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Rapport de stage effectué dans la forêt modèle de Mayombe en construction
(FMMc) du 1er
novembre 2011 au 30 janvier 2012.
Présenté en février 2012
par VAMBI N’TAMBU Brunhel
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Table des matières
Liste des abréviations ................................................................................................................. 4
Liste des Figures ......................................................................................................................... 6
Liste des photos en annexe ........................................................................................................ 7
Remerciements .......................................................................................................................... 8
Introduction ................................................................................................................................ 9
I. Généralité sur les Forêts Modèles .................................................................................... 10
1. Les Forêts Modèles : approche conceptuelle. .................................................................. 10
2. Le Réseau International des Forêts Modèles (RIFM). ...................................................... 10
3. Le Réseau Africain des Forêts Modèles (RAFM). ............................................................. 11
4. Forêt Modèle de Mayumbe en construction (FMMc). ................................................... 12
4.1 Paysage FMMc en RDC. .............................................................................................. 12
4.1.3. Autres aspects ........................................................................................................ 15
4.2. Processus .................................................................................................................... 16
II. Activités réalisées ................................................................................................................. 17
2.1. Appui à la recherche doctorale de Mme Marie Nyange sur la participation des
populations locales à la gestion forestière : cas de la Réserve de Biosphère de Luki. ........ 17
2.1.1. Mise en contexte .................................................................................................... 17
2.1.2. Méthodologie .......................................................................................................... 17
2.1.3. Principaux résultats des entretiens ........................................................................ 17
2.2. Enquête pilote sur la problématique locale de développement................................... 21
2.2.1. Mise en contexte .................................................................................................... 21
2.2.2. Méthodologie .......................................................................................................... 21
2.2.3. Résultats des entretiens semi-dirigés avec des personnes ressources et des
différents focus groups. .................................................................................................... 22
2.3. Synthèse des perceptions des différents entretiens. .................................................... 26
2.3.1. De la gestion forestière ........................................................................................... 26
2.3.2. De la dégradation des écosystèmes forestiers ....................................................... 26
2.3.3. De la situation globale socio-économique .............................................................. 26
2.3.4. Des conflits. ............................................................................................................. 27
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2.3.5. De l’implication des autorités locales dans la gestion forestière et l’amélioration
des conditions de vie des populations. ............................................................................. 27
CONCLUSION ET SUGGESTIONS ............................................................................................... 28
Annexe ...................................................................................................................................... 29
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Liste des abréviations
A.P.C : Agriculture et plantation au Congo.
AGRIFOR : Société Agroindustrielle et Forestière.
AGRIYUMBE: Société agricole de Mayumbe.
APROFEL : Association pour la Promotion de la Femme de Lukula.
C.D.R : Centre de Développement Rural.
C.L.D : Comité Local de Développement.
C.L.P : Comité Local de Pilotage.
C.P.P : Comité de Pilotage Provisoire.
CEQUA : Cultures Équatoriales.
FASA : Faculté des Sciences Agronomiques.
FM : Forêt Modèle.
FMMc : Forêt Modèle de Mayombe en construction.
FOGRN-BC : Projet d’appui à la Formation en Gestion des Ressources Naturelles dans le
Bassin du Congo.
G.R.A.E.D : Groupe de Recherche, d’Action et d’Etude en Ecodéveloppement.
GDF : Gestion Durable des Forêts.
I FMA : Initiative des Forêts Modèles en Afrique.
O.N.G : Organisation Non-Gouvernementale.
O.N.G.D : Organisation Non-Gouvernementale pour le Développement.
P.A.R.C : Programme d’Agroforesterie et de Reboisement Communautaire.
PAPASA : Projet d’Appui à la Production Agricole et à la Sécurité Alimentaire.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.
R.B.L : Réserve de Biosphère de Luki.
R.C.A : République Centre Africaine.
R.D.C : République Démocratique du Congo.
RAFM : Réseau Africain des Forêts Modèles.
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RIFM : Réseau International des Forêts Modèles.
SCAM : Société des Cultures et industries Agricoles du Mayombe.
SIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquise.
SRAFM : Secrétariat du Réseau Africain des Forêts Modèles.
UNIKIN : Université de Kinshasa.
VIH : Virus d’Immunodéficience Acquise.
W.W.F : World Wildlife Organization.
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Liste des Figures
Figure 1 : Le Réseau International des Forêts Modèles.
Figure 2 : Extension du Réseau Africain des Forêts Modèles.
Figure 3 : Présentation du district du Bas-fleuve.
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Liste des photos en annexe
Photo1 : Pesée de bois consommés journalièrement par les ménages à Tshela et à Lukula .
Photo2 : Commercialisation des braises au marché du quartier Kasa-vubu à Tshela
Photo 3 et 4 : Modes de transport des braises vers les marchés.
Photo 5 : Bottes de bois commercialisés au marché du quartier Kasa-Vubu dans la cité de
Tshela.
Photo6 : Commercialisation des sacs de Braises au Marché du quartier Kasa-vubu à Tshela.
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Remerciements
Au terme de ce rapport de stage, qu’il nous soit permis de remercier tous ceux
qui ont contribuer à la réussite de ce stage en Forêt Modèle de Mayombe en construction.
Nos remerciements vont fondamentalement au gouvernement canadien à travers le
programme IFMA et à toute l’équipe du SRAFM.
Nous témoignons notre pleine gratitude au comité de pilotage du projet
FOGRN-BC pour son appui multiforme et inconditionné au cours de notre formation. Que
l’équipe décanale de la FASA/UNIKIN trouve dans ces phrases notre reconnaissance.
Il nous sera injuste de ne pas remercier Mme Marie Nyange pour son
encadrement pendant le stage. Nos remerciements vont également à l’endroit de Mr Valentin
Vangi (président du CPP de la FMMc) et Joseph Kungu ( membre de la FMMc).
Que tous les collègues, amis, et frères dont nous reconnaissons le soutien
combien inestimable trouve par ici l’expression de notre gratitude.
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Introduction
L’Enseignement Supérieur et Universitaire prévoit au terme de la formation
académique un stage. C’est ainsi qu’un stage académique de trois mois a été organisé pour
doter aux futurs ingénieurs forestiers un bagage pouvant faciliter leur intégration dans le
milieu professionnel. Appuyer par le programme IFMA du gouvernement canadien, le stage
se déroulait dans la Forêt Modèle de Mayombe en Construction(FMMc).
