MÉMOIRE DE RECHERCHE APPLIQUÉE
SUP DE PUB – PARIS
PROMOTION 2012
SP4 – BRAND STRATEGY
« Made in France et autres labels »
« Est-ce que la certification de l’origine française représente une valeur ajoutée
pour la marque et pour les consommateurs ? »
Mémoire proposé par Mlle. Marion DESASSIS,
sous la direction de M. Christian LASSALLE.
SUP DE PUB – PARIS
31 Quai de la Seine
75019 PARIS
2
RESUME
Dans le contexte économique actuel, tous les pays du monde semblent se refermer sur
eux-mêmes. En France, la campagne présidentielle de 2012 a remis sur le devant de la scène
le sujet du patriotisme économique et a relancé le débat concernant le « made in France ».
Plusieurs personnalités politiques ont en effet profité de la campagne électorale pour
encourager à produire en France et à consommer français. Le sujet concerne tous les
Français : producteurs et consommateurs.
Le travail de recherche développé dans ce document a pour but de mettre en lumière la
valeur ajoutée de la fabrication française et de sa labellisation. Pour une entreprise, quels sont
les avantages à produire en France et à communiquer sur ce fait ? Qu’est ce que le
consommateur français recherche dans le « made in France » ?
Les résultats de cette recherche permettent d’établir les points de jonction entre les
intérêts des entreprises et la demande des consommateurs concernant la fabrication française.
ABSTRACT
Nowadays and because of the economical state of the world, countries tend to keep to
themselves. In France, the 2012 presidential campaign drew the attention back on economical
patriotism and on the “made in France” question. Several political figures used the election
campaign to encourage people to produce in France and to buy French. This is a topic of
concern for every French: those who produce and those who consume.
The purpose of this research is to highlight the added value of French production and
its labelling. How does a company benefit from producing in France and advertising on this
detail? What do French consumers look for in a certified “made in France” product?
The results of this research reveal junction points between companies’ interests and
consumers demand concerning the French production.
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION ………………………………………………………….. 4
REVUE DE LITTERATURE
PARTIE I : Pourquoi le consommateur décide d’acheter telle marque ? ……………... 6
I. Qu’est ce qu’une marque ? ………………………………………………………………. 6
II. Comment une marque est perçue par le consommateur ? ………………………. 7
III. Qu’est ce qui influence l’achat ? ……………………………………………………….. 8
PARTIE II : Panorama des labels français …………………………………………….. 12
I. L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) …………………………………………. 12
II. L’Indication Géographique Protégée (IGP) ………………………………………… 13
III. Fabriqué en France ou « Made in France » …………………………………………. 14
IV. Le label « Origine France Garantie » …………………………………………………. 15
PARTIE III : Les consommateurs français et la labellisation française …………….. 17
I. L’origine devient un critère d’achat de plus en plus important ………………. 17
II. Le patriotisme économique encouragé par les hommes politiques ………….. 19
III. L’idée d’une marque France ……………………………………………………………. 21
METHODOLOGIE DU MEMOIRE ……………………………………………. 23
ANALYSE ET RESULTATS …………………………………………………... 26
HYPOTHESE 1 ……………………………………………………........................ 26
HYPOTHESE 2 ……………………………………………………....................... 31
CONCLUSIONS ………………………………………………….... 36
RECOMMANDATIONS ………………………………………………….... 39
ANNEXES (1 à 7) ………………………………………………….... 41
BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………….. 59
4
INTRODUCTION
L’année 2012 en France a été marquée par un grand évènement : l’élection du nouveau
président de la République. Le contexte particulier dans lequel s’organise une élection
présidentielle a permis d’évoquer les problèmes de société, de pointer du doigt les
dysfonctionnements ou encore de soulever des interrogations. Un des sujets récurrents lors
des débats entre candidats à la présidentielle portait sur le protectionnisme économique et la
ré-industrialisation de l’économie française. Il est vrai que la question de la production en
France intéresse toutes les classes de la population française, autant du côté des producteurs
que des consommateurs.
La question du militantisme économique1 s’est présentée, incarnant un désir dans l’ère
du temps de protéger l’industrie nationale. En effet, la crise actuelle et le chômage ont fait
prendre conscience des dégâts causés par la désindustrialisation entamée au début des années
1980 et qui ne cesse de s’amplifier. Les coûts de productions sont plus intéressants en Europe
de l’Est ou en Asie, alors les entreprises françaises n’hésitent pas longtemps avant de
délocaliser leurs productions pour réduire les coûts et faire des économies. Jusqu’ici, ce qui
faisait encore réfléchir les entreprises avant de délocaliser, c’était l’impact social avec les
fermetures d’usines, les crises salariales et ce chômage qui ne cesse d’augmenter en France.
Cependant dernièrement, les entreprises semblent prendre conscience de la valeur ajoutée
qu’apporte le fait que leur produit soit fabriqué en France. On se rend compte que les Français
sont près à payer plus cher un produit fabriqué localement plutôt qu’importé. C’est une
question de patriotisme mais surtout de confiance. Cela représente un enjeu majeur pour les
entreprises en ce qui concerne la gestion de marque.
Pour pouvoir évoquer le sujet du made in France au sens large (c'est-à-dire la
production en France et sa labellisation) et analyser les enjeux pour les marques et les
consommateurs, il faut d’abord prendre le temps de comprendre ce qui influence l’achat.
La revue de littérature qui ouvre ce mémoire va commencer par rappeler ce qu’est une
marque, ce qui la compose et ce qui influence le consommateur au moment de l’achat.
Comprendre la gestion de marque et les facteurs influençant l’achat permettront de
comprendre l’impact du made in France sur les entreprises et sur les consommateurs.
1 GALLOIS Dominique, PIETRALUNGA Cédric, (27 mars 2012), « Acheter ‘‘made in France’’, tout un art…
qui demande quelques sacrifices », Le Monde.
5
Un panorama des labels qui informent les consommateurs sur l’origine française des produits
sera ensuite décrit. Ces labels, par leur rôle informatif, donnent la possibilité aux
consommateurs d’avoir le choix de consommer français ou non.
La revue de littérature se terminera par des résultats d’enquêtes sur le rapport des
consommateurs français avec les produits « made in France ». On constatera une évolution
des mentalités avec un intérêt grandissant pour l’origine des produits qui conduit à l’acte
d’achat sous certaines conditions.
La partie recherche et étude terrain se scindera en deux parties pour étudier deux
angles : le point de vue des entreprises et des marques dans un premier temps, le point de vue
des consommateurs dans un second temps.
Cette recherche doit mener à répondre à la problématique suivante :
Est-ce que la certification de l’origine française représente une valeur ajoutée pour la
marque et pour les consommateurs ?
6
REVUE DE LITTERATURE
PARTIE I
Pourquoi le consommateur décide d’acheter telle marque ?
I. Qu’est ce qu’une marque ?
Une marque2 est un signe distinctif qui indique que des produits ou services sont
fabriqués ou proposés par une certaine entreprise. La marque permet d’individualiser et de
distinguer un produit ou service. Selon Philip Kotler : « une marque est un nom, un terme, un
signe, un symbole, un dessin ou toute combinaison de ces éléments servant à identifier les
biens ou services d’un vendeur ou d’un groupe de vendeurs et à les différencier des
concurrents ».
Dans le Mercator3, une marque est définie comme le « nom et ensemble de signes qui
certifient l’origine d’un produit, le différencient des produits concurrents et influencent le
comportement des acheteurs en suscitant des représentations mentales et un lien
émotionnel ». Jean-Noël Kapferer, l’expert français des marques, dit avec simplicité que la
marque est un nom qui a du pouvoir sur le marché.
Pour résumer, une marque est un repère mental sur un marché qui s’appuie sur des
valeurs tangibles (éléments comparables comme le produit, le prix, le circuit de
distribution…) et des valeurs intangibles (valeurs associées, symboles, histoire…). C’est une
représentation mentale dans l’esprit du consommateur qui lui permet de différencier les
produits ou services proposés sur un marché. La marque fait appel aux notions
d’identification et de différenciation ; elle trouve un sens dans une relation marchande et
concurrentielle.
Selon Laurent Habib4, président de l’Observatoire de l’Immatériel, « au-delà des
propriétés fonctionnelles et tangibles du produit, la marque renvoie toujours dans l’esprit du
consommateur à des représentations psychologiques, sociales, imaginaires, sociétales ou
encore culturelles. »
2 LEWI Georges, LACOEUILHE Jérôme, (2007), Brand management : la marque, de l’idée à l’action, Pearson.
3 LENDREVIE Jacques, LEVY Julien, (2009), Mercator : théorie et pratique du marketing, Dunod, 9ème
édition. 4 HABIB Laurent, (2010), La communication transformative : pour en finir avec les idées vaines, PUF.
7
La marque peut être définie comme ce qui donne de la personnalité à un produit ou
service. C’est ce qui permet au consommateur de faire un choix de préférence entre deux
produits qui ont des fonctionnalités similaires. La marque mobilise des arguments rationnels
et émotionnels pour finalement justifier une différence entre deux produits ou services.
En plus d’être un outil d’identification, la marque est porteuse de valeurs : elle crée le
lien entre le consommateur et l’entreprise qui produit le bien ou service.
Selon l’économiste allemand Heribert Meffert : « le succès d’une marque dépend de la
notoriété de celle-ci, de son existence pendant une longue durée, de la communication mise
en place autour de la marque et surtout de la confiance entretenue avec les consommateurs. »
En bref, le succès d’une marque dépend de sa relation avec les consommateurs.
II. Comment une marque est perçue par le consommateur ?
L’image de marque est définie comme l’ensemble des représentations affectives et
rationnelles liées à une marque. C’est un jugement de valeur porté par un individu sur une
marque.
Pour Jean-Jacques Lambin5, l’image de marque est « l’ensemble des représentations
mentales, cognitives et affectives qu’une personne ou un groupe de personnes se font d’une
marque ».
Il décrit trois niveaux d’image de marque :
- l’image perçue : c’est la manière dont le public visé voit et perçoit la marque
- l’image vraie : telle que l’entreprise ressent ses forces et faiblesses
- l’image voulue : c’est la manière dont l’entreprise souhaite être perçue par sa cible
Blandine Pinlon-Labbé a aussi formulé trois niveaux d’image de marque, en avançant
une idée différente pour le troisième niveau : la médiatisation de la marque. Elle parle alors de
la diffusion de signaux par des supports de communication, notamment par la publicité, afin
que les informations sur l’ensemble des caractéristiques arrivent jusqu’aux individus ciblés.
Pour comprendre comment une marque est perçue par les consommateurs, il faut
prendre en compte deux notions : la réputation et la notoriété. On peut définir la réputation
5 LAMBIN Jean-Jacques, (2008), Marketing stratégique et opérationnel : du marketing à l’orientation marché,
Dunod, 7ème
édition.
8
comme l’image perçue par un public (c’est l’opinion favorable ou défavorable du public pour
quelque chose) ; tandis que la notoriété est le degré de présence d’une marque dans l’esprit
des individus (ou autrement dit la connaissance qu’a le public d’une marque).
Trois notions sont donc complémentaires : l’organisation à l’origine de la marque
envoie une certaine image à son public (à travers la communication), celui-ci interprète cette
image qui devient dans son esprit une réputation (c’est l’idée que se fait le public de la
marque), de laquelle en découle la notoriété (on en parle plus ou moins).
Il est intéressant de noter que l’image de marque passe parfois par du storytelling6.
Cela correspond à « l’art de raconter des histoires » dans le but d’exprimer une facette de la
personnalité de la marque. Jouer sur l’image de marque peut avoir une incidence sur les
intentions d’achat. Le storytelling consiste donc à essayer de faire émerger au sein du public
une ou plusieurs histoires à fort pouvoir de séduction ou de conviction, dans le but final de
développer une bonne image de marque et d’inciter à l’achat.
Ashraf Ramzy, conseil en marketing se définissait lui-même comme un « faiseur de
mythes » et expliquait : « Les gens n’achètent pas des produits mais les histoires que ces
produits représentent. Pas plus qu’ils n’achètent des marques, mais les mythes et les
archétypes que ces marques symbolisent. »
De nos jours, il ne s’agit plus de rendre une marque célèbre auprès d’une masse de
consommateurs mais de créer une relation singulière entre la marque et ses affiliés.
La façon dont le consommateur perçoit une marque est très importante. Il y a un réel
enjeu marketing dans la gestion d’une marque : si elle a une bonne image et développe une
certaine notoriété, elle engendrera un meilleur résultat pour l’entreprise.
III. Qu’est ce qui influence l’achat ?
Le prix, la qualité, la marque et enfin la communication sont des facteurs qui peuvent
influencer l’achat, positivement ou négativement. Le consommateur a des motivations et des
envies à satisfaire, mais aussi des contraintes à respecter. Le processus de décision d’achat est
complexe, il y a plusieurs leviers à prendre en compte…
6 SALMON Christian, (2007), Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, La
Découverte.
