Méthodes d’expérimentation non animale - La marche à suivre
Rapport sur une conférence scientifique de la Commission européenne
organisée les 6 et 7 décembre 2016 à The Egg, Bruxelles, Belgique
Rapport élaboré par Mark Cronin
MARS 2017
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Clause de non-responsabilité - Les opinions exprimées reflètent exclusivement celles de l’auteur et ne
constituent pas la position officielle de la Commission européenne. Le présent document vise à
présenter fidèlement le contenu des présentations, débats, questions et affiches de la conférence
scientifique, ainsi que l’activité la concernant sur les médias sociaux.
ISBN 978-92-79-65840-2
DOI 10.2779/373944
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1. Introduction
Le présent rapport résume les débats de la conférence scientifique «Non-Animal Approaches - The
Way Forward» (Méthodes d’expérimentation non animale - La marche à suivre) organisée à Bruxelles,
Belgique, les 6 et 7 décembre 2016. La Commission européenne a organisé cette conférence
scientifique afin de faire participer la communauté scientifique et les parties prenantes concernées à
un débat sur la manière de tirer profit des avancées de pointe en recherche biomédicale et dans
d’autres domaines de la recherche sur la mise au point de l’expérimentation non animale
scientifiquement fondées (alternatives aux expérimentations animales).
Cette conférence a été annoncée dans la communication de la Commission européenne du
3 juin 2015 répondant à l’initiative citoyenne européenne «Stop Vivisection» et est l’une des quatre
actions mises sur pied pour contribuer à l’objectif final de mettre progressivement fin aux
expérimentations animales. «Stop Vivisection» est la troisième initiative citoyenne européenne à
avoir été présentée à la Commission européenne, en l'occurrence le 3 mars 2015. Elle a été signée par
1,17 million de citoyens. Cette initiative demandait à la Commission «d’abroger la directive
2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques et de présenter à la
place une nouvelle proposition de directive visant à mettre fin à l’expérimentation animale, en
rendant obligatoire, pour la recherche biomédicale et toxicologique, l’utilisation de données
pertinentes pour l’espèce humaine».
La directive 2010/63/UE vise à moderniser et à continuer d’harmoniser les règles régissant
l’utilisation des animaux dans l’Union, conformément aux normes mondiales les plus sévères, et
améliore ainsi considérablement le bien-être des animaux utilisés dans le cadre de la recherche et de
l’expérimentation scientifiques. La directive 2010/63/UE énonce que l’objectif final est l’élimination
progressive de l’expérimentation animale, mais elle reconnaît que l’utilisation d’animaux reste
nécessaire pour parvenir à la réalisation de cet objectif. Les nouvelles règles ont fermement ancré les
«trois R» dans la législation de l’Union, à savoir l’obligation, dans la mesure du possible, de remplacer,
de réduire et d'améliorer (en anglais Replace, Reduce and Refine) l’utilisation des animaux. En
conséquence, les études expérimentales sur les animaux devraient être soit remplacées par des
méthodes ne recourant pas à l’utilisation d'animaux, soit adaptées afin de réduire le nombre
d’animaux nécessaires, ou encore être plus pointues afin de limiter la douleur et la souffrance
ressenties par les animaux et d’améliorer leur bien-être. Si une méthode de remplacement
permettant d'atteindre un objectif de recherche est disponible, la directive rend son utilisation
obligatoire.
Cette conférence scientifique a réuni des délégués de 23 pays différents, d’Europe et d’au-delà, ainsi
qu’un large éventail de disciplines et de secteurs scientifiques présentant des compétences dans la
recherche ayant recours à l’expérimentation animale et/ou des approches de substitution n’utilisant
pas d’animaux. Les avantages et les limites actuels de différents modèles (de substitution) ont été
examinés et une réflexion a été menée sur la façon d’améliorer la qualité et la valeur prédictive des
modèles employés dans la recherche, y compris des méthodes visant à accélérer les méthodes de
substitution non animales. Tout en abordant chacun des «trois R», la conférence visait principalement
à déterminer la valeur des méthodes faisant appel ou non aux animaux et la manière dont la science
peut progresser en matière de remplacement.
Les participants ont pu débattre et proposer des recommandations relatives à la validité des modèles
animaux actuels dans différents secteurs à la Commission européenne, à la communauté scientifique
et à d’autres parties prenantes; discuter de l’état actuel et des perspectives des méthodes
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d’expérimentation non animale dans différents domaines de recherche et d’essai; discuter des
technologies et des méthodes les plus prometteuses qui laissent envisager une réduction significative
et un remplacement massif des animaux dans la recherche et le développement; et discuter des
meilleures pratiques pour faire progresser l’intégrité de la recherche, les financements et les
modalités d’établissement des rapports.
Le présent rapport résume les connaissances et les opinions présentées lors de chacune des six
sessions scientifiques ainsi que les présentations en séances plénières et les conclusions. Les
présentations, débats de spécialistes, questions et commentaires sont résumés pour chaque session.
Le tout est accompagné des conclusions et recommandations générales émises à l’issue des sessions,
en l’absence toutefois de toute approbation formelle de la part des participants. Le présent rapport
s’inspire également des commentaires formulés, par exemple via Twitter. Il s’efforce de refléter les
débats de la conférence, mais ne doit pas être considéré comme un examen complet de ce domaine
scientifique ou de la législation correspondante.
2. Session nº 1 – Les expérimentations animales aujourd’hui
2.1 Introduction à la session nº 1
La session nº 1 a été l’occasion de replacer dans son contexte le sujet complexe et controversé de
l’utilisation des animaux par la science. Cela a permis d’examiner les raisons et le cadre de l’utilisation
des animaux, notamment les facteurs réglementaires et scientifiques, mais a également fait
apparaître certains aspects pour lesquels l’utilisation des animaux dans la recherche scientifique
pourrait être radicalement modifiée sans entraîner de perte d’informations, voire en fournissant dans
certains cas des informations plus pertinentes. Voici certains thèmes abordés à plusieurs reprises, de
manière plus détaillée, au cours de la conférence.
2.2 Thèmes et débats principaux de la session nº 1
La conférence scientifique a été ouverte par Karmenu Vella (commissaire européen pour
l’environnement, les affaires maritimes et la pêche). Celui-ci a mis l’accent sur les objectifs communs
de l’Europe de sauver les animaux et de promouvoir la recherche scientifique tout en préservant la
santé des êtres humains et des espèces qu’abrite l’environnement. La Commission européenne
soutient l’objectif final de mettre progressivement fin à toutes les expérimentations animales et de
les remplacer par des alternatives scientifiquement fondées. Pour ce faire, la Commission a mis en
œuvre un ensemble de directives et de dispositions réglementaires. Le principal acte législatif sur
lequel s’appuie cette conférence scientifique est la directive 2010/63/UE, mais d’autres législations
telles que le règlement REACH et celui relatif aux produits cosmétiques jouent également un rôle
important pour ce qui est de promouvoir l’élaboration d’alternatives. La Commission européenne a
également octroyé des financements au titre des programmes-cadres successifs, notamment Horizon
2020, pour soutenir l’élaboration de solutions de substitution aux expérimentations animales avec un
ensemble de projets phares en cours et achevés.
Le commissaire Vella a fait remarquer que, même si l’objectif est de remplacer l’utilisation des
animaux dans tous les domaines scientifiques, la législation de l’Union a également pour obligation de
protéger les citoyens de l’Union européenne et d’ailleurs. Il est nécessaire de garantir que cette
science est suffisamment robuste pour maintenir le même niveau de protection (ou l’améliorer) que
celui obtenu par l’utilisation des animaux. Il a été reconnu qu’un débat était nécessaire sur la manière
d’accélérer les progrès et de stimuler l’innovation pour encourager la mise en œuvre d’une science de
meilleure qualité, accompagnée de débouchés commerciaux. Certains domaines connaîtront de
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nombreuses difficultés, notamment dans le secteur pharmaceutique, pour remplacer la totalité des
expérimentations animales et le commissaire Vella a conclu en appelant la conférence scientifique à
formuler des recommandations qui contribueront à atteindre les objectifs visés.
Le besoin de remettre ouvertement en question et d’améliorer les pratiques actuelles relatives à
l’utilisation des animaux, avec le remplacement pour ultime objectif, a été relevé par plusieurs
intervenants au cours de la session nº 1. Malcolm Macleod (université d’Édimbourg, Royaume-Uni) a
présenté plusieurs exemples historiques où le traitement de maladies avait été radicalement amélioré
grâce aux expérimentations animales; il a notamment cité le traitement de la fièvre typhoïde et de la
septicémie pneumococcique ainsi que la recherche animale de base ayant mené aux greffes
d’organes, désormais devenues des pratiques routinières. Bien qu’il ait eu des réussites, il existe
également des exemples de recherche médiocre ayant recours aux animaux et des domaines où des
améliorations sont nécessaires et pourraient aisément être mises en œuvre. Par exemple, des
modèles statistiques d’expérimentations animales de mauvaise qualité pourraient entraîner de graves
biais dans les résultats et les conclusions. Certaines recherches de piètre qualité sont le résultat des
pressions exercées sur l’ensemble de la recherche scientifique, universitaire ou autre, afin de parvenir
à tout prix à des résultats significatifs permettant d’obtenir des financements supplémentaires. Il est
nécessaire d’améliorer la mise en œuvre des procédures statistiques telles que la procédure d’insu et
la randomisation des études afin de garantir l’obtention d’un maximum d’informations pertinentes à
partir des expérimentations animales. D’autres normes et critères doivent également être respectés,
comme l’application de bonnes pratiques de laboratoire (BPL) et le respect des lignes directrices
édictées, tandis qu’il est reconnu que les BPL ne suffisent pas à elles seules à garantir la validité d’une
étude. Malcolm Macleod a conclu en soulignant que des améliorations avaient eu lieu dans la
manière dont sont menées les expérimentations animales, et par conséquent dans les résultats de la
recherche scientifique au cours des dernières années, mais que ces améliorations étaient lentes.
Jarrod Bailey (Cruelty Free International, Royaume-Uni) a souligné l’importance de la pertinence et de
la fiabilité des données animales pour prédire les effets chez l’homme. Des éléments indiquent que
les chiens et les singes, bien qu’ils soient encore largement utilisés, sont des substituts
particulièrement médiocres pour juger les effets des médicaments chez l’homme. Une analyse de
données obtenues auprès de sociétés pharmaceutiques concernant les effets de médicaments sur les
chiens, les primates non humains, les souris, les rats et les lapins a été entreprise. Cette analyse a
pointé l’absence d’éléments indiquant le bien-fondé du recours aux chiens comme espèce de non-
rongeur, leur utilisation étant souvent liée à des raisons historiques telles que la commodité de cette
utilisation et leur docilité. Jarrod Bailey a décrit les résultats d’une étude portant sur plus de 2 300
médicaments commercialisés et ayant produit des données relatives à la toxicité tant pour l’homme
que pour les espèces non humaines mentionnées ci-dessus. L’analyse statistique des données a fait
apparaître la valeur prédictive limitée de l’utilisation de données animales, notamment en ce qui
concerne la prédiction de l’absence d’effets toxiques (données négatives), alors que la prédiction
d’une toxicité peut s’avérer excessive lorsque des animaux sont utilisés. Des techniques statistiques
telles que le rapport de vraisemblance ont été utiles à l’analyse des données historiques existantes et
les données analysées ont indiqué que le résultat négatif d’une expérimentation animale, notamment
sur des chiens et des singes, attribue peu de force probante aux effets chez l’homme. Jarrod Bailey a
conclu en soulignant que davantage d’examens et de recherche transparents sont nécessaires de la
part des régulateurs et de l’industrie afin de déterminer l’utilité de l’ensemble des données animales
pour prédire les effets chez l’homme.
Andrew Knight (université de Winchester, Royaume-Uni) a également exprimé des préoccupations
quant à la fiabilité de l’utilisation des données animales pour prédire des résultats chez l’homme. Les
examens systématiques et les méta-analyses révisant les conclusions d’expérimentations animales
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n’ont fait apparaître que de faibles niveaux de concordance avec des résultats cliniques chez
l’homme. Au moins cinq raisons de ce faible niveau de concordance entre les résultats chez les
animaux et l’homme ont été recensées. Ces dernières peuvent être résumées comme étant: des
différences intrinsèques aux espèces et une perte de variabilité biologique due au recours à la
sélection génétique; les environnements et protocoles stressants auxquels sont exposés les animaux
à la suite de leur captivité en laboratoire et des procédures auxquelles ils y sont soumis; le problème
des résultats faussement positifs dans les études chroniques à doses élevées chez les rongeurs;
l’utilisation d’un seul sexe; la faible qualité de la méthodologie des expérimentations animales, y
compris un plan d’étude inadapté; et le «biais de publication des résultats», qui implique que les
conclusions positives ont plus de probabilités d’être publiées. Andrew Knight a également abordé la
question des «méthodes d’enseignement humaines» considérées comme équivalentes ou
supérieures à l’utilisation des animaux dans la grande majorité des études pour la formation des
étudiants en sciences de la vie et de la santé. En outre, les méthodes pédagogiques utilisant des
animaux demandent un niveau de justification plus élevé, ces méthodes n’apportant pas de nouvelles
connaissances.
L’importance de comprendre la diversité des espèces et les différences qui les séparent, ainsi que les
questions que cela pose, ont été abordées par George Kollias (université d’Athènes, Grèce). Même s’il
est nécessaire de comprendre les différences qui séparent les espèces, la recherche animale est
toujours considérée comme essentielle pour reproduire une maladie complexe et, par conséquent,
comme une exigence fondamentale pour élaborer de nouveaux traitements pour l’homme et
comprendre de nouveaux mécanismes biologiques. Bien qu’elle soit toujours jugée comme
essentielle, davantage d’efforts doivent être fournis pour garantir une efficacité accrue de la
recherche animale. En référence aux «trois R» d’origine, George Kollias a proposé une nouvelle série
de «cinq R» pour améliorer la science animale de demain, à savoir: «Repenser, Résoudre,
Rationaliser, Ruminer, Réfléchir». Le plus important de ces éléments est probablement de réfléchir
aux expérimentations animales actuelles en vue de les améliorer et d’en tirer un maximum
d’informations. Une des clés pour y parvenir sera l’interprétation correcte des données. L’utilité des
expérimentations animales pour modéliser et comprendre les maladies humaines a été illustrée par la
modélisation réussie de l’arthrite rhumatoïde qui a utilisé la souris transgénique présentant le facteur
de nécrose tumorale humain. L’investissement dans des ressources scientifiques à grande échelle, de
haute qualité et aux normes internationales pour la modélisation de génomes mammaliens, telles
que l’infrastructure de recherche sur le territoire national, ainsi que les collaborations permettant
d’améliorer les résultats scientifiques et l’innovation pharmaceutique, ont également été considérés
comme importants.
Le débat de spécialistes était axé et s’est étendu sur de nombreuses questions concernant
notamment le besoin d’une «science de meilleure qualité». Les spécialistes se sont accordés pour dire
que, dans certains domaines de recherche, l’utilisation des animaux s’était avérée plus éthique et
efficace au cours des 20 dernières années, en grande partie grâce à la législation européenne, comme
la directive 2010/63/UE, REACH et la législation relative aux produits cosmétiques. La nécessité d’un
meilleur accès aux données existantes, notamment à travers une meilleure communication, a été
soulignée pour empêcher la répétition de données animales (ces sujets ont été plus amplement
couverts lors d’autres sessions).
Les spécialistes du panel ont indiqué que de nombreuses expérimentations animales présentaient des
lacunes et que la recherche fondamentale, reposant sur les progrès scientifiques et des éléments
scientifiquement fondés, était nécessaire pour permettre la transition vers des solutions de
remplacement dans de nombreux domaines. Les mécanismes biologiques peuvent désormais être
étudiés en dehors des expérimentations animales, y compris en travaillant avec des êtres humains sur
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des maladies dont la cause est indéterminée. Il existe néanmoins une résistance perçue au
changement, qui doit être fermement traitée, notamment pour changer certains modèles animaux de
qualité intrinsèquement mauvaise. Des possibilités de proposer des expérimentations «pertinentes
pour l’homme» existent, par exemple le recours au micro-dosage, la culture cellulaire humaine, les
cellules souches et même les organes artificiels ainsi que les mini-cerveaux, etc. La transition des
animaux à des points terminaux plus pertinents pour l’homme est importante d’un point de vue
éthique mais doit être réalisée de manière scientifique. Pour prendre cette direction, il conviendra
d’identifier les domaines pour lesquels il n’existe pas encore de substitution et d’investir dans la
recherche.
