13·PRINTEMPS/ÉTÉ
m e r c e d e s - m a g a z i n e . c a i s s n 1 92 5 -4 1 56
MANGER NATURE Les meilleures tables champêtres au Canada
LA CLA Dans les coulisses d’une beauté sauvage redessinée
PAGE COUVERTURE ANIMÉE… Avec un téléphone intelligent ou une tablette, expérimentez la réalité augmentée. Détails p. 7.
ISTANBUL, LA fUNAMBULE À visiter jour et nuit
fragrances pour homme et femme
BERLINKaDeWe Tel. + 49 30 21 01 65 80
Hotel Adlon Tel. + 49 30 20 45 52 88
HONG KONGifc
Tel. + 852 25 40 10 28
SAN FRANCISCOShreve & Co
Tel. + 1 41 58 60 40 10
CALGARY: J. Vair Anderson, Tel. (403) 266 1669 • VANCOUVER: Montecristo, Tel. (604) 899 8866TORONTO: Bandiera, Tel. (416) 642 8806 • Wellendorff • Tel. (415) 860 4010 • www.wellendorff.com
Célèbre ses 120 ans d’existencel'authenticité à l'honneur depuis 1893
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é v é n e m e n T S À tabLE ! Chefs, restaurateurs et vignerons transplantent leur savoir-faire à la campagne, à la plage et même au cœur des villes.
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S C È n e L’ENVERS DU DÉCOR Un groupe de photographes canadiens présente à la planète le thème du paysage, sous un nouvel éclairage.
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D e S I G n ÉMINENCE GRISE Le béton enterre ses origines austères au profit d’un élégant renouveau proposé par une frange de designers canadiens qui ne reculent devant aucun défi de taille.
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e S CA PA D e
C L I C H É S H O R S C H a M P Emprunter l’autoroute 263 en Saskatchewan permet de sortir des lieux communs habituels qui collent aux Prairies.
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P r o f I l D e v e D e T T e L E D O U x Pa R f U M D E L a R É U S S I t E Barb Stegemann infuse des huiles essentielles équitables dans ses parfums The 7 Virtues.
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faSCINatION De la gastronomie au style, la culture canadienne tient la route.
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D A N S C E N U M É R O
œUVRES D’aRt aU SOMMEt Six excursions qui mènent à du grand art : Saint-Moritz, Kitzbühel, Salzbourg, Davos, le Valais et le Tyrol du Sud.
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CœUR tENDRE Ni gâteau ni biscuit, le macaron est une petite douceur haute en saveur.
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b U l l E t i N
MOt DU PRÉSIDENt 8Q UA r T I e r
LE St yLE EN VOGUE À yORk VILLE Découvrez l’un des quartiers chics de Toronto où se la couler douce.
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couverture , i stanbul : modèle européen présenté
1 3 • P R i N t E M P S / É t É
IStaNbUL , L a fUNaMbULE Si Istanbul a été témoin d’une multitude de changements, que dire du quartier des spectacles de Beyoglu, où la splendeur ottomane côtoie le chic contemporain.
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DES SENS SUPER aIGUISÉS Intelligent Drive : un réseau de caméras et de capteurs pour contrer les dangers et augmenter la sécurité.
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G MON VOyaGE ! Avec 34 ans au compteur, le tout-terrain de Classe G peut revendiquer son statut de légende. Lors d’un essai routier en Italie, ce monstre sacré déploie sa remarquable polyvalence.
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b E aU t É S aU VaG E La souplesse d’un félin... Avec un aérodynamisme sensationnel, la CLA, le nouveau coupé quatre portes de Mercedes-Benz, annonce un tout nouveau concept.
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DIGNE DES VEDEt tES Les précurseures de la Classe E n’ont pas seulement comblé leurs fidèles conducteurs d’innovations avant-gardistes, elles ont aussi conquis une foule de célébrités et joué de grands rôles au cinéma.
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P O i N t D E M i R E
RÉCOLtE D’aUtOMNE Cet automne, la douce bien que nerveuse CLA arrive dans les salles d’exposition d’un bout à l’autre du pays.
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L E w I S H a M I Lt O N Le pilote de l’équipe Mercedes AMG Petronas et champion du monde discute élégance, showbiz et jalons charnières de sa carrière.
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La photo de la CLA 2014 en page couverture est conçue en réalité augmentée. Scannez ce code QR afin de télécharger l’appli pour la visionner ou visitez cla.mercedes-benz.ca/app
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M o t d u p r é s i d e n t
C hacun des numéros du magazine Mercedes-Benz couvre un large éven-
tail de sujets – incluant la mode,
la gastro nomie, les voyages et les plus récentes
nouvelles sur nos produits –, grâce à une foule
d’articles variés conçus pour transporter, au
propre comme au figuré, nos distingués clients en
divers lieux exotiques et luxueux au pays ou
ailleurs sur la planète.
Dans ce numéro, je suis particulièrement fier
de vous offrir, chers lecteurs, un aperçu d’un nou-
veau modèle qui vient enrichir notre gamme de
véhicules Mercedes-Benz, et arrive chez nos
concessionnaires dès cet automne. La CLS a
inspiré une toute nouvelle catégorie de véhicules
qui, pour la première fois, alliait le dynamisme
d’un coupé au confort et à la fonctionnalité d’une
berline. C’est ainsi qu’est née l’inédite CLA
(p. 80), laquelle s’inscrit dans le prolongement
formel de ce nouveau concept innovateur.
Avec sa spectaculaire calandre diamant noire
au centre de laquelle trône l’étoile à trois branches;
son long capot ; sa ligne de toit plongeante ; ses
portières sans montants et son duo de tuyaux
d’échappement rectangulaires chromés, la CLA ne
manquera pas d’attirer les regards, de tous bords
tous côtés. Sa silhouette remarquable révèle plus
qu’un design original et accrocheur. En effet, ses
lignes pures repoussent les frontières aéro-
dynamiques de la voiture produite en série. Grâce
à son allure unique, à ses luxueux dispositifs, à
ses généreux accessoires offerts de série et à ses
systèmes de sécurité révolutionnaires, la CLA
séduira sans doute de nombreux clients actuels,
en plus d’attirer une nouvelle génération de conduc-
teurs dans notre réseau de concessionnaires.
Ce numéro retrace également l’histoire d’une
emblématique pionnière, la Classe G de Mercedes-
Benz (p. 66). D’abord conçue pour circuler surtout
hors route, en terrain accidenté, la Classe G a connu
une fabuleuse évolution depuis ses débuts en 1979,
tout en conservant son design unique. À ce jour,
elle maintient sa position de tête parmi les véhi-
cules tout-terrains de luxe, sans compter qu’elle a
transmis son capital génétique aux autres popu-
laires VUS de Mercedes-Benz.
Bien que les éloquents modèles CLA et G soient
situés aux deux extrémités du spectre de vé hicules,
ils n’en partagent pas moins un ADN commun et
une tradition d’excellence mise en place par
les fondateurs de Mercedes-Benz, inventeurs de
l’automobile.
Au fil des ans, nous avons inauguré de nom-
breuses technologies innovatrices qui ont consi-
dérablement amélioré le confort et la sé curité
automobile. De plus, nous avons toujours proposé
des designs avant-gardistes, afin que les véhicules
arborant l’étoile à trois branches soient immédia-
tement identifiés comme faisant partie de la famille
Mercedes-Benz.
Notre engagement collectif indéfectible envers
l’innovation ne se dément pas, comme en té moigne
les lancements d’une nouvelle famille de Classe E
et de la légendaire Classe S. Et, il reste encore une
foule de nouveautés à découvrir.
Je vous invite donc à suivre le parcours de
Mercedes-Benz, tandis que l’entreprise poursuit
sur sa lancée et continue de repousser les limites
de l’automobile. Attachez votre ceinture, car la
route promet d’être palpitante.
Amicalement,
Tim A. Reuss Président et chef de la direction
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d é t a i l s d e p u b l i c a t i o npublié par
Daimler AG · Communications · HPC E402 · D-70546 Stuttgart
Responsable auprès de l’éditeur Mirjam Bendak
conseil d’édition Dr. Joachim Schmidt (Chairman) · Daniel Bartos · Thomas Fröhlich · Lüder Fromm
Christoph Horn · Jörg Howe · Anders Sundt Jensen · Alexandra Süss
canadaMercedes-Benz Canada Inc., 98 Vanderhoof Ave., Toronto, ON M4G 4C9
président et chef de la direction Tim A. ReussVice-président du marketing Gavin Allen
directrice, communications et relations publiques JoAnne Cazadirecteur, communications commerciales nationales Jay Owen
superviseure, Gestion des relations avec la clientèle Lisa Hyneksuperviseur, Relations publiques Michael Minielly
coordinatrice Chashmeen Rekhi
concep t ion e t R édact ionallemagne
Condé Nast Verlag GmbH · Karlstrasse 23 · D-80333 Münchencollaborateurs Jean Cazals, Tom Clarkson, Hannah Engelmaier, Elias Hassos, Christoph Henn, Markus Jans, Manfred Klimek, Anatol Kotte, Michael Moorstedt, Tom Parker, Marc Trautmann,
Christof Vieweg, Mario Wagner, Margot Weber, Robert Zsolnay
canadaSpafax Canada, 4200, boul. Saint-Laurent, bureau 707, Montréal QC H2W 2R2
président, contenu Raymond Girard · Vice-présidente à la direction, médias Katrin KopvillemVice-présidente, finances et exploitation Paula Pergantis
directeur de contenu Arjun Basustratégiste principale Courtney MacNeilchargée de projet Celyn Harding-Jones
Rédactrice en chef Natasha MekhailRédacteurs principaux Christopher Korchin, Isabelle Vialle-Soubranne
Rédactrice adjointe Eve Thomasadjointe à la rédaction Aliyah Shamsher
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collaborateurs Mike Berson, Lorne Bridgman, Allan Casey, Annelise Dekker, Joanna Fox, Grant Harder, Paige Magarrey, Stephanie McBride, Celeste Moure,
Stina Persson, Chantal Tranchemontagnedirecteur artistique Guillaume Brière
Graphiste Nicole Noondirectrice de la production Joelle Irvine
Responsable de la production Jaclyn IrvineVérificatrice d’information Stacey McLachlan
correctrice d’épreuves Sabine Cerbonitraduction Marie-Paule Kassis, Strategic Languages, Toronto
Ventes médias et publicitaires Spafax Canada, 1179 King Street West, bureau 101, Toronto, ON M6K 3C5, [email protected]
directrice des ventes Laura Maurice Tél. : 416-350-2432, [email protected]
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latéraux. Pour de l’information mise à jour sur les modèles, les caractéristiques standard, les équipements offerts en option ou les couleurs disponibles au Canada, de même que sur les prix, veuillez contacter le concessionnaire autorisé Mercedes-Benz le plus près de chez vous, ou visiter www.mercedes-benz.ca.
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magazine Mercedes-Benz est publié deux fois par an, en collaboration ou sous licence, en 40 langues. Numéro 324, 59e année de publication, en remplacement de Mercedes – le magazine pour les gens en
mouvement et de Mercedes-Benz in aller Welt.
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Imprimé sur du papier blanchi sans chloreImprimé au Canada
ISSN 1925-4156Poste-publications numéro de convention 41657520
Centre de service à la clientèle Mercedes-Benz 1-800-387-0100
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sCan
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Le nouveau parfum intense pour homme
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voyag e
Bon grainde l’ivraie
D I L L o N ’ S Small Batch Distillers n’a ouvert que fin 2012, mais la distillerie suscite déjà beaucoup d’intérêt. Plantée dans la région viticole de Niagara, l’entreprise familiale – dirigée par le trio Geoff Dillon, Peter Dillon et Gary Huggins – n’utilise que des grains et des raisins cultivés localement, en plus d’autres variétés de fruits et de végétaux, afin de produire de petites quantités de rye, de gin, de vodka, de whisky canadien, ainsi que six variétés d’amers. Pour goûter, l’idéal est de se rendre à la source. Profitez-en pour visiter les lieux, glâner de l’info sur les étapes de fabrication et déguster un verre, accoudé au bar de la flambant neuve salle de dégustation.
dillons.ca
a u D é b u t D e L a v I N g ta I N e , Chuck Hughes troque sa carrière en publicité contre une nouvelle aventure qui le mue en chef, restaurateur, animateur sur la chaîne Food Network et auteur culinaire. Chuck’s Day Off, son deuxième livre qui compte plus de 100 recettes, alimente l’appétit des Montréalais pour la gastronomie. Pour cuisiner comme un pro, laissez-vous aussi tenter par Toqué! Les artisans d’une gastronomie québécoise – du chef Normand Laprise, qui honore les produits du terroir d’ici – ainsi que soupesoup, de la restauratrice Caroline Dumas, pour des plats saisonniers réconfortants.
a P P é t I t
Le goût de Montréal
chuckhughes.carestaurant-toque.comflammarion.qc.ca
S t y L e
Un secret bien gardé
secretlocation.ca
S u R L a R u e W at e R , dans le quartier de Gastown à Vancouver, se trouve un lieu où les consommateurs de culture se donnent rendez-vous. Imaginé et conçu par Carey Melnichuk, Secret Location est à la fois un magasin concept d’inspiration européenne, un café-bar et un espace où organiser des événements. On y offre articles de mode, objets d’art, gadgets, articles pour la maison et même des bouquins triés sur le volet. L’objectif ? Proposer des produits uniques de grande qualité, peu importe la marque. Menu concocté par le chef Marcus Bugoy et événements courus, telle une séance de dédicace de Scott Schuman, auteur de The Sartorialist, complètent le tableau.
A v o i r s s T Y L E C U L T U r E v o Y A G E A P P É T i T
f a s c i n a t i o n
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L O R S Q U E L E C É L È B R E bottier Jimmy Choo a encouragé Ela Kowalewska à dessiner des sacs à main, il y a cinq ans, elle n’a pas hésité une seconde. La belle a mis à profit son expérience chez Burberry Londres et Hermès Canada pour lancer Ela, avec son mari Martin Aldorsson. Établie à Toronto, leur entreprise confectionne, en somptueux cuir italien, une foule de sacs en vogue aux robustes fermoirs. La collection printemps-été 2013 s’inspire des modèles antérieurs, en les infusant de textures et coloris audacieux. Admirez les modèles Editor’s Pouch, Chibi Lady et M.I.L.C.K. (acronyme de money, ID, lipstick, cellphone, keys) et la gamme de couleurs proposées : argent ou rose-or miroir ; roses, bleus et jaunes saturés ; noir et blanc ; suède marine et vert aux motifs pyramide gaufrés.
ARC’TERYX DE VANCOUVER est la marque courue des sportifs depuis l’ouverture en 1989. L’entreprise – qui a conquis massivement les accros de l’adrénaline, avec des vêtements technos haut de gamme – s’étoffe également d’une ligne polyvalente, laquelle passe incognito du plein air au bureau. La gamme Veilance du printemps 2013 offre des vêtements en tissus novateurs qui protègent des éléments, sont légers, se plient facilement et respirent. La coupe classique et ajustée des habits, particulièrement le blazer LT et le manteau Partition, plaira aux gens d’affaires actifs.
B I E N Q U ’ I L A I T É T É nommé « la personnalité la plus influente en art contemporain » en 2012 par le magazine ArtReview, Ai Weiwei est peu connu en Occident. Mais, plus pour longtemps. À compter du mois d’août, le Musée des beaux arts de l’Ontario présentera According to What?, une collection de photos, sculptures, installations et pièces audio et vidéo signées Ai Weiwei. Il s’agit de sa première expo au Canada et l’une des cinq présentées en Amérique du Nord. Organisée par le Mori Art Museum de Tokyo, l’exposition mettra en lumière des thèmes chers à l’artiste, dont la liberté d’expression et les droits de l’homme.
S T Y L E
C’est dans le sac !
elahandbags.com
C U LT U R E
Notoriété en hausse
ago.net/aiweiwei
S T Y L E
Mode futée
veilance.arcteryx.com
A P P É T I T
Pas de la petite bière
bestie.ca wurst.ca
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Avo I r S
Bouche bée
daneson.com
D A N E S o N A T r A N S F o r M É le simplissime cure-dents en un bel objet qui pique la curiosité des fins palais. À la tête de Daneson, Peter Smith taille ses bâtonnets en bouleau blanc, les infuse d’aromes naturels (thé des bois, fenouil), puis les fait sécher dans son atelier de la baie Georgienne, près du lac Huron. Résultat ? Cinq exquises saveurs parfumées : bouleau salé, menthe-cannelle, menthe, single malt et fumé. On trouve 12 mignons cure-dents par petits tubes teintés, en emballage de 4 ou en boîte de 24.
G r  C E À U N E C o L L E C T I o N inspirée de la télésérie Dynastie, Duy Nguyen a remporté l’édition 2012 d’Opération démarrage de Mercedes-Benz, un programme qui offre du mentorat à des designers canadiens et les aide à percer sur la scène nationale et internationale. Sa collection printemps-été 2013 combine tissus vaporeux (coton, denim délavé) et joyeuses teintes turquoise, rouge et or métallique. Tous les articles – des microshorts aux impeccables vestons, en passant par de somptueuses robes de soirée à basque – reflètent le doigté du talentueux designer montréalais, d’origine vietnamienne. Sa collection automne 2013, dévoilée dans le cadre de la Semaine de la mode World MasterCard, célèbre les grands espaces canadiens.
LA BrASSErIE EN PLEIN AIr née en Allemagne au début du xixe siècle, permet, encore aujourd’hui, à toutes les générations de se retrouver pour boire et manger. Par bonheur, une savoureuse variante haut de gamme du concept a migré dans certains restos du Canada et fait de plus en plus de bruit. Ainsi, deux nouveaux venus – Bestie, à Vancouver et Wurst Beer Hall, à Calgary – servent une cuisine aux accents bavarois, avec des ingrédients locaux, et préparent presque tout maison, y compris sauces et condiments. Au Bestie, on propose saucisses au curry, tendres bretzels et légumes racines ; au Wurst Beer Hall, ce sont des spécialités allemandes revisitées, tels les tacos à la viennoise.
S T Y L E
DesignDuy
duycollection.com
1 Tous les produits de cette gamme de vélos, conçus et produits en collaboration avec le grand fabricant de bicyclettes ADP Rotwild, situé dans la Hesse, bénéficient de la technologie novatrice de pointe et de la légendaire qualité Mercedes-Benz.
2 Les grandes roues sont furieusement tendance dans l’univers du vélo. Mercedes-Benz propose une bicyclette dotée des nouvelles roues sport de 29 po de diamètre (pneus compris), qui procurent une meilleure traction et une plus grande stabilité.