9
Des facteurs économiques et sociologiques influencent la consommation
> Les facteurs économiques : les individus sont confrontés à deux contraintes
économiques (le prix des biens et le revenu disponible) qui limitent leur capacité à
consommer. Ils doivent ajuster leur consommation en fonction de ces deux contraintes.
> Les facteurs sociologiques : la publicité, ainsi que le mode de vie, l’âge, l’effet
d’imitation, le besoin de reconnaissance, entre autres, sont des facteurs déterminants dans le
processus de consommation. L’image de marque entre dans cette catégorie. Plus le
consommateur se sent attiré par la marque pour son histoire ou les caractéristiques sur
lesquelles la marque a communiqué, plus il va consommer cette marque. La consommation
dépendra du relationnel de la marque. Il s’agit donc pour celle-ci de créer une relation
singulière et émotionnelle avec ses affiliés.
Le prix est une variable majeure influant sur la décision d’achat
Le prix détermine nos choix de consommation : lorsque le prix augmente, on a
tendance à moins consommer. Cependant cette influence est plus ou moins importante selon
le produit ou service concerné. Par exemple, la consommation de loisirs est nettement plus
sensible aux variations de prix que la consommation alimentaire, cette dernière étant une
consommation de première nécessité offrant moins de marges d’ajustement. On ne peut pas
couper ses dépenses alimentaires à cause des hausses de prix puisqu’il est vital de s’alimenter,
par contre on peut réduire ses loisirs.
La décision d’achat dépend des valeurs auxquelles l’individu s’identifie
Le consommateur est influencé par sa culture, ses affiliations socioculturelles et son
appartenance à un groupe ou à une communauté. Dès sa naissance, l’individu apprend des
modes de comportement respectant un système de valeurs caractéristiques de sa culture, il est
alors plus ou moins intéressé par un produit ou un service selon le rapport qu’il y a entre sa
culture et le produit concerné. La décision d’achat est plus profonde qu’un avis personnel :
elle est inhérente aux éléments constitutifs d’un individu (sa culture, son environnement, etc.).
La qualité détermine les choix de consommation
En effet le consommateur recherchera le meilleur niveau de satisfaction possible, c'est-
à-dire le meilleur niveau de qualité d’un produit. La qualité peut être indiquée par la marque
(si elle a une bonne réputation), ou alors par une certification (un label ou une appellation par
exemple).
10
Des pulsions influencent l’achat
- Les motivations hédonistes : la recherche du plaisir personnel.
- Les motivations oblatives : le désir de faire du bien autour de soi et de donner aux
autres. Il peut s’agir d’un achat cadeau ou d’un achat de partage.
- Les motivations d’auto-expression : besoin d’exprimer ce que l’on est ou ce que l’on
aimerait être. Ces motivations correspondent aux besoins d’estime et d’accomplissement de la
pyramide de Maslow.
Au contraire, certaines pulsions peuvent freiner l’achat :
- Les inhibitions : autocensure du consommateur qui freine lui-même ses envies (par
honte par exemple).
- Les peurs : le consommateur suppose ou constate des difficultés concernant l’achat ou
l’utilisation du produit ou service.
L’acte d’achat dépendra de l’équilibre entre motivations et freins d’achats. Si les freins
sont supérieurs aux motivations, alors le consommateur préférera ne pas acheter ; s’il y a
égalité, il reportera l’achat. A l’inverse, le consommateur passera à l’acte d’achat uniquement
si les motivations sont supérieures aux freins.
La communication influence l’achat
Même si on ne peut pas cantonner la publicité au simple rôle de vendre, il n’en reste
pas moins que dans la société de consommation actuelle, la publicité est un facteur
influençant l’acte d’achat.
Dans le monde de la publicité, on s’appuie sur le modèle de décision A.I.D.A pour
comprendre les différents stades qui mènent un consommateur à acheter. Créé en 1898 par
Elias ST. Elmo Lewis, ce modèle recense les étapes que le publicitaire doit passer : attirer
l’attention, susciter l’intérêt, créer le désir et finalement provoquer l’achat.
1. Attention : la marque entre dans le champ de perception du consommateur (stade
cognitif : la connaissance) et doit attirer l’attention.
2. Intérêt : degré d’attirance pour la marque (stade affectif : préférence du
consommateur), la marque doit susciter l’intérêt.
3. Désir : intensité avec laquelle le consommateur éprouve le besoin d’acquérir cette
marque (création du désir).
11
4. Action : le consommateur réalise effectivement l’acte d’achat (stade conatif : action du
consommateur), l’acte d’achat est finalement provoqué et réalisé.
Comme expliqué précédemment, le prix est un des premiers critères de choix dans
l’acte d’achat mais comme l’explique Laurent Habib7 : « si elles veulent continuer à justifier
leur prix, voire leur existence, par leur valeur immatérielle, les marques n’ont d’autre choix
que d’investir le champ symbolique. Pour les adopter et leur rester fidèle, le consommateur
doit pouvoir leur associer des attributs qui appartiennent au champ des valeurs, des
représentations, de la « culture », de l’idéologie, du rapport au monde.»
Le facteur économique est alors étroitement lié au facteur sociologique. En fait, au-
delà des caractéristiques fonctionnelles du produit ou du service, le consommateur décide
d’acheter ou ré-acheter l’idée qu’il se fait de lui-même. Par-dessus tout, il achète les
représentations de sa consommation par rapport au monde et à ses convictions.
« Le consommateur intègre dans ses arbitrages des justifications à la fois individuelles
et collectives au sein desquelles les dimensions liées à la responsabilité sociale jouent un rôle
très important. » On relève ici l’importance de la dimension humaine8 de la marque dans les
critères de choix. Aujourd’hui on n’achète plus seulement un produit ou un service, on achète
une idéologie. L’acte d’achat symbolise son engagement sociétal, représente son idéologie.
Si on part du principe selon lequel l’acte d’achat représente une idéologie défendue
par le consommateur et que celui-ci est prêt à payer plus cher pour la valeur symbolique d’un
bien ; il serait intéressant de se rendre compte de la valeur que représente l’estampillé
français. Avant de s’intéresser à sa valeur, il faut être capable de reconnaître un produit
français…
7 HABIB Laurent, (2010), La communication transformative : pour en finir avec les idées vaines, PUF.
8 Etude Euro RSCG C&O « Le consommateur de l’après-crise, un nouveau paradigme de la consommation »,
juillet 2009.
12
PARTIE 2
Panorama des labels français
Les labels sont censés permettre aux marques et surtout aux entreprises d’être
reconnues et valorisées pour avoir fait le choix de maintenir toute (ou partie) de leur
production sur le territoire national. Sans ces labels ou appellations, le consommateur ne
disposerait pas de l'information nécessaire à la reconnaissance de l’origine de ce qu’il achète.
Pourtant, elle pourrait, à ses yeux, justifier un écart de prix d’un produit à l’autre.
I. L’Appellation d’Origine Contrôlée9 (AOC)
L’AOC désigne un produit qui tire son authenticité et sa typicité de son origine
géographique. Le produit est intimement lié à son terroir, c'est-à-dire à :
> une zone géographique : par des caractéristiques géologiques, agronomiques,
climatiques et historiques...
> des disciplines humaines : conditions de production spécifiques pour tirer le meilleur
parti de la nature.
Dans cette appellation, les facteurs naturels et humains sont liés : le produit issu de ces
facteurs naturels et humains ne peut être reproduit en dehors du contexte particulier de son
terroir. L’AOC est régie par un décret qui homologue le cahier des charges du produit et la
délimitation de son aire géographique.
L’AOC, née d'un décret-loi du 30 juillet 1935, a été conçue pour garantir l'origine d'un
vin. Elle crée les conditions d'une concurrence loyale pour les producteurs et la garantie d'une
origine certifiée pour les consommateurs. Il est intéressant de relever cette importance autant
pour les producteurs, afin d’assurer une concurrence saine, que pour les consommateurs qui
trouvent une information supplémentaire sur le produit en question.
9 http://www.inao.gouv.fr/
13
Le succès du concept d'AOC s'étend en 1990 à l'ensemble des produits agricoles ou
alimentaires bruts et transformés. Par la suite, les produits laitiers et les autres produits
agroalimentaires ont aussi été concernés par cette AOC.
L'AOC est protégée au plan européen au sein de plusieurs règlements :
- l’organisation commune des marchés dans le secteur agricole et vitivinicole,
- l’application dans le secteur vitivinicole et sur les spiritueux.
Exemple : Le bandol est un vin français d’appellation d’origine contrôlée du vignoble de
Provence qui est produit autour de la ville de Bandol, dans le Var, en Provence.
L’Appellation d’Origine Protégée (AOP)
Un règlement définit l'Appellation d'Origine Protégée pour les produits non protégés
par l’AOC. Il s’agit de la transposition au niveau de tous les pays de l’Union Européenne de
l'AOC française pour les produits laitiers et agroalimentaires (hors viticulture). Pour pouvoir
bénéficier de l'AOP, la dénomination d'un produit préalablement reconnue en AOC par l'état
membre doit être enregistrée par la Commission Européenne au registre des Appellations
d'Origine Protégées et des Indications Géographiques Protégées (définition à suivre).
En France, les consommateurs qui s’intéressent à l’origine française des produits
doivent donc chercher à retrouver l’AOC sur le produit désiré plutôt que l’AOP.
II. L’Indication Géographique Protégée (IGP)
L'Indication Géographique Protégée est née, à l'instar de l'AOP, de la volonté
européenne d'étendre le système d'identification des produits en fonction de l'origine. Elle est
destinée à protéger des produits de moindre notoriété.
14
Régie par un règlement de 2006, l'IGP distingue un produit dont toutes les phases
d'élaboration ne sont pas nécessairement issues de la zone géographique éponyme mais qui
bénéficie d'un lien à un territoire et d'une notoriété. Il doit aussi disposer au préalable d’un
signe officiel de qualité (type Label Rouge ou certificat de conformité).
La relation entre le produit et son origine est moins forte que pour l'AOC mais
suffisante pour conférer une caractéristique ou une réputation à un produit et le faire ainsi
bénéficier de l'IGP.
Exemple : Le bœuf Charolais du Bourdonnais est protégé par l’IGP, il est certifié de qualité et
il est produit uniquement dans la région du Bourdonnais.
III. Fabriqué en France ou « Made in France »
« Fabriqué en France » ou « Made in France » sont des expressions similaires faisant
référence à la notion de fabrication. Ce sont des mentions apposées pour indiquer au
consommateur le pays dans lequel les produits ont été fabriqués, en l’occurrence leur
provenance française.
Les services de la douane et de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de
la consommation et de la répression des fraudes) sont chargés de faire respecter les textes
applicables en matière de marquage (ou d'indication) d'origine des produits.
L'article 39 du Code des douanes10
permet aux services de la douane de vérifier
l'exactitude des indications d'origine lors de l'importation des produits. Il interdit ainsi
l'importation de produits étrangers qui porte « une indication quelconque de nature à faire
croire qu'ils ont été fabriqués en France ou qu'ils sont d'origine française » ; si une telle
indication est présente elle doit être supprimée ou corrigée pour que l'importation soit
autorisée.
Avec la délocalisation des productions dans les pays à bas coûts et le développement
de la division internationale du travail, il est de plus en plus difficile d'établir une provenance
10
www.legifrance.gouv.fr
15
unique pour un produit industriel complexe. En effet, celui-ci peut n'être que assemblé en
France, voire simplement conditionné en France. Pour déterminer le pays d'origine de ces
produits la douane et la DGCCRF appliquent les critères développés par le droit
communautaire pour l'attribution des certificats d'origine. Ainsi, aux termes de l'article 24 du
Code des douanes communautaires « Une marchandise dans la production de laquelle sont
intervenus deux ou plusieurs pays, est originaire du pays ou a eu lieu la dernière
transformation ou ouvraison substantielle, économiquement justifiée, effectuée dans une
entreprise équipée à cet effet et ayant abouti à la fabrication d'un produit nouveau ou
représentant un stade de fabrication important. »
Les limites de ces mentions « Made in France » vis-à-vis de l’incertitude sur la réelle
origine de fabrication, ont mené à la création récente d’un nouveau label ayant pour objectif
d’aider les consommateurs à connaître la provenance des produits.
IV. Le label « Origine France Garantie »11
La marque « Origine France Garantie » a été dévoilée à l'Assemblée nationale le 19
mai 2011. Elle s'appuie sur un cahier des charges clair : le produit labellisé a pris ses
caractéristiques essentielles en France et au moins 50 % de sa valeur correspond à des
activités conduites en France. Autrement dit, cela concerne les marques dont les usines sont
en France et dont la moitié de la valeur ajoutée des produits qui en sortent est française.
La création d'un label, fondé sur une démarche volontaire des entreprises et permettant
une information claire et garantie sur l'origine nationale des produits, était la principale
mesure proposée par Yves Jégo, député de Seine-et-Marne, dans son rapport de mai 2010
intitulé « En finir avec la mondialisation anonyme : la traçabilité au service des
consommateurs et de l'emploi ».