L’importance de procédures animales correctes a été soulignée, notamment l’application des lignes
directrices ARRIVE (Animal Research: Reporting of In Vivo Experiments –
https://www.nc3rs.org.uk/arrive-guidelines) ainsi que la bonne élaboration de rapports et la
publication des recherches (sujets débattus de manière plus détaillée lors de sessions ultérieures). Il
est important de noter que les récompenses et incitations dans le domaine de la recherche devraient
faire l’objet d'un examen, ce qui pourrait exiger un changement culturel plus profond dans la manière
dont la recherche est organisée, par exemple en rendant contraignantes les lignes directrices ARRIVE
et obligatoire la publication des résultats de recherche. Afin d’améliorer la qualité de la science, les
erreurs et bonnes pratiques pourraient être répertoriées pour accompagner la formation de la jeune
(et prochaine) génération de scientifiques.
2.3 Conclusions et recommandations de la session nº 1
Plusieurs conclusions essentielles peuvent être tirées de la session nº 1.
- D’un point de vue historique, la recherche animale est utilisée pour élaborer des traitements
efficaces de maladies et des procédures chirurgicales. À l’heure actuelle, on considère que
certaines maladies humaines complexes ne peuvent toujours être modélisées qu’en ayant
recours à des animaux. Toutefois, cette opinion n’est pas partagée par tous les spécialistes du
panel.
- D’aucuns ont indiqué qu’un équilibre était nécessaire entre, d’une part, la garantie du bien-
être et de la sauvegarde des animaux et, d’autre part, la prévention et le traitement des
maladies chez l’être humain et les espèces qu’abrite l’environnement. Cela est également
conforme aux obligations du traité sur le fonctionnement de l’UE.
- Il existe une motivation considérable pour modifier l’environnement scientifique de sorte à
accélérer les progrès dans le sens d’une culture de la recherche n’utilisant pas les animaux.
L’atteinte de cet objectif présente des avantages importants, d’un point de vue éthique et
scientifique et en termes commerciaux.
- La valeur des animaux dans de nombreux domaines de recherche scientifique fait débat,
notamment en ce qui concerne l’utilisation d’espèces de non-rongeurs dans des domaines
tels que la sécurité des produits pharmaceutiques.
- Des domaines d’amélioration dans l’utilisation d’animaux et les expérimentations animales
peuvent être identifiés et définis.
- L’inspiration, les financements et un enseignement de meilleure qualité sont des éléments
essentiels pour une science n’utilisant pas les animaux.
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La session nº 1 a abouti, entre autres, aux recommandations suivantes:
- Un investissement continu à travers des financements publics et privés dans des méthodes de
substitution non animales est nécessaire. Il convient néanmoins de vérifier que la recherche
proposée est adaptée, qu’elle concerne des domaines qui en ont besoin, qu’elle est de qualité
élevée et qu’elle est reproductible par le biais de modèles statistiques appropriés. Pour
parvenir à ces objectifs, les éléments suivants sont nécessaires:
o une analyse sérieuse des lacunes visant à déterminer les domaines dans lesquels les
solutions de substitution sont toujours absentes et la manière d’améliorer celles qui
existent déjà pour qu’elles soient adaptées à leur contexte;
o la recherche d’expérimentations plus «humaines», par exemple en utilisant des
systèmes à base de cellules humaines;
o déterminer si un examen plus rigoureux de la méthodologie par les pairs est
nécessaire avant de commencer tout projet utilisant des animaux ou de mettre au
point des solutions de substitution;
o le besoin d’appliquer systématiquement les lignes directrices ARRIVE, ainsi que
d’autres lignes directives pertinentes, afin de stimuler une culture de l’excellence
scientifique;
o des améliorations des plans d’étude et des analyses de données pour l’ensemble des
expérimentations animales ainsi que pour les expérimentations non animales;
o une approche plus harmonisée dans, par exemple, la conception, les analyses, les
statistiques et la publication;
o le besoin de publier systématiquement les résultats négatifs - en commençant par
toutes les études utilisant des animaux et financées par des fonds publics.
3. Session nº 2 – Recherche biomédicale: avantages et limites des alternatives non animales
3.1 Introduction à la session nº 2
La session nº 2 a orienté la conférence scientifique sur des exemples présentant le contexte des
alternatives et la manière dont elles sont mises en œuvre, en insistant sur les effets des substances
chimiques et des produits pharmaceutiques sur le corps. L’objectif était non seulement d’illustrer des
exemples de «réussite» dans lesquelles des technologies modernes remplacent déjà le recours aux
animaux, mais également de définir les domaines présentant des besoins pour la recherche future.
Cette session avait pour périmètre l’examen de méthodes informatiques (dites in silico), de
techniques in vitro et d’autres techniques non invasives.
3.2 Thèmes et débats principaux de la session nº 2
Le concept selon lequel les systèmes in vitro pourraient être exposés à des substances chimiques
révélant des réactions caractéristiques pouvant être liées à des résultats humains a été présenté par
Jan Hengstler (centre de recherche IfADo-Leibniz de l’université technique de Dortmund, Allemagne).
Cela a notamment été illustré par des références à des cellules hépatiques pouvant être cultivées
comme placards de cellules ou sphéroïdes. L’imagerie par microscopie biphotonique permet
aujourd’hui d’enregistrer les réactions des systèmes cellulaires. La qualité de cette imagerie suffit à
l’analyse fonctionnelle des tissus et même des mitochondries. Cette méthode offre tout un ensemble
de possibilités permettant de modéliser les effets de substances chimiques sur le foie, notamment la
capacité de prédire des composés qui inhibent ou désinhibent des enzymes hépatiques,
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l’identification des principaux métabolites d’une substance chimique et la prédiction ultime d’une
toxicité sévère. Il existe néanmoins un certain nombre de limites, notamment l’absence de micro-
vaisseaux (sinusoïdes), le tissu n’est pas lié à des cellules immunitaires circulantes, ainsi que des
limites plus larges dans la reproduction de la physiologie au niveau organique qui compliquent
globalement la prévision de la toxicité à doses répétées. Une solution à ces limites consiste à étendre
le système in vitro à des modèles in silico qui permettent des méthodes de «modélisation des
systèmes» avec des cellules et des organes artificiels. Les modèles de systèmes représentent des
modèles informatiques de tissus élaborés à partir de cycles théoriques de modélisation et validés par
des données expérimentales. L’exemple d’un nouveau concept pour traiter l’hyperammoniémie a été
présenté. Ces modèles de systèmes aboutiront finalement à proposer des modèles allant jusqu’au
niveau de l’organisme. Toutefois, plus les modèles sont complexes, plus la validation est nécessaire,
ce qui peut entraîner le besoin de tests in vivo.
Stefan Platz (AstraZeneca, Royaume-Uni) a décrit les progrès en matière de séquençage personnalisé
du génome humain, en faisant notamment référence à la découverte de nouvelles maladies cibles et
de nouveaux médicaments. Depuis le séquençage du premier génome humain en 2001, les génomes
humains peuvent à présent être individuellement séquencés à faible coût et rapidement. On a ainsi
obtenu une énorme quantité d’informations, des études d’association pangénomique ayant par
exemple identifié 24 000 polymorphismes nucléotidiques uniques associés à des traits de maladie.
Cela a eu pour résultat une augmentation du nombre de médicaments, une meilleure compréhension
et des remèdes plus efficaces, le tout mis plus rapidement à la disposition des patients et sans avoir
besoin d’animaux pour déterminer les cibles. Malgré d’importantes avancées, il reste encore
énormément à faire, notamment pour lier les changements génomiques aux conditions humaines,
alors que selon certaines estimations, l’héritabilité est actuellement très peu comprise. En matière de
découverte de médicaments, la génomique peut contribuer à l’identification de cibles
médicamenteuses innovantes liées à des mécanismes moléculaires. En matière de développement,
elle facilite les essais cliniques en sélectionnant des patients pour des thérapies qui ciblent les
mécanismes génomiques sous-jacents de maladies par le biais de biomarqueurs génomiques.
Globalement, elle permet d’accélérer la commercialisation des médicaments, en les mettant ainsi
plus rapidement à la disposition des patients concernés pour des thérapies ciblées. Deux facteurs de
complexité ont été rapportés en termes de biologie intrinsèque (à savoir la réglementation relative à
la transcription de l’ADN, la translation et les modifications post-translationnelles, etc.) et
d’informatique où davantage d’investissements sont nécessaires en matière de traitement de
données pour, par exemple, des plateformes de partage de données et l’extraction de mégadonnées.
Un travail supplémentaire devra en outre être accompli en matière d’éthique et de gouvernance vis-
à-vis des données des patients. De manière générale, la médecine translationnelle offre des
opportunités évidentes d’approfondir les connaissances d’une maladie spécifique et de développer
des modèles animaux spécifiques pour permettre l’étude de maladies, avec une utilisation plus ciblée
des expérimentations animales.
Frank Staal (université de Leyde, Pays-Bas) a présenté le potentiel de la médecine régénératrice et ses
possibles économies en animaux, en insistant notamment sur la thérapie génétique pour les troubles
aigus de l’immunité. Des modèles animaux sont utilisés pour évaluer l’efficacité des études de preuve
de principe utilisant des modèles de maladie, par exemple des souris avec des gènes inactivés
identiques aux gènes manquants ou défectueux de patients. Ces modèles sont actuellement
nécessaires, bien qu’ils utilisent de faibles quantités d’animaux une fois la souche développée. Il est
possible de proposer des alternatives à l’utilisation de grands animaux (chiens, singes) pour les essais
d’efficacité en ayant recours à la xénogreffe de cellules souches humaines chez la souris. Concernant
les études de sécurité relatives aux thérapies génétiques, la législation prévoit toujours l’utilisation
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d’animaux pour étudier les effets nocifs graves. La méthode traditionnelle pour évaluer la sécurité
consiste à greffer des cellules traitées par thérapie génétique sur des centaines de souris et à
déterminer si des maladies, comme la leucémie, font leur apparition. Il a été démontré que cette
méthode ne permettait pas de prédire des maladies humaines, qu’elle nécessitait beaucoup de temps
et de main-d’œuvre et qu’elle constituait une source de stress aigu pour les animaux de laboratoire.
En outre, les bonnes pratiques de fabrication (BPF) prévoient l’essai de lots viraux sur des souris
allaitantes et peuvent utiliser plus de 10 000 souris sans le moindre résultat positif. L’essai
d’immortalisation in vitro, ainsi que d’autres techniques in vitro, sont considérés comme des
méthodes de substitution viables, bien que des investissements importants soient nécessaires pour
optimiser ces expérimentations. Pour conclure, Frank Staal a appelé à une amélioration de la
législation et au remplacement des exigences en matière d’essais de sécurité par des alternatives
équivalentes ou meilleures, les essais actuels n’étant pas instructifs. Les procédures devraient
également être harmonisées en Europe pour mettre fin à la répétition inutile des mêmes
expérimentations animales dans différents pays.
Gerhard F. Weinbauer (Covance Drug Development, Allemagne) a présenté un large aperçu du statut
et de l’utilisation des solutions de substitution aux animaux dans la mise au point de médicaments.
Comme chacun le sait, la mise au point d’un nouveau produit pharmaceutique est un processus long,
complexe et coûteux qui repose actuellement sur l’utilisation d’animaux, aussi bien au cours des
essais d’analyse que lors des essais réglementaires de sécurité et d’efficacité. Les essais non animaux
sont déjà utilisés dès que la situation le permet. Ce processus doit continuer à accélérer le processus
de mise au point des médicaments et à réduire les coûts. Il existe plusieurs exemples de réussite dans
l’utilisation d’alternatives, et notamment dans la promotion des «trois R»: par exemple, les
microprélèvements (< 50 μl) ont entraîné une réduction d’environ 65-75 % du nombre d’animaux
(souris et rats); la réutilisation de miniporcs a entraîné une réduction supérieure à 90 % de leur
utilisation pour des expérimentations pharmacocinétiques; la réutilisation des animaux témoins est
encouragée si possible, par exemple la ligne directrice ICH S6(R1). En outre, l’industrie conteste le
besoin d’animaux «réanimés» lors des expérimentations et soutient la modification des lignes
directrices et l’amélioration des connaissances scientifiques dans la mise au point de médicaments
biologiques, ce qui a réduit l’utilisation des primates non humains (PNH) dans la sélection des
candidats pour ces médicaments. Pour REACH et d’autres applications réglementaires, des
alternatives validées existent pour la corrosion cutanée, l’irritation cutanée, l’irritation / la corrosion
oculaire aiguë et la sensibilisation cutanée. Il y a également un certain nombre d’avancées en ce qui
concerne les effets spécifiques et les applications de recherche couvrant les points terminaux de
toxicologie génétique, la cardiotoxicité et les technologies d’organe sur puce et organoïdes. À partir
de l’exemple de la toxicologie du développement et de la reproduction, il a été observé qu’il existe un
ensemble de systèmes in vitro de plus en plus utilisés (par exemple, les essais de spermatogénèse in
vitro ou les expérimentations à base de cellules souches embryonnaires). Ces systèmes n’ont
cependant pas encore pu être validés comme alternative complète aux expérimentations in vivo à des
fins réglementaires. Ces deux systèmes seront effectivement des points terminaux extrêmement
difficiles à remplacer étant donné la complexité des essais, des mécanismes et de l’interprétation des
résultats. Une récente étude a par exemple confirmé le besoin de réaliser des essais sur deux espèces
en matière de développement embryo-fœtal. Il y a en outre un nombre croissant de cas publiés
d’utilisation de PNH pour la mise au point de médicaments biologiques. Les expérimentations
animales restent donc toujours une nécessité, même s’il existe désormais différentes possibilités
d’avoir davantage recours à des alternatives, notamment pour la toxicologie d’analyse.
Le débat de spécialistes s’est étendu à des sujets essentiels concernant le recours à des alternatives
en recherche biomédicale. Du point de vue de groupes de patients européens, il a été souligné
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(malgré le désaccord de certains spécialistes du panel) que des millions de citoyens européens, en
leur qualité de patients, bénéficiaient directement de la recherche médicale – y compris celle ayant
recours aux animaux. Il existe toujours d’importants besoins médicaux non satisfaits, notamment
dans le domaine des maladies rares, des affections neurologiques telles que la maladie de Parkinson
et la démence, et des problèmes de santé mentale. Néanmoins, les patients attendent des
médicaments commercialisés plus rapidement et pouvant contribuer à la réduction des frais de santé.
Les besoins de l’industrie pharmaceutique ont été pris en considération. Malgré les besoins et les
attentes mentionnés ci-dessus, le nombre des nouveaux médicaments mis en service diminue, ce qui
traduit la nécessité d’une efficacité accrue dans la découverte et la mise au point de médicaments,
pouvant passer par des alternatives aux animaux. L’efficacité et l’augmentation du nombre de
nouveaux médicaments dépendront davantage du besoin de comprendre la biologie des maladies. En
outre, dans toutes recherches - qu’elles utilisent des méthodes d’expérimentation animale ou non
animale -, un équilibre doit être trouvé entre le risque pour le patient et la sécurité. Toute
modification des données factuelles requises pour décider des avantages et des risques des nouveaux
médicaments doit associer la communauté des patients européens. La médecine régénératrice est un
domaine potentiel de mise au point de médicaments et augmentera la durée de vie en bonne santé
des patients, bien qu’elle nécessite toujours (et parfois de manière considérable) des
expérimentations animales. Des avantages existent, mais ils peuvent s’avérer coûteux en terme
d’utilisation des animaux. Comme souligné en séance plénière, l’évaluation de la sécurité en thérapie
génétique peut être réalisée in vitro tant que les expérimentations sont planifiées avec soin.
Les principales priorités en matière de remplacement pour garantir des médicaments plus sûrs
doivent être définies. Les techniques in silico sont un des moyens d’aller de l’avant, avec les systèmes
in vitro. Néanmoins, l’utilisation d’informations émanant de systèmes in vitro doit tenir compte de la
manière dont les données peuvent être extrapolées aux humains, ce qui peut requérir des
connaissances du métabolisme et de la distribution des substances chimiques dans le corps, ainsi que
de la manière dont cela diffère dans le système in vitro. La combinaison de technologies in silico et in
vitro a été considérée comme la solution à court terme pour proposer des alternatives à des
domaines spécifiques d’utilisation des animaux, dans l’optique d’élaborer de meilleurs modèles sur le
long terme. Les futurs modèles pourraient comprendre des systèmes d’organe ou d’humain sur puce
ainsi que des systèmes microphysiologiques. Il est nécessaire d’accélérer l’acceptation réglementaire
de ces systèmes et de faciliter la validation des essais in vitro. La mise au point et la validation
d’alternatives demandera une coordination des efforts entre de nombreuses parties prenantes.
