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N°5Septembre 2011

THÉA A LES YEUXRIVÉS SUR L’EUROPE

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Sommaire SEPTEMBRE 2011

Les dernières nominations dans la pharma

pages 49 et 50

Carnet

En directdes usines

Le médicament veut traiter le risquepsycho-social

Les employeurs sont désormais responsables destroubles psycho-sociaux au travail. Certains indus-triels du médicament ont saisi le problème à bras-le-corps

pages 46 et 47

Le travail, ce n’est pas toujoursla santé…

Le cabinet de RH Accessio a invité ses clients àréfléchir à l’alchimie entre travail, plaisir et souf-france page 48

Métiers

FocusL’actualité pharma en bref

Les principaux événements du semestre écoulé

pages 4 à 13

Les forces d’Ethypharmau Grand-Quevilly

L’usine du Grand-Quevilly a fondé son expertisesur la production de médicaments à libérationmodifiée. Elle s’appuie sur une plate-forme inno-vante de développement pages 32 et 33

Ceva couve ses ambitionsà Libourne

Le laboratoire Ceva Santé Animale a fait de sonusine girondine l’une de ses plate-formes majeuresde production et prévoit d’entrer à l’horizon 2015dans le Top 5 du secteur vétérinaire

pages 34 et 35

Pfizer récupère Rouses Point

La big pharma vole au secours de l’ancienne usineWyeth de Rouses Point que son propriétaire, Akri-max, avait du mal à exploiter page 36

A la UneThéa a les yeux rivés sur l’EuropeLe laboratoire de spécialités ophtalmiques clermontois Théa, pro-priété de la famille Chibret, devrait consolider son activité sur les mar-chés européens après l’acquisition de produits auprès de Novartis

pages 26 et 27

Les cinq années où tout peut changerPression des organismes payeurs dans les pays développés, montée des préoc-cupations de santé dans les pays émergents… Les années qui viennent serontcelles des grands bouleversements de l’industrie pharmaceutique. Est-elle vrai-ment préparée ? pages 14 à 25

Neopac vise une expansioninternationaleLe spécialiste suisse des tubes Polyfoil se lance surde nouveaux marchés, notamment le vétérinaire etle médical

pages 38 et 39

SGD Pharmacie voit l’avenir en grandSGD Pharmacie a mis en place un vaste program-me d’investissements dans ses usines afin de con-crétiser ses ambitions de leader mondial dans leverre moulé pharma

pages 40 et 41

D-Lab, le défi de la productionà usage uniqueL’unité bordelaise de D-Lab met le cap sur les Etats-Unis pour se rapprocher des clients biotech

page 42

Airsec passe sous contrôle suisse

Le spécialiste des emballages dessiccants Airsec,filiale de Süd-Chemie, est entré dans le giron duchimiste suisse Clariant page 43

Conditionnement

Ce numéro magazine est un hors série d’Actu Labo, la lettre bimensuelle de la pharmacie industrielle, publiée par les Editions d’As-klépios, SARL au capital de 50 000 € - 450 613 951 RCS Tours. Adresse : 14 boulevard Heurteloup - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 -02 47 70 60 00 - [email protected]édaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) - Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) - Aurélie

Vouteau (assistante) - Ont participé à ce numéro : Marion Baschet-Vernet - Alexandra Foissac - Stéphane Frachet -Maquette : Régis Beaune -Diffusion : Annie Coupet. Crédits pho-tographiques : DR (pages 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 13, 21, 29, 40, 41, 45, 46), Patrick Gaillardin/agence Picturetank (7), Jean-Christophe Savattier (8, 16, 19, 26, 42), François-Xavier Beuzon (44), IMS Health (14), Genzyme (22), Orphanet (23), Théa (24), Ethypharm (30, 31, 43), Ceva (32, 33), Neopac (34, 35), SGD Pharmacie (36, 37), D-Lab (38).A la Une : Henri et Jean-Frédéric Chibret (photo Théa)Publicité : Mistral Media - 365 rue de Vaugirard - 75015 Paris - 01 40 02 99 00 - www.mistralmedia.frImpression : Imprimerie Vincent (Tours) - Abonnement annuel (22 numéros et les hors séries) : 460€ - Prix de ce numéro : 5 € - Informations légales : CPPAP : 1210 I 83960 -ISSN : 2108-2030 - Dépôt légal : septembre 2011 - Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon.

Cenexi veut sa place dans le Gothaeuropéen des CMOL’ex-filiale façonnage de Roche entend poursuivreune politique d’acquisitions ciblées afin d’étofferson offre galénique et de prestations de services

pages 28 à 30

Le LFB en consulting au BrésilLe LFB va construire un site de fractionnement duplasma au Brésil pour le compte d’Hemobras

page 37

Entre low cost et high value,point de salutDans les cinq ans à venir, l’industrie du médicamentdevra aller chercher la croissance dans les niches àforte valeur ajoutée ou viser les marchés de volumesdes génériques pages 14 à 17

L’Europe va-t-elle manquerde médicaments ?L’Académie nationale de pharmacie tire la sonnetted’alarme sur les délocalisations d’API en Chine eten Inde qui menacent la sécurité et la qualité desapprovisionnements de médicaments en Europe

pages 18 et 19

« Le pacte entre industriels et pouvoirspublics ne doit pas être rompu »Yves Bur, député du Bas-Rhin et rapporteur du pro-jet de loi de financement de la sécurité sociale,estime que les pouvoirs publics n’ont pas intérêt àcharger les industriels après la tempête Mediator

pages 20 et 21

Le marché français du génériquesubit un coup de freinPascal Brière, président du Gemme, réclame l’en-gagement des pouvoirs publics en faveur du géné-rique après les récentes campagnes de désinfor-mation qui brouillent son image

pages 22 et 23

Les maladies rares, un nouveaumodèle pour les pharmasAuparavant délaissées par les pharmas, les mala-dies rares deviennent une cible convoitée. Genzyme,positionné depuis trente ans sur ce segment, asso-cie à sa démarche médecins et patients

pages 24 et 25

Stratégies

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Focus

Biogen-Idecpousse à DurhamLa biopharm Biogen-Idecconstruit 15 000 m2 à Durham,sur le Triangle Research Parkde Caroline du Nord, pouraccueillir le transfert d’envi-ron 275 collaborateurs d’unautre site de la ville. Le labo-ratoire, qui devrait en profiterpour accroître ses effectifs surplace, emploie aujourd’huiprès de 850 collaborateurs surses différents sites de Caro-line du Nord.

Merck investitaussi à DurhamL’américain Merck investitaussi sur le Triangle ResearchPark de Caroline du Nord ; ilengage une extension de6 500 m2 de son unité de fabri-cation de vaccins du TeyburnCorporate Park, à Durham. Leprojet devrait susciter la créa-tion, d’ici à la fin de l’année,d’environ 150 postes sur unsite qui emploie 450 salariés.

PharmStar aussien Caroline du NordLe laboratoire PharmStarPharmaceuticals, qui produitl’Aquaprin, une forme liquidedérivée de l’aspirine vendueen OTC, vient d’annoncerl’acquisition d’une unité de2 000 m2 sur le parc industrielde Wilson (Caroline du Nord),à une soixantaine de kilomè-tres à l’est du fameux TriangleResearch Park de Raleigh,Cary, Durham et Chapel Hill.

Pfizer vend son sitede CambridgePfizer s’apprête à mettre envente son site de 8 500 m² du620 Memorial Drive, à Cam-bridge (Massachusetts).Aucun détail n’a été dévoiléconcernant la possible relo-cation des activités du site etde ses employés. Cette venteintervient deux mois aprèsl’annonce par Pfizer de laréorganisation de sa R&D afind’économiser 2 Md$.

LA CMO SCM PHARMASE DÉVELOPPELa CMO britannique SCM Pharmavient d’accroître les capacités deson unité de Prudhoe, près deNewcastle (nord-est du Royaume-Uni) dans le cadre d’un investisse-ment de 810 000 $. Elle vient, parailleurs, de récupérer la fabrica-tion de l’anti-cancéreux Plenaxis,indiqué dans le cancer avancé dela prostate, que lui a confié soncompatriote Speciality EuropeanPharma (SEP).

LONZA INVESTITAU ROYAUME-UNILe suisse Lonza vient d’annoncerle lancement d’un investissementde 18 M€ sur son site de biopro-duction de Slough, en banlieue deLondres (Royaume-Uni), dédiéaux anticorps et aux protéinesthérapeutiques. Lonza prévoit deconstruire un bâtiment de5 600 m², adjacent à ses locaux

actuels ; le programme devraitêtre bouclé d’ici à la fin 2012. Lesite de Slough emploie actuelle-ment 650 salariés.

ASTRAZENECA ETGALDERMA S’ASSOCIENTEN DERMATOLOGIE

Galderma a conclu un accord decollaboration de cinq ans avecAstraZeneca afin de développerde nouveaux traitements derma-tologiques, notamment contre lepsoriasis, l’acné et la dermatiteatopique. Selon les termes del’accord, Galderma – ici, son usined’Alby-sur-Chéran (74) – auraaccès au portefeuille d’Astra-Zeneca ; ce dernier pourra ainsiélargir son champ d’action et ren-forcer le potentiel de ses compo-sés dans le domaine de la der-matologie.

ALLERGAN INVESTITEN IRLANDEL’américain Allergan va investirprès de 10 M$ sur son site de

Westport (Irlande) afin d’accueil-lir la fabrication du SeriScaffold,un dispositif à base de soie uti-lisé dans la régénération des tis-sus et la chirurgie réparatrice dusein. Cette production sera trans-férée de Boston et devrait entrerdans une phase commerciale àpartir de 2013. Ce développementdevrait susciter la création d’unevingtaine d’emplois.

NOUVEAU SIÈGEPOUR ACTELIONJuste avant Noël, la biopharmActelion a inauguré son nouveausiège d’Allschwill, près de Bâle(Suisse). Les cinq niveaux du bâti-ment, qui a nécessité trois ans deconstruction, permettent d’ac-cueillir 350 salariés « au cœur duquartier général d’Actelion quiemploie un millier de personnes ».

TAKEDA S’EMPAREDE NYCOMEDLe japonais Takeda a bouclé finmail'acquisition du suisse Nycomed(3,2 Md€ de CA) pour la rondelette

Bayer Santé Familiale, filiale de Bayer Healthcare, se serait donné l’été pour sélectionner les deux ou troisrepreneurs potentiels de son unité de production de Gaillard (74) : la négociation avec le candidatretenu devrait intervenir à la suite pour que la phase d’information et de consultation du personnel puisse

intervenir dans la première partie de l’automne.La transmission effective de l’usine et de sesquelque 350 salariés (les syndicats évoquaientplutôt le chiffre de 381) serait prévue pour letout début de l’année 2012. Cette ancienne usineRoche produit notamment les fameuses pastillesRennie ou le complexe vitaminique Supradyne.Les autres services du site de la banlieue gene-voise ne devraient, à priori, pas être touchés parle projet. Avec les activités de siège, de marketinget de développement, le site de Gaillard emploieenviron 800 personnes.

BAYER VENDRA DÉBUT 2012 SON USINE DE GAILLARD

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Actulabo - Septembre 2011 5

somme de 9,6 Md€, soit au plusprès des exigences du board suissequi avait repoussé une premièreoffre (8 Md€) jugée trop basse. Ledeal « qui va permettre à Takeda dedoubler ses ventes en Europe » neconcerne pas les activités derma-tologiques de Nycomed aux Etats-Unis (500 M$ de CA, environ 700salariés).

WATSON PRENDPIED EN GRÈCEWatson Pharmaceuticals a signéle rachat du génériqueur grecSpecifar pour 400 M€. Ce dernier,qui a réalisé l’an passé un CA de85 M€, a dans son pipeline uneversion générique du Nexium(esoméprazole) d’AstraZeneca quipourrait être lancée d’ici à la finde l’année. Les actionnaires deSpecifar pourraient recevoir

jusqu’à 40 M€ de paiements addi-tionnels en fonction de la réali-sation des objectifs de vente dece nouveau produit.

LE SUÉDOIS MEDA ACQUIERTLES OTC D’ANTULALa pharma suédoise Meda

(1,5 Md€ de CA en 2009), qui asigné plusieurs opérations de crois-sance externe ces dernières an-nées (Viatris, Recip Pharma, lesopérations européennes de Va-leant…), a acquis pour 1,8 MdSEK(205M€) son compatriote Antula,un spécialiste des médicamentsOTC et de marques qui génèreannuellement des ventes de 500MSEK (57 M€).

UNE FILIALE POLONAISEPOUR SOPHARMALe laboratoire bulgare Sopharmava créer une filiale en Pologne dontil contrôlera 100%du capital. Cetteinitiative est liée à la décision deSopharma de pousser encoredavantage les feux à l’export.

VALEANT SE PAIEAB SANITASA défaut de Cephalon, le labora-toire canadien Valeant Pharma-ceuticals a racheté pour 314 M€

la specialty pharma lithuanienneAB Sanitas. Celle-ci possède unportefeuille de 390 produits géné-riques distribués à travers l’Euro-pe centrale, notamment en Polo-gne, la Russie et la Lituanie, etdéveloppe un pipeline propre endermatologie, ophtalmologie ainsique des injectables.

C’est finalement lefondsKKRquiadé-croché Cap-sugel,vendu 2,38 Md$(1,7 Md€ ) parPfizer. Le spécia-liste du condi-tionnement demédicaments en

gélules, qui possède deux unités en France, à Ploërmel (56) – ci-dessus – et à Colmar (68), ainsi qu’un centre de recherche àStrasbourg (67), a réalisé l’an passé un CA de 750 M$ et fabriquéplus de 180 milliards de gélules.Lorsque Pfizer avait annoncé la mise en vente de sa filiale, à l’au-tomne 2010, plusieurs analystes financiers avaient évoqué l’in-térêt d’autres fonds, notamment celui de Blackstone, qui avaitdéboursé 3,3 Md$ en 2007 pour acquérir Catalent PharmaSolutions auprès de Cardinal Health. Capsugel est, en effet, concur-rent de Catalent sur plusieurs segments de marché et la réuniondes deux aurait eu du sens. Pfizer et surtout KKR en ont décidéautrement. Ce dernier avait payé 16 Md€ en 2007 pour prendrele contrôle du réseau pharmaceutique britannique Alliance Boots(380 dépôts desservant 120 000 officines en Europe et 3 100points de vente).

PFIZER A VENDU CAPSUGELAU FONDS KKR

De Chris Viehbacher, revenant sur le scandale du Mediator dans un entretien accordé au quo-tidien lyonnais Le Progrès, paru le 28 mars dernier lors du forum BioVision. Le CEO de Sanofi areconnu qu’il y avait « beaucoup d’hystérie autour de cette affaire ». Evitant de donner le coup depied de l’âne à son concurrent Servier, Chris Viehbacher s’est voulu magnanime : « Il y a parfoisdes erreurs humaines mais je ne vois pas la nécessité de tout remettre en cause. (…) Nous avonsun cas spécifique et je pense que la France a un bon système sanitaire ».Répondant au prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi qui avait déclaré, la veille, au mêmeProgrès « que la santé est un droit et n’a pas de prix », Smiling killer, comme le surnommentcertains de ses collaborateurs, a rétorqué : « Je ne connais rien dans la vie qui n’a pas de prix ».

GSK développeson site de l’OntarioGSK met 21 M€ sur son sitecanadien de Mississauga, quiemploie 300 personnes dansl’Ontario. Cet investissementservira à augmenter les capa-cités de fabrication des pro-duits dermatologiques. Parailleurs, le site va se diversi-fier en produisant le beta-blo-quant Coreg CR et l’antiviralRelenza. La création de 70postes est prévue.

Prostrakandevient japonaisLe fleuron écossais des bio-technologies, ProStrakan, aété racheté pour 292 M£(environ 350 M€) par KyowaHakko Kirin, filiale des bièresjaponaises Kirin. Créé en 1995par John Kanis et Harry Strat-ford – le fondateur de ShirePharmaceuticals –, ProStra-kan est un spécialiste destraitements contre la douleurpour des patients sous chi-miothérapie.

Dr Reddy’s achèteun site à GSKLe laboratoire indien DrReddy’s Laboratories a ra-cheté à GSK – pour un mon-tant non divulgué – un site deproduction de pénicilline situéà Bristol (Tennessee), ainsique les droits pour le marchéaméricain des antibiotiquesAugmentin et Amoxil.

textos

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Focus

PFIZER LÂCHE L’IRLANDEPAR PETITS BOUTS

L a grande les-sive continue

pour Pfizer en Ir-lande. Dans la der-nière édition de cemagazine, au moisde mars, nous an-noncions la conclusion de la vente de l’usine d’injectables stériles de DunLaoghaire, près de Dublin, au leader mondial des biotechnologies, l’américainAmgen. Trois mois plus tard, c’est l’unité de bioproduction (lots cliniques pourphases IIb et III) que possédait Pfizer à Shanbally, une commune du comtéirlandais de Cork, qui a été cédée à BioMarin après qu’une menace de ferme-ture a plané sur elle ces derniers mois. Non contente de sauver les 65 emplois,la biopharm californienne a même promis d’en créer 35 supplémentaires pourarrondir l’effectif à 100 personnes. Cette unité de 12 000 m2, qui avait nécessitéun investissement de 175 M€ il y a seulement quelques années, a été vendue48,5 M$ par Pfizer à BioMarin qui compte fabriquer à Shanbally sa Glucosamine(N-acetyl)-6-sulfatase, un traitement en phase III contre une maladie rare, lamucopolysaccharidose, et divers produits du pipe, notamment pour le traite-ment de la phénylcétonurie (PCU) et de la maladie de Pompe.Pfizer sauve ainsi un deuxième des trois sites qu’il avait décidé de vendre enIrlande. Et le dernier, celui de Loughbeg – où est notamment fabriqué le Lipitor– pourrait prochainement trouver une solution, si on en croit un porte-parolede Pfizer. On se souvient que l’unité d’API du même site de Loughbeg, au sud-est de Cork, avait été cédée en 2008 au portugais Hovione.

WARNER CHILCOTTPERD DES PLUMESEN EUROPEPénalisé par la tombée du brevetde son traitement de l’ostéoporoseActonel, Warner Chilcott devraitsupprimer d’ici à la fin 2012 prèsde 500 postes en Europe, prioritai-rement en France – où 120 postespourraient passer à la trappe – auBénélux et en Europe du Sud. Enrevanche, le siège de Dublin, lesdeux usines irlandaises et le site deproduction allemand ne seraientpas touchés.

PFIZER RENFORCESON UNITÉ DUMICHIGAN

Merck Afrique du Sud, filiale dulaboratoire allemand Merck KGaA,a vendu son usine de Wadeville,dans l’agglomération de Johan-nesburg, à une nouvelle société,Nkunzi Pharmaceuticals. Cette unitéproduit des médicaments de pres-cription pour le marché local maisaussi en contrat de sous-traitance.Elle emploie quelque 300 per-sonnes et réalise environ 100 M$de ventes annuelles.

MERCK KGAA VENDSON USINESUD-AFRICAINE

Le n°1mondial a engagé 21 M$de travaux dans son unité defabrication de produits stérilesde Portage, dans le comté deKalamazoo (Michigan). Ce pro-gramme suit un investissementde 107 M$ qui vient à peined’être terminé. L’usine de Por-tage emploie 200 personnesnotamment à la production del’anti-inflammatoire Solu-Medrol et du contraceptif De-po-Provera.

Le suisse Novartis ne supprimera finalement que son unité de production de médicaments OTCd'Horsham, au sud de Londres (Royaume-Uni), mais conservera ses activités de développementclinique pour les maladies respiratoires. Les 330 salariés qui leur sont dédiés seront donc mainte-nus, contrairement à de premières rumeurs. En revanche, les chercheurs de la division de gastro-entérologie se verront proposer des mutations dans des unités existantes à Bâle (Suisse) et àCambridge (Massachusetts) d'ici un à deux ans. Au total, quelque 400 personnes devraient êtreemployées sur le site de Horsham au terme de ce plan.La production de Novartis Consumer Health sera, quant à elle, définitivement stoppée, des transfertsde personnel étant prévus vers l'unité que possède Novartis à Frimley, une autre commune de lagrande agglomération londonienne. Cet arrêt des activités de fabrication entraînera la suppres-sion de plus de 500 postes.

