juste une « plaisanterie »
de mauvais goût.
Nous sommes très vite à la presqu’île, qui semble calme et paisible. S’est-il réellement
passé quelque chose ? Nous nous arrêtons à la porte du Centre et allons voir le vigile, qui
nous fait les yeux ronds.
- Non, il ne s’est rien passé d’anormal, nous confirme-t-il, en nous observant d’un air étonné.
Mais qui êtes-vous ?
Nous lui montrons nos cartes et lui demandons de bien vouloir nous prévenir s’il se passait
quoi que ce soit d’anormal. Pour se faire, je lui laisse une de mes cartes de visite avec mon
numéro de portable. En me réinstallant dans la voiture, je décide d’appeler les gendarmes de
Saint-Pol pour savoir s’ils ont eu des plaintes et des appels au sujet d’activités anormales.
RAS ! Je téléphone donc à mes supérieurs pour leur signifier une fin d’alerte et nous
pouvons enfin reprendre le cours de nos vacances.
Au « Café de la Jetée », nous retrouvons notre vieil ami assis au bar, en train de siroter une
bière en lisant le journal du jour. Il nous fait un signe de la main en nous apercevant et, son
verre à la main, vient s’assoir à notre table. Nous lui narrons l’incident de ce début d’après-
midi et il hoche la tête en fronçant les sourcils.
- Manœuvre de diversion ? se demande-t-il en plongeant son regard dans l’ambre doré de
son breuvage. Ou bien juste une façon de vous faire comprendre que « Neverland » ne
lâche pas l’affaire !
- C’est possible, dit Steph, en tout cas, aucun problème n’a été détecté à Perharidy ! Je
pense qu’ils ont voulu nous faire douter de nous ! Mais nous ne sommes pas parano, et ne
sommes pas tombés dans leur piège grossier. Pour qui nous prennent-ils ? Des novices ?
Je pose ma main sur la sienne pour le calmer et lui envoie un sourire charmeur, qui lui fait
instantanément retrouver son sang-froid. Nous parlons aussi de John et de son accointance
avec cette maudite secte internationale. Gaël réfléchit quelques secondes, puis déclare :
- Au fond, ce n’est pas étonnant, cet homme, malgré son air amical, ne m’inspirait guère
confiance, il manquait d’initiative et de sens pratique pour être vraiment un bon agent. Mais
je ne voulais pas me fier à mon instinct, ni vous induire en erreur si je me trompais… Alors
j’ai préféré me taire et attendre.
- C’est Sophie qui a découvert le pot aux roses et s’est arrangée pour dénoncer John, tout
en se mettant à l’abri. Maligne, la petite !!! Dis-je en sirotant mon café crème.
La pluie tambourine sur la vitrine du café, noyant la ville sous un manteau gris et opaque.
Que faire à présent dans cette petite ville balnéaire par mauvais temps ? Nous passons à la
librairie-presse et achetons quelques revues et magazines que nous feuilletons allongés sur
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notre lit jusqu’à l’heure du dîner. Je déteste ces journées perdues à tourner en rond dans
une pièce trop exigüe.
Vendredi matin, nous flânons au lit, nous faisant monter le petit-déjeuner dans la chambre.
La pluie a cessé, mais le ciel reste sombre et les nuages bas. Où pourrions-nous aller
aujourd’hui ? Nous appelons Sophie à la rescousse qui nous propose la visite du Centre des
Algues, au moins nous serons à l’abri s’il se remet à pleuvoir ! Cette visite s’avère
passionnante, car nous y apprenons quantité de choses que nous ne soupçonnions même
pas et nous goûtons même du pain aux algues et certains aliments cuisinés avec celles-ci.
Puis nous allons prendre notre goûter dans le petit salon de thé en face de notre hôtel et
décidons d’aller faire un billard. Nous en avons repéré un pas trop loin. Steph se montre très
doué, surtout pour les bandes et il me bat à plate couture, mais je ne lui en veux pas et
félicite au contraire chaleureusement le vainqueur. Nous faisons plusieurs parties d’affilée
jusqu’à l’heure du dîner que nous prenons à notre hôtel. Il y a un film projeté ce soir au
cinéma Sainte Barbe et nous décidons d’y aller pour occuper notre soirée. Enfin, nous
rentrons à l’hôtel alors que de grosses gouttes de pluie s’écrasent sur les toits de Roscoff.
23
En ce samedi matin, le soleil pointe timidement le bout de son nez poussé par de grandes
rafales de vent qui secouent les volets aux alentours et éparpillent les déchets vers la mer.
Steph et moi avons décidé de nous promener à pied dans la cité corsaire qui semble
endormie avant Noël. Nous flânons par les rues désertes, montons jusqu’à Sainte Barbe,
admirons les belles propriétés aux façades décorées de pierres. J’adore ce style manoir
avec ses tourelles rondes qui semblent nous ramener au Moyen Age. A midi, nous pique-
niquons dans notre chambre : pain au beurre salé, jambon et fruit de saison. Un peu de
régime ne peut pas faire de mal lorsque l’on mange souvent au restaurant. Beaucoup de
magasins sont fermés maintenant et ne rouvriront qu’au printemps. Nous continuons notre
flânerie l’après-midi, main dans la main, les cheveux au vent et l’esprit vagabond. Soudain le
pied de Steph bute sur quelque chose qui roule devant nous. Il se baisse pour ramasser
l’objet et contemple un tube de verre rempli d’un épais gel vert.
- Mince, dit-il, les yeux exorbités, ce n’est pas possible, c’est encore « Neverland » qui nous
joue des tours.
Je lui arrache presque le tube des mains et l’enveloppe dans mon mouchoir propre. Puis je
prends mon téléphone pour appeler mes supérieurs et les mettre au courant de notre
découverte. Je dois ramener immédiatement le tube au CNRS pour le faire analyser. Ce que
Steph et moi faisons sur le champ trop heureux de nous débarrasser de cet objet oh
combien encombrant malgré sa petite taille. C’est presque au pas de course que nous
retraversons la ville jusqu’au CNRS où nous entrons sans même prendre le temps de nous
présenter. Le chef des chercheurs, en nous apercevant, vient à notre rencontre et nous
salue poliment. Je lui tends le tube de verre enveloppé dans mon mouchoir et lui demande
une analyse détaillée de l’objet et de son contenu.
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- Très bien, me répond-t-il, nous nous y attelons de suite ! Pour quand vous faut-il les
résultats ?
- Le plus tôt possible, lui réponds-je, nous soupçonnons ceci d’être une nouvelle attaque de
« Neverland » !
- Alors, c’est parti, me dit-il en emportant le tube vers sa paillasse.
En attendant les résultats, Steph et moi allons nous balader sur la promenade, vide en cette
saison, en dehors d’une ou deux personnes bien emmitouflées. La mer est haute et nous la
regardons lécher les murs et essayer d’y grimper avec persévérance. Le vent iodé fouette
nos visages ; soufflant à nos oreilles des histoires de marins dans la tempête.
Deux heures plus tard, un message sur mon portable m’apprend que l’analyse du gel vert
est terminée et que nous pouvons nous rendre au CNRS. Ce que nous faisons, bien
évidemment ! Nous retrouvons notre ami chercheur qui nous tend une liasse de feuilles : les
résultats de ses analyses.
Je pousse un soupir de soulagement en lisant le topo, rien de dangereux dans ce gel, qui
n’est composé que d’eau gélifiée et de colorants alimentaires. Steph s’empare du tube, le
débouche et en avale le contenu avec un clin d’œil dans ma direction.
- Tant qu’à faire, autant que ce gel serve à me désaltérer, me dit-il avec un franc sourire.
Appelle vite tes chefs avant qu’ils ne mettent toute l’armée sur le pied de guerre ! Les
pauvres roscovites en ont assez vu comme cela !
J’obtempère et appelle mon service pour les rassurer. Mon chef me remercie et me
demande de garder l’œil ouvert tant que je resterai sur le terrain. Cela n’est pas un problème
pour moi, comme Steph j’aime la marche à pied et j’ai l’habitude de scruter tout autour de
moi. Nous remercions chaleureusement les chercheurs pour leur rapidité et nous éclipsons
sans bruit pour ne pas déranger celles et ceux qui travaillent encore.