11
http://www.asso-lecedre.fr/
16
En octobre 2009, le président de la République Nicolas Sarkozy avait chargé Yves
Jégo de réfléchir à la mise en place d'une nouvelle « marque France », afin de pallier les
insuffisances du label actuel dit « made in France ».
La création du label « Origine France Garantie » répond à une véritable attente des
consommateurs et des entreprises. Avec tous les labels cités précédemment, les
consommateurs risquaient d’être induits en erreur quant à la réelle origine française des
produits. Edouard Barreiro, responsable des études chez UFC Que Choisir reconnaît que
« aujourd’hui, le consommateur ne peut que tâtonner. Vous ne pouvez être sûr d’acheter
français que pour des fromages ou du vin AOC ».
Depuis 2009, des centaines d'entreprises ont fait part de leur souhait de pouvoir mieux
valoriser l'origine française de leurs produits12
.
Suite à la demande de Nicolas Sarkozy, Yves Jégo pose les conditions du label
« Origine France Garantie ». Celui-ci est attribué si le produit respecte les critères suivants :
- la France doit être pour une large part le pays de la conception, de l’assemblage, de la
fabrication et du montage du produit labellisé (ce qui ne peut donc se limiter aux dernières
opérations ou aux finitions) ;
- au moins 50 % des activités de production doivent être réalisées sur le territoire
national.
Bureau Veritas Certification13
met en place la gestion technique et opérationnelle du label.
L’objectif est d’« aider les produits français à mieux se faire repérer par les
consommateurs, accroître la traçabilité, la transparence, et aussi favoriser le maintien des
savoir-faire en France, voire les relocalisations », a expliqué Yves Jégo. « Il s'agit de
valoriser les produits fabriqués en France, qui créent des emplois en France, et non les
produits français », précise-t-il.
Lorsqu’on lui demande14
si le consommateur est demandeur d’un tel label, Yves Jégo
répond positivement. « Le consommateur ne supportera plus de ne pas savoir d’où vient le
produit, comment il est fabriqué, quelle est l’éthique derrière sa fabrication… ».
Au moment du choix d’achat, l’origine peut être un élément décisif de différenciation.
12
L’Expansion.com, (19 mai 2011), « Lancement du label ‘‘made in France’’ ». 13
http://www.bureauveritas.fr/ 14
GLESS Etienne, « Vive le nouveau Made in France ! », L’Entreprise N°310, page 40 – avril 2012.
17
PARTIE III
Les consommateurs français et la labellisation française
En avril 2010, TNS Sofres15
a publié une enquête sur le « Fabriqué en France ». Cette
étude montrait que 95 % des Français interrogés jugeaient important que les entreprises
indiquent si leurs produits ont été ou non fabriqués sur le territoire national.
Pour près de 9 Français sur 10, la fabrication française est un gage de qualité et de respect de
normes sociales et environnementales.
En mars 2011, une étude du CREDOC16
(Centre de Recherche pour l'Etude et
l'Observation des Conditions de vie) démontrait que, pour 27% des Français interrogés, une
« bonne marque » a un sens attaché à l’origine française. « L’association « bonne marque » et
« produits d’origine française » est aujourd’hui très ténue et devra faire l’objet d’efforts de
communication importants si on veut davantage la valoriser. »
I. L’origine devient un critère d’achat de plus en plus important pour les Français
Les critères qui dictent les achats des Français sont prioritairement la qualité et le prix.
Cependant, on note que l’importance accordée à une consommation de produits français est
une tendance qui se confirme. Près d’un Français sur deux (46%) déclare que le pays de
fabrication est un critère de choix déterminant et/ou important systématiquement ou souvent
pris en compte dans leurs achats.
Le pays de fabrication apparaît ainsi comme un critère plus décisif que l’argument
écologique lors du choix de produits ou services. Paradoxalement, il est moins mis en avant
dans la communication des entreprises. « De nouveaux clients viennent en apprenant que
nous privilégions le « Made in France ». Ce n’est peut-être pas ce qui l’emporte dans la
décision d’achat mais l’argument rassure et les conforte dans leur choix. Dans un
environnement concurrentiel comme le nôtre, le « Made in France » peut être un atout pour
gagner des parts de marché», témoigne Philippe Peyrard, Directeur Général Délégué de la
coopérative des opticiens ATOL.
15
Etude TNS Sofres sur le « Fabriqué en France » - 30 mars 2010 16
Etude Credoc « Consommation de mode de vie » - N°237 - Mars 2011
18
Jacques Huybrechts17
, du réseau Entrepreneurs d’avenir, constate que « face à des
concurrents dont le coût du travail est inférieur, il faut actionner des leviers de compétitivité
autres que le prix : l’innovation, la qualité, le savoir-faire, l’attrait pour la marque France ».
Pour le grand public, le fait qu’un produit soit fabriqué en France est certes, comme
pour les professionnels, le gage de qualité (92%) mais constitue avant tout un acte citoyen et
un soutien de premier ordre pour l’industrie et le marché de l’emploi en France. Le « Made in
France » est un argument de vente efficace, et un outil marketing permettant de développer la
visibilité des entreprises. Près des deux tiers des Français et plus de la moitié des dirigeants
des PME s’accordent à dire que les produits français sont de meilleure qualité que les autres.
« A prix égal et qualité égale, le made in France peut être un vrai critère de
différenciation », déclare avec conviction Thomas Raffegeau, directeur marketing de Fagor
Brandt (fabricant de lave-linge, de réfrigérateurs et de tables de cuisson qui a reçu la
certification Origine France Garantie). Selon lui, « l’origine du produit est un critère d’achat
de plus en plus important, le troisième derrière la qualité et le prix ». La marque considère
l’Origine France comme un argument de vente fort et n’hésite pas à mettre le sticker du label
en avant dans ses catalogues et ceux des distributeurs.
Les perceptions se rejoignent également sur le fait que les produits « Made in France »
sont plus chers. Près des trois quarts des Français interrogés18
(72%) se déclarent prêts à payer
plus cher un produit si celui-ci a été fabriqué en France. Toutefois, cet écart de prix doit être
modéré et ne pas dépasser 10%.
L’origine des produits souffre d’un manque de visibilité et les Français sont en attente
de plus de transparence. Signe de l’importance de ce critère dans les actes d’achats quels
qu’ils soient, plus de 9 Français sur 10 se prononçaient en faveur d’un label encore plus strict
que le « Made in France » tel que le plus récent « Origine France Garantie ».
Valérie Lourdel, directrice du département Relations externes du CREDOC
s’exprimait aussi sur ce sujet lors du salon PRO Durable 2012 : « la majorité des Français
pensent que les produits français sont de meilleure qualité. Ils pensent aussi qu’acheter
français préserve l’emploi en France. Ils sont prêts à payer plus cher pour un produit
français et lorsqu’ils achètent, ils s’orientent vers les produits français. »
17
GLESS Etienne, Dossier : « Vive le nouveau Made in France ! », L’Entreprise N°310, page 40 - avril 2012. 18
Etude TNS sofres sur le « Fabriqué en France » - 30 mars 2010.
19
Effectivement, selon une récente étude du CREDOC, près de 2 français sur 3 se disent
prêts à payer plus cher les produits fabriqués en France tant que la majoration ne dépasse pas
5%. Ils étaient la moitié il y a 5 ans19
.
Dans le contexte économique actuel, on observe une forme de repli sur soi. On a
tendance à se rattacher à ce que l’on connaît, à ce qui est proche et qui rassure. Sur le
baromètre 2012 des préoccupations des Français20
, la première place est occupée par le
chômage et l’emploi. Près de 8 français sur 10 citent cette problématique. Les multiples
délocalisations ainsi que le chômage toujours croissant marquent clairement l’opinion. Ces
préoccupations peuvent être corrélées au développement du « patriotisme économique » et au
développement de la demande de proximité de la part des consommateurs.
On peut penser que cette période de crise économique constitue un environnement
favorable au développement du « fabriqué français » en France.
II. Le patriotisme économique encouragé par les hommes politiques
Produire en France et acheter français serait le remède miracle à la crise et à la
désindustrialisation selon les candidats à l’élection présidentielle de 201221
.
En effet, un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle était la production
française. Nicolas Sarkozy (UMP) par exemple a défendu le « produire en France » lors d’un
déplacement dans une usine Rossignol qui avait récemment rapatrié sa production en France
après avoir délocalisé plusieurs années en Asie. Précédemment un autre candidat, François
Bayrou (MoDem), avait appelé à « un pacte national pour produire en France ». François
Hollande (PS) proposait, quant à lui, un « pacte productif » au nom du « patriotisme
industriel ». Enfin, la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (FN) voulait faire adopter
une loi baptisée « achetons français ». Il semblerait que tous ces candidats à la présidentielle,
de partis politiques divers, aient été d’accord sur un sujet : encourager les Français à
consommer français, et encourager les entreprises à produire en France.
Cette défense de l’industrie française proviendrait de la crise économique qui touche
sévèrement la France. Le pays semble avoir besoin de recréer des emplois, et donc de
rapatrier des industries qui étaient parties chercher des avantages comparatifs de coûts dans
des pays en développement.
19
GALLOIS Dominique, PIETRALUNGA Cédric, (27 mars 2012), « Acheter ‘‘made in France’’, tout un art…
qui demande quelques sacrifices », Le Monde. 20
TNS Sofres, « Baromètre des préoccupations des français », février 2012 21
LEVEQUE Emilie, (13 décembre 2011), « Les clés du débat sur le ‘‘made in France’’ », L’Expansion.com.
20
Ce mouvement que l’on retrouvait dans presque tous les programmes des candidats à
la présidentielle peut être appelé de plusieurs façon : « patriotisme industriel »,
« protectionnisme » ou encore « démondialisation »22
. L’idée est de rétablir les relations entre
les entreprises, l’Etat, les collectivités locales et les consommateurs ; le tout sur le territoire
national.
Seuls Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) et Eva Joly (EELV) nuançaient cette
tendance au patriotisme : la représentante des Verts dénonçant cette mesure « nationaliste » et
le candidat de gauche militant plutôt pour un « protectionnisme européen ».
Pourtant ce patriotisme économique semble répondre aux attentes des
électeurs/consommateurs. En effet, il semble que la peur d’un déclin industriel de la France
gagne la société française. Aux yeux de cette population, le secteur industriel revêt en effet
une importance symbolique23
, presque historique. Ce secteur est effectivement aujourd’hui
porteur de la puissance française à l’international et le vecteur de l’innovation. Il est donc
important que le secteur soit en bonne santé et protégé. Des thèmes plus classiques comme
l’emploi, l’éducation ou la santé se placent régulièrement en tête des préoccupations des
Français dans les enquêtes d’opinion. Pourtant le thème de la désindustrialisation émerge
progressivement au rang des inquiétudes. Les Français semblent de plus préoccupés par le
placement de la France dans la compétition économique mondiale. De ce fait, les Français
semblent prêts à relativiser le poids de la variable « prix » dans l’arbitrage de la décision
d’achat. Ils seraient prêts à payer un peu plus cher pour soutenir l’industrie française.
Attention toutefois à ne pas oublier le contexte économique actuel : c’est la crise ! Les
Français ont logiquement tendance à consommer moins cher, pour un meilleur rapport
qualité-prix ; plutôt que privilégier les produits français dans un élan de « patriotisme
économique ». Hervé Gattegno24
, rédacteur en chef au Point.fr, nuance avec justesse
l’appellation « produit français » : « On peut avoir un objet assemblé chez nous mais avec des
pièces détachées venues de plusieurs pays. On cite souvent les Toyota construites à
Valenciennes : est-ce que ce sont des voitures françaises ou japonaises ? Quand le
gouvernement a voulu taxer les sodas, on a appris que 95 % du Coca-Cola vendu en France
était produit sur place. Ce n'est pas très bleu-blanc-rouge, mais ce sont des emplois - et au
22
DEPRIECK Matthieu, (13 décembre 2011), « Les politiques s’arrachent l’étiquette “made in France” »,
L’Express.fr. 23
FOURQUET Jérôme, (14 décembre 2011), « Les Français et la désindustrialisation », LeMonde.fr. 24
GATTEGNO Hervé, (13 décembre 2011), « Le patriotisme économique c’est ringard et inefficace »,
LePoint.fr.
21
fond, c'est cela qui importe. » Il fait ensuite la remarque suivante : « beaucoup de Français
sont contents de pouvoir acheter des produits très bon marché, même s'ils viennent de très
loin... ». Il semblerait qu’il ait raison.
La consommation patriotique paraît être une envie réelle des Français, pourtant la
situation économique actuelle compromet la satisfaction de cette envie. Un enjeu politique qui
s’inscrirait dans l’actualité serait de donner aux Français la possibilité de consommer français.
III. L’idée d’une marque France
Depuis 2010, le gouvernement pense à la création d’une marque française. En effet,
quoi de mieux que la création d’une marque pour mieux promouvoir les valeurs de la France
et pouvoir ainsi s’appuyer sur la force des images nationales pour communiquer.
