1/ Le jansénisme. Blaise Pascal :
Provinciales et Pensées
2/ La Rochefoucauld : Maximes
3/ Jean Racine : la tragédie pure
Le jansénisme vient du nom de l'évêqued'Ypres, Cornelius Jansen (ou Jansénius),théologien attaché à un augustinisme austèreet rigoureux, auteur de l'Augustinus, paru aprèssa mort en 1640.
la grâce - le don gratuit de Dieu, la grâceefficace opposée à la grâce suffisante
L'abbé Saint-CyranLe monastère Port-Royal : la mère Angélique Arnaud
les Solitaires: théologien et moraliste PierreNicole et théologien Antoine Arnaud.
Racine élevé par les religieuses de Port-Royal,Pascal se range du côté de Jansénius dès 1648.
Blaise Pascal (1623-1662) : philosophe, prosateur,mathématicien, expérimentateurLes Provinciales : Lettres écrites à un provincial par un deses amis sur des disputes présentes à la Sorbonne, il y ena dix-huit, publication: janvier 1656 - mars 1662, but-sensibiliser le public en faveur des jansénistes
Les Pensées - fragments d'une Apologie de la religionchrétienne que Pascal prépare à partir de 1656.Publication posthume 1670.
l'édition de Brunschvicg (1897), édition Lafuma (1951),l'édition Sellier (Bordas 1976,1991), Michel Le Guern(Pléiade, 2000 : ce sont les papiers d’un mort, non uneœuvre posthume car nous n’avons pas l’œuvre, nousavons l’atelier)
27 liasses
I section:28 liasses qui se divisent en 2 grandes
parties.
La première - un tableau de la condition humaine; la
situation tragique de l'homme dans l'univers, la
misère de l'homme abusé par son imagination, par
une raison impuissante à le guider, qui se met au
service de ses passions. L'homme ne peut pas
échapper à l'angoisse que lui inspire sa condition
d'où l'envie des divertissements. Il faut parier que
Dieu existe car il n'y à rien à perdre et tout à gagner.
Cette partie doit amener l'incrédule à accepter la foi.
La seconde partie est une apologie du christianisme
II section : 31 liasses, développement de
l'argumentation de la I section
III section : "Miracles" les notes et les réflexions sur
l'usage des miracles à des fins apologétiques.
IV section fragments de diverses sources.
1/ Les Pensées une entreprise paradoxale : ellessupposent l'impuissance de la raison etpourtant l'apologie défend une doctrine.2/ l'impossibilité logique des causes et deseffets : nos actions et ce qui les motive3/ les jugements sont doublement instables: lesobjets sont changeants et l'homme n'est jamaisidentique à lui-même4/ le renversement de chaque opinion par uneautre5/ la coutume, la hiérarchie, la propriété : unenécessité6/ l'argument du pari
"Travaillez donc non pas à vous convaincre
par l'argumentation des preuves de Dieu,
mais par la diminution de vos passions"
(418).
"L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible
de la nature, mais c'est un roseau
pensant",
"Le cœur a ses raisons que la raison n'a
pas",
"le nez de Cléopâtre s'il eût été plus court
toute la face de la terre aurait changé"
François, duc de La Rochefoucauld (1613-
1680)
Mme de Sablé et l'abbé Jacques Esprit
Mémoires, Réflexions ou Sentences et
maximes morales, parues sous l'anonymat,
5 éditions (1665, 1666, 1671, 1675, 1678)
Nous avons lu les maximes de M. de La Rochefoucauld.
Ha, Madame! Quelle corruption il faut avoir dans l'esprit et
dans le coeur pour être capable d'imaginer tout cela!
(Mme de Lafayette à Mme de Sablé décembre 1663)
"L'amour propre est le plus grand de tous
les flatteurs"
1/ La leçon des Maximes : l'amour-propre, "corrupteur de la raison", estla cause de l'oubli de Dieu et de la charité, c'est le tyran qui règne sur lanature humaine corrompue.
2/ A l'amour-propre, il faut ajouter les passions, les intérêts, lesfaiblesses… L’homme est gouverné de l'intérieur par les forces qui luiéchappent, dominé par son corps, régi de l'extérieur par la "fortune„.3/ Le paradoxe. Chez La Rochefoucauld chaque valeur est susceptible dese renverser dans son contraire : les vertus ont besoin de vices, et lesvices peuvent se retourner en vertus.4/ L'auteur multiplie les "souvent", "quelquefois", "presque toujours" quiexcluent l'universalisation catégorique.5// La forme, une succession de constats lapidaires et d'aphorismebrillants, reflète le pessimisme de la réflexion.
"Nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices
déguisés".
"L'intérêt [...] joue toutes sortes de personnages,
même celui de désintéressé"
"La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde
que ses apparences y font de mal"
"Les vertus se perdent dans l'intérêt, comme les
fleuves se perdent dans la mer"
"Les vices entrent dans la composition des vertus
comme les poisons entrent dans la composition des
remèdes"
"La fidélité qui paraît en la plupart des hommes n'est
qu'une invention de l'amour-propre pour attirer la
confiance. C'est un moyen de nous élever au-
dessus des autres, et de nous rendre dépositaires
des choses les plus importantes"
« La tragédie est l’imitation d’une action de
caractère élevé et complète, d’une certaine
étendue, dans un langage relevé
d’assaisonnement d’une espèce
particulière suivant les diverses parties,
imitation qui est faite par des personnages
en action et non au moyen d’un récit, et
qui, suscitant pitié et crainte, opère la
catharsis propre à pareilles émotions »
Aristote, Poétique
Catharsis - Chez les anciens, sens esthétique « épuration ». La tragédie épure la pitié et la frayeur, elles sont éprouvées sans danger et maîtrisées par le spectateur. But : apprivoiser les hantises.
