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LIVRE et EXPOSITION Explorateurs en Amérique du Nord

Le temps d’un Festival ou d’une Semaine thématique, partez en

Expédition, sur les traces des Peaux-Rouges et des Coureurs des bois

Livre, Gravures, Photographies, Matériel d’expédition, Collections

Vidéo-projection

Conférence-débat

Réalisation et Contact

Louis-Marie et Elise Blanchard Territoires nomades

La Picardie 49380 Notre-Dame d’Allençon

Tel : 02 41 54 26 99 et 06 12 11 07 42 Site Internet : www.blanchard-prod.com Email : [email protected]

Thématique du livre et de l’Exposition

Explorateurs en Amérique du Nord 24 juillet 1534 : Jacques Cartier, entouré de quelques marins, tombe à genoux les mains jointes, en prière au pied d’une croix de 9 mètres de hauteur, ornée d’un écusson à trois fleurs de lys portant l’inscription « Vive le Roy de France ». Un chef Peau-Rouge, assiste à la scène et proteste violemment, montrant la terre tout autour de lui pour indiquer aux étrangers que ce territoire, de la côte de Gaspésie, au Canada, ne leur appartient pas. Cartier n’a que faire des protestations des « Sauvages » et pour faire bonne mesure, embarque sur son navire les deux fils du chef indien, qui lui serviront d’interprètes et de guides, lors de la remontée du fleuve Saint-Laurent, l’année suivante… Comment quelques poignées d’hommes, au courage indomptable, et ne doutant pas de leur bon droit à prendre possession de ce nouveau monde, vont-ils parvenir à explorer les étendues apparemment sans limites de l’Amérique du Nord, en subjuguant les Peaux-Rouges. A travers quelques destins et récits emblématiques d’aventuriers, navigateurs et coureurs des bois, c’est cette histoire que raconte notre livre et notre exposition. Louis-Marie et Elise Blanchard

« Tous les indiens, drapés dans leurs manteaux de bison, étaient vêtus de la manière la plus diverse et la plus fantastique. La plupart des visages étaient entièrement couverts de vermillon, d’autres touts noirs. Ils avaient dans leurs cheveux des plumes d’aigle ou d’autres rapaces. En dépit de la forte chaleur, certains portaient des coiffes en peau de loup, en partie barbouillées de peinture rouge » Prince Maximilien de Wied, Carnet de Route sur le Haut-Missouri, 27 Juin 1833

Les Vikings, puis les Marins Européens découvrent Terre-Neuve L’épopée Viking du Groenland à Terre-Neuve : Leif Eriksson et Thorfinnr Karlsefni (11ème siècle) John Cabot et les marins de Bristol et de Dieppe sur les Bancs de Terre-Neuve L’expédition française de Giovanni Da Verrazano (1524)

Les Expéditions espagnoles en Floride et en Nouvelle-Espagne De la Floride au Mexique : Alvar Cabeza de Vaca (1526-1538) En Floride et au Mississipi : Hernando de Soto (1539-1543) En Nouvelle-Espagne : Francisco de Coronado découvre le Grand Canyon du Colorado (1539-1543)

Les Français en Nouvelle-France Jacques Cartier au Canada (1534-1542) Du Saint Laurent au Lac Ontario, Samuel Champlain, premier explorateur des Grands lacs (1603-1615)

Sur les Grands Lacs, avec les Coureurs des bois : Pierre-Esprit Radisson (1654-1660) Sur le Mississipi : Louis Joliet et Jacques Marquette (1673-1674) Le canoë Jusqu’au Golfe du Mexique par le Mississipi : Robert Cavelier de la Salle (1681-1682)

Comptoir de traite des fourrures

Les expéditions maritimes sur la Côte Pacifique James Cook et George Vancouver

L’arctique Canadien Henry Hudson (1610) et William Baffin (1610-1616) Les forts et les comptoirs de traite Samuel Hearne traverse la toundra et atteint l’Océan Arctique (1770-1772) De la Rivière des Esclaves à l’Océan Arctique : Alexander Mackenzie (1789)

Les 13 colonies et les explorations anglaises, des Appalaches à l’Ohio Les 13 colonies anglaises, entre Côte Atlantiques et Appalaches

Sur les Grands Lacs et l’Ohio : Johannes Roseboom et Arnout Viele (1685-1694) A travers les Appalaches : Daniel Boone (1750-1769)

L’exploration des Montagnes Rocheuses Du Lac Winnipeg au Saskatchewan et aux Rocheuses : Pierre de La Vérendrye et ses fils (1738-1739) Le Pacifique par voie de terre : Alexander Mackenzie (1793) La Piste de l’Oregon à travers les Rocheuses : John Frémont (1842-1848) et Francis Parkman (1846) Le chariot de pionnier

La traversée de L’ouest Américain La première traversée du continent américain : Meriwether Lewis et William Clark, (1804-1805) Le Mustang

Expédition Lewis et Clark

Peindre et photographier les Peaux-Rouges, avant qu’il ne soit trop tard L’expédition du Prince Maximilien de Wied et du peintre Charles Bodmer sur le Haut-Missouri (1833-1834) Le peintre des Indiens d’Amérique du Nord : George Catlin (1832-1839) Edward Curtis, le photographe « Attrapeur d’ombres » (1907-1930) Un Héritage inestimable

Edward Curtis

Mise en œuvre de l’exposition scénographiée

Scénographie en 10 tableaux autour d’un Tipi et d’une tente de Coureur des Bois : 100 à 150 mètres carrés suivant surface disponible

Tipi indien : 3 mètres de Hauteur x 3 mètres de diamètre, classé M2 anti-feu

Tente de Coureur des bois : 2 mètres de hauteur x 3 mètres de longueur, classée M2