Les objectifs poursuivis étaient sur le plan global d’appuyer Mme Marie
Nyange (doctorante à l’Université Laval) dans sa recherche sur la participation des
communautés locales dans la gestion forestière et d’appuyer le site FMMc. Sur le plan
spécifique ,il a été question de relever les éléments biophysiques de l’espace FMMc, le
contexte historique, politique et administratif du district ou du territoire, le patrimoine, la
gestion des conflits, les groupes socio-culturels caractéristiques et la problématique de la
gestion forestière et du développement local dans le Mayombe.
Le présent rapport de stage vient en complément de celui de Sarasin (2011)
réalisé également dans la FMMc, il ne va donc pas revenir sur certaines informations fournies
par celui-ci. Ce rapport est donc subdivisé en deux grandes parties. La première partie décrit
brièvement l’institution ou l’organisme d’accueil et la seconde traite des activités réalisées.
Soulignons que pour ces activités réalisées, les résultats sur les enquêtes ménages effectués
dans deux territoires, soit sur 120 ménages ne seront pas abordés et ferons l’objet du rapport
final à soumettre au SRAFM.
Ils aborderont les questions liées à l’accès aux ressources naturelles, aux
activités agricoles, aux combustibles ligneux, aux femmes rurales, à l’élevage, à la pêche, à la
chasse, à la cueillette des PFNL, et aux infrastructures et l’accès au service de base.
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I. Généralité sur les Forêts Modèles
1. Les Forêts Modèles : approche conceptuelle.
Les Forêts Modèles(FM) sont des processus multi-acteurs pour un territoire
multi-fonctionnel visant la gestion durable des ressources forestières. Elles sont à la fois une
région géographique et une approche collaborative de gestion durable des paysages forestiers
et des ressources naturelles. Initié dans le cadre d’un programme novateur du gouvernement
du Canada en 1991 et exposé au monde à Rio en 1992, le concept des FM s’est depuis étendu
pour former 50 FM dans plus de 30 pays sur les 5 continents organisés en réseaux
horizontaux.
Les FM vont donc au-delà de l’approche Projet classique et permettent de
canaliser les énergies et les initiatives sur un territoire pour l’accomplissement d’une stratégie
commune pilotée par les acteurs locaux et valorisant les ressources du milieu dans une
optique de création de valeur et d’innovation. Les FM constituent des réseaux multi-niveaux
favorisant les partages des connaissances, des leçons apprises, et des expériences au niveau
local( Forêts Modèles),régional(Réseaux régionaux) et international(Réseaux Internationaux
des Forêts Modèles).Toutes les FM sont basées sur les mêmes principes
fondamentaux(partenariat,paysage,durabilité,gouvernance,programme d’activité, réseautage
et partage des connaissances),tout en étant ancrées dans les priorités locales.
2. Le Réseau International des Forêts Modèles (RIFM).
Le RIFM est une association internationale bénévole dont les membres
collaborent au développement durable des ressources naturelles et des paysages forestiers
grâce aux Forêts Modèles. La vision du RIFM est de soutenir la gestion des ressources dans le
monde de façon durable en concordance avec les préoccupations environnementales et socio-
économiques en vue de satisfaire les besoins des populations locales et préoccupations
mondiales.
Le RIFM est gouverné par un secrétariat de taille modeste dont les bureaux
sont situés à Ottawa, au Canada. Le principal objectif du secrétariat du RIFM consiste à
établir un réseau mondial de Forêts Modèles où sont représentés la plupart des principaux
écosystèmes forestiers du monde.
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Fig. 1. Le Réseau International de Forêts Modèles (RIFM, 2009)
3. Le Réseau Africain des Forêts Modèles (RAFM).
Le Réseau Africain des Forêts Modèles a été créé en 2009. Il a bénéficié de
l’appui du soutenu gouvernement canadien et Camerounais.
La mission du secrétariat du RAFM est de faciliter l’établissement, le
développement, et le fonctionnement d’un réseau panafricain de Forêts Modèles, représentatif
de la richesse et de la diversité du continent.
L’Afrique compte actuellement deux forêts Modèles basées au Cameroun et
une au Maroc. Des Forêts Modèles en développement sont en Tunisie, en RDC, en RCA, au
Rwanda et dans d’autres pays du bassin du Congo.
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Fig
2 : Extension du RAFM
4. Forêt Modèle de Mayumbe en construction (FMMc).
4.1 Paysage FMMc en RDC.
4.1.1. Aspects abiotiques du Mayumbe en République Démocratique du Congo.
a) Situation géographique
La FMMc est située dans la province du Bas-Congo et s’étend du pont
Maréchal de Matadi jusqu’à l’océan. Il s’agit d’une région de 1.432.100 ha de superficie.
b) Sols
Les sols du Mayombe sont de types sablonneux (Boma, zone accidentée
bordant le fleuve jusqu’à Matadi), argilo-sablonneux à argileux (Tshela, Lukula, Nord et
Ouest de Seke -Banza), et argilo-sablonneux (Sud de Seke-Banza).
c) Géologie
La région du Mayombe est caractérisée par un ensemble plissé formant un
relief appalachien constitué entre autre par un mélange gréso-argilo-calcaire longtemps
considéré comme d’origine glacière autour de 150 m d’altitude, par le haut Shiloango (200 à
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700 m) formé de schistes, quartzites et phyllades retrouvés également entre 1350 et 1750 m
d’altitude avec la pâte argileuse noire.
d) Géomorphologie
Le Mayombe est une région particulièrement originaire par son relief
accidenté. Cette région est caractérisée par des hautes collines donnant l’impression de pays
montagneux en raison de l’encaissement du réseau hydrographique touffu et vigoureux dans
des vallées aux pentes accusées et coupées de chutes et de rapides.
La zone de Maduda au Nord-Est de Tshela est caractérisée par de véritables
contreforts montagneux : Monts Madiakoko, Masisa, Kodomaza ,etc. Situés entre 600 à 750
m et orientés selon un axe structural Nord vers Nord-ouest et Sud vers Sud-Est, dominant à la
frontière Cabindaise les marais de Kistila sur le haut-shiloango. Vers l’Est, des lambeaux de
pénéplaines bien conservés forment un paysage de hauts plateaux tabulaires se raccordant au
Manianga.
Au Sud du Mayombe proprement dit, s’étendent le plateau de Seke-Banza puis
les monts de Cristal caractéristiques des paysages tourmentés de Matadi. Cette moyenne
montagne, culminant à 600 m, formée de roches métamorphiques plissées et de massifs
granitiques est celle où la construction de la voie ferrée a été la plus difficile et où le fleuve
parcourt les plus fortes dénivellations.
e) Climat
Le climat du Mayombe est du type tropical soudanais avec 4 mois de saison
sèche et une longue saison de pluies souvent interrompue par une petite saison sèche en
février. Ce climat est du type steppique avec une variation très élevée des précipitations.
f) Hydrographie
L’hydrographie du Mayombe en RDC est dominée par le fleuve Congo qui
prend la partie Est-Sud et une côte de 35 km de l’océan Atlantique et au Nord –Ouest par le
fleuve Shiloango.