3 En plus des vélos, la gamme Mercedes-Benz comprend des vêtements de cycliste de haute qualité et des accessoires pratiques, mis au point de paire avec des entreprises réputées telles que Deuter Sport, Uvex, Topeak et Sigma Sport.
S T Y L E
Bain de soleil
bethrichards.com
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avo i r S
De toute beauté
mereadesso.com
L a S i M P L i C i T É , voilà le principe directeur qui sous-tend la gamme de soins pour la peau Mèreadesso, fondée par Linda Stephenson. À preuve, l’entreprise torontoise ne fabrique que quatre produits, qui couvrent tout le rituel beauté : hydratant tout-en-un, nettoyant visage et cou, crème pour le corps et baumes pour les lèvres (neutres ou teintés). Bachelière en chimie et en biologie, puis cadre dans l’industrie des cosmétiques, Linda Stephenson a mis sa solide expérience à profit pour ne sélectionner, sur toute la planète, que des matières premières reconnues pour leur pureté et leur efficacité. Si certaines sont familières (aloès, hamamélis, vitamine E), d’autres sont beaucoup plus exotiques (arginine, extrait de graines de kola).
B E T H r i C H a r D S confectionne davantage que des maillots de bain d’inspiration vintage. La designer de Vancouver dessine des pièces flyées parfaitement conçues et utilise du tissu italien anti-UV plus-que-parfait au facteur de protection 50 et plus, qui se métamorphosent en combinaisons. Dans sa collection printemps-été 2013, on reconnaît ce qui honore sa griffe depuis son lancement l’an passé, soit des maillots chics, minimalistes, classiques. Le rose et la dentelle à fleurs extensible ajoutent une touche de féminité à sa palette originale en noir et blanc, aux hautes tailles. On agence bas et hauts comme bon nous semble pour des maillots à porter jour et nuit.
Le vélo de luxe réinvente la roue La gamme de vélos
Mercedes-Benz
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Une idée lumineuse2stone.ca
2 Lorsqu’on imagine un lustre, le béton n’est pas le premier
matériau qui vient à l’esprit. Voilà pourquoi le plafonnier moulé à la main signé Justin Brown, du studio 2Stone de Calgary, frappe l’imagination. Produit de plusieurs années de recherche et de développement, le luminaire blanc moulé de 91 sur 182 cm, qui pèse 36 kg fait moins de 2 cm d’épaisseur, est suspendu au plafond par de robustes câbles aéronautiques, ce qui lui confère la grâce d’un tissu flottant au vent.
Jadis le chouchou des adeptes d’une esthétique industrielle chic, le béton enterre ses origines austères au profit d’un élégant renouveau proposé par une frange de designers canadiens qui ne reculent devant aucun défi de taille. te x te pa ige magarre y
Éminencegrise
Le siège socialanthonyconcretedesign.com
1 Bien qu’il soit souvent perçu comme étant volumineux, le
béton a la propriété d’être plutôt aérien – à preuve, ce banc flottant conçu par Commute Home pour une résidence de Toronto. Le siège ultramince a été fabriqué par Anthony Concrete Design, à Burgessville, en Ontario. Cet atelier de béton œuvre avec des designers et des architectes afin de livrer des meubles, des plans de travail et jusqu’à des murs-décors sur-mesure pour des clients pesants tels que Starbucks et Mendocino.
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L’as de carreauxurbanproduct.ca
4 Voilà un revêtement mural qui sort de l’ordinaire. Dunes – les carreaux
tout en courbes du designer écossais Stephen Lindsay – se déclinent en divers matériaux, mais c’est en béton qu’ils frappent le plus l’imagination. Confectionnées à la main, les pièces mesurent autour de 20 cm2, dépassent du mur d’environ 5 cm et se combinent pour créer un nombre infini de configurations. Le designer les fabrique sur mesure, en quantité limitée, dans son studio Urban Product, à Toronto, en collaboration avec le fabricant Mags Concrete Works d’Oakville.
Une station-servicestylegarage.com
5 Les matériaux hautement industriels de cette table – dessus
en béton coulé et élégant cadre en acier inoxydable – sont adoucis par un profil mince et délicat qui en fait la pièce de résistance idéale pour meubler salon, atelier ou espace bureau. Même si les artisans de Stylegarage – boutiques de meubles de Toronto et de Vancouver – offrent une version standard qui fait 91 cm2 sur 38 cm, ils se feront un plaisir de la fabriquer sur mesure, dans une multitude de tailles, de formes et de hauteurs.
Artistedans l’âmewoodstonedesign.ca
6 Steven Pollock est catégorique : c’est un artiste, pas un designer
de meubles. Dans son studio de Vancouver, Woodstone Design, il crée des sculptures ainsi que des tables, des chaises et des unités de rangement aux lignes pures – dont cette unité minimaliste – en béton et en bois, afin de concevoir des espaces de nature inspirante. L’artiste précise : « Ce que je trouve fascinant avec le béton, c’est sa masse et sa présence poids lourd. C’est un matériau qui dégage la stabilité, la force et la longévité, des éléments à intégrer à nos décors. »
Pierre qui roule...sticks-and-stones.ca
3 Situé à Squamish, en Colombie-Britannique, le magasin de
meubles Sticks + Stones Furniture adopte une appro che durable. La plupart des ma tériaux utilisés, y compris le bois récupéré, proviennent d’un rayon de 150 km du studio, lequel tire même profit du béton rejeté en le transformant en porte-bouteille de vin cubique ou en matériaux routiers. Sa table basse Calvin primée, composée en sapin de Douglas local et d’une dalle de béton polie de 7,5 cm d’épaisseur, se déplace facilement grâce à ses roulettes industrielles.
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Partout au pays, chefs, restaurateurs et vignerons désireux d’offrir des expériences uniques à leurs clients transplantent leur savoirfaire à la campagne, à la plage et, même, au cœur de la ville. Qu’ils célèbrent l’abondance estivale ou les aliments chouchous de la récolte, ces festins en plein air concoctés à la ferme, sur le bord de la mer ou dans les vignes valent le détour.te x te celeste moure
À table ! W H I S T L E R
Parts de marché araxi.com
J U I L L E T - A O Û T James Walt, chef de cuisine d’Araxi, réunit les meilleurs producteurs, agriculteurs et viticulteurs de la vallée de Pemberton, en Colombie-Britannique, pour une série de soupers de la ferme à l’assiette organisés en plein air au Farmers’ Market. Les invités sirotent quelques cocktails en grignotant des crudités du cru sélectionnées par le chef, puis passent à table savourer un quatre services.
VA N C O U V E R
Fleur de sel salttastingroom.com T O U T E L’A N N É E Sur la Blood Alley, à Gastown, au Salt Cellar – la cave à vin creusée sous le désormais célèbre Salt Tasting Room –, on organise des repas composés de bouchées à grignoter à son rythme, installé autour d’une grande table commune de 9 m. Voilà le cadre idéal pour les épicuriens désirant picorer fromages artisanaux, condiments maison et charcuterie du coin, arrosés des meilleurs crus que comptent le Canada.
f a s c i n a t i o n : É v É n e m e n t s
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H a l i f a x
Agapes au muséecoleharbourfarmmuseum.ca
a U T O M N E Tous les ans, au Cole Harbour Heritage Farm Museum, on célèbre l’héritage rural et les traditions culinaires néo-écossaises lors d’un repas qui met le butin des récoltes à l’honneur. Maisons centenaires, fermes et granges historiques entourent les convives, qui se délectent d’un trois services servi au Rose & Kettle, le salon de thé du musée.
N i a g a r a - O N - T H E - l a k E
Bien arrosélaileyvineyard.com
S E P T E M B r E Planté le long du Niagara, le Lailey Vineyard, qui s’enorgueillit de posséder des cépages chardonnay et pinot noir parmi les plus anciens d’Ontario, organise un repas à plusieurs services où les produits de saison en vedette sont mitonnés par les toqués les plus réputés de la péninsule, et accompagnés des derniers millésimes du vignoble.
W E S T P O i N T
Mer Nature fallflavours.ca
S E P T E M B r E Les expériences culinaires foisonnent à l’Île-du-Prince-Édouard durant le Fall Flavours Festival, mais l’événement incontournable est sans contredit le Lobster Party (la fête du homard) qui a lieu directement sur la plage. Tandis que la grisante brise Atlantique se mêle à la douceur du sable sous les pieds, un chef étoilé (Susur Lee était de la fête en 2012) apprête à la perfection le crustacé local.
M O N T r É a l
Bec sucrélacabane.ca
a U P r i N T E M P S , tradition et innovation se fondent parfaitement au décor de La Cabane, alors que les becs fins avisés font honneur au copieux repas de cette chic cabane à sucre urbaine. Sise dans un loft aménagé du Vieux-Port, La Cabane reçoit un chef invité qui se nourrit de l’esprit des sucres et s’inspire des mets traditionnels de la saison. Tourtières au boudin, beignes à l’érable et autres délices du terroir mettent l’eau à la bouche.
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Découvrez l’un des quartiers chics de Toronto où se la couler douce. te x te eve thomas
Le style en vogue à Yorkville
V O YA G E
Le lieu Q u A r t i E r b O h è m E par excellence dans les années 1960, Yorkville – avec ses maisons victoriennes et ses rues secondaires qui invitent à la flânerie – a conservé son allure de petite ville, où logent, néanmoins, Hermès et Gucci. À deux pas des enseignes prestigieuses de la Ville Reine, de ses meilleures tables, de ses galeries d’art et du Musée royal de l’Ontario se trouvent une ancestrale caserne de pompiers et une pittoresque librairie de quartier. Une fois de plus, Yorkville est en pleine mutation. Désormais, le secteur attire autant les grandes marques internationales que les jeunes artistes émergents, autant les PME avant-gardistes qu’une élégante clientèle.
L’hébergement L E s h ô t E L s F O u r s E A s O n s sont réputés de San Francisco à Shanghai, mais c’est à Toronto que tout a commencé, alors que le fondateur de la chaîne, Isadore Sharp, a ouvert, en 1961, le Four Seasons Motor Hotel (alors bien loin des établissements cinq étoiles qu’évoque la bannière aujourd’hui). Fin 2012, on inaugurait le Four Seasons Hotel Toronto, vaisseau amiral du groupe hôtelier, qui fait déjà sensation dans la métropole avec ses 259 chambres, dont 42 suites, toutes dotées d’un iPad, d’une Nespresso, d’une douche à pommeau pluie, d’une baignoire de détente et de produits Etro. Le décor compte 1700 œuvres canadiennes d’art contemporain, dont les pissenlits d’Alissa Coe, qui accueillent les visiteurs dans le hall.
Le spa D ’ u n E s u p E r F i c i E D E 27 87 m 2, le spa du Four Seasons Hotel Toronto s’impose comme le plus grand spa hôtelier non seulement de la métropole canadienne, mais aussi de tous les établissements du groupe, avec ses 2 hammams, ses 17 salles de soins, sa terrasse extérieure où profiter de l’été, son salon baigné de lumière et sa station manucure. Offrez-vous un soin visage au miel entièrement bio ou faites des longueurs dans la piscine, au son d’une musique sous-marine. Le gym, réservé aux clients et aux résidants, est doté d’équipement Matrix à la fine pointe, dont des appareils Virtual Active, lesquels simulent des parcours de vélo et de jogging dans des parcs nationaux. P
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f a s c i n a t i o n : Q U a R t i E R
Les clients du Four Seasons Hotel Toronto n’ont
pas loin à faire pour goûter les meilleurs restos et bars
de Yorkville. Ils peuvent s’y faire conduire dans la
berline Mercedes-benz S 550 4MATIC 2013
de l’hôtel.
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AV O I R S
Les boutiques B e V e R ly H I l l S A Rodeo Drive, New York sa 5e Avenue et Toronto son « Mink Mile », soit un tronçon de la rue Bloor où se succèdent les marques emblématiques, telles que Chanel et Prada, et les enseignes de luxe d’ici, dont Holt Renfrew et Harry Rosen. Les rues avoisinantes foisonnent de griffes réputées, de designers locaux et de boutiques avant-gardistes. Deux incontournables : l’imposant Teatro Verde, sur Yorkville, et la bijouterie Knar, sur Prince-Arthur. Au premier, l’on s’arrache les plus beaux bouquets de fleurs en ville ou des articles pour la maison Jonathan Adler et du Baccarat ; au second, le premier point de vente à Toronto du joaillier ontarien, on trouve les bijoux Tamara Comolli et Soho et les diamants Hearts On Fire et Forevermark.
A P P É T I T
Le menu l e q u A R T I e R y O R k V I l l e est réputé pour ses restos haut de gamme, mais les places les plus convoitées se trouvent sans conteste sur les terrasses, d’où on peut zieuter le Tout-Toronto ou les stars d’Hollywood. Dînez en compagnie des chics clientes de l’épicerie fine Pusateri’s, ou rendez-vous au Cookbook Store rencontrer de réputés chefs invités, tels qu’Anthony Bourdain ou Nigella Lawson. Sinon, arrêtez-vous au Café Boulud du Four Seasons goûter à la cuisine française aux accents cosmopolites de l’étoilé Daniel Boulud, rehaussée par l’un des crus d’ici ou d’ailleurs proposés par l’expert ès vins Drew Walker. Finissez la soirée en beauté au dbar, en sirotant l’un des cocktails maison.
C u lT u R e
Le festival l e F e S T I VA l I n T e R n AT I O n A l d u F I l m d e T O R O n T O ( T I F F ) a beau être aussi prestigieux que ceux de Cannes et de Sundance, les vedettes aiment bien s’éclipser dans le luxe discret de Yorkville, entre premières et soirées. En septembre dernier, avant même son inauguration officielle (en fait, il était toujours en construction !), le Four Seasons de Toronto accueillait George Christy et une foule de personnalités, dont Ewan McGregor et Salman Rushdie, lors du cocktail dînatoire que le célèbre chroniqueur de Hollywood organise chaque année, depuis 30 ans, pour le lancement des activités entourant le TIFF.
Au Café Boulud (où les œuvres décoiffantes de Mr. Brainwash ornent les murs), la salade de homard et la pieuvre à la plancha font déjà partie des classiques prisés par les gourmets. « J’ai insufflé un brin d’accent new-yorkais au menu », déclare le chef Daniel Boulud.
22
B u l l e t i n
Œuvres d‚art au sommet
Une lapine en larmes, un mur carrelé suintant de troublantes images, un cœur de galeriste qui bat la chamade. Six excursions qui célèbrent le grand art : un parcours qui mène de Saint-Moritz à Kitzbühel en passant par Salzbourg, de Davos jusqu’au Valais
et qu’on couronne par une randonnée exceptionnelle dans le Tyrol du Sud, où le sentier devient la véritable attraction.
te x te margot weber , hannah engelmaier photos el ias hassos
Au sommet des sommets, dans les hauteurs du paysage alpin de l’Engadine, est érigée la sculpture de l’artiste brésilien Matheus Rocha Pitta, qui fait un clin d’œil aux randonneurs.
23
Il ne faut pas se fier aux apparences, comme
le prouve la Miffy Fountain, de l’artiste
new-yorkais Tom Sachs, plantée devant le chic
Badrutt’s Palace.
24
ne lapine blanche trône
devant le Badrutt’s Palace à
Saint-Moritz, en Suisse. Du
haut de son imposant 2,6 m,
elle pleure, et ses larmes
se répandent jusque dans
l’allée de l’hôtel cinq étoiles. Tout à coup, une
fillette l’aperçoit, échappe sans crier gare à la
surveillance de ses parents, se plante bouche bée
devant la sculpture.
Miffy Fountain, de son petit nom, était le centre
d’attraction du St. Moritz Art Masters 2012, un
festival d’art en haute Engadine, qui expose plus
de 200 œuvres contemporaines, pendant 10 jours
à la fin de l’été. Les origines de cette lapine toute
spéciale remontent à 1955, aux Pays-Bas, où on
raconte ses aventures dans plus de 100 livres,
traduits en 30 langues. Partout sur la planète,
Miffy repose sur la table de chevet de milliers
d’enfants ; d’ailleurs, c’est sa popularité qui a attiré
l’attention de Tom Sachs. Dans son atelier de SoHo,
à New York, l’artiste américain de 46 ans réinvente
le design d’entreprises contempo raines. Qu’il
s’agisse de Nike, de Chanel ou de McDonald’s,
aucune marque n’est à l’abri de ses reproductions
uniques teintées d’ironie.
L’art de Tom Sachs se distingue par sa tridi-
mensionnalité : il martèle, visse, colle et bricole
ses objets, en utilisant du bronze, du carton et
de l’âme de mousse (foam core). L’artiste laisse
également les coutures et les points de colle
exposés, ce qui tranche nettement avec la perfec-
tion industrialisée de ses sujets. Dans ses œuvres,
rien n’est jamais comme il y paraît. Ainsi, bien
que sa Miffy pleureuse soit en silicone blanche
au dehors, elle est en bronze au dedans.
Troublant carrelage à l’égliseL’œuvre de Tom Sachs marche sur la corde raide
entre le consumérisme et la critique, se situe dans
une zone grise qui navigue entre la publicité, le
marketing, la propagande et l’art urbain. Or, lors
d’un débat libre au St. Moritz Art Masters, le New-
Yorkais s’est révélé très sympathique en affichant
sans détour son affection pour les objets qu’il réin-
vente. Tom Sachs exhibe un enthousiasme quasi
juvénile pour ses œuvres : « À la maison, la religion
importait peu, ce qui comptait c’était d’acheter des
trucs. On n’avait pas d’autres ambitions. Tous les
jours, on discutait de ce qu’on voulait acquérir,
qu’on ait ou pas les moyens. » Alors qu’il a 8 ans,
le petit Sachs s’aperçoit que son père ne peut
s’offrir l’appareil photo Nikon qu’il convoite. Pour
faire plaisir à son papa, l’artiste en herbe lui en
fabrique une réplique en argile, qu’il peint en noir.
Ce jour-là, au Connecticut, un écolier du primaire
venait de découvrir sa passion.
Ce sont des rencontres fortuites de ce genre
qui confèrent une dimension si captivante au
St. Moritz Art Masters. L’élégante petite station
de montagne suisse, où se tient le festival
Photos signées Albert Watson dans le Kempinski Grand Hôtel des Bains, à Saint-Moritz.
st. MoritzArt MAsters
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U
L e g o û t d u s p o r t
Montre Dressage en acier, mouvement mécanique de manufacture H1837
Hermès MontréalBijouterie Italienne
Pax JewellersJoaillerie Signature
Hermes.com
26
depuis 5 ans, ne fourmille pas uniquement de
galeristes et d’agents, on y croise aussi tout
plein d’artistes.
