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Lundi, petit Gaston sera grand !

texte de : Joëlle ECORMIERIllustrations de : NIMBUS

A partir de demain, les jours ne seront plus jamais les mêmes pour le petit Gaston.

D’ai

lleur

s, à p

artir de demain, il n’y a plus de “petit” Gaston.

Fini le temps des riquiqui, guili guili, pipi au lit, souris au ouistiti et compagnie. C’est ce qu’on lui a dit. Demain, c’est lundi et il sera un “grand” Gaston, car c’est son premier jour d’école.

Gaston ne sait pas comment il pourra grandir aussi vite pendant la nuit. Est-ce que ses jambes vont pousser d’un coup et toucher le bout du lit ?

Est-ce que son pyjama sera devenu trop petit ? Est-ce que ce n’est pas plus long pour

devenir un grand Gaston ?

Gaston se pose beaucoup de questions.

Ça lui fait peur ce lundi qui ne sera pas comme les au-tres lundis d’avant. D’ailleurs, avant, les jours n’avaient pas de nom. Ils ne s’appelaient ni lundi ni rien du tout. C’était Hier ou Aujourd’hui parfois Demain. Sauf un, qui s’appelait Dimanche.

Dimanche n’est pas comme les autres jours.C’est le jour de Tatie Dou.

A trois heures pile, Tatie Dou débarque avec ses bonbons coco, son moulin à mots, ses gros Oh Oh Oh.

Heureusement qu’elle vient aussi avec Hugo. Hugo est rigolo, c’est le cousin de Gaston.

Aujourd’hui, le moulin de Tatie Dou déborde de mots. C’est que demain le “petit Gaston” va de-venir grand.

- Va jouer mon grand, j’ai des choses à raconter à ta maman. Ça en fera des petits gâteaux à tremper dans du café chaud pour faire tourner très très vite le moulin à mots !

Gaston n’a pas envie de quitter sa maman, pas plus que de devenir grand. La maman de Gaston prend tellement de place dans son coeur, qu’il le sent se dégonfler et de-venir tout petit lorsqu’elle s’en va.

La maman de Gaston prend beaucoup de

place tout court. Dans les fauteuils comme

dans le coeur de Gaston. C’est sans doute

à cause des petits gâteaux du dimanche.

Hugo est “grand” depuis déjà un an. Pour

lui, tous les jours ont un nom maintenant. A

l’école, on lui a appris. Ils s’appellent lundi,

mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi.

Mais aujourd’hui, c’est Dimanche et les mamans man-gent. Elles rient en se tapant très fort sur les cuisses.

Elles prennent toute la place dans la pièce et Gaston et Hugo sont bien forcés d’aller jouer dehors.

Gaston n’a pas très envie de jouer quand il

pense que demain va arriver. Il marche en

équilibre sur un petit mur en essayant de ne

pas tomber. Il dit à Hugo : “bah, ce n’est pas

si grave l’école”, en essayant de ne pas pleu-

rer. Et de toute façon, sa maman a promis de

rester avec lui toute la journée.

- T’es dingo ! dit Hugo. Il n’y aura plus de place pour les copains sous le préau ! - Et pas question de bagarre, les mamans n’aiment pas du tout ça.

A cause des boutons qui se décousent et des trous aux genoux. Et puis elles n’aiment pas qu’on soit voyou.

- Et les courses en troti-

nette sera pour tous les

autres. Elles ont tout le

temps peur qu’on tombe.

Les mamans ont peur des

bobos comme si c’était

des monstres, des affreux

jojos. - Et pas moyen de

faire de la peinture au

doigt, elles disent qu’il y a

des pinceaux pour ça !

- Le pire, c’est à la cantine. Obligé de faire comme à la maison. Se tenir bien droit et ne pas manger avec les doigts. Tout finir, la viande comme les petits pois.

- Non l’école, ce n’est vrai-ment pas fait pour les

mamans. Crois-moi Gaston,

elles sont mieux à la maison ou au boulot, dit Hugo.

Gaston a écouté Hugo sans un mot puis il est de-scendu de son petit mur.

Il est rentré dans la maison et dans le salon, il s’est frayé une petite place au milieu des moulins à mots, des gâteaux, des Oh Oh Oh de Tatie Dou et coura-geusement a dit à sa maman.

- Demain, je me défendrai moi-même

contre le vilain lundi. J’irai tout seul à

l’école et toi tu m’attendras à la mai-

son. Sinon je ne deviendrai jamais

un grand Gaston.

L’auteur

JOËLLE ECORMIERL’illustrateur

NIMBUSElle aime : les macatias, le chocolat noir, les cigarettes russes,les arbres, les phares, les ânes, les boîtes à mu-sique, les cerfs-volants, les libellules, l’idée d’habiter sur un volcan. Et surtout écrire des histoires. Elle n’aime pas : le bruit, les téléphones por-tables, les réveille-matin, le café, le clavecin, les ordres, les films de guerre. Et le pire, manquer de temps pour écrire des histoires.

Ex sculpteur de table de classe, gribouilleur sur récup, pein-tre de bar, il ne trempe pas toujours ses pinceaux dans l’eau. Collectionneur d’image, il voudrait en faire mais c’est toujours un peu chaud. Bof ! tant qu’il ya des glaçons. Têtu, raleur, colereux, mais gentil, il n’est plus le même depuis qu’il a des poils. Ce n’est pas un saint mais tant pis ! Alertez les bébés !