Plusieurs rivières comme Lukula, Lubuzi, Gomamba, Lukunga, Vemba
caractérisent cette région.
4.1.2 Aspects biotiques du Mayombe en République Démocratique du Congo.
a) Végétation
Elle reflète la nature du sol et contribue en même temps à sa formation. Les
forêts denses humides fournissent un important apport de matière organique (feuilles,
branches) et protègent le sol contre les variations de température et le ruissellement tout en
maintenant une forte humidité pendant toute l’année.
Par contre, les formations herbeuses plus ou moins arbustives qui dominent
dans la région n’offrent qu’une faible protection contre la sécheresse et le ruissellement,
n’amortissent pas les variations climatiques saisonnières, d’où des sols moins riches en humus
et menacés par le durcissement et le concrétionnement des hydroxydes de fer.
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Le territoire de Moanda est caractérisé par les mangroves à l’embouchure du
fleuve Congo et des steppes sur les plateaux. Les formations herbeuses caractérisant ce
territoire sont du type guinéen. Elles sont presque annuellement brulées, soit pour les besoins
agricoles, soit pour la chasse et d’élevage mais surtout sans raison valable.
Belesi(2011) cite Avicinia germinans, Ipomoea pescaprae, Rhizophora
racemoza et Canavalia maritima comme espèces caractéristiques de la mangrove.
La forêt du Mayombe constitue la pointe extrême Sud de la grande forêt du
Gabon. La présence de cette forêt ombrophile subéquatoriale avec un mélange d’espèces
sempervirentes et semi-caducifoliées s’explique par le bioclimat local avec des précipitations
abondantes (1200-1500 mm), l’influence de l’océan, l’altitude et la présence de brouillards
fréquents en saison sèche.
La forêt primaire dense à Gilletiodendron kisantuense ne subsiste plus que
dans quelques secteurs inaccessibles (massifs du Kodomaza et du Madiakoko dans le secteur
de Maduda et une partie de Nganda Tsundi). La Forêt de Mayombe dans le Bas-congo est
dominée par des espèces comme Terminalia superba et Prioria balsamifera ( cas de la
Réserve de Biosphère de Luki).
b) Faune
La région du Mayombe est l’habitat d’une importante faune assez diversifiée.
Celle-ci se réparti aujourd’hui sur 4 sous-zones : Maduda au Nord, à l’est la Réserve de la
Biosphère de Luki, à l’ouest aux confins du secteur de Kakongo avec la province angolaise de
Cabinda, enfin au sud –ouest le parc marin de Mangrove à Moanda.
La faune mammalienne se compose principalement des grands et petits singes
comme les chimpanzés à face claire (Pan troglodytes) et les Gorilles (Gorilla gorilla), des
bovidés sauvages (Syncerus caffer, Tragelaphus spekei, Tragelaphus scriptus, Cephaloplus
dorsalis, Cephaloplus monticula, etc), et autres mammifères tels qu’ Hippotamus amphibius,
Acinonyx sp, Potamogale velox, Manis tetradactyla ,Manis tricuspis, Patamochoerus
percus,etc.
Des nombreux groupes d’oiseaux sont rencontrés notamment des granivores
(pigeon ramier), des phasianidés (pintades, perdrix, etc.), des grimpeurs (calao), des
rapaces (éperviers divers, aigles blancs, aigles gris, etc.), des échassiers, des oiseaux chanteurs
(rossignole, perroquet vert, etc.), et des Palmipèdes (canard d’eau).
Les familles des Boidae, des Crocodylidae, des Elapidae, Testunidae,
Viperidae, voire des animaux comme les salamandres et les tortues sont parmi les groupes des
reptiles les plus présents dans la région de Mayombe.
Comme dans le reste du pays, la forêt qui déploie son couvert sur le Mayombe
et sur le Parc marin de Mangrove de Moanda renferme de nombreuses rivières y compris le
bief fluvial allant de Matadi à Banana. Cette hydrographie est un habitat naturel de plus de 25
familles des poissons d’eau douce. Les familles les plus présentes sont : Characidae ,
Lepidosirenidae, Citharimidae , Clarïdae, Clupeidae, Malopteruvidae ,Siluroidae ,
Morsmyridae , Cicchliidae, Centropomidae , Cyprimidae ,etc.
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c) Population humaine
La population globale est estimée de nos jours à 1.236.125 habitants. La région
de Mayombe en RDC est densément peuplée (50 habitant/km2 en 1994) et comprenait une
population de 700 000 habitants en 1994 (Vangu Lutete & coll., Mbumba & Batunyi,cité par
Sarazin,2009). Les originaires étant repartis dans 5 ethnies : Bayombe, Bawoyo, Basolongo,
Bamboma et Bambala.
d) Impacts des activités anthropiques
La croissance démographique dans des grandes cités (ex. Lemba) et villes
(Boma et Matadi) a entraîné une demande accrue de bois de chauffe et de charbon de bois;
c'est ainsi que même des espèces telles que Terminalia superba, Prioria balsamifera ne sont
pas épargnées à Luki.
La coupe et la carbonisation de bois sont devenues une des activités principales
des populations situées sur les axes routiers Borna-Matadi-Tshela. En outre, la recherche des
terres disponibles pour l’agriculture dans certains coins contribue à la transformation du
paysage forestier offrant un spectacle désolant au fil du temps.
Le commerce du gibier est rependu sur la route Boma-Matadi. Les espèces
comme les rongeurs et les petits céphalopodes supportent une certaine pression cynégétique,
et sont souvent les cibles principales des chasseurs.
Mais, même dans ces cas, d’autres espèces comme les grands singes ne sont
pas épargnées par des captures opportunistes. Ces activités ont provoqué la disparition ou la
raréfaction de certaines espèces fauniques.
4.1.3. Autres aspects
a) Administration du district du Bas-fleuve.
Le District du Bas-fleuve où se situe l’espace FMMc a été créé en 1978 par
Ordonnance n°78/78 du 17 mars 1978. Il constituait la Sous-région du Bas-Congo dont le
Chef-lieu était Boma, mais suite à l’érection de Boma en ville par ordonnance n°71-178 du 23
juillet 1971, le Chef-lieu a connu différentes mutations, il est à noter que l’ancien centre extra-
coutumier devenu chef-lieu actuel du Bas-fleuve fut d’une manière expérimentale transféré à
Tshela en janvier 1974, puis fut fixé à Nsiamfumu (Moanda), une petite localité sur la côte
atlantique antérieurement appelée VISTA.
