Prohibition de l’inceste et ses origines« Tout ce qui est social
consiste en représentations. »
Pourquoi l’inceste est-il interdit dans toutes les sociétés
humaines, alors que, paradoxalement, ce que l’une définit comme
incestueux ne l’est pas forcément chez l’autre ? Que vise donc la
prohibi- tion de l’inceste : interdire la relation sexuelle ou le
mariage avec un proche, ou bien favoriser un besoin vital aux
groupes humains et, en particulier, aux familles – celui de se
relier, pour survivre, à d’autres groupes ?
Publié en 1897, seize ans avant le Totem et tabou de Freud, La
Prohibition de l’inceste et ses origines est un texte profondément
novateur qui met à mal les explications communes de l’interdit de
l’inceste.
émile durkheim
AuX édiTiONS PAYOT
Le Suicide. étude de sociologie Les Règles de la méthode
sociologique Sur l’éducation sexuelle La Prohibition de l’inceste
et ses origines
émile durkheim
La prohibition de l’inceste et ses origines Étude de
sociologie
Préface de Robert Neuburger
Retrouvez l’ensemble des parutions des Éditions Payot & Rivages
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payot- rivages.fr
pour la préface et la présente édition ISBN :
978-2-228-91897-8
Conception graphique de la couverture : Sara Deux Illustration : ©
Séverin Millet
Inceste et appartenance
par Robert Neuburger
La Prohibition de l’inceste et ses origines (1897) est l’un des
écrits les plus révolutionnaires d’Émile Durkheim (1858-1917) et
l’un des plus illustratifs de sa démarche. Il témoigne de son
génie, si par génie on entend l’œuvre d’un créateur, d’un
inventeur, celui qui a la capacité de dépasser les évidences d’une
époque et de modifier définiti- vement notre regard sur le monde.
Ainsi, Pasteur a su imposer l’hypothèse de l’origine bactérienne de
nombreuses maladies alors que le dogme de l’époque était celui de
la génération spontanée; de même, Freud a démontré que les rêves,
consi- dérés alors comme des scories du fonctionne- ment humain,
recélaient ce qu’il y a de plus secret et de plus signifiant en
chacun de nous.
Qu’y a-t-il de révolutionnaire dans la pensée de Durkheim? Le plus
important est probable- ment l’introduction du concept
d’appartenance dans les sciences humaines. Il a affirmé à plu-
sieurs reprises qu’un ensemble, et en particulier un ensemble
d’humains, était autre chose ou plus
7
* Émile Durkheim, Les Règles de la méthode sociologique (1895),
nouv. éd., Paris, Payot, coll. « PBP », 2009.
que la somme des individus qui le composent. Il reprenait ainsi,
sans qu’on sache s’il en était informé ou non, ce que Georg Cantor
(1845- 1918) découvrait dans le monde des mathéma- tiques, à savoir
la théorie des ensembles. Ce faisant, Durkheim affirmait le rôle
spécifique de la société et la nécessité d’une science autonome :
la sociologie.
« Est fait social, écrit-il, toute manière de faire, fixée ou non,
susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; ou
bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée
tout en ayant une existence propre, indépen- dante de ses
manifestations individuelles*. » Si l’on suit sa pensée, une
théorie psychologique rendant compte de l’humain dans sa
singularité, quand bien même ce serait la psychanalyse, théo- rie
qu’il semble avoir ignorée, ne peut être utilisée pour théoriser le
fonctionnement des groupes, notamment celui des groupes
sociaux.
