Prises de parole et interventions dans l'organisation de la conversation1
I.-M. Luscher, E. Roos, C. Rubattel Université de Neuchâtel
Le présent travail se situe à l'intersection des courants des analyses du discours et conversationnelles (cf. Moeschler & Reboul 1994, chap. 18). Rn effet, il nous semble que, si l'on veut analyser des conversations authentiques2, il est nécessaire d'en appréhender l'organisation au-delà de l'apparence de la successivité des tours de parole. Nous cherchons donc à dégager une syntaxe dialogule* par la description de la structuration de la conversation et la définition de catégories. Sans nous situer dans les perspectives ethnométhodologique ou sociolinguisuque, nous utilisons tout de même des notions - telles que "tour de parole" - sur la base de travaux du type de ceux de Sacks, Schegloff. et Jefferson (1974) ou de Goffman (1981). Ainsi, les premiers buts de la recherche sont de décrire les frontières de tours de parole et de déterminer les contraintes syntaxiques qui sont la trace d"une place transitionnelle possible. Il s'agit de combiner une analyse dialogique, hiérarchique et fonctionnelle, telle que celle du modèle de Roulet et al. (1985), et de ses développements ultérieurs (Roulet 1986, 1987. Moeschler 1985. 1989. Rubattel 1989). avec une analyse fondée sur la description des spécificités des discours dialogaux.
1 Ce travail a bénéficié du soutien du FNRS (projet n° 12-40012-94). Les auteurs remercient de leurs remarques et conseils : Antoine Auchlin, Thérèse Jeanneret, Cecilia Qesch-Serra et Lorenza Mondada. 2 Par conversation, on entendra ici tes aspects verbaux d'une interaction. Nous excluons donc d'autres aspects qui interfèrent à divers degrés selon le type d'interaction (regards, mimiques et gestes, bruits, etc). L'intonation, qui pourrait être intégrée dans les aspects verbaux, ne sera pourtant pas non plus retenue ici. 3 Le terme "syntaxe" doit être ici compris informellement comme "organisation d'unités significatives".
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Dans la première approche, la notion centrale est celle d'intervention, susceptible d'entretenir des relations initiatives-réactives avec des interventions adjacentes, mais aussi de former par un processus récursif de subordination ou de coordination une intervention plus vaste. Toute intervention est associée à un énonciateur unique, qui peut être interactif (intervention simple) ou interactionnel (intervention complexe, construite par mouvements discursifs successifs).
Dans la seconde approche, il s'agit de décrire les prises de parole des locuteurs du dialogue, qui peuvent coïncider ou non avec des interventions constitutives d'échange. Ces deux approches sont complémentaires, car l'analyse de conversations authentiques fait apparaître des éléments qui, tout en étant produits par un des interlocuteurs, ne s'intègrent pas hiérarchiquement dans une structure typique d'échange, soit qu'ils n'aient pas le statut d'intervention, soit qu'il faille les traiter comme des interventions discontinues. Dans ce second cas, elles sont interrompues par une prise de parole de l'interlocuteur, sans pour autant que la suite de l'intervention soit une réaction à la prise de parole interrompante. Par ailleurs, l'analyse de la conversation doit prendre en compte le statut des prises de parole des locuteurs avant de fonder une analyse hiérarchique et fonctionnelle.
11 nous a paru nécessaire, pour atteindre nos buts, de suivre le chemin suivant : 1 ) cerner la notion de tour Je parole : 2) distinguer la place transitionnelle possible de l'emplacement du passage effectif de la parole , 3) repérer systématiquement les marques linguistiques aux frontières des passages de parole.
Les deux premiers points font l'objet des paragraphes 2 et 3 de ce texte, le troisième sera développé ultérieurement, dans le cadre de cette recherche. Mais avant de pouvoir aborder la première étape, une importante réflexion sur le système de transcription s'est révélée indispensable. C'est d'elle que nous allons d'abord rendre compte.
1. La transcription
Pour poser nos hypothèses et effectuer nos premières analyses, nous n'avons pas jugé nécessaire de partir de transcriptions originales. Nous
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avons sélectionné trois conversations déjà exploitées par d'autres et transcrites dans les trois ouvrages suivants : 1) Schmale-Buton & Schmale 1984, 310-328, "introduit en erreur", ci-après "allocation"; 2) Cosnier & Kerbrat-Orecchioni 1987. 377-381. "dialogue n° I". ci-après "mode": 3) Bange 1987, 1-12, "la dame de Caluire", ci-après "consultation".