Enfin l’autorité du chef de l’Etat a décidé définitivement de fixer le siège de
la Sous-région du Bas-fleuve, actuellement District du Bas-fleuve à Tshela depuis 1978
jusqu'à ce jour. L’administration est assurée en amont par le Commissaire de district et son
équipe.
Le District du Bas-fleuve est formé par quatre territoires (Lukula, Moanda,
Seke-Banza et Tshela) et une ville urbano-rurale (Boma). Il comprend 22 Secteurs, 195
groupements, 3 communes (dans la ville de Boma) et 3.429 Villages.
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Fig 3 : Zone du Bas-fleuve hachuré en vert (Adapté de PNUD,2009).
c) Patrimoines
La terre constitue la principale richesse patrimoniale de la lignée et est
transmise d’une génération à l’autre par un système matriarcal. Les Yombe sont matrilinéaires
comme l’ensemble des autres groupes ethniques Kongo, à l’exception des Basolongo qui sont
patrilinéaires (Mavinga Muila, cité par Sarazin, 2011).
4.2. Processus
La forêt Modèle du Mayombe comme processus a été amorcé lors d’un atelier
tenu à Kizu(Tshela) en Aout 2010. Au cours de cet atelier réunissant un ensemble de parties
prenantes, chacune d’elles a voté un ou deux membres pour représenter leurs intérêts au sein
du Comité de Pilotage Provisoire(CPP), chargé de l’homologation de la Forêt Modèle.
L’objectif global de la FMMc est de contribuer à la gestion durable de la forêt de Mayumbe.
Spécifiquement, la FMMc vise la promotion du dialogue social et
l’amélioration des politiques de gestion locale des conflits fonciers, la contribution à une
meilleure adaptation des populations et de l’environnement aux changements climatiques
actuels et futurs, et le renforcement des capacités des femmes dans la gestion durable des
forêts
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II. Activités réalisées
2.1. Appui à la recherche doctorale de Mme Marie Nyange sur la participation des
populations locales à la gestion forestière : cas de la Réserve de Biosphère de Luki.
2.1.1. Mise en contexte
Cette recherche sur la participation des communautés locales à la gestion
durable des forêts veut établir un lien entre la conservation de la forêt et l’amélioration des
conditions des vies de la population. Elle trouve sa motivation aux différents constats de
nature paradoxale entre la qualité de vie des populations riveraines des forêts d’une part et les
Forestières d’autre part, constituant une richesse potentielle pour ces
communautés humaines. Il ressort donc que les populations vivant autour des réserves
forestières sont généralement pauvres en République Démocratique du Congo voire ailleurs.
Les efforts de conservation avec la méthode classique n’ayant pas abouti aux résultats
escomptés c'est-à-dire les pressions exercées sur la forêt persistent jusqu’à nos jours.
Cette étude veut proposer un modèle de participation de la population locale à
la gestion durable des forêts avec comme zone cible la Réserve de Biosphère de Luki au
Mayombe dont le processus de dégradation continu et la pauvreté de la population riveraine
s’accentue.
2.1.2. Méthodologie
Quatre principales activités sont réalisées notamment l’organisation de deux
focus groups dont l’un avec les éco-gardes et l’autre avec les agents de l’INERA (Institut
National pour l’Etude et la Recherche Agronomiques ) et les agents du programme MAB(
Man and Biosphere), des entrevues individuelles avant la participation à la rencontre
trimestrielle du C.L.P de la RBL à Boma, au moyen des entretiens semi-dirigés comme outil
de diagnostic avec les personnes ressources ci-après :
Le vice-maire de la ville de Boma ;
Le chef de secteur de Boma-bungu ;
Le chef de secteur de Patu à Lukula;
Le chef de secteur de Bundi à Seke-Banza ;
Le chef de cité de Lemba à Lukula ;
Le chef de cité de Kinzau à Seke-Banza ;
Le chef de station de l’INERA-Luki ;
Le coordonateur de l’O.N.G G.R.A.E.D ;
2.1.3. Principaux résultats des entretiens.
a) Focus group avec les éco-gardes de la RBL.
Le focus group avec 9 éco-gardes dont le rôle est de protéger la réserve mais
également d’assurer l’éducation environnementale de la population locale au travers des
sensibilisations a confirmé la persistance des pressions subies par la réserve dont l’origine
serait renvoyée aussi bien aux natifs de la réserve qu’aux populations venant des grandes
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agglomérations(Boma, Kinshasa, Matadi, etc.) ou des villages sans forêt où la population est
toujours croissante(p.ex. Mangala.). De surcroît, le faible effectif d’éco-gardes (environ 30),
le manque de motivation pour certains et de logistique pour cette réserve de 33000ha de
superficie constitue également un blocage pour une bonne gestion forestière.
b) Focus group avec les agents de l’INERA-Luki et du MAB.
Sept agents de l’INERA-Luki ont constitué la taille de notre focus group. De
cet entretien, il convient de retenir que la gestion de la forêt revient au CLP et non à l’INERA.
Le CLP étant constitué de plusieurs parties prenantes notamment : l’INERA, le MAB, le
WWF, les représentants des O.NG locales et des communautés locales.
c) Entretien semi-dirigé avec le vice-maire de Boma.
Monsieur le vice-maire de Boma comme Mme le Maire est informé des
pressions que subit la RBL et estime que la pauvreté est la cause principale de la destruction
de la RBL. Ainsi, il revient au gouvernement de prendre ses responsabilités en mains et
appliquer des décisions même impopulaires quand c’est nécessaire.
d) Entretien semi-dirigé avec le chef de secteur de Boma-bungu.
La dégradation de la R.B.L et les préoccupations de la population ne sont pas
reconnu par l’autorité de ce secteur.
Nous avons constaté l’inexistence au niveau sectoriel des politiques soutenant
la bonne gestion de la Réserve Biosphère de Luki.
Les problèmes de manque de terres des populations locales est à la base des nombreux
conflits. Une des meilleures solutions serait pense le chef de secteur, la rétrocession d’une
partie des terres par les grandes entreprises en faillite ou les églises installées sur des grands
espaces ou encore la réserve. Ces conflits sont parmi les raisons de la faiblesse de la
participation des communautés locales dans la gestion de la R.B.L.
Comme perspectives, la disponibilisation des moyens matériels et sécuritaires pense le chef,
pourrait contribuer à la bonne gestion de la R.B.L.
d) Entretien semi-dirigé avec le chef de secteur de Patu à Lukula.