Il fait déjà nuit et nous rentrons à l’hôtel, nous montons à notre chambre et je décide de
prendre un bon bain chaud. Pendant ce temps, Steph allume mon pc portable et en profite
pour aller lire ses mails. C’est super la wifi, quand ça marche ! Je sors de la salle de bains en
peignoir et turban blancs et je passe mes bras autour du cou de mon pompier adoré, qui du
coup laisse tomber l’informatique pour s’intéresser de plus prés à moi.
Ce n’est qu’un long moment après, que nous quittons enfin notre chambre pour rejoindre le
restaurant. Après un succulent dîner de fruits de mer, nous sirotons un déca au bar tout en
survolant les nouvelles du jour. Rien de bien spécial quelques jours avant Noël, si ce n’est
les commerçants qui se plaignent du manque de clients. Nous remontons dans notre
chambre, j’envoie un mail à mon service pour récapituler les événements de la journée, puis
au dodo dans les bras musclés et tendres de mon amour.
Ce dimanche tous les magasins sont ouverts et nous nous rendons à Brest pour faire nos
emplettes de Noël. Nous le fêterons tous les deux à Roscoff, mais famille et amis recevront
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leurs présents par la poste. J’ai réussi à voler un peu de temps pour trouver un cadeau à
Steph, et sans doute en a-t-il fait de même pour moi. Nous flânons dans les boutiques
brillamment éclairées, allons nous restaurer à la « Tarte Citron» où les serveuses sont
coiffées de bonnets rouges à pompon. A la nuit tombée, nous admirons les illuminations des
rues avant de repartir sur Roscoff. Nous arrivons juste à l’heure du dîner et n’avons que le
temps de porter nos paquets dans notre chambre et de nous changer. Nous passons la
soirée à rédiger nos cartes de vœux et à mettre les adresses sur les enveloppes. Tous les
cadeaux seront expédiés demain !
24
Ce matin, nous avons une tâche importante à faire, convoyer tous nos paquets jusqu’à la
poste afin de les expédier dans les temps, Ouf, mission accomplie !!! Nous achetons des
croissants et des pains au chocolat et allons voir Sophie, la lève-tard. Elle nous accueille en
pyjama et robe de chambre de velours, en bâillant à qui mieux mieux. Installés devant un
café viennois, nous bavardons à bâtons rompus. Lorsque nous apprenons que notre amie
sera seule pour le réveillon et le jour de Noël, Steph lui propose spontanément de se joindre
à nous.
- Merci, dit-elle sobrement mais les larmes aux yeux. Vous êtes de véritables amis, comme
on en fait peu de nos jours. Elle se lève et vient plaquer un gros bisou sur chacune de nos
joues.
Par la fenêtre donnant sur le petit jardin, nous voyons de gros flocons de neige qui
commencent à recouvrir la pelouse. Peut-être aurons-nous droit à un Noël blanc ? Sophie
nous invite à rester avec elle pour le déjeuner et nous acceptons bien volontiers son offre,
peu désireux de vagabonder par ce temps frisquet. Le repas, à la bonne franquette, est
simple mais délicieux et la bonne humeur y est de mise. Sophie nous raconte quelques
anecdotes sur Roscoff, Steph sur son travail et moi sur certains chercheurs un peu fêlés.
Après le café, nous nous installons au salon pour regarder les albums photos de notre amie,
il y a quelques superbes clichées de Roscoff que je ne peux m’empêcher d’admirer. Sophie
ayant fait l’année dernière l’achat d’un APN, nous visionnons ses dernières photos sur son
ordinateur portable. Steph la trouve plutôt bien équipée, elle a choisi un Asus avec écran 22
pouces. Le mien ne supporterait pas la comparaison ! Mais enfin, ce n’est que mon PC de
travail et mon ordinateur de bureau, à la maison, est quand même une belle pièce, comme
me l’a fait remarquer Steph.
Nous terminons l’après-midi avec un petit goûter gourmand et quelques jeux de société.
Depuis combien de temps n’ai-je pas passé un après-midi de détente avec des amis ? Il me
semble que cela fait une éternité. Je me promets encore une fois de consacrer un peu plus
de temps à ma vie privée. Maintenant que Steph est entré dans ma vie, je ne compte pas le
négliger à cause de mon travail. Je ne peux m’empêcher de prendre sa main dans la mienne
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et de déposer un baiser au creux de sa paume. Sophie nous sourit avec attendrissement :
c’est toujours beau, l’amour !
Nous quittons notre amie vers 18H30 et rentrons à l’hôtel sous un déluge de flocons blancs.
Steph, qui ne faisait pas très attention, a glissé sur la neige et s’est étalé de tout son long, le
nez dans la poudreuse. Quelle allure il a, avec son pantalon trempé, sa parka mouillée et
une bosse sur le front. Il s’est un peu tordu la cheville et boîte légèrement, mais cela ne
semble franchement pas grave. Il en a vu d’autres !!! Un bon bain chaud pour se réchauffer,
un léger massage de la cheville et un peu de repos avant le repas su soir et voilà mon
pompier de nouveau en pleine forme. Tellement en forme d’ailleurs, qu’il n’arrête pas de
blaguer avec notre jolie serveuse qu’il fait rire et sourire. Nous remontons dans nos quartiers,
nous reposons un peu en regardant la télévision avant de finir par nous endormir de fatigue.
Mardi 9H30, j’émerge du sommeil alors que Steph dort encore et vais contempler le paysage
derrière les doubles rideaux opaques. Surprise ! Tout est blanc. Roscoff semble empaqueté
dans du papier cadeau blanc et argent. Je réveille Steph pour qu’il profite du spectacle avec
moi et nous nous accoudons tous deux à la fenêtre pour admirer cette étrange « carte
postale »: Roscoff sous la neige. Mais encore une fois, nous voilà bloqués dans la petite cité,
sans trop savoir quoi y faire. Nous décidons d’aller chercher Sophie et d’aller faire quelques
parties de billard avec elle l’après-midi. Sophie s’avère une bonne joueuse, même si elle
manque d’entrainement. Les parties sont acharnées mais pleines de rires et de gaité.
Quelques clients oisifs de l’hôtel finissent même par venir nous regarder jouer ! Sophie est
aux anges, elle qui pensait s’ennuyer pendant sa semaine de vacances, apprécie notre
présence et notre bonne humeur communicative.
Mercredi matin, malgré la neige encore tombée dans la nuit, nous nous rendons au marché
prés du phare. J’y achète du miel et nous flânons entre les étalages parmi les fruits et
légumes, les fruits de mer, les fromages et quelques marchands en tout genre. Nous
déjeunons à l’hôtel et allons l’après-midi au cinéma Ste Barbe voir le dernier Disney sorti
pour les fêtes. Sophie nous y accompagne, mais semble somnolente. Elle s’endort même
durant la séance, ce qui m’étonne grandement. Steph la secoue à la fin du film d’animation,
mais elle ne réagit pas. Nous nous regardons un moment en silence, puis je prends mon
téléphone pour appeler les pompiers tandis que mon ami s’occupe de Sophie. Une fois tous
les spectateurs sortis et les pompiers sur place, nous faisons fermer la salle de cinéma et
j’inspecte le sac et les poches de notre amie roscovite. Dans une des poches de son
manteau, je découvre un papier de bonbon froissé. Il exhale la même odeur que son haleine,
un parfum mentholé et légèrement poivré. Je n’ai encore jamais vu ce genre de bonbon
enveloppé dans un papier sans marque, il va falloir que je le fasse analyser, car c’est sans
doute la dernière chose qu’ai avalée Sophie avant de tomber en léthargie.
Et nous voilà de retour au CNRS où notre arrivée précipitée ne semble point étonner. Je
tends le sac plastique dans lequel j’ai emballé le papier de bonbon et en demande l’analyse
immédiate.
- Avez-vous aussi l’antidote contre la bactérie ‘Ocean Blue » ?
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- Oui, nous en avons conservé quelques exemplaires, pour en refaire si nécessaire. Je vais
nous en chercher une dose.