À ce propos, il est regrettable que les deux génies en sciences
humaines que furent Durkheim et Freud ne se soient jamais
rencontrés et que chacun d’eux ait mené son trajet de façon singu-
lière. On connaît les longs errements de Freud à la recherche d’une
théorie sociale, et les per- plexités de Durkheim face aux
comportements des individus. Encore aujourd’hui, nombreux sont ceux
qui tentent vainement d’expliquer le com-
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portement d’une société, qu’il s’agisse d’une nation, d’une famille
ou d’un couple, avec des concepts analytiques, comme si l’on
pouvait confondre individu et groupe, en utilisant des notions
prises dans le vocabulaire de la psycholo- gie individuelle, tels
«l’inconscient collectif» ou «l’inconscient familial», qui sont des
monstres au regard d’une logique ensembliste, car ils confon- dent
le contenant et le contenu. Comme disait Rabelais, «on ne saurait
donner des clystères à une assemblée»… Durkheim le formule plus
savamment: la conscience collective est «l’en- semble des croyances
et des sentiments com- muns à la moyenne des membres d’une
société»; cet ensemble forme un «système déterminé qui a sa vie
propre».
Le mot «système» introduit par Durkheim est d’une grande importance
et il faut le prendre au sens d’une pensée systémique à la base de
toute recherche sociologique, mais aussi de certaines approches
thérapeutiques. Je voudrais ici plaider pour une distinction nette
entre des approches individuelles (et individuées) des thérapies,
telles que la psychanalyse les propose dans le cas de demandes
individuées, et les approches différen- ciées que sont les
thérapies familiales et les thé- rapies de couple dans les cas où
la souffrance est liée au fonctionnement, ou plutôt aux dysfonc-
tionnements des groupes, telles que la pensée sys témique les a
engendrées avec des concepts originaux comme ceux
d’appartenance.
S’il y a une différence significative entre notre
9
époque et celle de Freud, c’est que les mondes familiaux,
professionnels, voire sociaux, sont à l’origine de souffrances de
plus en plus fréquentes, liées à l’appar tenance ou, plus souvent
encore, à la désappartenance (cas d’attaques contre l’iden- tité
professionnelle, familiale, de couple…), et posent des problèmes
spécifiques face auxquels les outils habituels que sont les
approches psy- chanalytiques sont souvent impuissants à engen- drer
des solutions.
Pour Durkheim, l’appartenance protège l’être humain, le contient en
maîtrisant ses instincts et pulsions, crée des contraintes, mais
aussi de la solidarité: «L’élément essentiel de la vie morale [est]
l’influence modératrice que la société exerce sur ses membres et
qui tempère et neutralise l’ac- tion brutale de la lutte pour la
vie et de la sélec- tion. Partout où il y a des sociétés, il y a de
l’altruisme, parce qu’il y a de la solidarité*.»
C’est ce qu’il prouve dans son célèbre ouvrage, Le Suicide, quand
il démontre que les taux de suicides sont moins élevés chez les
personnes qui possèdent une armature d’appartenance, le taux de
suicide le plus important concernant les céli- bataires, suivis des
gens mariés sans enfant et, enfin, des sujets mariés et nantis
d’enfants. Dur- kheim montre également qu’une identité profes-
sionnelle est une protection contre le suicide.
Dans La Prohibition de l’inceste, publié au
10
* Émile Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF,
coll. «Quadrige», 1991.
moment où Freud conçoit L’Interprétation des rêves et seize ans
avant Totem et Tabou, Dur- kheim met à mal les explications
communes de l’interdit de l’inceste en montrant leur irrationa-
lité. De plus, il relève qu’à chaque époque ont été avancées des
explications, jamais les mêmes, pour justifier cet interdit qui,
lui, reste constant à travers les âges.
Entendons bien ici que le mot «inceste» ne recouvre en rien la
notion d’abus sexuel sur mineur par ascendant. Au sens strict du
mot, ce cas de figure n’est pas un inceste, mais une vio- lence
sexuelle sur mineur avec facteur aggravant (avoir pouvoir sur
l’enfant du fait d’une position de père, de maître, ou de prêtre).
L’inceste à pro- prement parler ne recouvre pas non plus les rela-
tions sexuelles entre adultes consentants, sauf dans les sociétés
qui ne distinguent pas claire- ment le mariage comme institution et
le fait d’avoir des relations sexuelles. Aujourd’hui, ce type de
relation est méconnu par la loi, et donc parfaitement licite. Une
fille peut coucher avec son père, une mère avec son fils, un frère
avec sa sœur, personne n’a, d’un point de vue légal, quoi que ce
soit à en dire, à la condition que les parte- naires soient tous
deux majeurs et consentants. Par contre, si ces relations
entraînent une gros- sesse, il ne peut y avoir reconnaissance de la
part de l’homme: l’enfant sera supposé être unique- ment de la
mère.