Le secteur de Patu s’étend sur 927 Km2. Sa population est estimée à 51000
habitants. Il est limitrophe aux secteurs suivants : Tsanga sud, Kakongo,et Boma-bungu. Il
comprend 14 groupements et 216 villages.
Eu égard à la gestion de la RB.L, le chef de secteur de Patu semble ne pas être
suffisamment informé. Son implication dans la gestion de la R.B.L est très partielle et c’est
quand le besoin se fait ressentir. Cependant, certains des villages de ce secteur notamment
Mbondo présentent des sérieuses menaces pour la gestion de cette réserve.
Les populations qui se sentent dépourvues de leurs terres demandent la
rétrocession des grandes surfaces occupaient par des entreprises en faillite et la réserve. Ce
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point de vue n’est pas partagé par le chef de secteur au cas où il peut entraîner la disparition
rapide de la réserve. Cependant, celui- ci propose le dialogue entre les parties concernées.
e) Entretien semi-dirigé avec le chef de secteur de Bundi à Seke-banza.
Le chef de secteur de Bundi a reconnu les pressions que subit la réserve de
Biosphère de Luki et le besoin en terres des populations riveraines, cependant il a semblé
n’est pas maîtriser le système de gestion de la RBL et la réelle approche participative des
populations à la gestion forestière.
f) Entretien semi-dirigé avec le chef de cité de Lemba à Lukula.
La cité de Lemba est devenue aujourd’hui une agglomération. Elle est née
grâce à la présence de sociétés (AGRIFOR, AGRIYUMBE, INERA-LUKI, etc.).
En 2006 sa population était estimée à 18835 et en 2011 à environ 26222
habitants. Actuellement, la population de Lemba vit dans les conditions de précarité. Le
chômage s’étant accru, la pression de la Réserve de Biosphère de Luki est devenue importante
du fait que l’agriculture constitue la seule activité pouvant permettre à cette population de
survivre. Au-delà de l’agriculture, les exploitants illicites constituent une sérieuse menace de
la zone centrale. La carbonisation et surtout la construction des nouveaux petits villages ne
doivent pas être oubliées.
La population n’a plus assez de terres pour l’agriculture. Elle réclame une
rétrocession des terres à la société Agricole et de Plantation du Congo (APC/TEMVO).
L’autorité de cette agglomération reconnaît les différents problèmes locaux qui caractérisent
cette contrée et sa population. Elle reconnaît également la pression exercée à la RBL. Devant
cette situation, certaines mesures de protection de la réserve ont été mises en place. Notons,
cependant comme des efforts visant améliorer la vie des populations ne sont pas perceptibles,
la situation de la Réserve de Biosphère de Luki et la vie de des populations riveraines restent
chaotique.
Les solutions durables semblent être celles qui vont s’appuyer sur
l’amélioration des conditions de vie (recréation des emplois) pour relever les défis
d’une bonne gestion de la R.B.L.
h) Entretien semi-dirigé avec le chef de cité de Kinzau à Seke-banza.
Selon cet entretien, les responsables de l’INERA et MAB à Luki seraient
impliquées dans la mégestion de la R.B.L d’autant plus que leurs efforts ne sont pas
perceptibles. Face à ces problèmes de gestion de la R.B.L, le gouvernement provincial du
Bas-Congo semble ne pas être informé. Les populations locales ne trouvent pas leur part par
rapport à certaines mesures. C’est pourquoi la dégradation continue.
Le W.W.F appui cette gestion de manière efficace, mais il faut également
l’intervention de l’Etat dans l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines la
R.B.L. car en ces jours la pression sur la R.B.L ne fait que s’accroître.
Dans la liste des perceptives, le numéro 1 de la cité propose la conversion des
savanes en forêt pour améliorer la fertilité des sols, la création d’emplois, le dialogue avec les
ayants-droits pour l’acquisition des terres, etc.
20
h) Entretien avec le chef de station de l’INERA Luki.
Monsieur le chef de station, était ciblé comme personne ressource pour
l’entrevue individuelle. Le chef de station de la RBL a révélé que cette réserve connait de plus
en plus des grandes pressions ces dernières années. Il cite comme pressions majeurs le sciage
illicite des bois, la carbonisation, le braconnage et surtout l’agriculture itinérante.
Plusieurs stratégies ont été mises en place par le WWF et le Comité Local de
Pilotage(C.L.P) dont le WWF assure l’appui financier et logistique, notamment la mise en
place des Comités Locaux de Développement(C.L.D ) dans le cadre du projet PAPASA et
GDF financés par l’Union Européenne et exécutés par WWF, l’appui d’un petit nombre de
fermiers modèles lesquels étaient autrefois des grands carbonisateurs et devraient cette fois là
servir d’exemple par les activités d’agroforesterie ,de pisciculture et d’élevage selon les
compétences acquises après une série de formations, qu’ils développent hors de la réserve.
En somme, ces différents efforts semblent ne pas aboutir à une véritable
gestion durable de la RBL. Nous pensons ainsi que ces résultats s’expliquent en partie par le
faible niveau de participation de la population et par conséquent la non appropriation de ces
concepts de gestion durable des forêts.
i) Entretien semi-dirigé avec le coordonateur de l’ O.N.G G.R.A.E.D à Boma.
Le groupe de recherche, d’action et d’Etude d’Ecodéveloppement œuvre dans
la contribution à l’autopromotion paysanne des communautés de base dans le respect de
normes écologiques (environnementales) et culturelles.
Les interventions du G.R.A.E.D consistent à aller vers les organisations
paysannes qui constituent la base du développement en milieu paysan. Actuellement le
G.R.A.E.D travaille en partenariat avec les Comités Locaux de Développement (C.L.D) qui
une initiative du WWF sur base des aspirations de la population vivant dans et aux alentours
de la R.B.L. Son axe d’intervention part de Luki à Kinzau-mvuete. Le C.L.D regroupe
plusieurs villages et dans chaque village plusieurs filières de production agricole.
La structure des C.L.D. est composée de l’Assemblée Générale, le comité
générale, le comité administratif comprenant 13 membres, le chef du village et un conseiller
chargé du genre. Le C.L.D devant constituer l’œil du village et servir de courroie de
transmission entre différents partenaires. Retenons que cette innovation fait face à des
contraintes en rapport avec la viabilité des C.L.D.
j) Compte rendu de la réunion trimestrielle du Comité Locale de Pilotage (C.L.P) de la
R.B.L.