28 panneaux d’interprétation (Format 80cm x 60cm) sur baguettes bois Panneaux illustrés à la manière de carnets de voyage avec gravures, cartes, dessins et planches botaniques 30 Gravures (format 80 x 60cm) et 50 Photographies (Format 40 x 30cm), sur les œuvres de George Catlin, Charles Bodmer, Charles Russell, Edward Curtis

Equipement de voyage: Malles, Sacs de selle, Harnais, Fourrures, Vêtements, Matériel de

bivouac, Gourde cuir, Trousse médicale, Raquettes, Hache, Poignard de chasse, carabine de chasse,

Cartouchière, Pièges à loup et à castor

Matériel de Dessin et Peinture : Ecritoire de voyage, Boîtes d’aquarelles et dessin,

Nombreuses esquisses et gravures, représentatives de l’oeuvre des deux peintres

Matériel photographique du type utilisé par Edward Curtis : chambres à plaques,

laboratoire portatif, nombreux agrandissements photos au format 30 x 40 cm

Equipement de Cartographe-Naturaliste : Longue-vue, Jumelles, Loupe, Boîte et outils de

collecte, Cages, Presse à herbier, Microscope, Sextant, Théodolite, Etui à cartes, Collection de graines et

perles végétales insolites d’Amérique du Nord, Collection d’insectes et de papillons d’Amérique du Nord

Importante Collection de récits et biographies d’explorateurs de l’Amérique du Nord

Animation de l’exposition scénographiée

Vidéo- Projection sur 2 moniteurs 90 cm, Gravures, Photographies et Film

Visite commentée de l’Exposition

Conférence-débat : Exploration de l’Amérique du Nord, durée 1 heure 30mn

Dédicace du livre : « Explorateurs en Amérique du Nord », Editions Paulsen

En option : Vidéo-Projection grand format, 3 écrans transparents, effet Zoom

Profondeur 8 mètres, Dimensions Ecrans, 2 mètres + 3 mètre + 4 mètres

Conditions financières

Pour l’ensemble : Exposition scénographiée et Conférence-débat Frais de transport et d’hébergement, à la charge du commanditaire Exposition ……………………….………………………………………………………….. 1500 euros Avec Projection grand format………………………………………………………..2000 euros TVA non applicable, régime de la micro-entreprise.

Ensemble modulable en fonction du budget, de la surface disponible, des conditions d'installation et de la durée de la manifestation : nous consulter.

Thématique détaillée du livre

et de l’exposition scénographiée

L’épopée Viking du Groenland à Terre-Neuve : Leif Eriksson et Thorfinnr Karlsefni (11ème siècle) Les sagas islandaises racontent comment Leif Eriksson, fils d’Erik le Rouge a atteint, vers l’an mille, Helluland (Terre de Baffin), Woodland (Labrador), et Vinland (Terre-Neuve). De là Leif Eriksson rentre au Groenland. En 1968, des fouilles ont permis d’identifier dans l’Anse de Meadows, à Terre-Neuve, un habitat viking, comprenant 15 maisons et une forge ainsi que des restes de navires. « Ils avaient à donner en échange des peaux et de la fourrure toute grise. Ils voulaient acheter aussi des épées et des lances, mais Karlsefni et Snorri l’interdirent. Pour une peau toute fraîche, les Skraelingar (Peaux-Rouges), prenaient un empan de tissu rouge qu’ils se mettaient autour de la tête…Il se trouva qu’un taureau appartenant à Karlsefni et aux siens sortit de la forêt en courant et en mugissant. Les Skraelingar en eurent peur, ils coururent à leurs kayaks et ramèrent dans la direction du sud » Saga islandaise d’Erik le Rouge

John Cabot et Gaspard Corte Real (16ème siècle) A l’aube du 16

ème siècle, Anglais et Portugais vont se risquer à leur tour dans l’Atlantique-Nord. En mai 1497, en suivant

l’itinéraire des pêcheurs de morue de Bristol et de Dieppe, John Cabot quitte Bristol sur le « Matthew », en juin il accoste à proximité du Cap Breton, de là il longe la côte vers le nord, jusqu’au Cap Bauld ; le 6 août, il est de retour à Bristol. 11 ans plus tard, son frère Sébastien atteint probablement le détroit d’Hudson ; ses marins effrayés par les icebergs, l’obligent à faire route vers le sud. Il hiverne dans la Baie de Chesapeake, et revient à Bristol en profitant du courant du Gulf Stream. En l’an 1500, Terre-Neuve appelée « Terra Verde » par Gaspard Corte Real est décrite comme « un pays très froid, couvert de grands arbres ». En 1502 : Miguel Corte Real part avec deux bateaux à la recherche de son frère, son bateau sombre corps et biens. On n’a jamais retrouvé aucune trace des deux frères.

L’expédition française de Giovanni Da Verrazano (1524) 1524 : Giovanni Verrazano, commandité par le roi François Ier, part à la recherche d’une route vers l’Asie, de façon à assurer à la France le bénéfice de produits exotiques. En cinquante jours, il atteint la de Caroline du Nord, parvenu dans l’archipel d’Outer Banks, et pense à tort, avoir trouvé un passage vers le Pacifique. Un peu plus au nord, Verrazano découvre à l’embouchure de la rivière Hudson, la baie de New-York. « Nous trouvâmes un site très agréable situé entre deux petites collines qui le dominaient. Au milieu, une très grande rivière courait jusqu’à la mer. Son embouchure était profonde…n’importe quel navire à pleine charge remonterait jusqu’au fond de l’estuaire » Verrazano remonte ensuite le long des côtes de Nouvelle-Angleterre, jusqu’au Cap Breton et peut-être même jusqu’à Terre-Neuve. « Beaucoup de gens venaient au rivage puis s’enfuyaient à notre approche. Parfois ils s’arrêtaient et se retournaient en nous regardant avec un grand étonnement. Rassurés par nos signes, quelques uns d’entre eux s’approchèrent en manifestant une grande joie de nous voir, en s’émerveillant de nos vêtements, de notre aspect et de notre blancheur » Giovanni Verrazano, 1524