NOVARTIS TAILLE DANS SON SITEBRITANNIQUE DE HORSHAM

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L’actualité de l’industrie du médicament

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Le façonnier spécialisé dans le rem-plissage de poches Bioluz s’est dotésur son site de St-Jean-de-Luz (64)d’une nouvelle ligne de remplissageaseptique à haute vitesse (2 000poches par heure) qui devrait pro-duire ses premiers lots commer-ciaux avant la fin de l’année.L’équipement, qui a requis uninvestissement de 8 M€, a passéavec succès une première phase detest au printemps.

BIOLUZ SE DOTED’UNE NOUVELLELIGNE

GENOPHARM REPREND GIREX-MAZAL

L e français Ethypharm (130 M€ de CAen 2010, 145 M€ prévus sur 2011)

poursuit sa politique de « recentrage surses marchés et sur ses activités priori-taires » estime Hugues Lecat, présidentdu directoire. Ainsi, le laboratoire de drugdelivery a cédé sa filiale indienne à lasociété Athena Pharm. Le bloc d’activité,confronté à une forte concurrence, nereprésentait que 2 M€ et environ 80 col-laborateurs en production, formulation,développement et commercialisation.Ce désengagement intervient après la fer-meture de la plate-forme de R&D (envi-ron 60 salariés) de Laval, au Québec, dont

les activités ont été rapatriées au Grand-Quevilly (76), en banlieue rouennaise, oùEthypharm exploite un site de 250 salariés « plutôt dédié aux narcotiques » et uneplate-forme de R&D et de formulation (lire, à ce sujet, notre rubrique En direct desusines). Ethypharm a également cédé en 2010 à Colorcon sa filiale NP Pharma (envi-ron 7 M€) spécialisée dans la production d’excipients.Les dirigeants souhaitent désormais privilégier les marchés européens, américainset asiatiques, notamment la Chine où la filiale locale d’Ethypharm a enregistréen 2010 une croissance de 30 %. Cette dernière devrait prochainement bénéficierd’un investissement industriel « de plusieurs millions d’euros », nous annonce HuguesLecat qui n’exclut pas, non plus, la réalisation d’acquisitions « dans des technologiescomplémentaires et sur des marchés en ligne avec nos priorités ».

ETHYPHARM SE RECENTRESUR SES MARCHÉS CLÉS

EUROPHARTECPRODUIT LELAXAMALT

Le tribunal de commerce de Versailles a choisi de confier Girex-Mazal, de Quimper (29), au labo-ratoire Genopharm (environ 40M€ de CA en France), un spécialiste desmédicaments dédiés auxmaladies de niche (entre 500 et 3 000 patients par spécialité). Comme elle s’y était engagée, ladirection de Genopharm a confirmé la reprise de 96 des 170 salariés du laboratoire quimpérois, ex-filiale de l’indien Wockhardt, placé en redressement judiciaire en février dernier. Le repreneurdevrait aussi proposer une quinzaine de reclassements sur son site blésois (Alkopharm) où ilemploie une soixantaine de salariés. Le projet industriel prévoit que 12,5 M€ seront investis àQuimper dont 9 M€ dans les prochains mois.Par ailleurs, Genopharmenvisage d’investir 15M€ à Blois dans la transformation de cet ancien sitede Wyeth en une unité de fabrication de produits high potent. Ce programme s’effectuera sansaugmentation des surfaces, une partie de la charge blésoise devant être transférée chezGirex-Mazal.

Le façonnier auvergnat Euro-phartec a débuté cet été la fabri-cation du Laxamalt, un traitementde la constipation chez la femmeenceinte et le nourrisson dontl’AMM a été rachetée à BoucharaRecordati : le Laxamalt, qui anécessité un investissement de3,5 M€ sur le site de Lempdes(63), sera commercialisé par lelaboratoire Auvex, une société-sœur d’Europhartec.

HEMARINARÉINTÈGRESON EXTRACTIONImplantée à Morlaix (29), la bio-tech Hemarina (15 collaborateurs),spécialisée dans l’extraction et lavalorisation d’hémoglobine extra-cellulaire de vers marins, doubleses locaux de R&D pour les porterà 400 m2. Elle va réinternaliser sesactivités d’extraction confiéesjusqu’alors au bordelais Disposable-Lab. Investissement de l’ordre de1 à 1,5 M€.

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Focus

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10 Actulabo - Septembre 2011

Focus

Ceux qui pensaient que le pre-mier façonnier français avait tiré

un trait sur sa politique de croissanceexterne en seront pour leurs frais.Fareva (près de 900 M€ de CA en2011) a en effet mis à l’étude plu-sieurs acquisitions, nous confirmeson pdg Bernard Fraisse. Et certaines

d’entre elles pourraient être effectives « avant la fin de l’année ».Le sous-traitant va reprendre une usine Pfizer de 600 personnes au Etats-Uniset s’intéresse, toujours outre-Atlantique, à deux sites spécialisés dans les cosmé-tiques. Ces usines sont notamment spécialisées dans les produits capillaires, lesgels et les shampoings.Dans un registre différent, Bernard Fraisse nous apprend qu’il s’apprête à officia-liser, sans doute à la fin septembre, la reprise des activités pharmaceutiquesd’une société italienne : celle-ci emploie approximativement 180 salariés. Dans cecontexte et compte tenu de perspectives commerciales très encourageantes,Bernard Fraisse estime que le groupe pourrait passer dès 2012 la barre des 1 Md€

de CA. Par ailleurs, le président de Fareva nous confirme que les premiers lots com-merciaux de la nouvelle usine de cosmétiques brésilienne, à une soixantaine dekilomètres de Sao Paulo, devraient être produits cet automne. Ce site spécialisédans les eaux de toilettes et les aérosols sera probablement doté d’une capacitéinitiale de 75 millions d’unités.

MERCK/MSD MENACEDE FERMERERAGNY-SUR-EPTE

Le sous-traitant de complémentsalimentaires et de produits phar-maceutiques Novéal (10,3 M€ deCA), composé de Novéal Industrie àValanjou (49) et de Novéal Pharmaà Monts (37), a été placé fin juin enredressement judiciaire : la déci-sion a été assortie d’une périoded’observation de six mois. Le pdgChristophe Lachaux souhaiterééquilibrer la charge entre lesdeux unités qui emploient respecti-vement 60 et 40 salariés.

NOVÉALEN REDRESSEMENT

LE FONDS PILS REPRENDL’USINE CEPHALON DE MITRY-MORY

Ne parvenant pas à céder cesite spécialisé dans les injecta-bles et la production d’insuline,le groupe américain Merck(MSD en France) fermera l'unitéOrganon d’Eragny-sur-Epte (60)d’ici à la fin de l’année si aucunrepreneur crédible ne se mani-feste. Le plan de sauvegardepour l’emploi proposé en cas defermeture prévoit la suppres-sion de 246 postes sur 350.

C’est finalement le fonds d’investissement britannique Pils (Partners in Life Sciences), fondé en2005 par d'anciens cadres d’Eli Lilly, qui a repris le site de fabrication d’API de Cephalon à Mitry-Mory(77). La direction de la filiale française du laboratoire de spécialités américain Cephalon (2,19 Md$de CA en 2009) a annoncé la nouvelle aux 48 salariés concernés dans le courant du mois de mars.L’usine est reprise dans le cadre d’un deal qui s’accompagne d’un accord de sous-traitance triennalportant notamment sur la production du principe actif du Spasfon (phloroglucinol).Le repreneur s’est engagé à rapatrier des activités de conditionnement de produits finis – probable-ment des génériques – afin de garantir une charge suffisante au site. Pils exploite aujourd’hui deuxunités de médicaments génériques en Turquie, Münir Sahin et Biofarma, ainsi que Betasan, unfabricant – également turc – de pansements.

V2PHARMCHERCHE REPRENEUR

Repris en juillet 2009 par le picardPro Dietic, le façonnier V2Pharm(environ 13 M€ de CA, près de 150salariés), installé à Gien (45), a étéplacé le 12 juillet en redressementjudiciaire après avoir fait l'objetd'une procédure de sauvegarde enmai. Les difficultés sont liées à unimpayé – supérieur à 200 000 € –et au lâchage d’une banque qui aexigé le remboursement d’un créditcourt terme.

DE NOUVELLES CIBLESDANS LA MIRE DE FAREVA

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RECORDATI SE CONFORTE EN TURQUIE TEVA FERMEAU QUÉBEC

L e milanais Recordati (728 M€ deCA en 2010) vient d’annoncer le

rachat du turc Dr F. Frik Ilaç, sa se-conde acquisition dans le pays aprèsYeni Ilaç en 2008. Fondé juste après laseconde guerre mondiale par le DrFeridun Frik, le laboratoire stambou-liote emploie 350 personnes – dont260 visiteurs médicaux – et réalise44 M€ de CA avec unportefeuille assez large deproduits de prescription.La transaction se seraiteffectuée sur la base de130 M$ (90 M€).« Avec l’acquisition deFrik Ilaç, la Turquiedevient notre troisième

marché, après l’Italie et la France, adéclaré Giovanni Recordati, présidentet directeur général du laboratoire épo-nyme (ci-dessous). Le marché turcdevrait continuer de croître à des tauxmoyens compris entre 10 et 13 % dansles prochaines années et nous croyonsque, grâce à nos produits, la crois-sance de nos opérations locales sera

encore supérieure. » Aupremier semestre de l’an-née 2011, Recordati aencore enregistré unebelle progression de sesventes (+ 6,6 % à 401 M€)et il escompte atteindreles 750 M€ de revenus àla fin de l’exercice.

Comme ses pairs, Teva procède à desopérations de restructuration indus-trielle post-fusion. Le laboratoireisraélien vient, en effet, d’annoncerla fermeture de son site canadien deMirabel (ci-dessus), qui emploie 340salariés. L’usine, dédiée à la fabrica-tion de produits narcotiques, de so-lides, d’encapsulés et de liquides(sirops, onguents), avait été intégréeau groupe après le rachat l'an passéde l’allemand Ratiopharm. Teva avaitd'abord songé à vendre le site maisaucun candidat ne s’étant manifesté,il a décidé d'engager un processusde fermeture : les licenciements dé-buteront au printemps 2012 et s’é-chelonneront jusqu’à la fin de l’an-née. Teva emploie près de 1 900 sala-riés au Canada.

Actulabo - Septembre 2011 11

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12 Actulabo - Septembre 2011

Focus

Vetmedica, la filiale santé animalede Boehringer Ingelheim, construitun nouveau bâtiment de 9 300 m²à St-Joseph, près de Kansas City(Missouri). Celui-ci accueillera 300salariés, actuellement disséminésdans différents endroits de la ville.Vetmedica reste fidèle à St-Joseph,cœur du Kansas City Animal HealthCorridor, qui concentre beaucoupd’entreprises de santé animale.

VETMEDICA SE RELOGEA KANSAS CITY

PAS DE MARIAGE ENTRE INTERVET ET MERIAL

G rosse actualité prin-tanière et estivale

pour le laboratoire fran-çais de santé animale Ceva(environ 2 300 salariés,395 M€ de CA). Courant mai, il engageait 18 M$ dans de nouvelles capacités deproduction de vaccins pour volailles sur son unité BUMP (ci-dessus) du Kansas.Ce programme se traduit par une extension de 5 000 m2 et devrait générer lacréation de 80 emplois d’ici à 2015 sur un site qui emploie aujourd’hui 171 col-laborateurs. Et tout début juillet, Ceva créait avec le chinois Huadu la JV BeijingCeva Huadu Biological Co. pour adresser le gigantesque marché local.Mais le laboratoire de Libourne (33) n’oublie pas pour autant l’Europe ; il vientd’engager d’importantes ressources dans l’élaboration d’une nouvelle offre d’an-tiparasitaires pour chiens et chats du Vieux Continent. Le programme, baptiséStark, a pour objectif principal le développement d’une nouvelle molécule insec-ticide, la dinotérufane. Il fait l’objet d’un partenariat étroit avec la société améri-caine Summit VetPharm, inventeur de cette molécule, au capital de laquelle Cevaa pris une participation majoritaire.L’ensemble du projet, qui requiert un investissement de 4,8 M€, a été partielle-ment financé par la Région Aquitaine à hauteur de 368 500 €, Oséo apportant lemême montant. Près d’une quarantaine de collaborateurs sont impliqués dans unprogramme de recherche qui devrait déboucher sur de premières commerciali-sations en 2013. Ceva table sur un CA dédié de plus de 30 M€, équivalent àquelque 4 % du marché mondial des antiparasitaires.

CEVA TOUS AZIMUTS

PFIZER VENDRAITSA SANTÉ ANIMALE

Moins d’un an après les fiancailles, Sanofi et Merck ont abandonné le projet de fusion de leurs filialesde santé animale Merial et Intervet. Avec un CA de 5,5 Md$ (bases 2010), celui-ci aurait donné nais-sance au leader mondial du secteur, dépassant Pfizer, qui s’interroge lui-même sur sa présencedans le secteur vétérinaire. La valeur d’Intervet (2,9 Md$ de CA en 2010), ex-filiale de Schering-Plough, avait été fixée à 8,8 Md$, celle de Merial (2,6 Md$ de CA en 2010), une ancienne co-entreprise

Sanofi-Merck aujourd’hui entièrement détenue par le laboratoirefrançais, à 8 Md$.Cemariage raté serait dû aux exigences des autorités de la concur-rence européenne et américaine qui souhaitaient que certainesactivités soit cédées à des tiers, rendant l’opération « beaucoupmoins intéressante » pour les deux parties qui, ensemble, repré-sentent près du tiers d’un marché mondial estimé à 19 Md$.

ELI LILLY DOUBLESA SANTÉ ANIMALEEn rachetant, au mois de mars der-nier, les activités vétérinaires deson compatriote Johnson & John-son, Elanco, filiale de santé ani-male de la big pharma d’India-napolis Eli Lilly, a pratiquementdoublé de volume. Elle va, en effet,additionner presque 1 Md$ de reve-nus à son CA de 1,4 Md$ qui con-naît une forte progression cesdernières années. Du coup, elle serapproche des leaders Pfizer,Intervet et Merial.

Dans le cadre de sa stratégied’abandons d’actifs, Pfizerpourrait vendre ou créer unespin-off pour sa division de pro-duits vétérinaires, a confirméau début du mois de juillet unporte-parole du groupe améri-cain : la division a représentéun CA de 3,6 Md$ en 2010. Au-cune décision ne devrait toute-fois être prise avant 2012 et latransaction interviendrait d’iciun à deux ans.

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GAZELEY POUR BAXTER ET FRESENIUS NEW HQ POURNOVO NORDISKLa big pharma danoise lance les tra-vaux des 70 000 m2 de son nouveauheadquarter américain à Plainsboro,près de l’université de Princeton(New Jersey), non loin de son siègeactuel. Ce projet de 215 M$, quiconsiste dans la réhabilitation d’unbâtiment existant, sera co-financépar l’aménageur LCOR et les fondsIvy Equities et Intercontinental RealEstate Corporation, auxquels NovoNordisk louera 45 000 m2 dans unpremier temps et le reste dans unsecond. Environ 1 500 employésseront regroupés dans les nouveauxlocaux à partir du printemps 2013,date où le spécialiste de l’insulinequittera ses locaux actuels du 100West College Road, à Princeton.

L e spécialiste britannique de la logis-tique Gazeley vient de faire coup

double avec les industries de santé.C’est d’abord Baxter qui lui a confiéla construction d’une plate-forme de9 000 m2 sur la ZAC des Gaulnes àJonage, dans le Grand Lyon. La bâti-ment, qui devrait être livré à la fin dumois d’octobre et opérationnel au débutde l’année 2012, permettra d’optimiserl’acheminement des produits fabriquéssur plusieurs sites européens de Baxtervers leur destination : il respectera lesdernières normes en matière d’éco-conception.Pour Fresenius Kabi France, Gazeleylance les travaux d’une plate-forme logis-tique de près de 25 000 m2 (voir ci-des-

sus) sur l’Ecoparc II d’Heudebouville(27), au sud de Rouen et à proximitéde son usine de Louviers ; celle-ci, quiemploie 450 personnes, est dédiée auxsolutions pour les perfusions et la nutri-tion clinique. Fresenius devrait emména-ger en juin 2012.Sur le même Ecoparc II, Gazeley pro-jette un bâtiment de 36 000 m2, extensi-ble à 48 000 m2, dédié à la logistiquepharmaceutique ou cosmétique. Il dis-pose déjà du permis de construire etdes autorisations nécessaires.

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Dans les pays développés, le marché du médicament est à l’image du reste de l’économie. Pour lescinq ans à venir, il faudra aller chercher la croissance dans les niches à forte valeur ajoutée de lamédecine de spécialités et des maladies rares ou viser les marchés de volumes des génériques.Entre les deux, la médecine généraliste et l’hôpital auront du mal à maintenir leur rang. IMS Healtha fourni un diagnostic précis sur l’évolution de ce marché en pleine évolution dans son étudeannuelle I.360.