La conférence au sommet réunissant les photo
graphes Steve McCurry, Jock Sturges et Amedeo
M. Turello, dans le cadre d’un atelier de deux
jours, faisait partie des faits saillants de l’évé
nement. Tout comme le symposium Engadine
Art Talks, avec l’urbaniste et concepteur Paulo
Sergio Niemeyer, qui suit les traces de son grand
père Oscar, le légendaire architecte brésilien.
On retrouve le Brésil dans la forêt, à proximité
de la station thermale, où l’Église au bois sert
de décor à la sculpture surdimensionnée
Linda da Lapa, signée Adriana Varejão. L’artiste
de Rio aborde le thème de la colonisation de son
pays par les Portugais. À première vue, sa
sculpture ressemble à une section de mur carrelé
abattue dans une boucherie de Lisbonne. Mais
en y regardant de plus près, on remarque des
entrailles ensanglantées suintant du carrelage
peint à la main. Pourquoi avoir installé une
œuvre d’art si profondément troublante, dans
une église, de surcroît ? « C’est un choix
délibéré », déclare le conservateur Reiner Opoku,
qui a sélectionné un lieu offrant le contraste
le plus flagrant.
Reiner Opoku a utilisé la même approche
en concevant une installation dans la chambre
des pompes de l’ancienne station thermale. Les
célèbres sources d’eau minérale se sont taries
en 1920, après quoi le bâtiment a été laissé
à l’abandon – jusqu’au moment où il a été décou
vert par les visionnaires à la tête du St. Moritz
Art Masters. C’est ainsi que le Paracelse s’est
avéré la niche idéale pour abriter les installations
des Suisses Lutz et Guggisberg.
Ceux pour qui les catalogues ne suffisent pas
à assouvir la curiosité pouvaient se sustenter
au Artist Talk, où des participants tels que Jeffrey
Deitch – directeur du Museum of Contemporary
Art de Los Angeles – discutaient du rôle de la
commandite d’entreprise dans le domaine des
arts avec Tom Sachs et Lüder Fromm, représen
tant de MercedesBenz, commanditaire du
St. Moritz Art Masters. Leur propos : le dialogue
est inestimable et permet à toutes les parties de
bénéficier d’échanges dynamiques susceptibles
d’influer ensuite l’œuvre de chacun. Lorsqu’on
demande à Tom Sachs s’il obtient la permission
des entreprises avant de réinventer leurs pro
duits, il répond par la négative : « Il est plus facile
de demander pardon après coup, que la permis
sion avant. »
w w w . s t m o r i t z a r t m a s t e r s . c o m
Dans le sens horaire : un échange entre le conservateur du St. Moritz Art Masters Reiner Opoku, l’artiste Tom Sachs, le directeur de musée Jeffrey Deitch et le représentant de Mercedes-Benz Lüder Fromm.
Œuvres de Lutz et Guggisberg, dans le bâtiment Paracelse.
« À LA MAISON, la religion importait peu, ce qui comptait c’était d’acheter des trucs. » t o m s a c h s
L’envers du décor rétroéclairé : Verso de Vik Muniz, dans l’église réformée.
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kitzbühelAAArt foundAtion
l n’y a pas si longtemps, Theo Jongen
avait de la difficulté à trouver le som
meil et, par conséquent, empêchait sa
femme de dormir. Il pensait sans cesse
à la collection d’art appartenant à une
dame du voisinage. Le « voisinage » en question
englobe les environs de Kirchberg, ville autri
chienne située à 6 km à l’ouest de Kitzbühel.
Collectionneur, marchand et amateur d’art, Theo
Jongen était intrigué – obsédé serait plus exact –
par le Manet qui, comble du hasard, était
accroché au mur d’une maison près de la sienne.
La propriétaire souhaitait que sa succession soit
entre bonnes mains, après son décès. De telles
occasions ne se présentent pas tous les jours
pour un homme comme Theo Jongen, âgé de
65 ans, dont la première incursion dans le
marché de l’art remonte à 2008. Sa femme,
Mieke, et lui dirigent The Aaart Foundation, une
galerie qui vend de l’art contemporain et clas
sique dans le cadre de deux expositions
annuelles. L’hiver dernier, la galerie a présenté
des œuvres de l’artiste et compositrice britan
nique Zoë Kronberger et de Vinc, l’affichiste
suisse. En installant leur galerie à Kirchberg, qui
ne compte que 5000 âmes, le couple néerlandais
a choisi un coin de l’Autriche où Manet et Monet
ne sont pas au cœur des conversations quoti
diennes. Néanmoins, ici, tout le monde sait
distinguer Hermes, le service de livraison
Collectionneurs, marchands et amateurs unis par leur passion commune pour l’art, Mieke et Theo Jongen ont réalisé leur rêve de devenir galeristes, dans les Alpes de Kitzbühel.
La collection Jongen à Kirchberg compte une œuvre du sculpteur
Hansjürgen Vogel, qui accueille les visiteurs à l’entrée de la galerie. tA
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« Si, d’ici les huit prochaines années, The Aaart
Foundation ne se hisse pas parmi le 5 % des meil
leures galeries des pays germaniques, on va plier
bagage », déclare Theo Jongen. Il a de bonnes
chances d’atteindre son objectif, car, au final, il
sait ce que cherchent les collectionneurs. « La
chasse aux tableaux et les vacances vont de pair,
ces activités s’harmonisent parfaitement. En
prime, on obtient Kitzbühel en toile de fond. De
plus, les acheteurs s’intéressent à la provenance
de leurs acquisitions. À l’heure actuelle, on pro
pose bon nombre de pièces de la collection des
Dumas, propriétaires d’Hermès. Certains clients
achèteront ce genre d’œuvres uniquement pour
le plaisir de dire : “On possède un Hermès, vous
savez !” Mais, il y a plus : l’œuvre doit également
refléter les goûts de l’acquéreur. On ne vend pas
ce qu’on n’achèterait pas pour nous », affirme
Mieke Jongen. Ainsi, il arrive parfois que son
mari gonfle le prix d’une œuvre qu’il affectionne
particulièrement dans l’espoir de décourager
un acheteur potentiel...
w w w . a a a r t f o u n d a t i o n . c o m
de colis, d’Hermès, le sellier des sacs Birkin. Les
Jongen connaissent bien le Tyrol, ils y passaient
déjà leurs vacances il y a 30 ans : « Dans le temps,
Kitzbühel était une petite bourgade tranquille »,
se rappelle Theo Jongen. Aujourd’hui, Kitzbühel
et Kirchberg sont devenus des lieux de villégiature
fréquentés par les très fortunés.
On possède un Hermès, vous savez !Les Jongen sont tous deux architectes de formation.
Au cours des années 1980, ils ont conçu des édifices
en Chine, des parcs de bungalows en Europe et un
centre commercial près de Berlin. C’est grâce à ce
travail qu’ils ont réussi à financer leur passion.
Leur collection privée, qu’ils enrichissent depuis
1969, année de leur mariage, s’accroît au même
rythme que leurs affaires. En 2008, le couple réalise
finalement son rêve et installe sa galerie sur
l’ancien terrain d’une station de télésièges, où il
érige un bâtiment de trois étages, abritant des
espaces de vie, d’expo et de vente. La galerie est
constituée en grande partie de verre et de bois dur
du Suriname – bois qui a passé 100 ans immergé
dans les eaux de ports néerlandais avant d’aboutir
dans les Alpes. Malgré des espaces délimités, les
œuvres d’art sont exposées partout dans la maison,
tels des meubles familiers qu’on côtoie sans façon.
Le maître des lieux caresse une toile, pointe le
paysage d’un tableau, s’appuie amicalement sur
l’épaule d’un bronze – une beauté signée Maillol,
qui trône au centre de la galerie et profite d’une
vue imprenable sur un présentoir d’œuvres à
échelle réduite de Jean Arp. À mille lieues du droit
de cuissage d’un seigneur conquérant, ces petites
marques d’affection expriment l’amour incondi
tionnel d’un amateur dont le cœur bat la chamade
à la seule évocation d’un tableau de Manet.
Lorsqu’ils acquièrent de nouvelles œuvres, nos
galeristes se laissent guider par leur instinct. « C’est
mon intuition qui décide, affirme Theo Jongen.
Jusqu’à maintenant, ça marche. » Et il ajoute, en
lançant un petit regard à son épouse « On décide
de tout ensemble. La seule fois où je me suis aven
turé en solo... disons que ça n’a pas été une
réussite. » « Pas une réussite, en effet... » confirme
sa douce moitié, un sourire amusé aux lèvres.
L’art foisonne : deux étages lumineux offrent amplement d’espace pour les expos et le commerce. Les Jongen vivent et œuvrent entourés de trophées de chasse et d’augustes boiseries.
Tous les véhicules Mercedes-Benz équipés de la radio Sirius comprennent un abonnement gratuit de 6 mois. SiriusXM vous
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Lana ART PAYSAGER
SaLzbourg GALERIE THADDAEUS ROPAC
S E N T I E R D E S C U L P T U R E S . À Lana, il n’y a pas de musée d’art contemporain, mais la petite municipalité italienne, située entre Merano et Bolzano (Tyrol du Sud), n’en a pas besoin. À la place, la ville s’enorgueillit de son projet d’art paysager accessible en toute saison : un sentier de sculptures qui serpente autour de 33 œuvres d’artistes reconnus mondialement. Parfait exemple de la destination devenant l’attraction. Le long du parcours de 9 km, non seulement l’observateur est-il fasciné par les découvertes exceptionnelles à sa portée, mais pas à pas il s’aperçoit qu’il fait partie intégrante du projet.
S o l a r c at est le nom de l’installation du Berlinois Michael Sailstorfer, à qui la Galerie Thaddaeus Ropac a consacré une expo solo en décembre 2012. À 33 ans, l’artiste originaire du sud de l’Allemagne est l’un des plus importants adeptes de l’art contemporain de son pays. Son installation inspirée de l’univers des félins compte 15 chats en peluche fixant une lumière, comme s’ils étaient hypnotisés.
Vilniusstrasse 135020 Salzbourg, Autricher o pa c. n e t
Meranerstrasse 18 39011 Lana, Italie l a n a-a r t. i t
DavoSMUSéE KIRCHNER
Martigny FONDATION PIERRE GIANADDA
L a F O N DaT I O N P I E R R E G I a N a D Da est un organisme privé situé dans le canton suisse du Valais. Créée en 1978 par l’ingénieur, journaliste et artiste Léonard Gianadda, elle a été nommée en l’honneur du frère défunt du fondateur. Depuis son inauguration, elle a accueilli plus de huit millions de visiteurs, méritant ainsi la réputation d’être l’un des musées les plus populaires de Suisse. Chaque année, on y organise trois expositions réunissant des œuvres issues de collections privées et des musées les plus prestigieux du monde. L’endroit abrite également un grand parc de sculptures, dans l’annexe du jardin, ainsi qu’une exposition permanente de vestiges gallo-romains. Le musée de l’automobile, où sont exposées environ 50 voitures d’époque, mérite certainement que l’on s’y arrête. Parmi ses trésors inestimables : une Mercedes-Benz Super Sport 1929 et une 1897 Benz.
E R N S T LU D w I G Kirchner, né en 1880, fut l’un des peintres et graphistes allemands les plus importants du xxe siècle – et l’un des plus prolifiques. De 1917 jusqu’à son suicide, le 15 juin 1938, il vécut à Davos, en Suisse. Aujourd’hui, la ville balnéaire se targue de pos-séder un musée entièrement consacré à l’artiste et à son œuvre expressionniste. Le bâtiment moderne en verre, dont la conception puise son inspiration à la source de la lumière alpine étincelante de la vallée de Davos, recèle la plus importante collection au monde de ses œuvres.
Ernst Ludwig Kirchner PlatzPromenade 827270 Davos, Suissek i rc h n e r m us e u m.c h
59, rue du Forum 1920 Martigny, Suisseg i a n a d da .c h
L’exposition permanente de la Fondation Gianadda : le parc de sculptures.
Großes Liebespaar (« Grands amants »), 1930.
Le musée en verre.
Unter Verschluss (« Zippé jusqu’au cou ») de Stefan Sprenker.
Hodie ferias agimusde Hans Knapp.
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P R O F I L D E V E D E T T E
Le doux parfum de la réussite
Grâce à sa parfumerie The 7 Virtues, Barb Stegemann combat la pauvreté en s’approvisionnant en huiles essentielles
dans les régions les plus démunies de la planète.te x te joanna fox i llustr at ions st ina persson
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35
Qu’en neuf mois un parfum passe du concept à
la vente en magasin, c’est du jamais vu. Que ce
parfum s’avère une réussite dans l’industrie très
concurrentielle des cosmétiques est encore plus
improbable. Pourtant, c’est exactement ce qui
s’est produit pour Barb Stegemann, entrepreneure
canadienne et PDG de The 7 Virtues – dont le
succès commercial n’est qu’un aspect de l’histoire.
L’aventure débute par une note tragique : le
meilleur ami de Mme Stegemann, stationné en
Afghanistan, est blessé gravement. « Nos vies ont
basculé, comme c’est le cas pour bon nombre de
familles dans le monde qui ont parents ou amis
dans l’armée », raconte celle qui a éprouvé le
besoin de faire quelque chose pour la contrée
déchirée par la guerre. « N’étant ni une brave
soldate ni un chef d’État, je me suis contentée de
chercher un nouveau moyen de favoriser le chan-
gement dans des pays en reconstruction. »
Ce nouveau moyen s’est révélé en 2009, lors-
que Barb Stegemann, à l’époque directrice des
communications, est tombée sur un article où il
était question d’un agriculteur afghan en diffi-
culté. Alors que ses pairs se tournaient vers la
culture du pavot – illégale mais lucrative, parce
que servant à la production d’opium –, Abdullah
Arsala voyait sa culture de fleurs d’oranger, acti-
vité traditionnelle de sa tribu, menacée. Par
l’intermédiaire d’une ONG, Mme Stegemann a
communiqué avec M. Arsala, et, en investissant
les derniers 2000 $ de sa carte de crédit, a mis
la main sur une huile biologique de grande qualité
extraite des fleurs afghanes. Grâce à l’aide de
Susanne Langmuir, une amie de Toronto dans la
parfumerie de luxe, elle a concocté son premier
parfum : Afghanistan Orange Blossom.
Bien que Mme Stegemann gère son entreprise
depuis son garage et ne vende son parfum qu’en
ligne, sa production initiale de 1000 flacons
s’écoule en deux mois. Néanmoins, elle réalise
qu’il lui faut des fonds si elle veut que ça décolle
réellement. Alors, elle participe à la VO de Dans l’œil du dragon et présente sa compagnie au
groupe d’investisseurs vedettes de l’émission.
« Mes amis m’ont dit : “Mais qu’est-ce que tu
fais ? Ils vont te manger tout rond”. Mais j’avais
besoin de dire à des millions de téléspectateurs
qu’il est nécessaire de développer des échanges
commerciaux avec des pays touchés par des
conflits armés. Lorsque la mission est plus grande
que soi, on trouve la force. »
Mme Stegemann a réussi à toucher la corde
sensible des « dragons », pourtant réputés coriaces
– surtout W. Brett Wilson, qui a investi 75 000 $
pour acquérir 15 % de The 7 Virtues, et a poursuivi
son rôle de mentor même après avoir quitté Dans l’œil du dragon. Depuis la diffusion de l’émission
en 2011, les choses se sont succédé à un rythme
effréné, côté ventes et honneurs. Notamment,
la parfumeuse a reçu un prix Entrepreneur de
l’année d’Ernst & Young, et ses produits se sont
retrouvés sur la liste Beauté : Top 100 du magazine
Châtelaine. Et, en plus de figurer sur la liste des
30 meilleurs entrepreneurs du magazine Profit, Mme Stegemann a été la première femme nommée
colonelle honoraire des Forces canadiennes de
Greenwood, en reconnaissance de sa contribution
citoyenne en Afghanistan.
« J’ai été la première femme des provinces de
l’Atlantique à conclure une entente avec Dans l’œil du dragon, annonce fièrement l’entrepre-
neure, et, en décembre 2012, on m’a décerné le
titre de Top Game Changer, soit la participante
ayant eu le plus grand impact dans l’histoire de
l’émission. Pas mal pour une fille élevée sur
l’aide sociale en Nouvelle-Écosse ! »
D’ailleurs, son éducation y est pour beaucoup
dans sa philosophie. Ainsi, plutôt que de faire
la charité, elle préfère miser sur la respon-
sabilisation. « Les gens avec lesquels j’ai travaillé
m’ont dit que la charité étouffait leur créativité,
et je les crois. Quand on responsabilise, on favo-
rise le rêve, et la voie royale vers l’autonomie
financière, c’est l’autosuffisance. »
Il y a maintenant quatre parfums The 7 Virtues
sur le marché : Afghanistan Orange Blossom, la
fragrance initiale ; Noble Rose of Afghanistan ;
Vetiver of Haiti ; et Middle East Peace, qui mêle
l’huile de pamplemousse israélienne à des notes
de lime et de basilic iraniens. Ils renferment
tous davantage que de bonnes intentions. En
plus d’être fabriqués au Canada à partir d’ingré-
dients issus du commerce équitable, ils sont
végétaliens, ne contiennent ni phtalates ni para-
bènes et ne sont pas testés sur des animaux.
Lorsqu’on l’interroge sur les parfums à venir,
Mme Stegemann oscille entre tristesse et espoir.
« Il y a actuellement 33 pays dans le monde où
sévit une forme de génocide. Par conséquent, il
ne manque malheureusement pas d’États sur
lesquels attirer l’attention, où l’on peut acheter
des huiles pour en faire le commerce. »
En dépit de son succès, Mme Stegemann vise
autre chose que la seule croissance de sa compa-
gnie ; elle désire que toute l’industrie suive son
exemple. « Je me suis donné comme mission
d’inciter un tas de pays à mener leurs affaires
différemment et d’être largement récompensés.
Seuls, les gouvernements et l’armée ne peuvent
pas faire tout le boulot. Les citoyens et le milieu
des affaires doivent également ajouter leur pierre
à l’édification de la paix. »
« quand on responsabilise les gens, on leur permet de réaliser leurs rêves. » B a r B S t e g e m a n n
Q
36
B u l l e t i n
Ni gâteau ni biscuit, le macaron est une petite douceur haute en saveur.
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l y a de fortes chances qu’à l’origine le
macaron n’ait été qu’un simple gâteau
aux amandes nord-africain. Oui, mais,
les Français ne sont pas d’accord : ils
prétendent que le macaron a plutôt été
inventé dans les cuisines du monastère de
Cormery, au centre de l’Hexagone. En fait, l’his-
toire la plus vraisemblable veut que ce soit les
Arabes de Tunisie et de Libye qui ont importé
en Sicile la première mouture de ce minirégal.