Ce qui est prohibé dans l’inceste, c’est donc avant tout le mariage
avec un proche. L’interdit
11
concerne essentiellement l’institution d’une filia- tion
incestueuse. Dans ces conditions, il ne faut pas attendre de
Durkheim une vision œdipienne de l’interdit, c’est-à-dire une
vision de l’inceste dans sa fonction dans la psyché de l’individu.
C’est à la fonction sociale de l’inceste qu’il s’inté- resse en
montrant que ce dernier est principale- ment vécu comme une attaque
contre l’ensemble du groupe social.
En effet, remarque Durkheim, si un tel interdit reste aussi
constant dans les différents pays et époques, quelle que soit la
justification qui en est donnée, c’est qu’il a une valeur
universelle. Quelle en est l’origine? Pour lui, il est possible
d’affirmer une filiation directe entre cet interdit et les règles
d’exogamie, telles qu’elles sont repé- rables dans toutes les
sociétés humaines et ce, dès l’origine, c’est-à-dire au stade
clanique. Toutes les sociétés claniques interdisent le mariage à
l’intérieur d’un même clan. Ce découpage cla- nique ne se superpose
pas à la famille, en parti- culier dans sa conception actuelle. Un
clan est un groupe humain censé descendre d’un même ancêtre
mythique, animal ou végétal, qui réunit des êtres supposés alors
être du même «sang». On ne saurait se conjoindre dans un même
«sang» sans créer un dommage pour l’ensemble de la tribu. Mais une
même tribu peut contenir des descendants de plusieurs clans qui
pourront alors se conjoindre sans dommages. De même, l’interdit
frappe les relations stables avec des partenaires issus d’autres
tribus, mais qui dispo-
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sent du même totem, c’est-à-dire du même ancêtre mythique.
Durkheim met en évidence l’aspect culturel de l’interdit
incestueux. Ainsi, l’interdit autorise et même impose les mariages
entre cousins croisés, c’est-à-dire issus de deux mariages
exogamiques, celui d’un frère et celui d’une sœur, alors qu’il
prohibe le mariage des cousins issus des mariages exogamiques de
deux frères ou de deux sœurs, car deux frères ou deux sœurs sont
nécessaire- ment du même clan alors qu’un frère et une sœur peuvent
être reliés à deux clans différents, s’ils n’ont pas la même
mère.
De ce fait, Durkheim réfute toute justifica - tion biologique à
l’interdit de l’inceste, dont il remarque même qu’elle est
parfaitement irra- tionnelle. Effectivement, il n’y a aucune raison
pour que d’une union consanguine naissent des enfants anormaux,
s’il n’y a pas une tare géné- tique dominante dans la famille.
Durkheim fait d’ailleurs la remarque que l’on pourrait tout aussi
bien, au travers d’une reproduction incestueuse, favoriser la
transmission génétique de certains traits positifs.
Ces divers constats, parmi bien d’autres, poin- tent l’aspect
irrationnel des raisons invoquées d’une pratique qui pourtant est
réprouvée de façon quasi universelle. Pour Durkheim, l’inter- dit
fonctionne sur la base d’arguments plus reli- gieux que
scientifiques. Ce qui ne signifie pas que les religions, et en
particulier les religions judéo- chrétiennes, n’ont pas avancé des
arguments
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pseudo-scientifiques pour justifier cet interdit. Ainsi Benoît le
Diacre: «De telles unions [inces- tueuses] ne naissent que des
aveugles, des boi- teux, des chassieux, des bossus, des handicapés
en tout genre*.» Le mot lui-même fait partie du vocabulaire
religieux et était absent jusqu’à une date récente du vocabulaire
légal français: les interdits à mariage avec des proches à trois
degrés de parenté sont prohibés, mais le mot «inceste» n’y figure
pas. La loi stipule «qu’à peine de nul- lité, il ne peut y avoir de
mariage entre ascendant et descendant en ligne directe, entre
alliés en ligne directe et entre collatéraux jusqu’au troi- sième
degré inclus».