Dés que je suis en possession de celle-ci, je la donne à Steph qui se précipite au dehors,
aperçoit un jeune garçon en scooter ; le lui emprunte pour quelques minutes et fonce
apporter l’antidote au VSAV devant le cinéma. Pour ma part, j’ai décidé de rester dans les
lieux jusqu’à obtention des résultats de l’analyse en cours. J’en profite pour m’isoler dans un
bureau vide quelques minutes afin de contacter mes supérieurs et les informer de la situation
d’urgence. Steph, pour sa part, restera auprès de notre amie après avoir ramené son scooter
au jeune homme et l’avoir encore une fois remercié de sa gentillesse.
La nouvelle n’est pas pour plaire à mes chefs et c’est de nouveau le branle-bas de combat
dans les bureaux. Je sais que les menaces de « Neverland » sont prises très au sérieux,
surtout depuis la menace d’attentat sur les habitants de Roscoff ayant échappé au premier
fléau. Tandis que 2 Rafale de la Marine survolent à nouveau la ville, je me dis :
- Et allez, c’est reparti !
Grâce à la prompte arrivée du SAMU, l’antidote a pu être injecté rapidement et Sophie s’est
enfin réveillée. Mais, elle est amnésique, ne se souvenant pas même de son nom. Tandis
que l’hélico l’emmène à Brest, Steph reste à ses côtés, lui parlant, doucement, répétant son
nom en lui tenant la main. Sophie garde les yeux ouverts, l’air hagard et complètement
perdu. L’hélicoptère atterrit sur l’aire de la Cavale Blanche où Sophie est immédiatement
conduite aux soins intensifs.
Steph a l’idée de téléphoner à son amie Élise pour lui demander de passer voir Sophie à
l’hôpital afin de l’aider si possible à retrouver la mémoire .Elle promet de passer la voir dés le
lendemain et d’emmener quelques affaires personnelles pour elle, ainsi qu’une photo d’elles
deux.
Pendant ce temps, au CNRS, je tiens entre mes mains les résultats d’analyse du papier de
bonbon. Il contient bien la bactérie « Ocean Blue », mais celle-ci a été modifiée pour agir sur
certaines cellules du cerveau en effaçant les cellules mémorielles. Les chercheurs se
remettent spontanément au travail pour fabriquer un nouvel antidote le plus rapidement
possible. Je me fais du souci pour Sophie, heureusement que Steph m’a donné de ses
nouvelles. Comme je ne puis rien faire d’utile pour l’instant, je me résous à rentrer à l’hôtel
pour y attendre mon aimé. Je trouve une enveloppe cachetée déposée sur le bureau, et
j’entends une explosion, sans doute les Rafale ont-ils intercepté un appareil hostile. Le
survol de Roscoff est toujours interdit à tout appareil non autorisé.
Je décachète enfin l’enveloppe sur laquelle on a inscrit en majuscules enfantines nos
prénoms : Cindy & Steph. Découpé dans du papier journal et expédié depuis la poste de
Saint-Pol, je lis ce message sibyllin : C’EST TOUJOURS NOUS QUI TENONS LES RENES !
J’ai une folle envie de déchirer ce bout de papier mais y résiste car il s’agit toujours d’une
preuve supplémentaire. Un SMS sur mon portable me confirme que la base de Landivisiau
vient d’être remise en alerte rouge et est prête à recevoir le détachement. J’allume mon pc
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portable et scanne le message à mes supérieurs avant de me glisser dans un bon bain
chaud. Je suis tout juste habillée et légèrement maquillée quand Steph frappe à la porte de
notre chambre. Je lui ouvre et lui saute au cou, il m’embrasse sauvagement en me serrant
contre lui. Il est déjà tard, aussi nous empressons nous d’aller diner avant de retourner bien
sagement dans nos quartiers.
25
Après une nuit agitée, nous avons bien du mal à émerger du sommeil à la sonnerie du réveil.
Le temps est toujours à la neige et il fait de plus en plus froid ; Dés que nous sommes prêts,
nous appelons l’hôpital pour avoir des nouvelles de Sophie ! Et là une bonne nouvelle nous
attend : il semblerait que l’amnésie ne soit que passagère et notre amie a retrouvé sa
mémoire intacte. Je lève les yeux au ciel en entendant le vrombissement d’un moteur et
aperçois un appareil aux couleurs de « Neverland » escorté de 2 Rafale, le pilote, devant la
supériorité numérique a préféré se rendre.
Nous descendons au petit déjeuner, puis nous rendons au CNRS pour le briefing du jour
avec les chercheurs. Ils nous accueillent chaleureusement avec un bon café car il ne fait pas
bien chaud dans ce grand bâtiment. Aussitôt, le porte-parole du groupe nous annonce qu’ils
ont trouvé le point faible de la nouvelle bactérie : elle ne supporte pas le froid et meurt en-
dessous de +3 °.C’est pourquoi elle n’a pas agi pleinement sur Sophie et ne pourra être
opérationnelle en hiver.
- Voilà une bien bonne nouvelle, dis-je en me frottant les mains, mais reste à savoir s’ils
n’ont pas un autre tour dans leur sac !
- Ca, répond Steph, je n’en mettrai pas ma main au feu ! Ils ont le don de nous pourrir la vie
et cela m’étonnerait qu’ils nous laissent passer Noël tranquilles !
- Il y a parfois des miracles à Noël, espérons qu’il en sera ainsi cette année, réplique le chef
des chercheurs en hochant la tête.
Nous quittons le CNRS pour retrouver la froidure hivernale et un vent bien présent. Nous
n’avons guère envie de rester dehors et rentrons à notre hôtel, d’où j’appelle Sophie pour
avoir de ses nouvelles. Elle en profite pour me donner le signalement de la personne qui lui
a offert le bonbon à la menthe.
- Une femme d’une cinquantaine d’année, plutôt ronde, portant des lunettes de vue et
s’appuyant sur une canne. Elle paraissait bien gentille et bien inoffensive. Elle avait des
cheveux châtains mi-longs et bouclés et des chaussures orthopédiques.
Je remercie notre amie pour ses renseignements, mais je doute de pouvoir les utiliser, sans
doute cette personne a-t-elle déjà quitté la ville. Néanmoins, je vais malgré tout émettre un
avis de recherche, on ne sait jamais ! Ensuite je téléphone à mes supérieurs pour les tenir
au courant des nouvelles du jour. A midi, nous allons déjeuner au salon de thé en face de
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notre hôtel, puis nous allons chez Sophie arroser ses plantes. Steph en profite pour faire le
tour du propriétaire. Il trouve dans sa chambre un gros carnet rempli de notes sur ce qui
s’est passé à Roscoff.
- Je ne savais pas qu’elle tenait un journal de la vie à Roscoff, me dit-il en me tendant le
calepin.
- Bizarre, dis-je en le feuilletant, elle ne parle même pas de nous. Uniquement de John !
Voudrait-elle écrire un roman sur son aventure ? Après tout, ce serait possible !
- L’avenir nous le dira, réplique Steph, qui va reposer le carnet là où il était. Et toi, tu n’as rien
trouvé ?
Ma réponse étant négative, nous quittons la maison, mais en sortant, je m’aperçois qu’une
fenêtre est ouverte, ce qui m’étonne fort vu le froid de ce mois de décembre. Je la montre à
Steph, qui décide d’aller voir. De mon côté, je rappelle Sophie, qui me confirme qu’elle avait
laissé une fenêtre entrouverte. Steph revient et confirme qu’il a vu des traces de pas dans la
cuisine.
- Que pouvait-on bien chercher chez toi ?
- Mon cahier où j’avais noté tous les détails de l’affaire, l’avez-vous vu ?
- Non, je n’ai trouvé que celui où tu parles de ta relation avec John.
- Ne t’inquiètes pas, je suis plus maline qu’eux, j’ai pensé à faire une sauvegarde sur clé et
j’ai toujours celle-ci avec moi, je rentre demain et vous la confierai.
- Alors à demain Sophie, nous sommes contents que tu ailles bien ! Gros bisous de nous
2 !!!
Ensuite, nous allons déjeuner dans un petit restaurant « Chez Victor » de moules-frites avant
de retourner faire une sieste à l’hôtel. C’est épuisant, les vacances ! En redescendant, je
réserve une place à notre table pour notre amie, réveillon et jour de Noël compris. Tout cela
sera rajouté sur notre note, il faudra que j’en informe mes supérieurs, quitte à payer le
supplément. Je me dis qu’il est temps que je me trouve une jolie tenue pour les fêtes et je
demande à Steph s’il veut bien faire du shopping avec moi. Bien entendu, il est enchanté et
prend le volant pour m’emmener à Morlaix.