Peu importe la thèse à laquelle on souscrit, le
nom de ces petits gâteaux originaux viendrait de
l’italien ammaccare, qui signifie « écraser », ou du
vénitien maccherone, qui veut dire « pâte ».
Mais quelle que soit la vraie nature de cette
friandise croquante au cœur tendre, les Français
peuvent se targuer de l’avoir perfectionnée puis
raffinée. Apparemment, ce sont les pâtissiers
des grandes familles aristocrates du pays qui
auraient trouvé le parfait mélange pour la pâte
d’amandes, et instauré la tradition de fourrer
les macarons de crème et de gelée. Les chefs
ont eu une autre idée brillante : incorporer des
épices et des petits fruits broyés à la pâte
d’amandes. C’est à l’époque de la reine Marie-
Antoinette (celle-là même qui a déclaré la
tristement célèbre « [...] qu’ils mangent de la
brioche ») que le macaron, tel qu’on le connaît
aujourd’hui, a été mis au point – croustillant,
avec son centre mousseux et sa vaste gamme
de saveurs. Mais c’est Auguste Escoffier (1846-
1935) qui catapulte les macarons dans l’ère
moderne. Le grand chef s’aperçoit que les petits
biscuits aux amandes accompagnent divine-
ment bien ses immenses bombes glacées et
ses riches tartes aux fruits. D’après la légende,
c’est grâce à Escoffier que la version de luxe
du modeste macaron se retrouve à Londres et
à New York. Noblesse oblige, my dear !Mais en réalité, la confection du macaron a
poussé plus d’un toqué aux bords du désespoir.
LÉGER ET MOELLEUX à la fois. Croquant à l’extérieur, aérien à l’intérieur.
En effet, le processus est loin d’être évident, et
exige de parfaitement doser les ingrédients.
Amandes moulues, blancs d’œufs, sucre à glacer,
aromatisants (pistaches ou cacao) doivent être
mélangés avec une grande précision.
Selon les règles de l’artLa rigueur est de mise, car les deux moitiés du
macaron doivent demeurer légèrement humides
et aérées à l’intérieur ; alors que l’extérieur doit
être croustillant comme la croûte d’une baguette
de pain. L’objectif : une fois qu’on a croqué à
belles dents dans le biscuit craquant, la langue
se frotte au goût frais juste à temps pour que la
pâte onctueuse et la garniture crémeuse titillent
les papilles et libèrent leur exquis mélange de
saveurs. Cette pâtisserie de haute voltige exige
un savoir-faire hors pair ; sa réussite repose sur
deux ingrédients : le bon mélange de pâte et la
bonne température.
À Paris, la Maison Lenôtre case tous les jours
des milliers de macarons dans de petites
La maison Pierre Hermé : axée sur la texture et le goût.
38
POUR UN MACARON PARFAIT, tout est dans le mélange d’ingrédients classiques : amandes moulues, blancs d’œufs, sucre à glacer, pistaches ou cacao.
boîtes et les exporte partout sur la planète.
Lenôtre, Pierre Hermé et la vénérable Maison
Ladurée constituent la crème de la crème des
confiseurs français du macaron. En fait, ce trio
se flatte d’être le meilleur au monde. Sauf
qu’aujourd’hui, il doit compter sur l’arrivée
d’un quatrième joueur insoupçonné :
l’Allemagne.
Berlin remixe les saveursPersonne n’a vu venir la renaissance du maca
ron. En Allemagne, il a toujours été considéré
comme une douceur traditionnelle qu’on sert à
Noël, jusqu’à ce qu’en 2005 un petit groupe de
confiseurs se penchent sur les recettes françaises
et les peaufinent.
En effet, ce sont les Allemands (ou plutôt quel
ques Berlinois, dont la maison Makrönchen
Manufaktur située dans le district de Schöneberg)
qui ont extirpé le macaron de l’univers du sucré
pour le faire entrer dans une autre dimension,
celle des duos de saveurs du genre fromage de
chèvre et coings, tomates et basilic ou graines de
citrouille et cari. En plus de faire vivre de nouvelles
expériences gustatives, ces combinaisons ajou
taient un ingrédient de surprise : car, on s’attend
à ce que le macaron tout rond soit sucré. En fait,
ces garnitures alliant le sucrésalé s’accordent à
merveille avec un vin blanc léger ou un cham
pagne, tandis que les traditionnelles accompagnent
parfaitement un thé au lait légèrement sucré. Par
contre, il faut oublier l’espresso corsé (ou n’importe
quel type de café) qui altère leur goût.
À Berlin, un nombre croissant de boulangeries
artisanales se consacre désormais à la fabrication
de macarons, alors que de jeunes confiseurs
inventent des recettes, comme s’il s’agissait
d’un nouveau produit.
Rendezvous chez LiloBop, sur l’artère
Kurfürstenstrasse, où deux dames charmantes
se spécialisent dans des macarons particulière
ment fruités, ou à la pâtisserie Arielle’s Macarons,
dans le district de Charlottenburg. Cependant, le
spécialiste en la matière demeure sans contredit
Frédéric Cassel, aux Galeries Lafayette. Bien qu’on
croise rarement le célèbre pâtissier de
Fontainebleau en chair et en os au rayon culinaire
du célèbre grand magasin qui a pignon sur rue
à Berlin, on y trouve ses créations, lesquelles sont
J e a n C a z a l s habite Londres, où il est considéré comme l’un des meilleurs photographes culinaires du monde. À l’heure actuelle, il prépare un livre et une exposition sur les macarons. Trouvez ici une sélection exclusive de ses clichés. Pour plus d’info sur son œuvre, visitez le j e a n c a z a l s . n e t
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40
Des modèles à suivre pour les confiseurs de la planète : Ladurée à Paris et Sprüngli à Zurich.
livrées par avion, tous les jours. Effectivement, le
macaron possède une durée de vie extrêmement
limitée ; il faut donc le déguster frais du jour.
Mais comment Berlin, entre toutes, est-elle deve-
nue le lieu de prédilection des macarons ? La
réponse n’est guère surprenante. Il y a quelques
années, le macaron est devenu l’une des friandises
préférées des branchés de New York – et Berlin,
avec ses nombreux cafés, bars et clubs tout aussi
branchés, est la capitale européenne de choix de
ces urbains de la classe moyenne, représentants
d’une sous-culture. C’est en grande partie grâce
à eux qu’on redécouvre cette confiserie française
classique, et qu’elle se réinvente.
En revanche, le macaron traditionnel confec-
tionné par Sprüngli en Suisse, qui navigue à
contre-courant des dernières tendances, est pro-
bablement le plus conservateur au monde. La
célèbre confiserie offre ses Luxemburgerli, qui
sont légèrement plus hauts et duveteux que
les français, mais aussi un peu plus petits.
Quiconque connaît la Suisse et fréquente
assidûment la pâtisserie Sprüngli sise sur
la Bahnhofstrasse, à Zurich, reconnaîtra ces
classiques, à mille lieues de l’esbroufe. Ce qui
a bien meilleur goût.
LaduréeL’une des plus anciennes fabri-ques de macarons parisiennes expédie quotidiennement des centaines de boîtes-cadeaux dans le monde entier. L’attrait de ses ganaches délicates repose sur le mélange de saveurs frui-tées et acides. Parmi les parfums les plus populaires : citron, lime et pomme verte.75, av. des Champs-Élysées75008 Parisl a d u r e e . f r
Frédéric CasselAu sud de Paris, la pâtisserie de Frédéric Cassel, comme ses succursales de Tokyo, Casablanca et Berlin, confectionne des macarons exquis. Parmi les parfums les plus populaires : noix de Grenoble et vanille.71–73, rue Grande77300 Fontainebleauf r e d e r i c - c a s s e l . c o m
Sprüngli Sans doute la pâtisserie la plus connue de Suisse, Sprüngli propose le Luxemburgerli, sa version, plus petite et plus haute que le macaron classique. Parmi les arômes les plus populaires : champagne et framboise de luxe.Bahnhofstrasse 218001 Zurichs p r u e n g l i . c h
Makrönchen Manufaktur Berlin se targue d’offrir les macarons les plus créatifs. Ici, on trouve même des garnitures amères et salées. Parmi les parfums coups de cœur : argousier et yogourt ; cerise amère et schnaps tyrolien aux cerises ; pêches plates et champagne ; graines de citrouille et cari.Apostel-Paulus-Strasse 410823 Berlinm a k r o e n c h e n - m a n u f a k t u r . d e
De Paris au reste du monde : les différents parfums concoctés par Ladurée, le maître français du macaron.
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42
CONTRASTES Istanbul mène la vie dure aux clichés – qu’on visite la
contemporaine mosquée Sakirin, à Üsküdar, ou qu’on partage un repas dans un resto branché, tel le Gram.
B U L L E T I N
43
Istanbul, la funambule
Si Istanbul a été le théâtre d’une multitude de changements, que dire du quartier des spectacles de Beyoglu, où l’Asie rencontre l’Europe, où la splendeur ottomane côtoie le chic contemporain,
et où l’appel du muezzin se mêle au tempo des discos.te x te robert zsolnay photos tom parker m o d è le eu ro p é e n p rés e n t é
44
stanbul aime le jour, mais adore la
nuit. » Ainsi débute le couplet d’une
chanson de Duman en l’honneur de la
cité située sur le Bosphore. Tous les
musiciens de ce groupe rock vivent à
Beyoglu, le coin le plus branché d’Istanbul. Blotti
entre la place Taksim et le Tünel du côté européen
de la ville, ce quartier enserrant l’Istiklal Caddesi
(l’avenue de l’Indépendance) fourmille d’esprits
créatifs le jour ; alors qu’à la nuit tombée, il devient
un lieu pour célébrer la vie.
Danser jusqu’à ce que le marbre fondeLes rues et ruelles du quartier sont bordées de
bars, de cafés, de clubs et de restos. De délectables
effluves de mezzés – hors-d’œuvre chauds ou
froids – s’échappent de partout. Des notes de
musique flottent dans l’air. Trônant sur l’une des
sept collines d’Istanbul, Beyoglu est parmi les
agglomérations les plus animées de la seule métro-
pole au monde à chevaucher deux continents.
Pendant le règne du sultan Mehmed II, qui a
conquis Constantinople en 1453, la région était
encore connue sous le nom de Péra. Les empe-
reurs byzantins trônaient sur la rive sud de la
Corne d’Or, à Eminonu ; tandis que les Génois,
qui contrôlaient le commerce sur le Bosphore,
s’étaient établis à Péra (« l’autre côté »). Sur une
colline surplombant la Corne d’Or, ils ont fondé
une colonie, à laquelle se joindront plus tard
I
Grecs, Vénitiens et Florentins. Les fastueuses
fêtes orchestrées par les marchands y étaient
légendaires. Un récit de voyage du temps relate
que les habitants de Péra dansaient « jusqu’à ce
que le marbre fonde ».
Gül Güngör est la reine de la vie nocturne de
Beyoglu, où elle gère le Babylon – l’une des salles
de spectacle les plus courues d’Europe, laquelle
s’est hissée sur la liste des « 100 plus grands
clubs de jazz » du magazine Down Beat. Mais il
n’y a pas que le jazz : le rock, le hip-hop et la
musique ethnique s’y côtoient, puisque le club
accueille des DJ des quatre coins du globe. Ici,
les 40 employés du Babylon, des portiers
jusqu’aux techniciens de son, suivent tambour
battant le rythme imposé par Gül Güngör.
Istanbul s’amuse à faire mentir les clichés
te naces, dont celui d’un monde des affaires dominé
par les hommes. Sur les rives du Bosphore, les
femmes n’ont pas besoin de politique d’intégration
au marché du travail. En effet, selon le Forum
économique mondial, elles occupent 12 % de tous
les postes cadres en Turquie. À titre de compa-
raison, en Allemagne, ce nombre atteint à peine
3,2 %. Visiter Istiklal Caddesi bouscule également
les préjugés. Ici, les paradoxes cohabitent au quo-
tidien : des transsexuels grimés paradent derrière
de pieuses Istanbuliotes voilées, pendant que des
accros du magasinage font les boutiques de luxe,
alors que des gamins démunis mendient devant
les somptueuses vitrines. Une foule d’impressions
DIVERSITÉIstanbul possède tout ce qu’il faut : une Mercedes-Benz C 250 BlueEFFICIENCY garée devant la tour de Galata datant du xive siècle (ci-contre), l’un des nombreux points de repère de la ville. La cohabitation entre le passé historique et la modernité de la vie nocturne, entre l’Empire byzantin et le monde des bars, voilà ce qui attire tant le visiteur. À Beyoglu, la boîte de nuit Babylon (ci-dessous) vaut toujours le détour.
45
se bousculent, mais à trop focaliser sur l’une
d’entre elles, on risque d’entrer en collision avec
le vieux tramway… qui fait la navette entre la place
Taksim et l’historique métro Tünel.
Quand l’histoire croise la modernitéAprès avoir décroché son diplôme en droit, Gül
Güngör s’accorde un temps de réflexion pour
trouver la carrière qui la comblera. Depuis tou-
jours, elle sait que son avenir professionnel se
jouera sur les rives du Bosphore. « J’adore Istanbul,
parce que la ville me donne l’occasion rarissime
de vivre simultanément dans l’histoire et la
modernité », précise-t-elle affectueusement. Elle
adore la magnificence du palais de Dolmabahçe,
la résidence des derniers sultans, ainsi que les
œuvres contemporaines du Musée d’art moderne
d’Istanbul. Elle apprécie autant les joyaux du palais
de Topkapi que la coupole à couper le souffle de
la cathédrale Sainte-Sophie – jadis la plus grande
église de l’Empire romain d’Orient, laquelle sera
transformée en mosquée, puis en musée en 1934.
Le photojournaliste Ara Güler a été témoin de bon
nombre de ces changements. Née en 1928, cette
légende vivante en Turquie, nommée « photo-
graphe du siècle » en 1999, se trouve souvent au
sympathique Ara Café, situé à un jet de pierre de
la trépidante galerie marchande. Ara Güler a été
témoin du déclin précipité de Beyoglu au début
des années 1980, alors que le quartier était en
proie à la drogue et à la prostitution. Pour que le
secteur reprenne vie, il a littéralement fallu res-
susciter la zone piétonnière d’Istiklal, ainsi que
l’ancienne ligne de tramway. Les murs de l’Ara
Café sont tapissés de photographies signées Ara
Güler – on retrouve les images croquées par le
maître des lieux jusque sur les napperons.
Témoin vivant d’une époque révolueLes archives et le bureau de cet ex-membre de la
coop Magnum logent au-dessus du café, dans un
vénérable édifice en briques. Au rez-de-chaussée,
les rayons du soleil entrent par les fenêtres colo-
rées, tandis que des théières anciennes et des
moulins à café trônent sur le comptoir. Entouré
de ses admirateurs, Ara Güler tient salon et relate
des pans de l’histoire de son vieux quartier : des
récits se déroulant dans des pubs de pêcheurs
près de la tour de Galata ou dans de bancales mai-
sons en bois, la fois où le Bosphore a gelé. Preuve
à l’appui : la photo d’un groupe d’hommes fumant
gaiement le narguilé sur la glace. À l’époque où
Ara Güler débutait sa carrière de photo graphe,
Istanbul comptait environ 1,5 million d’habitants.
Aujourd’hui, le chiffre officiel frôle les 13 millions,
mais ça pourrait aussi bien être 18 millions. Ara
Güler est peut être reconnu comme un témoin
de cet Istanbul d’hier, mais ça ne l’empêche pas
d’être toujours en quête de moments magiques
à capter aujourd’hui. En tant que cité, Istanbul
joue continuellement à l’équilibriste, à la funam-
bule. Si le photographe et sa ville par tagent un
point commun, c’est bien leur ouverture aux
diverses influences provenant de tous bords
tous côtés.
« J’adore Istanbul, parce que la ville me donne l’occasion rarissime de vivre simultanément dans l’histoire et la modernité. » G ü l G ü n G ö r , G é r a n t e d ’ u n e b o î t e d e n u i t
QUALITÉ DE VIE Pour Gül Güngör (ci-dessus), âme du Babylon, déménager est hors de question. Elle apprécie trop l’histoire de la ville et de son bazar, d’où s’échappent d’exotiques parfums d’épices.
46
PLAISIR DÉMODÉOn commande ses plats directement au comptoir dans les restos du globe-trotter Musa Dagdeviren.
L e s r e c e t t e s rares triées sur le volet sont monnaie courante dans l’empire gastro
nomique bâti par Musa Dagdeviren, comme en fait foi son ragoût d’agneau coings,
châtaignes, abricots séchés, pommes de terre et safran. Ou ses tomates aux amandes.
Ou, au dessert, ses noix vertes pochées dans le sirop. Étonnamment, sur les tables en
bois foncé du Ciya Sofrasi – l’un des restos de Musa Dagdeviren –, il n’y a ni déco ni
menu. La même règle prévaut dans ses deux autres établissements situés à proximité,
le Ciya Kebap et le Ciya Kebap II. Chez lui, on choisit ses plats en pointant du doigt, car
ce sont les ingrédients et la préparation qui priment ; le reste n’est que de la frime. Ses
savoureuses créations sont le fruit de minutieuses recherches culinaires. Pendant quatre
ans, le chef sillonna une partie de l’Asie, lors d’un périple gastronomique qui le conduisit
à cheval, en chameau ou à dos d’âne dans moult villages isolés d’Anatolie, puis dans les
bourgades les plus reculées de l’Ouzbékistan et de l’Azerbaïdjan. « J’ai vécu un moment
avec les populations autochtones afin de mettre la main sur les recettes qu’elles chéris
sent le plus », avouetil. Aujourd’hui, les rôles sont inversés. C’est lui qui voyage à travers
la planète pour retracer l’influence ottomane dans les cuisines du monde entier.
Ciya Sofrasi, Güneslibahce Sokak 43, Kadiköy, tél. : +90 216 3303190 ciya.com.tr
Une question de goût
47
ACCROCHEURCihangir est un secteur particulièrement coloré du très branché quartier Beyoglu.
MEZZÉS Issus du riche héritage ottoman, ces hors- d’œuvre turcs sont délicieusement variés.
DIDEM SENOL (ci-contre), psychologue de forma-
tion et diplômée du French Culinary Institute de
New York, a ouvert le Gram, en 2012, à Beyoglu.
Depuis la cuisine à aires ouvertes, on est aux
premières loges pour voir les chefs à l’œuvre.
Souvent, la patronne en personne met la main
à la pâte. À la fois pâtisserie, boulangerie et
resto, le Gram est le rendez-vous d’une faune
artistique venue goûter à l’un des deux plats du
jour ou aux délicates salades. Vous avez raté le
service du midi ? Rattrapez-vous en savourant les
douceurs de Didem Senol, qui vous feront fondre
de bonheur.