Même si ces types de modèles et d’alternatives sont viables, l’accent sur la biologie tissulaire devrait
être renforcé et la génétique et sa variabilité appréciées.
L’idée générale du partage des données a reçu un accueil favorable. Un exemple issu de l’industrie
(l’initiative d’innovation ouverte AstraZeneca) et offrant de nombreux avantages, y compris en
matière de repositionnement de médicaments, a été présenté. Il a été indiqué que les informations
commerciales confidentielles continuaient de constituer un goulot d’étranglement. Par exemple, un
organisme de recherche clinique signe des accords de confidentialité au moment d’entreprendre une
expérimentation, mais pourrait tenter d’utiliser les connaissances ailleurs pour réduire la dépendance
aux expérimentations animales. Il a également été observé que la liberté d’information en matière de
données animales est nécessaire pour faciliter la mise au point de modèles in silico et la validation
d’essais in vitro.
Il a été reconnu que la formation et l’éducation, qui sont des exigences légales, restent à améliorer.
Une période de formation pour tout étudiant (ou autre chercheur) utilisant des animaux devrait être
prévue et inclure un enseignement sur l’éthique et la valeur intrinsèque de la vie. Il est nécessaire de
faire appliquer les normes les plus strictes de bien-être animal. Dans le cadre du partage des données
12
et de la formation, la communication devrait être améliorée et des réunions organisées pour
transmettre les bonnes pratiques (ces questions sont abordées de manière plus détaillée dans les
sessions ultérieures).
3.3 Conclusions et recommandations de la session nº 2
Plusieurs conclusions essentielles peuvent être tirées de la session nº 2.
- La recherche biomédicale doit continuer de progresser car les méthodes actuelles pour
mettre au point de nouveaux médicaments ne suffisent pas toujours à répondre aux besoins
des patients d’accéder à des médicaments nouveaux ou améliorés à grande échelle et dans
des délais plus courts (exemples présentés: asthme, Alzheimer et cancer).
- Les modèles in silico, y compris ceux basés sur des techniques d’imagerie modernes ainsi que
les modèles de systèmes plus complexes, peuvent permettre de prédire les effets de produits
pharmaceutiques au niveau de tout l’organisme. Ces modèles nécessitent cependant
davantage de mise au point et de validation, ce qui peut impliquer l’utilisation d’informations
issues d’expérimentations in vivo.
- Alors qu’un nombre important des alternatives disponibles offre un champ d’application plus
large pour la recherche d’analyse en toxicologie et la recherche biomédicale, les possibilités
d’acceptation à des fins d’applications réglementaires sont plus faibles. La toxicité de
reproduction et de développement ainsi que les effets chroniques sont des points terminaux
difficiles à traiter avec les solutions de substitution actuelles.
- Les alternatives à court terme seront basées sur les modèles in silico et in vitro actuellement
disponibles et rapidement mis au point. Les cellules utilisées dans ces modèles devraient être
sélectionnées avec soin sur la base des caractéristiques génétiques du donneur (animal ou
humain). Les alternatives à plus long terme (pouvant nécessiter jusqu’à 20 ans pour en
permettre la validation et l’acceptation réglementaire) seront fondées sur les approches
«humain sur puce» et microphysiologiques.
- Le recours à des alternatives in vitro aux fins de l’évaluation de sécurité est possible pour les
toxicités locales les plus aiguës.
- Le séquençage du génome humain apporte un soutien à la création de nouveaux
médicaments plus efficaces. Les progrès en matière de séquençage génomique peuvent
également faciliter la mise au point de modèles animaux plus élaborés, contribuant ainsi
éventuellement à la réduction de l’utilisation globale des animaux.
- Les animaux sont toujours nécessaires dans certains domaines de la médecine
translationnelle, notamment pour déterminer l’efficacité des médicaments. Toutefois, les
animaux pourraient être remplacés par des systèmes in vitro pour l’évaluation de sécurité et
les espèces d’animaux plus grands pourraient être remplacées par l’édition ciblée de gènes,
par exemple dans une souris, afin d’obtenir des modèles plus rapides et prédictifs de
maladies humaines.
- Il existe un besoin et un souhait de mieux partager les données, de sorte à rendre
l’information et les connaissances accessibles au public. Cela éliminera toute redondance des
expérimentations animales et constitue un aspect essentiel de la conception d’alternatives. Il
y a également une volonté croissante de procéder de la sorte: une société pharmaceutique a
par exemple rendu disponibles certaines de ses données, reconnaissant ainsi que la
collaboration entre entreprises permettra d’obtenir de meilleurs résultats. Une autre
possibilité est que des données provenant d’essais cliniques, une fois comparées avec des
13
résultats d’essais précliniques, s’avéreraient particulièrement utiles pour mettre au point des
alternatives et éviter les expérimentations animales à faible valeur prédictive.
- La législation européenne doit supprimer toutes les expérimentations animales non
instructives, mais actuellement obligatoires.
- Des procédures réglementaires plus efficaces pour les essais multinationaux au sein de l’UE
s’imposent de toute urgence.
La session nº 2 a abouti, entre autres, aux recommandations suivantes:
- Un programme de recherche continu et organisé au sein de l’Europe est nécessaire pour
coordonner l’adoption à court et à plus long terme d’alternatives fondées sur des méthodes
in silico et in vitro à court terme et des approches «humain sur puce» et microphysiologiques
à plus long terme. Ce programme de recherche pourrait tirer profit d’un certain niveau de
pilotage descendant ou central plus stratégique.
- La recherche biologique fondamentale, du séquençage du génome humain à la biologie
tissulaire ou organique, ne doit pas être interrompue car elle soutiendra la mise au point plus
efficace de la prochaine génération d’alternatives aux expérimentations animales.
- Des efforts sont nécessaires pour accélérer et éventuellement simplifier le processus de
validation (également couvert lors d’une session ultérieure), ce qui amènera l’acceptation
d’alternatives et, par conséquent, une adoption plus large.
- Des ressources supplémentaires devraient être mises à disposition pour le partage de
données, y compris une amélioration de l’accès aux données confidentielles – ou la mise à
disposition des connaissances découlant de ces données. Des ressources telles que des bases
de données ADN de patients devraient être créées à des fins de recherche.
- L’éducation et la formation de tous les chercheurs utilisant des animaux sont obligatoires
dans l’UE. Il est nécessaire d’assurer la conformité afin de garantir le respect des animaux et
leur utilisation correcte et éthique.
4. Session nº 3 – Essais réglementaires avantages et limites des méthodes non animales
4.1 Introduction à la session nº 3
Pour que les solutions de substitution aux animaux soient acceptées à de nombreuses fins
réglementaires, par exemple pour l’homologation de produits pharmaceutiques ou chimiques ou
d’autres substances, elles doivent démontrer qu’elles apportent un niveau de protection au moins
équivalent, ou renforcé, par rapport à l’expérimentation animale existante. Le paradigme actuel pour
démontrer qu’une alternative peut offrir un niveau de protection équivalent à celui de l’essai original,
appelé le processus de validation, peut s’avérer être un exercice long, complexe et coûteux. La
session nº 3 a abordé l’état actuel des solutions de substitution à l’utilisation d’animaux dans les
essais réglementaires, avec des contributions d’Europe et des États-Unis, l’accent étant mis non
seulement sur la validation de nouvelles méthodes, mais aussi sur la manière dont les nouvelles
technologies peuvent rompre avec le dogme en place concernant les modalités d’essais et
d’évaluation.
14
4.2 Thèmes et débats principaux de la session nº 3
La contribution et le soutien à la validation de méthodes de remplacement apportés par le laboratoire
de référence de l’Union européenne pour les méthodes de substitution à l’expérimentation animale
(EURL ECVAM) ont été décrits par Maurice Whelan (Commission européenne, Centre commun de
recherche, Ispra, Italie). L’ECVAM a, entre autres, pour mandat de promouvoir et de valider des
méthodes de substitution, la validation étant actuellement considérée comme une étape essentielle
de l’acceptation d’une nouvelle méthode élaborée à des fins réglementaires. Pour réaliser sa mission,
l’ECVAM assume plusieurs responsabilités qui sont notamment l’apport d’orientations en matière de
recherche de méthodes alternatives; la coordination de la validation au sein de l’UE; la diffusion
d’informations relatives aux «trois R»; la coordination du dialogue entre les parties prenantes et la
promotion de l’acceptation de solutions au niveau international. En garantissant que l’acceptation
réglementaire repose sur des éléments scientifiques valables, l’EURL ECVAM joue donc un rôle
essentiel en Europe et au-delà dans le soutien à la validation d’alternatives. À l’appui de ce processus,
l’EURL ECVAM dispose d’un ensemble de comités, de forums, d’outils et de ressources en matière
d’information. Une méthode de substitution valable se doit d’être fiable et pertinente pour un
objectif défini et d’être fondée sur de solides principes scientifiques. Elle fera l’objet d’une évaluation
indépendante par les pairs visant à déterminer si ses attributs sont correctement définis, applicables,
reproductibles, prédictifs et transférables. Une fois validée par l’EURL ECVAM (et d’autres), une
méthode peut obtenir l’acceptation réglementaire au niveau international, par exemple au titre de
lignes directrices de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De
nombreuses réussites ont été enregistrées pour ce qui est de nouvelles méthodes validées
remplaçant ou réduisant les expérimentations animales pour l’irritation et la corrosion cutanées /
oculaires, la phototoxicité, la sensibilisation cutanée, la toxicocinétique et la génotoxicité. Alors que
des méthodes différentes et plus complexes que l’ensemble d’essais in vitro d’origine sont
envisagées, notamment pour des points terminaux tels que la toxicité chronique au niveau organique,
il est nécessaire de s’éloigner du concept initial de substitution un à un. Ne serait-ce que déterminer
la fiabilité et la pertinence de telles méthodes nécessitera de nouveaux modes de pensée, par
exemple inscrire les exigences en matière d’informations dans un cadre mécanistique comme le
prévoit l’approche de la voie d’effets indésirables (AOP - adverse outcome pathway). Plusieurs
priorités ont été définies pour renforcer le processus de transition à de nouvelles méthodes issues de
la recherche grâce à la validation et en vue de l’acceptation réglementaire. Il s’agit, entre autres, de
mieux formuler globalement les problèmes, d’investir davantage dans la validation, d’établir des
plans d’étude de validation innovants, et de démontrer à un stade précoce la pertinence et l’utilité
des méthodes au cours de leur mise au point. En outre, l’acceptation de nouvelles méthodes à des
fins réglementaires tirerait profit d’une évaluation plus systématique des incertitudes ayant une
incidence sur la prise de décision, ainsi que d’une adaptation des exigences réglementaires qui les
rendrait mieux adaptées aux informations dérivées de méthodes alternatives.
La validation et la mise en œuvre de méthodes alternatives ont également été débattues du point de
vue des États-Unis par Warren Casey (Comité de coordination inter-agences pour la validation des
méthodes alternatives du programme national de toxicologie des États-Unis, Research Triangle Park,
NC, États-Unis). L’Institut national de la santé des États-Unis a présenté une perspective ambitieuse
selon laquelle les expérimentations animales concernant la sécurité des produits chimiques
susceptibles de contaminer l’environnement et celle des produits pharmaceutiques auront pour la
plupart été remplacées d’ici dix ans. Une réflexion a eu lieu sur la mise en œuvre d’une telle vision,
qui nécessitera des modifications majeures de l’environnement réglementaire. Ce changement est
nécessaire car la science actuelle est ancrée dans une culture dépendante des expérimentations
animales, tandis que les nouvelles technologies et la science progressent très rapidement. Ces
15
nouvelles technologies ne se mettront pas en œuvre toutes seules et les obstacles à leur mise en
place ne se résoudront pas d’eux-mêmes, ce qui signifie que les lignes directrices devront être
définies dans le contexte de ces nouvelles technologies. Les entraves à la mise en œuvre de nouvelles
technologies sont connues et incluent notamment:
les modèles animaux considérés comme la norme de référence (notamment pour la toxicité à
doses répétées);
une «résistance institutionnelle» due au fait que les scientifiques réglementaires ne sont pas
nécessairement réceptifs au changement; et
un besoin d’harmonisation au niveau mondial pour accepter et appliquer les nouvelles
technologies.
L’abandon progressif des modèles animaux pour les essais de toxicité nécessite une stratégie menée
par les régulateurs avec les contributions d’autres parties prenantes. Les nouvelles méthodes
présentent des opportunités importantes qui exigeront une volonté collective d’accepter le «risque
contrôlé» de leur utilisation, par opposition aux expérimentations animales traditionnelles. Des
incitations au changement doivent également être introduites, d’ordre éthique (à savoir une moindre
dépendance aux animaux) ou en termes de réduction des coûts, de pertinence humaine /
environnementale et de prévisibilité accrue. Il existe aux États-Unis une initiative pour remplacer les
animaux dans les essais de toxicité sévère d’ici 2020 ainsi qu’une proposition visant à définir une
stratégie et une feuille de route pour moderniser l’évaluation de sécurité des médicaments et des
substances chimiques aux États-Unis par l’intermédiaire du Bureau de la politique scientifique et
technologique de la Maison-Blanche.
Les conclusions d’un atelier international organisé par l’Agence de la protection de l’environnement
(EPA) des États-Unis en septembre 2016 ont été présentées par Robert Kavlock (EPA, Washington DC,
États-Unis). L’objectif de cet atelier, dans le contexte des principes de la nouvelle méthode proposés,
était de débattre des avancées et des obstacles dans l’application de nouveaux outils pour la
hiérarchisation des essais, le dépistage de substances chimiques et l’évaluation quantitative des
risques de différents niveaux de complexité. L’atelier avait également pour objet de débattre des
opportunités de renforcer la collaboration afin d’accélérer le rythme de l’évaluation des risques
associés aux substances chimiques. La nécessité de partager les données, les exigences relatives à un
système de classification des principes de la nouvelle méthode et le besoin d’études de cas
collaboratives comme preuve de concept à utiliser pour ces principes dans l’évaluation des risques
associés aux substances chimiques ont été définis comme des opportunités d’amélioration. Les
obstacles à l’acceptation des principes de la nouvelle méthode ont été présentés. Il s’agissait
notamment du fait que les expérimentations animales en laboratoire sont actuellement considérées
comme l’ultime critère de référence pour l’évaluation des risques associés aux substances chimiques,
tout en acceptant leur couverture limitée de certains problèmes de santé qui font leur apparition au
sein de la population humaine et leur manque de concordance avec l’accumulation des preuves dans
les études sur la population. Les limites éventuelles des technologies existantes constituent un
obstacle, en particulier leurs capacités métaboliques restreintes et l’absence de modèles au niveau
des systèmes. La volonté de référencer les principes de la nouvelle méthode par rapport aux
expérimentations animales en laboratoire doit obtenir réponse – la substitution un à un est peu
probable, notamment pour les points terminaux complexes. Le manque de compréhension et de
confiance à l’égard de l’application des principes de la nouvelle méthode a été signalé. Il existe en
outre différents besoins réglementaires pour la prise de décision dans différents secteurs et pays,
dont certains nécessitent des prescriptions d’essai spécifiques. Plusieurs actions ont été proposées
pour commencer à éliminer ces obstacles, certaines étant fondamentales et devant être menées en
premier afin de tirer profit d’autres activités. Ces activités comprennent la mise sur pied de
16
plateformes de données internationales pour les substances chimiques d’intérêt commun avec des
registres de données relatives aux dangers. De plus, il est nécessaire de disposer de systèmes de
classification des principes de la nouvelle méthode qui se fondent sur ces registres pour les données
de toxicité traditionnelles. Un certain nombre de mesures expérimentales ont été proposées,
notamment une série d’études de cas visant à déterminer la manière dont les principes de la nouvelle
méthode peuvent être appliqués dans un cadre réglementaire ainsi que la production de données
pour soutenir l’adoption.
Le rôle des alternatives en matière d’essais de sécurité de produits pharmaceutiques à usage humain
ou vétérinaire a été passé en revue par Jan Willem van der Laan (au nom de l’Agence européenne des
médicaments [EMA], Londres, Royaume-Uni). Les animaux sont actuellement utilisés pour les
produits pharmaceutiques à usage humain ou vétérinaire afin d’en évaluer l’efficacité et la sécurité.