Les trois transcriptions suivent leurs règles propres, explicitées ou. en tout cas, dont les conventions sont définies. Toutefois, chacune d'entre elles présentait pour nous des inconvénients. Dans la première, lorsqu'un locuteur commence un tour de parole4, celui-ci est noté soit au début d'une ligne si les paroles se succèdent, soit en cours de ligne si les paroles se chevauchent. Dans la seconde, le même procédé est revendiqué, puisqu'il est mentionné que le retour à la ligne intervient chaque fois que "deux émissions verbales de deux locuteurs se succèdent" (Cosnier & Kerbrat-Orecchioni 1987, 371). Mis à part l'inconvénient que ce principe n'est pas appliqué systématiquement, il implique, de la part de la personne qui transcrit, une interprétation préalable de l'organisation de la conversation qui entre en contradiction avec les buts de notre recherche. De plus, lors de chevauchements, un des locuteurs est mis, littéralement, entre parenthèses. Quant à la troisième, organisée en "partition", elle est très proche de celle que nous allons utiliser. Mais la prise en compte du discours d'un des interlocuteurs indépendamment du discours de l'autre n'y est pas aisée et nous en avons besoin. Par ailleurs, la distribution des silences entre deux tours de parole (cf. infra) ne nous a pas semblé satisfaisante. De toute façon, nous voulions une uniformité de présentation de notre corpus.
L'essentiel de ces remarques porte finalement sur la question de la frontière des tours et leurs caractéristiques, objets de cette recherche. D'emblée, on observe que toutes les paroles prononcées n'ont pas la même fonction dans l'organisation de la conversation. Cela est pour nous crucial. En effet, puisque nous nous proposons d'élaborer une définition de la notion de tour de parole, nous aurions pu, en première approche affirmer, par exemple, que le retour à la ligne marque un nouveau tour de parole.
4 Au sens où nous parlerons, par la suite, de "prise de parole"
60 Cahiers de Linguistique Française 17
alors que l'insertion dans le discours de l'autre désigne que ce qui est dit ne constitue pas un tour de parole à proprement parler. Si nous pensons qu'il y a là l'ébauche d'une hypothèse, nous y voyons surgir deux questions : 1) si ce n'est pas un tour de parole, qu'est-ce que c'est ? 2) quels sont les critères, implicites ici, qui ont guidé le transcripteur dans son choix d'inscrire telle parole à la ligne et telle autre en cours de ligne ?
La première question sert de point de départ à notre réflexion sur la notion de tour de parole au paragraphe suivant. Pour nous permettre de répondre à la seconde, nous avons décidé d'adopter un système de transcription qui annule toute distinction et met donc tous les débuts d'intervention (dans un sens non-technique) au même niveau. Deux solutions s'offraient. revenir systématiquement à la ligne ou ne jamais revenir à la ligne. Le lecteur constatera ci-dessous que nous avons choisi la deuxième possibilité, en réservant une colonne à chaque interlocuteur. Cela offre l'avantage d'être plus proche de la linéarité temporelle du discours : s'enchaînant, les paroles viennent bien à la suite les unes des autres, les mots écrits aussi, le changement de voix étant transcrit par le changement de colonne.
1.1 Les chevauchements
La question du chevauchement reçoit également une réponse satisfaisante dans notre système : les paroles prononcées en même temps sont soulignées et écrites au "même" endroit dans les colonnes respectives. Selon d'autres transcriptions, les chevauchements donnent lieu à deux confusions : 1) On observe dans les trois conversations de notre corpus certains "chevauchements sur silence". Cela conduit à ne pas revenir à la ligne» alors qu'il y a succession dans les paroles. Deux exemples :
a) Cosnier & Kerbrat-Orecchioni 1987. 381. lignes 281-282.
279 P - f-iih p- t ' é t - paa piua" chic» M i l un peu plua" loua' diaona que bon bao « l u . 280 ; - m'arriv» paxJoia d« remarquer un vat^aent' (où 1kl vraiment ]'tcmtx 251 ijvaaua' « t puia J ' a i : : , coaaa on d i t la la lc°upl *" toudte* r. 28! [B i l - Lh» J L " ooup <*- «oiid- J 283 boa ] * vaia paa l ' a c h - t a r ' parc* que d'abord l ' en ai J ' «n ai p* t - é t» paa laa 284 anyona:' 285 ouata
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Le syntagme "le coup de foudre", énoncé par H. est prononcé pendant que F se tait. Néanmoins, le transcripteur n'a pas jugé utile d'aller à la ligne et l'a traité selon les conventions réservées aux chevauchements.
b) Schmale-Buton & Schmale 1984, 312, lignes 17-18 :
16 C : ah qui obligent euh oui enfin il y a des critères
17 T bien sûr cour l'obtenir en tout cas . hein . alors
18 B : 1 (bref) ouais oui oui • oui
19 C : tous ceux qu'ont pas (on dira ' ) (k) qui n'ont pas les
critères peuvent ne pas l'avoir . eh ben il faut que
Le crochet indique le chevauchement et le point une "interruption très courte". Le second "oui" de la ligne 18 est prononcé alors que C s'est interrompu. En ce qui nous concerne, il n'y a pas lieu, dans ces cas d'envisager un chevauchement, c'est-à-dire que nous laissons vide une des colonnes.
2) La pause silencieuse entre deux tours de parole est attribuée parfois à celui qui finit un tour, parfois à celui qui en commence un.
a) Cosnier & Kerbrat-Orecchioni, p. 377, lignes 1-3.