Gram, Mesrutiyet Caddesi 107/D grampera.com
Se sucrer le bec
100 g (1/4 lb) d’oignon, en dés25 g (1 oz) d’ail, en dés250 ml (1 tasse) d’huile d’olive 1 cuillère à thé de paprika en poudre1 poivron rouge, en dés750 g (1 2/3 lb) de feuilles d’hibiscusSel et poivre, au goût
1 Dans une casserole, faire revenir l’oignon et l’ail dans l’huile d’olive.
2 Ajouter le paprika, le poivre, les dés de poivron et les feuilles d’hibiscus, puis laisser braiser 15 min.
3 Saler et servir.
E b E g ü M E c I K a v u r M a ( f E u I L L E S D ’ h I b I S c u S g r I L L é E S )recette de musa dagdeviren donne 4 POrTIONS
CORNE D’ORDans la vieille cité
historique se côtoient la cathédrale Sainte-Sophie
et la Mosquée bleue.
48
Prières, coussins et volutes
Voguez sur le Bosphore
M O S Q U É E S A K I R I N
Zeynep Fadillioglu est la première femme à
concevoir une mosquée. Construite en 2009,
à Üsküdar, la mosquée Sakirin, qui rompt sans
contredit avec la tradition, est le lieu de culte le
plus moderne de Turquie. Les femmes y entrent
par la grande porte et, une fois à l’intérieur,
s’octroient les meilleures places pour prier.
P E R A PA L AC E
Sultanahmet a son palais Topkapi, Besiktas a le
palais de Dolmabahçe, Beyoglu a le Pera Palace
Hotel Jumeirah (jumeirah.com). Inauguré en
1884 pour les passagers de l’Orient-Express,
l’hôtel récemment rénové peut se targuer d’avoir
reçu, parmi ses invités de marque, Agatha
Christie et Alfred Hitchcock.
À IStANbUL, même les visiteurs de passage se doivent de naviguer sur le Bosphore
à bord de l’un des innombrables traversiers. En effet, c’est depuis l’eau que la beauté
de la métropole est la plus époustouflante, alors que se mêlent les cris stridents des
goélands, le bleu acier de la mer de Marmara et la silhouette imposante de la ville.
Les nombreuses lignes de ferry qui relient les différents districts stambouliotes ne
coûtent presque rien (et permettent d’éviter les navettes touristiques). Ces traversées
sont toujours agréables : on y sert le thé, il y a une foule de monuments à admirer,
sans oublier l’étourdissant trafic maritime. Jusqu’à 150 navires par jour (dont bon
nombre d’immenses pétroliers) franchissent les détroits entre la mer Égée et la mer
Noire. Optez pour une traversée d’une journée, et rendez-vous dans le paisible quartier
d’Ortaköy. Sinon, depuis Kabatas ou Eminönü, faites une tournée des îles des Princes.
A S P I R E Z À L A D É t E N t E
Blottis confortablement dans les coussins pelucheux
du Nargilem Café, les hôtes ont l’embarras du choix
parmi une étonnante sélection de tabacs pour
narguilé – de l’ananas en passant par la cannelle.
Une bouffée et on oublie tout, malgré les volutes
de fumée et le brouhaha ambiant. Nargilem Café,
Tophane Sali Pazari Sira Magazalar 101
« Bien que la ville soit caractérisée par un mal de vivre et un échec sans fin, au plus profond de mon âme, le Bosphore est synonyme de joie de vivre et de bonheur. »O R h A N P A M U K , É C R I v A I N
Prenez les commandes en tout contrôle. L’Académie de conduite Mercedes-Benz mercedes-benz.ca/academiedeconduite
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MODA
En voiture !
Bains turcs
U n e v i r é e dans un vieux tramway, voilà une
belle façon d’explorer la facette asiatique
d’Istanbul. Montez à bord d’un historique tram
qui fait la navette entre les gares maritimes de
Kadiköy et de Moda – il est d’ailleurs plus utilisé
par les Stambouliotes que par les touristes. Avec
des départs aux 20-30 min pendant la journée,
il longe les très animées avenues Sögütlucesme
Caddesi et Bahariye Caddesi pour se rendre
jusqu’à la vénérable gare de Moda, et revient
ensuite à son point de départ, en empruntant
la Moda Caddesi.
D a n s U n h a m m a m , transformez-vous en malléables figurines d’argile. Vrais amateurs
de massage ? Visitez un bain turc, tel que le Cemberlitas à Sultanahmet – où les uniques traditions
ottomanes sont soigneusement préservées depuis des siècles. À votre arrivée au hammam, com-
mencez par vous détendre sur une surface en marbre chauffée. Puis, laissez le personnel vous
prendre en main : après plusieurs déversements d’eau chaude, on vous savonne, on vous masse,
puis on vous frictionne. Résultat : vous avez une peau de bébé. La visite au hammam prend fin en
sirotant une tasse de thé. Cemberlitas Hamami, Vezirhan Caddesi 8
Us et coutumes au restoÉvitez de séparer l’addition, si vous désirez rester en bons termes avec votre serveur. Ce mode de paiement lui fera généralement froncer les sourcils. Aussi, sachez qu’un pourboire de 10 % est la norme en Turquie.
Soleil couchantPour admirer le plus saisissant coucher de soleil d’Istanbul, empruntez le traversier jusqu’à Üsküdar et installez- vous confortablement dans les marches menant aux berges du Bosphore.
Beauté pour hommesLes messieurs qui désirent coupe de cheveux ou taille de la barbe éviteront d’entrer dans un kuaför, au risque de se faire montrer la porte. En effet, ce type d’établissement est presque uniquement réservé à la beauté au féminin.
Code de la routeAttention ! à Istanbul, un feu vert ne vous donne pas automatiquement le droit de traverser la rue, du moins sans avoir d’abord jeté un coup d’œil des deux côtés. Pour plusieurs conducteurs stambouliotes, les feux de circulation ne sont ni plus ni moins qu’une nuisance publique ; ils trouvent le klaxon beaucoup plus utile...
Cache-nezÀ Istanbul, si l’envie d’éternuer vous prend… sachez qu’il est impoli de se moucher en public.
Figure paternelleL’effigie de Kemal Atatürk, le père de la République turque, se retrouve partout : sur les édifices publics, dans les bureaux, les restos et cafés, et sur les billets de banque. Dans le palais de Dolmabahçe, les pendules dans son ancienne chambre à coucher indiquent toujours 9 h 05, soit l’heure à laquelle il est décédé, le 11 octobre 1938. Assurez-vous de toujours traiter les reliques avec respect.
Langage des signesEn Turquie, si vous faites un cercle avec l’index et le pouce (ce qui signifie « excellent boulot ! » pour un Européen ou un Nord-Américain), c’est l’équivalent du doigt d’honneur.
Ce qU’il faUt savoir
Istanbul
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52
e s c a p a d e
Emprunter l’autoroute 263, en Saskatchewan, à la rencontre de lacs dérobés et d’une nature artistique insoupçonnée permet de sortir des lieux communs habituels qui collent aux Prairies.te x te all an case y photos gr ant harder
Clichés hors champ
Et vogue la galère, sur les lacs Hanging Heart, avec Natalie Matheson, guide au Waskesiu Marina Adventure Centre.
53
en cette belle matinée estivale, tandis qu’on
s’engouffre dans un corridor d’épinettes en
direction ouest, on aperçoit un panneau de signa-
lisation arborant fièrement « route panoramique ».
L’autoroute provinciale 263, qui serpente au
cœur d’une région de villégiature vallonnée,
nous entraîne ensuite dans la tremblaie du parc
national de prince albert. Il est plutôt rare de
croiser en à peine 1 km d’intervalle les mots
« saskatchewan », « luxuriant » et « vallonnée ».
pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans
ce coin de pays, la saskatchewan a la réputation
de manquer de relief.
ce stéréotype remonte à 1882, année où les
arpenteurs du canadien pacifique empruntaient
le plus plat des chemins du sud de la province
pour jeter les bases d’un réseau ferroviaire qui
entraînerait l’essor de l’Ouest. Tracé que suivra
également la Transcanadienne dans les années
1950. depuis, des générations de voyageurs
alimentent la légende que le paysage de la
saskatchewan est infiniment plat au point de se
fondre dans le décor.
en plus de démentir ces allégations, la 263
reste un secret bien gardé. Les vacanciers ont
tendance à se précipiter vers le nord par l’auto-
route 2, qui offre un trajet plus direct, mais moins
agréable. pour les habitants de la muni cipalité
rurale de Lakeland, propriétaires de terrains et
de chalets parmi les plus chers de l’Ouest cana-
dien, c’est presque 51 km de voie réservée.
Je voyage avec ma femme, l’artiste peintre
Marlene Yuzak, qui s’intéresse à cette région
pour sa longue histoire de l’art et son surprenant
rayonnement international. parmi les brillants
esprits qui sont venus se perdre en rêveries ici
au fil des ans, on compte Jules Olitski, anthony
caro et jusqu’au réputé critique d’art moderne
clement Greenberg. Bien qu’on soit du coin,
Marlene et moi avons décidé de jouer aux tou-
ristes le temps d’un week-end, histoire
e
54
d’observer de près à quel point le cadre a changé.
Pendant des années, dans cette partie de
Lakeland, le gîte et le couvert étaient peu invi-
tants. Les visiteurs devaient se contenter de
quelques bars-motels vieillots, flanqués de sta-
tionnements de gravier. Mais récemment, une
poignée d’exploitants avisés sont sortis du bois
de trembles, avec la ferme intention d’attirer les
touristes hors des sentiers battus en leur offrant
des expériences fourchette et couette à faible
empreinte écolo, mais où raffinement et charme
font forte impression.
On amorce notre tournée à Christopher Lake,
village du Yellow Fender Catering Coffee House
and Eatery, où on a élevé la popote de casse-
croûte de bord de route au rang d’art culinaire.
Exploité par Connie Freedy et Heidi O’Brodovich,
un tandem mère-fille infatigable, le resto propose
une cuisine moderne digne de n’importe quelle
grande ville, à l’unique différence qu’elle est
servie sur des tables aux jolis bouquets de mar-
guerites jaunes et de lis tigrés fraîchement
coupés. Heidi est seule en première ligne, assu-
rant un service impeccable tandis qu’elle salue
personnellement les habitués, prépare du café
Arabica et cherche le numéro du gars qui livre
le bois de chauffage, du bouleau. Quant à Connie,
la maman, elle œuvre dans les coulisses, où on
perçoit sa touche dans les plats et la déco. En
effet, étant donné que la chef coiffe aussi le
chapeau d’artiste peintre, ses toiles enjouées et
désinvoltes ornent les murs du resto.
Je suis sur le point de solliciter l’avis de Marlene
sur un tableau, mais son esprit est ailleurs.
« Hum... que c’est bon ! » marmonne-t-elle en
engloutissant une énorme bouchée d’omelette
aux légumes. Au menu, rien à signaler qui sort
de l’ordinaire. Mais, ce sont les ingrédients de
choix (pain multigrain frais du jour, fondantes
pommes de terre nouvelles, confiture d’amé-
lanchier maison) qui transforment un simple plat
d’œufs en une divine symphonie. Je choisis la
prise du jour : un grand brochet grillé, qui met
l’eau à la bouche avec son petit côté sauvage (qui
fait défaut au brochet commun) et sa mayo citron-
aneth qui le domestique parfaitement.
C hemin faisant, l’autoroute 263 bifurque au
sud, vers les trois principaux lacs de la
région : Emma, Christopher et Anglin. Un moment
Le décor de carte postale recèle une zone de transition clairsemée entre le pâturage austral et la forêt boréale.
La Jason Leo Bantle Gallery, près de Christopher Lake.
donné, on croise un panneau annonçant le
campus Kenderdine, un improbable avant-poste
de l’art moderne de l’Université de Saskatchewan.
« Où diable se trouve la Saskatchewan, et qui
est Mme Emma Lake ? » avait lancé l’artiste
Barnett Newman alors qu’on lui offrait un poste
d’enseignant en 1959. Pourtant, le peintre
abstrait originaire de New York s’est pointé aux
ateliers Emma Lake Artists, du lac éponyme,
grossissant ainsi le rang des milliers d’artistes
reconnus mondialement venus y participer.
(Hélas, l’Université a récemment annoncé qu’elle
cessait un temps les activités du campus, dont
l’avenir demeure incertain.)
À l’ouest du lac Emma, la route panoramique
en lacets traverse la rivière Spruce et entre par
la barrière sud dans le parc national de Prince
Albert. Il n’y a pas l’ombre d’un bouchon de cir-
culation dans cet espace vert grouillant d’une
faune bondissante, alors je dois freiner mes
ardeurs et respecter la limite de 80 km/h,
surtout qu’on espère croiser un ours ou un
orignal sans se retrouver avec un chevreuil dans
le pare-brise !
On se stationne près du sentier des Hautes-
Terres-de-la-Rivière-Spruce, pour une randonnée
pédestre au grand air. Le décor de carte postale
du parc recèle une zone de transition clairsemée
qui sépare le paysage de pâturage austral de
celui de la forêt boréale. Des trembles blancs
s’élèvent telles des nefs de cathédrale qui sem-
blent couver des pousses d’épinettes, tandis que
les vallons herbeux symbolisent les vestiges des
anciennes grandes prairies. On passe un petit
deux heures à suivre le sentier en boucle qui
se tricote un chemin parmi toute cette nature,
et on s’arrête au belvédère en bois à une inter-
section pour admirer la beauté du déversoir
glaciaire et du lac Anglin.
Grisés d’air frais, on remonte en voiture direc-
tion Waskesiu (« wapiti » en langue cri), un hameau
dont on a vite fait le tour à pied, qui abrite un
troupeau de wapitis et entretient la légende d’un
écrivain plus grand que nature. C’est ici que Grey
Owl, ce Britannique qui s’est fait passer pour un
Autochtone, a écrit trois best-sellers internatio-
naux alors qu’il vivait dans une cabane isolée,
que les mordus de plein air peuvent visiter lors
d’une excursion d’un jour [voir encadré, ci-contre].
D’ailleurs, une reproduction de l’intérieur
55
Une résidence estudiantine iconoclaste du Kenderdine Campus.
a d r e s s e s
Autoroute 263
Les plages de LakelandRendez-vous à l’extrémité sud du lac Emma sur la plage Sunnyside, vaste étendue de sable où se retrouve le Tout-Lakeland. Pour plus de quiétude, découvrez le lac Namekus, dans le parc national, accessible par la 263, et accédez à une aire de nature sauvage à partir de la plage.l a k e l a n d t o u r i s m . c a
La cabane de Grey OwlLes passionnés du monde entier viennent en pèlerinage visiter la cabane de Grey Owl, le célèbre auteur naturaliste. À pied ou en canot, le rigoureux trajet aller-retour qui frise les 40 km exige de passer une nuit dans le coin. Autrement, rendez-vous-y en bateau à moteur, accompagné d’un guide du Waskesiu Marina Adventure Centre. 306-663-1999 (été) ou 306-763-1278 (hiver)wa s k e s i u m a r i n a . c o m
Le retour du bisonÀ la limite ouest du parc national de Prince Albert, on peut admirer quelque 200 têtes de bisons sauvages (le seul troupeau en liberté dans les plaines du Canada à occuper son territoire ancestral) à cheval ou en chariot.306-469-2356 s t u r g e o n r i v e r r a nc h . c o m
Les terrains de golfEn dehors du parc, le meilleur terrain de golf se trouve au Elk Ridge Resort, un vaste centre de villégiature situé sur la voie d’accès, à l’ouest de l’autoroute 2. Pour une expérience typiquement canadienne, le club de golf Waskesiu – et son emblématique pin planté au bout de la première allée du parcours – est unique en son genre dans la région et rivalise de beauté sauvage avec les verts des Rocheuses. 800-510-1824e l k r i d g e r e s o r t . c o m
306-663-5300wa s k e s i u g o l f . c o m
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D e bon matin, on arrive aux abords des lacs
Hanging Heart (dont le nom viendrait
d’une horrible légende de guerriers cris qui
auraient éviscéré une horde de chasseurs dénés
qui passaient sur leurs terres sans avoir été
invités). Hors des circuits touristiques, c’est
pourtant l’endroit idéal pour jouer dans l’eau,
dans ce vaste parc trop souvent dominé par les
immenses lacs fouettés par le vent. Une petite
marina loue kayaks, canots et skiffs à moteur ;
on a d’ailleurs passé plusieurs belles journées
dans le coin à explorer les rivages, grâce au
réseau d’eaux relativement abritées qui permet
de saisir toute la nature de la palette de couleurs
du parc. Cette fois, on opte pour une croisière
en bateau-ponton. C’est à toute vapeur que notre
capitaine dépasse les îles barrières afin de nous
faire découvrir un pays de merveilles, sur la
terre comme au ciel. Deux aiglons à tête blanche
attendent de fondre sur une proie depuis la cime
d’un arbre aussi vaste qu’un loft. On jette un
coup d’œil dans ce qui ressemble à des nids
d’hirondelles habités par des martins-pêcheurs
d’Amérique. Des huards s’interpellent, des péli-
cans se la coulent douce, et voilà qu’une heure
s’est déjà envolée.
de la cabane Beaver Lodge loge à la bouquinerie
Friends of the Park, sise au cœur du hameau.
On soupe au resto de l’auberge Hawood Inn,
où des clients s’empressent d’avaler leur repas
avant de se rendre au légendaire cinéma Twin
Pines, où se tient le Reel Rave International
Film Festival, qui, le temps d’un week-end,
présente des films d’art et d’essai. On meurt de
faim, et les gorgées du Farnese Sangiovese nous
inspirent autant que les goulées d’air frais de
la journée. Mon risotto aux portobellos et mes
médaillons de veau sont si copieux que je pour-
rais facilement nourrir trois carabinieri. Marlene
est plus raisonnable, elle choisit le meilleur
poisson de la planète, un brochet de la
Saskatchewan préparé sans flafla, comme pour
un pique-nique au bord de l’eau. Avant de
remonter en voiture, on s’émerveille devant la
collection maison de créations étranges signées
Geoffrey Gerwing.
Cette yourte sans prétention abrite pourtant un luxueux intérieur au Flora Bora, de Christopher Lake.
Le tourisme écolo a enfin élu domicile aux abords de l’autoroute 263.
Un beau spécimen de brochet repose sur son petit pain au Yellow Fender.