Le C.L.P est l’organe de gestion de la R.B.L composé des différents acteurs ou
représentants des différents organes intervenant dans la réserve. Il se réunit traditionnellement
chaque trimestre.
En date du 12 novembre 2011, s’est tenue la réunion du C.L.P dans la salle
polyvalente de l’INPP à Boma. La réunion devrait commencer à 9h00’et a été retardée de
21
3heures pour se clôturer à 17 heures. Elle a connu la participation des représentants des WWF
et INERA-Luki, des communautés locales, des cités, de la police, du gouvernorat de la
province, etc.
La réunion avait commencé par la proposition du projet d’ordre du jour qui
était validée par l’assemblée. Elle s’agissait notamment des questions ci-après :
La présentation des membres ;
Les mots de bienvenue par le président du C.L.P ;
La lecture et le suivi du procès verbal de la précédente réunion du CLP ;
Le compte rendu des activités ;
La définition des rôles de chaque groupe d’acteurs du CLP ;
La dégradation et le contrôle du sciage illicite dans la R.B.L notamment dans la zone
centrale ;
La signature des contrats de déboisement ;
A l’issue de cette réunion, nous avons pu:
L’existence des conflits entre les gestionnaires de la réserve ressortissant du MAB et
de l’INERA-Luki ;
L’inexistence des mécanismes durables de gestion des conflits ;
L’émergence des nouveaux petits villages dans la réserve ;
La faible participation de certaines prenantes dans les débats pendant la réunion ;
La persistance de la méthode classique de gestion forestière et la non prise en compte
des besoins réels des populations riveraines dans les propositions des nouvelles
stratégies de gestion de ce patrimoine.
2.2. Enquête pilote sur la problématique locale de développement.
2.2.1. Mise en contexte
Les différentes approches de gestion des forêts où la question de l’homme
n’était pas au centre ont conduit inévitablement à des échecs quant à l’appropriation des
concepts. Aujourd’hui, il semble impératif pour une bonne gestion des ressources forestières
de reconnaitre avant tout les préoccupations de l’homme.
Ainsi, dans l’approche Forêts Modèles qui vise à la fois le développement local
et la gestion des ressources notamment forestières, l’étude de la problématique de
développement local dans le Mayombe parait nécessaire du fait du caractère inséparable de la
relation Homme-Forêt. Dans le présent rapport de stage sont révélés quelques aspects socio-
économiques qui caractérisent l’espace Mayombe.
2.2.2. Méthodologie
La méthodologie utilisée au cours de cette seconde partie de recherche pour la
récolte des données de stage s’est reposée sur des techniques d’enquête au sein des ménages
dans les territoires de Tshela et de Lukula, des focus groups avec les carbonisateurs au marché
du quartier Kasa-vubu et au parking Sikisa au centre ville à Tshela, les femmes commerçantes
des braises au marché Kasa-vubu et du parking Sikisa, un entretien semi-dirigé avec un
22
transporteur de braises, avec le coordonnateur de l’O.N.G P.A.R.C, le représentant de
l’O.N.G Inter-Actions, le coordonateur de l’environnement au niveau du district, le chef de
secteur de Lubuzi, l’assistant de l’administrateur du territoire(tous à Tshela), le chef de
secteur de Fubu représenté par l’administrateur du territoire de Lukula et le secrétaire de
l’ONG APROFEL à Lukula.
2.2.3. Résultats des entretiens semi-dirigés avec des personnes ressources et
des différents focus groups.
a) Entretien semi-dirigé avec l’Administrateur du territoire de Tshela représenté
par son adjoint.
L’administrateur du territoire n’étant pas présent, l’entretien devrait se
déroulait avec son adjoint assisté par son collaborateur. Rappelons cependant que la condition
exigée par ces derniers ; c’est-à-dire soumettre au préalable le guide d’entrevue pour que les
réponses à données soient les plus justes que possible.
Cette procédure devrait biaiser les résultats puisque l’essentiel pour nous était
de se faire une idée sur la perception des autorités locales sur les questions liées à la gestion
forestière et au développement local.
b) Entretien semi-dirigé avec l’Administrateur du territoire de Lukula
Au cours de cet entretien, l’objectif poursuivi était principalement de voir si les
autorités locales reconnaissent les questions liées à la problématique de gestion forestière et
du développement local, et si elles mènent des actions dans ce cadre.
Il convient de rappeler que le territoire de Lukula est composé de cinq secteurs
( Fubu, Kakongo, Patu, , Tsanga sud et Tsundi sud), deux cités( Lukula et
N’sioni ), une grande agglomération (Lemba), et soixante groupements.
Les principaux groupes socio-culturels rencontrés sont les clans Manianga,
Nanga,Tsundi, Makaba, Pudi, Ngimbi et Mbenza.
Comme partout dans l’espace Yombe, la forêt subit des pressions anthropiques.
L’exploitation du bois constitue la principale préoccupation de la population. Il s’agit
notamment de la production de charbon de bois et de braise pour la commercialisation, et de
l’utilisation par la quasi-totalité des ménages de l’énergie bois.
La pression démographique associée à la réduction des ressources forestières
constitue la source de nombreux conflits. C’est le cas par exemple de l’introduction sans
aucun accord de certaines familles ou clans les forêts d’autres ayants droits. Le mécanisme de
gestion des conflits est essentiellement coutumier et suit l’évolution de l’installation des
ancêtres sur des terres (forestières). Aujourd’hui, environ 70% des populations qui recourent
aux tribunaux échouent dans leur procès.
De façon coutumière, on recourt aux registres politiques laissés par les belges
qui reprenaient par secteur, l’occupation et l’ordre d’arrivée des ancêtres. Le recours au
23
témoignage des gardiens des coutumes a était également important dans certains cas. Les
contraintes actuelles de cette justice coutumière est l’application du code forestière par
certains intellectuels au détriment de la population locale.
Les autorités du territoire mènent certaines actions de sensibilisation et de
reboisement visant la reconstitution du capital forestier du Mayombe, pour le respect de l’âge
d’exploitabilité des arbres, et des actions contre la coupe illicite des bois.
La contribution de la forêt de Mayombe à l’économie de la province est
actuellement en baisse suite à la faillite de plusieurs entreprises de cet espace pendant la
zaïrianisation avec le président Mobutu en 1975. Ainsi, le territoire de Lukula est caractérisé
par l’émergence du secteur informel qui n’est pas contrôlé. L’AGRIFOR, la grande société du
territoire qui s’occupait de l’exploitation de bois, du café, et cacao(sur des petites étendues)
est en liquidation. Les autres entreprises ayant caractérisé ce territoire sont : AGRIUMBE-
Luki(consacrée dans la production du cacao,café,et huile de palme), APC-TEMVO (pour la
production des cacao,huile de palme, et la sciérie), CEQUA (pour la production d’hévéa ), et
la compagnie des produits Kiniati( pour la production d’hévéa et d’huile de palme).Notons
cependant les petites firmes ne sont pas citées.