Ëi - * l o n j-v«i» t - poeer un» pr« leaode actuelle . . .
làr* question* qu-eefc-ce qui tu penne» - , de
•quelle' tacde-
L'énoncé de H est suivie d'une "pause moyenne" (trois points). Mais cette pause pourrait tout aussi bien être indiquée avant l'énoncé de F. Cela serait même plus facilement interprétable : H pose une question et F réfléchit avant de répondre.
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b) Bange, p. 10, lignes 34-35 et p. 11, lignes 4-5
31 32 33 34 35
01 02 03 04 05 06 07
COKS DAN
COM3 DAM
CONS DAM
CONS DAM
CONS
/ben bien sûr' / /l'autre' i- veut gar/der 1- i- veut garder 1-mien
nais mai» vous le vous ça vous r-garde pas' d-compteur, 00
d-locatalre autant que l«propriétaire' c'est dea véreux
00 ben oui mai»! i- faut i- faut prendre des hein
précautions•
Dans le premier passage, la pause "appartient" encore à celle qui a parlé, comme s'il était légitime qu'elle ajoute quelque chose, remplissant ainsi ce vide. Dans le deuxième passage, en revanche, cette même personne semble "écouter" le silence de l'autre. Dans de tels cas, nous préférons attribuer le silence aux deux interlocuteurs (cf. ici p. 76).
1.2. Nos conventions
L'extrait ci-dessous (allocation, 81-100) illustre notre façon de transcrire et donne des exemples d'utilisation des signes qui nous sont propres. Nous en avons en effet introduit deux qui ne transcrivent aucune particularité orale, mais simplifient la lecture. La barre oblique "/" indique une incomplétude syntaxique (patiente, 82-3); le simple bégaiement, qui logiquement devrait recevoir cette marque, n'est toutefois pas marqué, car la syntaxe est alors immédiatement rétablie (médecin, 77. 96-7).
«•
M JI5
Bl
96
91
96
J.-M. Luscher. E. Roos. C. Rubattel 63
patiente
7« A paaa* l e
- oulrne ou l e se i ze euh décembre
t t U y i «u refus
sutnautique et euh {/) donc 1*ass i s
tante aoc la le de l ' a i o s * euh. a- /
e l l e qui avait dit euh 11 faut.
ab»olu»ent euh / voua n'ave* pé* lee /
l e _ l e aarl n'a pas l e / l e s moyens
de a* payer une aide ménaqéra _ euh e t
la mari est lu i - s ea* tcea îiand- t r è s
handicape - paa apparemmunt aaia » i l
/ en en r é a l i t é 11 l ' e s t ne in
s u i s 11 v a eu un refus a l o r s euh -
l ' e e / donc euh so i le a* ( r ire» )
trouve devant devant al vous voule»
des parents qui Vont e t r * dépreaaifa
euh d ' i c i peu e t i
ah oui
2'j* i •*
Médecin
lS ! • r*aV** décembre oui
oui - mais
a lors voyez-voua c ' e s t p«s - o b l i -
qato lre
nais i l faut Caire
un appel en commission régionale on en
a re1«t4> beaucoup voua savez - euh
Il MB / i l s u f f i t pas d 'être / - 11 euh
i l i l S u f f i t / vous lavez _ a e s t l s
perte d'une certa ine autonoaie « lors
e ' e e t / i l y a i l y a des points pour
euh - euh pour t e l l e chose tant de
La barre oblique peut être mise entre parenthèses quand sa présence est sujette à discussion (79 : il y a deux lectures possibles ; dans la première, le deuxième conjoint est absent, alors que selon la seconde, et et Jonc se combinent). Quant à l'égalité "=". elle signale une incomplétude lexicale (patiente, 85). Les deux signes peuvent être cumulés lorsqu'un énoncé est interrompu au milieu d'un mot (patiente, 80). Par ailleurs, dans "mode" et "consultation", nous avons rétabli les élisions à l'intérieur des mots (ex.: vêt=ment -> vêtement). Nous les avons maintenues entre deux mots, dans les trois transcriptions, mais en généralisant l'usage conventionnel de l'apostrophe, et non suivant leur usage en utilisant "=**, (patiente, 90).
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Les commentaires concernant le mode d'énonciation apparaissent entre crochets. Si un même commentaire est repris plusieurs fois, seule son initiale est notée dès la seconde occurrence ([Dicte], [D), dans "consultation"). Le signe "+" marque la fin du passage concerné.
De plus, alors que les auteurs retenus distinguent des pauses "brèves", "moyennes", "longues" et "très longues", nous avons écarté la première catégorie et regroupé les deux suivantes. Quant aux dernières, notées en secondes, elles sont pour nous toujours communes aux deux interlocuteurs.