Selon Jean-Noël Kapferer, l’idée de « marque pays » naît avec le tourisme25
. Chaque
pays met en avant des valeurs et des atouts pour attirer le voyageur. On retrouve ici la notion
de valeur immatérielle d’une marque, à travers les symboles qu’elle représente, l’idéologie
qu’elle transporte, les valeurs qu’elle défend.
« La marque France est d’une richesse indéniable. Elle exprime les valeurs du terroir, le goût
des choses de l’esprit, l’art de vivre, le combat politique et bien sûr, le luxe. »
Denis Gancel, président de W&Cie (agence qui a lancé un baromètre sur la perception
de la « marque France » par les Français) a déclaré que « la France apparaît comme un des
pays les plus attractifs du monde, les Français sont les premiers à véhiculer une image
négative ». Si cette observation est juste, alors il sera difficile de faire acheter et consommer
français aux Français puisqu’ils semblent ne pas croire en leur pays. Pourtant, tout comme il
est important au sein d’une entreprise que les employés croient en leur marque, il est impératif
que les Français croient en leur pays et en la marque France. Pour relancer le patriotisme
économique dans ces conditions, il faudra que les entreprises, les collectivités et les
consommateurs travaillent conjointement. Dans ce questionnement, la politique devra aussi
trouver son rôle, pour encourager la production et la consommation de produits fabriqués en
France.
Ceci dit, les notions de marques pays semblent être plus judicieuses à l’échelle
internationale. En France, pour les Français, les labels actuels sont déjà assez nombreux pour
25
HATCHUEL Armand, (27 mars 2012), « Les pays sont-ils une marque ? », Le Monde Economie.
22
semer le doute et la confusion au sein des consommateurs sans ajouter une énième
appellation.
La fabrication en France représente un vivier d’opportunités : pour les entreprises,
pour les industries, pour les institutions et pour les consommateurs. C’est un sujet d’actualité
qui concerne tout le monde. Les consommateurs témoignent un intérêt de plus en plus
important pour les produits fabriqués en France. Les entreprises commencent à percevoir les
avantages de produire en France, autant au niveau de l’image de marque que de la réduction
des coûts de transport par exemple. L’Etat, pour finir, se penche sur la question et encourage
les relocalisations. Depuis juillet 2010, les pouvoirs publics ont ainsi mis en place une Aide à
la ré-industrialisation26
(ARI) qui finance des projets d’investissements sur le territoire
français par le biais d’avances remboursables.
26
GLESS Etienne, Dossier : « Vive le nouveau Made in France ! », L’Entreprise N°310, page 45 - avril 2012.
23
METHODOLOGIE DU MEMOIRE
La revue de littérature a permis dans une première partie de définir le rôle de la
marque, quels sont les enjeux de la gestion de marque et à quel point la relation entre la
marque et ses consommateurs est importante. Au moment de la décision d’achat, en dehors
des facteurs rationnels de prix, qualité etc., la marque (et toute la dimension symbolique qui
l’entoure, dont l’origine) a un impact sur le choix du consommateur.
La deuxième partie a permis de recenser les labels existants sur l’origine française des
produits. On remarque que déjà cinq labels cohabitent, chacun certifiant une production plus
ou moins française. A la vue de cette liste, on peut se poser plusieurs questions : est-ce que
tous ces labels sont connus des Français ? Est-ce que les consommateurs savent les
identifier et les définir? Est-ce que les consommateurs connaissent la différence entre ces
labels ? La multiplicité des labels n’entraîne-t-elle pas de la confusion…
Dans la troisième partie, plusieurs études ont permis de mettre en exergue l’intérêt
croissant des Français pour l’origine des produits qu’ils consomment. Le patriotisme
encouragé par plusieurs personnages politiques pour relancer la consommation et la
production française trouverait écho dans l’implication environnementale des Français. Que
ce soit pour limiter les coûts environnementaux de transport ou pour protéger l’emploi en
France, la question du « Made in France » semble intéresser les Français.
L’étude de documents a permis d’initier la réflexion sur la problématique suivante :
« Est-ce que l’estampillé français représente une valeur ajoutée pour la marque et
pour les consommateurs ? »
La réflexion va maintenant s’orienter vers la vérification de deux hypothèses :
1. La labellisation française des produits représente une valeur ajoutée pour la marque
2. Est-ce que la certification de l’origine française est reconnue et appréciée par les
consommateurs français aujourd’hui ?
Nous avons mené une étude qualitative auprès de professionnels représentants les
marques afin de vérifier la validité de la première hypothèse, tandis qu’une étude quantitative
a été réalisée du côté des consommateurs pour vérifier la validité de la deuxième hypothèse.
24
I. Vérification de la première hypothèse : « Est-ce que le fait qu’un produit soit
labellisé français représente une valeur ajoutée pour la marque ? »
L’étude qualitative a été privilégiée auprès des professionnels afin d’explorer au
mieux le sujet du fabriqué en France et de recueillir des informations utiles. L’objectif était de
comprendre les vraies idées, motivations, convictions et appréhensions au sujet du « labellisé
français » du point de vue des entreprises et des marques.
Pour vérifier la première hypothèse (« la labellisation française des produits représente
une valeur ajoutée pour la marque »), la technique de l’entretien individuel a été utilisée. Il
s’agissait d’entretiens semi-directifs durant lesquels des questions ouvertes étaient posées à
des professionnels, tout en leur laissant beaucoup de liberté pour les laisser s’exprimer et aller
au fond de leur pensée.
En raison de plusieurs soucis techniques (de localisation et d’emploi du temps) les
entretiens n’ont pas pu s’organiser en face à face mais par téléphone. Ce mode d’entretien a
tout de même laissé aux intervenants la liberté d’exprimer pleinement leur opinion.
Le but de ces entretiens semi-directifs était de créer un dialogue et de faire sortir les
personnes interrogées du « politiquement correct » pour obtenir de vraies réponses (par
rapport à leur point de vue, leur vision) et d’obtenir des informations « profondes ».
Afin d’obtenir des résultats intéressants et constructifs, nous avons souhaité
interroger27
un représentant d’une marque qui communique sur le « Made in France » (Sophie
Glemet, Responsable de communication chez Toyota France, pour parler de la Toyota Yaris)
et un responsable d’une association de marques françaises (Fabienne Butin, Directrice
Générale de l’annuaire « Madine France » du site www.madine-france.fr).
II. Vérification de la deuxième hypothèse : « Est-ce que la certification de l’origine
française est reconnue et appréciée par les consommateurs français aujourd’hui ? »
L’étude quantitative a été privilégiée auprès des consommateurs afin de prendre la
température de l’opinion publique. Cette technique permet d’obtenir un indicateur sur un
concept, en l’occurrence sur l’ « estampillé français ».
Un questionnaire composé de quinze questions a été mis en ligne sur internet
(questionnaire auto-administré où le répondant coche ou remplit des cases) et relayé
27
Guide d’entretien et retranscription des entretiens à trouver dans les Annexes.
25
notamment via les réseaux sociaux Twitter et Facebook. Ce mode d’administration permet
d’obtenir rapidement des réponses et à plus grande échelle que par administration plus
traditionnelle. Internet permet en effet de toucher un plus grand nombre de personnes
d’horizons variés, en un minimum de temps.
Le questionnaire a ainsi été soumis à 146 personnes de nationalité française, âgées de
18 à 77 ans, entre le 20 et le 26 avril 2012. Cet échantillon d’analyse est un échantillon de
convenance : ont répondu les personnes disponibles et motivées pour répondre au
questionnaire, une fois que celui-ci était à leur disposition.
Les résultats de cette étude terrain quantitative permettent de faire une analyse réaliste
du ressenti des consommateurs français vis-à-vis du « Fabriqué en France » au sens large
puisque les répondants étaient tous de nationalité française. En effet, l’hypothèse à vérifier par
ce questionnaire était « la certification de l’origine française est reconnue et appréciée par les
consommateurs Français ».
La première partie du questionnaire vise à connaître les fréquences d’achat et les
motivations d’achat des consommateurs français. Il était tout d’abord important de savoir si
on avait à faire à un interlocuteur responsable des achats dans son foyer ou à un acheteur
ponctuel. Les motivations et les raisons d’acheter ne sont pas les mêmes dans ces deux cas de
figures, il semblait important de les étudier séparément.
La suite du questionnaire introduisait alors la notion de l’origine des produits achetés,
pour entrer subtilement dans le sujet du « Fabriqué en France ». L’objectif de ces questions
était de savoir si les consommateurs français s’intéressent à l’origine des produits qu’ils
consomment (particulièrement à l’origine française) et de savoir s’ils étaient prêts à payer plus
cher pour consommer Français (et si oui à quelle hauteur). La question « Est-ce que vous
pensez que ce qui est français est de meilleure qualité ? » avait pour but de faire réagir le
répondant et d’envisager la réponse à la première partie de l’hypothèse, à savoir si l’origine
française était appréciée par les consommateurs français.
Enfin, le répondant était directement questionné sur sa connaissance des labels et
certifications d’origine française des produits, afin de vérifier la partie de l’hypothèse sur la
reconnaissance de l’origine française des produits.
Pour finir, le répondant était invité à développer ses idées et ses réponses dans une
question ouverte à toutes remarques, avant de préciser sa situation psycho-démographiques
(âge, sexe, catégorie socio-professionnelle…). Les quelques remarques obtenues en fin de
questionnaire permettent d’illustrer les premières réponses.
26
ANALYSE ET RESULTATS
HYPOTHESE 1
La labellisation française des produits représente une valeur ajoutée pour
la marque
Cette première hypothèse visait à étudier, du côté des entreprises et des marques, ce
que produire en France et revendiquer cette origine pouvait apporter.
1. La ré-industrialisation française : un phénomène d’actualité
Le made in France a été un des grands thèmes de la campagne présidentielle de 2012 ;
cela a permis de mettre en avant la question de l’industrialisation française.
Comme tout pays développé, la France a connu dans les années 1980 un phénomène
de désindustrialisation qui s’est traduit par de nombreuses délocalisations dans des pays en
développement. Le concept était assez simple : on déplaçait une usine française dans un pays
moins développé (comme la Chine, l’Inde ou dans un pays du Maghreb par exemple) pour
économiser sur les coûts salariaux. En effet dans ces pays où le salaire était nettement moins
élevé qu’en France, les entreprises faisaient des économies. En France, ces délocalisations, à
priori avantageuses pour les entreprises se traduisaient surtout par des suppressions d’emploi.
Délocaliser son usine représentait finalement un risque majeur : celui d’abîmer son image de
marque. Effectivement, une délocalisation contestée et médiatisée peut nuire à l’image de la
marque et faire perdre de l’argent à une entreprise. Ce serait un comble puisque le but de la
délocalisation est la rentabilité, donc le gain d’argent.
Depuis quelques années, probablement en lien avec la situation économique difficile
dans laquelle nous nous trouvons, les Français sont en demande de proximité et de produits
locaux ou nationaux. La tendance n’est plus à la délocalisation mais à la ré-industrialisation
de la France. De ce fait, des entreprises qui étaient parties chercher des avantages comparatifs
de coûts dans des pays émergents reviennent produire en France. Par exemple, Rossignol (le
fabricant français de ski) a relocalisé son activité en France, à Sallanches, après plusieurs
années de délocalisation en Asie. Ceci a pu être possible grâce à une aide financière de l’Etat
(ARI : aide à la ré-industrialisation) qui encourage les entreprises à revenir et/ou rester
produire en France.
27
2. Qu’est ce qui fait revenir les entreprises en France ?
On se doute que l’aide financière de l’Etat n’est pas la seule raison du retour des
usines en France. Lorsque l’on creuse la question, on se rend compte qu’il y a plusieurs
motivations derrière cette ré-industrialisation.
Tout d’abord, les charges salariales autrefois beaucoup moins élevées dans les pays en
développement sont en train de se rapprocher des charges salariales françaises. Certes, le
salaire moyen en France est toujours plus élevé que celui en Chine ; mais lorsque l’on regarde
les coûts de transports et autres coûts annexes liés à une production à l’autre bout du monde,
le bénéfice final dégagé n’est plus le même qu’autrefois. L’augmentation des salaires en
Chine et en Inde notamment, a déjà mené à un déplacement des délocalisations : maintenant
les industries françaises déplacent leurs usines en Europe de l’Est. Elles y font toujours des
économies sur les charges salariales en payant les ouvriers moins qu’en France et ces pays
sont plus proches de la France ce qui permet de les contrôler plus facilement, de réduire les
délais de livraison et de réduire les coûts de transport.
Cependant, ce phénomène n’explique pas pourquoi les entreprises ont intérêt à
produire en France… Et si la vraie raison de ce retour était la demande des consommateurs ?
Le but de toute entreprise est lucratif : gagner de l’argent, c'est-à-dire vendre. Mais pour
vendre, il faut être acheté. Donc qui a le pouvoir ? C’est le consommateur !