Toutefois, depuis plusieurs décennies, le Conseil (anciennement la Conférence) international sur
l’harmonisation (CIH) a joué un rôle de premier plan en soutenant les «trois R» et le rôle des
alternatives pour les essais non cliniques. En outre, s’agissant des produits pharmaceutiques à usage
humain ou vétérinaire, des progrès ont été réalisés en matière de réduction des expérimentations
animales grâce à la suppression de différents tests (de sécurité et d’activité) de la pharmacopée
européenne pour les vaccins. Constitué en 2010 à titre de groupe commun pour les médicaments à
usage humain et vétérinaire, le groupe mixte d’experts sur les «trois R» de l’EMA fournit des
orientations relatives à la mise en œuvre des «trois R» pour les produits pharmaceutiques. L’EMA a
également publié des critères pour l’acceptation réglementaire d’alternatives (par exemple,
validation de méthode, mise à disposition d’informations équivalentes ou essais de médicaments en
conditions réelles) ainsi que des voies d’acceptation alternatives à travers l’application directe de
méthodes de substitution. Comme dans d’autres secteurs, l’évaluation scientifique plutôt que la
validation (à savoir éviter les discussions relatives au critère de référence) des alternatives est
considérée comme un aspect essentiel à leur mise en œuvre. Des progrès sont actuellement réalisés
au niveau de l’ICH avec la possibilité de déroger à certains tests, concernant par exemple la
carcinogénicité, pour autant que suffisamment d’informations alternatives soient disponibles.
Le débat de spécialistes s’est étendu plus en détail sur certains des sujets abordés lors des
conférences plénières. La nécessité de collaborer et la valeur ajoutée que cela apporte ont été
soulignées. La collaboration revêt plusieurs aspects. Tout d’abord, la collaboration est nécessaire au
niveau international pour garantir l’harmonisation et l’acceptation des alternatives au niveau
mondial. La collaboration est également indispensable entre les principales parties prenantes,
notamment les régulateurs et l’industrie, mais également celles à l’origine des alternatives. La
collaboration facilitera l’accélération de la validation et de l’acceptation des alternatives, tandis que
les régulateurs peuvent apporter une stimulation dans ce domaine en posant clairement les
problèmes – en se basant par exemple sur le cadre de l’AOP. Le partage de données constitue un
autre aspect de la collaboration et on a observé qu’il a lieu pour les produits pharmaceutiques à
travers l’EFPIA et différents projets de l’IMI. Au niveau mondial, la collaboration peut faciliter
l’abandon de certains essais à des fins réglementaires de la pharmacopée, y compris par exemple,
mais sans s’y limiter, le domaine des produits pharmaceutiques à usage vétérinaire.
Les spécialistes se sont accordés pour dire que les alternatives doivent être adaptées à leur contexte.
Pour les niveaux supérieurs et les points terminaux plus complexes, il est nécessaire de combiner les
éléments de preuve (en s’éloignant du paradigme de la substitution un à un) et de renforcer la
méthode par catégories afin de faciliter les références croisées comme première étape de l’utilisation
réglementaire de données émanant des principes de la nouvelle méthode.
17
Il est nécessaire de revoir les facteurs d’incertitude des données animales afin de comprendre le
risque acceptable d’utiliser des informations émanant d’alternatives en vue d’évaluer la sécurité pour
l’homme et pour l’environnement. L’application de concepts tels que le cadre de l’AOP ou une
approche fondée sur le mode d’action nécessitera que l’on définisse la manière dont l’adversité aux
niveaux moléculaire et cellulaire est liée aux niveaux de l’humain / de l’organisme et de
l’environnement. La mise en évidence au niveau moléculaire et cellulaire du déclenchement d’un
mode d’action à de faibles niveaux de concentration pourrait être matière à inquiétude, obligeant à
reconnaître que la variabilité et l’incertitude au niveau de l’organisme, de l’homme et de
l’environnement sont élevées et que, par conséquent, la définition de positifs ou de négatifs au
niveau le plus complexe ne se limite pas à un exercice purement scientifique, mais exige également
un degré élevé d’accord réglementaire. Il est néanmoins nécessaire de disposer de plus de
connaissances sur d’autres facteurs tels que l’extrapolation (QIVIVE) et l’exposition quantitatives
(cinétique) in vitro à in vivo. Le lien entre les résultats des essais in vitro et les exigences en matière
d’informations réglementaires devra être compris de manière plus précise, notamment en ce qui
concerne le risque d’une évaluation erronée de la sécurité de médicaments ou d’autres aspects. Le
concept de ce qu’est réellement une alternative acceptable pourrait devoir faire l’objet d’une
réflexion plus détaillée, nécessitant de définir clairement ce qu’est un essai réussi.
Un débat a eu lieu sur la question de savoir si des objectifs et/ou délais pour l’abandon progressif des
expérimentations animales pourraient être fixés. Une telle approche pourrait stimuler la mise au
point, l’adoption et l’acceptation d’alternatives. Toutefois, le besoin de fixer des objectifs est atténué
par la reconnaissance du fait que nous ne disposons pas à l’heure actuelle de méthodes de
substitution pour toutes les expérimentations animales et que, en raison du rythme différent de
l’évolution scientifique et technologique, arrêter une date butoir pour une science sans animaux
s’avérerait extrêmement difficile et aurait probablement une incidence socio-économique.
18
4.3 Conclusions et recommandations de la session nº 3
Plusieurs conclusions essentielles peuvent être tirées de la session nº 3.
- Les incertitudes associées aux données animales doivent être comprises, de même que le
risque acceptable ou contrôlé de recourir à des méthodes alternatives pour fournir des
informations destinées à la sécurité humaine; la reconnaissance de ces incertitudes facilitera
l’acceptation des méthodes de substitution.
- La validation de telles méthodes constitue une étape essentielle de leur acceptation à des fins
réglementaires.
- La fiabilité et la pertinence de nouvelles méthodes doivent être démontrées; alors que les
alternatives se complexifient, de nouvelles méthodes de validation pourraient s’avérer
nécessaires et reposer par exemple sur l’application de connaissances dans un contexte
d’AOP ou de mode d’action. En outre, ces nouvelles méthodes nécessiteront une mise à jour
du cadre réglementaire. Pour que la validation des méthodes de substitution soit un succès, il
est essentiel que les problèmes soient clairement posés au niveau international.
- La mise au point et la mise en œuvre d’alternatives s’éloignent du paradigme de la
substitution un à un tel qu’il existait au préalable, notamment pour les points terminaux
complexes. Des méthodes intégrées, ainsi que leur validation, utilisant des données
provenant de différentes sources en vue d’offrir une protection contre des effets indésirables
chez l’homme et sur l’environnement sont nécessaires.
- Le point de basculement vers le recours à des méthodes d’expérimentation non animale a été
franchi et il est désormais nécessaire de modifier l’environnement réglementaire pour
permettre l’introduction d’une nouvelle génération de méthodes alternatives. Ce
changement doit être mené par les régulateurs en collaboration avec l’industrie, les
universités et les autres parties prenantes. Il est nécessaire d’harmoniser tous les aspects de
la mise en œuvre de solution de substitution.
- Il est également nécessaire de faire évoluer les attentes scientifiques vis-à-vis des alternatives
ainsi que la volonté de les référencer par rapport à des données relatives à un nombre limité
d’espèces animales tout en s’efforçant de protéger l’espèce humaine et l’environnement. Le
partage de données et de connaissances animales et humaines en termes d’AOP / de mode
d’action facilitera ce processus.
- De nombreux obstacles à l’acceptation des alternatives ont été recensés et des stratégies
pour les surmonter peuvent être élaborées.
- La collaboration internationale revêt une importance capitale - toutes les activités en cours,
au niveau de l’OCDE par exemple, et l’élaboration de nouvelles études de cas sont
essentielles pour démontrer l’utilité des alternatives ainsi que pour surmonter les obstacles.
- L’industrie pharmaceutique est pionnière en la matière et souscrit pleinement au recours aux
alternatives et au concept des «trois R» lorsqu’ils peuvent déboucher sur des données et des
informations adaptées.
La session nº 3 a abouti, entre autres, aux recommandations suivantes:
- De nouvelles approches pour la validation d’alternatives complexes doivent être définies, en
s’éloignant donc du paradigme de la substitution un à un, afin de garantir l’acceptation et
l’adoption.
- Les régulateurs devraient prendre la tête des opérations tout en travaillant étroitement avec
l’industrie, les universités et les autres parties prenantes.
19
- Le processus de mise au point d’alternatives et leur validation devraient avoir pour point de
départ une définition commune des problèmes.
- Des efforts sont nécessaires pour définir, comprendre et convenir des risques acceptables à la
sécurité humaine résultant de l’utilisation de données non animales - la réglementation
pourrait par conséquent devoir être adaptée.
- Les avancées dans le domaine de l’acceptation des méthodes de substitution doivent être le
fruit d’une collaboration à plusieurs niveaux, ce qui nécessitera des ressources:
o collaboration internationale – par exemple avec l’OCDE, y compris l’UE, les États-Unis,
le Japon, etc.;
o parties prenantes – régulateurs, industrie, développeurs, etc.
- Les exigences et les implications (financières, scientifiques, niveau de protection, etc.)
relatives à la définition de dates et d’objectifs pour l’abandon progressif des
expérimentations animales devraient faire l’objet d’un examen (bien que des désaccords
aient été observés quant à l’efficacité et au caractère réaliste de tels objectifs).
- Les obstacles supplémentaires à l’acceptation des alternatives, outre ceux qui sont déjà
connus, devraient être recensés et des stratégies pour les surmonter devraient être définies.
- Un soutien devrait être apporté aux études de cas réalisées au niveau international pour
évaluer et démontrer l’acceptation de nouvelles méthodes de substitution. Dans ce contexte,
il pourrait s’avérer utile de procéder à une cartographie minutieuse des incertitudes relatives
aux expérimentations animales actuelles.
- Un système de classification in vitro basé sur un mode d’action adapté aux décisions
réglementaires, comme par exemple les classes GHS actuelles, sera nécessaire.
5. Session nº 4 – Rapport sur les actions 1 à 3 de la Commission européenne
5.1 Introduction à la session nº 4
Les progrès réalisés dans la mise en œuvre des mesures de suivi de l’initiative citoyenne européenne
(ICE) «Stop Vivisection» ont été débattus dans le cadre de la session nº 4. Quatre actions avaient été
proposées dans la réponse écrite à l’ICE, à savoir:
action 1 – Connexion des «trois R»
action 2 – Recherche d’alternatives
action 3 – Conformité et application
action 4 – Conférence scientifique
Étant donné que la conférence scientifique constituait en soi l’action 4, les activités relatives aux
actions 1 à 3 ont été débattues avec une attention spécifique accordée au partage des connaissances.
Il était déjà apparu dans le cadre des sessions nº 1 à 3 que des questions telles que le partage de
connaissances et de données jouent un rôle primordial dans la mise en œuvre d’alternatives.
5.2 Thèmes et débats principaux de la session nº 4
L’initiative citoyenne européenne a lancé un appel pour «abroger la directive 2010/63/UE», présenter
«une nouvelle proposition de directive visant à mettre fin à l’expérimentation animale» et utiliser des
«données pertinentes pour l’espèce humaine». La réponse de la Commission européenne a été
d’indiquer qu’il était trop tôt pour interdire et abroger la directive 2010/63/UE et de confirmer que la
20
directive impose le recours à des alternatives et améliore la protection des animaux devant toujours
être utilisés. La directive présente de nouveaux outils et de nouvelles structures en vue de l’objectif
final d’un remplacement total. La Commission reconnaît que les méthodes d’expérimentation
animale et non animale ont chacune leur utilité, mais aussi leurs limites, et qu’il est nécessaire de
combiner intelligemment l’ensemble des outils conformément aux «trois R». Les actions 1 à 3 de
l’initiative citoyenne européenne ont été évaluées par Susanna Louhimies (Commission européenne,
DG Environnement, Bruxelles). L’action 3 «Conformité et application» a fait l’objet d’une attention
spécifique. Il a été souligné que l’application de la directive 2010/63/UE était un processus en
plusieurs étapes impliquant la législation nationale au sein des 28 États membres de l’UE avec des
contrôles de conformité quant au caractère complet et exact de la législation; l’exigence en matière
de structures opérationnelles, y compris la mise en œuvre d’outils et d’orientations; l’application,
l’exécution et la communication de rapports; pour parvenir en fin de compte à l’évaluation de
l’expérience et à son ajustement. L’analyse de la législation sectorielle susceptible d’entraîner des
expérimentations animales afin de se conformer aux exigences en matière de données a confirmé
que la directive s’appliquait indépendamment de l’existence de toute référence directe y relative
dans la législation sectorielle. Qui plus est, cette analyse a fait apparaître le besoin d’améliorer la
communication des alternatives disponibles tant aux fabricants de substances qu’aux installations
d’essais et aux autorités compétentes chargées de l’évaluation du projet. La Commission prépare
actuellement des orientations pour répondre à ce besoin. Globalement, l’initiative citoyenne
européenne a été considérée comme un défi positif lors de la mise en œuvre de la directive
2010/63/UE, un exercice gigantesque et en plusieurs étapes. La Commission européenne examine
dans le détail les législations nationales et agit lorsque cela s’avère nécessaire pour garantir que
l’esprit de la directive est correctement mis en œuvre, les États membres jouant un rôle essentiel
dans l’application et l’exécution. La directive 2010/63/UE, dont le respect est un prérequis, est la
législation de ce type la plus rigoureuse au monde. Elle reconnaît que l’amélioration du bien-être et
de la science ne peut être véritablement atteinte qu’à travers la compétence, l’engagement, la
compassion et la collaboration.
L’action 1 de la Commission européenne en réponse à l’initiative citoyenne européenne était le
partage des connaissances relatives aux «trois R». Un examen en a été présenté par Tracey Holley
(Commission européenne, Centre commun de recherche, Ispra, Italie). À l’appui de cette action, le
JRC avait entrepris un examen visant à établir la liste des connaissances relatives aux «trois R» (en
anglais), à déterminer selon quelles modalités sont partagées ces connaissances et à définir des
opportunités pour améliorer la situation actuelle. Cet examen a été réalisé en dressant l’inventaire
des sources de connaissances et en réalisant une enquête auprès des utilisateurs de ces sources de
connaissances. On a défini une source de connaissances comme étant une entité qui crée, rassemble,
détient ou diffuse des connaissances (relatives aux «trois R»), en reconnaissant que les connaissances
sont saisies de nombreuses différentes manières – implicites ou explicites. Cet examen a identifié plus
de 800 sources de connaissances, notamment (par ordre du nombre de sources): des organisations
(par exemple industrielles, gouvernementales, etc.); des publications; des systèmes d’information
(par exemple, sites web, wikis, etc.); des programmes / subventions de recherche; des formations /
programmes pédagogiques; des experts; et des événements. Ces sources offraient une bonne
couverture de chacun des «trois R». Sur les 351 participants à l’enquête, plus de la moitié provenait
du milieu universitaire, environ un cinquième de l’industrie et légèrement moins d’agences
gouvernementales. La majeure partie des sources de connaissances étaient accessibles via des sites
web, publications, conférences, formations et autres cours. Le partage de connaissances était le
mieux perçu à travers les sites web, les contacts en face à face (caractérisés par un élément de
confiance), les publications évaluées par des pairs, l’apprentissage en ligne / libre et les mises à jour
en temps réel (par exemple, bulletins d’informations envoyés par courriel contenant des liens). Des
21
utilisateurs ont néanmoins indiqué que les ressources étaient trop nombreuses et qu’elles étaient
fragmentées, que leur conservation n’était pas optimale (et qu'elles pouvaient donc manquer de
fiabilité), et qu’elles n’étaient pas toujours bien mises en ligne et ne pouvaient donc pas être
trouvées. Ce sont les scientifiques et les chercheurs, ainsi que les régulateurs et les scientifiques
industriels, qui ont le plus bénéficié des sources de connaissances. Les étudiants, les éducateurs, les
décideurs politiques et le grand public étaient moins ciblés. Il existe un certain nombre de possibilités
pour améliorer les sources de connaissances relatives aux «trois R» et l’accès à ces sources à travers
une meilleure coordination, par exemple, du contenu et du partage de plateformes de diffusion, des
activités de sensibilisation destinées à informer les bénéficiaires et améliorer l’adoption d’un secteur
à l’autre, de l’éducation à tous les niveaux et de communication pour informer les utilisateurs des
contenus et offrir des contacts fréquents à travers des bulletins d’information, etc. Un rapport
résumant cet examen et intitulé «Accelerating Progress in the Replacement, Reduction and
Refinement of Animal Testing Through Better Knowledge Sharing» 1 a été publié par le JRC après la
conférence.