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58
À la brunante, c’est le moment de regagner
le sud par l’autoroute 263. Niché dans une trem-
blaie sur le bord de la route, Flora Bora propose
un hébergement folk chic dans des yourtes d’ins-
piration centre-asiatique. Les proprios, Justin et
Karen Wasylyk, sont de jeunes voyageurs qui
désiraient rapporter un parfum d’exotisme avec
eux en rentrant au bercail il y a quelques années
pour fonder une famille. En effet, ce sont deux
joyeuses petites têtes blondes qui viennent à
notre rencontre, les colleys de la maison sur les
talons, suivis de Karen Wasylyk. Elle nous fait
monter dans une voiturette de golf et emprunte
un sentier menant à notre logis pour la nuit,
tout en nous pointant le jardin, où les visiteurs
sont invités à y cueillir pois, carottes, chou frisé
et herbes fines.
La yourte est une simple tente circulaire blan-
che dont l’extérieur sans prétention nous ravit.
Avec sa circonférence d’environ 10 enjambées,
elle peut certainement accueillir toute une
famille nomade mongole. À l’intérieur, les mâts
bien campés délimitent une aire de luxe – cui-
sine, coin-repas, salle de bain toute équipée, lit
douillet aux amples draps blancs et… pas de télé
– décorée de teintes chaudes et coiffée d’un
puits de lumière dôme d’où on entrevoit le soir
qui penche. « Wow, je pourrais tellement peindre
ici ! » déclare une Marlene enchantée.
Plus tard dans la soirée, nos hôtes, qui logent
tout près, nous rendent visite. Depuis l’ouverture,
les deux yourtes de Flora Bora affichent complet.
Même si les Wasylyk prévoient en aménager six
au total, ouvertes durant la saison de ski, ils
souhaitent préserver le cachet simple et modeste
de l’endroit. « Ici, c’est la nature qui est à l’hon-
neur, explique notre hôtesse. Vu qu’il n’y a pas
de télé, j’observe des familles renouer avec les
jeux de société. C’est super de les voir ralentir
le rythme ! » Son mari estime qu’ils occupent un
créneau prometteur, qui offre un parfait équilibre
entre simplicité et luxe. Bien que Flora Bora
laisse une faible empreinte écologique, notre duo
n’en fait pas une affaire d’État. « On ne veut pas
donner de leçon. Vivre et laisser vivre ! »
Il semblerait que le tourisme écolo se soit
finalement frayé un chemin jusqu’à l’autoroute
263. Quoi qu’il en soit, Flora Bora est à des lieues
du vieux motel au parking de gravier. Dans la
forêt qui longe la rive du lac Tuddles, Justin
Wasylyk a défriché un petit sentier, au bout
duquel est amarré un canot. Je convaincs
Marlene d’aller pagayer à la lueur du dernier
quartier de lune. Nos hôtes nous aident à
embarquer, avant de nous souhaiter le bonsoir.
La lune n’arrive pas à faire de l’ombre à la
myriade d’étoiles, et, même si la route n’est pas
loin, il n’y a pas un chat. On regagne la rive,
puis notre exotique petite maison ronde, et au
dodo ! Sous le dôme, les étoiles scintillent tels
des joyaux. C’est le calme plat. Le monde, la
morne prairie, tout ça semble si loin.
Un guide sur son départ au Waskesiu Marina Adventure Centre.
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de Mercedes-Benz peut non seulement affronter les
routes secondaires du nord de la Saskatchewan, mais
s’aventurer hors de tous les sentiers battus. Le moteur
V6 de 302 ch, couplé à la transmission automatique
à sept rapports 7G-TRONIC PLUS avec changements
de vitesse tout en douceur et à la traction intégrale
permanente 4MATIC, offre une conduite tout-terrain
remarquable et une impressionnante économie de
carburant sur l’autoroute de 8,1 l aux 100 km. Avec
son design extérieur AMG de série, la fonction de
démarrage/d’arrêt ECO et un équipement intérieur
comprenant des sièges avant chauffants électriques,
un afficheur à écran couleur de 5,8 po et une interface
multimédia optionnelle, la GLK 350 4MATIC est le VUS
d’une ère nouvelle. Son style classique Mercedes-Benz
et sa qualité en font un véhicule conçu pour durer. MO
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Les artistes canadiens ont toujours exploré le thème du paysage pour rendre compte de l’air du temps. Aujourd’hui, un groupe de
photographes le présente à la planète sous un nouvel éclairage qui ne laisse personne indifférent.
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L’envers du décor
s c È n eJeff Wall, Boy Falls
From Tree (2010)
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une nouvelle image du paysage, qui a fini par
être associée au nationalisme canadien. Pendant
que le reste de la planète fonçait tête baissée
dans l’art moderne – pensons aux nus cubistes
de Picasso et aux objets d’art irrévérencieux de
Duchamp, lesquels remettaient en question la
nature même de l’art –, le Groupe des Sept
brossait le tableau de la puissance, de la liberté
et de la virilité du Nord. Par conséquent, ses
membres ont façonné une identité canadienne
propre, qui rompt avec l’héritage colonial britan
nique et qui se distingue de celle de nos voisins
du Sud. Le groupe idéalisait la notion selon
laquelle le paysage définit l’essence géo gra
phique et spirituelle du Canada – un mythe qui
« est plus fort que l’histoire » (dixit Robert Stacey,
biographe du Groupe des Sept).
perçu comme un mouvement artistique exclusi
vement canadien. Jeff Wall a été un acteur clé de
l’essor de ce courant artistique flirtant avec le
reportage, aujourd’hui reconnu internationale
ment, qui est apparu à Vancouver à la fin des
années 1970, grâce à des artistes tels que Ian
Wallace (maître de Jeff Wall à l’Université de
ColombieBritannique), Rodney Graham et
Christos Dikeakos. Ces messieurs, et la génération
de photoconceptualistes qui les ont suivis, abor
dent les enjeux liés à l’un des thèmes les plus
controversés de l’art canadien : le paysage.
Les paysages des photoconceptualistes sont des
microcosmes soigneusement élaborés qui, la plu
part du temps, sont conçus hors des réalités et des
lieux urbains qu’ils décrivent. En photo graphiant
leurs œuvres dans des studios disséminés partout
au Canada, puis en les présentant en gigantesque
format, les photo conceptualistes ont transformé
la réalité en un stratagème complexe par lequel
ils manipulent les paysages afin d’indiquer
précisément au spectateur où il se situe dans le
monde d’aujourd’hui.
Un art canadienIl est généralement admis que le paysage s’est
inscrit dans la conscience canadienne au début
du siècle dernier avec l’apparition du Groupe
des Sept. De 1920 à 1933, ce septuor a proposé
Dead Troops Talk (A vision after an ambush of a Red Army patrol, near Moqor, Afghanistan, winter 1986) (1992) de Jeff Wall est une œuvre
aussi monumentale qu’épouvantable ! L’une des
plus illustres et des plus commentées du photo
graphe de Vancouver, cette image hallucinée de la
guerre soviétoafghane illustre 13 soldats russes
qui viennent de tomber dans une embuscade.
Plus que l’horreur manifeste qu’elle dépeint, ce
qui définit cette œuvre en jargon artistique, c’est
qu’il s’agit d’un paysage « canadien ». Malgré le
côté macabre de la scène, ce tableau obsédant s’est
envolé à plus de 3,6 millions de dollars américains
en mai dernier chez Christie’s : un record pour une
photo canadienne vendue aux enchères, qui se
classe au troisième rang des photos les plus chères
de tous les temps (derrière Rhein II d’Andreas
Gursky et Untitled #96 de Cindy Sherman).
Le photoconceptualisme – terme utilisé pour
décrire le travail de Jeff Wall – est généralement
D
L’œuvre de Katsushika Hokusai, A Sudden Gust of Wind (1831), a inspiré celle de Jeff Wall, ci-dessus.
A Sudden Gust of Wind (after Hokusai) (1993) de Jeff Wall est un photomontage de plus de
100 prises, croquées sur une période d’un an.
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62
Dès lors, les clichés urbains de Fred Herzog,
les natures mortes expressionnistes de Jack
Shadbolt et les paysages côtiers abstraits de B.C.
Binning définissent les années 1950. Les années
1960 marquent l’arrivée des conceptualistes,
surtout le collectif N.E. Thing Co. d’Iain Baxter,
qui explore comment la technologie et la « nou-
velle » cellule familiale nucléaire interagissent
pour redéfinir le paysage canadien. Au même
moment, des artistes autochtones que sont
Lawrence Paul Yuxweluptun, Rebecca Belmore
et Brian Jungen ont entrepris de revendiquer le
paysage canadien par le biais de tableaux,
de vidéos et d’installations hautement chargés
en émotions visant à dissiper les stéréotypes
culturels. Étant donné les nombreuses réitérations
du paysage dans l’art canadien, le thème continue
d’être intimement lié à la façon dont les Canadiens
se perçoivent par rapport au reste du monde.
Par-delà le régionalisme Dead Troops Talk, l’œuvre de Jeff Wall, se dis-
tingue en tant que paysage canadien précisément
parce qu’elle n’est pas située au Canada. En
effet, l’étude des paysages au-delà du
49e parallèle a été un facteur déterminant dans
la façon dont les photoconceptualistes ont été
définis. Le monde (et, parfois, ses dures réalités)
est devenu leur sujet de prédilection.
Comme son concitoyen Wall, le cinéaste et
photographe vancouvérois Stan Douglas cherchera
continuellement l’inspiration ailleurs qu’au pays.
Son exploration approfondie d’Hollywood, de la
fiction historique et de la ville nord-américaine
lui ont récemment valu le prestigieux prix Infinity
de l’International Center of Photography. Ses
récentes séries Midcentury Studio (2010) et
Malabar People (2010) puisent leur inspiration à
même l’immensité de la métropole (et des per-
sonnages qui la composent). Ses films noirs Dice, 1950 et Juggler, 1946 évoquent le paysage para-
doxal du Los Angeles d’après-guerre. Que toutes
les photos de la série aient été prises à Vancouver
n’a aucune importance. La ville qui émerge repose
sur les paradigmes propres à l’optimisme d’après-
guerre, lequel se nourrissait des promesses de
l’industrie du divertissement. Vancouver est alors
Los Angeles, mais aussi toutes les villes nord-
américaines du milieu du siècle.
De la même manière, pour le photographe
montréalais Robert Polidori, installé à New York,
les clichés de monuments en ruine du monde
contemporain font davantage que documenter
le réel. Pour The New Yorker, il a réalisé des
photos grand format illustrant, entre autres, les
ravages de l’ouragan Katrina à La Nouvelle-
Orléans et les effets dévastateurs de l’accident
nucléaire à Tchernobyl, qui s’ancrent dans notre
mémoire collective.
Bien que la plupart des œuvres des photo-
concep tualistes, comme celles de Stan Douglas
et de Robert Polidori, semblent très pointues,
elles créent en fait des paysages universels – où
Robert Polidori, 2732 Orleans Avenue, New Orleans, LA (2005).
Le paysage demeure un élément fondamental de la façon dont les Canadiens se perçoivent par rapport au reste du monde.
L’œuvre de Jeff Wall, Dead Troops Talk (1992), s’est vendue à plus de 3,6 millions de dollars américains chez Christie’s, en mai 2012.
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Edward Burtynsky, Oil Fields #19b, Belridge, Californie, É.-U. (2003) (ci-dessus) et sa série d’huiles au Musée royal d’Ontario (2011).
64
foisonnent des préoccupations en matière de
collectivité, d’identité, d’urbanisme et d’environ
nement qui interpellent les Canadiens comme
le reste de la planète.
La vie moderne grandeur natureDans le paysage urbain actuel où on répète
inlassablement que « Plus c’est gros, mieux
c’est », les photoconceptualistes entendent cette
notion au pied de la lettre. Situées quelque part
entre le panneau d’affichage et la fresque histo
ri que française du xixe siècle, les photos
sur di mensionnées de paysages ravagés par l’in
dustrie et la consommation du Torontois Edward
Burtynsky réfutent le paysage mythique mis au
point par le Groupe des Sept. Ses images n’offrent
aucun réconfort à ceux qui croyaient se refugier
dans les grands espaces.
Pour bon nombre de ces artistes, la démesure
de la taille des œuvres incarne parfaitement le
paysage urbain d’aujourd’hui, constitué de pan
neaux d’autoroute, d’enseignes commerciales et
d’écrans de cinéma qui projettent un flux
constant de messages de masse. Dans sa préface
du catalogue de l’expo Jeff Wall: The Crooked Path, l’artiste note les similitudes entre le
cinéma et le photoconceptualisme. Jeff Wall
écrit : « Techniquement, le cinéma n’est autre
qu’une suite de plans photo imprimés sur un ou
plusieurs longs rubans de celluloïd. » Robert
Polidori crédite aussi le cinéma parmi les
in fluences qui ont façonné son approche de la
photo, notamment lorsqu’il œuvrait à titre d’assis
tant aux Anthology Film Archives, à New York.
Remettre en question la grandeur de la vie
moderne incite l’artiste à créer une expérience
viscérale pour le spectateur. Le corps, et sa rela
tion à l’image, devient partie intégrante de
l’équation lorsqu’on tente de démêler les mul
tiples significations inhérentes à ces photos.
L’exrédactrice en chef de la revue Canadian Art Sarah Milroy décrit le spectateur, écrasé par ces
nouvelles représentations de son environnement,
comme pénétrant dans des « champs de mines
visuels semés d’indices subtils minutieusement
réglés pour exploser dans son esprit ».
Collaborer avec la réalité En écartant l’aspect documentaire qu’on associe
souvent à la photo, la célèbre phrase de Jeff Wall
« Je commence par ne pas photographier » demeure
le symbole le plus éloquent du mouvement photo
conceptualiste. Aujourd’hui, la photographe
vancouvéroise Althea Thauberger – qui fait partie
de la nouvelle garde avec ses concitoyens Scott
McFarland et Adam Harrison – met en scène
d’adroites reconstitutions pour attirer l’attention
sur les stratagèmes qui soutiennent ses œuvres.
The Art of Seeing Without Being Seen (2008),
sa reconstitution d’un exercice de reconnaissance
militaire censé se passer dans un village afghan,
se déroule en fait à Chilliwack, en Colombie
Britannique. Dans An Artist Painting with the aid of an overhead projector (2006), Adam Harrison
représente un peintre qui élabore un paysage à
partir du traçé d’un autre, tandis que pour sa
série Gardens, Scott McFarland utilise la photo
à intervalle pour capter une journée entière.
D’ailleurs, lorsque ce dernier réassemble ses
photos, il les traite de sorte que si rien n’est tout
à fait réel, tout s’éclaire.
Jeff Wall est le premier à reconnaître qu’il a
insufflé une nouvelle vocation à la photo – laquelle,
à l’origine, est intimement liée à la documentation
d’événements réels – pour la transformer en un
véhicule de l’artifice, du faux. Ainsi, Dead Troops Talk, son commentaire sur la guerre soviéto
afghane, a été mis en scène dans son studio
de Vancouver (il a photographié les acteurs indi
viduellement, puis assemblé les images
numériquement). « Mes photos ne sont pas
des reportages, expliquetil dans The Crooked Path, mais elles adoptent une approche contem
plative de qualité documentaire, unique
à la photographie. »
De nombreux artistes qui délaissent la rue
pour le studio s’efforcent de concevoir la plus
haute forme d’art à l’aide de la photographie –
art comparable aux œuvres du Caravage ou de
Rembrandt. Pourtant, c’est précisément la rela
tion symbiotique entre la photo et le documentaire
qui a permis à ces artistes de créer des œuvres
aussi puissantes.
Par ailleurs, contrairement aux œuvres magis
trales du passé, ce qui continue de fasciner chez
les photoconceptualistes, c’est que leur travail
respire la modernité. En plus de dépeindre nos
paysages actuels, ils illustrent la vie qu’on y mène.
Bien que Jeff Wall ait conçu Dead Troops Talk il y
a plus de 20 ans, son message est toujours d’ac
tualité. Il a jeté un nouvel éclairage sur une guerre
que les médias négligeaient. Pour lui et ses cama
rades, braquer leur regard audelà du monde de
leurs prédécesseurs s’est révélé le meilleur
moyen d’élargir leurs horizons pour nous pré
senter un autre pan du décor de l’univers
artistique canadien.
Provocatrices, ces représentations de la vie moderne interpellent le spectateur.
Scott McFarland, View of Vale of Health (2007).
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Nous vous gardons à l’abri.La garantie prolongée limitée de Mercedes-Benz.
Profitez encore plus de la conduite sans souci avec la garantie prolongée limitée de Mercedes-Benz, une manière abordable de conserver la valeur de votre véhicule. De plus, vous pouvez acheter la garantie prolongée à n’importe quel moment pendant la période de couverture de la garantie de base pour votre véhicule neuf.
Votre garantie peut être prolongée jusqu’à un total de 7 années et un maximum de 160 000 kilomètres (le double de la distance de la garantie de base). Les avantages incluent une franchise à zéro, l’assistance routière et la garantie peut être transférée à un nouveau propriétaire*.
Renseignez-vous auprès de votre conseiller en service plus d’information ou visitez le mercedes-benz.ca.
*Certains termes, conditions et frais d’administration s’appliquent. Renseignez-vous auprès de votre concessionnaire autorisé Mercedes-Benz pour de plus amples détails.
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La garantie limitée prolongée
Avec 34 ans d’expérience au compteur, le tout-terrain de Classe G de Mercedes-Benz peut revendiquer son statut de légende et continuer d’affirmer sa forte personnalité. Lors d’un essai routier en Italie, ce monstre sacré déploie sa remarquable polyvalence.te x te m ichael moorstedt photos marc tr autmann
modèle européen présenté
mon voyage !
P o i n t d e m i r e
66
67
68
Rongeant son frein, la Classe G est fin prête à remporter un triathlon de grimpe dans une carrière, à contourner des chicanes urbaines et à atteindre sa vitesse de croisière sur l’autoroute. LU
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LA SUPÉRIORITÉ TAILLÉE DANS LE ROC Dans l’étrange paysage lunaire de la carrière de marbre, le tout-terrain étale ses prouesses.
Les pierres jaillissent de sous ses pneus survoltés, mais
la Classe G est encore loin d’avoir atteint ses limites.
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Les lignes caractéristiques de la carrosserie de la Classe G n’ont pratiquement pas changées au fil des ans.
71
INDOMPTABLERavines, côtes, graviers et gros éclats de marbre, rien ne résiste à la Classe G.
Après une journée dans la carrière,
le véhicule et les pneus sont blanc crayeux.
72
73
ept petites lettres suffisent à faire palpiter le
cœur d’un passionné automobile. Elles forment
une expression magique : Classe G, une formi-
dable mécanique, quasi légendaire. Certainement
le plus authentique tout-terrain au monde, l’an-
cêtre de tous les VUS. Voilà maintenant 34 ans
que Mercedes-Benz construit ce véhicule emblé-
matique, dont la forme d’origine est presque
inchangée. Pas parce que les concepteurs ont
mis un frein à l’innovation, mais parce qu’ils
ont appliqué le sacro-saint principe du designer
qui veut que « la fonction précède la forme ».