De nos jours, le consommateur a un rôle de plus en plus important dans la gestion des
entreprises. Il a toujours eut un rôle majeur puisque c’est lui qui achète, mais il prend plus
d’importance aujourd’hui puisqu’il participe carrément à la gestion de la marque. Grâce à
internet, le consommateur est le porte parole de l’entreprise : il donne son avis, critique, fait la
promotion, etc. Nous sommes dans l’ère du participatif, de la collaboration entre l’entreprise
et ses clients. La relation entre les deux est très importante et les entreprises se doivent de la
choyer.
On peut imaginer que, pour répondre aux attentes des consommateurs (et pour des
raisons économiques), certaines entreprises décident de faire revenir leur production
industrielle en France. Cette relocalisation s’accompagne logiquement de communication.
Revenir produire en France, c’est bien ; le faire savoir auprès des potentiels consommateurs,
c’est mieux ! Un bon moyen de communiquer sur la production française est l’attribution d’un
label qui certifie l’origine des produits (ce point sera développé ultérieurement). Il y a un
intérêt à communiquer sur le « made in France » si cela signifie quelque chose d’intéressant…
28
3. La France est garante d’une certaine plus-value
On parle de patriotisme économique et de « consommer français » mais au final, ce
qui importe, c’est surtout de produire en France parce que c’est cette production qui créé des
emplois et c’est cette production qui porte les valeurs françaises sur lesquelles l’entreprise
peut communiquer. Les entreprises françaises sont encouragées par l’Etat à maintenir leur
production sur le territoire national, mais il ne faut pas oublier que les entreprises étrangères
sont aussi les bienvenues : elles créent elles aussi de l’emploi.
Pour une entreprise, produire en France permet d’exprimer des valeurs symboliques et
idéologiques qui représentent la marque et qui sont associées à l’image de la France. Ce pays
renvoie une image de luxe, de bon-goût, de savoir-faire, de noblesse, de style… On associe
souvent la France à la mode, à la gastronomie et aux droits de l’homme. La France représente
une multitude d’images et d’idées ; on parle souvent de « French touch ». Ce sont autant de
valeurs ajoutées incarnées par la France qui peuvent être revendiquées et appropriées par une
marque qui produit en France.
Sophie Glemet, responsable de communication institutionnelle chez Toyota France28
,
rappelle que le savoir-faire industriel français est reconnu dans le monde entier. On parle
souvent du savoir-faire allemand, notamment dans l’automobile, mais les qualités françaises
sont tout autant appréciées. Une entreprise qui communique sur sa production française ne fait
pas que défendre une nationalité : elle revendique de façon intrinsèque une qualité de
fabrication. C’est le cas de la « Toyota Yaris made in France ». Certes la marque est d’origine
japonaise, mais la Yaris est produite dans le Nord de la France, près de Valenciennes. En
décidant de communiquer sur le « made in France », Toyota a choisi de faire la promotion du
savoir-faire français (particulièrement celui du Nord de la France qui a déjà une bonne
réputation). C’est un discours positif qui ne veut pas trop pousser au protectionnisme
patriotique (sinon cela risquerait de nuire aux autres voitures de la marque). Toyota cherche
évidemment à vendre plus de voitures, mais il y a aussi un rôle à jouer en tant qu’acteur local.
La relation entre la marque et ses clients est très importante dans la société de consommation
actuelle et Toyota communique sur la « Yaris made in France » aussi pour rappeler que cette
marque japonaise créé des emplois en France : à Valenciennes, l’usine représente 4300
emplois !
Toyota n’est pas la seule marque étrangère qui a pris le parti de communiquer sur sa
production française. Il y a par exemple le géant américain McDonald’s qui a mis en avant
28
Annexe 2 – Interview de professionnel
29
l’origine française de ses produits (notamment ses viandes) et lancé le slogan « Born in the
USA, made in France ». En 2009, Coca-Cola rappelait que 95% des boissons vendues en
France sont fabriquées dans cinq sites de production du pays à travers la campagne signée
« Made in France, avec fierté »29
. Derrière ce genre de communication, l’entreprise
américaine se présente comme un acteur local qui crée des emplois, investit localement et ne
fait pas voyager ses produits depuis les Etats-Unis. Le made in France permet aux marques de
revendiquer des valeurs française (notamment en terme de qualité) et sert de garant de
l’investissement de l’entreprise dans le local. En effet, plus que des employeurs, les grandes
entreprises étrangères qui implantent leur production en France aident aussi au développement
des régions où elles s’installent. Par exemple Toyota, pour ancrer l’entreprise dans le local,
attribut un budget partenariat et mécénat local à chaque implantation d’un site de production.
Ce fut le cas à Valenciennes.
4. Comment les entreprises peuvent-elles prouver qu’elles produisent en France ?
Courant 2012, la Toyota Yaris devrait bénéficier du label « Origine France Garantie »
initié par Yves Jégo. Cela permettra à la marque d’appuyer son discours sur le « made in
France ».
Origine France Garantie est le dernier né des labels et certifications sur l’origine
française. L’Appellation d’Origine Contrôlée, l’Indication Géographique Protégée ou le Made
in France attestent aussi de l’origine française des produits à des degrés plus ou moins élevés.
Et le problème est là : quel est le label qui parle le plus au consommateur ? Le sticker de quel
label l’entreprise a-t-elle le plus d’intérêt à avoir sur ses produits ?
La multiplicité des labels entraîne une certaine confusion. En effet chaque label se
base sur des critères différents pour évaluer l’origine française des produits et au final le
consommateur ne sait plus si ce qui est « made in France » est en fait moins français que ce
qui est labellisé « Origine France Garantie ». L’important à retenir est qu’un produit labellisé
vaut toujours mieux qu’un produit sans label (à condition que ce ne soit pas la marque elle-
même qui s’autoproclame en créant son propre label… !).
En réponse à la demande de produits fabriqués en France et face à la confusion
entourant les labels, des annuaires rassemblant les entreprises qui fabriquent en France ont vu
le jour. Le premier portail annuaire de la fabrication française est le site internet Madine
France30
. Il a été créé afin d’offrir une liberté de choix aux consommateurs de consommer
29
Annexe 7 – Coca-cola « made in France » 30
www.madine-france.com
30
selon leurs convictions sociales et environnementales. « C’est une question de liberté. »
affirme Fabienne Butin, directrice générale de Madine France31
. Elle présente sa société
comme le premier site à mettre en contact les fabricants français et les consommateurs. Il aide
le consommateur en répondant à la question « Où acheter du made in France ? » et en
répondant ainsi à une préoccupation croissante de consommation responsable. Madine France
donne accès en quelques clics à plus de 2000 références de fabricants qui produisent en
France, tous secteurs d’activités confondus.
Les annuaires tels que Madine France permettent aux entreprises de se faire connaître
auprès des consommateurs et inversement, cela permet aux consommateurs de connaître les
entreprises qui produisent en France. Les annuaires ont finalement le même rôle que les
labels : ils vérifient et certifient la fabrication en France et servent de garants auprès du
consommateur.
Produire en France redevient intéressant pour les entreprises. Certaines l’ont bien
compris et n’hésitent plus à mettre en avant leurs produits labellisés français. Le « fabriqué en
France » a encore une belle réputation de savoir-faire et de qualité et permet aux entreprises
d’étendre leur champ symbolique. Une marque « made in France » sous entend des produits
de qualités, issus d’un savoir-faire reconnu, avec une certaine notion de style et de finesse.
Une entreprise qui produit en France bénéficie d’une image favorable de créateur d’emploi et
d’investisseur local. Enfin, une entreprise qui produit en France a plus de chances de créer une
relation positive avec les consommateurs français qu’une marque étrangère.
En bref, produire en France apporte une plus value à une entreprise. La fabrication
française des produits peut être l’élément différenciant qui va faire que les consommateurs
vont acheter ce produit plutôt qu’un autre pour des caractéristiques fonctionnelles
comparables. L’entreprise bénéficie d’une image de marque renforcée sur les plans de la
réputation, de la qualité et du relationnel. Produire en France et le revendiquer haut et fort,
c’est apporter une valeur ajoutée à son entreprise.
31
Annexe 3 – Interview de professionnel.
31
HYPOTHESE 2
La certification de l’origine française est reconnue et appréciée par les
consommateurs français
Cette deuxième hypothèse visait à étudier le rapport des consommateurs français vis-
à-vis des produits fabriqués en France. Deux approches étaient à explorer :
- Les Français sont-ils réellement en demande de produits fabriqués en France ?
- Est-ce qu’ils connaissent et reconnaissent les labels certifiant l’origine française ?
Pour vérifier cette hypothèse, une étude quantitative32
a été effectuée auprès d’un
échantillon de la population française par le biais d’un questionnaire. Les résultats obtenus
mettent en avant plusieurs idées.
1. L’origine est un critère d’achat de plus en plus déterminant
Les réponses33
au questionnaire rejoignent les résultats de grandes études organisées
par des instituts sérieux comme TNS Sofres ou le Credoc. On remarque que l’origine des
produits devient un critère de choix de plus en plus important aux yeux des consommateurs.
Le prix et la qualité restent toujours devant, en tant que critères essentiels d’achat, mais
l’origine est de plus en plus évoquée lors des sondages.
1 Français interrogé sur 2 déclare ainsi prêter une attention particulière à l’origine des
produits lorsqu’il effectue un achat.
Si on creuse un peu ce résultat, on constate que plus le consommateur est vieillissant,
plus l’origine des produits l’intéresse. 73% des 50-64 ans interrogés déclarent prêter une
attention particulière à l’origine des produits, contre seulement 43% des 18-29 ans. Cette
observation peut certainement s’expliquer par le facteur prix. Les « jeunes » de 18-29 ans sont
dans une période de leur vie où ils ne gagnent pas encore assez bien leur vie : ils sont
étudiants ou commencent juste à entrer dans la vie active. Le premier critère influençant
l’achat pour eux est le prix. Ils ont une réflexion peut être plus autocentrée que leurs aînés
parce qu’ils ont une vie à bâtir. Dans la catégorie des 50-64 ans, les personnes sont installées
dans leur vie et ont probablement un certain capital derrière elles. Elles n’ont plus vraiment
besoin de mettre de l’argent de côté pour construire leur avenir, elles sont plus mûres et elles
peuvent être plus proches de questionnements environnementaux, écologiques ou sociétaux.
32
Annexe 4 – Questionnaire 33
Annexe 5 – Résultats du questionnaire
32
Un autre constat est que les personnes vivant à la campagne semblent être plus
nombreuses (55,5%) à prêter attention à l’origine que les personnes qui vivent dans les
grandes villes (45,9%). On peut supposer que, pour les produits agricoles notamment, les
habitants des grandes villes sont conscients d’être obligés d’importer. Tant qu’à importer,
peut être qu’ils font moins attention à ce que cela vienne de loin ou de la région… Au
contraire à la campagne, il y a certainement une tradition de consommation locale.
Globalement, les consommateurs font plus attention à l’origine pour consommer local,
national ou au pire européen. Ils recherchent la proximité.
2. Intérêt des Français pour l’origine française
Lorsque l’on demande aux Français quelle importance ils accordent à l’origine
française des produits : 39% trouvent que c’est relativement à très important et 31,5% que
c’est plutôt important. On peut dire que 7 Français sur 10 accordent de l’importance à
l’origine française. En fait, l’origine française les rassure.
« Aujourd'hui on voit tellement de reportages sur les produits importés de Chine et
fabriqués dans des conditions déplorables que l'appellation « fabriqué en France » devient
nécessaire. C'est un gage de confiance et de garantie de qualité du produit. »34
Les consommateurs veulent avoir confiance en le produit qu’ils achètent et l’origine
française peut être garante de la qualité. La France représente un savoir-faire unique, un
artisanat en lequel les consommateurs ont confiance : c’est ce qu’ils lisent dans l’origine.
Les consommateurs français témoignent de leur intérêt pour l’origine française en
acceptant pour 56,8% d’entre eux de payer plus cher un produit parce qu’il a été produit en
France. Ce chiffre prouve que pour plus de la moitié des Français, la fabrication française
apporte une valeur supplémentaire au produit, une plus value qui mérite un prix plus élevé.
47% des personnes interrogées qui acceptent de payer plus cher pour un produit
français se disent prêtent à payer entre 5% et 15% plus cher par rapport à un produit similaire
produit à l’étranger !
« J'ai déjà fait des achats importants made in France malgré une différence de prix
importante et un délai plus important, c’était pour un canapé. Peut être que le comportement
est différent en fonction du type d'achat : je suis plus susceptible de mettre plus d'argent pour
34
Annexe 6 – Verbatim de consommateurs
33
payer le made in France pour un achat impactant, justement parce que ça m'inspire une
meilleure qualité. »
Ils sont 44,6% à ne pas vouloir payer plus de 5% plus cher. Ce qu’il faut comprendre,
c’est que le consommateur français veut bien faire un effort et payer un peu plus cher, mais il
faut tout de même que la différence de prix soit raisonnable et justifiée. Dans le questionnaire
effectué pour cette étude, les répondants ont choisi en majorité la réponse intermédiaire. On
peut en déduire qu’ils ne savent probablement pas exactement à quelle hauteur ils sont prêts à
payer un produit français plus cher. Ils considèrent que la fabrication française a une valeur,
elle représente un prix plus élevé qu’ils sont prêts à payer, mais il ne faut pas exagérer non
plus. Il faut que le produit français soit de bonne qualité, ça ne peut pas être bas de gamme.