Le débat de spécialistes sur l’action 1 a permis de mieux comprendre le besoin de partager les
connaissances relatives aux «trois R». La mission était claire: offrir un accès simple et gratuit à la
recherche européenne (et mondiale) dans des domaines tels que les modèles in silico disponibles, les
techniques in vitro, les projets de recherche en cours, l’utilisation des animaux ainsi que les
techniques et les bases de données y relatives. Les spécialistes se sont accordés pour dire que malgré
l’existence à l’heure actuelle de certaines excellentes ressources, des moteurs de recherche plus
efficaces et une approche mieux coordonnée étaient nécessaires pour accéder à la totalité des
connaissances et des ressources disponibles. Il a été souligné qu’une masse critique était
indispensable en termes de compilation d’informations pour en faire une ressource vers laquelle les
gens se tourneraient et à laquelle ils contribueraient. Il a été proposé que la directive 2010/63/UE
prévoie la création d’un poste de responsable de l’information («information officer») dans le but
d’améliorer la compréhension des informations relatives aux «trois R» ainsi que l’accès à ces
informations.
La qualité des informations provenant des sources de connaissances doit être garantie. Cette tâche
pourrait s’avérer longue et coûteuse mais devrait impliquer l’ensemble des parties prenantes, par
exemple les scientifiques universitaires, les techniciens animaliers, les régulateurs, les décideurs
politiques et les citoyens européens. L’évaluation de la qualité pourrait faciliter le développement de
meilleures techniques alternatives et fournir des connaissances sur les ressources et les techniques
liées aux «trois R». Ces activités pourraient faciliter le partage de bonnes pratiques dans l’utilisation
des «trois R» et des animaux.
Les publications constituent également une autre possibilité de partager les bonnes pratiques. Les
publications faisant référence aux «trois R» sont rares, voire inexistantes, alors qu’elles seraient utiles
aux autres. En outre, il est nécessaire de mettre à disposition les données négatives que ce soit à
travers des publications ou des bases de données. Il a été convenu que de bonnes bases de données,
facilement accessibles, constituent un bon investissement, notamment si elles contiennent des
données non disponibles ailleurs (par exemple des données négatives). Néanmoins, il convient de
faire disparaître la mentalité de cloisonnement consistant à créer des bases de données individuelles
non interopérables. Cela reflète en partie la volonté de disposer de moteurs de recherche de
meilleure qualité et plus sophistiqués.
1 http://bookshop.europa.eu/is-bin/INTERSHOP.enfinity/WFS/EU-Bookshop-Site/en_GB/-/EUR/ViewPublication-Start?PublicationKey=LBNA28234
22
Les ressources de connaissances faciliteront également l’éducation et la formation des étudiants en
science mais aussi des scientifiques expérimentés. Les ressources pourraient être présentées sous
forme de cours, ou y être mises à disposition, dans le but d’atteindre d’abord un niveau minimum.
Certaines possibilités d’accréditation ou d’agrément bénéficieraient de la reconnaissance mutuelle de
leur réussite.
Il est reconnu que le développement des ressources de connaissances exige des investissements
considérables. La source de ces financements pourrait être publique, mais l’industrie pourrait
également contribuer à l’amélioration des informations.
En réponse à l’action 2 de l’initiative citoyenne européenne, Ruxandra Draghia–Akli (Commission
européenne, DG Recherche et innovation, Bruxelles) a décrit la recherche financée par l’UE dans le
domaine des nouvelles méthodes alternatives. La recherche s’est concentrée sur tous les aspects des
«trois R», des outils innovateurs pour les essais de sécurité à la création de bases de données, en
passant par la bio-informatique et la modélisation. Il existe aujourd’hui plusieurs flux de financement
au sein du programme Horizon 2020 de la Commission européenne, allant des grands projets de
collaboration aux subventions en faveur des petites entreprises et des programmes de formation
Marie Curie. De 2006 à 2016, dans le cadre des 6e et 7e programmes-cadres et d’Horizon 2020, plus
de 400 millions d’euros de financements de l’UE ont été alloués à environ 100 projets différents
concernant des alternatives. Parmi les exemples significatifs de projets financés par l’UE, on compte
notamment Sens-it-iv (6e PC), SEURAT-1 (7e PC), EU-ToxRisk (Horizon 2020), eTox (IMI) et VAC2VAC
(IMI-2), chaque projet représentant différentes compétences et expertises. Les projets financés par
l’UE ont eu une incidence significative, alors que des projets du 7e PC et d’Horizon 2020 ont donné ou
devraient donner lieu à plusieurs nouvelles méthodes alternatives. De plus, à partir de 2017, toutes
les publications d’Horizon 2020 seront publiées en accès ouvert. Il y a toujours un décalage dans la
mise en œuvre de méthodes nouvelles issues de financements de l’UE à cause du long délai
nécessaire entre la mise au point des méthodes, leur validation et l’acceptation réglementaire.
Néanmoins, on commence déjà à observer une incidence réglementaire de projets du 6e PC pour des
points terminaux toxicologiques moins complexes. Les projets IMI et IMI-2 ont également aidé les
sociétés pharmaceutiques à travailler avec des entreprises privées et des universités au
développement de méthodes relatives aux «trois R» dans le domaine de la sécurité des médicaments
et de l’essai en lots de vaccins. L’UE finance également l’EURL ECVAM au JRC avec un budget annuel
de 6,5 millions d’euros. En vingt-cinq ans d’activité, l’ECVAM a validé plus de 50 méthodes de
substitution, dirigé l’élaboration de 14 lignes directrices et documents d’orientation de l’OCDE relatifs
à des méthodes alternatives, et compilé plus de 300 descriptions de méthodes dans la base de
données DB-ALM. La recherche menée par l’UE dans le domaine des alternatives et des essais de
sécurité humains a été qualifiée d’«ouverte». Elle comprend la «science ouverte» qui vise à élargir les
connaissances scientifiques, notamment pour les points terminaux complexes, et à améliorer les
outils et à en découvrir de nouveaux. L’«innovation ouverte» soutient les alliances stratégiques avec
des secteurs industriels, la participation des régulateurs et l’engagement de PME partenaires. Enfin, la
politique d’«ouverture au monde» encourage la collaboration avec le programme Tox21 aux États-
Unis, sensibilise d’autres pays et promeut la recherche menée par l’UE comme figure de proue au
niveau mondial. Il a été souligné pour conclure que l’action 2 de la communication de la Commission
sur l’initiative citoyenne européenne «Stop Vivisection» a été accomplie, la Commission continuant
de soutenir la mise au point, la validation et la mise en œuvre de méthodes de substitution à des fins
réglementaires et de recherche.
23
5.3 Conclusions et recommandations de la session nº 4
Plusieurs conclusions essentielles peuvent être tirées de la session nº 4.
- L’initiative citoyenne européenne a été considérée comme un défi positif. Elle a attiré les
regards sur les alternatives aux expérimentations animales et a mis l’accent sur leur adoption
et leur utilisation conformément à la directive 2010/63/UE.
- La Commission européenne déploie des efforts considérables pour garantir que la législation
nationale dans les États membres respecte la directive 2010/63/UE. La mise en œuvre de la
législation est une tâche complexe et en plusieurs étapes. Les États membres sont
responsables de l’exécution, mais bénéficient néanmoins du soutien étroit de la Commission
lorsque la situation le demande.
- Un examen des sources de connaissances relatives aux «trois R» a compilé plus de 800
ressources de différents types.
- Il existe des possibilités évidentes d’améliorer les ressources actuelles de connaissances
relatives aux «trois R» en termes d’accès et d’utilisation à travers la mise à disposition
d’installations de recherche appropriées et d’une meilleure assurance de la qualité. Bien que
les ressources internet soient bien utilisées, de nombreux utilisateurs des «trois R» préfèrent
les rencontres en face à face, par exemple lors d’ateliers et de conférences.
- L’amélioration de l’accès aux ressources de connaissances relatives aux «trois R» présenterait
de nombreux avantages, comme par exemple:
o offrir un accès facile à la recherche européenne (et mondiale);
o partager les bonnes pratiques dans l’utilisation d’alternatives et de techniques
animales;
o soutenir l’éducation et la formation;
o sensibiliser les utilisateurs et les parties prenantes.
- La publication des techniques relatives aux «trois R» et des données négatives présente des
avantages manifestes.
- Il est aujourd’hui nécessaire d’améliorer la sensibilisation des principales parties prenantes,
notamment de la communauté ne disposant pas de formation scientifique.
- L’amélioration des ressources de connaissances relatives aux «trois R» sera onéreuse. À
l’heure actuelle, il n’existe pas de plan précis pour le financement de ces améliorations.
- Au cours des dix dernières années, des financements importants alloués par l’UE dans le
cadre des 6e et 7e PC et d’Horizon 2020 ont débouché sur des méthodes alternatives qui
auront une incidence réglementaire.
- L’UE finance l’EURL ECVAM, qui a joué un rôle essentiel dans la mise au point et la validation
de nouvelles alternatives.
- Les financements de l’UE soutiennent la science ouverte, l’innovation ouverte et l’ouverture
au monde.
La session nº 4 a abouti, entre autres, aux recommandations suivantes:
- La Commission européenne devrait continuer à jouer son rôle qui est de contrôler la
conformité à la directive 2010/63/UE et de promouvoir encore plus le recours aux méthodes
non animales dès que la situation le permet, tout en rappelant qu’il s’agit d’une exigence
juridique. Il convient d’examiner la manière dont les «trois R» pourraient être davantage
encouragés via la directive 2010/63/UE, en recourant par exemple à des responsables de
l’information dédiés.
24
- L’accès aux sources de connaissances devrait être amélioré par une meilleure coordination de
leurs pourvoyeurs et une communication plus efficace de leur existence. Une attention
accrue devrait également être accordée à l’assurance de la qualité du contenu.
- Un soutien devrait être apporté aux événements de diffusion, tels que les conférences et
ateliers, afin d’améliorer la sensibilisation, notamment des non scientifiques.
- Il conviendrait d’envisager une exigence de publier les méthodes relatives aux «trois R»
lorsque la situation le permet, ce qui pourrait être inclus dans les conventions de
financement.
- Une assistance devrait être apportée en vue de la compilation et de la publication, le cas
échéant, des données négatives. Les bases de données d’informations interopérables
constituent une méthode qui mériterait d’être examinée.
- Une stratégie de financement visant à promouvoir les sources de connaissances relatives aux
«trois R» et leur accès devrait être mise au point, accompagnée des engagements de la
Commission européenne et de l’industrie privée.
6. Session nº 5 – Recherche responsable
6.1 Introduction à la session nº 5
La recherche visant à trouver de nouvelles méthodes et à améliorer les expérimentations animales
est essentielle au développement de la science. La session nº 5 a couvert des sujets essentiels à la
pratique de la science et à la communication de ses résultats, en insistant sur l’évaluation de la
sécurité et les procédures médicales.
6.2 Thèmes et débats principaux de la session nº 5
La session a été ouverte par Julie Girling (membre du Parlement européen pour l’Angleterre du sud-
ouest et Gibraltar) qui a indiqué que la législation européenne doit être conçue en fonction des
exigences des citoyens. Julie Girling a déclaré qu’elle était opposée aux souffrances inutiles des
animaux et qu’elle soutenait l’élaboration de politiques sur la base de données scientifiques ainsi que
la mise en œuvre complète de la législation relative aux produits cosmétiques. Il existe des obstacles
reconnus à l’utilisation meilleure et plus large d’alternatives aux expérimentations animales,
notamment des déficits de connaissances et un manque de mise en commun des informations, qui
empêchent l’industrie et d’autres chercheurs de prendre connaissance des alternatives. Le Parlement
européen a adopté un projet pilote visant à promouvoir le recours aux alternatives aux
expérimentations animales grâce à la mise à disposition de davantage de ressources pour les
initiatives de diffusion et de formation. Il a été reconnu que, bien que l’Union européenne finance la
recherche dans le domaine des alternatives, ces financements pourraient être augmentés et être
aussi davantage accordés au niveau national. Des agences européennes s’efforcent de promouvoir les
alternatives, comme par exemple l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) qui propose
des orientations concernant les alternatives régulièrement mises à jour et révisées; le Partenariat
européen pour la promotion des méthodes de substitution à l'expérimentation animale défend les
principes des «trois R» au niveau européen en réunissant des principales parties prenantes et en
permettant l’échange d’idées et de méthodes. Les progrès seront rendus possibles grâce à une
recherche responsable fondée sur des faits exacts, précis et fiables, ainsi qu’à une prise de décisions
adaptée sur la base de données scientifiques.
25
Des aspects relatifs à l’augmentation de la valeur et à la réduction du gaspillage dans la recherche
expérimentale, axés sur l’utilisation des animaux, ont été présentés par Malcolm Macleod, au nom
d’Ulrich Dirnagl (hôpital universitaire de la Charité de Berlin, Allemagne), qui n’a pas pu assister à la
conférence. Il est reconnu qu’il existe des préoccupations croissantes et de haut niveau quant à la
reproductibilité des résultats scientifiques obtenus à partir d’expérimentations animales. De
nombreuses conclusions de recherches publiées seraient en effet erronées. Les raisons qui expliquent
nombre de ces problèmes sont liées à la conception même des expérimentations et à leur validité
interne intrinsèque. Il existe plusieurs biais (biais de sélection, biais de performance et de détection,
biais d’attrition) auxquels de meilleurs modèles expérimentaux et rapports permettront de remédier.
Par exemple, une étude réalisée sur de petits groupes revêt une puissance statistique faible qui peut
entraîner de nombreux faux positifs ainsi qu’une exagération des résultats et effets apparents. Une
solution à certains de ces problèmes, notamment pour la recherche préclinique, est la répétition dans
le cadre d’essais multicentriques correctement conçus. La validité externe des recherches peut être
améliorée en enrichissant l’hétérogénéité des échantillons. Ainsi qu’il a été observé lors d’autres
sessions, le biais de publication constitue un problème du fait que seuls les résultats les plus
«encourageants» peuvent être publiés, rendant invisibles d’autres données utiles. Une politique de la
science ouverte fondée sur le principe consistant à assurer la disponibilité de données exploitables et
réutilisables (Find, Access, Interoperate, Reuse - FAIR) est essentielle pour garantir la disponibilité et
la transparence des données, et les rendre ainsi davantage susceptibles d’être reproduites. La liste de
contrôle des lignes directrices ARRIVE (NC3Rs) devrait être appliquée afin d’encourager une science
meilleure et responsable ainsi qu’une normalisation et une authentification améliorées des lignées
cellulaires et des anticorps. Les récompenses et les incitations octroyées aux scientifiques
(universitaires) favorisent également la publication de résultats significatifs et sont, dans certains cas,
exagérées.
D’autres points concernant les modèles expérimentaux ainsi que l’analyse et le compte-rendu des
recherches animales ont été soulevés par Vicky Robinson (National Centre for the Replacement,
Refinement and Reduction of Animals in Research [NC3Rs], Londres, Royaume-Uni). Une analyse à
grande échelle, menée par le NC3Rs, de recherches financées par des fonds publics au Royaume-Uni
et aux États-Unis a fait apparaître des preuves significatives de la mauvaise qualité de modèles
expérimentaux, d’analyses statistiques et de rapports relatifs à des études utilisant des animaux. Ces
facteurs contribuent à rendre la recherche non reproductible et peu fiable, ce qui entraîne un
gaspillage d’animaux. Afin d’améliorer les processus liés aux rapports concernant la recherche
scientifique de manière transparente et globale, le NC3Rs a publié les lignes directrices ARRIVE en
2010. L’objectif de ces lignes directrices est d’améliorer les processus liés aux rapports sur la
recherche in vivo – en garantissant la reproductibilité et en évitant d’utiliser inutilement des animaux.
Les lignes directrices ARRIVE proposent une liste de contrôle de 20 points, contenant les informations
essentielles nécessaires à la description complète et transparente d’une analyse. Elles peuvent
s’appliquer à la rédaction ou à la révision d’articles, de thèses de doctorat, etc., mais aussi apporter
une aide lors de la conception d’expérimentations. Ces lignes directrices ont été traduites dans
plusieurs langues. En plus d’avoir été largement adoptées et d’avoir bénéficié d’un large soutien, les
lignes directrices ARRIVE ont été avalisées par plus de 1 000 revues en plus des principaux bailleurs de
fonds de la recherche et des principales universités britanniques. Afin de faciliter l’utilisation et de
l’adoption continues des lignes directrices ARRIVE, un essai contrôlé et randomisé analysant l’effet de
la conformité obligatoire aux lignes directrices ARRIVE sur la qualité des rapports est actuellement
mené, parallèlement à une enquête visant à recueillir les opinions de la communauté de recherche.
Le NC3Rs a également mis au point un outil en ligne appelé «Experimental Design Assistant» (EDA)
qui est destiné aux chercheurs pour améliorer la conception des expérimentations animales. Il a été
mis au point par des experts en modèles expérimentaux et en statistiques et par des développeurs de
26
logiciels spécialisés en intelligence artificielle. L’EDA a pour vocation de servir d’«assistant personnel
en statistique» utilisant de l’intelligence artificielle intégrée pour contribuer à la conception
d’expérimentations. Il fournit un retour d’informations essentiel sur le plan d’expérimentation,
propose des méthodes d’analyse compatibles avec la conception et contribue à la prise de décisions
bien étayées vis-à-vis du modèle expérimental. L’EDA est accompagné de tutoriels et compte
actuellement plus de 2 000 utilisateurs inscrits. Il pourrait également constituer une ressource utile à
l’évaluation des demandes de financement.