2. Les prises de parole
Dans le paragraphe précédent, nous avons fait remarquer que. durant une conversation, le simple fait de parier ne constituait peut-être pas systématiquement un tour de parole. D semble en effet qu'il est possible de dire quelque chose sans pour autant remplir un tour de parole. Affirmer cela exige de définir d'une part ce qu'est un tour de parole, et d'autre part ce que sont les autres énoncés. Pour nous donner les moyens d'aborder conceptuellement cette question, nous opérons une première distinction entre le tour de parole (ci-après TP) et la prise de parole (ci-après PP). Le terme de prise de parole sera utilisé comme hyperonyme recouvrant le TP à proprement parler et toutes autres formes d'interventions (au sens non-technique) verbales que nous serons amenés à définir. (Pour une première approche, cf. Luscher 1989).
Le TP est ainsi un type particulier de PP qui nous semble réunir, au moins, les trois caractéristiques suivantes ;
1) Avoir un contenu thématique ou être en relation avec un thème.
C'est évidemment dans le TP que les thèmes abordés par la conversation seront développés. Toutefois, nous ne nous attacherons que peu. dans un premier temps, à la reconnaissance des thèmes, et cela pour deux raisons. La première est liée au caractère non strictement déterminant de ce critère : le fait d'avoir un contenu thématique n'est pas toujours requis, puisque nous incluons dans les TP les marques d'approbation, par exemple un simple oui. C'est ce que nous appelons en relation avec un thème, l-a deuxième
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raison est que nous voudrions éviter, dans nos analyses, les références au contenu des énoncés. En effet, nous cherchons des marques formelles, nous désirons préparer le terrain a l'interprétation et nous essayons donc d'éviter, dans ce premier temps, une démarche d'analyse interprétative.
2) Recevoir une interprétation "on line".
Nous ne considérerons comme TP que les PP qui non seulement ont été émises, mais qui ont également été reçues. L'analyste ne peut vérifier cela que selon un "principe d'interprétation dialogal"5 : est interprété un énoncé qui "laisse des traces" dans la conversation, qui suscite une réaction. Cette réaction peut être une réponse explicite, contenant éventuellement certaines traces de diaphonie, ou la manifestation de l'incapacité de répondre, ou encore une simple continuité thématique (où l'on retrouve la première caractéristique). En l'absence d'une telle réaction de l'interlocuteur, on peut déduire que le locuteur n'est pas parvenu à adresser sa parole. Nous appelons une telle PP un pseudo-tour de parole (ci-après PTP). Le PTP correspond à un TP potentiel qui n'est pas intégré dans la conversation du fait que l'interlocuteur n'y réagit pas. Il s'agit donc, en quelque sorte, d'un "raté"*. Le PTP peut être marqué par le chevauchement, une incomplétude pragmatique ci/ou syntaxique. Les bribes d'énoncés, tentatives de prendre la parole vite avortées, sont dans ce cas et cela constitue une condition suffisante pour les considérer comme PTP. Mais cela n'est pas une condition nécessaire : une intervention formellement complète peut très bien n'être pas "entendue". Dans ce dernier cas. il n'est peut-être pas toujours possible de distinguer TP et PTP ou de discerner clairement un PTP.
En outre, nous formulons l'hypothèse que les interlocuteurs perçoivent par moment la structuration de la conversation selon deux perspectives différentes. Cela peut donner lieu à un conflit de structuration
5 Dans les faits, ce principe correspond à celui définit par Moeschler (1985. 108) comme principe d'interprétation dialogique. Mais, nous le qualifions de "dialogal", et non pas de "dialogique", car nous observons systématiquement la trace interprétative du côté de l'interlocuteur. 6 Ce terme prend ici une acception qui ne correspond à aucune des 7 ou 8 acceptions qu'il reçoit dans Kerbrat-Orecchioni, 1990. En particulier, la conception du "raté" aux pages 172 et suivantes implique une conception de la réussite beaucoup plus restrictive que celle que nous adoptons ici.
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(cf. Bouchard 1987) ou au contraire à des stratégies de coopération comme la co-énonciation (cf. Jeanncret 1993). A partir de cette approche, un indice du bonheur conversationnel (cf. Auchlin 1991) serait le fait que les structures coïncident.
3) Etre interposé entre deux autres TP.
Nous posons les hypothèses suivantes :
(i) Deux PP peuvent ne constituer qu'un seul TP. (ii) Une PP peut contenir deux TP du même locuteur.
Cela revient à dire qu'il n'y a pas de correspondance PP vs TP. Or si superficiellement, ce sont les PP qui découpent la conversation, nous attribuons aux TP la fonction de l'organiser : en amont et en aval du TP, il y a d'autres TP.
Si l'enchaînement entre deux PP du même locuteur nécessite l'énoncé intermédiaire de l'interlocuteur, alors il s'agit de deux TP. En revanche, si cette partie de la conversation est monologique7, alors il n'y a qu'un seul TP. Un même TP peut donc être discontinu. Il peut être interrompu par un PTP et continuer ensuite comme si rien ne s'était passé. Mais il peut aussi se poursuivre après un véritable TP de l'interlocuteur. Sans nous étendre ici, nous mentionnons qu'il est alors divisé en TP partiel et TP complémentaire.