Steph a prévenu les gendarmes de la visite chez Sophie et deux d’entre eux ont été
désignés pour rester dans sa maison et la surveiller jusqu’à son retour. Nous passons donc
en premier lieu déposer le trousseau de clés à la gendarmerie de Saint-Pol. Un café nous y
est offert et nous prenons le temps de bavarder quelques minutes sur l’affaire. Puis, en route
pour Morlaix ! J’y déniche la tenue de fêtes que je voulais. Une longue jupe de velours noir et
un top en lamé doré qui selon mon compagnon me rendent digne d’un mannequin. Lui
s’achète une superbe chemise en soie couleur champagne et un magnifique costume de
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velours noir pour être en harmonie avec ma propre tenue. Nous en profitons bien sûr pour
faire quelques courses et flâner dans les rayons de la grande surface.
Nous sommes de retour à Roscoff vers 19H30, le temps de nous rafraîchir et de descendre
dîner. Je trouve un mail de mes chefs sur ma messagerie, auquel je réponds en relatant les
derniers événements. Steph, lui aussi, prend le temps d’appeler sa caserne pour rendre
compte de ses vacances, qui n’en sont pas vraiment. Nous nous mettons au lit, télé allumée
pour regarder un bon film, mais je ne tarde pas à sombrer dans le sommeil car je suis un peu
fatiguée. C’est mon compagnon qui éteint le téléviseur avant de retourner entre les draps. Il
m’observe un instant dans mon sommeil et finit par déposer un doux baiser sur mon front
avant de s’allonger et de s’endormir à son tour.
26
Aujourd’hui, nous sommes le 24 décembre, veille de Noël ! En ouvrant les yeux, je ne peux
m’empêcher de penser que la vie m’a fait le plus beau des cadeaux en la personne de
Steph, endormi à mes côtés, le visage lisse et souriant. Je passe ma main doucement dans
ses cheveux pour ne pas le réveiller et reste un moment à le contempler, les yeux embués
de bonheur. Tout à coup, mon aimé ouvre les yeux et me sourit.
Il me tend les bras et me serre très fort contre lui. Enivrés d’amour et de désir, nous nous
laissons emporter par une douce vague de plaisir qui nous submerge totalement. Que c’est
bon, l’amour ! Nous finissons par nous lever, faire notre toilette et descendre au petit
déjeuner. La salle du restaurant est magnifiquement décorée et un grand sapin rutile de mille
feux en son milieu. Cette ambiance de fête nous imprègne de nostalgie en pensant à nos
familles.
Mais fi de la tristesse en un pareil jour ! Nous allons voir Sophie, rentrée chez elle et qui doit
nous donner cette fameuse clé USB qui lui a valu la visite d’un cambrioleur. Elle nous ouvre
en peignoir éponge mauve, nous fait entrer et asseoir dans la cuisine bien chauffée.
- Vous savez quoi ? nous demande-t-elle à brûle pourpoint, les gendarmes m’ont fait la
morale, parce que j’avais laissé une de mes fenêtres entrouverte. Je l’avais complètement
oubliée, cela peut arriver à tout le monde ! Mais je leur ai malgré tout promis de faire plus
attention à l’avenir. Vous voulez prendre quelque chose ? Un petit café, un thé, un chocolat
chaud ?
Nous hochons la tête négativement, et lui rappelons que nous venons de prendre notre petit
déjeuner à l’hôtel, où ceux-ci sont plus que copieux. Sophie nous sourit en se versant une
tasse de café noir et en attrapant un croissant bien doré. Steph bout d’impatience d’avoir
enfin entre les mains la fameuse clé, mais notre amie ne semble pour l’instant guère pressée
d’aller la chercher. Elle nous fait languir…
Steph pianote des doigts sur la table, finit par se lever et tourne en rond dans la cuisine.
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- Bon alors, tu nous le dis, où elle est cette satanée clé ? Sinon je mets la maison sens
dessus dessous pour la trouver.
- Oui, dis-je aussi, Steph a raison, tu joues avec nos nerfs, là ! Allez, ne nous fais pas plus
attendre, sinon je te mords !
Sophie repose sur son assiette le croissant à demi consommé, se lève au moment même où
un gendarme frappe à la porte. Elle va lui ouvrir nonchalamment et le prie poliment d’entrer
et de se joindre à nous. Il obtempère et s’assied aux côtés de Steph qu’il salue d’une
énergique poignée de main avant d’incliner poliment la tête devant moi ! Sophie revient enfin
dans la pièce avec la clé qu’elle est allée chercher pendant ce temps-là.
Steph sort alors de sous la table mon pc portable qu’il a pensé à amener avec lui pour
pouvoir lire immédiatement le contenu du support amovible. Il contient un journal de bord
des événements qui se sont déroulés ces dernières semaines, avec toutes les annotations et
réflexions de Sophie à la lumière de ce qu’elle savait et de ce que nous lui avons appris. Sa
synthèse des incidents du mois de décembre me parait plutôt pertinente et je l’en félicite, il y
a là matière à réflexion pour nos experts. Le gendarme prend enfin la parole pour rappeler à
Sophie qu’elle doit passer faire une déclaration de vol à Saint-Pol et aussi porter plainte
contre son « agresseur » au bonbon. Il lui dit aussi qu’elle pourrait être poursuivie pour
détention d’informations non communiquées aux personnes habilitées, ce qui équivaut à une
entrave à la justice.
Nous prenons finalement congé de notre amie en lui rappelant que nous l’attendons pour le
réveillon. Mais le gendarme, pour sa part, préfère rester, il ne semble pas faire confiance à
Sophie. Saurait-il quelque chose de plus que nous ? Nous n’avons pas vraiment faim et nous
contentons d’un sandwich et d’une boisson chaude au salon de thé en face de l’hôtel, puis
nous allons au tabac-presse feuilleter quelques revues. Nous en choisissons quelques unes
avant de les redéposer à l’hôtel et d’aller faire une promenade de santé au bord de mer.
Le repas se prendra plus tardivement ce soir et nous rentrons à l’hôtel afin de nous préparer
et nous mettre sur notre trente-et-un. Steph est superbe dans son costume et je le félicite
pour son bon goût. Une fois prêts, nous descendons au bar où nous est offerte une coupe de
champagne, que nous dégustons accompagnée de mini feuilletés au fromage maison. La
serveuse me complimente pour ma tenue, ce qui me fait rougir.
Nous attendons Sophie, mais l’heure tourne et elle n’est toujours pas là. Les derniers
convives arrivés viennent de se mettre à table et nous nous décidons à les y rejoindre, la
mort dans l’âme. Que se passe-t-il avec notre amie, aurait-elle encore des démêlés avec la
justice ? Mais bientôt mon téléphone vibre m’annonçant un nouveau message. C’est la
gendarmerie de Saint-Pol qui m’appelle pour me prévenir d’une nouvelle garde à vue de
notre amie Sophie dans ses locaux. Je remets mon portable dans ma poche, je ne veux pas
gâcher notre réveillon avec ce genre de nouvelles, j’en parlerai à Steph plus tard, de toute
façon, pour le moment, il n’y a rien que nous puissions faire.
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Le repas de Réveillon est excellent et nos voisins de table, chaleureux, ont une conversation
des plus passionnantes. Il se trouve que ce sont justement de jeunes chercheurs venus
travailler au CNRS sur la bactérie « Ocean Blue ». Nous parlons ensemble du groupe
« Neverland » et de notre enquête, pas encore tout à fait terminée. Ils me font remarquer
que pour être si au courant des événements, la secte avait forcément quelqu’un dans la
place. Je repense à John, puis à Sophie. Se peut-il que John ne soit pas le coupable ? Et si
c’était Sophie ? Il faudra que je demande des nouvelles de notre ami policier !