- Au XVIIe, sens moral « purification ». La purgation doit mener à la pitié qui nous fait craindre le même malheur pour nous. Repentir, une douloureuse leçon morale.
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable :Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.Une merveille absurde est pour moi sans appas :L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.
Boileau : L’art poétique, chant III
1660-1680 tragédie pure
Corneille nous assujettit à ses caractères et
à ses idées, Racine se conforme aux
nôtres; celui-là peint les hommes comme
ils devraient être, celui-ci les peint tels qu'ils
sont. [...] L'un élève, étonne, maîtrise,
instruit; l'autre plaît, remue, touche,
pénètre. Ce qu'il y a de plus beau, de plus
noble et de plus impérieux dans la raison
est manié par le premier; et par l'autre, ce
qu'il y a de plus flatteur et de plus délicat
dans la passion. [...] Corneille est plus
moral, Racine est plus naturel. (Les
Caractères, "Des ouvrages de l'esprit", 54, 1688)
En 1664 Thébaïde de Racine et
Othon de Corneille
En 1667 Andromaque de Racine et
Attila de Corneille
En 1670 Bérénice de Racine et
Tite et Bérénice de Corneille
En 1672 Bajazet de Racine et
Pulchérie de Corneille
En 1674 Iphigénie de Racine et
Suréna de Corneille
Corneille : latiniste, un grand intérêt d’Etat, l’amour
secondaire et le héros choisit l’honneur, l’obstacle
extérieur, la capacité de l'homme de faire le bien, à
refuser le mal dans les situations difficiles.
Racine : helléniste, l’amour au premier plan et le héros
sacrifie l’honneur, l’obstacle intérieur, marqué par l'idée
que l'homme seul, sans la grâce de Dieu, ne peut
échapper à la perdition du péché. La fatalité prend
souvent l'aspect d'une vengeance divine.
Jean Racine (1639-1699): très tôt orphelin, élevé à
Port-Royal.
1664 - Thébaïde, jouée par la troupe de Molière
1665 - Alexandre 1666 polémique contre le Port-
Royal, rupture avec Molière.
1667 - Andromaque
1668 - Les Plaideurs (comédie)
1669 – Britannicus. Echec momentané. Rivalité
ouverte avec Corneille.
1670 - Bérénice
1672 - Bajazet
1673 - Mithridate. Réception à l'Académie française
1674 - Iphigénie. Amitié avec Boileau
1677 - Phèdre. Historiographe du roi avec Boileau.
Racine abandonne le théâtre. Retour progressif à
une foi ardente. Réconciliation avec Port-Royal. 10
ans après deux pièces d’inspiration biblique
1689 - Esther
1691 - Athalie
Andromaque la troisième tragédie de Racine,
représentée devant la cour, dans les appartements
de la reine le 17 novembre 1667 et le lendemain à
l'Hôtel de Bourgogne.
Sources: Enéide de Virgile, Euripide, Andromaque,
Homère L'Iliade, Sénèque, Troyennes, mais Racine
se comporte de façon assez libre avec ses sources.
Soubligny, La Folle querelle représentée par la
troupe de Molière en mai 1668.
Royaume d'Epire
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime
Andromaque qui n'aime que le souvenir de son mari
mort, Hector, et son fils Astyanax
Phèdre
1er janvier 1677 à l'Hôtel de Bourgogne,
pièce imitée de l'Hippolyte porte-couronne
d'Euripide, influence latine de Sénèque
Phèdre de Jacques Pradon, cabale contre
Racine
Phèdre, épouse de Thésée, aime Hippolyte
(le fils de son mari) qui aime Aricie,
princesse issue d’une famille tuée Thésée
Phèdre victime de la vengeance de Vénus
Phèdre : fille de Pasiphaé, célèbre pour sonunion contre nature avec le taureau de Crète.De cette union naît le Minotaure, le monstre aucorps d'un homme et à la tête d'un taureau.
Phèdre : fille de Minos le juste, elle rêved'innocence, d'où sa souffrance et son sens dupéché. Phèdre "n'est ni tout à fait coupable, nitout à fait innocente". Elle se juge coupable et"fait tous les efforts pour surmonter sa passionillégitime„ (préface de Racine)
Le tragique racinien :"Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et
des morts dans une tragédie: il suffit que l'action y
soit grande [...] et que tout s'y ressente de cette
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la
tragédie" (préface de Bérénice)
a/ le climat d'angoisse
b/ une sombre vision de la condition
humaine
c/ une course contre la mort
La fatalité : destin intériorisé
La fatalité : un mensonge, un alibi ou une
excuse.
L'amour chez Racine : coupable,
impossible et brutal
L'art de Racine
Le style racinien se caractérise par:
-l'économie des moyens,
-le jeu de sonorité et de rythme,
-les images qui mettent en valeur les états
d'âme des personnages.
Phèdre fait connaissance d'Hippolyte:
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais
parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
(I, 3)
https://www.youtube.com/watch?v=NI4o_feBySQLa passion dans les tragédies de Racine
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