Tableau 2 : Les Expéditions espagnoles en Floride et en Nouvelle-Espagne

De la Floride au Mexique : Alvar Cabeza de Vaca (1526-1538) 1528 : Suite à des tempêtes et des querelles intestines, L’expédition de Panfilo de Narvaez, censée coloniser la côte nord du Golfe du Mexique, se termine en tragédie. Cabeza de Vaca et trois autres survivants, sur une expédition de 600 hommes, partent de la Baie de Galveston, traversent les déserts du Texas et de l’Arizona, franchissent le Rio Grande et redescendent le long du Golfe de Californie, jusqu’au sud de la Sierra Madre Occidentale. Leur expédition involontaire dure huit ans. Cabeza de Vaca pour survivre se fait indien parmi les indiens. « Je me fis colporteur, et je mis tous mes soins à bien faire mon office. Ils me nourrissaient, me traitaient fort bien ; ils m’envoyaient ici et là chercher ce dont ils avaient besoin, car les guerres continuelles qu’ils ont dans ce pays empêchent de le parcourir. Lors de mes courses et de mon petit trafic, je pénétrais dans le pays, aussi loin que je voulais…Je trouvais surtout un avantage en ces courses, c’était de chercher par où je pourrais poursuivre ma route » Alvar Cabeza de Vaca

En Floride et au Mississipi : Hernando de Soto (1539-1543) « Le cerf nous entraîna dans un monde enchanté, formé de cyprès gris, de barbe espagnole silencieuse et de marécages où nous enfoncions jusqu’aux genoux » Marjorie Rawlings, Cross Creek, Floride 1539 : Hernando de Soto débarque dans la Baie de Tampa, sur la côte ouest de la Floride. Il s’enfonce dans les montagnes de Caroline, jusqu’au nord de l’Alabama. Livrant de furieux combats contre les indiens, il atteint le Mississipi. A bord de quatre radeaux, sa petite troupe franchit le fleuve, puis remonte l’Arkansas. Soto meurt de malaria ; les survivants tentent de rejoindre le Mexique, à travers les plaines du Texas. L’hostilité des indiens les contraignent à revenir vers le Mississipi, qu’ils suivent jusqu’au Golfe du Mexique. « Luis de Moscoso décida de dissimuler son décès aux indiens, car Hernando de Soto leur avait fait croire que les chrétiens étaient immortels. Et aussi parce que, le sachant audacieux, sage et courageux, s’ils apprenaient sa mort, ils pouvaient être incités à attaquer les Espagnols » Récit du Gentilhomme d’Elvas, officier d’Hernando de Soto

En Nouvelle-Espagne : Francisco de Coronado découvre le Grand Canyon du Colorado (1539-1543) 1540 : l’expédition de Francisco de Coronado s’enfonce dans le territoire des Hopis et des Zunis, à travers le Grand Bassin du Nevada, à la recherche des « Sept cités d’Or ». Elle compte 700 soldats, 200 chevaux, une meute de chiens de guerre, et des missionnaires. A travers les plateaux désertiques de l’Utah, l’expédition atteint les villages des indiens Pueblos, et Coronado lance alors des missions de reconnaissance dans toutes les directions. Un des lieutenants de Coronado, Garcia Lopez de Cardenas, découvre alors le « Grand Canyon du Colorado ». En 1541, l’expédition espagnole pénètre dans les plaines situées à l’est des Montagnes Rocheuses, suit l’Arkansas et parvient au Kansas, tout près du point atteint par Hernando de Soto. « Ils voyagent comme les Arabes, emportent leur tente et sont accompagnés de chiens halant des perches avec des selles de bât sanglées à la manière des Maures » Francisco de Coronado, du pays des Pueblos jusqu’au cœur des Plaines du Sud, 1542 L’expédition de Coronado a permis de faire un bond spectaculaire dans la connaissance du continent Nord-Américain, précisant la position de plusieurs chaînes de montagne, du Canyon du Colorado, des Plaines centrales et d’une partie du réseau hydrographique du Mississipi. On pouvait dès lors mieux apprécier les dimensions colossales du continent.

Tableau 3 : Les Français en Nouvelle-France

Jacques Cartier au Canada (1534-1542) 1534 : Dix ans après l’expédition de Verrazano, la couronne de France lance le Malouin Jacques Cartier vers « Les Terres Neuves », pour y découvrir une route vers la Chine. « Où l’on dit qu’il doit se trouver grande quantité d’or et autres riches choses ». Cartier, qui suit la route bien connue des navires morutiers normands et bretons sur « Les Bancs », passe l’été à explorer le golfe du Saint Laurent et prend possession du territoire au nom de François 1

er. En juillet, il entre en contact avec des

indiens Micmacs et échange de la pacotille contre des fourrures. « Nous leur donnâmes des couteaux, de la verroterie, des peignes et autres objets de peu de valeur ; ce pour quoi ils faisaient plusieurs signes de joie, levant les mains au ciel, en chantant et dansant dans leurs barques » L’année suivante Jacques Cartier remonte le Saint Laurent, jusqu’au site actuel de Québec, puis, grâce à la présence sur son navire de deux jeunes guides Peaux-Rouges, atteint Hochelaga, un village indien qui deviendra Montréal. L’expédition hiverne à Québec, dans des conditions dramatiques, sauvée in extrémis du scorbut par les médications du chef indien Donnacona, qu’il ramène en France…

Du Saint Laurent au Lac Ontario, Samuel Champlain, premier explorateur des Grands lacs (1603-1615)