Dans les commentaires des répondants au questionnaire, on voit ressortir une notion
liée à la consommation nationale. En fait, les français auraient tendance à favoriser les
produits fabriqués en France dans un souci écologique.
« Je m’intéresse à l'origine des produits pour des questions de distance : j'évite
d'acheter des produits venant de loin, quand je peux trouver le même provenant d'une région,
ou d'un pays plus proche. Mon choix n'est pas guidé par une préférence nationale mais par
un souci écologique. Je suis prête à payer plus cher un produit de meilleure qualité ou venant
de moins loin. »
« C'est surtout par rapport au bilan carbone des produits que je préfère les produits
français, d'ailleurs cela ne devrait pas être plus cher quand c'est français (nourriture). »
Ces témoignages évoquent une double notion : la consommation de produits français
est privilégiée à la fois pour des raisons écologiques (moins de transport donc moins de
pollution par émission de carbone) et pour des raisons de qualité (on retrouve ici l’idée du
savoir-faire français et probablement aussi que pour les produits comestibles par exemple,
moins ils sont transportés, meilleurs ils sont !).
Cet intérêt écologique a permis le développement des marques locales ou régionales.
On parle notamment de « Produit en Bretagne », « Made in Normandy » ou encore « Made in
Jura » qui rassurent les consommateurs en donnant une notion de proximité et de terroir.
3. Connaissance et confiance des Français envers les labels sur l’origine française
L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) est le label le plus connu des Français, juste
devant le « made in France » qui bénéficie d’une certaine notoriété par la simplicité de son
34
nom. L’AOC est une appellation typiquement française, c’est le label certifiant l’origine
française le plus ancien, il est donc logique que ce soit un label ancré dans les mœurs des
consommateurs français. Le label « made in France » est international, ce qui explique qu’il
soit connu d’un grand nombre de personnes.
Lorsque l’on demande quel label représente le mieux les produits fabriqués en France,
on retrouve logiquement l’AOC en tête des réponses, suivi de près par le « made in France ».
Les consommateurs ont raison : l’AOC est un très bon indicateur sur l’origine française des
produits. Par contre « le made in France » est de plus en plus critiqué et contesté.
« Le Made in France n'est pas garant d'une fabrication complète en France...
L'assemblage final est Made in France mais certains composants peuvent être d'une autre
origine... »
« J'ai appris que si l'on faisait fabriquer à l'étranger des pièces mais que
l'assemblage se faisait en France, on avait droit à une certaine reconnaissance du genre
« made in France » ou quelque chose de correspondant. Dans ces conditions là je ne permets
pas aux appellations de m'influencer puisque je ne suis pas sûr de leur valeur... »
En effet, le « made in France » peut être assez trompeur. Comme il est évoqué dans le
témoignage ci-dessus, il suffit qu’une partie de l’assemblage soit effectuée en France, à partir
de matériaux importés de l’étranger, pour bénéficier de l’appellation « made in France ». En
fait, il faut que 45% de la valeur du produit final soit produite sur le sol français. De plus, le
contrôle de ce critère n’est pas systématiquement fait. Certaines marques peuvent poser le
sticker « made in France » sans que cela ait été vérifié…
Le label Origine France Garantie, créé en 2009, est plus exigeant que le label « made
in France ». Il faut que plus de 50% de la valeur finale ait été produite en France et un audit
est réalisé tous les ans pour vérifier que les produits qui bénéficient de ce label répondent aux
critères de sélection.
Ce label souffre d’un manque de notoriété. Le label Origine France Garantie a été cité
2,3 fois moins que le « made in France » ou l’AOC lorsque l’on demande au consommateur
quels labels il connaît. Même parmi ceux qui connaissent ce label, ils sont moins de la moitié
à le juger « meilleur représentant des produits fabriqués en France ».
Il faut dire que l’arrivée d’un nouveau label sème plus le doute qu’il ne rassure les
consommateurs. A côté de l’AOC qui trouve sa légitimité dans son ancienneté ou du « made
in France » qui est connu mondialement et à côté des labels d’auto-proclamation de certaines
marques, le consommateur ne sait plus en qui avoir confiance…
35
« On s'y perd dans les appellations et ce n'est pas transparent, les marques utilisent le
marketing et les techniques publicitaires pour nous embrouiller. »
Les consommateurs français se méfient. Ils ont conscience que le 100% fabriqué en
France n’existe pas. Ils savent aussi que pour obtenir des appellations, les marques doivent
répondre à des critères plus ou moins stricts. Et c’est là qu’ils commencent à être un peu
perdus. Finalement quel label apporte le plus la certification d’une fabrication française ? Le
« 100% made in France » n’existe pas mais qui s’en approche le plus ?
On peut en partie valider l’hypothèse selon laquelle la certification de l’origine
française est reconnue et appréciée par les consommateurs français.
On a effectivement constaté l’intérêt de plus en plus exprimé des Français pour les
produits fabriqués en France. Il y a derrière cet intérêt grandissant l’expression de plusieurs
préoccupations :
- environnementales et écologiques : limiter les émissions de carbone en évitant le
transport de marchandises depuis l’autre bout du monde
- sociétales : en préservant les emplois en France
- de qualité : le savoir-faire industriel et l’artisanat français sont reconnus et appréciés
En ce qui concerne les labels, les Français n’ont pas vraiment confiance. Ils
connaissent plusieurs labels qui certifient la fabrication française, mais ils savent que ces
labels répondent à des cahiers des charges différents. Du coup, les consommateurs ne savent
plus auquel se fier.
Avant l’arrivée du label Origine France Garantie, plus de 9 Français sur 10 se
prononçaient en faveur d’un label encore plus strict que le « made in France ». Cela prouve
qu’il y a une attente de la part des consommateurs qui n’est pas encore satisfaite par les labels.
36
CONCLUSIONS
CONCLUSION
La fabrication française et sa revendication ont de beaux jours devant elles.
Du point de vue des entreprises, il y a pleins d’avantages à venir ou revenir produire
en France. Le sujet fait parti des préoccupations premières des Français, les pouvoirs publics
ont donc réagi en créant une aide à la ré-industrialisation en France qui permet aux entreprises
de bénéficier d’avances financières pour préserver ou relocaliser leur production sur le
territoire national. La campagne présidentielle de 2012 a permis de dépoussiérer le sujet et de
lui donner un coup d’accélérateur, d’autres projets sont actuellement au stade de la réflexion.
En dehors du critère financier, les entreprises ont plein de bonnes raisons de produire
en France. Le savoir-faire français est unique et permet de produire de la qualité, le tout
reconnu mondialement. Une entreprise française qui produit sur le territoire français peut
gérer sa production avec plus de flexibilité et ainsi répondre plus facilement à la demande des
consommateurs. Produire en France permet logiquement aux entreprises d’être plus proche de
leurs consommateurs et de pouvoir plus aisément choyer la relation qu’elles entretiennent
ceux-ci. La relation étant un fondement majeur de la gestion des marques de nos jours, c’est
un critère à ne pas négliger. En bref, l’entreprise qui produit en France y gagne en image de
marque, en qualité des produits et en amélioration de la gestion de la production.
Produire en France représente vraisemblablement une valeur ajoutée pour les marques
qui prennent parti de produire de la qualité de façon innovante et intelligente. Il ne s’agit pas
de faire un discours patriotique, mais de faire la différence par un savoir-faire et une idéologie
unique « à la française ».
Du côté des consommateurs français, les préoccupations qui les animent les
conduisent à s’intéresser de plus en plus sérieusement à l’origine des produits qu’ils achètent.
Traditionnellement, le Français est naturellement un peu chauvin, or l’intérêt grandissant des
Français pour le « fabriqué en France » ne découle pas d’une idée purement patriotique. Les
Français s’intéressent au « made in France » pour plusieurs raisons :
Selon eux, l’industrie française appartient au patrimoine historique et il faut la
préserver. A travers leur consommation de produits fabriqués en France, les Français espèrent
préserver l’industrie française et surtout les emplois que cela représente. Le lien entre
37
l’industrie et les citoyens est fort, que ce soit à travers les investissements que peut faire une
entreprise dans la région où elle est implantée, ou à travers les emplois qu’elle créé.
Les Français croient aussi beaucoup en leur industrie en ce qui concerne la qualité. Le
savoir-faire français est reconnu dans le monde entier. En France, on reconnaît aussi cette
capacité à faire du travail de qualité, mais on estime surtout que ce qui est fait en France est
de meilleure qualité que ce qui est fait dans des conditions douteuses dans les pays en
développement. Une autre raison d’acheter français est donc la qualité.
En France, l’environnement est une préoccupation très ancrée. On constate que les
Français s’intéressent au « made in France » pour des raisons écologiques. Beaucoup de
consommateurs déclarent favoriser la consommation de proximité parce qu’ils savent d’où ça
vient et dans quelles conditions cela a été fabriqué. De plus, ils préfèrent consommer les
produits de la région pour limiter l’impact de leur consommation sur l’environnement. En
évitant de consommer des produits importés, ils limitent leur empreinte carbone et ont le
sentiment de préserver l’environnement. L’argument écologique vient renforcer l’origine dans
le choix d’acheter ou non un produit.
Acheter français apporte plusieurs bénéfices, les consommateurs français apprécient le
« made in France » et s’orientent de plus en plus vers une consommation dite « patriotique ».
La preuve de la plus value portée par le « made in France » est que les consommateurs
français sont prêts à payer plus cher un produit fabriqué en France par rapport à un produit
aux caractéristiques comparables produit à l’étranger.
Produire en France représente une valeur ajoutée pour les entreprises et les Français
apprécient d’acheter français. Le problème se trouve dans le lien de l’un vers l’autre. Les
consommateurs français ont du mal à trouver des entreprises qui produisent réellement en
France : même s’ils connaissent des labels qui certifient de l’origine française, ils s’en
méfient. Le « made in France » par exemple est de plus en plus critiqué parce que le cahier
des charges à respecter pour bénéficier de ce label n’est pas assez strict sur la notion de
« fabriqué en France ». Le nouveau label « Origine France Garantie » est plus strict dans la
définition de ce qui est de fabrication française, mais il a du mal à se faire connaître et ne
semble pas légitime aux yeux des Français…
Cette étude nous a permis de constater que fabriquer en France redevient tendance : les
entreprises et les consommateurs y trouvent leur compte. L’enjeu pour les pouvoirs publics ou
pour les institutions en charge sera de trouver un moyen de certifier de l’origine des produits
de façon plus claire, avec une meilleure traçabilité du circuit de fabrication.
38
LIMITES & NOUVELLES PISTES…
Les résultats qui découlent de cette étude sont à nuancer.
Le questionnaire n’a pas été complété par un échantillon assez large pour représenter
de façon correcte la population française. Une étude à plus grande échelle aurait permis
d’avoir de meilleurs résultats et de tirer des conclusions plus justes. Ce devoir de recherche a
été fait dans la limite des capacités d’une seule personne qui n’a évidemment pas les mêmes
ressources que des instituts d’études professionnels.
Même si le « 100% made in France » est rare, il existe : on peut trouver des
producteurs 100% français dont les matières premières, le processus de fabrication et la
finition se font en France. Il aurait été intéressant de rencontrer un producteur de « 100%
made in France » pour discuter avec lui de ses motivations et des difficultés que l’on
rencontre en voulant produire français. L’obtention du label « Origine France Garantie » par
exemple s’avère être payante. Une petite entreprise française qui essaie de se battre pour
produire de façon exclusivement française n’a pas forcément les moyens de payer pour
obtenir un label. Certes, il reste les annuaires de producteurs français sur internet, comme
Madine France, mais cela procure une visibilité moins impactante par rapport à un label
institutionnel et les consommateurs n’ont pas encore le réflexe de consulter ces annuaires.
Enfin, il serait intéressant de rencontrer une personne représentant les pouvoirs publics
pour nous expliquer quels sont les bénéfices du retour des industries en France pour l’Etat. Ce
point n’a pas été développé dans ce travail de recherche, mais l’Etat a évidemment des
avantages à faire réindustrialiser le pays et à aider le financement de ces retours sur le
territoire. En outre de la valeur ajoutée que cela apporte aux entreprises et aux
consommateurs, il serait intéressant d’étudier ce que le « made in France » rapporte à l’Etat.
39
RECOMMANDATIONS
Cette dernière partie permet, en se basant sur les résultats de ce devoir de recherche,
de faire des propositions aux entreprises, aux professionnels de la communication, aux
pouvoirs publics et aux consommateurs sur l’attitude à suivre ou les virages à prendre…
POUR LES ENTREPRISES
Pour que le « made in France » soit rentable, il faut produire de la qualité, du haut de
gamme. Une entreprise qui revendiquerait la fabrication française en proposant des produits
bas de gamme serait en contradiction avec elle-même. L’image de la France n’a aucun intérêt
à être associée à du bas de gamme, ce serait incohérent.