Par ailleurs, bien des interventions - souvent brèves - observées dans les conversations n'interrompent visiblement pas le TP. Ce sont des prises en compte phatiques* que l'interlocuteur énonce, en tant qu'interlocuteur, "à l'intérieur" du TP du locuteur (oui, mhh). Nous les appellerons des non-tour de parole, ci-après NTP. Nous proposons d'inclure dans la catégorie des NTP non seulement ces énoncés minimaux, mais aussi - comme version non-minimale - des énoncés plus longs,
7 Pour les distinctions monologique vs monologal. comme pour celles entre diatonique et dialogal, cf. Roulet & al. 1985. 8 Ce terme est sujet à discussion. Nous le préférons pourtant à celui, classique, de régulateur, qui implique une conception dynamique que nous n'assumons pas. Par ailleurs, il y a sans doute un lien entre les notions de main channtl vs bock channtl développées dans Laforest ( 1992) et notre distinction TP vs NTP. mais nous t« l'avons pas approfondi ici.
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formellement autonomes, lorsqu'ils sont dans un emploi désémantisé, en simple reprise échoïque de l'intervention précédente. Nous verrons, dans le paragraphe suivant, une autre distinction entre NTP phatiques et NTP ayant pour fonction de refuser le prochain TP Dans tous les cas, le NTP remplit une fonction sur le plan de la relation entre les interlocuteurs - une conversation sans marque de prise en compte est impensable - alors que le TP appone quelque chose au niveau du déroulement thématique de la conversation.
La définition du TP en trois critères débouche donc sur deux autres types de PP : le pseudo-tour de parole (PTP) et le non-tour de parole (NTP). Le schéma ci-dessous montre les différentes PP que nous avons relevées.
NTP refus de TP
NTP non-minimal
TP compté rrtefilaire
L u différente* Prisas de Paroi»
3. Les places transitionnelles
3.1. Une fausse piste
Si l'on définit la notion de Place Transitionnelle (par la suite "Place") comme l'endroit du passage d'un TP à un autre, elle se trouve au centre de nos préoccupations. Une première tentative d'intégration de cette notion dans les distinctions présentées au paragraphe précédent a produit les
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hypothèses suivantes : 1 ) le passage d'un TP (effectif) à un autre TP est le lieu d'une Place ; 2) un NTP intervient systématiquement en dehors des Places ; 3) la transition entre la fin - souvent sans complétude - d'un PTP et le début du TP suivant ne s'effectue jamais à une Place.
Ces considérations ont pu paraître, dans un premier temps, satisfaisantes : elles corroborent les intuitions courantes sur les "bons moments" du passage d'un TP à l'autre. A la réflexion, elle ne conviennent pas pour, au moins, deux types de raisons ;
1 ) la circularité
Ce que nous mettons en évidence par notre système de transcription est l'absence de critères automatiques et/ou a priori distinguant le découpage en TP. Nous cherchons des indices qui permettent de qualifier les PP de TP, de NTP. de PTP. Les Places devront être déduites de ces distinctions, elles ne peuvent donc pas intervenir comme indices.
2) la remise en cause des liens entre les différentes PP et les Places
Les Places pourraient être marquées à la fin d'un TP. ou au début du suivant. Or, notre critère de distinction entre un TP effectif et un PTP n'est pas basé sur des caractéristiques intrinsèques : c'est l'absence de marque* s) de prise en compte de l'intervention (au sens non technique) par l'interlocuteur qui fait d'une PP un PTP, Il n'y a aucune nécessité d'avoir une différence morphologique entre un TP effectif et un FIT. D'une part, un énoncé syntaxiquement complet et pragmaiiquement apparemment irréprochable peut ne pas être "reçu". D'autre part, la non complétude syntaxique, par exemple, n'est pas un indice pertinent : elle n'est pas requise pour assurer l'interprétation. Nous avons là, d'ailleurs, un des postulats à la base du projet de recherche.
3.2. Les passages de paroles
Il y a Place transitionnelle potentielle, lorsqu'un TP est clairement terminé. Cela peut être explicitement marqué, soit au niveau du contenu - par exemple si le locuteur demande à l'interlocuteur son avis - soit par une marque linguistique du type des marqueurs de structuration de la conversation (MSC, Auchlin 1981) ou, à l'écrit, le point d'interrogation. Lors de nos analyses, nous nous sommes rendu compte que les lieux
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effectifs de passages de parole n'étaient en fait pas systématiquement en lien avec les Places transi lionne lies potentielles et cela pour plusieurs raisons.
D'une pan, certains passages s'effectuent indépendamment de toute considération de place. C'est le cas des NTP, comme nous allons le voir, et également lors de PTP, comme nous le verrons ensuite. D'autre part, il semble qu'il y a parfois un phénomène d'inertie, qui n'est généralement pas pris en compte : si la production de paroles de A ne s'arrête pas, la PP de B peut être une réaction à quelque chose dit, non pas juste à ce moment, mais quelques secondes auparavant. Autrement dit, un énoncé intervenant à un moment ti+i peut être motivé par un élément intervenu à un moment ti-i et non au moment B.