Une fois la dernière coupe de champagne dégustée, nous nous retirons dans notre chambre
où nous nous offrons mutuellement nos présents. Ceux de Sophie me narguent, posés sur
une chaise, et je détourne le regard. Je ne peux m’empêcher de parler à mon compagnon de
mes doutes au sujet de la jolie roskovite. Steph m’écoute attentivement, puis il me rappelle
que c’est Noël et que ce n’est pas le moment de travailler. Il m’enlace et je pose ma tête sur
son épaule, nous nous approchons de la fenêtre et regardons les lumières de la ville se
refléter sur la mer.
- Joyeux Noël, me murmure mon aimé à l’oreille, je t’aime.
- Moi aussi je t’aime, mon amour. Joyeux Noël à toi aussi !
Nous finissons par nous glisser entre les draps, enlacés dans les bras l’un de l’autre, avant
que Steph ne sombre dans le sommeil. Cela m’est plus difficile car je n’arrive pas à arrêter
de penser à Sophie et à sa fourberie. Enfin, je glisse dans les bras de Morphée, après avoir
entendu passer deux Mirage très vite et très bas : Heureusement, Steph a un bon sommeil
et le bruit ne le réveille pas. Cependant, il grommelle en dormant et se retourne dans le lit.
Quelques temps après, nous sommes réveillés en sursaut par deux avions qui tournent
autour de l’hôtel à très basse altitude.
Comme ils semblent ne pas vouloir s’éloigner, réveillant une partie des clients de l’hôtel, je
finis par saisir mon téléphone mobile et appeler la base de Landivisiau. J’apprends qu’il
s’agit de 2 Mirage, peut-être même ceux qui sont passés tout à l’heure. Que font au-dessus
de notre hôtel ces deux avions de l’Armée de l’Air ? A Landi, on nous promet de mener
l’enquête et de nous tenir au courant. Ils envoient aussi la PO pour obliger les Mirage à
quitter la zone. Nous pouvons enfin nous recoucher et sombrer dans le sommeil.
27
J’ouvre les yeux sur une chambre encore plongée dans la pénombre. Je m’assois sur le bord
du lit, regarde Steph qui s’étire longuement, souple comme un chat et me sourit. Nous nous
préparons et descendons au petit déjeuner, où tous les serveurs sont coiffés d’un bonnet
rouge à pompon. On y parle beaucoup du dérangement de cette nuit. Nous prenons ensuite
un peu de temps pour souhaiter, par téléphone interposé, de bonnes fêtes à la famille et aux
amis. Ensuite je repense à Sophie et décide d’appeler la gendarmerie pour avoir de plus
amples renseignements sur la raison de sa garde à vue. Le gendarme de service me répond
aimablement, et me souhaite un Joyeux Noël. Je lui explique la raison de ma démarche.
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Mais il ne peut rien me dire, il faut attendre le lendemain pour parler à son supérieur.
J’enrage en reposant le combiné sur son socle, mais Steph me prend dans ses bras et me
rappelle une fois de plus que c’est la trêve de Noël.
Comme il n’y a pas grand-chose à voir dans la petite ville, nous décidons d’aller faire un petit
tour à Brest, histoire de retrouver un peu l’ambiance d’une grande cité. Nous faisons un tour
en calèche, contemplant les bâtiments et les illuminations au son des pas du cheval. Nous
nous offrons un goûter de fête et craquons devant un vendeur de marrons chauds. Nous
décidons même de dîner en ville le soir et pour une fois, nous nous offrons un bon restaurant
qui nous avait été conseillé par Fred. D’ailleurs nous n’avons pas oublié de l’appeler et il
nous a invités à passer la journée du lendemain avec eux.
Nous rentrons tard à notre hôtel, fatigués mais heureux de cette journée passée en tête à
tête. La porte est déjà fermée et nous devons sonner pour nous faire ouvrir. C’est sans bruit
que nous regagnons notre chambre afin de ne pas déranger les dormeurs. Je prends le
temps d’allumer mon portable pour vérifier mes mails, il y en a quelques uns de vœux pour
la nativité et un mail de mon supérieur, que je lis attentivement. Je lui fais mon rapport et lui
demande de faire une enquête plus approfondie sur Sophie, sur laquelle j’ai de plus en plus
de doutes. Puis je cède l’ordi à Steph afin qu’il aille lui aussi sur sa messagerie ; pendant ce
temps je me change et m’installe sur le lit pour l’attendre.
Voilà encore un Noël terminé, une journée agréable aux côtés de celui que j’aime. Je me dis
avant de m’endormir que je souhaite en connaître beaucoup d’autres. Steph est étendu prés
de moi, une main posée sur ma hanche, il est déjà presque endormi. Je contemple dans la
pénombre de la chambre le bracelet qu’il m’a offert : une chaînette d’or avec une plaque
gravée de nos deux prénoms et d’un cœur. Lui a autour du cou une chaîne en or avec un
cœur plein gravé de nos deux initiales. Je ne regrette pas cette enquête qui m’a permis de
rencontrer l’amour de ma vie et de connaître cette belle région qu’est la Bretagne, même en
hiver !
En me levant ce matin, je vois que j’ai reçu un mail prioritaire sur mon portable. Je m’assieds
devant le bureau pour ouvrir mon courrier. Il s’agit du rapport que j’ai demandé sur Sophie.
En le lisant, je me rends compte que la petite maligne nous a caché pas mal de choses sur
son passé. En fait, elle a déjà un casier, et bien chargé même ! Avant de nous rendre chez
Fred, j’ai encore quelques tâches à accomplir. Je prends le combiné et appelle la
gendarmerie de Saint-Pol, où j’arrive cette fois-ci à joindre le commandant de brigade. Très
aimable, celui-ci me donne les renseignements attendus, à savoir que Sophie a agressé le
gendarme qui était venu l’interroger.
- Vous avez commis une faute grave, mon capitaine, lui réponds-je du tac au tac, on ne vient
jamais seul rendre visite à un suspect.
- C’est vrai, me réplique-t-il, mais avant Noël les effectifs sont souvent au plus bas. Alors
nous faisons comme nous pouvons et pas toujours comme je le voudrais, c’est-à-dire dans
les règles.
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Je lui demande s’il nous serait possible de voir Sophie, mais il me dit que vu son agressivité,
ils ont dû la placer en isolement. Et de fait, elle a été transférée à la gendarmerie de Brest
centre. Je prends ensuite mon téléphone portable pour essayer de joindre John, je voudrais
qu’il me fournisse quelques explications sur son départ trop rapide. Au bout d’à peine 2
sonneries, j’entends sa voix dans l’écouteur.
- Bonjour John, c’est Cindy, j’espère que tu as passé un bon Noël, comment vas-tu et que
deviens-tu ?
- Salut Cindy et merci pour ta carte de vœux que j’ai bien reçue. J’ai passé Noël dans ma
famille et j’ai été bien gâté. Je suis de nouveau en vacances les soupçons qui pesaient
contre moi étaient sans fondement.
- Justement, John, à ce sujet, j’aimerais comprendre ce qui s’est passé ; as-tu réellement
des accointances avec « Neverland » ?
- Non, dit John, je voulais juste le faire croire à Sophie, mais c’est elle qui m’a piégé, elle est
rudement intelligente et sacrément perverse. Je voulais qu’elle croit que j’étais de son côté
afin qu’elle ose me donner des renseignements, mais elle n’a pas parlé et j’ai été pour mes
frais. Elle a même eu le culot d’envoyer un de mes mails qui lui était destiné à mes chefs,
d’où mon rappel aussi subit.
- Je suis contente John que tu aies été blanchi dans cette histoire, cela me soulage.
- Mais où donc est Steph, me demande gentiment mon ami policier, d’habitude il n’est jamais
loin.
- Il est parti faire un exercice avec les pompiers de Saint-Pol, cela lui fait du bien de ne pas
perdre la main, c’est important dans son métier de rester toujours opérationnel en toute
circonstance. Je lui passerai ton bonjour et lui apprendrai les bonnes nouvelles. J’espère que
nous pourrons nous revoir tous les trois lorsque nous rentrerons à Paris. Allez, je te laisse, je
vais me préparer, car nous allons passer la journée chez Fred.
- Salue-le de ma part et dit lui que… Non finalement, je viens ! En avion Brest n’est pas loin
de Paris. Bonne journée et à ce soir, réservez moi une chambre dans l’hôtel.
- Pas de problème John, mais tu peux réintégrer notre chambre, ce sera plus sympa !