Après avoir fondé Port Royal, en 1604, puis Québec en 1608, Samuel Champlain explore une grande partie de la Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick. Il recherche une voie par le Saint-Laurent vers l’Hudson à travers le Lac Champlain, puis de 1613 à 1616, explore le pays Huron, jusqu’aux Grands lacs Ontario et Huron. Il profite d’un hivernage chez les Peaux-Rouges pour « considérer leur pays, mœurs, coutumes, et façons de vivre ». Les vastes explorations de Champlain, ses récits de voyage et les liens tissés avec les indiens Hurons, Algonquins et Montagnais, vont ouvrir une ère nouvelle pour la colonisation française du Nouveau-Monde. « Côtoyant la côte, nous aperçûmes deux fumées que nous faisaient des sauvages, vers lesquelles nous fîmes mouiller l’ancre derrière une petite île proche de la grande terre, où nous vîmes plus de quatre-vingt sauvages qui accouraient le long de la côte pour nous voir, dansant et faisant signe de la réjouissance qu’ils en avaient… Nous leur laissâmes un de nos gens et eux nous baillèrent un de leurs compagnons en otage » Samuel Champlain, Exploration de la Baie de Saco, 1613

Sur les Grands Lacs, avec les Coureurs des bois : Pierre-Esprit Radisson (1654-1660) Dés les premiers temps de la conquête du Nouveau Monde, des hommes ont mis de côté leur culture européenne pour adopter le mode de vie et la langue des Amérindiens. Chasseurs, trappeurs ou négociants, ils ont appris à survivre et à voyager dans des contrées hostiles, peuplées de tribus qu’ils savent amadouer. Ces coureurs des bois vont se faire guides et interprètes des missions d’exploration. Sans eux, impossible de se lancer sur les Grands Lacs et les Montagnes Rocheuses. Après un séjour forcé chez les indiens Mohawks, Pierre-Esprit Radisson devient avec son inséparable beau-frère Médard des Groseilliers, un intermédiaire entre les Peaux Rouges et les Européens. Radisson, avec un sens aigu de la diplomatie, se met tour à tour au service des Français et des Anglais, attirant leur attention sur les bénéfices à tirer du commerce des fourrures. Les Anglais mettront à profit les renseignements de Radisson, à savoir que les belles peaux de castor vendues par les Hurons des Grands Lacs, venaient en fait du territoire des Crees, situé juste au sud de la Baie d’Hudson. Les forts établis par la « Compagnie » sur la rive ouest de la baie mettront à mal le commerce français des fourrures.

« Leurs oreilles sont percées de cinq trous, si gros que le petit doigt pourrait y passer. Ils ont des ornements jaunes faits de cuivre, en forme d’étoile ou de demi-lune, qu’ils accrochent sur eux. Beaucoup portent des turquoises. Ils sont vêtus de peaux d’orignal et de cerf, très fines. Chacun porte une peau de corbeau pendue à sa ceinture. Leurs jambières sont toutes brodées de perles et de leur traditionnel travail de porc-épic » Pierre-Esprit Radisson, Rencontre avec les Sioux, 1660

Sur le Mississipi : Louis Joliet et Jacques Marquette (1673-1674) « Nous ne fûmes pas longtemps à préparer tout notre équipage, du blé d’Inde, et quelque viande boucanée. Sur deux canots d’écorce, avec cinq hommes bien résolus. Nous prîmes toutes les connaissances que nous pûmes des sauvages qui fréquentent ces endroits là et même nous traçâmes sur leurs rapports, une carte de tout ce nouveau pays. Nous y fîmes marquer les rivières sur lesquelles nous devions naviguer, les noms des lieux et des peuples par lesquels nous devions passer » Jacques Marquette, extrait de son journal Mai 1673 : Louis Joliet et Jacques Marquette, un missionnaire jésuite qui parle plusieurs langues indiennes, traversent le portage entre la Rivière aux Renards Fox et le Wisconsin et atteignent le Haut-Mississipi après un voyage de 800 kilomètres.

Le canoë d’écorce Sans canot, impossible de transporter l’équipement de bivouac, et les objets de troc, et donc d’organiser le commerce des

fourrures. Léger, maniable, capable de supporter de lourdes charges, seul le canoë d’écorce permet de remonter des rivières entrecoupées de rapides nécessitant de longs portages. Muni d’une hachette, d’un coutelas et d’une alène, n’importe quel indien ou coureur des bois est capable de fabriquer en quelques jours un canot fait d’écorce de bouleau, de racines d’épinette, de gomme de pin et de graisse d’ours. En descendant le fleuve, Joliet et Marquette croisent les embouchures du Missouri et de l’Ohio, où ils rencontrent des indiens Cherokees, dotés de fusils obtenus des marchands anglais. Parvenus au confluent du Mississipi et de l’Arkansas, ils rebroussent chemin, par crainte des Espagnols, à 650 kilomètres du Golfe du Mexique. A son retour, en mai 1674, Jolliet présentera au gouverneur Frontenac une carte et un rapport sur ses découvertes. Quant au Père Marquette, il repartira chez les indiens Illinois pour y fonder une mission.