Se concentrant sur les publications scientifiques, Thomas Korff (université de Heidelberg, Allemagne)
a souligné le rôle des revues scientifiques et leur influence sur la mise en œuvre des «trois R» dans les
sciences de la vie. Les résultats d’essais sont actuellement publiés dans des revues à comité de lecture
avec la volonté d’être publiés dans une revue dont le facteur d’impact serait le plus élevé possible.
Des représentants de la communauté scientifique, des réviseurs, des éditeurs et des revues
définissent ainsi ce en quoi consiste une «science de qualité». Le processus d’examen par les pairs est
essentiel, il doit permettre la communication et évaluer la solidité, y compris les références aux «trois
R». Les revues pourraient davantage influencer les méthodes expérimentales par le biais de leurs
politiques, qui devraient définir des recommandations spécifiques pour mettre en œuvre les «trois R»
dans les méthodes expérimentales (par exemple, les lignes directrices ARRIVE), mais aussi en
appliquant leurs politiques et en respectant le bien-être des animaux au cours du processus
d’examen. Il existe des exemples évidents où les «trois R» ont été considérés comme peu fiables
et/ou nécessitant validation en référence à des modèles scientifiques établis, ce à quoi il devrait être
remédié à travers de meilleurs politiques internes des revues.
Le rôle des éditeurs dans l’amélioration de la qualité de la recherche et dans la réduction du
gaspillage grâce à la recherche ouverte a été présenté par Iain Hrynaszkiewicz (Springer Nature,
Londres, Royaume-Uni). Dans la mesure où ils désirent publier de la recherche de meilleure qualité et
fiable, il est important pour les éditeurs de réduire les biais et le gaspillage dans la recherche. Ces
derniers souhaitent également soutenir la conformité avec les politiques des bailleurs de fonds, ainsi
qu’avec les politiques et la législation institutionnelles et gouvernementales. Il existe également une
volonté de réduire les biais (à savoir la non-publication de recherche) et d’augmenter la réutilisation
des contenus de la recherche. Des méthodes de publication plus innovantes sont ainsi à l’étude. Les
éditeurs n’ont aucun contrôle sur certaines sources majeures de biais, mais ils peuvent contribuer à
leur réduction à travers leurs politiques éditoriales, leurs orientations et leurs méthodes de
publication (par exemple, les lignes directrices ARRIVE). Les politiques éditoriales peuvent contribuer
à la transparence et à la réutilisation d’informations à travers l’enregistrement des études, les lignes
directrices de promotion de la transparence et de l’ouverture et la reconnaissance de l’obligation de
publier les résultats négatifs. Des progrès vers de meilleures politiques de partage des données et
leur amélioration sont en cours. Les méthodes d’édition et de publication devraient faire l’objet d’une
vérification afin de garantir la bonne mise en œuvre, par exemple, des lignes directrices ARRIVE, de
sorte que les informations essentielles fassent l’objet de rapports à des fins de qualité des données et
de reproductibilité. L’augmentation des revues à accès ouvert et une meilleure utilisation des
données à partir d’une analyse de métadonnées et de répertoires publics tels que figshare et Dryad
auront pour effet de promouvoir activement la réutilisation des recherches et pourraient réduire la
charge que représente la répétition inutile d’expérimentations animales.
Le débat de spécialistes de la session nº 5 a élargi la portée de la question de la recherche
responsable. Il a été suggéré que la Commission européenne apporte son soutien pour que 2020 soit
l’année des examens systématiques (à savoir la collecte et l’analyse critique de différents documents
de recherche). Cela favoriserait une meilleure mise en œuvre des «trois R» ainsi que la justification du
choix d’utiliser des animaux. Ces valeurs devraient être intégrées au sein de l’UE et sont déjà
27
adoptées dans les financements d’Horizon 2020. Le besoin de modèles statistiques appropriés de
toutes les expérimentations animales afin de garantir que suffisamment de données sont obtenues
pour produire des résultats utiles et significatifs a été souligné. En outre, l’accent a été mis sur la
nécessité d’une approche différente vis-à-vis de la recherche, par exemple la prise en considération
accrue de la méthode de la voie (moléculaire / biochimique) en médecine, ainsi que d’autres
expérimentations qui pourraient présenter des améliorations considérables par rapport aux modèles
animaux.
Les spécialistes se sont accordés pour dire que les bailleurs de fonds de la recherche (y compris les
programmes de financement de l’UE) doivent apporter leur soutien à l’adoption des lignes directrices
ARRIVE et de l’EDA dans la conception des expérimentations. Le Wellcome Trust (Royaume-Uni)
procède déjà de la sorte et soutient activement ses bénéficiaires de subventions dans la conduite de
recherches responsables. Les bailleurs de fonds peuvent également contribuer d’autres manières, en
encourageant par exemple le partage de données ou l’accès ouvert, qui sont essentiels pour réduire
les répétitions; c’est le cas de «Wellcome Open Research», qui propose une plateforme pour la
publication rapide et à accès ouvert de la recherche dans le cadre des projets qu’il finance, avec
examen ouvert par les pairs. Il a également été suggéré que les agences de financement retiennent
les financements des chercheurs qui ne démontrent pas le respect des exigences relatives aux «trois
R», ne suivent pas des lignes directrices telles qu’ARRIVE, ou ne rendent pas publics les résultats de
leurs recherches. Les bonnes pratiques doivent être démontrées dans le cadre de l’octroi de
subventions. Les bailleurs de fonds reconnaissent ce rôle et se sont récemment réunis pour s’engager
sur des principes communs de recherche responsable. Il a été suggéré que d’autres secteurs
pourraient en faire de même.
Les éditeurs de recherche pourraient fournir davantage d’efforts pour garantir que la recherche
menée est responsable et fait l’objet de rapports. Des spécialistes (des «trois R») doivent siéger au
sein des comités de rédaction et avoir la qualité de pairs évaluateurs. Il a été souligné qu’il était de
plus en plus difficile de trouver des pairs évaluateurs et d’obtenir des examens par les pairs en temps
opportun. Le processus d’examen par les pairs pourrait être rendu plus transparent si la
recommandation de le rendre ouvert et de mettre fin à l’anonymat des évaluateurs était suivie. Les
revues devraient appliquer les lignes directrices ARRIVE ainsi que d’autres principes similaires relatifs
aux «trois R». Les revues devraient activement œuvrer à empêcher les demandes excessives de
conclusions de recherche et devront faire preuve d’intégrité pour y parvenir.
L’incidence perçue de la recherche, ainsi que les récompenses et les incitations (par exemple,
subventions, financements) doivent être réexaminées. Les chercheurs (universitaires notamment)
sont encouragés à produire de la recherche «à forte incidence» qui n’équivaut pas nécessairement à
de la recherche de haute qualité. Les activités telles que le «Research Excellence Framework» (REF)
britannique, l’évaluation de la qualité de la recherche universitaire au Royaume-Uni, devraient être
réévaluées. Le recours à des communiqués de presse pour annoncer des résultats est lié à l’incidence
élevée de la recherche. De nombreux communiqués de presse simplifient à l’excès et exagèrent les
conclusions des recherches. Le recours à des centres de médias scientifiques nationaux spécifiques
(par exemple, le «Science Media Centre» au Royaume-Uni) est encouragé pour proposer un examen
équilibré des résultats scientifiques.
6.3 Conclusions et recommandations de la session nº 5
Plusieurs conclusions essentielles peuvent être tirées de la session nº 5.
28
- L’Union européenne encourage activement le recours à des alternatives aux
expérimentations animales, pour des raisons éthiques et scientifiques, à plusieurs niveaux,
notamment celui de la recherche fondamentale et appliquée et celui des essais, dans le cadre
d’une politique fondée sur des données scientifiques qui soit en phase avec les demandes des
citoyens.
- L’examen systématique des expérimentations animales est un outil essentiel pour apporter
une amélioration à ce domaine scientifique.
- Le gaspillage observé dans la recherche scientifique a pour résultat l’utilisation inutile
d’animaux, en raison de la mauvaise qualité des modèles statistiques des expérimentations,
et entraîne de mauvais résultats en termes de reproductibilité.
- Les biais dans les modèles expérimentaux et les rapports exagérés d’études animales ou non
animales peuvent avoir pour conséquence des résultats erronés.
- Il convient d’encourager la science ouverte, ainsi que tous les moyens de donner accès aux
données, afin de garantir la transparence des données et leur réutilisation.
- Les récompenses et les incitations dans le domaine de la recherche, comme la publication
dans des revues influentes et la poursuite des subventions de financement, sont susceptibles
d’encourager l’élaboration de rapports de conclusions de recherche volontairement trop
optimistes afin d’en démontrer l’importance.
- Les outils tels que l’EDA du NC3Rs constituent un moyen de mieux concevoir les
expérimentations utilisant des animaux.
- Les lignes directrices ARRIVE du NC3Rs peuvent grandement contribuer aux bonnes
procédures de rapport des expérimentations animales et devraient être appliquées au stade
de la conception du projet / de la proposition de subvention ainsi qu’au moment de
l’élaboration du rapport de conclusions.
- Les éditeurs soutiennent de plus en plus les principes des «trois R» ainsi que l’inclusion des
lignes directrices ARRIVE dans les politiques éditoriales. Toutefois, davantage d’évaluateurs
formés aux méthodes alternatives et à l’ouverture sont nécessaires tout au long du processus
d’analyse. En outre, une partie de la recherche relative aux «trois R» est considérée comme
peu pertinente et de piètre qualité si elle n’est pas explicitement associée à des modèles
animaux.
- Il existe de nombreux moyens qui pourraient permettre à la recherche d’être partagée de
manière ouverte, par exemple des licences communes créatives à accès ouvert.
- Les agences de financement pourraient jouer un rôle plus important et exiger des
expérimentations et des plans correctement conçus pour la publication des résultats, ainsi
que pour l’exécution de cette publication.
La session nº 5 a abouti, entre autres, aux recommandations suivantes:
- La Commission européenne devrait continuer (et augmenter) le financement de la recherche
d’alternatives dans des domaines spécifiques de la recherche fondamentale et appliquée et
dans celui des essais, qui favoriseront l’adoption et la mise en œuvre de ces alternatives.
- Toutes les agences de l’UE telles que l’ECHA, l’EMA et l’EFSA et les initiatives telles que le
Partenariat européen pour la promotion des méthodes de substitution à l'expérimentation
animale et l’IMI devraient davantage encourager l’adoption des alternatives et reconnaître
explicitement que la mise en œuvre des «trois R» constitue une exigence juridique au sein de
l’Union.
- La science doit s’efforcer de comprendre tous les éléments de biais des modèles
expérimentaux et des processus de rapport des résultats et y mettre un terme.
29
- Un modèle expérimental solide, soutenu par des outils tels que l’EDA du NC3Rs, devrait faire
partie des exigences des agences de financement.
- L’application des lignes directrices ARRIVE du NC3Rs devrait être obligatoire en ce qui
concerne la publication de résultats et devrait être une condition à l’octroi de subventions
pour l’ensemble de la recherche utilisant des animaux financée par des fonds publics.
- Davantage d’efforts devraient être consentis pour garantir que les résultats et les données
sous-jacentes sont ouvertement disponibles, en utilisant par exemple des répertoires de
données tels que le nuage européen pour la science ouverte, en donnant accès à l’ensemble
des résultats, y compris négatifs, et en permettant la réutilisation gratuite et facile des
données, notamment les résultats émanant de recherches utilisant des animaux financées
par des fonds publics.
- Les politiques éditoriales des revues devraient davantage intégrer les principes des «trois R»
en garantissant le respect des lignes directrices ARRIVE.
- Le processus d’examen par les pairs devrait être évalué pour déterminer s’il est adapté en ce
qui concerne la transparence et l’application / analyse des «trois R» et les méthodes
d’expérimentation non animale en particulier.
- Il conviendrait de réexaminer la manière dont l’incidence de la recherche est évaluée, afin de
mettre un terme à l’importance accordée à la présentation des résultats sous la forme de
«gros titres» accrocheurs et d’en garantir ainsi la qualité et la pertinence.
- 2020 devrait être proclamée «année des examens systématiques».
- Chaque État membre devrait être encouragé à disposer d’un centre de médias scientifiques
équilibré, à l’instar de celui du Royaume-Uni, qui aide la presse généraliste dans la
présentation exacte des résultats de la recherche.
7. Session nº 6 – L’avenir La marche à suivre
7.1 Introduction à la session nº 6
Pour remplacer les animaux dans les expérimentations scientifiques de manière complète et réussie,
les technologies futures et en cours de développement doivent être utilisées. Ces nouvelles
technologies peuvent tirer profit des nouveaux domaines de la science et de la compréhension. La
session nº 6 a examiné plusieurs de ces technologies sous l’angle du type d’informations qu’elles
peuvent fournir et de la manière dont ces informations peuvent être utilisées. Le but de cette session
était de déterminer comment ces techniques, et d’autres, pouvaient être mises en œuvre dans le
remplacement des animaux.
7.2 Thèmes et débats principaux de la session nº 6
La contribution potentielle de la métabolomique à l’évaluation des risques chimiques sans animaux a
été présentée par Mark Viant (université de Birmingham, Royaume-Uni). La métabolomique est une
technique fondée sur la biologie moléculaire qui permet de mesurer de manière non ciblée les
réactions métaboliques d’un système biologique (à un produit chimique). Considérée comme
importante en biologie mécanique (et donc pour comprendre les effets de l’exposition à des
substances chimiques), elle est hautement prédictive des phénotypes et des effets indésirables. La
métabolomique est fondée sur la connaissance des mécanismes de toxicité, qui est essentielle pour la
«transférabilité» dans l’évaluation des risques chimiques (c’est-à-dire pour appliquer avec succès une
30
alternative aux essais in vivo). Bien que l’AOP offre un cadre de gestion des connaissances, une
stratégie réalisable est nécessaire pour mettre sur pied de nouvelles AOP en temps opportun, de
manière rentable et en utilisant efficacement les ressources. Face au problème que pose
l’identification de mécanismes connus et inconnus, la métabolomique peut s’avérer être un outil
efficace pour découvrir des mécanismes de toxicité moléculaire, à savoir pour soutenir le
développement d’AOP, ainsi que pour découvrir des mécanismes de maladies. Mark Viant a expliqué
que les technologies de la métabolomique ont fait leurs preuves et que l’harmonisation de ces
méthodes est actuellement en cours au niveau international afin d’en faciliter l’adoption. Mark Viant
a proposé une stratégie de caractérisation des dangers pour laquelle la métabolomique non ciblée
constitue la base des connaissances mécaniques, ce qui a le potentiel de caractériser 100 000
substances chimiques relativement rapidement. La métabolomique peut être dérivée pour un
ensemble d’espèces différentes conformes aux «trois R» pour comprendre les voies en termes de
biologie de l’évolution. Plusieurs étapes sont nécessaires à la mise sur pied d’une base de
connaissances toxicologiques issues de la métabolomique (ainsi que d’autres méthodes en
«omiques»). Des lignes directrices sur l’utilisation de la métabolomique en toxicologie réglementaire
doivent encore être élaborées, par exemple par l’ECETOC ou l’OCDE. Un projet pilote de
métabolomique à une échelle suffisamment grande devrait être mené afin de faire la démonstration
de la stratégie proposée pour l’évaluation des risques. Cela nécessitera l’engagement de tous les
acteurs concernés et finira par réduire le nombre des expérimentations animales.
L’utilisation de systèmes microphysiologiques (SMP) pour résoudre les problèmes lors de l’essai de
médicaments, de substances chimiques ou d’ingrédients de produits cosmétiques (et implicitement
d’une applicabilité plus large) a été décrite par Reyk Horland (TissUse, Berlin, Allemagne). Les SMP
sont des systèmes microfluidiques de culture cellulaire capables de reproduire la biologie humaine à
la plus petite échelle biologique acceptable. Le noyau des SMP de TissUse est la technologie de la
«puce multi-organes», composée d’une puce sur une lamelle porte-objets normalisée avec une
micropompe sur puce et un rapport naturel tissu-fluide. Les cultures cellulaires sont 100 000 fois plus
petites que les organes d’origine et le prototypage de toute conception pertinente de puce est rapide.