Stratégies

I l va falloir s’y faire. Si le mar-ché pharmaceutique mondialconnaîtra une croissance de

3 à 6 % par an d’ici à 2015 pour dé-passer les 1 000 Md$ à partir de2013, ce sont les marchés émer-gents qui joueront les locomo-tives : Chine + 20 % en moyenne,Inde + 15 %, Russie + 12 % etBrésil + 11 %. « Nous assistons àune polarisation forte avec untassement des marchés matures,notamment les Etats-Unis et le Top 5Europe, et une forte croissancedes BRIC (Brésil, Russie, Inde,Chine), l’Asie du Sud-Est et l’Amé-rique latine », confirme RobertChu, directeur général d’IMSHealthFrance.Un changement de locomotive –la Chine va progressivement sesubstituer aux Etats-Unis commeplus gros contributeur à la crois-

sance mondiale du marché – quis’accompagne d’une modificationdu Top 5 des marchés pharmaceu-tiques : les Etats-Unis continue-ront de caracoler en tête en 2014,avec 30 % de parts de marché, de-vant le Japon (11 %), la Chine(9 %), l’Allemagne et la France. LeRoyaume-Uni sortira, quant à lui,du Top 10, chassé par les trois der-niers BRIC.Les génériques portent largementcette progression du marché. « Ilsont, aujourd’hui, dépassé en vo-lume les ventes de princeps, ob-serve Robert Chu. Il ajoute queleur croissance est, depuis 2007,« quatre fois supérieure à celle dumarché global en valeur ». Lephénomène est corrélé à la mon-tée en puissance des pays émer-gents dont « les grands domainesthérapeutiques ne sont pas cou-

verts par les princeps et le paie-ment par l’utilisateur final estplus important. Cette situation estfavorable à la couverture des be-soins essentiels par les médica-ments génériques ».Sur les marchés des pays dévelop-pés, la présence des génériquescommence à atteindre une cer-taine saturation. Rappelons queles Etats-Unis, à eux seuls, con-somment plus de 40 % des copiesde médicaments produites dansle monde. « La pénétration esttypiquement de 70 % du marchédes molécules génériquées, maisle potentiel de croissance est plusfaible », souligne Robert Chu. Maisle relais arrive, des produits « gé-néricables » à faible échéance cara-colant en tête du marché pharma-ceutique mondial : c’est notam-ment le cas des deux premiers de

Marché du médicament à cinq ans

Entre low cost et high

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Actulabo - Septembre 2011 15

la classe, Lipitor avec ses 12,6 Md$de ventes annuelles, suivi de Plavix(8,8 Md$). Un chiffre à retenir :dans les cinq ans à venir, l’impactdes pertes de brevets est estimé à90 Md$ au plan mondial.A l’autre bout de la chaîne, desproduits à valeur ajoutée tirentleur épingle du jeu, notammentles médicaments de spécialistes.Sur les marchés matures du VieuxContinent, et notamment des cinqpays les plus peuplés (Allemagne,France, Royaume-Uni, Italie et Es-pagne), leur croissance dépassecelle des médicaments de géné-ralistes. Portées notamment parles traitements des maladies duSNC (Alzheimer, Parkinson, SEP,épilepsie), les ventes de ces molé-cules vont progresser de 4 % paran sur la période 2010-2015,contre 2 % pour le marché généra-

liste. Et l’écart se creuse entre2015 et 2020, ce que Robert Chuanalyse comme suit : « Nous arri-vons sur des marchés de niche,avec des populations cibles beau-coup plus étroites,des traitements pluscomplexes, typique-ment administrés àl’hôpital par desspécialistes, selondes protocoles thé-rapeutiques élaborés (…) avecdes médicaments qui ne sont pastous nécessairement issus des bio-technologies ».Sur un segment très étroit, mais àvaleur ajoutée très élevée, les trai-tements des maladies orphelineset rares offrent des perspectivesréelles. Sanofi ne s’y est pastrompé en jetant son dévolu surGenzyme (lire plus loin). Pfizer

s’attaque aussi à ces pathologiesqui ne concernent souvent quequelques milliers de patients : enà peine deux ans, il a passé un ac-cord avec l’israélien Protalix – qui

a essuyé cet hiverun échec avec uncandidat contre lamaladie de Gau-cher –, rachetéFoldRx, un spécia-liste des maladies

dues à un mauvais repliement desprotéines (SNC, mais aussi Gau-cher et Fabry), et s’est allié tout ré-cemment avec le californien Za-charon Pharmaceuticals qui s’estfocalisé, comme Genzyme, surles maladies lysosomales (Gau-cher, Fabry, Pompe). Roche, avecl’avance prise en oncologie, a uneposition privilégiée. GSK et No-vartis, qui a signé tout dernière-

Dans les cinq ansà venir, l’impact

des pertes debrevet est estimé

à 90 Md$

value, point de salut

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16 Actulabo - Septembre 2011

Stratégies

ment un accord avecl’IHU maladies géné-tiques (Imagine) del’Hôpital Necker, visentaussi cemarché promet-

teur. Comme lam i d d l epharma bri-t a n n i q u eShire, quivient del a n c e rV p r i v(mala-die de

Gaucher) après le Replagal (mala-die de Fabry).La France, comme les autres mar-chés matures, fait du sur-place :« La croissance, quasi nulle en2010, le sera probablement aussien 2011, avertit Robert Chu. Nousassistons à un tarissement dumarché hospitalier qui affichaitune croissance à deux chiffres au

début des années 2000, puis en-core + 6 % en 2009. Cette crois-sance n’est que 2 % en 2010. » Lamontée en puissance des achatsgroupés à l’hôpital et une pénétra-tion accrue des génériques expli-queraient cette tendance nou-velle.En ville comme à l’hôpital, le mar-ché des génériques représente14 % en valeur et leur pénétrationsur le marché français est au-jourd’hui très rapide. « Nous al-lons assister à une accélérationdes effets dynamiques dans lesannées à venir », poursuit RobertChu, plus optimiste que PascalBrière, le président du Gemme,qui s’inquiète des campagnes dedésinformation de nature, selonlui, à freiner la progression des gé-nériques (lire plus loin).Quant aumarché de l’automédica-tion, « il reste atone, à l’image dumarché global. Sa taille est ré-duite, avec des prix bienmaîtrisésqui restent stables d’une année sur

l’autre ». Sur ce segment, IMSHealth observe une croissance plusforte des produits sans AMM (laitsinfantiles, dermo-cosmétique, con-tention…).Mais l’industrie pharmaceutiqueest d’abord confrontée à un chan-gement de paradigme : le clients’est déplacé du médecin au pa-tient et on sort du cadre strict dumédicament pour glisser vers lanotion de service. « Cela se traduitpar la montée en puissance desthérapies cellulaires, des disposi-tifs médicaux, des produits dediagnostics… », souligne CorinneSegalen, présidente d’IMS Healthpour la France.L’accès au marché n’est plus lafrontière du médicament. Lemaintien de son autorisation de-vient aussi important que l’obten-tion de l’AMM et il doit compteravec l’impact croissant des rééva-luations, des régimes spéciauxd’autorisation (ATU, PTT, RBU) etde la pharmacovigilance. Alors

Les prix des médicaments vont continuer à se contracter sous la pression exercée par lesorganismes payeurs et les agences d’évaluation HTA (Health Technology Assessment),estime IMS Health. L’évaluation HTA, réalisée en post-AMM, devient dominante partout etdétermine à la fois le prix et l’accès au marché. La France a particulièrement développécette approche mais les positions des différents acteurs européens ne sont pas encore ali-gnées. « Le débat sur l’évaluation post-AMM se concentre autour de deux axes, résume l’uni-versitaire Claude Le Pen, par ailleurs consultant pour IMS Health. Doit-elle être réalisée,comme l’AMM, au niveau européen ou rester au niveau national, ce vers quoi tendent lesgrands pays comme l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ? Et quel type d’approche doit-on privilégier ? L’aspect clinique, comme la France ? Ou l’orientation médico-économique,comme le Royaume-Uni ? »La notion de prix est aussi appelée à évoluer. « L’idée d’un prix permanent des médicamentsa vécu : désormais, on révise le prix tout au long de l’existence du médicament, souligneClaude Le Pen. L’objectif est que le prix reflète autant que possible la performance du produitet ne repose plus sur un simple pari. »

LES PRIX VONT INTÉGRER « LE PARTAGE DES RISQUES »

Robert Chu, directeur générald’IMS Health France, avertit :« La croissance, quasi nulle en2010, le sera probablementaussi en 2011 ».

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Actulabo - Septembre 2011 17

LES 50 PREMIERS LABORATOIRES MONDIAUX EN 2010 (PHARMEXEC)(ventes de médicaments de prescription exprimées en milliards de dollars américains)

Rang Nom de la compagnie Ventes 2010 Principales ventes(Md$) (Md$)

Rang Nom de la compagnie Ventes 2010 Principales ventes(Md$) (Md$)

que les autorités de santé récla-ment de plus en plus de sécuritésanitaire et d’efficience, la rela-tion de l’industrie avec le patient-consommateur de soins évolueaussi. Il a besoin d’information etdemande une prise en chargeglobale.

Bref, tout concourt à l’émergence,dans les pays développés, d’unemédecine personnalisée quiprend en compte le malade aumoins autant que la maladie. « Au-jourd’hui, l’industrie se construitdavantage sur unmodèle de pro-grès médical (…) reposant sur

une stratégie de valeur plus quede volume. Les patients sontmoins nombreux et davantagechez les spécialistes. De là, le dé-veloppement de stratégies de ser-vice, de satisfaction et de fidélisa-tion des patients », conclut Co-rinne Segalen. FXB

Les chiffres indiquent les ventes de médicaments de prescription et ils excluent donc les autres activités liées à la santé (médication familiale, diagnostics, produits de santé...).

1 Pfizer $ 58,5 Lipitor ($ 10,7)

2 Novartis $ 42 Diovan/Co-Diovan ($ 6,1)

3 Sanofi $ 40,3 Lantus ($ 4,7)

4 Merck $ 39,8 Singulair ($ 5)

5 Roche $ 39,1 Avastin ($ 6,8)

6 GlaxoSmithKline $ 36,2 Seretide/Advair ($ 7,9)

7 AstraZeneca $ 33,3 Crestor ($ 5,7)

8 Johnson & Johnson $ 22,4 Remicade ($ 4,6)

9 Eli Lilly $ 21,1 Zyprexa ($ 5)

10 Abbott $ 19,9 Humira ($ 6,5)

11 Bristol-Myers Squibb $ 19,5 Plavix ($ 6,7)

12 Teva $ 16,1 Copaxone ($ 2,9)

13 Amgen $ 14,7 Neulasta/Neupogen ($ 4,8)

14 Bayer $ 14,5 Betaferon/Betaseron ($ 1,6)

15 Takeda $ 14,2 Actos/Glustin ($ 4,2)

16 Boehringer Ingelheim $ 12,9 Spiriva ($ 3,8)

17 Novo Nordisk $ 10,8 NovoRapid ($ 2,1)

18 Astellas $ 10,5 Prograf ($ 1,9)

19 Daiichi Sankyo $ 9,8 Olmesartan ($ 2,6)

20 Eisai $ 8,4 Aricept ($ 3,5)

21 Merck KGaA $ 7,8 Rebif ($2,2)

22 Gilead Sciences $ 7,4 Atripla ($ 3)

23 Baxter International $ 5,6 Advate ($ 1,7)

24 Mylan $ 5,2 EpiPen ($ 0,3)

25 Servier $ 4,9 Coversil ($ 1,5)

26 Chugal $ 4,6 Avastin ($ 0,6)

27 Mitsubishi Tanabe $ 4,4 Remicade ($ 0,5)

28 Menarini $ 4 Migard/Allegro ($ 0,1)

29 Genzyme $ 4 Cerezyme ($ 0,7)

30 Allergan $ 4 Botox ($ 1,4)

31 Forest $ 3,9 Lexapro ($ 2,3)

32 CSL $ 3,8 /

33 UCB $ 3,7 Keppra ($ 1,2)

34 Otsuka $ 3,6 Abilify ($ 4,5)

35 Celgene $ 3,5 Revlimid ($ 2,5)

36 Biogen-Idec $ 3,5 Avonex ($ 3,5)

37 Shire $ 3,1 Vyvanse ($ 0,6)

38 Alcon $ 3,1 Glaucoma products ($ 1,3)

39 Warner Chilcott $ 2,9 Actonel ($ 1)

40 Cephalon $ 2,8 Provigil ($ 1,1)

41 Watson $ 2,6 CNS generics ($ 0,9)

42 Lundbeck $ 2,6 Cipralex/Lexapro ($ 1,5)

43 Kyowa Hakko Kirin $ 2,6 Nesp/Espo ($ 0,6)

44 Dainippon Sumitomo $ 2,6 Amiodin ($ 0,6)

45 Shionogi $ 2,4 Crestor ($ 0,3)

46 Actavis $ 2,4 Oxycodone ($ 0,4)

47 Hospira $ 2,3 /

48 Nycomed $ 2,2 Pantoprazole ($ 1,2)

49 Apotex $ 2,1 /

50 Stada $ 2,1 Generic omeprazole ($ 0,1)

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Stratégies

18 Actulabo - Septembre 2011

L’ Académie nationale dePharmacie (ACN) sonnele tocsin. Selon cette vé-

nérable institution, qui organisaiten avril dernier un colloque surle thème « Matières premièrespharmaceutiques, mondialisationet santé publique », la trop grandedépendance des industriels euro-péens du médicament aux impor-

tations d’API et de produits inter-médiaires fabriqués dans les paysémergents fait encourir aux pa-tients « un risque de pénurie pourcertains médicaments ».Plus grave, selon lePr. Henri-PhilippeHusson, présidentde l’ACN, l’externali-sation de la fabrica-tion d’API au profit d’unités im-plantées en Chine et en Inde – lesvolumes importés de ces deuxpays représentent 80 % des prin-cipes actifs utilisés pour la fabrica-tion des médicaments contre 30 %il y a une trentaine d’années… –pose « un réel problème de qua-lité et de sécurisation de la supplychain des produits de santé ».Mauvais dosages, principes actifsaux abonnés absents, voire toutsimplement falsifiés, « entre 1 et2 % des médicaments vendus lé-galement sur les comptoirs de nospharmacies présentent un défautplus ou moins sérieux de qua-lité », estime pour sa part DavidSimonnet, le président du direc-toire d’Axyntis, l’un des derniersgroupes de chimie fine à préserverd’importantes capacités sur le ter-ritoire français et qui a été, à ce ti-tre, étroitement associé aux tra-

vaux de l’Académie nationale dePharmacie.Tandis que le 27 mai dernier,l’Union européenne a engagé leprocessus d’adoption d’une direc-

tive visant à empê-cher l’intrusion demédicaments falsi-fiés dans les circuitsd’approvisionne-

ment légaux, le nombre de décla-rations d’incidents liés à la dispo-nibilité des produits explose !Depuis le début de l’année, l’Afs-saps a ainsi publié sur son site in-ternet près de 31 messages d’aler-te au sujet de risques de pénuriede médicaments ou de pénuriesavérées, contre… 4 seulement àl’issue du premier semestre 2010et 2 sur la même période de 2009.Certes, ces avertissements ont sur-tout concerné des produits trèsspécifiques exploités en médecinehospitalière – tel que le Caryoly-sine (chlorméthine), un anticancé-reux indiqué dans le lymphome T– mais cet accroissement specta-culaire des signalements est le ré-vélateur d’une tendance inquié-tante. Une tendance qui dépassesans doute la stricte question –majeure – de santé publique etqui relève de la sécurité et de l’in-

Les médicamentssont désormais

un enjeu degéopolitique

L’Europe va-t-elle manquerSelon l’Académie nationale de Pharmacie, la délocalisation de la fabrication d’API en Chine eten Inde menace la sécurité et la qualité des approvisionnements de médicaments en Europe.Depuis le début de l’année, l’Afssaps a déjà recensé plus d’une trentaine d’alarmes, contre seu-lement quatre en 2010.

David Simonnet (Axyntis)propose « de redonner dela valeur à la fabricationde proximité d’API de qualitéen instaurant un créditd’impôt qualité. »

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Actulabo - Septembre 2011 19

dépendance nationale. « Les mé-dica- ments sont désormais unenjeu de géopolitique, voire une« arme blanche » dans les rela-tions économiques et politiquesentre les Etats », soutient ainsi Da-vid Simonnet. Pour remédier àcette situation dangereuse, l’unedes pistes consiste naturellementà durcir les contrôles effectués insitu.« Mais, il ne faut pas se leurrer,restriction budgétaire oblige,toutes les agences sanitaires sonten passe de réduire leurs corpsd’inspecteurs », estime JacquesMorenas, pharmacien général desanté publique à l’Afssaps. Cettedernière est d’ailleurs l’une desseules en Europe à préserver uncorps d’inspecteurs (7 collabora-teurs, une centaine d’inspectionspar an) spécifiquement dédié auxfabricants d’API et d’excipients.Dans ce contexte, et afin de faireface à la prolifération des sites enChine et en Inde – plus de 1 000fabricants recensés –, il est « indis-pensable d’optimiser et d’harmo-niser nos pratiques d’inspectionen Europe en fondant cette ex-pertise sur des standards com-muns tels que ceux définis dans lecadre de l’OMS ou de la Direc-tion européenne de la qualité dumédicament (DEQM) », poursuitJacques Morenas. D’ores et déjà,une certaine convergence se pro-file au sein de réseaux comme le

PICS (Pharmaceutical InspectionCooperation Scheme).« Nous réfléchissons à l’élabora-tion d’une doctrine communequi nous conduirait à lâcher labride sur les producteurs d’APIayant démontré qu’ils respec-taient les bonnes pratiques envigueur tout en durcissant lescontrôles sur les opérateursmoins scrupuleux ».Par ailleurs, le pharmacien généralde l’Afssaps préconise de renfor-cer la coopération bilatérale avecles responsables sanitaires despays émergents afin de rehausserle niveau d’expertise et d’exigencede leurs propres collaborateurs.« Ce type d’échanges fonctionnebien avec la Chine où nos interlo-cuteurs font preuve de responsa-bilité et s’avèrent de plus en plusexperts sur ce sujet. Mais c’estbeaucoup moins évident avecl’Inde », juge Jacques Morenas.L’autre piste, beaucoup plus incer-taine, consisterait à « favoriser larelocalisation en Europe de ca-pacités de production d’API,avance David Simonnet, notam-ment les plus stratégiques d’entreeux ».La stratégie industrielle des pou-voirs publics et l’incitation à laconsommation des génériques –un produit où le coût de fabrica-tion du principe actif constitueune variable beaucoup plus cri-tique que dans les médicaments

princeps – ont en effet incité lesopérateurs à prendre le large.« Mais l’affaire n’est pas définiti-vement perdue », indique DavidSimonnet qui propose « de redon-ner de la valeur à la fabricationde proximité d’API de qualité vial’instauration d’un crédit-impôtqualité ». Et le dirigeant d’Axyntisde conclure avec optimisme : « Labataille de la relocalisation nefait que commencer et elle estloin d’être perdue d’avance com-me d’aucuns veulent nous enpersuader ».

Jean-Christophe Savattier

de médicaments ?

Comme on peut le constaterci-dessus, les prix de ventedes trois premiers principesactifs fabriqués par les usinesfrançaises du groupe Axyntis– Orgapharm à Pithiviers (45),Centipharm à Grasse (06),All’Chem à Montluçon (03)et Synthexim à Calais (62) –ont chuté en moyennede 24 % en cinq ans(2005-2010).

Générique 1 Générique 2 Générique 3

20

40

60

80

100

120

Année

Base

2005 2006 2007 2008 2009 2010

LA PRESSION SUR LES PRIXDES API EST FORTE

Page 20: Magazine Actu Labo septembre 2011

Actu Labo : La défiance à l’égard du médica-

ment peut-elle inciter les pouvoirs publics à ac-

centuer leur pression financière sur les indus-

triels ?

Yves Bur : Qu’il y ait, ici ou là, des tentations, ce n’est

pas impossible. Pour autant, et en dépit de l’affaire du

Mediator, les pouvoirs publics n’ont aucun intérêt à

oublier le caractère stratégique de l’industrie pharma-

ceutique, tant pour sa contribution à la santé pu-

blique que pour son apport majeur à l’économie

française sur le front de l’emploi.

Je sais que les dirigeants et un grand nombre des

100 000 salariés de ce secteur ont été affectés par le

déferlement médiatique sur cette affaire qui les a sû-

rement conduits à se demander ces derniers mois…

s’ils n’étaient pas plutôt au service d’une activité nui-

sible ! Qu’ils soient convaincus qu’en dépit de la se-

cousse médiatique, le gouvernement n’a pas l’inten-

tion de remettre en cause les engagements pris lors

du dernier Comité stratégique des industries de santé

(CSIS). Il est indispensable que le pacte avec les in-

dustriels ne soit pas rompu. Le maintien d’activités de

production pharmaceutique sur nos territoires est

une nécessité impérieuse. Il n’est pas question que la

France devienne un strict comptoir de vente.

Actu Labo : Pour autant, les objectifs de dé-

penses prévus au titre de l’Ondam sont-ils com-

patibles avec les coûts prévisibles des médica-

ments innovants ?

Yves Bur : L’évolution de nos pratiques de rembour-

sement est inéluctable. Par exemple, nous devons

cesser de rembourser les médicaments du réper-

toire au meilleur taux au motif qu’ils sont fabriqués

par des industriels français ! De même, il va falloir

sans doute être plus exigeants sur le lien entre le ni-

veau de prise en charge et le service médical rendu,

voire l’efficacité du médicament. L’objectif final étant

de concentrer les ressources financières de l’assu-

rance-maladie sur les produits les plus innovants.

Ces évolutions supposent que l’on cesse d’évaluer les

médicaments à l’aveugle sans prendre en compte

leur impact financier. Tout ceci est évidemment dif-

ficile à mettre en œuvre mais ces changements de

pratiques sont les seuls à pouvoir garantir la péren-

nité de notre système d’assurance-maladie. Il faut

rendre le système soutenable financièrement.

Actu Labo : Mais la situation de l’assurance- ma-

ladie n’est-elle pas en train de s’améliorer ?

Yves Bur : La timide reprise économique a permis

d’améliorer les comptes, mais cette embellie est fra-

gile. Je rappelle que l’objectif est de ramener le défi-

cit à 7 ou 8 Md€ en 2014 contre 10 ou 11 Md€ cette

année. Le défi est bien de réussir à optimiser l’ensem-

ble du système et de rechercher des financements

complémentaires. Que les choses soient claires, rien

n’est réglé ! Il n’est tout simplement pas envisagea-

ble que les différents acteurs de la chaîne relâchent

leurs efforts.