Jusqu’au Golfe du Mexique par le Mississipi : Robert Cavelier de la Salle (1681-1682) 1680 : Cavelier de la Salle, qui a déjà parcouru la région des Grands Lacs pour la traite des fourrures, réussit la traversée terrestre du Lac Michigan au Lac Erié, faisant le voyage « le plus pénible que jamais aucun Français ait entrepris dans l’Amérique…dans des bois tellement entrelacés de ronces et d’épines qu’en deux jours et demi, lui et ses gens eurent leurs habits tout déchirés et le visage ensanglanté et découpé de telle sorte qu’ils n’étaient pas reconnaissables » En 1882, l’explorateur parvient à descendre le fleuve Mississipi, jusqu’au Golfe du Mexique, il prend alors possession du territoire, qu’il baptise «Louisiane». Sa mort tragique en 1687, lors d’une nouvelle expédition dans le delta du Mississipi, met un terme à ses espoirs d’établir une colonie française en Louisiane. « Ces sauvages ont une singulière méthode : c’est celle de se piquer sur le corps, où ils se font toutes sortes de figures qui restent toujours marquées, en ce qu’après qu’ils se sont piqués, ils y font entrer du charbon pilé fort menu, ce qui fait que les marques durent toujours. Les hommes se font des oiseaux et des animaux ; d’autres se piquent la moitié du corps par zigzag » Henri Joutel, membre de l’expédition de Cavelier de la Salle, 1687

Tableau 4 : Les expéditions maritimes anglaises sur la Côte Pacifique « Les montagnes semblent surgir du bord même de l’eau comme si la nature avait prévu de cloîtrer à jamais ce lieu pour se ménager une sûre retraite » Eugene Semple, Gouverneur du territoire de Washington, 1888

James Cook et George Vancouver : 1778 : Les navires de James Cook atteignent à leur tour la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, à la recherche d’un passage vers la Chine. Cook cingle vers le nord le long de l’arc côtier qui va de Vancouver au Détroit de Béring. Il ne découvre aucun passage navigable, mais note les immenses forêts et les montagnes volcaniques de l’Alaska. Il décrit également les peuples amérindiens de la côte et échange avec eux des fourrures de loutre de mer. « Nulle part je n’ai rencontré d’indiens qui aient une conscience aussi nette de leur propriété exclusive des produits de leur pays ; ils voulaient nous faire payer jusqu’au bois et jusqu’à l’eau que nous embarquions » James Cook, Journal, Baie de Nootka, Mars 1778 1792 : L’expédition de George Vancouver longe la côte pacifique, depuis l’île de Vancouver jusqu’au Golfe de Cook. Après un examen minutieux de la côte, Vancouver ne peut que confirmer qu’il n’existe pas de détroit permettant de rejoindre l’Asie, à des latitudes tempérées. Les travaux de Vancouver vont faire autorité et sa nomenclature figure sur les cartes actuelles de la côte du nord-ouest.

Tableau 5 : L’arctique Canadien

« Il y a une espèce de petite mouche ou de moucheron qui pique, laissant une plaie douloureuse et de nombreuses taches rouges sur le visage et les autres endroits attaqués » Richard Hakluyt, Divers voyages touchant à la découverte de l’Amérique, 1582

Henry Hudson (1610) et William Baffin (1610-1616) « Il est aussi risqué à cause des glaces de pénétrer dans les détroits avant le début du mois de juillet, qu’il est dangereux de se trouver dans la baie après la mi-septembre : les tempêtes et la neige arrivent… Il neige si fort que vous ne pouvez plus manœuvrer un bateau ; les vents diminuent peut-être, mais à quoi cela sert-il ? Quand les poulies sont bloquées, les cordages coincés et quand les voiles ne peuvent ni être carguées, ni amenées, c’est la fin » William Coats, Capitaine et explorateur, Compagnie de la Baie d’Hudson, 1749 1610 : Henry Hudson, à bord du navire Discovery, franchit le détroit qui portera son nom. Il est à la recherche du Passage du Nord-Ouest, qui doit lui permettre de rejoindre la Chine. Après plusieurs mois de navigation, au cours de laquelle il brave la glace et les courants, Hudson se résigne à hiverner au fond d’une immense baie, la Baie d’Hudson. Au printemps, il veut reprendre son exploration, mais son équipage, épuisé par les privations et le scorbut se mutine ; Hudson, son fils et six autres marins sont alors abandonnés à leur triste sort sur une barque et disparaissent 1616 : William Baffin navigue dans le Détroit de Davis, après avoir traversé une glace épaisse, il atteint l’eau libre. Parvenu à l’extrémité nord de la Terre de Baffin, il découvre le Détroit de Lancaster, entrée du Passage du Nord-Ouest, mais il est bloqué par les glaces… « Ici notre espoir de trouver un passage se mit à faiblir de jour en jour, car de ce détroit vers le sud, un récif de glace nous séparait de la côte » William Baffin, journal de bord, 1616

Les forts et les comptoirs de traite Indispensables relais entre deux mondes, les forts et les comptoirs de traite, comme ceux de la « Compagnie de la Baie d’Hudson », vont permettre aux négociants de vivre en relative sécurité en lisière de zones récemment explorées et d’entretenir un commerce fructueux, basé sur le troc d’objets manufacturés contre des fourrures, avec les tribus indiennes contactées par les coureurs des bois. Ces comptoirs sont le plus souvent entourés d’une palissade de pieux, flanquée de bastions dans les angles. A l’intérieur, des cabanes de rondins abritent une vingtaine d’hommes armés et parfois un ou deux missionnaires. On y stocke les vivres, les fournitures à troquer et les fourrures. Coureurs des bois et guides indiens gravitent autour de ces postes et viennent au besoin, s’y réfugier. La traite des fourrures se pratique le plus souvent à l’extérieur du poste car les tractations et l’alcool générant souvent des conflits. Les coureurs des bois, pour se procurer des fourrures auprès de indiens, n’hésitent pas à leur fournir des produits manufacturés : chaudrons, couteaux, haches, couvertures et bientôt fusils vont transformer peu à peu la vie des indiens. Mais ce qui aura le plus de conséquences sur la vie des Peaux Rouges c’est leur goût immodéré pour l’eau de vie. Sachant que cette « Eau de feu » les rend très agressifs, les autorités tenteront, d’en interdire le commerce, peine perdue, l’alcool va rapidement faire des ravages dans les populations amérindiennes.

