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CMJN

Liberté 62 n°856 - Le 10 Avril 2009 - 7 -

PolitiqueCE N'EST PAS AUX SALARIÉS DE PAYER LA CRISE

LES PARLEMENTAIRES COMMUNISTESFONT DES PROPOSITIONS

Les députés et sénateurs communistes estiment qu'il est temps d'en finir avec les discoursdégoulinants de bons sentiments du gouvernement et du patronat qui cachent leur refusd'imposer des règles au capitalisme financier.En tenant une conférence de presse jeudi dernier, Jean-Claude Danglot, sénateurcommuniste du Pas-de-Calais a voulu démontrer que les élus communistes étaient nonseulement aux côtés des salariés en lutte mais étaient également source de propositions encette période de crise et d'aggravation du chômage.

CC 'EST'EST ainsi que lesp a r l em e n t a i r e scommunistes sont àl'origine de plusieursprojets de loi mis endébat au Sénat et à

l'Assemblée nationale.Nous verrons par la suite que siles membres du gouvernement, leMEDEF, Sarkozy poussent tous lachansonnette, pestant contre les«parachutes dorés», les «stock-options», les salaires des grandspatrons, ils se mettent aussitôt àhurler au loup quand il s'agit depasser aux actes.Auparavant, Jean-Claude Danglota estimé que c'est la première foisdepuis des décennies qu'un telmouvement social s'est enclenchédepuis plusieurs mois à l'appel detous les syndicats réunis sur labase d'une plate forme revendica-tive d'une grande qualité :«J'espère que le 1er mai verra unepuissante mobilisation». Le séna-teur communiste déplore que jouraprès jour se suivent de nouveauxplans de licenciements.Dans ce contexte, des milliardssont distribués aux banques etaux entreprises, mais les plans derelance de Nicolas Sarkozyexcluent, par principe, toute relan-ce par le pouvoir d'achat. Le motsalaire est imprononçable pour lesministres et ils ont même décidéque le SMIC ne bénéficierait d'au-cun «coup de pouce».Les Françaises et les Français

sont 62% à rejeter la politiqueéconomique du gouvernement. Ilsestiment qu'elle ne porte pas deréponse à la crise. 78% ont com-pris les raisons et soutenu la gran-de journée d'action du 19 mars.Pour Jean-Claude Danglot, il n'estplus possible de ne pas entendrela volonté de changements dupeuple.En effet, à l'opposé des régres-sions sociales des réformes libé-rales qui ont aggravé la crise, c'estsur le progrès social, une autre uti-lisation de l'argent, des entre-prises, du crédit des banques etdes fonds publics, associée à despouvoirs élargis pour les salariésqu'il faut fonder l'efficacité écono-mique et sociale.

L'automobileparticulièrement touchée

Jean-Claude Danglot fait remar-quer que si l'industrie automobileest l'un des principaux secteursindustriels concernés par la crise,il apparait cependant que PSA etRenault annoncent une reprisedes ventes de 8% en avril.Jean-Claude Danglot pose alors laquestion : «Pourquoi, alors se pré-cipiter dans des plans sociaux ?Ces grands groupes ont la capaci-té de résister à une conjoncturedifficile».De même, le groupe Renault aconfirmé ses bons résultats finan-ciers avec des profits avoisinant

830 millions d'euros dont la moitiésera reversée aux actionnaires.En outre, Renault prépare unecagnotte pour verser en 2009 lesbonus aux cadres dirigeants quin'ont rien perçu en 2008.«Parallèlement, le gouvernementa attribué 6 milliards à Renault etPSA, 600 millions d'euros aufonds de modernisation des équi-pementiers, en passant par l'acti-vation des fonds de garantieOSEO pour les prêts alloués auxéquipementiers et sous traitantsautomobiles.En fait, des aides publiques quis'ajoutent aux aides publiquesdéjà accordées sans contrôle,sans contrepartie ni droit deregard du Parlement. Le gouver-nement veut faire croire aux tra-vailleurs qu'il faut faire confianceaux actionnaires et aux dirigeantsdes entreprises pour assurer lapérennité des sites industriels etrenoncer à leurs bonus» soulignele parlementaire communiste.Celui-ci regrette que DanielPercheron soutient le pacte auto-mobile concocté par le gouverne-ment en le considérant commeune bonne mesure et d'avertir :«Les élus socialistes vont devoirexpliquer aux salariés de l'auto-mobile comment ils peuvent lessoutenir dans leur lutte et approu-ver un plan qui se traduit exclusi-vement par de nouveaux cadeauxfinanciers au patronat.Percheron peut comme il le fait