La Classe G accomplit encore parfaitement son
rôle, ce pour quoi elle a été conçue : ne faire
aucun compromis, quel que soit le type de terrain.
Vous montez ? C’est parti !
Depuis trois décennies, le succès de la Classe G
ne se dément pas, et sa renommée ne cesse de
croître. Tout-terrain de prédilection des chasseurs
et des militaires, il rallie plusieurs autres groupes,
remporte le Paris-Dakar et la faveur du pape, qui
louait la sécurité du véhicule lors de ses sorties
publiques hebdomadaires. En effet, l’une des
papamobiles était une G 500 convertie, à la
carrosserie nacrée et au dôme amovible, qui
protégeait Sa Sainteté en tout temps.
STrois blocages de différentiel transforment la grimpe et l’escalade en jeux d’enfant.
La hauteur exceptionnelle des sièges offre non
seulement une grande visibilité dans une vaste
carrière, mais aussi dans les rues étroites.
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Dompter la bêteTrêve de superlatifs et de leçons d’histoire. Cette
année, la Classe G 2013 s’offre son troisième
lifting. Par respect pour la tradition, on n’a prati-
quement pas touché aux superbes lignes
extérieures. L’angle droit est toujours à angle
droit, et seul un œil avisé s’apercevra des modi-
fications. Ce qui s’illustre brillamment, cependant,
ce sont les nouveaux feux diurnes à DEL sous
les phares, et les rétroviseurs extérieurs.
Dès qu’on s’assoit dans cet imposant tout-
terrain, l’impression de robustesse que dégage
la carrosserie anguleuse s’adoucit. Dans l’habi-
tacle réaménagé, le regard se porte sur le
nouveau volant, sur les élégants commutateurs
et boutons, ainsi que sur le système d’info-
divertissement COMAND et sa navigation GPS.
Quant à l’écran autoportant aux proportions
généreuses placé au-dessus de la console cen-
trale, il est maintenant offert de série.
Alors, quel meilleur endroit que les carrières
de marbre blanc de Carrare, en Italie, pour
mettre à l’essai cette impressionnante
machine ? C’est ici, dans cette ville septentrionale
de la Toscane, que les tailleurs de pierre et les
sculpteurs de la Renaissance se rendaient pour
se procurer le matériau utilisé pour façonner des
œuvres éternelles, telles que le David de
Une légère transfo beauté : nouveaux rétroviseurs extérieurs et feux diurnes à DEL.
Elle est de retour ! Même à l’arrêt, la Classe G fait sensation.
75
Michel-Ange. Au fil des siècles, leurs successeurs
ont fait d’innombrables pèlerinages à Carrare pour
y sélectionner les meilleurs blocs de pierre, laissant
derrière un panorama dentelé saugrenu, un
paysage lunaire surréaliste traversé par des pistes
poussiéreuses de gravier blanc bordées de gros
éclats de marbre brut. Ainsi, grâce à l’architecture
et à l’art italiens, se trouve entre Gênes et Pise le
terrain d’essai idéal pour la Classe G. Ici, le VUS
peut vraiment prouver de quel bois il se chauffe.
Au bout de quelques minutes dans la carrière,
un calme olympien, de prime abord difficile à
définir, enveloppe le conducteur. La Classe G est
dans son élément. On enfonce l’accélérateur, et
les pierres jaillissent de sous les roues. Pistes
accidentées et pentes abruptes, ravines profondes
et blocs de pierre de taille respectable, autant de
pièges qui sont tous franchis sans difficulté. On
voit bien qu’en développant la Classe G, les ingé-
nieurs de Mercedes-Benz n’ont jamais fléchi dans
leur détermination à lui conférer fiabilité, robus-
tesse et capacités hors route presque illimitées,
même sur le terrain le plus inhospitalier.
Plus de 30 ans se sont écoulés depuis sa
création, et le véhicule n’a perdu aucune de
ses qualités. Dès lors, on saisit d’où venait cette
impression de calme : c’est le sentiment que
rien ne peut nous arrêter, entretenu par la fasci-
nation qu’exerce une force primitive bien
qu’éminemment civilisée.
Surmonter l’épreuve du trafic en villeAprès huit heures dans la carrière, on ne peut
qu’attribuer à la Classe G la plus haute note dans
toutes les catégories. Le seul bémol ? Ne pas avoir
poussé le moteur de 382 ch du tout-terrain dans
ses derniers retranchements. Nul besoin d’acti-
ver les chics boutons en aluminium des trois
blocages du différentiel qui assurent une trac-
tion incomparable. En fait, la plupart des
conducteurs rendent les armes bien
JEUNE DE CŒURLes angles droits dominent toujours sa silhouette, alors que le VUS est maintenant équipé de série du système d’infodivertissement COMAND avec grand écran, système de navigation et connexion Internet.
76
avant que la Classe G ne montre des signes
d’essoufflement. Tant mieux !
Maintenant, passons à la prochaine épreuve,
qui sera peut-être encore plus décoiffante que
celle de Carrare ; le temps est venu d’affronter
les artères de Gênes. Mesurant près de 5 m de
long et pesant plus de 2,5 t l’über tout-terrain
va-t-il pouvoir se mouvoir aisément dans les
tortueuses ruelles étroites et places de l’antique
ville portuaire de la Ligurie ? D’abord, un arrêt
au lave-auto s’impose, car la partie de plaisir à
Carrare a recouvert l’étincelante peinture noire
d’une belle patine blanche.
Il est remarquable de constater à quel point
la Classe G fait bonne figure à Gênes. Grâce à
l’exceptionnelle position assise surélevée, le
conducteur jouit d’une vue dégagée des rues
animées. En ville, plutôt que d’éviter des blocs
de marbre, il faut contourner les obstacles que
sont les scooters tricotant fébrilement dans la
circulation et les chicanes urbaines formées de
camionnettes de livraison stationnées n’importe
comment. Impossible toutefois de contourner
les regards admiratifs qu’attire la Classe G, qui
cause tout un émoi quand elle s’arrête aux feux
de signalisation ou quand elle croise des bus
bondés. Impossible de s’y méprendre : STY
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L’essence de la polyvalence, c’est un tout-terrain en pleine possession de ses moyens, qui ne détonne pas à l’opéra, alors que vous
êtes paré de vos plus beaux atours.
Moteur / puissance382 ou 536 ch
Consommation Ville : 18,1 ou 17,5 l/100 kmAutoroute : 13,6 ou 13,4 l/100 kmLes deux : 16,1 ou 15,7 l/100 km
Les données ci-dessus ne concernent pas un véhicule en particulier et ne font pas partie d’une offre ; elles ne sont fournies qu’à des fins de comparaison de modèles. m e r c e d e s - b e n z . c a
S TAT I S T I Q U E S
CLASSE G
c’est le véhicule qui attire l’attention… pas
le chauffeur !
Voici arrivée l’épreuve finale du grand tria thlon
de l’athlétique Classe G : un périple de 650 km à
haute vitesse sur l’autoroute, qui nous mènera
de l’Italie du Nord, en passant par la Suisse, de
retour en Allemagne. Il règne un agréable calme
dans l’habitacle. La Classe G négocie les virages
en épingles à cheveux de l’autobahn Gotthard
avec une facilité déconcertante, sans se laisser
dérouter par les autres conducteurs de VUS qui
se pâment d’admiration pour elle lorsqu’on
s’arrête faire le plein d’essence.
Conjuguer talent et éléganceLe verdict après trois jours au volant de la star
des quatre roues motrices ? Le VUS est plus
polyvalent qu’il n’y paraît au premier coup
d’œil ; il a du talent en terrain acci denté, de
l’élégance sur le bitume ; il a autant fière allure
dans une carrière qu’à l’opéra. On s’y sent
parfaitement à l’aise qu’on soit en jeans ou en
tenue de soirée.
77
UNE ESTHÉTIQUE D’ENFER Certaines silhouettes se démarqueront toujours du lot, même en arrière-plan.
78
Une famille légendaire :
1953
–196
2 W12 0/ W121 La Ponton a été la première Mercedes-Benz à structure autoportante.
1961
–196
8 W110 La Fintail a été la première voiture au monde à bénéficier d’une cellule de sécurité.
1968
–197
6 W114/115 La Stroke 8 a été la première Mercedes-Benz de série pourvue d’un essieu arrière à triangles obliques. 19
76–1
985 W12 3
Lors du lancement de la W123, les clients devaient attendre des années avant d’en prendre livraison.
Digne des vedettesCe printemps, la E 350 4MATIC 2014 débarque au pays avec une multitude de dispositifs, dont Intelligent Drive, leader dans l’industrie. Les précurseures de la Classe E n’ont pas seulement comblé leurs fidèles conducteurs d’innovations avant-gardistes, elles ont aussi conquis une foule de célébrités et joué de grands rôles au cinéma.
p o i n t d e m i r e
Escapade ROMANTIQUE : Béatrice Dalle et Jean-Hugues Anglade dans 37°2 le matin.
79
1985
–199
6 W12 4 En 1993, quand le modèle a été actualisé, la gamme a été rebaptisée de son nom actuel : Classe E.
1995
–200
3 W 210 L’avant unique à double phare et l’arrière aux allures de coupé constituaient les traits distinctifs de la gamme.
2002
–200
9 W 211 Avec 29 variantes, la Classe E offrait la gamme la plus complète de sa catégorie.
2009
–201
2 W 212 Les ailes arrière élargies ravivent le souvenir de la Ponton 1953.
ui conduit si vite et brave
les intempéries ? » pouvait-
on lire dans le magazine
Auto, Motor und Sport en
1952, en bas de vignette
d’une splendide Mercedes-Benz 180 photo-
graphiée durant un essai routier – c’était la
première fois qu’on captait une voiture avant son
lancement ! Dans un effort visant à faire oublier
l’indignation que cette fuite allait vraisemblable-
ment provoquer, la rédaction avait composé un
amusant verset de huit lignes inspiré du fameux
poème de Goethe Erlkönig (« Le roi des aulnes »).
Non seulement c’était la première fois qu’on
publiait une photo-espion d’un prototype, mais en
plus cette indiscrétion allait valoir un sobriquet à
la voiture. En effet, lorsqu’on a démarré la
produc tion de la gamme de modèles W120 en
1953, on l’a surnommée (comme sa successeure,
la W121) Erlkönig. Par ailleurs, il s’agissait de la
première Mercedes-Benz à ponton autoportant –
ancêtre de la Classe E, bien qu’à proprement parler,
son histoire ait débuté avec la W136, née dans les
années d’avant-guerre et construite jusqu’en 1955.
C’est néanmoins avec la Ponton que Mercedes-
Benz a revitalisé cette catégorie intermédiaire et
La popularité de la voiture se reflétait dans
les ventes, qui fracassèrent un nouveau record
lorsque la W123 franchit le cap des 2,4 millions
d’unités. Le plus célèbre client de cette gamme
a été un certain John Lennon, dont la dernière
voiture a été une 300TD 1979 – la toute première
W123 familiale expédiée aux États-Unis.
À l’instar des légions de proprios de Classe E
moins connus, les chauffeurs de taxi apprécient
sa grande fiabilité, si bien qu’elle arpente depuis
longtemps les rues des villes européennes et
d’ailleurs. Dans ce contexte, pas étonnant qu’en
1998 le film français Taxi met en vedette deux
modèles E 500 de la gamme W124.
À vrai dire, la Classe E est à l’affiche de nom-
breux films. Notamment, dans L’homme au pistolet d’or, où James Bond conduit une Stroke 8 blanche,
et dans 37°2 le matin, où Béatrice Dalle et Jean-
Hugues Anglade volent une Fintail beige. Sans
oublier Hommes en noir II, dans lequel Tommy
Lee Jones et Will Smith roulent dans une E 500
noire de la gamme W211 bourrée de gadgets et
d’équipements spéciaux, tels qu’un chauffeur
gonflable et qu’un lance-fusée. Signes annon-
ciateurs d’une future Classe E ? C’est une histoire
à suivre…
James Bond et la Stroke 8, duo aussi légendaire que Will Smith et sa Fintail de service dans Hommes en noir II.
Qjeté les bases de la gamme la plus prospère de son
histoire, avec plus de 10 millions de voitures ven-
dues. La dynastie était entrée dans la légende bien
avant d’être officiellement rebaptisée Classe E
en 1993. Des noms mémorables inspirés d’une
forme ou d’une année de lancement (comme
« Fintail » ou « Stroke 8 ») ainsi que de nombreuses
premières ont contribué à forger la réputation de
ces Mercedes-Benz. Ainsi, quelque 20 ans après
le lancement international de la cellule de sécurité
pour passagers sur la Fintail, la W124 poursuivra
sur la lancée avec la suspension arrière indépen-
dante multibras, encore utilisée de nos jours.
Clients RELAXES : Will Smith et son comparse à bord de la E 500 dans
Hommes en noir II.
Îcones de STYLE : Paul Newman et la Stroke 8.
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La soupLesse d’un féLin : Avec un aérodynamisme sensationnel, le nouveau coupé quatre portes de Mercedes-Benz annonce un tout nouveau concept.
p o i n t d e m i r e
t e x t e c h r i s to f v i e w eg p h oto s a nato l kot t e m o d è le eu ro p é e n p rés e n t é
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Beauté sauvage
La soupLesse d’un féLin : Avec un aérodynamisme sensationnel, le nouveau coupé quatre portes de Mercedes-Benz annonce un tout nouveau concept.
Extravagante et ensorcelante
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84
a rencontre était inévitable.
L’été dernier, la CLA était
encore l’un des secrets les
mieux gardés de Mercedes-
Benz. On la croyait barricadée
derrière des portes closes – mais, en fait, un
prototype se cachait au fond d’une gigantesque
salle. Un bref coup d’œil à ses lignes élégantes
et à son profil de fauve a suffi à laisser une
empreinte indélébile dans mon esprit.
L’apercevoir a également fait naître une envie
irrésistible de la revoir ; cette fois, de plus près.
Quelques mois plus tard, je parle de ma brève
rencontre à Gorden Wagener. Il m’écoute,
amusé. « Impec, on a manifestement bien fait
notre travail, affirme d’un ton satisfait le res-
ponsable du design chez Mercedes-Benz. C’est
le genre de réaction qu’entraîne un bon concept :
la capacité de susciter l’intérêt, de faire rêver
les gens et de rendre nos voitures désira bles.
Pas seulement au premier regard, mais chaque
fois qu’on les voit, jour après jour. »
La seconde fois que j’ai pu admirer la CLA,
j’ai pu prendre mon temps. Et l’expérience n’a
fait que confirmer ma première impression. Il
s’en dégage un sentiment familier, mais aussi
de stimulantes différences. Prenons par exemple
la grille de calandre diamant, ornée de sa
superbe étoile Mercedes-Benz et des pitons
chromés qui scintillent telles des pierres pré-
cieuses. Ou les phares bi-xénon et leur éclairage
bleu-blanc si caractéristique.
La larme : un nouveau style de designLe profil distinctif du capot de la CLA, avec ses
deux dômes en saillie, prouve qu’on est devant
une nouveauté, qu’on a affaire à quelque chose
de spécial. Gorden Wagener parle d’élégance et
de dynamisme, de tradition et de progrès, de
raison et de sentiments : des qualités qui,
avouons-le, ne font pas la paire. Mais sur la CLA,
elles font partie de sa personnalité et rehaussent
son magnétisme animal si particulier.
Définir un concept en ces termes : « coupé
quatre portes » semble paradoxal. Toutefois,
Mercedes-Benz nous a déjà donné un avant-goût
de cette nouvelle orientation, lorsqu’en 2004 le
constructeur lançait la CLS, qui alliait l’élégance
du coupé au confort et à l’aspect pratique de la
berline. La CLS a servi d’exemple pour élaborer
une nouvelle espèce de véhicules, magnifique-
ment séduisants, totalement différents.
Aujourd’hui, Mercedes-Benz a su insuffler
les mêmes traits de personnalité à sa catégorie
de véhicules compacts, car le nouveau coupé
témoigne – de façon encore plus éloquente que
la CLS – de la nouvelle orientation conceptuelle.
« Auparavant, nos concepts se caractérisaient
par des arêtes clairement définies orientées vers
l’avant. Maintenant, les courbes descen dantes
s’étirent vers l’arrière, ce qui accentue le dyna-
misme du véhicule » explique Gorden Wagener
en traçant le profil de la ligne retombante dans
les airs, avec sa main. Caractéristique clé de ce
nouveau style : cette ligne prend naissance au
niveau de l’aile avant pour se rendre jusqu’à la
portière arrière, en dessinant une légère courbe
descendante vers la roue arrière.
En contrepartie, la « ligne d’équilibre » struc-
ture la partie inférieure des portes, tout en
traçant une légère courbe ascendante vers
l’essieu arrière. « Il en résulte un profil accro-
cheur en forme de larme, fait remarquer Gorden
Wagener au sujet du nouveau concept. L’œil
est attiré par l’avant du véhicule, puis le regard
se dirige vers l’arrière. C’est désormais le pôle
d’attraction de nos modèles. »
Les proportions du véhicule exhalent la puis-
sance. Courbes du capot, empattement long,
court surplomb et habitacle avantageusement
aménagé à l’arrière mettent en lumière ce nou-
veau profil. De ce point de vue, la CLA est un
chef-d’œuvre sur roues : la combinaison de
surfaces voûtées, de courbes élégantes et de
traits vifs lui procure une toute nouvelle expres-
sion qui suscite l’émotion.
Aérodynamisme exceptionnelLe responsable du design chez Mercedes-Benz
nous assure que dorénavant les modèles s’ins-
pireront de ce coupé compact afin d’être,
SaiSiSSantImpossible de passer à côté. Les pitons chromés de la calandre diamant scintillent telles des pierres précieuses.
L
85
DynamiqueFini l’accent mis sur les arêtes cunéiformes : l’arrière est le nouveau centre d’intérêt.
TouT-en-unLes jantes irradient
le dynamisme et sont ornées d’une étoile en
plein centre.
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Du caractère à revenDreLes phares brillent comme les yeux d’une panthère.
avant-garDisteLa CLA allie la sportivité du coupé à l’habitacle spacieux de la berline.
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si possible, encore plus élégants, sensuels et
performants. « Tous nos véhicules dégageront
du glamour, ce qui accentuera la fascination qui
accompagne naturellement la beauté » souligne
Gorden Wagener. La CLA n’est que le début.