- Va pour le ménage à trois, me répond-t-il du tac au tac et je devine son petit sourire au bout
du fil.
Après avoir raccroché, je m’habille et descend au petit déjeuner. Je passe par la réception
de l’hôtel et annonce le retour de notre ami dans la soirée. Cela me fait drôle d’être assise
seule à cette table sans mon Steph pour me regarder, me sourire et raconter des blagues
pour me faire rire. Mais il prendra sa collation d’après exercice avec ses collègues pompiers.
Je récupère la voiture au parking et vais chercher mon chéri devant le centre de secours de
Saint-Pol. Après être allée saluer les pompiers et avoir discuté quelques minutes avec eux,
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je remonte dans la voiture dont Steph a pris le volant et nous nous rendons chez notre ami
Fred, qui nous accueille sur le pas de sa porte avec femme et enfants.
Je lui donne des nouvelles de John et lui annonce son retour pour le soir même. De le savoir
innocenté soulage immédiatement Fred, qui semble vraiment heureux du dénouement de
l’affaire. A notre grand étonnement, de petits cadeaux nous attendent dans nos assiettes,
certains faits par les enfants eux-mêmes. Nous passons une agréable journée en famille,
pleine de rires, de chansons et de bonne humeur. Nous ne rentrons pas trop tard, car nous
désirons être là à l’arrivée de John, qui je crois a loué une voiture à l’aéroport de Brest-
Guipavas.
Nous nous installons au bar pour l’attendre en sirotant un café bien chaud. Enfin, je
reconnais sa voix qui demande le numéro de sa chambre à l’accueil et Steph et moi allons le
rejoindre dans le hall de l’hôtel. Il serre Steph dans ses bras et m’embrasse sur les deux
joues, les yeux remplis de joie par nos retrouvailles. Nous l’accompagnons jusqu’à la
chambre où nous lui narrons les derniers événements de l’enquête et l’arrestation de Sophie
qui se trouve actuellement incarcérée à Brest. John nous relate en détail son stratagème
pour gagner la confiance de Sophie, ainsi que son échec et ses conséquences. Il passera
ses derniers jours de vacances avec nous, et ensuite nous pourrons rentrer ensemble sur
Paris. Notre trio ne se séparera pas de sitôt, sauf mission spéciale pour l’un ou l’autre.
Mon téléphone portable sonne alors, et j’ai mon supérieur hiérarchique au bout du fil qui
m’annonce la meilleure : Sophie était en fait la commandante en chef de la section
« Neverland Bretagne », son arrestation a permis de démanteler tout le réseau de la secte
sur la région, ce qui est une extraordinaire victoire pour nos services et surtout pour ceux qui
ont mené l’enquête sans se laisser démonter. Une prime spéciale nous attend à la fin des
vacances, à notre retour dans la capitale.
Comme j’avais branché le haut-parleur, mes compagnons ont pu entendre notre
conversation et dés que j’ai raccroché, nous nous jetons dans les bras les uns des autres et
nous congratulons mutuellement. Là, je me sens vraiment en vacances, l’esprit libre et
tranquille pour profiter de Roscoff, de mon amour et de la présence à nos côtés de notre
ami.
Nous allons pouvoir passer une semaine encore à Roscoff, tous frais payés par nos
organismes respectifs et fêter la Nouvelle Année avec Fred qui nous a invités tous les trois à
partager ce moment de fête avec eux. Nous passons une semaine idyllique dans Roscoff
redevenue calme et sereine. Nous retrouvons notre ami marin Gaël Robic, qui nous emmène
déguster les meilleures galettes et crêpes de la région, le tout arrosé de merveilleux cidres
bretons.
Le réveillon de Nouvel An est lui aussi une réussite, l’épouse de Fred a mis les petits plats
dans les grands pour nous régaler, il y a plein de friandises à déguster, nous rions beaucoup
et faisons des jeux de société pour attendre minuit. Tout le monde s’embrasse et nous
formulons nos vœux pour l’année nouvelle. Le désir de tous serait de pouvoir encore
travailler ensemble dans cette chaleureuse Bretagne, pourquoi ne pas créer une cellule anti-
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Neverland dans la région, puisqu’elle a été la première cité visée par son attaque ? Nous
dormons chez Fred à la bonne franquette et ne rentrons à Roscoff que le lendemain matin,
après de chaleureux au revoir et de longues embrassades.
28
Notre séjour dans la belle cité corsaire tire à sa fin. John, nostalgique, regrette le temps
perdu loin de la Bretagne ; région que nous avons tous adoptée. Nous commençons à
refaire nos bagages, la mort dans l’âme de devoir quitter une telle ville et une telle région
lorsque mon téléphone se met à sonner avec insistance. Je prends la communication et me
trouve en relation avec mes supérieurs. La nouvelle qu’on m’annonce me laisse sans voix,
puis je bondis sur mes pieds en criant : « Hourrah » !!! Mes compagnons me regardent d’un
air étonné et je leur envoie un grand et chaleureux sourire.
- Je viens d’avoir mon chef au téléphone, il me propose une promotion ! Un nouveau bureau
de’ lutte contre le terrorisme doit ouvrir prochainement dans la région Bretagne et plus
précisément en Finistère. On m’a pressentie pour prendre la direction de ce service, avec
possibilité d’embaucher les personnes que je pense être les mieux adaptées pour ce boulot.
J’ai les dernières 24 heures de notre séjour ici pour me décider et rendre ma réponse.
- Et qu’as-tu l’intention de répondre, en as-tu une petite idée ? Prends les 24 heures qui te
sont données pour peser le pour et le contre et prendre ta décision, il ne faut pas que tu te
trompes ou que tu en viennes à regretter Paris et sa bousculade.
- Tu sais, Steph, moi Paris n’a jamais été ma ville préférée, trop bruyante avec des gens trop
pressés qui ne savent plus dire bonjour à qui que ce soit. Mon appartement devrait se
vendre facilement et ainsi je pourrais acheter une petite maison dans la région. Seulement,
j’ai une énorme envie de vous embaucher, John et toi pour me seconder, qu’en pensez-
vous ?
- C’est plutôt une bonne idée, surtout si tu me permets de loger sous ton toit, cela nous fera
faire des économies pour nos futurs enfants, me répond Steph avec un clin d’œil coquin.
- Moi je te dis oui tout de suite, surenchérit John, je suis vraiment tombé amoureux de la
Bretagne et je n’ai pas envie de retrouver la vie trépidante de la capitale. D’ailleurs, tu
pourrais aussi proposer à Fred de rejoindre la nouvelle antenne Bretagne, il nous a
largement prouvé que c’est un agent qualifié et en plus il connait parfaitement sa région, ce
qui pourrait nous être très utile.
- Oui, tu as raison, je me mettrais en rapport avec lui pour lui proposer de rejoindre notre
équipe si je me décide à accepter ce nouveau poste. En attendant, si nous allions prendre
nos petits déjeuners, j’ai le ventre qui commence à réclamer sa pitance.
Après un copieux petit déjeuner face à une mer démontée, nous nous habillons chaudement
et allons nous promener dans la ville balayée par le vent ; iodé et vivifiant. Nous éprouvons
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tous les 3 de la nostalgie face à notre aventure et au charme de la vieille ville corsaire qui
nous a si gentiment accueillis. La décision à prendre pèse sur mes épaules, mais tout en
marchant, je me laisse envahir par la certitude que ma place est ici auprès de la mer pour
lutter contre toutes les sortes de terrorisme. Très vite, je décide en mon for intérieur
d’accepter la proposition de mes chefs et de rester en Bretagne. Mais je vais attendre
cependant demain matin pour communiquer ma décision à mes camarades et à mes
supérieurs.