Les NTP qui interviennent en cours de discours pour confirmer le maintien du canal (NTP pratiques) peuvent probablement intervenir à tout moment de la conversation et sont transcrits au moment de leur occurrence. Pour eux, la notion de Place n'est donc pas pertinente, c'est pourquoi ils ne sont pas mentionnés, dans cet emploi, dans le tableau de la page suivante. Mais les NTP ne servent pas exclusivement au maintien du canal : il y en a qui ont pour fonction de marquer un refus d'occuper un TP offert. Selon cette hypothèse, ces derniers interviennent bien à une Place. C'est même précisément ce qui les distinguerait, formellement, des NTP phatiques. La fonction commune des deux types de NTP serait de transmettre quelque chose comme ; "Je te suis, je comprends, continue". Une autre hypothèse, que nous ne retiendrons pas ici, considérerait les seconds comme un type particulier de TP, sans autre contenu que celui de maintenir la Place ouverte.
En ce qui concerne les PTP. le passage d'une PP à l'autre, en l'occurrence d'un PTP à un TP (ou à un autre PTP), n'intervient que fortuitement à une Place. Il faut relever qu'alors le repérage de cette Place par une marque ne serait d'aucune pertinence : puisqu'un énoncé donnant lieu à un PTP n'est pas interprété, il n'y a pas à tenir compte des marques qu'il peut contenir ou qui peuvent le suivre immédiatement.
Cependant, notre observation la plus importante porte sur les passages de TP effectifs à un autre TP (ou à un PTP). Les passages effectués de manière canonique, avec une succession de TP mais sans
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pause notable existent bien entendu et ils peuvent être marqués par un terme de fin de TP et/ou de début de TP. Mais de tels passages ne constituent de loin pas la règle et beaucoup d'autres cas cc-existent_ Nous avons tenté de prendre en compte les autres possibilités et nous les présentons ci dessous sous forme de schéma. Le cas "canonique" que nous venons d'évoquer est représenté en dh, donc parmi une dizaine d'autre cas.
En effet, le phénomène d'inertie, auquel nous avons déjà fait allusion, intervient de deux manières pour les passages de PP :
1 ) B anticipe la fin du TP de A : il estime en savoir assez et ne désire pas attendre la fin du TP. Il coupe donc la parole à A (nœuds cb et ce, ouvrant sur quatre possibilités). En fait, B peut tout de même intégrer la fin de la PP de A, mais dans tous les cas le passage de PP aura lieu en dehors de la Place, que celle-ci soit marquée ou non.
2) B ne réagit que tardivement à une marque de fin de TP de A, alors que A a déjà repris un nouveau TP. Il se peut que nous retrouvions le nœud ce, où B tente de couper la parole à A. S'il y parvient son intervention ne tiendra pas compte des dernières paroles de A, qui constituent ainsi un PTP (df) ; B se réfère à la première partie de la PP de A, qui était un TP terminé par une Place. Cette dernière n'ayant, dans un premier temps pas été occupée par B, A avait repris la parole. L'absence de réaction immédiate peut aussi se traduire par une pause (ce, dj). Si B finit par parler (ed), il n'y a alors eu qu'un délai entre les deux TP. Mais A aussi peut reprendre la parole (nœud ec), nous considérons alors le silence de B comme un cas limite de NTP9.
9 Les conceptions exposées dans ce paragraphe sont parentes de celles développées dans Kerbrat-Oreochioni (1990, chap. 3) et André-Larochebouvy (1984, chap. 4). Elles ne les recoupent pourtant que partiellement.
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ttimnmtnwi! prend u parcéa
A A A A A dm db de dd A df dç (#1 A B A B A B B B
gatôi Qarda raprand conaruai oenonua Qafdi riftJM « a u r a I B T P tan" UftTP * T P B ) T P kjTP l»TP k»TP
B - PTP A - PTP S - PTP A • TP B • PTP A • PTP B - MTP
A B tmaM U H durant «vint l iTP l iTP
{paa da Ptoool |PtaO»)
• • «6 »c « J A B A B
conknua prend rtprend Unis» ( -un i la parc* la pan* partir
rlaaa d * Paroh»
A propos du schéma récapitulatif ci-dessus, nous allons encore faire quelques commentaires sur des nœuds ou des groupes de nœuds et donner des exemples pour chaque nœud terminal.
ba : A et B parient simultanément
Situé en bordure du schéma, ce nœud représente, bien entendu, un cas extrême (comme c/de l'autre côté). Nous assistons à deux monologues parallèles. S'il y avait une Place iransitionnelle avant que les deux interlocuteurs ne commencent, cette Place est comme reconduite après qu'ils ont terminé leurs soliloques conjoints.