Le « made in France » est porteur de valeurs : il ne vaut plus rien sans innovation,
qualité ou originalité. La relocalisation de Rossignol en France, par exemple, s’est
accompagnée d’innovations techniques avec la mise en place de nouvelles machines dans la
chaîne de production. Sans cette innovation technique, le retour de la production en France
n’aurait pas eu d’intérêt.
POUR LES PROFESSIONNELS DE LA COMMUNICATION
Le discours des marques doit toujours être positif en ce qui concerne le « made in
France ». Il ne s’agit pas de promouvoir le protectionnisme économique ou le patriotisme
mais de mettre à l’honneur le savoir-faire français et se féliciter de protéger ou créer des
emplois. Le discours ne doit pas avoir de penchant politique mais diffuser l’idée d’un
business raisonnable et intelligent qui profite à tout le monde (à l’entreprise, aux
consommateurs, à l’environnement, aux citoyens, etc.).
En fin de compte, l’engagement citoyen, la protection de l’environnement,
l’investissement dans la vie locale, la promotion du savoir-faire français… peuvent être
réunies de manière intelligente dans l’argument d’origine française.
Il faut éviter l’auto-proclamation et l’auto-attribution de labels. Un « made in France »
utilisé abusivement peut faire plus de mal que de bien. On peut comparer ce procédé au
greenwashing : quand les entreprises « verdissent » un peu trop leur communication en se
revendiquant écologistes alors qu’elles ne le sont pas vraiment. Si trop de marques se
40
revendiquent « made in France », cela peut nuire à la crédibilité du label et, in fine, à la
crédibilité des marques.
POUR LES POUVOIRS PUBLICS
L’Etat devrait réfléchir à une harmonisation des labels. Le label « Origine France
Garantie » est très récent et il a du mal à trouver sa place. On ne sait pas s’il arrivera à
installer sa légitimité, notamment parce que son nom n’est guère plus évocateur que le « made
in France »… Pourquoi ne pas envisager la mise en place d’un indice de fabrication française
qui exprimerait pour tous les produits leur pourcentage de fabrication sur le sol français ?
On a effectivement constaté que les consommateurs français se méfient de plus en plus
des labels. Ils aimeraient plus de transparence dans l’attribution des labels, avec notamment
des critères de sélection et de validation moins flous. Les consommateurs sont intéressés par
une meilleure traçabilité des produits, pour mieux en connaître l’origine. Même s’il est
quasiment impossible de trouver des produits 100% français, avoir une indication sur le
pourcentage de valeur fabriquée en France sur chaque produit pourrait être intéressante et
pourrait rassurer les consommateurs.
QUELQUES CONSEILS POUR LES CONSOMMATEURS…
Les consommateurs doivent prendre conscience du rôle qu’ils ont à jouer sur
l’économie, l’emploi et l’environnement. Ils doivent se donner les moyens d’avoir une
consommation réfléchie en se renseignant sur les produits qu’ils consomment, notamment sur
leur origine. C’est une question de liberté : avoir accès à un maximum d’informations sur les
produits donnent aux consommateurs la liberté de choisir.
Pour en savoir plus il suffit parfois de lire l’étiquette ou de trouver le sticker d’un
label. Autrement, les consommateurs qui veulent consommer français peuvent trouver
facilement (en quelques clics sur internet) un annuaire qui recense les entreprises qui
produisent en France (comme le site www.madine-france.com). Avoir une consommation
réfléchie est finalement surtout une affaire de volonté.
41
ANNEXES
42
Annexe 1 – Guide d’entretien
Un guide d’entretien basique a été préparé en amont des rendez-vous avec des
professionnels qui ont un lien avec le « Made in France ». L’objectif des entretiens était
évidemment de savoir si, du côté des marques, l’estampillé français apportait une plus value
et de savoir s’ils avaient constater une évolution dans la demande des consommateurs.
Le guide d’entretien, initialement identique pour tous les professionnels, a par la suite
été adapté à chacun selon le poste occupé et en fonction des réponses délivrées.
Le guide d’entretien de base était le suivant :
Est-ce que vous pouvez me parler de votre rôle dans l’univers de l’ « estampillé français » ?
- Racontez la naissance de votre association/marque/label ?
- Quels sont les enjeux/objectifs de votre association/marque/label ?
- Selon vous, quelles sont les attentes des consommateurs sur le sujet de l’ « estampillé
français » ?
- Est-ce que vous observez une tendance au patriotisme économique ? Le « fabriqué en
France » fonctionne-t-il ? Les gens sont-ils intéressés ?
- Selon vous, est-ce que la fabrication en France apporte une valeur ajoutée aux
entreprises ?
Les retranscriptions des interviews se trouvent dans la suite : Annexes 2 et 3.
43
Annexe 2 - Interview de professionnel (1/2)
Entretien avec Sophie Glemet
Responsable Relations et Communications Institutionnelles Toyota France
Pouvez-vous me présenter votre marque ?
Jusqu’à l’année dernière, Toyota était le premier groupe automobile mondial. C’était
le troisième constructeur en 2011. Toyota distribue dans tous les marchés automobiles :
européen, américain, émergent…
Ce qu’il faut savoir, c’est que Toyota produit des voitures là où on les commercialise.
Avant on parlait de voitures mondiales, produites en Asie et vendues partout dans le monde.
Maintenant, on parle de « glocalisation » : les voitures sont produites localement, au plus près
de leur lieu de vente.
Jusqu’aux années 2000, le protectionnisme Européen se traduisait par des quotas
automobiles. Pas plus de 3% d’importations de véhicules japonais étaient autorisées.
En 1992, une première usine Toyota a ouvert en Grande Bretagne.
En 1997, le groupe Japonais recherchait des sites de production pour une petite
voiture : la Yaris. Le site de Valenciennes, bien placé en logistique et où le savoir-faire du
Nord de la France est reconnu, a été choisi.
2001 : Ouverture de l’usine Toyota Motor Manufacturing France.
La première Yaris est sorti de l’usine en juin 2001.
Tout a été fait pour que la Toyota Yaris soit le plus possible ancrée dans la société
française, en particulier dans la communauté Valenciennoise. Un motto des dirigeants de
l’entreprise Toyota est qu’ « on ne peut produire localement que si on est accueilli ».
Autrement dit, on ne peut produire localement que si l’implantation se passe bien. Cette année
là, des accords politiques ont permis à l’entreprise de s’ancrer dans le paysage de
Valenciennes. Jacques Chirac créa l’année du Japon en France et un sous-préfet fut même
dédié aux investissements de Toyota parce que cela représentait beaucoup d’embauches et
d’investissements.
Puisque désormais on pouvait produire en Europe, les 100 coordinateurs Japonais
laissèrent la place aux « locaux » à Valenciennes. Le site fut dès lors dirigé par des Français.
44
Depuis combien de temps Toyota communique-t-il sur la Yaris Made in France ?
On communique explicitement sur la Yaris Made in France depuis 3 ans. Il faut savoir
qu’on communique sur le « made in France » pas seulement en France. On parle toujours du
savoir-faire allemand, mais le savoir-faire français aussi est reconnu dans le monde. Comme
on produit en France, on a décidé de communiquer sur ce savoir-faire là, en sous-entendant le
savoir-faire européen.
Donc cette communication sur le « made in France » n’est pas vraiment liée à
l’actualité ?
Non. En fait, le protectionnisme est à la mode en France depuis qu’on est entré en
période d’élections présidentielles cette année. Mais nous avions commencé à communiquer
sur le « made in France » depuis plusieurs années. Et il faut préciser que la communication de
Toyota sur le « made in France » a une portée plus positive de promotion du savoir-faire
français plutôt qu’une défense du protectionnisme patriotique.
On peut quand même dire que votre axe de communication fonctionne bien avec
l’actualité ?
Oui. D’ailleurs, Yves Jégo, député Pro-France, a travaillé à la demande du Président
de la République sur un label « Origine France Garantie » dont vous avez dû entendre parler.
Il a contacté Toyota pour nous demander de faire partie des références du label, dans la
catégorie des constructeurs automobiles. Il voulait développer une annexe pour représenter les
grands pans de l’industrie française, dont l’automobile fait partie.
Yves Jégo voulait construire un label qui explique au client ce qu’il achète, le label
« Origine France Garantie » est donc attribué aux produits dont au moins 50% de la Valeur
Ajoutée a été produite en France. Le but de ce label rejoint l’objectif de notre communication
sur le « made in France » : ce n’est pas pour écarter les autres consommations, mais pour
avoir une réflexion positive et encourager le savoir-faire Français.
Comme on nous veut comme référence dans cette annexe, on va pouvoir
communiquer sur ce label dès qu’on l’aura obtenu. C’est une sorte d’opportunisme de la part
de Toyota, mais c’est dans la continuité de notre stratégie de communication. Pouvoir
communiquer sur l’obtention du label officiel de « Origine France Garantie » rajoutera de la
légitimité à la Toyota Yaris Made in France. Cela permet d’appuyer l’axe de communication
défendu depuis plusieurs années.
45
Au départ, pourquoi avez-vous décidé de communiquer sur le « made in France » ?
Nous avons fait des sondages et des enquêtes d’opinion, et il s’avère que l’automobile
est le deuxième acte d’achat le plus important après l’immobilier.
Le « made in France » faisait déjà partie de la communication corporate de Toyota. A
Valenciennes, la Yaris représente 4300 emplois. Comme dit précédemment, pour s’implanter
et vendre quelque part, il faut être les bienvenus. Tout le monde à Valenciennes a bien pris
soin de la bonne implantation de l’entreprise. Les Japonais parlent d’implantation semi-
éternelle : ils envisagent les choses sur du très long terme. A chaque implantation d’un site
Toyota, un budget partenariat et mécénat local est attribué pour ancrer l’entreprise dans le
local. C’est vraiment un point très important dans la culture et la stratégie du groupe Japonais.
Le choix de communiquer sur le « made in France » s’est fait logiquement. Le
message est positif, la démarche reste raisonnable et ne doit pas être reprise politiquement.
Toyota veut évidemment vendre plus de voiture, mais il y a aussi un rôle à jouer en tant
qu’acteur local. Toyota veut mettre en avant le savoir-faire français (particulièrement celui du
Nord de la France). L’idée est de faire du business raisonnable et intelligent, sans trop aller
vers le protectionnisme. Toyota communique sur la Yaris comme étant « made in France »
parce que c’est vrai : cette voiture est produite sur le site de Valenciennes où l’entreprise est
bien implantée, où cela représente de l’emploi et où cela défend le savoir-faire de l’industrie
française.
46
Annexe 3 - Interview de professionnel (2/2)
Entretien avec Fabienne Butin
Directrice Générale de Madine France, premier annuaire de la fabrication française.
Pouvez-vous me présenter votre société Madine France ?
Madine France rassemble dans un annuaire toutes les entreprises qui fabriquent en
France, tous secteurs d’activités confondus afin de valoriser le savoir-faire « made in France »
et d’établir des liens entre les fabricants et les consommateurs souhaitant consommer selon
leurs convictions sociales et environnementales.
Quel est son but ?
L’idée est de rassembler toute la fabrication française pour mettre le « made in
France » à la portée de tous. C’est une question de liberté de choix. Madine-France.com est le
premier site à mettre en contact fabricants français et consommateurs. Il répond à la
préoccupation de particuliers ou professionnels, consommateurs responsables à la recherche
de produits de fabrication française, soucieux de leur environnement, acteurs du
développement durable, solidaires envers les salariés, pensant à tort que la France ne produit
plus rien ou presque et qui se posent la question : Où acheter du « made in France » et quoi ?
Le portail annuaire www.madine-france.com informe sur les produits fabriqués en
France par des entreprises de toutes nationalités, et en un clic dirige le consommateur,
professionnel ou particulier, vers l’entreprise fabricante pour un achat en ligne ou via la liste
des points de vente à proximité des internautes.
Comment les entreprises et les consommateurs entrent-ils en contact avec votre société ?
Beaucoup d’entreprises me contactent directement parce qu’elles souhaitent
communiquer sur l’argument du « made in France » et c’est en faisant des recherches sur le
Web qu’elles trouvent www.madine-france.com en première position sur Google.
Il se passe la même chose pour les consommateurs en quête du « made in France » : ils
lancent une recherche sur le net et nous trouvent facilement. L’intérêt des médias et les
retombées aident aussi Madine France à se faire connaître.
47
D'où vous est venu l'idée de créer Madine France ?
Bien avant la création de Madine France en 2009, j’avais pris conscience du rôle que
je pouvais jouer, en tant que consommatrice, sur l’économie, l’emploi, et l’environnement.