Ce nouveau design repose sur le concept en
forme de larme, ce qui plaît particulièrement
au Dr Teddy Woll, lequel dirige chez Mercedes-
Benz l’équipe Aérodynamisme. C’est la forme
idéale, car elle présente les meilleures caracté-
ristiques au plan de la fluidité. Le Dr Woll
explique : « Le profil de base de la CLA se rap-
proche vraiment d’une larme parfaite,
explique-t-il. L’avant de la voiture est quasiment
totalement arrondi, ce qui permet de rediriger
le flux d’air vers les flancs et le dessous de la
carrosserie, sans toucher aux roues. La ligne
retombante du toit et le galbe marqué de la
lunette arrière contribuent à repousser le flux
d’air loin derrière le véhicule : ce concept
constitue la base idéale pour notre travail. »
Ce travail a justement débuté à l’ordinateur,
car c’est ainsi que les ingénieurs en aérodyna-
mique peuvent analyser et modifier chaque
détail d’un clic de souris, jusqu’à ce que le flux
d’air soit optimal. C’est un travail de moine.
Pendant le développement aérodynamique d’un
nouveau modèle, l’équipe peut facilement y
passer des centaines de milliers d’heures.
« Uniquement pour réduire le coefficient de
résistance aérodynamique d’un millième
d’unité, on doit mener une véritable bataille,
admet le Dr Woll. C’est pourquoi il nous faut
des ordinateurs puissants. Les résultats de nos
simulations sont ensuite mis à l’essai dans
nos souffleries afin que nos experts puissent
les raffiner davantage. »
En raison de la forme de base presque parfaite
de la CLA, les spécialistes de l’aérodynamique
ont pu s’atteler aux détails de la carrosserie dès
le début du processus de développement.
Le déflecteur – qui a été intégré de façon élé-
gante au couvercle du coffre – ainsi que le profil
allongé du pare-chocs et des feux arrière symbo-
lisent ce raffinement aérodynamique. Sans
oublier d’autres détails plus discrets, mais tout
aussi importants, entre autres des fentes
novatrices dans les passages de roue avant, qui
contribuent à réduire le flux d’air sortant, lequel,
autrement, affecterait sérieusement la
circulation d’air le long des flancs du véhicule.
À l’aide de simulations par ordinateur, les ingé-
nieurs ont trouvé des moyens d’améliorer la
circulation de l’air à l’avant des roues. Il a fallu
des mois d’efforts pour concevoir un petit déflec-
teur dentelé, à peine visible, devant les roues
avant. Il s’agit d’une invention brevetée qui
produit l’effet désiré : les encoches du déflecteur
détournent le flux d’air vers l’arrière des roues
ou bien sous les ouvertures des passages
de roue.
« Cette amélioration toute simple permet
d’abaisser de 11 points le coefficient de résis-
tance aérodynamique », explique le Dr Woll. Il
faut savoir que dans le jargon de l’aéro-
dynamique, un « point » représente un millième
d’unité – alors, 11 points correspondent à une
diminution de la résistance de 0,011. Tout ça
grâce à quelques fentes et à deux minuscules
déflecteurs dans les passages de roue.
Il suffisait d’y penser ! « Tous ces menus
détails finissent par faire une grosse différence,
réplique l’ingénieur en chef, qui illustre
son affirmation grâce à quelques calculs sim-
ples. Si on parvient à diminuer le coefficient
de résistance aérodynamique d’une voiture de
50 points [c.-à-d. de 0,05], on peut généralement
réduire la consommation d’essence sur route
de 0,7 l aux 100 km en moyenne, d’où le bien-
fondé de cette “obsession” à l’égard de chaque
millième d’unité. »
Effectivement, la nouvelle CLA confirme
les calculs effectués par l’équipe d’experts
de Sindelfingen : le coupé quatre portes n’est
pas seulement impressionnant sur le plan
esthétique, mais il présente également des
lignes aérodynamiques sans pareilles. En raison
de son faible coefficient de résistance, la CLA
a fracassé le record du monde pour les voitures
de série.
Voilà ce qu’on appelle une beauté sauvage.
Sauvage, mais raffinée.
Moteur / Puissance4 cylindres turbo de 2,0 l208 ch à 5500 tr/min ;couple max. de 258 lb-pià 1200–4000 tr/min
TransmissionTransmission automatique à 7 rapports à double embrayage 7G-DCT 7
Ensembles d’aide à la conduiteParmi les nombreux dispositifs d’aide électroniques se trouvent l’Avertisseur de franchissement de ligne, l’Avertisseur d’angle mort et COLLISION PREVENTION ASSIST, qui fait entendre un signal sonore et optimise la puissance de freinage s’il détecte un risque de collision arrière.
Les données ci-dessus ne sont pas celles d’un véhicule en particulier et ne font pas partie de l’offre produit ; elles ne sont fournies qu’à des fins de comparaison de modèles.
m e r c e d e s - b e n z . c a
S TAT I S T I Q U E S
CLA
InSpIrAnT Les détails de l’habitacle s’inspirent du cockpit d’un avion.
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P O I N T D E M I R E
te x te christoph henn , tom cl arkson photos markus jans
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Lewis Hamilton a décroché une fois jusqu’ici le titre de champion du monde, et il entend bien goûter à nouveau à ce bonheur avec Mercedes AMG Petronas. En ce début de saison, il nous parle de ce qui le motive et le stimule, et repense à ce moment de gloire de 2008 : « Soudain, j’ai vu la voiture blanche devant moi. À l’approche du dernier virage, j’ai piqué au plus serré et réussi le dépassement. J’ai retenu mon souffle, redressé les roues emballées et gravi la colline à fond de train jusqu’à la ligne d’arrivée. J’y étais parvenu... j’étais le champion du monde ! »
THÉRAPIE PAR LA COURSE Lewis Hamilton est hyperactif depuis l’enfance. « J’ai trouvé des moyens pour canaliser mon énergie », dit-il.
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LE showbiz fait partie intégrante de la vie de Lewis Hamilton – et
pas seulement grâce à sa douce moitié, Nicole Scherzinger. Depuis
2011, il est représenté par Simon Fuller, qui compte parmi ses
clients des stars de la trempe des Beckham ou de Jennifer Lopez.
Cela dit, le pilote n’a besoin de personne pour avoir fière allure.
S’il aime porter des vêtements sport, il n’hésite pas à soigner sa
tenue. « Quand je sors au resto avec Nicole, je revêts un complet.
Un homme doit toujours s’efforcer d’impressionner sa dulcinée. »
Son sens marqué du style s’inscrit certainement dans le respect
qu’il voue aux tenues coûteuses. « On n’a jamais eu beaucoup
d’argent, souligne-t-il. Ma mère ne s’offrait aucun vêtement à la
mode, alors imaginez des toilettes griffées… »
L E g r a n d a m o u r de Lewis Hamilton s’appelle Nicole Scherzinger,
l’ex-chanteuse du groupe féminin The Pussycat Dolls. Le couple est ensemble
depuis cinq ans – sans compter quelques hiatus, que le pilote attribue en partie
à leurs horaires chargés. « Entretenir des relations à distance n’est pas toujours
facile. Ça représente un défi pour nous », admettait-il en entrevue, dernière-
ment. Quoi qu’il en soit, les tourtereaux ne cachent pas leur amour. Le coureur
publie régulièrement sur Twitter des photos de lui et de sa belle Nicole.
L’allure
Le bonheur
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L’endurance et la discipline sont des qualités essentielles pour Lewis Hamilton. Tôt, il a appris à ne jamais renoncer et à toujours maintenir la forme. « Cette année, je peux compter sur un nouveau physiothérapeute et un nouvel entraîneur. » Mais il n’y a pas que sa belle mécanique (lire : son corps) qui l’intéresse. « Les trois simulateurs de conduite de l’équipe m’ont captivé dès que je les ai vus », se rappelle-t-il.
LEWIS HAMILTON À PROPOS DE...
ay r t o n s E n n a « Son style de conduite particulier et sa personnalité m’ont toujours fasciné. »
m u h a m m a d a L i « Selon moi, M. Ali est la plus cool des célébrités. L’aplomb de ce personnage
est impressionnant. »
m i c h a E L s c h u m a c h E r « Une vraie légende ! C’est un privilège
d’avoir pu courir en même temps que lui et d’avoir appris à le connaître. »
s E s a d V E r s a i r E s « La plus vive concurrence vient toujours
de l’intérieur de l’équipe. »
L’ É Q u i P E « En tant que pilote, il faut maintenir un
bon état d’esprit. Il importe de faire corps avec l’équipe, même quand les choses ne
se passent pas comme prévu. »
d u r ô L E d E h É r o s « Un monsieur âgé m’a récemment dit que
j’étais son héros. J’ai trouvé ça fou. Superman, lui, c’est un héros ! Moi, je ne
suis pas Superman… »
Ayrton Senna
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N I C O R O S B E R G et Lewis Hamilton sont amis depuis
longtemps. Le pilote britannique et son nouveau coéquipier
se livraient déjà bataille sur la piste de karting, alors qu’ils
n’avaient que 13 ans et qu’ils faisaient partie de la même
équipe. Aujourd’hui, ils vivent dans le même immeuble à
Monaco, et se rendent de menus services, de temps en
temps. « Un soir où j’étais rentré tard à la maison et où il
n’y avait rien dans le frigo, raconte Lewis Hamilton, j’ai
frappé à sa porte et sa copine Vivian m’a préparé un ham-
burger. » Toutefois, sur le circuit, ils ne se font pas de
quartier. « Votre coéquipier est toujours la première per-
sonne à battre, précise le Monégasque d’adoption. Je
m’attends à ce que Nico soit très rapide et combatif. »
L’amitié
Une vocation précoce LEwIS HamILtON avaIt à pEINE 5 aNS lorsqu’il s’est assis pour la
première fois dans une auto tamponneuse, et 7 ans quand il a gagné
une course de voitures télécommandées à l’émission de télé Blue Peter. À
10 ans, il passait ses fins de semaine sur la piste de karting et annonçait
au patron de McLaren, Ron Dennis, qu’il rêvait de devenir champion du
monde. Trois ans plus tard, McLaren et Mercedes-Benz lui ont présenté
un contrat, et à 15 ans, Lewis Hamilton réalisait son rêve.
19 8 5 Lewis Hamilton est né à Stevenage, au nord de Londres, un 7 janvier.
19 9 5 À 10 ans, Lewis Hamilton remporte le Championnat
britannique de karting junior, et reçoit le trophée des mains
de Jacques Villeneuve.
2 0 0 5 Lewis Hamilton remporte
la série Formule 3 Euro avec un record de 15 victoires en
20 courses.
2 0 0 6 Un total de cinq victoires et neuf podiums vaut à Lewis
Hamilton le titre de la série GP2.
2 0 07 Lewis Hamilton se hisse en
tête du classement après six courses à sa première saison
en formule 1, devenant ainsi le plus jeune pilote à dominer le Championnat du monde de F1. Il défend son avance jusqu’à la dernière course, mais doit finalement se contenter de la deuxième place, à un point
de Kimi Räikkönen.
2 0 0 8 Après cinq victoires et une fin de saison à couper le souffle, Lewis Hamilton triomphe par
un seul point et devient le plus jeune champion du monde
de formule 1.
2 013 Après 21 victoires en
110 courses, Lewis Hamilton passe de l’équipe McLaren
Mercedes à l’équipe Mercedes AMG Petronas. Son objectif : remporter le titre mondial.
« L’équipe sait que je me donne toujours à 100 % au volant. Je m’investis tout autant quand je ne suis pas dans le cockpit pour aider l’équipe, dans la mesure du possible. On travaille tous dans le même sens à mener un projet à long terme. On se mobilise en vue d’un marathon, pas d’un sprint. »
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La famille anthony hamilton n’a pas tardé à reconnaître le talent de son fils, et il a fait tout
en son pouvoir pour le soutenir dans sa carrière de coureur. À l’époque, M. Hamilton
a décroché deux emplois supplémentaires pour permettre à Lewis de courir en karts,
puis il a été son agent jusqu’au Championnat du monde de formule 1. Leur association
à ce titre a pris fin en 2010, mais le pilote rappelle tout ce qu’il doit à son papa : « Garde
les pieds sur terre, n’oublie jamais d’où tu viens. Mon père m’a appris l’humilité. » Son
frère cadet le rappelle également à la réalité. En effet, bien qu’il soit atteint de paralysie
cérébrale, Nicolas assiste régulièrement aux courses. Lewis Hamilton conclut :
« Quand j’ai l’impression d’éprouver des problèmes, je pense à mon petit frère. Même
s’il n’arrive pas à accomplir la moitié de ce que fais, il est heureux. »
« J’adore la course automobile et j’ai super hâte d’évoluer au sein de l’équipe Mercedes AMG Petronas. Ici, je sens une soif de succès plus intense que dans toutes les équipes que je connais. Si mon bolide peut talonner les voitures de tête, on va avoir beaucoup de plaisir. »
lEWiS hamilton envisage l’avenir avec
optimisme au sein de l’équipe Mercedes
AMG Petronas.
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a voiture intelligente... notion fascinante,
mais qu’en est-il réellement ? Faut-il
soustraire le conducteur à un maximum
de décisions, ou le laisse-t-on seul maître
à bord avec l’aide de systèmes infor-
matisés ? Mercedes-Benz privilégie la seconde approche.
Intelligent Drive, soit l’ensemble des systèmes d’aide à
la conduite de Mercedes-Benz, n’est pas conçu pour
remplacer le conducteur. Il y a plus d’une décennie que
le premier véritable système d’assistance, le régulateur
de vitesse adaptatif par radar DISTRONIC, a fait ses
débuts. Aujourd’hui, les conducteurs de la nouvelle
Classe E, par exemple, peuvent compter sur les « pouvoirs
sensoriels » de 6 capteurs radars, de 6 objectifs de caméra
et de 12 capteurs à ultrasons.
L’idée première est d’accroître la sécurité. La techno-
logie est conçue pour détecter rapidement des
situations potentiellement dangereuses et prendre
les mesures appropriées si les conditions deviennent
critiques. C’est précisément l’objectif des nouvelles
fonctions intégrées aux systèmes de freinage d’urgence
BAS PLUS et PRE-SAFE. Offertes pour la première fois
sur la nouvelle Classe E (et bientôt sur la future
Classe S), elles permettent de repérer des piétons ou
tout danger imminent aux intersections. Cette dernière
tâche est assurée par le système BAS PLUS avec
assistant carrefours. Des alertes visuelles et sonores
sont ainsi émises si un véhicule approche de côté, ce
qui a pour effet de contrer l’inattention à l’origine de
nombreux accidents.
BAS PLUS ET FREIN PRE-SAFE Ces systèmes peuvent désormais détecter la présence de piétons devant le véhicule. En évaluant les données provenant de la caméra et des capteurs radars, ils peuvent alerter le conducteur avec des signaux visuels et sonores. S’il ne réagit pas, les freins sont appliqués automatiquement.
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Des sens super aiguisés Intelligent Drive : un réseau de caméras et de capteurs pour prévenir des dangers et accroître la sécurité automobile et piétonnière. te x te m ichael moorstedt, christoph henn i llustr at ion mario wagner
modèle européen présenté
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Le nouveau système d’aide fonctionne jusqu’à
72 km/h et peut aussi corriger certaines erreurs de
jugement, notamment en augmentant automatique-
ment la puissance de freinage si le conducteur réagit
de façon trop hésitante à l’approche d’un danger. Selon
une étude récente, plus du quart des accidents avec
blessures aux carrefours peuvent être atténués ou
complètement évités grâce à une telle technologie. Cet
important gain de sécurité est en partie attribuable à
une caméra stéréoscopique intégrée au pare-brise qui
fonctionne avec la technologie 3D utilisée au cinéma :
elle capte une image en trois dimensions de la zone
qui s’étend jusqu’à 50 m devant le véhicule dans un
rayon de 45°, et elle peut élargir sa portée jusqu’à
un maximum de 500 m.
Les images saisies par les deux « yeux » de la caméra
sont fusionnées aux données provenant des capteurs
radars de manière à calculer la trajectoire des objets en
déplacement latéral devant le véhicule. Cette interaction
entre caméra stéréoscopique et capteurs radars sous-
tend également la nouvelle fonction de détection de
piétons des systèmes de freinage BAS PLUS et PRE-SAFE.
Le dispositif déclenche une alerte s’il détecte la présence
d’une personne devant le véhicule, et il peut freiner de
façon autonome si le conducteur ne réagit pas assez
vite, ou pas du tout. Les experts estiment que près de
la moitié des collisions avec des piétons pourront ainsi
être complètement évitées ou à tout le moins atténuées.
Voilà qui justifie amplement la mise à contribution des
ordinateurs comme aide à la conduite !
BAS PLUS AVEC ASSISTANT CARREFOURS Pour la première fois, BAS PLUS permet d’éviter les collisions avec les véhicules circulant dans l’axe transversal aux intersections. Le radar et la caméra captent une vue panoramique de la zone devant le véhicule. En cas de danger, le conducteur reçoit un double avertissement, et la pression de freinage est automatiquement augmentée.
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C O U P É Q U AT R E P O R T E S . Cela peut ressembler à un oxymoron, mais comme bon nombre
d’autres innovations, c’est un concept mis au point par Mercedes-Benz – notamment sur l’élégant
modèle CLS. Une fois de plus, cet automne, la preuve sera faite qu’un véhicule quatre portes peut
avoir une allure distincte, qui le différentie d’une berline ordinaire.
Cette distinction commence par son montant central en B, suffisamment résistant pour assurer
la sécurité et l’intégrité structurale au centre de la voiture, mais assez discret pour donner à ce
modèle Mercedes-Benz aérodynamique les allures d’un coupé sport deux places classique. La CLA
possède également une costaude grille de calandre diamant, des portières sans montants, une ligne
retombante du toit qui redescend vers un coffre arrière court, ce qui lui confère un profil attirant.
Sous le capot de la CLA, un moteur quatre cylindres en ligne turbo produit 208 ch et un couple de
258 lb-pi. Jumelé à une boîte automatique à sept rapports à double embrayage, ce moteur est aussi
performant qu’incroyablement économique en carburant. Grâce à son volant recouvert de cuir, à ses
caractéristiques de sécurité évoluées et à ses innovations technologiques pour le divertissement et
l’information, la CLA allie élégance et fonctionnalité – avec un rapport qualité prix incomparable.
Visitez mercedes-benz.ca pour de plus amples renseignements sur la toute nouvelle CLA.
Récolte d’automne
LA CLA, douce bien que nerveuse, arrive dans les salles d’exposition cet automne.texte christopher korchin
modèle européen présenté
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Accessoires d’origine Mercedes-BenzStyle distinctif pour vous et les vôtres.
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www.mercedes-benz.ca
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