Nous rentrons à l’hôtel pour le déjeuner, que nous dévorons à belles dents car la balade le
nez au vent nous a donné faim. L’après-midi est tout aussi calme que le matin. Nous faisons
nos adieux à la ville et allons retrouver notre ami Gaël au « Bar du port » où nous lui tenons
compagnie un long moment devant un bon chocolat fumant. Il nous narre encore plein
d’anecdotes de marins que je m’empresse d’inscrire dans ma mémoire avant de les
transcrire sur mon petit carnet. Je rêve d’écrire un livre sur mes différentes enquêtes, mais
ce n’est pas encore pour tout de suite. Nous repassons faire un tour à la boutique de
souvenir, où comme la fois précédente je me régale devant ce déballage de souvenirs divers
et variés qui me donnent presque envie d’acheter toute la boutique. Steph m’offre un joli
collier en ambre et je choisis une bague assortie, qu’il me passe solennellement au doigt
comme un gage d’amour éternel. John, quant à lui… Mais justement, où est-il, notre ami
policier. En tout cas il n’est plus dans la boutique ! Je balaye la rue du regard dans l’espoir
de l’apercevoir, mais en vain. Je prends mon portable et l’appelle, mais il a enclenché son
répondeur. Je finis par me dire qu’il a sans doute envie d’être seul un moment pour faire ces
adieux à la cité et je rejoins mon amour dans la boutique où le patron, installé derrière son
comptoir achève les paquets cadeaux. Nous déposons ceux-ci dans notre chambre où nous
retrouvons John, l’air songeur, allongé sur le lit. Nous le convainquons de venir avec nous
prendre un dernier goûter au salon de thé en face, afin de les remercier de leur gentillesse à
notre égard. Puis, retour à l’hôtel, où nous nous préparons pour le diner que nous prendrons
en compagnie de Monsieur le Maire en toute simplicité mais avec son écharpe quand même.
Enfin, nous nous couchons de bonne heure car le lendemain nous reprenons, en principe le
train pour Paris. J’ai un peu de mal à trouver le sommeil, blottie contre la large poitrine virile
de Steph, j’écoute alors respectueusement les battements réguliers de son coeur et cette
berceuse paisible finit par m’endormir.
Je me réveille en sursaut le lendemain matin sous un beau soleil de janvier. Je saute à bas
du lit, puis me rappelle que c’est aujourd’hui que je dois donner ma réponse au bureau
concernant la nouvelle antenne Bretagne. Je laisse Steph dormir du sommeil du juste et je
vais prendre une douche avant de m’habiller dans la salle de bain. Lorsque je regagne la
chambre, je le trouve allongé sur le dos, les mains derrière la tête et il me sourit. Je le rejoins
pour un câlin matinal, puis m’installe devant l’ordinateur pendant qu’il se prépare. John
comme moi, s’est réveillé et levé de bonne heure.
Notre dernier petit déjeuner dans ce sympathique hôtel du bord de mer se déroule dans une
ambiance plutôt feutrée. J’ai à peine fini que mon portable vibre au fond de ma poche. C’est
le numéro de nos services à Paris.
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- Bonjour Cindy, comment allez-vous ? Avez-vous eu le temps de réfléchir à ma
proposition ? Quelle est votre décision ?
- Mes respects, chef ! Je vais bien et il fait un temps superbe ce matin. J’ai pris le temps de
peser le pour et le contre de votre proposition et ai pris ma décision.
- Quelle est-elle ?
- Je désire rester en Bretagne et y monter ma propre équipe, avec en tète, mes deux
compagnons actuels et si possible le policier de Brest qui nous a aidé dans la lutte contre
« Neverland ».
- Accordé Cindy ! Maintenant, puisque vous aimez les bords de mer, je tiens à vous signaler
que notre antenne se situera au Conquet, pointe Finistère Nord. Un point névralgique pour la
région. Nous y avons acheté une charmante et vieille maison dans laquelle vous pourrez
ouvrir nos locaux et également y loger. La maison est assez grande, ainsi pourrez-vous tous
y habiter facilement, sauf peut-être votre ami Fred à cause de sa famille.
- Je n’ai pas encore pu lui proposer notre offre, je le ferai dés que vous aurez raccroché ! Je
devrai le trouver au commissariat central.
- Très bien, alors je vous laisse, vous rentrez à Paris pour quelques jours, puis retour définitif
en Bretagne. Moi je me charge d’obtenir les différentes autorisations pour vos collègues.
Passez me voir dés que vous le pouvez, afin que nous puissions avoir une conversation face
à face.
- Bien, chef, à très bientôt !
Retour à Paris pour tout le monde, avec la promesse de nous revoir quelques jours plus tard.
Une enquête se termine, mais l’amour et l’amitié ne font que commencer !!!
TTHHEE EENNDD
(Achevé d’écriture le : 28/01/2011
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ÉÉppiilloogguuee
’’eesstt mmaaiinn ddaannss llaa mmaaiinn qquuee SStteepphh eett mmooii ddééccoouuvvrroonnss llaa vviieeiillllee ddeemmeeuurree dduu CCoonnqquueett qquuii
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mmaaiiss ccoonnffoorrttaabbllee ccoommmmee iill eenn aa eexxpprriimméé llee ssoouuhhaaiitt.. QQuuaanntt aauu pprreemmiieerr ééttaaggee,, iill eesstt ppoouurr nnoouuss,,
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CC
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Bretagne Nord - Finistère Nord ( 29N ) - Code postal de la Commune du Conquet ; 29217
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Informations sur le roman
Ce livre à été écrit par Isabelle alias IsaBeau De Lorraine sur une idée originale proposée par
Christophe alias Chris Breizh.
’aime lire et j’écris aussi quelques poésies à mes moments perdus et pour mon blog. A la suite de
la lecture d’un roman mettant en scène la ville de Roscoff, mon ami Chris a eu envie de tenter la
même expérience et nous nous sommes lancés dans l’aventure. Ce polar politico-scientifique-fiction,
né de notre imagination débordante; m’a permis de savoir si j’étais capable d’écrire un livre en totalité
et de garder le plaisir d’écrire jusqu’au bout. Pour moi, c’est une réussite ! Notre bébé, si quelqu’un le
lit un jour, autre que moi-même et mon compagnon, saura, je l’espère captiver son lecteur et lui
procurer l’envie d’aller jusqu’au bout de la dernière page.
Merci à Chris pour ses idées qui émaillent ce roman, pour sa présence et son amour ; merci aux
personnes qui ont écouté les premiers chapitres et nous ont incité à continuer ; merci à la maman de
Christophe qui seule a pu juger de mon humble talent d’écrivaine et enfin merci à toutes celles et tous
ceux que j’aime pour leur amour inconditionnel.
Un merci particulier, venu du cœur, à ma maman sans laquelle je ne serai pas ce que je suis, malgré
sa triste disparition, je la sens chaque jour à mes côtés et enfin, merci à Patrice, mon frère trop tôt
disparu, mon ange gardien, de veiller toujours sur moi avec amour et persévérance.
L’auteure – IsaBeau De Lorraine
Nous écrire :
Isabelle : [email protected]
Christophe : [email protected]
MMeerrccii àà ttoouutteess eett àà ttoouuss !!!!!!
J
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Bretagne Nord - Finistère Nord ( 29N ) - Code postal de la Commune de Roscoff ; 29680
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PPRREESSEENNTTAATTIIOONN DDEE RROOSSCCOOFFFF
oscoff, ville côtière du Finistère nord, est une cité de villégiature fort prisée par les touristes en
été où ils se pressent en nombre. La ville passe en effet d’une moyenne de 3500 habitants à
l’année à 25000 occupants en été. Son climat agréable, grâce au passage du Gulf Stream qui initie un
microclimat; sa végétation luxuriante et fleurie, son histoire, sa thalassothérapie (la 1ère
en France) en
font un lieu de vacances idéal. Cette ancienne cité corsaire, dont on admire encore aujourd’hui les
belles maisons aux façades sculptées ou ornées de balcons de pierre, vous
offrira ses plages de sable fin pour les séances de bronzage, le vent pour
voguer ou surfer, des sentiers de randonnées fléchés. Les amoureux de la
nature iront visiter son jardin exotique et pourront même grimper tout en
haut du rocher pour bénéficier d’un panorama magique sur la côte et la mer
qui entoure la ville sur 3 côtés. Admirez sa belle église Notre Dame de
Croas-Batz et son clocher de dentelle de pierre qui se découpe dans le
couchant, regardez la bien : vous verrez sculptés sur ses murs des
caravelles et des canons (tournés vers l’Angleterre, quelle coïncidence !).