Actu Labo : Ceci implique-t-il que la contribu-

tion des industriels du médicament soit de

nouveau augmentée ?

Yves Bur : Compte tenu de notre cadrage budgétaire

pluriannuel, la contribution spécifique des indus-

triels du médicament devrait se situer dans une four-

chette comprise entre 400 et 500 M€ par an. Je suis

parfaitement conscient que nous avons atteint les

limites du systèmemais je rappelle qu’outre-Manche,

le National Health Service (NHS) – l’équivalent de la

sécurité sociale au Royaume-Uni (NDLR) – a exigé des

Le député UMP duBas-Rhin Yves Bur,rapporteur du projetde loi de finance-ment de la sécuritésociale, considèreque les pouvoirspublics n’ont aucunintérêt à « charger »les industriels de lapharmacie après latempête Mediator.Pour lui, la récenteamélioration descomptes sociaux neva pas exempter lespharmas d’apporterleur contributionau redressementfinancier del’assurance-maladiequi devrait s’éleverà environ 500 M€

par an.

YVES BUR, DÉPUTÉ DU BAS-RHIN ET RAPPORTEUR DU PROJET DE LOI DE FINANCEMENT

« Le pacte entre industriels et pouvo

20 Actulabo - Septembre 2011

Stratégies GRAND TÉMOIN

Page 21: Magazine Actu Labo septembre 2011

DE LA SÉCURITÉ SOCIALE (PLFSS)

acteurs de la santé une baisse de 5 % des dépenses.

En France, l’Ondam – qui sera bien respecté cette an-

née – prévoit une augmentation de 2,9 % des dé-

penses en 2011, soit une baisse de 0,1 % par rapport

à 2010, et une augmentation de 2,8 % en 2012.

Actu Labo : Comment caractérisez-vous la situa-

tion des génériques en France ? Ne participent-

ils encore pas trop modestement à la réduction

des dépenses de santé ?

Yves Bur : Il est vrai que la part de marché des géné-

riques est encore trop faible et celle du répertoire

pharmaceutique qui leur est consacrée, insuffisante.

Je regrette aussi que, jusqu’à la fin 2009, la non-appli-

cation de la fameuse clause Bolar ait empêché les in-

dustriels français du générique de produire au jour J.

Cette réglementation stupide leur a fait perdre des

parts de marché importantes. Je suis persuadé que

cet environnement globalement peu favorable au gé-

nérique a coûté beaucoup d’argent au régime de

l’assurance-maladie. Pour les industriels, le retard

pris sera difficile à surmonter.

Je souhaite, comme le prévoient les dispositions

prises dans le cadre du CSIS, que les grands labora-

toires qui veulent anticiper la perte de leurs produits

contractent avec leurs sous-traitants afin que ces

derniers puissent exploiter toutes les opportunités

offertes par les marchés du générique. On pourrait

même imaginer un système d’incitation financière qui

invite les big pharmas à avoir une démarche proactive

sur ce sujet.

irs publics ne doit pas être rompu »

Actulabo - Septembre 2011 21

Âgé de 60 ans, l’élu alsacien, chirurgien-dentiste de profession, est probablementl’un des hommes politiques les plus affû-tés sur les questions de financement dessystèmes de santé.Elu député du Bas-Rhin sans disconti-nuer depuis 1995 – en 2007, il n’a eu be-soin que d’un seul tour pour être réélu –il est aujourd’hui l’inamovible rapporteurdu projet de loi de financement de lasécurité sociale qu’il pratique en expert.Représentant l’Assemblée nationale ausein d’organismes tels que le Haut Conseilpour l’assurance-maladie, membre titu-laire de la commission des comptes de lasécurité sociale, il préside également legroupe d’études sur le médicament etles produits de santé.

UN FIN CONNAISSEURDES ARCANES DEL’ASSURANCE-MALADIE

Propos recueillis parJean-Christophe Savattier

Page 22: Magazine Actu Labo septembre 2011

Actu Labo : Le générique fait aujourd’hui l’objet

d’attaques assez virulentes. Comment réagit

le président du Gemme ?

Pascal Brière : Le générique est confronté à un buzz

d’une violence incroyable qui vise à mettre en cause

demanière tout à fait fallacieuse la qualité, voire la sé-

curité des génériques commercialisés en Europe et en

France. Je ne sais pas à qui le crime profite, je ne sais

pas si ces attaques sont, ou non, sciemment organi-

sées. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’aucun si-

gnal, aucune remontée probante du système de phar-

macovigilance ne permettent d’étayer ces assertions.

Certains médecins, qui pensent tenir là un fonds de

commercemédiatique en s’en prenant publiquement

à nos produits, favorisent la confusion dans l’opinion

publique et participent à une véritable intoxication

mentale collective qui, elle… est bien réelle.

Actu Labo : Cet environnement peu favorable

a-t-il un impact sur le développement des

marchés ?

Pascal Brière : Comment pourrait-il en être autre-

ment ? Nous remarquons une certaine démobilisation

des pharmaciens dans l’exercice de leur droit de

substitution. Certains patients demandent à leurs gé-

néralistes, par défiance ou par acte militant, de ne pas

prescrire le produit générique pour privilégier le

princeps et des médecins abusent de la mention

« non substituable ». Sur les quatre premiers mois de

l’année, les ventes ont chuté en volume de 2 %.

Certes, le marché a souffert du retrait du dextropro-

poxyphène (Diantalvic et Propofan) mais cela n’ex-

plique pas tout. Heureusement, nous devrions pro-

bablement préserver une croissance en valeur

d’environ 7 %. Mais il ne faut pas se tromper : le mar-

ché français du générique est confronté à un net

ralentissement. Je crois qu’il serait opportun que la

Cnam et les pouvoirs publics réagissent.

Actu Labo : Certains considèrent que la déloca-

lisation à outrance de la production d’API dans

des pays émergents n’est pas un facteur de

qualité pour les génériques.

Pascal Brière : Mais c’est une parfaite supercherie !

Certes, pour des raisons de coûts, 80 % des principes

actifs de produits princeps proviennent de Chine ou

d’Inde. Et cette grande liberté dans les approvisionne-

ments peut conduire parfois à des ruptures dans la sup-

ply chain. Mais ceci ne constitue pas du tout une réa-

lité pour le générique. Sait-on que 55%des génériques

commercialisés sur le territoire sont produits en France

et près de 40%dans le reste de l’Europe ? J’affirme que

la qualité de nos spécialités, sans doute inégalée y

compris en Europe, ne souffre d’aucune contesta-

tion. On dit tout et n’importe quoi en toute mécon-

naissance du sujet. C’est parfaitement honteux !

Actu Labo : La fin de l’exception française qui

empêchait l’application du fameux amende-

ment Bolar permettant aux génériqueurs de

produire avant le jour J de perte d’exclusivité

des brevets vous paraît-elle salutaire ?

Pascal Brière : L’amendement Bolar n’a pas un inté-

rêt majeur en soi : c’est la combinaison de ce texte

avec les dispositions du dernier Comité stratégique

des industries de santé (CSIS) qui permet aux labo-

ratoires de constituer des stocks commerciaux de

médicaments génériques avant la date de tombée

dans le domaine public. C’est une bonne chose pour

l’emploi et pour la consolidation de la supply chain

du générique. Nous sommes très attachés à faire

vivre cet accord.

Selon Pascal Brière,le président duGemme, legénérique esten proie à descampagnes de« désinformation »qui brouillent sonimage auprès despatients et de lacommunautémédicale. Dansce contexte, lespharmaciensrencontrent desdifficultés dansl’exercice de leurdroit de substitutionet le marché a,pour la première fois,reculé en volume surles premiers mois del’exercice 2011.Une situationpréoccupante quiincite Pascal Brièreà réclamerl’engagement despouvoirs publics.

PASCAL BRIÈRE, PRÉSIDENT DU GEMME (GÉNÉRIQUE, MÊME MÉDICAMENT)

Le marché français du générique

22 Actulabo - Septembre 2011

Stratégies GRAND TÉMOIN

Page 23: Magazine Actu Labo septembre 2011

Actu Labo : Les échéances brevetaires à venir

vous paraissent-elles favorables ?

Pascal Brière : Notre industrie va connaître un flux

d’échéances important au moins jusqu’à la fin 2013.

Depuis avril, les génériques de l’Inexium, un traite-

ment des troubles œsophagiens, sont disponibles.

L’une des grosses échéances à venir consiste dans la

tombée dans le domaine public du Tahor/Lipitor, un

anticholestérol qui est l’un des médicaments les plus

vendus au monde. Naturellement, pour que la réus-

site des lancements de génériques soit au rendez-

vous, il est indispensable que les pharmaciens soient

mobilisés et puissent exercer librement leur droit de

substitution. Sur ce plan, nous sommes en quelque

sorte retournés à la situation qui prévalait il y a une

dizaine d’années. Naturellement, il est indispensable

de recréer un environnement globalement favora-

ble au générique. Je rappelle tout de même que l’un

des enjeux est de faire économiser plusieurs cen-

taines de millions d’euros au système d’assurance-

maladie.

Actu Labo : Etes-vous favorable à la prescrip-

tion en dénomination commune internatio-

nale (DCI) ? Et, de façon générale, qu’attendez-

vous des pouvoirs publics ?

Pascal Brière : A priori, nous ne sommes pas favora-

bles à la prescription en DCI car elle ne résout pas

le problème du nombre insuffisant de médicaments

génériques inscrits au répertoire ; elle présente

néanmoins un avantage pour certains produits à

substitution traditionnellement difficile. Les pou-

voirs publics doivent impérativement relancer les

grandes campagnes de communication sur les géné-

riques qui ont montré leur efficacité. Compte tenu

du climat entourant le médicament, c’est d’abord

aux politiques et aux responsables de la santé pu-

blique de prendre leurs responsabilités, les indus-

triels n’ayant pas la légitimité suffisante auprès des

patients.

subit un coup de frein

Actulabo - Septembre 2011 23

Propos recueillis parJean-Christophe Savattier

A 49 ans, Pascal Brière préside le Gem-me (Générique, Même Médicament), l’as-sociation qui défend les intérêts desgénériqueurs – une dizaine de membresrépertoriés – exerçant leur art sur le ter-ritoire français. Elu depuis quatre ans,Pascal Brière vient d’entamer un troi-sième mandat. Ce dirigeant qui succédaà Philippe Ranty à la tête du Gemme,préside également aux destinées depuissa création de Biogaran, la filiale de mé-dicaments génériques du groupe Ser-vier, n°2 du marché français derrièreMylan.

PRÉSIDENT DU GEMMEET DE BIOGARAN

Page 24: Magazine Actu Labo septembre 2011

Stratégies

L es maladies orphelines etrares constituent-elles lenouvel horizon de l’indus-

trie pharmaceutique ? Oui, à condi-tion de résoudre le dilemme d’unestratégie de développement pé-renne confrontée à des traitementsqui adressent, par définition, desmarchés restreints. Rappelons qu’en France, plus de 3 millions depatients, soit 1 personne sur 20,souffre de l’une des 8 000 maladiesrares identifiées, dont 80 % sontd’origine génétique.L’un des exemples les plus réussisest celui de la prise en charge par lelaboratoire Genzyme, associé à lacommunauté médicale référenteet aux responsables des associa-tions de patients, de la maladie deGaucher, la plus fréquente des pa-thologies de surcharge lysosomalequi touche en France environ 500personnes.

La biopharm américaine,entrée récemment dans

le périmètre de Sa-nofi, présentait en

juin dernier à Pa-ris un bilan detrente ans de

présence sur ce segment et repre-nait les bases d’un modèle qui esttransposable à d’autres affectionsrarissimes. « Dans cette discipline,il est impossible de travailler ensolo. C’est vrai pourles industriels, c’estencore plus évidentpour les soignants,a d’emblée souli-gné le Dr. Nadia Bel-matoug, présidente du Comitéd’évaluation du traitement de lamaladie de Gaucher. Cette mala-die est une affection aux symp-tômes extrêmement hétérogènes.Certains patients peuvent être dis-pensés de traitement. Pour d’au-tres, il est nécessaire d’agir immé-diatement ».Et dans ce cas, on prescrit le Cere-zyme, une enzymothérapie substi-tutive administrée en intraveineuseet développée par Genzyme « quiaméliore grandement l’espéran-ce et la qualité de vie des pa-tients », poursuit le Dr. Nadia Bel-

Le coût par patientfrise les 300 000 €

annuelspouruneinjection tous lesquinze jours…

La mise en placeen 1991 du Comité

pluridisciplinaire d’évaluation dutraitement de la maladie de Gau-cher « a constitué dans ce con-texte un événement majeur,constitutif, juge Christian De-

leuze, le présidentde Genzyme Fran-ce. Il permet de ra-tionaliser les pres-criptions et de déve-lopper un registre

national des patients ».Le Dr. Ségolène Aymé, directriced’Orphanet, a le même avis : « C’estun organisme de gouvernance es-sentiel tant sur le plan de l’obser-vance du traitement et de la pa-thologie que sur celui des étudescliniques. La recherche sur lesma-ladies rares et orpheline a souventété freinée par les difficultés de re-crutement ». C’est donc dans laparticipation à une démarche trans-versale, partenariale que les indus-triels peuvent escompter dévelop-per une approche gagnante sur desmarchés où, plus que sur tout autresegment, le cycle du produit s’orga-nise autour des besoins de la per-sonne atteinte.Ainsi, lorsque Genzyme a rencon-tré des problèmes de productionsur son unité américaine d’Allstonet raréfié les volumes, « la déli-

Les maladies rares, un nouveaAuparavant délaissées par les pharmas, les maladies rares – près de 8 000 pathologies recensées –deviennent une cible convoitée. Genzyme, positionné depuis trente ans sur ce segment, présen-tait récemment son modèle, largement fondé sur l’établissement d’une relation de co-responsa-bilité avec les médecins référents et les associations de patients.

24 Actulabo - Septembre 2011

Dans ce modèle,ni les industriels,ni les soignantsne peuvent

travailler en solo

Christian Deleuze,président de Genzyme France.

matoug.

Page 25: Magazine Actu Labo septembre 2011

u modèle pour les pharmas

Actulabo - Septembre 2011 25

vrance des produits disponibles aété effectuée dans un climat degrande transparence et de déci-sion partagée », note Anne-SophieLapointe, présidente de l’associa-tion de patientsVaincre les MaladiesLysosomales (AVL).Nous avons été con-sultés et écoutés lorsde cette phase déli-cate durant laquelle des traite-ments de substitution ont parfoisété proposés. La crise a été co-gé-rée », poursuit la présidente d’uneinstitution qui participe régulière-ment au financement des pro-grammes de recherche ainsi qu’àl’établissement du registre des pa-tients.Naturellement, ce système bénéfi-cie « d’un cadre politique et régle-mentaire qui n’a pas beaucoupd’équivalent » a rappelé le Dr. Sé-golène Aymé. Le second plan ma-ladies rares, déployé sur la période2011-2014, est doté de 80 M€ sup-plémentaires par rapport à lapremière programmation (2008-2011); il va permettre des initia-tives, comme la création d’une fon-dation maladies rares, de postesde référents dans les Agences Ré-gionales de Santé ou la rédactionde nouveaux protocoles nationauxde diagnostic et de soins, qui fontde la France un « pays pionnier etmoteur ».Ces dispositions viennent confor-

ter certains progrès antérieurscomme les ATU (Autorisationstemporaires d’utilisation) ou lesPTT (Protocoles thérapeutiquestemporaires) qui ont permis d’ac-

célérer l’accès despatients aux théra-pies. Ce cadre régle-mentaire constituel’un des principauxmotifs d’espoirs des

industriels. « Nous ne craignonspas la mise en place d’un Nice(National Institute for Health andClinical Excellence) à la fran-çaise, indique Christian Deleuze.En France, ce qui continuera àprimer est l’intérêt thérapeutique.Nous nous attendons à des dis-cussions fermes sur les prix destraitements. Il faut bien compren-dre que le prix de ces produits doi-vent être soutenables pour les ré-gimes d’assurance-maladie mais

aussi pour les industriels qui af-fectent de très importantes res-sources (18 % du CA) à la re-cherche ».L’amortissement du coût des pro-duits disponibles dans la mala-die de Gaucher, de Pompe ou deFabry à d’autres indications moinsconfidentielles, notamment dansle traitement de la DMLA (dégé-nérescence maculaire liée à l’âge),constitue également l’une despistes des équipes de recherchede la firme de Cambridge, souligneson COO, le Dr. David Meeker. Quirappelle que la pépite biotech deSanofi développe dans la maladiede Gaucher un inhibiteur de subs-trats de l’enzyme déficiente enforme orale aujourd’hui en phaseIII et une enzymothérapie substi-tutive dans la maladie de Niemann-Pick qui, elle, se situe en phase II.

Jean-Christophe Savattier

En France,l’intérêt

thérapeutiquecontinueraà primer

APPROVISIONNEMENT DE FABRAZYME :RETOUR À LA NORMALE ATTENDU POUR 2012

L’approvisionnement des patients de la maladie de Fabry en Fabrazyme (algasidasebeta) devrait revenir à son niveau normal l’an prochain. Suite aux problèmes de produc-tion de Fabrazyme et de Cerezyme (imiglucérase) rencontrés en 2009 sur son unitéd’Allston, Genzyme tente de satisfaire aux exigences du Consent Decree imposé par laFDA : le remplissage des produits vendus en dehors des Etats-Unis est désormaisassuré par le site de Waterford (Irlande).Depuis le début de l’année 2011, la biopharm a été capable de fournir Cerezyme auxdosages habituels ; elle a maintenu l’approvisionnement de Fabrazyme, mais à une do-se réduite. Pour revenir à des niveaux normaux pour les patients existants et les nou-veaux, elle devra utiliser les capacités supplémentaires de l’usine de Framingham, àcôté de Boston (Massachusetts). De premiers lots sortiront au cours du premier se-mestre 2012 après les processus de validation, qui sont en cours.

Page 26: Magazine Actu Labo septembre 2011

Stratégies

Le clermontois Théa a prisun tour de taille supplémen-taire en avril dernier avec

l’acquisition auprès deNovartis d’unimpo r t a n t

portefeuille de produits d’ophtal-mologie. Une prise de poids ob-servée sans déplaisir par la familleChibret (lire notre encadré) quipréserve jalousement l’entreprisedans son patrimoine.Cette offre supplémentaire « re-présente une facturation d’envi-ron 60 M€ », indique Jean-Frédé-ric Chibret, le pdg de ce labo-ratoire de spécialités qui enregis-tre déjà – sans cet apport qui seraprogressivement consolidé – un

CA de 210 M€, « de quoi consoli-der notre quatrième rang euro-péen derrière Novartis/Al-con,Pfizer et Allergan, mais devantMerck et Bausch&Lomb ».

Théa, qui s’est principa-lement positionnésur le segment desproduits antialler-giques, des corti-coïdes, des anti-biotiques et destraitements de lasécheresse ocu-laire, devrait pro-fiter du rachat deproduits de pre-

mier plan commele Voltarene Ophta

« pour affermir cespositions en Europequi reste notre marché-

cible », reconnaît Jean-FrédéricChibret. Le laboratoire auvergnatentend, en effet, utiliser les AMMacquises auprès du groupe suissecomme autant de marchepiedsdans des pays « conservateurs »(Turquie, Autriche, pays scandi-naves) « où il est très difficile dedémarrer ex nihilo ».Cette course à l’Europe qui pour-rait, pourquoi pas, susciter l’inté-rêt de grands opérateurs améri-cains « et les inciter à nous con-fier la distribution de certains deleurs produits », n’empêche pasThéa de regarder vers d’autres ho-rizons. Et de jouer la carte du par-tenariat.Ainsi, au Moyen-Orient, la pharmafrançaise a choisi de s’allier avecAmico. En Russie, un deal a étépassé avec une autre middle phar-ma française, Biocodex.« L’Afrique du Nord est égalementune zone très intéressante ; l’Algé-rie est notre quatrièmemarché »,indique le dirigeant. Présent dansplus de 65 pays, Théa – qui em-ploie 560 collaborateurs, dont 250en France – a cantonné son acti-vité aux Etats-Unis à un accord delicence signé avec Bausch&Lombpour le Zirgan, un traitement del’herpès ophtalmique. « Nous re-gardons aussi avec prudence

Théa a les yeux rivés surImplantés historiquement à Clermont-Ferrand, les laboratoires de spécialités ophtalmiques Théa,propriété de la famille Chibret, devraient consolider leurs activités sur les marchés européensaprès l’acquisition de produits auprès de Novartis.

