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Page 1: Mardi 4 août 2020 Vintimille démantèle son camp de migrants · haut de piliers pour hommage aux victimes dont les noms ont été lus à voix haute, mais en l'absence familles qui

•· Mondenice-matin

Mardi 4 août 2020 21

• Vintimille démantèle •

••

son camp de migrants La préfecture d'lmperia a décidé de fermer le « Campo Roja » pour raisons sanitaires, jetant

•- dans les rues des migrants affamés et sans soins. Matteo Salvini est attendu aujourd'hui'

,. L

e jean informe d'Awwalu, Ni­gérian de 29 ans, sèche sur une dalle de béton, à même

la plage de Vintimille. Le jeune homme vient de le laver dans une mare d'eau saumâtre, formée par la Roya. C'est ici que le fleuve se jette dans cette Méditerranée qu'ils ont traversée au péril de leur vie., Une dizaine de migrants squatte ce bout de nulle part L'un d'eux dort à côté de ses valises. Un peu plus loin, des touristes,

·• étendus sur leur serviette de bain,le

goûtent à la dolce vita. Saisissant' contraste.

Sur décision préfectorale, les mi­·• grants ont été mis à la porte duI• « Campo Roja», le camp d'accueil 1 de Vintimille ouvert en 2016.

Awwalu y résidait depuis l'ouver­ture.

Des bénévoles vident le camp, fermé sur décision préfectorale. Pendant ce temps, les migrants, dont Awwalu, 29 ans, se retrou­vent livrés à eux-mêmes, éparpillés dans Vintimille. (Photos Cyril Dodergny)

« Nous ne savons pas pourquoi la préfecture a voulu le fermer. Il y a eu deux cas de Covid-19 à l'inté­rieur. Mais de là à le boucler pourdes raisons sanitaires!, s'alarme Gabriele Sismondini, élu au con­seil municipal, dans l'opposition. Du coup, les migrants sont allés dormir dans les jardins, dans le

• centre-ville, au bord du fleuve, C'est

•un gros problème social et sani­taire. J'espère que le gouverne­ment central va étudier une solu-

• tion.,,

• L'ancien ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, est attendu au­jourd'hui à Vintimille pour échan­ger sur le sujet avec le maire. Gae­tano Scullino, injoignable hier,s'est exprimé dans la presse ita­lienne. Malgré son penchant très

à droite - il a été soutenu aux élec­tions par la Ligue de Salvini -, il n'a pas caché son opposition à cette fermeture. Le camp avait le mérite de fixer les migrants et d'offrir un accueil et des soins.

La population préoccupée

Autour du marché couvert, la po­pulation de Vintimille affiche d'ailleurs sa préoccupation, de voir ces adolescents, hommes, femmes et enfants errer sans but. Le traumatisme de 2016 est dans toutes les têtes. Cette année-là, l'afflux avait été massif. Ils seraient en ce moment près de deux cents dans les rues de la ville-frontière, squattant la plage,

les abords de la gare ou le lit du fleuve. Les conditions sanitaires sont alarmantes. « Ils n'ont plus delieu physique pour dormir, pren­dre une douche, aller aux toilet­tes. Cette situation est une aber-ra­tion, estime Maurizio Marmo, pré­sident de Caritas Vintimille. Au

camp, ils pouvaient au moins con­sulter un médecin ! »

Vaille que vaille, Caritas assure une distribution de repas le matin, délivre une aide juridique, s'ap­puie sur des médecins bénévo­les. La solidarité s'organise face à l'abandon de l'État. Le soir, des as­sociations se relayent pour des maraudes. Nous faisons un saut au « Campo Roja », situé à quelques kilomètres

du centre-ville, en bord de Roya, le long d'une route en cul-de-sac. Tout un symbole. L'entrée du camp est surveillée par des hom­mes de la « Guardia di finanza », plutôt avenants. Impossible d'y entrer pour autant. Les Algeco si­glés « Croix-Rouge italienne » -qui en assurait la gestion par con­vention avec l'État - sont vides. Des hommes et femmes en rouge s'affairent à débarrasser les lieux. Depuis trois mois, le « Campo Roja» n'accueillait plus de nou­veaux entrants. Les derniers occu­pants, une trentaine, en ont été ex­traits en fin de semaine dernière. Pourtant, après une période sans traversées de la Méditerranée, les migrants sont de retour en masse

à Vintimille. « Ils arrivent de loin,parfois blessés. Et on les met à la rue où ils ne seront pas à l'abri ducoronavirus ! », se désole, catastro­phée, la militante de l'Association pour la dét11ocratie à Nice (ADN), Teresa Maffeis. Elle participait, la semaine dernière, à une mobili­sation pour s'opposer à cette fer­meture. Selon elle, certains ont déjà réussi à franchir illégalement la frontière et ont été recueillis à Nice. Sur la plage de Vintimille, Awwalu, le Nigérian, ne cache pas son abat­tement. " Nous avons du mal à

nous laver, nous sommes affamés, aidez-nous ! »

GRÉGORY LECLERC [email protected]

SOUPÇONNÉ DE CORRUPTION

L'ex-roi Juan Carlos quitte l'Espagne

Cinauguration du pont San Giorgio à Gênes

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Soupçonné de corruption et sous le coup d'une enquête de la Cour suprême, l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos -qui avait abdiqué en juin 2014 en faveur de son fils sur fond de scandales-a annoncé sa décision de quitter le pays dans une lettre adressée à son fils, le souverain Felipe VI, citée par la Maison royale. « Guidé à présent par laconviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne », a écrit l'ancien souverain cité dans le communiqué de la Maison Royale, où le roi Felipe VI accepte et le remercie pour sa décision. La justice, en Suisse et en Espagne, enquête notamment sur une centaine de millions de dollars qui auraient été secrètement versés sur un compte en Suisse à Juan Carlos ter par l�rabie saoudite. En 2018, la presse espagnole révélait que Juan Carlos aurait touché une rétro-<:ommission lors de rattribution en 2011 à des entreprises espagnoles d'un contrat pour un train à grande vitesse (AVE) entre La Mecque et Médine. Juan Carlos ter a régné 40 ans en Espagne, où il avait accédé au trône après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.

<< symbole de la nouvelle renaissance italienne >>Pratiquement deux ans jour pour jour après l'effondrement du pont de Gênes (nord-est) qui a fait 43 morts le 14 août 2018, l'Italie a inauguré, hier en début de soirée, un nou­veau viaduc, " symbole de la nouvelle re­naissance italienne », mais sans les familles des victimes pour qui ces cérémonies sont déplacées. Des avions à réaction de la patrouille acro­batique de l'armée de !'Air lâchant des fumi­gènes aux couleurs du drapeau italien ont survolé le pont San Giorgio sur fond d'arc­en-ciel au moment où le Premier ministre Giuseppe Conte a coupé le ruban, tandis que les sirènes du port de la ville hurlaient à tout vent. « Quarante-trois étoiles brilleront bien haut cha­que soir», a déclaré Giuseppe Conte alors que s'allumaient des lumières placées en haut de piliers pour rendre hommage aux victimes dont les noms ont été lus à voix haute, mais en l'absence de leurs familles qui ont refusé de participer aux cérémonies et se retrouveront dans dix jours pour marquer le deuxième anniversaire de la tragédie.

A Gênes, deux ans après l'effondrement du pont Morandi, qui a causé la mort de 43 personnes, l'Italie a inauguré, hier, une nou­velle structure érigée en un temps record, qui contraste fortementavec les autres grands projets italiens. (Photo AFP)

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Communication
4 août