De manière générale, les SMP sont compatibles avec l’imagerie des tissus vivants. Les SMP de TissUse
sont passés des puces à deux organes à la mise en œuvre réussie de puces à quatre organes
comprenant, par exemple, l’intestin, le foie, la peau et le rein. La prochaine génération de SMP sera
celle de l’«humain sur puce» présentant dix organes ou plus. Les premiers prototypes d’«humain sur
puce» devraient être disponibles en 2018. Un groupe d’experts provenant d’universités, de l’industrie
et d’agences réglementaires a publié une feuille de route pour atteindre le but ultime que représente
la prise de décisions relatives à l’évaluation des dangers grâce à l’utilisation des SMP. Cela en
nécessitera l’adoption par l’industrie pour l’évaluation des modes d’action et les essais de toxicité
ainsi que les essais de sécurité systématiques, la modélisation des maladies et les essais cliniques sur
puce. La validation des SMP pour les essais de toxicité et la modélisation des maladies est un
prérequis en vue de l’acceptation réglementaire.
La question du potentiel des cellules souches humaines et des organes sur puce a été approfondie par
Christine Mummery (département médical de l’université de Leyde, Pays-Bas). Il existe trois types de
cellules souches humaines pouvant servir à diverses techniques scientifiques: cellules souches
pluripotentes, pluripotentes induites et adultes. Chaque type présente plusieurs avantages et
différentes applications possibles. Les cellules souches pluripotentes peuvent être dérivées de tissus
tels que la peau, le sang, l’urine ou les dents et être différentiées de cellules cardiaques, cérébrales,
hépatiques et pancréatiques relativement rapidement, constituant potentiellement des organoïdes
qui imitent les organes adultes. Les cellules souches pluripotentes induites (SPi) humaines et les
organoïdes adultes de cellules souches sont largement acceptés d’un point de vue éthique et
31
génétiquement identiques au donneur, capturant ainsi l’ensemble de leurs caractéristiques
génétiques. La découverte de médicaments utilise les cellules souches de manière très précoce dans
le processus de recherche; les cellules SPi pourraient permettre le développement de modèles pour
des maladies rares qui autrement ne seraient peut-être pas mis au point, par exemple des formes
rares de maladies cardiaques. S’agissant de la toxicité des médicaments, un système d’analyse
utilisant une série de micro-électrodes a été développé pour déterminer les effets de médicaments
sur des feuillets de cardiomyocytes à partir de cellules souches pluripotentes humaines. Il a été
démontré que ce système était prédictif de la cardiotoxicité et l’administration américaine chargée
des aliments et des médicaments (FDA) adoptera ce test pour évaluer la sécurité pharmacologique
des médicaments pour le cœur dans le cadre de l’initiative CiPA en 2017. D’autres applications sont
notamment des organoïdes dérivés de cellules souches comme essais in vitro destinés à évaluer
l’efficacité de médicaments contre la mucoviscidose. Les cellules souches peuvent également servir à
fournir des cellules et des tissus pour les technologies d’organes sur puce afin de faciliter l’évaluation
de modèles de maladies humaines et de la toxicité au niveau des organes humains. Ces organes sur
puce contiennent des courants «microfluidiques» imitant, par exemple, la circulation sanguine. Les
puces à double couche sont capables d’imiter la barrière hémato-encéphalique et il existe des
modèles pour les maladies pulmonaires. Les méthodes relatives au cerveau sur puce pourraient être
capables de modéliser des maladies d’origine génétique (y compris cognitives), dont la
dégénérescence des motoneurones. Bien que les cellules souches et les dispositifs d’ingénierie 2D et
3D offrent de nombreuses possibilités pour mettre au point des traitements personnalisés et des
réactions à des composés chimiques, il existe certaines limites au système actuel, notamment
l’incapacité de fournir des estimations précises en matière de pharmacocinétique, de toxicologie
reproductive sur plusieurs générations et de fertilité ou d’effets sur les facultés cognitives.
L’utilisation de techniques d’imagerie non invasives pour améliorer la science et réduire l’utilisation et
la souffrance des animaux dans la recherche fondamentale a été abordée par Tony Lahoutte (Société
européenne d’imagerie moléculaire, Bruxelles, Belgique). L’imagerie moléculaire a été définie comme
la visualisation, la caractérisation et la mesure de processus biologiques aux niveaux moléculaire et
cellulaire dans les systèmes vivants, par exemple le corps dans son ensemble. L’imagerie est de plus
en plus utilisée pour remplacer les techniques et les tests invasifs chez l’homme et les animaux; elle
présente de nombreux avantages, ne nécessite pas de procédures chirurgicales et peut être utilisée à
de nombreuses fins. Les modalités d’imagerie se sont fortement améliorées au cours des dix
dernières années, qu’il s’agisse des analyses MicroSPECT et MicroPET ou de l’IRM. Il est également
possible de procéder à une répétition de scanners non invasifs pour suivre l’évolution d’une maladie
avant et après la thérapie. L’imagerie est perçue comme un lien essentiel entre les alternatives in
vitro et les applications cliniques et couvre un éventail allant de la cellule vivante aux petits animaux
et à l’imagerie clinique moléculaire (humaine).
Le potentiel de l’approche de l’«humain physiologique virtuel» pour ce qui est de fournir des
informations concernant les maladies humaines a été présenté par Marco Viceconti (université de
Sheffield, Royaume-Uni). En référence à l’action des médicaments sur les os, ce dernier a expliqué
que l’évaluation pré-clinique sur les animaux était complexe et passait par de nombreuses
hypothèses implicites, comme par exemple que l’ovariotomie de souris femelles est un modèle
d’ostéoporose postménopausique ou que le recours à la chirurgie placebo sur le groupe témoin
pouvait «normaliser» l’effet systématique de la chirurgie. En utilisant une combinaison d’imagerie
longitudinale in vivo et de modélisation informatique spécifique aux souris, il est possible de contrôler
les modifications dans les tissus minéralisés formant le tibia de la souris et d’estimer les changements
en termes de force que cela produirait, de manière très détaillée sur tout le tibia, et dans le temps. Il
a été constaté que ces observations/prédictions améliorées réduisaient considérablement le nombre
32
d’animaux nécessaires pour parvenir à une puissance statistique identique. L’avenir de cette
technologie est l’utilisation de l’imagerie et de prédictions animales in silico spécifiques pour
remplacer des pans entiers d’une étude animale. Elle permettra également de comparer les réactions
chez les animaux et chez l’homme, puisque les mêmes méthodes d’imagerie et de modélisation
peuvent être utilisées chez les humains. Cela fournira de meilleures données et permettra par
conséquent une meilleure compréhension mécanique et une amélioration des prédictions. Les
méthodes non invasives et les technologies in silico permettent ainsi les observations sur de grands
espaces anatomiques et dans le temps, ce qui est essentiel pour une bonne interprétation des
observations. En tant que telles, les technologies in silico peuvent déclencher une «renaissance» de la
recherche biologique sur la base de l’épistémologie des sciences physiques.
Le débat de spécialistes a permis de mieux comprendre l’avenir des nouvelles technologies. Il a été
observé que la prédiction de la sécurité (d’un médicament) nécessitera de nombreux et différents
types de modèles, chacun ayant des avantages spécifiques et répondant à différentes questions. Il
sera nécessaire de rassembler l’ensemble des connaissances et des données et de mettre en place
une collaboration entre toutes les parties prenantes, par exemple l’industrie, les universités et les
patients. Les flux de financement tels que l’IMI de l’UE peuvent aider à rassembler des groupes, des
technologies et des traitements. Malgré tous les efforts actuels, un spécialiste du panel de l’industrie
pharmaceutique estimait qu’il faudrait peut-être encore des décennies avant que l’on puisse se
dispenser d’utiliser des animaux.
Il a été observé que les groupes de patients n’avaient pas réagi vigoureusement à l’initiative
citoyenne européenne, la majorité des avocats de patients concentrant leur travail sur des aspects
spécifiques aux maladies. Il est reconnu que les besoins médicaux insatisfaits sont extrêmement
nombreux, ce qui affecte les patients au sein de l’UE et les affectera dans le futur. Les maladies rares
constituent un défi permanent et l’évolution démographique soulève de nouveaux défis tels que le
vieillissement, l’obésité et la démence. Le rythme auquel la recherche peut apporter une réponse à
ces besoins peut s’améliorer avec les nouvelles technologies débattues. Les réseaux de patients
soutiennent généralement la recherche biomédicale comme outil pour résoudre le problème des
besoins médicaux insatisfaits. Ce soutien ne fera que continuer jusqu’à ce que les animaux ne soient
plus nécessaires au maintien du processus de recherche. Les patients doivent participer à toutes les
décisions relatives aux avantages et aux risques des nouveaux traitements. Dès lors qu’il est
progressivement mis un terme aux preuves basées sur l’utilisation d’animaux et que sont peu à peu
introduites les preuves basées sur les nouvelles techniques, les groupes de patients devraient être
bien informés et disposer des moyens de participer au processus.
Afin de proposer des modèles améliorés, les technologies génomiques devraient être liées aux
groupes de modélisation in silico, ce qui pourra nécessiter des financements de l’UE. Toutes les
nouvelles technologies devront démontrer à quel point elles sont solides, prédictives et fiables.
L’épistémologie des nouvelles méthodes doit être définie, ce qui fonctionne pour un type de
technologie pouvant éventuellement s’avérer inefficace pour d’autres. Concernant les financements,
il est nécessaire de continuer à financer la recherche fondamentale, ainsi que la validation et les
moyens de combiner les techniques, et de partager les données.
7.3 Conclusions et recommandations de la session nº 6
33
Plusieurs conclusions essentielles peuvent être tirées de la session nº 6.
- Il existe tout un ensemble de technologies humaines basées sur la biologie qui font davantage
progresser la science tout en soutenant le remplacement de l’utilisation des animaux dans la
recherche biomédicale.
- La métabolomique apportera des connaissances mécaniques à l’appui de la prédiction de la
toxicité des substances chimiques. Elle peut fournir des connaissances sur plusieurs espèces
sentinelles respectant les principes des «trois R».
- Les efforts en cours pour harmoniser la métabolomique amélioreront l’utilité et l’adoption de
ces méthodes.
- Les mécanismes d’action toxique peuvent être organisés au sein du cadre de l’AOP. Il existe
ici une relation potentiellement symbiotique par laquelle la métabolomique peut informer les
AOP, tandis que les AOP constituent le cadre pour organiser les données issues de la
métabolomique.
- Nous approchons de la mise au point de l’«humain sur puce», qui permettra de prédire les
effets de substances chimiques sur de multiples organes. Cela pourra servir à l’évaluation de
la sécurité, mais également à la modélisation de maladies.
- Les technologies de l’«humain sur puce» nécessitent leur adoption à plus grande échelle par
l’industrie et davantage d’avancées technologiques pour les rendre adaptées à la validation,
qui permet l’adoption réglementaire.
- Il est possible de créer des SPi pour tous les organes. En combinaison avec les technologies
d’organe sur puce et les modèles in silico, elles permettront de caractériser les maladies et de
les traiter de manière plus efficace et éthique, et pourraient constituer une solution au
manque d’investissements dans les maladies rares.
- Les SPi apporteront des solutions en matière de sécurité pharmacologique. L’initiative CiPA
de la FDA américaine utilisera la technologie SPi comme essai normalisé pour déterminer la
cardiotoxicité, mettant ainsi un terme à l’obligation des expérimentations animales pour ce
point terminal.
- Les technologies modernes d’imagerie apportent des réponses et suivent des traitements qui
n’étaient pas possibles auparavant ou nécessitaient des techniques (chirurgicales) invasives.
- Les technologies de l’imagerie peuvent être liées aux modèles in silico et fournir des données
de meilleure qualité et en temps réel pour les animaux et l’humain. Elles permettent de
mieux comprendre les mécanismes d’action et de parvenir à de bonnes prédictions des effets.
- Pour utiliser ces technologies aux fins, par exemple, de la sécurité des médicaments, une
recherche collaborative réunissant plusieurs parties prenantes sera nécessaire.
- L’intérêt principal des groupes de patients se porte sur la continuité des progrès en recherche
biomédicale. Les patients soutiennent les domaines dans lesquels l’utilisation d’animaux reste
un outil nécessaire.
- Toutes les nouvelles technologies requièrent une certaine forme de validation ou de
démonstration qu’elles sont adaptées aux fins poursuivies.
La session nº 6 a abouti, entre autres, aux recommandations suivantes:
- L’harmonisation de l’ensemble des nouvelles méthodologies est nécessaire, la
métabolomique réalise des progrès satisfaisants et pourrait servir de modèle pour soutenir
les futurs efforts d’harmonisation.
- Une évaluation à grande échelle de la métabolomique est nécessaire afin d’en démontrer
l’utilité pour identifier des mécanismes d’action relatifs à la sécurité chimique pour un certain
nombre d’espèces.
34
- Un soutien est nécessaire pour achever la mise au point de technologies telles que l’«humain
sur puce», en vue de l’adoption et de la validation par l’industrie.
- Il faut élargir l’approche de type AOP à des domaines en dehors de la toxicité réglementaire,
par exemple dans la modélisation de maladies.
- Les tissus humains devraient être rendus plus largement accessibles, un problème à traiter au
niveau de l’UE.
- Toutes les nouvelles technologies requièrent une certaine forme de validation pour
démontrer qu’elles sont adaptées aux fins poursuivies. Des efforts supplémentaires
pourraient s’avérer nécessaires pour la mise sur pied de programmes et de stratégies de
validation.
- La technologie SPi et d’autres technologies connexes devraient être développées pour
faciliter la gestion d’effets spécifiques au niveau des organes et le traitement de maladies.
- Il est nécessaire de mieux comprendre les limites des nouvelles technologies, notamment la
manière de développer les techniques à base cellulaire.
- Les groupes de patients devraient être informés des nouvelles technologies, de leurs
avantages et de leurs risques.
- Des efforts devront être déployés pour montrer comment combiner les nouvelles
technologies, par exemple pour la sécurité des médicaments, ce qui pourrait nécessiter un
nouveau mode de pensée, tant à l’égard de la technologie elle-même que par rapport aux
moyens de combiner des informations.
8. Conclusions
Plus de 320 personnes ont assisté sur place à la conférence scientifique (dont 80 % de scientifiques) et
environ 200 personnes y ont participé en ligne. Les parties prenantes représentées provenaient du
milieu universitaire et d’instituts de recherche, de l’industrie chimique, pharmaceutique et
cosmétique, de laboratoires d’essais contractuels, d’agences gouvernementales, de maisons
d’édition, d’organisations de financement, de groupes de patients, des groupes de citoyens et d’ONG
actives dans le domaine du bien-être des animaux. La forte participation démontre l’intérêt et la
motivation de toutes les tranches de la population pour un passage à une science ne faisant pas appel
à l’expérimentation animale. La conférence scientifique s’est déroulée dans un esprit de changement
positif, ouvert et constructif. Les animaux sont utilisés dans de nombreux domaines scientifiques, par
exemple la recherche fondamentale, les tests de sécurité et d’activité, la découverte de médicaments,
les dispositifs médicaux, etc., et il a été reconnu que, d’un point de vue historique, les
expérimentations animales et les informations qu’elles ont fournies ont eu une certaine valeur –
notamment dans des domaines tels que l’identification et le traitement de maladies et la
compréhension des processus biologiques. Même si des progrès considérables ont été réalisés,
d’aucuns estiment qu’il n’existe pas encore de méthodes et de technologies de substitution
adéquates dans tous les domaines pour mettre en œuvre une science sans aucune expérimentation
animale à l’heure actuelle.
La volonté d’apporter un changement dans l’utilisation des animaux par la science et de mettre un
terme aux essais inutiles et non productifs était commune à toutes les parties prenantes. La
conférence scientifique a reconnu l’opportunité, ainsi que le besoin, de changer de paradigme dans la
manière dont la science est mise en œuvre, en s’éloignant des idées arrêtées et des modes de pensée
établis. Il est reconnu que les «trois R» ainsi que le passage à des analyses sans utilisation d’animaux
auront pour résultat une science de meilleure qualité, moins onéreuse et plus réactive ainsi qu’une
35
meilleure protection de la santé humaine et des espèces animales – le besoin de changement
dépasse largement les considérations éthiques. La Commission européenne est attachée à la mise en
œuvre de politiques fondées sur des données scientifiques, y compris une science sans
expérimentation animale qui réponde aux exigences des citoyens. Des divergences apparaissent
néanmoins clairement sur le rythme attendu de changement, certaines ONG et certains groupes de
citoyens appelant à une interdiction immédiate de l’utilisation d’animaux alors que l’industrie
(notamment pharmaceutique) et les régulateurs peuvent avoir une vision à plus long terme. Les
agences gouvernementales et les régulateurs sont considérés comme essentiels pour encourager et
guider la transition rapide vers une science sans expérimentation animale, en reconnaissant le besoin
urgent d’un cadre réglementaire révisé et flexible. Il est également opportun d’envisager des délais
pour l’arrêt progressif des expérimentations animales, si possible, dans des domaines spécifiques et
pour la bonne application de la directive 2010/63/UE et de toute législation connexe.