En terme des perceptives, l’autorité territoriale propose d’abord l’amélioration
du capital forestier par le reboisement et la sensibilisation des populations locales, et ensuite
la promotion du respect des institutions .
c) Entretien semi-dirigé avec le chef de secteur de Lubuzi à Tshela ;
Le secteur Lubuzi se situe dans le territoire de Tshela.Il est composé de 7
groupements et de 109 villages. Les principaux groupes socio-culturels rencontrés sont :
Makulu, Manianga, Nanga, Tsundi, et Mbenza. La location, l’achat et l’acquit ancestrale sont
les trois modes reconnus d’accès aux terres.
La population dans ce secteur vit dans les conditions précaires .Les villages ne
sont pas desservis à cause de l’abandon de la SCAM qui est de gré autrefois entretenait les
routes. Tout le secteur n’a qu’une zone de santé. Les malades parcourent des grandes
distances pour avoir accès aux soins plus au moins acceptables. La vie dans le secteur est
donc médiocre. Ndalo constitue l’unique centre commercial du secteur. Onze à douze
boutiques sont comptés dans tout le secteur. Les élèves parcourent des longues distances pour
atteindre leurs établissements scolaires. La population suite à la souffrance a culmtivé la
jalousie et s’attarde à emettre des critiques non constructives.
La population vit de l’agriculture. Les bananiers, les palmiers, les maniocs,le
maïs ,et les safoutiers constituent les principaux produits du secteur de Lubuzi.
Les paysans ne sont pas regroupés en association. Le chef de secteur a reconnu
les rares interventions du centre du développement rural(CDR) dans l’encadrement des
paysans.
24
La non implication de l’Etat dans l’amélioration des infrastructures routières et
de la logistique appropriées pour appuyer les communautés constituent un frein considérable
pour la population.
La pression démographique serait la cause principale des sources de conflit
dans beaucoup d’endroits. Les différents conflits sont gérés par le chef de secteur. Notons que
le manque d’un outil adéquat pour départager les parties en conflits au niveau du secteur
s’agissant des limites des forêts constitue une faiblesse de justice. Certaines personnes
ressources interviennent également dans le partage des personnes ou familles en conflit. Les
conflits des limites intersectoriels exigent l’intervention du cartographe.
Le chef de secteur a semblé ne pas maîtriser le concept de gestion des forêts ,et
de cette conversation, il nous était claire qu’aucune politique existe au niveau du
secteur ,relative à la gestion des forêts ou au développement local et même en terme des
perceptives. Néanmoins, il a reconnu les pressions exercées sur la forêt notamment le sciage
illicite.
d) Entretien semi-dirigé avec le chef de secteur de Fubu représenté par son
secrétaire ;
Au cours de cet entretien, rien n’était dégagé du fait que le secrétaire du secteur
s’est senti dans l’impossibilité de répondre à nos différentes questions en l’absence de son
chef.
e) Entretien semi-dirigé avec Mr l’agronome du secteur de Fubu.
Mr l’agronome du secteur Fubu a relevé quelques problèmes majeurs dans ce
secteur. L’augmentation de la population a induit une diminution de la superficie champêtre.
Cette situation se justifie par le fait que les entreprises d’autrefois ont installé sur des grandes
superficies de palmeraie et que les populations occupant des espaces réduits d’où elles
observes de courtes jachères, voient leur rendement baissé de plus en plus. Certaines
initiatives de reboisement, de rotation, et d’assolement pour contribuer à rétablir la fertilité du
sol et par conséquent, l’augmentation de la production des différentes cultures sont
importantes dans ce secteur dominé par des agro systèmes. A ceux-ci s’ajoutent, le recours
aux variétés améliorées et équipements adéquats pourraient également contribuer à
l’augmentation de la production.
f) Entretien semi-dirigé avec le coordonnateur de l’environnement au niveau du district du
Bas-fleuve et Coordonateur de l’ONGD PARC à Tshela.
A la suite de cet entretien, il est à noter que la déforestation avance et que dans
tous les coins accessibles la forêt n’est représente une valeur importante tant sur le plan
écologique, économique voire social. La population vit dans la précarité. L’appui des ONG
semble être absorbé par la taille des différentes contraintes de la population d’où
l’intervention du gouvernement est vivement souhaitée. Cependant la coordination du district
à ces jours ne perçoit plus de recettes suffisantes, situation se justifiant en partie par la faible
capacité de l’Etat à pouvoir contrôler l’émergence du secteur informel.
25
Par ailleurs la situation actuelle de la forêt de Mayombe, exige une restauration
du paysage forestier. Au-delà des sensibilisations environnementales, l’introduction des
activités alternatives visant à réduire la pression sur la forêt est à préconiser.
g) Entretien semi-dirigé avec le Directeur de l’ONG Inter-Actions à Tshela représenté par
son agent ;
L’ONGD inter-actions œuvre dans la prise en charge des personnes vivant avec
le VIH/SIDA , l’assainissement des villages, l’agriculture et l’élevage, la prise en charge des
personnes vivant avec la malnutrition, et la bonne gouvernance.
Loin de nous de nous l’idée de connaître en détails ce que fait Interactions,
notre intérêt à porter sur les critères de sélection des villages pour la mise en œuvre du projet
« village assainis ». A ce sujet, la sélection des villages se fait autrefois par les bailleurs.
Il est noté que des sérieuses difficultés d’appropriation des projets ont
caractérisé la quasi-totalité des villages bénéficiaires des projets. D’où, aujourd’hui chaque
village désirant l’exécution du projet « villages assainis » formule une demande auprès des
ONGD, les quelles assurent l’interface entre les bailleurs et la population.
h) Entretien semi-dirigé avec le secrétaire de l’APROFEL à Lukula.
L’Association pour la Promotion de la Femme de Lukula, en sigle APROFEL
,est une association qui a vu le jour suite à la problématique des filles mères. Au travers cet
entretien, l’objectif était d’apprécier le dynamisme des femmes au sein de cette association.
Contraint par le temps, signalons que l’APROFEL a un vaste domaine d’intervention
actuellement, et la situation des femmes est assez critique dans ce territoire comme dans tout
l’espace Mayombe d’où les efforts peuvent être avalés par cette problématique à large spectre.
i) Focus groups avec les carbonisateurs à Tshela.