Jean-Frédéric Chibret,pdg des laboratoires Théa.

Les laboratoires Théasont au 4e rang européenderrière Novartis/Alcon,Pfizer et Allergan.

26 Actulabo - Septembre 2011

Page 27: Magazine Actu Labo septembre 2011

Actulabo - Septembre 2011 27

l’Inde et la Chine », poursuit Jean-Frédéric Chibret. Cet examen etcette quête de partenaires locauxn’ont encore débouché sur au-cune initiative concrète.Le second moteur de la croissancede Théa, « c’est évidemment l’in-novation », réaffirme son pdg. Lapharma, qui s’ap-puie sur une plate-forme de R&D ré-cemment édifiée àClermont-Ferrand,entend tirer partied’un pipe étoffé. Etce, dans la plupart des aires théra-peutiques où le laboratoire s’estdéjà engagé : « Divers lancementsde produits liés au traitement depathologies du segment anté-rieurs de l’œil, notamment dansle traitement chirurgical du glau-come, devraient intervenir sur lapériode 2012-2013 », anticipe ledirigeant. Théa est, en effet, pré-sent sur le segment des traite-ments du glaucome et des pro-duits à base de prostaglandines. Ilse caractérise notamment par laprééminence de quelques médica-ments vedettes comme le Xalatande Pfizer, un traitement des symp-tômes du glaucome en passed’être génériqué.En revanche, Théa, « faute de pou-voir rivaliser avec les grands la-boratoires qui dépensent des for-tunes en R&D sur le sujet », n’estquasiment pas installé – si l’on ex-

cepte une offre de complémentsalimentaires – dans l’aire théra-peutique du « back of the eye »(rétine) ; des produits commel’Avastin de Roche/Genentech oule Lucentis de Novartis (commer-cialisés au prix de 1 000 € le fla-con !) ont pris de très fortes posi-

tions dans le traite-ment de la DMLA (dé-générescence macu-laire liée à l’âge).Cette progression nes’accompagnera pasd’une modification

du modèle industriel. « Nous sous-traitons à 90 % la fabrication denos produits », souligne le pdg deThéa, une part importante de laproduction étant assurée en Fran-ce par des façonniers comme Uni-ther.Théa s’appuie toutefois sur les

capacités de son unité de La Ro-chelle (17), rachetée l’an passé àCarl Zeiss ; elle est dédiée au My-driasert, un insert ophtalmiqueindiqué en préopératoire dans lachirurgie de la cataracte. « C’estun produit prometteur », estimeJean-Frédéric Chibret. Le Mydria-sert est utilisé dans 60 % des in-terventions de ce type et il peutencore progresser ». Le labora-toire a également acquis en 2002une usine à Milan qui produitquelque 10 % des volumes ; celle-ci fabrique notamment des fla-cons multi-doses sans conserva-teur, un device breveté par leséquipes du laboratoire clermon-tois.

Jean-Christophe Savattier

THÉA OU LA SAGA D’UNE FAMILLECLERMONTOISELes laboratoires Théa sont issus d’une tradition familiale séculaire puisque c’est PaulChibret, le trisaïeul de Jean-Frédéric, qui crée en 1883 la Société Française d’Ophtal-mologie. En 1902, son neveu Henry, pharmacien d’officine, fonde à Clermont-Ferrand(63) les laboratoires Chibret. Mais c’est sous la houlette de son fils Jean (1915-1989)que la société prend une dimension nationale puis internationale.Pénalisé par un blocage des prix qui pénalise l’activité, Jean Chibret se rapproche del’américain Merck en 1969 pour créer MSD-Chibret, qui possède toujours l’usineMirabel de Riom, dans les environs de Clermont. La passion est transmise à ses deuxfils Jacques et Henri Chibret. Le premier crée Biophysic Medical, qui deviendra un lea-der mondial en échographie ophtalmique ; le second lance en 1978 Transphyto, unestart-up spécialisée dans la découverte de produits ophtalmiques, puis les laboratoiresThéa en 1994. Son neveu Jean-Frédéric en prend la présidence en 2008 après avoirdirigé et développé l’activité internationale.

Diverslancements

devaient intervenirsur la période2012-2013

l’EuropeLes chiffres clésde Théa• 210 M€ de CA en 2011• 560 salariés, dont 250en France et 175 àClermont-Ferrand• 4e rang européen sur lemarché de l’ophtalmologie• Leader européen dansles allergies oculaires• 2e rang dans le traitementde l’herpès oculaire• 3e rang dans le traitementde l’œil sec.

ENB

REF

Page 28: Magazine Actu Labo septembre 2011

Stratégies

C’est la CMO qui monte!L’ex-filiale façonnagedu suisse Roche, bap-

tisée Cenexi en 2004 et rachetéepar la private equity française Che-quers Capital en 2008, se sentpousser des ailes. Le sous-traitantqui, jusqu’alors, poursuivait sonbonhomme de chemin sans faired’éclats, fait parler la poudre ! « Aterme, je souhaite que nous puis-sions faire notre entrée dans leTop 10 européen du façonnage »,nous annonce son CEO PhilippeMougin, résumant ainsi la feuille

de route : « Nous allons progressi-vement élargir notre offre galé-nique et étoffer notre palette deprestations de services en amontde nos strictes acti-vités de produc-tion ». Une montéeen puissance quis’effectuera « tantdans une logiqueorganique que par croissance ex-terne », prévient Philippe Mougin.Avec la tentative avortée de reprisede l’ex-usine Rottendorf Pharmade Valenciennes (59), Cenexi a ef-fectué un premier tour de chauffel’an passé. Acquisition des capaci-tés de Leurquin, une filiale de l’ita-lien Mediolanum spécialisée dansles formes sèches et implantée àNeuilly-sur-Marne (93), rachat à labarre du tribunal de commerced’Osny Pharma, un laboratoire sisdans la commune éponyme du Vald’Oise positionné sur le marchédes produits high potent, et no-tamment des ovules (une cin-quantaine des cent vingt salariésrepris) : ces deux opérations ontpermis à Cenexi de se faire lesdents « et de glaner au passageau moins 10 M€ de CA supplé-mentaire pour un coût d’acqui-sition modeste », précise Phi-lippe Mougin qui anticipe pour

2011 un CA d’environ 92 M€.Mais des affaires d’un tout autregabarit sont désormais dans le col-limateur du sous-traitant histori-

quement implanté àFontenay-sous-Bois(94). D’ici à la fin del’année, Cenexi de-vrait, en effet, absor-ber une unité indus-

trielle implantée dans le sud del’Europe qui deviendra le brasarmé de la CMO dans le domainedes produits lyophilisés (environ22 M€ de CA).Par ailleurs, et ce sera le très grosmorceau de l’année 2012, PhilippeMougin a mis à l’étude l’acquisi-tion d’une usine française spécia-lisée dans les sachets.Ces capacités viendraient s’ajou-ter à l’arsenal actuel déjà impres-sionnant, tant dans les formessèches (capacité de production de2 milliards de comprimés secs etenrobés), les liquides non stériles,les liquides stériles (300 millionsd’ampoules, soit la plus impor-tante capacité européenne) et lesproduits à usage unique.Si l’on ajoute les perspectives of-fertes par d’importantes opéra-tions de transfert de produits etquelques lancements très promet-teurs – notamment dans le do-

Cenexi veut sa place dans leHistoriquement installée à Fontenay-sous-Bois (94), l’ex-filiale façonnage de Roche entend pour-suivre une politique d’acquisitions ciblées qui devrait lui permettre d’étoffer son offre galénique etde prestations de service. Objectif ? Rivaliser avec les plus grandes CMO européennes.

28 Actulabo - Septembre 2011

Glaner au passageau moins 10 M€

de CA pour un coûtd’acquisitionmodeste

Philippe Mougin, CEO deCenexi : « Nous allons étoffernotre offre galénique ».

Page 29: Magazine Actu Labo septembre 2011

Gotha européen des CMO

Actulabo - Septembre 2011 29

maine de la gynécologie –, Cenexi« est en mesure de réaliser pro-chainement une facturation voi-sine des 200 M€ » et d’atteindreainsi l’objectif assigné : entrer dansle Gotha européen des CMO.« D’ores et déjà, nous ne réalisonsque 25 % de notre CA en France »,estime le dirigeant qui se félicitepar ailleurs de la faible expositionde la société aux marchés du gé-nérique.« Dans le même temps, nous mus-clons la partie amont de notreoffre », poursuit-il. Une filiale adhoc, Cenexi Services, dédiée au

transfert analytique, galénique, à lamise à jour de documentation etl’analyse à façon, a été portée surles fonts baptismaux en mars der-nier.Et une nouvelle filiale spécialiséedans le développement pharma-ceutique pourrait venir s’adosser –peut-être à l’occasion d’une nou-velle opération de croissance ex-terne… – aux deux autres (Ce-nexi, Cenexi Services), toutes con-trôlées par le holding Phinex (dé-tenu à 80 % par Chequers Capitalet Indigo Capital et à 20 % par lemanagement).

Parallèlement, la CMO a fait évo-luer la composition de ses cadresdirigeants. « Il ne reste plus quetrois managers de l’équipe d’ori-gine. Nous avons intégré des pro-fils plus proches de la cultureCMO, davantage familiarisésavec les enjeux de la perfor-mance financière », précise Phi-lippe Mougin.Cette évolution s’est égalementtraduite par le recul de la part duCA assurée par les commandes del’ex-maison mère ; celle-ci est pas-sée sous la barre des 50 % « et ellesera encore diluée au fur et àme-

Les chiffres clésde Cenexi• CA 2007 : 83 M€

• CA 2011 (projection) : 92 M€

• CA 2012 (prévision) : 100 M€

• Plus de 15 000 m2

de zones de productionpharmaceutiques• Capacités : 300 millionsd’ampoules injectables• 1 300 tonnes de compriméset de gélules• 10 millions d’unités sirop.

ENB

REF

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Stratégies

30 Actulabo - Septembre 2011

sure de nos prochaines opéra-tions commerciales et indus-trielles ». Pour autant, des discus-sions sont en cours avec la bigpharma suisse pour arrêter lesmodalités du contrat de sous-trai-tance sur la période 2015-2020 ;cela devrait donner l’occasion àCenexi de prendre en charge la

fabrication des produits plus in-novants… et à plus forte marge.La marge ! Telle est l’obsession del’équipe dirigeante de Cenexi quin’envisage pas un instant de sacri-fier la rentabilité de la société –l’Ebitda se situe autour de 15 % –sur l’autel de la croissance. Le fa-çonnier entend bien profiter deson endettement modéré et deson bon niveau de fonds proprespour atteindre ses objectifs sanscompromettre la qualité de ses ra-tios.« Les opérations de croissanceexterne que nous envisageonsvont exiger que nous sollicitionsnos réserves », admet PhilippeMougin. Et de requérir le soutiensans failles de l’actionnaire de ré-

férence qui n’a encore jamais re-culé. Mais, déjà engagé depuisquelques années au capital de lasociété, la private equity pourraitêtre tentée de valoriser sa partici-pation au seuil de la nouvellephase de croissance annoncéepar le management du sous-trai-tant. « Ce n’est pas d’actualité, àma connaissance », juge PhilippeMougin qui n’élude pas la ques-tion posée par une éventuelle re-composition du capital. « Nousserons à l’écoute de toutes lespropositions dans la mesure oùcelles-ci respectent notre projetindustriel ».

Jean-Christophe Savattier

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INNATE PHARMA ETTRANSGENE CRÉENTPLATINE PHARMA SERVICESLes deux biopharms françaisesTransgene et Innate Pharma lan-cent une société de prestation deservices baptisée Platine PharmaServices. Basée à Lyon dans lecentre d’excellence mondial eninfectiologie de Gerland, celle-ciproposera une offre d’immuno-monitoring (suivi quantitatif etqualitatif d’une réponse immu-nitaire suite à un traitement)pour le développement cliniquede candidats médicaments.Platine Pharma Services em-ploiera une douzaine de salariés.

BIOTRIAL CHOISITNEW-YORKBiotrial a choisi le site de Newark(New-Jersey), à une quinzaine dekilomètres à l’ouest de Manhat-tan, comme site d’implantationaméricain afin d’y installer en2012 un centre de recherche de5 000 m² qui devrait générer lacréation d’une centaine d’em-plois. Par ailleurs, Biotrial vaprendre possession de ses nou-

veaux locaux rennais d’ici à la finde l’année : elle a investi 20 M€

dans un doublement de son sitequi atteint désormais 10 000 m².A terme, la CRO devrait employer500 personnes à Rennes contre220 aujourd’hui.

CROISSANCE EXTERNEPOUR LE CITLe CIT vient d’annoncer une nou-velle opération de croissanceexterne. Sa holding de tête,Applied Biology Company (ABC),vient de conclure le rachat de lapresque totalité des élémentsd’actif de LAB Recherche Inc. etde ses trois installations situéesau Canada, au Danemark et enHongrie. Le nouveau groupe CIT-

LAB devient l’une des cinq plusimportantes CROmondiales spé-cialisées dans le préclinique avecun CA pro forma de 74 M€ et 830employés.

PAREXEL SE RESTRUCTUREParexel a décidé de réduire lavoilure. Cette décision fait suite àun repositionnement de son acti-vité, la CRO compte progressive-ment diminuer les essais sursujets sains afin de consacrerune plus grande partie des testsde phase I à des patients. Enconséquence, Parexel va réduirede 25 à 30 % ses capacités con-sacrées aux phases précocespour se recentrer sur la phase I.Ceci entraînera la suppressionde 300 des 10 350 salariés quecompte Parexel.

LE ROCHELAIS MEDISCISEN LIQUIDATIONLe tribunal de commerce de LaRochelle a prononcé le 17 maidernier la liquidation judiciaire dela CRO Larime, rebaptisée en 2005Mediscis (Medical Science Ser-vices). Installée à Lagord (17), enbanlieue rochelaise, depuis 2003,cette société spécialisée dans lesétudes cliniques possédait un sitesecondaire à Poitiers. Dirigée parSerge Fitoussi, Mediscis affichaitencore en 2009 un CA de 6 M€ etun résultat net de 117 000€. L’anpassé, la facturation avait, sem-ble-t-il, chuté de moitié.

UNIGENE VA PRODUIREPOUR CARA

L’américain Unigene Labora-tories, qui produit des peptidesthérapeutiques sous contrat, vafournir des lots cliniques duCR845, un candidat de la bio-pharm Cara Therapeutics quidevrait entrer prochainement enessais cliniques de phase I pourle traitement des douleurs ai-guës et chroniques : CR845 estun agoniste des récepteurs opia-cés (opioïdes kappa). Unigene estinstallé à Boonton, dans le NewJersey, tandis que Cara a sonsiège à Shelton, dans le Connec-ticut.

CLINTEC SE RENFORCEEN CHINEClintec vient d’établir de nou-veaux bureaux en Chine, à Singa-pour et en Thaïlande afin derenforcer ses positions en Asiedu Pacifique. La CRO compte ou-vrir de nouvelles unités en Coréedu Sud, à Taïwan et en Malaisie.

L’aire de Boston (Massachusetts) va encore enrichirson potentiel de recherche pharmaceutique avecPfizer. Celui-ci vient de décider d’installer un cen-tre d’innovation thérapeutique dans l’immeubleBiomed Realty Trust au 3 Blackfan Circle, au cœurdu complexe hospitalier de Longwood qui comprendnotamment le Beth Israel Deaconess Medical Centeret l’hôpital pour enfants de Boston : une quaran-taine de chercheurs, dont la moitié embauchés cesdeux derniers mois, vont s’installer sur les 1 500 m²de ce centre.Le n°1 mondial travaillera en collaboration avec plu-sieurs centres de recherche académique pour pilo-ter les essais cliniques de phase I et II de nouveauxmédicaments. La compagnie a l’intention d’investirsur place 100 M$ dans les cinq prochaines années.

NOUVEAU CENTRE PFIZER À BOSTON

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Ex-unité du fabricant decomposants électroniquesAVX reconvertie dès 1998

en établissement pharmaceutique,l’usine du laboratoire de drug de-livery Ethypharm, installée auGrand-Quevilly (76), a fondé sondéveloppement sur une doubleexpertise. « Spécialisée dans lesproduits dérivés des opioïdes quireprésentent environ la moitiédes volumes, notre unité ac-cueille aussi une plate-forme dedéveloppement galénique et ana-lytique », explique ainsi GuilhemMaraval,

le directeur d’un ensemble indus-triel déployé sur plus de 8 000 m2

de locaux et qui emploie au-jourd’hui 230 collaborateurs.Le site, plutôt dédié à des petiteset moyennes séries de produitshigh potent, s’est doté d’une puis-sante expertise enR&D – une soixan-taine de collabora-teurs – qui s’estconcrétisée en 2007par la constructiond’une extension de2 500 m2. Un programme qui a bé-néficié des concours du Feder(Europe) et de la Région Haute-Normandie et a permis de le doterd’un centre d’excellence dans ledomaine du passage des produitsexpérimentaux à la productionà grande échelle (scale up).« Cette usine est un lieu d’inno-vation qui correspond parfaite-

ment au modèle d’affaired’Ethypharm »,

estime

Guilhem Maraval. Les équipes dulaboratoire ne se positionnent pasdans une simple logique de sous-traitance. « Nous proposons à nospartenaires de véritables projetsde développement basés sur lamaîtrise de plusieurs technolo-

gies d’administra-tion brevetées ». Ils’agit notamment deformes orodispersi-bles (Flashtab), deformes à libérationmodifiée ou de com-

primés sublinguaux. Le laboratoireest aussi très en pointe sur les pro-cess de fabrication de nano-gra-nules permettant une meilleureabsorption et dissolution des prin-cipes actifs dans l’organisme.L’usine de la banlieue rouennaise,qui assure une large part de sonactivité auprès des génériqueurs,produit ainsi la buprénorphine, lamolécule du Subutex, un traite-ment indiqué pour les addictionsà l’héroïne. Le site est aussi trèsengagé dans la production, tou-jours pour le compte de généri-queurs, de l’oméprazole, le prin-cipe actif du Mopral, un traite-ment des reflux gastro-œsopha-giens qui figure parmi les mo-lécules les plus vendues aumonde.« En 2010, environ 600 mil-lions de doses sont sorties decette usine, pour une capa-cité totale qui avoisine le

Un lieud’innovation qui

correspondparfaitement aumodèle d’affaired’Ethypharm

Les forces d’Ethypharm au

En direct des usines

L’usine d’Ethypharmdu Grand-Quevilly,aux portes dela métropolerouennaise,a fondé sonexpertise sur laproduction demédicaments àlibération modifiée,indiqués dans letraitement de ladouleur et del’addiction.Le site s’appuiesur une importanteplate-forme dedéveloppement.

32 Actulabo - Septembre 2011

Guilhem Maraval,directeur de l’unitéEthypharm du Grand-Quevilly.