Samuel Hearne traverse la toundra et atteint l’Océan Arctique (1770-1772) De 1769 à 1772, Samuel Hearne, accompagné de son guide indien Matonabbee, réalise une grande traversée de la toundra canadienne, vers l’Océan Arctique. Son récit nous livre un témoignage de premier ordre sur les indiens Chipeyans, et la sauvagerie incroyable de cette région. « Il tomba tant de neige et de pluie le 26, que nous ne pûmes pas nous mettre en route ; mais le temps étant devenu beau le lendemain matin, nous fîmes sécher nos effets et nous marchâmes vers le nord. La nuit suivante, une des femmes de Motonabbee le quitta, suivie d’une autre indienne. On suppose qu’elles avaient pris à l’est, dans l’espérance d’y rencontrer leurs premiers maris, à qui elles avaient été enlevées de force » Samuel Hearne, Journal de voyages, Mai 1771

Du Lac Athabasca à l’Océan Arctique : Alexander Mackenzie (1789) 1789 : Alexander Mackenzie quitte le Fort Chipeyan, sur la rive méridionale du Lac Athabasca, pour une expédition de 102 jours. Depuis le lac des Esclaves, il entreprend l’exploration de « la Grande Rivière », devenue le Fleuve Mackenzie, jusqu’à son embouchure dans l’Océan Arctique, avant d’en remonter le cours pour revenir à son point de départ. Mackenzie sait nous faire partager les périls qui le guettent, à l’approche des rapides ou lorsque les indiens font preuve d’hostilité. « Le mercredi 3 juin 1789, à neuf heures du matin, je partis du Fort Chipiouyan, situé sur la rive méridionale du Lac des Collines. J’étais embarqué dans un canoë d’écorce de bouleau, et j’avais pour compagnons un Allemand et quatre Canadiens, dont deux étaient accompagnés de leurs femmes. Un indien qui portait le titre de Chef Anglais, me suivait dans un petit canoë avec ses deux femmes ; et deux autres jeunes indiens, ses compagnons, étaient dans un autre petit canoë. Ces hommes s’étaient engagés à me servir d’interprètes et de chasseurs » Alexander Mackenzie, Exploration du Grand Nord canadien, 1789

Tableau 6 : Les 13 colonies et les explorations anglaises, des Appalaches à l’Ohio

« Près des sources, le paysage est grandiose et pittoresque. Ses nombreuses cascades, ses montagnes qui moutonnent et ses vastes massifs de pins géants en font sans aucun doute une des régions les plus sauvages et les plus poétiques de ce pays » John Springer, Forest life and Forest Trees, Appalaches, 1851

Les 13 colonies anglaises : Au 17ème siècle, des émigrants anglais fuyant les persécutions religieuses vont s’établir en Nouvelle-Angleterre, dans les plaines côtières de l’Océan Atlantique. Ces colons, agriculteurs ne sont guère tentés d’avancer vers l’ouest, car devant eux, se dresse la chaîne des Appalaches, couverte de sombres forêts. Cette chaîne n’offre que très peu de passages en dehors de la vallée de l’Hudson, menant vers les Grands Lacs. Cette vallée est contrôlée par les Hollandais, installés à son embouchure ; leur alliance avec les Iroquois permet aux négociants hollandais de pratiquer un fructueux commerce des fourrures, à partir de leur comptoir d’Albany. En 1682, Henry Woodward parvient à traverser la chaîne des Appalaches, atteignant la Géorgie et l’Alabama où il installe un comptoir de traite, prélude à d’autres établissements.

Sur les Grands Lacs et l’Ohio : Johannes Roseboom et Arnout Viele (1685-1694) 1685 : Johannes Roseboom part d’Albany, sur la rivière Hudson en territoire Mohawk, et remonte les grands lacs Ontario, Erié et Huron, parcourant 1300 kilomètres en trois mois. Il passe l’hiver à commercer avec les indiens Hurons et Ottawas, normalement alliés des Français. Ces derniers réagissent en capturant les membres d’une expédition qui doit le rejoindre. Entre 1692 et 1694, un groupe de marchands d’Albany, mené par Arnout Viele (qui a voyagé avec Roseboom sur les Grands Lacs), explore la Haute-Vallée de l’Ohio, puis l’Indiana et le Kentucky. Viele passe deux ans chez les Shawnees ; aidé par les Delawares et les Miamis, il est le premier explorateur de Nouvelle-Angleterre à s’aventurer si loin sur l’Ohio.

A travers les Appalaches : Daniel Boone (1750-1769) Daniel Boone incarne l’aventurier explorateur du temps des premiers pionniers d’Amérique du Nord. Ses expéditions lui permettent de relier la Caroline du Nord et le Kentucky, alors territoire des indiens Shawnees. Son itinéraire à travers les Appalaches, par le Cumberland Gap, sera par la suite emprunté par des milliers de colons, venus de Virginie, de Caroline et de Pennsylvanie. En 1775, les colons de l’Amérique anglaise, dont la population dépasse le million d’habitants, occupent toute la bordure atlantique, de la Floride au Labrador. Ils ont traversé les Appalaches et par l’Ohio commencent leur expansion vers le Mississipi.