Deux focus groups étaient réalisés avec les carbonisateurs à Tshela dans les
marchés du quartier Kasa-vubu et du parking Sikisa car le marché Misoki nous a semblé
moins viables. La taille globale de ces deux focus était de 9 carbonisateurs. Ceux-ci, ont un
niveau d’ancienneté moyen de 7à8 ans de cette activité.IL ressort de ce focus que la forêt de
Mayombe continue à subir progressivement des pressions pour la production des charbons et
des braises. La plupart des villages qui alimentent Tshela en dendro-énergie proviennent d’un
rayon de 7à 15 Km. Il s’agit principalement des villages Niolo, Luvu, Vinda, Dizi, Mbata-
kondi, Kizu, Tombo, Kimwela et Kimbaku.
Le village Lufu peut en moyenne produire 24 à53m3 des braises par four et par
semaine soit 22 à 40 sacs des braises environ. Les difficultés de transport, le mauvais état de
certaines routes conditionnent les carbonisateurs à baisser leur production avec la construction
des petits fours de 3à7m3. Notons tout de même que le nombre des carbonisateurs est galopant
avec la pression démographique.
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j) Focus group avec des femmes commerçantes des braises à Tshela ;
Treize femmes commerçantes ont fait l’objet des deux focus-groups dans les
marchés du quartier Kasa-vubu et du parking Sikisa. Les différentes commerçantes de cette
filière proviennent des villages environnants comme la cité de Tshela. La plupart des femmes
qui vendent les braises travaillent en partenariat avec leurs époux, lesquels carbonisent avant
la vente par leurs femmes à la cité de Tshela.
Les bois sont grandement consommés. Ils sont chez la plupart récoltés dans les
concessions léguées par les ancêtres. Ces femmes ramènent sur les marchés 10 à 26 bottes de
bois pour chaque semaine, de 10Kg environ de poids moyen par botte.
2.3. Synthèse des perceptions des différents entretiens.
Pour assoir de manière cohérente les opinions des uns et des autres, nous avons
fait recours à la catégorisation conceptuelle qui est une méthode d’analyse des données
qualitatives qui consiste à prendre en compte les concepts qui reviennent le plus souvent dans
un discours. Ainsi, nous pouvons noter des différents entretiens ce qui suit :
2.3.1. De la gestion forestière.
Selon les vocations des forêts, différents acteurs interviennent dans la gestion
des forêts. Ainsi, la gestion de la RBL revient au Comité Local de Pilotage(C.L.P). Celui-ci
étant composé des représentants des ONG internationales(WWF) travaillant en partenariat
avec les ONG locales, MAB, INERA-Luki, et des communautés locales.
La gestion des forêts régulièrement inscrites dans les villages revient aux
villageois eux-mêmes tel que prescrit par le code forestier.
2.3.2. De la dégradation des écosystèmes forestiers.
La situation de la forêt de Mayombe dans son ensemble est préoccupante car la
dégradation se fait à un rythme alarmique. La R.B.L est redevenue le théâtre de la
carbonisation, du sciage illicite, du braconnage, et de l’agriculture itinérante.
2.3.3. De la situation globale socio-économique.
Les problèmes socio-économiques restent complexes et vastes dans cette zone.
Cependant, nous pouvons retenir que la faillite quasi totale des grandes entreprises à entrainer
en baisse l’activité économique de la région. La production paysanne axée sur les produits de
base (huile de palme, banane, manioc, ignames, taro, maïs, etc.), ne rapporte qu’à peine à
l’économie des ménages dans le Bas-fleuve.
L’état inadéquat des infrastructures routières dans l’ensemble et la dégradation
des sols sont les facteurs les plus cités comme à la base de la détérioration du système
économique familiale.
La femme, la maîtresse de l’économie ménagère peut constituer une base non
négligeable pour le développement. Fort malheureusement, elle se retrouve dans une situation
27
marginale car elle est analphabète. Elle nécessite d’être encadrée à se structurer pour canaliser
ses énergies dispersées dans le développement local.
2.3.4. Des conflits.
Aujourd’hui, il semble indéniable que l’explosion démographique mal gérée
constitue une source non négligeable des conflits d’autant plus que les ressources forestières
sont en diminution. Aussi, l’utilisation des méthodes policières dans le cas de la R.B.L
constitue également une source des conflits car ne favorisant pas l’appropriation le mode de
gestion prôné par le C.L.P.
2.3.5. De l’implication des autorités locales dans la gestion forestière et
l’amélioration des conditions de vie des populations.
La participation des autorités locales en matière de gestion des forêts et
d’amélioration des conditions de vie des populations revêt un caractère partiel car les autorités
sont souvent sous-informées mais parfois incapables d’agir convenablement faute des
moyens.
Il nous a donc paru qu’il n’existe pas des politiques viables en rapport avec la
question de gestion forestière au niveau des autorités locales, et de moins en moins en rapport
avec l’amélioration des conditions de vie.
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CONCLUSION ET SUGGESTIONS
Le stage réalisé dans la FMMc poursuivaient deux objectifs globaux ; l’appui à
la recherche doctorale de Marie Nyange et à la FMMc. De manière spécifique, il a été
question de relever les éléments du paysage étant donné que les FM se fondent sur une
approche du paysage.
Le contexte historique et politique étant très bien abordé par Sarasin(2011),
seuls quelques éléments étaient révélés. L’administration du district étant également décrit, la
question de la gestion forestière et du développement locale touché avec un accent sur la
gestion des conflits.
Comme perceptives d’avenir, nous proposons :
Au CLP :
- La révision de la méthode de gestion de la R.B.L et la mise en place d’un
modèle de participation plus efficace tenant compte des réelles aspirations de
la population au niveau de la base ;
- La capitalisation de la faiblesse des C.L.D ;
- La mise place d’un mécanisme durable de gestion des conflits ;
- Et la restitution au niveau de la base après chaque réunion du C.L.P.
A la FMMc :
- Meilleure intégration de la population locale ;
- Structurations des femmes au niveau de la base ;
- Promotion du dialogue comme mécanisme de gestion ou résolution des
conflits ;
- Et la sensibilisation des parties prenantes par rapport à la question de
changement climatique et de gestion forestière.
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Annexe
Photo 1 :Pesée de bois consommés journalière- Photo2 :commercialisation des braises
Ment par les ménages. Au marché Kasa-vubu .
Photo 3 et 4 : Modes de transport des braises vers le marché.
Photo 5 : Bottes de bois commercialisés au marché Photo6 : Commercialisation des sacs de
du quartier Kasa-Vubu. Braises au Marché du quartier Kasa-vubu.
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