Lorsque j’ai lancé mes recherches pour consommer « made in France », j’ai été très surprise
de constater qu’aucun « outil » ne permettait aux consommateurs d’entrer en contact direct
avec la fabrication française. J’ai constaté qu’il n’était pas facile, voire impossible de
consommer « made in France ». Il existe bien des unions, des fédérations, des syndicats, des
sites, des annuaires, dédiés à certains secteurs d’activités mais aucun ne spécifie la
fabrication française qui est souvent confondue avec des entreprises françaises, agissant
simplement en distributeurs. Ce cloisonnement et ce référencement imprécis ne facilitent pas
les recherches. De plus l’étiquetage est fantaisiste, sans règle cohérente, voire inexistant.
J’en ai déduit que le consommateur n’avait aucune liberté pour acheter selon ses convictions
et agir sur l’économie, l’emploi et l’environnement. Cela m’a paru contraire à la démocratie.
J’ai donc décidé de regrouper tout ce « petit monde » de la fabrication française sous la
forme d’un annuaire, un site des achats « made in France ».
Est-ce que votre annuaire "Madine France" se porte bien ?
Avec plus de 450 catégories et sous-catégories (liste non figée), plus de 2000
fabricants sont référencés, Madine France est le seul outil donnant accès, en un clic, à la
fabrication française, tous secteurs d’activité confondus et s’adressant aussi bien aux
particuliers qu’aux professionnels.
Madine France évolue très rapidement, sa crédibilité se forge sur sa cohérence. Elle
affiche sa transparence. La réglementation actuelle ne permet pas aux consommateurs d’avoir
une information claire et précise. J’ai donc suivi ma ligne de conduite sans m’éloigner de mon
objectif tout en m’adaptant, pour ne surtout pas me disperser. La confiance que m’ont accordé
les fabricants français m’a permis de refondre le site pour proposer une version très
performante, unique en son genre.
Sans oublier que l’excellente position sur Google me permet de me positionner en leader !
Quelles sont les attentes des français au sujet du « made in France » ?
Je pense qu’ils ont bien compris le rôle qu’ils pouvaient jouer sur l’économie, l’emploi
et l’environnement. Ils cherchent à être informés de la manière la plus juste possible. Ils
apprécient la qualité des produits « made in France », la durée de vie plus longue de ceux-ci,
le fait qu’ils produisent moins de déchets et, au bout du compte, ils aiment faire des
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économies en consommant moins mais mieux. Ils ont également la satisfaction d’avoir le
sentiment de préserver l’avenir de leurs enfants mais aussi de respecter les populations
surexploitées qui produisent pour les occidentaux. Ils prennent conscience des dégâts de la
surconsommation des pays riches sur les populations les plus vulnérables au niveau de
l’environnement (le transport incessant des marchandises de mauvaise qualité leur paraît
absurde) mais aussi au niveau humain.
Peut-on dire que l’intérêt des Français pour le « made in France » est très lié à l’intérêt
écologique ?
Oui ! On revient à ce que j’expliquais sur les achats respectueux de l’environnement
pour le bien-être de la planète toute entière.
Nous nous trouvons néanmoins confrontés à la toute puissance du pouvoir
économique qui fait fortune grâce à tous ces produits d’importation et qui voit certainement
d’un mauvais œil la prise de conscience des consommateurs. Ce pouvoir entretien l’idée que
le « made in France » est cher et peu accessible pour les consommateurs. Comme si les
consommateurs n’étaient issus que des publics défavorisés ! Bien sûr ce sont eux qui achètent
le plus les produits bas de gamme d’importation mais ils ne sont pas les seuls à consommer. Il
y a tous les autres, ceux qui gagnent bien leur vie et heureusement pour notre pays ils sont
tout de même assez nombreux. Ceux qui le peuvent doivent pouvoir trouver un produit
« made in France » s’ils le souhaitent. C’est une question de liberté.
Du côté des entreprises, cela représente une valeur ajoutée de produire en France ?
Le « made in France » a encore une belle réputation de savoir-faire et de qualité,
certaines entreprises ont bien compris qu’elles avaient intérêt à sortir de l’ombre pour mettre
en avant leurs produits et aller à la rencontre des consommateurs en quête d’une
consommation réfléchie.
Mais nous pourrions aller plus vite et il y a encore du travail car il est bien connu que
le français est de caractère méfiant. Certains manquent de réactivité et ne profitent pas assez
de cet engouement. Le « made in France » pourrait vraiment s’imposer comme une évidence
si tous les fabricants français comprenaient qu’il est de leur intérêt de se rassembler
rapidement pour informer au mieux les consommateurs.
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Annexe 4 - Questionnaire
Bonjour, je réalise actuellement une étude sur l’intérêt des français pour le « fabriqué
en France ». Je dois donc réaliser une enquête pour appuyer ma réflexion sur la préférence des
consommateurs pour les produits fabriqués en France.
Merci de consacrer quelques minutes de votre temps pour répondre à ce questionnaire.
1) Etes-vous responsable des achats dans votre foyer ?
0 Oui
0 Non
2) Si non, est-ce qu’il vous arrive parfois de faire des achats vous-même ?
0 Oui
0 Non
3) Lorsque vous faites un achat, qu’est-ce qui vous influence le plus dans votre choix ?
0 Le prix
0 La marque
0 La qualité
0 L’origine
0 Autre : _______________
4) Est-ce que vous prêtez une attention particulière à l’origine des produits ?
0 Oui
0 Non
5) Quelle importance accordez-vous à l’origine française d’un produit ?
0 Ce n’est pas du tout important, je ne m’intéresse pas à l’origine du produit qu’il soit
fabriqué en France ou ailleurs
0 C’est peu important, je jette un coup d’œil à l’origine du produit mais ça n’influence
que rarement ma décision d’achat
0 C’est plutôt important
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0 C’est relativement important, pour deux produits identiques, je m’oriente plutôt vers
celui fabriqué en France
0 C’est très important, j’achète autant que possible des produits fabriqués en France
6) Seriez-vous prêt à payer plus cher un produit parce qu’il a été produit en France ?
0 Oui
0 Non
7) Si oui, combien seriez-vous prêt à payer plus cher un produit français par rapport à un
produit fabriqué à l’étranger ?
0 Jusqu’à 5% plus cher (exemple : 5,25€ au lieu de 5€)
0 Entre 5% et 15% plus cher (exemple : entre 5,25€ et 5,75€ au lieu de 5€)
0 Plus de 15% plus cher (exemple : plus de 5,75€ au lieu de 5€)
8) Est-ce que vous pensez que ce qui est français est de meilleure qualité ?
0 Non, je ne pense pas du tout que cela soit vrai
0 Non, je ne pense pas vraiment
0 Oui, c’est assez vrai
0 Oui, c’est largement vrai
9) Parmi ma liste suivante, cochez les labels que vous connaissez :
(ne cochez que ceux dont vous connaissez et comprenez la signification)
0 Appellation d’Origine Contrôlée (AOC)
0 Appellation d’Origine Protégée (AOP)
0 Indication Géographique Protégée (IGP)
0 Fabriqué en France ou « Made in France »
0 Origine France Garantie
0 Autre : _______________
10) Selon vous, lequel représente le mieux les produits fabriqués en France ?
0 Appellation d’Origine Contrôlée (AOC)
0 Appellation d’Origine Protégée (AOP)
0 Indication Géographique Protégée (IGP)
0 Fabriqué en France ou « Made in France »
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0 Origine France Garantie
0 Autre : _______________
11) Avez-vous des remarques ou des précisions à apporter à vos réponses ?
___________________________________________________________________________
12) Vous êtes
0 Une femme
0 Un homme
13) Vous avez
0 18-29 ans
0 30-49 ans
0 50-64 ans
0 Plus de 65 ans
14) Vous habitez
0 A la campagne
0 Dans une ville moyenne
0 Dans une grande ville
15) Vous êtes
0 Etudiant
0 Employé
0 Cadre
0 Cadre supérieur
0 Ouvrier
0 Femme/Homme au foyer
0 Au chômage
0 Retraité
0 Autre : _______________
Voilà. Le questionnaire est déjà terminé. Merci d’avoir consacré quelques minutes de votre
temps pour y répondre.
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Annexe 5 – Résultats du questionnaire
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50,9% des Femmes
43,3% des Hommes
43,2% des 18-29 ans
68,2% des 30-49 ans
72,7% des 50-64 ans
55,5% des personnes vivant à la campagne
51,1% des personnes vivant dans une ville moyenne
45,9% des personnes vivant dans une grande ville
38,8% des Femmes interrogées et 40% des Hommes
32,4% des 18-29 ans
50% des 30-49 ans
72,7% des 50-64 ans
44,4% des personnes qui habitent à la campagne
44,4% des personnes qui vivent dans une ville moyenne
33,8% des habitants de grande ville
déclarent prêter une attention
particulière à l’origine des
produits qu’ils achètent.
considèrent l’origine française
des produits comme très ou
relativement importante.
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Annexe 6 – Verbatim de consommateurs
Acheter français, un argument qui rassure, selon le type d’achat…
« Aujourd'hui on voit tellement de reportages sur les produits importés de Chine et
fabriqués dans des conditions déplorables que l'appellation « fabriqué en France » devient
nécessaire. C'est un gage de confiance et de garantie de qualité du produit. Et surtout il
procure un grand sentiment de sécurité dans un contexte où l'on entend de plus en plus parler
de la toxicité des produits. »
Femme, 18-29 ans, Etudiante – Grande ville
« J'ai déjà fait des achats importants made in France malgré une différence de prix
importante et un délai plus important pour un canapé. Peut être que le comportement est
différent en fonction du type d'achat : je suis plus susceptible de mettre plus d'argent pour
payer le made in France pour un achat impactant, justement parce que ça m'inspire une
meilleure qualité.
Autre nuance, le Made in France ne m'inspirera pas une plus value dans tous les
domaines, par exemple l'électronique (secteur pour lequel je ne considère pas la France
comme pays fort). »
Femme, 18-29 ans, Cadre – Grande ville
Acheter local dans un soucis écologique…
« C'est surtout par rapport au bilan carbone des produits que je préfère les produits
français, d'ailleurs cela ne devrait pas être plus cher quand c'est français (nourriture). »
Femme, 18-29 ans, Employée – Grande ville
« Je m’intéresse à l'origine des produits pour des questions de distance: j'évite
d'acheter des produits venant de loin, quand je peux trouver le même provenant d'une région,
ou d'un pays plus proche. Mon choix n'est pas guidé par une préférence nationale mais par
un souci écologique. Je suis prête à payer plus cher un produit de meilleure qualité ou venant
de moins loin. »
Femme, 18-29 ans, Cadre – Grande Ville
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Manque de confiance envers certaines appellations…
« J'ai appris que si l'on faisait fabriquer à l'étranger des pièces mais que l'assemblage
se faisait en France, on avait droit à une certaine reconnaissance du genre « made in
France » ou quelque chose de correspondant. Dans ces conditions là je ne permets pas aux
appellations de m'influencer puisque je ne suis pas sûr de leur valeur... »
Homme, 18-29 ans, Etudiant – Grande Ville
« Le Made in France n'est pas garant d'une fabrication complète en France...
L'assemblage final est Made in France mais certains composants peuvent être d'une autre
origine... C'est mon avis... »
Femme, 18-29 ans, Chômage – A la campagne
« On s'y perd dans les appellations et ce n'est pas transparent, les marques utilisent le
marketing et les techniques publicitaires pour nous embrouiller. »
Femme, 18-29 ans, Etudiante – Grande Ville
« Ces labels regroupent des choses très différentes tant en terme juridique qu'en terme
de cahier des charges pour le producteur. Ils sont difficilement comparables »
Femme, 18-29 ans, Etudiante – Grande Ville
« Parfois, les explications sur les étiquettes pas très nettes pour le consommateur.
C'est vague ou trop illisible étant donné les petits caractères. »
Homme, Plus de 65 ans, Retraité – Ville moyenne
« Je pense que ces labels sont des manipulations commerciales. Ok au départ, ils
répondaient à certains critères. Aujourd'hui, c'est plus des vitrines de vente auxquelles de
nombreuses marques ont accès via copinage, argent...que la réalité. »
Homme, 30-49 ans, Cadre – A la campagne
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Annexe 7 – Coca Cola « made in France »
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BIBLIOGRAPHIE
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l’idée à l’action, Pearson.
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Publications
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- Etude Euro RSCG C&O « Le consommateur de l’après-crise, un nouveau paradigme
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et inefficace », LePoint.fr.
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- GATTEGNO Hervé, (13 décembre 2011), « Le patriotisme économique c’est ringard
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Disponible sur : http://www.lepoint.fr/politique/parti-pris/le-patriotisme-economique-c-est-
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Disponible sur : http://lexpansion.lexpress.fr/election-presidentielle-2012/les-cles-du-debat-
sur-le-made-in-france_274811.html
Ressources Internet
- www.asso-lecedre.fr/
- www.bureauveritas.fr/
- www.definitions-marketing.com/
- www.inao.gouv.fr/
- www.legifrance.gouv.fr
- www.madinefrance.fr
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