Tableau 7 : L’exploration des Montagnes Rocheuses

Du Lac Winnipeg au Saskatchewan et aux Rocheuses : Pierre de La Vérendrye et ses fils (1738-1739) 1720 : Pierre de la Vérendrye, le dernier des grands explorateurs canadien français, réorganise le commerce des fourrures sur le Lac des Bois, la Red River et au sud du Lac Winnipeg, coupant la route aux Anglais et les empêchant d’atteindre leurs comptoirs de la Baie d’Hudson. Au cours de l’hiver 1738, il atteint les villages Mandans, des indiens à la peau claire et au mode de vie évolué. En 1742 deux de ses fils retournent vers le Missouri et parviennent dans les Badlands du Dakota du Nord, tandis que Pierre de La Vérendrye explore le Saskatchewan, une des grandes artères du commerce des fourrures. Les recherches de cette famille d’explorateurs pour découvrir une hypothétique « Mer de l’Ouest », resteront vaines… « La marche des villages Assiniboines, surtout quand ils sont nombreux, est en trois colonnes, des découvreurs devant, sur les ailes, et une bonne arrière-garde. Les vieillards et les estropiés marchaient dans celle du milieu... Si les découvreurs aperçoivent sur la route des bandes de bœufs (Bisons), le cri se fait, qui est bientôt rendu à l’arrière-garde pour cerner les bêtes, dont ils en tuent nombre » Pierre de la Vérendrye, 20 octobre 1738

Le Pacifique par voie de terre : Alexander Mackenzie (1793) Octobre 1792 : Alexander Mackenzie, négociant en fourrures de la Compagnie du Nord Ouest, accompagné de six voyageurs franco-canadiens et de deux indiens faisant office de guides, chasseurs et interprètes, quitte le fort Chipewyan. L’explorateur est en quête d’un itinéraire praticable pour acheminer les fourrures vers la côte nord ouest du Canada, afin de pouvoir les transporter et les écouler vers la Chine. Il est le premier européen à atteindre le Pacifique par voie de terre, en suivant des cours d’eau dangereux, entrecoupés de portages difficiles. « Il entra dans ce mince canoë des provisions, des marchandises pour faire des présents, des armes, des munitions et du bagage, le tout pesant 3000 livres, et dix hommes… J’avais en outre deux indiens chasseurs et interprètes. Mes gens ne pleuraient pas, mais adressaient des prières au ciel pour revenir sains et saufs. »

La Piste de l’Oregon à travers les Rocheuses : John Frémont (1842-1848) et Francis Parkman (1846) « Dans une neige de plus en plus épaisse, nous nous sommes efforcés de gagner le sommet de la chaîne. En quatre ou cinq jours nous avons atteint les crêtes dénudées qui dominent les forêts et forment la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et le pacifique. A ces hauteurs, la neige règne presque tout l’hiver et le vent y souffle avec une furie qui ne connaît guère de rémission… Nous étions campés à 3650 mètres, il nous était tout aussi impossible d’avancer que de reculer » John Frémont, Ascension des Monts San Juan, 1848 En 1846, Francis Parkman entreprend de traverser les Montagnes Rocheuses par une nouvelle piste, explorée quelques années plus tôt par John Frémont pour le compte du gouvernement américain. Cette piste permet aux immigrants d’atteindre la côte Pacifique. Le récit de Parkman nous dépeint à merveille la vie quotidienne des colons aussi bien que celle des Sioux Oglalas, dont il partage la vie grâce à son guide qui a épousé la fille d’un chef de tribu. « La prairie ressemblait à un océan agité qui aurait brusquement gelé quand ses vagues étaient les plus hautes ; elle était à moitié dans la lumière et à moitié dans l’ombre, sous des rayons d’un jaune d’or. Les rudes touffes de la sauge sauvage poussaient partout, couvrant de leur vert pâle les renflements et les creux » Francis Parkman, La piste de l’Oregon « C’étaient des Delawares, au retour d’une expédition de chasse. Tous, hommes et femmes étaient à cheval et tiraient derrière eux un nombre considérable de mules chargées des fourrures qu’ils avaient récoltées, ainsi que de peaux de bisons, de chaudrons et d’autres articles nécessaires pour leur expédition, et qui, tout comme leurs habits et leurs armes, avaient un aspect usé » Francis Parkman, La piste de l’Oregon

Le chariot de pionnier : Véhicule indispensable pour la traversée de la Grande Prairie, le chariot, encore appelé « charrette de la rivière rouge », est capable, malgré son allure bringuebalante, de circuler sur des pistes sableuses ou caillouteuses et de franchir marécages et passages à gué. Il possède des roues hautes comme un homme, reliées par un fort essieu. Sa caisse est soutenue par deux madriers de bois qui forment un brancard. Le chariot est tiré par un cheval, une mule ou un bœuf, moins rapide mais capable de tracter de plus lourdes charges. Sa réparation ne nécessite que des outils rudimentaires : Hache, scie, couteau et marteau. Chevilles de bois et lanières de cuir assurent la solidité de l’ensemble. La nuit, on tend des peaux de bisons sur les ridelles, et on dort à l’abri du vent et des orages violents de la prairie. Avant l’arrivée des pionniers, les indiens utilisaient le travois, une sorte de traîneau rudimentaire, composé de deux perches et d’une petite plateforme. Traîné par une femme ou un cheval, le travois ne permettait pas de transporter de lourdes charges.

Tableau 8 : La traversée de L’ouest Américain

La première traversée du continent américain : Meriwether Lewis et William Clark, (1804-1805) De 1804 à 1806, l’expédition de Lewis et Clark, commanditée par le Président des Etats-Unis Thomas Jefferson, remonte le Mississipi jusqu’à Saint Louis, puis le Missouri, guidée par une jeune femme indienne Sacajewa et son époux, le coureur des bois Toussaint Charbonneau. Après un hivernage chez les indiens Mandans, dans le Dakota du Nord l’expédition traverse les Montagnes Rocheuses, puis descend sur le Pacifique par le Bassin de la Columbia dont elle atteint l’estuaire en novembre 1805. Au retour l’expédition est attaquée par les Chinookans. Après un séjour dans la tribu des Nez Percés, Lewis et Clark descendent le Missouri et regagnent Saint-Louis en septembre 1806. Ce périple extraordinaire de 13000 kilomètres, en territoire inconnu, aura un profond retentissement aux Etats-Unis.