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Actulabo - Septembre 2011 33

milliard de doses », estime le diri-geant haut-normand. « Nous som-mes en mesure d’offrir à nosclients une prestation complètequi va de la conception dumédi-cament et de son enregistrementjusqu’à la production de lotscommerciaux », poursuit Guil-hem Maraval qui note que cette of-fre industrielle reste conditionnéeà la réglementation spécifique dupays destinataire.Ainsi, les Etats-Unis considèrentque tous les produits opiacés etautres stupéfiants doivent obliga-toirement être fabriqués sur le ter-ritoire américain. Une dispositionqui n’empêche pas l’usine duGrand-Quevilly, qui est agrééeFDA, de travailler pour l’Amériquedu Nord, la part à l’export repré-sentant aujourd’hui près de 60 %des volumes.Pour se hisser au niveau d’excel-lence requis, le site s’appuie sur450 m2 de salles blanches dé-ployées dans le module consacréaux activités de développement.Un module qui héberge à taille ré-duite la gamme complète deséquipements de production (com-primeuses, sécheurs à lit d’air flui-disé, centrales de traitement d’air)exploités dans l’aire de l’usine dé-diée à la fabrication des lots com-merciaux.« C’est une des forces principalesdu site. Les différents ateliers sontexploités dans une logique de

complète autonomie, ceci afin defavoriser notre réactivité et depallier définitivement les risquesde contamination croisée », ana-lyse Guilhem Maraval. La plate-forme de production de lots com-merciaux s’appuie, pour sa part,sur environ 1 200 m2 de sallesblanches, tandis que les activitésde formulation et d’élaboration derecettes peuvent compter sur350 m2 de salles propres.L’usine a constamment bénéficiéd’un courant d’investissement.« En moyenne, entre 2 et 3 M€

chaque année », affirme RégisRoussel, vice-président d’Ethy-pharm en charge des affaires in-dustrielles. « Depuis 2005, près de15 M€ ont été engagés au profitdu Grand-Quevilly », ajoute-t-il.Dans la perspective de la prise encharge de nouvelles fabrications –notamment celle de l’oxycodone,un analgésique dérivé de la mor-phine qui sera proposé sous laforme d’un comprimé à libérationprolongée, et du générique d’un au-tre antidouleur à base de produitsopiacés (comprimé enrobé) –, plusde 1 M€ ont été investis dans deséquipements de granulation.Parmi ceux-ci figure une turbineperforée utilisée pour enrober lescomprimés.Le site devrait aussi se doter denouvelles capacités de condition-nement. « Sur l’ensemble de l’exer-cice 2011, nous avons prévu d’en-

gager 7 M€ sur nos trois unités defabrication », résume Régis Rous-sel. Ainsi, près de 3 M€ vont êtreinvestis à Châteauneuf-en-Thyme-rais (28) où Ethypharm exploiteune usine de 300 salariés plutôtdédiée aux gros volumes. Leséquipements (géluleuse grandecadence et séchoir à lit d’air flui-disé, zone de répartition) de-vraient notamment permettre desupporter l’accroissement des vo-lumes prévu sur ce site.A Shanghai, où le laboratoire dis-pose d’une unité d’environ 100collaborateurs, il est prévu d’in-vestir 1 M€ dans des capacités demicro-granulation et de condition-nement en sachets : « Le produitconcerné est un traitement de larectocolite hémorragique, destinéau marché chinois, que nous al-lons fabriquer pour le compted’une pharma française ».

Jean-Christophe Savattier,au Grand-Quevilly

Les chiffres clésd’Ethypharm• 130 M€ de CA en 2010• 800 collaborateurs dans lemonde, dont 600 en France

• 15 % du CA dédié à la R&D• 1,8 milliard de dosesproduites dans le monde

• 39 produits sur le marché

ENB

REF

Grand-Quevilly

Un nanobroyeursur le site d’Ethypharm

au Grand-Quevilly.

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34 Actulabo - Septembre 2011

Le laboratoireCeva SantéAnimale a fait deson usine girondinel’une de sesplates-formesmajeures deproduction.Le groupe prévoitd’entrer à l’horizon2015 dans le Top 5d’un secteurvétérinaire enplein mouvementde fusions etd’acquisitions.

A vec un CA de 468 M€ àl’issue de l’année 2010qui conclut une pre-

mière décennie d’existence … etla meilleure performance desentreprises du Top 10 du secteur,l’ex-branche santé animale deSanofi a triplé detaille depuis le pre-mier LBO réussi en1999. Avec une crois-sance moyenne de8,4 % depuis 2000,Ceva Santé Animale a réussi à sehisser dans le peloton de tête grâceà une croissance externe offensive.Spécialisée dans le développement,la production et la commercialisa-tion de produits pharmaceutiqueset de vaccins pour les animaux decompagnie, ainsi que pour les ani-maux de rente (bovins, porcs etvolailles), la firme girondine collec-tionne les succès. Plus gros pro-ducteur de vaccins contre la

salmonellose aux Etats-Unis, pro-moteur de la vaccination au cou-voir ou in ovo pour lutter contreles maladies aviaires, instigateurd’un projet de diagnostic et de vac-cination contre la trypanosomoseen Afrique sub-saharienne, acteur

majeur de l’optimisa-tion de la reproduc-tion bovine et dusoin pour les ani-maux de compa-gnies – de la cardio-

logie aux antiparasitaires en pas-sant par le bien-être animal – Cevaest sur tous les fronts, ou presque,de la médecine vétérinaire, y com-pris celui des génériques.Car, pour Ceva, qui axe son activitéautour de deux segments « Phar-maceutiques » et « Biologiques »,la santé animale est un passageobligé pour la santé globale deshumains et de la planète, en assu-rant la production d’une nourri-ture saine et de qualité et en péren-nisant le lien homme-animal.C’est à Libourne, près de Bor-deaux (33), que s’élabore cettevision humaniste, mais profitable,de la santé animale. Enserré parles vignes… et les pavillons de labanlieue bordelaise, le site de Cevaest implanté sur un ancien élevagede vipères, héritage d’une usinede production de sérums antive-nimeux de l’époque Sanofi ! Au-jourd’hui, il accueille, outre le

siège social, une unité de produc-tion d’injectables, un centre deR&D pharmaceutique, ainsi qu’unlaboratoire de contrôle et un cen-tre de distribution flambants neufs.De la plate-forme libournaise d’in-jectables inaugurée en 1993 sor-tent, chaque année, une cinquan-taine de formulations (antibio-tiques, anti-inflammatoires, hor-mones de reproduction), soit 8millions de flacons, une capacitémaximale de 14 millions étantenvisageable sous réserve d’inves-tissements actuellement à l’étude.Côté investissements, justement,Ceva place le curseur assez haut :le nouveau laboratoire de contrôle(1 250 m2, 2,7 M€ d’investisse-ment), qui travaille égalementpour le site breton de Loudéac(22), est opérationnel depuis no-vembre 2009 et gère environ 250matières premières et produitsfinis par mois. En juillet 2010, c’estle centre de distribution, adossé àun nouveau centre administratif,qui a été inauguré : près de 3 700palettes sont réceptionnées,stockées et expédiées de cet entre-pôt réfrigéré de 3 500 m2. La miseen œuvre de bonnes pratiques dedistribution (BPD), la gestion dif-férenciée des flux « France »,« Afrique » (marqués par une fortesaisonnalité), « International » et« Vaccins » (900 palettes) assurent,de l’avis des opérateurs du site,

Ceva couve ses ambitions

L’ex-branchesanté animale deSanofi a tripléde taille depuis

1999

En direct des usines

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Actulabo - Septembre 2011 35

une productivité optimale. Et enavril dernier, un nouveau lyophi-lisateur (500 m2 pour 2,8 M€ d’in-vestissement) est venu compléterles infrastructures girondines.Mais il n’y a pas qu’à Libourne queCeva investit. En mai 2011, la firmefrançaise inaugurait sur son cam-pus de Lenexa, au Kansas, le BUMP(Biomune Unit for More Produc-tion), une nouvelle installation(4 800 m2) de production de vac-cins dont les 18 M$ d’investisse-ment parachèvent l’implantationde Ceva aux Etats-Unis, engagéeen 2005 avec l’acquisition deBiomune. Fer de lance de la pro-duction de produits biologiquesde la firme, ce site répond, avecune capacité multipliée par huit,à la demande croissante de vac-cins vectorisés.Implanté dans 40 pays et expor-tant dans 110, Ceva exploite 11centres de R&D et 14 sites de pro-duction. Boulimique, Ceva a réa-lisé 19 acquisitions en dix ans. La

dynamique se poursuit et ciblenotamment les pays émergents :alors que le Brésil constitue le 1er

marché de Ceva devant la France,la firme libournaise annonçait le 6juillet dernier la création d’une JVen Chine : Beijing Ceva HuaduBiological. Objectif : débuter, dèsjanvier 2012, la production et lacommercialisation de produitsvétérinaires et de vaccins de poin-te. Il faudra bien cela pour attein-

dre les 1 Md€ de CA à l’horizon2015 et se hisser ainsi dans le Top 5de la santé animale. « Cela passeévidemment par des investisse-ments dans nos outils industriels.Nous faisons encore partie dessociétés qui se battent pour conti-nuer à investir au bénéfice de nossites français », tient à soulignerMarc Prikazsky, le pdg de Ceva.

Alexandra Foissac,à Libourne

20,1 Md$, c’est ce que représente aujourd’hui le marché de la santé animale.« Un marché dont la progression est de l’ordre de 3 à 5 % par an, précise MartinMitchel, directeur de la communication du groupe Ceva. Avec la croissance dela population mondiale et un réchauffement climatique qui favorise les zoonoses,le marché va continuer à grossir ».Selon le cabinet de conseil Vetnosis, cette croissance devrait être plus fortesur le segment des animaux de rente, celui des animaux de compagnie res-tant le plus important (41,2 % du marché). Le secteur vit également à l’heuredes concentrations – trois « big veto », Pfizer, Intervet, Merial, se partageantaujourd’hui près de la moitié du marché – et les pharmas, qui s’étaientdétournées du secteur il y a quelques années, manifestent de nouveau de l’in-térêt. Le n°1 mondial, Pfizer, a annoncé son intention de céder partiellementou totalement son activité vétérinaire. Ce qui pourrait aider Ceva, actuelle-ment en 9e position, à gagner quelques places.

UN MARCHÉ QUI PROFITE DURÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

à Libourne

Le site de Ceva Santé Animaleà Libourne (33).

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En direct des usines

36 Actulabo - Septembre 2011

P fizer ne fait que vendre sesusines. Il en achète aussi…

ou plutôt, il en rachète. Le n°1mondial a, en effet, décidé de ré-cupérer auprès d’Akrimax Phar-maceuticals l’usine de RousesPoint, petite ville qui se situe à lafrontière américano-canadienne,à une cinquantaine de kilomètresau sud de Montréal ; le board s’estdonné deux ans pour vendre oufermer cette ancienne usineWyeth qui avait été cédée début2008, pour seulement 8 M$, à sonactuel propriétaire.Le laboratoire du New-Jersey avaitalors l’intention de développer

une activité de fabrication souscontrat sur ce site de 85 000 m2,mais le projet a échoué : le mar-ché de la sous-traitance a presqueimmédiatement plongé en raisonde surcapacités de production etde la moindre productivité des pi-pelines.Une soixantaine d’emplois ontdéjà été supprimés à Rouses Pointet, si Pfizer assure qu’il va mainte-nir un effectif de 300 personnesdurant les deux prochaines an-nées, l’usine sera inéluctablementfermée en 2013 faute de repre-neur. Au temps de sa splendeur,l’usine de Rouses Point comptait

1 100 salariés et 800 encore il y atrois ans, au moment de la vente àAkrimax ; elle était alors le princi-pal site de fabrication du substitutà l’œstrogène Premarin, qui futl’un des produits vedettes deWyeth. Mais les ventes de cettemolécule issue de l’urine de ju-ment gestante se sont effondréesà partir du début des années 2000,en raison d'une suspicion derisques de cancer.Le site continue aujourd’hui de fa-briquer en sous-traitance pour Pfi-zer, notamment le Prempro, unautre traitement hormonal substi-tutif de la ménopause. FXB

Pfizer récupère Rouses PointLa big pharmanew-yorkaise voleau secours del’ancienne usineWyeth de RousesPoint, près dela frontièreaméricano-canadienne, queson propriétaire dumoment, Akrimax,avait des difficultésà exploiter.

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Actulabo - Septembre 2011 37

L e savoir-faire français en ma-tière de médicaments dérivés

du plasma (MDP) fait des émules àl’étranger et notamment dans lespays émergents.Ainsi, le laboratoire français du frac-tionnement et des biotechnologies(LFB), qui compte environ 1 700collaborateurs pour un CA de 416,6M€, vient de signer un contrat desix ans – d’une valeur de 150 M€

– avec la société brésilienneHemobras au terme duquel LFBconcevra, réalisera et validera uneusine brésilienne de fabrication demédicaments dérivés du plasmaprès de Goiana, au nord de Recife.

La plate-forme aura une capacitéde fractionnement de 500 000 litresde plasma par an et produira sixmédicaments dévelop-pés par le LFB : l’immu-noglobuline polyvalenteintraveineuse, un facteurVII, un facteur IX, l’albu-mine, le facteur von Willebrand et lecomplexe prothrombique. L’usinecouvrira à terme entre 20 à 100 %des besoins des patients brésiliens.Le groupe français assurera paral-lèlement un programme de forma-tion de l’équipe d’encadrementbrésilienne, qui devra à son tourformer 150 collaborateurs à Goiana.

Cette opération de transfert detechnologie – qui constitue unepremière – devrait mobiliser une

trentaine de collabora-teurs du LFB pendantprès de six ans. Notonsque ce deal fait suite àune première collabora-

tion engagée depuis 2007 entreles deux partenaires qui a permisde concevoir les phases amont dece projet d’usine. Hemobras assu-rera la maîtrise d’ouvrage du pro-gramme de construction etconduira au Brésil l’enregistre-ment des produits fabriqués surle site. JCS

Le championnational françaisdans le domaine desMDP (médicamentsdérivés du plasma)va construire un sited’une capacitéannuelle defractionnementde 500 000 litresde plasma au Brésil.

Le LFB en consulting au Brésil

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Depuis juin, Mark Aeglerest le nouveau directeurgénéral d’Hoffmann Neo-

pac AG, le groupe suisse d’embal-lage qui s’est distingué jusqu’icidans trois domaines : l’alimentaireet le tabac avec Hoffmann (130millions de boîtes en fer blanc ven-dus en 2010), la cosmétique avecle hongrois Tu Plast (80 millionsde tubes) et la pharma avec Neo-pac (420 millions).Après un parcours qui l’a menéchez Nestlé puis dans les biotech-nologies chez Atisholz AG, MarkAegler reprend les rênes d’une so-ciété qui est bien décidée à mar-quer de son empreinte les sec-teurs pharma et médical. Jusqu’ici,la réussite de Neopac, basé à

Oberdiessbach, dans le can-ton de Berne,

tient ausuccès de ses tubesPolyfoil, notamment de petitetaille (10 mm), qui sont destinés àl’industrie cosmétique, la pharmaet le dentaire. Les tubes laminéspossèdent une couche barrière ul-trafine en aluminium et sont re-couverts à l’extérieur de matièreplastique pour protéger au mieuxles formulations ultra-sensibles.Aujourd’hui, leur production est

assurée par une douzaine delignes sur le site d’Oberdiessbach.En phase de rationalisation etd’optimisation de ses moyensde production, Neopac a fermédeux lignes très an-ciennes en avril,pour mettre l’ac-cent sur une nou-velle ligne pharmaultra-sophistiquée.« Nous prévoyonsd’augmenter nos capacités à 470millions de tubes avec cette nou-velle installation réalisée en dé-but d’année, précise MartinaChristiansen, directrice pharma-ceutique. La ligne vise la produc-tion de tubes mono-doses de pe-tite taille avec des diamètresallant de 10 à 19 millimètres des-tinés au marché ophtalmique. »L’idée est d’accroître les capacités

et de se donner les

moyens dediversifier. Lesdernières innovations devraientdonc être fabriquées sur cettenouvelle ligne dans un environne-ment en salle blanche ISO 8.Il s’agit notamment du Twist’n’Use, un système unique mono-

dose doté d’une capsule solidaireavec témoin d’inviolabilité, dontNeopac vient de lancer une ver-sion Child Resistant (CR). L’em-bout ergonomique, sans point

de rupture, permetégalement à l’utili-sateur d’appliquerle liquide ou lacrème avec préci-sion sur les surfacesdésirées, sans con-

taminer le contenu. Le Twist’n’Usea été développé pour améliorerl’application de traitements lo-caux, notamment enmédecine vé-térinaire. Autres marchés en lignede mire : les produits topiques(oto-rhino, rectal, vaginal), lessoins dentaires et buccaux, lescompléments alimentaires, lesconcentrés et substances de labo-ratoire, les traitements du cuirchevelu, ainsi que les échantillonsde produits et kits de voyage.« Ce qui est important pour leslaboratoires est d’avoir un envi-ronnement de production ensalle blanche, avec le respect desstandards d’assurance de qualitéeuropéens et américains, notam-ment concernant le choix et l’ori-gine des matériaux, pointe Mar-tina Christiansen. Ils doivent eneffet réaliser de plus en plus detests sur leurs produits finis, enparticulier dans le domaine dessubstances extractibles (« leacha-

Conditionnement

Neopac vise une expansionLe spécialiste suissedes tubes Polyfoilvient d’investir 11 M€

dans une nouvelleligne de fabricationpharma pouraccroître sescapacités dansles mono-doses.Par ailleurs, Neopacse lance sur denouveaux marchés ;il cible en particulierle vétérinaire et lemédical ainsique l’export.

38 Actulabo - Septembre 2011

Neopac prévoitd’augmenterses capacitésà 470 millions

de tubes

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bles » et « extractables ») avant delibérer leurs lots. »En outre, Neopac souhaite allerplus loin dans les applications mé-dicales. C’est pourquoi la société adéveloppé un emballage primairesans silicone ni tungstène et sansrisque de casse, qui se présentecomme une alternative au tube enverre. « Nous avons travaillé surun tube laminé transparent, etnon opaque comme le Polyfoil,pour garantir les hautes proprié-tés barrière et lastabilité du mé-dicament », préciseMartinaChristiansen.Résultat : le person-nel soignant à l’hôpital n’a plusbesoin de seringue pour retirer lemédicament d’une ampoule. Il n’aqu’à retirer la capsule de ferme-ture du tubemédical Neopac pourtransférer le médicament directe-ment vers un cathéter ou unepoche de perfusion. Le tube peutégalement être relié directement à

une seringue, ce qui facilite la ma-nipulation des médicaments li-quides dits sensibles.En outre, et afin de proposer à sesclients une solution totalement in-tégrée, Neopac a mis en place unecoopération avec l’allemand HarroHöfliger, qui a développé une ma-chine spéciale pour la fabricationet le remplissage de son tube mé-dical. « Notre machine est prêtepour produire des échantillons de-puis fin juin sur notre site d’Ober-

diessbach, préciseMartina Christian-sen. Dans le mêmetemps, et pour élar-gir les applications,

nous travaillons sur un conceptde tube à double compartimentqui pourrait héberger de la pou-dre et du liquide, ou deux li-quides, avant reconstitution. »L’expansion internationale est éga-lement un axe de travail. En maidernier, le groupe a ouvert unesuccursale US dans le New Jersey.

« Les marchés les plus prometteurspour Neopac sont orientés versles Etats-Unis ou initiés par lesEtats-Unis », souligne MartinaChristiansen, dont l’attention seconcentre également sur les mar-chés émergents : « Nous avons unbureau à Shanghai, en Chine.L’activité dans ce pays est pourl’instant plus traditionnelle, orien-tée vers l’ophtalmique. Et le trans-port dans ces régions éloignéesreste encore un souci. »

Marion Baschet-Vernet

Actulabo - Septembre 2011 39

internationale

NOUVELLE LIGNE ULTRA-SOPHISTIQUÉE À OBERDIESSBACH

La nouvelle ligne pharma mise en place par Neopac sur son site d’Oberdiessbach a nécessité un inves-tissement de 11 M€. Sur place, l’intégralité de la production de tubes Polyfoil est réalisée en salle

blanche, du découpage et façonnage du tube laminé jusqu’auproduit fini. La nouvelle installation vise la production de petitstubes pharmaceutiques et mono-doses destinés principale-ment à des applications semi-liquides et liquides pour despommades ophtalmiques et des produits vétérinaires. A terme,les capacités de cette ligne s’élèveront à 60 millions de tubes paran grâce à un travail organisé et optimisé en 3 shifts.