Comment est-on passé de l’exogamie imposée par le dispositif
clanique à l’interdit moderne aux mariages et aux PACS incestueux?
Ces prohibi- tions ne se recoupent pas plus avec la biologie
puisqu’elles interdisent les mariages entre frères et sœurs, même
s’ils sont de sang différent, comme dans le cas de l’adoption. Pour
Durkheim, la transition s’est faite sur plusieurs millénaires, avec
glissement d’une origine clanique mater- nelle vers une origine
paternelle, puis d’une désaffectation de la dimension clanique au
béné- fice d’une dimension familiale dans une concep- tion élargie
et qui s’est rétrécie jusqu’à infiltrer la
14
* Cité par Pierre Legendre, Le Dossier occidental de la parenté.
Textes juridiques indésirables sur la généalogie, Paris, Fayard,
1988, p. 204.
famille «conjugale», terme dont il a qualifié la famille dominante
contemporaine.
Même si les raisons alléguées de cet interdit incestueux paraissent
— et sont — irrationnelles, la pérennité d’un tel interdit laisse à
penser qu’il doit jouer un rôle important, voire vital, dans toute
société. La raison, Durkheim la situe dans la confusion
qu’entraîneraient les mariages endo- gamiques entre liens de sang
et liens d’inclinai- sons, c’est-à-dire liens amoureux. Or, comme
il l’exprime, on aime son frère parce que l’on appartient à la même
famille, alors que l’on crée un couple parce qu’on aime son ou sa
parte- naire: «Hommes et femmes s’associent parce qu’ils se
plaisent alors que frères et sœurs doi- vent se plaire parce qu’ils
sont associés.»
Même si l’on ressent que l’hypothèse de Dur- kheim est juste,
l’explication nous laisse sur notre faim. On imagine difficilement
qu’un tel enjeu, à savoir le risque de confusion entre lien de type
familial et lien de type amoureux, suffise à expliquer la férocité
avec laquelle les unions incestueuses ont été châtiées au cours des
siècles et vécues comme des attaques à la société dans son
ensemble. Et ce, d’autant que par le mariage s’instaure une forme
de confusion où le couple va se «familialiser».
On peut aujourd’hui proposer une hypothèse complémentaire: le tabou
du mariage incestueux recouvre une nécessité vitale pour tout
groupe humain et, en particulier, pour les familles. Cette
nécessité s’est manifestée par une obligation
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d’exogamie, puis par un interdit d’endogamie, bien plus efficace.
Quelle est-elle? Si l’on utilise le modèle auto-organisationnel
pour «penser» une famille, on peut définir celle-ci comme faite
d’un intérieur, d’un intime et, selon l’expression heureuse du
psychanalyste Serge Tisseron, d’un «extime». L’intime est ce qui
fonde la différence: exister nécessite le maintien d’une différence
entre l’extérieur, le monde banal et l’intérieur. De quoi est fait
l’intérieur d’une famille? Ce n’est certainement pas la biologie
qui le définirait. L’identité, c’est-à-dire la différence qui fonde
une famille, est faite d’un ensemble de convic- tions que l’on
qualifie de «mythiques» sur les qualités de la famille: d’où elle
vient, ce qui est attendu de ses membres, bref, tout ce qui crée du
«nous» (nous, dans la famille, nous sommes comme cela, nous sommes
travailleurs, honnêtes, malins, modestes…).
Ce dispositif mythique est renforcé par des convictions quant à
l’origine de la famille. Il est fréquent que l’identité familiale
repose sur un mythe fondateur qui la relie à un ancêtre dispo- sant
de qualités particulières. L’aspect mythique d’une telle conviction
est évident si l’on réalise le choix du parcours qui mène la
famille actuelle à son ancêtre mythique, excluant la centaine,
voire les milliers d’ascendants de la même génération, mais qui
n’ont pas les mérites de l’ascendant élu.