« Nous commençons à être très inquiets au sujet des Indiens Snakes. Si nous ne les trouvons pas, ou quelque autre nation qui possède des chevaux, je crains que le succès de notre expédition ne devienne très douteux ou du moins beaucoup plus difficile à atteindre. Nous sommes à plusieurs centaines de milles, au cœur de d’une région montagneuse et sauvage, où tout laisse à penser que le gibier va bientôt devenir rare et notre subsistance précaire » William Clark, Journal

Le Mustang : Arrivé en Amérique du Nord lors de la conquête espagnole, le cheval s’est très vite répandu à travers le continent. D’abord terrorisés par ces grands animaux, les indiens vont très vite l’adopter. Déplacements de peuples, chasse au bison, expéditions guerrières sur de longues distances, la domestication du mustang va profondément modifier le mode de vie et la culture amérindienne. « Nous faisions des raids pour voler des chevaux aux Crows. On faisait pleurer les hommes et les plus belles jeunes filles rentraient avec nous au camp. Parfois nos ancêtres poussaient leurs raids aussi loin que le Mexique. Ils partaient en très grandes troupes de deux ou trois cent guerriers, pour trois ou quatre ans…Tout le monde faisait dans son froc en entendant le nom Blackfeet ». Souvenirs d’un indien Blackfeet

Tableau 9 : Peindre les Peaux-Rouges, avant qu’il ne soit trop tard

L’expédition du Prince Maximilien de Wied et du peintre Charles Bodmer sur le Haut-Missouri (1833-1834) En 1833, le Prince Maximilien, féru de naturalisme et d’ethnologie et Charles Bodmer, un jeune aquarelliste suisse, vont durant treize mois partir en expédition sur le Missouri et côtoyer toutes les tribus nomades et sédentaires qui vivent dans les Grandes Plaines. Ils seront parmi les derniers à observer les immenses troupeaux de bisons dans la prairie. Les carnets du prince et les aquarelles de Bodmer constituent un formidable témoignage, réalisé juste avant que la civilisation des Mandans, Blackfeet, Crees, Assiniboines, et Sioux ne s’éteigne, sous la pression de l’alcool, des épidémies et de l’arrivée massive des hommes blancs. « Tous les indiens, drapés dans leurs manteaux de bison, étaient vêtus de la manière la plus diverse et la plus fantastique. La plupart des visages étaient entièrement couverts de vermillon, d’autres touts noirs. Ils avaient dans leurs cheveux des plumes d’aigle ou d’autres rapaces. En dépit de la forte chaleur, certains portaient des coiffes en peau de loup, en partie barbouillées de peinture rouge » Prince Maximilien de Wied, Carnet de Route sur le Haut-Missouri, 27 Juin 1833

Le peintre des Indiens d’Amérique du Nord : George Catlin (1832-1839) George Catlin a voué son œuvre aux indiens d’Amérique du Nord, qu’il sentait menacés de disparition. Après sa rencontre avec des chefs indiens, à Philadelphie, il décide de partir en expédition vers les tribus de l’Ouest. Durant huit années, il va observer, noter, dessiner et peindre un monde sauvage en sursis. Son œuvre reste aujourd’hui une mine d’informations sur les mœurs et coutumes d’une civilisation vouée à disparaître. « Rien n’a peut-être davantage abasourdi ces gens que le travail de mon pinceau. L’art du portrait est un domaine qui leur était totalement étranger et dont, bien sûr, ils n’avaient aucune idée » George Catlin

Tableau 10 : Sauver ce qui peut encore l’être, Edward Curtis, l’attrapeur d’ombres (1907-1930) Au début du 20

ème siècle, pour sauver ce qui peut encore l’être, Edward Curtis entreprend de photographier les indiens

d’Amérique du Nord. Son but est de sauvegarder par l’image les cultures amérindiennes sur le point d’être anéanties. Durant trente ans, d’un bout à l’autre du continent, Curtis saisit les visages, la vie quotidienne et les rituels de 80 tribus. Ses 40 000 clichés sur les Peaux-Rouges constituent un témoignage qui force l’admiration. « Les bouleversements qui se sont produits dans presque tous les domaines de la vie des indiens, surtout au cours de ces dernières années, ont été tels que si l’on avait tardé à rassembler la documentation, à la fois descriptive et photographique, présentée ici, elle aurait été perdue pour toujours » Edward Curtis, Extrait de l’introduction à son ouvrage « L’indien d’Amérique du Nord »

Un Héritage inestimable La disparition de la frontière de l’Ouest va s’accompagner d’une grande indifférence sur le sort des Peaux-Rouges, pourchassés, massacrés ou au mieux, parqués dans des réserves. L’Amérique, alors en plein essor, a d’autres préoccupations et la colonisation des pionniers bouscule tout sur son passage. Cet abandon va pousser la plupart des chefs indiens au désespoir. Tragique épilogue, en 1890 : Trois cent cinquante Sioux, hommes, femmes et enfants, tente de rejoindre le Chef Sitting Bull, dans le Dakota du Sud. Rattrapés par la Cavalerie américaine, ils sont abattus sans pitié, 50 seulement échappent à la fusillade. En témoignent ces paroles de Louise Weasel Bear, survivante du massacre : « On a essayé de fuir, mais les soldats nous tiraient dessus comme si nous étions des bisons ». Le Chef Elan Noir ajoutera, bien des années plus tard : « Je vois encore les femmes et les enfants massacrés, jonchant le fond du ravin tortueux, avec autant de netteté, que si j’avais la scène sous les yeux, comme à l’époque de ma jeunesse. Et je m’aperçois que quelque chose d’autre est mort dans ce bain sanglant, enseveli par la tourmente de neige. Le rêve de tout un peuple. C’était un beau rêve ». Seuls quelques visionnaires, écrivains, peintres et photographes prendront conscience des changements radicaux et irréversibles auxquels les 300 Nations Indiennes ont été confrontées. Leurs plaidoyers n’auront à l’époque que peu de retentissement. Aujourd’hui leurs récits, peintures et photographies constituent un héritage inestimable.