Apprenez l’histoire des Johnnies, ces marchands d’oignons rosés qui
parcouraient l’Angleterre pour vendre leur production à vélo. Vous
découvrirez aussi qu’Alexandre Dumas père prisait fortement cette cité, que
de nombreux peintres ont été inspirés par ses cieux superbes aux couleurs uniques, que poètes et
écrivains ont été inspirés par sa douceur de vivre. Et puis il reste à voir l’île de Batz, son petit port de
pêche, ses cultures, ses chevaux et son jardin Delassalle, où poussent fleurs et plantes exotiques,
profitant de la clémence du climat. Pour atteindre cette île, nul autre moyen que le bateau, des
vedettes faisant la navette entre Roscoff et l’île. A marée basse, on prend ces vedettes au bout de
l’estacade, longue de plus de 500 m, pont jeté en pleine mer au devant de l’île de Batz qui lui fait face.
En effet le marnage à Roscoff est de 9,50m et la mer se retire loin à l’horizon. Sans doute vous
demandez-vous ce qu’est le marnage : eh bien, il s’agit de la différente de hauteur entre marée haute
et marée basse (pensez au Mont Saint Michel !). Si vous ne voulez pas vous fatiguer, vous pourrez
emprunter le petit train touristique qui vous fera faire le tour de la ville et de ses curiosités et vous
emmènera jusqu’à la chapelle Sainte Barbe, érigée sur les hauteurs de la ville, offrant elle aussi un
panorama magnifique sur la mer et la ville à ses pieds. Vous profiterez de la pureté de son air vivifiant,
du charme de son centre ville aux vieilles demeures de pierres, de
ses rues et ruelles fleuries, vous flânerez au jardin Louis Kerdilés et
découvrirez ses animaux, poneys, kangourous (eh oui), oiseaux en
semi liberté et toujours une foison de fleurs dont de magnifiques
hortensias, car vous savez tous que l’hortensia aime la terre de
Bretagne et s’y épanouit dans une gamme de couleurs allant du
bleu, au violet, en passant par toutes les teintes de rose.
Maintenant; Roscoff n’est pas seulement une ville de loisir, elle
profite aussi de la pureté de son air et de la douceur de son climat
pour accueillir un centre de soin performant à Perharidy, presqu’île faisant face elle aussi à la ville
ainsi qu’un centre de rééducation cardio-vasculaire, le centre Saint-Luc, non loin de la
thalassothérapie, réputée pour ses manœuvres de palper-rouler et ses cures maman-bébé. Bon
séjour et bonnes vacances à Roscoff ! Je peux vous assurer pour avoir vécu quelques années entre
ses vieux murs de pierre, que qui s’arrête un jour à Roscoff y reviendra tôt ou tard !
BBoonn ssééjjoouurr àà RRoossccooffff !!!!!!
RR
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DÉCOUVRIR SAINT-POL-DE-
LÉON
La jolie ville de Saint-Pol-de-Léon, sise en Finistère Nord, garde le charme d'une station portuaire très fréquentée en été avec les beaux jours. Sa baie est une des plus belles de la province et abrite de nombreuses espèces d'oiseaux. Ouverte sur la mer, Saint-Pol-de-Léon est, parmi les villes de
Bretagne, celle qui possède le caractère religieux le plus marqué. Mais elle est aussi une des 1ères régions maraîchères de France et l'une des plus importantes d'Europe ! Lors de vacances Bretonnes, Saint-Pol-de-Léon est une étape obligée. A VOIR A SAINT-POL DE LEON :
Hôtel de ville : il s'agit du dernier palais épiscopal. Admirez son bel escalier monumental agrémenté de quelques tableaux du Louvre. Demandez à voir aussi le tableau peint par Yan' Dargent, "Fillette léonarde".
Maison prébendale : Située Place du Petit Cloître, elle appartenait au chanoine de Léon et de Nantes, et porte ce nom car à son titre de chanoine, l'archidiacre d'Ack touchait des revenus ecclésiastiques dits prébendes. Admirez les figures humaines sculptées sur les jambages de la porte d'entrée, ainsi que le lion et le dragon sur le pignon.
Chapelle Saint-Joseph : construite en 1846, son clocher est haut de 33 mètres. Il fallut une intervention auprès du Ministre de la Marine pour le conserver à Saint-Pol sous le prétexte que ce haut clocher pouvait servir d'amer pour la navigation.
Chapelle Saint-Pierre : dominant le cimetière, elle possède une nef du XVe siècle. Entrez et admirez sa statue de la Vierge à l'Enfant (fin XIVe-début XVe) et sur les murs de l'enclos du cimetière 9 reliquaires du XVIe.
Chapelle Notre-Dame du Kreisker : dressant ses 78 mètres vers le ciel, son clocher est le plus haut de Bretagne. Sa fondation remonte au VIe siècle et relève d'un miracle dû à Saint Kirec.Son nom vient du fait qu'elle était située au milieu d'un village.
Ancien séminaire : l'ancien Grand Séminaire du Léon fut construit en 1708. Depuis 1911, c'est le Lycée du Kreisker qui a pris possession de ses locaux sous l'appellation de Collège du Léon.
La Maison du Pilori : édifiée en 1680, elle est surmontée d'un toit à 2 demi-coupes,permettant de penser qu'il s'agit de la réunion parcellaire de 2 maisons.
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Hôtel de Kermenguy : cette construction, soignée et homogène, témoigne de la qualité des bâtiments privés du XVIIe siècle. L'échauguette d'angle rappelle celles de Roscoff !
Ancienne mairie : édifiée pendant la 1ère moitié du XVIIe siècle, elle devint vers 1640, "maison de ville" (l'ancêtre de la mairie).
Fontaine lenn Ar Gloar : située rue Poullou, prés un ancien lavoir, elle abrite une ancienne statue de la Vierge, bénie par Saint Paul Aurélien lui-même et ne s'est jamais tarie. Classée monument historique en 1909.
Manoir de Keroulas : Un beau portail et de jolies fenêtres à meneaux. Admirez aussi à l'intérieur l'escalier à vis et les cheminées monumentales.
Cathédrale Pol Aurélien : Bâtie en l'honneur de Paul Aurélien, 1er évêque du Léon qui aurait terrassé un dragon sur l'île de Batz. Elle est aussi depuis 1901 basilique mineure de l'Annonciation. Vous pourrez y admirez les stalles en chêne, les reliques, la cloche celtique, les "boîtes à crâne" (curiosité majeure de l'édifice), la dalle de Marie Amice Picard, son grand orgue et son ciborium.
Sans doute vous laisserez vous tenter aussi par son littoral et ses plages bien aménagées,
véritables paradis pour les pêcheurs à pied qui y font la cueillette de coquillages et de
crevettes.
Pour en savoir plus sur Kastell-Paol (Saint-Pol-de-Léon, en Breton), rendez-vous sur
le site officiel de l'office du tourisme : http://www.saintpoldeleon.fr !
Excellente visite !!!
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CChhaappeellllee SSaaiinnttee--bbaarrbbee
RROOMMAANN PPOOLLIICCIIEERR SSCCIIEENNTTIIFFIIQQUUEE
______________________________________________________________________________________
IISSAABBEEAAUU DDEE LLOORRRRAAIINNEE && CCHHRRIISS BBRREEIIZZHH
11 AANN dd’’EECCRRIITTUURREE !! MMEERRCCII DDEE VVOOTTRREE LLEECCTTUURREE !!
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RROO SSCC OO FFFF,,
VVIILLLLEE
FFAANN TTÔÔ MM EE
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--Résumé--
Une équipe pluridisciplinaire,
constituée par Cindy, de la police
scientifique, Steph, de la section
investigation des Pompiers de Paris,
John, commandant du RAID et enfin
Fred, de la police locale, enquête sur
une mystérieuse épidémie ayant
atteint la petite ville de Roscoff.
Suivez, pas à pas, les recherches et la
vie de cette sympathique équipe et
découvrez à leurs côtés pourquoi
Roscoff s’est transformée en … ville
fantôme !
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Mot de l’écrivaine
L’auteure de ce roman, dont c’est le premier livre, Isabeau de Lorraine, s’est essayée, après la poésie
à un roman policier scientifique. Avec l’aide et les idées de Chris Breizh, ce premier ouvrage semble
remplir ses promesses et nous entraîne à travers une Bretagne pittoresque et pleine de charme.
IsaBeau De Lorraine - [email protected]
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