Les chiffres clésde Neopac• CA : non communiqué• 840 employés,

dont 380 en Suisse• 420 millions de tubes vendus• 3 sites industriels :

1 à Oberdiessbach (Suisse)et 2 en Hongrie.

ENB

REF

Nous travaillonssur un concept

de tube à doublecompartiment

Les tubes transparents Fleximed,à usage aussi bien pharmaceutiqueque cosmétique, sont très résistants

et faciles d’utilisation.

Page 40: Magazine Actu Labo septembre 2011

Pour SGD Pharmacie, Busi-ness Unit pharmacie dugroupe SGD qui est égale-

ment présent dans la cosmétiqueet la parfumerie, la crise écono-mique semble déjà loin. LaurentZuber, son directeur général, an-nonce un CA en hausse de 5 % en2011 à 210 M€. « L’industrie duverre moulé est relativement dy-namique depuis fin 2010 et lemarché a retrouvé des taux decroissance de 3 à 4 %, tels qu’onles voyait en 2008 », souligne-t-il. Lanouvelle dynamique provient au-jourd’hui de la montée en puis-sance des pays émergents d’Asie,d’Amérique du Sud, du Moyen-Orient et d’Amérique Centrale.Des régions où SGD Pharmacie asécurisé son implantation au tra-vers de deux usines, l’une à Zhan-jiang en Chine, l’autre à Santa Ma-rina au Brésil, qui représententdéjà 25 % de son activité. Et cettepart ne cesse d’augmenter. Cela

vient aussi contrebalancer la stabi-lité des marchés matures en Eu-rope, comme la France, où laconsommation de verre moulé estcontrainte par la baisse des dé-penses de santé.Parmi les domaines porteurs, Lau-rent Zuber cite trois classes théra-peutiques en croissance : les médi-caments destinés à traiter lesmaladies du système nerveux, lestraitements desvoies respiratoireset l’alimentation pa-rentérale. Les voiesd’administration in-traveineuses et injectables sont plusprometteuses à l’heure actuelleque la voie orale, plus tradition-nelle. Cela se traduit par une fortecroissance du verre type I Asolvex(AX), neutre et résistant aux chocsthermiques, qui convient bien auxdérivés sanguins comme l’albu-mine, les produits nutritionnels etbiologiques.En outre, SGD Pharma a déve-loppé des solutions spéciales pourle marché en croissance de la lyo-philisation. « Nous travaillons de-puis un an sur notre gamme Easy-Lyo aux parois rectilignes et à labonne résistance hydrolytique,qui devrait également bien se dé-velopper à l’avenir, continue Lau-rent Zuber, et nous devrions envoir les premiers résultats fin2011. » Près de 25 % desmolécules

injectables sont aujourd’hui lyo-philisées. On peut donc s’attendreà une plus forte demande pour cetype de flacons. Les applicationsconcernent notamment l’oncolo-gie, les anti-infectieux, les dérivéssanguins, les vaccins multi-dosesou encore l’ophtalmologie.Du coup, pour s’adapter à cesmar-chés fortement évolutifs et aux exi-gences des nouveaux médica-

ments, SGD Phar-macie est en train dedéployer un vasteprogramme d’inves-tissements, de 80 à

100 M€, dont l’objectif est double :faire de la maintenance et recons-truire l'outil existant, mais aussiaugmenter les capacités et amélio-rer la qualité. Les travaux s’étalentsur quatre ans, de 2010 à 2014.« Ces investissements s’inscriventdans la durée, note Laurent Zuber.Nous sommes obligés de pariersur l’avenir et de prendre un traind’avance. » Rappelons qu’en fé-vrier 2010, le fonds d’investisse-ment Oaktree Capital Managementest entré au capital de SGD à hau-teur de 80 % avec l’ambition defaire de SGD Pharmacie « le réfé-rentmondial dans le verremoulé.»En France, les efforts se concen-trent d’abord sur l’usine de Sucy-en-Brie, en région parisienne.« Nous reconstruisons nos capa-cités de production avec un nou-

Conditionnement

SGD Pharmacie voit l’aveDepuis bientôt deuxans, SGD Pharmaciea mis en place unvaste programmed’investissementsciblant ses usinesen France et àl’international.L’enjeu est deconcrétiser sesambitions deleader mondialdans le verremoulé pharma,un marché dontla dynamique esttirée aujourd’huipar les marchésémergents.

40 Actulabo - Septembre 2011

Laurent Zuber,dg de SGD Pharmacie

Nosinvestissements

s’inscriventdans la durée

Page 41: Magazine Actu Labo septembre 2011

veau four qui amènera des éco-nomies d'énergie, une produc-tion respectueuse de l'environne-ment avec des filtres adaptés etune nouvelle densification del'outil industriel », explique Lau-rent Zuber. L’investissement surplace représente 40 M€ avec unfour qui devrait être opérationneldébut 2012. Le nouvel équipementvise à fabriquer du verre de type III,de couleur blanc ou jaune, pourdes applications orales ciblant lessirops et les piluliers. « C’est uneactivité qui se maintient, même sinous avons noté des transfertsvers des emballages plastiques cesdernières années », reconnaît-il.Un autre investissement importantvise l'usine de Mers-les-Bains (80),où est produit le verre de type I AX.« Nous avons entamé sur place laréouverture d'un four qui étaitmomentanément éteint depuis dé-cembre 2009, poursuit-il. Dans lemême temps, nous investissons

dans de nouvelles machines decontrôle et des caméras. A terme,les capacités devraient être aug-mentées de 15 %. »En parallèle, SGD Pharmacie a in-vesti dans de nouvelles lignes dé-diées pharma sur son site chinois,avec des outils supplémentaires decontrôle et des salles propres. « AuBrésil, nous avons aussi lancél’installationd’unnouveau fourdé-diépourduverre jaunede type III »,ajoute Laurent Zuber.En attendant l’aboutissement de

ces différents travaux dont la plu-part devraient être opérationnelsau premier trimestre 2012, SGDPharmacie peut aujourd’hui regar-der l’avenir avec sérénité. Et puis,les axes de développement pourle verre moulé ne manquent pas.« Nous avons relancé toute unegamme de biberons en verre etnous travaillons aujourd’hui àrenforcer leur résistance au tra-vers de revêtements protecteurs,car la casse reste un vrai soucipour les mamans », souligne Lau-rent Zuber. La formulation duverre est un sujet d’améliorationconstant chez SGD Pharmacie. Lesefforts chez tous les fabricantss’orientent vers la sécurisation desflacons. « Nous travaillons surdes systèmes anti-contrefaçonpour imprimer dans le verre unemarque permettant de reconnaî-tre leur qualité », conclut-il.

Marion Baschet-Vernet

Actulabo - Septembre 2011 41

nir en grand

EASYLYO, PLUS LÉGER, PLUS RÉSISTANT

A Mers-les-Bains (80), près de la station balnéaire du Tréport,sur le site « historique » créé en 1896 par Henri Desjonquères,SGD Pharmacie fabrique sa gamme de flacons en verre mouléEasyLyo, destinés au marché croissant de la lyophilisation pour lesmédicaments injectables.Sur ces flacons, la société a cherché à optimiser la répartition duverre. Avec EasyLyo, SGD Pharmacie a allégé le poids des flaconsde 30 % en moyenne en garantissant la même sécurité. En outre,les flacons présentent un fond plat pour favoriser le transfertd’énergie et des épaules carrées pour faciliter le remplissage.Les premières applications devraient être sur le marché en 2012.

Les chiffres clésde SGD Pharmacie• 210 M€ de CA en 2011 (+5%)• 1 800 salariés dans le monde• 5 sites dans le monde :

2 sites en France(Sucy-en-Brie etMers-les-Bains)3 sites en Europe et Asie(Allemagne, Brésil et Chine)

ENB

REF

SGD relance toute une gammede biberons en verre dontla résistance est renforcée

par des revêtementsprotecteurs.

Page 42: Magazine Actu Labo septembre 2011

D isposable-lab (D-Lab) aété créée il y a deux anssur un concept original

de modules de production à usageunique pour les médicaments sté-riles et/ou injectables. « Une foisque la production est terminée, leflacon, la seringue, la poche, sontsortis de la zone de production, ettout l’équipement nécessaire à lafabrication, au dosage, au rem-plissage et au bouchage, est éli-miné et détruit », explique Jean-Pascal Zambaux, son fondateur.Les risques de contaminations croi-sées sont donc inexistant puis-qu’on n'utilise jamais les équipe-ments précédents.« Nous avons aussi réglé pas malde problèmes dans le domaine dela stérilité et des endotoxines,puisque l'ensemble des produitsest stérilisé aux rayons gamma

avant d'arriver sur le site de D-Lab », note-t-il. Il est vrai que ceprocédé « ultra -propre », quiconjugue usage unique et systèmemodulaire, permet une grandeflexibilité pour leslaboratoires désireuxde produire rapide-ment et dans un en-vironnement asep-tique des petits lots cliniques etpilotes (maximum 200 litres) des-tinés aux études de stabilité.Misant sur l'intérêt de la technolo-gie, le laboratoire américain Atmiest entré mi-2009 à hauteur de15 % au capital de D-Lab qui dis-pose depuis l’automne 2010 d’unsite de production de 1 800 m2 àMartillac, près de Bordeaux. Le la-boratoire y fabrique et condi-tionne notamment de l'hémo-globine extracellulaire pour le la-boratoire biotechnologique bre-ton Hemarina, de Morlaix (29) :« Nous faisons de l'extraction, dela purification et du remplissageaseptique sous isolateur, décritJean-Pascal Zambaux. Et nouscommençons à prendre d'autrescontrats pour développer notretechnologie. »En complément, D-Lab a mis aupoint et commercialise ses pro-pres flacons proposés stériles, apy-rogènes et prêts à l'emploi, pour

des applications de petits lots (500millilitres à 50 litres), en particulierpour les réactifs et les études destabilité des start-up biotech. Cettenouvelle activité devrait représen-

ter 20 à 30 % du CAdès 2012.La prochaine étapesera une implanta-tion aux Etats-Unis,

en solo ou en partenariat. « L'idéen'est pas de faire un copié-collé del'usine de Bordeaux mais d'ins-taller le mêmemodule de produc-tion outre-Atlantique pour ac-compagner les développementseuropéens et américains des labo-ratoires, qui bénéficieront ainside la même unité de fabricationet de conditionnement sur lesdeux territoires », pointe Jean-Pas-cal Zambaux. Les démarches au-près des autorités européennes etde la FDA américaine en seront fa-cilitées. « C'est aussi une étape in-contournable pour se rapprocherde nos clients car le marché bio-tech est très important aux Etats-Unis », souligne-t-il.Cette année, le CA de D-Lab aatteint 2 M€ avec 16 personnes.Et, dynamisé par ses projets ac-tuels, Jean-Pascal Zambaux prévoitune croissance à deux chiffres surles prochaines années.

M. B.-V.

Conditionnement

L'unité bordelaisede D-Lab a concluun premier contratavec Hemarinadans le domainede la transplantationrénale et met lecap sur les Etats-Unispour se rapprocherde ses clientsbiotech.

42 Actulabo - Septembre 2011

Les risquesde contaminations

croisées sontinexistants

D-Lab, le défi de la productionà usage unique

Jean Pascal Zambaux

Page 43: Magazine Actu Labo septembre 2011

Actulabo - Septembre 2011 43

Si les comprimés sont conservésau sec dans toutes les armoires

à pharmacie à travers le monde, onle doit à Airsec. Cette PME françaisede 320 salariés, fondée en 1952, étaitune filiale depuis 1997 de l'allemandSüd-Chemie (1,2 Md€, 6 400 sa-

lariés). A la faveur d'une OPAde 2 Md€ sur legroupe bavarois,

Airsec entre dans legiron du suisse Cla-

riant (6,2 Md€ de CAavant l’opération Süd-Chemie). En France,Airsec comprend deux usi-nes, Romorantin (41) et St

Mammès (77), ainsi qu'un labo deR&D, à Choisy-le-Roi (94).La dessiccation n'est qu'une goutted'eau pour Clariant. Ce groupe de16 200 salariés, issu du regroupe-ment de la chimie de spécialitésdes suisses Sandoz et Ciba et del’allemand Hoechst, mise sur cetteniche pour rassurer les analystesfinanciers sur son flair et sa capa-cité à trouver de nouveaux relaisde croissance. « Nos produits sedéveloppent en Chine, en Inde etaux Etats-Unis », souligne AmaurySarrauste de Men-thière, présidentd'Airsec et de la division packagingde Süd-Chemie. Présentée comme

une pépite de la division packagingde Süd-Chemie, Airsec propose auxindustriels de la pharmacie dessolutions de conditionnement enmilieu fragile. « La complexité desnouveauxmédicaments, associantpar exemple plusieurs moléculessensibles, nous amène à interve-nir dès la conception des pro-duits », décrit Sébastien Boileau,directeur marketing et in-novation.Dernière application fabriquée àRomorantin, EQ-Pak (ci-contre), unsachet qui maintient le niveau d’hu-midité idéal à l’intérieur d’unemballage.

Stéphane Frachet

Airsec, un leaderdans la protectioncontre l'humiditéet l'oxygène desproduitspharmaceutiques,propriété del'allemandSüd-Chemie,est entré dans legiron du géantsuisse Clariant,ex-Sandoz.

Airsec passe sous contrôle suisse

Page 44: Magazine Actu Labo septembre 2011

44 Actulabo - Septembre 2011

CLONDALKIN RACHÈTE UNEDIVISION DE CATALENTClondalkin (850 M€ de CA), unspécialiste de l’emballage dontle siège est à Amsterdam (Pays-Bas), a acquis l’activité de com-posants imprimés pour l’indus-

trie pharmaceutique (étiquettes,boîtes, emballages souples, blis-ters, inserts, notices…) de l’amé-ricain Catalent Pharma Solu-tions.Cette branche d’activité, qui s’ap-puie sur quatre unités de pro-duction aux Etats-Unis, à Porto-Rico et en Irlande, réalise un CAde 75 M€. Du coup, l’industriepharmaceutique va devenir lepremier client de Clondalkin,avec une facturation pro-formade 257 M€, soit 28 % du CA totaldu groupe.

J&J RAPPELLE DESSERINGUES D’INVEGAJ&J a rappelé 70 000 seringuesd’Invega, un traitement injecta-ble de la schizophrénie, aprèsavoir découvert d’infimes cra-quelures dans le corps de la se-ringue pouvant compromettre la

stérilité du produit. Les lots incri-minés ont été distribués depuismars dernier aux Etats-Unis, enAustralie, au Canada et en Coréedu Sud. Selon un porte-parole,ces craquelures auraient pu êtrecausées par le système d’étique-tage.

DAIICHI SANKYOACQUIERT UNE UNITÉDE PACKAGINGLe japonais Daiichi Sankyo a faitl’acquisition d’une usine de13 000 m² à Bethlehem, enPennsylvanie, qui appartenait àAmcor. L’unité, qui sera dédiéeau packaging et à la distributiondes produits de Daiichi, tels leBenicar et l’Azor (hypertension)ou le Welchol (cholestérol), seraopérationnelle cet automne.Environ 15 M$ y seront investiset 80 emplois devraient êtrecréés.

WEST PHARMACEUTICALINVESTIT EN ARIZONAET CAROLINE DU NORDL’américain West PharmaceuticalServices, un spécialiste des dis-positifs d’injection, va investir surses sites de Kinston, en Carolinedu Nord, et de Scottsdale, enArizona. Sur le premier, qui comp-te plus de 300 salariés, il prévoitde nouvelles lignes de fabricationde pistons de seringues et de com-posants pour intraveineuses. Surle second, il veut faire passer laproduction de seringues à 20 mil-lions d’unités par an.

CAPSUGEL ACQUIERTFLEXTAB DE GSKCapsugel, vendu au printempspar Pfizer au fonds KKR, a ra-cheté la technologie FlexTab deGSK. Cette technique spécifiquede moulage permet de remplirdes capsules avec une grandevariété de poudres ou liquidespar injection. Grâce à cette acqui-sition, Capsugel espère mettreen place une nouvelle générationde produits.

ASTRAZENECALICENCIE AUX USA…Le britannique AstraZeneca s’ap-prête à supprimer 135 postes àWestborough (Massachusetts),une unité de packaging pour pro-duits stériles injectables contrel’asthme et les allergies. L’anpassé, le laboratoire avait déjàsupprimé 113 postes à Westbo-rough.

… MAIS MPS Y INVESTITLe contract manufacturer améri-cain Multi Packaging Solutions(MPS) va investir 5,3 M$ sur sonunité de production (carton et éti-quettes pharmaceutiques) deHolland (Michigan) et augmen-ter également au total les capa-cités du site voisin d’Allegan : ildevrait embaucher 180 salariésd’ici à 2014.

Le fabricant allemand de disposi-tifs et d’emballages en verre et enplastique Gerresheimer ne secontente pas de renforcer les uni-tés de son pays d’origine, commecelle de Wackersdorf, qui fait l’ob-jet de travaux qui se termineronten mars 2012, ou celle de Tettau.Le groupe se muscle aussi à l’inter-national ; il compte ainsi investir

12 M€ sur son site tchèque de Horsovsky Tyn afin de doubler la production et l’espace dédiéaux salles propres. Ce programme devrait entraîner l’embauche de 75 salariés afin d’ac-compagner cette montée en puissance de l’unité, déjà à la pointe en matière d’emballageplastique ; elle est dédiée à la production d’inhalateurs, de stylos à insuline ou encore desystèmes diagnostics. Le site tchèque joue, par ailleurs, un rôle clé dans le développe-ment de la production des stylos à insuline fabriqués par l’unité d’Indaiatuba, à SaoPaolo, ouverte l’an passé au Brésil. Au Brésil justement, Gerresheimer vient de racheter lebrésilien Védat, spécialisé dans le conditionnement et le packaging plastique ; basé àSao Paulo au Brésil, il emploie 450 salariés. Enfin, le CEO Hans-Jurgen Wiecha a annoncédans une interview publiée par le Börsen-Zeitung que son groupe cherchait à faire desacquisitions de l’ordre de 100 à 250 M$ aux Etats-Unis.

GERRESHEIMER SE DÉPLOIE HORS FRONTIÈRES

Conditionnement

Page 45: Magazine Actu Labo septembre 2011

Actulabo - Septembre 2011 45

PHARMASTOCKDOUBLE À AMILLYFiliale à 100 % du groupe Ce-gedim, le dépositaire pharmaceu-tique Pharmastock vient d’en-gager une extension de 1 200 m2

de son site d’Amilly, près deMontargis (45), qui va lui permet-tre à terme de doubler ses capa-cités. La plate-forme est spé-cialisée dans le stockage de ladocumentation médicale et dansla gestion des échantillons demédicaments destinés auxmédecins. Pharmastock estimplanté sur un ex-site Astra-Zeneca qui accueille égalementtrois autres sociétés du groupeCegedim (Amix, Cegedim Ingé-nierie et I-Santé) ; l’ensembleemploie près de 120 personnes.

STIPLASTICS SIGNEAVEC ALKStiplastics vient de signer avecle laboratoire danois ALK pour la

conception et la fabrication de sys-tèmes d’emballage. Le contratporte en particulier sur la réali-sation de coffrets de transportdes traitements des allergies pardésensibilisation (Osiris). Cesboîtiers – entièrement recycla-bles – intègrent la technologieIML (In-Mould Labelling) qui offreune surface inaltérable pour lesrecommandations d’utilisationdestinées au patient.