Un autre pilier de l’appartenance à la famille est fait des rituels
pratiqués et qui ont pour fonc- tion de renforcer le sentiment
identitaire: fêtes,
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anniversaires, style adopté, langage privé, choix des
prénoms…
Mais cela ne suffit pas à préserver l’existence d’un groupe
familial ou autre. Un groupe ne peut fonctionner sur un mode
auto-organisé sans apport extérieur. Pour une famille, cela se
traduit par la reconnaissance qui est sollicitée et obtenue de la
part de la société, de la famille élargie, du cercle amical… C’est
un droit à disposer d’une identité, donc d’un territoire d’intimité
propre, qui se tra- duit par le droit à élever ses enfants selon
des principes choisis par les parents, de défendre ses opinions,
son mode de vie, à condition que cela ne vienne pas transgresser la
loi commune.
Dès l’origine, on remarque que les règles d’exogamie ne comportent
pas que des interdits: face à l’interdit de l’inceste, il y a
l’obligation de ce que je nomme l’«exeste», qui impose des choix
conjugaux qui seront utiles à l’ensemble du clan. Plus tard, nous
verrons comment le mariage exogamique favorise l’union de deux
familles paysannes, industrielles, royales, évitant ainsi des
rivalités pouvant dégénérer en guerres où il n’y aurait que des
perdants.
Il y a donc dans les familles une face interne, celle de l’intime,
et une face externe, celle qui est reliée au monde extérieur. Pour
obtenir cette reconnaissance de la part du monde extérieur, il
faudra que la famille montre un visage conforme, cette fois-ci, non
pas à ses propres spécificités, à ses propres mythes, mais à ceux
de la société au milieu de laquelle elle existe. C’est la fonction
de
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l’exogamie et son double, l’interdit de l’inceste, que de
faciliter, voire d’imposer, ce rapport au monde extérieur. Le
mariage avec un étranger ou une étrangère au groupe en est le moyen
le plus répandu, bien que, dans d’autres civilisations, comme on
peut le voir encore aujourd’hui en Polynésie, c’est l’échange
d’enfants qui joue aussi ce rôle: deux familles vont s’allier du
fait que chacune donne un de ses enfants en adoption à l’autre. Le
résultat est une reconnaissance du droit à exister pour les deux
groupes familiaux.
L’hypothèse est donc qu’un groupe, pour exis- ter, ne doit pas
seulement maintenir son iden- tité, sa différence, mais il doit
aussi se montrer conforme à l’ordre extérieur. On comprend alors
que l’interdit de l’inceste occupe à ce niveau un rôle majeur qui
impose un rapport de réciprocité entre différents groupes. Et l’on
comprend que, pour la même raison, les groupes qui se sous- traient
à cette obligation sont les groupes réputés sectaires, qui
secrètent leur propre loi avec les effets que l’on connaît…
Il convient donc de relever cette formidable avancée opérée par
Durkheim, qui lit derrière l’interdit une nécessité fondamentale,
vitale même aux groupes humains, et en particulier aux familles —
la nécessité de se relier à d’autres groupes, ce que l’on nomme
l’exogamie, qui s’est transformée en obligation, puis en interdit
et, de ce fait, est devenue indiscutable, car irrationnelle. Cet
interdit a une fonction complémentaire: le groupe social dans son
ensemble n’existe que si
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son ordre est respecté par les familles. L’ordre dépend du respect
qui entoure les détenteurs du pouvoir, les garants de l’ordre. Ce
ne sont pas seulement les policiers, ce sont aussi ceux qui
détiennent le pouvoir religieux, politique, ou médical. Or, quand
le pouvoir se sent menacé, il multiplie les interdits incestueux,
comme à l’époque moyenâgeuse…
Robert NEUBURGER, Psychiatre, psychanalyste,
TABLE
La Prohibition de l’inceste et ses origines . 21
NOTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
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