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consu l ta t ion 221-2
221
A I C n u n l U i t )
ca 1'trouva ca un H U tort d -o»£»
nain oui
• IDlMI
ca non i l sa«> o- 11 e»t D- 11 ast cas
corrao^ q u a s t - e * V voulais hau voua
osasanclar
ca : A et B < recommencent un TP simultanément
Commençant à parler - à peu près - en même temps, les deux interlocuteurs réagissent différemment Celui des deux qui se tait (B en da> A en db), cède et son TP devient un PTP.
da : A garde le TP (B = PTP)
a l l o c a t i o n 393
» Qe-tlent) x onicia)
» * n bi*n
fHft f T ' i e * lot» *uh /
ali ban j ç
_ ^ _ _ _ «h fceej
se a ae» truc» «11* « l i e *•* / v i l *
not* des point» c ' t i t « l i a qui
•Utermjn» beaucoup hein • £
Dit 11 V < l e s contrôleurs de Le des*
qm qui vieruxmt , V crue- .' oui
db B garde le TP (A = PTP)
consu l ta t ion ?
« A {Consultant!
hau »nn« •*— an 1«k d'ciua-
ranta huit i'voua
_iv,)!= faiJ; ta ira un» Ltt iro
A [Daaa)
non non non non non un aneian
oui v o i l à c'qua vu-.ia
aliyisi—L~ voM" - m" aviez
cb : A termine son TP pendant que B commence un TP
B estime en savoir assez et n'attend pas la fin du TP de A. il est cependant capable d'intégrer cette PP comme TP. Il anticipe en quelque sorte le moment de passage de PP. A poursuit et termine son TP pendant le début de la PP de B, Ensuite, il s'arrête de parler (dd) ou continue (de).
J.-M. Luscfur. E. Roos. C. Ruhatiel 73
de : A reprend un TP
Le noeud de représente les cas où A n'avait pas l'intention de céder la parole et reprend, avec succès, un nouveau TP dans la même PP. La PP de B devient un PTP.
ICI
3B6
•
moi / 1« enta d
M i l / do 1
a l l o c a t i o n
(Patienta)
oui ah bon
' accord »vec voul non
1a m i l 1* o u i . bien
394-6
A (Médecin)
on no peut pas ten ir conpte
éventuellement dee çene qui feront
peut-être quelque choea ai on laur
donna Daa l ' a l l o c a t i o n coasnenaetrice
nain
hein ça on œ u t Daa ha In on vou la i t
^LtS *ala aalgza tout l e déair qu'on
dd : B continue le TP
Ce cas est à mettre au compte des successions "normales" de TP. Pourtant, il a lieu en dehors d'une Place, même si celle-ci était prévue et est ultérieurement marquée par A.
conaultat lon 225-6
Z33
236
H
B (Consultant)
naia 1 ' é l e c t r i c i t é c ' e a t l é .
d.f . q u ' i ' f a u t qu'i'demande hein
* «baaaa)
boa alora heu l e l o c a t a i r e
l ' m u t ae brancher aur heu mon é l e c
t r i c i t é l ' i u l ai d i t s a i e i'Toua Daa
baver de l ' é l e c t r i c i t é oour ltt i
ce : A n'a pas fini ; B lui coupe la parole
Ici. B ne cherche pas tant à intégrer le plus rapidement possible le TP de A (comme en cb), il vise tout simplement à prendre la parole. Ce nœud a deux mères; en effet, le chevauchement n'est ici qu'un indice du fait que B coupe la parole à A. Cela peut également avoir lieu dans un silence de A -pas forcément une pause : la petite interruption entre deux mots suffit. Les deux nœuds terminaux montrent que B peut échouer (de) ou réussir (df). Dans ce dernier cas. c'est la PP de A qui n'atteint pas son but et est donc un FIT.
74 Cahiers de Linguistique Française 17
de : A continue son TP (B = PTP)
a l l o c a t i o n 177-8
174
176
Jl»
• (Pat iente)
oui OKI - u l l 1e u i i r ie
« i l s bl«nl ah
b o n
X (Médecin)
- t rè s handicapes . qui ont par «x-
eaple besoin d'une assistarwe respira
toire, qui sont soui oxyqene plue leurs
heures oejr 1our - nais oui sont
ay£onoBjee er « i letiT- donne pae
df : B garde le TP (A = PTP)
consul tat ion 120-1
116
121
1
B (Consultant)
r.D| j e dois acquitter aon loyer
}e t i ens c e t t e aoesea à
rotre diapoait ion( *] v o i l à on t a i t
preuve de / (OJ Je
t ien» c e t t e scènes à ses a votre d i s
pos i t ion l*] a lors éventuel lesssnt voua
tenet une scaaee à la d i s p o s i t i o n s i
1'vient l 'cherehor ce / |D | c e t t e
SOOBM à votre d i spos i t i on
a, (Dama)
du
•o la d 'avr i l
oui
parce q u ' i l ea t venu t r o i s
r - / (ou i aa ia)
cd : A termine son TP, puis B prend la parole
Le TP est proposé à B. S'il le refuse, on a alors le seul cas de NTP de cette description (dg). S'il l'assume, on est en présence du cas considéré traditionnellement comme normal (dh).