ALBÉA SE REGROUPEÀ STE-MÉNÉHOULDLes usines Albéa (ex-Alcan Pa-ckaging Beauty) de Vienne-le-Château et de Ste-Ménehould(51), distantes d’une quinzainede kilomètres, seront regroupéesdans un site unique situé surcette dernière commune. Lessites emploient respectivement200 et 430 salariés, mais l’ef-fectif devrait passer sous les600 personnes. Le logisticien

Transalliance s’installera à côtéde cette usine dédiée aux embal-

lages cosmétiques et pharma-ceutiques.

La société LGR Emballages, troi-sième producteur européend’étuis pliants pharmaceutiques,a confirmé que sa filiale LGR-Leguay emménagerait à la ren-trée 2011 sur le parc d’activitéde St-Cyr-en-Val, près d’Orléans

(45), « sur un site très moderne de plus de 10 000 m2, adaptéaux standards industriels les plus récents (…). Ce déménage-ment s’accompagnera d’une refonte en profondeur de l’ou-til de production par l’installation de deux machines offsetneuves KBA 106 de toute dernière génération, ainsi que d’uneautomatisation complète de tous les transferts internes ».En Espagne, LGR-Policolor, une autre filiale de LGR Emballages,a déménagé sur un site très récent de plus de 6 000 m2, situéà Barbera del Vallès, près de Terrassa au nord de Barcelone.Une machine offset neuve KBA 106, ainsi qu’une secondeautoplatine à séparation de pose ont été installées sur le nou-veau site.

COUP DOUBLE POUR LGR

Page 46: Magazine Actu Labo septembre 2011

L a vague de suicides qui amalheureusement em-porté certains collabora-

teurs de France Télécom, d’EDFou de l’ONF a porté la questiondu risque psycho-social (RPS) surle devant de la scène. L’opinionpublique n’admet plus que lesmutations organisationnelles im-posées par la contrainte écono-mique constituent un facteur desouffrance sur le lieu de travail. Etles dirigeants se voient même som-més de prendre toutes les disposi-tions nécessaires pour réduire lestress et les situations anxiogènes.« Il ne s’agit pas uniquementd’empêcher les suicides qui sont

tout de même dessymptômes horsnormes par rap-port à l’ensem-ble des signes qui

trahissent un mal-ê t r e » ,

sou-

ligne Bénédicte Desprin, responsa-ble des ressources humaines àl’IMT (Institut du Médicament deTours). Ou de faire simplementpreuve de compassion plus oumoins convenue pour le person-nel moralement usé. « Le code dutravail (art. L4121-1) impose aux en-treprises une obli-gation de résultatsdans la préventionet la résolution dece type de difficul-tés. Les dirigeants doivent assurerla sécurité et la santé physique etpsychologique de leurs collabora-teurs sans opérer de distinctionentre ces risques. »Au-delà de la problématique durisque… pénal et financier en-couru, du préjudice en termed’image provoqué par de gravesdésordres psycho-sociaux, l’entre-prise a naturellement tout à gagnerà mieux gérer son capital humain.« Ce n’est pas un point de vue cy-nique mais l’une des conditionsde la compétitivité, voire de lapérennité de nos organisations »,indiquait ainsi en avril dernierGilles Lhernoud, senior-vice pré-sident de Sanofi-Aventis encharge de la responsabilitésociale des entreprises, au

Printemps de la production phar-maceutique (PPP), une manifesta-tion qui fut justement dédiée àcette problématique.Certains industriels du médica-ment se sont emparés du sujetavec beaucoup de conviction.

Ainsi, Ethypharm(environ 800 colla-borateurs) a engagédepuis le début del’année un program-me de préventiondu RPS appliqué aux

unités du Grand-Quevilly (76), deChâteauneuf-en-Thymerais (28) etau siège de St-Cloud (92).« Nous n’avions pas recueilli designaux forts de mal-être. Nousavons simplement souhaité pré-venir les risques d’émergenced’une problématique psycho-sociale, conséquence de notrepassage d’une culture d’entreprisefamiliale à une culture d’entre-prise plus industrielle, plus mana-gériale », indique Daniela Kop-czuk, directrice des ressources hu-maines du laboratoire Ethypharm.Un groupe de travail regroupantdes représentants de la direction,des membres du CHSCT ainsi quedes médecins du travail et desinfirmières intervenant sur les sites

a été constitué. Ce comitéd’une vingtaine de mem-bres s’est appuyé sur unaudit et un question-

Métiers

Une desconditions de lacompétitivité,

voire de lapérennité de nos

organisations

46 Actulabo - Septembre 2011

La prévention surle lieu de travaildes troublespsycho-sociaux,mal qui a entachérécemment l’imagede plusieursgrandes entreprisesnationales, estdésormais placéesous la responsabilitépleine et entière desdirigeants.Certains industrielsdu médicamenttraitent àbras-le-corpscette facettecritique de lafonctionRH.

Le médicament veut traiter

GGiilllleess LLhheerrnnoouudd,, sseenniioorr vviiccee--pprrééssiiddeenntt ddee SSaannooffiieenn cchhaarrggee ddee llaa rreessppoonnssaabbiilliittéé ssoocciiaallee..

Page 47: Magazine Actu Labo septembre 2011

naire réalisé par le cabinet spécia-lisé Eleas pour proposer un pland’action « qui s’étalera dans letemps. Le process d’améliorationest obligatoirement de longterme ». Le diagnostic a mis en évidenceun certain déficit de communica-tion du management intermé-diaire. Et également pointé lecloisonnement des ateliers et desdifférentes dimensions de l’entre-prise. « Cet audit nous a égale-ment permis de repérer un pro-blème de communication verba-le non respectueuse entre colla-borateurs d’un atelier industriel.Un problème qui générait de lasouffrance chez certains de noscollaborateurs, auquel nousavons apporté une réponse cor-

rective immédiate », indiqueDaniela Kopczuk. L’une des idéesmajeures des politiques de gestiondu RPS « est bien de ne jamaislaisser seul le salarié face à sonproblème », indique Christian LeLevreur, le responsable des res-sources humaines de l’usine Sanofide Tours (37). Sur ce site de 400 collaborateurs, ladirection a engagé depuis 2008 unprogramme de prévention durisque psycho-social. « Dans uncontexte de changement organi-sationnel et technologique per-manent, nous avons ressenti lebesoin d’une meilleure écoute etd’une quête de sens », rappelleChristian Le Levreur. Une sessionau long cours de formation théo-rique et pratique à l’écoute, au

fonctionnement en équipe, audécloisonnement, à la mise en jeudes principes d’autorité, de légiti-mité et de compétence a été miseen place. « Les salariés doi-vent apprendre à direles choses à leurs supé-rieurs sans donnerdans la contestationpermanente ; les res-ponsables et le mana-gement intermédiairedoivent, pour leur part,comprendre que la con-tradiction n’équivaut pas àla remise en cause de leur légi-timité ». Une dimension qui n’estpas évidente à saisir pour l’enca-drement, davantage habitué àrépondre à des questions tech-niques qu’à prendre en charge ledésarroi moral de ses collabora-teurs.En marge de ce programme, uneéquipe transversale chargée d’étu-dier les cas des salariés identifiéscomme les plus vulnérables et detrouver une solution favorisantleur employabilité a été mise surpied à Tours. « Les signaux per-mettant d’identifier ces salariéssont fréquemment liés à l’absen-téisme ou à des difficultés rela-tionnelles, des symptômes quiremontent via le management ou les équipes médico-sociales »,note Christian Le Levreur.

Actulabo - Septembre 2011 47

• Une politique de prévention du RPS requiert un engagement fort et sur la durée de la direction.

• Les cadres et le management intermédiaire doiventadhérer à la démarche qui n’est pas une remise en cause de leur légitimité.

• Le diagnostic psycho-social préalable doit être établi par un organisme indépendant.

• Les équipes médico-sociales doivent naturellementêtre associées dès l’origine du projet et constituent un levier opérationnel.

• La prévention du RPS s’appuie sur l’appropriation etl’apprentissage de véritables techniques d’écoute et de résolution des conflits. Gare à l’amateurisme !

LES CINQ BONNES PRATIQUES DE LA PRÉVENTION DU RPS

Jean-ChristopheSavattier

Le médicament veut traiter le risque psycho-social

« Nous avons souhaité prévenir les risques d’émergence d’une

problématique psycho-sociale »,

justifie Daniela Kopczuk, directrice RH d’Ethypharm.

Page 48: Magazine Actu Labo septembre 2011

Métiers

48 Actulabo - Septembre 2011

L a souffrance au travail peut-elle produire de l’efficacitévoire du plaisir ? C’est à

cette question quelque peu icono-claste que le cabinet blésoisAccessio avait invité à réfléchir,mardi 7 juin, une vingtaine demanagers ou chefs d’entreprise deses clients. La souffrance n’est-elle pas, d’ail-leurs, consubstantielle au travaildont l’étymologie renvoie au tre-palium, un instrument de torturedont usaient les Romains ? Si elleest surmontée et débouche surune satisfaction professionnelle, lasouffrance sera ressentie commepositive a posteriori. A l’inverse,lorsqu’elle est subie, elle devient

nocive et peuten t r a î n e r

soit dest r o u -b l e smus-culo-

squelettiques, ou TMS, soit unburn-out, ou syndrome d’épuise-ment professionnel.Pertes de repères, difficulté de don-ner du sens à son engagement,sentiment de dépossession… laliste de ces souffrances est longueet, la plupart dutemps, liée à unemutation de l’espaceprofessionnel. Pourfavoriser la conduitedu changement, ilest nécessaire d’encourager le col-lectif tout en prenant en compteles individualités. L’objectif est alorsde permettre au salarié de s’appro-prier son travail, en lui laissant parexemple « des marges de manœu-vre », tout en veillant à sauvegar-der les rapports collectifs au travail.Un paradoxe seulement apparent« puisque la souffrance naît sou-vent lorsque l’individu sort du col-lectif », souligne Françoise Brunet,gérante et fondatrice d’Accessio.Attention toutefois de ne pas « psy-chologiser » la souffrance. Un ac-compagnement individuel, untraitement singularisé « participentau déni des causes ». Le salarié sereplie encore plus sur lui-même,vit sa souffrance comme un destinpersonnel et échappe, encore unpeu plus, au groupe.La souffrance dégénère parfois en

arrêt de travail et, plus rarement,en contentieux prud’hommal.Comment prévenir ces risques desouffrance individuelle des salariésdans un contexte où l’employeurest souvent démuni face aux tribu-naux ? Devant le juge des affaires

sociales, il est trèsdifficile de plaidercontre une fauteinexcusable invo-quée par le salarié.D’autant que l’entre-

prise est soumise à une obligationde résultat pour maintenir la sécu-rité au travail de ses employés.Récemment, la cour de cassationa rendu un arrêt en faveur d’unsalarié réclamant des indemnitéspour harcèlement moral, alors quele trouble avait cessé suite à l’in-tervention de son employeur : toutsimplement parce que les magis-trats de dernier ressort ont consi-déré que l’employeur n’aurait pasdû laisser le harcèlement se déve-lopper dans son entreprise.Mais finalement, la perception de lasouffrance n’est-elle pas qu’unequestion de contexte ? Dans cer-tains cas, l’ingéniosité qui permetde résoudre une équation profes-sionnelle complexe entraîne unesouffrance, elle-même génératricede plaisir.

François-Xavier Beuzon

Le salarié heureuxest-il un masochistequi s’ignore ? Le cabinet blésois de conseil en ressources humainesAccessio avait invité ce printempsses clients à réfléchirà la curieuse alchimie entre travail, plaisir et souffrance. La formule passe souvent par la justeplace de l’individudans le collectif.

Le travail, ce n’est pas toujours la santé…

La souffrance naît souvent

lorsquel’individu sortdu collectif

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Carnet

La specialty BioAlliancePharma, dédiée au dévelop-pement de traitements desinfections opportunistesrésistantes, renforce sonéquipe de direction avec lanomination de Judith Greciet(ci-dessous)au poste de direc-trice générale, succédantainsi à Dominique Costantini.Judith Greciet était précé-demment présidente d’EisaiFrance et a travaillé pour degrands laboratoires tels queWyeth PharmaceuticalsFrance, le LFB ou encoreAstraZeneca.Dominique Costantini mettrafin à son mandat d’adminis-trateur en décembre pro-chain pour se consacrer « àd’autres projets ».

Elliott Sigal, CSO (chief sien-tific officer) de Bristol-MyersSquibb, a été élu au sein ducomité de direction. Il parti-cipera également au comitéScience and Technologie. Iloccupe aussi le poste de vice-président exécutif et prési-dent de la R&D de BMS.

La CRO américaine MPIResearch vient de recruterTim Derrington au poste deprésident et directeur de l’ex-ploitation. Tim Derrington aété précédemment présidentet chef de la direction de laCRO, ainsi que pdg de Bio-Reliance Corp (InvitrogenCorp).

Naomi Kelman vient de pren-dre la tête de la division OTCde Novartis, qui devient parla même occasion une divi-sion du groupe à part entière,sous le nom de Novartis OTC.Elle devient également mem-bre permanent du comitéexécutif de Novartis. NaomiKelman a occupé précédem-ment des postes à responsa-bilité chez Johnson&John-son.

Sanofi Pasteur MSD, la JVentre Merck et Sanofi Pas-teur, a nommé Jean-PaulKress au poste de président.Membre du conseil d’admi-nistration du Leem, Jean-Paul Kress occupait jusqu’en2006 le poste de vice-prési-dent et directeur général deGilead France.

Précédemment senior vice-prési-dente des opérations globales enEurope chez Sanofi, Belen Garijoa rejoint l’allemand Merck Seronocomme COO. Annalisa Jenkins,ex-senior vice-présidente de lamédecine globale chez BMS, a éténommée chef de la division drugdevelopment.

Peter Guenter a été nommésenior vice-président Europe deSanofi et membre du comité dedirection ; il dépendra de Hans-peter Spek, le président des opé-rations globales. Peter Guentersuccède à Belen Garijo qui quittele groupe.

Michael Ball, le président d’Aller-gan, vient de prendre le poste deCEO d’Hospira. Il succède àChristopher Begley qui a annoncéson départ à la retraite. DavidPyott, actuel CEO d’Allergan, suc-cède à Michael Ball comme prési-dent d’Allergan.

Michel Hertschuh a été nommédirecteur technique d’Aktehom,cabinet de conseil et d’expertise.

Fereydoun Firouz, le président etCEO d’EMD Serono, la filiale amé-ricaine de l’allemand Merck KGaA,vient de démissionner de ses fonc-tions. Il était dans l’entreprisedepuis 1989 et occupait les postesde président et CEO depuis 2003.L’interim sera effectuée par JamesHoyes, actuellement CCO (chiefcommercial officer).

Ronald Buggage vient de rejoindrele spécialiste de l’ophtalmologieNovagali Pharma en tant que direc-teur scientifique. Ronald Buggagea travaillé précédemment chezNovartis comme directeur médicaldes nouveaux produits et chezPfizer en tant que directeur médi-cal international de la R&D.

Steve Chu (ex-Fort Dodge et Elan-co) est le nouveau vice-présidentR&D Biologie de Ceva Santé Ani-male.

Olivier Daubry, directeurgénéral France de l’améri-cain Celgene, voit ses fonc-tions étendues puisque lelaboratoire l’a nommé auposte de regional vice presi-dent Europe du Sud. OlivierDaubry a auparavant occupéles fonctions de directeurgénéral de GSK en Autricheet en Belgique, avant de de-venir vice-président direc-teur des opérations pourGSK France.

Greg Irace, actuellement dgdes opérations de Sanofi auxEtats-Unis, a pris le postenouvellement créé de seniorvice-président Services Glo-baux. Parallèlement, AnneWhitaker rejoint Sanofi entant que présidente Améri-que du Nord Pharmacie.

Philippe Lyx dirige depuis ledébut du printemps les deuxusines de principes actifspharmaceutiques que pos-sède Sanofi à Sisteron (04) età Mourenx (64). Diplômé del’Ecole nationale supérieurede chimie de Montpellier,Philippe Lyx a passé vingt-trois ans au sein du serviceR&D du groupe. A Sisteron,il a succédé à Malika Hai-meur, promue à la directionR&D du groupe.

Bruno Fortant a été nomméà la direction de l’unité Sanofid’Aramon (30), dédiée à labiotechnologie et l’extractionvégétale, qui compte 800salariés. Il succède à MichelArraou, appelé à d’autresfonctions au sein de la direc-tion des affaires industriellesdu groupe. Bruno Fortant aégalement travaillé chezRhône-Poulenc et Rhodia.

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Carnet

André Choulika, fondateur etdirecteur général de la bio-tech française Cellectis, vientde prendre la présidence deson conseil d’administration.Il succède à Christian Po-licard qui conserve son posted’administrateur. Diplômé del’université de Paris VI-Ins-titut Pasteur et de la HarvardMedical School, André Chou-lika est un spécialiste desméganucléases et l’auteurdes brevets les plus impor-tants sur leur utilisation.

Gérard Sorba vient d’être éluà la tête de l’AFCROs, l’asso-ciation française des CROs.C’est son second mandat entant que président (il avaitdirigé l’association entre 2002et 2004) : l’AFCROs compteune cinquantaine de mem-bres en France.

Jean-Pierre Garnier et Ro-bert Bertolini ont rejoint leboard d’Actelion Pharmaceu-ticals, une biopharm suissedédiée aux maladies rares.Jean-Pierre Garnier devientvice-président ; il devrait suc-céder à l’actuel présidentRobert Cawthorn.

Rao Tatapudy a été porté à la vice-présidence du départementScientific Affaires, Innovation&-Growth de Catalent Pharma So-lutions. Il sera responsable desprogrammes de R&D et des plates-formes technologiques. RaoTatapudy était précédemment chezPfizer après avoir passé vingt-et-un ans chez Wyeth.

Didier Hoch vient de rejoindre leconseil de surveillance de la bio-pharm française Genticel, dédiéeau développement de vaccins.Didier Hoch a précédemment étéprésident de Sanofi Pasteur MSDpendant dix ans et est membre duboard d’Effimune ainsi que prési-dent du comité Santé et Sciencesdu Vivant au Medef.

Le laboratoire américain Covidiena nommé José Almeida – actuel-lement à la tête de sa divisionmedical device – comme présidentet CEO. Il succède à Richard Meeliaqui siègera comme président nonexécutif du board.

Le laboratoire Pfizer a nommé EricMao directeur général et pharma-cien responsable du site de produc-tion de Pocé-sur-Cisse (37). Il suc-cède à Claude Taureau.

Céline Paillous a été nom-mée au début du mois demars directeur qualité cor-porate (vice-president corpo-rate quality) du laboratoirefrançais Ethypharm. Docteuren pharmacie et titulaired’un master en managementde la qualité de l’ESCP, Cé-cile Paillous a rejoint Ethy-pharm en 1995.

Pascal Brossard, directeurgénéral du spécialiste desmaladies aiguës Zambonpour la France, la Belgique etles Pays-Bas, vient d’être éluà la présidence de l’Afipa, l’as-sociation professionnelle quireprésente les industriels dumédicament d’automédica-tion. Pascal Brossard a tra-vaillé précédemment pourdifférents laboratoires dontCell Tech et Nycomed. Il suc-cède à Vincent Cotard.

Pascal Tanchoux a été nom-mé directeur de la commu-nication interne et externede Pfizer France. Depuis2003, Pascal Tanchoux occu-pait le poste de directeur dela communication France etBenelux du géant de l’agroa-limentaire Kraft Foods.

Cellectis Therapeutics a nom-mé Andrew Scharenberg di-recteur scientifique. Ce der-nier est le codirecteur et l’undes principaux chercheurs duNorthwest Genome Enginee-ring Consortium (NGEC), quise concentre sur de nouvellesapproches pour soigner lesmaladies génétiques auxEtats-Unis. Andrew Scharen-berg est également l’un desfondateurs et membre duconseil d’administration dePregenen, un partenaire stra-tégique de Cellectis.

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