Il existe une vision mondiale pour la mise en œuvre des «trois R» et toutes les parties prenantes dans
le monde, comme par exemple l’Europe, les États-Unis, le Japon et d’autres, doivent collaborer pour
progresser. Ces progrès nécessiteront une communication et une harmonisation efficaces,
éventuellement à travers des organismes tels que l’OCDE, la CIH/VICH et l’OMS. Il apparaît désormais
clairement que les obstacles à la mise en œuvre d’alternatives doivent être identifiés et supprimés.
L’accès aux données et des dispositions adaptées au partage des données sont nécessaires pour
soutenir les progrès en direction d’une science sans expérimentation animale. Le concept de «science
ouverte» doit faire partie des fondements de la science sans animaux.
La conférence scientifique a permis d’apprendre que de nombreuses technologies sont actuellement
maîtrisées et peuvent être exploitées pour fournir des informations équivalentes aux données
animales, et dans de nombreux cas meilleures et plus pertinentes. Il est absolument nécessaire de
garantir la qualité des données et des informations obtenues grâce à ces technologies, qui devront
être validées et utilisées de manière adéquate. La validation de techniques alternatives pourrait
nécessiter des méthodes nouvelles et originales, qui dépasseront le paradigme réglementaire actuel
et mèneront à l’adoption des nouvelles méthodes par l’industrie et à leur acceptation par les
régulateurs.
Certains estiment que certaines études animales et cliniques historiques ont été mal réalisées et qu’il
est nécessaire de disposer de modèles statistiques adéquats de toutes les expérimentations afin de
garantir la pertinence des résultats et la disparition des biais. L’examen ouvert et systématique de
toutes les propositions d’expérimentations animales est encouragé dès la phase de propositions de
projets impliquant des essais. Il est essentiel que les essais fassent l’objet de rapports adaptés et
l’application des lignes directrices, telles qu’ARRIVE, devrait devenir pratique courante. Des
possibilités existent pour promouvoir de nouvelles normes de publication pour garantir un examen
par les pairs adéquat et la fin des biais de publication. Il conviendrait de saisir d’autres nouvelles
opportunités, telles que les répertoires ouverts, pour publier l’ensemble des données, y compris les
résultats négatifs et les informations de soutien des essais, afin que les informations puissent être
réutilisées et ne soient pas perdues. À l’appui du partage des données, de nouvelles dispositions
informatiques pourraient être nécessaires et des bases de données interopérables seront
indispensables pour permettre un accès facile à toutes les données.
Il existe un besoin continu d’éducation et de formation dans tous les aspects des trois R et de la
science sans expérimentation animale; cela est nécessaire à tous les niveaux, qu’il s’agisse d’étudiants
scolaires et d’universitaires ou de chercheurs confirmés dans les laboratoires industriels et extérieurs.
La diffusion adéquate et complète des connaissances sera essentielle pour y parvenir. À cet effet, il
faudra promouvoir les nouvelles techniques et méthodes et sensibiliser aux ressources grâce à des
36
ressources internet bien conçues et à des installations de recherche bien coordonnées où toutes les
informations seront accessibles. Il est également nécessaire d’informer et d’éduquer plus
efficacement le public, notamment dans le cadre de conférences scientifiques, et de maintenir un
dialogue ouvert et constructif entre les parties prenantes.
Les financements et investissements dans les «trois R» à partir de sources publiques et privées sont
reconnus; par le biais des programmes-cadres jusqu’à Horizon 2020 compris, l’Union européenne a
soutenu les progrès et la recherche dans ce domaine, ainsi que la recherche qui donne la priorité aux
nouvelles technologies humaines basées sur la biologie ne faisant pas référence aux «trois R».
Néanmoins, une meilleure coordination stratégique de l’effort de recherche au sein de l’UE et des
États membres est nécessaire pour accélérer la découverte et éviter la répétition des efforts. À
l’avenir, de tels financements seront nécessaires dans les principaux domaines stratégiques.
L’investissement dans le développement des «trois R» grâce aux nouvelles technologies et au partage
des données de la validation à l’acceptation nécessitera une coordination aux niveaux national,
européen et international.
Pour conclure, cette conférence scientifique a présenté de bonnes perspectives de progrès
significatifs vers une science sans expérimentation animale, tout en montrant que de nombreuses
parties prenantes et disciplines devront œuvrer de concert pour l’acceptation de méthodes plus
éthiques et pertinentes dans les domaines de la science expérimentale en médecine et de
l’évaluation de la sécurité.
37
Annexe 1. Intervenants et panélistes de la conférence
Elke Anklam (Commission européenne, Centre commun de recherche) Jarrod Bailey (Cruelty Free International, Royaume-Uni) Daniel Calleja Crespo (Commission européenne, DG Environnement) Warren Casey (NTP Interagency Center for the Evaluation of Alternative Toxicological Methods, États-Unis) Klaus Cussler (Institut Paul Ehrlich, Agence européenne des médicaments, branche vétérinaire, Allemagne) Gianni Dal Negro (European Partnership for Alternative Approaches to Animal Testing / GSK, Royaume-Uni) Philippe Detilleux (Sanofi, France) Ruxandra Draghia-Akli (Commission européenne DG Recherche) Richard Frackowiak (Université de Lausanne, Suisse) Julie Girling (Membre du Parlement européen, Royaume-Uni) Thomas Hartung (CAAT Europe) Jan G. Hengstler (Leibniz-Institut TU Dortmund, Allemagne) Tracey Holley (Commission européenne, Centre commun de recherche) Reyk Horland (Tissuse Berlin, Allemagne) Iain Hrynaszkiewicz (Springer Nature, Royaume-Uni) Louiza Kalokairinou (Commission européenne, DG Recherche) Robert Kavlock (Environmental Protection Agency, États-Unis) Susanne Keitel (Direction européenne de la qualité du médicament et soins de santé, France) Andrew Knight (Université de Winchester, Royaume-Uni) Derek Knight (Agence européenne des produits chimiques, Finlande) George Kollias (Université d’Athènes, Grèce) Thomas Korff (Université d’Heidelberg, Allemagne) Tony Lahoutte (Société européenne d’imagerie moléculaire, Belgique) Roger le Grand (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, France) Aminda Leigh (Moderators Europe, Italie) Elliott Lilley (Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals, Royaume-Uni) Susanna Louhimies (Commission européenne DG Environnement) Malcolm Macleod (Université d’Édimbourg, Royaume-Uni) Lindsay Marshall (Humane Society International, Royaume-Uni) Nick Meade (Patients Network for Medical Research and Health / Genetic Alliance, Royaume-Uni) Christine Mummery (Université de Leyde, Pays-Bas) Martin Paparella (Administration nationale compétente, Autriche) Stefan Platz (AstraZeneca, Royaume-Uni) Merel Ritskes-Hoitinga (SYRCLE, département médical de l’Université de Radboud, Nimègue, Pays-Bas) Vicky Robinson (NC3Rs, Royaume-Uni) Nadia Rosenthal (Imperial College, Londres, Royaume-Uni) Katrin Schütte (Commission européenne, DG Environnement) Cees Smit (European Patient Forum, Pays-Bas) Adrian Smith (Norecopa, Norvège) Frank Staal (Université de Leyde, Pays-Bas) Beth Thompson (Wellcome Trust, Royaume-Uni) Rick Thompson (Moderators Europe, Royaume-Uni) Frédérique van Acker (TRISKELION B.V., Pays-Bas) Jan-Willem van der Laan (Comité d’évaluation des médicaments / EMA, Pays-Bas) Jan van der Valk (3Rs center Pays-Bas/ ETPLAS) Karmenu Vella (Commissaire pour l’environnement, les affaires maritimes et la pêche) Mark Viant (Université de Birmingham, Royaume-Uni)
38
Marco Viceconti (Université de Sheffield, Royaume-Uni) Amalia Vlad (Commission européenne, CNECT) Gerhard F Weinbauer (Covance Early Development, Allemagne) Maurice Whelan (Commission européenne, Centre commun de recherche)
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Annexe 2. Programme de la conférence
Conférence scientifique de la Commission européenne
Méthodes d’expérimentation non animale - La marche à suivre
6 - 7 décembre 2016
The Egg, Bruxelles
Programme de la conférence
L’objectif de la conférence est d’entamer un dialogue avec la communauté scientifique sur la manière
de tirer profit des avancées de la science pour la mise au point de méthodes d’expérimentation non
animale scientifiquement fondées et de progresser en direction de l’objectif final de mettre
progressivement fin aux expérimentations animales. La question de la validité et du rôle des modèles
animaux et des méthodes d’expérimentation non animale dans tous les domaines de la recherche et
des expérimentations sera débattue tout au long de la conférence.
La conférence comportera des débats dirigés de spécialistes, lors desquels le public pourra intervenir.
Il sera également possible de suivre la conférence en streaming sur internet et de formuler des
commentaires via Twitter (#NonAnimalScience).
Chaque session commencera par de brèves présentations d’introduction. Les débats de spécialistes
comprennent les intervenants ainsi que d’autres panélistes.
Animateurs: Rick Thompson et Aminda Leigh
Mardi 6 décembre 2016
8:15 Inscription et café d’accueil
9:00 Discours d’ouverture par Karmenu Vella (Commissaire pour l’environnement, les
affaires maritimes et la pêche)
9:15 – 11:00 Session nº 1 – Les expérimentations animales aujourd’hui - Malcolm Macleod (Université d’Édimbourg, Royaume-Uni) - La valeur de la
recherche animale aujourd’hui et demain
- Jarrod Bailey (Cruelty Free International, Royaume-Uni) - Analyse de l’utilisation de
modèles animaux pour prédire la toxicologie humaine et la sécurité des médicaments
- Andrew Knight (Université de Winchester, Royaume-Uni) - Utilisation des animaux
et alternatives dans l’enseignement des sciences de la vie et de la santé; examens
systématiques et utilité clinique pour l’homme de la recherche animale invasive
- George Kollias (Université d’Athènes, EL) - Contribution de la modélisation des
maladies à la santé humaine: l’infrastructure de recherche paneuropéenne
INFRAFRONTIER, une ressource publique pour les modèles mammaliens dans la
recherche biomédicale
Autres panélistes: Richard Frackowiak (Université de Lausanne, Suisse) Roger le Grand (CEA, Paris, France) Elliott Lilley (RSPCA, Londres, Royaume-Uni)
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11:00 – 11:30 Pause-café 11:30 – 13:15 Session nº 2 – Recherche biomédicale: avantages et limites des alternatives non
animales
- Jan G. Hengstler (Leibniz-Institut TU Dortmund, Allemagne) – Les systèmes in silico du foie et les possibilités de l’imagerie biphotonique - Stefan Platz (AstraZeneca, Royaume-Uni) – Séquençage personnalisé du génome humain - Frank Staal (Université de Leyde, Pays-Bas) – Les «trois R» appliqués aux animaux de laboratoire pour l’expérimentation et le développement de la médecine régénératrice
- Gerhard Weinbauer (Covance, Allemagne) - Les «trois R» dans la recherche biomédicale du point de vue d’un organisme de recherche clinique Autres panélistes: Thomas Hartung (CAAT Europe) Nadia Rosenthal (Imperial College, Londres, Royaume-Uni) Cees Smit (European Patient Forum, Pays-Bas)
13:15 – 14:15 Déjeuner buffet / Observation des affiches et exposition / Lancement du livre SEURAT
2016
14:15 - 16:00 Session nº 3 – Essais réglementaires: avantages et limites des alternatives non animales
- Maurice Whelan (Centre commun de recherche) - La validation comme étape en
direction de l’acceptation réglementaire et de l’adoption des méthodes alternatives
- Warren Casey (NTP Interagency Center for the Evaluation of Alternative Toxicological Methods, États-Unis) – Définition d’un plan de mise en œuvre d’essais de toxicité au XXIe siècle: obstacles, défis et opportunités - Robert Kavlock (EPA, États-Unis) – Accélérer le rythme des évaluations de risque
chimique
- Jan-Willem van der Laan (Comité d’évaluation des médicaments / EMA, Pays-Bas) – Les «trois R» dans les tests de sécurité des produits pharmaceutiques à usage humain et vétérinaire Autres panélistes: Klaus Cussler (PEI, EMA, branche vétérinaire, Allemagne) Gianni Dal Negro (EPAA / GSK, Italie)
Susanne Keitel (DEQM, France) Derek Knight (ECHA, Finlande)
Martin Paparella (MS CA, Autriche)
16:00 - 16:30 Pause-café
16:30 – 18:30 Session nº 4 – Rapports sur les actions 1 à 3 de la Commission européenne
41
16:30 – 16:55 - Présentation des actions 1 à 3
- Action 3 – Mise en œuvre de la directive 2010/63/UE et harmonisation de la
législation sectorielle (Susanna Louhimies, DG Environnement)
16:55 – 17:20 - Action 1 – Point sur le partage des connaissances et recommandations (Tracey Holley,
Centre commun de recherche)
17:20 – 18:00 Débat de spécialistes sur le partage des connaissances Comment les enseignements et les recommandations de l’action 1 peuvent-ils être mis en pratique?
Autres panélistes: Elke Anklam (Centre commun de recherche) Elliott Lilley (RSPCA) Katrin Schütte (DG ENV) Adrian Smith (Norecopa) Jan van der Valk (3Rs center Pays-Bas/ ETPLAS) Amalia Vlad (DG CNECT)
18:00 – 18:30 - Action 2 - Recherche de l’UE dans le domaine des nouvelles méthodes alternatives (Ruxandra Draghia-Akli, DG Recherche)
18:30 – 20:00 Événement de mise en réseau / Célébration du 25e anniversaire du CEVMA
Mercredi 7 décembre 2016
8:15 Inscription et café d’accueil
9:00 Discours d’ouverture de la deuxième journée par Julie Girling, députée au Parlement européen 9:15 – 10:45 Session nº 5 – Recherche responsable
- Malcolm Macleod (Université d’Édimbourg, Royaume-Uni) – Augmentation de la valeur et réduction du gaspillage dans la recherche expérimentale - Vicky Robinson (NC3Rs, Royaume-Uni) – Conception, analyse et rapports de la recherche animale dans le cadre de la stratégie du NC3Rs et reproductibilité de la recherche
- Thomas Korff (Université d’Heidelberg, Allemagne) – Influence des revues scientifiques sur la mise en œuvre des «trois R» dans les sciences de la vie - Iain Hrynaszkiewicz (Springer Nature, Royaume-Uni) – Le rôle des éditeurs dans l’amélioration de la qualité de la recherche et la réduction du gaspillage grâce à la recherche ouverte
Autres panélistes: Louiza Kalokairinou (Commission européenne, DG Recherche) Lindsay Marshall (HSI, Royaume-Uni)
Merel Ritskes-Hoitinga (Université de Nimègue, Pays-Bas)
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Beth Thompson (Wellcome Trust, Royaume-Uni)
10:45 – 11:15 Pause-café 11:15 – 12:00 Session nº 6 – L’avenir: la marche à suivre / partie 1
- Mark Viant (Université de Birmingham, Royaume-Uni) – Comment la métabolomique peut-elle contribuer au passage à une évaluation des risques sans animaux? - Reyk Horland (Tissuse Berlin, Allemagne) - Mise au point de la puce multi-organes: vers un changement de paradigme dans la mise au point des médicaments
12:00 – 13:00 Déjeuner buffet et opportunité de mise en réseau / Observation des affiches et
exposition
13:00 – 14:30 Session nº 6 – L’avenir: la marche à suivre / partie 2
- Tony Lahoutte (Société européenne d’imagerie moléculaire, Belgique) – Utilisation
de techniques d’imagerie (non invasives) pour améliorer la science et réduire
l’utilisation et la souffrance des animaux dans la recherche fondamentale
- Christine Mummery (Université de Leyde, Pays-Bas) – Les «trois R»: les cellules
souches humaines et les organes sur puce sont-ils des alternatives? Vers une
médecine de précision dans les soins de santé de demain
- Marco Viceconti (Université de Sheffield, Royaume-Uni) – Le potentiel de l’humain
physiologique virtuel
Autres panélistes: Philippe Detilleux (Sanofi, France), Nick Meade (Patients Network for Medical Research and Health / Genetic Alliance, Royaume-Uni)
14:30 - 15:30 Discours de clôture (Daniel Calleja Crespo, DG Environnement, et modérateurs)
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