voler au secours de Sarkozy, ilfaut dans ce cas qu'il assume laresponsabilité de la politiquenationale menée par l'UMP».Jean-Claude Danglot fait une sug-gestion : «Puisque Sarkozy est siconfiant des retombées de sonplan, j'ai demandé au gouverne-ment un moratoire pour suspendretous les licenciements, les planssociaux en cours. On va voir pro-chainement qui soutient au Sénatet à l'Assemblée nationale, lespropositions de loi déposées parles parlementaires communistesqui vont dans ce sens.Les salariés de l'automobile doi-vent exiger avec fermeté descomptes aux parlementaires UMPde la Région et à l'exécutif socia-liste de la Région qui soutiennentsans réserve le plan du gouverne-ment.S'il faut attendre ? Chiche ondonne rendez-vous à Sarkozy et àPercheron, mais dans l'attente onexige la suppression des planssociaux annoncés, on gèle tousles licenciements. Ou alors cesera une reprise sur fonds d'entre-prises liquidées. Ça n'a pas desens».Les salariés ne doivent pas

payer la criseLes parlementaires communistesappellent donc au renforcementdes luttes et les salariés à exiger,face à l'ampleur de la crise, non

pas de «bons plans sociaux» maisdes mesures nationales fortes à lahauteur de la gravité de la situa-tion pour limiter au maximum lesmesures de licenciements :«Quelques projets de lois déposéspar les parlementaires commu-nistes vont être débattus d'ici lemois de mai. Nous demandons àce qu'ils soient largement soute-nus, qu'il y ait un véritable débatautour de ces projets de loi, nonpas seulement au Sénat et àl'Assemblée nationale, mais danschaque entreprise concernée»souhaite Jean-Claude Danglot.Déjà, le 26 mars, les sénateursUMP se sont opposés à la propo-sition de loi du groupe communis-te pour l'abolition du paquet fiscal,l'interdiction des stock-options etl'instauration d'une fiscalité dis-suasive contre les méga-salairesdes grands patrons.Alors que quelques centaines desuper-riches ont reçu de l'État deschèques de plus de 300.000euros, cette proposition de loi étaitune occasion pour les parlemen-taires de la majorité de passer auxactes. Peine perdue, si devant lescaméras la droite s'indigne contreles «dérives du capitalisme finan-cier», au Parlement elle se couchedevant le Medef et la loi de l'ar-gent.Mais les parlementaires commu-nistes ne baissent pas les brasc'est ainsi qu'Alain Bocquet, dépu-té communiste, s'apprête à dépo-ser une proposition de loi visant àinterdire les excès (stock-options,bonus, parachutes dorés...) ducapitalisme financier et à donnerde nouveaux pouvoirs d'interven-tion aux salariés.L'ampleur de la crise, sa violence,impose d'agir dans la clarté etavec force. Les salariés ne peu-vent se contenter de communica-tion. Ils veulent des actes.À deux mois des élections euro-péennes du 7 juin prochain, lessalariés doivent se poser plusieursquestions.À la racine même de l'actuellecrise économique et sociale setrouvent précisément le pillage dutravail salarié au profit du capital,le rationnement et la diminutiondes dépenses sociales etpubliques. Pour être sûr de lapérennité de cette logique, la droi-te et les socialistes l'ont inscritedans les traités européens deMaastricht et de Lisbonne.Depuis c'est toujours bingo pourles riches et ceinture pour les sala-riés.Autre question ! Pourquoi est-ilpossible de légiférer contre lesalariat, de décréter la non-aug-mentation du SMIC, alors qu'ilserait impossible de légiférer surles rémunérations de la petitecaste du grand patronat ?

J.M.H.

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