dg : B refuse le TP (B = NTP)
consul tat ion 2 2
n*
16
21
311
• I pat lente)
oui oui
oui - oui oui
oui
a (ajedecln)
l ' a v o i r — at ben 11 faut que la
personnel qui rlaannrte 1 -a l locat ion
cose?en»atrice _ a i t perdu Son
autoncevle - plus ou so ins bien sur
ce qui persjet d'octroyer _ l e / deia
de f a i r e un pourcentage au niveau 4a
l ' a l l o c a t i o n ccapensatrioe
donc 11 tant q u ' e l l e a i t un cer ta in
degré de perte d'autooceUe hein c ' e s t
ça qui eat évalue par un contrôle
J.-M. Luscher, E. Roos, C. Rubanet 75
dh: B assume le TP consultat ion 171-2
171
JL ( C o n n l t i a t ]
premier a v r i l j 'voui f a i s remarquai
haCa
• [Dame)
d'accord maintenant y
autra choaa
a anoora
ce, di, dj : A et B se taisent
Nous avons vu que le silence entre deux PP est parfois attribué à l'un des interlocuteurs, parfois à l'autre. Cette notation peut paraître bizarre et est en fait largement hasardeuse. Nous relevons toutefois qu'elle peut aussi correspondre à une intuition correcte : A peut ne pas avoir fini de parler, il n'y a alors pas de Place (di), ou B peut ne pas prendre la parole immédiatement, même si une Place est disponible (dj). Dans ce dernier cas. il faut encore une distinction pour arriver aux nœuds terminaux ea —> ed :
ea : A continue
Ce nœud figure dans le tableau par souci dexhaustivité, mais n'est pas, à proprement parler un passage de PP, puisque A, après un temps, poursuit un TP entamé. Un tel délai est tout de même digne d'attention, dans une description globale, parce que, sans correspondre à une Place transitionnelle, il favorise une PP de l'interlocuteur.
& (Fa ") u 1 M garç/ona aaxaiant plua du
o i t * d* l 'utt lmode mai a maintenant i l s
viennent drôlement au oote mode «osai
i l s Boivent aesex laa / boa par einei
p ie lea praagntatlcwia da haute eut- de
?: la c'>^=_ haut* oougux* euh _ ou j ' s e l e paa moi
• a i e cm vo i t beaucoup d ' gona par
envahie qui lont hab i l l ée d'La Berne
façon e 'aat donc q u ' i l s aulvent une
eb : B prend la parole
Les noeuds eb et ec ont un point commun : ils représentent les cas où l'un des interlocuteurs prend la parole, alors que l'on attendrait l'autre
76 Cahiers de Linguistique Française 17
interlocuteur, selon la remarque sur les nœuds di et dj. Ici, c'est B qui profite d'une pause de A pour prendre la parole.
Consultation 253
JSl
A. (Consultant)
bon alor*
- ben oui s a i s i ' t a u t prendre
de» précaution» poux c*»aver d 'év i t er
• (&••»»> voua dexaander bon d ' accord h*U
- autant heu o*lui l à d ' loca ta i re
autant que l 'propr i é ta i re c ' a i t dee
véreux hein —
ah ben n ' i i t DOUX C - ah
ce : A reprend la parole
A semble prête à laisser la parole à B, mais après une pause, la reprend.
so ie B
» <»• (auh ben) des t i l l e * - parce que
o 'aa t / ça t 'concerne plue que nol tu
croi»___ju»tes»»nt ani y croix que y a
/ l e * garçon» font ex»- / 1res tr«a
attent ion à la taçon dont i l a » habt l -
ed : B finit par parier
On est en fait ici très proche du cas dit "normal" représenté en dh. La seule différence est le silence notable qui précède la PP de B, C'est l'inverse du casdet
allocation 320
• (tvtieate) a. (Médecin)
euh / iroua an ) voue en ave» enoraaeaent
non nal» voue vooi /
non C'ttat / VOUS pouvez ao i t
( « i r e un recours gracieux a la codorec
rapidement e o i t t a i r e un* / un un
appel euh en ooaemlaeipn régional*
12! oui euh ça va passer encore iept aul»
« t jusqu'à quand q u ' i l * «oient s o r t s
quoi hem ajpi j e peux p»t / auh api
J.-M. Luscher. E. Roos, C. Rubattel 77
cf : fin de conversation
A l'extrémité droite du tableau, ce nœud ne représente pas un passage de PP à proprement parler : il montre que si le silence de B se prolonge, la conversation est finie.
coneultation 273-77
B fCaamiltaiatl
273 bon canal rendet ça «1 / (voua
•erax blan ataaMat mn p t i m t
gt on va prendre l e aulvaat
d'accord oui •onaieux bon
1'voua ramero|e }a
f t Q W l voua remercie - au ravoir aonj^eu^
Quoi qu'il en soit, les passages marqués et ayant lieu à une Place sont en concurrence avec d'autres pour lesquels la notion de Place n'intervient pas. Cette constatation conduit à considérer les items linguistiques intervenant aux lieux des passages de parole comme des indices plutôt que comme des marques : si le passage se fait bien certaines fois lors d'une Place marquée, il peut aussi subir un phénomène d'inertie par rapport à la Place, ou s'effectuer indépendamment de toute Place. Dans la suite de notre travail, nous tenterons de corroborer cette hypothèse.
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